Section 3 : Les vecteurs de revenus et de dépenses
des ménages
Les vecteurs de revenus et dépenses des ménages
sont construits à partir de l'enquête QUIBB de 2003 qui a
porté sur 5350 ménages. Toutefois, il est procédé
à l'ajustement des données sur les revenus et les dépenses
des ménages, avant de les réconcilier avec les données de
la Matrice de comptabilité sociale. La procédure d'ajustement et
de conciliation des données ont consisté principalement à
:
· corriger les données par l'inflation vu le
décalage dans les sources de données (QUIBB 2003 et MCS 1999),
d'une part et le décalage entre les périodes de collecte des
informations sur les consommations (fin de période), et sur les revenus
(toute la période) ;
· hausser le niveau des revenus à travers un
accroissement des revenus des activités de production des ménages
et des revenus de transfert qui sont généralement
sous-estimés dans les enquêtes, et particulièrement dans le
cas du Bénin. Les revenus nets ou profits sont imputés aux
facteurs travail et capital16. Leur ajustement à la MCS a
été réalisé parallèlement à celui des
coefficients d'intensité factorielle de cette dernière. Les
salaires et les transferts (revenus et paiements) de l'enquête
prioritaire ont été ajustés à ceux de la MCS en
tenant compte des parts distributives de la première et des niveaux de
la seconde ;
16 Paxson (1992), repris par Deaton (1957).
· introduire les dépenses de consommation des
ménages enquêtés tout en gardant le niveau et la structure
de l'enquête. Cette méthode permet de répliquer le profil
de la pauvreté du Bénin à l'année de base avec la
ligne de pauvreté officielle. La conciliation des dépenses de
consommation de l'enquête à celles de la MCS se fait par le biais
de la variable « ajustement de stocks » (qui est maintenue constante
dans les simulations) et de l'épargne globale17
Section 4 : Le profil des groupes de ménages
Dans la définition des politiques de lutte contre la
pauvreté, la description quantitative de la pauvreté doit
être appuyée par une analyse des caractéristiques socio-
économiques des pauvres. Il s'agit donc d'étudier la
répartition géographique, les structures des dépenses
alimentaires, les sources de revenus, le niveau d'éducation et
d'instruction, etc. des pauvres et des non-pauvres. C'est cette analyse des
différences socio-économiques entre pauvres et des non-pauvres
que l'on appelle profil de pauvreté. Le profil utilisé dans le
présent document est basé sur la répartition
géographique compte tenu de la structure de désagrégation
des groupes de ménages retenus au niveau de la Matrice de
Comptabilité Sociale.
Pour analyser la répartition des ménages
suivant leurs revenus, il a été procédé à la
partition des groupes de ménages en quintile correspondant aux plus
pauvres, pauvres, moyens, riches et plus riches selon que les ménages
appartiennent respectivement aux 1er , 2ème, 3ème ,
4ème ou 5ème quintiles. On fait
également l'hypothèse que tous les individus d'un ménage
appartiennent au même quintile que le ménage
considéré. Le profil des groupes de ménages est
établi sur la base des données de l'enquête QUIBB.
17 La terre agricole n'est pas mise en exergue dans
l'enquête prioritaire. Elle est prise en compte dans le capital
agricole.
Graphique n° 10 : Quintiles de revenus
moyens des groupes de ménages
![](croissance-sectorielle-et-reduction-de-la-pauvrete-au-benin28.png)
25%
23%
1er Q u intile 2e Q u in tile 3e Q u intile 4e Q u
intile 5e Q u in tile
Ruraux Urbains C oto no u Urbains autres
21%
19%
12%
3%
7%
14%
22%
54%
16%
20%
21%
21%
22%
Il ressort du graphique n°10 que :
- les ménages ruraux sont de plus en plus
concentrés dans les quintiles les plus pauvres. Leurs proportions vont
du simple au double en passant du 5ème quintile au 1er
quintile.
- les ménages urbains Cotonou quant à eux sont
de plus en plus concentrés dans les quintiles les plus riches. Leurs
proportions augmentent de 3% à 54% en passant du 1er au
dernier quintile.
- En ce qui concerne les ménages urbain Autres, il y a
très peu de disparités dans leur répartition. Du quintile
le plus pauvre au quintile le plus riche, les proportions sont passés de
16% à 22% respectivement soit un faible écart de 6 points.
Par ailleurs, le tableau n°3 montre que les revenus
moyens annuels en milieu urbain sont nettement supérieurs à ceux
du milieu rural. Les revenus urbains Cotonou et urbains Autres
représentent respectivement 2,5 fois et 1,3 fois les revenus ruraux. De
plus 61,5% de la population est concentré dans les zones rurales et
partagent les revenus les plus faibles alors que les 3 8,5% restants sont
répartis entre les zones urbaines. Le revenu minimal (10.459 F.CFA) est
situé dans le milieu rural et le plus élevé est en milieu
urbain (4.714.134 F.CFA), soit plus de 450 fois le revenu minimal.
Tableau n° 3 : Profil des
différents groupes de ménages au Bénin
Groupes de Ménages
|
Revenu des ménages (F.CFA)
|
Structure de la population
ni n
|
Seuil de pauvreté
z
|
Elasticité de la pauvreté par rapport
au revenu moyen
çái
|
Part de pauvreté imputable à chaque
groupe
Sái
|
|
Minimum
|
Maximum
|
|
P1
|
P2
|
P0
|
P1
|
P2
|
Ruraux (MR)
|
136 995
|
10 459
|
1 771 672
|
61,5
|
74 088
|
-2,37
|
-3,30
|
-3,82
|
0,76
|
0,78
|
0,79
|
Urbains Cotonou (MUC)
|
338 161
|
36 007
|
2 502 851
|
12,7
|
74 088
|
-0,54
|
-0,42
|
-0,36
|
0,02
|
0,01
|
0,01
|
Urbains Autres (MUA)
|
182 613
|
18 591
|
4 714 134
|
25,8
|
74 088
|
-1,81
|
-2,31
|
-2,43
|
0,22
|
0,21
|
0,20
|
|
Source : Calculs des Auteurs sur la base des données
de l'enquête QUIBB.
Les revenus des ménages sont approchés par
leurs dépenses de consommation. P0 : Indice numérique de la
pauvreté.
P1 : Indice de profondeur de la pauvreté.
P2 : Indice de sévérité de la
pauvreté.
L'élasticité de Pá
exprime la réponse des indices de pauvreté à une variation
des revenus moyens des groupes de ménages. Elle est plus
élevée en milieu rural qu'en milieu urbain pour tous les indices
Pá . Par exemple pour P0 , elle
vaut -2,37 en milieu rural et -0,54 et -1,81 respectivement pour les milieux
urbain Cotonou et urbain Autres. Cela montre que la pauvreté est plus
sensible en milieu rural qu'en milieu urbain aux variations de revenu moyen.
En matière de part, la pauvreté est plus
prépondérante en milieu rural qu'en milieu urbain. C'est le
milieu rural (76%) qui est le plus assujetti au phénomène de la
pauvreté, suivi du milieu urbain Autres (22%) et dans une faible mesure,
le milieu urbain Cotonou (2%). Cette analyse est valable aussi bien pour
l'indice numérique que pour l'indice de profondeur et l'indice de
sévérité.
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