CONCLUSION GENERALE
L'analyse de la croissance sectorielle au Bénin
révèle que les différents secteurs de l'économie
contribuent à différents degrés à la
réduction de la pauvreté. La méthodologie du
présent document basé sur la technique de décomposition
des multiplicateurs de la matrice de comptabilité sociale a
montré que la structure de la croissance sectorielle de
l'économie béninoise peut servir de base à la formulation
de politiques stratégiques en matière de réduction de la
pauvreté. Ainsi, les branches Agriculture, Agro-Artisanat et
Agro-Industrie sont des secteurs pour lesquels la croissance serait plus
favorable aux populations pauvres notamment en milieu rural. De ce fait, des
politiques de renforcement de capacités (éducation, formation
professionnelle etc.) doivent être directement orientées en faveur
des populations pauvres. Ceci permettra de renforcer leurs dotations
factorielles (main d'oeuvre, capacité d'entreprendre des
activités génératrices de revenus etc.), de les
intégrer pleinement aux processus de production, et par ricochet de les
sortir de la pauvreté.
L'approfondissement des analyses notamment à travers
une désagrégation plus fine des groupes de ménages et des
branches de production contenu dans la matrice de comptabilité sociale,
servirait de base à une amélioration de la conception et la mise
en oeuvre des politiques de soutien à la croissance sectorielle en vue
de réduire significativement et durablement la pauvreté au
Bénin.
Par ailleurs, les nouvelles théories
économiques de la croissance endogène ont identifié
certains déterminants pouvant influer la croissance et compromettre la
réduction de la pauvreté. Plusieurs études empiriques ont
confirmé l'efficacité de ces facteurs. Ainsi, Le capital humain
est un important stimulant de la croissance sectorielle qui est davantage pro
pauvre dans les pays initialement plus éduqués (Ravallion &
Datt (2002)). Le capital physique est aussi un facteur déterminant de la
croissance car la technologie et les infrastructures de transport sont
essentielles à la stimulation de la croissance et la réduction de
la pauvreté (Fan & al. (2000), Heltberg
& Tarp (2002)). Les politiques qui accroissent
l'investissement et facilitent l'acquisition des actifs sont également
bénéfiques à la croissance et à la réduction
de la pauvreté (Deininger & Squire (1998)). Par contre, la
corruption vue comme un investissement dans le capital politique
c'est-à-dire l'achat d'un « pouvoir bureaucratique », peut
être préjudiciable à la croissance économique
(Ehrlich & Lui (1999)). Elle contribue à soustraire les ressources
économiques de l'activité de production et d'investissement dans
le capital humain qui sont de véritables sources de la croissance et de
réduction de la pauvreté.
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