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REPUBLIQUE DU BENIN
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MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA
FORMATION PROFESSIONNELLE
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UNIVERSITE D'ABOMEY CALAVI
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ECOLE NATIONALE D'ECONOMIE APPLIQUEE ET DE MANAGEMENT
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Option : Economie appliquée
Filière : Statistique
Diplôme d'Ingénieur Statisticien
Économiste 2ème Promotion
CROISSANCE SECTORIELLE ET
REDUCTION DE LA PAUVRETE
AU BENIN
Réalisé et soutenu par :
BALLOGOUN Moutaïrou & YEHOUENOU Jules
C.
babamout@yahoo.fr
Sous la direction de : ADJOVI G. S.
Epiphane
Décembre 2006
Ingénieur Statisticien Économiste
L'ECOLE NATIONALE D'ECONOMIE APPLIQUEE ET DE
MANAGEMENT (ENEAM) N'ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION NI IMPROBATION AUX
OPINIONS EMISES DANS CE MEMOIRE. CES OPINIONS DOIVENT ETRE CONSIDEREES COMME
PROPRES À LEURS AUTEURS.
AVANT PROPOS
Dans un monde où certaines personnes vivent dans
l'opulence pendant que d'autres manquent du minimum pour survivre, il urge de
rechercher des mécanismes pouvant corriger ces disparités. Bien
heureusement, notre passage à l'Ecole Nationale d'Economie
Appliquée et de Management (ENEAM) nous a permis de nous familiariser
avec les théories sur les systèmes socio- économiques, les
comportements des agents économiques et de mieux comprendre que toute
société aspire au bien-être social. Cet objectif de bien-
être social ne peut être atteint si la pauvreté continue de
sévir au niveau de certaines couches de la société. Face
à cette situation, il est difficile voire coupable de rester
indifférent surtout lorsqu'on sait consciemment qu'on a la
capacité de faire quelque chose. C'est donc dans le souci d'apporter
notre modeste contribution à la lutte contre la pauvreté que nous
avons choisi le thème qui fait l'objet du présent
mémoire.
Notre ambition était d'utiliser un Modèle
d'Equilibre Général Calculable (MEGC), mais compte tenu des
contraintes de temps qui se sont imposées, nous nous sommes vus
obligés de nous limiter au modèle des multiplicateurs de la
Matrice de Comptabilité Sociale.
Toutefois une extension du présent travail, à
travers une analyse à l'aide d'un MEGC, peut conduire à des
développements plus riches.
Les auteurs...
« ...à savoir qu'il est également
impossible à un homme de chercher oe qu'il ne sait pas. Car oe qu'il
sait, le sachant, comment peut-il encore le chercher ? Et oe qu'il ne sait pas,
comment peut-il le chercher ne sachant même pas quoi chercher ?
»
Sören KIERKEGARD Philosophe
danois
A tout le collectif enseignant du Cycle d'Ingénieur
de l'EN EA M,
nous dédions ce mémoire
DEDICACES
Je dédie le présent travail :
' A Jeannette et à Noella. Vous qui venez de
naître, je vous souhaite plein succès dans la vie.
' A Madame BALLOGOUN Souradjath pour toutes les
souffrances que tu endures actuellement.
' A mes chers parents pour l'amour dont vous m'avez
toujours entouré. ' A ma soeur Nassifatou pour son
affection.
' A Monsieur GAHOU A. Expédit pour son soutien de
tout temps.
BALLOGOUN Moutaïrou
' A Toi, Père très Saint, qui m'assistes
dans mes épreuves et qui me relèves de mes
chutes ; je te glorifie, te rends grâce et te
magnifie. Gloire et Louange à Toi !
' A mon feu père, pour tout ce qu'il a semé
sans pouvoir récolter. Repose en paix !
' A ma tendre mère pour ton dévouement.
Reçois ici le couronnement de tes efforts !
' A ma chère dulcinée Estelle, pour toute
l'assistance morale et affectueuse dont tu
m'as gratifié.
Reçois ici le fruit de notre pari !
' A mes soeurs Charlotte, Agnès et
Géraldine ;
' A mes frères Marc et Romuald.
Que Dieu vous bénisse et vous garde dans son Amour
!
' A tout le personnel du CEG Sainte Rita I et à
tous ceux qui me sont chers. Que Dieu vous comble de sa Grâce
!
YEHOUENOU Jules C.
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier notre Directeur de
mémoire, Monsieur Epiphane G.S. ADJOVI, Coordonnateur
du réseau de recherche MIMAP-Bénin et Directeur
Général de l'Economie au Ministère du
Développement, de l'Economie et des Finances qui, en dépit de ses
nombreuses occupations, a pu diriger le présent travail de recherche.
Qu'il trouve ici l'expression de notre profonde reconnaissance.
Nos sincères remerciements vont à tous les
collaborateurs du Directeur Général de l'Economie notamment ceux
de la Cellule de Veille Economique et Financière (CVEF)
pour leur disponibilité et pour l'atmosphère conviviale dont ils
nous ont entouré au cours de notre stage.
Nous remercions également Messieurs Damien
MEDEDJI et Etienne de SOUZA pour leur contribution et
leurs utiles conseils.
Nous remercions aussi Messieurs Gérard
SOKEGBE, Aristide MEDENOU et Philippe
GANTIN, de même que Madame Nicole TCHOKPON pour
leurs pertinentes observations sur la structure du document.
Nous n'oublions pas le Docteur Villévo
ADANHOUNME pour ses précieuses indications sur les aspects
mathématiques du document.
A tous nos professeurs, nous adressons aussi nos
profonds remerciements pour nous avoir permis d'acquérir une bonne
formation de base.
Que toutes les personnes qui ont
contribué d'une manière ou d'une autre à la
réalisation du présent document trouvent ici l'expression de
notre profonde gratitude.
A tous, nous disons infiniment merci.
Les auteurs
BALLOGOUN Moutaïrou YEHOUENOU Jules C.
AVANT PROPOS ii
DEDICACES iv
REMERCIEMENTS v
SOMMAIRE 1
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES 2
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS 3
INTRODUCTION GENERALE 4
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
6
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, REVUE DE LITTERATURE ET
METHODOLOGIE 7
CHAPITRE II : CONSTRUCTION DU MODELE 14
DEUXIEME PARTIE : IMPACT DE LA CROISSANCE SECTORIELLE
SUR LA
REDUCTION DE LA PAUVRETE AU BENIN 30
CHAPITRE III : ANALYSE SECTORIELLE ET PAUVRETE AU BENIN
31
CHAPITRE IV : SIMULATIONS A L'AIDE DU MODELE
44
CONCLUSION GENERALE 52
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 54
ANNEXES 57
TABLE DES MATIERES 67
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
|
TABLEAUX
Tableau n° 1 : Structure simplifiée d'une MCS 16
Tableau n° 2 : Différentes branches de la MCS 1999
MIMAP-Benin 37
Tableau n° 3 : Profil des différents groupes de
ménages au Bénin 41
Tableau n° 4 : Les effets d'entraînement induits par
les différents secteurs 44
Tableau n° 5 : Les effets distributifs sectoriels 45
Tableau n° 6 : Les effets d'interdépendance 45
Tableau n° 7 : Les effets de réduction de la
pauvreté par branche d'activités 46
Tableau n° 8 : Répartition de la demande
adressée aux différentes branches pour le MCA 48
Tableau n° 9 : Résultats de simulation pour le MCA
49
GRAPHIQUES
Graphique n° 1 : Description des flux monétaires dans
une MCS 15
Graphique n° 2 : Transactions au niveau des comptes
endogènes d'une MCS 17
Graphique n° 3 : Les effets distributifs dans le
modèle des multiplicateurs fixes 23
Graphique n° 4 : Structure des ressources du PIB 32
Graphique n° 5 : Structure des emplois du PIB 33
Graphique n° 6 : Taux de croissance des ressources du PIB
34
Graphique n° 7 : Taux de croissance des emplois du PIB 35
Graphique n° 8 : Contribution à la croissance des
ressources du PIB 35
Graphique n° 9 : Contribution à la croissance des
emplois du PIB 36
Graphique n° 10 : Quintiles de revenus moyens des groupes de
ménages 40
Graphique n° 11 : Lien classique entre croissance
sectorielle et pauvreté 42
Graphique n° 12 : Croissance sectorielle et incidence de
pauvreté au Bénin 42
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
|
BIT : Bureau International du Travail
CAPE : Cellule d'Analyse de Politique
Economique
DAD : Distributive Analysis / Analyse
Distributive
DSEE : Direction des Statistiques et Etudes
Economiques
DSRP : Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté
DTI : Droits et Taxes à l'Importation
FGT : Indices de la classe
Foster-Greer-Thorbecke
INSAE : Institut National de la Statistique et
de l'Analyse Economique
MCA : Millenium Challenge Account
MCS : Matrice de Comptabilité Sociale
MEGC : Modèle d'Equilibre
Général Calculable
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
PIB : Produit Intérieur Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PPTE : Pays Pauvres Très
Endettés
QUIBB : Questionnaire Unifié sur les
Indicateurs de Base de Bien-être
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat
TEE : Tableau Economique d'Ensemble
TEI : Tableau d'Echanges Inter-industriels
TES : Tableau des Entrées-Sorties
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
UE : Union Européenne
UEMOA : Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine
Le diagnostic de l'économie nationale
réalisé dans le cadre de l'élaboration du Document de
Stratégie de Réduction de la Pauvreté au Bénin a
révélé que la situation économique dans son
ensemble a connu une évolution favorable au cours de la période
1995-2001 avec une croissance annuelle moyenne de 5,2%. Cette croissance a
reposé sur un taux d'investissement de l'ordre de 20% du PIB en moyenne.
Dans le même temps, des progrès notables ont été
enregistrés dans la gestion des finances publiques puisque le
déficit budgétaire rapporté au PIB a été
contenu à un niveau moyen de 2,9%, auquel on peut ajouter d'importantes
réductions d'arriérés de paiement intérieur
correspondant à environ 2% du PIB. Ces résultats, assez
significatifs ont été obtenus grâce à la mise en
oeuvre rigoureuse de mesures d'assainissement des finances publiques et de
réformes structurelles. Mais depuis l'année 2002,
l'économie béninoise est entrée dans une phase de
décélération pour atteindre un taux de croissance
réelle de 2,9% en 2005 ; dans un contexte d'inflation annuelle moyenne
de 4,4%, nettement supérieure à la norme communautaire de 3%
retenue dans le Pacte de convergence de l 'UEMOA.
L'analyse des composantes d'offre du PIB1
révèle que la croissance sectorielle est pratiquement identique
avec un taux de 4,5% pour les secteurs primaire et secondaire, et 4,7% pour le
secteur tertiaire. Malgré la faible diversification de la production
agricole, le secteur primaire contribue à la croissance à hauteur
de 1,7% contre 0,6% et 1,4% respectivement pour les secteurs secondaire et
tertiaire. Les importations représentent près du tiers (31,4%) de
la production intérieure. Ce qui signifie que les ressources
intérieures sont insuffisantes pour satisfaire le niveau de la demande
globale. L'économie béninoise est, de ce fait, en
déséquilibre keynésien de sous- emploi. Il existe donc des
possibilités d'augmenter la production domestique.
1 Données des comptes nationaux, INSAE/DSEE,
2006.
Parallèlement, l'appréhension de la
pauvreté à travers ses causes et ses déterminants a
révélé des informations extrêmement utiles pour
cibler les actions visant à soulager la situation des plus
démunies. En effet, entre les périodes 1999-2002 et 2003-2005, en
milieu rural, le phénomène de la pauvreté
apprécié à partir de la variation des indicateurs de la
classe FGT est passé de 2,0% à 1,0% pour l'indice
numérique. Sur chacune des deux périodes, la variation de
l'indice de profondeur est passée de 15,2% à 9,3% et celle de
l'indice de sévérité de 34,2% à 25,2%. En milieu
urbain par contre, la variation de l'incidence de la pauvreté est
passée de -0,8% à -3,5% respectivement sur les périodes
1999-2002 et 2003-2005. Même si la pauvreté est encore
perceptible, il s'en déduit toutefois que la mise en oeuvre de la
Stratégie de la Réduction de Pauvreté sur la
période 2003-2005 a permis de diminuer son ampleur. Ainsi, les
performances économiques enregistrées au cours des
dernières années ont favorisé un recul de la
pauvreté en milieu urbain, mais celle-ci s'est relativement accrue et
demeure persistante dans le milieu rural.
Avec un taux d'accroissement annuel de la population de
3,24%2, et une dégradation de la situation des pauvres en
milieu rural, les performances de l'économie doivent être
consolidées à travers des politiques axées sur le
développement et la redynamisation de la production des
différentes branches d'activités de l'économie pour
réduire significativement et durablement la pauvreté. C'est
justement dans ce cadre que s'inscrit le présent thème : «
Croissance sectorielle et réduction de la pauvreté au
Bénin ». Cette étude se propose d'aborder l'analyse de
l'impact de l'augmentation de la production sectorielle sur la réduction
de la pauvreté au Bénin.
Le présent mémoire s'articule autour de deux
grandes parties composées chacune de deux chapitres. La première
partie décrit le cadre théorique de l'étude. La
deuxième partie est consacrée à l'analyse de l'impact de
la croissance sectorielle sur la pauvreté au Bénin, et
présente quelques simulations de politiques économiques.
2 Taux de d'accroissement intercensitaire, RGPH-3
(2002).
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE DE
L'ETUDE
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, REVUE DE LITTERATURE ET METHODOLOGIE
|
Section 1 : Problématique et objectifs de
l'étude
Depuis 1989, le Bénin s'est engagé dans une
série de Programmes d'Ajustement Structurel (PAS), à cause de sa
situation économique caractérisée par une baisse de la
production intérieure et un déséquilibre au niveau les
finances publiques. Sur la période 1989-2002, les différents
programmes et stratégies d'assistance triennaux, qui ont
été mis en oeuvre, ont aboutit à l'amélioration de
la situation économique et au rétablissement des grands
équilibres macro-économiques. Le taux de croissance est ainsi
passé de -2,9% en 1989 à 4,7% en 1991 et de 1992 à 2002,
il a oscillé autour de 5%. Cette évolution favorable de
l'économie, si elle a permis de réduire la pauvreté en
milieu urbain, n'a pas eu d'impact significatif sur la situation en milieu
rural où la pauvreté et les inégalités se sont
plutôt aggravées.
Sur plus d'une décennie de Programmes d'Ajustement, le
bilan a montré que malgré le rétablissement des grands
équilibres macroéconomiques et les progrès
réalisés dans l'assainissement des finances publiques, le
phénomène de pauvreté persiste toujours. Cette situation a
conduit, avec l'initiative PPTE renforcée en 1999, à
l'élaboration du Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP). Parallèlement, au niveau international, les
Nations-Unies à travers le PNUD ont élaboré les Objectifs
du Millénaire pour le Développement (OMD) suite à de
nombreuses conférences internationales dans les années 90 qui ont
mobilisé plusieurs Chefs d'Etat et de Gouvernement. Au nombre de ces
Objectifs, on peut citer : « Réduire de moitié
l'extrême pauvreté à l'horizon 2015 ». Tout ceci
justifie que la pauvreté constitue un véritable problème
pour les économies en développement et toutes les
stratégies élaborées pour la réduire doivent
être orientées vers l'amélioration du bien-être des
couches vulnérables, notamment à travers l'augmentation du niveau
de leurs revenus.
La nécessité d'accroître le niveau de
revenu des groupes socio-économiques en général et celui
des ménages du monde rural en particulier exige d'identifier des
secteurs dont l'augmentation de la production améliore leur niveau de
vie. La mise en oeuvre de différentes politiques et mesures
économiques de ces dernières années a été
à la base de la relance de la croissance économique. Cependant,
ces politiques, même si elles ont été nécessaires
pour la croissance économique, n'ont pas suffit à réduire
la pauvreté.
En d'autres termes, l'objectif de réduction de la
pauvreté telle que fixé dans les OMD est loin d'être
atteint. Le problème général qui se pose est que la
plupart des politiques mises en oeuvre pour réduire la pauvreté
depuis l'élaboration du DSRP en 2002 n'ont pas permis d'aboutir à
des résultats significatifs surtout en milieu rural. De ce
problème général découle un problème
spécifique : il s'agit de la faiblesse du niveau de revenu des groupes
socio-économiques. Il se dégage donc une interrogation
fondamentale : comment améliorer le niveau de revenus des groupes socio-
économiques afin de réduire la pauvreté au Bénin
?
Dans ses nouvelles orientations de politique
économique, le Bénin ambitionne de relancer la croissance
économique avec un objectif de taux de croissance à deux (02)
chiffres à l'horizon 2011. Mais au regard du taux de pauvreté qui
subsiste encore, surtout en milieu rural, il ne suffit pas d'amorcer une
croissance agrégée et concentrée. La présente
étude trouve tout son intérêt en ce sens qu'elle
permettrait aux décideurs de cibler des secteurs, moteurs de
développement socio-économique, qui induiront une participation
significative et donc une amélioration des revenus des couches
défavorisées de la population en vue de les sortir de leur
situation de dénuement.
Ainsi, l'objectif général du présent
mémoire est d'identifier les secteurs de production dont la croissance a
les effets les plus significatifs en terme de réduction de la
pauvreté au Bénin.
Plus spécifiquement, l'étude vise à :
- apprécier l'impact d'une hausse de la demande
exogène adressée aux secteurs de production sur
l'amélioration des revenus des groupes socio-économiques ;
- apprécier le degré d'intégration
économique des différentes branches d'activités ;
- évaluer l'impact d'une hausse de la demande
exogène et donc de la production sectorielle sur la réduction de
la pauvreté.
La croissance étant nécessaire pour
réduire la pauvreté, il y a d'abord lieu de savoir les secteurs
de l'économie nationale qui favorisent la croissance. Compte tenu des
caractéristiques de l'économie Béninoise qui est
essentiellement basée sur l'agriculture, il est plus stratégique
de rechercher les secteurs moteurs de croissance au niveau des branches de
production relatives à l'agriculture.
La pauvreté étant plus rurale qu'urbaine, pour
la réduire significativement, il faut identifier des secteurs de
l'économie pour lesquels les activités économiques
concentrent et mobilise davantage les pauvres.
Pour approcher ces objectifs, les hypothèses suivantes
sont formulées :
- Les branches d'activités agricoles et agro-industrielles
ont un impact important sur l'augmentation des revenus des groupes
socio-économiques ;
- Il existe des secteurs dans l'économie dont la
croissance stimule davantage celle d'autres secteurs ;
- Les branches d'activités agricoles et agro-industrielles
ont un potentiel élevé en terme de réduction de la
pauvreté.
Section 2 : Revue de littérature
Dans la littérature, le lien entre la croissance
sectorielle et la pauvreté est analysé suivant trois grandes
approches : les approches économétriques
(élasticité et multiplicateurs sectoriels), les approches
d'équilibre général (MCS et MEGC), et les approches
basées sur la technique de décomposition de la variation inter
temporelle de la pauvreté.
Les approches économétriques sont
utilisées pour calculer soit des multiplicateurs sectoriels, soit des
élasticités de la pauvreté par rapport à des
paramètres sectoriels de croissance. Block (1999) a utilisé la
méthode des multiplicateurs sectoriels pour montrer que la croissance
dans le secteur agricole est primordiale à la promotion de la
croissance économique en Ethiopie, qui à son
tour permet de réduire la pauvreté. Par ailleurs, Fan & al.
(2000) dans leur analyse ont débouché sur l'importance de
l'amélioration technologique et des infrastructures rurales dans la
stimulation de la croissance et la réduction de la pauvreté en
Inde. Datt & Ravallion (2002) ont montré l'importance de la
décomposition sectorielle de la croissance qui interagit avec les
conditions ou dotations initiales pour expliquer dans quelle mesure la
croissance réduit la pauvreté. En Inde par exemple, la croissance
non agricole était plus pro pauvre dans les Etats initialement plus
éduqués, plus productifs au plan agricole, dotés de terres
et d'un niveau de vie rural plus élevé, présentant moins
de mortalité infantile. De même, Heltberg & Tarp (2002) ont
utilisé la méthode des élasticités pour montrer
qu'au Mozambique les facteurs non-prix tels que le risque, la technologie et
les infrastructures de transport jouent un rôle plus important dans la
stimulation de l'offre et la commercialisation. Dans la promotion d'une
croissance rurale pro-pauvre, il est essentiel de s'attaquer aux
problèmes de risque, de faible productivité et de faibles
dotations en capital du pauvre. De même, des travaux de Warr (2003), il
ressort que les taux globaux de pauvreté dans les pays de l'Asie sont
fortement expliqués par la productivité du secteur agricole, et
qu'il n'y avait aucun impact significatif de croissance du secteur industriel.
Cette désagrégation sectorielle des sources de réduction
de pauvreté a été poursuivie intensivement par Sumarto
& Suryahadi (2003) qui ont utilisé comme indicateur l'indice
numérique de la pauvreté. Ils ont conclu que, approximativement
deux-tiers de la réduction de la pauvreté observée pendant
la période de la croissance la plus rapide des exportations
manufacturées étaient dus à la croissance du rendement
agricole au niveau provincial.
Les approches d'équilibre général
regroupent deux méthodes : les modèles qui s'appuient sur les
Matrices de Comptabilité Sociale (MCS) et les Modèles d'Equilibre
Général Calculable (MEGC). Thorbecke & Jung (1996) ont
développé une méthodologie de décomposition des
multiplicateurs de la MCS en effets d'interdépendance et en effets
distributifs pour l'analyse de la pauvreté. Dans le cas de
l'Indonésie, ils ont montré que la croissance dans les secteurs
de l'agriculture et des services contribuent plus à la réduction
de la pauvreté que le secteur industriel. Toutefois, cela ne peut se
réaliser que lorsque des mesures d'accompagnement de la
croissance telles que l'amélioration du capital humain
des pauvres à travers la formation professionnelle sont mises en oeuvre.
Dansokho (1997), Khan (1999), Cissé & al (2001) ont appliquée
cette méthodologie respectivement au Sénégal ; en Afrique
du Sud et au Burkina faso et ont débouché sur les
résultats selon lesquels la croissance sectorielle agricole est plus
réductrice de pauvreté que celle des autres secteurs de
l'économie. Par ailleurs, Decaluwé & al (1999) et Robillard
(2001) ont montré comment utiliser les modèles d'équilibre
général calculable pour analyser l'impact des mesures de
politiques d'ajustement sur la pauvreté et la distribution des revenus
à travers la micro simulation. Cabral (2004) simule, à l'aide
d'un modèle d'équilibre général calculable
multisectoriel et statique, l'impact de l'Accord agricole sur la
pauvreté et la distribution des revenus en milieu rural au
Sénégal. Il conclut que la mise en oeuvre de mesures
d'accompagnement telles que l'accroissement des dotations en terres et en stock
d'eau d'irrigation permettra une réduction plus importante de
l'incidence de la pauvreté en milieu rural. Boccanfuso & Savard
(2005) ont utilisé un modèle d'équilibre
général calculable multi-ménages intégrés
pour analyser l'impact de la construction d'une autoroute à péage
entre Dakar et Thies au Sénégal sur la pauvreté et les
inégalités. Abdelkhalek & al. (2006) ont montré, avec
un MEGC microsimulé, qu'une politique favorisant le développement
du secteur du tourisme au Maroc a un impact socio-économique
dominant.
Kaboré (2003) propose une décomposition de la
variation inter temporelle de la pauvreté nationale en composantes dues
aux croissances, redistributions et mouvements sectoriels de population. Ses
résultats montrent que la croissance dans les secteurs agricole et
vivrier est nécessaire pour réduire la pauvreté au Burkina
Faso.
Au Bénin, plusieurs études utilisant l'approche
monétaire ont été réalisées sur la
croissance et l'analyse de la pauvreté. Une évaluation des
principales politiques économiques et financières menées
depuis les années 90 a été réalisée par la
CAPE (2002). Il ressort des analyses qu'entre la politique d'augmentation des
dépenses de santé, de l'éducation et la politique
d'augmentation d'investissement en facteur capital dans la branche agriculture,
seule la dernière s'est avérée comme celle qui a
contribué le plus à la réduction de la pauvreté,
même si elle a abouti à une aggravation de la balance commerciale.
Adjovi (2005) a analysé à travers un MEGC l'impact des
Accords de Partenariat Economique sur la pauvreté au
Bénin. Il conclut que la libéralisation progressive des
échanges avec l'UE ne détériore pas le revenu des
ménages. Ceux-ci connaissent un accroissement moyen annuel de 3,6% sur
les dix prochaines années. Mais cette tendance doit être
relativisée puisque par rapport à la situation de
référence, la hausse du revenu des ménages n'est que de
1,9%. Vodounou & al (2006) ont utilisé des données de panel
pour faire une analyse de la contribution de la croissance des dépenses
de consommation des ménages et de la redistribution sur la variation de
la pauvreté. Ils ont montré que l'effet croissance était
relativement favorable mais pas trop suffisant pour contenir l'effet
néfaste de l'inégalité en milieu urbain. En milieu rural
par contre, l'aggravation de la pauvreté est le résultat de
l'insuffisance de la croissance des dépenses moyennes de consommation
des ménages. L'appréciation de la nature de croissance
économique révèle qu'elle est seulement pro- pauvre en
milieu urbain. Balaro (2005) a exploité les données de
l'enquête QUIBB pour explorer le lien entre croissance économique
et pauvreté. Il a montré que la persistance de la pauvreté
observée dans les années 2000 relève de la
spécificité du processus de croissance économique
elle-même qui accroît davantage l'inégalité
plutôt que de la réduire. Il conclut qu'il est peu probable que la
croissance économique suffit à elle seule pour réduire la
pauvreté et l'inégalité socio-économique au
Bénin.
Au Bénin, il n'existe pas encore d'études
réalisées qui soient basées sur la technique de
décomposition des multiplicateurs de la Matrice de Comptabilité
Sociale pour analyser la croissance sectorielle et la réduction de la
pauvreté.
Section 3 : Méthodologie de l'étude
La méthodologie utilisée est inspirée de
celle de Thorbecke & Jung (1996). Le choix de cette méthodologie se
justifie par l'inexistence de données de longues séries sur les
indicateurs de pauvreté au Bénin pouvant permettre de faire des
modèles économétriques. Elle est basée sur les
multiplicateurs de la Matrice de Comptabilité Sociale et est
structurée en trois grandes étapes :
· Construction du modèle des multiplicateurs
fixes de la MCS et leur décomposition en effets distributifs et en
effets d'interdépendance. Détermination de l'impact d'une
augmentation de la demande dans un secteur
d'activité j sur le revenu des différents
groupes de ménages. Cet impact est retracé par une relation
matricielle, qui a pour variable d'entrée la variation de la production
dans un secteur d'activité j et, pour variable de sortie la variation du
revenu des différents groupes de ménages.
· Choix d'un indicateur approprié de mesure de
pauvreté : il s'agit des indices de la classe Foster-Greer-Thorbecke
(FGT). Ensuite, les données de l'enquête QUIBB sont
exploitées pour extraire les vecteurs ménages qui ont servi de
base à la détermination, à l'aide du logiciel
DAD3, de :
- l'élasticité de la pauvreté par rapport
au revenu,
- la part de pauvreté imputable à chaque groupe de
ménages.
· Analyse de l'impact sur la réduction de la
pauvreté de la variation du revenu des groupes de ménages, suite
à l'augmentation de la production dans un secteur d'activité j.
Cet impact sera d'abord mesuré dans un groupe de ménage i, puis
au niveau agrégé de tous les ménages.
3 Distributive Analysis / Analyse Distributive (DAD)
est un logiciel d'analyse d'inégalité et de pauvreté
développé par le Centre de Recherche pour le Développement
International (CRDI Canada).
CHAPITRE II : CONSTRUCTION DU MODELE
Section 1 : La notion de Matrice de Comptabilité
Sociale
L'idée d'une MCS fut développée pour la
première fois par Stone dans les années 60 en Grande-Bretagne.
Cette MCS fut utilisée comme le support des données pour
élaborer les premières versions du « Cambridge growth model
». Dix ans après, Pyatt (1970) réalise les premières
MCS opérationnelles au sein des missions du Bureau International du
Travail (BIT). Les MCS sont de plus en plus adoptés par de nombreux pays
en développement à cause de leur flexibilité et de leur
simplicité conceptuelle. La MCS est l'aboutissement d'un cheminement de
confection et de présentation de documents comptables qui a
commencé avec le tableau Input-Output de Leontief (1953).
Les modèles de multiplicateurs s'appuient sur des
données présentées dans une Matrice de Comptabilité
Sociale. La MCS est une synthèse des tableaux d'échanges inter
industriels (TEI) et des tableaux économiques d'ensemble (TEE). Une MCS
reproduit l'ensemble des flux réalisés dans un système
économique au cours d'une période. A chaque catégorie de
biens ou de services non factoriels, de services factoriels, d'agents
économiques correspond une entrée en ligne et en colonne. Chaque
ligne répertorie l'origine des ressources et chaque colonne
l'utilisation de ces ressources. Cet ensemble de comptes à partie double
garantit que tout emploi d'une branche, d'un facteur de production, ou d'un
agent économique correspond à une ressource pour une autre
branche, un autre facteur ou un autre agent. De plus, la somme des ressources
est égale la somme des emplois pour chacun des comptes. Les MCS font
ressortir aussi les relations entre structures de production et distribution de
revenus, ainsi que les flux de capitaux et les transactions financières
au niveau interne d'une part, et entre l'économie domestique et le reste
du monde d'autre part. Les MCS élargissent le cadre d'analyse des
modèles macro-économiques en fournissant une structure
complète de l'économie avec tous les secteurs.
De nos jours, les MCS servent de base à des
études portant sur des sujets assez variés comme : les
réformes de politiques économiques, les effets des chocs
extérieurs, les changements dans la structure économique et
sociale d'un pays etc.
Le graphique n°1 décrit les flux monétaires
de toutes les transactions dans une Matrice de Comptabilité Sociale.
Graphique n° 1 : Description des flux
monétaires dans une MCS
Activités de production
Accumulation
Facteurs
Reste du Monde
Etat
Institutions
Source : Auteurs
Section 2 : Le modèle des multiplicateurs fixes
Les modèles basés sur les multiplicateurs de la
MCS sont fondés sur les hypothèses classiques ci-après
:
- il existe dans l'économie un excès de
capacité de production, ce qui assure une constance des prix.
- les propensions moyennes de dépenses des comptes
endogènes sont constantes.
- la fonction de production et les dotations factorielles sont
données pour une période.
Sous ces hypothèses, la MCS peut être
utilisée pour analyser les impacts des variations et injections
exogènes. Il s'agit d'étudier l'impact de la variation de la
demande d'un produit donné (production sectorielle) sur l'ensemble du
système socio-économique d'un pays. Pour illustrer ce cadre
d'analyse, la structure simplifiée d'une MCS présentée
dans le tableau n°1 a été adoptée.
Tableau n° 1 : Structure simplifiée
d'une MCS
|
Comptes endogènes
|
|
Dépenses
Recettes
|
1. Facteurs
|
2. Institutions
|
3. Activités de production
|
4. Comptes exogènes
|
TOTAL
|
1. Facteurs
|
|
|
T13
|
X1
|
y1
|
2. Institutions
|
T21
|
T22
|
|
X2
|
y2
|
3. Activités de production
|
|
T32
|
T33
|
X3
|
y3
|
4. Comptes exogènes
|
L1
|
L2
|
L3
|
LX
|
y4
|
TOTAL
|
ty1
|
ty2
|
ty3
|
ty4
|
|
|
tyn est la transposée de la matrice
yn
Source : Defourny & Thorbecke (1984).
Les comptes de la MCS sont subdivisés en deux :
- Les comptes endogènes composés de : comptes
de facteurs, compte des institutions et compte des activités de
production. Ce sont des comptes pour lesquels les différents emplois
sont directement liés au niveau des ressources.
- Les comptes exogènes qui comprennent : compte de
l'Etat, compte du Reste du Monde et compte du capital (accumulation). Ce sont
des comptes pour lesquels les emplois sont déterminés
indépendamment du niveau des ressources disponibles.
On peut mettre en évidence les flux au niveau des
comptes endogènes de la façon suivante : la production (3)
entraîne des coûts en facteurs (1), qui sont ensuite
reversés aux institutions sous forme de revenus (2). Ces institutions
vont ensuite dépenser leur ressources en consommation pour les
activités de production et en épargne (3). Et le circuit
recommence. Le graphique n°2 illustre les flux endogènes
correspondants.
Graphique n° 2 : Transactions au niveau
des comptes endogènes d'une MCS
T33
T22
T3 2
T13
Activités de production
3
Institutions
Facteurs
2
T 21
1
Source : Auteurs, inspiré de Thorbecke
(2000)
Les comptes exogènes ont été
regroupés et leur somme est représentée par un
vecteur. Ainsi, les xi, i = 1,2,3
représentent chacun la somme des injections en provenance du
RDM, de l'Accumulation et de l'Etat. De même, les
Li représentent les fuites correspondantes.
Ainsi, la MCS simplifiée regroupe toutes les
transactions exogènes et les fuites correspondantes et se focalise sur
les transactions et transformations endogènes. Elle distingue cinq (5)
types de transformations endogènes à savoir :
- T 13: la matrice d'allocation aux
différents facteurs de production, des valeurs ajoutées
générées par les activités de production.
- T 33: retrace les consommations
intermédiaires nécessaires à la production. C'est la
matrice des transactions input-output.
- T 32 : représente la matrice des
dépenses de consommation des différentes institutions
(ménages, entreprises) en biens et services.
- T21: schématise la transformation
des revenus des facteurs en revenu des groupes de
ménages. Elle montre également le niveau des
dotations factorielles des différents groupes de ménages.
- T 22: retrace les transferts
interinstitutionnels c'est-à-dire les transferts entre groupes
de ménages, les transferts entre entreprises, et les
transferts entre groupes de ménages et entreprises.
Le principe schématisé au graphique n°2
implique qu'une variation exogène (dx, )
détermine à travers les interactions dans la
MCS, le revenu des comptes endogènes, c'est-à-dire4
(i) les revenus des facteurs de production (ii) les revenus des ménages
et des entreprises et (iii) les revenus des activités de production.
Pour des besoins analytiques, la partie endogène de la
matrice est convertie en la matrice des propensions moyennes de dépenses
correspondantes. Elle est obtenue en divisant chaque élément de
la matrice des comptes endogènes par le total de sa colonne. Ainsi, la
matrice des propensions moyennes de dépenses A, est
partitionnée
comme suit :
? ?
0 0 A13
A A A
? ?
= ? ?
0
, 21 22
? ?
? ?
0 A A
32 33
Les sous-matrices nulles de la matrice A, se
justifient : par exemple le bloc « 0 » de la
première ligne et de la première colonne signifie
que les facteurs ne peuvent pas être utilisés pour
rémunérer les facteurs.
Par définition de A, et à partir de la
matrice des transactions, on déduit que le revenu d'un compte
endogène y, est donné par la relation :
y , = A , y , + x ,
[1]
Ce qui veut dire que le revenu d'un compte endogène
peut être obtenu en multipliant les propensions moyennes de
dépenses de la ligne correspondante par le vecteur revenu y, et
en ajoutant le revenu exogène de la même ligne.
L'équation [1] peut être
réécrite de la façon suivante : (I - A ,
) y , = x , .
(I-A , )y , =x ,
? = -
y , I A , x ,
( ) 1
[2]
-
En posant ( ) 1
M a I A , -
= - , on a :
4 Il s'agit respectivement des vecteurs
y1 , y2, y3
yn = Maxn
Ainsi, d'après l'équation [2],
le vecteur revenu endogène yn peut être
déduit en pré- multipliant l'injection xn par
la matrice Ma. Cette matrice est dénommée
« matrice des multiplicateurs de la MCS ».
L'une des limites de la matrice Ma des
multiplicateurs de la MCS, est qu'elle suppose
des élasticités de dépenses égales
à l'unité5. Bien que l'on puisse faire cette
hypothèse pour tous les éléments de la matrice
An , elle serait irréaliste dans le cas des
propensions
de dépenses des groupes de ménages,
c'est-à-dire dans le cas de la sous-matrice A32.
Une alternative plus réaliste consiste à
spécifier une matrice de propensions marginales de dépenses
Cn qui correspond aux élasticités de
dépenses des différents
13
? ?
0 0 C
C C C
? ?
= ? ?
0 avec C 13 = A 13, C 21 = A
21 C 22 = A 22, C 33 = A
33 mais C 32 ? A 32 .
n 21 22
? ?
? ?
0 C C
32 33
agents économiques endogènes sous
l'hypothèse de la rigidité des prix.
se réécrit :
[2']
On postule que C32 = åA32,
å étant l'élasticité de dépenses de
consommation par rapport au revenu disponible des ménages.
Avec la nouvelle matrice Cn ,
l'équation [2]
yn I C n x n
= -
( ) 1
-
Ainsi, on peut exprimer la variation des revenus
(dyn ) résultant de la variation des injections(
dxn ) par :
dy n I C n dx n
= - . En posant ( ) 1
( ) 1
- M c I C n -
= - , on a :
[3]
dy n = M c dx n
5 Les propensions moyennes de dépenses de
An sont constantes et sont supposées s'appliquer
à tout accroissement des injections.
Mc est dénommée matrice des
multiplicateurs de prix fixes6. Son avantage est qu'il
permet de refléter les propensions marginales de
dépenses en lieu et place des propensions moyennes de dépenses
exprimé par la matrice Ma.
Section 3 : Décomposition des multiplicateurs de
prix fixes
Certaines productions sectorielles contribuent plus à
l'amélioration des revenus des groupes de ménages que d'autres en
fonction de la technologie utilisée (fonction de production), des
dotations factorielles des groupes socio-économiques et de l'importance
des interrelations économiques qui existent aussi bien du
côté de l'offre que de la demande7. Ces contributions
sont mesurées à partir des multiplicateurs. Cette section expose
comment les multiplicateurs de prix fixes peuvent être
décomposés en effets distributifs et en effets
d'interdépendance.
? ?
0 0 C 13
A partir de la matrice des propensions marginales de
dépenses C C C
? ?
= ? ?
0
n 21 22
? ?
? ?
0 C C
32 33
L'équation [1] se réécrit
:
yn = Cnyn +
xn [1']
En passant aux variations, on obtient :
dy n = C n dy n + dx
n [4]
L'équation [4] est équivalente au
système d'équations suivant :
? ? ?
? ?
|
dy = C dy dx
+
1 13 3 1
dy C dy C dy dx
2 21 1 22 2
= + + 2
dy C dy C dy dx
= + +
3 32 2 33 3 3
|
.
|
|
Ce qui implique :
6 L'expression anglo-saxon est « fixe price
multiplier » : voir Pyatt & Round (1979). Par ailleurs, dans les
modèles d'équilibre général Walrasien, c'est la
flexibilité des prix qui détermine l'équilibre. Dans un
modèle keynésien par contre, à court terme ce sont les
quantités qui varient alors que le vecteur prix reste fixe. C'est ce
dernier type de modèle qui est utilisé dans le présent
document.
7 Degré d'intégration de
l'économie.
? ?
?
dy C dy dx
= +
1 13 3 1
- 1 - 1
dy I C C dy I C dx
2 22 22 21 1 22 22 2
= - + -
( ) ( )
-1 dx3
- 1
dy =
3
( ) ( )
I C C dy I C
- + -
33 33 32 2 33 33
On suppose que la matrice Mc est
partitionnée de la façon suivante :
?
= ?
21 22 23 ?
31 32 33 ?
c c c c ? ? M M M
c c c
?
c c c
11 12 13
? ?
? M M M
M M M M
[S]
[5]
En partant de l'équation [3] dy n
= M c dx n, on peut écrire :
dy2 = M c 21dx 1 + M
c 22dx2 + M c 23dx3
Suite à une augmentation exogène de la demande
pour une production sectorielle donnée dx3, on
cherche à savoir quel est son impact sur le revenu des
différents
groupes de ménages dy2.
[6]
[8]
[10]
Ainsi, lorsqu'on suppose que seul x3 subit
une variation dx3, alors dx 1 =
dx2 = 0 et dans ce cas l'équation
[5] donne :
dy2 = M c 23dx3
De même, à partir du système
[S] , on a : dy2 = [R ×
D] dx3
1 - 1
où : ( ) ( )
= - - et ( ) 1
-
D I 22 C 22 C
21 C 13 I 33 C
33 R I 22 D C 32 -
= - ×
Des équations [6] et
[7] , on déduit que Mc 23 = R ×
D
R et D sont dénommées
respectivement effets distributifs et effets d'interdépendance.
Posons ( ) 2
M m = =
c ij i n
23 1
=
1 = =
j n 3
|
. Alors on peut écrire :
|
dy2 i = m ij dx3 j
[9]
Les éléments mij
représentent les effets directs et indirects totaux résultant
de
l'augmentation de la demande et donc de l'offre d'une production
sectorielle j sur l'accroissement des revenus d'un groupe de ménages
i.
Les effets distributifs (D)
Les effets distributifs résultent d'une variation
exogène d'une production sectorielle dx3
donnée. En supposant que la demande et donc la production de textile par
exemple
augmente d'une unité. Pour produire cette unité
supplémentaire, des consommations intermédiaires tels que le
tissu, les fibres et du carburant seraient nécessaires et qui à
leur tour engendreraient d'autres consommations intermédiaires pour
être produits. Les différentes étapes de demande en
consommations intermédiaires sont captées par la
matrice ( ) 1
I 33 C 33 -
- . De même, toute hausse d'une production sectorielle
nécessite
premièrement des inputs tels que la main d'oeuvre non
qualifiée, le capital et la terre. La demande de ces facteurs de
production est donnée par la matrice C13. En retour,
un
revenu supplémentaire sera distribué aux
différents groupes de ménages en fonction de leurs dotations
factorielles (en des facteurs utilisés dans le secteur du textile).
Cette transformation est représentée par la matrice
C21. Si la technologie de production de
textile existante utilise plus de main d'oeuvre non
qualifiée, alors les groupes socio- économiques tels que les
ménages ruraux sans terre et les ménages urbains peu instruits et
qui disposent suffisamment de dotations en ce facteur (main d'oeuvre non
qualifiée) en tireraient davantage profit.
Lorsqu'un facteur de production est beaucoup plus
détenu par un groupe de ménages composé en majorité
de pauvres et est intensément utilisé par une production
sectorielle donnée, l'effet distributif serait important.
Ensuite, des transferts de revenus s'opèrent aussi bien
à l'intérieur d'un même groupe qu'entres les
différents groupes socioéconomiques, et sont captés par
la
matrice( ) 1
I 22 C 22 -
- .
Ainsi, à partir des développements ci-dessus, les
effets distributifs totaux sont fournis
- 1 - 1
par la matrice ( ) ( )
D I 22 C 22 C
21 C 13 I 33 C
33
= - - .
Le graphique n°3 montre les différents
mécanismes à travers lesquels une injection exogène
dx3 affecte les trois comptes endogènes.
Graphique n° 3 : Les effets distributifs dans
le modèle des multiplicateurs fixes
( ) 1
I 33 C 33
-
(C 1 3)
dy3
dx3
dy1
( ) 1
I 22 C 22 C21
-
dy2
Source : Auteurs
D est le produit de trois composantes définies
par :
- ( ) 1
D 3 I 22 C 22 -
= - : effets de transferts. Elle représente les effets
distributifs
intragroupes des revenus des ménages.
- D2 = C21C 13 : effets
distributifs directs. Elle retrace les flux de revenus en direction des
groupes de ménages en provenance des facteurs
utilisés dans le processus de production, et détenus par ces
groupes.
- ( ) 1
D 1 I 33 C 33 -
= - : effets intersectoriels. Elle retrace les interrelations
Input-Output qui
surviennent dans le processus de production.
Les effets distributifs représentent l'effet initial de
la variation de la demande et donc de l'offre d'une production sectorielle
donnée sur les revenus des différents groupes
socio-économiques. L'ampleur des effets distributifs dépend
principalement de la fonction de production8 et des dotations
factorielles des ménages9.
8 Par exemple son intensité en main d'oeuvre,
combien de fois elle dépend des facteurs de production détenus
par les groupes de ménages.
9 L'importance de la main d'oeuvre non
qualifiée ou le volume des terres qu'ils détiennent.
Les effets d'interdépendance
(R)
Les effets d'interdépendance R sont les
multiplicateurs keynésiens des effets distributifs D,
corrigés par les propensions marginales de dépenses des
ménages
retracé par la matrice C32. En
d'autres termes, ( ) 1
R I 22 D C 32 -
= - ×
Pendant que les effets distributifs captent l'impact initial
de la variation d'une production sectorielle sur les revenus, les effets
d'interdépendance captent les effets de dépenses et «
redépenses10 ». Les revenus supplémentaires
reçus par les groupes de ménages sont, à leur tour
dépensés en bien de consommation alimentaires, d'habillement, et
autres produits. Pour satisfaire cette demande additionnelle, une offre
équivalente est nécessaire. Cette dernière engendre des
consommations intermédiaires mais également l'utilisation de
facteurs primaires (par exemple la main d'oeuvre non qualifiée) qui
génère finalement un accroissement indirect additionnel de
revenus pour les pauvres. Ces revenus supplémentaires leur permettent
d'augmenter leurs dépenses de consommation et le processus recommence.
Par conséquent, les effets d'interdépendance agrègent
l'impact du premier flux « revenus-dépenses » et des autres
flux successifs de même type. Les effets d'interdépendance
reflètent le degré d'intégration qui existe dans un
système socio-économique aussi bien du côté de
l'offre que de la demande.
En effet, du coté de la demande, plus les consommateurs
vont effectuer des dépenses en biens et services domestiques ou bien
plus diversifié est leur panier de consommation, plus les effets
d'interdépendance seraient importants. De même, du coté de
l'offre, plus les relations intersectorielles et les transferts au sein des
ménages sont intenses, plus les effets d'interdépendance seraient
importants.
Ces effets d'interdépendance sont équivalents
aux « Close-loop effects » identifiés par Pyatt & Round
(1979)11 dans leur méthodologie alternative de
décomposition des multiplicateurs.
10 Transferts d'un groupe de ménages reconduits
en dépenses par les groupes de ménages
bénéficiaires.
11 Pyatt G. Round J.I. (1979). Accounting and Fixed
Price Multipliers in a SAM Framework, Economic Journal, 89: 850-873.
Section 4 : Analyse de pauvreté à l'aide
d'un modèle de multiplicateurs fixes Paragraphe 1 : Les indices de
pauvreté utilisés dans l'analyse
Pour évaluer l'impact de la variation de la demande (et
donc de l'offre) dans un secteur de production sur la pauvreté, il est
nécessaire d'adopter une mesure de pauvreté appropriée,
l'approche adopté dans le présent contexte étant
l'approche de la pauvreté monétaire. Cette dernière
traduit une insuffisance de revenu nécessaire pour procurer à une
personne le minimum de consommation indispensable pour vivre.
Un indice de pauvreté doit permettre d'apprécier
la pauvreté et satisfaire un certain nombre de propriétés
fondamentales12. Parmi ces propriétés, deux retiennent
l'attention : l'axiome de mono tonicité et celui de transfert. Les
indices qui sont utilisés dans la présente étude sont ceux
de la famille P-alpha (Pá ) connus sous le nom
d'indices de la classe Foster-Greer-Thorbecke (FGT).
Ces indices (Pá ) possèdent
une propriété particulière qui est celle de la
décomposition. Une mesure P(y,z) est dite
décomposable si et seulement si pour toute partition de la
mn
distribution y en m groupes ( y
1 , y 2 , ... , y m ) , on a : ( )
( )
P y z P y z
, ,
, où niest
i
= ? i
i = 1
n
l'effectif du groupe i. Ainsi, pour des indices
décomposables, la pauvreté peut s'exprimer comme une moyenne
pondérée de pauvretés des sous-groupes.
La formule générale des indices
(Pá ) de la classe FGT est donnée par :
1 á
q y i
= ? -
P á où :
?
?
?= ?
n 1
i ? z
1 ?
n: nombre d'individus dans la population ; q
: nombre de pauvres dans la population ; z: seuil de pauvreté
;
yi: dépenses par tête dans le
groupe de ménages i ;
á: le paramètre qui mesure l'aversion pour
la pauvreté.
12 Voir annexe n°5 pour les axiomes d'une mesure
de pauvreté.
- Indice numérique
(P0 )
Il est obtenu pour á = 0 et s'écrit :
|
q
P 0 = . P0 exprime la proportion
d'individus
n
|
pauvres dans la population totale, une fois le seuil
pauvreté fixé. - Indice de profondeur de la
pauvreté
(P1)
q y
Il est obtenu pour á =1 et s'écrit : ?=
1 1
1 . P1 correspond en quelque sorte
à
?
i
P = ? -
? ?
n i ? z
1 ?
la distance moyenne qui sépare les individus de la
population des pauvres de la ligne de pauvreté ; la distance zéro
étant celle qui est attribuée aux non pauvres.
- Indice de sévérité de la
pauvreté (P2
)
2
q
Il est obtenu pour á = 2 et s'écrit :
i
2 1
= ? - y
P . Une fois que le nombre de
?
?
1 ?= ?
n i 1 ? z?
pauvres ainsi que leurs revenus moyens sont fixés, cet
indice P2 , est un meilleur indicateur de
l'inégalité entre les pauvres.
Paragraphe 2 : Analyse de la pauvreté au niveau des
différents groupes de ménages
La section précédente a exposé l'impact
de la variation de l'offre sectorielle sur le revenu moyen des
différents groupes de ménages. La présente section analyse
la sensibilité de la mesure de pauvreté adoptée aux
variations du revenu moyen des différents groupes de ménages.
Pour calculer des variations de la mesure de pauvreté
résultant d'une variation de la production sectorielle, il convient
d'abord de clarifier l'impact d'une variation du revenu sur la
pauvreté. Kakwani (1993), en considérant que P á
= f(y i ,è), a
montré
qu'une variation de la mesure de pauvreté peut
être décomposé en deux éléments additifs : la
première est la variation du revenu moyen par tête, la seconde est
la variation dans la distribution du revenu.
? ?
P P
l
dP d y d
á á
ij ij
á è
ij i ijk
= + ?? ,
? y i k ijk
= è
1
avec : Páij la mesure de
pauvreté de la classe FGT- Pá qui relie le
secteur j au groupe de ménage i, yi est le revenu
moyen par tête dans le groupe de ménage i, et
èijk le
paramètre de distribution du revenu. Sous
l'hypothèse que la variation de l'offre de la production sectorielle j
ne modifie pas la distribution du revenu, alors la seule source de variation de
Pá est le revenu. Par conséquent, on peut
écrire :
[10]
dP d y
? ?
á ij i
= ? ?
2
ç á i
P y
á ij i
? ?
2
avec çái
l'élasticité de Páij par rapport au
revenu moyen par tête de chaque groupe de ménage i,
résultant de la hausse de la production du secteur j.
La deuxième étape consiste à relier la
hausse du revenu moyen dy2 i aux multiplicateurs fixes
mij . De l'équation [9], on a pour
le groupe de ménages i :
dy2 i = m ij dx3 j
avec dx3 j la variation de la production dans le
secteur j. Alors l'équation [10] devient :
dP dx
?
á ij j
3
= ?
ç i ij
m
P y
á
á ij i
? 2
La réduction de la pauvreté dans le groupe de
ménages i est fournie par la relation :
?
?
?
dPdx
?
á ij j
3
= ?
ç i ij
m
P y
á
á ij i
? 2
Paragraphe 3 : Agrégation des effets par rapport aux
groupes de ménages
Dans le but d'évaluer l'effet global de la
réduction de la pauvreté, les effets élémentaires
dans chaque groupe de ménage i sont agrégés sur tous les
groupes de ménages.
Les indices de la classe FGT pour un groupe de ménage i et
un secteur j sont de la forme :
á
Pá
1 qi ? - ?
z y
?
l
ij = ? ?
n z
i l = 1 ? ?
En agrégeant sur tous les groupes de
ménages13, on a :
m ? ?
P P
á á
= ? ?
j ij
? n
i = 1 ? ?
n i
m n
?
dP dP
á á
j ij
= ? ?
n
i = 1 ? ?
En différenciant cette relation, on obtient :
? ?
i
Ce qui peut encore s'écrire :
dP dP n
m
á á
j ij i
? ?
= ? ?
?
P P n
á á
j i j
= 1 ? ?
mdP n P
?
= ?
á á
ij i ij
i ij j
P nP
?
= 1 á á
?
En considérant la classe FGT-
Pá on a :
? ? - ?
qi á
z y
dP dP z
? ? ?
k
?
m
á á
j ij k
= ? ? ? ? - ? ?
;
= 1
?
P P z y
q á
á á
j i ij l
= 1
? ? ?
?
? ? ?
z
l = 1
Avec qi: nombre de pauvres dans le groupe i
et dans la population.
m
m
q q
= ? : nombre total de pauvres
i
i = 1
?
SoitSái , avec
= , la contribution du groupe i dans la pauvreté totale.
Sá 1 i i= 1
á ? - ?
z y k
? ?
? ?
z
? ? ?
l
? ?
z
k
qi
?
= 1
S i q
= áá
? - ?
z y
l 1
. Donc la variation globale de la pauvreté suite à
une augmentation
de la demande dans le secteur j est donnée par la relation
: dP dP
m
á á
j ij
= ?
( )
S á i
P P
á = á
j i ij
1
m dx
?
m S
3 j
ç á á
i ij i
( )
i i
1 2
y
=
13 Voir Kakwani (1993).
dP á
?
?
?
m ? dx
j = ?
?
( ) 3 j
S m
Pá
á á
i ij i
ç
y
j i = 1 ? 2 i
Paragraphe 4 : Agrégation des effets par rapport aux
secteurs de production
Lorsque que la demande augmente dans plusieurs secteurs j,
l'impact agrégé peut être
dP
obtenu par la moyenne des impacts agrégés sur les
groupes de ménages j
á
P áj
|
pondérée
|
par le poids des différents secteurs dans
l'économie. Ainsi, l'impact agrégé par rapport aux
secteurs est fourni par la relation :
dP á
dP
s ? ?
? ,
j j
1 ? ?
á
P P
á =
á j
= w j ? ?
s
Avec wj le poids du secteur j dans
l'économie. Bien évidemment ? wj 1
j= 1
Paragraphe 5 : Décomposition de multiplicateurs
Les multiplicateurs de prix fixes sont décomposés
en deux éléments : les effets distributifs et les effets
d'interdépendance.
m
On pose
d á S á d
j i j= ?
i = 1
. Les dáj sont appelés effets
distributifs et permettent de capter
l'intensité des flux d'affectation de revenus aux groupes
de ménages, suite à une augmentation de la demande
exogène.
Les effets d'interdépendance
ráj sont déduits de la relation
máj = rájdáj.
m
Ainsi, j
dáj
á
r =
avec
?
á j
m
m S m
j i ij
=
á á
?
i = 1
m
d S d
j i j=
á á
?
i = 1
Les ráj sont les multiplicateurs
keynésiens des effets distributifs dáj ,
corrigés par les propensions marginales à dépenser des
ménages.
DEUXIEME PARTIE : IMPACT DE LA CROISSANCE
SECTORIELLE SUR LA REDUCTION DE LA PAUVRETE AU BENIN
CHAPITRE III : ANALYSE SECTORIELLE ET PAUVRETE AU
BENIN
|
Cette section présente une analyse de
l'évolution du Produit Intérieur Brut aussi bien en terme d'offre
qu'en terme de demande sur la période 1995-2005. Au niveau de l'offre,
l'analyse a exploré principalement les secteurs primaire, secondaire et
tertiaire. Du côté de la demande, l'analyse s'est notamment
intéressée à la consommation et à
l'investissement.
Section 1 : Evolution sectorielle de l'économie
béninoise Paragraphe 1 : Structure sectorielle du Produit
Intérieur Brut - Au niveau de l'offre
L'évolution du PIB du côté de l'offre
révèle que les secteurs primaire et tertiaire ont une nette
prépondérance. Leur part moyenne annuelle est autour de 34,5% sur
la période 1995-2005. Le secteur secondaire a un poids faible : moins de
la moitié de la part moyenne annuelle des secteurs primaire et
tertiaire.
Les importations (c'est-à-dire l'offre
extérieure) occupent également une part importante dans
l'ensemble des ressources, soit 31,4% en moyenne. Ce qui veut dire que l'offre
domestique ne représente qu'environ deux tiers (2/3)du niveau de l'offre
totale.
S'il est vrai que les secteurs primaire et tertiaire ont une
bonne part dans le PIB, il faut quand même noter qu'ils ont connu des
évolutions presque en sens contraires sur la période 1995-2005.
En effet :
- sur la période 1995-1998, le secteur primaire a connu
une évolution de sa part qui est passée de 33,1% à 36,6%,
alors que le secteur tertiaire a enregistré une régression de sa
part qui est passée de 3 6,5% à 33,7%. ;
- sur la période 1998-2003, le secteur primaire a connu
une régression de sa part pour atteindre 32,1% alors que le secteur
tertiaire a connu une évolution qui passe de 12,8% à 13,7%.
- sur la période 2003-2005, il y a une stagnation
générale des différentes parts des secteurs primaire,
secondaire et tertiaire. L'évolution du secteur secondaire n'a pas connu
de variations significatives sur la période 1995- 2005. Quant aux autres
ressources14, elles ont représenté en moyenne 18,7% du
PIB sur la même période.
Graphique n° 4 : Structure des ressources du
PIB
0,90
0,80
0,70
0,60
0,50
0,40
0,30
0,20
0,10
0,00
1,00
PRIMAIRE SECONDAIRE TERTIAIRE AUTRES
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
- Au niveau de la demande
La consommation finale a nettement pris une avance sur
l'investissement et la demande extérieure (les exportations). Il n'y a
pas eu une grande variation des différentes parts autour de leur valeur
moyenne. La part moyenne annuelle est de 87,8% du PIB pour la consommation.
Cette a connu sa plus grande part en 2002 (soit 90,3%) et leur plus faible part
en 2000 (soit 85,6%).
14 Il s'agit des Services Non-Marchands,des DTI et TVA
intérieure.
Graphique n° 5 : Structure des emplois du
PIB
1,00 0,90 0,80 0,70 0,60 0,50 0,40 0,30 0,20 0,10 0,00
|
|
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
CONSOMMATION INV ESTISS EM ENT EXPORTATIONS
Paragraphe 2 : Taux de croissance sectorielle du
Produit Intérieur Brut - Au niveau de l'offre
Dans l'ensemble, tous les secteurs primaire, secondaire et
tertiaire ont connu une évolution sur la période 1995-2005 car
les taux moyens annuels de croissance oscillent autour de 4,6%.
Le secteur primaire a connu son plus fort taux de croissance
en 2001 (6,4%) et son plus faible taux de croissance en 2003 (2,2%). La
situation critique a été observée en 2005 où il a
été noté une baisse de 0,8%.
Le plus fort taux de croissance du secteur secondaire a
été enregistré en 2000 (9,2%). C'est en 2004 qu'il est
noté une évolution à la baisse de 0,5% du taux de
croissance de ce secteur.
Dans le secteur tertiaire, le taux de croissance le plus
élevé est de 6,8% en 1995 alors que le taux le plus bas est de
-0,2% en 2004.
Quant aux autres ressources, elles ont enregistré le
taux de croissance le plus fort en 1995 (19,4%). Leur plus faible taux de
croissance a été atteint en obtenu en 2005 avec la valeur de
6,1%.
En somme, l'analyse fait ressortir que sur la période
1995-2005 :
- le taux de croissance le plus fort est enregistré au
niveau des autres ressources du PIB (19,4%)
- le taux de croissance le plus faible est observé au du
secteur secondaire en 2004 (-0,5%)
Graphique n° 6 : Taux de croissance des
ressources du PIB
20
15
10
-5
5
0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
PRIMAIRE SECONDAIRE TERTIAIRE AUTRES
- Au niveau de la demande
La consommation a connu une évolution faible alors que
l'investissement a évolué en dent scie.
La croissance de la consommation a été forte
(5,4%) en 1998 et en 2002. mais en 2004 elle a fléchit avec un taux
négatif de -0,1%. La croissance annuelle moyenne de la consommation a
été de 4,0% sur la période.
Quant à l'investissement, il a une évolution
erratique sur la période 1995-2005 passant de 38,1% en 1995 à
-16,1% en 2005. c'est en 1996 que l'investissement a le plus baissé
(-18,3%).
D'une manière générale, l'analyse fait
ressortir que sur la période 2002-2005, la demande a été
moins dynamique que l'offre.
Graphique n° 7 : Taux de croissance des
emplois du PIB
50
-10
-20
40
30
20
10
0
1995 1996 1997 1 9 9 8 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
-30
CONSOMMATION INV ESTISSEM ENT EXPORTATIONS
Paragraphe 3 : Contribution sectorielle à la
croissance du Production Intérieur Brut - Au niveau de
l'offre
Le secteur primaire est celui qui a le plus contribué
à la croissance du PIB sur la période 1995-2005 avec un taux
annuel moyen de 1,7%. Il est suivi du secteur tertiaire avec un taux de 1,4%.
Le secteur secondaire est celui qui a le moins contribué à la
croissance (0,6% en moyenne) sur la période d'observation.
Graphique n° 8 : Contribution à la
croissance des ressources du PIB
2003
PRIMA IRE SECO NDA IRE TERTIA IRE A UTRES
2004
2002
2005
2001
-1 , 0
4,0
2, 0
3,0
0,0
1 ,0
1 995
2000
1996
1999
1997
1998
- Au niveau de la demande
La consommation est la composante qui tire le plus la
croissance avec une contribution moyenne de 3,9% sur la période
1995-2005. L'investissement contribue pour seulement pour 0,7%. D'après
le graphique n°9, contrairement à la consommation qui connu une
évolution plus ou moins régulière, la contribution de
l'investissement a été très erratique sur la
période 1995-2005.
Graphique n° 9 : Contribution à la
croissance des emplois du PIB
CONSOMMATION INVESTISSEMENT EXPO RTA TIO N S
2003
2004
2002
2005
2001
-2 ,0
-4 ,0
6,0
4,0
2,0
0 ,0
1995
2000
1996
1999
1997
1998
En somme l'évolution des différents secteurs de
l'économie béninoise est caractéristique des
économies en développement avec deux pôles dominants,
constitué des secteur primaire et tertiaire ; et une secteur secondaire
faiblement développé qui se réduit à quelques
industries de transformation.
Section 2 : La Matrice de Comptabilité Sociale du
Bénin
La Matrice de Comptabilité Sociale utilisée est
celle qui a servi aux travaux de modélisation en équilibre
général du MIMAP15-Bénin. Les données
utilisées pour construire cette matrice sont celles de l'année
1999 et proviennent essentiellement des comptes nationaux notamment le Tableau
des Entrées-Sorties (TES) et le Tableau Economique d'Ensemble (TEE).
Elle comprend au total trente huit (38) comptes regroupés en cinq (5)
catégories que sont : les facteurs de production, les agents
économiques, les branches d'activité, les produits et
l'accumulation.
Les comptes de facteurs : Dans ce groupe, on retrouve
deux catégories de comptes, les comptes de capital et les comptes de
rémunération du facteur travail. On distingue cinq comptes de
capital (un pour chacune des branches marchandes) et un compte de facteur
travail.
Les comptes des agents économiques : La
matrice contient huit (08) comptes de ce type pour les trois catégories
d'agents que sont les ménages, les Entreprises et l'Etat. Trois comptes
sont ouverts pour les ménages, un pour les entreprises, un pour l'Etat.
Les trois comptes de «Ménages» sont les Ménages Ruraux
(MR), les Ménages Urbains
15 « MIMAP : Micro Impact of Macroeconomic and Ajustment
Policies » est un réseau de recherche.
de Cotonou (MUC) et les Ménages Urbains Autres (MUA).
Le compte du Reste Du Monde (RDM) décrit les transactions avec
l'étranger. Le solde du compte Reste Du Monde correspond aux flux nets
d'endettement nécessaires à financer l'excédent des
investissements sur l'épargne intérieure.
Les comptes des Branches de production : Dans la
Matrice de comptabilité sociale, l'activité économique a
été répartie en huit (08) branches de production à
savoir cinq (05) marchandes et trois (03) non marchandes. Les branches retenues
correspondent presque toutes à une agrégation de la nomenclature
de la Comptabilité Nationale. Les cinq branches marchandes sont
l'Agriculture comprenant les Travaux Agricoles, l'Elevage, la Pêche, la
Chasse et la Foresterie (BRAG), la branche Agro-Industrie pour la
transformation moderne des produits agricoles (BRAI), la branche Agro-Artisanat
(BRAA) pour la transformation artisanale des produits agricoles, la branche
Autres Industries Modernes et Artisanales (BRIMA) et la branche Autres Services
Marchands (BRAS). Les trois (3) branches non marchandes des Administrations
publiques sont la branche Education (BREDUC), la branche Santé (BRSANTE)
et la branche des autres Services Non Marchands (BRSNM). Ces trois (3) branches
représentent respectivement 32%, 7% et 61% des dépenses des
administrations.
Tableau n° 2 : Différentes branches de
la MCS 1999 MIMAP-Benin
Branches
|
Intitulés
|
Branches comptes nationaux
|
Contenu
|
BRAG
|
Branche Agriculture
|
11-12
|
Toutes les activités agricoles, élevage,
pêche, chasse, foresterie
|
BRAI
|
Branche Agro-Industrie
|
311 i-31 3i-3 14i- 315-316-31 9i-321
|
Production de farines de céréales, pains, boissons,
tabacs, coton-fibre et graines de coton et autres produits alimentaires par les
grandes unités industrielles
|
BRAA
|
Branche Agro-Artisanat
|
311 a-312-3 13a- 31 4a-3 1 9a
|
Mêmes production que pour BRAI mais avec une transformation
artisanale
|
BRIMA
|
Branche Autres Industries Modernes et Artisanales
|
21-22-322-33-34- 35-36-42-50
|
Autres industries textiles, chimiques, mécaniques,
matériaux de construction, eau et électricité, BTP et
autres industries aussi bien modernes qu'artisanales
|
BRSNM
|
Branche Autres Services Non Marchands
|
903
|
Les dépenses de fonctionnement de tous les services
administratifs à l'exception des services de santé et
d'éducation
|
BREDUC
|
Branche Education
|
901
|
Les dépenses de fonctionnement des services publics
d'éducation
|
BRSANTE
|
Branche Santé
|
902
|
Les dépenses de fonctionnement des services publics de
santé
|
BRAS
|
Branche Autres Services Marchands
|
76-70-81-82-83-84- 85-86-99
|
Banques, assurances, services de locations, commerce, transports,
hôtellerie et restauration etc..
|
Source : DSEE/INSAE/MDEF
Les comptes de produits : La Matrice de
comptabilité sociale comporte huit (08) comptes de produits
correspondant aux branches retenues (05 produits marchands et 03 non
marchands). Cependant, les cinq (5) produits marchands sont
dédoublés pour tenir compte de leur destination (demande
intérieure ou exportation). Au total, il y a donc treize (13) comptes de
produits.
Le compte Accumulation : Le processus de
l'investissement se fait par le biais du compte d'accumulation. Ce compte
reçoit en ligne, l'épargne des différents agents
économiques et finance en colonne la Formation Brute du Capital Fixe.
Section 3 : Les vecteurs de revenus et de dépenses
des ménages
Les vecteurs de revenus et dépenses des ménages
sont construits à partir de l'enquête QUIBB de 2003 qui a
porté sur 5350 ménages. Toutefois, il est procédé
à l'ajustement des données sur les revenus et les dépenses
des ménages, avant de les réconcilier avec les données de
la Matrice de comptabilité sociale. La procédure d'ajustement et
de conciliation des données ont consisté principalement à
:
· corriger les données par l'inflation vu le
décalage dans les sources de données (QUIBB 2003 et MCS 1999),
d'une part et le décalage entre les périodes de collecte des
informations sur les consommations (fin de période), et sur les revenus
(toute la période) ;
· hausser le niveau des revenus à travers un
accroissement des revenus des activités de production des ménages
et des revenus de transfert qui sont généralement
sous-estimés dans les enquêtes, et particulièrement dans le
cas du Bénin. Les revenus nets ou profits sont imputés aux
facteurs travail et capital16. Leur ajustement à la MCS a
été réalisé parallèlement à celui des
coefficients d'intensité factorielle de cette dernière. Les
salaires et les transferts (revenus et paiements) de l'enquête
prioritaire ont été ajustés à ceux de la MCS en
tenant compte des parts distributives de la première et des niveaux de
la seconde ;
16 Paxson (1992), repris par Deaton (1957).
· introduire les dépenses de consommation des
ménages enquêtés tout en gardant le niveau et la structure
de l'enquête. Cette méthode permet de répliquer le profil
de la pauvreté du Bénin à l'année de base avec la
ligne de pauvreté officielle. La conciliation des dépenses de
consommation de l'enquête à celles de la MCS se fait par le biais
de la variable « ajustement de stocks » (qui est maintenue constante
dans les simulations) et de l'épargne globale17
Section 4 : Le profil des groupes de ménages
Dans la définition des politiques de lutte contre la
pauvreté, la description quantitative de la pauvreté doit
être appuyée par une analyse des caractéristiques socio-
économiques des pauvres. Il s'agit donc d'étudier la
répartition géographique, les structures des dépenses
alimentaires, les sources de revenus, le niveau d'éducation et
d'instruction, etc. des pauvres et des non-pauvres. C'est cette analyse des
différences socio-économiques entre pauvres et des non-pauvres
que l'on appelle profil de pauvreté. Le profil utilisé dans le
présent document est basé sur la répartition
géographique compte tenu de la structure de désagrégation
des groupes de ménages retenus au niveau de la Matrice de
Comptabilité Sociale.
Pour analyser la répartition des ménages
suivant leurs revenus, il a été procédé à la
partition des groupes de ménages en quintile correspondant aux plus
pauvres, pauvres, moyens, riches et plus riches selon que les ménages
appartiennent respectivement aux 1er , 2ème, 3ème ,
4ème ou 5ème quintiles. On fait
également l'hypothèse que tous les individus d'un ménage
appartiennent au même quintile que le ménage
considéré. Le profil des groupes de ménages est
établi sur la base des données de l'enquête QUIBB.
17 La terre agricole n'est pas mise en exergue dans
l'enquête prioritaire. Elle est prise en compte dans le capital
agricole.
Graphique n° 10 : Quintiles de revenus
moyens des groupes de ménages
25%
23%
1er Q u intile 2e Q u in tile 3e Q u intile 4e Q u
intile 5e Q u in tile
Ruraux Urbains C oto no u Urbains autres
21%
19%
12%
3%
7%
14%
22%
54%
16%
20%
21%
21%
22%
Il ressort du graphique n°10 que :
- les ménages ruraux sont de plus en plus
concentrés dans les quintiles les plus pauvres. Leurs proportions vont
du simple au double en passant du 5ème quintile au 1er
quintile.
- les ménages urbains Cotonou quant à eux sont
de plus en plus concentrés dans les quintiles les plus riches. Leurs
proportions augmentent de 3% à 54% en passant du 1er au
dernier quintile.
- En ce qui concerne les ménages urbain Autres, il y a
très peu de disparités dans leur répartition. Du quintile
le plus pauvre au quintile le plus riche, les proportions sont passés de
16% à 22% respectivement soit un faible écart de 6 points.
Par ailleurs, le tableau n°3 montre que les revenus
moyens annuels en milieu urbain sont nettement supérieurs à ceux
du milieu rural. Les revenus urbains Cotonou et urbains Autres
représentent respectivement 2,5 fois et 1,3 fois les revenus ruraux. De
plus 61,5% de la population est concentré dans les zones rurales et
partagent les revenus les plus faibles alors que les 3 8,5% restants sont
répartis entre les zones urbaines. Le revenu minimal (10.459 F.CFA) est
situé dans le milieu rural et le plus élevé est en milieu
urbain (4.714.134 F.CFA), soit plus de 450 fois le revenu minimal.
Tableau n° 3 : Profil des
différents groupes de ménages au Bénin
Groupes de Ménages
|
Revenu des ménages (F.CFA)
|
Structure de la population
ni n
|
Seuil de pauvreté
z
|
Elasticité de la pauvreté par rapport
au revenu moyen
çái
|
Part de pauvreté imputable à chaque
groupe
Sái
|
|
Minimum
|
Maximum
|
|
P1
|
P2
|
P0
|
P1
|
P2
|
Ruraux (MR)
|
136 995
|
10 459
|
1 771 672
|
61,5
|
74 088
|
-2,37
|
-3,30
|
-3,82
|
0,76
|
0,78
|
0,79
|
Urbains Cotonou (MUC)
|
338 161
|
36 007
|
2 502 851
|
12,7
|
74 088
|
-0,54
|
-0,42
|
-0,36
|
0,02
|
0,01
|
0,01
|
Urbains Autres (MUA)
|
182 613
|
18 591
|
4 714 134
|
25,8
|
74 088
|
-1,81
|
-2,31
|
-2,43
|
0,22
|
0,21
|
0,20
|
|
Source : Calculs des Auteurs sur la base des données
de l'enquête QUIBB.
Les revenus des ménages sont approchés par
leurs dépenses de consommation. P0 : Indice numérique de la
pauvreté.
P1 : Indice de profondeur de la pauvreté.
P2 : Indice de sévérité de la
pauvreté.
L'élasticité de Pá
exprime la réponse des indices de pauvreté à une variation
des revenus moyens des groupes de ménages. Elle est plus
élevée en milieu rural qu'en milieu urbain pour tous les indices
Pá . Par exemple pour P0 , elle
vaut -2,37 en milieu rural et -0,54 et -1,81 respectivement pour les milieux
urbain Cotonou et urbain Autres. Cela montre que la pauvreté est plus
sensible en milieu rural qu'en milieu urbain aux variations de revenu moyen.
En matière de part, la pauvreté est plus
prépondérante en milieu rural qu'en milieu urbain. C'est le
milieu rural (76%) qui est le plus assujetti au phénomène de la
pauvreté, suivi du milieu urbain Autres (22%) et dans une faible mesure,
le milieu urbain Cotonou (2%). Cette analyse est valable aussi bien pour
l'indice numérique que pour l'indice de profondeur et l'indice de
sévérité.
Section 5 : Lien entre la croissance sectorielle et la
pauvreté
Le lien classique entre la croissance sectorielle et la
réduction de la pauvreté est une relation en ordre inverse telle
qu'illustré par le graphique n°11. L'augmentation de la richesse
générée par la croissance sectorielle du Produit
Intérieur Brut doit avoir un impact positif sur la réduction de
la pauvreté.
Graphique n° 11 : Lien classique entre
croissance sectorielle et pauvreté
Croissance sectorielle
Pauvreté
Le graphique n°12 est construit sur la base de
données empiriques. La tendance classique n'est pas
systématiquement observée quant à l'évolution
comparée de l'incidence de la pauvreté et de la croissance dans
les principaux secteurs de production sur la période 1996-2005. En
effet, entre 1996 et 1999, on note une croissance de la production dans les
secteurs primaire et tertiaire, accompagné d'une hausse de l'incidence
de la pauvreté. De 1999 à 2003, les secteurs de production
enregistrent une décélération et dans le même temps,
la pauvreté a amorcé une tendance à la baisse. De 2003
à 2005, la production connaît une évolution erratique dans
tous les secteurs alors que l'incidence de la pauvreté enregistre une
légère hausse de son niveau.
Graphique n° 12 : Croissance sectorielle et
incidence de pauvreté au Bénin18
-1,0%1996 1999 2001 2002 2003 2004 200
52 4 ,0 %
4,0%
2,0%
9,0%
8,0%
7,0%
6,0%
5,0%
3,0%
0,0%
1,0%
Primaire Secondaire Tertiaire P0
3 2,0%
3 1,0%
3 0,0%
2 9,0%
2 8,0%
2 7,0%
2 6,0%
2 5,0%
Source : Auteurs.
18 Source des données sur l'incidence de la
pauvreté P0 :
1996-2001, Rapport sur la gestion du développement
National, édition 2005. 2002-2005, Rapport d'avancement 2005 sur le
DSRP-1
En somme, le lien entre la croissance sectorielle et la
réduction de la pauvreté est encore mitigé car les
variations annuelles ne sont pas significatives pour tirer des conclusions
pertinentes quant au recul de l'incidence de la pauvreté
monétaire au Bénin.
CHAPITRE IV : SIMULATIONS A L'AIDE DU MODELE
Section 1 : Analyse des différents types
d'effets
L'analyse des différents types d'effets est faite de
manière transversale sur tous les secteurs. On considère une
hausse de la production intérieure brute de 5% en
référence au sentier de croissance de l'économie
béninoise. Cette hausse est appliquée à chacun des
secteurs, toutes choses égales par ailleurs, pour mesurer l'impact de la
croissance sectorielle des différentes branches d'activités de
l'économie. Par ailleurs, les effets ont les mêmes tendances
lorsqu'on passe d'un indice de la classe FGT à un autre. Pour ce faire,
les analyses se limitent à l'indice numérique (P0), les
conclusions étant valables pour les deux autres indices
c'est-à-dire l'indice de profondeur (P1) et l'indice de
sévérité (P2).
Paragraphe 1 : Analyse des effets d'entraînement
Les effets d'entraînement permettent de mesurer
l'impact d'une hausse de la demande sectorielle soit sur le secteur
lui-même, soit sur les autres secteurs ou soit sur toute
l'économie nationale.
Tableau n° 4 : Les effets
d'entraînement induits par les différents secteurs
Entraînement
|
BRAG
|
BRAI
|
BRAA
|
BRIMA
|
BRSNM
|
BREDUC
|
BRSANTE
|
BRAS
|
sur lui-même
|
2,135
|
1,043
|
1,388
|
1,457
|
1,002
|
1,001
|
1,000
|
1,63 1
|
sur les autres secteurs
|
8,361
|
7,389
|
9,697
|
4,881
|
8,016
|
8,017
|
8,018
|
7,047
|
sur l'économie
|
10,496
|
8,432
|
11,085
|
6,337
|
9,018
|
9,018
|
9,018
|
8,679
|
|
Source : Auteurs
La branche BRAG (2,135) a le plus fort effet
d'entraînement sur lui-même, suivi des branches BRAS (1,631), BRIMA
(1,457) et BRAA (1,388). Les Branches BRAI, BRSNM, BREDUC et BRSANTE ont de
faibles effets d'entraînement sur eux-mêmes. Quant aux effets
d'entraînement sur les autres secteurs, l'ampleur n'est pas la même
pour tous les secteurs. Les effets sont élevés pour les branches
BRAA (9,697), BRAG (8,361). Les branches BRSNM, BREDUC, BRSANTE ont des effets
semblables. La branche BRIMA (4,881) à l'effet le plus faible.
En somme, deux branches apparaissent comme ayant les effets
d'entraînement les plus importants sur l'économie : il s'agit des
branches BRAA (11,085) et BRAG (10,496). Ainsi, parmi toutes les
activités de production, les branches Agriculture et Agroartisantat sont
les principales sources de croissance de l'économie béninoise.
Paragraphe 2 : Analyse des effets
distributifs
Les effets distributifs mesurent l'intensité des flux
d'affectation des revenus aux groupes de ménages suite à une
augmentation d'une demande exogène.
Tableau n° 5 : Les effets distributifs
sectoriels
|
BRAG
|
BRAI
|
BRAA
|
BRIMA
|
BRSNM
|
BREDUC
|
BRSANTE
|
BRAS
|
Effets distributifs
|
0,6048
|
0,3244
|
0,5087
|
0,1604
|
0,1587
|
0,1587
|
0,1588
|
0,2307
|
Effets transferts
|
0,8419
|
0,7659
|
0,7801
|
0,5321
|
0,2535
|
0,2535
|
0,2535
|
0,4169
|
Effets directs
|
0,5114
|
0,0083
|
0,1109
|
0,0974
|
0,1213
|
0,1213
|
0,1213
|
0,1765
|
Effets intersectoriels
|
1,4048
|
5,1095
|
5,8790
|
3,0958
|
5,1605
|
5,1605
|
5,1605
|
3,1361
|
|
Source : Auteurs.
D'après le tableau n°5, les effets distributifs
sont maximales pour la Branche BRAG (0,6048). Elle est suivie des Branches BRAA
(0,5087) et BRAI (0,3244). Les branches BRSNM et BREDUC (0,1587) ont l'effet le
plus faible. De plus, les effets distributifs sont davantage expliqués
par les effets distributifs intersectoriels qui affichent leur maximum (5,8790)
pour la branche BRAA et leur minimum (1,4048) pour la branche BRAG.
Ainsi, parmi tous les secteurs de l'économie, c'est
l'augmentation de la demande dans la branche Agriculture qui permet
d'augmenter, dans une proportion plus importante, les revenus des
ménages.
Paragraphe 3 : Analyse des effets
d'interdépendance
Les effets d'interdépendance s'interprètent comme
des multiplicateurs keynésiens des effets distributifs, corrigés
par les propensions marginales à dépenser des ménages.
Tableau n° 6 : Les effets
d'interdépendance
|
BRAG
|
BRAI BRAA
|
BRIMA BRSNM
|
BREDUCBRSANTE
|
BRAS
|
Effets d'interdépendance
|
2,0534
|
2,1384 2,1205
|
2,5444
|
3,9763
|
3,9763
|
3,9763
|
2,9098
|
|
Source : Auteurs.
Les effets d'interdépendance sont élevés
(3,9763) pour les branches BRSNM, BREDUC et BRSANTE. La branche BRAS a
également un effet non négligeable (2,9098). La branche BRAG a un
faible effet d'interdépendance (2,0534).
Ainsi, de tous les secteurs de l'économie, c'est pour
les branches BRSNM, BREDUC et BRSANTE, que l'augmentation de la demande
engendre des dépenses des ménages plus importantes en
consommation des produits des autres branches d'activités de
l'économie.
Paragraphe 4 : Analyse des effets de réduction de
pauvreté
L'effet de réduction de pauvreté mesure
l'impact de l'augmentation de la demande exogène dans une branche
donnée sur la réduction de la pauvreté d'abord au niveau
de chaque groupe de ménages, puis au niveau agrégé de tous
les ménages.
Tableau n° 7 : Les effets de
réduction de la pauvreté par branche
d'activités
|
BRAG
|
BRAI
|
BRAA
|
|
|
BRIMABRSNMBREDUCBRSANTE
|
|
BRAS
|
Moy
|
Effets réduction de pauvreté
|
-24,2%
|
-13,4%
|
-20,9%
|
-7,7%
|
-11,4%
|
-11,4%
|
-11,4%
|
-12,5%
|
-16,1%
|
Ménages Ruraux
|
-30,1%
|
-16,6%
|
-25,9%
|
-9,3%
|
|
-12,7%-12,7%
|
-12,7%
|
-14,7%-19,6%
|
|
Ménages Urbains Cotonou
|
-0,3%
|
-0,2%
|
-0,3%
|
-0,3%
|
-0,8%
|
-0,8%
|
-0,8%
|
-0,6%
|
-0,4%
|
Ménages Urbains Autres
|
-5,4%
|
-3,5%
|
-5,2%
|
-2,9%
|
-7,7%
|
-7,7%
|
-7,7%
|
-5,8%
|
-5,1%
|
|
Source : Auteurs.
La branche BRAG s'est avérée être la plus
réductrice de la pauvreté (-24,2%). Elle est suivie de la branche
BRAA (-20,9%) et de la branche BRAI (13,4%). Les effets de réduction de
pauvreté sont moindres mais identiques (-11,4%) pour les branches BRSNM,
BREDUC et BRSANTE. L'effet est de -12,5% pour la branche BRAS alors qu'il est
seulement de -7,7% pour la branche BRIMA.
Par groupes de ménages, c'est au niveau des
ménages ruraux que les effets de réduction sont les plus
élevés. Ils vont de -30,1% pour la branche BRAG à -9,3%
pour la branche BRIMA. Pour les ménages Urbains Cotonou, ce sont les
branches BRSNM, BREDUC et BRSANTE qui ont les plus forts effets de
réduction de la pauvreté (-0,8%). Il en est de même pour
les ménages urbains Autres (-7,7%).
Ainsi, les secteurs qui sont les plus réducteurs de
pauvreté en milieu rural (Branche Agriculture, Agro-Artisanat et
Agri-Industrie), le sont moins en milieu urbain (branches Autres Services
non-Marchands, Education et Santé) et vis-versa.
Pour la branche BRAG, les disparités sont plus
importantes : -30,1% pour les ménages ruraux et -0,3% pour les
ménages urbains Cotonou. Pour les branches BRSNM, BREDUC et BRSANTE par
contre, les effets varient de -12,7% pour les ménages ruraux à
-0,8% pour les ménages urbains Cotonou.
En somme, si le Bénin parvient à atteindre son
sentier de croissance de 5% en moyenne annuelle, l'incidence de la
pauvreté pourrait se trouver réduite de 19,6% pour les
ménages ruraux, de 0,4% pour les ménages urbains Cotonou et de
5,1% pour les ménages Urbains Autres. Au niveau national, l'incidence de
la pauvreté se trouverait réduite de 16,1% en moyenne annuelle,
par rapport à la situation de référence. Dans le
même temps, la profondeur et la sévérité de la
pauvreté se verraient réduites en moyenne annuelle de 22,7% et
26,4% respectivement.
Section 2 : Simulation des impacts du MCA sur la
pauvreté au Bénin
Dans cette section, il a été simulé
l'impact du Programme du Bénin pour le Millenium Challenge Account (MCA)
sur la pauvreté au Bénin.
Paragraphe 1 : Présentation du Programme du
Bénin pour le MCA
La proposition du Bénin a été
élaborée pour le Millennium Challenge Account (MCA), suite
à un processus de consultation qui a touché toutes les
composantes de la société béninoise, à savoir le
Secteur Privé, le Secteur Agricole, la Société civile, les
Syndicats, les communes et le Gouvernement,. L'objectif global du Programme est
de « Contribuer à l'accélération de la croissance
économique et à la réduction de la pauvreté par
l'amélioration du volume et de la qualité de l'investissement au
Bénin ». Pour atteindre ses objectifs spécifiques, les
sous-programmes du Programme MCA ont été déclinés
en quatre (04) projets :
- Projet « Accès au foncier » dont l'objectif
est de faciliter l'investissement privé
par la réduction de l'insécurité
foncière et par la création d'actifs monnayables.
- Projet « Accès au crédit » dont
l'objectif est de réduire le coût du crédit afin
d'accroître les investissements et améliorer les revenus des
populations.
- Projet « Accès aux marchés » dont
l'objectif est de moderniser les opérations portuaires afin de rendre le
Port de Cotonou plus attractif pour les investissements et de réaliser
les pistes rurales pour désenclaver les zones de forte production
agricole.
- Projet « Amélioration de l'environnement des
affaires » dont l'objectif est de renforcer la confiance entre la justice
et les justiciables et de sécuriser les investissements.
Les projets concernent l'ensemble du territoire national.
Toutefois, certaines activités seront exécutées au niveau
central, au niveau départemental ou au niveau des communes. Le programme
est étalé sur quatre (04) ans et son coût global est
d'environ 170 milliards FCFA dont 5 milliards de FCFA pour la contribution du
Budget national.
Pour la simulation, il est considéré qu'une
demande exogène de 170 milliards est adressée aux
différentes branches de l'économie suivant la ventilation
ci-après :
Tableau n° 8 : Répartition de la
demande adressée aux différentes branches pour le MCA
Branches
|
Intitulés
|
Contenu
|
Part
|
BRAG
|
Agriculture
|
Toutes les activités agricoles, élevage,
pêche, chasse, foresterie
|
13%
|
BRAA
|
Agro-Artisanat
|
Production de farines de céréales, pains,
boissons, tabacs, coton-fibre et graines de coton et autres produits
alimentaires par une transformation artisanale
|
6%
|
BRAS
|
Autres Services Marchands
|
Banques, assurances, services de locations, commerce,
transports, hôtellerie et restauration etc.
|
74%
|
BRSNM
|
Autres Services Non Marchands
|
Les dépenses de fonctionnement de tous les services
administratifs à l'exception des services de santé et
d'éducation
|
6%
|
TOTAL
|
|
|
100%
|
|
Source : Auteurs a partir de « Proposition du
Bénin pour le MCA, sept 2005 ».
Cette ventilation est fondée sur les données du
document portant « Proposition du Bénin pour le MCA, Version 1.1,
septembre 2005 ». La part de 74% affectée au secteur BRAS se
justifie par le fait que plus de la moitié des ressources du programme
devront servir à la réhabilitation du Port de Cotonou, principale
composante du transport au Bénin et qui se retrouve dans ce secteur.
Paragraphe 2 : Résultats de simulations des impacts
du MCA sur la pauvreté
Le tableau n°5 présente l'impact sur la
réduction de la pauvreté de la mise en oeuvre du Programme MCA
pour le Bénin.
Tableau n° 9 : Résultats de
simulation pour le MCA
|
|
Incidence (P0)
|
|
|
Profondeur (P1)
|
|
|
Sévérité (P2)
|
|
|
Réf
|
Sim
|
Var
|
Réf
|
Sim
|
Var
|
Réf
|
Sim
|
Var
|
GLOBAL
|
0,22692
|
0,20468
|
-9,8%
|
0,06168
|
0,05317
|
-13,8%
|
0,02456
|
0,02065
|
-15,9%
|
Ruraux
|
0,17327
|
0,15317
|
-11,6%
|
0,04820
|
0,04044
|
-16,1%
|
0,01933
|
0,01572
|
-18,7%
|
Urbains Cotonou
|
0,00411
|
0,00409
|
-0,5%
|
0,00080
|
0,00079
|
-0,4%
|
0,00024
|
0,00024
|
-0,3%
|
Urbains Autres
|
0,04953
|
0,04730
|
-4,5%
|
0,01268
|
0,01194
|
-5,8%
|
0,00498
|
0,00468
|
-6,1%
|
|
Légende : Réf =situation de
référence ; Sim=résultat de simulation ; Var=variation par
rapport à la situation de référence.
Source : Auteurs, résultats de
simulation
Il ressort du tableau que la mise en oeuvre du Programme
Millenium Challenge Account, a un impact significatif sur la réduction
de la pauvreté au Bénin.
Elle permettra de réduire le nombre de pauvres de 9,8%
au niveau national chaque année. Par type de ménages, les effets
sont plus prononcés en milieu rural (-11,6%) qu'en milieu urbain (-0,5%
et -4,5%).
La profondeur qui traduit le gap qui sépare les
pauvres de la ligne de pauvreté se trouverait réduite de 13,8%.
Par type de ménages, l'impact est plus important en milieu rural
(-16,1%) qu'en milieu urbain (-0,4% et -5,8%).
La sévérité de la pauvreté,
c'est-à-dire l'inégalité entre les pauvres, se trouverait
réduite de 15,9% au plan national et par an. Par type de ménages,
c'est au niveau du monde rural que l'effet est plus significatif (-18,7%),
moindre en milieu urbain Autres (-0,6%) et faible en milieu urbain Cotonou
(-0,3%).
En somme, par rapport à la situation de
référence et sous l'hypothèse que les individus pauvres
n'augmentent pas dans le temps, pour les quatre (04) années de mise en
oeuvre du programme MCA, l'incidence, la profondeur et la
sévérité de la pauvreté au Bénin seraient
réduites de 39%, 55% et 64% respectivement.
Section 3 : Recommandations de politiques
A travers les analyses qui précèdent, il
ressort que l'exploration de la structure sectorielle de l'économie peut
servir plusieurs investigations en matière de formulation de politiques
économiques de croissance et de stratégie d'amélioration
du bien-être sociale. Ainsi, pour réduire la pauvreté au
Bénin et atteindre les Objectifs du Millénaire pour le
Développement, l'étude recommande de :
· Mettre en oeuvre des politiques sectorielles
pour le développement et le renforcement du tissu productif. En
effet, dans l'état actuel de l'économie béninoise,
où le niveau de la demande est nettement supérieur au niveau de
l'offre, il existe encore des possibilités importantes d'augmentation du
niveau de la production des différents secteurs pour satisfaire la
demande globale.
· Diversifier les filières de production
agricoles et promouvoir les activités de transformation agro-artisanales
et agro-industrielles. Compte tenu de leur fort potentiel de
réduction de pauvreté et de la concentration des individus
pauvres dans ces secteurs, toute action ciblée sur ces secteurs,
permettrait d'améliorer les revenus des couches les plus
vulnérables de la population et de les sortir de leur situation de
dénuement.
· Développer les activités
agricoles d'exportation pour favoriser les entrées de devises et
réduire le déficit de la balance commerciale. L'analyse
de la balance commerciale du Bénin affiche une augmentation
exponentielle des importations qui sont source de sortie de devises. De plus la
plupart des produits importés peuvent être substitués par
des produits locaux puisqu'il s'agit en majorité des produits
alimentaires. Ceci permettra de promouvoir le "Label béninois" à
travers le concept "Consommons local". D'un autre côté, les
exportations ont très peu augmenté au cours des dix
dernières années. Elles procurent des devises à
l'économie nationale et permettent de réduire l'écart
entre les importations et les exportations et dont le déficit de la
balance commerciale.
· Orienter les politiques sectorielles de
façon optimale suivant les objectifs fixés en matière de
réduction de la pauvreté. En effet, à travers la
technique de décomposition des multiplicateurs de la matrice de
comptabilité sociale, il ressort que certains secteurs sont plus
réducteurs de la pauvreté en milieu rural alors que d'autres le
sont davantage en milieu urbain. Ainsi, pour réduire convenablement la
pauvreté en milieu rural, il faut orienter les politiques vers les
secteurs agriculture, agro-industrie et agro-artisanat. Mais en milieu urbain,
les politiques doivent plutôt être concentrés sur les
secteurs éducation, santé et autres services non marchands, pour
atteindre les objectifs de réduction de la pauvreté.
· Investir dans le capital humain des pauvres
(éducation, formation professionnelle). Il s'agit d'assurer une
éducation de base et la formation professionnelle de qualité afin
d'augmenter la productivité globale des facteurs de production
détenus par les pauvres. Ce qui leur permettra de participer
effectivement au processus de production.
CONCLUSION GENERALE
L'analyse de la croissance sectorielle au Bénin
révèle que les différents secteurs de l'économie
contribuent à différents degrés à la
réduction de la pauvreté. La méthodologie du
présent document basé sur la technique de décomposition
des multiplicateurs de la matrice de comptabilité sociale a
montré que la structure de la croissance sectorielle de
l'économie béninoise peut servir de base à la formulation
de politiques stratégiques en matière de réduction de la
pauvreté. Ainsi, les branches Agriculture, Agro-Artisanat et
Agro-Industrie sont des secteurs pour lesquels la croissance serait plus
favorable aux populations pauvres notamment en milieu rural. De ce fait, des
politiques de renforcement de capacités (éducation, formation
professionnelle etc.) doivent être directement orientées en faveur
des populations pauvres. Ceci permettra de renforcer leurs dotations
factorielles (main d'oeuvre, capacité d'entreprendre des
activités génératrices de revenus etc.), de les
intégrer pleinement aux processus de production, et par ricochet de les
sortir de la pauvreté.
L'approfondissement des analyses notamment à travers
une désagrégation plus fine des groupes de ménages et des
branches de production contenu dans la matrice de comptabilité sociale,
servirait de base à une amélioration de la conception et la mise
en oeuvre des politiques de soutien à la croissance sectorielle en vue
de réduire significativement et durablement la pauvreté au
Bénin.
Par ailleurs, les nouvelles théories
économiques de la croissance endogène ont identifié
certains déterminants pouvant influer la croissance et compromettre la
réduction de la pauvreté. Plusieurs études empiriques ont
confirmé l'efficacité de ces facteurs. Ainsi, Le capital humain
est un important stimulant de la croissance sectorielle qui est davantage pro
pauvre dans les pays initialement plus éduqués (Ravallion &
Datt (2002)). Le capital physique est aussi un facteur déterminant de la
croissance car la technologie et les infrastructures de transport sont
essentielles à la stimulation de la croissance et la réduction de
la pauvreté (Fan & al. (2000), Heltberg
& Tarp (2002)). Les politiques qui accroissent
l'investissement et facilitent l'acquisition des actifs sont également
bénéfiques à la croissance et à la réduction
de la pauvreté (Deininger & Squire (1998)). Par contre, la
corruption vue comme un investissement dans le capital politique
c'est-à-dire l'achat d'un « pouvoir bureaucratique », peut
être préjudiciable à la croissance économique
(Ehrlich & Lui (1999)). Elle contribue à soustraire les ressources
économiques de l'activité de production et d'investissement dans
le capital humain qui sont de véritables sources de la croissance et de
réduction de la pauvreté.
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ANNEXES
) Annexe 1 : Taux de croissance sectorielle du
Produit Intérieur Brut (%) ) Annexe 2 :
Evolution des indices de pauvreté au Bénin
) Annexe 3 : Décomposition des multiplicateurs
de la MCS et analyse de pauvreté ) Annexe 4 :
Estimation de la matrice des propensions marginales de
dépenses
) Annexe 5 : Quelques axiomes d'une mesure de
pauvreté monétaire ) Annexe 6 :
Structure générale du modèle
) Annexe 7 : Principe comptable de l'équilibre
Recettes-Dépenses d'une MCS
) Annexe 8 : Inversibilité du
complément à l'unité d'une matrice de
propensions
Annexe 1 : Taux de croissance sectorielle du Produit
Intérieur Brut (%)
Années
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
PRIMAIRE
|
5,8
|
5,6
|
6,1
|
5,2
|
6,0
|
4,5
|
6,4
|
2,5
|
2,2
|
6,3
|
-0,8
|
Agriculture
|
6,6
|
6,2
|
6,9
|
5,9
|
7,1
|
4,9
|
7,5
|
1,6
|
2,2
|
7,4
|
-3,0
|
Elevage
|
4,9
|
1,9
|
3,5
|
2,3
|
2,6
|
2,0
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
3,2
|
3,5
|
Pêche, Foret
|
2,3
|
7,7
|
5,2
|
5,6
|
3,8
|
5,5
|
3,2
|
6,4
|
0,8
|
3,5
|
7,3
|
SECONDAIRE
|
3,9
|
7,7
|
3,5
|
-0,2
|
1,7
|
8,6
|
9,2
|
7,0
|
3,0
|
-0,5
|
5,4
|
Industries extractives
|
-21,8
|
-13,3
|
-13,4
|
-18,2
|
-82,1
|
6,0
|
7,0
|
6,0
|
6,0
|
4,0
|
5,0
|
Industries manufacturières
|
4,2
|
12,8
|
4,2
|
0,7
|
4,0
|
8,8
|
9,1
|
6,3
|
0,7
|
-2,1
|
5,3
|
Energie
|
9,0
|
6,4
|
4,9
|
0,9
|
20,3
|
12,7
|
16,1
|
16,9
|
8,7
|
0,4
|
6,7
|
BTP
|
14,5
|
1,4
|
5,9
|
1,2
|
5,8
|
6,6
|
6,9
|
5,3
|
7,4
|
3,5
|
5,0
|
TERTIAIRE
|
6,8
|
3,6
|
6,0
|
3,7
|
5,4
|
4,1
|
5,8
|
4,6
|
6,4
|
-0,2
|
6,0
|
Commerce
|
7,8
|
3,0
|
6,3
|
2,2
|
5,9
|
4,0
|
5,3
|
4,0
|
6,0
|
-0,8
|
7,0
|
Transports & Telecom
|
7,3
|
4,4
|
4,7
|
5,1
|
5,1
|
3,8
|
6,1
|
4,8
|
7,4
|
-0,8
|
5,7
|
Banques et assurances
|
8,9
|
5,2
|
9,5
|
4,6
|
6,3
|
5,8
|
7,8
|
6,9
|
7,8
|
0,5
|
6,5
|
Autres services
|
4,8
|
3,8
|
5,8
|
5,1
|
4,6
|
4,0
|
5,9
|
4,9
|
6,1
|
0,8
|
4,8
|
SERVICES NON MARCHANDS
|
2,8
|
2,1
|
2,9
|
3,9
|
2,1
|
2,3
|
3,2
|
4,1
|
4,7
|
3,7
|
4,0
|
PISB
|
9,4
|
4,8
|
9,7
|
4,7
|
5,4
|
6,0
|
6,0
|
6,0
|
6,0
|
1,0
|
6,6
|
PIB AU COUT DES FACTEURS
|
5,4
|
4,8
|
5,2
|
3,7
|
4,7
|
4,7
|
6,3
|
4,0
|
3,9
|
2,8
|
2,8
|
DTI et TVA INTERIEURE
|
16,6
|
-3,2
|
14,0
|
7,0
|
14,6
|
7,0
|
6,2
|
9,8
|
3,2
|
6,7
|
3,8
|
PIB AU PRIX DU MARCHE
|
6,0
|
4,3
|
5,7
|
4,0
|
5,3
|
4,9
|
6,2
|
4,4
|
3,9
|
3,1
|
2,9
|
Source : DSEE/INSAE/MDEF, 2006
Annexe 2 : Evolution des indices de pauvreté au
Bénin
Années
|
1996
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Incidence (FGT0)
|
Bénin
|
0,289
|
0,312
|
0,313
|
0,285
|
0,2684
|
0,2684
|
0,2700
|
Urbain
|
0,242
|
0,246
|
0,253
|
0,2356
|
0,2206
|
0,2206
|
0,222
|
Rural
|
0,304
|
0,296
|
0,35
|
0,31 59
|
0,2983
|
0,2983
|
0,3001
|
Profondeur (FGT1)
|
Bénin
|
0,075
|
0,087
|
0,119
|
0,1087
|
0,1035
|
0,1034
|
0,1041
|
Urbain
|
0,073
|
0,095
|
0,114
|
0,1068
|
0,103
|
0,103
|
0,1035
|
Rural
|
0,076
|
0,085
|
0,122
|
0,1099
|
0,1037
|
0,1037
|
0,1045
|
Sévérité (FGT2)
|
Bénin
|
0,029
|
0,039
|
0,068
|
0,0624
|
0,0596
|
0,0599
|
0,0599
|
Urbain
|
0,032
|
0,054
|
0,073
|
0,0688
|
0,0665
|
0,066
|
0,0667
|
Rural
|
0,028
|
0,034
|
0,065
|
0,0584
|
0,0553
|
0,0553
|
0,0557
|
Source : 1996-2001, Rapport sur la gestion du
développement national, édition 2005 ; 2002-2005, Rapport
d'avancement 2005 du DSRP-1
Annexe 3 : Décomposition des multiplicateurs de
la MCS et analyse de pauvreté
INDICATEURS
|
BRAG
|
BRAI
|
BRAA
|
BRIMA
|
BRSNM
|
BREDUC
|
BRSANTE
|
BRAS
|
Moyenne
|
Indice numérique (P0)
|
1 .Effets distributifs
|
0,6048
|
0,3244
|
0,5087
|
0,1604
|
0,1587
|
0,1587
|
0,1588
|
0,2307
|
|
1a.Effets distributifs de transferts
|
0,8419
|
0,7659
|
0,7801
|
0,5321
|
0,2535
|
0,2535
|
0,2535
|
0,4169
|
|
1b.Effets distributifs directs
|
0,5114
|
0,0083
|
0,1109
|
0,0974
|
0,1213
|
0,1213
|
0,1213
|
0,1765
|
|
1c.Effets distributifs intersectoriel de production
|
1,4048
|
5,1095
|
5,8790
|
3,0958
|
5,1605
|
5,1605
|
5,1605
|
3,1361
|
|
2.Effets d'interdépendance
|
2,0534
|
2,1384
|
2,1205
|
2,5444
|
3,9763
|
3,9763
|
3,9763
|
2,9098
|
|
3.Effets de réduction de pauvreté
|
-24,2%
|
-13,4%
|
-20,9%
|
-7,7%
|
-11,4%
|
-11,4%
|
-11,4%
|
-12,5%
|
-16,1%
|
3.a Ménages Ruraux
|
-30,1%
|
-16,6%
|
-25,9%
|
-9,3%
|
-12,7%
|
-12,7%
|
-12,7%
|
-14,7%
|
-19,6%
|
3.b Ménages Urbains Cotonou
|
-0,3%
|
-0,2%
|
-0,3%
|
-0,3%
|
-0,8%
|
-0,8%
|
-0,8%
|
-0,6%
|
-0,4%
|
3.c Ménages Urbains Autres
|
-5,4%
|
-3,5%
|
-5,2%
|
-2,9%
|
-7,7%
|
-7,7%
|
-7,7%
|
-5,8%
|
-5,1%
|
Indice de profondeur (P1)
|
1.Effets distributifs
|
0,6158
|
0,3295
|
0,5171
|
0,1612
|
0,1531
|
0,1531
|
0,1531
|
0,2298
|
|
1a.Effets distributifs de transferts
|
1,0000
|
1,0024
|
1,0001
|
1,0021
|
1,0005
|
1,0005
|
1,0005
|
1,0019
|
|
1b.Effets distributifs directs
|
0,5207
|
0,0079
|
0,1122
|
0,0979
|
0,1157
|
0,1157
|
0,1157
|
0,1756
|
|
1c.Effets distributifs intersectoriel de production
|
1,1825
|
4,1575
|
4,6066
|
1,6433
|
1,3221
|
1,3221
|
1,3221
|
1,3063
|
|
2.Effets d'interdépendance
|
2,0492
|
2,1363
|
2,1178
|
2,5568
|
4,1261
|
4,1261
|
4,1261
|
2,9433
|
|
3.Effets de réduction de pauvreté
|
-34,2%
|
-19,0%
|
-29,5%
|
-10,9%
|
-15,8%
|
-15,8%
|
-15,8%
|
-17,5%
|
-22,7%
|
3.a Ménages Ruraux
|
-41,9%
|
-23,1%
|
-36,1%
|
-12,9%
|
-17,6%
|
-17,6%
|
-17,6%
|
-20,5%
|
-27,3%
|
3.b Ménages Urbains Cotonou
|
-0,2%
|
-0,2%
|
-0,3%
|
-0,2%
|
-0,6%
|
-0,6%
|
-0,6%
|
-0,5%
|
-0,3%
|
3.c Ménages Urbains Autres
|
-6,9%
|
-4,4%
|
-6,6%
|
-3,7%
|
-9,8%
|
-9,8%
|
-9,8%
|
-7,4%
|
-6,6%
|
Indice de Sévérité (P2)
|
1.Effets distributifs
|
0,6195
|
0,3313
|
0,5199
|
0,1616
|
0,1515
|
0,1515
|
0,1515
|
0,2296
|
|
1a.Effets distributifs de transferts
|
1,0000
|
1,0024
|
1,0001
|
1,0021
|
1,0005
|
1,0005
|
1,0005
|
1,0019
|
|
1b.Effets distributifs directs
|
0,5239
|
0,0078
|
0,1127
|
0,0981
|
0,1141
|
0,1141
|
0,1141
|
0,1754
|
|
1c.Effets distributifs intersectoriel de production
|
1,1825
|
4,2393
|
4,6133
|
1,6432
|
1,3267
|
1,3266
|
1,3267
|
1,3068
|
|
2.Effets d'interdépendance
|
2,0480
|
2,1357
|
2,1170
|
2,5607
|
4,1738
|
4,1738
|
4,1738
|
2,9539
|
|
3.Effets de réduction de pauvreté
|
-39,7%
|
-22,0%
|
-34,3%
|
-12,6%
|
-18,2%
|
-18,2%
|
-18,2%
|
-20,3%
|
-26,4%
|
3.a Ménages Ruraux
|
-48,6%
|
-26,8%
|
-41,8%
|
-15,0%
|
-20,4%
|
-20,4%
|
-20,4%
|
-23,8%
|
-31,7%
|
3.b Ménages Urbains Cotonou
|
-0,2%
|
-0,2%
|
-0,2%
|
-0,2%
|
-0,5%
|
-0,5%
|
-0,5%
|
-0,4%
|
-0,3%
|
3.c Ménages Urbains Autres
|
-7,2%
|
-4,6%
|
-6,9%
|
-3,9%
|
-10,3%
|
-10,3%
|
-10,3%
|
-7,8%
|
-6,9%
|
Annexe 4 : Estimation de la matrice des propensions
marginales de dépenses
Pour estimer la matrice des propensions marginales à
partir des propensions moyennes de dépenses, un modèle log
linéaire a été spécifié. Il a permis de
disposer de l'élasticité revenu des dépenses de
consommation finale et est de la forme :
log(C) = å log(Y)
+îi avec :
- C les dépenses de consommation finale des
ménages, - Y le revenu disponible des ménages
On obtient donc å = 0, 9388
3,3
3,2
3,1
3,0
2,9
2,8
2,7
2,6
2,5
2,6 2,7 2,8 2,9 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 3,5
Log(C) = 0,9388Log(Y) + 0,0714 R2 =
0,9886
Determination des propensions marginales à consommer des
ménages
Nuage Rev-Conso Linéaire (Nuage Rev-Conso)
Ainsi, la matrice des propensions moyennes
A32 a été corrigée avec
l'élasticité-revenu des dépenses de consommation
å = 0,9388 pour disposer de la matrice des propensions
marginales à consommer C32 à partir de la
relation C32 = åA32 .
Il s'en déduit la matrice de propensions marginales de
dépenses Cn qui correspond aux
élasticités de dépenses des
différents agents économiques endogènes sous
l'hypothèse de la rigidité des prix (Voir page 20).
? ?
0 0 C13
C C C
? ?
= ? ?
0
n 21 22
? ?
? ?
0 C C
32 33
Annexe 5 : Quelques axiomes d'une mesure de
pauvreté monétaire
La démarche axiomatique, développée
progressivement dans la littérature (Sen (1976) ; Foster, Greer et
Thorbecke (1984) ; Shorrocks, (1995)) permet de mesurer la pauvreté
à travers la spécification d'un indicateur synthétique
à partir de propriétés clairement explicitées.
Nous présentons ici les principaux axiomes d'une mesure de
pauvreté.
1. Axiome de focalisation : La mesure
de pauvreté ne dépend pas de la dotation yi des non pauvres.
2. Axiome de symétrie : La
mesure de pauvreté est inchangée par une permutation des
allocations initiales entre deux individus. Cette propriété
signifie que la connaissance nominative des pauvres ne modifie pas
l'appréciation de la pauvreté.
3. Axiome d'invariance par
réplication : La pauvreté mesurée sur la
réunion de deux populations identiques est égale à la
pauvreté dans chacune de ces populations séparément.
4. Axiome de monotonicité : Si
la dotation yi d'un individu pauvre diminue, alors la mesure de pauvreté
augmente.
5. Axiome de transfert : Toutes choses
étant égales par ailleurs, un transfert d'un individu pauvre vers
un individu moins pauvre doit augmenter le niveau de pauvreté.
6. Axiome d'invariance
multiplicative : Une mesure de pauvreté vérifie la
propriété d'invariance multiplicative si l'augmentation
proportionnelle de toutes les dotations initiales yi et de la ligne de
pauvreté ne modifie pas sa valeur.
7. Axiome de continuité par rapport au
seuil de Pauvreté : Cet axiome est vérifié
si une faible variation du seuil de pauvreté ne s'accompagne pas d'un
saut dans la mesure de pauvreté.
8. Axiome de
décomposabilité : Une mesure de pauvreté
P(y,z) est dite décomposable si et seulement si pour toute
partition de la distribution y en m classes
m n
(y1,y2,",ym), on a : ( ) (
)
P y z P y z
, ,
i
= ? i
n
i = 1
où ni est l'effectif de la classe i. Pour
les mesures décomposables, la pauvreté peut
s'exprimer comme une moyenne pondérée des pauvretés par
sous-groupes.
Les indices de la classe FGT utilisés dans le
présent document vérifient tous les axiomes ci-dessus
énoncés.
Annexe 6 : Structure générale du
modèle
dy n = Mcdxn
dy2 = M c 21dx 1 + M c
22dx2 + M c 23dx3
dx1=dx2=0
dx1=dx3=0 dx 3 =
dx2=0
M n ( )
= ( ) M p
=
c ik
22 c il
23
dy M dx
2 22 2
= c
dy M dx
2 21 1
= c
dy M dx
2 2 3 3
= c
M= 23
c
( )
m ij
dPá
P á
ji
j
? ?
3
= ? ?
?m dx j
S m ç
á á
i ij i
= 1 2
? ?
y i
dPá
P á
= ?
? S n ç
á á
i ik i
k i = 1 2
?
m
k
dx ?
2 k ?
y i ?
dPá
P á
j i
j
? ?
dx
= ? ?
?m 1 l
S p ç
á á
i il i
= 1 2
? ?
y i
Réduction de la pauvreté suite à un choc
Réduction de pauvreté suite à un choc Réduction de
pauvreté suite à un choc
exogène sur les secteurs de production exogène sur
les institutions exogène sur les facteurs de production
Annexe 7 : Principe comptable de l'équilibre
Recettes-Dépenses d'une MCS
Une Matrice de Comptabilité Sociale est fondée
sur le principe comptable de l'égalité entre les ressources et
les emplois. Cette égalité se vérifie pour chaque compte
de la matrice et au niveau global.
Dans tout ce qui suit, un vecteur est une matrice unicolonne.
Désignons par n1 ,
n2,
n3, n4 et
n les nombres entiers suivants :
n1 : nombre de facteurs ;
n2 : : nombre d'institutions ; n3 :
nombre d'activités de production ;
3
n4: nombre de comptes exogènes ; On
considère les matrices :
|
n n
= ? : nombre de comptes endogènes.
i
i=1
|
· ( )1
E e
n ij
=
1
|
matrice des comptes endogènes ;
= =
i n
= =
j n
|
|
· L l = =
n n ij i n
4 ( ) 1 4
=
1 = =
j n
|
matrice des fuites en provenance des comptes
endogènes
|
|
· X x
nn ij
4 ( )
=
|
1 1
|
, matrice de répartition de revenus des comptes
endogènes reçus
= =
i n
= =
j n 4
|
des comptes exogènes
· Tn4 est la matrice des
fuites en provenance des comptes exogènes.
La MCS peut être aussi partitionnée sous forme de
matrice-blocs.
MCS
|
? ?
E X
n nn 4
? ?
? ?
L T
n n n
4 4
|
|
Notons 1á1, le vecteur colonne ayant
1 (á fois) sur toutes ses lignes. > Matrice des
dépenses : 1 4 ,1
MCS MCS +
= ×
t
emp n n
> Matrice des recettes : MCS MCS +
ress 1 n n 4 ,1
= ×
L'équilibre Recettes-dépenses se traduit par :
MCSemp = MCSress
Agissons sur la partie endogène de la MCS (matrice
En) en écrivant que : En = A
n × Qn où
Qn
? ?
q O
1
? ?
? ?
% .
? ?
? ?
O q n
? × ?
A Q X
n n nn
Ainsi : 4
MCS = .
? ?
??
L T
n n n
4 4
Donc 1 4 ,1
MCS MCS +
= ×
t
emp n n
MCSemp =
|
? t ( )
A Q L
× + ×
1 1
t
n n n n n n
,1 ,1
? 4 4
t ( ) × + ×
1 1
t
? X T
4
? nn n n n
,1 ,1
4 4
|
|
MCS MCS +
ress 1 n n 4 ,1
= ×
MCSress =
|
? × + × ?
( )
A Q X
n n n nn n
4 4
? ( ) ( )
1 1 1 1
,1 ,1 ? × + ×
A Q X
n n n nn n
4 4
,1 ,1
? L T
× + × ?
1 1
4
? n n n n n
,1 ,1
4 4 ?
|
|
L'équilibre Recettes-dépenses au niveau
endogène global se traduit par l'égalité matricielle :
t
( n n ) 1 n ,1 nn 4 1 n
4 ,1
A Q × + X × = ( ) 1 ,1 4 1
4 ,1
A Q × + L ×
t
n n n n n n
· nn41 n 4 ,1 n
X × = x
t
· ( ) 1 ,1 4 1 4 ,1
A Q × + L × = ( ) 1 ,1 4 1
4 ,1
t t t
E × + L × =
yn
n n n n n n n n n n n
D'où :
|
HJJJJJJJJJG HJG
A y + x = y
n . n n n
Re ssources emplois
|
|
Cette égalité traduit l'équilibre
recettes-dépenses.
Annexe 8 : Inversibilité du complément
à l'unité d'une matrice de propensions
Soit ( )1
B b = =
= une matrice carrée d'ordre n vérifiant les
propriétés suivantes :
ij i n
1 = =
j n
É (b1) 0 = bij = 1 , ? i,
j ;
n
É (b2)
|
0 1
= ? = , ?j (la somme de tous les
éléments de chaque colonne est positive
b ij
|
|
i= 1
et inférieure ou égale à l'unité)
;
· (b3) toutes les colonnes ne sont de somme 1 ;
· (b4) il n'existe pas de colonne identique à celle
de la colonne correspondante de la matrice unité.
Etudions la régularité de la matrice
(I-B) Norme sur l'ensemble des
matrices
Sur l'espace des matrices carrées d'ordre n, on peut
définir plusieurs normes. Puisqu'il est question ici d'étudier la
régularité de la matrice (I - B), il nous faut
une norme ayant la propriété de sous-multiplicativité :
c'est-à-dire pour deux matrices carrées P et Q , on a :
P× Q = P. Q .Ceci nous
amène à prendre pour norme d'une matrice carrée
? ?
n
P P
= ? ?
max ? ij
j i
? ?
= 1
quelconque P, la norme suivante :
Cette norme est bien sous-multiplicative.
La propriété (b2) des matrices carrées que
nous étudions montre que cette norme est mieux adaptée.
É Si B <1alors la matrice
(I-B) est inversible ;
· Sinon, les propriétés de la matrice
B font que la suite des sommes des éléments d'une
colonne donnée j est décroissante et non stationnaire suivant les
puissances
B de B .
k
Ainsi, à terme, on peut trouver un nombre entier q
> 1 tel que 1
B < ; ce qui assure
q
que (I-B) est une matrice
régulière. En effet :
I B I B B B I B
- = + + + ... + -
q 2 1
( )( )
q -
Or 1
B < I - B est inversible
q q
I - B et ( )
I B B B -
+ + + ... + sont inversibles.
2 q 1
- 1
Donc( ) ( ) ( )
- = - + + + ... + et
q 1 2 1 1
- -
I B I B I B B B q -
- -
( ) ( ) ( )
- = - + + + ... +
1 q 1 2 1
I B I B I B B B q -
En somme, toute matrice B possédant les
propriétés (b1), (b2), (b3) et (b4) est telle que
I-B est inversible.
Application à l'économie
Toute matrice B ayant les propriétés
(b1), (b2), (b3) et (b4), est telle que (I-B) est
régulière. En particulier, la matrice (I-A)
où A est la matrice des propensions moyennes de dépenses
ainsi que toutes ses matrices dérivées à savoir les
matrice de la forme (I - S) où S est une
sous-matrice bloc carrée de A, sont toutes
régulières.
TABLE DES MATIERES
AVANT PROPOS ii
DEDICACES iv
REMERCIEMENTS v
SOMMAIRE 1
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES 2
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS 3
INTRODUCTION GENERALE 4
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
6
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, REVUE DE LITTERATURE ET
METHODOLOGIE 7
Section 1 : Problématique et objectifs de l'étude
7
Section 2 : Revue de littérature 9
Section 3 : Méthodologie de l'étude 12
CHAPITRE II : CONSTRUCTION DU MODELE 14
Section 1 : La notion de Matrice de Comptabilité Sociale
14
Section 2 : Le modèle des multiplicateurs fixes 15
Section 3 : Décomposition des multiplicateurs de prix
fixes 20
Section 4 : Analyse de pauvreté à l'aide d'un
modèle de multiplicateurs fixes 25
Paragraphe 1 : Les indices de pauvreté utilisés
dans l'analyse 25
Paragraphe 2 : Analyse de la pauvreté au niveau des
différents groupes de ménages 26
Paragraphe 3 : Agrégation des effets par rapport aux
groupes de ménages 27
Paragraphe 4 : Agrégation des effets par rapport aux
secteurs de production 29
Paragraphe 5 : Décomposition de multiplicateurs 29
DEUXIEME PARTIE : IMPACT DE LA CROISSANCE SECTORIELLE SUR
LA
REDUCTION DE LA PAUVRETE AU BENIN 30
CHAPITRE III : ANALYSE SECTORIELLE ET PAUVRETE AU BENIN
31
Section 1 : Evolution sectorielle de l'économie
béninoise 31
Paragraphe 1 : Structure sectorielle du Produit Intérieur
Brut 31
Paragraphe 2 : Taux de croissance sectorielle du Produit
Intérieur Brut 33
Paragraphe 3 : Contribution sectorielle à la croissance du
Production Intérieur Brut 35
Section 2 : La Matrice de Comptabilité Sociale du
Bénin 36
Section 3 : Les vecteurs de revenus et de dépenses des
ménages 38
Section 4 : Le profil des groupes de ménages 39
Section 5 : Lien entre la croissance sectorielle et la
pauvreté 41
CHAPITRE IV : SIMULATIONS A L'AIDE DU MODELE
44
Section 1 : Analyse des différents types d'effets 44
Paragraphe 1 : Analyse des effets d'entraînement 44
Paragraphe 2 : Analyse des effets distributifs 45
Paragraphe 3 : Analyse des effets d'interdépendance 45
Paragraphe 4 : Analyse des effets de réduction de
pauvreté 46
Section 2 : Simulation des impacts du MCA sur la pauvreté
au Bénin 47
Paragraphe 1 : Présentation du Programme du Bénin
pour le MCA 47
Paragraphe 2 : Résultats de simulations des impacts du MCA
sur la pauvreté 49
Section 3 : Recommandations de politiques 50
CONCLUSION GENERALE 52
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 54
ANNEXES 57
TABLE DES MATIERES 67
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