II.3.2 Hypercalcémie et néoplasie
L'hypercalcémie due au cancer est fréquente,
souvent sévère, mettant en jeu le pronostic vital et difficile
à traiter. Une maladie tumorale est la cause la plus fréquente
des hypercalcémies observées en milieu hospitalier. La
prévalence de l'hypercalcémie tumorale varie entre 6 et 14 % des
tumeurs. L'hypercalcémie néoplasique a deux mécanismes.
Elle peut être induite par la destruction de l'os par les cellules
tumorales provoquée par des facteurs protéolytiques locaux
(prostaglandines de la série E, Tumor necrosis factor ou TNF,
Transforming growth factor ou TGF, Colony stimulator factor
ou CSF, Interleukine 1) ou dans les autres cas, par des facteurs humoraux
sécrétés par les cellules cancéreuses «)
». Les facteurs identifiés à ce jour, sont la PTH, le
calcitriol et le PTH related peptide (PTHrP). Seulement 5 cas de
production ectopique de PTH authentique ont été clairement
documentés Si la vitamine D bioactive a été
incriminée dans le cadre des lymphomes, il semble que le PTHrP soit plus
souvent responsable. La PTHrP est un peptide de 141 acides aminés qui
présente une homologie courte avec la PTH. Cette analogie structurelle
lui permet de se fixer sur les récepteurs de la PTH et d'en mimer les
effets. Néanmoins, une large divergence du reste de la molécule
explique qu'elle n'est pas reconnue par les anticorps spécifiques
anti-parathormone. Par ailleurs, la présence de cette molécule
n'est détectable de manière physiologique qu'au cours de la
lactation et pendant la vie foetale. (Rizzoli,
1996)
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- Hypercalcémie par destruction osseuse locale (les
facteurs d'activation des ostéoclastes: interleukine 1, TNF, CSF,
TGF).
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Hémopathies malignes
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- Myélome multiple.
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- Lymphome.
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- Hypercalcémie par médiation humorale
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(1 ,25(OH)2 vit D, PTHrP).
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- Lymphome.
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- Hypercalcémie par destruction osseuse locale
(prostaglandines de la série E)
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- Cancer du sein
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- Hypercalcémie par médiation humorale
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Tumeurs solides
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(PTHrP, autres médiateurs)
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- Cancer spinocellulaire du poumon
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- Cancer du rein
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- Cancer du tractus urogénital
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- Autres tumeurs spinocellulaires
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Tableau 4: Étiologies et
mécanismes de l'hypercalcémie maligne. (Rizzoli,
1996)
Les signes cliniques vont regrouper ceux de
l'hypercalcémie et ceux de la maladie tumorale causale. Les signes
d'hypercalcémie sont ceux décrits précédemment mais
du fait de leurs installations brutales, on retrouve un tableau franc, mal
toléré qui en fait une véritable urgence
thérapeutique. Les signes tumoraux sont une asthénie, une perte
de poids, une anorexie, des rashs cutanés inexpliqués et des
signes spécifiques de la tumeur.
Au niveau biologique, on trouve des signes communs à
l'HPT I tels qu'une hypercalcémie, une excrétion urinaire d'AMPc
néphrogénique élevée, une hypophosphorémie
et une hyperphosphaturie. Mais à la différence de l'HPT I, il n'y
a pas d'élévation de la PTH active, la clairance rénale du
calcium est plus élevée (rapporté à la
calcémie), les taux de calcitriol sont normaux ou bas pour les
tumeurs
solides ou augmentés dans le cadre des lymphomes et les
taux sanguin de PTHrP sont augmentés.
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