1 INTRODUCTION
« L'essence de l'audit est la vérification »
d'information' d'ailleurs' Pr ANTLE Rick'
chercheur pionnier en modélisation de l'auditeur en tant qu'agent
économique ayant des goûts et des désires'
ajoute' à ce sujet :
« The essence of auditing is verification. A rich model of
auditing should' therefore' contain something to verify
». Antle R. [1980'p.1].
Ce « something to verify » traite
nécessairement d'une information. Que l'objet de l'audit soit une
firme' ou une machine' ou une
stratégie...' l'objet de la vérification
est' forcément' une information bien
précise' et le produit final de l'audit est aussi une
information bien précise. En plus' lorsqu'il s'agit de
vérification' un système de référence
doit exister obligatoirement : c'est à dire qu'on ne peut pas
vérifier une information de façon' confuse'
arbitraire : on doit vérifier une information (souvent réelle ou
réalisée) par rapport à une information ou
référence imaginée (norme'
prévision' projet...)' autrement dit'
une représentation idéale -ou plutôt
idéalisée- de cette réalité :
Réalité
Audit
Représentation idéalisée
La complexité de la réalité
induit' par conséquent' que la
représentation de cette réalité soit elle aussi complexe.
Si' en plus' différents individus interagissent
dans ce contexte' le niveau de complexité doit
nécessairement augmenter :
En effet' si la « réalité »
est réalisée par une 1ère personne
'A'' si la « représentation idéalisée
» est construite par une seconde personne 'B'' et que l' «
audit » de la réalité par rapport à l'idéal
est réalisé par une tierce personne 'C'' on imagine
qu'à un premier niveau de complexité'
dû' d'une part' à la complexité de la
réalité à auditer et d'autre part' à la
complexité de sa représentation idéalisée et de son
niveau d'idéalisme' s'ajoute un second niveau de
complexité' dû' celui-ci'
à la complexité de la concordance entre les différentes
conceptions de chacun de ces individus touchant à cette
réalité et sa représentation. La communication'
entre ces individus' peut faciliter cette concordance'
mais elle ne peut jamais la rendre parfaite' car leurs propres
intérêts' qui sont souvent conflictuels'
entrent en jeu.
Modélisation de l'Interaction Stratégique
d'Audit
MODELISATION D'AUDIT
Réalité
Manager
Représentation
Audit Idéalisée
Auditeur Propriétaire
Modélisation du Jugement d'Audit
Modèle de Risque
(Décision Individuelle de l'auditeur au
cours de son travail)
Appliqué au domaine de la profession
comptable' notre premier schéma est modifié comme
ci-contre :
m Ici' l'objet de l'audit reste toujours une
information' mais il se précise pour ne concerner que
l'information divulguée par le manager concernant les performances de la
firme qu'il gère'
m La modélisation d'audit se départage en deux
'sous-domaines' : une modélisation d'une décision individuelle du
seul auditeur' et une modélisation des décisions
stratégiques de tous les individus interagissant au sein de la relation
d'audit' (le présent mémoire ne s'intéresse
qu'au second domaine --la décision stratégique-' bien
qu'il donne quelques brefs aperçus du premier domaine --la
décision individuelle d'audit-' pour mieux positionner la
recherche)'
m Enfin' le système de
référence (représentation idéalisée comme
les normes d'audit' ou lois'
réglementations...)' sur lequel s'appuie l'auditeur pour
effectuer ses vérifications' semble être
modélisé stratégiquement en tant qu'« information
correspondant au seul intérêt du propriétaire » de la
firme auditée ...
La modélisation d'audit' et toute
modélisation en général' par
essence' essaye alors de réduire le niveau de
complexité de la réalité pour pouvoir l'expliquer et
surtout la prédire. Cette réduction 'artificielle' de
complexité ne peut se faire que par le recours à une
nécessaire abstraction de certaines composantes ou faits
réels. Tout le problème du modélisateur réside
dans le fait de réussir à trouver la combinaison 'magique' de
façon à équilibrer entre niveau nécessaire
d'abstraction et niveau souhaité du pouvoir explicatif et
prédictif du modèle par rapport à la
réalité :
La combinaison optimale devrait avoir un niveau d'abstraction
minimal et un pouvoir explicatif- prédictif maximal.
Mais puisque l'audit traite nécessairement
d'information' toute tentative d'abstraction touche
nécessairement l'ensemble des informations mises en jeu dans la relation
d'audit. Le présent mémoire compte constituer un travail de
recherche dans ce cadre précis de réflexion qu'est «
l'abstraction de l'information » : Les paragraphes qui suivent
exposent' alors brièvement' aussi bien la
problématique que l'approche' que la méthodologie et
la démarche de cet humble travail de DEA en comptabilité :
O LeT È I ? e 1d4
PI TIC«
e
Comme exprimé précédemment'
tout système réel est par nature complexe'
alors que tout modèle est par nécessité simple. Une
modélisation réussie est' par
conséquent' celle qui minimise son niveau d'abstraction et
maximise son pouvoir de prédiction-explication' d'une
réalité étudiée. Le problème que compte
analyser le présent mémoire tourne autour de l'abstraction que
subit l'information dans le cadre de la modélisation d'audit'
et plus exactement' le cadre de la modélisation de la
décision stratégique en audit :
En fait' presque la majorité des
modèles de l'interaction stratégique d'audit sont des
modèles probabilistes bayesiens classiques' issus de
la théorie --normative- de l'Agence. Nous avons choisi d'élaborer
une analyse critique d'un de ces modèles' le plus
récent en la matière' vis-à-vis de ce
problème d'abstraction de l'information.
A notre avis' l'incertitude' contenue
dans l'information mise en jeu dans une relation d'audit' subit un
niveau trop élevé d'abstraction pour fins de
modélisation mathématiquement confortable' ce qui
rendrait le modèle étudié' ainsi que d'autres
modèles d'audit de même type' trop
éloignés de la réalité de la relation
d'audit' et leurs tests empiriques peu concluants.
Le présent travail ne prétend absolument pas
apporter un modèle de substitution permettant de réduire
l'abstraction des modèles de décision stratégique
d'audit' mais souhaite simplement pouvoir bien poser une
question dans ce cadre' sous forme d'une
réflexion' qui emprunte à un des aspects de
la Théorie Générale de l'Information. Cet
aspect est l'incertitude de l'information dans une relation d'audit.
Le modèle d'audit choisit et analysé de
façon critique est celui de Srikant M. DATAR et de Michael Gamini ALLES
[1999]. L'aspect problématique' dont il est question dans
notre analyse critique du modèle de Datar & Alles' traite
de l'incertitude telle que conçue par ce modèle : Datar &
Alles [1999] est un modèle probabiliste bayesien
classique' il confine par conséquent cet aspect incertain de
l'information dans les seules croyances d'un joueur envers les choix
stratégiques des autres parties dans la relation d'audit.
L'idée proposée' à la fin de
ce travail' essaye alors d'orienter la réflexion vers une
conception possibiliste (empruntée à la théorie
mathématique des sous-ensembles flous) de ces croyances' qui
prendrait mieux en compte la notion de l'incertitude contenue dans
l'information mise en jeu dans une relation d'audit. Plus
précisément' cette conception possibiliste se veut
plus subjectiviste' plus proche de la réalité
de chaque individu. Pour cela' elle essaye de se baser sur une
« décomposition des opérations réelles de
l'esprit et du processus cognitif »
P ara ORIENTATION ' ANALYSE CRITIQUE
?
Le présent travail s'intéresse beaucoup plus au
« comment » qu'au « pourquoi » des comportements
d'individus économiques tels que modélisés par le papier
de Datar & Alles dans une relation d'audit. Nous essayons ainsi'
d'avoir un regard de « gestionnaire » sur un modèle normatif
« économiste » : Essayer de comprendre « comment »
ces individus se comportent pourrait mieux renseigner le chercheur sur le
« pourquoi » de ces comportements de façon à pouvoir
espérer' ultérieurement' améliorer
le modèle en lui-même' c'est à dire à
réduire son niveau d'abstraction et à augmenter son pouvoir
prédictif-explicatif de la réalité d'une relation d'audit.
A notre sens' ce choix est' en fait'
triplement important :
0 Important par rapport à la
construction normative de la réputation de l'auditeur telle que
modélisée par le papier de Datar & Alles puisque notre humble
travail essaye de remettre en question cette construction de réputation
de l'auditeur' qui est le noyau grâce auquel « fonctionne
» le modèle D .A. [1999]' et grâce auquel
l'existence de l'institution d'audit et de certaines pratiques d'associations
professionnelles' sont expliquées et
prédites'
0 important par rapport à la
réalité de la pratique d'audit' puisque la
réputation de diligence de l'auditeur' à notre
sens' se perçoit nécessairement par rapport à
la qualité de son travail qui' à son tour'
se perçoit par rapport à l'utilité de l'audit pour ses
utilisateurs : Notre intime conviction place le concept de « diligence
» au centre d'une « triade d'audit» -imaginée-
composée d'autres concepts encore non maitrisés ni par les
1M111 Il est nécessaire de noter que cette
réflexion d'une conception possibiliste des croyances d'un des joueurs
en relation d'audit' n'est ni achevée ni testée. Il
serait trop prétentieux de vouloir le faire' dans le cadre du
présent travail' qui n'est qu'un simple mémoire de
DEA. La réflexion entamée ici' s'avère
être d'une envergure importante' qui devrait mobiliser toute
une équipe de recherche pour pouvoir espérer arriver un jour
à concevoir quelque chose d'entier.
Utilité de l'Audit
UNE TRIADE D'AUDIT?
Diligence de l'Auditeur
Qualité d'Audit
Réputation de l'Auditeur
Figure 2
recherches empiriques' ni par celles
normatives' d'utilité' de réputation et de
qualité d'audit. Le papier de Datar & Alles [1999] modélise
cette diligence et cette réputation de l'auditeur de façon trop
abstraite et généraliste' mais intimement liée
à une explication particulière de l'utilité de
l'audit' une utilité exclusivement relative à
l'intérêt propre du seul propriétaire de la firme
auditée. Pour les recherches positives' touchant à la
réalité de l'audit' ces
concepts de diligence' ainsi que de
réputation' d'utilité et de qualité
d'audit' semblent encore trop ambiguës'
0 et important' enfin'
parce que ce choix nous permet' dans le cadre du
DEA-Comptabilité' d'avoir du recul par rapport
à tout ce qui est étudié dans le domaine scientifique
comptable' relatif à l'audit. Il est
évident' et connu' que tout observateur adoptant
une position de recul par rapport à la chose observée'
peut améliorer substantivement la qualité de son observation et
éventuellement découvrir ce que ne pourrait pas remarquer un
observateur conventionnel : En d'autre termes' cette orientation de
la présente recherche' pourrait (comme elle peut ne pas
l'être) permettre d'avoir un « regard de gestionnaire »' sur un
modèle économiste normatif.
Il est nécessaire alors de souligner' avec
ténacité' que notre souci n'est pas de
prétendre à mieux faire -ou à faire autant- que les
économistes eux-mêmes' mais plutôt d'avoir un
regard de gestionnaire sur un modèle normatif classique d'audit
(bien qu'il est le plus récent en la matière)' ce qui
pourrait mieux orienter une éventuelle recherche empiriste
future' que nous espérons conduire à l'avenir dans ce
même cadre.
L'ambition de cet humble mémoire est, donc, de ne
constituer qu'un premier pas par rapport à une recherche future plus
grande et plus importante et surtout qui suit les traditions empiristes de
toute recherche scientifique comptable.
C É cutit ANALYSE CRITIQUE ?
e L4 DÉ e
Entamer une « Analyse Critique de la Modélisation en
Audit » nécessite' à notre point de
vue' comme préalables de :
1. définir ce qu'est l'audit'
(définition' un peu d'histoire' évolution
pratique' et évolution scientifique)'
2. et de définir de quelle modélisation d'audit il
s'agit' (modèle étudié et ses
particularités)'
L'analyse critique' proprement dite'
nécessite' ensuite :
3. d'identifier les points critiques du modèle d'audit
précédemment expliqué (critères d'un système
d'hommes versus critères d'un mécanisme)'
4. de procéder à l'analyse de ces points critiques
identifiés'
5. enfin' d'établir une « ossature
» d'une conception possibiliste' plus rattachée à
la réalité de l'information mise en jeu dans une relation
d'audit' en discutant ses bien- fondés mathématiques
et ses issues éventuelles.
Ces cinq étapes sont alors organisées'
dans ce tableau' comme suit
É
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É
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/.
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C. /
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Cil. //
|
Cil. ///
|
C.
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Pourquoi une Analyse Critique
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x
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1
1
1
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Définition et histoire de l' audit Evolution de la
pratique d'Audit
Evolution des recherches scientifiques en audit
: positionnement de la modélisation
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x x
x
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2
2
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Les deux domaines de la modélisation en audit et
utilité transcendante de la modélisation
Le modèle D.A. f19991 : Explication du modèle
de jeu entre manager' auditeur et propriétaire : Un
modèle mécaniciste
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x
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x
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3 & 4
3 & 4
3 & 4
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1ère critique : Modèle d'aléa
moral impur : le type d'auditeur
2ème critique : Questionnement d'une
rationalité et d'un opportunisme
3ème critique : Construction de
la réputation de l'auditeur à travers la construction
probabiliste des croyances du manager
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x x
x
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5 5 5 5
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Que faut-il subjectiviser ? : les croyances du manager
Outil de subjectivisation : La logique floue
Fusification des croyances : les critères'
l'évaluation' la révision
Croyances fusifiées et modèle de jeu
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x x x x
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Perspectives et utilité de la recherche
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x
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Tableau 1 : Organisation des Étapes d'une Analyse
Critique d'un Modèle d'Audit
2 Il faut noter qu'il y a une différence
majeure entre « théorie d'agence » et « cadre d'agence
» : La modélisation de l'interaction stratégique en audit
applique la « théorie des contrats ». La théorie
d'agence de Jensen et Meckling n'est qu'une application de la théorie
des contrats à la finance d'entreprise (c'est la théorie d'agence
positive). Alors que le cadre d'agence est la situation de mandat que vit un
agent par rapport à un principal -à la Stackelberg-
(théorie normative d'agence). Je remercie vivement Pr Bernard
SALANIé pour m'avoir aidée à mettre en relief cette
différence : c'est la théorie d'agence normative et non positive
qui constitue le soubassement des modèles d'audit.
La démarche de cette analyse critique ainsi
détaillée' il devient évident de notifier tout
simplement que :
- l'approche adoptée est une approche
économiste'
- et que la méthodologie choisie est une
méthodologie normative classique.
De quoi s'agit-il alors au juste ?
L MÉ 'EAT, 'E QUOI ?
~
La modélisation est l'un des créneaux les plus
développés en recherche d'audit. C'est une voie de recherche
assez jeune (depuis le début des années 80) mais exclusivement
théorique. Elle s'intéresse à deux domaines bien distincts
: l'interaction des individus en relation d'audit et l'estimation du risque
d'audit : le présent mémoire traite exclusivement de la
modélisation de la relation d'audit' mais présente
néanmoins certains aspects disparates de la modélisation de
l'estimation du risque d'audit' afin de mieux positionner notre
recherche et d'avoir un aperçu générale en la
matière..
Modéliser l'interaction stratégique dans une
relation d'audit signifie essayer d'expliquer et de prédire
l'existence de certains « individus » dans la relation
d'audit' et le comportement de ces individus. Elle
présente ces comportements comme un problème d'optimisation
d'utilités sous certaines contraintes. Elle se base sur la
théorie des contrats (dans un cadre d'agence M2'
avec la théorie des jeux comme outil de modélisation)'
pour justifier cette explication. L'audit est' alors'
perçu comme un mécanisme de vérification nécessaire
au contrat liant' par exemple' le propriétaire
d'une firme à son dirigeant : Il est un « mécanisme de
crédibilité » nécessité par le dirigeant pour
optimiser sa rémunération' et nécessité
par le propriétaire pour réduire son asymétrie
d'information et optimiser' par conséquent' le
revenu issue de la firme (en termes de partage des risques ou
d'amélioration de performance).
La théorie des contrats se subdivise en trois grandes
« familles » de modèles explicatifs du contrat'
à savoir; l'aléa moral' la sélection adverse et
les signaux. Les modèles d'audit sont alors étroitement
liés à l'aléa moral pur' encore moins à
la sélection adverse pure (ou aux deux à la fois).
Alors que ceux qui se basent sur la théorie des
signaux sont moins nombreux. L'outil privilégié de
modélisation est la théorie des jeux non
coopératifs' bien qu'il existe quelques travaux sur la
collusion en audit' modélisés par la théorie
des jeux coopératifs M3.
Le présent mémoire étudie un
modèle d'audit qui se base' essentiellement
M4' sur l'aléa moral' mais
qui' en plus' essaye d'introduire et d'expliquer le
concept de réputation de l'auditeur' modélisée
par un jeu dynamique à périodes finies. Cette construction
présente alors certains aspects critiquables.
En quoi consistent ces critiques et quel est leur objectif ?
:
L'audit est un système « garde-fous »' c'est
à dire qui garde le sujet d'audit de recourir à des comportements
extrêmes' (de fous' au sens d'irrationnels).
La littérature théorique le définit comme un «
mécanisme de crédibilité ». Un
système' surtout composé d'êtres humains ou
fonctionnant indispensablement à travers des êtres
humains' n'est pas simplement une mécanique ou un
mécanisme : l'objectif de ces critiques serait d'identifier la
différence entre les deux :
Le mot « mécanisme » rappelle' en
mémoire de chacun' une vision --physique- de
machine' à la limite métallique'
fonctionnant grâce à des « rouages froids et
intransigeants ». Le concept de « système » est plus
vague' et moins physique' si on poursuit cette
métaphore. Le système nécessairement inclue un
mécanisme pour fonctionner' mais il ne doit pas être
confondu et confiné à ce mécanisme.
Il est difficile d'assimiler' à notre
sens' qu'un système qui' en plus'
fonctionne à travers des êtres humains' puisse
être modélisé théoriquement en tant que
mécanisme. C'est d'ailleurs dans ce même sens que l'École
Autrichienne fait sa critique' globalement' à la
théorie économique néoclassique : Chaque
individu' dans le système' a ses
spécificités propres' ses propres circonstances de
travail' ses propres capacités de raisonnement et ses propres
valeurs de jugement. Shackle G.L.S. [1983] affirme que psychologiquement
parlant' ces valeurs de jugement et ces facultés de
raisonnement surtout' obéissent à de
l'intuition et à des suggestions. Le
caractère' à la limite « volatile »' de
l'intuition et des suggestions' a toujours été quelque
chose de fondamentale pour
M3 Exemple : Baiman et al. (19911: « collusion
in auditing ».
M4 "Essentiellement" car ce même modèle
présente' en plus' une structure similaire
à la sélection adverse' mais en apparence
seulement.
M5 Réflexe de Pavlov' à
titre d'exemple' qui naît de l'habitude et non de
l'intelligence et qui est fortement imprégné de composantes
automatiques du comportement.
M6 Lorsqu'un comportement est
mécaniciste' et qu'on réussit à
l'expliquer' on peut alors le prédire. Mais si ce
comportement n'est pas automatique' mécaniciste'
l'expliquer n'implique pas pouvoir le prédire' car il est
subjectif' relatif à chaque individu à part.
mettre en relief l'intelligence humaine par rapport au
comportement « animal » M5. Comment alors assimiler qu'un
système d'êtres humains' soit «
théorisé » sous forme de modèle
mécaniciste' comme il est expliqué par la
théorie des contrats ?
L'analyse critique, que compte réaliser ce
mémoire, a pour objet général de mettre en relief
certaines composantes inhérentes au système, qui ne sont pas
mécanicistes, et elle a pour objet particulier de remettre en
question la construction probabiliste de l'information mise en jeu dans la
relation d'audit telle que modélisée par le papier de Datar &
Alles [1999].
Cette analyse critique doit alors nécessairement
passer par une critique globale à la rationalité telle que
présentée par certaines théories économiques pures.
La notion de rationalité est un concept pivot dans l'explication :
- de l'existence du contrat d'audit'
- de la construction de la réputation de
l'auditeur'
- et plus généralement' de la confiance
en théorie économique.
Mattessich R. [1995'p.122] affirme
même' dans un cadre général lié à
la comptabilité' que
q « ...there is fundamental difference between... the
economics (and sociology) of accounting... and accounting as an applied
science...'
q ...economics of accounting alone cannot explain rationality
... ».
Il manque' à notre sens' à
la modélisation d'audit par la théorie économique des
contrats' une vision globale' une meilleure
combinaison de théories liées à l'économie
(psychologie' philosophie' sociologie...) qui puissent
concourir à mieux expliquer' et non pas à
prédire M6' le comportement humain
économique d'individus en relation d'audit.
Il ne reste' à présent' que
d'exposer la structure du présent mémoire
S DU É
Le présent mémoire est d'abord un travail de
synthèse' d'une réalité et de sa
modélisation. Ensuite' il se limite à une simple
proposition de réflexion' ni achevée' ni
testée' qui se placerait dans un cadre de recherche future
plus grande :
En effet' en résumé de ce qui a
été exprimé depuis le début de cette
introduction' il faut noter que ce travail est une simple analyse
critique de la modélisation de la relation d'audit. Cette analyse se
conçoit' en premier lieu' en tant qu'un travail
global de synthèse :
- une synthèse d'une réalité
extrêmement complexe de l'audit'
- et une synthèse de critiques apportées
à une modélisation trop abstraite de cette
réalité d'audit' critiques groupées en
général contre une « mécanicisité »
du modèle et visant en particulier une modélisation
probabiliste de l'information mise en jeu dans la relation d'audit.
En second lieu' cette analyse critique'
ambitionne de déboucher sur une proposition bien particulière
:
- la proposition n'est qu'une ébauche de
réflexion' non achevée et non
testée' sur une autre façon de voir les croyances
telles que modélisées dans la relation d'audit'
- cette autre façon de voir les croyances' se
veut plus proche de la réalité de ces croyances' et
donc plus subjectiviste' plus reliée au contexte réel
de chaque individu à part'
- pour réaliser ce subjectivisme' cette
ébauche de réflexion se permet d'emprunter de la théorie
générale de l'information' son aspect «
possibiliste » (limité aux notions élémentaires de la
logique floue) afin de concevoir des croyances fusifiées qui
traduiraient sensiblement mieux la réalité de la construction de
croyance chez l'individu économique en relation d'audit.
Le présent travail est' donc'
structuré comme suit Chapitre I
Le but du chapitre I est de montrer la complexité de la
réalité de l'audit : Ce premier chapitre du mémoire essaye
d'exposer la réalité de la pratique et de la recherche en
audit pour contenir toute forme de complexité réelle
inhérente à ce domaine. Ce chapitre définit
l'audit' puis en donne un très bref aperçu
historique' enfin et surtout essaye de synthétiser :
1. en quoi consistent les évolutions dans la pratique
d'audit et les obstacles qui freinent ces évolutions'
2. et il essaye aussi d'établir un « état des
lieux » de la recherche scientifique en audit. Une classification de ces
recherches est établie à la fin de ce chapitre pour exposer la
variété
importante de ce domaine'
3. enfin' il mène une réflexion sur
l'utilité transcendante des modèles et de la
modélisation
en général' pour introduire le
modèle d'audit décortiqué au chapitre II de ce travail.
2 Chapitre II
Le but du second chapitre est simultanément d'expliquer
et de critiquer' de façon intégrée et
approfondie' un modèle d'audit choisi parmi les plus
récents en la matière; en l'occurrence' le
modèle de DATAR Srikant M. et ALLES Michael Gamini [1999]. L'analyse
critique' objet de ce mémoire' est
condensée dans ce chapitre II :
Ce chapitre avance' exactement' trois
critiques au modèle de Datar & Alles [1999]. Ces trois
critiques' groupées' constituent une remise en
question de la mécanicisité de ce modèle d'audit et
de la modélisation de l'interaction stratégique en
audit' en général' puisque les
modèles de la relation d'audit sont fréquemment de même
type que celui de Datar & Alles.
Ces trois critiques se projettent comme suit
- une 1ère' plutôt
illustrative' met en relief le fait que le modèle est
à information cachée' mais que cette information (le
type de l'auditeur) n'est pas aussi évidente à distinguer en
réalité que ne le suppose le modèle'
puisqu'elle dépend des actions de l'auditeur et Datar & Alles
affirment eux-mêmes que la réalité est que ces actions
d'audit sont un continuum et non distinctes ;
- une seconde critique montre que la rationalité des
joueurs' au sens néoclassique' et leur
opportunisme systématique' représentent à eux
deux' le noyau de la mécanicisité de ce modèle
DA [1999]' le modèle et la théorie des contrats en
général' gagneraient à s'inspirer de la
théorie des coûts de transaction qui se place dans le cadre d'une
rationalité limitée et qui adopte un opportunisme conjectural
(non automatique) des joueurs ;
- enfin une troisième critique' et qui est
la plus importante dans le cadre de ce mémoire' vise
globalement le concept de réputation de l'auditeur'
vis-à-vis du manager' qui est endogène'
relative' évolutive et appliquée au «
comité d'audit ». Mais plus précisément'
cette 3ème critique remet en question la construction des croyances du
manager envers le type (diligent ou négligent) de l'auditeur.
Donc' en général' ces trois
critiques constituent une remise en cause d'une mécanicisité
d'un
modèle d'audit' mais en
particulier' seule la dernière critique de ces trois est
importante vis-à-vis de l'objectif essentiel de ce mémoire :
Puisqu'à notre sens' l'incertitude contenue dans
l'information mise en jeu dans une relation d'audit' est
modélisée probabilistiquement de façon trop
abstraite par rapport à la réalité' cette
troisième critique touchant à la construction des croyances dans
le modèle DA [1999]' permet d'appuyer cette affirmation.
Cette construction de croyances est alors' à
notre sens' vulnérable dans quatre aspects o Les trois
aspects les moins importants des quatre concernent :
- l'exogénéité de la croyance à
priori contradictoire avec l'endogénéité de la
réputation de l'auditeur'
- la difficulté de l'application de la révision
bayesienne au monde réel suite à la difficulté de recenser
exhaustivement toutes les composantes de l'événement objet de la
révision'
- et l'impossibilité de réalisation de la
connaissance commune' entre les joueurs' des croyances de
chacun.
o Reste le quatrième aspect et le plus important pour
le présent travail : il vise à montrer que la théorie de
la probabilité n'est pas adéquate pour traduire la notion de
croyance :
- Nous nous inspirons des pensées de Shackle G.L.S.
pour critiquer la construction probabiliste des croyances dans ce modèle
: la probabilité' même subjective' est
fréquentiste' alors que la croyance est un
phénomène rarement répété' il est
lié à son contexte et à l'état psychique de
l'individu' et d'autre part' elle implique
l'équiprobabilité des choix' qui est en
elle-même une situation trop particulière de la distribution
probabilistique'
- Nous nous inspirons de la théorie de
l'évidence de Shafer G.' pour affirmer qu'une
probabilité subjective' la croyance' n'est pas
apte à différencier entre absence de fait et
méconnaissance du fait' objet de la croyance à
construire par l'individu en relation d'audit.
Bref' toutes ces critiques ne sont'
à des degrés divers' que l'écho d'une remise en
cause éternelle de la pensée économique
néoclassique appliquée à l'audit. Elles ouvrent un «
chantier » trop ambitieux au regard de ce simple travail de mémoire
de DEA.
Le chapitre III' essaye par
conséquent' de focaliser la réflexion sur une seule
de ces trois critiques' en l'occurrence la construction des
croyances du manager envers le type de l'auditeur' en proposant une
ébauche de réflexion sur une éventuelle
subjectivisation du comportement' tel que pensée par
Shackle. Cette ébauche est inachevée' dans le sens que
son intégration au modèle initial s'avère difficile
à conduire dans le cadre limité de ce mémoire de
DEA' puisque problématique à plusieurs points de vues.
Donc' :
3 Chapitre III
Le but du chapitre III est d'essayer d'approfondir une
réflexion et non de prétendre apporter une solution aux points
critiqués par le chapitre II. Cette réflexion ne change en rien
au modèle de Datar & Alles [1999]' mais elle essaye de
mieux décortiquer le processus de construction de croyance du
manager envers le type de l'auditeur' dans l'espoir de constituer un
premier pas vers un rapprochement du modèle à sa
réalité' pour qu'il puisse être mieux testable
empiriquement.
Par conséquent' et puisque les
mathématiques floues sont celles les plus proches du raisonnement
approximatif humain' nous pensons' à notre
avis' que la subjectivisation de la construction des croyances du
manager' envers le type de l'auditeur' pourrait
être mieux appréhendée' grâce à ces
mathématiques floues.
D'où' le chapitre III compte élaborer
- d'abord un très bref aperçu du subjectivisme tel
que pensé par Shackle G.L.S.'
- puis' un bref aperçu
élémentaire des mathématiques floues -essentiellement la
théorie des sous-ensembles flous- axé sur certaines mesures de
l'incertitude dans l'information'
- ensuite' un approfondissement de la
réflexion sur une construction subjectivisée des croyances du
manager envers le type diligent ou négligent de l'auditeur'
plus précisément par une fusification des composantes de cette
construction de croyances (ces composantes pourraient être choisies au
regard des résultats de certains travaux empiriques touchant à la
réputation de l'auditeur ou à la qualité des travaux
d'audit)'
- enfin' une proposition d'idée encore
embryonnaire d'une recherche empirique de cette construction
subjectivisée de croyances.
L'essentiel de l'apport de ce troisième chapitre est
une prise en compte de VALEURS DE JUGEMENT propres à chaque individu et
inhérentes à toute relation d'audit. Ces valeurs ont
été intentionnellement ignorées au cours de processus de
modélisation -de la relation d'audit- trop abstrait' à
notre avis. L'ébauche de réflexion proposée tente alors de
rendre leur importance originale' à ces valeurs de
jugement' puisque tout « système d'homme » ne peut
fonctionner que par ces valeurs de jugements.
P DE 4
É RECHERCHE
Cette pertinence devrait se mesurer par rapport à une
vision future de la subjectivisation des croyances : l'utilité de la
présente recherche ne peut être appréciée que si
nous plaçons ce travail par rapport à une recherche plus
importante' future' qui puisse approfondir justement
cette réflexion de subjectivisation de croyance et de
décomposition du processus cognitif y relatif' et qui puisse
essayer de la valider empiriquement :
Un meilleur approfondissement de cette réflexion ne
pourrait être effectué que d'une façon beaucoup plus
durable et beaucoup plus sophistiquée que ne l'est la présente
recherche (un cadre de travail de thèse' ou d'un travail de
toute une équipe de chercheurs...).
Un essai de validation empirique de cette ébauche de
réflexion de subjectivisation' par la même'
ne pourrait être effectué dans le cadre d'un simple mémoire
de DEA' car il est d'autant plus compliqué que ne l'est le
processus cognitif de construction des croyances' même
restreint à la seule appréciation de la réputation de
l'auditeur' par un manager quelconque...
Pour cela' le présent mémoire se limite
à ne proposer qu'une ébauche de réflexion' ni
achevée mathématiquement parlant' ni testée
empiriquement parlant.
Commençons' alors' comme
indiqué pour le chapitre I dans notre démarche' par un
exposé de la complexité de la réalité pratique et
scientifique de l'audit :
CHAPITRE I ~7
~
ETAT DES tIEUX DES
EVOtUTIONS DE t'AUDIT ~
UNE RrAtITr COmPtEX E
|
Le but de ce chapitre premier est de montrer que la
réalité pratique de l'audit est complexe. Par conséquent,
les recherches scientifiques qui traitent de l'audit, tout type confondu, n'ont
pas pu contourner cette complexité, même en étant si
variées du point de vue approches, méthodologies,
problématiques, hypothèses. Leurs résultats, d'ailleurs,
sont mitigés...
L'effort, fournit pour construire ce chapitre, est
essentiellement un effort de synthèse; synthèse d'une
réalité pratique, principalement par rapport aux innovations des
Bigs Q8 dans le domaine de l'activité d'audit, et d'une
réalité scientifique, principalement par un positionnement d'une
variété importante de recherches empiriques surtout et de
recherches théoriques, également.
Par conséquent :
m nous définissons d'abord ce que c'est l'audit, par
rapport à une vision utilitaire,
m ensuite, nous donnons un bref aperçu historique de la
pratique d'audit, aperçu axé surtout sur les époques
peu relatées Q9 par les historiens comptables
occidentaux,
m enfin, nous examinons l'évolution, aussi pratique que
scientifique, de ce domaine de l'audit.
7 Un résumé de ce chapitre a fait
l'objet d'une communication à la « journée de l'Expert
Comptable » tenue le 6 Mars 2000 à Sfax.
8 Les Cabinets internationaux Bigs étaient
au nombre de six : Arthur Andersen, Coopers & Lybrand, Deloitte Ross
Tohmatsu, Ernst & Young, KPMG Peat Marwick et Price Waterhouse. Par une
fusion récente entre Coopers et PWH, ils sont devenus cinq. Ils sont
évidemment classés premiers du monde entier selon le
critère du chiffre d'affaires. D'autres réseaux internationaux
existent mais ils manquent de structuration dans leur organisation et de vision
globale dans leurs choix stratégiques par rapport aux bigs. Ce qui
crée et rend durable l'avantage comparatif des bigs autant en termes de
technologies, que de bases de données, de spécialistes et de
structures ou système de recherche (aides financières aux
universités, en contre partie constituant un certain lobbying,
stratégies de recherche...).
9 Ces époques concernent l'ère de
l'empire Musulman (entre 700 et 1500 AD). Cette affirmation que les historiens
occidentaux relatent peu, ignorent, ou nient ces époques, m'a
été suggérée par Pr Ezzamel M., Pr Forester D., Pr
Previtt R, Pr Hernandez E... que je remercie vivement. J'ai eu, en fait,
personnellement l'occasion de participer au 8ème
Congrès International des Historiens Comptables, en Juillet 2000,
à Madrid, et le manque de documentation historique, pour cette question,
m'empêchait d'établir une telle affirmation. Pr Omar A. ZAID, a
aussi contribué à enrichir mes connaissances en ce domaine.
Qu'ils trouvent tous ici l'expression de ma profonde gratitude.
Pour définir l'audit, nous nous basons sur une
définition assez large établie par Porter W.T. et Burton I.C.
[1971] Qlo :
« L'audit est l'examen d'informations par une tierce
personne, autre que celle qui les prépare ou les utilise, avec
l'intention d'établir leur véracité et de faire un rapport
sur le résultat de cet examen avec le désir d'augmenter
l'utilité de l'information pour l'utilisateur »
Cette définition permet de rendre abstraits aussi bien
:
n les parties concernées dans cette relation
d'audit (identité large des demandeurs d'audit, d'auditeurs et
d'audités),
n que l'objet de l'audit (types d'informations :
financières, de gestion, stratégiques, technologiques...)
n que l'issue de l'audit (opinion augmentant
l'utilité de l'information pour son utilisateur).
Une utilité ne peut pas être absolue, elle ne
s'exprime que par rapport à un besoin. Les auteurs ici se sont abstenus
de relativiser cette utilité de l'audit : l'on se demande, alors, par
rapport à quoi l'audit est utile ? :
· à un manque de confiance envers l'audité
(en la personne du dirigeant) ?,
· à un manque pur et simple d'information concernant
certains aspects de la firme auditée (de gestion, technologiques,
environnementaux...) ?,
· ou à un manque d'information utiles à
certains types de décision ? (d'investissement, de négociations
syndicales)...
Si on restreint cette réflexion à l'audit
professionnel comptable, l'essai de Wallace
W.A.(1980] Q11, d'identification des besoins pouvant
être comblés par l'audit, nous pousse à affirmer, qu'il
s'agit de trois types de besoins :
1. un besoin en mécanisme de maîtrise de la
firme,
2. un besoin en production d'informations améliorant les
décisions des utilisateurs du rapport d'audit,
Q 10 Citée et traduite par Bethoux R. et al.
11986, p .21].
Q 11 In Choi F.D.S. & Mueller G.G. 11992, p. 364],
essai trop lié, à notre sens, aux décisions
d'investissement.
3. et un besoin en assurance couvrant les pertes
éventuelles conséquentes à des informations
altérées.
La littérature empirique est encore à un stade
primaire de définition de ces besoins : les concepts de qualité,
d'utilité, de besoins et de réputation d'audit, semblent assez
confondus dans ce type de recherches.
La littérature théorique de l'audit,
résume ces trois points, « toute chose égale par ailleurs
» ! , en un besoin général de confiance et
crédibilité : la théorie de l'agence explique, en
fait, l'existence de l'audit, et par la même le prédit, par un
manque de crédibilité de l'utilisateur de l'opinion d'audit,
envers le sujet d'audit qu'est la firme auditée. Cette entité
économique est, alors, confondue à son dirigeant, ou à son
staff de gestionnaires, ou à sa gouvernance, pour générer
la confiance nécessitée.
Dans la même suite d'idées, l'audit est
considéré comme un marché, ayant une offre et une demande
propres, et l'auditeur en tant qu'agent économique ayant des «
tastes and desires » (préférences -ou goûts- et
désires), ce qui le rend, par la même, sujet à des
incitations de la part d'autres agents économiques bien particuliers.
L'audit est donc un fournisseur de confiance à
l'économie. Il est plus explicitement un système «
garde-fous », c'est à dire qui garde le sujet d'audit de recourir
à des comportements extrêmes, (de fous, au sens d'irrationnels).
La littérature théorique le définit comme un «
mécanisme de crédibilité » :
q « The auditor is usually modeled as a mechanistic
monitor » Melumad & Thoman f1990, p.77],
q «A desire of some type of credibility mechanism is
one possible source of the demand for auditing », Dopuch et al. f1989,
p.99].
Mais est-il réellement un mécanisme ?
l'auditeur est-il réellement un « contrôleur »
mécaniciste Q12 ? Toute la réponse résiderait
entre le mot « système » en tant que « système
d'hommes » et le mot « mécanisme » :
Un système comporterait-il une dimension
supplémentaire
par rapport à la mécanique, prise au sens
physique du terme ? Quelle serait alors cette dimension ?
Q 12 "Mechanistic", mécanistique : provenant
de « mécaniste : vision philosophique qui explique que les lois de
la mécanique dominent toutes les réactions naturelles.
Le présent travail essaye de proposer quelques
éléments de réponse à cette question. Mais au
préalable, essayons de comprendre comment ce
système « garde-fou » produit de la confiance ? :
Le vendeur du service d'audit, l'auditeur, produit,
à travers l'observation de certaines diligences professionnelles, de la
confiance envers certains types d'informations. L'acheteur du service
d'audit est l'agent économique qui bénéficie de cette
confiance pour la conduite de certaines opérations ou relations
économiques. Cet acheteur est parfois le plus défavorisé
informationnellement parlant (et là, il achète l'audit pour
réduire cette asymétrie d'information), ou bien, il est le
plus favorisé en termes de détention d'informations -pertinentes
pour la conduite de certaines opérations économiques- il
achète, alors, le service d'audit pour signaler aux autres agents
ses intentions, afin qu'ils y aient confiance ...
Fréquemment en pratique, l'audit a pour rôle
essentiel de générer de la confiance envers l'émission
d'informations financières (et moins fréquemment envers
l'émission de tout autre type d'information). La réussite de
l'établissement de ce type de confiance, dans toute économie,
dépend de la performance de ce système « garde-fous ».
L'audit, en fait, n'est pas du tout nouveau, mais il était
nécessairement beaucoup plus simple qu'aujourd'hui. Depuis
l'antiquité, les chefs, les gens de décision, savaient que la
seule solution, contre les aléas moraux, est le contrôle ; ce qui
nous amène à parler de l'histoire ancienne de l'audit.
U FEU 'A EN
È 'A e
Selon certains penseurs, l'évolution et la
structuration de la pratique et des concepts d'audit, ne se sont
manifestées que depuis la crise des années 30. Ils affirment
qu'elles sont essentiellement liées à l'évolution du
capitalisme. Soltani B. [1992, p.14], sans noter sa source, et sans remonter
plus haut en histoire, affirme qu' :
« Au 13ème siècle, il existait en
Italie, en France et en Angleterre, des personnes chargées de mettre
en oeuvre des procédures similaires à celles de l'audit.
Cependant, ces procédures avaient bien souvent davantage pour objet la
recherche de fraudes éventuelles ou des erreurs comptables que de
présenter un outil de contrôle de gestion ».
Béthoux et al. [1986, p. 18] avancent aussi que :
« Si des contrôles ont existé dans les
vieilles civilisations (Mésopotamie, Egypte, Rome...), l'audit,
au sens moderne du terme, est lié au développement du capitalisme
industriel et financier. A cet égard, la Grande-Bretagne a joué
un rôle pionnier, dès 1844...par le British Compagny Act...
».
Ils ajoutent :
« L'utilité de l'audit s'est affirmée
progressivement pour ...des raisons structurelles... (dissociation
propriété-gestion à partir des années 20 et
enrichissement progressif des informations financières)... et des
raisons circonstancielles... (désastre financier de 1929 dû
à de l'information trompeuse et les scandales plus récents du
craquement du système bancaire, des difficultés de certaines
grandes entreprises)... ».
Par contre, l'histoire de l'audit, au sens
général du terme, montre qu'il est intimement lié au
phénomène de la délégation, avant même
l'apparition de la séparation entre la gestion et la
propriété d'une affaire, au sens anglo-saxon du terme. En
d'autres termes, certains aspects élémentaires d'audit et de
contrôle interne existaient bien avant les fameux « British Acts
» britanniques, sauf qu'ils étaient, à la limite
ignorés, par la plupart des historiens occidentaux de l'économie
et de la comptabilité M13 :
Brown R.G. [1962] a construit un tableau synthétisant
l'évolution des objectifs d'audit et de ses techniques à travers
cinq siècles. Il affirme, à titre d'exemple, qu'en Egypte
pharaonique, la tenue des « comptes » se faisait au moins par deux
scribes M14... :
PÉ
|
O DE 'A
|
É DES
É
|
I DU Ôl
INTERNE
|
Avant 1500
|
q Détection de fraude
|
Détaillée
|
Non reconnue *
|
1500 -- 1850
|
q Détection de fraude
|
Détaillée
|
Non reconnue
|
1850 -- 1905
|
q Détection de fraude
q Détection d'erreur relatives aux clercs et aux
employés de bureau
|
Principalement détaillée avec quelques
tests
|
Non reconnue
|
1905 -- 1933
|
q Détermination de l'équité des positions
financières rapportées,
q Détection de fraude et d'erreurs
|
Détaillée et tests
|
Reconnaissance légère
|
1933 -- 1940
|
q Détermination de l'équité des positions
financières rapportées,
q Détection de fraude et d'erreurs
|
Tests
|
Éveil d'intérêt
|
1940 --1960
|
q Détermination de l'équité des positions
financières rapportées.
|
Tests
|
Accentuation substantielle
|
|
Tableau 2 : Synthèse d'une Histoire d'Audit
(Source : Brown R.G. [1969,p.697] - traduction libre)
Les découvertes archéologiques des plaques
argileuses sumériennes M15, et de systèmes
d'enregistrement féodaux et des dépenses de guerre, en Rome,
éclaircirent surtout la conception des historiens, en ce qui concerne
les objectifs des dépôts généraux de ces nations et
des aspects financiers de leurs temples... Ces découvertes, d'avant
l'ère de l'Empire Islamique, ont été bien
M13 Un des économistes imminents,
Schumpeter J.A., auteur de la théorie cyclique de l'innovation,
considérait même que l'évolution économique et
scientifique mondiale s'est arrêtée purement et simplement pendant
500 ans (entre 700 et 1200 ad) pour reprendre avec l'écrit de St. Thomas
Aquinas (1225-1274), 'Summa Theologica' ... il ignorait ainsi, pour ne pas dire
niait, tous les effets qu'à eu la civilisation Arabo-musulmane sur
l'évolution occidentale actuelle aussi culturelle, que scientifique,
qu'économique...
M14 Brown R.G. 11969, p.696].
M15 Faites par l'archéologue Denise Schmandt-Besserat, et
datant de la fin du 3ème millénaire Avant J.C. - relaté
dans Mattessich 11972, p.58].
relatées et exploitées dans les recherches
historiques économiques ou comptables occidentales.
Néanmoins, Les pratiques, certes élémentaires, d'audit ou
de contrôle interne, existant sous l'empire islamique, n'ont
été relatées que récemment :
q Al Nowayri S.A. [environ 1325, p. 273] Q16 écrivait
qu'il fallait recourir à certaines « conduites comptables »
pour éviter les cas d'insuffisance dans les « comptes »
(alaâjz 0 0 0 0 0 )... il relatait ainsi l'existence de
certaines procédures d'audit et de contrôle interne très
élémentaires et notait qu'il s'agissait d'une pratique
existante depuis 200 ans par rapport à son ère.
q Al-Kalkashandy a écrit, en 1390 environ, que durant
l'ère Abbasside (750-847ad), les fonctionnaires comptables, se
spécialisaient sous six catégories, qu'il cite, et que l'une
de
ces catégories englobait la vérification. Les
fonctionnaires vérificateurs, recouraient à des pratiques «
d'oeil nouveau » dans leurs opérations de vérification et il
a énuméré en détail les qualités
personnelles éthiques que devaient revêtir ces fonctionnaires
Q17...
En somme, l'état de l'analyse de l'histoire de l'audit
se présente ainsi pour les périodes d'avant l'an 1500 ad et entre
1500 et 1960 ad. Il est, d'ailleurs, évident que les recherches en
histoire d'audit d'avant le 16ème siècle sont intimement
liées aux recherches en histoire de la comptabilité, en histoire
de l'arithmétique et en histoire des cultures économiques de
toute civilisation. Mais, elles souffrent énormément du manque de
documentation et de preuves historiques Q18.
En ce qui concerne la période de 1960 à nos
jours, les recherches à « but » historique, en audit, se font
plutôt rares Q19 par rapport à d'autres types de recherches en
audit pour cette période précise. A l'opposé de la
période entre la préhistoire et à 1960, il s'avère
peu évident de conduire des recherches historiques globales, car
même si les documents abondent et abondent même trop, les
expériences en audit, quant à elles, sont trop
diversifiées Q20, pour pouvoir être regroupées
sous une même tendance historique. L'unique caractéristique qui
les lient est l'évolution.
Q16 Dans Zaid O.A. [1995, p.79I : «0 0 0 0 00 00 0 00 000 00
0 0 0 »,0000000 , Vol.8.
Q 17 DansZaidO.A.[2000,p.791: «00 0 0 0
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 »,0 0 0 0 0 0 0 0 0 ,1913.
Q18 Pour un approfondissement d'évidences
sur la naissance de l'audit en Italie Vénitienne, voir Zambon S. [20001.
Pour une plus ample revue des recherches comptables historiques d'avant le
XIIIème siècle, voir Mattessich R. [1972, 1996] sur une relecture
comptable des découvertes archéologiques mésopotamiennes
et hindoues, ou aussi Singhvi R.M. [19961 sur des évidences touchant aux
origines Hindous de la comptabilité à partie double, du
système de taxation et d'administration, et aussi Zaid O.A. [20001 sur
des évidences de ressemblances notoires entre écritures
comptables contemporaines et écritures comptables issues de livres
historiques islamiques du XIIIème siècle, en Turquie et du
VIIIème siècle, sous l'Empire Abbasside...
Q19 Voir l'article de Young G.G. [19971 qui relate
l'évolution du concept de responsabilité de l'auditeur durant les
20 dernières années.
Q 20 Par exemple, en Inde contemporaine, certains
auteurs (comme Tremblay et al. [1993], Choi & Mueller [19921) ont
relaté la mise en évidence de la relation entre certaines
pratiques coloniales, qui ont eu un impact considérable sur
l'existence d'une obligation légale de réaliser annuellement un
audit des coûts, et la remarquable évolution actuelle du
contrôle de gestion dans ce pays comparativement...
Certes, beaucoup d'efforts « pragmatiques » ont
été et sont en train de voir le jour, pour faire évoluer
l'audit, pour changer aussi bien son approche que ses techniques, que la
façon de voir de l'auditeur... La façon de faire et de
réfléchir l'audit d'aujourd'hui n'est plus du tout celle d'il y a
même vingt ans. Le rythme même de la conduite d'une mission d'audit
a énormément changé. Mais, ces mêmes efforts ne
cessent de faire face à des obstacles multiples et variés :
institutionnels, légaux, de lobbying, et surtout conceptuels.
Les efforts « scientifiques », quant à eux,
surtout empiriques, accusent une évolution importante depuis quelques
dizaines d'années, mais ils sont, néanmoins,
caractérisés par la dispersion. Nous essayons, dans le
présent chapitre, d'organiser, tant soit peu, ces domaines de recherches
en audit, en les positionnant les uns par rapport aux autres.
Les recherches théoriques, quant à elles, sont
peu dispersées. En fait, elles se subdivisent en deux selon le sujet
d'étude : Expliquer l'interaction entre
auditeur-audité-demandeur d'audit, ou bien expliquer le risque
d'audit (jugement d'audit). Le présent mémoire
s'intéresse à l'interaction en audit. L'interaction de l'auditeur
avec les autres individus de la relation, est modélisée en tant
que mécanisme de crédibilité. Le présent
travail compte, alors, établir une analyse critique de cet aspect
mécaniciste des modèles de la relation d'audit.
Mais avant de procéder à ce positionnement des
recherches scientifiques en audit, nous essayons de synthétiser
l'évolution de la pratique d'audit pour pouvoir espérer donner
une idée, même assez succincte sur la complexité du monde
réel de l'audit et de l'auditeur. Cette synthèse de la pratique
d'audit commence, alors, par un questionnement sur l'utilité
réelle de l'audit tel que institutionnalisé, ici, en Tunisie et
de part le monde :
-- BESOIN DE PAIRE 'A DE
NOS ENTREPRISES
Bien que l'audit soit l'une des activités les plus
importantes de l'expertise comptable, sinon son unique monopole, son
utilité est remise en question depuis une bonne période. Les
premiers à remettre en question l'utilité de ce monopole du
comptable sont les anglo-saxons. C'est, à la limite, sûr qu'ils le
soient, étant donnée la souplesse (légale,
économique...) des structures faisant appel à, ou fonctionnant
à travers, l'audit. Les pays continentaux, tels la France ou
l'Allemagne, trouvent encore du mal à remettre en question cette
utilité, étant donnée la rigidité,
développée dans ce type de pays, de l'environnement de l'audit
(rigidité légale, administrative...).
En effet, chez les anglo-saxons, les déterminants de la
demande du service d'audit sont essentiellement les forces du marché
(telles la bourse, les banques, le fisc...), alors que chez les pays
continentaux, l'audit relève plutôt de la contrainte
légale, subie par un groupe 'restreint' d'entreprises. Ceci explique
l'absence durable d'une réflexion, aussi bien théorique que
pratique, sur l'utilité de l'audit dans ces pays. Néanmoins, la
tendance qui anime la discussion sur cette utilité, dans les pays
anglo-saxons, a récemment atteint ces pays continentaux, mais pour
plutôt remettre en question la rigidité de leur système
d'audit légal.
En Tunisie, le discours des professionnels comptables et celui
du Droit tunisien des sociétés ne convergent pas : En effet, la
nouvelle loi est venue conforter la contrainte légale de l'audit au
regard même des sociétés à responsabilité
limitée. La raison d'être de cette contrainte légale est
que ces dernières, par leur taille ou par leur volume d'activité,
auraient dû plutôt appartenir à la catégorie des
sociétés anonymes, mais pour des motifs financiers ou de
gouvernance, elles ont préféré revêtir la forme
commerciale intermédiaire de sarl, qui dérogeait, auparavant,
à l'obligation d'audit.
L'essence de l'audit, dans sa forme la plus simple, est la
vérification des informations financières en vue d'en certifier
la validité au regard des propriétaires de l'entreprise et
d'assurer l'insignifiance, pour ne pas dire l'inexistence, de tout aléa
moral qui pourrait exister de la part du dirigeant.
Le problème réside dans le fait que la structure
de propriété de la majorité des S.A.R.L. tunisiennes ne
dépasse, presque jamais, le cadre familial, et où le dirigeant en
est, dans la plupart des cas, le plus important propriétaire. Par
conséquent, on ne peut pas parler d'aléa moral du
propriétaire au regard de lui-même ! Ainsi, la raison d'être
même de l'audit n'existe plus.
Pour le cas de la Tunisie, il ne fallait pas contraindre
légalement le propriétaire d'entreprise à recourir
systématiquement à l'audit lors de l'établissement des
états financiers de sa firme, il a fallu plutôt
institutionnaliser la demande de l'audit au regard des vrais utilisateurs
du rapport d'audit. Ce qui veut dire imposer à certains organismes ou
institutions de demander le rapport d'audit aux firmes avec lesquelles ces
institutions et organismes opèrent, et ce essentiellement lors
d'opération économiques nécessitant un haut degré
de confiance.
Ces institutions et organismes peuvent être des banques
dans leur processus de décision
d'octroi de prêt ou autres décisions
financières, ou bien l'administration fiscale dans son processus
de jugement de la validité des informations fiscales,
ou encore la bourse des valeurs mobilières dans son processus
d'introduction des entreprises dans le marché financier ou de gestion de
ses titres...
La Tunisie gagnerait certainement, en plus, à affecter
le choix de l'auditeur au demandeur d'audit, autre que les propriétaires
de la firme à auditer. Ce qui augmenterait considérablement
l'utilité du rapport d'audit et la valeur de l'information qu'il
comporte, surtout lorsqu'une telle institution de l'audit est appliquée
à un tissu économique caractérisé par des
entités dont la gestion sort rarement du cadre familial. Ce qui veut
dire explicitement que ce sont le fisc, la banque, la bourse, les fonds de
placements... qui devraient choisir l'auditeur qui leur inspire le plus de
confiance, lui préciser les limites et objectifs de sa mission envers la
firme avec laquelle ils sont en relation économique ou
administrative.
Institutionnaliser cette demande d'audit veut dire :
conditionner, de façon systématique, la réalisation de
certaines opérations économiques (et non pas les personnes)
à l'octroi d'un rapport d'audit validant des informations cruciales pour
ces mêmes opérations économiques. Actuellement, ce qui est
imposé par la loi, c'est un recours systématique à
l'audit lors de l'établissement des états financiers. A la
limite, on peut dire ici que c'est l'offre de l'audit qui est
institutionnalisée ainsi et qui s'avère souvent peu utile pour la
dynamique économique.
Le discours est tout autre chez les anglo-saxons : la demande
d'audit y est déjà institutionnalisée : Elle
n'obéit qu'aux forces du marché et, donc, elle n'existe que parce
qu'elle est effectivement utile à ses demandeurs. L'audit n'est, par
exemple, obligatoire que pour les firmes qui sont cotées en bourse, ce
qui veut dire que d'autres entreprises, non cotées, et qui peuvent
être de grande taille, ne recourent pas à l'audit
systématique de leurs comptes... Malgré cet état des
choses, ces économies remettent encore en cause l'utilité
de l'audit dans sa forme actuelle :
le fait de certifier la validité d'informations
financières au regard des propriétaires d'entreprises, n'est plus
utile puisque ces mêmes propriétaires arrivent à
connaître le degré réel de validité de ces
informations avant même la réalisation de l'audit (étant en
même temps gestionnaires) et tendent, par la même, à
négliger cette validation. Il s'agit là, de faire évoluer
aussi bien les techniques de l'audit que ses approches,
La certification des informations financières n'est plus
utile, aussi, au regard de propriétaires avides d'informations relatives
à la « bonne » gestion de leur entreprise,
dans un monde des affaires si turbulent. Ces mêmes
propriétaires demandent à ce que l'audit leur fournisse une
information nouvelle. C'est là où réside la
nécessité de faire évoluer la conceptualisation même
de l'audit, pour commencer à y intégrer certaines formes de
conseil financier ou en gestion...
Les efforts de re-conceptualisation, les plus notables, du
côté des grandes structures d'expertise comptable
américaines et anglaises (les Bigs), se sont déjà traduits
par l'introduction de certaines composantes de conseil dans les missions
d'audit, pour permettre la génération d'informations nouvelles et
pertinentes pour tout utilisateur du rapport d'audit, surtout les dirigeants et
les propriétaires.
Mais, vu la frivolité qui a
caractérisé les actions en justice, intentées de
façon arbitraire, aux U.S.A. et au R.U., contre certains auditeurs, le
législateur américain a estimé qu'il valait mieux
restreindre la responsabilité de l'auditeur pour réduire cette
frivolité des utilisateurs du rapport d'audit envers le système
judiciaire. Il a, par conséquent, interdit que les missions d'audit
puissent inclure des composantes relevant de mission de conseil. C'est ce qui a
poussé, fin 1999, ces grandes structures d'audit, après tant
d'efforts et d'investissement de recherche dans l'innovation en audit, à
affecter ces innovations à d'autres structures, autres que leurs
départements d'audit, complètement indépendantes.
C'est ce qui s'est passé durant les six ou sept
dernières années. Comment, alors, ces dernières
innovations d'audit se sont réalisées ? Voici, donc, une
synthèse de l'évolution de la pratique d'audit, depuis l'audit
systématique jusqu'aux dernières innovations des Bigs :
L'AETAT DES LIEUX DE
L'AEVOLUTION
PRATIoUE EN AUDIT
L'évolution de l'audit avait, depuis les vieilles
civilisations, été marquée par une évolution
manifestement accélérée, extensive, et essentiellement
liée à l'évolution du capitalisme :
n extension dans la nature des informations sur
lesquelles il porte (informations financières vers les informations de
gestion et technologiques),
n extension dans ses objectifs (de la
régularité vers l'efficacité...),
n et extension dans ses domaines d'application (secteur
« administratif » ancien, secteur privé, secteur
public...).
E PRIMAIRE DE L4 PRATIQUE 'A e
Depuis la crise des années 30, l'audit usité
était l'audit par les modules : il se basait sur
l'échantillonnage statistique Q21 et sur le découpage de
l'entreprise en cycles, (cycles d'approvisionnement, de production, de vente...
) pour la conduite de la mission. Son défaut était son «
coût d'opportunité », puisqu'il fallait recourir à
l'analyse complète des informations financières, sans pour autant
garantir pouvoir passer en revue tous les risques possibles.
DE L'APPROCHE PAR LES MODULES À L'APPROCHE PAR LES
RISQUES : Le tableau suivant donne un bref aperçu de cette
évolution :
C 'A* e
|
DU É
|
VERS 'A
|
L'Approche :
|
Audit par les modules,
|
Audit par les risques,
|
La Technique :
|
Échantillonnage statistique,
|
Ciblage des tests,
|
L'Objectif inhérent de l'audit :
|
"Full audit" pour la régularité,
|
"Estimation des risques" pour l'efficacité,
|
L'Objectif par rapport au client :
|
Vérifiabilité.
|
Assurance auprès du client.
|
|
Tableau 3 : évolution primaire de la pratique
d'audit
- (Source : Inspiré de Bethoux R. et al. [1986] ).
Déjà, toute cette évolution date d'hier
et l'auditeur d'aujourd'hui devient confronté à une charge,
à une éthique et à une conception de travail tout à
fait différentes de ce qu'il en était hier : l'utilité de
la certification, aussi bien dans son fond que dans sa forme d'aujourd'hui,
devient
Q21 Il y avait un fréquent usage de la loi
des 20-80 : (ex : faire ressortir un échantillon de 20% des factures
ayant 80% de la valeur totale du compte). L'échantillonnage était
ainsi « ciblé », non « au hasard », et la notion de
risque était alors intimement conditionnée au seuil de
signification.
Q23 Accord I.A.S.C.-- I.O.S.C.O. de Juillet 1995,
qui a eu pour effet essentiel le renforcement de l'hégémonie
américaine sur la normalisation comptable internationale.
Q24 Les Cabinets internationaux Bigs
étaient, il y a 10 ans, au nombre de six : Arthur Andersen, Coopers
& Lybrand, Deloitte Ross Tohmatsu, Ernst & Young, KPMG Peat Marwick et
Price Waterhouse. Par une fusion entre Coopers et Price, ils sont devenus cinq.
Ils sont évidemment classés premiers du monde entier selon le
critère du chiffre d'affaire. D'autres réseaux internationaux
existent mais ils manquent de structuration dans leur organisation et de vision
globale dans leurs choix stratégiques par rapport aux bigs. Ce qui
crée et rend durable l'avantage comparatif des bigs autant en termes de
technologies, que de bases de données, de spécialistes et de
structures ou système de recherche (aides financières aux
universités, en contre partie constituant un certain lobbying,
stratégies de recherche...).
contestée. L'approche du travail, en elle-même,
devient contestée puisqu'elle ne répond plus à certains
besoins.
INSUFFISANCE DE CETTE ÉVOLUTION :
C'est ce qui est "crié sur les toits" par les
puissances anglo-saxonnes : Lors du dernier congrès mondial de la
profession comptable Q 22, les discours de certains participants, ou
modérateurs, n'ont laissé aucun doute sur le fait que l'audit,
tel qu'il est aujourd'hui dans la majorité des pays du monde, ne doit
plus se limiter à la certification, il doit apporter des informations
nouvelles alors, qu'actuellement, l'auditeur s'abstient à occuper
effectivement ce rôle :
Le discours de la Banque Mondiale, d'ailleurs le plus direct de
l'assistance, prêche aux responsabilités civique et publique des
professionnels comptables :
n Responsabilité civique pour participer dans le
développement des compétences comptables et d'audit de base,
surtout en ce qui concerne le Tiers-Monde et les économies
émergentes qui tendent à modifier radicalement l'aspect
économique du globe,
n Responsabilité publique pour ce qui concerne la
lutte contre la corruption, le blanchissement de l'argent de la drogue, les
crises financières... il devient évident que la corruption est un
problème plutôt économique que politique, et quelque soit
le système politique, « les décisions publiques doivent
faire l'objet d'un examen minutieux de la part du public », les auditeurs
doivent jouer, par conséquent, pleinement leur rôle, en
l'occurrence, être les garants de la « transparence »
(accountability) parce que tout consensus social ne peut se fonder que sur la
« bonne » information,
Le discours de l'O.C.D.E. corrobore celui de la Banque
Mondiale en ce qui concerne la lutte contre la corruption et la fraude, le
rôle que peut jouer l'auditeur et le besoin d'instituer des bureaux
indépendants d'auditeurs pour les instances publiques...,
Q22 Congrès International de la Profession
comptable : « Comptabilité et Société : Servir
l'intérêt public » : Il s'est déroulé à
Paris, les 26-29 Octobre 1997, le prochain se tiendra en l'an 2002 (Source :
Cd-Rom de la CNCC-1997).
Le discours de l'O.I. C.V. consacre l'auditeur « avocat
international de l'obligation de rendre compte », pour protéger
l'intérêt public en favorisant l'amélioration de la
transparence de l'information financière, il prêche aux
côtés de l'I.F.A.C. et de l'I.A.S.C. Q 23, l'urgence de
l'harmonisation des normes comptables internationales et des systèmes de
contrôle des places financières (ainsi que l'encouragement d'une
réelle implication des organes de direction dans l'élaboration
des comptes et le contrôle des systèmes de gestion comptable) pour
éliminer les barrières nationales aux flux d'investissement et
aider à une affectation efficace de l'épargne à
l'investissement à l'échelle mondiale.
L'innovation en audit devient donc une
nécessité
Le problème est que le contrôle par l'audit
ne peut pas être évalué par les parties en jeu :
l'audit doit apporter des informations nouvelles. Mais, ce qui manque, dans le
paysage actuel, c'est la vision globale : l'auditeur apporte un avis sur la
performance financière de l'entreprise par rapport à des
critères comptables (pour lesquels des normes existent et
l'évaluation de l'effort de l'auditeur devient possible) mais non pas
par rapport à des critères économiques, industriels, par
rapport à des critères liés au futur... qui ne
présentent pas de normes pour faciliter cette évaluation d'effort
: c'est exactement là où réside le fameux «
Expectation gap » (l'insatisfaction des attentes) des demandeurs du
service d'audit.
E ACTURIE L Ll PRATIQUE
'A e
Ce souci d'innovation a concerné, en premier lieu, les
grandes firmes anglo-saxonnes d'audit, vu leur niveau de développement
par rapport à celui dans les pays du reste du monde. Il est
évident aussi que les cabinets Bigs Q24 soient les premiers
à pouvoir conduire une telle recherche pratique d'innovation. Ils
disposent des meilleures et des plus importantes bases de données
(constituées à partir des données les plus
détaillées sur la clientèle, des informations de tout
genre), des plus importantes structures de recherches en matière de
comptabilité, d'audit..., des équipes parmi les plus
expérimentées et spécialisées du monde en la
matière et des clients des plus
Q25 Notamment la Tunisie depuis 1993, si on
intègre les rectifications faites...
Q26 S.W.O.T. : Strengths, Weaknesses,
Opportunities and Threats : en français: Forces, Faiblesses,
Opportunités et Menaces, en face de la firme.
importants, variés, et complexes aussi...
Le premier des Bigs à avoir réfléchit et
produit une innovation en audit est « Ernst & Young » : il a
utilisé une approche utilitaire à ces fins. Cette
expérience a débuté voici plus de six ans, a vécu
quelques rectifications, a produit et a diffusé une pratique d'audit qui
diffère en logique et en approche, qui commence récemment
à être maîtrisée par la totalité des membres
du réseau E&Y Q25.
« L'AUDIT INNOVATION » D' ERNST & YOUNG :
En bref, bien qu'il s'agisse d'audit simplement financier, cette
innovation consiste en :
Un découpage de l'entreprise qui se fait par
« process » : Notion proche de celle d'activité, ce
concept de découpage est proche de l'«A.B.M.», activity based
management, en ce sens que dès la prise de connaissances
générales sur l'entreprise à auditer, l'auditeur essaie
d'en construire une vue générale qui ne structure plus
l'entreprise par cycles (approvisionnement, production...) mais la structure
par process. En d'autres termes, ce découpage se fait « sur papier
», il n'est pas demandé au client de l'appliquer, il n'est fait que
pour les besoins de l'audit : (ex : dans l'audit d'une banque, pour
évaluer les risques du process d'octroi de crédit, on
procède par la détermination des structures de la banque qui
concourent à la réalisation de cette « activité
», de la demande exprimée par le client au décaissement de
l'argent, puis on audite toutes les opérations qui touchent à
toutes ces structures à la fois, de l'agence pour la demande de
crédit, au siège pour la commission d'octroi, à l'agence
pour les décaissements, certains risques ont été mieux
maîtrisés ainsi...),
Ensuite, des méthodes de diagnostic
stratégique sont appliquées afin de construire un tableau
SWOT Q26 (pour l'usage du client, ainsi que pour une meilleure conduite des
travaux d'audit et une meilleure maîtrise des bases de données),
à quatre compartiments, qui montre à la fois les forces,
faiblesses, opportunités et menaces de l'entreprise ou auxquels elle
fait face. La construction de ce tableau se fait, tout au long du
déroulement de la mission d'audit, à travers les informations
tirées de cette mission et à travers les informations touchant au
secteur ou à la concurrence... tirées de leur base de
données
globale. Ce tableau augmente l'utilité de l'audit pour
le client puisqu'il apporte une
information supplémentaire par rapport à la
validité des informations financières et augmente
l'utilité de l'auditeur en améliorant l'identification des
risques d'audit et du risque client, par un positionnement de l'entreprise
cliente dans ce tableau,
n Une fois cette phase « stratégique » de la
mission accomplie, l'auditeur applique l'approche par les risques
--conventionnelle- sur ces «process» et exprime, à la fin, son
opinion d'audit sur la validité des informations. Résultat :
l'innovation est que cette nouvelle approche d'audit arrive à mieux
cerner les risques de l'entreprise auditée, ces faits ont
été montré par la courte histoire de cette nouvelle
approche, certains risques n'ont jamais été décelés
auparavant...
n D'autres méthodes, empruntées au
«Reengineering» M27, sont appliquées
simultanément, suite au découpage par process, pour conseiller au
client d'adopter une certaine structuration, par rapport aux besoins de sa
clientèle à lui, il en jugera l'opportunité et
décidera ensuite s'il appliquera la structuration conseillée.
Ainsi, le rapport d'audit contiendrait deux parties nouvelles par
rapport à l'unique opinion conventionnelle sur la validité des
informations : une partie touchant au positionnement du client dans le tableau
swot et une partie qui s'étend vers les informations de gestion et vers
le benchmarking M28.
ANALYSE DE « L'AUDIT INNOVATION » :
Cette innovation a été, en fait,
réalisée :
n par un Big : la possibilité et
l'opportunité d'en faire autant, pour les autres types de cabinets,
semblent peu évidentes, puisque pour la seule constitution de bases de
données performantes, elle nécessite une structuration
internationale proliférante...
n Dans un souci de coût, en premier temps, :
c'est un souci, omniprésent, de rentabiliser la mission d'audit par un
meilleur encadrement des risques et, surtout, pour une meilleure assurance
d'audit final. Cette volonté sous-jacente à l'innovation
vient suite à la frivolité observée, depuis une
bonne période, dans l'environnement anglo-saxon, des actions en justice
intentées contre l'auditeur (bigs) pour négligence
professionnelle. Dans ce genre de situations, le choix (stratégique) des
bigs était d'avouer la négligence, même si ce
n'était pas
M27 Reengineering : une autre façon
d'organiser l'entreprise selon la structure des besoins du client final de
l'entreprise (le consommateur).
M28 Benchmarking : relatif à tout ce
qui permet la comparaison avec les concurrents dans un souci d'estimation des
performances. En d'autres termes, identifier les « best practices
» = meilleures pratiques d'une entreprise concurrente ou même d'un
autre secteur... et les établir en tant que normes de travail et
d'organisation, ainsi, l'avantage comparatif pourrait être
créé ou soutenu.
exact, juste pour éviter les méfaits de telle
« nouvelle » sur leur réputation et les coûts du
système judiciaire pour prouver leur diligence, ce qui a
encouragé cette frivolité envers les actions en justice,
dans un souci d'une meilleure satisfaction du client,
en second temps, : Suite à l'innovation du « découpage par
process », E&Y a vu opportun de réorganiser l'approche du
travail de l'audit en visant une meilleure utilité de l'output de
l'audit pour le client; ainsi est née l'approche swot. Ce gain en
utilité signifie que les investisseurs deviennent secondaires et que
l'image de la qualité de l'audit doit surtout être
améliorée aux yeux des dirigeants et du gouvernement de
l'entreprise : Pourquoi cela ? parce que l'approche swot permet de mieux
appréhender la gestion de la firme, ce qui augmente l'utilité de
l'audit pour le gouvernement d'entreprise, et en améliorant la gestion,
l'utilité de l'auditeur augmenterait pour les investisseurs actuels et
potentiels, puisque génératrice « d'opportunités
» de gestion, cette innovation étant basée essentiellement
sur une extension de l'audit financier à l'audit
stratégique...
enfin, l'approche du client change à travers l'audit
« plus » : procurer au client un service d'audit stratégique,
sous une forme d'audit financier, constitue purement et simplement une
insertion de mission de conseil dans la mission conventionnelle d'audit.
Ceci n'a été possible que grâce à la structure et
organisation inhérentes à un réseau tel celui des bigs,
qui générait depuis fort longtemps de multiples synergies (en
technologies, en informations et en ressources humaines) telles
l'élaboration et utilisation de banques de données
internationales, complexes et des plus exhaustives, conçues à
travers la longue expérience du réseau, tels le recrutement de
profils de personnels hyper-spécialisés... l'idée
géniale, sous-jacente à cette insertion du conseil dans la plus
simple des formes d'audit, a été celle de «
vulgariser » la production du service de conseil : Étant
coûteux par nature Q 29, mais très convoité par
les décideurs dans les entreprises, ce service, une fois le
réseau parviendrait à le faire 'machinalement', constituerait un
avantage comparatif immense et durable. Même si les autres types de
cabinets d'expertise comptable suivent, E&Y aura profité de l'effet
d'apprentissage et de la part de marché due à une demande
naissante ...
Il faut noter que le réseau Price Waterhouse-Coopers
International est le second à suivre la file
Q29 Mais une partie de ce coût est
déjà « économisée » et
internalisée par E&Y, étant inhérente à sa
structure organisationnelle et à son système d'information :
E&Y n'avait pas à investir dans une nouvelle structuration pour
commencer cette innovation.
des innovateurs en audit. Leur nouvelle approche est
applicable à tous les membres du réseau depuis Septembre 1999.
Globalement, elle comporte les mêmes intuitions que l'approche Ernst
& Young mais en moins structuré.
Néanmoins, les récents changements, dans
l'environnement américain touchant à la réglementation de
la responsabilité légale de l'auditeur, ont bouleversé
l'attitude de ces Bigs envers leur intention innovatrice en audit : Pour
combattre la frivolité envers le recours à la justice contre
l'auditeur, le législateur américain a jugé mieux de
restreindre la responsabilité légale de ce dernier, surtout
envers les firmes cotées en bourse, clientes. Par conséquent,
l'insertion d'activités de conseil dans les missions d'audit devient
interdite par cette même réglementation. Du coup, ces innovations,
après tant d'années de développements et de
rectifications, n'ont plus de raison d'être M30.
E&Y et PW-C ont alors confiné l'exercice de ces innovations dans des
« Départements de Conseil » complètement
indépendants des départements d'Audit.
L'avenir de telles innovations en audit semble alors
aujourd'hui menacé. Évidemment, suite à ces mesures
légales, tous les efforts d'innovation en pratique d'audit ont
été stoppés nets. On se demande, alors, si
l'activité de conseil est le "stimulus" unique de l'utilité de
l'Audit ?
1[1] 30 Bien que certains affirment que
« l'audit innovation » est encore « en vigueur », mais
d'une manière nuancée. En plus, vu le pouvoir de pression qu'ont
ces réseaux, il ne serait pas surprenant de voir, un jour, le
marché américain boursier accepter cette approche d'audit, et
donc toutes les autres bourses par la suite.
i,eiTAT DES i,IEUX DE i,A
RECI-1ERCI-1E
SCIENTIFIQUE EN AUDIT
Soltani B. T1992, p. 15] affirme que :
« Ce n'est qu'à la fin des années 1975 que
sont apparues des recherches académiques de grande envergure sur les
différents aspects de l'audit, notamment aux USA. La plupart de ces
travaux de recherche, et essentiellement ceux effectués par des
investisseurs américains, ont été entrepris avec l'aide
financière, matérielle et logistique des grands cabinets d'audit.
Concernant l'activité de recherche dans les différents domaines
de l'audit en France, très peu d'études ont été
réalisées. Il est évident que les récents
progrès dans le domaine de la recherche en audit sont à
rapprocher de la spectaculaire mutation des marchés des capitaux au
cours des dernières années... »
Pour relier l'évolution pratique à celle
scientifique, on peut affirmer que l'avenir de l'audit réside dans la
recherche en théorie d'audit, en d'autres termes, en modélisant
l'audit. Ce qui veut dire que l'avenir est dans le fait de réussir
à « automatiser », dans les plus petits détails,
l'approche pratique d'audit pour aider au maximum l'auditeur dans sa mission.
Le produit final de ce type de recherche est une amélioration
perpétuelle de la conception de logiciels des plus complexes,
dénommés système-experts d'audit Q31, c'est aussi
une meilleure adéquation entre logiciels de gestion des firmes (tels les
ERP) et les logiciels d'audit surtout dans un environnement e-business... Mais
la recherche scientifique en audit n'est pas seulement la recherche en
théorie d'audit :
Qu'est ce qui existe en matière de recherche
scientifique en audit ? Il faut d'abord avoir à l'esprit que, quand il
s'agit de concepts impliqués dans l'activité humaine, souvent les
innovations pratiques précèdent celles théoriques ou
scientifiques. Le rôle du chercheur en la matière réside,
en principe, dans la théorisation de ces pratiques. C'est ce qui
caractérise fondamentalement la tendance empirique de ce type de
recherche depuis les années 70 à nos jours.
Le caractère positiviste imprègne actuellement
toutes ces de recherche, bien que le défaut majeur du positivisme, pour
expliquer les comportements des agents économiques, est qu'il est
incapable de saisir toutes les variables requises M32.
Les recherches scientifiques en audit présentent alors une
ramification assez développée :
M31 Désormais, les chercheurs dans ce
domaine, ne parlent plus de systèmes-experts pour désigner
l'informatisation d'activité telles l'audit, ou autre. Ils les
désignent plutôt par « Gestion des Connaissances ». Mais
le mot « système-expert » reste d'utilisation très
diffusée dans les milieux professionnels, qui utilisent ces
systèmes.
M32 Mattessich R. V.T1972].
RECHERCHES SCIENTIFIQUES EN AUDIT
Etudes d'Interprétation
Etudes de Réactions
Etudes Diverses
Recherches Empiriques
FALSIFIABILITÉ DE LA THÉORIE D'AUDIT
Etudes des Modèles de Marché
Etudes en Laboratoire
Recherches Comportementales
Qualité d'audit (attributs), Techniques d'audit
,
Réputation d'auditeur : (déterminants,
impacts..), Firmes d'audit : (critères),
Rapport d'audit : (délai, étendue..)...
Modélisation
de l'Interaction Stratégique d'Audit
Théorie des
Contrats
Théorie de l'Utilité
Théorie des Jeux
THÉORIE D'AUDIT
Modèles des Signaux
Modèles de Sélection Adverse
Modèles du Risque Moral
Recherches Théoriques
Modélisation
du Jugement d'Audit
Théorie de la Probabilité Théorie de
l'évidence
Gestion de Connaissances...
CADRES CONCEPTUELS D'AUDIT
Conceptualisation
Figure 3 : Positionnement des Recherches Scientifiques en
Audit
Le schéma ci-dessus conçoit une classification
des recherches scientifiques en audit qui, à notre sens, est
adéquate pour générer une vue synthétique de ce
domaine de la science. L'utilité de cette classification réside
dans la dernière « ligne » du schéma :
- les recherches théoriques sont groupées
pour visualiser les constituants de la théorie d'audit
- celles empiriques sont groupées pour visualiser
les essais de falsification de cette théorie d'audit,
- les recherches conceptuelles, bien que
éparses et timides, constituent un groupe à part : elles se
prêtent plus à une classification normative-pragmatique
qu'à une classification théorique ou empirique : il n'est
même pas concevable d'affirmer qu'il s'agit là de recherches
scientifiques : Pour cela, elles doivent répondre aux critères
d'une recherche scientifique, (validité interne, externe... objectif
scientifique...). Mais, une liaison forte les lie aux recherches
théoriques, surtout pour ce qui touche à l'identification du
risque d'audit et à la fixation du seuil de signification.
Plus explicitement, le caractère normatif-pragmatique
relate l'élaboration ou l'application de normes d'audit, alors que le
caractère empirique relate l'expérimentation et
l'hypothétique, enfin, le caractère théorique, en audit,
relate la modélisation mathématique du comportement de l'auditeur
en soi-même ou dans la relation tripartite d'audit.
Figure 4
TYPOLOGIE DES RECHERCHES D'AUDIT
Source : Inspiré du Cours DEA 97-98
|
|
Décrire l'élaboration des normes
|
Pragmatico -normatives
|
|
Décrire l'application des normes
|
|
|
|
Expérimenter réellement
l'hypothèse
|
Empiriques :
|
|
|
|
Modéliser mathématiquement le comportement
de l'auditeur ou de ses partenaires
Théoriques :
Certaines études normatives-pragmatiques peuvent
être qualifiées de scientifiques. Ce sont surtout des
études statistiques de diffusion de certaines pratiques d'audit, ou des
débats entre professionnels et académiciens, ou notamment des
études de pratiques d'audit à un niveau international
Q33...
Les recherches empiriques, de leur côté, englobent
une diversité importante d'études.
Enfin, les recherches théoriques, moins
proliférantes et plus homogènes, du point de vue objectif
d'étude, se focalisent sur les modèles mathématiques
d'interactions stratégiques et de jugement d'audit.
Voici, alors, un bref aperçu des recherches empiriques
pour mieux positionner celles théoriques dans le présent
mémoire :
LES RECHERCHES EMPIRIQUES
Nous adoptons ici, certes avec plusieurs modifications et
surtout des développements, une classification suggérée
par Moizer & Holt [1990] qui subdivise ce type de recherche d'audit en
trois catégories : recherches d' « interprétation »,
recherches de « réaction » et recherches diverses :
MI 33 Dans ce cadre, voir par exemple le
papier de Kinney W.R.Jr f19721 sur les objectifs de l'échantillonnage...
Il existe aussi des études très intéressantes sur les
pratiques internationales d'audit, ou bien sur l'effet culturel en audit...
Voir une revue spécialisée très intéressante pour
ce type de recherches, intitulée « International Journal of
Accounting, Auditing, Education and Research » (à l'I.S.G. de
Bardo).
M RECHERCHES 'É
Ces recherches examinent, en fait, le lien « 1 » du
processus de communication au sens de Libby R. [1979(a)], c'est à dire,
lorsque les «utilisateurs» du rapport d'audit essayent d'en
interpréter le contenu. Elles ont pour objectif de cerner le
processus cognitif d'interprétation et d'en analyser les
composantes.
LE PROCESSUS DE COMMUNICA7ION
Message intentionné par
l'auditeur
|
|
|
|
Perception de l'intention de l'auditeur
par l'utilisateur du message
|
|
Lien 1
|
|
|
|
|
Effets de
la décision conséquente
Réaction de
l'utilisateur à la perception du
message
Lien 2
Source : Libby R. (1979(a), p:100] (Traduction Libre)
Figure 5 : Processus de communication (1)
Les deux méthodologies les plus fréquemment
usitées pour ce type de recherche sont les sondages (que ce soit par
questionnaires envoyés ou par interviews) et les études en
laboratoire (c'est à dire les mêmes sondages mais effectués
en labo, l'équivalent d'un environnement contrôlé mais
irréel).
Les approches utilisées pour analyser le processus
d'interprétation sont M 34 :
n Le test sémantique différentiel,
n le modèle des influences convergentes (ou la
lentille),
n le modèle de la distance géométrique,
n d'autres plus simples, plus usitées mais moins
robustes, sont l'essai de «mesure» de l'opinion du sondé
(interviewé) par l'échelle de Likert ou celle de Thurstone (la
fixation fonctionnelle représente plutôt un obstacle à
l'interprétation)...
LE TEST SÉMANTIQUE DIFFÉRENTIEL :
Les origines du test sémantique différentiel,
ou différenciation sémantique, remontent à 1957. C'est une
méthode qui consiste à concevoir que le sens d'une phrase est
multidimensionnel et chacune de ces dimensions est représentée
par un adjectif «bipolaire» comme : chaud -- froid, bon -- mauvais,
fiable -- non fiable... il suffit de choisir entre ces adjectifs pour
interpréter la phrase M35.
LE MODÈLE DE LA LENTILLE :
Selon ce modèle des « influences convergentes
», le décideur fait face à un éventail d'indices qui
se chevauchent et qui reflètent imparfaitement l'environnement. Par une
combinaison probabiliste de ces indices, le décideur doit arrêter
son jugement : l'environnement est observé par le décideur
M34 Tremblay et al. 119931 les présentent
parmi d'autres comme outils de la comptabilité comportementale.
M35 Holt G. et Moizer P. 11990, p : 1131. Voir aussi
Bailey et al. 119831.
à travers une lentille qui lui fournit des indices
imparfaits M36. Dans certaines expériences en laboratoire, on
conduit la recherche par des discussions entre les sujets invités au
labo et non pas par des questionnaires et interviews en labo. On exploite alors
la convergence des influences mutuelles qu'ils peuvent avoir sur
eux-mêmes pour analyser leurs processus d'interprétation.
LE MODÈLE DE LA DISTANCE GÉOMÉTRIQUE
:
Ce modèle analyse les différences de perception
ou d'interprétation entre différents groupes de sondés, en
déterminant les dimensions sur lesquelles les différents messages
sont proposés dans les divers rapports d'audit et mesure les
différences entre individus et les groupes grâce à des
pondérations différenciées de dimensions (variables) qui
séparent ces rapports M 37. Ce principe trouve plus
d'écho dans les recherches touchant au domaine des choix sociaux.
LES ÉCHELLES DE LIKERT ET DE THURSTONE :
Technique d'évaluation d'attitude, l'échelle de
Likert consiste à poser des questions directes ayant pour but de
connaître l'attitude qu'aurait le répondant au cas où il
subirait une certaine situation précise ou concernant un sujet
précis. L'échelle de Thurstone consiste à rechercher une
vérité absolue et non une opinion ou une attitude, en posant les
mêmes questions mais en demandant une réponse objective et
dénuée de tout jugement personnel.
En réalité, ces instruments d'évaluation
d'attitudes ont été appliqués en premier lieu en
sociologie, en 1929 pour Thurstone et en 1931 pour Likert. Sauf que plusieurs
critiques ont été avancées pour ces deux instruments de
recherche : la critique la plus importante réside dans le manque de
robustesse dû à la différence (composition, culture,
environnement...) entre le groupe test et l'échantillon effectif de
l'étude M38 : Ce groupe « test », en
répondant à un 1er questionnaire (ou questionnaire test), doit en
faire ressortir les éléments incompréhensibles, ou mal
exprimés ou difficiles à y répondre. Ces
éléments sont alors qualifiés d'extrêmes et sont,
par conséquent, éliminés. Dans une seconde étape,
un 2ème questionnaire est alors échafaudé,
épuré des insuffisances du questionnaire test, et envoyé,
par extension, à un large groupe constituant l'échantillon final
d'étude par rapport à la population réelle...
M36 Tremblay et al. 11993, p :1601.
M37 Libby R. 11979 (a), p : 1101.
M38 Schweikart J. A. et O'Connor W. F. 119891.
Les résultats auxquels ont abouti ces recherches
d'interprétation sont mitigés, mais ont eu un impact non
négligeable sur les essais de normalisation de la forme du rapport
d'audit. L'objectif de certaines études consistait à comprendre
le sens donné, à certaines formulations de réserves
dans le rapport d'audit, par les utilisateurs de ce rapport, tels les banquiers
lors de décision de prêt, les investisseurs, les auditeurs
eux-mêmes... D'autres consistaient à présenter aux
sondés (utilisateurs de rapports d'audit) des états financiers
fictifs ou réels et des rapports d'audit relatifs à ces
états et à étudier l'interprétation de ces rapports
d'audit par les sondés à travers leurs décisions (de
prêt, d'investissement...).
La seconde catégorie des recherches empiriques d'audit
est celle des recherches de « réaction » :
M RECHERCHES DE É
Suite à la publication du rapport d'audit, ces
études examinent les liens « 2 » et « 3 » du
LE PROCESSUS DE COMMUN/CAT/ON
Message intentionné par l'auditeur
|
|
|
|
Perception de l'intention de l'auditeur
par l'utilisateur du message
|
|
|
|
|
|
|
|
Effets de
la décision conséquente
Réaction de
l'utilisateur à la perception du
message
Lien 2
Source : Libby R. [1979(a), p:100] (Traduction Libre)
Figure 6 : Processus de communication (2)
processus de communication : c'est à dire la
réaction des utilisateurs de ce genre de rapport et les impacts de cette
réaction sur la décision de
l'utilisateur (d'investissement, de prêt...).
Ces recherches ont pour objectif d'identifier les
éléments sur lesquels se base la décision de l'utilisateur
du rapport d'audit, donc de statuer sur l'utilité du rapport d'audit,
alors que le reste, des types
divers de recherches, essaie de statuer sur l'utilité
de l'audit comme moyen d'assurance de l'information comptable. Elles utilisent
plusieurs types, comme méthodologies, mais, les plus fréquentes
sont le laboratoire et le modèle du marché financier :
LES ÉTUDES EN LABORATOIRE :
C'est l'examen des réactions d'individus
(invités) dans un environnement fictif et contrôlé pour ne
subir qu'un minimum d'interférences et de bruits possibles : en fait,
cette méthodologie est d'application diffuse à toute sorte de
recherche, mais, elle présente une haute fréquence d'utilisation
pour les recherches de réaction. La recherche en labo, consiste à
identifier un contexte de décision, à le reproduire fictivement
de telle sorte que les perturbations que subit le décideur, au moment
exact de la prise de décision, soient minimales, pour ainsi examiner et
identifier les éléments, cause de la décision, et
arriver à mesurer leurs impacts sur cette décision.
Les sujets sont, le plus souvent, des acteurs réels
(vrais banquiers ayant certaines expériences en la matière, vrais
investisseurs, vrais analystes financiers, auditeurs, dirigeants...). Mais,
pour que l'échantillon soit représentatif de la
réalité, il est extrêmement difficile de regrouper ces gens
pour de tels objectifs. Les chercheurs ont, alors, souvent recours à des
financements auprès des Bigs, d'organismes de normalisation ou
d'institutions de recherche... pour motiver ces acteurs à assister
à l'expérience. Ce qui induit un certain lobbying. D'autres, en
manque de ressources, invitent simplement des étudiants afin qu'ils
simulent le rôle d'utilisateurs de rapports d'audit. Évidemment,
l'expérience et les connaissances de ce type de sujet sont
limitées et affectent la robustesse de cette méthodologie. Ils
subissent alors des sondages qui produisent des mesures à analyser au
moyen des tests statistiques ou d'analyse factorielle... On arrive, par cette
méthodologie, à bien isoler les éléments de
décision et leur impact, mais l'irréalité de
l'environnement affecte nécessairement la robustesse du
résultat.
LE MODÈLE DU MARCHÉ :
Ici, l'environnement réel joue pleinement son
rôle, mais, la difficulté réside dans l'isolement des
éléments, objets de l'étude, et de leurs impacts sur la
décision : Cette méthodologie examine le comportement de
modèles mathématiques de marchés financiers,
empruntés à la théorie financière, face à un
événement donné qui touche à l'audit. Souvent,
l'approche des études d'événement est
usitée. L'environnement de l'expérience est non seulement
réel mais aussi objectif. Le problème est qu'il comporte
nécessairement des interférences (ex : informations concomitantes
à la publication du rapport d'audit) Q 39. Le modèle
financier du marché aide le chercheur à évaluer le
rendement «anormal» du portefeuille de la période, qui puisse
être estimé par les investisseurs suite à la divulgation
d'une information précise.
Figure 7 : effet du choix du modèle de marché
sur l'interprétation du rendement anormal des titres
- 40 - 20 0 20 40 days
Event time in trading relative to earnings
announcements
- 40 - 20 0 20 40 days
Event time in trading relative to earnings
announcements
FE3
- 10
- 20
20
10
0
FEi4
Pour visualiser la conséquence du choix d'un certain
modèle de marché, on peut observer ces deux schémas de
l'étude de Foster et al. [19841 qui ont essayé de
démontrer les limites dumodèle «MEDAF».
L'interprétation de l'évolution du rendement
anormal diffère selon ce choix.
39 Chen et Church 119961 étudient la
réaction du marché suite à la divulgation de la
réserve sur la continuité et sa liaison avec la faillite.
-4
-8
abnormal performance indexes for various portfolios
8
4
0
-8 -6 - 4 -2 0 2 4 6 onth relative to annual report announcement
date
good news
bad news
source Bai & Brown [1968, p. 1691
Variable 3
Total sample
Variable 1
Variable 3
Variable 2
Variable 1
Variable 2
Figure 8 : Etude d'évènement
En ce qui concerne les études
d'événement, la date «0» est une date
choisie par le chercheur (et la période, avant et après, sous
forme de «fenêtre») en tant que date où a eu lieu,
effectivement, la divulgation de l'information, elle peut donc différer
de la date de publication du rapport d'audit. Déjà,
l'étude de Ball et Brown [1968] démontre que 85% des informations
contenues dans les états financiers publiés sont
déjà fournies au marché par d'autres moyens (ce qui
alimente le débat sur l'utilité de la publication). Bref, le
choix du modèle affecte les résultats de la recherche ainsi que
le choix de la fenêtre de l'événement.
Ce genre de recherches se base sur la théorie de
«l'efficience informationnelle du marché» M40 :
selon laquelle un marché n'est efficient qu'en évitant, le mieux
possible, l'existence d'une information privilégiée pour des
utilisateurs restreints parce que l'augmentation de la richesse des
utilisateurs privilégiés ne va pas dans le sens de l'optimum de
Pareto M41. Le marché efficient doit réagir de
façon instantanée et non biaisée à l'information
disponible. C'est ce qui démontre la difficulté de conduite de
recherches pareilles sur des marchés boursiers naissants ou
embryonnaires.
~REntmentie Di mue e
La diversité caractérise aussi bien l'objet que la
méthodologie, l'approche, ou la démarche... L'objet peut toucher
aux :
n attributs de la qualité d'audit,
n attributs de l'indépendance de l'auditeur,
n déterminants de la réputation de l'auditeur,
n critères de choix des firmes d'audit par le demandeur
du service d'audit,
M40 Efficience informationnelle différente de
l'efficience de production (organisation de la production) ou de l'efficience
d'échange (domaine des marchés de consommation)...
M41 Axiomes de base de cette efficience :
Disponibilité et gratuité de l'information pour tous les
participants aux transactions, homogénéité des
interprétations des informations par tous les agents, absence de
coûts de transaction....
n utilité de certaines techniques d'audit,
n délai et étendue du rapport d'audit,
n critères de satisfaction des clients des bigs,
n critère de l'importance des honoraires comme indicateur
de qualité d'audit,
n déterminants du changement d'auditeur...
La méthodologie peut toucher aux :
n sondages :
par questionnaire, par interview,
n Laboratoire : (questionnaires, interviews,
débats...),
n usage du modèle du marché efficient,...etc.
On peut, alors, énumérer certains exemples de ces
recherches :
n Etude de Carcello et al. [1992], qui, à partir de
questionnaires envoyés aux 1000 plus grandes entreprises
américaines (classement de «Fortune» n° : 1987),
réussissent à dégager un ensemble d'attributs de
qualité affecté par l'entreprise à son auditeur. Par une
analyse factorielle, les auteurs ont pu faire ressortir les 12 attributs les
plus importants aux yeux de ces firmes, à savoir : l'expérience
de l'équipe d'audit avec le client, le domaine d'expérience de la
firme d'audit, caractéristiques de membres individuels de
l'équipe d'audit...,
n Simon [1997] étudie l'impact de la taille de la firme
d'audit sur la qualité de son audit, perçue par le client,
n Bonner et Lewis [1990] étudient les déterminants
de l'expertise de l'auditeur,
n Mc Kinley et al. [1985] examinent l'influence de la taille et
du type des firmes d'audit sur la décision de prêt,
n Peters [1990] essaye d'élaborer un modèle
cognitif d'estimation de la génération du risque,
n Wilson et Grimlund [1990] examinent l'importance de la
réputation de l'auditeur,
n Bar-Yosef et Livnat [1984] examine la décision de
désignation de l'auditeur en tant que signal de performance de la firme
envers les investisseurs....
1ES RECHERCHES TH~~RIQUES EN AUJ IT 44
INTERACTIoN STRATieIQUE a RISQUE J eAUJ IT
Les recherches théoriques, par contre,
présentent un aspect plus homogène. Elles sont moins nombreuses,
moins « dispersées » dans le sens que leur objet
d'étude concerne soit les interactions stratégiques dans
la relation propriétaire-auditeur-dirigeant dans sa globalité,
soit les fondements de l'estimation du risque d'audit.
Il y a, par conséquent, deux domaines principaux de
modélisation d'audit :
1. la modélisation de l'interaction stratégique
dans la relation d'audit,
2. et la modélisation du risque d'audit.
Le présent mémoire conduit à une
discussion du premier domaine de modélisation d'audit; la
modélisation de l'interaction stratégique : dans le sens
que le choix stratégique de tout individu dans cette relation d'audit
(dirigeant, propriétaire, auditeur..., à titre d'exemple)
dépend et influence le choix stratégique des autres. Elle est
essentiellement liée à la théorie des jeux.
Mais, un bref aperçu est donné, dans les
paragraphes qui suivent, sur le second domaine de la modélisation en
audit et son champs d'application : la modélisation du risque
d'audit : son champs d'application concerne les logiciels d'audit (ou audit
informatisé).
Par contre, le domaine de la conceptualisation en audit, qui
est visualisé en marge de la figure n°4 de la page 33, pourrait
avoir un niveau de classification intermédiaire entre le
théorique et la pratique, mais pas entre le théorique et
l'empirique : Le conceptualisme est une philosophie commune à plusieurs
disciplines. C'est une doctrine scolastique qui stipule que le concept a une
réalité distincte du mot qui l'exprime. D'où,
conceptualiser veut dire former des concepts (ou organiser en concepts)
à partir de quelque chose, d'un domaine, d'une idée...
Dans le domaine comptable, le résultat d'une approche
similaire est la constitution d'un cadre conceptuel ayant pour rôle de
guider la pratique comptable. Pour l'audit, les essais abondent au niveau
anglo-saxon beaucoup plus qu'au niveau francophone ou autre. Mais, il n'y a pas
eu finalisation véritable de ces essais pour former un cadre conceptuel.
D'ailleurs, il serait en partie inconcevable de prétendre à la
création d'un cadre conceptuel « réunificateur » en
audit avant celle d'un cadre « réunificateur » de la
comptabilité, objet de vérification de la part de l'audit.
La « vraie » théorie d'audit, scientifique,
réside alors dans la modélisation. Les modélisateurs se
sont intéressés au début (et continuent moins
fréquemment à le faire actuellement) aux interactions
stratégiques de la relation tripartite d'audit. Ces modèles
puisent leur essence dans la quasi-totalité des cas de la théorie
des jeux et de celle des contrats. L'audit dans la théorie des contrats
constitue un moyen pour le principal de contourner les coûts d'agence qui
peuvent se réaliser par le fait de l'agent, étant donnée
l'asymétrie d'information favorisant l'agent par rapport au
principal.
Ensuite, et surtout suite au développement
pratique de l'approche par les risques, les modélisateurs se sont
intéressés (et continuent actuellement à le faire à
un rythme soutenu) aux fondements mathématiques de l'évaluation
du risque d'audit, empruntant certaines représentations de la
théorie des probabilités et de la théorie des croyances et
de l'algorithmique... comparés à la théorie d'aide
à la décision financière (individuelle), ces travaux de
modélisation peuvent être considérés comme une
théorie d'aide à la décision de l'auditeur ou d'audit,
dans le cadre de la planification d'audit ou de l'argumentation de l'opinion
finale de l'auditeur.
AUDIT INFORMATISÉ ET AUDIT INFORMATIQUE : [13
42
Ces recherches, en risque d'audit, trouvent facilement
écho dans le domaine de l'intelligence artificielle : Modéliser
la décision de l'auditeur, revient à structurer tous les
passages par lesquels « circule » cette décision : L'output
est, alors, le développement de logiciels d'audit, plus ou moins
perfectionnés, qui rassemblent essentiellement des questionnaires
d'audit sous un système « à vases communicants » qui a
pour but d'approcher le plus possible la bonne estimation des trois composantes
du risque d'audit Q43 dans l'étape de planification de la
démarche de l'auditeur, et de la bonne réalisation de
l'étape de contrôle final d'audit.
Les logiciels les plus perfectionnés
génèrent une plus fine estimation du risque d'audit. Ces
logiciels sont évidemment développés en interne chez les
Bigs et ne sont pas en vente. Ceux qui se trouvent sur le marché sont
donc moins perfectionnés. La Compagnie Nationale des Commissaires
1[1] 42 Cette sous-section est
inspirée essentiellement de mon cours « d'Audit Informatique »
donné aux étudiants de 4ème année
Sciences Comptables de l'ESC-Sfax. Ce cours est issu essentiellement des
conseils et du cours de Mr Jean-Paul LAMY (expert comptable français,
membre de l'AFAI et enseignant d'audit informatique pour la Maîtrise
--MSTCF- à l'Université de Paris-Dauphine que j'ai
rencontré à Paris). Cette sous-section s'est inspirée
aussi d'une conférence, qui s'est déroulée les 26-27
Février 2001 à l'ESC de Sfax, et qui a fait partie du chapitre
final de ce même cours de l'année universitaire 2000-2001. Cette
conférence a été donnée par un spécialiste
d'Audit Informatique, représentant de PriceWaterHouse-Coopers Tunis. Ma
sincère reconnaissance va à Mr Jean-Paul Lamy, à Mr Ahmed
Belaifa, Partner de PWC et Président du Conseil de l'OECT, à Mr
Lassaâd Borgi de PWC (le conférencier) et à Mr Mohamed
Triki, Directeur de l'ESC-Sfax, pour m'avoir permis et facilité de
telles initiatives. Sans eux, ni le cours d'audit informatique, ni cette sous-
section du présent mémoire n'auraient pu exister.
1[1]43 Risque d'Audit = Risque Inhérent +
Risque de contrôle + Risque de détection.
aux Comptes française, à titre d'exemple, a
notamment conçu et développé un logiciel similaire
Q44. Bien qu'il est commercialisé aussi hors de la France, ce
logiciel souffre de plusieurs lacunes dont la plus importante est l'absence
totale de paramétrage. Mais dans un environnement en perpétuel
changement, la pertinence de l'audit (même informatisé) est remise
en question en permanence :
q Actuellement, les entreprises comptent de plus en plus sur
les « progiciels de gestion intégrés » (PGI), tels les
ERP, les SAP, les JDE, ... pour améliorer leur organisation et
acquérir des atouts par une meilleure gestion de l'information (les
J.D.Edwards sont en train « d'inonder » le secteur hôtelier en
Tunisie, les S.A.P., le secteur bancaire...etc),
q Ces progiciels regroupent les meilleurs atouts pour une
entreprise à travers l'exploitation des « best practices »
dans chaque domaine ou secteur d'activité : ils sont complètement
paramétrables et complètement intégrés (ils ne
gèrent donc, qu'une base de donnée unique).
q Le marché des ERP à titre d'exemple, a
visé d'abord les multinationales, de telle façon qu'actuellement
il est devenu saturé : d'où, toutes les multinationales adoptent
actuellement une organisation dictée par leur progiciels de gestion
intégrés.
q Cette frénésie, dans l'adoption de tels
outils puissants de gestion, est expliquée surtout par
l'avènement du e-business : deux entreprises ayant des systèmes
d'information, complètement informatisés, complètement
intégrés et d'architecture à peu près similaire,
pourraient en tirer un avantage comparatif indéniable grâce
à une communication réciproque à travers les
réseaux du e-business, bien plus, elles constitueront elles-mêmes
un noyau solide et organisé à l'avance de ces réseaux
e-business...
Ce marché s'est orienté, maintenant, vers les
PME : ces progiciels de gestion intégrés sont actuellement en
phase finale de conception et de test dans certaines PME. Conçus,
préalablement, pour des structures organisationnelles géantes,
leurs créateurs ne trouveront aucune difficulté à les
« rebâtir » à échelle réduite.
C'est ce qui constitue le défi majeur pour tout
auditeur dans le monde : ces logiciels sont en train de conquérir
sûrement et rapidement toute entreprise. Ils constituent un coût
non négligeable pour l'entreprise certes, mais ce même coût
serait multiplié si l'entreprise choisisse d'opérer, par
elle-même, des changements semblables dans sa structure, son organisation
et son système d'information. Le gain de coût réside dans
le fait que ces progiciels regroupent les bestpractices en termes
d'organisation et de gestion de système d'information.
Q44 MCC (version 3, actuellement) fonctionne sous
logique Windows. Mais, bien que commercialisé en Tunisie, il souffre
d'un manque de paramétrage très important...
Par conséquent, si, dans quelques années, toutes
les PME acquièrent, installent, ces P.G.I., et s'organisent en
conséquence, n'importe quel auditeur devrait impérativement
adopter, en phase préliminaire à sa démarche d'audit et
à sa planification, une approche critique à ces logiciels,
puisqu'ils constituent le noyau, le coeur vivant de la firme. Par
conséquent, l'auditeur doit être apte à le faire : il doit,
impérativement, développer le plus vite possible les
compétences nécessaires à la réalisation de cette
étape d'audit, puis acquérir l'expérience suffisante en ce
domaine gI145.
L'opinion finale d'audit (quel qu'en soit le type : financier,
stratégique, opérationnel...) se basera majoritairement donc, sur
l'analyse de fiabilité de ces systèmes informatiques fonctionnant
à travers les P.G.I., et à un moindre degré, sur tout le
reste des événements touchant de près ou de loin à
l'entreprise auditée, n'importe quelle entreprise auditée.
Pour revenir à la modélisation de la
décision de l'auditeur dans l'appréciation du risque d'audit, il
faut imaginer le futur de l'audit, suite à ces évolutions
informatiques, comme adéquation entre le logiciel d'audit (qui se
base sur la modélisation du risque d'audit pour fonctionner) et ces
logiciels de gestion intégrés (qui se basent sur la
modélisation de la décision de gestion). Évidemment, cette
adéquation n'est opérationnelle que pour tout ce qui touche
à l'aspect automatique, répétitif, mécanique des
actions à auditer. Par contre, les aspects de jugement, qualitatifs,
exceptionnels... ne pourraient être intégrés à ces
logiciels que de façon peu prononcée. Une telle adéquation
serait-elle, alors, possible ? l'important pour l'auditeur est de comprendre le
« comment » pour se préparer en conséquence.
En bref, il s'agit là d'un créneau de
modélisation d'audit, parmi deux, comme il a été
précisé ci- dessus. Le présent mémoire compte,
certes, discuter certains aspects de la modélisation d'audit, mais
seulement de la modélisation qui traite essentiellement de
l'interaction stratégique entre les individus en relation d'audit,
et non de la modélisation qui traite du risque d'audit.
Mais, en fait, qu'est ce qu'un modèle ? et qu'est-ce qu'un
modèle d'interaction stratégique ?
gI145 On peut citer le C.Ob.I.T. (Control
Objectives in Information Technologies) de l'ISACA (Information System Auditing
and Control Association), comme meilleure référence mondialement
reconnue dans le domaine (1) de la formation en audit de la fiabilité
des systèmes informatiques des entreprises et (2) dans la normalisation
de la démarche d'audit en ce domaine.
11;1346 Je tiens ici à remercier vivement Pr
Rick ANTLE, pionnier de la modélisation de l'auditeur en tant qu'agent
économique, pour m'avoir aidée (par e-mail) à
rédiger cette partie délicate sur l'essence de la
modélisation.
Un modèle, est un ensemble de propositions ou
d'équations décrivant, par des formes simplifiées,
quelques aspects de notre expérience. Chaque modèle est
basé sur une théorie qui n'est parfois pas établie
formellement. C'est aussi un élément matériel ou appareil,
un schéma ou procédure, typiquement utilisé dans l'analyse
de systèmes pour prédire les conséquences d'une
série d'action.
POURQUOI MODÉLISER ? :
Les modèles mathématiques sont fort utiles parce
qu'ils aident à mieux orienter le processus déductif du
chercheur : Quand un résultat d'un modèle est prouvé, une
réalité « vraie » est établie. Ce qui constitue
une avance indéniable dans la recherche. Le processus de formulation, et
par la même, d'identification d'un problème, et le processus de
preuve des éléments du modèle, améliorent
essentiellement la compréhension de ce même problème.
« Des idées meilleures se construisent sur les aspects cruciaux
du problème à travers sa modélisation ». La
grande difficulté, après, est de vérifier empiriquement le
modèle. En fait, les biais d'expérimentation sont parfois si
importants qu'ils empêchent purement et simplement l'application du
modèle au monde réel.
LA FALSIFIABILITÉ, UN CERCLE VICIEUX ? :
L'importance des biais d'expérimentation -tels le
manque de données, la non adéquation des variables proxy choisies
aux variables réelles à expliquer, non adéquation de ces
variables proxy due à l'importance du degré d'abstraction du
modèle par rapport à la réalité, etc...- rend
difficile, voire impossible, une vérification complète et
parfaite d'un modèle donné. Or, selon le principe de
falsifiabilité de Poper, une théorie reste vraie «
jusqu'à preuve du contraire », c'est à dire jusqu'à
prouver sa falsification. Comment alors sortir de ce cercle vicieux entre
modèle vrai « en attente » et outils de falsification «
introuvable » ?
Tout modèle est une représentation
incomplète de la réalité, sinon, il ne serait pas «
modèle », il serait description. « Si le modèle
réussit bien à expliquer une réalité, il n'est
pas nécessaire qu'il soit littéralement vrai ». Notre
compréhension de notre monde est incomplète. Le perfectionnement
de cette compréhension dépend surtout de la finesse de l'analyse
du chercheur.
Le travail des chercheurs est alors d'améliorer
cette compréhension et non de « ramasser » une ou des
réalités.
En ce qui concerne la science comptable, Mattessich affirme
même qu'elle relève du domaine des sciences sociales et non des
sciences pures. Elle est, en plus, une science appliquée. Mattessich R.
approfondit le raisonnement, dans ce type d'analyse de la science comptable, en
affirmant même qu'il est contradictoire de prétendre
vérifier ses théories sous-jacentes, et les modèles y
relatifs, à travers l'expérimentation, alors que ces
théories elle-mêmes accusent des « zones indéfinies
» M47.
1. « there is fundamental difference between... the
economics (and sociology) of accounting... and accounting as an applied
science,
2. economics of accounting alone cannot explain
rationality ... ».
Mattessich R. V. [1995,p.222]
Ces « zones indéfinies » de Mattessich
reviennent toutes ou presque à des VALEURS DE JUGEMENT, exclusivement
humaines, comme l'utilité, (pour la plus-value, le
bénéfice, la valeur d'échange, la perte...) comme la
rationalité (dans les prises de décisions...). D'où :
IL SERAIT, NORMALEMENT, PLUS LOGIQUE AUX MODÉLISATEURS,
D'APPROFONDIR D'ABORD LA CONSTITUTION ET LA FORMATION DE CES VALEURS DE
JUGEMENT, AVANT D'ENTREPRENDRE DE MODÉLISER LES COMPORTEMENTS OU LES
DÉCISIONS DES INDIVIDUS ÉCONOMIQUES, ET DES PROFESSIONNELS
COMPTABLES (ET LEUR ENTOURAGE) EN PARTICULIER.
D'autre part, l'utilité de l'expérimentation
devient importante surtout lorsqu'elle permet la maîtrise des conditions
de l'expérimentation et de son environnement, ce qui est mis en relief
surtout par les méthodologies de laboratoire et de simulation. Alors que
les études statistiques des données réelles sont surtout
utiles pour procurer au modèle une validité externe, tel le cas
de l'économétrie...
Bref, le processus d'expérimentation actuel, à
notre avis, ne doit pas être pris à part, pour vérifier une
théorie à part. Puisque Williamson O.E. affirme que l'entreprise
est un « nexus of treaties », toutes les théories
économiques, et celles en relation avec l'économie
(psychologie, histoire, sociologie, philosophie,...), doivent être
considérées comme un « nexus of theories » qui
47 Y compris les notions de valeur, de
résultat, de plus-value, l'utilité, la rationalité...
Q48 Si la théorie positive comptable
basée, par exemple sur l'agence, ne réussit pas à
vérifier certains aspects, cela ne veut pas dire qu'elle est fausse,
mais qu'elle devrait peut-être attendre l'avancement d'autres
théories (comme les coûts de transaction, les mathématiques
floues, la psychologie...) pour pouvoir avoir, à travers eux, un regard
différent et donc de meilleures explications, empiriquement mieux
vérifiables.
Q 49 à ne pas confondre prédiction et
prévision !
Q 50 Citation rapportée par Goldstine H. «
the computer from Pascal to Von Neumann » 11972, p. 2971 cité dans
Gonzalez P. 12001, I1. Q51 The New Palgrave : A Dictionary of
Economics 1998 (traduction libre).
Q 52 Par exemple, le « modèle »
sur lequel se base un fermier (l'expert) pour deviner l'occurrence de la pluie,
est un modèle à la fois corrélationnel, puisque pour lui
la nature des nuages et la direction du vent sont corrélées avec
la pluviométrie, et c'est aussi un modèle de jugement, puisqu'il
se base sur un système déductif de jugement qui lui est propre.
Ce critère « de jugement » ou « jugemental » sera le
point focal tout le long de ce travail.
essaye d'avancer des explications du « nexus of treaties
». Le processus empirique actuel pourrait avoir la possibilité
d'être, alors, mieux perçu de ce point de vue là
Q48.
MODÈLES MATHÉMATIQUES ? :
L'on se demanderait peut-être sur la différence
entre modèles économétriques et modèles
mathématiques. Cette différence est de taille : Un modèle
économétrique essaye d'établir à partir de
données statistiques observées et d'outils statistiques
aussi, des relations, quantifiées, qui permettent ensuite la
prévision. Alors que le modèle mathématique est
abstrait. Il ne subit aucun biais dû à l'observation ou
à l'expérimentation, et il sert surtout des objectifs de
compréhension de la réalité, et donc de sa
prédiction Q49... Mais les modèles
mathématiques abstraits subissent parfois des résistances de la
part de certains groupes de chercheurs, sous prétexte de leur
complexité mathématique. Von Neumann J. dit notamment, contre les
tenants de la complexité mathématique de la modélisation
:
« If people do not believe that mathematics is simple, it
is only because they do not realize how complicated life is » Q 50.
Dans le domaine de la modélisation, différents
types de modèles existent Q 51 :
T DE È ET LEURS
ANTINOMIQUES
|
Formel, analytique : formulé par une expression
|
de jugement ou « jugemental » : formé par les
déductions et
|
les estimations faites en principe par un expert dans le
domaineQ 52
|
mathémati ue, un dia ramure, un tableau... q g
|
causal : il reflète une relation de cause à
effet
|
corrélationnel : n'a pas pour objectif de mettre en
évidence
|
une relation causale, mais de mettre en évidence
simplement une relation entre les éléments du modèle
|
|
déterministe : génère une réponse
à la question
|
stochastique : génère la réponse grâce
à une distribution de
|
probabilité -
t (ex les conditions du modèle sont
aléatoires),
partiellement aléatoire, incertain ou non continu
|
posée par le modélisateur grâce à une
« règle »fixe
|
dynamique : décrit le mouvement temporel du
|
statique : décrit ce phénomène pour un
instant donné...
|
phénomène à modéliser
|
|
Tableau 4 : types de modèles et leurs
antinomiques
Si on se demande quel est le « centre
d'intérêt » de tous ces types de modèles,
groupés dans cette taxonomie ? la réponse serait triviale :
« Comprendre comment et pourquoi l'individu agit ainsi en économie
». A vrai dire, ces modèles posent des questionnements beaucoup
plus sur le pourquoi, que sur le comment de ce comportement
économique : Le « pourquoi » établit la relation entre
les agissements de l'individu et son environnement (y compris le passage du
temps).
LE « COMMENT » EST BEAUCOUP PLUS DIFFICILE À
IDENTIFIER PUISQUE RELATIF À DES PHÉNOMÈNES
COGNITIFS ENCORE MAL CONNUS, OU DU MOINS TRÈS PEU EXPLORÉS
PAR LES SCIENCES DE LA PSYCHOLOGIE ET SOCIOLOGIE.
Les modèles mathématiques économiques et
ceux appliqués à l'audit, gagneraient à «
internaliser » ces phénomènes cognitifs pour mieux expliquer
le comportement économique de l'individu.
L'individualisme méthodologique, de
l'école Autrichienne, poursuit un raisonnement semblable quoique non
encore complètement structuré : il met en doute la
capacité de la théorie économique néo-classique
à expliquer, par elle-même, le comportement de l'individu.
Il adopte la rationalité limitée de Simon H., mais appelle
à intégrer, par ces théories du comportement, une
composante éthique qui rendrait la théorie
économique plus « humaine ». D'autres courants de cette
même école, appellent à un rejet radical de la
rationalité (illimitée) de l'homo ceconomicus
néo-classique en faveur d'une subjectivisation du comportement
économique, c'est à dire le rendre plus lié aux valeurs
« psychologiques » de jugements, qu'à des modèles
mathématiques mécanicistes U153. A notre
sens, le rôle de la théorie positive, là, serait alors
plutôt d'aider à déterminer ces valeurs psychologiques de
jugement que de s'acharner à vérifier empiriquement des
modèles mathématiques mécanicistes trop abstraits par
rapport à la réalité, puisqu'elle cherche toujours le
« pourquoi » de la chose.
SERAIT-IL ALORS POSSIBLE D'INTEGRER AUX MODÈLES
MÉCANICISTES D'AUDIT DES COMPOSANTES PSYCHOLOGIQUES ADÉQUATES,
QUI PUISSENT AMÉLIORER CES MODÈLES ET LES RENDRE MIEUX TESTABLES
EMPIRIQUEMENT ?
U153 Chambon J-P 11996, chap.IVJ.
L'idée focale de ce travail est, donc, de
réexaminer un modèle d'audit, choisi, pour y identifier la, ou
les, composantes qui sont les plus liées à des valeurs de
jugement, et d'essayer de modifier par exemple leur structure
mathématique, de façon à ce que ces composantes deviennent
déterminables par ces valeurs de jugement mêmes. Les travaux de la
théorie positive pourraient être, ensuite, exploités pour
déterminer de quels valeurs de jugement il s'agit.
Pour mieux expliciter cette idée, nous allons choisir
un modèle d'audit qui à notre sens semble assez
mécaniciste, pour le décortiquer et l'analyser de manière
critique, par rapport aussi bien aux théories économiques que la
théorie des coûts de transaction, que de la rationalité,
que de la théorie des jeux, qu'à certaines observations issues de
la réalité,... ce qui fait l'objet du chapitre II.
Le résultat de cette analyse critique devrait aboutir
à l'identification des composantes du modèle, qui puissent
être sujettes à modification. Le chapitre III proposera alors un
essai de modification de la structure mathématique de ces composantes,
qu'on peut qualifier de « jugementales », par la théorie des
sous-ensembles flous, branche mathématique inventée
essentiellement pour rapprocher la logique mathématique exacte
à la logique humaine approximative.
Procédons, par conséquent, à l'analyse
critique du modèle d'audit de Datar Srikant M. et Alles Michael G. de
1999, et qui est le plus récent en la matière, dans le chapitre
II qui suit :
C~AfrITRE II 44
A~AUSE CRITIovE DE DATAR et AuES f1999
|
Les modèles d'audit peuvent appartenir à chacun
des types cités au chapitre précédant, moyennant quelques
explications : Les modèles de l'interaction stratégique en audit
sont essentiellement des modèles qui essaient d'expliquer le
déroulement de la relation « économique » entre les
personnes ayant recours ou subissant l'audit. Ils sont essentiellement une
application de la théorie des contrats à la relation d'audit.
Ce sont alors des modèles de jeux à deux ou trois joueurs
M54, dont l'équilibre est décrit par la connaissance
des « règles du jeu » (les joueurs, leurs séries
d'actions, leurs ensembles d'informations, leurs stratégies...) et les
frontières tracées par les utilités de chacun des joueurs.
Ces modèles sont alors Q 55 :
F Rdets
|
|
puisque exprimés par des équations
mathématiques et des tableaux de stratégies (forme normale,
stratégique, algébrique...)
|
CAUS.iliS
|
|
puisque l'équilibre n'est atteint que si les relations
causales jouent entre actions et payoffs, dans les séquences du jeu,
pour chaque joueur et entre les joueurs,
|
DÉ
|
|
surtout les premières modélisations, simples,
à information parfaite,
|
S
|
|
autrement dit probabilistes, surtout lorsqu'ils relatent l'effet
du temps (modèles répétitifs et dynamiques),
|
S
|
|
essentiellement les premiers modèles simples à
période unique,
|
D
|
|
Lorsqu'ils sont des jeux séquentiels, à
périodes finies ou infinies.
|
É
|
|
certaines études empiriques essayent, à travers
des variables « proxy », d'établir une relation allant dans le
même sens que les prédictions de la théorie des contrats.
Mais la théorie en elle-même, veut établir une
causalité entre les comportements : l'objectif des modèles de
l'interaction stratégique d'audit n'est pas, alors, d'examiner si une
variable est en relation avec une autre, c'est plutôt l'apanage des
modèles économétriques,
|
i
|
?
|
ce critère est abordé plus amplement dans la suite
de ce travail.
|
Tableau 5 : Topologie des modèles d'audit
La modélisation de l'interaction stratégique en
audit est un courant de recherche strictement théorique. Son objet a
été de résoudre les conflits d'intérêts
existants dans la relation tripartite d'audit. Cette direction de recherche a
commencé vers le début des années 80, à
l'Université de Stanford. En 1980, Antle Rick, a été
pionnier en affirmant que l'auditeur peut être modélisé
comme un agent économique. Il concevait l'auditeur comme un agent
économique à part entière, qui pouvait avoir des
goûts et des désirs : les goûts sont traduits par une
fonction d'utilité, les désirs par les incitations que peut
contenir le contrat établi avec le principal. Alors que les
modèles qui l'ont précédé, concevaient l'audit
comme un acte avec un coût, modélisé en tant que contrainte
imposée au dirigeant par le principal (investisseur, créancier,
actionnaire...).
Q54 Pour les modèles de signaux, ce nombre peut
être beaucoup plus important.
Q55 Inspiré du "The New Palgrave : English
Dictionary of Economics".
Ensuite, Datar Srikant M., en 1985, a exploité la
modélisation du concept de réputation, par Kreps, pour
l'introduire dans un modèle d'audit LU56 et traiter ainsi la
réputation de l'auditeur.
MODÉLISATION D'AUDIT ET THÉORIE DE LA
RÉGLEMENTATION :
Laffont & Tirole [1988, ch.12] examinent les
modèles d'audit dans un cadre de réglementation LU57,
pour étudier l'effet de l'audit sur la force des contrats d'incitation
des firmes réglementées, et pour analyser la collusion entre
auditeur et firme auditée par rapport au régulateur (Etat,
membres du Parlement...).
Rabah L. [1996] examine le rôle de l'audit
(vérification à posteriori) dans la politique de
réglementation : Ce cadre traite les situations d'asymétrie
d'information où un agent, (une firme) en monopole naturel, est
incité par le principal qui est le régulateur (ex : l'Etat) pour
faire certains effort pour augmenter le bien-être social. Il trouve que
l'audit est efficace pour réduire une rente informationnelle de la firme
et l'emmener à fournir l'effort optimal, mais il trouve que la
validité de l'audit est intimement liée à
l'efficacité du système de vérification utilisé,
efficacité en termes de rendements d'échelle non croissants de
l'industrie d'audit. En fait, il exploite un modèle qui impose des
conditions théoriques sur la fonction technologique d'audit, fonction
qui retrace la relation entre le coût de la vérification et la
qualité ou valeur de l'information extraite par la vérification
LU 58.
La modélisation de l'interaction stratégique en
audit dans le domaine la théorie de la réglementation, ne fait
pas l'objet du présent travail, mais des idées
intéressantes peuvent en être tirées (concernant la
fonction technologique d'audit et ses caractéristiques). Ce qui est
focalisé ici c'est l'interaction stratégique qui existe entre
deux « particuliers » : des individus (dirigeant, auditeur,
propriétaire) ou des firmes (firme d'audit, firme auditée, firme
de management...) qui sont non réglementées.
LU56Il s'agit là de la thèse de Ph.D.
de Datar Srikant M., hélas il n'a pas été possible de
l'avoir ni par l'Université de Stanford, ni par son auteur.
LU57 Réglementation se traduit en anglais
par "regulation". Mais cette théorie diffère complètement
de celle de la "régulation" à la française [Fontvieille
L., Boyer...1 : qui étudie l'évolution des économies
à travers les siècles (temps longs) et les déterminants de
cette évolution, notamment la théorie des cycles de Kondratieff,
et la théorie de l'innovation destructrice de Schumpeter :
q L'école de la régulation montre que
l'évolution économique entraîne une modification
nécessaire de l'organisation sociale. Tant que cette nouvelle
organisation sociale n'est pas définie, il y aurait crise pour
détruire l'organisation sociale précédente...
q Alors que la théorie de la réglementation
traite les échanges que fait l'État avec toute autre partie,
l'État devient un simple agent économique comme tout autre et non
pas l'État redistributeur de revenu, injecteur de monnaie, de Keynes.
LU58 Pour une revue des modèles d'audit dans
le cadre de la réglementation, voir Baron et Besanko [19851, Kofman et
Lawarrée [19891, Lewis [19901... Cette branche est née suite aux
études économiques de Kahn [19711 et de Berg et Tschirhart [19881
qui ont montré que les manipulations comptables réduisent la
valeur de l'information sur les coûts et donc l'efficacité du
système de contrôle de gestion de firmes
réglementées.
IE MODÈIE D4A4 112221 44
Le plus récent des modèles d'audit est celui de
Datar Srikant M. et Alles Michael [1999] (DA [1999]) M59. Il propose
comme solution, pour atténuer l'aléa moral entre manager et
propriétaire de firme, l'engagement d'auditeur ayant une bonne
réputation de professionnel diligent.
Le modèle DA [1999] se base alors sur le modèle
de Kreps et Wilson [1982(a)] pour prouver que la réputation est
une solution valide contre l'aléa moral. Néanmoins, le
modèle de DA [1999] ne prend pas la réputation comme
élément exogène, mais plutôt essaie de la rendre
endogène au modèle, pour expliquer mathématiquement
(à l'équilibre) comment et pourquoi se forme la réputation
d'un auditeur.
Le modèle parle de « local reputation » pour
restreindre ce concept à ce que connaît le propriétaire et
le manager sur l'auditeur, (auditeur interne essentiellement qui établit
une relation assez durable, pour que sa construction de réputation soit
possible et opportune) pour se prononcer sur sa réputation et du coup
sur son type, et non pas à ce que connaissent les tierces parties sur
cet auditeur.
Il use enfin du pouvoir de recours à certains types
d'investigation, du propriétaire, pour statuer sur la
réalité de la réputation de l'auditeur en cas de doute
(s'il s'agit d'un auditeur « faible » (ou peu professionnel) qui veut
donner l'impression d'être « fort » (très professionnel)
).
Il propose comme équilibre, celui inventé par
Kreps et Wilson, appelé « équilibre
séquentiellement rationnel » : Le manager essaie à
chaque étape du jeu (c'est un jeu dynamique à périodes
finies), de réviser ses croyances concernant le type de l'auditeur pour
affirmer ou infirmer ses croyances à priori et décider ensuite
comment agir et divulguer sincèrement ou pas le résultat de la
période.
Les caractéristiques du modèle D.A. [1999] sont
résumées dans le tableau suivant :
59 Par un e-mail de son auteur Datar Srikant M.
(Harvard Business School).
CÉ
DU E DA 119991
|
MM CA TI OP/
|
Jeu à trois joueurs
|
Manager, ( + nature), auditeur, et propriétaire (suivant
l'ordre du jeu d'étape).
|
Jeu dynamique [13 60
|
Le jeu d'étape se déroule durant une
période t, mais pour chaque période précédente ou
suivante, le même jeu d'étape se répète mais avec
des données qui peuvent être différentes de celles des
autres étapes, donc, le jeu d'étape est séquentiel et
n'est pas systématiquement et exactement répété.
|
La Réputation de l'auditeur est endogène
|
Elle dépend des stratégies des joueurs et aussi
des états de la nature. Les joueurs, autres que celui qui construit sa
réputation, bénéficient de cette réputation. Les
modèles précédents présentent la réputation
de l'auditeur comme connaissance commune et exogène touchant la richesse
du cabinet ou la qualité des travaux...
|
Versement des Payoffs
|
Se fait à la toute fin du jeu, ce qui incite les joueurs
à comparer le coût d'opportunité émanant de la
construction de réputation avec celui des premières
périodes du jeu.
|
Nature de l'Équilibre
|
Séquentiellement rationnel [13 61: il est
Bayesien parfait mais, en plus, il ne peut traiter que des couples de
stratégies-croyances discrets (non-continus).
|
Tableau 6 : Caractéristiques de DA [1999]
L'information est caractérisée dans le
modèle D.A. [1999] comme suit :
C É m
|
E CATIO N
de Rasmusen [1989, p.51] ( Traduction libre)
|
tm DANS II
MODEM DE D.A.
119991
|
Parfaite
|
Chaque ensemble d'information est un
singleton.
|
Imparfaite : l'action du manager et le type de
|
l'auditeur sont cachés pour l'un et l'autre ainsi que
pour le dernier joueur, le propriétaire.
|
Certaine
|
La nature ne joue pas après le jeu des joueurs
|
Incertaine : la nature joue après le manager.
|
Symétrique
|
Aucun joueur n'a une information différente de celle
des autres joueurs quand il joue, ou aux noeuds finaux.
|
Asymétrique : existence d'aléa moral (impur)
|
|
Complète [13 62
|
La nature ne joue pas en première, sinon, son premier
jeu est observable par tous les joueurs.
|
'
Incomplète : le jeu de la nature n est
|
observable que partiellement par le manager.
|
Tableau 7 : L'information dans DA [1999]
N.B. : Généralement, dans un jeu à
information incomplète, la nature commence le jeu en
sélectionnant le type d'un des joueurs, la plupart des
modélisateurs ne pensent pas que ce mouvement puisse caractériser
le modèle comme un jeu à information incertaine.
[1360 - « Il y a plusieurs sortes de
jeux dynamiques. Les jeux répétés en constituent une forme
très particulière. Un jeu est « dynamique » dès
qu'il comporte plus d'une étape (ex : que les joueurs n'ont pas qu'une
seule action à poser de manière simultanée). Un jeu
répété est un jeu de dimension infinie (comportant un
nombre infini de branches) mais possédant une structure très
régulière : le même jeu (statique ou dynamique -- le jeu
d'étape-) est systématiquement répété et les
payoffs transitoires sont versés à la fin de chaque étape.
En général, dans un jeu dynamique ordinaire, les payoffs peuvent
n'être versés qu'à la toute fin ». Gonzalez P.
120011
- Par un e-mail du 5.11.01, Rasmusen Eric dit à ce
sujet : « A dynamic game is one with moves in sequences. A repeated one
repeats the same moves ».
[1361 Selon Rasmusen E. 11989, p.1101 :
L'équilibre séquentiellement rationnel ne s'applique,
évidemment, qu'aux jeux séquentiels. Il se diffère de
l'équilibre du « backward induction » (récurrence
à rebours ou équilibre en sous-jeu parfait) et de
l'équilibre parfait de « trembling hand » (main tremblante).
Alors que Guerrien B. 11995, p.921 confond complètement équilibre
à main tremblante et équilibre séquentiellement rationnel.
Blume L.E. & Zame W.R. 119941 ont démontré
mathématiquement que les deux équilibres sont
différents.
[1362 Depuis 1967, avec la contribution de John
HARSANYI, la définition de l'information complète a changé
: Avant, un jeu à information complète signifiait que tous les
joueurs avaient connaissance commune de toutes les règles du jeu
(actions propres, actions des autres joueurs, les issues possibles et les gains
y associés, et les motifs des autres joueurs). Les théoriciens
étaient alors incapables de résoudre les jeux à
information incomplète. Harsanyi a alors transformé ces cas en
jeux à information complète mais imparfaite : en leur ajoutant un
joueur fictif, la nature, en début du jeu, pour « perturber »
le système.
Le propriétaire :
Le propriétaire est vaguement définit dans ce
jeu M63. Ses gains en fin du jeu sont passés sous silence.
Ses préférences sont succinctement expliquées... Les
modélisateurs ont agit ainsi afin d'insister plus sur l'interaction
manager-auditeur plus que sur les relations propriétaire-manager et
propriétaire-auditeur. En fait, ce propriétaire de firme ne peut
observer ni les actions du manager (wd, wn), ni celles de l'auditeur (id, in),
ni le résultat réel de son entreprise (xd, xn) M64.
PROPRIÉTAIRE-MANAGER : Au début de chaque
période, il propose un contrat au manager, en l'incitant à
choisir l'action wd, pour maximiser l'occurrence (pd) de bons résultats
(xd). Un aléa moral est supposé exister, de la part du manager,
qui peut seul observer ses propres actions et le résultat réel
conséquent, de la période. A la fin de la période, il
rapporte au
propriétaire un résultat (x d ou xn) qui peut
être non conforme au résultat réel qu'il a observé.
Le
contrat qui lie le propriétaire au manager se base sur le
résultat communiqué par le manager (x d
ou xn), pour que ce dernier reçoit une somme (s) fonction
du résultat rapporté, s ( xi ) / i=d, ou i=n.
PROPRIÉTAIRE-AUDITEUR : Le propriétaire
propose aussi un contrat à l'auditeur (interne) stipulant une
compensation (f)t constante. Le propriétaire a la possibilité
aussi de recourir à une investigation touchant à la
responsabilité de l'auditeur : en d'autres termes, cette investigation
peut découvrir si l'auditeur a été négligent ou pas
dans son travail M65. Le contrat de l'auditeur comporte alors un
paiement de dommages au cas où la négligence de l'auditeur est
confirmée. Mais le coût de l'investigation est tellement
élevé pour le propriétaire, qu'il lui est impossible
d'annuler complètement l'effet de l'aléa moral dans la relation
propriétaire-auditeur, DA [1999, p. 406]. Pour cela, dès qu'il y
a divulgation de résultat désiré par l'auditeur et le
manager, le propriétaire ne recours pas automatiquement à
l'investigation de l'auditeur mais recourt à une stratégie mixte
d'investigation, pondérée par une probabilité O...
Par conséquent, l'utilité du
propriétaire, qui n'a pas été explicitée par
l'article de DA [1999], serait positivement affectée par le
résultat xd de la firme et sa probabilité pd d'occurrence, par
les pénalités à payer par le manager s'il est
découvert par l'auditeur, et par les pénalités à
payer par
l 'auditeur s'il est découvert par le
propriétaire. Elle sera négativement affectée par le
résultat xn
M63 À la page 404 de l'article, Datar et Alles
le perçoivent en tant que « propriétaire » face au
dirigeant, ou bien en tant que « comité de direction » (board
of directors) face à aux dirigeants opérationnels (operating
managers). Les auteurs ne parlent guère de gouvernance.
M64 d = désiré et n =
non-désiré, (par le propriétaire de la firme).
M65 Cette investigation peut prendre la forme de
« revue par les pairs » (Peer Review, bien que les auteurs
eux-mêmes ont avoué la faiblesse de ce système de
contrôle professionnel aux USA...), ou d'action en justice, ou de
comparaison avec l'audit externe...
de la firme, par le salaire s du manager, par les honoraires ft
de l'auditeur et par le coût c d'investigation de l'auditeur.
Le manager :
Si le manager décide de faire l'action
désirée par le propriétaire wd, il affectera ainsi la
probabilité d'occurrence d'un bon résultat de la firme (xd)
pour une période donnée, mais il aurait une
réduction d'utilité due à l'effort fournit, et
vice-versa.
- Cette désutilité est notée :
D(wit) avec i=d ou i=n, et t allant de T à 1, telle que D
(wd) > D (wn) quelque soit t.
- L'utilité du manager par rapport à sa
compensation (s) est de forme VNM, et s'exprime par : Ø(s)
avec Ø'(.)>0 et Ø"(.)<0 à chaque
période t.
- À la fin du jeu, l'utilité totale du manager
s'exprime comme :
T UM=pØ(S)-(wi
- Le manager dispose aussi d'une utilité de
réserve C.IM correspondant à son salaire
d'opportunité, à chaque période,
- Le manager peut, enfin, souffrir d'une
désutilité j9 due à la pénalité
qu'il doit payer si l'investigation du propriétaire
détecte sa divulgation mensongère.
L'auditeur :
Le propriétaire fait recours à l'auditeur
interne pour vérifier la conformité de xi à xi .
L'auditeur doit alors accepter le contrat qui lui stipule des honoraires
(ft) ou « flat fee », dépendants seulement de la
période t et non de l'indice i, donc indépendants de l'action
de l'auditeur, ce qui rejoint l'avis des normes d'expertise comptable
et d'audit sur l'indépendance de l'auditeur du point de vue de
ses honoraires M66.
- L'utilité de l'auditeur Q(ft) est aussi de forme VNM
telle que : Q'(.)>0 et Q''(.)<0 pour chaque période,
- L'auditeur souffre comme le manager d'une
désutilité s'il fait bien son travail. La
désutilité est R(ij) avec R(id)>R(in) (i n'est plus
ici l'indice égal à d ou n, mais plutôt une action
d'audit, et j devient l'indice égal à d ou n),
66 Ici, il faut relativiser l'institution de
l'audit interne à l'environnement socio-économique
américain et anglo-saxon : En fait, en Tunisie, l'auditeur
interne est typiquement un salarié, dépendant de la firme, son
rôle se limite à aider la direction dans ses actions de gestion
et non à vérifier la véracité de ses
rapports. Les normes d'expertise comptable et d'audit anglo-saxonnes
s'appliquent à tout type de comptable, alors que juridiquement
en Tunisie, l'auditeur interne n'a pas les mêmes obligations (surtout de
divulgation) que l'auditeur indépendant...
- L'utilité totale de l'auditeur à la fin du jeu
s'exprime par :
T
UA =P,Q( ft )-
- L'auditeur dispose aussi d'une utilité de
réserve LIA minimale,
- Si l'auditeur s'avère être professionnellement
négligent (après investigation par le
propriétaire), son contrat stipule un paiement de dommages au
propriétaire, ce qui pourrait rendre sa compensation
négative pour une période donnée.
Time-line du modèle :
Le propriétaire compare
<
le rapport du dirigeant x i
Le dirigeant rapporte
au propriétaire avec le rapport
de l'auditeur
un résultat 1i puis
décide d'investiguer
ou pas
L'auditeur rapporte au
propriétaire le résultat
de ses diligences
Le propriétaire paie le
dirigeant et l'auditeur selon le résultat
de l'investigation ou la
conformité des 2 rapports
Le
dirigeant choisit l'action
wi
Le propriétaire propose un
contrat à l'auditeur
basé sur ft constante
et un contrat au dirigeant
basé sur wi
TIME-LINE DU MODÈLE D.A [1999] (JEU
D'ÉTAPE)
i = fd,n1 L'auditeur
choisit l'action ii
Le
dirigeant observe le
résultat xi
Source : Conception personnelle
à partir de
Datar & Alles [1999, pp. 404-8]
L'auditeur "observe"
xi
(s'il a choisit id) ou bien ne
peut pas observer xi
(s'il a choisit in)
Figure 9
HÈ Dl) È
q L'ensemble des actions possibles pour le manager et l'ensemble
des résultats possibles sont les mêmes à chaque
période,
q A noter que le couple des résultats xd et xn
possibles de l'entreprise peuvent représenter une
réalisation parmi d'autres, à partir d'ensembles de valeurs
possibles. Cette a00irmation ne change en rien à l'issue du
jeu, tant que ces ensembles ne soient pas en intersection.
q Les périodes sont finies et indépendantes les
unes des autres, en ce sens que l'action réalisée par le
manager durant une période, n'affecte pas la période suivante,
q Les préférences du propriétaire sont
ordonnées de façon à ce que wd < wn ,
q Les probabilités d'occurrence des résultats
xd et xn, respectivement pd et pn, relati0s à une
période t, sont fonction des actions wd et wn du manager durant la
même période, avec pn<pd ,
q
j : investigation de l'auditeur /propriétaire
w : gestion /manager
X : résultat réel,~X : résultat
rapporté
-d : désiré, -n : non
désiré.
p et è : probabilités ; et ä : croyance.
i : audit/auditeur
M Manager
N Nature
A Auditeur
P Propriétaire
M
wn
~E_IEU D'ÉT4PE
wd
N
N
Xd
Xn
Xn
Xd
Source : Conception personnelle à partir de
Datar & Alles [1999, pp. 402-15]
M
~
M
M
~
M
Xn
Xn
Xd
Xd
~
~
Xd
~
Xd
Xn
~
~
Xn
~
N
N
N
N
N
N
A
A
A
A
A
A
une période t
A
A
A
A
A
A
X
A d
id
id
id
id
id
id
id
id
in in in
in
in in in
in
A X d
X
A d
A Xn
A Xn
X
A d
A Xn
A Xn
X
A d
X
A d
A X d
A Xn
A Xn
A X d
A Xn
A Xn
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
P
P
P
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J
J J
J
J
J J
J
J J
J J
J J J
J
J
J
ñ
ñ ñ
ñ
ñ ñ
ñ
ñ
Le coût de vérification de la réalité
des efforts de l'auditeur eXcède de loin l'avantage qui en peut
être tiré, le propriétaire ne recourt pas à de tel
contrat,
q Le manager et l'auditeur sont averses strictement au risque,
leurs utilités sont chacune « séparativement
additives »,
q Si l'auditeur n'est pas négligent dans son travail, il
est capable d'observer le résultat réel de la firme,
q La collusion entre manager et auditeur est
écartée par ce modèle, de façon à ce
que l'auditeur divulgue sans biais la réalité des
résultats de son travail de vérification...
F EXTENSIVES DU JEU £ 3
e (pour une seule période)
Il faut, cependant, noter la remarque suivante de Kreps
[1993] Q 67 :
« To every extensive form game there is a corresponding
strategic form game, where we think of the players simultaneously choosing
strategies that they will implement. But a given strategic form game can, in
general, correspond to several different extensive form games. » Kreps
[1993, p. 21].
Ce qui signifie que l'arbre du jeu, ci-dessus
représenté, n'est qu'une des multiples versions qui puissent
visualiser le modèle DA [1999]. Il faut s'assurer, entre autre, de
l'ordre du jeu et des ensembles d'information (simultanément ou
indépendamment) pour chaque joueur. Dans ce jeu, la succession d'actions
se fait ainsi :
- le manager décide de travailler convenablement ou pas,
sachant que s'il gère convenablement la firme, les résultats
seront positivement affectés,
- la nature fixe la réalité des résultats
de la firme, avec une certaine probabilité p,
- le manager décide ensuite de divulguer,
fidèlement ou pas, les résultats de la firme,
- la nature fixe le type de l'auditeur, peu ou très
professionnel, avec une certaine probabilité, ou plutôt on peut
dire que le manager se fait une idée sur le type d'auditeur et
décide d'affecter une croyance -téta- à l'occurrence de
chaque type, qu'il révisera (par la règle de Bayes) à
chaque période,
- l'auditeur entre alors en action, pour décider de
vérifier, convenablement ou pas, les propos du manager.
Généralement, si l'auditeur est très professionnel, et
pour préserver un certain niveau de réputation, il décide
toujours de bien vérifier. Le doute reste lorsque l'auditeur est de type
faible,
- si l'auditeur est diligent, il découvre
sûrement si les rapports du manager sont mensongers ou pas. S'il
n'est pas diligent, il ne peut pas découvrir la réalité
des résultats de la firme,
- En ayant en main les deux rapports, le propriétaire
est en mesure de réagir : si le rapport du manager est
indésirable, il paie les deux joueurs. Si le rapport du dirigeant est
désirable, et que le rapport de l'auditeur est indésirable, il
paie aussi les deux joueurs en pénalisant le manager. Si le rapport de
l'auditeur est désirable, le propriétaire décide, avec une
probabilité q, d'investiguer le type de l'auditeur ou pas (cette
probabilité est due au coût exorbitant de l'investigation).
L'investigation donnerait un signal r sur le type de l'auditeur et le
propriétaire paiera les deux joueurs avec ou sans
pénalité.
- Enfin, toutes cette succession d'actions sus-citée se
répète T-1 fois.
67 Kreps donne, comme explication, l'exemple suivant : Kreps D.A.
[1993, p. 25, Fig.3.7.(a),(b) & (c) ].
A Strategic form game and three corresponding extensive
form games
Figure 15 : remarque de Kreps sur la forme extensive
En quoi consiste, alors, notre analyse critique du modèle
DA [1999] ? Elle touche, essentiellement, quatre points :
1. l'aléa moral du modèle est impur, mais
il ne doit pas être considéré comme un modèle mixte
d'aléa moral et de sélection adverse, une discussion sur le type
de l'auditeur suit,
2. la théorie des coûts de transaction dit que
l'opportunisme des joueurs peut ne pas être systématique,
alors que la théorie des contrats qui génère ce
modèle dit qu'il est systématique, et sa rationalité
illimitée, substantive,
3. et le plus important est que son concept de
réputation de l'auditeur prête à discussion, surtout au
niveau de la construction des croyances du manager envers le type de
l'auditeur :
MODÈtE D'AtIA MORAt AVEC INFORMATION
CACI-l7E 44
~ÈRE CRITIQUE 44 tE T~E D'AUDITEUR
Comme il est écrit précédemment, les
modèles de l'interaction stratégique d'audit sont une application
de la théorie des contrats à l'audit. La théorie des
contrat (contract theory) est, en fait, souvent confondue à tort
à la théorie d'agence. La théorie des contrats
opérationalise, modélise, l'aléa moral, la
sélection adverse et les signaux dans un cadre de marchandage en
monopole bilatéral, alors qu'elle se suffit à construire dans un
cadre d'agence certains de ses modèles, et non pas tous. Il faut, par
conséquent, différencier entre théorie d'agence (agency
theory) et cadre d'agence (agency settings) : La théorie d'agence
de Jensen et Meckling est l'application de la théorie des contrats
à la finance d'entreprise au sens de Salanié Bernard
M68.
Alors que le cadre d'agence englobe les risques
inhérents à une relation de principal-agent au sens de
Stackelberg LU 69, c'est à dire en confiant tous les
pouvoirs de négociation ou marchandage à un seul agent des deux,
celui le moins informé, dans certains cas et en proposant comme solution
un contrat « conditionnel ». La relation de délégation
ou de mandat sert bien ce paradigme de Stackelberg. La théorie des
contrats repose bien sur le paradigme Principal-agent, mais la
délégation, le mandat, ne sert pas tous les modèles de la
théorie des contrats.
LU68 Pour mieux approfondir ce point, voir «
the Economics of contracts » MIT Press 1997, de Bernard Salanié, et
« An Introduction to the Economics of Information : Incentives and
Contracts » Oxford University Press, 1997 de Ines Macho-Stadler et J.
David Perez-Castrillo.
LU69 Avant même que la théorie des
jeux ne soit née, Heinrich Von Stackelberg, (élève de
Schumpeter J.A.), a inventé ce concept de Principal- Agent, en 1934 dans
« the theory of the market economy », concept qui est devenu
paradigme ensuite. Le Principal est le « leader » de Stackelberg,
c'est l'agent qui propose le contrat (en duopole), qui joue le 1er, et qui est
souvent en position informationnelle inférieure, mais il a, souvent,
tout le pouvoir de négociation. L'autre est appelé Agent, c'est
le « follower » de Stackelberg, et il est le mieux informé
dans cette relation économique (de marchandage en monopole
bilatérale ou en duopole). L'utilité du follower y est un
paramètre qui lorsqu'il
La théorie des contrats n'est pas la théorie
contractuelle comptable de Watts et Zimmermann Q70 : La théorie des
contrats est une approche économique déductive (innovatrice),
alors que la théorie contractuelle comptable utilise une approche
essentiellement positive (empirique) et inductive. Mais une liaison forte les
caractérise puisqu'elles sont pratiquement complémentaires : la
théorie financière d'agence est une théorie
économique qui essaie de donner une solution à l'asymétrie
d'information et à l'opportunisme de l'agent; cette solution c'est
l'établissement d'un contrat qui réduit la rente informationnelle
de l'agent le plus informé. La théorie positive
politicocontractuelle explique la relation entre le type de contrat dans un
cadre d'agence particulier (la rémunération du dirigeant, de
l'employé, des créanciers...) et les choix comptables qui en sont
induits. En d'autres termes, l'une étudie la cause et essaye de
prédire et l'autre étudie la cause et essaye d'expliquer par des
données réelles. La théorie politico-contractuelle
positive de W&Z n'a pas pour objectif de vérifier empiriquement la
théorie des contrats ni d'expliquer si le contrat est la « bonne
» solution ou non, le contrat est « chose acquise » pour elle.
Néanmoins, Belkaoui [1997, p.411 fait cette distinction entre
modèle d'agence (ou principal-agent) et théorie d'agence, mais
prétend que la théorie d'agence est à la base de toutes
les recherches en comptabilité ! en fait, il incluent tout relativisme
contractuel dans le terme « agency », selon ses propres termes.
En somme, la théorie des contrats essaye
d'établir un « pont » entre la théorie pure de la
nouvelle micro-économie et la comptabilité. Ses modèles
mathématiques analytiques sont très diversifiés : ils
peuvent être statiques ou dynamiques, peuvent traiter des contrats
complets ou incomplets et la relation qu'ils étudient peut être
bilatérale ou multilatérale... Cette relation est
généralement établie entre « agent » ou partie
informée, dans le sens qu'elle détient les informations utiles
pour la bonne conduite de l'interaction, et « principal » ou partie
non- informée, celle qui généralement propose le contrat
et devient en position de « Leader de Stackelberg ». Tout l'enjeu,
dans une relation de contrat, se joue sur l'information qui circule entre les
parties. En général, on peut distinguer entre ces contrats par
:
n Ce que fait l'agent (actions),
n Ce que est l'agent (caractéristiques),
et par la forme stratégique du jeu :
n L'initiative appartient au principal,
n L'initiative appartient à l'agent.
On obtient alors les quatre combinaisons de la figure 12 :
varie, décrit la frontière efficace de laquelle est
induit l'équilibre de cette relation économique. [Pensées
économiques, T. II (Stackelberg)]. Q 70
Appelée aussi par Missonier-Piera F. [1997, p.21 « théorie
politico-contractuelle positive ».
Initiative du eu
q
Partie Informée
Partie non-Informée
Signaux
Sélection Adverse
Aléa Moral
(Théorie non modélisée)
Les modèles de signaux (signaling) correspondent aux
situations où l'agent a l'initiative du jeu et où le principal ne
connaît qu'imparfaitement les caractéristiques de l'agent,
q Les modèles de sélection adverse (ou
d'auto-sélection, selon Salanié B.) (adverse selection)
correspondent aux situations où le principal a l'initiative du jeu et
où il ne connaît qu'imparfaitement les caractéristiques de
l'agent,
q Les modèles d'aléa moral (moral hazard)
TYPOLOGIE DES MODèLES EN
THéORIE DES CONTRATS
correspondent aux situations où le principal a
l'initiative du jeu et où il ne connaît qu'imparfaitement les
actions de l'agent 1M11 71,
q Le quatrième quart, là où l'initiative
appartient à la partie informée et où la partie non-
informée connaît imparfaitement les actions de la partie
informée, « est d'intérêt empirique limité et
n'a pas fait l'objet d'études théoriques » Salanié B.
[1994, p : 5].
Si le modèle de base de l'aléa moral pur se
présente ainsi, :
q
Aléa Moral Pur
Contrat PA
Accepte
Rejette
A
Paresse
Effort
N
N
Mauvais résultat
Mauvais résultat
Bon résultat
Bon résultat
Figure 12
Le principal (P) propose un contrat (avec incitation),
q L'agent (a) décide de l'accepter ou pas,
q S'il l'accepte, et sachant les conditions de l'incitation,
il peut montrer de l'opportunisme et décide de ne pas fournir l'effort
voulu par le principal (objet de l'incitation),
q Souvent, dans les modèles d'aléa moral, la
nature (N) décide (exogènement et souvent aléatoirement)
du résultat de cet effort de l'agent.
Le modèle de base de la sélection adverse pure est
schématisé ainsi (ex : assurances) :
Sélection Adverse Pure
N
Type 2
Type 1
P
P Contrat A
Contrat
A
Rejette
Accepte
Accepte
Rejette
Figure 13
q La nature (N) décide du type ou de la
caractéristique (cachée) de l'agent, l'assuré. (ex :
type 1 est un agent trop risqué...)
q Le principal (P), l'assureur, propose un contrat à
l'agent, tout en étant incapable d'identifier son type, (il a un seul
ensemble d'information --en pointillé- contenant deux noeuds).
q L'agent (A), à son tour, décide d'accepter ce
contrat ou pas.
q Les clauses du contrat doivent maximiser l'utilité
de l'assureur et celle de l'assuré, à travers la
négociation de la « quantité » de risque à
couvrir et à quel coût 1M1172.
1M1171 Le terme « aléa moral » (et
son modèle) a longtemps été confondu au terme «
agence » (agency). Voir, par exemple, Melumad & Thoman 11990, p.77, en
end-note n°11.
1M1172 Ces équilibres se basent sur le
concept de prime équitable de couverture du risque : si le principal
propose 2 types de contrats, à prime
faible et à prime élevée, pour essayer de
distinguer entre les agents, tous choisiront les contrats à prime
faible, y compris les agents de type
« conduite négligée », par exemple, et
l'assureur réalisera des pertes, puisque la prime est trop faible par
rapport à la fréquence ou
probabilité d'occurrence des accidents des conducteurs
négligents. La prime équitable traduit le minimum de perte pour
tous les joueurs.
Qu'en est-il du modèle DA (1999.1 ?
Aléa Moral avec Information
Cachée
Contrat PA1
Rejette
Accepte
Type 1 N
Type 2
A2
A2
Paresse
Paresse
Effort
Effort
N
N
N
N
Les jeux à information asymétrique sont
divisés en jeux à aléa moral, où les agents sont
identiques, et en jeux à sélection adverse, où les agents
sont hétérogènes. Mais il existe des jeux à
aléa moral, qui ne sont pas purs, puisqu'ils présentent aussi une
structure similaire à celle de la sélection adverse. Dans ce type
de modèle, les agents présentent une
hétérogénéité de caractères : Ces
modèles sont effectivement des modèles d'aléa moral, mais
qui comportent une information cachée sur le type de l'agent, ou de l'un
des agents. La résolution du eu reste toujours focalisée sur
l'action de l'agent, et non sur son choix du contrat, et l'agent accepte
toujours le contrat, dans ce type de modèle, avant de connaître
l'information. La forme extensive du jeu se présenterait alors comme la
figure 15 ci-contre :
Cette structure de jeu s'applique exactement sur le
modèle DA [1999.1 : En fait, après que le dirigeant ait
accepté son contrat, il s'avère que l'auditeur présente
une hétérogénéité de caractère : il
est soit « strong », professionnellement très diligent,
quelques soient les circonstances, soit « weak », c'est à dire
peu diligent, préférant ne pas, ou peu, recourir à des
tests consistants d'audit, et donc coûteux. En plus cette
hétérogénéité n'est observable ni par le
dirigeant ni par le propriétaire. Ce qui insinuerait une structure de
sélection adverse dans le modèle. Datar et Alles disent bien
à ce sujet :
« 1, auditor type as modeled in this paper is an
exogenously determined but unobservable variable. » 11999,
p.402.1
Mais, une structure de sélection adverse signifie que
d'une part, la nature fixe le type de l'agent avant que le principal n'ait
proposé le contrat, ce qui n'est pas le cas ici, et que d'autre part,
l'issue du jeu soit atteinte par la simple acceptation ou refus du contrat et
non pas par le choix d'actions suite à l'acceptation du contrat, ce qui
n'est pas aussi le cas ici. L'issue du jeu à structure d'aléa
moral impur reste toujours focalisée sur les actions de l'agent et non
sur son acceptation ou refus du (ou des) contrat proposé.
Mais que signifie au juste être un auditeur weak ou un
auditeur strong ? quelle est la différence entre un type et une action :
autrement dit, ne peut-on pas être weak et être tout le temps
diligent ? et pourquoi un auditeur strong ne peut jamais manquer de diligence
?
AUDITEUR « STRONG » : Pour DA [1999, p.408],
un auditeur « strong » est un auditeur honnête et qui fournit
toujours l'effort effectif d'audit. Pour que ce type d'auditeur puisse
conserver cette caractéristique, rester strong, il devrait avoir une
utilité émanant de l'effort supérieure à celle
émanant de la paresse, DA [1999, p.414] :
- en attribuant une importante utilité aux
externalités positives possibles qui émanent de l'exercice
d'audit, telles que une meilleure maîtrise du secteur d'activité
du client audité, ou une meilleure habileté ou savoir-faire en
audit...
- ou en ayant toujours la possibilité financière
d'entretenir un coût adéquat d'audit, au cas ou l'auditeur est
financièrement robuste et dispose d'une gestion intelligente de ses
coûts,
- ou en ayant une logique de long terme, il débourse
le coût adéquat d'audit aujourd'hui, pour mieux rentabiliser (en
minimisant les coûts) d'efforts futurs de conseil en gestion, pour la
même firme ou dans le même secteur d'activité...
En plus, Datar et Alles affirment que l'auditeur, même
s'il est strong, ne recourt pas à des tests consistants d'audit, lorsque
le manager rapporte un résultat indésirable, puisque ce dernier
dit nécessairement la vérité dans ce cas.
Là, la réalité des choses diffère
: Dans la vie des affaires, il est difficile, même pour le
propriétaire d'une firme, de distinguer entre résultat entre
désirable et non désirable EU73 : ce seuil
est trop vague pour être opérationnel. Par conséquent,
l'auditeur strong fournit toujours l'effort dicté par les normes
et l'éthique professionnelles, quelles que soient les circonstances,
quelles que soient les divulgations du manager. Apparemment, DA [1999, p.404,
end-note 5] n'ont pas voulu trop approfondir cette distinction «
désiré -- non désiré » :
« ... Note also, that these outcomes xn and
xd could represent a realization from a set of possible values. This will not
change our results as long as the range of the sets are non-intersecting,
and so it is clear from a realization of xi whether it represents a bad
outcome or a good one. »
À vrai dire, ce n'est pas du tout clair dans leur
modèle comment cette distinction s'opère, entre résultat
réalisé désiré et résultat
réalisé non désiré : Mais il faut noter que pour
utiliser le modèle de Kreps et Wilson [1982a] de la réputation et
de l'équilibre séquentiellement rationnel, il faut disposer de
stratégies discrètes. Si le résultat de la firme aurait
été un continuum, il ne leur aurait pas été
possible de continuer dans cette démarche. DA [p.408] ont aussi
avoué que les actions aussi sont en réalité un continuum,
mais par souci de simplification pour la modélisation, ils ont
73 Surtout s'il s'agit d'un résultat
financier et non de gestion, ou budgétaire ou prévisionnel... une
perte est toujours non désirée, mais il y a des pertes qui sont
plus désirées que d'autres. Pour les bénéfices, ils
sont toujours désirés, mais leur champs du possible est
infini...À vrai dire, la remise en cause de cette hypothèse,
entraîne nécessairement la remise en cause d'une autre : celle que
le manager ne ment pas dans le cas d'un résultat rapporté
indésirable.
Q 74 Cette remarque, ils l'ont surtout
faite pour les actions de vérification par l'auditeur : « Clearly
in practice, there is a continuum between a thorough audit and a negligent one
». L'audit n'est d'ailleurs pas une seule action à décider,
c'est tout un enchevêtrement d'actions, de décisions, et de
jugements qui génèrent à la fin une opinion d'audit.
Q75 Le manager a la faculté de
découvrir la paresse de l'auditeur, puisqu'il peut observer ses actions,
mais il n'a aucune influence sur ses payoffs positifs (c'est le
propriétaire qui les payent) ni sur ses payoffs négatifs
(l'auditeur doit les payer au propriétaire si ce dernier, et non le
manager, le découvre négligent). Mais le seul effet dû
à cette situation, est que le manager serait plus tenté de
choisir wn et de mentir si (xi=xn). Il faut noter en plus que les
modélisateurs ont exclus de leur modèle toute forme de collusion
entre le manager et l'auditeur.
restreints tout le champs des actions possibles en deux actions
seulement, désirée et non désirée
Q74.
Dans la réalité des choses aussi, si un
auditeur strong fournit toujours un effort consistant quelque soit la
divulgation du dirigeant, un auditeur strong, aussi, peut être
amené à être négligent dans son travail, mais
rarement, suite par exemple à des difficultés financières
passagères, ou à un départ brusque d'un membre pivot de
l'équipe d'audit...
AUDITEUR « VVEAK » : Sommairement selon DA
[1999, p.4141, ce type d'auditeur n'attribue pas une forte utilité
à tout ce qu'intéresse l'auditeur strong :
- Il doit avoir une structure d'utilité qui
privilégie la paresse à toute autre forme d'externalités
positives dues à l'effort...
- C'est un auditeur qui a une structure de croyance
particulière aussi : il n'affecte ni une grande probabilité au
fait de pouvoir être découvert par le propriétaire, ni un
grand coût d'ailleurs (synonyme de l'utilité réduite de la
pénalité) gil75.
Mais l'auditeur weak ne peut pas être tout le temps
négligent : comme disent DA [p.4151, ce type d'auditeur a un double
objectif à réaliser :
1. Il veut encourager le propriétaire à ne jamais
rompre son contrat d'audit,
2. il ne veut pas se laisser découvrir par le manager
pour l'encourager à ne plus mentir, et garantir ainsi un niveau minimal
de coût d'audit à dépenser (consistance des tests à
effectuer).
La stratégie optimale de l'auditeur weak serait, donc,
de fournir l'effort effectif d'audit, en début du jeu, pour donner une
apparence d'auditeur strong. Ainsi, le manager serait poussé à au
moins ne pas mentir (pousser le manager à choisir wd n'est pas un
objectif pour l'auditeur) pour ne pas être découvert par
l'auditeur « apparemment » strong et ne pas risquer le paiement de la
pénalité j9 au propriétaire. Puis, une fois un
semblant de bonne réputation construit, l'auditeur peut «
rentabiliser » sa mission en cessant d'être diligent, et en «
mimant » le rapport du manager, jusqu'à la fin du jeu.
Sommairement, cette distinction du type de l'auditeur
paraît très vulnérable, elle semble n'être
qu'un artefact, nécessité pour les besoins de la
modélisation, afin de générer endogènement le
concept de réputation : Elle repose sur des hypothèses qui
sont elles-mêmes fortement discutables, et soumises à des
valeurs de jugement personnelles de la part du manager, du propriétaire,
et de l'auditeur lui-même :
H si l'auditeur choisit id pour une période
donnée, DA supposent qu'il saura avec certitude le
résultat réel de la firme xi , il éliminera
ainsi tout risque de détection : Or, un risque ne peut jamais
être nul, et un auditeur, même le plus performant, ne peut jamais
être certain de connaître le résultat d'une firme,
il peut l'approcher mais pas avec exactitude,
H si l'auditeur choisit l'action in , DA supposent qu'il
ne peut catégoriquement pas découvrir le
résultat réel de la firme pour une période donnée :
Or l'audit est une activité basée sur les tests, faits
par échantillonnage essentiellement, le hasard peut jouer alors des
mauvais tours au bon auditeur et peut porter chance au mauvais
auditeur. Ce qui est sûr, c'est que plus un auditeur est
diligent, plus il a de chances de découvrir la réalité.
S'il est négligent, cette chance, pourtant, ne peut pas lui
être nulle,
H les actions id et in de l'auditeur (qui
différencient entre les deux types d'auditeurs, selon
l'histoire du jeu) sont supposées par DA distinctes
(discrètes) : Or, DA eux-mêmes avouent que l'audit, en
réalité, est un continuum d'actions (voir note n°
Q61) et qu'il s'agit là surtout d'une simplification pour
des fins d'aise en modélisation,
H enfin, le fait de rapporter un résultat mensonger
indique un résultat supérieur ou inférieur au
résultat réel, l'indice d et n devraient être
explicités dans ce sens. DA ont seulement indiqués que
xd et xn , ne doivent être considérés que comme une
réalisation parmi un ensemble de valeurs possibles, l'important
est que ces ensembles n'aient pas d'intersections non vides
entre-eux...
En bref, cette première critique à la
mécanicisité du modèle DA [1999] se résume dans le
fait qu'il est difficile de distinguer entre les deux types
d'auditeurs, bien que cette distinction s'avère centrale pour
la formation de la réputation de l'auditeur. La réputation, en
elle-même, est une notion vague, ambiguë. C'est un concept
qu'on ne peut qu'apprécier globalement et non mesurer
exactement.
Une seconde critique, dans ce même cadre, est faite
à la nature de la rationalité des joueurs de ce
modèle et à la nature de leur opportunisme :
CONTRIBUTION DE ~A T~i ORIE DES COÛTS DE TRANSACTION
~
e'ME CRITIQUE RATIONAITi ET OPPORTUNISME
Entre la théorie des contrats et la théorie des
coûts de transaction, il y a désaccord sur la limitation de la
rationalité, sur sa dynamique et sur l'opportunisme de l'agent :
Williamson O.E., « fondateur » de la théorie des coûts
de transaction, regroupe ces points dans ce qu'il appelle les « attributs
» de la transaction touchant aux « capacités cognitives »
des agents Q76 : Examinons d'abord si la rationalité dans la
théorie des contrats est limitée ou pas et est dynamique ou pas.
Ensuite, examinons si l'opportunisme de l'agent dans la théorie des
contrats est systématique ou conjectural : la réponse à
ces questions nous aiderait à accentuer ou à nuancer notre
critique contre la mécanicisité de la modélisation en
audit.
RATIONA~ITi DES JOUEURS ~
Dans presque toute relation économique, il existe de
l'imprécision et/ou de l'incertitude sur ce que ferait l'Autre
vis-à-vis de nous. Pour contourner cet aspect, il faut recourir à
créer un « système garde-fous » qui puisse
rétablir la confiance dans la relation économique
(vis-à-vis des individus et des aléas de la nature) et faire
converger les comportements des individus vers une situation
d'équilibre. Une clause incitative, à titre d'exemple, dans un
contrat quelconque, constitue bien un système « garde-fous
».
Le principal, dans une relation économique, n'a pour
rôle que de créer un système garde-fou, qui essaye de lui
garantir un certain comportement de la part de l'agent avec lequel il est en
relation. Selon Shackle G.L.S., Créer veut dire avoir de
l'intuition et de la logique. Pour que ce principal crée un
système efficace, il doit avoir donc de l'intuition et de la logique.
Commençons par le point sur la logique, la discussion sur l'intuition
suivra :
Q76 Selon Missonier-Piera Frank 119971, la
théorie des coûts de transaction, initié par Coase R. (en
1937) ensuite développée par Williamson O.E. (en 1975),
s'intéresse exclusivement à la transaction, elle avance les
postulats suivants :
q le fonctionnement du marché a un coût :
l'information n'est ni homogène ni gratuite, il faudrait faire un
choix entre internaliser une transaction dans la firme (substitution du
marché par la firme) ou la laisser au marché, ce choix est
basé sur l'importance du coût de l'internalisation par rapport au
coût du marché,
q l'incertitude fait qu'il est impossible d'avoir des
contrats complets, et surtout si la transaction s'étale dans le temps,
puisque les capacités cognitives des agents sont limitées :
rationalité limitée, et tendance vers l'opportunisme
ou « hold-up behavior » (et non pas agent systématiquement
opportuniste comme suggère la théorie des contrats et la
théorie néoclassique), l'opportunisme ex-ante ici conduit
à la sélection adverse et l'opportunisme ex-post à
l'aléa moral (contractualisation dynamique),
q les dimensions de la transaction, sont l'incertitude
(=> contrats incomplets), la fréquence (concerne les
événements non probabilisables) et les actifs
spécifiques (influencent le « hasard contractuel ») qui
induisent un processus dynamique de contractualisation. Ces dimensions
concourent pour réaliser la « transformation fondamentale » de
Williamson.
Mémoire de DEA-Comptabilité - ISCAE -
Décembre 2001 Analyse Critique de la Modélisation en Audit
Chapitre II - page : 66
La logique, elle, dicte de lier le bonheur de l'Agent au
bonheur du Principal : Si cette liaison est, en plus, automatique, le
comportement voulu de la part de l'Agent serait garantit. Le contrat
peut-être conçu, alors, comme une matérialisation de cette
logique mécanique, mathématisée abstraite. Du coup, le
degré de finesse des clauses (incitatives et autres) du contrat
traduirait le niveau de « prévention » de ces
imprécisions et incertitudes inhérentes à toute relation
économique.
Par cette analyse logique, la théorie des contrats
réussit à appliquer, d'une certaine façon, le concept de
« rationalité illimitée » des
néo-classiques : une rationalité d'un décideur qui sait
où il est ( toutes les informations concernant les joueurs, les
stratégies, et les aléas : en somme les règles du jeu ) et
qui sait où il veut aboutir ( les effets sur son utilité propre
et les situations d'équilibre possibles ).
Selon J-P. Chambon [1995, p.], cette situation est très
bien décrite par Simon Herbert A., dès 1945. Il décrit la
rationalité illimitée, qu'il appelle « substantive »,
comme simple, parfaite, objective, et applicable nécessairement par
rapport à un objectif donné, et dans un environnement
certain et parfait traduit par un système de contraintes.
La recherche du meilleur choix, pour décider l'action à
entreprendre, est réduite à un simple calcul maximisateur.
Mais dès 1945 aussi, il commence à critiquer cette
rationalité substantive suivant trois axes importants :
1. « l'individu est incapable de dresser la liste des
toutes les décisions possibles et l'est d'autant moins que l'incertitude
est grande, (capacités informationnelles)
2. il est incapable d'évaluer correctement les
conséquences de chacune d'entre-elles, ce qui est d'autant plus
improbable que les alternatives sont complexes et nombreuses, (capacités
de traitement de l'information),
3. et est incapable de choisir les meilleures décisions,
c'est à dire de maximiser son utilité ou son profit. »
(seuil de satisfaction) J-P. Chambon 11995, p.441.
À partir de ces trois axes critiques, et jusqu'en 1957,
Simon réussit à développer son fameux concept de la «
bounded rationality » ou rationalité limitée, qu'il appelle
aussi « procédurale » : Simon M77, en fait, limite
la rationalité néo-classique aux moyens et aux fins
relatifs à l'individu. La figure suivante essaie -avec plus de mal que
de bien- de résumer les procédures de la rationalité
limitée, procédurale, de Simon :
77 Simon Herbert A., prix Nobel 78, est un
spécialiste d'intelligence artificielle. Il a été parmi
les pionniers à créer des programmes capables de démontrer
des théorèmes mathématiques. Sa femme psychologue l'a
beaucoup influencé dans sa tendance vers les sciences de la psychologie.
Il a été d'ailleurs longtemps Professeur des sciences de
l'ordinateur et de psychologie à l'Université de Pittsburgh... Il
a commencé à critiquer la rationalité néo-classique
dès 1945. En 1957 son concept de « rationalité
limitée » semble accomplit. En 1976, il conçoit le dualisme
rationnel. Mais en 1983, il révise la rationalité limitée
en lui ajoutant « l'intuition »...
Fixation de l'objectif
Problème de décision
Info non suffisantes ?
éATIONALIT LIMITéE CHE% SIMON H.A.
Recherche d'info
Incapacité
Recherche facile ?
oui
non
Choix & Décision
Traitement de l'info
non
Incapacité
Seuil de Satisfac -tion
Résultats
Incapacité
Figure 15 Q 69
Mais le mérite de Simon H.A., n'est pas simplement
d'avoir créé le concept de « bounded rationality »,
tant admiré par les économistes. Il est aussi, et surtout,
d'avoir considéré la rationalité «
illimitée » des néo-classiques comme un cas particulier de
la rationalité limité, à condition que certaines
caractéristiques de l'environnement de la décision existent.
C'est ce qui intéresse le plus notre discussion critique de la
théorie des contrats.
La rationalité d'un individu en situation de recherche
de solution pour faire un choix et décider d'une action à
entreprendre, se manifeste, selon Simon H.A., de deux façons possibles :
Si, sommairement, l'environnement de la décision est simple, certain et
parfait, là, l'individu doit user de la rationalité substantive
des néoclassiques. Si l'environnement est plus complexe, incertain, ou
turbulent, l'individu n'aurait pas d'autre choix que d'user de sa
rationalité limitée, qui est procédurale, puisque
séquentielle et adaptative. Elle est, en fait, limitée par les
propres capacités cognitives de l'individu, et adaptative par rapport
aussi à ces capacités cognitives.
Le tableau suivant résume les différences entre ces
deux dimensions complémentaires de la rationalité de Simon :
78 La notion de « délibération
» chez Simon englobe les deux étapes fondamentales : la
recherche d'information utiles à la décision et le
traitement de ces informations, en incluant aussi toute étape de
révision ou d'adaptation relatives à ces deux fondamentales. Mes
doutes de construction de ce schéma se portent sur la première
étape qui est la fixation de l'objectif. Il n'est pas clair,
d'après mes lectures, si la fixation de l'objectif se fait effectivement
lorsque l'environnement est turbulent, par contre, elle est certaine lorsque
l'environnement est simple...
Limité (info imparfaite et incomplète)
Limitées et propres à chaque individu Irréductible
(rôle de l'info)
Séquentielle, partielle et progressive Riche et
turbulent
Autres configurations de marché Règle de
satisfaction
Distincts, séparés dans le temps.
|
|
|
|
|
|
Volume d'information
Capacités de traitement
Délibération
Evaluation
Type d'environnement
Contexte du marché
Conséquence de l'hypothèse de rationalité
Processus d'évaluation et de choix
|
|
Illimité (info parfaite et complète)
Illimitées
Réductible au calcul parfait
Avant la prise de décision
Pauvre et stable
Concurrence pure et parfaite Optimalité des choix
simultanés
|
|
|
|
Tableau 8 : Comparaison rationalité limitée
& rationalité néoclassique
Source : Chambon J-P. [1995, p.40].
La théorie des coûts de transaction adopte le
concept de Simon. Face à toutes les incertitudes d'une transaction
économique (surtout celle à long terme) et les
imprécisions dues à l'inévitable incomplétude des
contrats, quels qu'ils soient, Williamson et Coase, sont convaincus que les
individus ne sont dotés que de rationalité limitée,
puisque leurs capacités cognitives sont aussi limitées. Ils ne
peuvent, en aucun cas, absolument tout prévoir dans un contrat pour
parer à toute forme d'aléa ou d'imprécision... Ils ne sont
pas en mesure de tout prévoir et de tout prendre en compte pour se
protéger contre tous les risques de la transaction (contre le «
contractual hazard »).
En plus, la rationalité de la théorie des
coûts de transaction est qualifiée de « dynamique »,
dans le sens qu'elle opère à travers le temps : En fait, dans la
théorie des contrats, le coût d'agence est le coût, que
dépenserait le principal, ou bien que gagnerait l'agent, relatif
à :
q l'effort de prévenir, ex-ante, le plus exhaustivement
possible, les alternatives de l'échange,
q et à l'effort de respecter les stipulations du contrat,
ex-post.
Là, la théorie des contrats est moins
avancée que la théorie des coûts des transactions sur
certains aspects : Ces deux points sont appréhendés par la
théorie des contrats de façon exogène : Les deux agents
économiques (le principal et l'agent) doivent en fait tout «
gérer » ex-ante, de telle façon à ce que,
après la réalisation de la transaction, la renégociation
du contrat soit assez coûteuse et inhibe toute « gestion »
du contrat ex-post. Tout se joue (et doit être fixé), donc,
avant la transaction.
Selon Missonier-Piera Frank [1997], la théorie des
coûts de transactions, par contre, considère qu'il y ait «
vie après la mort », qu'une gestion d'autres risques (moraux
surtout) doit exister et être prise en compte après la
réalisation de la transaction. Cette discussion se base surtout sur la
notion des capacités cognitives des agents économiques :
Selon Williamson, il s'agit là d'une
limitation de la rationalité des individus : Mais ce
qui différencie la rationalité dans la théorie des
contrats et celle dans la théorie des coûts de transaction, est
que la rationalité dans la théorie des coûts de transaction
est « dynamique » ; elle opère à travers le temps : une
rationalité limitée existe avant la réalisation de la
transaction, pour gérer la sélection adverse et une
rationalité limitée existe, après, pour gérer
l'aléa moral. Ce concept est appelé : « contractualisation
dynamique ».
En fait, la théorie des contrats en sélection
adverse, stipule qu'ex-ante, l'agent le plus risqué, choisira le contrat
qui couvre le plus de risque. Mais, la théorie des coûts de
transaction, puisqu'elle accepte qu'il y ait rationalité ex-post,
stipule que l'agent, de n'importe quel type qu'il soit, une fois le contrat
établit et accepté, pourrait être opportuniste et «
montrer » de l'aléa moral : Si son contrat couvre très bien
le risque d'accident routier, par exemple, il va en profiter et devenir encore
plus négligeant en conduite, de telle façon qu'il augmente
l'occurrence de ses accidents ! Ce qui traduit en bref, de la sélection
adverse ex-ante simultanée à de l'aléa moral ex- post.
Salanié B. (2000, p.5], dans une communication au congrès de
Seatle, résumant les travaux empiriques de la théorie des
contrats, évoque ce problème pour le marché de l'assurance
maladie à travers les tests empiriques y relatifs :
« One of the most debated issues regarding health
insurance is the impact of deductible on consumption. It is a well established
fact that, in cross sectional data, better coverage is correlated with
higher expenditure levels. But the welfare implications are not
straight-forward. If incentives are the main explanation, deductibles or
co-payments are likely to be useful, since they reduce over-consumption.
However, should selection be the main driving force, then limits on the
coverage level can only reduce the insurance available to risk averse agents
with no gain in terms of expenditure. The result is an unambiguous
welfare loss »
Qu'en est-il avec la rationalité dans la théorie
des contrats ?
EST-CE QUE LA THéORIE DES CONTRATS ADOPTE LE CONCEPT DE
RATIONALITé LIMITéE ?
En d'autres termes, est-ce que la modélisation d'audit
se place en rationalité limitée ou illimitée ? Là,
la réponse ne semble pas claire : En fait, certaines apparences
pourraient donner une réponse affirmative :
- Certains modèles présentent une issue
d'équilibre dont les payoffs sont loin d'être optimaux, ce qui va
de pair avec le seuil de satisfaction de Simon et non le maximum
d'utilité des néo-classiques ou optimalité paretienne, en
tant que règle de décision,
- certains modèles d'équilibre, comme celui
« séquentiellement rationnel » fonctionnent apparemment par
une logique procédurale, auto-satisfaisante, plutôt que par
logique maximisatrice intransigeante,
- en plus, il nous a été difficile de trouver
des documents qui traitent adéquatement ce point : le seul
document qui puisse jeter quelques lumières sur la question est une
communication faite par Missonier-Piera Franck, lors du 8ème
congrès mondial de l'A.F.C. et l'I.A.A.E.R., de Paris en 1997.
Ce chercheur suisse en théorie comptable a présenté un
tableau qui essaye de positionner trois théories, la
théorie économique pure néo-classique, la
théorie économique pure des coûts de transaction
et la théorie politico-contractuelle comptable positive
(empirique, de Watts & Zimmerman) selon certains paradigmes
économiques purs :
Rationalité
|
Oui
|
limitée
|
limitée
|
Opportunisme
|
Non
|
Oui
|
Oui (parfois)
|
Incertitude
|
risque
|
Oui
|
Oui
|
Information
|
parfaite
|
asymétrique
|
non homogène
|
Contrats incomplets
|
Non
|
Oui
|
Oui
|
Gestion des contrats
|
instantanée
|
ex-ante
|
ex-post
|
Unité d'analyse
|
échange
|
individu
|
transaction
|
Dimension principale
|
prix
|
asymétrie d'intérêt
|
spécificité des actifs
|
Coût principal
|
coût de production
|
perte résiduelle
|
réajustement
|
Résolution des conflits
|
minimiser les coûts de production
|
minimiser les coûts d'agence
|
minimiser les coûts de transaction
|
|
Tableau 9: Comparaison des trois théories I paradi~mes
Source : Missonnier-Piera F. [1997].
- il est évident que Missonier-Piera se base sur la
théorie d'agence pour « remplir » la colonne de la
théorie positive comptable. Or, la théorie d'agence, comme nous
l'avons précisé auparavant, n'est que l'application de
la théorie des contrats à la finance d'entreprise. Ce
qui nous permet de conclure que puisque la théorie positive
comptable admet une rationalité limitée, selon la
première ligne de ce tableau, la théorie des contrats
l'est aussi, et ainsi la modélisation en audit le serait aussi,
puisque tout se base essentiellement sur l'agence,
- Reste un point qui ne semble pas clair dans cette
discussion « rationnelle » : l'intuition :
En fait, entre 1945 et 1957, le concept de rationalité
limitée semble accomplit. Mais en 1983, Simon avoue que sa
rationalité limitée doit inclure l'intuition, et il la
définit comme :
« ...la capacité de reconnaître une
configuration de choix déjà rencontrée par le
passé et à retrouver en mémoire des
éléments que l'on a appris à son sujet. »
Chambon J-P. 11995, Chap IV, p. 401.
Cette nouvelle notion entrerait, selon Simon, dans deux
dimensions de la rationalité limitée de 1957: Simon dit en fait
que :
« - il ne suffit pas qu'un choix s'opère
conformément à la recherche d'un objectif pour le rendre
rationnel, car il doit résulter également d'une
délibération L 79, par ailleurs susceptible de
comporter une part d'intuition,
- la délibération est irréductible au
calcul car elle invente pour partie les objets qu'elle manipule,
notamment lorsque l'intuition joue un rôle dans le processus
décisionnel. »
Chambon J-P. 11995, Ch. IV, p. 41J
En d'autres termes, l'Homme invente, lorsqu'il est en train
de délibérer, c'est à dire rechercher, traiter et adapter
les informations disponibles, et il invente lorsqu'il est en train de faire un
choix pour décider son action économique. Est-ce que cette
invention, due à l'intuition, est alors inhérente à tout
modèle de la théorie des contrats ? L'intuition est non
maîtrisable par nature. Elle fait partie exclusivement de l'intelligence
humaine. Elle serait donc inopérante pour la théorie des contrat
? devrait-on, si les affirmations de Missonier-Piera F. sont vraies, faire une
analyse discriminatoire entre les modèles d'avant 1983 et ceux
d'après 1983 ?
Shackle G.L.S. de la « London School of Economics »
(de tendance école de Vienne), bien avant cette année 1983, a
parlé de l'intuition comme une composante de l'intelligence humaine et
qui a été tout le temps un ingrédient nécessaire
à la prise de décision économique, à la fixation de
choix et à la limite, à la construction de l'histoire humaine
unique en son genre. Les pensées subjectivistes de Shackle, pourtant,
s'inscrivent dans le courant de l'école autrichienne, qui prône le
« rationalisme positiviste ». Shackle dit que toute action comporte
de l'intuition et des suggestions, sans définir ces deux
concepts. Son modèle de la surprise potentielle (expliqué dans la
section suivante) se base en grande partie sur ces deux notions
non-maîtrisables. Mais la rationalité à l'autrichienne
s'oppose presque à la rationalité de Simon : Le rationalisme
positiviste dit que : « agir est rationnel », c'est à dire que
même les choix pris au hasard sont rationnels. Ce qui ne l'est pas chez
Simon, qui conditionne tout choix rationnel par la recherche et la
délibération.
Mais par rapport aux néo-classiques, la
rationalité de Simon comporte une part de subjectivisme, surtout
dans la composante intuition et le concept de seuil de satisfaction,
emprunté aux psychologues (analogue à leur « niveau
d'aspiration »). De telle façon que toute fixation de seuil de
satisfaction soit propre à chaque individu à part, et donc
très
79 La délibération est
définit comme ce qui « regroupe des procédures grâce
auxquelles l'homme s'adapte, au cours de la prise de décision,
à ses limites cognitives ». Le processus de décision, en
plus, souffre d'une « paresse » puisque l'individu choisit la
1ère alternative qui atteint ou dépasse le seuil de
satisfaction. Le niveau d'aspiration (seuil de satisfaction) n'est en fait pas
du tout équivalent à l'optimalité 1
difficile à modéliser. En addition, ce
seuil de satisfaction, qui est loin d'être l'optimum des
néo-classiques (maximisation de l'utilité), est un seuil mobile,
révisable, à chaque fois que l'individu, en situation de
décision économique, en sent le besoin.
Devant cette impasse de nature logique, et devant la
pénurie de documents qui puisse profondément traiter un tel
sujet, nous avons jugé utile de demander l'avis d'un spécialiste
de la théorie des contrats, Pr Salanié Bernard. Il a
affirmé alors catégoriquement que la théorie des contrats
ne se place pas en rationalité limitée M80.
Ce qui nous élimine tout espoir de retrouver une quelconque dimension
subjectiviste dans les modèles d'audit et nous pousse plus à
affirmer carrément l'aspect mécaniciste de ces modèles.
Quoique une certaine perplexité persiste, à
notre avis, vis-à-vis de cette affirmation : Lorsque Simon a
redéfinit la rationalité néo-classique, il l'a liée
à un environnement simple et stable. Chambon J-P. [1995, Ch. IV, p. 39]
dit expressément :
« L'auteur (Simon H.A.) expose en 1976 une conception duale
de la rationalité :
- la rationalité parfaite ou objective : s'exerce
lorsque l'individu dispose d'une information complète et
parfaite, elle s'applique donc au contexte de la concurrence pure et
parfaite. elle est aussi nommée rationalité substantive,
- et la rationalité limitée ou subjective :
forme le concept que Simon établit en 1957, celle-ci s'applique à
la quasi totalité des comportements réels des agents qui
disposent dans la majeur partie des cas d'une information
incomplète et imparfaite ».
Nous savons évidemment que la définition de
l'information « parfaite » et « complète » a
été faite par Harsanyi John en 1967. Entre 1967 et 1976, Simon
H.A. a eu bien le temps d'assimiler et de discuter ces nouvelles
caractéristiques de l'information. Nous pensons alors qu'en ayant
distingué les deux « formes » ou « dimensions » de
sa rationalité à travers le support de la distinction entre les
caractéristiques de l'information sus-citées, il a agit
intentionnellement et scientifiquement. Personne donc ne peut mettre en doute
le sérieux de ce prix Nobel dans ce qu'il a dit en 1976.
Les modélisateurs de la théorie des contrats
adopteraient-ils la rationalité limitée de Simon, pour
certains de leurs modèles, sans le savoir ?
Par conséquent, et d'après cette définition
duale de 1976, on pourrait déduire que les modèles de la
théorie des contrats, (ainsi que de la modélisation en audit)
peuvent être divisés en deux :
80 Par un e-mail datant du 26 Octobre 2001, Pr
Bernard dit expressément : « À ma connaissance, les
modèles de la théorie des contrats ne se placent pas en
rationalité limitée. On souhaite le faire, mais personne ne sait
vraiment comment faire. ».
- Ceux qui fonctionnent avec information certaine et parfaite,
sont des modèles auxquels on applique la rationalité objective
(maximisatrice des néo-classiques),
- alors que le reste des modèles, (à
information imparfaite et incomplète), sont des modèles auxquels
on applique de la rationalité limitée, subjective,
peut-être même sans le savoir ! On pourrait même
élargir ce groupe de modèles à ceux qui sont «
hybrides », qui usent d'information complète mais imparfaite ou
d'information parfaite mais incomplète...
Si cette déduction est vraie, alors notre
modèle de Datar & Alles [1999] devrait se placer en
rationalité limitée ! , puisque selon la Tableau 7 de la page 53,
l'information utilisée par ce modèle est incomplète et
incertaine. Par conséquent, la mécanicisité de notre
modèle serait plutôt nuancée.
Même si cette déduction est vraie, la question
de la modélisation de l'intuition va rester toujours sans
réponse : La définition de l'intuition de Simon de 1983 focalise
la mémoire, donc des faits passés, mais il revient et dit qu'elle
comporte une part d'invention, qui échappe à tout essai de
modélisation. La mémoire pourrait être
modélisée à travers l'histoire d'un eu pour un
modèle donné. Mais l'invention, qui est propre à chaque
individu, logiquement, ne peut pas être modélisée. Ce qui
revient à dire que peut-être la théorie des contrats adopte
la rationalité limitée de 1957. Mais est-ce qu'elle adopte la
rationalité limitée, intuitive, inventive, de 1983 ? Il est
très difficile de pouvoir répondre à cette question.
Passons maintenant à notre critique de la
mécanicisité de la modélisation en audit, et qui soit en
relation avec les apports de la théorie des coûts de transaction,
à travers l'opportunisme dans la théorie des contrats :
t' DANS Ll E DES
CONTRATS e E OU CONJECTURAI ?
Il s'agit de comparer entre la notion d'opportunisme dans la
théorie des contrats avec la notion équivalente en théorie
des coûts de transaction : La différence peut marquer un point de
plus contre la mécanicisité de la théorie des contrats, et
par la même, de la modélisation en audit.
La théorie des coûts de transaction « met
le doigt » sur un point assez important du discours économique
théorique : Un agent économique est-il opportuniste ? comment ?
l'est-il tout le temps ? le sont-ils tous sans exception ? Une telle critique
portée à l'opportunisme dans la théorie
des contrats, est beaucoup plus une critique à
l'utilitarisme de la théorie économique pure qu'une critique
à la théorie des contrats elle-même M81.
L'opportunisme n'opère pas si l'environnement de l'opération
économique n'est pas caractérisé par l'asymétrie
d'information. S'il opère, il est alors simultané à un
« manque de confiance » envers les agents plus qu'envers
l'opération.
Pour pouvoir répondre à ces questions, le
débat pourrait diverger profondément vers des questions portant
sur l'éthique économique M82. Néanmoins,
quelques idées brèves doivent être exposées
sommairement pour mieux situer cette discussion.
LES INSUFFISANCES DE L'UTILITARISME ECONOMIQUE FACE AUX
NOTIONS DE CONFIANCE ET DE BIENVEILLANCE :
Le système moral raisonné de l'utilitarisme se
fonde sur l'impératif de choisir entre plusieurs alternatives celle
qui apporte la plus grande somme totale de bonheur, sous entendu -à
soi d'abord, ensuite aux autres-. Ce qui fait souvent rapprocher l'utilitarisme
de l'opportunisme. L'anthropologie dans l'utilitarisme économique (ou
étude de l'Homme en économie), stipule que l'individu doit
être simplement rationnel : c'est à dire simplement et
uniquement maximisateur de son utilité propre, et il se contente
d'un classement de préférences unique et
multifonctionnel M83.
L'utilitarisme ignore la notion de confiance entre les
agents économiques lors du déroulement d'opérations
économiques, et il ignore aussi la bienveillance des agents entre
eux, qui touche à la solidarité sociale, à la prise en
charge des plus démunis, au rôle crucial de l'Etat en
matière d'éducation, de santé, de recherche et
développement...
La question de la « relation avec l'Autre » n'a, en
fait, jamais été posée dans le modèle
économique utilitariste M84. Pour Smith Adam,
qui est le plus modéré des utilitaristes, le
M81 Des libéraux comme Alchian et Friedman
arguent que « seules les firmes qui adoptent le comportement le plus
rationnel, c'est à dire le plus calculatoire, peuvent survivre à
long terme ». Chambon J-P. 11995, Ch.IV, p. 471.
M82 Je tiens ici à remercier vivement Mr
Raouf Yaich, qui m'a donné la possibilité d'enseigner avec lui
une matière que je trouve fort intéressante qu'est
l'éthique comptable. Il a surtout eu le grand mérite de m'avoir
inculquée comment « apprendre à apprendre,
indéfiniment ». Les développements de cette section
trouvent, alors, origine essentiellement dans la partie introductive de son
cours pionnier en Tunisie.
M 83 - Unique
:.........................c'est ce qui explique « l'atomicité
» des agents économiques,
- Multifonctionnel : ....... c'est ce qui est remis en
question par la Théorie des Choix Sociaux en ce qui concerne, par
exemple, le débat sur les fondements mathématiques de la
règle de majorité, pour les votes...
M84 - Positivisme : positivism,
ililililililililililililililil : Système philosophique d'Auguste
Comte, rejette la théologie (
ilililililililililililil) et les à priori de
la métaphysique en faveur de l'observation, de l'expérimentation
et de l'approche scientifique empirique, qui sont alors l'unique fondement
de la connaissance. Il considère que l'humanité passe par 3
étapes : théologie, métaphysique et positivisme
comme explication ultime des phénomènes. Ensuite, pour achever
l'ensemble du système, A. Comte crée la
Mémoire de DEA-Comptabilité - ISCAE -
Décembre 2001 Analyse Critique de la Modélisation en Audit
Chapitre II - page : 75
85 Problèmes économiques n°2637,
page 35.
86 Sen le qualifie d'idiot rationnel et de
demeuré social, puisqu'il ne se soucie que de sa propre utilité,
et semble n'avoir aucun engagement moral envers ni famille, ni
société, et ne subir aucune contrainte macro-sociale. Sen A. K.
11999, p. 861.
87 - une liberté positive
constituée de « droits potentiels » et de «
capacité » à convertir ces droits en ressources, (il faut
nécessairement que ces droits et capacités convergent),
- et une carte de droits à l'échange :
entitlement map : qui transforme les dotations (des vecteurs) en
disponibilités alternatives de biens.
problème de cette relation se résout de
lui-même : le bonheur du consommateur fait le bonheur du laitier, du
boucher, etc... Pour Amartya Kunar SEN, prix Nobel d'économie en 1998,
ce problème est appelé : relativité de l'agent. Sen A.K.
explique qu'à titre d'exemple, le salaire perçu en contre partie
d'un travail, est strictement conçu par l'utilitarisme comme une
rémunération individuelle, alors que dans la vie de tous les
jours, ce salaire est perçu comme « un mode de satisfaction
d'obligations familiales, communautaires puis de satisfaction des
préférences individuelles » M85.
Notre société d'aujourd'hui comporte fatalement
en elle-même les conséquences de ce type de philosophie
positiviste qu'est l'utilitarisme : Augmentation
généralisée des inégalités de revenu,
abandon, dans la vie économique comme dans la vie sociétale, des
valeurs morales en faveur de plus d'égoïsme, d'opportunisme, et de
dualisme éthique, etc...
Pour que sa critique contre l'utilitarisme soit constructive,
Sen A.K. arrive à démontrer qu'on peut concilier entre engagement
moral et rationalité économique : Dans sa théorie, qui lui
a valu un Nobel, l'individu n'est pas seulement rationnel Q86 : c'est
une personne libre (liberté conceptualisée
mathématiquement [1387) et responsable des autres. Sen
A.K. dit que : « La réflexion sur le sujet est
inséparable de celle sur le type de rapport que les personnes
entretiennent entre elles, notamment dans la recherche de la survie »
(relativité de l'agent économique). Son modèle
économique arrive à traiter aussi bien la « bienveillance
» que la « solidarité », que les « engagements
moraux ».
Sen conçoit aussi un seuil de conscience qui a
pour rôle de contourner l'impératif --utilitariste- de la
liberté (on ne peut être ni trop libre, ni pas libre du tout).
Alors que la plupart des économistes, de tendance libérale,
refusent de prendre en compte ces valeurs qui motivent les gens : le faire
serait s'ingérer dans les libertés individuelles. Sen
soutient la théorie traditionnelle
Sociologie.
- Utilitarisme : Utilitarianism,
ililililililil : Philosophie qui dit que l'économie se base sur le
principe du plus grand bonheur pour le plus grand nombre d'individus, c'est un
courant téléologique (il ililililililil) qui repose
sur la finalité et non les moyens mis en oeuvre pour réaliser
ce bonheur, donc cela peut se faire au détriment de certaines valeurs
morales.
- Hédonisme : Hedonism, ililililil :
Le modèle de décision moral de l'hédonisme, comme de
l'épicurisme, est de « rechercher le plaisir, pour soi et pour les
autres ». En effet, l'hédonistique est le principe des
économistes libéraux qui prêchent au maximum de jouissance
à moindre effort. Sauf que l'on confond souvent l'hédonisme
simple à l'hédonisme égoïste qui recherche le plaisir
propre de l'individu.
économique walrasienne, mais il affirme que : « La
réalité ignorée par l'utilitarisme est qu'il est
impossible de concevoir la théorie économique sans
ingérence dans « l'intouchable » liberté individuelle,
car certaines valeurs morales et éthiques sont
déterminées par les conditions matérielles des individus
et par leurs pratiques sociales » . Ce qui est sûr, c'est que la
clé de la résolution de ce problème de relativité
de l'agent, d'utilitarisme et de confiance dans les opérations
économiques, réside dans le « simple » classement des
préférences de chaque individu.
Toutefois, il est à noter que d'autres
économistes à conviction utilitariste, tel l'exemple de Harsanyi
John C. et d'Edgworth Francis Ysidro, ont aussi remis en cause cette
unicité de la structure néo-classique utilitariste des
préférences de l'individu : Il est opportun de citer au passage,
certaines réflexions inachevées de Harsanyi J.C. :
« La distinction importante qu'établit John
Harsanyi entre les préférences « éthiques » et
les préférences « subjectives » offre au sommet de la
structure (des préférences) une possibilité
supplémentaire : « les premières doivent exprimer ce que
l'individu préfère en fonction des seules
considérations sociales ou impersonnelles, et les secondes
doivent exprimer ce qu'il préfère en réalité, que
ce soit en fonction de ses intérêts personnels ou de tout autre
critère ». Sen A.K. 11999, p. 1071.
Edgeworth Francis Ysidro, utilitariste et pionnier de la
théorie des contrats, reconnaît aussi avec nuance que
l'égoïsme de l'homo ceconomicus est impur : l'individu
serait selon Edgworth
«
Courbe des contrats
Bien B
Courbes d'indifférence
Boîte d'EdEeworth
Bien B
Prix d'équilibre
un utilitariste mixte,...en admettant un élément
de sympathie pour autrui » M88. Edgeworth F.Y., a
admis depuis 1881 les notions de contrat, et de conflit, en créant la
courbe des contrats, qui traduit l'ensemble des allocations optimales au sens
de Pareto. Pour lui, il n'y avait nul besoin de « l'héraut de
Walras » (commissaire priseur) pour effectuer le tâtonnement du
marché vers l'équilibre, il suffisait d'une série de
renégociations de contrats provisoires préalables à la
réalisation de la transaction... Sa
« boîte » visualise la négociation et
l'adéquation entre les frontières efficientes, de chaque partie
au conflit, pour l'obtention d'un accord économique qu'est le
contrat. Pourrais-t-on alors en déduire que cet
« élément de sympathie pour autrui »,
dont Edgworth a parlé, réside simplement dans les courbes
d'indifférence de sa « boîte » ?
CI 88 Edgeworth 11881, p.1041 « Mathematical Psychics
», cité dans Sen A.K. [1999,p.871.
Bien entendu, un besoin en confiance ne naît que si
une asymétrie d'information existe au sein de l'opération
ou de la relation économique : Si l'on est obligé de recourir
à la confiance, c'est à dire à avoir confiance en
quelqu'un, avec qui on effectue des transactions économiques, c'est que
nécessairement on manque d'information le concernant : sur ce qu'il fait
ou ce qu'il est.
La théorie des contrats avance que : Au lieu que cette
confiance soit à la limite naïve, il faudrait qu'elle soit
intelligente, c'est à dire qu'elle n'existe que parce qu'elle est le
résultat d'un processus, (de contrôle ou de sélection ou
d'incitation...) systématisé, inhérent à
l'opération économique elle- même, autrement dit comme
résultat d'un système « garde-fous ».
Dans notre modèle DA [1999], c'est le
propriétaire qui « doit recourir » à la confiance parce
qu'il est incapable de tout observer, et c'est le manager et/ou l'auditeur qui
pourraient être opportunistes. Leur opportunisme est double : il
réside dans la décision de mentir en ce qui concerne la
divulgation du résultat réel de la firme, et/ou de ne pas honorer
l'engagement pris, en ce qui concerne l'effort --convenu- à fournir (de
gestion ou d'audit).
Cet opportunisme, selon le système moral
raisonné de l'utilitarisme discuté ci-dessus, basé sur la
rationalité néo-classique, est une caractéristique
inhérente à la personne, car elle est égoïste par
définition, et par définition aussi, elle ne cherche
qu'à maximiser son utilité individuelle.
« Le principe de rationalité (illimitée)
signifie que les individus agissent en utilisant au mieux les ressources dont
ils disposent, compte tenu des contraintes qu'ils subissent. Cette
définition appelle trois commentaires :
q L'individu rationnel est égoïste : il tient
compte uniquement de son propre intérêt,
q Il constitue en outre une unité de
décision autonome : son comportement n'est pas
déterminé par des habitudes sociales consciemment ou
inconsciemment assimilées, son comportement est défini
indépendamment de toute contrainte macro-sociale, la définition
de la rationalité est donc ahistorique,
q Enfin, l'individu rationnel est maximisateur, il
effectue des choix qui maximisent sa satisfaction. » Cahuc P. (1998,
p.41.
Billand et Solal vont dans le même sens, et distinguent
:
« Trois éléments au fondement de la
motivation de l'individu qui, dans la théorie standard (walrasienne),
sont compactés dans l'hypothèse de la rationalité :
le bien-être (ou l'utilité) de l'individu, son but et son choix.
...la théorie standard adopte les postulats suivants :
q le bien-être de l'individu est centré sur
lui-même (self-centered),
q le bien-être de l'individu détermine son but,
q le but de l'individu détermine le choix qu'il
opère. »
Biland P. & Solal P. (1999, p.51.
En d'autres termes, puisque l'agent, dans la théorie
des contrats, adopte une rationalité néoclassique, il
néglige alors, par définition, tout sentiment altruiste. Il ne
peut être donc qu'opportuniste, s'il a l'occasion de vivre une situation
d'asymétrie informationnelle qui lui est favorable.
Sauf que, une certaine nuance est donnée par
la théorie des coûts de transaction : L'opportunisme peut
exister chez l'individu parce que cet individu est maximisateur, toujours, mais
lorsqu'il est affligé de rationalité limitée et non d'une
rationalité illimitée :
« C'est cette volonté de maximiser ses propres
intérêts, conjuguée avec l'existence d'une
rationalité limitée, qui conduit ... au concept d'opportunisme.
»
Missonier-Piera F. 11997, p.41.
À notre avis, cette nuance est due au dualisme
rationnel de Simon : Nous avons expliqué précédemment que
Simon ne conçoit la rationalité que relativement à
l'environnement de la décision économique à prendre :
- Si l'environnement est simple, parfait, alors l'individu
adopte une rationalité illimitée. Par conséquent, il
sera systématiquement opportuniste, de façon
inhérente,
- Si l'environnement s'avère compliqué,
incertain, incomplet, imparfait, et turbulent... là, l'individu ne peut
pas avoir d'autres choix que d'adopter une rationalité
procédurale, limitée à ses propres capacités
cognitives. L'opportunisme de cet individu devient alors conjectural et non
systématique : l'individu peut choisir d'être opportuniste comme
il peut choisir d'être altruiste, dans le cadre restreint de cette
décision à prendre.
A notre avis aussi, à l'opposé de la
rationalité walrasienne, qui n'admet jamais l'altruisme, la
rationalité procédurale de Simon a la possibilité de
donner « une chance » à l'individu d'être altruiste,
même si cet altruisme peut s'avérer être de l'opportunisme
« différé ». cette possibilité donnée
à l'individu pour montrer de l'opportunisme conjectural,
résiderait peut-être dans la dimension non maîtrisable de la
rationalité limitée de 1983, qui est l'intuition !
L'opportunisme, en fait, dans la théorie des
coûts de transaction, est définit comme une «
propension à la mauvaise foi » selon Williamson O.E. lorsqu'il
traite du « Hold-up behavior ». L'opportunisme est donc un
penchant et non une caractéristique systématique,
inhérente, chez l'individu de la théorie des coûts de
transaction.
« L'agent opportuniste peut ne pas dévoiler
volontairement un certain nombre d'information, voire publier une information
erronée, ou même s'engager expressément à agir d'une
façon déterminée, alors u'il sait u'il n'en fera
rien. » Missonier-Piera F. 11997,p.41.
Accompagné de « contractualisation dynamique »
expliquée auparavant, l'opportunisme dans
la théorie des coûts de transaction, peut
générer de la sélection adverse, s'il est ex-ante, ou
générer
de l'aléa moral, s'il est ex-post. Cette
variabilité est, alors, caractéristique plus de comportements
humains que de comportement mécanicistes. Ce qui n'est pas le
cas de l'opportunisme chez l'individu de la théorie des contrats.
Passons maintenant à notre 3ème et
dernière critique à la modélisation en audit : elle touche
à la construction des croyances dans le modèle de Datar Srkant M.
et Alles Michael Gamini [1999]. Cette construction est d'ailleurs classique, la
critique est alors à adresser plutôt à la théorie
des contrats qu'à la modélisation d'audit ou au modèle DA
[1999] précisément.
CONSTRUCTION DE RÉPUTATION DANS DA f1999)
edE CRITI~UE : LES CROYANCES DU MANAGER
|
DA [1999] se sont basés sur le modèle
d'équilibre de Kreps & Wilson [1982a] pour construire le leur. Il
s'agit de l'équilibre séquentiellement rationnel. D'autres
modèles d'équilibre peuvent utiliser le concept de
réputation, tels la « récurrence à rebours » ou
la « main tremblante ». Mais la récurrence à rebours
demande à ce que l'information soit parfaite et complète pour que
l'équilibre existe, et celui de la main tremblante semble ne plus
être utilisé depuis longtemps M89.
Notre troisième et dernière critique du
modèle DA [1999] touche à la mécanicisité de cette
construction de réputation de l'auditeur. Cette construction est
endogène et permet d'expliquer la plupart des comportement des agents en
relation (manager, auditeur, propriétaire). Elle est surtout
périodiquement alimentée par une révision des croyances du
manager envers le type d'auditeur, selon l'observation du comportement de ce
dernier.
Par conséquent, examinons d'abord
l'endogénéïté de ce concept, puis examinons la nature
et l'évolution des croyances du manager, qui sont un
élément focal du modèle, pour pouvoir les critiquer avec
plus de précision.
L RÉ DE 'A EST
È :
Les caractéristiques majeures de cette construction de
réputation se résument ainsi :
1. D'abord, le plus important est que la réputation dans
DA [1999] est endogène, puisqu'elle dépend des stratégies
des joueurs et des états de la nature,
2. ensuite, elle est développée dans un cadre
interne, en présence d'un auditeur interne ou d'un comité
d'audit,
3. la réputation découle d'un processus dynamique
plutôt que d'un processus répétitif M90,
4. enfin, la réputation de l'auditeur
bénéficie au manager pour inhiber son opportunisme et surtout au
propriétaire, pour réduire son asymétrie d'information.
Evidemment, la réputation endogène est
générée par le modèle lui-même et non
extérieurement ou indépendamment du modèle. Ceci est
d'autant plus évident que les auteurs visent essentiellement à
expliquer la formation d'une réputation par la construction même
de ce modèle. Dans les modèles qui ont
précédé DA [1999], la réputation de l'auditeur ne
sert que pour différencier entre les offreurs du service d'audit sur le
marché. Elle traduit différents niveaux de « richesse »
de l'auditeur ou de la firme d'audit, différents niveaux de
compétence d'audit, et différents niveaux de technologie d'audit
usitée...
Le modèle de DA [1999] explique pourquoi un auditeur
recourt à la construction d'une réputation, et ce modèle
prédit, par la même, l'effet de cette réputation autant sur
l'auditeur, que sur le manager, que sur le propriétaire. Dans le
modèle DA [1999], à l'équilibre, l'auditeur « strong
», puisque « par principe » il est toujours diligent, serait
toujours réputé diligent. Mais pour l'auditeur « weak
», il lui faudrait être diligent pendant un certain nombre de
période, pour qu'il puisse simuler d'être « strong », et
inhiber ainsi tout comportement mensonger de la part du manager (à cause
de l'importance de /3 M91). Par conséquent, l'auditeur peut
ensuite ne plus fournir d'effort puisque le manager le croit
de type strong. Tout le problème du jeu est, alors, celui
de comparer la croyance révisée (en appliquant la
règle de Bayes T. à la croyance à priori M92 après
chaque période) à l'utilité espérée y
conséquente M93, pour décider quelle action des deux
choisir.
Ce problème dépend donc intimement de la
construction des croyances du manager envers le type de l'auditeur et
dépend aussi de la connaissance commune de cette croyance par les
autres joueurs, surtout l'auditeur. Plus la croyance du manager est faible en
période initiale, plus l'auditeur faible devrait fournir d'effort,
durable, (et un coût d'audit plus important) pour simuler
M89 Rasmusen E. par e-mail.
M90 Par un e-mail datant du 5.11.01, Rasmusen E. dit
que « A dynamic game is one with moves in sequences. A repeated one
repeats the same moves ».
M91 /3 est la désutilité du
manager due à la pénalité qu'il doit payer au
propriétaire au cas où son mensonge est découvert par
l'auditeur diligent. Voir Annexe I : Définition des variables
utilisées par le modèle DA et ses formes stratégiques.
M92 À condition d'être sur l'«
equilibrium path », pour pouvoir connaître les valeurs des
probabilités de chaque action des joueurs.
M93 La variable b = (b sd--bs n) /3, joue ici
un rôle pivot. Voir Annexes pour les définitions des variables.
M94 « In common usage, reputation is a
characteristic or attribute ascribed to one person by another (e.g. « A
has a reputation of courtesy »). Operationally, this is usually
represented as a prediction about likely future behaviour (e.g. « A is
likely to be courteous »). It is, however, primarily an empirical
statement (e.g. « A has been observed in the past to be courteous »).
Its predictive power depends on the supposition that past behavior is
indicative of future behavior. » Wilson R. « Reputation in games and
markets » [1985, pp.27-62], cité dans DA [1999, p.403].
une réputation de « strong ».
Avant d'étudier la construction des croyances dans DA
[1999], il faudrait examiner leur concept de « local reputation »
qu'ils ont « inventé » à ces fins : Se basant sur la
définition de Wilson [1985] M94, Datar & Alles
affirment qu'une réputation est un concept relatif : un individu
n'a pas une réputation absolue unique et convenue par les tous autres
agents ou individus, mais il peut avoir plusieurs réputation, chacune
par rapport à un agent à part. Ce qui veut dire que l'auditeur
peut avoir, par exemple, une réputation « envers » le
manager différente de sa même réputation «
envers » le propriétaire...
En effet, leur concept de « local reputation » est
développé dans le contexte de la relation entre le manager et
l'auditeur :
« First, the auditor's local reputation with the manager
depends on the behavior of the auditor as observed by the manager, rather than
on an auditor's exogenous characteristics (such as whether it is a Big Five or
non-Big Five firm). ...Second, the auditor's reputation affects the behavior of
the manager in future interactions by influencing the manager beliefs about how
thorough the audit is going to be. The auditor's reputation for being thorough
serves as a deterrent to misreporting by the manager. » DA [p.403].
n Ce concept est alors endogène : il est
déterminé par l'histoire du jeu et non par des
caractéristiques exogènes de l'auditeur, connues par les autres
agents ,
n Ce concept est relatif à un seul individu, en
l'occurrence le manager dans notre modèle DA [1999] : à ce
qu'expliquent Datar & Alles, il apparaît que la « Local
Reputation » ou réputation locale, est une construction mentale
dans l'esprit du seul manager, relative à l'auditeur. Cette construction
est une évolution de croyance à travers l'avancement du jeu entre
ces deux individus ou agents (ils peuvent être des firmes...), c'est un
cercle vicieux alimenté par, d'un coté, le comportement de
l'auditeur tel qu'observé par le manager, et d'un autre, par les
croyances probabilistiques du manager envers le type de l'auditeur. La croyance
du propriétaire, par exemple, envers le type de l'auditeur n'intervient
absolument pas dans la construction de cette réputation locale
manager-auditeur,
n On comprend de DA [1999] que ce concept ne peut pas
être autre qu'évolutif : s'il n'y avait dans ce jeu qu'une
seule période, la révision de croyance aurait été
inutile, puisque la révision d'une croyance à priori, d'une
période, ne sert que pour la période
qui la suit; et si le jeu n'avait pas été
dynamique, le concept de réputation locale n'aurait pas pu fonctionner,
puisque chaque période ne porterait plus de nouvelles valeurs de
probabilités, d'états de la nature, de payoffs... qui
contribueraient dans une construction dynamique de la réputation,
Enfin, ce concept est appliqué à un cadre
interne : l'auditeur est un auditeur interne ou un comité d'audit,
plutôt qu'un auditeur externe indépendant :
« In this paper, we analyze auditor reputation in the
internal setting in which a firm's audit committee wishes to validate the
statements of its manager, rather than the usual external setting in which
auditors act as attestors of the firm's financial reports. In this local
context, the explicit objective of auditing is to proactively deter
misreporting by the manager. This is a fundamentally different setting from
externally focused auditing, examined in the previous literature, since the
role of reputation is much more circumscribed. » DA 11999,
p.403.1.
Le motif de cette différenciation réside dans
le fait que dans une relation entre manager et auditeur interne, le manager
peut mieux observer le comportement de l'auditeur que dans le cas
où l'auditeur est externe. Et l'auditeur ne doit pas seulement valider
les états financiers mais valider tout état
délivré par le manager. La formation de la réputation,
ses effets et son évolution, sont ainsi mieux approchés et mieux
examinés.
CRITIQUE DE LA LOCAL REPUTATION » ~
Est-ce que le modèle DA peut s'appliquer aussi bien
à l'auditeur interne qu'à l'auditeur externe ? : L'article de
Datar & Alles n'indique pas dans son résumé qu'il s'agit
d'une recherche touchant exclusivement au domaine de l'audit interne. Puis,
dans le corps de l'article, il est fait nuance entre l'application du
modèle à l'audit interne et son application à l'audit
externe (dans le sens que le modèle s'apprête mieux à
l'audit interne). Malgré cette nuance, l'un des auteurs, Alles Michael
G. affirme que :
« The paper is meant to be for external auditing as
well as internal. But as an analytic model, it requires some abstraction.
Thus the model depends crucially on repeated interaction between the
auditor and the manager so that reputations can develop. ...otherwise, local
reputation will not arise. » 1M1195
Donc, le modèle DA peut s'appliquer aux deux
catégories d'audit. L'important donc, pour la réalisation du
concept de « local reputation » est la
répétitivité de l'interaction entre manager et
auditeur, ainsi que la possibilité au manager d'observer le
comportement de l'auditeur. Si ces deux aspects se réalisent,
même dans le cadre d'un audit externe, la « local reputation »
peut se construire et le modèle peut s'appliquer.
1M1195 Par un e-mail datant du 24.10.01, de Michael
Gamini ALLES.
n
M96 Saâda T. 119971 affirme qu'elle est même plus
vieille que l'institution de l'audit externe.
M97 Idées résumées à
partir de Jouanneau A. 120011 - Participation du Luxembourg au Colloque de
l'A.T.A.I. d'Avril 2001 et de Mabkhout A. f20011- Participation de
PriceWaterHouse --Tunisie au même colloque.
M98 Certains haut-cadres au sein de la Direction
des Participations au Ministère des Finances, ont vainement
essayé d'introduire cette institution de comité d'audit depuis
voici 15 ans de cela, surtout dans les banques. Ils ont fait alors face
à de l'incompréhension de la part des auditeurs internes de ces
banques, qui se voyaient mal comme contrepouvoir à leur propre Conseil
d'Administration.
M99 Le conseil de surveillance qui joue le rôle
d'un contre-pouvoir vis-à-vis du conseil d'administration, la
création de la notion d'administrateur indépendant...
M 100 Voir la communication de Barnia M. au Colloque
de l'A.T.A.I. d'Avril 2001, pour une définition comparative
anglo-saxonne et européenne de l'Administrateur Indépendant.
Datar & Alles précisent que leur modèle
s'applique aussi bien à l'auditeur interne qu'au comité d'audit :
Qu'est-ce alors un « Comité d'audit » ? : là, il faut
consacrer une petite section à ce sujet, vu son importance :
C 3 A tOCAI REM/TAUON
B ~
Le « Comité d'audit » est une invention
anglo-saxonne M96. Cette institution existe surtout pour les grandes
firmes et les grands groupes d'affaire.
n INITIATIVE M97 : Aux U.S.A., l'initiative
de créer des comités d'audit au sein de certaines grandes firmes,
a été déclenchée, dès les années 70,
par le marché boursier (NYSE et SEC). Au R.U., l'initiative a
été mixte : privée et gouvernementale. En Europe, La
France et la Suisse ont été les pionniers : En France et suite au
rapport Viennot (1995), cette initiative a été essentiellement
privée, émanant d'associations professionnelles. En Allemagne,
elle est gouvernementale et encore assez timide. Enfin en Tunisie, il n'y a pas
encore de loi qui oblige les firmes à se créer un comité
d'audit, mais il y a eu, depuis le décret 87-529 du 1er Avril 1987, une
recommandation dans ce sens pour les E.P.I.C. M98. Actuellement, il
s'agit plutôt d'une prise de conscience déclenchée par des
associations professionnelles telle l'Association Tunisienne des Auditeurs
Internes (A.T.A.I. membre de l'International Association of Internal Auditors).
En plus, la nouvelle loi sur des sociétés commerciales a
introduit « un nouveau mode de gouvernance d'entreprise qui se rapproche
du comité d'audit » M99. En bref, à l'état
actuel des choses, l'institution du comité d'audit n'est obligatoire
qu'aux U.S.A. et au R.U., et seulement pour les firmes cotées en
bourse.
n COMPOSITION : Généralement, pour les
anglo-saxons et pour l'Europe, ce comité doit être
constitué d'administrateurs externes (indépendants)
M100. Le nombre minimal est de 3
administrateurs obligatoirement non salariés et
majoritairement indépendants. L'un au moins doit avoir des connaissances
comptables, sinon, l'auditeur externe de la firme est autorisé à
participer aux réunions du comité. Enfin, le nombre maximal est
généralement de 7 administrateurs, mais il dépend
essentiellement de la taille de la firme et du conseil d'administration.
RÔLE ET POUVOIR DU COMITÉ D'AUDIT : le
comité d'audit est un organe de supervision. Sa prérogative est
de changer les paradigmes de l'audit interne, dans le sens que l'audit interne
devienne « à double tranchant » vis-à-vis de
l'administration, en ayant plus d'autonomie pour analyser le « risque
d'affaire ». Le comité d'audit veille donc à la bonne
réalisation de deux piliers principaux de gouvernance d'entreprise : la
responsabilité et la communication : Il exerce plus un contrôle
opérationnel du « risque d'affaire » que du contrôle
interne, et exerce un contrôle sur la fiabilité de l'information
communiquée au marché.
En pratique, il matérialise un lien qui
s'établit entre le conseil d'administration, l'audit interne et
l'auditeur externe. Ce lien est créé en 1er lieu par souci de
coût, afin de permettre à la firme auditée
d'économiser une partie des honoraires d'audit externe, en chargeant
l'audit interne de certains de ses travaux (les plus élémentaires
et répétitifs). Par conséquent, le comité d'audit
-- ou plutôt la concertation entre administrateurs indépendants du
conseil d'administration et l'auditeur externe- fixe les travaux de l'audit
interne, veille à la qualité et à l'autonomie
d'investigation de l'audit interne par rapport au conseil d'administration, et
renforce le contrôle interne et le système d'information de la
firme, surtout vis-à-vis des partenaires de cette
dernière, dans le contexte du respect de la réglementation, de
l'éthique des affaires et du contrôle des conflits
d'intérêts au sein de la firme. En Allemagne, il est prévu
même que ce comité ait pour rôle de sélectionner
l'auditeur externe de la firme...
Ainsi, une vue générale est donnée sur la
composition et le rôle du comité d'audit. Examinons maintenant la
relation du comité, ainsi définit, avec le concept de «
local reputation » du modèle DA [1999] :
« LOCAL REPUTATIO1V » & COMITÉ
D'AUDIT: les uestions : la relation entre ce concept et le comité
n'est pas aussi évidente et claire : En fait, deux questions bien
distinctes se posent ici :
1. Un des piliers de cette local reputation et de
l'équilibre du modèle DA, est le fait que le
comité d'audit (ou l'auditeur interne) constitue bien
une menace pour le manager mensonger (à travers 13 ).
Comment alors le comité d'audit pourrait constituer un contrepoids par
rapport au conseil d'administration si, d'un coté, ses membres sont
choisit par le Conseil d'administration lui-même, d'un autre coté,
ils ne sont pas tous indépendants et, d'un 3ème coté, la
responsabilité civile du comité et ses pouvoirs sont si
ambiguës dans certains pays ?
2. Kreps [1993, p.] a posé une question qui s'applique
bien au contexte de ce jeu de Datar & Alles : Il se demande si la
réputation est attachée à l'individu, ou à
l'industrie, ou au lieu d'affaire (organisation design) ? : En fait, Datar
& Alles appliquent leur modèle au comité d'audit pour dire
que c'est la structure qui peut menacer le manager mensonger. Cette structure
contient des administrateurs et parfois un auditeur externe. La « local
reputation » de l'auditeur envers le manager serait alors rattachée
aux administrateurs ou bien à l'auditeur externe ou bien au
comité d'audit en tant que structure à part ?
Il est réellement difficile, comme le note Kreps dans
son livre, de répondre à cette question. La réponse est
encore plus difficile si le comité ne contient pas d'auditeur externe.
Comment, dans ce cas, le manager va baser sa croyance à priori, sur
quels éléments ou évidences ? sur le caractère
personnel des administrateurs ?, sur leur réputation d'affaire ? sur des
renseignements à propos de conflits entre ces administrateurs
indépendants et le conseil d'administration ?...
Aussi, lorsque le modèle n'est appliqué que sur
l'auditeur interne et que la firme n'a pas de comité d'audit, comment
construire cette local réputation en sachant que l'auditeur interne est
un simple salarié de l'administration et que ses prérogatives
d'indépendances ne sont qu'aphorisme ?
À la limite, pour ajouter une autre abstraction
à celles déjà comptabilisées pour ce modèle
DA [1999], nous devons appliquer ce modèle à deux seuls cas : le
cas où la firme a un comité d'audit, dans lequel l'auditeur
externe est très actif et influençant, et le cas où la
firme n'a pas de comité d'audit et son auditeur interne jouit bien de
certaines prérogatives d'indépendance, lui permettant d'exercer
effectivement cette menace sur le manager (ou conseil d'administration).
Passons maintenant à la décortication de la
construction de cette « local reputation » à travers la
construction des croyances du manager envers le type diligent ou
négligent de l'auditeur :
La formation de cette « local reputation »
dépend d'une structure précise des croyances du manager envers le
type de l'auditeur. Datar & Alles [1999, p.4161 ont, en fait,
modélisé la croyance du manager comme suit :
n q t = croyance du manager que l'auditeur est du type «
strong » à la période t,
n si t = T, q T = 8 (croyance à priori du
manager que l'auditeur est strong),
n si t < T, (les t sont des backwards dans le temps) q t
s'exprime des trois manières suivantes :
i. Si un résultat non-désiré xn se
réalise, et le manager rapporte la vérité, alors aucune
révision de la probabilité que l'auditeur soit « strong
» ne peut être faite, et puisque
tout type d'auditeur acceptera le rapport du manager. Donc, q t =
q t+1
iii. si un résultat désiré x d est
rapporté par le manager, et si l'auditeur est diligent de
façon à ce qu'il réussit à
détecter et rapporter le résultat réel, alors q t = max
q t+1l
03101,
iv. si un résultat désiré est
rapporté par le manager, et si l'auditeur est négligent de
façon à ce qu'il rapporte un résultat réel
contraire à ce que connaît le manager, alors
iv. si qt+1= 0, alors pour tout t = 1, 2, ..., t , q t = 0 .
,
La mécanicisité de cette construction de croyances
est mise en relief surtout par la « règle » :
q t = max q t+1l
En fait, b t est un simple terme calculé
à partir de différentes utilités, et le terme q t+1 est
aussi un terme simplement calculé à partir de l'application de la
règle de Bayes de probabilité conditionnelle à la croyance
à priori du manager.
Est-ce que chacun de nous, lorsqu'il doit
réfléchir et trouver à quel degré il croit envers
une chose ou pas, se comporterait de cette façon si calculatoire et
automatique ? est-ce que ces termes b et q sont les justes termes à
prendre en compte pour estimer une telle croyance envers le type de l'auditeur
? déjà, b est un rapport d'utilité, et l'utilité
est encore une notion qui nous échappe, et q est une probabilité
subjective, qui elle aussi
Q 101 Ici, b t est la variable b (= (b sd--bs
n) ) élevée à la puissance t et non pas b exprimée
à la période t, et q t+1 est la croyance du manager
que l'auditeur est du type strong, obtenue par la révision
bayesienne de q t (qui la précède d'une période).
nous échappe, dans le sens qu'aucun modèle au monde
n'explique comment trouver cette quantité probabiliste, comment estimer
la fréquence d'un tel évènement !
A notre avis, la réalité de la construction de
croyances se passe autrement :
- il est vrai que la croyance à priori est une
estimation, mais elle pourrait ne pas être une estimation d'une simple
probabilité fréquentiste abstraite, autrement dit une estimation
de la fréquence d'un évènement plus ou moins possible,
elle pourrait dépendre de plusieurs facteurs qu'il importe beaucoup de
connaître et d'exploiter,
- cette estimation pourrait dépendre de l'état
d'esprit où se trouve le manager, ses humeurs, les informations qu'il a,
son caractère propre (méticuleux, nanf,
expérimenté...), selon cet état, il évaluerait
autrement le type de l'auditeur,
- cette construction de croyance pourrait dépendre
aussi de la culture du manager, puisque pour chaque pays, pour chaque culture,
il existe des valeurs éthiques de comportement différentes : Par
exemple, le degré de diligence d'un auditeur africain ou asiatique
serait sûrement différent du degré de diligence d'un
auditeur occidental, même si chacun des deux, dans son pays, serait
compté parmi les professionnels diligents. Ce fait influencerait
sûrement l'estimation de la croyance, envers cette diligence, par le
manager africain et le manager occidentale...
- enfin, à notre avis aussi, cette estimation de
croyance ressemblerait plutôt à une note, donnée par le
manager, à l'auditeur, après examen de certains critères
qui renseignent sur le degré de diligence ou de négligence de ce
dernier. Le processus d'estimation d'une croyance envers un
événement ou un fait donné serait peut-être
similaire au processus de notation d'un étudiant par son enseignant.
L'enseignant essaye d'apprécier si certains critères
s'appliquent, ou peu ou pas du tout, sur l'étudiant, et suivant son
système d'appréciation, il agrège ces appréciations
par critère, en un seul nombre qui est la note finale de
l'étudiant. Si on poursuit ce raisonnement, il deviendrait
nécessaire de recourir aux mathématiques floues pour traduire ce
processus d'évaluation...
Face à ces constatations, la mécanicisité de
la construction des croyances de Datar & Alles [1999] est alors remise en
question, principalement, par les quatre points suivants :
1. une critique à la théorie de la
probabilité,
2. une critique à l'exogénéité de la
croyance à priori de DA [1999],
3. une critique à la révision bayesienne de la
croyance
4. et une critique à la connaissance commune dans le
jeu.
Q 102 Discipline assez nouvelle,
partagée entre les scientifiques gestionnaires et les scientifiques
économistes.
Q103 George Lennox Sharman SHACKLE, 1903-1992,
« disciple » de Hayek F.A. à la « London School of
Economics », est compté parmi les affirmés des
économistes à tendance « école de Vienne ». Ses
meilleurs travaux sont ceux qui critiquent Keynes dans le fait que sa «
théorie générale » ne tient compte ni du temps, ni
des caractéristiques psychologiques du sujet humain (subjectivisme
radical)...
Examinons-les, un à un pour, ensuite, essayer de les
exploiter au troisième chapitre de ce mémoire :
/L CROYANCE 4
I "MENT UNE NOTION PROBABIUSTE +
Ce premier point est le plus important des quatre. Bien que ce
débat touchant à la théorie de la probabilité est
né avec la naissance de « l'école de Vienne » et de
« l'individualisme méthodologique », c'est à dire
depuis les années vingt à peu près, mais il reste comme
même d'actualité, surtout pour les chercheurs en «
économie cognitive » Q 102 ou pour les
chercheurs en « Management de connaissance » (les scientifiques
informaticiens surtout).
Ce débat est beaucoup plus
épistémologique que technique : la première remise en
question de ce sujet revient surtout à Georges L.S. Shackle. La remise
en question technique revient alors à Glenn Shafer.
Épistémologiquement, les croyances ont
été, depuis toujours, conçues comme distributions de
probabilité, fréquentiste, alors que leur nature inhérente
pourrait ne pas l'être ainsi. La contribution la plus notable, dans ce
sens, est celle de Georges L.S. SHACKLE M103, un penseur assez
méconnu par le Mainstream, mais qui a été son critique des
plus coriaces : Shackle G.L.S. a développé, durant les
années 70, une approche subjectiviste radicale de la théorie
économique pure, en réponse à la défaillance de la
théorie néoclassique à résoudre certains
problèmes économiques réels. Ses ouvrages n'ont pas
réussit à constituer une théorie générale
cohérente face à celle Keynesienne, néanmoins ses
idées éparses n'ont pu être adoptées et
développées que récemment.
Pour réussir leur formalisme économique, les
néoclassiques ont compressé toutes les abstractions de leurs
modèles, par rapport à la vie économique réelle,
dans les notions « amalgamées » d'utilité, de
probabilité et de rationalité. Shackle défend l'une des
plus robustes critiques jamais faite à la théorie de la
probabilité :
CRITIQUES DE SHACKLE G.L.S. A LA THÉORIE DE LA
PROBABILITÉ :
Pour Shackle, la théorie économique devrait
mieux penser la probabilité et le rôle du temps : En fait,
Shackle présente trois sortes de reproches à la notion de
probabilité LU 104 :
1. « la répétition réelle des
épreuves est l'exception plutôt que la règle » pour
tenir compte des circonstances temporelles, spatiales et émotionnelles
de chaque expérience, pour chaque individu. Sauf que certains chercheurs
en intelligence artificielle y répliquent par une recherche d'un sens
commun raisonnable,
2. « la probabilité empêche toute marge
d'action sur l'éventualité évaluée » à
expliquer.
3. et « la probabilité implique
l'équiprobabilité des choix car elle se définit comme le
nombre des cas favorables divisés par le nombre des cas possibles »
: en fait, d'une part, les gens sont généralement de mauvais
calculateurs de probabilité; ils ne peuvent que rarement tenir en compte
effectivement de toutes les possibilités. En plus, certains
scientifiques acceptent mal comment la probabilité, issue des grands
nombres, puisse être appliquée à des expériences
assez singulières. Tel Pearl J., il épaule cette affirmation par
:
« There is really no compelling reason that beliefs,
being mental disposition about unrepeatable and often unobservable events,
should combine by laws of proportions that govern repeatable trials such as the
outcomes of gambling devices. »
Pearl J. 11988, p.151.
Ces trois points critiques de Shackle se sont faits
justement contre la théorie des eux : Elle ne peut, selon lui,
que mettre en relief la cohérence des décisions des
joueurs et non leur efficacité. Le joueur réel essaie
d'évaluer la « plausibilité psychologiquement estimée
» et non d'estimer une fréquence d'un événement plus
ou moins possible.
« Le fondement de cette notion de surprise potentielle
(de Shackle), est de nature expérimentale, car elle renferme
l'anticipation, l'intuition et l'étonnement que l'on éprouve dans
une situation donnée. ...(pour lui) Chaque acte comporte des espoirs
et craintes, mais aussi un système de prévision dont la
rationalité n'en est qu'un élément.
... le temps prend d'ailleurs une dimension
particulièrement importante dans son analyse Ide Shacklej, puisqu'il est
partie prenante dans la construction mentale. Il affirme en plus que la
rationalité n'a pas de sens en absolu, u'une décision
rationnelle ne peut être comparée à une autre
décision rationnelle, car elle est indissociablement liée au
contexte décisionnel et notamment à son cadre temporel.
Chambon J-P 11995, Ch. IV, p.361
À notre avis, une croyance est une
décision : On décide de croire, avec un degré x, qu'un
tel auditeur est de type diligent, puisqu'on a sur lui certaines informations,
ou qu'on infère... On ne fixe pas abstraitement et arbitrairement la
quantité de croyance, on la décide, suite à des facteurs
qu'on devrait éclaircir dans ce travail. Par conséquent, une
croyance est incomparable avec une autre croyance, même émanant de
la même personne, et vis-à-vis d'un même sujet. Cette
incomparabilité est forgée par la différence temporelle et
contextuelle inhérente à la naissance de chaque croyance. Nous
pouvons aller plus loin dans cette analyse de la croyance inspirée de
Shackle :
« ...Shackle s'insurge...contre l'emploi des
probabilités dans la décision pour prendre position en faveur de
la décomposition des opérations réelles de l'esprit et
du processus cogniti0. »
Chambon J-P 11995, Ch. IV, p.361
C'est cette décomposition nécessaire des
opérations réelles de l'esprit et du processus cognitif, qui se
veut être le « cheval de bataille » de la présente
critique à la modélisation en audit : quand un quelconque manager
décide de croire qu'éventuellement l'auditeur est de type
diligent, tout un processus cognitif encore inconnu a, en fait,
fonctionné dans son « réseau » mental. Ce processus,
comme tout autre, aurait besoin d'inputs et de système de traitement
pour générer l'output, qui est le degré ou plus simplement
la quantité de croyance. La construction de la réputation de
l'auditeur, par conséquent, dépend crucialement des «
modalités de fonctionnement » de ce processus.
Passons maintenant à la critique de la théorie de
la probabilité faite par G. Shafer Q105 :
AUTRE CRITIQUE À LA PROBABILITÉ : FONCTION DE
CROYANCE DE SHAFER G. :
La critique de Shafer est beaucoup plus nuancée que
celle de Shackle. Si Shackle veut tout nier dans la théorie de la
probabilité et dans la rationalité substantive, Shafer
modère sa critique en essayant de positionner la théorie de la
probabilité par rapport à sa propre théorie de
l'évidence. En, fait, le but de la théorie de la
probabilité est d'exprimer, de manière cohérente, comment
une croyance change à la lumière d'une information partielle ou
incertaine. Elle est la principale théorie apte à mesurer la
sensibilité des croyances au contexte qui les « entoure ».
Shafer G. affirme même que :
« Probability is not really about numbers, it is
about structure of reasoning »Q106.
Q104 Les phrases en gras, qui suivent, sont de Chambon
J-P 11995, Ch. IV, p. 371.
Q 105 Glenn SHAFER est un spécialiste
de système-expert d'audit et mathématicien. Sa théorie de
l'évidence, qu'il a inventé depuis 1976, se
base essentiellement sur la notion de « fonction de
croyance ». Sa fonction de croyance et la règle de Dempster-Shafer
ont nettement
amélioré l'appréciation des trois
composantes du risque d'audit (RA=RI+RC+RD) et la construction, par la
même, de logiciels d'audit. Q106 Pearl J. (1988, p. 151.
Pour répondre à la première des trois
critiques de Shackle, certains chercheurs conviennent que croyance et
chance ne jouent ni le même rôle, ni n'obéissent aux
mêmes règles mathématiques. Mais ces chercheurs
proclament surtout, notamment Judea PEARL [1988, p. 15], que les
croyances sont une « distillation d'expériences
émotionnelles » : L'être humain accumule, tout au
long de ses expériences, des connaissances, des faits et des
sensations dans sa mémoire cognitive. Pour des raisons de
difficulté de stockage en mémoire, en principe, il ne peut
retenir que des moyennes, des importances et des relations
qualitatives abstraites entre les phénomènes ou
évènements vécus : Il ne retient, en fait, qu'une
« impression mentale » qui peut aider à
déterminer des actions futures. L'organisation mentale de la
connaissance et des croyances, fait que cette impression mentale ne
mûrisse, pour ce qui concerne un type d'expériences donné,
que si cette expérience est vécue à une
fréquence assez importante, ce qui revient à adopter
nécessairement la probabilité fréquentiste comme
moyen pour pouvoir calculer la croyance :
Fréquence d'expérience « quantité
» d'impression mentale 9 croyance
Ce qui rejoint les pensées de Shafer G. et sa critique
à la probabilité. Elle est donc plus nuancée que
celle de Shackle. Shafer ne nie pas la probabilité, mais il la
ré-explique autrement, et elle ne vise absolument pas à
remettre en cause l'épistémologie économique ou le bien
fondé d'une quelconque rationalité. Cette critique de
Shafer est plutôt une prise de conscience --mathématique- d'un
simple fait : Le manque d'observation d'un événement ne
signifie pas automatiquement son absence. Cette
simple constatation a permit à Shafer d'inventer sa
théorie de l'évidence M107 dans laquelle
la théorie de la probabilité est positionnée comme le
Q 107 Selon Bouchon-Meunier B. [1994],
Shafer G. [1976] et Lesage C. [1997], la théorie de
l'évidence de Shafer est résumée principalement
par la fonction de croyance et par la règle de Dempster-Shafer :
- La fonction de croyance Bel (A) s'exprime ainsi :
« Dans un univers de référence fini X, une masse globale
égale à 1 de croyance est répartie entre tous ses
évènements possibles. Une masse m attribue un coefficient entre 0
et 1 aux parties de X de telle sorte que EX?Am(A)=1, m(A) représente le
degré avec lequel un groupe d'observateurs croit en la
réalisation de l'événement A. Toute partie non vide B de X
telle que m(B) ? 0 est appelée « élément focal
». Bel (A) en une partie quelconque de X (en prenant considération
de tous les éléments focaux qui entraînent A) est : Bel (A)
= EA?B m(B).et le degré de plausibilité Pl(A) = EAnB ? ö
m(B). » de telle façon qu'on a toujours [croyance = 1 --
plausibilité].
Il faut noter, néanmoins, que le point faible le plus
important de cette théorie est qu'elle ne clarifie pas du tout son
expression au cas où les évènements ne sont pas
indépendants. Shafer n'a consacré dans son livre «
Mathematical Theory of Evidence » de 297 pages, qu'une seule page
à la notion d'indépendance, alors que les risques en audit sont
générés par de multiples et complexes connexions !
- La règle de Dempster-Shafer, quant à
elle, a été surtout appliquée au jugement d'audit : Les
composantes du risque d'audit RA = RI + RC + RD (selon les SAS de
l'AICPA n° 39 & 47) ont été conçues en tant que
probabilités, et leur agrégation, une multiplication. La
règle de Dempster-Shafer les exprime autrement : Chaque composante
devient un vecteur à 3 éléments m1, m2 et m3, (par
application de la fonction de croyance : mi sont des masses
d'évidence) tels que :
· m1 = croyance qu'il n'y a pas erreur,
· m2 = croyance qu'il y a erreur,
· et m3 = ignorance.
· Le risque d'audit est alors un vecteur égal
à la somme des trois autres.
Mais cette somme n'est pas une somme classique des
mathématiques booléennes, cette somme est, en fait, la
règle de combinaison de Dempster-Shafer pour
l'agrégation d'évaluations (ou masses d'évidence) qui est
exprimée par la formule suivante appliquée, ici en
particulier, aux 2 premières masses : m1,2(A) = (1-K)-1.
EBnC=A [m1(B).m2(C)] avec K
=EBn? [m1(B).m2(C)]. ö
Mesures de Nécessité vulgaire
Mesures de Nécessité
Mesures Floues
Mesures de Croyance
Mesures de Probabilité
Mesures de Possibilité
Mesures de Possibilité vulgaire
Mesures de Plausibilité
montre cette figure :
Ensuite, certains chercheurs en
mathématiques floues et en intelligence artificielle
ont, à leur tour, positionné la théorie de
l'évidence de Shafer par rapport aux mesures floues et par rapport
à la notion d'incertitude M108 : Certes, l'évidence ou la
croyance de Shafer est bel et bien une mesure floue,
Figure 17: Relation entre les Classes de Mesures
Floues
mais elle n'englobe pas les mêmes mesures d'incertitudes
que celles de la logique floue.
Ce qui nous permet de différencier entre la croyance de
Shafer et celle que nous comptons approfondir au chapitre III de ce
mémoire. Mais au préalable, il faut effectuer une exposition
approfondie bien que assez succincte de la logique floue vis-à-vis de
l'incertitude et surtout de la théorie des sous-ensembles flous
M109.
Bref, la critique de Shafer G. à la probabilité
se résume par le fait que la probabilité subjective (ou croyance
probabilistique) estimée par une personne envers un fait est
différente de sa croyance (« évidentielle » de Shafer)
envers ce même fait, puisqu'une croyance probabilistique nulle, par
exemple, n'indique pas si la personne croit que le fait ne se réalisera
pas, ou si la personne n'a pas d'information sur ce fait pour estimer cette
croyance. Pour lui croyance et probabilité diffèrent.
Pour résumer ce 1er point critique de la construction
des croyances dans le modèle de D atar & Alles, il faut dire que la
théorie de la probabilité semble non adéquate pour
traduire une croyance, et ce pour les motifs suivants :
m La répétition réelle des
épreuves est l'exception plutôt que la règle, alors que
chaque croyance est une expérience unique en son genre, on applique une
mesure issue de raisonnement basé sur la répétition,
à une situation rarement répété !
m la probabilité empêche toute marge d'action
sur l'éventualité évaluée,
m la probabilité implique
l'équiprobabilité des choix, (où est appliquée
l'entropie de Shanon), alors que cette situation n'est qu'un cas parmi
d'autres, et elle est en plus assez particulière,
M108 Notamment Lotfi ZADEH, Didier DUBOIS, Henri
PRADE, Philippes SMETS, Georges G. KLIR 1
M109 Les mesures de nécessité, de
plausibilité, et de possibilité, floues et vulgaires,
montrées par la figure 18, sont définies à l'Annexe
III.
0 et la probabilité subjective nulle ne
différencie pas entre absence de fait et méconnaissance du fait
par la personne qui estime sa croyance probabilistique.
2. = QUE 1d4 CROYANcit À
PRIORI Di, DA 112221 EST
É A YK C h ? ~
Effectivement, une incohérence pourrait être
relevée dans la construction de la « local reputation » :
Datar & Alles insistent maintes fois dans leur article sur le fait que leur
modèle de réputation est endogène : Ce qui veut dire que
la formation de la réputation ne dépend que du jeu en
lui-même et non de facteurs exogènement déterminés
:
« In the context of our model, two aspects of reputation
are important. First, the auditor's local reputation with the manager depends
on the behavior of the auditor as observed by the manager, rather than on an
auditor's exogenous characteristics (such as whether it is a Big Five or
non-Big Five firm). This notion of locally based reputation is in contrast to
the approach adopted by the auditing literature,... where exogenous differences
between auditors (wealth or technology) creates a global reputation that drives
behavior, rather than being driven by behavior. » DA fp.403].
Donc, selon ces auteurs, la « local reputation »
dépend du comportement de l'auditeur tel qu'observé par le
manager, plutôt que de ses caractéristiques exogènes
au modèle, telle, par exemple, l'appartenance aux grands réseaux
internationaux d'expertise comptable M110.
Plus précisément, pour que la réputation
de l'auditeur soit endogène, il faut qu'elle ne dépende que des
stratégies de l'auditeur, et des croyances du manager. Le
problème réside à la toute première période
du jeu T, où le manager ne dispose d'aucune observation du
comportement de l'auditeur.
Comment le manager doit estimer sa première croyance
envers le type de l'auditeur ? Cette croyance de première période
est 8 (que l'auditeur est strong, et 1- 8 que l'auditeur est
weak) : À partir de la période qui suit, le manager a la
possibilité d'observer le comportement de l'auditeur et de constater
s'il a été diligent ou négligent. Le manager révise
alors 8 (par la règle de Bayes de la probabilité
conditionnelle) et obtient q 1 qui est la croyance de la période 1, et
ainsi de suite... Mais tout le problème réside dans l'estimation
de Ben absence d'observations : Comment le manager « calcule
» 8 ? :
Q 110 Les Cabinets internationaux Bigs
étaient, il y a 10 ans, au nombre de six (huit
précédemment) : Arthur Andersen, Coopers & Lybrand, Deloitte
Ross Tohmatsu, Ernst & Young, KPMG Peat Marwick et Price Waterhouse. Par
une fusion entre Coopers et Price, ils sont devenus cinq. Ils sont
évidemment classés premiers du monde entier selon le
critère du chiffre d'affaire. D'autres réseaux internationaux
existent mais ils manquent de structuration dans leur organisation et de vision
globale dans leurs choix stratégiques par rapport aux bigs. Ce qui
crée et rend durable l'avantage comparatif des bigs autant en termes de
technologies, que de bases de données, de spécialistes et de
structures ou système de recherche (aides financières aux
universités, constituant en contre partie un certain lobbying,
stratégies de recherche...).
1. D'abord, Datar & Alles posent que « 8»
existe (n'est pas nulle) et le justifient intuitivement :
« To begin with, there must be some belief among owners
and managers that some proportion of auditors will audit thoroughly (if
everyone believed that all auditors are inherently bad, then there would be no
means of developing any sort of reputation for quality, nor would there be any
incentive for an auditor to do so). »DA fp.414].
2. Ensuite, ils essayent de donner au lecteur quelques
renseignements sur l'interprétation
de 8, à différentes occasions, sans
vraiment arriver à l'établir et expliquer comment doit
faire le manager pour trouver sa croyance de départ, sa
croyance à priori de la toute
première période :
0 D'un coté, ils lient «
8» à des facteurs exogènes qui caractérisent
l'auditeur avant même qu'il n'ait d'interactions avec le manager, des
facteurs exogènes mais observables comme la richesse de l'auditeur (ou
la firme d'audit) ou sa réputation, « commune », connue par
d'autres gens que le manager :
« It can be... inferred from an exogenously determined
observable variable such as auditor wealth or reputation. » DA fp.4031.
0 d'un autre, Datar & Alles expliquent
seulement que l'importance de « 8» influence l'importance du
nombre des périodes durant lesquelles le manager aurait à
travailler et à rapporter la vérité au propriétaire
et que la valeur de « 8» devrait être
influencée par les initiatives institutionnelles (réglementations
du marché, système de justice...) et associatives
professionnelles (initiatives de l'ordre des experts comptables ou
d'association d'auditeurs internes, tels l'OECT et l'ATAI) qui visent à
améliorer une image de marque commune à tous les auditeurs
:
« For a fixed T, the higher the value of qT
= 8, the longer the periods over which the manager will no shirk and
misreport. Hence, institutional factors that increase the prior beliefs that
auditors are diligent enhance the value of auditing. Setting professional
standards, developing a code of ethics, and penalizing auditors heavily for
negligence can all be interpreted as attempts to enhance the image that
auditors are of strong type. As far as audit litigation is concerned, the issue
is whether the publicity surrounding prominent cases makes observers more
confident that weak auditors are being weeded out of the profession (so raising
prior beliefs 8), or whether publicity reduces public confidence, so
reducing 8. »
DA Ip.4211.
3. Enfin, ils interprètent l'ensemble des croyances du
manager (ou plutôt l'évolution de sa croyance) comme une
vraisemblance ou probabilité d'occurrence du type strong, analogue
à la réputation de l'auditeur :
« We interpret the manager's beliefs as to the likelihood
that he is facing a strong auditor as the local reputation of the auditor
with the manager. » DA ip.418].
En somme, ces auteurs ne donnent que quelques indications sur
la « formation » de la croyance à priori «
8» du manager. En plus, bien qu'ils insistent à
maintes occasions sur le fait que leur modèle de réputation est
endogène, ils admettent que le point de départ de la formation de
cette réputation se base sur des facteurs exogènes au
modèle.
A notre avis, la formation d'une réputation, même
si elle est locale, ne peut absolument pas s'amorcer indépendamment de
l'environnement dans lequel elle naît : la réputation est par
nature une information approximative partagée par l'environnement de
l'individu, plus ou moins convenue entre les personnes formant son entourage
direct et indirect.
La croyance à priori du manager doit
se baser sur des facteurs extérieurs au eu qui
le lie avec l'auditeur, et ses facteurs ne peuvent pas seulement se
résumer à des initiatives institutionnelles ou associatives, ou
seulement au facteur richesse de l'auditeur. A notre avis, ces facteurs sont
beaucoup plus nombreux, et le manager ne fait qu'exploiter une riche
variété de ces facteurs qu'il trouve dans l'environnement de
l'entreprise ou dans l'environnement de l'auditeur, pour se construire une
idée de base sur la diligence possible de cet auditeur avant qu'une
quelconque interaction avec lui n'ait lieu.
Il est vrai que la réputation de l'auditeur avec le
manager, même si elle est locale, se traduit par une construction mentale
au sein du cognitif de ce dernier. Mais cette construction ne peut pas
naître d'elle-même, il suffit de la moindre information pour qu'un
semblant de croyance à priori commence à exister. Le manager, de
part sa fonction, son expérience et son « flair », ne peut pas
être en situation d'absence complète d'information concernant
l'auditeur. S'il en sent le besoin, il essaye de chercher lui-même cette
information, aussi minime qu'elle soit, dans l'environnement de l'entreprise et
même dans l'environnement de l'auditeur.
Même si l'auditeur est nouveau dans le marché de
l'audit, de telle façon qu'une réputation commune au sein de ce
marché ou du monde des affaires en général n'a pas eu le
temps de s'établir, la simple apparence de l'auditeur, ou de son
cabinet, peut renseigner sur sa position professionnelle qui serait prise comme
signal sur sa diligence professionnelle... et les gens d'affaire compte des
fois plus sur ce genre de flair que sur des « informations
économiques scientifiquement prouvées »...
IMI1111 Autrement : P(B/A)=
1P(A)-1]. IP(A/B).P(B)], A et B pouvant être partagé
chacun en 2 sous-évènements, suivant les 2 actions des
Il suffit d'énumérer plusieurs travaux
empiriques qui essayent de mettre en relief des critères de
réputation, pour pouvoir établir une liste approximative de ces
facteurs, qui pourraient influencer la genèse d'une croyance à
priori d'un quelconque manager :
- plusieurs travaux mettent l'accent sur l'appartenance aux
Bigs,
- d'autres font ressortir des facteurs comme le prestige de la
clientèle de l'auditeur,
- ou aussi les moyens technologiques pour l'utilisation des
quels l'auditeur est connu,
- ou aussi son degré de structuration
- son passé judiciaire professionnel, ou
disciplinaire...
En plus, il faut noter que ces facteurs devraient continuer
à être pris en compte dans les estimations du manager, même
lors de la révision de ses croyances. Il ne faut pas qu'il ne compte que
sur sa seule observation du comportement de l'auditeur : à titre
d'exemple, si en cours du jeu, le manager estime une de ses croyances
révisées que l'auditeur est bien diligent et qu'entre temps, une
affaire en justice contre cette même diligence de l'auditeur soit
jugée en défaveur de l'auditeur, la croyance du manager ne doit
plus rester insensible à cette information, elle doit être
révisée à la baisse, même si son comportement
indique une parfaite diligence professionnelle...
1. C 1,44 R
Y1510N 9 DES C ~
Comme il a été montré
précédemment, la construction des croyances du manager s'amorce
par une croyance à priori à la toute première
période T, puis pour chaque période t, elle est
révisée, par application de la règle de Bayes, pour que le
manager puisse décider quelle action choisir.
1. EN QUOI CONSISTE ALORS CETTE RÉVISION BAYESIENNE
DES CROYANCES ? :
La règle de Bayes est une façon
rationnelle de révision des croyances à priori. C'est une
méthode qui procure un formalisme de raisonnement touchant à des
croyances partielles, sous certaines conditions d'incertitude. Elle permet de
passer de la probabilité à priori à celle à
posteriori. La croyance à priori est une probabilité à
priori, alors que la croyance révisée est une probabilité
à posteriori M111 :
Probabilité à posteriori de
l'événement = Vraisemblance de l'info . Probabilité
à priori de l'évènement
Vraisemblance marginale de l'info
L'application de cette probabilité conditionnelle de
Bayes Thomas M112 nécessite que le
modélisateur connaisse ces vraisemblances, alors que la vraisemblance
d'une information ne peut être connue qu'à l'équilibre. Par
conséquent, le calcul des probabilités à posteriori ne
peut jamais être indépendant de l'équilibre.
Ce qu'il faut faire, c'est proposer un équilibre (ou
un chemin d'équilibre) puis l'utiliser pour calculer des
probabilités à posteriori. Après coup, il faut choisir le
meilleur chemin (du point de vue des utilités ou payoffs), c'est
à dire la stratégie d'équilibre. C'est ce qui explique la
rationalité de cette méthode de révision des
probabilités à priori.
2. EN QUOI L'APPLICATION DE CETTE RÈGLE DE BAYES
EST-ELLE ALORS REPROCHÉE ?
Les reproches sont deux : Ces reproches ou critiques reviennent
à la règle de Bayes et non à son application : elles sont
extrêmement simples :
0 Notre première critique concerne
l'exhaustivité des sous-évènements :
Il est, en fait, assez difficile de prendre en compte tous
les évènements pouvant composer l'événement dont on
dispose la probabilité à priori. Dans notre modèle, la
décomposition de l'événement dépend de la
décomposition des actions de chaque joueurs (en l'occurrence deux
actions). Mais la croyance relative à cet événement ne
dépend pas seulement de cette décomposition d'action, plusieurs
autres évènements peuvent influencer à la hausse ou
à la baisse cette croyance.
0 et la seconde critique, concerne
l'indépendance entre ces sous-évènements :
Cette même décomposition de
l'évènement n'est pas aussi évidente à faire : pour
que les probabilités partielles soient multipliées ou
sommées, ils faut qu'elles concernent des évènements
à intersection vide, mutuellement exclusifs. Il n'est pas évident
au manager, dans notre modèle, de savoir si telle ou telle action de
l'auditeur concerne
joueurs.
M112 Thomas Bayes était un prêtre
anglais du XVIIIème siècle (1702-1761). Ses essais en
mathématique et en statistiques n'ont été publiés
qu'ad posthume. Il a déduit sa règle de probabilité
à posteriori à partir du jeu suivant : En jetant des balles sur
une table, il déduit la longueur de la table suivant le nombre de balles
tombées à gauche ou à droite d'un point fixé sur la
table ! La critique que nous exploitons contre cette règle signifie pour
ce jeu de la table, en particulier, que Bayes pourrait facilement se tromper de
calculs si les pieds de la table ne sont pas parfaitement horizontaux ou bien
que la surface de la table ne soit uniforme... de telle façon que la
totalité des évènements pouvant influencer la
tombée des balles soit difficile, même impossible à
connaître. Ce qui rend impossible le calcul de cette
probabilité ou la déduction de cette information.
113 Un certain Aumann R. parle même de
connaissance commune (mutuelle) d'ordre 1, d'ordre 2... (Aumann R. "Game
theory", The Mac Millan Press, 1987, cité par Guerrien B. 11997, p.
601.
l'événement « auditeur diligent » ou
l'événement « auditeur négligent ». Datar &
Alles soulèvent effectivement cette nuance en disant que les actions de
l'auditeur sont en réalité un continuum.
Passons enfin, à notre 4ème dernier
point critique des croyances du manager dans la construction de la « local
reputation » de Datar & Alles [1999] :
4. C DE l C C DES
J ~
C'est une hypothèse forte, dans le sens qu'elle permet
une abstraction intense par rapport à la réalité. Elle est
d'abord définit ainsi :
« Information is common knowledge if it is known to all
players, each player knows that all of them know it, each of them knows that
all of them know that all of them know it, and so forth ad infinitum »
Q 113. Rasmusen E. 11990, p. 501.
Dans notre modèle, cette notion de connaissance
commune est nécessitée surtout dans le processus de formation de
la réputation de l'auditeur : si, à chaque période,
l'auditeur ne peut pas connaître la valeurs de la croyance du manager de
cette même période, il ne peut pas connaître quelle action
choisir et quelle stratégie adopter.
La connaissance commune ne se contredit pas avec
l'asymétrie d'information ou l'information cachée. Ce qui est
connaissance commune, c'est la partition de l'information de tout le jeu, qui
est indépendante même de l'équilibre du jeu : Chaque joueur
sait à quel degré l'information de l'autre joueur est
précise, même s'il ignore lui même à quel noeud se
situe le jeu, pour une période donnée. Datar & Alles
affirment que pour que l'auditeur puisse choisir une action à partir
d'un noeud donné du jeu, pour une période donnée, il faut
qu'il ait une connaissance commune de la valeur de la croyance du manager
(à priori ou révisée, selon la période).
A notre avis, il est difficile, durant le déroulement
réel de ce genre d'interaction, qu'une personne sache exactement ce que
croit une autre. A notre avis aussi, elle recourerait plutôt à une
estimation personnelle de la croyance de l'autre joueur envers elle ; c'est
à dire que l'auditeur, en réalité, ne peut qu'estimer
la croyance du manager envers lui et non la connaître avec exactitude.
Il faudrait donc plutôt chercher à établir une notion
d' « estimation commune » au lieu de connaissance commune.
Ici, finit le chapitre II consacré à une remise
en question, intégrée, de la mécanicisité de la
modélisation de l'interaction stratégique en audit. Elle est
intégrée dans le sens qu'une explication approfondie,
accompagnée de sa critique, est donnée pour chacun des trois
aspects remis en question, du modèle de Datar & Alles [1999] :
Ces aspects critiques ne sont que l'écho d'une remise
en cause éternelle de la pensée économique
néoclassique, appliquée à l'audit. Mais ils ouvrent un
« chantier » trop ambitieux au regard de ce simple travail de
mémoire de DEA.
Le chapitre III va essayer par conséquent, de
focaliser la réflexion sur un seul de ces trois points remis en
question, en l'occurrence le point le plus important qu'est la construction des
croyances du manager envers le type de l'auditeur.
Cette construction de croyance pourrait trouver un meilleur
terrain de réflexion scientifique dans le cadre de la
subjectivisation du comportement, tel que pensée par Shackle, qui
pourrait être effectivement meilleure que le terrain de la
mécanicisité néoclassique, bien qu'elle ne le rejette
absolument pas.
Par conséquent, et puisque les mathématiques
floues sont celles des plus proches au raisonnement approximatif humain, nous
pensons, à notre avis, que la subjectivisation de la construction des
croyances du manager, envers le type de l'auditeur, pourrait être
autrement et mieux appréhendée, grâce aux
mathématiques floues.
Passons alors au chapitre III du présent mémoire
pour :
- avoir d'abord un très bref aperçu du
subjectivisme « à la Shackle »,
- avoir un bref aperçu des mathématiques floues
-essentiellement la théorie des sous- ensembles flous- ,
- puis pour approfondir la réflexion sur une
construction subjectivisée des croyances du manager envers le type
diligent ou négligent de l'auditeur, plus précisément par
une fusification des composantes de cette construction de croyances (ces
composantes pourraient être choisies au regard des résultats de
certains travaux empiriques touchant à la réputation de
l'auditeur ou à la qualité des travaux d'audit),
- enfin, pour proposer une idée encore embryonnaire d'une
vérification empirique de cette construction subjectivisée de
croyances.
CuAPITet III M114
MOD1~ISATION D'AUDIT et tOGIQUE r~OUE~
SUBJECTIVISATION POSSIB~E ~
|
Le modèle de Datar & Alles [1999] -et la
théorie des contrats en général- prédisent des
comportements mécanicistes, précis, calculatoires de la part des
joueurs ; auditeur, manager et propriétaire. Ces comportements sont
modélisés indépendants de tout contexte de la relation
économique ou de tout état psychologique des agents
économiques. Critiquer cette mécanicisité revient à
mettre en évidence le fait que ces comportements ne sont pas aussi
évidents (incontestables) et aussi automatiques que ne le montre le
modèle.
Les trois critiques adressées, dans le chapitre II
M115, au modèle de Datar & Alles [1999] constituent,
donc, une critique générale à la
mécanicisité du modèle. En addition, les
difficultés, soulevées à la fin du chapitre I dues au
cercle vicieux caractérisant les essais empiriques de falsification des
modèles d'audit, constituent, une autre critique, générale
aussi, à la modélisation de l'interaction stratégique en
audit.
Ensembles, ces aspects critiques du premier et surtout du
second chapitres, ne sont que l'écho d'une remise en cause
éternelle de la pensée économique néoclassique. Ils
constituent, alors, un robuste point d'appui au développement du
présent chapitre III afin d'approfondir la réflexion vis-
à-vis des faiblesses de la modélisation d'audit.
Néanmoins, ces aspects critiques, appliqués dans le
cadre de ce travail à l'audit, ouvrent un « chantier » trop
ambitieux au regard de ce simple mémoire de DEA.
Il suffit, par exemple, de se rendre compte de la
complexité des conséquences possibles d'une
critique à la rationalité : elle remet en cause la
notion de l'utilité, les composantes aussi de
M114 Je remercie chaleureusement Mes Professeurs Dr
Foued Ben Abdelaziz, de l'ISG-Bardo et Mr Patrice Perny de l'Université
de Paris VI, (spécialiste en modélisation de décision
multicritère floue) pour m'avoir soutenue et aidée à
construire le présent chapitre. Ils m'ont consacré, sans qu'ils
en soient vraiment obligés, beaucoup de leur temps et de leurs efforts,
afin de mener à bien cette partie assez technique du travail. Qu'ils
trouvent, ici, l'expression de ma profonde et sincère gratitude.
M115 Critiques contre :
1. La difficulté de la distinction entre les types de
l'auditeur,
2. la non-limitation de la rationalité et la
mécanicisité de l'opportunisme des joueurs dans ce
modèle,
3. et contre le concept de local reputation appliqué au
comité d'audit et surtout contre l'application de la théorie de
la probabilité à la composante 'croyance' de ce concept de local
reputation du modèle DA [1999].
l'utilité, elle remet en cause même la notion
d'espérance, elle nécessite l'approfondissement de la
réflexion qui touche à l'identification de ces limites de
rationalité (le temps, le contexte de la décision, le contexte
individuel du décideur...), etc...
Il est donc plus que nécessaire de réduire le
champs de réflexion du chapitre III à un seul et unique
point critique à choisir parmi cet ensemble général de
points faibles de la modélisation en audit.
Notre choix est guidé (seulement guidé et non
fondé sur) par les pensées épistémologiques
subjectivistes, anti-mécanicistes, de Shackle G.L.S., puisque cet
économiste subjectiviste s'intéresse plus au « comment
» qu'au « pourquoi » de ces comportements d'individus
économiques. Essayer de comprendre comment ces individus se comportent,
signifie essayer de subjectiviser les modèles mécanicistes
critiqués, ceci, à travers une nécessaire «
décomposition des opérations réelles de l'esprit et du
processus cognitif », et une remise en cause du rôle de la
théorie de la probabilité dans ces modèles d'audit.
Le chapitre III essaye par conséquent, de focaliser la
réflexion sur le dernier et le plus important des trois points critiques
mis en relief par le Chapitre II, en l'occurrence la construction des
croyances du manager envers le type, diligent ou négligent, de
l'auditeur.
Ce choix de la construction des croyances est, en fait,
doublement important :
0 Important par rapport au chapitre II
puisqu'il remet en question la construction de la réputation de
l'auditeur, qui s'avère être un concept plutôt ambiguë,
pourtant il est le noyau grâce auquel « fonctionne » le
modèle DA[1999],
Utilité de l'Audit
UNE TRIADE D'AUDIT?
Diligence de l'Auditeur
Qualité d'Audit
Réputation de l'Auditeur
0 et important par rapport au chapitre I,
puisque la réalité complexe de la réputation de diligence
d'un auditeur se perçoit nécessairement vis-à-vis de la
qualité de son travail qui, à son tour, se perçoit
vis-à-vis de l'utilité de l'audit pour ses utilisateurs
Q116 :
Il est alors primordial d'insister sur le fait que le
présent
Figure 18
chapitre ne prétend absolument pas, et en aucun cas,
apporter un modèle de substitution à
Q116 Cette phrase ne vise pas à insinuer qu'une
quelconque dépendance existe entre ces quatre notions
(réputation, qualité, utilité, et diligence d'audit), ni
une relation de causalité, d'ailleurs. La nature de cette relation entre
ces quatre notions est encore mal définie.
la construction de croyance du modèle DA [1999], il ne
fait qu'approfondir la réflexion sur ce
_ qu'approfondir . _
sujet. Comme le montre le titre de ce chapitre, il ne fait que
poser une question et non pas essayer de démontrer une réponse.
Ce chapitre III, en fait, compte amorcer une réflexion sur une
éventuelle subjectivisation, telle que pensée par Shackle, de la
construction de croyance du manager.
L'outil que nous pensons le plus adéquat à cet
essai de subjectivisation s'avère être les mathématiques
floues (ou logique floue), puisqu'elles sont le type de logique qui est le plus
proche de la logique approximative humaine, face à la logique des
mathématiques exactes des modèles mécanicistes.
Par conséquent, le présent chapitre III se propose
de développer les étapes de réflexion suivantes:
1. Avoir un très bref aperçu du «
subjectivisme à la Shackle »,
2. avoir un petit aperçu des mathématiques floues,
essentiellement la théorie des sous- ensembles flous,
3. proposer une idée de décomposition du
processus cognitif qui fonctionne lors de la fixation de la croyance du manager
envers le type diligent ou négligent de l'auditeur, et notamment le lier
à des critères précis de réputation de
l'auditeur,
4. approfondir les composantes de ce processus en les
structurant dans un modèle flou, proche des modèles de
décision multicritère,
5. proposer un exercice d'application de ce modèle de
construction subjectiviste de croyance, pour améliorer sa
compréhension de la part du lecteur,
6. enfin, proposer une idée encore embryonnaire d'une
vérification empirique de ces croyances fusifiées dans une
relation d'audit.
Que signifie alors « subjectiviser » et comment
subjectiviser les croyances du manager envers le type de l'auditeur, tels que
appréhendées par le modèle de Datar & Alles [1999]
?
QUE SIGNIFIE « SUBJECTIVISER ~ ~
ET QUE FAUT-Ii SUBJECTIVISER DANS DA11222/
~
« Subjectiviser » un comportement, veut dire le
rendre relatif à son auteur. Rendre une variable à titre
d'exemple, subjective, veut dire la rendre dépendante de
l'appréciation de chaque individu à part. Rendre un modèle
subjectif, veut dire alors, changer ses variables mécanicistes
(subjectivisables) en des variables subjectives, en les faisant dépendre
de l'appréciation de chaque individu qui voudrait appliquer le
modèle à son cas. C'est ce qu'entend entreprendre le
présent chapitre. Il est évident que ces variables «
subjectivisables » ne reflètent ni l'incertitude (de l'action de la
nature, par exemple), ni des mesures fondamentalement mécanicistes. On
ne peut subjectiviser que ce qui est subjectivisable, que ce qui
dépend de l'appréciation de l'individu.
A la limite, on peut concevoir que « subjectiviser »
est un antonyme de « mécaniser » ou « axiomatiser ».
Une pensée subjectiviste n'existe que parce que des modèles
complètement automatiques, systématiques existent. Subjectiviser
voudrait alors dire cesser de théoriser une mécanique du
comportement.
Avant d'entamer la réflexion au niveau du comportement des
agents en relation d'audit, examinons la naissance de cette approche par
rapport à la théorie économique pure :
Tous les développements de la théorie
économique pure se sont reposés sur un pilier appelé
« rationalité économique ». Néanmoins,
l'intérêt de ce pilier n'a été
qu'instrumental, pour permettre aux économistes, fervents de
formalisme unifié, de représenter l'homme, décideur
économique dans toutes ses dimensions, par un individu seulement
maximisateur, atemporel et universel.
Le subjectivisme, est alors contre cette transformation de
phénomène subjectifs, dépendants de contextes et de
mobiles de comportement, en phénomènes objectifs,
extrêmement quantifiables, juste pour faciliter la modélisation
économique et pour rendre « scientifiquement exacte » une
discipline qui traite de l'homme.
« ...puisque les phénomènes humains ne
produisent pas les mêmes effets dans les mêmes circonstances, les
contradictions apparaissent clairement dans l'expression « science de
l'homme ». En effet, l'homme ne saurait répondre aux
critères scientifiques de :
- permanence,
- d'uniformité,
- et de répétitivité
des phénomènes scientifiquement observables. »
Chambon J-P 11996, Ch. II7J.
M117 Ici, il faut faire abstraction des discussions
philosophiques entretenues sur l'essence de la réalité (la
réalité est celle observée, ou imaginée, ou
objectivement théorisée ? ...). Shackle dit à ce sujet :
« what we do in our actions is based on what goes on in our own minds...
(your reality is) your list of choosable things that has to be constructed or
composed by yourself before you can choose. ». The Austrian Economics
Newsletter, Spring 1983.
Q 118 George Lennox Sharman SHACKLE,
1903-1992, « disciple » de Hayek F.A. à la « London
School of Economics », est compté parmi les affirmés des
économistes à tendance « École de Vienne ». Ses
meilleurs travaux sont ceux qui critiquent Keynes dans le fait que sa «
théorie générale » ne tient pas compte ni du temps,
ni des caractéristiques psychologiques du sujet humain...
Par conséquent, une subjectivisation d'un modèle
mécaniciste, pourrait le faire rapprocher de la réalité
économique M117. La subjectivisation de comportement
modélisé pourrait donc aider à réduire ces
difficultés puisque le modèle en lui-même devient plus
proche de la réalité économique de la relation d'audit et
donc pourrait devenir mieux vérifiable empiriquement.
Examinons, alors, l'apport de Shackle Georges L.S. dans ce cadre
:
S G LS. ~
Shackle G.L.S. M118 a
développé, durant les années 70, une approche
subjectiviste radicale de la théorie économique pure, en
réponse à la défaillance de la théorie
néoclassique à résoudre certains problèmes
économiques réels. Ses ouvrages n'ont pas réussit à
constituer une théorie générale cohérente face
à celle Keynesienne, néanmoins ses idées éparses
n'ont pu être adoptées et développées que
récemment.
Le subjectivisme est radical quand il y a abandon de
l'hypothèse de rationalité au sens néoclassique. Donc, la
critique la plus singulière que Shackle a apporté au Mainstream,
réside dans la question de la rationalité : Le point crucial de
sa critique traite du choix à prendre, face à l'incertitude. Par
conséquent, il nie la possibilité et l'opportunité de
rechercher une théorie économique unifiée sous un
quelconque formalisme. Autrement dit, l'aspect mécaniciste des
néoclassiques perd toute raison d'être dans la pensée de
Shackle.
Mais ce qui intéresse le présent travail, n'est
pas exactement sa critique coriace contre les néoclassiques, mais
plutôt la clarté d'analyse des comportements
économiques individuels qu'on retrouve amalgamée à sa
critique aux néoclassiques : Pour lui, si l'explication
néoclassique des comportements économiques est vraie, alors
l'histoire humaine entière ne devrait même pas exister : en voici
l'explication :
« If we can really explain any choice completely, we are
saying we can point to causes which made this choice inevitable...we really are
saying that the person who made the choice is merely a link in the machine,
he's just a connecting-rod, which means he's not a maker of history in any real
sense...lhe is, on the contraryl a chooser which cannot be fully explained.
» Shackle G.L.S. 119831.
Le manager de notre modèle DA [1999], ne peut pas, par
exemple, à chaque fois être opportuniste envers le
propriétaire, parce que les personnes sont plus ou moins respectueuses
de la moralité et de l'éthique, ou même par respect
à certaines relations humaines, on ne peut pas « garantir »
alors qu'à chaque fois, chaque joueur du modèle DA soit
opportuniste, car, chaque décision prise par chaque joueur à
chaque période, comporte ses propres raisons d'être...
Face à ce rejet, Shackle apporte une robuste nouvelle
théorie dite de la « surprise potentielle ». Nous l'exposons
ici, très brièvement, afin de montrer comment la pensée de
Shackle est plus proche de la réalité des individus
économiques que ne le prétende la théorie
néoclassique. Pour lui, la théorie économique devrait
mieux penser la probabilité et le rôle du temps :
Surprise maximum
Théorie de la "Surprise Potentielle" de Shackle
G.L.S.
Surprise minimum
0
Y
a
b c d e f
Profit Potentiel
X
Source :
Lavoie D.C. [1978, p.126] (Traduction Libre)
Parfaitement possible
Impossible
Figure 19
Le décideur économique examine une panoplie
d'actions. Le résultat de chacune lui est incertain. Il focalise son
attention sur le gain possible et la perte possible de chaque action pour en
choisir la meilleure. On peut, alors, concevoir : X un repère qui
représente un intervalle de profits ou gains potentiels d'une action
donnée [ce sont
exactement des « ex ante » profits psychiques], et Y
qui représente la « plausibilité » de cette
chaîne d'éventualités... Shackle montre, alors, que les
meilleurs profits recherchés par le décideur, et qui sont
jugés raisonnablement possibles, sont :
q Le moindre gain qui se confond à la pire perte
(au point « b »),
q et le meilleur gain qui se confond avec la moindre
perte (point « e »).
Les points des profits inférieurs à « b
», ou supérieurs à « e », manquent de pertinence
pour le décideur [puisque pratiquement impossibles]. Les points
situés entre « b » et « e » manquent aussi de
pertinence puisque de meilleurs (ou de pire) gains sont possibles. Ce
degré de pertinence est affecté par Shackle à un
3ème repère « O » qu'il appelle 'attention
arresting power'.
Lavoie D.C. [1978, p.126-7].
Avec cette théorie de la surprise potentielle, Shackle
arrive à mieux expliquer l'aversion au risque et à mieux
justifier la cardinalité des préférences, surtout
lorsqu'il conçoit cette cardinalité en termes de volume
M119. L'intérêt de cette théorie pour le
présent mémoire, est :
- d'un coté, sa critique des mesures
probabilistes : pour lui, l'incertitude est plutôt une
évaluation personnelle, propre et exclusive à chaque individu qui
la fait, d'une notion de surprise. A la limite, elle peut être prise pour
une justification de son rejet de la théorie de la probabilité
comme outil parmi les outils de modélisation des comportements
économiques,
M119 Le problème de Shackle, en fait,
réside dans le fait d'arriver à trouver des unités
non-arbitraires à ses repères, qui traitent essentiellement
de mesures « émotionnelles ».
- et d'un autre coté, sa prise en compte
poussée du contexte psychologique de la décision chez l'individu
économique, de telle façon qu'il essaie d'expliquer le
comment de la décision avant d'en expliquer les causes ou les effets.
Le subjectivisme « à la Shackle » admet donc
que le comportement économique individuel ne peut pas être
indépendant du contexte où il existe, contexte psychologique
en premier lieu, et temporel en dernier lieu.
Puisque chaque individu économique du monde, subit
nécessairement un contexte qui lui est propre (social, politique,
national, historique, ...), cela influence indubitablement son état
psychologique M120, de telle façon que chaque
individu se comporte face à une situation d'une manière qui lui
est propre, et plus encore, un même individu, exposé à une
même situation, pourrait se comporter différemment, selon son
humeur et selon la période (le passage du temps).
C'est cette idée qui inspire à la base notre
réflexion pour subjectiviser des croyances.
Pour connaître mieux ces contextes afin de mieux mesurer
leur effet sur la décision économique de l'individu, il devient
logique et nécessaire de tenter de les décomposer :
« ...Shackle s'insurge...contre l'emploi des
probabilités dans la décision pour prendre position en faveur de
la décomposition des opérations réelles de l'esprit et
du processus cogniti%. »
Chambon J-P 11995, Ch. IV, p.361
C'est cette décomposition nécessaire des
opérations réelles de l'esprit et du processus cognitif, qui se
veut être le « cheval de bataille » du présent
mémoire : Pour essayer de subjectiviser des croyances, nous pensons
décomposer le processus cognitif qui les génère. Ce
processus est appliqué particulièrement à la
réputation -de diligent ou de négligent- de l'auditeur du
modèle DA [1999].
Une telle construction de croyance pourrait trouver un
meilleur terrain de réflexion scientifique dans le cadre de la
subjectivisation du comportement, tel que pensée par Shackle, qui
pourrait être effectivement meilleure que le terrain de la
mécanicisité néoclassique, bien qu'elle ne prétend
absolument pas la rejeter : cela signifie que le subjectivisme auquel
prétend ce travail
120 Cette causalité a été bien
démontrée par les travaux forts connus de Hofstede G. 119871, sur
l'influence de la culture sur la nature psychologique humaine et sur ses
décisions. Un travail analogue a été conduit par Gray S.J.
119881 pour étendre cette causalité au comportement professionnel
comptable des individus dans plusieurs pays du monde.
Q121 Je remercie Mr Rebaï Abdelwaheb,
Mlle Nefzi Hana, Mr Dubois Didier, et Mr Mongin Philippe, pour leur
contributions à enrichir mes connaissances de la logique floue. Cette
section est une synthèse de leurs enseignements et aussi d'extraits de
Bouchon-Meunier 119951, Klir & Fogel 119881, Kaufmann A 119731, Pearl J.
119881, Shafer 119761, Tong-Tong J-R. 119951, Bouchon-Meunier 119941...
Q122 La logique booléenne est une branche des
mathématiques qui traitent des calculs logiques grâce à des
fonctions booléenne et à des opérateurs comme « ou
» et « et ».
serait un subjectivisme nuancé et non radical,
puisqu'il pourrait être toujours réinséré à
la mécanique du modèle de base. Ce point sera mieux
expliqué aux sections suivantes. Passons maintenant à l'outil que
nous avons choisit pour la subjectivisation des croyances du modèle
DA:
QuEt EST t'E0uTIt DE
SuBJECTIVISATI0M ?
L'objectif de notre essai de subjectivisation est de
décomposer un processus cognitif, mental, relatif à la
détermination de la croyance du manager envers le type de l'auditeur,
pour mieux comprendre ce processus et essayer, par conséquent et si
possible, de le modéliser de manière plus rapprochée
à la réalité.
Il est évident, à nous tous, que lorsque, par
exemple, le manager « croit » que l'auditeur est diligent, il ne peut
absolument pas dire si sa croyance se quantifie à 75 % ou 75,6 %. Chaque
individu de nous, lorsqu'il tente de savoir « à combien » il
croit à un fait et« à combien » il n'y croit pas, il ne
fait qu'approximer, apprécier, cette quantité. Il est
plutôt plus à l'aise lorsqu'il exprime sa croyance
linguistiquement : « je crois plutôt qu'il est du bon type »,
« je suis plutôt tenté à le considérer comme
tel », « il est certainement du bon type », « je ne crois
absolument pas qu'il soit diligent », etc... :
La croyance du manager est principalement une approximation et
non une quantité
exacte parfaitement mesurable.
Les mathématiques classiques, et surtout la
théorie de la probabilité, n'admettent pas une telle
approximation : alors que la logique floue, si. Dans ce qui suit, nous allons
en premier lieu, exposer brièvement quelques aspects
élémentaires de la logique floue, puis, en second lieu, nous
allons ainsi pouvoir motiver notre choix de l'utilisation du flou comme outil
de subjectivisation.
Q'E- aie L4
OG1C« ? e Q121
La logique floue peut être considérée
comme un grand domaine dans lequel la logique booléenne Q122 a
été étendue pour incorporer et traiter le concept de
« vérité partielle ». Une vérité
partielle peut s'associer à une valeur allant du «
complètement vrai » au « complètement faux ».
La logique floue a été introduite par Dr Lotfi
Zadeh, en 1960 Q123 :
« ...rather than regarding fuzzy theory as a single
theory, we should regard the process of « fuzzification » as a
methodology to generalize ANY specific theory from a crisp (discrete) to a
continuous (fuzzy)form. »
Zadeh L. 11975] cité dans Gupta & Sanchez 119821.
Elle constitue une extension des mathématiques
conventionnelles. L'histoire des mathématiques floues et de leur
application dans divers domaines tels la reconnaissance d'image, la prise de
décision, l'industrie, les systèmes experts... a montré
qu'on perd moins de temps pour aboutir au même résultat, qu'on
stipule moins de règle et qu'on approche mieux ainsi le raisonnement
approximatif humain face au raisonnement exact des mathématiques
conventionnelles. Zadeh a inventé le concept de sous-ensembles flous, et
a développé ensuite la théorie des possibilités.
Les deux : « théorie des sous-ensembles flous » et «
théorie des possibilités » constituent « la Logique
Floue ».
DEGRÉ D'APPARTENANCE :
Comme il y a une forte relation entre la logique
booléenne et le concept de sous-ensemble, il y a une similaire forte
relation entre logique floue et théorie des sous-ensembles flous : En
théorie classique Q124, un sous-ensemble U de S peut
être associé à une relation « u » définie
sur Sx(0,11, telle que :
u : S ---> [0,1]
x ---> 0 si x E U,
1 si x e U.
de telle façon qu'on peut représenter u comme un
ensemble ordonné de paires dont le premier élément de
chaque paire est un élément de S et le second, un
élément de f0,1], c'est à dire soit 0 soit 1. Autrement,
cela signifie que 0 représente une « non-appartenance », et 1
représente l'appartenance. Dire qu'il est vrai que x soit un
élément de U (ou qu'il est faux que x soit un
élément de U) est déterminée par la paire dont le
premier élément est x : si son second élément est
0, alors il est faut que x appartienne à U, si le second
élément de cette paire est 1 alors, il est vrai de dire que x
appartient à U.
Q123 Mais, en ces temps là, la logique floue
n'a pas eu d'écho dans le milieu scientifique américain,
jusqu'à ce que les japonais aient trouvé le moyen de l'appliquer
à l'industrie et à l'informatique. Les années 70 ont alors
été marquées par une prolifération grandiose
d'articles mathématiques qui développent les notions
élémentaires du flou ou d'articles scientifiques d'application du
flou au domaine de l'ingéniorat ou de l'informatique... De nos jours, le
développement de cette discipline mathématique continue
sereinement. Les concepts flous deviennent extrêmement
sophistiqués, mais leur développement accuse un rythme plus
nuancé que celui des années 70.
LUI 124 Appelée aussi «
conventionnelle » ou encore « vulgaire » (en anglais : «
crisp » ) par opposition à « floue ».
De façon similaire, un sous-ensemble flou F de S peut
être définit comme un ensemble de paires ordonnées, ayant
chacune comme premier élément un élément de S, et
comme second élément un nombre appartenant à l'intervalle
[0,1], avec pour chaque élément de S, une et une seule paire qui
lui est associée. F peut donc être associé à une
relation f sur Sx[0,1], telle que 1 puisse traduire une appartenance
complète à F, et 0 une non-appartenance complète à
F, et l'infinité de valeurs se trouvant entre 0 et 1 puisse traduire un
« degré d'appartenance » intermédiaire. S est alors
appelé un « univers de discours » pour le sous-ensemble flou F
et f est appelée « fonction d'appartenance » à F.
Ainsi, une vérité partielle devient possible à
représenter mathématiquement, et ce grâce au degré
d'appartenance.
Exemple pratique :
Si on veut examiner la notion de « grandeur » d'une
personne (au sens d'hauteur), notre univers de discours S serait l'ensemble des
gens. Définissons un sous-ensemble flou appelé « grand
» qui puisse répondre à la question : « à quel
degré une personne est grande ? ». L'apport de Zadeh L.
décrit « grand » en tant qu'une variable linguistique, qui
représente une « catégorie cognitive » de grandeur :
à chaque personne de cet univers de discours, un degré
d'appartenance, au sous-ensemble flou « grand », doit être
affecté, de telle manière qu'on puisse définir, à
titre d'exemple, une fonction d'appartenance « grand (x) » telle que
:
Grand : S ---> [0,1]
x ---> 0 : si hauteur (x) < 160 cm,
1 : si hauteur (x) > 180 cm,
[hauteur (x) -- 160 ]/20 : si 160 < hauteur (x) < 180.
Figure 20
0,5
0
1
LE NOMBRE FLOU "GRAND"
160 170 180
Grand
Un graphe de ce genre pourrait représenter alors cette
fonction. Il faut, cependant, bien noter que ces mesures dépendent d'une
appréciation personnelle propre à l'individu
questionné.
Cette forme est une forme parmi d'autres de « nombre
flou»,elleest en plus la plus simple. Il existe d'autres nombres flous de
forme triangulaire ou trapézoïdale... aussi, on utilise des
fonctions d'appartenance comme si elles ne peuvent être basées que
sur un unique critère, alors que, par exemple, pour apprécier la
« grandeur » d'une personne, certains considèrent que «
grandeur » dépend de la hauteur et aussi de l'âge de
l'individu, en disant « il est grand pour son âge »... ce qui
peut établir une relation floue entre deux fonctions
d'appartenance« âge » et « grandeur »...
COMMENT CES DEGRÉS D'APPARTENANCE SONT--ILS
DÉTERMINÉS ? :
Il existe des méthodes de détermination des
degrés d'appartenance : parmi elles, on peut citer :
- « l'évaluation et élimination
subjectives » : étant donné que les sous-ensembles flous
sont habituellement utilisés pour modéliser les «
états cognitifs » des gens, ils peuvent alors être
déterminés grâce à des procédures simples ou
sophistiquées d'élimination, à la limite, les sujets
peuvent tracer ou spécifier différentes courbes d'appartenances
de façon la plus adéquate au problème
étudié. Ces sujets sont habituellement des experts typiques dans
le domaine étudié. Ils sont les plus aptes à choisir et
délimiter les formes possibles de ces courbes. Lorsque la recherche est
sophistiquée, ces sujets et les utilisateurs du modèle, peuvent
être testés par des méthodes psychologiques. Cette
première méthode est aussi appelée « méthode
des experts », et elle est la plus utilisée en modélisation
du jugement d'audit, ou en construction de systèmes-experts d'audit,
- la « forme ad-hoc » : Au cas où
l'étendue du choix des courbes d'appartenance s'avère
énorme, la plupart des opérations de contrôle floues sont
établies à partir des plus simples formes de courbes
d'appartenance (ex : triangulaire), ce qui simplifie le modèle du
contrôle pour ne choisir que la valeur centrale et ses deux pentes...,
- les « fréquences converties » :
Quelques fois, on utilise la distribution des fréquences, ou des
probabilités, pour construire une fonction d'appartenance, bien que les
deux concepts sont complètement différents du point de vue
épistémologique. Il y a une variété de
méthodes de conversion, chacune à avantages et
inconvénients mathématiques et méthodologiques qui lui
sont propres...,
- les « mesures physiques » ,
- l' « apprentissage et adaptation »,
...etc. ,
OÙ EST--CE QU'ON APPLIQUE LE FLOU ? :
Cette nouvelle mathématique s'applique aisément
aux domaines de la reconnaissance d'image et de caractères, de la prise
de décision, et aux systèmes-experts. Alors que pour le domaine
industriel, il s'agit plutôt de contrôle par le flou (fuzzy state
machine (FSM)...).
En ce qui concerne l'audit, l'application du flou se fait au
niveau des systèmes-experts d'audit, c'est à dire des logiciels
d'audit. Un système-expert flou est définit par Mizumoto [1989]
:
«A fuzzy expert system is an expert system that uses a
collection of fuzzy membership functions and rules, instead of Boolean logic,
to reason about data. The rules in a fuzzy expert system are usually of a form
similar to the following :
if x is low and y is high then z is medium
where x and y are input variables (names for known data
values), z is an output variable (a name for data value to be computed), low is
a membership function (fuzzy subset) defined on x, high is a membership
function defined on y and medium is a membership function defined on z.
The antecedent (the rule premise) describes to what degree
the rule applies, while the conclusion (the rule's consequent) assigns a
membership function to each of one or more output variables. »
Dans un système-expert conventionnel (ou crisp),
l'ensemble de ces règles constitue la « base de règles
», l'ensemble des données de problèmes à
résoudre constitue la « base de faits », ces deux bases (de
règle et de faits) forment ce qu'on appelle la «base de
connaissances ». Le choix dynamique des règles à appliquer
par rapport à des faits précis constitue le moteur
d'inférence, dont le rôle est de générer des
conclusions. Pour la plupart des systèmes-experts flous, la
genèse de ces conclusions se fait à plus d'une conclusion par
règle, ce qui est beaucoup plus adéquat au domaine de l'audit
Q125 que ne l'est un système-expert crisp.
FLOU & PROBABILITÉ, QUELLE RELATION ? :
Enfin, pour clôturer ce bref exposé des
mathématiques floues, il faudrait approfondir la différence entre
probabilité et valeurs floues de vérité : Les
sous-ensembles et la logique flous devraient être
considérés en tant qu'une théorie mathématique
formelle pour la représentation de l'incertitude. L'incertitude est
cruciale dans la gestion de systèmes réels, mais elle est en
même temps le prix à payer pour pouvoir prendre en charge la
complexité due à la réalité de tels
systèmes.
Généralement, les nombres flous sont souvent
confondus à des probabilités, alors qu'ils diffèrent
mathématiquement parlant et aussi dans leur interprétation et
application :
- Sémantiquement, la probabilité
s'intéresse à l'occurrence (ou vraisemblance) d'un fait; qu'un
fait se réalise ou pas, on peut parier sur. Mais en logique floue, on ne
peut pas sans aucun équivoque dire que le fait s'est
réalisé ou pas ; les chercheurs en flou, essayent plutôt de
modéliser l'étendue à laquelle
l'événement ou le fait pourrait se réaliser.
125 Nous avons trouvé beaucoup de
difficultés pour connaître, ou au moins apprécier, lesquels
des logiciels d'audit utilisés par les plus grands cabinets d'expertise
comptable tunisiens, qui soient des systèmes-experts flous ou qui
appliquent le modèle de risque d'audit fusifié. Ces
difficultés résultent d'une ignorance complète de la part
des chefs de ces cabinets et même de leurs ingénieurs
informaticiens. Ce qui est normal pour des structures professionnelles qui ne
font qu'utiliser ces technologies de l'information et ne peuvent ni participer
à la création ni à l'amélioration de ces
systèmes-experts. Pour les petits ou moyens cabinets professionnels
comptables, ils sont encore au niveau d'une « technologie » manuelle
d'audit. Quelques très rares efforts d'informatisation de
l'activité d'audit existent mais restent aussi utilisateurs de
technologie.
- Mathématiquement parlant, les probabilités
ont au moins une caractéristique fondamentale qui les diffère des
valeurs ou mesures floues : elles sont additives, leur somme doit être 1,
ou bien l'intégrale de leur densité doit être égale
à 1. Ce qui diffère pour les degrés d'appartenance ; il
est vrai que certaines méthodes de détermination de ces
degrés d'appartenance résultent des distributions de
probabilités (ex : méthode des fréquences converties),
mais il y a beaucoup d'autres méthodes de détermination de
degrés d'appartenance qui ne le sont pas. Aussi, il ne faut pas oublier
que les probabilités sont des sous-ensembles flous, puisque comme la
logique floue généralise celle booléenne, elle
généralise aussi les probabilités.
En fait, en partant d'une perspective mathématique, la
logique floue ainsi que les probabilités peuvent être
considérées comme faisant partie, tous deux, d'une plus grande
théorie appelée DThéorie généralisée
de l'information qui comprend plusieurs autres formalismes dont le but est
de représenter l'incertitude. Cette théorie englobe, en
fait sept types d'incertitude représentés par sept mesures
différentes :
Mesures de dissonance
Entropie de Shanon
Ambiguité Imprécision
Mesures de confusion
Mesure de Hartely
Incertitude-U Mesures Floues
Incertitude
Mesures de non-spécificité
Ensembles Flous / Théorie de la
Possibilité
Théorie de la Probabilité
Ensembles Vulgaires
Théorie de l'évidence
L'intérêt de ce graphique est de visualiser le
fait que l'incertitude mesurée par la probabilité n'est pas la
même que celle mesurée par la fonction de croyance, ni par celle
de la logique floue...
Figure 21
Dans les sections suivantes, cette configuration de mesures
d'incertitude nous aidera à différencier entre une
subjectivisation possibiliste des croyances et une subjectivisation par la
fonction de croyance.
Ainsi finit ce bref exposé des mathématiques
floues, qui est accompagné de certaines remarques se rapportant au
domaine de l'audit, mais qu'en est-il de la modélisation d'audit ? La
logique floue a-t-elle abordé ce propos ?
Depuis le début de ce travail, nous avons bien
distingué entre deux domaines dans la modélisation d'audit :
à savoir, la modélisation de l'interaction stratégique en
audit, c'est à dire les modèles de jeux en audit et la
modélisation du risque d'audit, c'est à dire les modèles
de la construction de l'opinion de l'auditeur (appelé aussi
modélisation du jugement d'audit). Par conséquent, la question
posée concerne maintenant deux sujets : est-ce que la logique floue a
été intégrée ou pas à la modélisation
des jeux d'audit, et est-ce qu'elle a été intégrée
aux modèles de l'opinion d'audit ? :
LOGIQUE FLOUE ET MODÈLES DE JEUX D'AUDIT :
Pour répondre à la première des deux
questions, il ne s'agit plus d'examiner si les jeux d'audit ont
été fusifiés ou pas, car ces modèles ne sont que
des répliques de modèles de jeux plus généraux,
donc la question se transforme pour examiner si les modèles de jeux
non-coopératifs ont été fusifiés ou pas.
Pour les modèles de jeux coopératifs, les
essais de fusification commencent à devenir nombreux
M126. Par contre, à notre connaissance, aucun
modèle de jeu non-coopératif n'a jusqu'à ce jour
été complètement fusifié :
complètement, parce qu'il existe bien des travaux assez nombreux et
à complexité variée, qui essayent de fusifier des
composantes de modèles de jeux non-coopératifs. Mais ces essais
n'ont pas encore aboutit à rendre opérationnels des
modèles entièrement fusifiés : il y a eu des essais de
fusification des utilités des joueurs Q127, des essais de
fusification des actions des joueurs (fuzzy actions), de fusification
même des états de la nature (fuzzy events), mais des essais de
fusification de stratégies de joueurs, ou de modèles
d'équilibre de jeux, n'ont pas encore vu le jour.
LOGIQUE FLOUE ET MODÈLE DE JUGEMENT D'AUDIT :
Le papier de Cédric Lesage [1997] fusifie, et à
juste titre, le modèle d'appréciation du risque d'audit de
l'AICPA : Le risque d'audit (RA) est composé, selon les SAS n° 39
et 47 de l'AICPA, de trois éléments, à savoir : risque
inhérent (RI), risque de contrôle (RC) et risque de
détection
Q126 Voir, par exemple, Lebret Arnaud 120001 pour
une fusification de la coopération , ou certains développements
dans le domaine de la théorie des choix sociaux...
Q127 Dubois Didier et Prade Henri sont les
auteurs-chercheurs les plus féconds dans ce domaine (d'utilités
fusifiées). Ils ont commencé par la fusification d'utilité
de forme VNM, la plus simple, en l'intégrant au domaine de la
théorie des possibilités... D'autres chercheurs ont
utilisé l'intégrale de Choquet (ou capacité de Choquet),
ou celle de Sugeno, pour construire d'autres modèles d'utilités
(utilités qualitatives), qui sont plus sophistiquées que
l'utilité espérée et qui se basent sur une conception
étendue de la rationalité...
(RD). Shafer Glenn R. a, depuis le début des
années 80, appliqué sa théorie de l'évidence
à ce modèle de risque, en arguant que les mesures
probabilistiques de l'incertitude ne correspondaient pas aux mesures
d'incertitude inhérentes à ce modèle. De telle
façon que, l'égalité [RA=RI+RC+RD] Q128 devienne
un vecteur de masses d'évidences :
RI RC RD RA
m3
m3
m3
m3
m 1
m2
m 1
O m2
m 1
O+ m2
0,95
m2
Ce qui traduit un premier niveau de fusification du risque
d'audit, si l'on considère que la théorie de l'évidence
fait partie des classes de mesures floues, comme indiqué par la figure
18 page 92.
Le « second niveau » de fusification est
apporté par Lesage C. [1997] : il a remarqué que, quelque soit le
modèle formel adopté (probabiliste ou d'évidence),«
1
« plupart des cabinets d'audit recourent à des
évaluations linguistiques de certains risques » puisque toute
évaluation numérique présuppose la précision.
Lesage C. suggère donc d'adopter la forme trapézoïdale de
nombres flous pour traduire ces évaluations linguistiques du risque
d'audit M129. Il constate alors que son modèle
« reposant sur une évaluation linguistique et une agrégation
non déterministe pouvait atteindre un niveau prédictif largement
supérieur aux modèles numériques existants, sauf qu'il n'a
expérimenté sa recherche que sur un seul cabinet
professionnel...
Ainsi, la logique floue commence, sereinement, à
s'introduire dans les recherches relatives à l'audit. Qu'en est-il,
alors, de notre modèle DA [1999], pourrait-il être fusifié
?
M128 - RA est le risque final qu'une erreur
significative demeure dans les comptes publiés,
- RI est le risque relatif à l'environnement de la firme
auditée, l'induisant à transcrire comptablement une information
erronée,
- RC est le risque que le système de contrôle
interne ne puisse pas détecter et corriger une erreur introduite dans
les comptes,
- RD est le risque inhérent à l'auditeur, s'il
s'avère incapable de détecter et corriger des erreurs
introduites... incapacité inhérente au savoir-faire de l'auditeur
ou à une nature complexe de l'erreur...
La traduction probabiliste de l'égalité devient :
p(RA) = p(RI) x p(RC) x p(RD). Plusieurs chercheurs ont alors
fortement critiqué ce formalisme par :
- l'indépendance stricte des faits engendrant ces risques
(non vérifiée en réalité selon certains auteurs,
aussi bien pour le RI, que le RC...),
- la difficulté d'évaluer une probabilité
conditionnelle (l'exhaustivité des sous événements n'est
jamais garantie, leur indépendance aussi),
- la prise en compte de données qualitatives (le RI est
essentiellement constitué de facteurs qualitatifs, c'est une piste riche
de recherche)... L'application de la théorie de l'évidence
à ce modèle de risque, implique que ces composantes deviennent
défalquées sur des masses d'évidence et sommées par
la règle de Dempster-Shafer (symbole ).
M129 Les paramètres de ces nombres sont
déterminés par la méthode des experts, citée
à la page 111 du présent travail.
COmmENT SUBJECTIVISER ES CROYA NCES DE DA f!2221 ~
D'abord, il faudrait comprendre Comment on croit ?
M130. À notre sens, le processus de
détermination d'une croyance personnelle, envers un
événement ou un fait, ressemble au processus d'évaluation
ou d'attribution d'une note, par un enseignant à son
élève. C'est un processus de jugement, en premier lieu. Il
nécessite :
n des valeurs convenues logiquement, socialement et
culturellement,
n une échelle d'importance ou de poids,
n et un système d'agrégation des poids pour
calculer (ou approximer) la 'note'.
Exemple : Lorsqu'un fermier croit qu'il va pleuvoir, il
utilise des valeurs comme :
- couleurs des nuages,
- leur altitude,
- leur hauteur,
- leur vitesse,
- la direction du vent,
- la température, la saison...
Il affecte ensuite une importance à chaque valeur,
(cette affectation devrait s'améliorer avec son expérience dans
le domaine agricole), puis il déduit globalement, (agrège)
l'occurrence ou pas de la pluie. Cet exemple relate un événement.
Par conséquent, ce fermier aurait besoin :
- d'un ensemble de valeurs de jugement (comme celles
déjà relatées),
- d'une structure de pondération (ex : il est
convaincu, par exemple, que la direction du vent est toujours plus
corrélée à l'occurrence de la pluie que ne l'est la
couleur des nuages, et donc elle doit être associée à un
poids plus important que celui associé à la couleur des
nuages...),
- d'une échelle d'évaluation
(l'évaluation de chaque valeur de jugement devrait se faire sur une
échelle d'importance souvent impaire, pour contenir des
appréciations moyennes, comme l 'échelle de Likert par
exemple...),
- et d'une structure d'agrégation, pour indiquer
comment calculer, sommer ou multiplier, toutes ces grandeurs pour en extraire
une unique mesure traduisant la croyance du fermier en l'occurrence de la
pluie.
Q 130 Des références de
sciences cognitives (psychologiques sociales ou psychiatriques
médicales) qui justifient ce paragraphe, sont pratiquement introuvables.
Nous avons consulté quelques uns sur l'intuition ou l'intelligence, mais
ils ne peuvent servir que de loin notre sujet. Je remercie beaucoup Pr Anouar
Achich, pour l'effort qu'il a fait pour m'aider à rechercher ce genre de
références.
Dans le cadre de notre modèle, le manager raisonne en
principe de même : ce cas relate une évaluation d'une
caractéristique de l'auditeur : diligent ou négligent :
1. Par analogie, nous adoptons, la conception « du
fermier » ou « de l'enseignant » pour
l'évaluation de la diligence de l'auditeur, surtout afin de
générer une croyance à priori du manager, avant
toute observation effective des actes professionnels de l'auditeur par
ce dernier. Ceci, en premier lieu. Un début de formalisme est,
alors avancé, touchant au domaine de la décision
multicritère,
2. puis, nous élaborons une discussion de
l'application pratique de cette réflexion. Nous essayons
d'apporter des éléments de réponse pour projeter comment
conduire un essai de vérification empirique de cette conception
de croyance : comment déterminer empiriquement les valeurs de
jugement ou facteurs de réputation, les évaluations ...,
3. enfin, nous élaborons une discussion des
soubassements de cette conception relatifs aux mesures d'incertitude.
Cette conception de croyance devrait être réinsérée
à son modèle de base, le jeu initial de la relation
d'audit de Datar & Alles [1999]. Telle qu'elle est, elle serait
incohérente avec ce modèle bayesien : nous discutons, ici, les
multiples facettes que pourrait prendre un tel modèle
vis-à-vis de trois mesures d'incertitude et leurs utilités
associées : la mesure probabiliste et l'utilité
espérée, la mesure possibiliste et ses utilités
possibilistes, et la mesure de la fonction de croyance de la
théorie de l'évidence.
Commençons alors par expliquer notre contribution dans
sa forme mathématique abstraite :
/' DE NOTRE M
SUBJECTIVISATION
Lorsqu'on construit une croyance à propos de quelqu'un
ou de quelque chose, on n'a jamais à l'esprit de fixer un
nombre probabilistique, on adopte d'abord certains critères (valeurs
de jugement propres à chacun), puis on affecte à chaque
critère un degré d'importance, un poids, puis on examine
le cas qui nous est présenté selon qu'il obéisse à
ces critères ou pas et à quel degré.
Le modèle DA [1999] évoque la construction d'une
croyance par le dirigeant à propos de la réputation de
l'auditeur. Il se fixe alors une probabilité subjective ä,
confinée entre 0 et 1. Il révise alors à la
hausse ou à la baisse cette quantité à chaque
période, puisque, durant la période, il peut observer
les actes de l'auditeur. Le processus de révision est bayesien.
Notre contribution critique cette construction de croyance et
essaie de présenter à sa place un nombre agrégé
à partir de relations floues : comment pourrait être construite
alors cette conception floue de croyance et comment pourrait-elle être
agrégée ?
A l'instar du processus de notation d'un quelconque papier
d'examen d'un étudiant, la détermination d'une croyance envers la
réputation de quelqu'un suit, à notre sens, le même
processus. La différence réside dans la détermination des
critères d'évaluation : nous devons construire une matrice, qui
comporte les niveaux de réputation et les critères ou facteurs de
réputation. Le problème le plus crucial serait de
déterminer les poids de chaque critère et la structure
d'agrégation adaptée à ce modèle. Ensuite, de voir
comment ce nombre pourrait être révisé.
Nous nous inspirons d'un modèle de Ross Timothy J.
[1990, ch. 10] pour formaliser cette conception multicritère des
croyances. C'est un modèle de notation d'épreuves d'examen
d'étudiants par un enseignant. Explicitons alors en détail ce
modèle :
q La diligence de l'auditeur s'apprête bien à la
notion de flou : en fait, même si le manager dispose d'une
expérience durable d'interaction avec de précédents
auditeurs, même s'il a acquit une bonne connaissance des pratiques
d'audit de part son expérience, il ne peut absolument pas « mesurer
» exactement cette caractéristique de diligence, il ne peut qu'en
donner une approximation, et comme toute notion ambiguë, plus on
demanderait au manager de préciser le degré de diligence de
l'auditeur qui lui est présenté, plus ce degré lui devient
incertain...
q A notre avis, la réalité de la construction
de croyances se passe ainsi :
n il est vrai que la croyance à priori est une
estimation, mais elle pourrait dépendre de plusieurs facteurs qu'il
importe beaucoup de connaître et d'exploiter,
n cette estimation pourrait dépendre de l'état
d'esprit que peut avoir le manager, de ses humeurs, des informations qu'il a,
de son caractère propre (méticuleux, naWf,
expérimenté...). Selon cet état, il évaluerait
autrement le type de l'auditeur qui se présente à lui,
n cette construction de croyance pourrait dépendre
aussi de la culture du manager, puisque pour chaque pays, pour chaque culture,
il existe des valeurs éthiques de comportement différentes : Par
exemple, le degré de diligence d'un auditeur africain
ou asiatique serait sûrement différent du
degré de diligence d'un auditeur occidental, même si chacun des
deux, dans son pays, serait compté parmi les professionnels les plus
diligents. Ce fait influencerait sûrement l'estimation de la croyance,
envers cette diligence, par le manager africain et le manager occidentale. En
d'autres termes, cette conception de croyance est nécessairement
relative, à un contexte aussi général (pays, histoire..)
que particulier (propre à la personne du manager)...
enfin, à notre avis aussi, le processus de cette
estimation de croyance ressemblerait bien à celui d'une estimation d'une
note, donnée par le manager, à l'auditeur, après examen de
certains critères qui renseignent sur le degré de diligence ou de
négligence de ce dernier. Le manager essaye d'apprécier si
certains critères ou valeurs de jugement, s'appliquent, peu, ou pas du
tout, sur l'auditeur en question. Et suivant son propre système
jugemental, il agrège ces appréciations par critère, en un
seul nombre qui pourrait être la croyance « finale » de ce
manager,
étant donné que l'appréciation de ces
critères de réputation ne peut que difficilement se faire avec
précision (numérique), il est plus adéquat de recourir
à une évaluation par des variables linguistiques pour
apprécier ces critères. Par conséquent, tout cela ne peut
s'opérer qu'à travers les mathématiques floues
précédemment exposées,
Donc, le manager devrait adopter des valeurs sociales,
culturelles, et logiques, inspirées de l'éthique professionnelle,
puisque la diligence est une forme bien importante d'éthique
professionnelle comptable. Puis, il doit essayer d'observer si l'auditeur se
caractérise, un peu, ou pas du tout, par ces valeurs. Ensuite il doit
affecter une importance de vérité partielle pour cet auditeur
précis, puis en déduire une croyance globale de diligence,
Comment alors traduire formellement cette«
façon de croire » par le flou ? :
APPLICATION DU MODÈLE DE ROss T. T. AUX CROYANCEs DE
DA (19991:
Ross T.J. [p.316] formalise une relation floue R qui traduit
le processus d'appréciation d'une note par un enseignant
M131. Appliquée à notre conception des croyances
du manager envers la diligence de l'auditeur, la relation devient :
R = [ri j]
(une matrice de contingences entre les critères et leurs
évaluations)
M131 Cette note est plutôt une appartenance
à une classe d'appréciation (A, B , C et D), et non une note
numérique précise. Ce procédé suit le
système américain de notation dans l'enseignement. Il est plus
adéquat à la fusification qu'un système numérique
précis...
X = {x1, x2, ... xn} un univers de facteurs de réputation
de diligence (ou critères), telle que et Y = {y1, y2, ... ym} un univers
d'évaluations de ces facteurs,
avec i= 1, 2, ... n et j = 1, 2, ... m.
Des pondérations wi sont ensuite estimées pour
chacun de n facteurs. Chaque wi représente un degré
d'appartenance du facteur xi à l'ensemble {diligent},
c'est à dire à une bonne réputation. W est alors un
vecteur flou tel que W = {w1, w2, ... wn}.
Le processus de détermination d'une croyance est,
alors, implémenté à travers la relation composée E
tel que E = W o R. E devient un vecteur flou contenant les degrés
d'appartenance de l'auditeur à chacune des catégories
d'évaluations yi.
APPLICATION NUMÉRIQUE :
Pour appliquer cette composée sur l'évaluation
d'une croyance envers le type d'auditeur, nous choisissons des facteurs de
bonne réputation, ou de bonne qualité de travail d'audit,
collectés parmi les recherches empiriques (Mayhew, Carcello... que nous
détaillons ultérieurement). Nous choisissons l'échelle de
Likert à 5 degré comme échelle d'évaluation de
l'auditeur par rapport à ces facteurs, et la structure
d'agrégation celle de la composée Max-Min.
On a alors, :
n X, l'univers des facteurs = {richesse du cabinet, prestige de
sa clientèle, technologie d'audit usitée, appartenance à
un Big et passé judiciaire ou disciplinaire de l'auditeur},
n Y, l'univers des évaluations = {y5=très
diligent, y4=assez diligent, ..moyen, ..peu diligent, ..négligent} La
132,
3
n on dispose aussi de la relation floue de pondération W
des 5 facteurs, tel que i=1 wi= 1
Il faut remarquer que ces wi ne devraient changer de valeur que rarement,
d'une appréciation d'un auditeur à une autre, puisqu'il s'agit
d'une « combinaison » d'importances, personnelle, propre au manager.
Il faut noter aussi que cette première mesure, ne comporte aucune forme
d'incertitude, il s'agit ici d'un simple classement flou, mais certain,
des facteurs de réputation et non d'une appréciation d'occurrence
:
La132 Le nombre des degrés de l'échelle
d'évaluation (5) doit être égal au nombre des facteurs de
réputation (5), car la matrice de R doit être carrée pour
permettre la composition Max-min.
|
z1
|
Richesse W1
|
0,1
|
Prestige clientèle W2
|
0,1
|
Technologie d'audit W3
|
0,2
|
Appartenance à un Big W4
|
0,1
|
Passé disciplinaire W5
|
0,5
|
Ces premières données chiffrées
constituent un exemple parmi d'autre. Elles sont générées
par une appréciation personnelle du manager. Dans ce cas, ce manager
donne de l'importance aussi bien à la technologie d'audit qu'au
passé disciplinaire, et ce quelque soit l'auditeur qui puisse se
présenter à lui. Les autres facteurs semblent moins importants
pour indiquer si l'auditeur est de bonne réputation ou pas. Autrement
dit, les facteurs restants n'appartiennent pas de façon prononcée
à l'ensemble (bonne réputation}, on pourrait alors essayer de les
changer avec d'autres plus importants, ce qui implique que le choix des
facteurs devrait être bien étudié et
expérimenté pour être partagé par la plupart des
individus ou de la population des managers.
Quant à la relation floue d'évaluation R = &r
ij( entre les xi et les yj , elle peut être obtenue ainsi :
R y5 y4 y3 y2 y1
Richesse x1 Prestige clientèle x2 Technologie
d'audit x3 Passé disciplinaire x4 Appartenance à un Big
x5
0,6
|
0,5
|
0,4
|
0,1
|
0
|
0,8
|
0,6
|
0,3
|
0,2
|
0,1
|
0,8
|
0,5
|
0,2
|
0,1
|
0
|
0,4
|
0,2
|
0,1
|
0
|
0
|
0,5
|
0,4
|
0,3
|
0,2
|
0,1
|
Elle est en fait une matrice de contingences (conjonctures) et
non une matrice d'évaluations proprement dites : ce qui signifie que les
chiffres y contenus, sont des mesures possibilistes, c'est à dire
floues, mais surtout incertaines M133.
Ces chiffres sont aussi la traduction d'une relation entre les
facteurs de réputation et l'échelle d'évaluation de la
réputation c'est à dire que, par exemple, la plupart des riches
cabinets d'audit appartiennent à l'ensemble des auditeurs diligents, que
la plupart des cabinets membres des réseaux internationaux Bigs d'audit
appartiennent ou sont bien diligents, que aussi, peu ou moins que la moyenne
des cabinets dont le passé disciplinaire est irréprochable sont
diligents... ces affirmations ne peuvent être établies
[11133 En anglais, dans le jargon des
mathématiques floues, incertitude est souvent synonyme d' «
ambiguous » alors que l'imprécision est synonyme de «
vagueness ». Cette distinction revient à la distinction en logique
floue entre ensembles mal connus (incertains) et ensembles mal définis
(imprécis). Voir figure 18 page 92 et figure 22 page 113.
que si l'expérience du manager se répète.
Ici, la forme classique la plus simple (en escalier, voir fig.
21 page 110) de nombres flous est choisit pour représenter ces facteurs
de réputation de diligence. Ce choix reste tributaire des
expériences pouvant être faites, dans ce contexte, pour
connaître les formes qui traduisent le mieux chacun de ces facteurs pour
une population de managers donnée...
Pour la structure d'agrégation de ces
évaluations multicritères, elle comporte deux étapes : la
première traduit le système de calcul des évaluations
pondérés qui génère le vecteur flou E, et la
dernière traduit effectivement l'agrégation de la croyance
à partir des évaluations pondérées calculées
:
Pour les mathématiques vulgaires, la composée de
deux relations est traduite par le produit cartésien de leurs deux
matrices respectives. Pour les mathématiques floues, la composée
de deux relations floues fait de même Q134, nous obtenons
alors E tel que :
E=WoR = max fmin[R(xi,yi) ; W(yi,z1).1
|
W
|
z1
|
|
E
|
|
|
W1
|
0,1
|
|
e1
|
0,2
|
|
W2
|
0,1
|
|
e2
|
0,2
|
X
|
W3
|
0,2
|
=
|
e3
|
0,2
|
|
W4
|
0,1
|
|
e4
|
0,1
|
|
W5
|
0,5
|
|
e5
|
0,2
|
R y5 y4 y3 y2 y1
0,6
|
0,5
|
0,4
|
0,1
|
0
|
0,8
|
0,6
|
0,3
|
0,2
|
0,1
|
0,8
|
0,5
|
0,2
|
0,1
|
0
|
0,4
|
0,2
|
0,1
|
0
|
0
|
0,5
|
0,4
|
0,3
|
0,2
|
0,1
|
Richesse x1
Prestige clientèle x2
Technologie d'audit x3
Passé disciplinaire x4
Appartenance à un Big x5
Le détail des calculs est comme suit :
min (0,6; 0,1) = 0,1 min (0,5; 0,1) = 0,1
min (0,4 ; 0,2) = 0,2 max (x1 ; z1) = 0,2 min (0,1; 0,1) =
0,1
min (0 ; 0,5) = 0
min (0,8; 0,1) = 0,1 min (0,6; 0,1) = 0,1
min (0,3 ; 0,2) = 0,2 max (x2 ; z1) = 0,2 min (0,2 ; 0,1) =
0,1
min (0,1; 0,5) = 0,1
134 Voir Kaufmann A. 11973, p.62-63.1 pour
un éclaircissement du calcul de la composée floue max-min.
min (0,8;0,1) = 0,1 min (0,5; 0,1) = 0,1 min (0,2 ; 0,2) = 0,2
min (0,1; 0,1) = 0,1 min (0 ; 0,5) = 0
min (0,4; 0,1) = 0,1 min (0,2 ; 0,1) = 0,1 min (0,1; 0,2) =
0,1 min (0; 0,1) = 0 min (0 ;
0,5) = 0
min (0,5; 0,1) = 0,1 min (0,4; 0,1) = 0,1 min (0,3 ; 0,2) =
0,2 min (0,2 ; 0,1) = 0,1 min (0,1; 0,5) = 0,1
max (x3 ; z1) =
|
0,2
|
max (x4; z1) =
|
0,1
|
max (x5 ; z1) =
|
0,2
|
Pour l'agrégation de ces ei , afin d'obtenir une valeur
pour la croyance du manager, Ross T.J. indique de choisir la valeur maximale
des ei , en l'occurrence 0,2, donc : Croyance = max feil = 0,2
Nous utilisons ainsi une conception pessimiste de la
croyance M135. Nous obtenons alors, une croyance à
priori, pour une première période t, et sans aucune observation
des actes professionnels de l'auditeur.
Une croyance optimiste reviendrait à utiliser la
composée min-max. Dans ce cas, nous obtiendrons un E = [0,1; 0,2 ; 0,1;
0,1; 0,2] croyance = max feil = 0,2 (le résultat ici reste
inchangé par le jeu du hasard).
« RÉVISION » DE CROYANCE :
Ici, nous mettons en relief une conception différente
de celle de Datar & Alles, concernant la révision des croyances du
manager : dans DA [1999], la croyance à priori ne change que si
l'observation des actes professionnels de l'auditeur apporte une information
nouvelle qui sert à réduire ou augmenter la croyance à
priori, selon que ces actes dénotent respectivement d'une
négligence ou d'une diligence du travail de vérification.
[11135 Se rappeler de la théorie de la
« surprise potentielle » de Shackle : Meilleure perte ou Pire gain,
Figure 20 page 106...
Diligence observée x1 Prestige clientèle
x2 Technologie d'audit x3 Passé disciplinaire x4 Appartenance
à un Big x5
0
|
0,1
|
0,2
|
0,1
|
0
|
0,8
|
0,6
|
0,3
|
0,2
|
0,1
|
0,8
|
0,5
|
0,2
|
0,1
|
0
|
0
|
0,1
|
0,2
|
0
|
0
|
0,5
|
0,4
|
0,3
|
0,2
|
0,1
|
Notre conception diffère en ce que le manager n'observe
pas seulement les actions d'audit de l'auditeur, pour la période, mais
il peut aussi observer si ses informations sur les facteurs de
réputation, déjà évalués, ont changé
ou pas. C'est à dire que pour le manager de notre exemple
numérique, il a apprécié en t1, que l'auditeur est
à 20% « riche », à 20% prestigieux, utilisant à
20% des technologies d'audit, qu'il est à 20% discipliné
professionnellement et à 20% membre d'un grand réseau.
|
|
Richesse e1
|
0,2
|
Prestige clientèle e2
|
0,2
|
Technologie d'audit e3
|
0,2
|
Passé disciplinaire e4
|
0,1
|
|
0,2
|
Appartenance à un Big e5
|
Ces mêmes informations, qui ont été
estimées même en absence d'interaction entre le manager et
l'auditeur, peuvent être mieux estimées en présence
d'interaction stratégique entre eux et peuvent, par la même,
contribuer, en plus de l'observation des actions de l'auditeur pour la
période, à générer une croyance, meilleure que
celle générée par l'information issue de la seule
observation des actions d'audit.
Pour intégrer cette réflexion à notre
exemple, il suffit de choisir entre deux solutions : ou bien éliminer un
des facteurs de réputation dans la matrice R et le remplacer par
l'observation des actions de l'auditeur pour la période, ou bien ajouter
cette « observation » à la matrice et
chercher à ajouter un autre y6 (ou y0) à l'échelle des
évaluations pour avoir toujours une matrice R carrée.
Le mot observation a été mis entre guillemets
parce qu'il s'agit plutôt d'une estimation ou appréciation et non
d'une observation proprement dite : Datar & Alles avouent eux mêmes
qu'une distinction entre des actions diligentes et des actions
négligentes d'audit n'est pas si évidente à faire, puisque
les actions de vérification s'avèrent être un
continuum. Autrement dit, la « ligne de séparation » entre
actions d'audit négligentes et actions d'audit diligentes est bel et
bien floue. Notre exemple numérique pourrait alors devenir ce qui suit
:
t = 2 R y5 y4
y3 y2 y1
Nous éliminons le facteur richesse, pour le remplacer
par l'observation de la période (il faut que le modèle de la
période 1 soit identique à celui-là). Les zones
ombrées montrent les évaluations actualisées, pour
lesquelles le manager a obtenu des informations supplémentaires. Ici,
par exemple, le manager a su que le passé disciplinaire ou judiciaire de
l'auditeur n'est pas aussi brillant qu'il ne l'avait estimé
auparavant... le calcul de E et l'agrégation de la croyance se fait
alors également à ceux de la période
précédente... et ainsi de suite.
Telle est donc l'idée de base, l'ossature, de notre
réflexion de subjectivisation des croyances du manager envers la
réputation de l'auditeur.
A LA BASE, C'EST UNE DECISION MULTICRITERE :
Sommairement, cette idée de faire dépendre la
croyance de son contexte se base essentiellement sur la Théorie de la
Décision Multicritère et de façon secondaire, sur
la Fuzzy Multi-Criteria Decision Making : En fait, lorsqu'on dit «
qu'on croit moyennement que cet auditeur est diligent » ou « qu'on ne
croit pas du tout qu'il l'est », on est finalement en train de prendre une
décision : nous décidons de choisir cette « quantité
» (même floue) de croyance et non pas une autre, et nous savons
motiver notre décision, mais souvent de façon approximative
inhérente à la cognition humaine, et non pas précise.
Le modèle de Ross de [W o R ] n'est qu'un exemple de
modèle, ou plutôt méthode, de décision
multicritère, parmi d'autres, pouvant être appliqué
à la construction de DA [1999] de croyance du manager envers la
réputation de diligence de l'auditeur. En fait, il existe bien d'autres
modèles (et logiciels) d'aide à la décision
multicritère, Q136 qui traitent aussi bien le choix
d'alternatives selon plusieurs critères ou le classement de ces
alternatives selon plusieurs critères (fuzzy MultiAttribute Decision
Making : f MADM)... Il faudrait approfondir notre réflexion actuelle
dans ce sens, afin de voir si d'autres méthodes de décision
multicritère floue peuvent mieux traduire le processus cognitif de la
construction de ce genre de croyance.
Telle est l'idée de base, l'ossature, de notre
réflexion de subjectivisation des croyances du manager envers la
réputation de l'auditeur. Mais est-ce qu'une telle réflexion de
subjectivisation pourrait être appliquée à la
réalité quotidienne de la relation d'audit entre ces deux
individus ? elle a été établie exprès pour
rapprocher le modèle de croyance de DA [1999] de sa
réalité !
136 Tel le SAW (qui est le plus proche du
modèle de Ross), ou ELECTRE (une comparaison binaire des alternatives),
ou TOPSIS (par normalisation des évaluations et comparaison à
l'aide de distance euclidienne avec les alternatives idéale et
anti-idéale)...
Comme indiqué dans les chapitres
précédents, la conduite d'une telle vérification empirique
ne peut pas se faire dans le cadre du présent travail, pour deux raisons
complémentaires : une telle recherche est très ambitieuse. Pour
se faire, elle devrait mobiliser plus d'un chercheur et pour une durée
assez importante. La seconde raison est que le cadre de mémoire de DEA
est trop restreint pour accueillir un tel projet.
Pour ne citer qu'un genre de difficultés
inhérentes à ce cadre, à part la durée de la
recherche, une expérimentation de la décortication d'un processus
cognitif appelle à ne faire participer aux sondages que des gens
expérimentés du domaine, de vrais managers par exemple.
Généralement, les structures de recherche des pays anglo-saxons,
et à un moindre degré, des pays continentaux, permettent de
financer de telles recherches, pour motiver ces « vrais gens »
à révéler leur processus de croyance. Ce qu'un cadre de
mémoire de DEA ne le permet guère...
Une telle recherche empirique ne peut revêtir ici que la
forme d'un projet ou d'une proposition, à espérer conduire en
thèse.
L'approche d'une application empirique de variables floues
diffère sûrement de celle de variables vulgaires. Mais comme toute
recherche, il faut réussir à poser les bonnes questions : ici, la
problématique est double :
PROBLÉMATIQUE :
q Nous voulons faire rapprocher un modèle de sa
réalité, en cherchant à comprendre les opérations
élémentaire d'un processus cognitif de « décision de
croyance ». En d'autres termes, nous cherchons à comprendre
comment un individu « croit » ?
q En addition, nous voulons savoir si notre proposition de
réflexion a bien visé la réalité du processus
cognitif de croyance, ou bien si notre conception des croyances (il ne l'est
pas encore) n'est pas la bonne pour traduire la réalité de ce
processus.
CHOIX DE L'ÉCHELLE D'ÉVALUATION :
Puisque nos variables sont des variables floues et
généralement à intonation linguistique, la réponse
à ces deux questionnements pourrait se faire simultanément, dans
le cadre d'une même recherche : En fait, l'expérimentation de
variables floues se fait nécessairement par des
questionnaires, ou sondages ou recherche en laboratoire, afin
de recueillir les appréciations individuelles, propre à chaque
personne sondée. Il s'agit surtout d'utiliser des test
psychométriques.
Exemple de Test Psychométrique :
Source : Lesage C. [1997,p.24] adapté
« Supposons qu'il existe un axe gradué de 0
à 10 permettant de situer le niveau de diligence de l'auditeur 'A', avec
0 qui signifie une complète négligence et 10 qui signifie une
complète diligence.
Négligence Diligence
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Pour qualifier votre appréciation sur la diligence de 'A',
vous ne disposez que des 5 qualificatifs suivants : très
négligent, négligent, modérément diligent,
diligent, très diligent.
1) quand vous dites « je crois que l'auditeur 'A' est
très négligent » :
n quels sont les niveaux de diligence qui représentent
absolument ce que vous pensez ?
n quels sont les niveaux qui ne représentent absolument
pas ce que vous pensez ?...
Il est alors beaucoup plus évident de se rendre compte,
en cours de sondage, que l'échelle d'évaluation n'est pas
adéquate à la question ou que le facteur de réputation
choisit, n'est pas tellement partagés par les gens du domaine, ou que
globalement, le processus de croyance ne s'assimile pas à un processus
de notation. Bref, en cherchant, à l'aide de question bien
visées, de comprendre le processus de croyance, nous pouvons affirmer ou
infirmer notre conception « Rossienne » de ce processus, et en
voulant examiner si cette conception est la bonne ou pas, nous pouvons aboutir
à la compréhension du processus cognitif réel de croyance
chez la population des managers.
L'important est de bien poser les questions, et de savoir le
mieux possible, de quels facteurs de réputation il s'agit, de
quelle échelle d'évaluation il s'agit et de quelle
structure d'agrégation de croyance il s'agit.
LES FACTEURS DE RÉPUTATION :
Les recherches empiriques traitant que ce soit de la
réputation de l'auditeur ou de la qualité du travail d'audit et,
à un moindre degré, celles qui traitent de l'utilité de
l'audit, commencent à devenir nombreuses, nous permettant
d'apprécier la réalité de ces concepts et de trouver
des
sources fiables à partir desquelles nous pouvons
extraire un ensemble de facteurs de réputation communément admis
en tant que tels. Il faut cependant noter qu'un nombre non négligeable
d'auteurs essaye de considérer des facteurs de réputation en tant
que critères de qualité de travail en audit et vice-versa, de
considérer que des critères de qualités peuvent renseigner
sur le degré de réputation des auditeurs...
Ayant conduit des recherches à but différents,
à méthodologie différente et à démarche
variées, ces recherches néanmoins nous permettent de choisir
certains des facteurs de réputation ou de critères de
qualités les plus étudiés :
n Grant J. & Bricker R. [1996] trouvent que
l'appartenance à une association professionnelle, comme l'ordre
professionnel ou l'association d'auditeurs internes... permet de signaler une
haute qualité de l'auditeur membre,
n Simon D.T. [1997] établit que la taille de la firme
d'audit et l'importance de ses honoraires d'audit constituent des
indicateurs de qualité,
n Feltham et al. [1991] établissent que le choix d'un
auditeur, lorsque la firme s'introduit nouvellement en bourse, est un
indicateur de qualité,
n Bonner S. & Barry L. [1990] établissent certains
déterminants d'expertise de l'auditeur comme le nombre de mandats
d'audit de firmes appartenant à une industrie bien
particulière, ou l'expérience en technologies
d'information,
n Wilson T. & Grimlund R. [1990] trouvent que les
sanctions disciplinaires imposées par la SEC à certains
auditeurs affectent leur réputation, par des mesures de la
variabilité du portefeuille client ou de reconduite de mandats
d'audit...
n Enfin Moizer P. [1997] établit que l'appartenance
à un cabinet Big donne une image favorable à l'auditeur
à travers des données sur la fréquence de recommandation
par les Chefs de grandes entreprises et sur le supplément d'honoraires
induits par cette appartenance, que la prestigiosité de la
clientèle de l'auditeur affecte positivement cette image,
n Enfin, Datar et Alles [1999] parlent de Richesse du
cabinet d'audit comme indicateur de réputation de diligence, sans qu'ils
explicitent mieux cet indice, sous-entendu que cette richesse provient de la
réussite professionnelle de l'auditeur.
Ce qui influence notre choix de l'ensemble des facteurs de
réputation de l'auditeur tel que exposé dans l'exemple
numérique de la page 120 du présent travail.
QUI QUESTIONNER ? :
Une remarque importante ici est à ne pas
négliger : la plupart des recherches empiriques de genre diagnostic de
comportement humain, se conduit en laboratoire ou par questionnaires... la
plupart des ces recherches se conduisent alors sur une population
d'étudiants plus ou moins initiés aux connaissances
économiques ou de gestion. C'est une très grande
difficulté à surmonter que d'essayer de questionner de vrais
protagonistes du monde des affaires, par manque de disponibilité de leur
part et par manque de motivation à fournir des efforts à aider
l'avancement de la recherche scientifique. Les seules recherches qui ont
été bien conduites, sont celles où l'objet de la recherche
à été recommandé par ces personnes à
questionner (notamment les cabinets big, les banquiers...).
Pour notre recherche, il faut remarquer que, bien qu'une
structure de « comité d'audit » n'existe pas encore dans le
tissu économique tunisien, une structure similaire a existé
effectivement, en ce qui concerne les EPIC, mais cette structure avait la
particularité d'être rattachée au Ministère des
Finances : c'était une commission où siégeaient de hauts-
fonctionnaires, le PDG de l'entreprise publique auditée et l'auditeur.
cette commission avait pour rôle de soutenir l'auditeur dans son travail
en responsabilisant mieux le Chef de l'entreprise, de telle façon
qu'elle constituait presque un contre poids au pouvoir du conseil
d'administration de telles entreprises. L'on pourrait alors exploiter
l'existence de cette structure, et l'expérience de ses membres dans
l'appréciation de la réputation et de la qualité de
l'auditeur. toute la difficulté réside à motiver ces
personnes hautement chargées pour fournir l'effort adéquat pour
l'avancement de ce travail.
Passons enfin, à notre section finale qui traite de1
« l'avenir » de notre conception fusifiée
des
croyances en ce qui concerne sa réinsertion au
modèle de jeu de base de la relation d'audit :
D MAME AUX MESURES '
nous élaborons une discussion des soubassements de
cette conception relatifs aux mesures d'incertitude. Cette conception de
croyance devrait être réinsérée à son
modèle de base, le jeu initial de la relation d'audit de Datar &
Alles [1999]. Telle qu'elle est, elle serait incohérente avec ce
modèle bayesien : nous discutons, ici, les multiples facettes que
pourrait prendre un tel modèle vis-à-vis de trois mesures
d'incertitude et leurs utilités associées : la mesure
probabiliste et l'utilité espérée, la mesure possibiliste
et ses utilités possibilistes, et la mesure de la fonction de croyance
de la théorie de l'évidence.
Selon les conseils de Mr Patrice Perny, spécialiste en
décision multicritère floue, cette réinsertion devrait se
faire par trois genres d'essais :
1. UNE RÉINSERTION PROBABILISTE :
L'important dans notre conception de ces croyances
fusifiées est que les croyances du manager envers la réputation
de l'auditeur, doivent être reliées à leur contexte, c'est
à dire défalquées sur un ensemble de facteurs de
réputation pour que l'estimation de la croyance globale soit mieux
rapprochée à sa réalité. Mais, une croyance
fusifiée ne sera pas cohérente avec un modèle de jeu
à utilité espérée.
On pourrait alors réfléchir à remodeler
la croyance probabilistique pour la défalquer sur des facteurs de
réputation, en cherchant empiriquement à trouver des
fréquences d'existence d'auditeurs diligent et riches, par exemple,
d'auditeurs diligents et utilisant des technologies sophistiquées
d'audit, d'auditeurs négligent et riches... ainsi, on pourrait
établir un tableau de ce genre, à titre d'exemple, qui puisse
aider le manager à « calculer » sa croyance vis à vis
d'un auditeur particulier :
FACTEURS DÉ
WW/7;4710m
|
Neira)"
Dit/GENTS
|
Neira)"
W
|
Richesse du cabinet
|
70%
|
30%
|
Technologies d'audit
|
85%
|
15%
|
Sanctions disciplinaires...
|
10%
|
90%
|
...
|
...
|
...
|
2. UNE RÉINSERTION POSSIBILISTE :
Le modèle de Ross est effectivement une conception
possibiliste de cette croyance. Réintégrer cette croyance
fusifiée, agrégée à un modèle de jeu,
suppose nécessairement que les utilités des joueurs soient de
nature possibiliste. Il existe en fait, plusieurs utilités de ce genre.
On peut citer dans ce genre les utilités qualitatives, optimistes ou
pessimistes, où il est question d'utiliser la composée max-min ou
min-max (selon qu'on veut utiliser respectivement l'utilité qualitative
pessimiste ou optimiste) appliquées à des mesures de
possibilités des gains des joueurs (ou distribution de payoffs).
3. UNE RÉINSERTION « BELIEF » :
là, il est très intéressant de concevoir
la croyance du manager comme une fonction de croyance de cette forme, où
Fi sont les facteurs de réputations qu'on a cité
précédemment, les mi des masses d'évidence (m3 mesure
l'ignorance...) agrégées par la règle de Dempster et C la
croyance agrégée :
F1+ F2+ F3 = C
m 1
m2
m3
|
G
|
m 1
m2
m3
|
G
|
m 1
m2
m3
|
m 1
= m2
m3
|
La construction « belief » semble robuste, mais
lorsqu'il s'agit de la réinsérer à un modèle de
relation d'audit, toute la difficulté réside dans le fait qu'il
n'existe pas encore, selon Mr Perny P., des utilités « belief
», construites selon la même logique que la fonction de croyance de
Shafer.
Cela démontre encore une fois la difficulté de
prétendre achever une telle recherche aussi du coté empirique que
du coté théorique, sans oublier qu'une fois le modèle
construit selon ces trois perceptions de la croyance et de leurs
utilités respectives, il faut réfléchir à
transformer le modèle d'équilibre séquentiellement
rationnel de la réputation de Kreps et Wilson, basé sur des
stratégies discrètes essentiellement, selon ces trois mêmes
logiques...
Pour résumer les points essentiels de la
présente recherche, il faut globalement noter que ce travail est, en
premier lieu, un travail de synthèse, aussi bien de
l'évolution de l'audit, que des critiques avancées à la
modélisation --stratégique- d'audit, et en second lieu, une
proposition d'une ébauche de réflexion touchant au niveau
important de l'abstraction du modèle d'audit étudié par
rapport à la réalité de la relation d'audit entre le
manager, l'auditeur et le propriétaire de la firme auditée :
RÉ É Di Ll
RECHERCHE ~
D'une part, la présente recherche est essentiellement un
travail de synthèse. Cette synthèse touche aux aspects suivants
:
q l'évolution de la pratique d'audit accuse un rythme
soutenu depuis un bon nombre d'années. Cette évolution est
toujours déclenchée (comme l'a toujours prédit Schumpeter
avec sa théorie de l'innovation) par l'innovation des grandes structures
internationales d'audit, comme les Bigs Five, dans ce domaine. Les innovations
observées jusqu'ici dénotent du manque d'utilité de
l'audit, tel que conçu actuellement, par rapport à ses principaux
utilisateurs. En addition, cette évolution pratique, dorénavant,
ne doit pas être isolée de l'évolution qu'observe le
domaine des technologies de l'information,
q notre recherche synthétise, de même,
l'évolution de la recherche scientifique d'audit : elle distingue
globalement entre recherches théoriques normatives et recherches
empiriques positives : les recherches empiriques essayent de falsifier les
conclusions des recherches théoriques. Elles sont alors
caractérisées par une variété importante en terme
de sujet de recherche ou de méthodologie ou de démarche... et
même par des résultats généralement assez
mitigés. Les recherches théoriques, par contre sont plus
homogènes : elles relèvent ou bien du domaine de la
théorie des contrats pour traiter la décision stratégique
d'audit ou bien du domaine de l'estimation du risque d'audit, pour traiter la
décision individuelle de l'auditeur, au cours de son activité. La
différence entre ces deux domaines de la modélisation d'audit est
à comparer avec la différence entre théorie de la
décision et théorie des jeux...
q enfin, la présente recherche synthétise aussi
des critiques disparates, faites au modèle d'interaction
stratégique d'audit de Datar & Alles [1999] ou à la
théorie néoclassique économique pure, en les regroupant
contre une « mécanicisité » caractéristique
des
comportements des individus économiques en relation
d'audit, à savoir l'auditeur, le manager et le propriétaire de la
firme auditée...
D'autre part, la présente recherche propose une
ébauche de réflexion, dans le cadre de la construction des
croyances du manager envers le type de l'auditeur, telle que
modélisée par le papier de Datar & Alles [1999]
étudié :
- elle remet en question la construction probabiliste et
bayesienne classique des croyances, en avançant que la théorie de
la probabilité n'est plus adéquate pour traduire une
évaluation d'une mesure d'incertitude qu'est la croyance, et ce pour les
motifs suivants :
o la théorie de la probabilité est
gouvernée par les lois des proportions basées sur la
répétition des épreuves, par essence, alors qu'une
croyance est un processus mental particulier, nécessairement
rattaché à un contexte qui lui est propre, et traitant
d'événement rarement répétitif et souvent
inobservable, puisque incertain,
o la probabilité implique
l'équiprobabilité des choix, par définition. Vue à
partir de la théorie générale de l'information, cette
situation devient très particulière et rarement réalisable
(désordre informationnel), alors que pour presque toute construction
mentale de croyance, l'individu part nécessairement d'une information
initiale non nulle,
o enfin, la probabilité est une mesure d'incertitude
additive et ne permet pas de distinguer entre l'absence totale d'un fait dont
la croyance est évaluée, et sa méconnaissance.
- Ensuite, la présente recherche insiste sur le fait
que la construction mentale de croyance ne peut pas se faire sans le recours
à des valeurs personnelles de ugement, relatives au fait
évalué : Appliquer cette constatation sur la croyance envers la
réputation de l'auditeur, signifie que le manager adopte
nécessairement certaines valeurs de jugement pour pouvoir construire sa
croyance. Nous avons essayé de choisir ces valeurs parmi certains
résultats de travaux empiriques relatifs à la réputation
de l'auditeur, tels que la richesse du cabinet d'audit, la prestigiosité
de sa clientèle, son passé judiciaire ou disciplinaire, son
appartenance à des Bigs...
- Le processus d'évaluation d'une croyance est
assimilé à un processus de décision multicritère
floue semblable à celui de la notation, inspiré de Ross T.J.
[1988] sous forme d'une composée (max-min) de relations floues, une
relation de pondération des critères de réputation et une
relation d'évaluation de ces critères pour un auditeur
donné. Sauf qu'il s'agit d'évaluation d'une mesure d'incertitude
: en fait, cette mesure concerne autant un ensemble mal connu qu'un ensemble
mal définit, d'où sa congruence avec les mesures
possibilistes de l'incertitude. La discussion porte aussi bien
sur l'échelle d'évaluation que sur la forme de ces nombres flous,
que sur le choix des critères de réputation, que sur les
préalables à la révision d'une telle croyance floue,
puisque le modèle est à l'origine un modèle dynamique
à périodes finies.
Quant à la discussion qui porte sur les perspectives de
l'application d'une telle mesure d'incertitude floue au modèle de jeu
initial, elle se résume en trois points : le premier, simple, a pour but
de percevoir, par des échantillonnages réels, les mesures
probabilistes liées à la matrice des contingences. Le second
point, dicte d'appliquer au modèle, des utilités qualitatives
possibilistes ou optimistes, pour établir une certaine cohérence
du modèle. Enfin, le troisième point, indépendant des deux
autres, établit une fonction de croyance, qui répartit certaines
masses d'évidence sur les critères de réputation
précédemment discutés, et combinées grâce
à la règle de Dempster-shafer, pour remplacer la croyance
possibiliste, mais qui bute sur une possible inexistence d'utilités
cohérentes avec la fonction de croyance pour espérer constituer
un modèle de jeu complet, cohérent et qui fonctionne.
Cette ébauche de réflexion est évidemment
inachevée exactement pour toutes ces difficultés en perspective.
Certes, ce sujet est trop ambitieux pour un mémoire de DEA, mais il
constitue sûrement une bonne introduction dans le cadre de recherches en
économie cognitive, (ou aussi en gestion des connaissances), domaine qui
n'est ni l'unique privilège des économistes ni celui des
gestionnaires, au contraire, il peut être considéré comme
l'unique domaine où on peut espérer parler de « synergie
» entre ces deux « populations » de chercheurs.
Al-Kalkashandy A.
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"Sobh el aacha fi ketabet al incha"
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Librairie Sauramps Montpellier
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Baslé M.
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Librairie Sauramps Montpellier
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Carcello J. V. Hermanson R. H. McGrath N. T.
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Chambon J-P.
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Encore recherché
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Kunkel J. G. Magee R. P.
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Encore recherché
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Lachmann L.M.
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"From Von Mises to Shackle : An essay on Austrian economics
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1990
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Encore recherché
|
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|
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|
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|
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|
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|
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|
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|
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|
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I.S.G. - Bardo
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|
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|
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1997
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Encore recherche recherché
|
Martimort D.
|
"Optimal contracts and games between
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|
Institut d'économie industrielle -- USS
- Toulouse
|
Document de travail « 02 » Juillet 1991
|
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|
de Mr Fayçal Mansouri I.S.G. -- Sousse
|
Mattessich R. V.
|
"Methodological preconditions and problems of a general
theory of accounting"
|
Accounting Review
|
Vol. 47 n° July 1972
|
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|
I.S.G. - Bardo
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|
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|
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Reckers P. M. J.
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"An examination of the influence of CPA firm type, size and
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|
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|
vol. 23 n°2 Autumn 1985
|
885-896
|
F.S.E.G. - Sfax
|
Melumad N. D., Ziv A.
|
"a theoretical examination of the market reaction
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|
Accounting Review
|
vol. 35 n°2 Autumn 1997
|
239-256
|
F.S.E.G. - Sfax
|
Melumad N. D. Thoman L.
|
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|
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|
Vol. 28 n° 1 Spring 1990
|
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|
I.S.G. - Bardo
|
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|
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|
Accounting Review
|
Vol. n° April 1991
|
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|
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|
Messier W. F. Jr
|
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|
Journal ofAccounting Research
|
Vol. 28 n° Sup. 1990
|
104-109
|
I.S.G. - Bardo
|
Nash J. F. Jr
|
"The bargaining problem"
|
Econometrica
|
Vol. 18 n° 2 January 1950
(a)
|
155-162
|
Encore recherché
|
Nash J. F. Jr
|
"Equilibrium points in n-person game"
|
Proceedings of the National Academy of Sciences - USA
|
Vol. 36 n° 1 January 1950
(b)
|
48-49
|
Encore recherché
|
|
Nash J. F. Jr
|
"Non-cooperative games"
|
Annals of Mathematics
|
Vol. 54 n° 2 September 1951
|
286-295
|
Encore recherché
|
Ng D.S.P. Stoeckenius J.
|
"Auditing : incentives and truthful reporting"
|
Journal of Accounting Research
|
Vol. 17 Sup. 1979
|
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|
F.S.E.G. - Sfax
|
Ng D.S.P.
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"An information economics analysis offinancial reporting and
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|
Accounting Review
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I.S.G. - Bardo
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|
Morgan Kaufmann Publishers San Fransisco 2ème
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|
1988
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|
Mme Ben Yaghlene B. IHEC
|
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|
"Information issues in the financial reporting process ,,
|
Journal of Accounting Research
|
Vol. 23 n° 1 Spring 1985
|
240-255
|
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