Le logement à Casablanca :
Ampleur et causes de la crise.
La présente note appréhendera la
problématique de l'habitat dans le milieu urbain de la Région du
Grand Casablanca. En effet, le terme de "crise de logements à
Casablanca" est souvent évoqué par la population, les agences
immobilières, les services publics et semi-publics et la presse
nationale et régionale.
Dans ce cadre, une description statistique simple du secteur
de l'habitat à Casablanca fait ressortir cette crise et son
acquitté. Toutefois, si crise de logements il y a, ses origines ne sont
pas, uniquement, d'ordre numérique mais plutôt dues aussi à
l'inadaptation entre l'offre et la demande de logements.
Pour argumenter cette proposition, on traitera :
-
L'évolution du périmètre urbanisé.
-
L'évolution de la population et des ménages.
-
L'estimation des besoins en logements.
-
L'offre de logements.
-
Quelques éléments explicatifs de la crise de logements.
Evolution du périmètre urbain ( surfaces
urbanisées).
Afin de dresser une évolution de la surface
urbanisée dans la Région du Grand Casablanca, on s'est
basé sur le bilan présenté par Monsieur Mustapha NACHOUI,
professeur à la faculté des lettres de Ben Msik dans son ouvrage
intitulé : " Impacts des variables naturelles, humaines, politiques et
économiques sur l'évolution de la composition de la population de
Casablanca : 1830 - 1994, paru dans les édition de la revue "L'espace
géographique et la société marocaine" .
Selon ce chercheur, Casablanca s'étendait sur
près de 50 hectares entre 1907 et 1913.
Depuis ce temps, la Région, par sa situation
géographique favorable :
-
Région côtière, avec un port important construit en 1912
par le Général Lyautey,
- Centre du
"Maroc utile" : plaine de la Chaouia, près de celles du Tadla, Haouz et
du Gharb,
- Proche des
gisements de phosphates de Khouribga
La "petite ville de Casablanca" fut dotée d'une
infrastructure structurante reliant son port et celui de Mohammedia aux zones
précitées : réseau routier, voie ferrée et plus
tard l'aéroport international Mohamed V actuellement.
Cette importance donnée à la Région,
notamment à la ville de Casablanca, fait d'elle uns destination
privilégié pour :
- Les
commerçants marocains venus de Marrakech, Fés et les autres
villes du pays ayant trouvé un terrain propice pour développer
lerus activités : Commerce, restauration, industries,
santé....,
- Les
Marocains venus des régions pauvres suite à des années de
sécheresse et des actes de "siba",
- Les
Etrangers.
Une crise d'habitat est apparue. Lyautey a
décidé la création de la nouvelle médina
destinée principalement aux étrangers. Comme la topographie
locale était favorable à l'extension urbain, on s'est
trouvé avec une extension rapide de la "ville européenne"
enclavant l'ancienne médina.
Cet accroissement rapide de la Région, fut
freiné entre 1913 et 1917 suite d'une part à la première
guerre mondiale ( les Européens s'occupaient du sort de leurs pays) et
d'autre part à l'érigation de Rabat comme capitale politique du
pays qui a attiré un nombre important de migrants venus du Nord du Pays
mais aussi des autres Régions..
Durant cette période, fut établi le
schéma urbain dit "Prost" limitant le périmètre urbain de
Casablanca au boulevard Zerktouni et la Résistance actuellement, qui
s'étend sur une superficie de 150 hectares.
Après la première guerre mondiale, le
périmètre urbain a atteint en 1921 près de 2450 hectares
et ce en recourant à l'expropriation des zones agricoles
avoisinantes.
Aussi, suite à des considérations
sécuritaire, à l'expropriation et à la colonisation des
terres, le monde rural a connu des moments difficiles face à l'"essor"
de la Région de Casablanca qui fut d'elle un centre d'attraction des
migrants nationaux et étrangers.
Par conséquent, l'urbanisation de la Région
s'est diversifiée en assistant à l'apparition de trois types de
logements : les villas en 1930 (Anfa), l'habitat économique, l'habitat
clandestin et les bidonvilles à l'Est et au Sud de la Région
(carrière centrale, carrière Ben Msik à Casablanca et
d'autres carrières à Mohammedia).
En 1936, la superficie du périmètre urbain avait
atteint 12835 hectares (y compris Mohammedia) au détriment des terres
agricoles. La migration vers la Région s'est poursuivie avec la
deuxième guerre mondiale. Casablanca a émergé en tant que
première ville du pays avant Marrakech et Fés. Toutefois,
l'investissement étranger dans l'axe Casablanca-Mohammedia a
diminué à cause de la guerre d'où des répercussions
néfastes sur l'habitat et l'emploi. Ceci a été
accentué par les représailles face au manifeste de
l'indépendance présenté en 1944 et aux guerres de
libération qui ont suivi.
Pour organiser l'urbanisation, et surtout pour des raisons de
sécurité, on a établi un plan d'aménagement dit
"Ecochar".
Après l'indépendance, les communautés
étrangères quittèrent le Maroc ce qui a causé un
certain ralentissement de l'activité économique et l'extension de
l'habitat insalubre et précaire dans les villes de Casablanca et
Mohammedia. Cependant on a assisté à un flux massif de la main
d'oeuvre.
Par ailleurs, le Plan de développement
économique et social 1960-1964 a été trop optimiste avec
6.2 % comme taux de croissance, suivi d'un Plan triennal 1965-1967 dans lequel
l'habitat n'a pas était prioritaire.
Le Plan 1973-1977, malgré ses ambitions
économiques a rencontré des contraintes intérieures et
extérieures ( crise du pétrole, conséquences de la
récupération de nos provinces sahariennes...).
Ainsi, le périmètre urbain de la Région
durant cette période a couvert 31710 Km2 et ce après le
rattachement de trois Communes, qui relevaient de la Région du Grand
Casablanca, aux provinces limitrophes. Ce périmètre est
réparti à partir de 1981 en 5 préfectures Ain Chok Hay
Hassani, Ain Sebaa Hay Mohammadi, Ben Msik Sidi Othmane, Casablanca Anfa et
Mohammedia Zenata. Ce découpage a été revu trois fois par
la suite avec la création de 4 autres préfectures : Al Fida Derb
Soltane et Machouar de Casablanca (1985), Sidi Bernoussi Zenata (1990) et
Moulay Rachid Sidi Othmane (1998).
Le découpage communale a, lui aussi, connu des
modifications qui ont donné naissance en 1992 à :
- 29
Municipalités.
- 6 Communes
rurales.
- Une
Communauté urbaine groupant 27 municipalités.
Par la suite, fut crée la Région du Grand
Casablanca en 1997.
Il faut noter que malgré, d'une part, la promulgation
du Dahir sur les Régions et la révision de la Charte Communale du
30 septembre 1976 et d'autre part, l'adoption d'un nouveau code des
investissements, la Région du Grand Casablanca reste la force
d'attraction principale des investissements et de la main d'oeuvre; ce qui fait
que la Région n'a cessé de se développer provoquant un
accroissement, de plus en plus important, de la demande en logements.
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