UNIVERSITE de BAMAKO
Faculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences
Humaines
(FLASH)
DER : Sciences sociales
Section :
Anthropologie
CONFLITS LIES AUX RESSOURCES NATURELLES
Cas de la
plaine de Douenta
MEMOIRE DE MAITRISE
Directeur de Recherche : Présenté
et soutenu par :
Dr Isaïe DOUGNON M. Mahamadou M DICKO
Professeur Assistant
SOMMAIRE
Introduction 1
CHAPITRE I PRESENTATION DU CERCLE DE
DOUENTZA...
14
CHAPITRE II COMPOSITION SOCIOLOGIQUE DE LA
PLAINE...
21
CHAPITRE III : METHODOLOGIE
24
CHAPITRE IV ELUCIDATION CONCEPTUELLE
26
CHAPITRE V
CHAPITRE VI-
CHAPITRE VII -
|
LES RESSOURCES NATURELLES
REGIME FONCIER ET TYPES DE PROPRIETE
GESTION DES RESSOURCES NATURELLES...
|
28 33
|
35
CHAPITRE VIII - DECENTRALISATION ET GESTION DES
RESSOURCES 39
CHAPITRE IX -CONFLITS LIES AUX RESSOURCES NATURELLES
47
CHAPITRE X - GESTION DES CONFLITS 52
CHAPITRE XI - AC tEURS, ROLES DANS LA GESTION
DES CONFLITS... 57
CHAPITRE XII CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
62
Annexes 65
TABLE DES MATIERES
Dédicaces I
Remerciements I
Sommaire Il
Introduction 1
Il -Difficultés de coexistence entre principaux modes de
productions 2
III- Les recherches sur le foncier en Afrique 5
IV-
11
12
Objectifs
V- Hypothèses
CHAPITRE I PRESENTATION DU CERCLE DE
DOUENTZA...
14
1-Histoire
2- Relief et cours d'eau ...14
3- Climat et végétation 15
4- Economie 15
a- Agriculture 15
b- Elevage 17
c-La pêche 19
CHAPITRE II COMPOSITION SOCIOLOGIQUE DE LA
PLAINE... 21
1-Les Dogons 21
.2-Les sonrais 21
3-Les peuls 22
4-Organisations sociales 22
5- La vie associative 23
CHAPITRE III : METHODOLOGIE 24
1-Justification
· 24
2-Echantillonnage
· 24
3-Populations cibles
· 24
4-Méthodes 24
5-Le guide d'entretien 24
6-Le questionnaire individuel 25
7-Analyse documentaire 25
CHAPITRE IV ELUCIDATION CONCEPTUELLE 26
CHAPITRE V LES RESSOURCES NATURELLES 28
1-Le foncier 28
2-L'eau 29
3-Les pâturages 30
CHAPITRE VI- REGIME FONCIER ET TYPES DE PROPRIETE
33
1-La propriété ancestrale 33
2- La propriété familiale 33
3-La propriété collective 34
CHAPITRE VII - GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
35
1-Gestion locale des ressources naturelles
35
2- Tentatives étatiques de gestion des ressources
37
CHAPITRE VIII - DECENTRALISATION ET GESTION DES
RESSOURCES 39
1-La réforme du régime foncier
39
2-La décentralisation 40
3-Organisations non gouvernementales intervenant dans la
gestion des ressources naturelles
41
4-Les Initiatives locales de gestion
décentralisées des ressources naturelles...42
a- les associations villageoises Kelka .43
b- les conventions locales du cercle de Douentza
45
CHAPITRE IX -CONFLITS LIES AUX RESSOURCES NATURELLES
47
1-Les conflits liés à la divagation des
animaux 47
2-Les litiges fonciers
47
CHAPITRE X - GESTION DES CONFLITS 52
1-Gestion locale des conflits 52
2-Gestion administrative des conflits 54
CHAPITRE XI - ACIEURS, ROLES DANS LA GESTION DES
CONFLITS... 57
1- Acteurs, rôles 57
2-Médiateurs et stratégies de gestion des
conflits 59
3- Forces et faiblesses des médiateurs dans la
gestion des conflits... 60 CHAPITRE XII CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
62
1-Conclusions
62
2- Recommandations 63
ANNEXES 65
-- I. Introduction :
Cette recherche se déroule dans la
région de Mopti située dans la partie nord de la
République du Mali.., le projet doit se concrétiser par
l'aménagement hydro agricole de la plaine du Yaïré d'une
superficie de 2500 hectares. Cette plaine est située aux abords de la
ville de Douentza. Elle est directement répartie entre trois communes
Douentza, Pétaka, Débéré.
Les villages riverains exploitant la plaine sont
Douentza, Drimbé, Fombori, Petaka ; Almina, Alabengouma,
Debéré, Kara, M'Boudou Koly, Walo et Tombori.
La population de la zone est estimée à
17700 habitants. La Population des communes dont font parties ces villages, est
estimée à 22900 habitants répartis entre 4433
ménages, soit une moyenne d'environ cinq personnes par ménage
tout sexe confondu. Les composantes essentielles de la population sont : les
Dogon, les
7
Songhaï et les Peul à coté de ces
ethnies majoritaires vivent d'autres minoritaires dans la zone (Bambara et
Tamashek).
La Plaine est située aux abords
immédiats de la ville de Douentza. Elle couvre une superficie de deux
mille cinq cent hectares (2500 ha). Les ressources en eau et sol constituent un
potentiel important pour le développement de l'élevage et de
l'agriculture dans la zone avec une lame d'eau dépassant par endroit
1,5m pendant l'hivernage. Actuellement la plaine est surtout utilisée
pour la culture de céréales pendant l'hivernage. Elle sert aussi
de pâturage pour le petit bétail au cours de la saison
sèche. La plaine du Yaïré est un des parcours les plus
empruntés par les transhumants à cause des nombreuses mares qui
jalonnent son parcours qui en réalité correspondent à des
gîtes d'étapes. L'aménagement de la plaine vise à
pallier aux déficits céréaliers chroniques dans la commune
urbaine et dans les communes limitrophes, assurer le développement de
différentes activités économiques et de les pourvoir en
infrastructures adéquates. L'aménagement de la plaine du
Yaïré intervient dans le cadre de la lutte contre la
pauvreté. Les doivent se concrétiser par l'aménagement de
mille hectares de terres irrigables, la réalisation de deux barrages de
rétention d'eau. Les travaux sont financés par la Banque
Africaine pour le Développement et le gouvernement malien. La
réalisation des travaux est assurée par le Ministère de
l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche. Les travaux ont
démarré au courant de l'année 2004 et doivent durer deux
ans. Les ouvrages qui seront exécuté seront des barrages de
retenue d'eau pour l'inondation permanente de la plaine et le
développement des activités rizicoles et du
maraîchage.
Il convient de noter que l'élevage et
l'agriculture sont les activités essentielles des communautés
locales. L'agriculture est pratiquée par tous cependant avec un
intérêt plus prononcé chez les Dogon et les Songhaï.
Mais depuis les premières difficultés d'ordre
pluviométrique dans la zone et la poussée démographique,
on assiste à un élargissement du front agricole. Cette situation
est souvent à l'origine de tensions et de conflits entre les
différentes communautés. La plaine est une zone de passage et
d'abreuvement des troupeaux transhumants. C'est aussi un lieu de
pâturages pour les animaux de la ville de Douentza et des villages
environnants. La Plaine consiste aussi un lieu de ravitaillement en
combustibles ligneux pour les populations riveraines.
Malgré un réel engouement de la part des
communautés locales ; on sait que la réalisation de travaux de
cette envergure ne se fait que par un prélèvement
considérable des ressources foncières et
fourragères disponibles. Ce prélèvement se traduisant
à coup sur par une réduction de certaines ressources
nécessaires à certaines formes de production
traditionnelle
Il -Difficultés de coexistence entre principaux
modes de productions
Au Mali, plus de 80 pour cent de la population vit en
milieu rural ces populations exercent principalement l'agriculture et
l'élevage. La terre et les autres ressources constituent les principales
sources de revenus des populations rurales. Ainsi l'accès et
l'utilisation des ressources naturelles sont souvent la source de conflits
entre les communautés. Ces dernières années des conflits
éclatent entre ces différentes communautés. Ces
différends vont de la dispute entre un éleveur et un agriculteur
; au litige foncier entre villages frontaliers. Souvent ces différends
tournent en confrontations violentes entre les groupes d'agriculteurs et de
pasteur
L'élevage et l'agriculture sont deux
activités économiques qui toutes ont en commun la terre comme
support. En tant que telle la terre devient source de compétition et de
conflit entre ses différents utilisateurs.
Dans les zones à dominante peule, le territoire
est avant tout destiné à l'élevage. Par conséquent,
tout nouveau défrichement est une réduction de l'espace
destiné à l'élevage. Cette accélération de
la réduction du domaine pastoral a surtout été
accentuée par les sécheresses de 1973 et 1983. Les
éleveurs peuls ont perdu la presque totalité de leur troupeau.
Ces sécheresses se sont traduites par l'élargissement des espaces
agricoles car même les éleveurs se sont mis à l'agriculture
pour pouvoir y tirer leur moyen de subsistance. Actuellement la
multiplicité des champs rend le déploiement des troupeaux peu
aisés.
Dans les sites majoritairement Songhaï et Dogon,
tout espace est destiné à un usage agricole et l'affectation de
la terre à tout autre usage ne peut être tolérée que
si elle temporaire.
Du moment qu'aucune terre n'est affectée
exclusivement à l'agriculture chez les éleveurs et que rien n'est
également réservé à l'élevage chez les
agriculteurs, les conflits deviennent inévitables du fait de la
cohabitation des deux principales activités économiques de la
zone
9
Il faudrait explorer les pratiques de gestion et de
prévention des conflits adoptés dans la zone. Il importe
également d'envisager les opportunités et les problèmes
que présente la décentralisation et la reforme foncière et
leur incidence sur la prévention et la gestion des conflits fonciers. Ce
qui nous amène à nous interroger sur les conditions de
l'accès équitable au foncier.
Un certain nombre d'acteurs locaux interviennent dans
les tentatives de gestion de ces conflits. Des systèmes de gestion
axés sur des accords informels, institutionnels, officiels, juridiques,
régissant l'accès et l'exploitation des ressources naturelles
sont en cours depuis la décentralisation.
Dans la commune de Douentza, l'accès à la
terre dépend de l'incrustation dans les
réseaux sociaux. La propriété
foncière est liée aux identités sociales. L'exclusion de
certains groupes sociaux (Rimaïbe, « esclave peul », les femmes)
du droit à la propriété foncière est encore
fréquente. Malgré la nationalisation des terres et les slogans
« la terre à qui la travaille », le régime foncier
coutumier continue de prévaloir.
La multiplication des conflits liés à
l'accès et à l'exploitation des ressources naturelles est aussi
liée aux changements macroscopiques intervenus au cours des
dernières décennies.
L'accroissement démographique, tant humain
qu'animal, a aussi affecté les ressources naturelles. La
conséquence de ces phénomènes naturels est la pression
exercée sur les ressources pastorales au cours de leur exploitation
à cause de la diminution des terres et des ressources. Par exemple, les
zones basses et dépressions qui collectent les eaux de surface pour
l'abreuvement des animaux ont été occupées par des champs
de culture et plusieurs mares sont maintenant ensablées.
Les formes d'utilisation des ressources naturelles
sont nombreuses et liées aux différents modes locaux de
production et d'exploitation qui sont extensifs par nature : agriculture
locale, pâture, fauche de la paille, coupe du bois de chauffe et
de
construction, feuilles et bois pour l'artisanat,
cueillette des fruits et graines de plantes alimentaires ou médicinales
sauvages etc. Les ressources font l'objet de prélèvements
continus sans remplacements. La pluviométrie annuelle demeure la
principale source à travers laquelle la végétation et les
eaux sont renouvelées. Le libre accès et l'exploitation
anarchique et désordonnée qui caractérisent l'utilisation
des ressources naturelles constituent un enjeu environnemental fondamental dans
le cercle.
Ces enjeux se présentent de façon
différente pour la commune urbaine et la ville de Douentza. Avec
l'urbanisation on assiste à une expansion de la ville sur les champs et
les pâturages. Ce faisant la commune manque d'espace pour son
approvisionnement en bois de chauffe et la pâture de ces animaux qui
proviennent des communes limitrophes.
Ainsi, il nous semble fondamental de
réfléchir sur la problématique de la coexistence pacifique
et de l'intégration des différents systèmes de production
(Elevage -- Agriculture).
Ceci vaut particulièrement dans une zone qui est
un des axes les plus empruntés par les troupeaux
transhumants.
Une profonde réflexion est utile, car la
majorité des populations pratique à des degrés
différents des activités mixtes d'élevage et
d'agriculture.
III- Les recherches sur le foncier en Afrique
Depuis quelques années des réformes sont
en cours dans de nombreux pays africains. Ces réformes qui sont
consacrées sur le foncier ont pour but la promotion d'une gestion plus
efficace et équitable des ressources naturelles. Ces réformes ont
abouti à des projets de type « Plan Foncier Rural » dont
« le premier a débuté en Côte
d'Ivoire à partir de 1990, et il a
contribué à initier d'autres PFR en Guinée et au
Bénin à partir de 1993-1994 ainsi qu'au Burkina Faso, dernier en
date, en 1999.
Tous les PFR ont en commun les objectifs suivants
:
· Répondre au constat de
l'inefficacité des législations existantes et de la
marginalisation des pratiques locales dites "coutumières" à
laquelle ont conduit ces législations, alors que l'essentiel des terres
et des ressources naturelles était gérée selon ces
pratiques.
· Sécuriser les droits coutumiers,
réduire et maîtriser
par ce moyen les conflits fonciers et,
ainsi, promouvoir le développement rural » (Chauveau ; 2003
:1)
La cause de ces réformes semble essentiellement
l'échec des états modernes dans la gestion des ressources
naturelles et la dépendance des populations rurales de ces ressources.
Ainsi dans les visions développementalistes « la pauvreté
est généralement associée à une très grande
dépendance vis-à-vis des ressources naturelles. Parmi ceux qui
dépendent de ces ressources il y a les autochtones dont la survie
culturelle est liée à l'exploitation de la terre » (Bruce et
Mearns ; 2002 :1). Ainsi la gestion des ressources naturelles a pris sa place
aux côtés de l'agriculture comme préoccupation majeure du
développement rural.
Au Sahel « les systèmes fonciers
évoluent à des rythmes différents, de manière
plus
ou moins profonde et dans plusieurs directions. La transformation ne
s'effectue pas
sans heurts, le processus suscite certains conflits et
les litiges touchant à la terre au Sahel ont fait l'objet au cours de
ces quinze dernières années d'une attention accrue de la part des
hommes politiques et des chercheurs. » (Lund ; 1999 :1). Dans les
sociétés africaines « les processus de colonisation et de
modernisation ont engendré un décalage au sein du système
juridique entre le droit national et un code de réglementation de la vie
sociale plus coutumier ». Ainsi les conflits surviennent « dès
lors que les groupes ont des objectifs multiples et des intérêts
différents dans l'utilisation des ressources, la concurrence devient
plus aigue, bien que le conflit violent ne soit pas inévitable.
Lorsqu'il n'existe pas d'institutions responsables de la gestion des ressources
naturelles, le recours à la violence peut être le signe d'une
incompatibilité des institutions sociales ou d'une apparition de
nouveaux problèmes comme la pénurie d'une ressource
particulière » (Chauveau et Matthieu ; 1996).
La multiplication selon Delville des conflits fonciers
n'est pas seulement liée « aux changements macroscopiques »,
mais est le résultat de « l'intervention de l'état et de la
pluralité juridique existante ». Delville reconnaît toutefois
que les règles coutumières locales ne sont pas à
l'opposé des lois modernes. Les ruraux sont conscients de l'existence du
droit positif, aussi ils en tiennent compte dans leur prise de décision.
Un autre facteur de la multiplication des conflits fonciers est ce qu'appelle
Traoré « La Divagation des champs ». L'extension et le
défrichement de nouveaux champs grignotant les pistes de transhumance et
les parcours ordinairement réservés au bétail. La
priorité accordée à la mise en valeur agricole de la terre
constitue un des facteurs de la multiplication des conflits fonciers. Selon ces
chercheurs les conflits sont
une partie intégrante de la gestion des
ressources « les conflits sont des processus sociaux normaux et l'ordre
social ne dépend pas de leur absence mais de la capacité de la
société à bien les gérer » (Leroy ; 1991).
Pour celui-ci « les causes des conflits sont sans doute nombreuses tant
entre pasteurs en situation de raréfactions des ressources qu'entre
pasteurs et agriculteurs lorsqu'à la crise des écosystèmes
s'ajoute une affectation des espaces pastoraux à d'autres usages ».
Ces conflits consistent selon lui une phase de transition entre « le
mirage des sociétés pastorales souveraines » et « la
sédentarisation forcée » Donc déclencher un conflit
semble être un moyen « pour aboutir à un consensus minimal
résultant de la prise en considération d'un ensemble de facteurs
dans le cadre d'une négociation globale avec tous les acteurs
concernés et en fonction de ces contraintes » (Leroy ;
1995)
Pour d'autres « la gestion des conflits est
souvent un élément très important de la réussite de
l'usage des terres et des ressources naturelles. Les conflits devraient
être considérés comme étant des aspects essentiels
des régimes de propriété complexes plutôt qu'une
anomalie » (Bruce et Mearns ; 2002 :33)
Ainsi le conflit est « un vecteur de
communication entre divers groupes, l'objectif ultime est de mettre en place un
cadre destiné à renégocier l'accès aux ressources
et de réaffirmer l'identité des groupes » (Hendrickson et al
; 1998 :7)
Les rapports pasteurs agriculteurs sont décrits
comme « complémentaires,
coopératifs » d'une part et
de l'autre part comme « conflictuels, compétitifs »,
voire
« incompatibles ». Ces conflits « naissent d'une
compétition pour l'accès aux
ressources naturelles et semblent découler de
la croissance démographique, de la migration ainsi que de la
dégradation et de la raréfaction des terres ». (Brockhaus et
al ; 2003 :2)
Ainsi, les conflits ne peuvent être
étudiés en tant que phénomène isolé, local
ou ethnique. Ils ont une histoire et sont conditionnés par des facteurs
sociaux, politiques, économiques et écologiques.
Cependant, l'analyse du conflit doit dépasser
la dimension ethnique qui est introduite par les litiges « Agriculteurs -
Eleveurs ». Car le problème fondamental demeure la coexistence et
l'intégration de différents systèmes d'exploitation et
particulièrement l'accès à des ressources
stratégiques à des moments déterminés de
l'année. Selon d'autres auteurs, le lien entre le régime foncier
et les « conflits portant sur des terres » est évident
dès le moment où « plusieurs personnes se disputent le
pouvoir de décision sur un terrain et son utilisation ». Pour
Hagberg,
« Les disparités entre les groupes rivaux
en terme de valeurs culturelles et d'acceptation du droit moderne et coutumier
» constituent des sources de conflit. Pour lui, pour comprendre le
processus de règlement et de gestion des conflits, il ne faut pas
séparer un « conflit de terre » d'un conflit « ethnique
» ou « politique ». Hagberg ajoute d'autres dimensions à
l'analyse du conflit foncier. Pour lui les facteurs religieux et politiques ne
doivent pas être dissociés des facteurs
écologiques.
15
Ainsi les conflits « ne peuvent pas être
appréciés s'ils sont réduits à des
phénomènes isolés ou ethniques » donc leur analyse
doit tenir compte de tous ces facteurs qui déterminent leurs
portées. Leur compréhension « requiert une analyse plus
approfondie des différents acteurs, de leur rôle dans
l'arène des conflits et dans la gestion des conflits, et doit
s'accompagner d'une appréciation des accords institutionnels
associés aux niveaux local, régional et national »
(Brockhaus et al -- 2003 :2). Pour Brockhaus, il est capital pour mieux
comprendre la gestion des conflits d'étudier « des processus
généraux comme la décentralisation » et »les
réformes foncières »en cours. Car « il se peut que les
réformes visant à établir des régimes fonciers
efficaces, viables et équitables ne soient toujours pas appliqués
du fait de réticences ou de déséquilibres liés au
pouvoir de négociation des différentes parties prenantes. Il sera
crucial de mieux appréhender le mode de fonctionnement de ces dynamiques
afin de rectifier le décalage entre les résultats des recherches
et les décisions d'orientation » (Haramata N°44 ; 003
:9)
Vu les problèmes que posent les conflits, on
observe un intérêt grandissant pour des techniques de
résolution centrées sur le litige en tant que tel. Car le
problème n'est pas seulement de changer les législations car
« pour être efficace, la loi doit dans l'ensemble correspondre
à ce que les gens considèrent comme juste et légitime.
Elle ne doit pas proposer des valeurs trop éloignées des opinions
et des normes couramment admises. De même, les changements dans les lois
et les institutions supposent que les ressources nécessaires à la
mise en pratique des nouvelles mesures soient disponibles » (Toulmin et
Pepper ; 2000 :9)
Ainsi « certains experts ont tenté de
créer des modèles de résolution de conflit des litiges qui
abordent le problème étapes par étapes, allant de la
recherche d'un terrain pour l'élaboration d'un plan d'action et la
réduction des divergences, aux négociations finales »
(Thièba et al ; 1995). Les recherches semblent s'accorder sur des
initiatives de cogestion des ressources naturelles pour atténuer les
conflits liés aux ressources ainsi « on admet de plus en plus que
les systèmes fonciers indigènes incarnent d'importantes valeurs
sociales qui sont essentielles à la gestion des ressources naturelles,
à l'orientation de bénéfices tirés des
activités du projet vers les indigents des zones rurales et à la
protection de l'accès des membres les plus pauvres à ces
ressources »(Bruce et Mearns ; 2002 :5)
Aussi pour Winter « l'idéal serait de
transférer les pouvoirs de l'Etat sur les questions foncières aux
juridictions créées et gérées par les usagers des
ressources » et qu' « il est préférable de
procéder à la résolution des conflits au niveau local,
à condition de que le processus soit transparent et que
l'impartialité des médiateurs soit évidente. Les
juridictions locales devraient être encouragés à
développer une capacité locale pour la résolution des
conflits » (Winter ; 1998 :15)
IV- Objectifs :
Ce travail aura pour objectif principal de :
- Décrire les différentes ressources de la
Plaine du Yaïré
- Décrire les modes de production de chaque
groupe social de la zone ;
17
- Décrire les conditions d'accès et
d'utilisation des ressources naturelles de la zone ;
- Décrire les différents types de conflits
liés à l'accès ou à l'utilisation des ressources
ainsi que leur mode de résolution ;
- Identifier et analyser les acteurs de ces conflits
;
- Faire une synthèse des résultats afin
de découvrir les forces et les faiblesses des processus de gestion et de
prévention des conflits et leur impact sur l'accès égal
des populations aux ressources naturelles.
V- Hypothèses :
Les hypothèses formulées sont les
suivantes :
- Les conflits fonciers dans la commune de Douentza sont
dus à la compétition pour l'accès et l'utilisation des
ressources naturelles ;
- L'exploitation des mêmes ressources par des
pratiquants de modes de production différents est souvent la source de
conflits ;
- L'incompatibilité entre les lois
coutumières et les lois modernes sont à la base de certains
conflits.
18
18
-- I. Introduction :
Cette recherche se déroule dans la
région de Mopti située dans la partie nord de la
République du Mali.., le projet doit se concrétiser par
l'aménagement hydro agricole de la plaine du Yaïré d'une
superficie de 2500 hectares. Cette plaine est située aux abords de la
ville de Douentza. Elle est directement répartie entre trois communes
Douentza, Pétaka, Débéré.
Les villages riverains exploitant la plaine sont
Douentza, Drimbé, Fombori, Petaka ; Almina, Alabengouma,
Debéré, Kara, M'Boudou Koly, Walo et Tombori.
La population de la zone est estimée à
17700 habitants. La Population des communes dont font parties ces villages, est
estimée à 22900 habitants répartis entre 4433
ménages, soit une moyenne d'environ cinq personnes par ménage
tout sexe confondu. Les composantes essentielles de la population sont : les
Dogon, les Songhaï et les Peul à coté de ces ethnies
majoritaires vivent d'autres minoritaires dans la zone (Bambara et
Tamashek).
La Plaine est située aux abords
immédiats de la ville de Douentza. Elle couvre une superficie de deux
mille cinq cent hectares (2500 ha). Les ressources en eau et sol constituent un
potentiel important pour le développement de l'élevage et de
l'agriculture dans la zone avec une lame d'eau dépassant par endroit
1,5m pendant l'hivernage. Actuellement la plaine est surtout utilisée
pour la culture de céréales pendant l'hivernage. Elle sert aussi
de pâturage pour le petit bétail au cours de la saison
sèche. La plaine du Yaïré est un des parcours les plus
empruntés par les transhumants à cause des nombreuses mares qui
jalonnent son parcours qui en réalité correspondent à des
gîtes d'étapes. L'aménagement de la plaine vise à
pallier aux déficits céréaliers chroniques dans la commune
urbaine et dans les communes limitrophes, assurer le développement de
différentes activités économiques et de les pourvoir en
infrastructures adéquates. L'aménagement de la plaine du
Yaïré intervient dans le cadre de la lutte contre la
pauvreté. Les doivent se concrétiser par l'aménagement de
mille hectares de terres irrigables, la réalisation de deux barrages de
rétention d'eau. Les travaux sont financés par la Banque
Africaine pour le Développement et le gouvernement malien. La
réalisation des travaux est assurée par le Ministère de
l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche. Les travaux ont
démarré au
20
CHAPITRE I PRESENTATION DU CERCLE DE DOUENTZA
1- Histoire :
Douentza est un chef lieu de cercle situé dans
la région de Mopti au Nord du Mali. Il était composé de
sept (7) arrondissements qui furent fragmentés en vingt et une (21)
communes rurales (CR). Il couvre une superficie de 18 903 km2. Il
est limité au nord-est par le cercle de Gourma rharous ; au nord ouest
par le cercle par de Niafunké, à l'ouest par le cercle de Mopti,
au sud ouest par le cercle de Bandiagara et au sud par le cercle de
Koro.
Douentza aurait été fondé par un
Bambara du nom de « Doua N'Zan » (petit frère N'Zan) ; cette
appellation est encore utilisée par les Peul sous le vocable «
douensa » qui a été transcrite sous le terme « Douentza
» par l'administration coloniale
La population totale du cercle de Douentza
s'élève à 148 869 habitants dont 81 903 hommes et 66 965
femmes, soit une densité moyenne de7, 9 habitants au kilomètre
carré. Ce qui représente une densité relativement
importante par camp paraison aux zones Nord du Mali. La ville de Douentza
présente une population mixte d'ethnies avec un plus grand pourcentage
de Dogons ; de Peuls et de Songhaï et une minorité de bambaras et
de Tamasheq.
Douentza est non --seulement chef lieu de cercle mais
il est également le plus grand centre commercial des villages et
communes des alentours. Il est également le centre de résidence
des agents de l'état et des services parapublics, comme les ONG et les
projets d'intervention dans les différents domaines. La population du
cercle de Douentza est constituée d'une frange semi urbanisée de
professionnels des services publics et privés, de paysans et
d'éleveurs et d'une population rurale de paysans et d'éleveurs
résidents dans les villages.
.2- Relief et cours d'eau :
- Le relief de la zone est caractérisé
par des chaînes de végétation qui occupe la partie centrale
; des plaines sableuses et dunaires qui occupent la quasi-totalité des
nombreuses communes.
il
L'hydrographie du cercle est caractérisée par
d'innombrables cours d'eau intermittents alimentés par des eaux de
pluie, excepté la zone N'Gouma qui est en partie arrosé par les
eaux du fleuve Niger. Il faudrait aussi mentionner les lacs et les nombreuses
mares où les populations riveraines pratiquent la pêche.
3- Climat et végétation
:
-- Le climat est de type sahélo saharien avec une
saison pluvieuse qui dure trois mois (de juillet en septembre) et une saison
sèche qui s'étale sur 9 mois (octobre en juin). La saison
sèche se répartie en une période froide (novembre en
février) et période chaude (de mars en juin. La moyenne annuelle
des précipitations est de 400 mm.
-- La végétation est de type arbustive. On y
rencontre surtout des épineux (acacia). Par endroit la
végétation arborée et arbustive constitue des peuplements
denses prenant l'allure d'une savane arbustive.
4- ECONOMIE
a- Agriculture :
Dans la zone Dogon, Songhay, et Peul pratiquent l'agriculture
avec cependant une maîtrise plus prononcée chez les premiers dont
le travail de la terre est l'activité principale. Dogon et Songhay
pratiquent l'agriculture parce qu'elle constitue leur activité
économique dominante, les Peul s'y livrent parce qu'elle constitue
aujourd'hui une activité d'appoint pour eux depuis que l'élevage
a connu des années difficiles dans la zone. Aussi les éleveurs
sont ils contraints de se donner à l'agriculture avec des conditions
variables selon que la communauté est nomade ou sédentaire.
Partout l'agriculture se pratique dans des champs de brousse ou de maison, en
exploitations collectives et individuelles.
Les champs de maison
n
Dans les villages à peuplement Dogon et Songhay
: tous les champs aux alentours du village appartiennent à la famille du
fondateur du village. Cette énonciation indique suffisamment par elle
seule le rapport que les uns les autres ont avec la terre. Elle s'inscrit dans
la logique de création d'un nouveau village. En effet les
premières habitations sont construites autour de la hutte que le
fondateur avait érigée dans son champ pour se mettre à
l'abri des intempéries. Dès lors que les constructions se
multiplient, ce champ devient champ de maison.
D'une manière générale, la terre
qui jouxte avec le village est propriété du fondateur et plus
tard de sa descendance. Cependant cette appropriation n'appelle pas un usage
exclusif : un droit d'usage temporaire pouvant être accordé
à de tierces personnes dans la limite du temporaire pouvant être
à de tierces personnes dans la limite des disponibilités
foncières. Cette flexibilité permet de comprendre que toutes les
unités de production agricole autochtone (songhay, dogon) ont dit
posséder un champ de maison. Leur propos ne contredit nullement celui
selon lequel la non possession d'une terre déterminée n'exclut
pas l'accès à l'exploitation d'un champ sur celle-ci quand bien
même c'est pour un temps déterminé. Ce droit d'accès
tend à se pérenniser pour les descendants de
l'emprunteur.
Dans les sites à peuplement majoritaire peul,
selon que l'on est Dicko ou Diallo ou Diimaajo, l'on a plus ou moins
accès à ce type de champs. En effet il semble que tous les Dicko
et Diallo en possèdent, c'est exceptionnellement qu'un diimajo en est
propriétaire. Les rimaïbé qui exploitent un champ de maison
ont déclaré y avoir accès par prêt. La culture du
mil est la plus pratiquée sur les champs de maison qui sont
exploitées toutes les années
Les champs de brousse : les champs de brousses
sont accessibles à tout individu qui en désire quel qu'en soit le
site. Ce sont des champs éloignés du village et qui font l'objet
de mise en jachère au bout d'un certain nombre d'année selon la
nature du sol. La relative appropriation dont ils sont l'objet procède
d'une première mise en valeur qui donne un droit d'usufruit
permanent.
L'auteur de ce premier défrichement acquiert un
droit de propriété qu'il transmet à sa descendance qui
hérite par la même occasion un droit d'accès libre sur
cette portion. Aussi il permet à tout moment d'ouvrir un champ sur la
jachère léguée, sans en référer au fondateur
ou à ses descendants.
Certains champs de brousse sont exploités par
des usufruitiers temporaires. Des
individus peuvent exploiter des champs sur
une portion de terre ayant déjà fait l'objet
21
d'une première mise en valeur par d'autres. Une
fois remise en jachère l'exploitant perd tout droit d'accès
à moins qu'il ne fait une nouvelle demande.
Sur ces champs de brousse on cultive du mil, du sorgho,
des arachides le sésame, le dah etc.
Champs communs et champs individuels
:
Chez toutes les ethnies, chaque unité de
production agricole cultive un champ commun et chacune de ces composantes
(cadets, épouses, fils) entretient un champ individuel.
Le produit du champ commun est un bien de la
communauté familiale et comme tel est utilisé à
l'alimentation de la famille et à d'autres besoins de celle-ci. Les
autres membres de l'unité de production ont la possibilité
d'utiliser les produits de leur champ individuel selon leur bon vouloir.
Généralement ces produits sont vendus pour l'achat des animaux de
case, des parures, des habits etc. en cas de déficit
céréaliers les produits des champs individuels sont
consommés au niveau de l'unité de production sans
compensation.
La production agricole est de type sédentaire
induisant moins de défriche. Ce sont les mêmes champs qui sont
toujours cultivés. Dans cette zone la production agricole est
réalisée en deux périodes :
Pendant l'hivernage, qui s'étale de juin en
septembre : cette période est réservée à la mise en
valeur des parcelles de culture sèches et inondées ;
Pendant la saison froide, d'octobre en février,
pour les cultures maraîchères. Les systèmes de culture
varient d'un village à l'autre. Cependant le mil et le sorgho sont les
principales productions de la zone. Ils sont cultivés sur les parties
hautes de la plaine et sur les flancs de coteaux. Le riz est cultivé
dans les cuvettes inondables.
Le maraîchage est pratiqué en saison
froide particulièrement Douentza et Ewéry où il est
associé à l'arboriculture. Les principales cultures
maraîchères sont la tomate et l'oignon. A coté de ces deux
spéculations, certains légumes (chou, aubergine, betterave,
gombo, piment) sont aussi cultivés.
Le travail du sol se fait à la daba ou à
la charrue. La production agricole dans le cercle de Douentza reste
aléatoire du fait qu'elle est tributaire des aléas climatiques,
des inondations, des prédateurs, du sous équipement, et
également de la dégradation des sols.
b - Elevage :
24
L'élevage est la deuxième
activité importante dans le Cercle Douentza. Cette importance est
liée au fait que le Cercle de Douentza constitue une zone d'accueil des
transhumants en hivernage et concentre dans la partie Est du Delta, les
meilleures zones de parcours et le site le plus important de terres
salées. Le cheptel est composé de bovins, d'ovins, de caprins,
d'asins, de camelins, d'équins et de volailles.
L'élevage est pratiqué dans toutes les
unités de production, et toutes couches socioprofessionnelles
confondues. Dans la zone, il arrive qu'on devienne propriétaire de
bétail très tôt, une semaine après la naissance
où lors du baptême. Ce capital de départ variable selon le
sexe de l'enfant, son ethnie et le nombre de tête de bétail dont
dispose ses parents peut augmenter selon les manières suivantes
:
- par héritage (tous les membres de
l'unité de production agricole)
- par don (fils, cadets, épouses)
- par achat (tous les membres de l'unité de
production agricole)
- par dot (épouses)
Généralement le cheptel des hommes
augmente par achat et celui des femmes par don et dot. Par ailleurs hommes et
femmes peuvent augmenter leur cheptel par héritage.
Ainsi dans chaque unité de production, chacun
des membres à la possibilité de posséder du bétail
selon de multiples modalités. Posséder du bétail est le
voeu de tous les enquêtés. C'est un signe de pouvoir chez toutes
les ethnies.
Cependant l'élevage est beaucoup plus l'affaire
des Peul dont il constitue l'activité économique principale. Ces
derniers ne s'adonnent à l'agriculture qu'à défaut. Dans
l'ensemble, ils possèdent plus de bétail que les Dogon et les
Songhay dont ils assurent la garde du bétail et l'exploitation des
animaux. Les bovins, les ovins et les caprins sont élevés pour
leur lait qui peut être consommé ou vendu en vue de faire face aux
dépenses de la famille ou de l'individu (achat de
céréales, d'habits, financements de mariage). Quant aux
équins, asins, camelins, ils sont élevés pour servir de
monture, pour le transport de matériels, pour puiser de l'eau des
puits.
Les animaux des unités de production sont soit
regroupés en un seul troupeau placé sous la garde de quelques
membres des unités respectives, soient répartis en plusieurs
troupeaux. Les animaux des membres de la même unité de production
sont en général placés sous le contrôle du chef de
l'unité de production. Toutefois ce dernier ne peut ni vendre, ni
donner, ni utiliser les animaux sans au préalable en informer le
propriétaire.
25
C'est aux hommes qu'incombe le gardiennage du troupeau. Les
bovins sont confiés aux adultes qui assurent aussi la traite ou les
transactions commerciales. Le petit bétail est en général
confié aux adolescents.
L'élevage transhumant : il faut
distinguer les transhumants originaires du Cercle et les transhumants
originaires du bourgou.
---Transhumants originaires du cercle:
une partie des animaux du Cercle est toujours attirée par
les bourgoutières du delta central du Niger. Les animaux
séjournent dans le cercle en hivernage et descendent dans le bourgou
à la fin des récoltes. Il s'agit là d'un mouvement de
balancement entre les pâturages inondés des cuvettes du delta et
du Niger.
Un autre mouvement Sud Nord cible les terres salées du
Drougama. Ce mouvement est
surtout observé par les éleveurs des communes du
Gandamia et de Hombori.
- --transhumants originaires du delta : ils
remontent dans la zone dès les premières pluies en Mai-Juin et
amorcent le retour vers le delta en septembre octobre en fonction de la date
des récoltes. Ces éleveurs sont originaires du cercle de Mopti
pour la grande majorité.
Les animaux empruntent les pistes de transhumance aussi bien
à l'aller qu'au retour.
c - La pêche :
Elle est pratiquée dans les mares et lacs pendant la
décrue lors de la concentration des poissons dans les points d'eau
stagnants du Yaïré. Elle est pratiquée avec des filets
à deux mains ; des filets triangulaires et des nasses. Il existe deux
catégories de pêcheurs :
Les agriculteurs pêcheurs autochtones des villages
environnants qui utilisent des équipements rudimentaires
généralement des nasses.
26
-- Les pêcheurs migrants étrangers
à la zone (Bozos et Somonos de Mopti et Konna) plus professionnels et
qui emploient des engins très performants. Ils ne sont
généralement pas intégrés dans les
collectivités de résidence.
La pêche est une activité de
diversification des activités agricoles génératrices de
revenus. Elle est très souvent annuelle et participe tant à
l'amélioration de la qualité de l'alimentation des ménages
qu'à la sécrétion de revenus individuels des populations
rurales. Elle se déroule de manière suivante :
Les pêches collectives organisées par le
village propriétaire du plan d'eau qui invite le plus souvent les
villages environnants ;
Captures individuelles par toute la
communauté.
L'exploitation du plan d'eau se fait suite à une
mise en défense qui implique toute la communauté.
CHAPITRE II - COMPOSITION SOCIOLOGIQUE DE LA PLAINE
:
Les premières populations de la zone sont les ethnies
suivantes :
1-Les Dogon :
Ils constituent l'ethnie majoritaire du
Yaïré. Ce fut à une époque plus récente
où ils ont émigrés du vieux pays vers la plaine
Seno-Gondo. Selon nos sources les villages Dogon de Ewery, Siba sont les
premiers occupants de la plaine. Une partie de la population de Siba migra pour
fonder le village Dogon de Bota. Cependant les populations actuelles des
villages précitées ne sont pas leur population originelle. Les
dogons d'Ewéry ont dit avoir trouvé sur l'emplacement actuel de
leur site une autre composante de l'ethnie dogon appelée les «
danni » qui n'ont pu supporter la cohabitation avec les populations
actuelles d'Ewéry et ont migré vers d'autres espaces. Les «
danni » toujours selon ces derniers sont localisés dans les
communes de Tédjé, Nlngari, Mori et Koubewel. L'ethnie dogon
parle dans la zone plusieurs dialectes dont les principales sont - le Jamsay
(parle dans les communes de Pétaka, Djamwély, Douentza)
- le Tomoso (parlé dans les communes de Koubewel,
Djamwély, Douentza)
- le Nadjamba (parlé dans les communes de Koubewel et
Douentza)
- le Pingui (parlé dans les communes de Koubewel,
boré et Douentza)
- le Oualo (parlé dans les communes de
Débérè et Douentza)
- le Nangasso (commune de Djamwély et Douentza)
- le Bénni (commune de Djamwély et Douentza).
La stratification fondamentale de la société
Dogon répartit les hommes entre « nobles » et hommes de
castes. Ainsi dans certains villages, il existe des quartiers de cordonniers,
souvent les hommes de caste constitue des villages à part cas de
Bota.
2-Les Songhaï :
Les songhaï du Yaïré sont originaires de
Hombori qui était une province importante de l'empire songhay. Les
songhaï du Yaïré vivent dans des villages juchés sur
les falaises Ils pratiquent une activité à dominante agricole
associée à l'élevage. Ils pratiquent aussi la pêche.
Les villages de Oualo, Almina et Kara furent fondés par des
frères. Ces derniers seraient venus de Gao après la
défaite des songhay face aux troupes marocaines de Djouder pour certains
; pour d'autres ils auraient migré de Hombori qui était une
province importante de l'empire Songhaï. Ils entretiennent des relations
de cousinage à plaisanterie avec les dogons et des relations de mariage
avec les peuls et les dogons.
28
La société songhaï est divisée en
noble, esclave et homme de caste. La langue parlée est le songhay de
Hombori
3-Les Peul:
Le peuplement de la région s'est fait à travers
une longue histoire migratoire remontant au temps des Ardo jusqu'à nos
jours en passant par la Dîna et la colonisation. L'histoire a surtout
été marquée par la période de l'empire
théocratique de Sékou Amadou fondé en dix huit cent dix
huit (18118). L'empire a consacré la prééminence du groupe
culturel Peul. Venus du sud, les peuls constituent un groupe dont
l'activité principale demeure l'élevage. Les peuls du
Yaïré sont répartis en deux groupes :
Les nobles (rimbé) : ils habitent dans des
villages appelés « wuro ; »Il s'occupaient principalement
d'élevage et de la gestion des pâturages du « leydi »
qui leur appartenait
Les rimaïbé (esclaves) : ils vivaient dans des
villages « sarré » et dépendaient toujours d'un «
wuro » les « rimaibés » s'occupaient exclusivement de la
culture des champs appartements au « wuro »
Caractérisés par la mobilité, les peuls
du Hairé sauf ceux de Douentza ne sont pas propriétaires de
terre. Ils pratiquent l'agriculture sur des lopins de terre
prêtée. Leur survie dépend essentiellement de la
disponibilité des ressources naturelles ce qui explique leur
mobilité. Ils sont dispersés pendant les pluies dans les
régions sahéliennes voisines.
La langue peule est la plus utilisée dans la zone, elle
est parlée par toutes les ethnies. Le dialecte couramment utilisé
est celui du Yaïré
4-Organisation sociale :
Les villages sont administrativement gérés par
un chef de village traditionnel et un chef de village moderne,
représentant l'autorité administrative du cercle. Ce dernier est
le représentant du préfet et est assisté par des
conseillers de village. Il est nommé par l'assemblée du village
parmi les hommes valides, il est généralement le plus
âgé, de la famille du chef de village traditionnel reconnue comme
la famille fondatrice du village. Le
29
chef de village traditionnel est le premier responsable du
village à qui rend compte le chef de village moderne ou administratif
qui est son mandataire
5- La vie associative
Dans les différents sites, la vie associative s'articule
autour de deux types d'associations :
- Les associations traditionnelles : dans la
zone il existe des organisations
traditionnelles basées sur l'appartenance à une
même classe d'âge. L'objectif de ces organisations est de susciter
et d'entretenir des relations de solidarité et d'entraide entre les
membres de la communauté notamment à l'occasion des travaux
champêtres et des cérémonies familiales. Ainsi il existe
dans chaque village des associations de jeunes (garçon et fille) ; des
associations d'hommes et de femmes.
- Les regroupements économiques : ces
regroupements sont pour la plupart de création récente. Ils ont
pour la plus part été introduit par les organisations non
gouvernementales locales qui les orientent en général vers leurs
domaines d'orientation. Ces organisations s'occupent en général
de maraîchage, de micro crédits, de banques
céréalières et d'embouche
CHAPITRE I : METHODOLOGIE
Justification :
Le but de la recherche est de décrire l'accès et
l'utilisation des ressources naturelles, car il regroupe tous les facteurs qui
influencent un conflit et exercent de vives pressions sur les
réalités locales socio politiques, écologiques et
économiques.
Echantillonnage :
Des enquêtes ont été menées dans
treize villages. Ces villages sont les bénéficiaires directs des
aménagements. Ces enquêtes portent sur dix Unités de
Productions Agricoles (UPA) soit environ 30 pour cent des UPA par villages. Les
UPA ont été choisies pour faciliter la caractérisation des
différents modes de production
L'aire de l'enquête concerne précisément
la ville de Douentza et les treize villages suivants : Drimbé, Fombori,
Pétaka, Alamina, Alabengouma, Gono, Débéré,
Adaloye, Gapiti, Kara, M'Boundoukoly, villageoise, Tombori
Populations cibles :
Ce sont les populations de la ville de Douentza et des treize
villages riverains de la plaine du Yaïré. L'enquête a
été menée auprès des autorités des villages
et particulièrement auprès des chefs UPA.
Méthodes
-- Les méthodes utilisées pour la collecte des
données de cette recherche consisteront en des entretiens
structurés et, semi structurés et ouverts. La recherche
s'appuiera surtout sur les discussions et les commentaires des
différents acteurs concernés par la gestion des ressources
naturelles, l'exploitation des ressources naturelles et les conflits qui y sont
liés.
Guide d'entretien :
Les principaux aspects abordés dans le guide
d'entretien sont : les ressources naturelles, le foncier, les modes
d'accès aux ressources naturelles, les différents usages des
ressources naturelles les difficultés qu'engendrent l'usage
différent des ressources naturelles, les conflits
générés par l'utilisation des ressources naturelles, la
gestion des
71
conflits liés aux ressources naturelles, les
interventions des structures techniques et des organisations non
gouvernementales dans la gestion des ressources naturelles, les systèmes
de production, la vie associative, l'histoire de la constitution du territoire.
Les entretiens ont été réalisés avec les chefs de
village, leurs conseillers, les notables des villages
Le questionnaire individuel :
a) le questionnaire aux agriculteurs est adressé aux
chefs des unités de production agricole. Il s'intéresse au
patrimoine foncier familial, aux modes d'accès à la terre, aux
différents usages du patrimoine foncier, à la vie associative,
à la pratique de l'élevage, au mode de gestion de
l'élevage.
b) Le questionnaire adressé aux chefs d'unités
de production pastorale est un ensemble d'interrogations sur les conditions de
l'élevage, le foncier pastoral, les ressources naturelles, la vie
associative.
Analyse documentaire : une revue
documentaire a été faite sur le sujet, des rencontres avec les
autorités administratives, les services techniques et les
différentes ONG pour complément sur la GRN
CHAPITRE III ELUCIDATION CONCEPTUELLE
Accès : c'est la capacité
d'utiliser des ressources naturelles (des terres, des pâturages,
ramassage de produits forestiers, exploitation de cultures de subsistance), de
disposer des ressources, de transférer les droits de
propriété.
Accès libre : c'est un régime
n'imposant aucun contrôle sur l'accès aux ressources. Dans ce cas
personnes ne disposent de droits spécifiques et l'accès ne peut
être refusé à personne. Ce régime est
appliqué aux pâturages, mares, brousses
Attribution : procédure consistant
à attribuer des droits sur des terres ou d'autres ressources à un
particulier ou à une communauté dans le respect des règles
définies par le régime foncier. Les droits peuvent être
attribués par l'état. Des droits peuvent aussi être
attribués par des particuliers à d'autres au moyen d'une vente,
d'un héritage.
Conflit foncier : c'est un désaccord
portant sur les droits fonciers, ou encore les limites ou le mode d'utilisation
d'un terrain. Un conflit foncier se produit lorsqu'il existe une
incompatibilité entre plusieurs intérêts individuels ou
collectifs concernant une ou des terres.
Convention locale : contrat passé
entre les villageois et les pouvoirs publics afin de règlementer
l'exploitation des terres et des autres ressources naturelles dans le cadre de
la législation forestière. Elle est signée par les
représentants du village et de l'administration et les deux parties sont
responsables de son application.
Décentralisation : le système
qui permet à une communauté humaine sur une portion du territoire
de s'administrer par des organes élus. La collectivité
territoriale ainsi créée est dotée d'une
personnalité juridique distincte et s'administre librement sous le
contrôle de l'état. La décentralisation est donc le partage
du pouvoir, des compétences, des responsabilités et des moyens
entre l'état et les collectivités territoriales
Droits fonciers : ce sont les droits portant
sur un terrain ou d'autres ressources naturelles. Les droits sur une parcelle
de terrain peuvent être détenus par plus d'une personne.
Héritage : c'est le droit de
transférer des biens à des héritiers.
Propriété : façon
courante de désigner les droits donnant la possibilité
d'utiliser,contrôler, transférer ou utiliser des terres de toute
autre façon, dans la mesure ou la loi est respectée
Propriété collective : ce sont les droits
détenus par les membres d'une communauté relativement à
des terres et à d'autres ressources naturelles que les membres
peuvent
Il
utiliser indépendamment les uns des autres. La
communauté décide de l'utilisation des ressources mises en commun
et peut interdire leur utilisation aux personnes étrangères
à elle.
Propriété privée :
droits détenus par un particulier, un groupe de personnes ou
une personne morale
Propriété publique : droits
détenus par l'état et souvent confiés a un organisme
public Réforme du régime foncier : modifications
apportées aux règles régissant le mode d'accès.
Elle peut inclure la reconnaissance légale des droits coutumiers.
Régime coutumier : expression
utilisée dans le cas d'un régime foncier utilisé par les
groupes autochtones et administré conformément à leurs
coutumes par opposition au régime légal introduit pendant les
périodes coloniales
Régime foncier : rapport de nature
légale ou coutumière existant entre des particuliers ou des
collectivités et portant sur des ressources naturelles. Le régime
foncier régit la façon dont les droits de propriété
foncière doivent être répartis au sein d'une
société. Le système foncier détermine qui peut
utiliser quelles ressources et sous quelles conditions
Ressources communautaires
Ressources naturelles : Les ressources
naturelles correspondent aux composantes de l'environnement naturel qui sont
principalement l'eau, les sols, la végétation, la faune, ...
(Ressources renouvelables), qui sont prélevées mais non
produites
Transfert de compétence : Il consiste
pour l'état à céder, à transmettre aux
collectivités territoriales décentralisées certaines de
ces prérogatives. Il consiste à identifier et délimiter
les domaines de responsabilité entre l'état et les
collectivités décentralisées. Le transfert de
compétences a lieu par voie législative c'est-à-dire par
un texte de loi voté par l'assemblée nationale et
promulgué par le chef de l'état.
Usufruit : Droit réel de jouissance qui
confère à son titulaire le droit d'utiliser un bien, d'en
percevoir les revenus, mais non d'en disposer.
14
CHAPITRE IV LES RESSOURCES NATURELLES
Les ressources naturelles correspondent aux composantes de
l'environnement naturel qui sont principalement l'eau, les sols, la
végétation, la faune, ... (ressources renouvelables), qui sont
prélevées mais non produites. Elles sont sujettes aux
problèmes liés à leur dégradation, exploitation et
disparition. Les ressources naturelles dans le cercle de Douentza
présentent les caractéristiques suivantes :
· Ce sont des ressources renouvelables
· Elles dépendent essentiellement de la
pluviométrie locale qui est aléatoire et présentent une
grande variabilité dans l'espace et le temps
· Ce sont des ressources partagées
Il s'agit de ressources dont les disponibilités sont
limitées et qui nécessitent un déplacement des
utilisateurs et usagers pour y accéder. Cette utilisation se
caractérise par le libre accès, expliquant ainsi la forte
pression et l'exploitation désordonnée et anarchique à
laquelle elles sont soumises.
Les formes d'utilisation des ressources naturelles sont
nombreuses et sont liées aux différents modes locaux de
production qui sont extensifs par nature : agriculture locale, pâture,
fauche de la paille, coupe du bois de chauffe et de construction, feuilles et
bois pour l'artisanat, cueillette des fruits et graines de plantes alimentaires
sauvages, de plantes médicinales, de miel, etc.
Les ressources font l'objet d'un prélèvement
continu sans remplacements. La pluviométrie annuelle demeure la
principale source et cause à travers laquelle la
végétation et les eaux sont renouvelées.
Actuellement ces ressources ont été
affectées tant qualitativement que quantitativement de façon
régressive par les sécheresses successives de 1973 et de 1984 et
par les pluviométries chroniquement déficitaires et par
l'accroissement démographique, tant humain qu'animal.
La conséquence de ces phénomènes est la
forte pression exercée sur les ressources foncières et pastorales
au cours de leur exploitation à cause de la mauvaise
pluviométrie, de la dégradation des terres et des ressources. Les
principales ressources naturelles sont constituées par
1- Le foncier :
li
Le domaine agricole
Partout la terre est abondante. Ainsi, 90 % des chefs
d'unités de production agricole interrogés ont
déclaré que la totalité de leur patrimoine foncier
n'était pas mise en valeur. Cette abondance de terre est cependant
relative ; la terre est soumise à des modalités variables selon
les villages.
-L'accès à la terre
L'accès à la terre ne constitue pas un
problème pour les descendants des fondateurs et les migrants
naturalisés qui en général ont hérité d'un
patrimoine de leurs ascendants. L'usufruit permanent des terres en friche du
terroir villageois est accessible aux autochtones avec des modalités
d'accès variables selon les sites. Pour les descendants des fondateurs
l'accès est libre. Les autres catégories doivent avant tout
défrichement faire une demande aux autorités villageoises ou aux
propriétaires de la parcelle. La terre n'est jamais donnée, elle
est confiée.
Pour les étrangers l'accès à la terre se
fait selon les modalités suivantes
- par don
- par autorisation
- par prêt
- par achat
Les cas de vente où d'achat de terres n'ont
été enregistrés qu'au niveau de la commune urbaine de
Douentza
2 - L'eau :
L'eau est une denrée rare importante et rare dans le
cercle de Douentza le patrimoine hydraulique du cercle ne compte pas beaucoup
d'eau coulante exceptée certaines rivières alimentées par
les eaux de pluie et ayant une existence éphémère. Les
ressources en eau sont composées des eaux de surfaces et des eaux
souterraines : celles-ci étant composées essentiellement par des
puits traditionnels, de puits améliorés, de forages modernes et
une multitude de mares qui ne contiennent de l'eau pour la plupart qu'une
partie de l'année.
Par la quantité et la diversité de ses points
d'eau, la région semble riche en ressources hydrauliques. Cette richesse
est rendue cependant très relative par
- le tarissement précoce des mares tributaires en
général de la pluviométrie annuelle
- la profondeur des puits
- l'invasion des transhumants du bourgou
- l'accès temporaire et conflictuel des forages
villageois.
16
L'accès à l'eau : Pendant et
jusqu'à la fin de l'hivernage les éleveurs abreuvent leurs
animaux dans les mares. C'est après le tarissement des mares
(février) qu'ils commencent à abreuver leurs animaux aux puits et
aux forages. Ceci jusqu'aux début des premières pluies (juin-
juillet).
L'accès à l'eau est régi par des
règles d'usages complexes et ce en fonction de la nature des points
d'eau et des sources. Dans la zone il existe deux principaux modes
d'accès aux points d'eau
- le libre accès qui concerne
· les mares considérées comme des dons de
la nature, et sont des sources d'eau communes. N'importe quel éleveur,
transhumant tout comme autochtone peut y faire abreuver ses animaux sans
contrepartie.
· Les puits et forages collectifs aménagés
par des intervenants extérieurs et sans la contribution des
communautés
· Les puits privés situés en
général dans les concessions ou aux abords des habitats avec
cependant des priorités d'usage pour les propriétaires qui fixent
aux autres l'ordre et les horaires d'accès en fonction de la
quantité disponible
- l'accès payant qui concerne
· les forages introduits par les organismes de
développement avec la participation financière des
bénéficiaires. Les tarifs appliqués pour l'accès
à ces points d'eau varient selon que l'éleveur est membre du
groupe, autochtone non adhérent ou étranger : pour les membres
adhérents le tarif varie de 10 à 20 francs par têtes de
bovins, 5 à 10 francs pour les petits ruminants, pour les autochtones
non membres 20 à 25 francs et 30 à 40 francs pour les
éleveurs transhumants.
· Certaines mares sur creusées par les autochtones
sont aussi d'un accès payant 3 - Les
pâturages
L'activité pastorale dans le cercle de Douentza est
surtout favorisée par la diversité et la quantité des
pâturages. Les pâturages sont constitués de pâturages
herbacés et arbustifs. Ces pâturages s'étendent sur de
vastes domaines qui n'ont pas encore été par l'agriculture.
- les pâturages herbacés : les espèces
herbacées rencontrées dans les différents espaces
pastoraux sont principalement les suivantes :
17
Nom de l'espèce en peul
|
Nom scientifique
|
Lannere
|
Andropogon gayanus
|
Pagguri
|
Panicum laetum
|
Sinkaare
|
Alysacarpus ovalifelius
|
Bogodollo
|
Pennicetum pedicellatum
|
Gringal
|
Blépharis linarifolia
|
Selbo
|
Aristida mutabilis
|
Hebbere
|
Cenchrus biflorus
|
Takkabal
|
Blépharus linarifolia
|
Saraawo
|
Schoenefeldia gracilis
|
Tuppere
|
Tribulus terrestris
|
Rendere
|
Citrilus lanatus
|
Burugel
|
Dactylocténium aegyptium
|
Raneeriiwo
|
Brachiara stigmatisata
|
Fulnere
|
Boerharia repens
|
Cilaal
|
Cassia mimosadés
|
Uulo
|
Cassia obtusifolia
|
Fasuuwo
|
Heteropogon contortus
|
maaro
|
Oryza barthii
|
|
Ces espèces sont les plus courantes et se
répartissent de façon inégale sur dans les espaces
pastoraux. Certaines comme saraawo et cakari sont perennes tandis que d'autres
comme bogodollo et paguri sont saisonnières. Les espèces telles
que takkabal, pagguri, giringal sont très prisées par tous les
animaux, tandis que d'autres ne sont consommées que par les
équins et les asins.
- les pâturages arbustifs : ils sont aussi
appelés pâturages aériens et sont constitués des
arbres et arbustes dont les feuillages servent d'aliments aux animaux sont
particulièrement
Nom de l'arbre en peul
|
Nom scientifique
|
Cayki Cilluki Patuki
|
Acacia albida Acacia tortilis Acacia laeta
|
|
If
Bulbi Acacia seyal
Tanni Balanites aegyptiaca
Nammaadi Bohinia rufenscens
Kooli Mitrigina inermis
Kojoli Anogeisus leicarpus
Kelli Grewia bicolour
Cami Ptecarpus lucens
Ces espèces se retrouvent presque dans tous
les espaces pastoraux ; le cami et le cayki sont les arbres de la région
par excellence. Les arbres tels que cilluki, bulbi, et kelli sont les plus
utilisés pour nourrir les animaux et auraient des vertus pour favoriser
la reproduction animale, améliorer la qualité de leur chair et de
leur viande.
Malgré une sensible dégradation des
ressources pastorales causée par les sécheresses des
années 1970 et des années 1980, les pâturages sont d'une
quantité suffisante. Malgré la disparution de certaines
espèces, les éleveurs locaux pensent que les pâturages sont
suffisants
L'accès aux pâturages
L'herbe et les produits des arbres sont des produits
appartenant à toute la communauté, cet état de fait est
surtout démontré par les comportements des populations. Ainsi
dans les brousses tigrées (Ferro en peul) comme dans les brousses
sablonneuses (Seeno en peul) qui constituent les grands espaces pastoraux de la
zone l'accès aux différents pâturages est libre à
tous. Cependant dans certains cas l'accès à certains
pâturages n'est accordé qu'aux éleveurs du
terroir
19
CHAPITRE VI - REGIME FONCIER ET TYPES DE PROPRIETE
Il existe trois types de propriétés des terres du
Yaïré.
1-La propriété ancestrale :
elle est la première et la plus ancienne forme de
propriété. Elle est fondée sur des droits de premiers
occupants ou ancêtres auxquels les nouveaux villages demandent des terres
à exploiter. Ces terres cédées n'étaient pas
achetées et ne font l'objet d'aucune compensation. Dans certains
villages des fagots symboliques de bois ou de mil sont offerts par les
exploitants aux propriétaires des terres. La cérémonie se
termine par une présentation mutuelle de voeux et des
bénédictions. Des permis d'occupation individuelle ou collective
sont encore requis auprès des propriétaires ancestraux, bien que
le droit foncier traditionnel ne soit pas reconnu par l'Etat. Les villages
reconnus comme les tenants de cette forme de propriété des terres
sont les villages de Siba, Ewéry, Bota, et Almina.
2-La propriété familiale :
elle est de deux types :
- La première est la propriété
familiale proprement dite. Elle concerne les terres dont les
propriétaires sont des familles fondatrices ou résidentes des
villages impliquées dans l'exploitation agricole de la plaine. Toutes
les terres détenues par ces familles dans la plaine constituent les
terres du village de résidence. Toutes les terres de la plaine sont des
propriétés familiales. La caractéristique
particulière de ces terres est qu'elles demeurent des patrimoines
familiaux qui ne sont ni vendus ni rétrocédés. Ces terres
se transmettent par héritage. Elles peuvent être l'objet d'un
prêt de courte durée, mais sans autorisation d'implantation
d'arbres ni d'investissements à long terme. La gestion des terres
familiales est exercée par le membre le plus âgé de la
famille détentrice de terres. Le chef de famille assure l'accès
à la terre des membres de sa famille. Les villages qui disposent de
terres sous cette forme de propriété sont Almina, Oualo, Kara,
Débéré, Bota, Drimbé et M'Boundou Koli. Dans le
village de Oualo des conflits persistent entre les propriétaires
ancestraux et les exploitants originaires de Douentza.
40
- Le second type est la propriété
individuelle établi au lendemain de l'indépendance. Elle
s'effectue par une attribution de parcelle par l'autorité administrative
et fait l'objet de lettre d'attribution.
Cet octroi de parcelles a porté sur les terres
situées en amont du Yaïré aux abords de la ville de Douentza
le long des rigoles du gorouel et mayelles qui alimentent la plaine. Ces
espaces étaient des parcours naturels du bétail. Ils
apparaissaient comme des terres de vaines pâtures que des attributaires
pouvaient mettre en valeur par des activités agricoles telles que le
maraîchage et l'arboriculture. La caractéristique de cette forme
de propriété est qu'elle repose sur les fondements de la
propriété privée moderne
3- La propriété collective :
en plus des terres ou champs de famille qui délimitent les
terres de chaque village, les villages sont aussi détenteurs de mares
dont la propriété leur est exclusivement reconnue. Les mares
constituent la propriété d'un village donné sous une forme
de propriété villageoise collective. Elles sont souvent la
propriété de plusieurs villages. Elles sont exploitées le
plus souvent par le seul village propriétaire. Elles font l'objet de
pêches collectives annuelles à une date fixée au
préalable par le village propriétaire.
CHAPITRE V GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
1-Gestion locale des ressources naturelles
:
Depuis des siècles les ressources naturelles sont
gérées en cinquième région par les
communautés locales comme des ressources communautaires. Dans le cercle
de Douentza la problématique de la conservation et de la gestion des
ressources se présente sous deux aspects selon que l'on est sur les
zones de plateau ou dans les zones de plaines. Le plateau se caractérise
par un espace réduit et des ressources très limitées (sols
superficies) soumises à des pressions d'exploitation et des processus de
dégradation (érosions) très intenses. Très
tôt les communautés sonrai et Dogon ont su développer des
techniques adaptées au milieu , basées sur un savoir local de
conservation des eaux et des terres particulièrement dans le domaine de
la production agricole (transport de terre ; murettes de pierre ; protection et
surveillance ; production de fumure organique). Les dogon ont une forte
tradition de gestion et d'aménagement des ressources. Pour Thomson et
Coulibaly si les Dogon « avaient mal gérées les ressources
du plateau » sur lequel ils ont trouvé refuge au moment des
troubles civils et dynastiques du XV au XIX siècle « ils auraient
du descendre vers les plaines plus riches mais aussi exposées aux
attaques ». Les villages, descendus s'installer dans les plaines au
début du XIX siècle, ont conservé, quelque fois en les
assouplissant, leurs traditions de gestion des ressources naturelles.
Par contre dans les zones de plaines et de dunes, ou l'espace
ne constitue pas une contrainte et ou les ressources sont nombreuses par
rapport au plateau, l'approche de la gestion et de la conservation des
ressources est tout a fait différente. Les peuls, leurs serfs, les
Tamasheq ont appliqué des systèmes de gestion des ressources
moins élaborés, sans doute parce que leurs ressources
étaient plus abondantes. Tous ces groupes exercent un certain
contrôle sur l'accès et l'utilisation des ressources à
travers des arrangements institutionnels locaux.
Les activités des communautés dans le domaine
de la gestion des ressources naturelles sont nombreuses. Les populations sont
pour la plupart conscients de la disponibilité limitée des
ressources naturelles ce qui explique les actions menées par les
communautés pour les protéger ou pour en interdire l'utilisation
abusive. En exemple nous pouvons citer le cas de la mare « Férendi
» reconnue comme propriété du village de Oualo. Cette mare
est située dans la plaine Yaïré entre les villages de Oualo
et Almina. Elle fait l'objet d'un
42
surcreusement chaque quatre ans à la date de
surcreusement fixée par le village de Oualo. Les villages participants a
cette activité en plus de celui de Oualo sont ceux de Almina, Kara et
Tombori. Cette mare fait également l'objet d'une pêche collective
annuelle à une date entre le mois de mai et de juin fixée par le
village de Oualo et officiellement communiquée aux villages qui
participent au surcreusement. Cependant tous les villages
intéressés peuvent participer à la pêche
collective
Comme presque partout au Mali, les coutumes et droits
traditionnels se caractérisent par : « la quasi-absence du mode
d'appropriation individuelle ; l'inaliénabilité de ces
ressources. En effet la terre et les autres ressources appartiennent toujours
à une collectivité : le village, le lignage ou la famille
»i
Les principaux acteurs impliqués dans la
gestion des ressources naturelles sont le chef de village et son conseil et les
chefs des ménages. Dans le cercle de Douentza le chef de village est
considéré comme le propriétaire des terres et des
ressources. L'accès à ces ressources est subordonné
à des procédures spécifiques. Pour les terres cultivables,
le prêt de parcelle est conditionné au consentement
préalable du gestionnaire du domaine et à l'engagement de ne pas
planter d'arbre, ni de dépasser les limites.
L'accès aux autres espèces ligneuses ou
herbacées e aux chaumes des champs,
pour la cueillette, la coupe de bois ou les
pâturages, est libre, même pour les
étrangers.
Un des arrangements les plus répandus
était une organisation villageoise qui règlementait
l'accès et l'exploitation des ressources forestières. Les
ressources faisant l' objet de cette réglementation sont : le bois de
feu, le bois vert pour la construction, le charbon, le bois destiné
à la fabrication des outils, les terres, les produits de cueillette, les
pousses d'herbe destinées à nourrir le bétail local et
transhumants. L'accès de ces ressources est généralement
réservé aux communautés. Par exemple le ramassage de bois
mort pour des besoins domestiques est généralement libre pour les
résidants tandis qu'une autorisation des autorités villageoises,
généralement du chef est nécessaire pour la coupe du bois
vert. Les forêts, les pâturages et les points d'eau sont
gérés comme des ressources communes, par contre les terres
arables sont la propriété des villages qui en
assurent I accès et la gestion. Ces arrangements se
font le plus souvent au niveau local de manière simple et facile
à comprendre pour les communautés résidentes et les
utilisateurs externes des ressources. La plupart des systèmes
d'appropriation sont établis au niveau du village, sauf celui sur les
pistes de transhumance, datant du conquérant Sékou Amadou qui
gérait l'utilisation des terres dans le delta intérieur du Niger
et des terres environnantes au début du XIX siècle. Des couloirs
de transhumance furent percés pour permettre la mobilité des
troupeaux peuls entrant et sortant du delta pour se nourrir selon les
changements de saison. Il officialisa la fonction de « Jowro » et
leur accorda la gestion des pâturages. Les Jowro étaient
désignés par les chefs de clan en fonction de leur
compétence en élevage et de leur intégrité. Ils
avaient pour fonction de gérer la transhumance des animaux en provenance
et à destination des pâturages de la région, en fonction
des pluies saisonnières et des inondations fluviales. La plupart de ces
pistes de transhumance existe encore et sont reconnus par les agriculteurs.
Les communautés locales ont aussi des dispositifs de
surveillance et de mise en application. Des groupes de jeunes sous la direction
d'un ancien en général étaient chargés de parcourir
les terres du village. Les infractions étaient sanctionnées au
niveau local selon la gravité de l'acte.
2 - Tentatives étatiques de gestion des
ressources :
Durant la colonisation les terres, les forêts sont
devenues officiellement propriété de l'état. Le
décret colonial du 04/07/1935 affirmait le contrôle de
l'état sur la plupart des ressources naturelles. Cependant à
Douentza comme un peu partout au Mali, le pouvoir de l'état était
limité et les institutions locales continuaient d'exercer leur
contrôle sur la gestion des ressources. Après
l'indépendance, les autorités des premières et
deuxième République, ont étendues leur emprise sur les
ressources naturelles renouvelables. Le processus commença dans les
années 1970 et le code forestier du 30 janvier 1986(loi 86-43) paracheva
le contrôle de l'état sur les ressources. Les nouvelles
réglementations imposaient des restrictions à l'abattage des
arbres dans les forêts domaniales et les aires protégées.
Certaines dispositions du code autorisaient les agents du service forestier
à règlementer de nombreuses espèces poussant sur les
terres des agriculteurs. Les communautés locales ne sont plus
impliquées dans la gestion des ressources. Il faut avoir un permis
délivré par le service forestier pour pouvoir couper du bois. Le
système imposé par le code forestier rendait la coupe
légale du bois excessivement cher aux autochtones. Les exploitants
commerciaux qui respectaient la réglementation pouvaient couper
là ou ils
44
voulaient, même sur des aires les
communautés, elles-mêmes avaient protégées voire
plantées.
Les contrevenants au nouveau code étaient
passibles d'amende voire d'emprisonnement. Les responsables locaux qui
tentaient de résoudre les différends sur les ressources par
l'application d'une réglementation locale se voyaient infliger des
amendes. Cette affirmation du contrôle de l'état sur les
ressources avait ouvert la voie à un long affrontement entre
utilisateurs locaux et fonctionnaires de l'état, responsables de la mise
en application des lois. Les réglementations locales sur les ressources
qui avaient fait leurs preuves dans la pratique ont été mises de
côté. Cette attitude s'est traduite par une dégradation des
ressources et la multiplication des conflits entre les
utilisateurs.
Avec l'avènement de la troisième
république et l'engagement du processus de décentralisation les
initiatives locales de gestion des ressources des ressources par les
communautés locales ont refleuries. Elles sont stimulées par des
mesures d'accompagnement officiel et par divers organismes internationaux et
locaux.
L'état intervient dans la zone à travers
les structures issues de la réforme du M A E P (Ministère de
l'Agriculture de l'Elevage et de la Pêche) au niveau du cercle par le S L
R C (Service Local de la Réglementation et du Contrôle) et
à la base par un poste de contrôle. Au plan technique, en
matière d'Appui Conseil d'Aménagement et d'Equipement Rural
(AACAER), il y a au niveau local un agent et le Service Local d'Appui Conseil
d'Aménagement et d'Equipement Rural au niveau du cercle. Ces structures
sont chargées de la vulgarisation agricole et de la
réglementation des ressources. Elles sont chargées d'apporter le
message technique aux communautés locales ainsi qu'aux divers
utilisateurs des ressources.
Les enquêtes démontrent l'importance des
institutions coutumières locales dans la gestion quotidienne des
ressources naturelles
Dans la zone il existe des brigades de surveillance
chargées de surveiller et de protéger les ressources ligneuses
contre les coupes abusives et l'exploitation frauduleuse des produits de
cueillettes (fourrages, gommes, gousses et fruits)
Les actions des communautés dans la gestion et la
protection des ressources sont soutenues par les services techniques et les ONG
intervenants dans la zone.
CHAPITRE VI Décentralisation et Gestion des
Ressources
La décentralisation et la réforme du
code domanial foncier ont été mentionnées à tous
les niveaux comme des processus pouvant beaucoup d'influence sur la gestion des
ressources naturelles tant au niveau des collectivités
décentralisées qu'au niveau national.
1- La réforme du régime foncier
:
Suite à la conférence nationale de 1991
et sous la pression du monde paysan, pour revoir en profondeur la politique
agricole du Mali et jeter les bases nouvelles de la collaboration des paysans
et de l'état. Le gouvernement de transition mis en place après le
régime militaire dictatorial du Général Moussa
Traoré, suspend le code forestier « une des sources de
soulèvement des ruraux et engage une réflexion de fonds liant
foncier et décentralisation. (Diallo ; 1996). La révision de la
loi forestière commença en 1992 par des consultations au niveau
régional et national (DNEF ; 1993). Li était prévu une
modification du Code Domanial et Foncier de 1986 et de préciser les
domaines de compétence des futures communes. Un projet de charte
foncière fut lancé. Un observatoire du foncier fut mis en place
avec comme mission d' étudier les pratiques foncières et leurs
dynamiques dans d'importantes régions agro écologiques »
(Delville ; 1999). Ceci dans le souci d'apporter un appui aux projets de
développement et d'alimenter le débat foncier.
L'ambition de cette démarche était de
renoncer à Code Domanial et Foncier pour adopter une charte
foncière dont « l'enjeu est de sécuriser les droits en
clarifiant les normes foncières et les formes d'arbitrage, afin de
réduire l'ambiguïté sur les normes légitimes »
(Delville ; 1999). Fin 1995, les nouvelles lois (la loi N°95-003 et la loi
N°95-004) forestières furent signées et les services des
Eaux et Forêts commencèrent leur diffusion dans les villages. La
réforme foncière au Mali continua avec la signature de la loi
N°01-004 portant Charte Pastorale en République du Mali. Cette loi
fixe les grandes orientations en matière de pastoralisme. Elle met
l'accent sur les principes fondamentaux ci-après :
- la mobilité des animaux
- l'utilisation durable des ressources et la
préservation de l'environnement
- l'accès équitable aux ressources
pastorales
- la gestion participative et
décentralisée des ressources pastorales
46
- l'importance dévolue aux organisations
pastorales
- l'exploitation paisible des ressources pastorales et
la gestion locale des conflits liés aux activités
pastorales
2- La décentralisation
Après le renversement du régime
militaire en 1991 et la démocratisation, un processus
général de décentralisation fut entamé. La
troisième république adopta, en Janvier 1993 une loi portant
libre administration des collectivités territoriales. Ce processus a
conduit à la création de 703 communes sur l'ensemble du
territoire national. Les premières élections communales furent
tenues au courant de l'année 1999. Ces « élections
marquaient l'aboutissement de plusieurs années de conceptualisation,
d'élaboration d'un cadre légal et institutionnel, de
négociations politiques, de préparation et de démarrage de
ce processus institutionnel, mais qui n'est qu'à son début avec
le bouclage du premier mandat des conseils communaux en 2004 »(Coulibaly
et Hilhorst ; 2004 :1)
Le nouveau système d'organisation
administrative du Mali comprend trois niveaux : région, cercle et
commune qui sont tous des collectivités territoriales. La commune est la
dirigée par un conseil communal qui élit le maire en son sein. La
commune constitue la collectivité territoriale de base jouissant de la
personnalité juridique. Le village n'est pas une collectivité
décentralisée, il est défini par l'article 60 du code des
collectivités territoriales comme étant la communauté de
base en milieu rural sédentaire.
La décentralisation se définit comme
« le système qui permet à une communauté humaine sur
une portion du territoire de s'administrer par des organes élus. La
collectivité territoriale ainsi créée est dotée
d'une personnalité juridique distincte et s'administre librement sous le
contrôle de l'état. La décentralisation est donc le partage
du pouvoir, des compétences, des responsabilités et des moyens
entre l'état et les collectivités territoriales
(Helvétas/PAD; 2002 :5)
Le transfert de compétences demeure le
fondement de la décentralisation. Il consiste pour l'état
à céder, à transmettre aux collectivités
territoriales décentralisées certaines de ces
prérogatives. Il consiste à identifier et délimiter les
domaines de responsabilité entre l'état et les
collectivités décentralisées « le transfert de
compétences a lieu par voie législative
47
c'est-à-dire par un texte de loi voté par
l'assemblée nationale et promulgué par le chef de l'état
» (Helvétas/PAD; 2002 :12). Une collectivité territoriale ne
peut exercer que les compétences qui lui ont été
légalement transférées. Le transfert de compétences
doit être obligatoirement accompagné des transferts concomitants
des ressources et des moyens nécessaires à l'exercice des
compétences.
Si la décentralisation est vue comme un processus
complexe qui permettrait aux populations de participer pleinement au
développement et de participer aux prises de décisions
importantes les concernant, dans la pratique la situation est plus
ambiguë. C'est ainsi que la loi N°096-50 portant principes de
constitution et de gestion du domaine des collectivités territoriales
stipule dans son article 11 que les collectivités territoriales sont
responsables de la gestion, de l'aménagement, de la conservation et de
la sauvegarde de l'équilibre écologique de leur domaine.
D'après l'article 14, les organes délibérants des
collectivités territoriales peuvent procéder à des
délégations de pouvoir aux autorités villageoises (MDRI ;
1999 )
Ainsi les conseils ruraux seront chargés
d'aménager et de gérer toutes les ressources naturelles de leur
ressort. Ainsi toutes les terres du domaine public seront
transférées aux collectivités territoriales de base.
La nouvelle législation permet aux communes de
déléguer la gestion de leurs ressources naturelles à
d'autres organisations telles les villages ou les associations. Parmi les
nombreux défis qu'implique la décentralisation figure celui de
l'harmonisation des relations entre les conseils des communes rurales
récemment mises en place et les diverses institutions coutumières
locales. Ces dernières se considèrent toujours comme les
véritables sources de pouvoir et d'autorités au niveau local.
3- Organisations non gouvernementales intervenant
dans la gestion des ressources naturelles
Dans la zone plusieurs organisations non gouvernementales
interviennent dans l'aménagement des ressources naturelles et la
protection de l'environnement. Ces organisations interviennent aussi par le
biais de séances d'information, d'éducation et de communication
afin de favoriser une bonne cohabitation.
· ALCOP
48
Elle intervient à travers trois volets :
- aménagements hydro agricoles
- aménagement de terroirs villageois
- lutte contre la pauvreté
Les interventions de ALCOP dans le domaine de l'environnement
sont issues des préoccupations des populations. Elles ont porté
sur :
La conservation des ressources phytogéniques
L'éducation environnementale dans les écoles
La création d'arboretum
La protection des espèces menacées
· NEF
La NEF est une ONG américaine qui
intervient dans le cercle de Douentza. Elle joue aussi le rôle de Centre
de Conseil aux Communes (CCC). Ces interventions concernent
L'exploitation et la gestion des marchés ruraux de
bois
La vulgarisation agricole
L'implication des élus et des acteurs dans la
prévention et la gestion des conflits et la protection de
l'environnement
Assistance dans l'élaboration des plans de
développement et la recherche de financement incluant les aspects
environnementaux
Aménagement des forêts parcs et réserves
Hydraulique villageoise
4- Les Initiatives locales de gestion
décentralisées des ressources naturelles
Au mali, la transition démocratique intervenue en 1991
confirma l'échec de la gestion étatique des ressources
naturelles.
C'est dans ce cadre que la NEF depuis 1991
appuie un programme d'aménagement et de gestion des ressources dans le
cercle de Douentza. Ce programme est axé sur deux volets : la
décentralisation et la vulgarisation. Les objectifs de ce programme sont
de sécuriser les systèmes de production et de responsabiliser les
acteurs dans la gestion des ressources de leur terroir.
Le cercle de Douentza, dans l'arrondissement de Boré
dispose de 106.070 hectares de
forêts, lieux où s'exercent les
activités agro-sylvopastorales. Placé sous la gestion
étatique
49
cette forêt est devenue l'objet d'une exploitation
abusive et anarchique par des personnes étrangères à la
région. Pour pallier à ce problème, le programme a
réalisé un certain nombre d'activités visant à
impliquer et responsabiliser les populations locales dans la gestion
décentralisée des ressources naturelles. Ceci en procédant
à la mise en place de treize associations villageoises dans les treize
villages suivants : Melo ; N'doukoye ; Tibouki ; Tété-ompto ;
Wari ; Bima ; Batouma ; Pouti ; Koressana ; Nyingo ; Korendéou,
Boré et Amba. Le programme a également mis en place nue
association supra villageoise regroupant ces treize associations villageoises
connue sous le nom de Waldè Kelka
a- les associations villageoises Kelka
Le but de ces associations est de protéger et
gérer l'environnement. Ce sont des associations à but non
lucratif dont l'adhésion est libre et ouverte à toute personne
résidant dans le village. Les instances dirigeantes de ces associations
sont : l'assemblée générale ; le comité directeur
et le comité de surveillance. Les décisions relatives à la
réglementation en matière de gestion des ressources sont prises
en assemblée générale ou les diverses sensibilités
socio professionnelles sont consultées. Les règles portent sur
- les mesures de protection de l'environnement (interdiction
d'abattre ou de mutiler les arbres surtout les essences
protégées, de cueillir des fruits crus, de permettre la
divagation des animaux)
- l'exploitation forestière : il faut une autorisation
du chef de village pour couper du bois vert. La coupe pour les besoins
domestiques est autorisée pour les autochtones et aux voisins pour la
réalisation d'ouvrages collectifs. La coupe pour le commerce est
interdite.
- L'exploitation pastorale : les règles portent sur
les points d'eau, les parcours du bétail, les gîtes
d'étape, les pistes de transhumance. les pâturages sont
règlementés selon les saisons. En saison sèche les
pâturages sont libres dans la forêt et dans les champs en cas
d'accord avec les agriculteurs. En hivernage l'accès aux zones agricoles
est interdit aux animaux et la culture dans le domaine pastoral est aux
agriculteurs. Les éleveurs ne sont autorisés à faire
abreuver leurs animaux qu'aux niveaux de points d'eau bien
déterminés
- L'exploitation agricole : pour tout défrichement il
faut l'autorisation préalable du chef de village. Cette autorisation
n'est accordée qu'à la condition d'épargner les essences
protégées. Tout défrichement dans les zones
traditionnellement
50
réservées aux pâturages est interdit.
Cependant les limites imprécises des pâturages font que les
éleveurs sont parfois lésés.
L'observation de ces règles est surveillée par
des équipes de volontaires villageois patrouillant permanemment sur
l'étendue du terroir pendant la saison sèche. En hivernage, les
équipes sont relayées par une surveillance collective de la
communauté. Pendant cette période la surveillance est d'autant
plus facile que les producteurs des villages passent le plus clair de leur
temps dan leurs champs.
Le non respect de ces règles entraîne des
sanctions consistant en des amendes négociées en fonction de la
gravité des dégâts et de la bonne foi du coupable. A
défaut l'association fait appel aux services forestiers pour imposer la
sanction, ou choisir d'interdire l'accès des ressources au coupable
· l'association supra villageoise Waldè
Kelka
L'association supra villageoise est née de la
volonté commune des villages riverains de la plaine de protéger
leur environnement et de résoudre les conflits liés à la
gestion des ressources naturelles. Elle est composée des treize
associations villageoises dont chacune y est représentée par
trois délégués siégeant à l'assemblée
générale annuelle et par un représentant élu au
comité directeur. L'association est dotée d'une commission aux
conflits composée de cinq membres. Ceci dans le but de résoudre
les conflits dépassant le niveau villageois et de gérer les
pistes de transhumance. L'association supra villageoise a également
élaboré une convention avec le comité de
développement local qui l'autorise à participer à la
gestion des ressources naturelles de la forêt de Kelka.
Rôle des associations dans la gestion des
conflits
Les associations villageoises Kelka interviennent surtout dans
les conflits fonciers et la coupe du bois. Dans les cas de conflit opposant des
membres de l'association, ils sont en général tranchés par
les instances dirigeantes de l'association. Dans les cas de conflit opposant
avec les non membres ou les personnes étrangères aux villages, il
est en général fait appel aux autorités villageoises pour
régler le différend. Les conflits sont résolus selon les
traditions locales. Dans les cas de conflits entre deux associations, il est
fait appel à l'association supra villageoise pour résoudre le
différend. La médiation dans ce cas est assurée par les
commissaires aux conflits, en cas d'échec de ceux-ci, le conflit est
soumis au comité directeur, puis à
l'assemblée générale. Ceci dans le cadre du dialogue, de
la concertation et la conciliation des parties impliquées.
b-les conventions locales du cercle de Douentza
Les conventions locales sont des ensembles de
règlements rédigés de maniéré participatifs
par le plus grand nombre possibles de parties prenantes, afin de promouvoir une
gestion équitable et durable des ressources naturelles. Elles visent
à surmonter le risque de voir les intérêts d'un groupe
étouffer ceux des autres
Les conventions servent à la résolution des
conflits et aussi à la gestion des ressources
naturelles. Elles sont le plus souvent orales. Seules les
décisions prises sont légalisées
sous forme
écrite. Celles écrites sont difficiles d'accès et ne sont
pas disponibles ou
sont difficiles à obtenir. Il existerait beaucoup
de conventions informelles entre village
pour gérer les limites et
l'exploitation des ressources. Elles ont été, pour la
plupart,
élaborées par des ONG partenaires des villages sans
la participation des services
techniques de l'état. Toutefois les
conventions qui gèrent l'espace pastoral sont
insuffisantes. Bien
qu'il existent de nombreuses conventions, elles sont pour la
plupart
méconnues et leur application presque nulle. Parmi ces
conventions, l'on pourrait citer :
-Convention entre le Comité
Local de Développement de Douentza et l'Association
Supra Villageoise WALADE KELKA
52 L'objet de la convention est l'aménagement
et la gestion des ressources agricoles, sylvicoles et pastorales des
différents domaines, la prévention et la gestion des conflits.
Elle a été élaborée le 06 Septembre 1995 à
Douentza.
Proposition de Convention de Gestion de l'espace
pastoral de Bilel Paté
Elle a été réalisée par le
GIE GAD en Avril 1999 dans l'objectif de la sécurisation et de la
Gestion d'un espace pastoral autour de la pompe solaire de Bilel Paté
dans l'arrondissement de central de Douentza.
CHAPITRE VII -- CONFLITS LIES AUX RESSOURCES
NATURELLES
Des conflits nombreux et variés surviennent
régulièrement pour l'accès aux ressources dans le cercle
et la commune urbaine de Douentza. Ces conflits sont exacerbés par des
velléités pour leur contrôle ou appropriation par les
acteurs et les communautés. Il s'agit de conflits entre agriculteurs et
éleveurs, entre communautés autochtones et utilisateurs
allochtones, de limites d'espace et d'exploitation des ressources.
1- Les conflits liés à la divagation
des animaux :
Ces conflits éclatent quasiment chaque année,
essentiellement entre les éleveurs peuls et les jardiniers et
arboriculteurs de la commune urbaine de Douentza. Cependant les conflits entre
les éleveurs peuls de Drimbé et les agriculteurs Dogons de Oualo
et Almina sont de loin les plus fréquents et les plus violents. Le
dernier conflit majeur éclata en 2003. La cause était des
dégâts sur des cultures par un troupeau de bovins conduit par un
jeune berger de Drimbé. L'altercation entre le jeune berger et
l'agriculteur Dogon dégénéra en bataille rangée
entre les agriculteurs Dogons de Oualo et les éleveurs peuls de
Drimbé. L'affrontement se soldat par de nombreux blessés parmi
les communautés belligérantes. Un homme perdit l'oeil au cours de
la bagarre.
Les conflits opposants les jardiniers et arboriculteurs de
Douentza et les éleveurs de la ville trouvent leur source dans
l'obturation des pistes de passage des animaux. L'occupation de l'espace
pastoral par l'agriculture illustre l'exploitation conflictuelle de
l'agriculture et de l'élevage pour l'accès aux
ressources. Les alentours des puits et forages pastoraux de certaines zones du
Seno Mango sont actuellement occupés par les agriculteurs. Il en est de
même des gîtes d'étape à cause de l'accumulation des
déjections d'animaux et des bourtols.
2- Les litiges fonciers :
Les litiges fonciers dans la commune de Douentza n'opposent
pas seulement les éleveurs et agriculteurs de la zone. Certains litiges
opposent les pratiquants de la même activité. Ces conflits sont
pour la plupart causés par le manquement à certaines
règles
et
coutumières. Dans les traditions locales, il
est de coutume, d'apporter un fagot symbolique au propriétaire coutumier
des terres empruntées. Manquer à ce devoir constitue à
nier la propriété et entraîne souvent des conflits entre
l'utilisateur et les propriétaires de la parcelle. Ce type de conflit
est très fréquent dans la zone.
Litiges de terres entre pratiquant du même
mode production
À titre d'exemple voici un cas de litige
foncier ayant opposé MM Alabouri et Akouza OUNOUME et MM Abokane et
Hamadoun MABA tous agriculteurs domiciliés dans le village de OUALO. Le
conflit portait sur des champs de culture situés à Kassa ( hameau
de culture de OUALO). Le conflit eu lieu en Février 1998.
Selon Alabouri Ounoume, les sieurs Abokane et Hamadoun
Maba sont leurs étrangers. Leurs grands parents seraient originaires de
Almina, (village voisin de OUALO) où ils ont quitté pour venir
s'installer à OUALO. A leur arrivée, ils ont été
accueillis par leurs grands parents qui les ont donné des champs de
culture et des ruches des abeilles. Ces remises étaient
subordonnées au respect de certains droits coutumiers qui consistaient
à chaque récolte d'offrir une part du miel des ruches à
leur famille. Ces droits auraient toujours été respectés
par les grands parents et les parents de Abokane et Hamadoun MABA. Mais dans
ces derniers temps ces derniers ne respectaient plus ces coutumes. Ils auraient
été rappelé à l'ordre plusieurs fois mais avaient
toujours refusés de s'exécuter. Ils avaient aussi organisé
des réunions au niveau du village avec les chefs de toutes les familles
qui n'ont pas pu les convaincre. Ces derniers seraient mêmes venus
assister à ces réunions accompagnés de leurs fils qui
portaient des fusils. Il y a aussi une réunion inter villageoise
regroupant sept villages de la zone pour pouvoir gérer le
problème mais le jour de la
55
réunion les intéressés ne sont
pas présentés. Devant cette situation qui perdure les
intéressés ont été sommés d'abandonner les
champs en question et comme ils ne se sont pas exécutes, une plainte a
été déposée contre eux à la Justice de
Compétence étendue de Douentza.
Pour la compréhension, après la mort des
parents de Alabouri et Akouza OUNOUME, le nouveau chef de la famille OUNOUME
est Akouza car il est le fils du grand frère paternel de Alabouri ainsi
les droits coutumiers perçus sur l'exploitation des champs doivent lui
être remis.
Les sieurs Hamadoun et Abokane MABA reconnaissent
l'existence des droits coutumiers et la propriété des champs.
Cependant, ils ne reconnaissent pas l'autorité d'Akouza sur les champs
car ils déclarent détenir les de la grand-mère maternelle
de Alabouri. Aussi ils ont refusé d'abandonner les champs et se sont
dits prêts à défendre leurs droits.
e, Litiges de terres entre
villages
Les formes et modes de propriété des
terres sont souvent la source de conflits. La question de la
problématique de la gestion des terres des terres ancestrales de
Ewéry impliquant le village de Fombori constitue la source
d'incompréhension majeure entre les deux villages. En effet ce conflit
est l'un des plus célèbres de la région. Le conflit
éclata depuis l'époque coloniale mais n'est cependant pas encore
résolu après un siècle de procédure judiciaire. Le
conflit porte sur des limites entre les deux villages. Le village de
Ewéry est considéré comme parmi le premier village de la
zone. Ainsi ce serait les populations d'Ewéry qui avaient
installé celles de Fombori en leur accordant une portion de leur terre
pour l'agriculture. L'origine du conflit était un litige foncier qui
éclata en 1947 qui opposait Boureima Issabré ressortissant
d'Ewéry installé à Fombori et Seydou Issabré
habitant Ewéry. Boureima Issabré aurait quité Ewéry
pour partir s'installer à Fombori parmi
S6
les ONGOÏBA parce qu'il étai traqué
par ses frères de Ewéry. Ainsi il avait des terres, donc il
fallait lui reconnaître ses terres et leur limite avec celles de ses
autres frères. Dans le procès de 1947 le père de Wandia
ONGOÏBA actuel chef de village de Fombori avait témoigné en
faveur de Seydou ISSABRE
Pour Boureima ISSABRE qui hérita de la parcelle
de Seydou ISSABRE après la mort de ce dernier lorsqu'on faisait la
délimitation des terres entre Boureima ISSABRE et Seydou ISSABRE, aucun
ONGOÏBA n'était concerné ; que c'est après la mort de
ce dernier que Wandia ONGOÏBA a voulu se mêler de cette affaire et
lui retirer sa parcelle. Les Gens d'Ewéry rapportent qu'il n y a jamais
eu de litige sur des limites entre Ewéry et Fombori car c'est le village
d'Ewéry qui est le propriétaire coutumier des terres de Fombori
et que cela s'explique par le fait que selon la coutume Fombori leur apporte
chaque année des fagots de bois, pour eux cela représente une
preuve irréfutable. Toujours selon les populations de Ewéry,
s'ils en sont là c'est parce que le village de Fombory dispose d'appuis
forts à Bamako et qu'ils veulent leur retirer leurs terres.
Quant aux communautés villageoises
représentées par Wandia,Tondiony et Hassim
ONGOÏBA tous des notables du village, il y aurait
eu un problème de limite entre eux et Ewéry depuis 1907 et que le
litige fut tranché en 1947 par une délimitation qui va d'une
montagne située sur le territoire d'Ewéry et qu'à partir
de cette montagne en allant à l'est jusqu'à deux
kilomètres et sur la route de Douma l'on se rend compte selon lui que le
côté droit de la route appartient à Fombori et que c'est un
blanc qui était venu faire la délimitation et que depuis lors; il
n'y a plus eu de délimitation.
Quant à l'autre partie, elle soutient que la
délimitation de 1947 portait sur un litige entre Douentza et
Ewéry. Ceci est attesté par le chef de village actuel de Douentza
en la personne de Sadou CISSE. Selon ce dernier en 1947, à sa
connaissance il y avait un litige entre Boureima ISSABRE et Seydou ISSABRE. Que
le blanc avait demandé à qui appartenait les terres et qu'il a
été décidé que les terres appartenaient à
Ewéry. La délimitation a eu lieu toujours selon ce dernier en
1964 et qu'elle fut faite selon le constat
57
fait en 1947 par le blanc c'est-à-dire à
partir de la montagne située sur le territoire d'Ewéry en suivant
des touffes d'arbres particuliers bien rangés allant de la montagne
à Pétaka. Cette délimitation aurait été
faite par le commandant de cercle de l'époque qui les avait
matérialisé par des bornes et des piquets.
Après le jugement rendu en 1947, les
populations de Fombory firent appel et un autre jugement fut rendu (celui du 10
Mai 1990) qui a confirmé celui de 1947 et contre lequel les
représentants de Fombory ont interjeté appel.
Cependant malgré le jugement rendu en faveur
des populations d'Ewéry, les populations de Fombory ont refusé
l'exécution de la décision judiciaire. En 1990 un huissier muni
de la grosse fut chargé de la délimitation, les autorités
de Fombory villageoises ont refusé de participer aux travaux. En 1998
une autre tentative de délimitation tourna à l'affrontement, un
homme y perdit l'oeil.
CHAPITRE VIII : GESTION DES CONFLITS
1 - Gestion locale des conflits
Traditionnellement les conflits liés à
l'accès ou à l'utilisation des ressources naturelles sont
tranchés par le chef de village assisté de ses conseillers et des
notables du village. Ces différends étaient tranchés selon
els traditions et coutumes locales
- Dans les cas de dommages aux cultures, les animaux ayant
causés les dégâts sont saisis et leur propriétaire
en est formé. Ce n'est cas d'échec d'une gestion interpersonnelle
entre les intéressés que l'affaire est portée devant les
autorités villageoises. Dans ce cas le chef de village convoque les deux
parties, les donne la parole tour à tour pour établir les faits.
Si le propriétaire des animaux reconnaît les faits, il est
demandé à l'agriculteur de fixer la compensation et sa nature qui
est couramment en argent. Quand l'agriculteur fixe le montant ; il est
demandé à l'éleveur son avis. Si ce dernier juge la
compensation trop élevée par rapport aux dégâts, il
propose un prix à son tour où il peut demander
l'évaluation des dommages par une tierce personne, en
général un des conseillers du chef. Après
l'évaluation un prix est fixé et l'éleveur est
sommé de s'exécuter et un délai lui est accordé.
S'il refuse encore d'obtempérer après épuisement du
délai, le chef de village délègue des hommes qui ont pour
mission de choisir un animal dans le cheptel de l'éleveur dont la va
leur peut compenser les dommages et de l'offrir à l'agriculteur.
59
Une autre coutume de la zone qui consistait à
abattre le plus bel animal parmi le troupeau ayant causé des
dégâts. Dans ce cas le différent n'arrive pas aux
autorités villageoises. Cette coutume est d'origine dogon cependant elle
est pratiquée chez tous les groupes ethniques de la zone.
- dans les cas des litiges fonciers sur des terres
agricoles entre deux individus du même village, les deux parties sont
convoquées par le chef de village. Les chefs de toutes les grandes
familles du village sont aussi convoqués. Les deux parties en conflit se
font aussi accompagnées par leurs témoins. Le jour de l'audience
les deux parties exposent tour à tour leurs raisons. Après les
avoir entendus le chef et son conseil interrogent tour à tour les
témoins des deux parties. Le témoignage n'est valable que si le
témoin a assisté à un fait ou si les faits lui ont
été rapportés par un proche parent (frère,
père). Les témoins de retour dans leur famille respective informe
leurs proches du témoignage qu'ils ont fait pour que ceux-ci à
leur tour puissent continuer le témoignage s'il leur arrive un
accident.
Après avoir écouté toutes les
versions le chef de village tranche le litige en fonction des traditions
locales.
Dans les sociétés dogon si l'une des
parties s'estime lésée par le verdict rendu par le chef et les
sages, il peut recourir à l'utilisation du fétiche appelé
selon les dialectes « mommê » ;« Biran » ou «
bin » ce qui veut dire littéralement totem, tranchant. Dans ce cas
les deux parties jurent sur le fétiche et attendent les effets qui sont
généralement la mort du coupable ou de ses proches. La parcelle
litigieuse est mise en défens jusqu'à l'obtention des effets
provoqués par le fétiche. Ce fétiche existe
60
encore dans les villages de Ewéry, Djimmel et Kiro. Il est
encore utilisé pour mettre fin aux litiges dans la zone.
Pendant la période coloniale, le recours au chef de canton
était un moyen courant pour contourner la décision des
autorités villageoises.
Dans les cas de portant sur des limites ou des parcelles entre
deux villages, ce sont les villages les plus anciens (par
l'antériorité d'installation) qui sont chargés de
l'arbitrage du conflit.
2 - Gestion administrative des
conflits
Aux cotés de ces modes de résolution informels
des conflits liés à la gestion ou à l'exploitation des
ressources ; il existe un cadre législatif et institutionnel local
constitué de lois portant sur le code domanial et foncier, la charte
pastorale et la : gestion des ressources naturelles. La gestion administrative
des conflits liés aux ressources naturelles date de la période
coloniale et de l'introduction de l'état moderne.
Le recours aux autorités administratives locales
intervient dans la plupart des cas quand les tentatives de gestion des conflits
au niveau du village échouent surtout dans les cas de conflit violent
entre les usagers des ressources naturelles. Les autorités
impliquées sont les chefs d'arrondissements, les commandants de cercle,
les juges.
61 Cette implication des autorités
administratives se fait suite à une plainte introduite par une des
parties en litige ou par le chef de village.
Dans les cas de dommages sur des cultures, un agent de
l'agriculture et des agents des forces de l'ordre sont
réquisitionnés pour se rendre sur les lieux et constater les
dommages. Après constat, ces agents fournissent à
l'autorité administrative mandataire un procès verbal de constat.
C'est sur la base de ces constats que l'autorité compétente se
fonde pour fixer les amendes et les sanctions qui s'imposent. Dans la
majorité des cas les dépenses engagées par la
procédure sont aux frais de la partie plaignante et ce jusqu'à ce
que un jugement soit rendu. Après le jugement le coupable est
condamné aux dépens.
Dans les cas de litige foncier, les plaintes sont en
général adressées à la justice ou à la
gendarmerie. Les deux parties comparaissent devant les gendarmes ou le juge,
chacun produisant ces témoins. Les autorités villageoises sont
convoquées et leurs versions des faits sont recueillies. La parcelle
litigieuse est toujours mise en défens. C'est après l'instruction
du dossier qu'une date est fixée pour le jugement. Le jugement est rendu
en présence des deux parties en conflit ou présence de leurs
représentants. Après le verdict un huissier est chargé de
la délimitation de la parcelle. La partie qui s'estime
62 lésée peut interjeter appel
auprès de la cour d'appel voire la cour suprême qui est le dernier
recours.
61
CHAPITRE IX ACTEURS, ROLES DANS LA GESTION DES
CONFLITS
Lorsque des liés à l'utilisation des ressources
naturelles surviennent, différents acteurs outre ceux directement
concernés sont impliqués dans les processus de gestion des
conflits.
1- Acteurs, rôles :les acteurs
principaux dans l'arène des conflits sont els éleveurs et les
agriculteurs.
- Les agriculteurs dogon et songhaï sont les premiers
installés dans la zone de ce fait, ils sont les principaux
propriétaires terriens. Il existe aussi de puissants liens entre les
pratiquants du même mode de production de la même famille, d'un
même clan voire de groupes ethniques différents. Ceci est du au
partage des mêmes valeurs et normes. L'entraide entre voisin constitue
une forme courante de coopération aux moments des semis ou des
récoltes.
- Les éleveurs sont pour la plupart du groupe ethnique
peul. Ils sont composés de transhumants et de sédentaires
arrivés en seconde position dans al zone. Les peuls sédentaires
vivent dans des villages tandis que les transhumants campent sur des endroits
précis qui jalonnent al plaine pendant des périodes courtes et
surtout pendant la saison sèche. Ces endroits sont en
général situés à l'écart des villages loin
des propriétés agricoles.
64
Les rapports entre les éleveurs et les
agriculteurs varient d'un village à l'autre. Ils sont basés sur
l'échange (troc du lait des peuls contre des céréales).
Ils existent des liens de mariage entre les peuls et les songhaï. Dans la
société dogon le mariage avec les peuls est souvent fait pour
mettre fin aux conflits. Les responsables villageois jouent le rôle de
médiateur entre les différentes communautés en cas de
conflit.
Au niveau de l'administration il est fait appel aux
maires, aux préfets pour la résolution des conflits souvent avec
l'aide des forces de l'ordre en cas d'affrontement entre les
communautés.
- Parmi les acteurs impliqués dans la gestion
des conflits dans le cercle figurent également les projets de
développement locaux à savoir la NEF, le PDI MELM. leur
rôle est lié aux activités de gestion locale des ressources
naturelles. Le rôle de ces projets dans la gestion des conflits est
complexe. D'un côté, ils initient des activités
d'information et d'éducation auprès des communautés pour
la prévention des conflits entre les agriculteurs et les éleveurs
par exemple la délimitation des zones de pâturage et des pistes de
passage, plantation de haies vives pour protéger les exploitations
agricoles. De l'autre, certaines activités, telles que les
aménagements agricoles, les puits peuvent engendrer des
conflits.
Les organisations d'agriculteurs et d'éleveurs
sont rares dans la zone et se préoccupent davantage d'activités
de production ou de tâches plus spécifiques telles que la
vaccination du bétail, les micro- crédits ou les banques
céréalières.
65
- Les ressortissants d'une localité ayant
réussi financièrement ou ayant fait carrière dans
l'administration publique influencent les opinions et les prises de
décision dans leur village d'origine. Ils font souvent office de
financiers ou de consultants dans les processus de gestion des conflits.
2- Médiateurs et les stratégies de
gestion des conflits :
Dans la gestion des conflits entre les différents
utilisateurs, les médiateurs interviennent à des niveaux
hiérarchiques différents. Sur une soixantaine de conflits
recensés dans les treize villages exploitants dans al plaine, les
actions de médiations aux différents niveaux ont donné les
résultats suivants
- Sans gestion dans 10 % des cas
- gestion interpersonnelle dans 15 % des cas
- médiation du chef de village dans 60 % des cas
- médiation du juge 15 % des cas
Au niveau local ; la médiation du chef de village
aidée de ses conseillers ou par des institution locales est la plus
impliquée dans la gestion des conflits.
15 % des litiges n'ont pu être résolus au niveau
du village et ont du être transféré au niveau de la
commune, du cercle ou de la région pour faire l'objet d'une
résolution Les conflits qui ont été résolus
à la justice sont essentiellement des litiges de terre sauf dans un seul
cas
66
Dans 90 % des cas, les enquêtés
préfèrent une gestion au niveau du village des conflits dans le
souci de préserver les relations sociales. L'appartenance au même
groupe ethnique et la pratique de la même activité
économique joue un rôle important dans la gestion des conflits. La
gestion des conflits strictement aux parties concernées est beaucoup
plus difficile lorsque les deux parties en conflit n'appartiennent pas au
même groupe ethnique ou n'exerce pas le même mode de production.
3- Forces et faiblesses des médiateurs dans la
gestion des conflits
La gestion des conflits directement entre les parties
concernées ou tout au moins au niveau du village semble être la
méthode la plus efficace car elle se fait sans des perturbations
majeures dans les relations sociales et surtout elle n'engage pas beaucoup de
moyens financiers. Donc les agriculteurs, les éleveurs et pasteurs qui
sont plus impliqués sont les principaux responsables de
l'élaboration d'un système efficace de gestion des conflits
liés aux ressources naturelles
La force des autorités villageoises dans la
médiation et la gestion des conflits liés aux ressources
naturelles viennent de leur grande influence et de la confiance que leur
accordent les différents utilisateurs des ressources. L'acceptation des
médiations villageoises, bien qu'il soit le représentant de
l'autorité administratif, s'explique par le fait que le chef de village
et ses conseillers sont d'abord des aînés, des fils du village et
détiennent des savoirs sur les différents mode d'appropriation
des ressources, leur utilisation et surtout sont les dépositaires de
l'historique de l'implantation.
67
Aussi leurs faiblesses dans la gestion et la
médiation en cas de conflits dépendent de leur degré de
motivation, de leur appartenance ethnique en bref de leurs
intérêts personnels.
La force des autorités administratives au niveau
du cercle et de la région réside dans le pouvoir
hiérarchique (le poids de l'état) et surtout de l'assistance des
forces de l'ordre.
Aux yeux des communautés de l'état le
recours aux autorités administratives dans la gestion des conflits ne se
présente pas comme une procédure viable. Selon ces derniers les
décisions de l'état manque de transparence et
conséquemment engendre la méfiance envers les services de
l'état. L'état devrait répondre à ce défi
par la mise en place des processus plus transparents de règlement des
conflits. Il se doit garantir l'équité dans l'accès et
l'utilisation des ressources. Il s'agit surtout d'éviter les risques de
commercialisation des conflits liés aux ressources naturelles. Le manque
de proximité en termes d'espace et de temps est perçu par les
communautés comme un problème contraignant. Le manque de moyen a
été fréquemment évoqué par les
autorités administratives, les services techniques, la gendarmerie. Dans
certains cas un manque de carburant rend impossible l'envoi d'une équipe
sur le terrain pour constater des dégâts ou la médiation
entre les protagonistes. Les mutations fréquentes des agents de
l'état constitue un frein à la mise en place et à l'appui
de l'état à une gestion participative et efficace des conflits.
Cette rotation des fonctionnaires de l'état est à l'origine d'un
manque de continuité et de cohérence dans les prises de
décisions.
1-Conclusions :
Les conflits liés aux ressources naturelles ne peuvent
être compris s'ils sont réduits à des
phénomènes locaux isolés ou ethniques. Ces conflits
découlent de facteurs complexes (sociaux, politiques, économiques
et écologiques) qui leurs répercussions et leurs
fréquence. Dans les villages de la zone, si les conflits entre
agriculteurs et éleveurs sont les plus nombreux, ils se
caractérisent par une relative facilité de gestion en temps et en
moyens fonciers. Les conflits fonciers se distinguent sur par la lenteur et la
lourdeur de leur résolution qui est coûteuse en temps et en moyens
financiers pour les usagers locaux.
Aussi il faut éviter une "ethnicisation" des
activités agricoles et pastorales. Dans les villages à
prédominance socio-économique dogon ou songhaï, dans les
villages à prédominance socio-économique peul comme dans
les villages mixtes, les populations pratiquent à la fois l'agriculture
et l'élevage par vocation, par nécessité ou par
stratégie selon le village ou le groupe ethnique d'appartenance. Donc
les visions basées sur les oppositions peul (éleveurs) et dogon
ou songhaï (agriculteurs) ne correspondent plus aux réalités
du terrain. Il s'agit plutôt de compétitions entre divers
utilisateurs pour l'accès à des ressources. Ces ressources sont
de plus en plus rares ou sont de mauvaises qualités quand elles
existent. La dégradation et la raréfaction de ces ressources ont
des causes aussi diverses que les dernières sécheresses des
décennies 1970-1980, la dégradation des conditions climatiques,
la poussée démographique et la mauvaise gestion des ressources.
Ces facteurs ont des influences considérables sur les moyens d'existence
des producteurs ruraux.
69
Dans certains cas la multiplicité des instances
de recours en matière de résolution des conflits est la cause de
l'exacerbation des conflits.
La lenteur des et la lourdeur des procédures
judiciaires constitue des facteurs non négligeables dans les conflits
entre usagers et dans la perturbation des relations sociales.
Le manque de moyen des agents de l'état et la
corruption des agents de la justice constituent empêchent une gestion
efficace et équitable des conflits entre les usagers des
ressources.
2- Recommandations :
Pour une coexistence pacifique et une gestion
harmonieuse des systèmes d'élevage et des systèmes de
culture et pour répondre aux attentes d'accroissement de la production
et d'améliorations des conditions de vie, certaines mesures s'imposent
:
- éclaircir la question des
propriétés des terres dans la zone
- organiser des concertations entre les villages
concernés par l'aménagement
- promouvoir une gestion locale et
décentralisée des ressources
- mettre en place des mécanismes transparents de
gestion locale des conflits liés aux ressources naturelles
- encourager et appuyer la gestion locale des
conflits
- répare les pistes de passage des animaux les
élargir, les matérialiser, les officialiser et les rendre
étanches par rapport aux exploitations
- délimiter les espaces pastoraux et les
sécuriser
- implication de tous les acteurs dans la gestion des
ressources et des aménagements
71
ANNEXES
Annexe I Références
Bibliographiques
Annexe II Guide d'entretien Villageois
Annexe III Questionnaire Agriculteur
Annexe IV Questionnaire Eleveur
BIBLIOGRAPHIES
- Bruce J.W et R Mearns (2002) « Gestion des
ressources naturelles et politique foncière dans les pays en voie de
développement : leçons apprises et nouveaux défis pour la
Banque Mondiale. » Dossier no.115 IIED. Londres
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« Médiation dans un cadre en mutation : victoires et
défaites dans la gestion des conflits liés aux ressources
naturelles. » Dossier no.125. IIED. Londres
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démocratique, changements fonciers et gestion des ressources naturelles
au Mali. » In Mathieu P et al dir. Démocratie, enjeux fonciers
et pratiques locales en Afrique. Cahiers africains, no. 23-24 institut
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DNEF (Direction Nationale des Eaux et Forêts)
1993. « Rapport de synthèse de la conférence nationale sur
la relecture des textes forestiers. » 28-30 juillet
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TI
Chauveau J.P (2003) « Plans fonciers ruraux :
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d'enregistrement des droits coutumiers. » Dossier no 122 IIED.
Londres
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et enjeux des conflits fonciers. In Foncier rural, ressources renouvelables et
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Coulibaly A et T Hilhorst (2004) « la mise en place
de la décentralisation : cas de deux communes rurales. »
Dossier no. 127. IIED. Londres
Delville P.L (1999) « Comment articuler
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Rome 2003
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Décentralisation au Mali : 50 questions-réponses. »
2ème édition
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Leroy E (1995) « le pastoralisme africain face
aux problèmes fonciers. » In Daget P et M Goudron (coord. de)
Pastoralisme "troupeaux, espaces, sociétés. Hatier
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75
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foncière au Nord et au Sud » Dossier no.96.IIED.
Londres
Thomson J.T et C Coulibaly (1995). «
Systèmes d'aménagement des forêts communautaires dans la
cinquième région du Mali : Résistance et vitalité
face aux contraintes. » In UNASYL VA 180, vol 46, 1995 Gestion des
ressources forestières communautaires. FAO. Rome
Winter, M. (1998) 'la gestion
décentralisée des ressources naturelles au Sahel : bilan et
analyse". Dossier no. 81. IIED. Londres
77
GUIDE D'ENTRETIEN VILLAGEOIS
Date
· Enquêteur :
Cercle
· commune
Village
·
I - Histoire
- comment s'appelait le fondateur du village ?
- D'où venait-il ?
- Pourquoi a - t - il changé de site ?
- Le village a-t-il déjà changé de site
?
- A quelle époque remonte l'occupation de ce site ?
- Quels sont les villages qui ont une existence
antérieure au votre ?
- De quelle nature sont les relations avec ces villages ?
- Quelles étaient les activités principales du
fondateur du village ?
- Quels sont les rôles et les responsabilités du
chef de village ?
- Dans le village sur quoi repose l'autorité du chef ?
Il Gestion des ressources
- Qui est le propriétaire des terres de votre plaine ?
- Qu'est ce qui prouve l'appartenance de la terre ?
-
79
Quelles sont les modalités d'accès à
la terre ?
- quelles sont les modalités d'usage des terres
?
- A l'époque de la fondation du village, quels
usages faisait-on de la terre en priorité ?
- Ces usages ont-ils connu des modifications
?
- Si oui quelles sont ces modifications et quelles sont
les explications ?
- Sur les terres de votre village quelles sont les
principales ressources ?
- Les différents usages de chacune de ces
ressources ?
- De quels types d'appropriation font-elles l'objet
?
- quels sont les principaux modes d'appropriation
?
- Qui est ce qui peut être propriétaire
?
- Quels sont les principaux usagers ?
- Les différentes modalités d'accès
et d'usages ?
- Les ressources naturelles du village sont-elles
suffisantes pour les besoins de tous ceux qui y habitent ?
Si oui des étrangers au village ont-ils
accès aux ressources naturelles ?
Quels sont ces étrangers ?
81
A quelles ressources ont-ils accès ?
A quelles conditions (devoirs et obligations)
?
- Dans votre village les habitants sont ils
agriculteurs, éleveurs ou agro pasteurs ?
- existent-ils des espaces déterminés pour
chacune des activités d'agriculture et d'élevage ?
Si oui comment s'est faite cette affectation
?
Cette affectation est-elle d'actualité
?
Sinon, quels sont les espaces qui enregistrent des
diminutions ?
- Quelles sont les principales raisons de cette
diminution ?
ln
A-t-elle créée des préjudices ?
Comment ces préjudices sont vécus ?
D'ordinaire comment s'articulent les activités agricoles
et pastorales ?
Quelles sont les dispositions à prendre pour
défricher un nouveau champ ?
Quelles sont les dispositions à prendre pour ouvrir une
zone de pâturage ?
Conflits et gestions des conflits
Y-a-t-il eu des conflits entre les usagers des ressources
naturelles ?
Quand ?
Entre qui et qui
RI
Quels ont été les
dégâts
Comment est ce que ces conflits ont-ils
été résolus ?
Y a t il eu des compensations ?
Y a t il une organisation locale pour résoudre
les conflits ?
Traditionnellement comment sont gérés les
conflits
La vie associative
Quelles sont les différentes associations dans le
village ?
Quelle est leur nature ?
ei
Comment recrutent-t-elles leurs membres ?
Quelles sont leurs activités ?
INTERVENTIONS EXTERIEURES
Des partenaires extérieurs sont-ils intervenus dans votre
village ? Oui I I
Non I I
Si oui quels sont ces partenaires ?
Quelles sont les réalisations de chaque partenaire ?
Comment ces réalisations sont-elles gérées
?
Ri
QUESTIONNAIRE AGRICULTEURS
Date :
Cercle :
Commune :
Village :
- Avez-vous des terres actuellement ?
- Comment les avez-vous eue
- Combien de types de champ comptent votre unité de
production ?
- Champ de maison I I
- Champ de brousse I I
- Espace maraîcher I I
- Que cultivez-vous sur les champs de brousse ?
- Que cultivez-vous sur les champs de maison ?
- Que cultivez-vous sur les espaces maraîchers ?
- Exploitez-vous toutes vos terres actuellement ? Oui I I Non I
I
-
86
Si non quels usages faites vous de l'espace non
exploité ?
- Certains membres de votre unité de production
ont-ils des champs individuels ? Oui I I Non I I
- Qui sont-ils combien
Frères I I I I
- Fils I I I I
Epouses I I I I
- qui est ce qui leur a donné des champs ? Aux
hommes
Aux femmes
- qu'est ce que les hommes font sur leurs parcelles
?
- Que font-ils des produits du champ individuel
?
- Que font les femmes sur leurs parcelles ?
-
87
Que font elles des produits ?
- Est-il possible de donner vos terres à
quelqu'un pour cultiver ?
- Si oui qui est ce qui est habilité à les
donner ?
- A qui de préférence ?
- Faites vous une nouvelle parcelle chaque année
?
- Si non combien de temps vous faut-il pour faire une
nouvelle parcelle ?
- Lorsque vous faites une nouvelle parcelle
abandonnez-vous l'ancienne ?
- Combien d'années peut durer l'exploitation
d'une parcelle ?
Que possédez-vous comme matériel agricole
?
Ott
Nature
Charrue
Semoirs
|
Nombre
|
Multiculteurs
|
|
|
- Utilisez-vous l'engrais ? OUI I I NON I I
Nature
- La terre fait elle l'objet de litiges ?
- Entre qui et qui
- Comment sont gérer ces litiges ?
89
- Quel mode de gestion préférer vous
?
Nature Nombre
Bovins
Ovins
Caprins
Asins
Camelin
Equins
Autres :
- Avez-vous du bétail ? Oui I I Non I
I
-
90
Comment les avez- vous obtenus ?
- Depuis combien de temps en possédez-vous
?
- Quels sont les usages que vous en faites ?
- Avez-vous effectué des ventes de bétail
ces 12 derniers mois ?
- Quels usages avez-vous faites du gain ?
- Avez-vous achetés des achats de bétail
ces 12 derniers mois ?
- Quelles ressources ont servies à ces achats
?
- Estimez vous qu'il est important pour un agriculteur
d'avoir du bétail ?
- Pourquoi
- Qui est ce qui garde votre bétail
?
- Sous quelle forme de rémunération
?
- Où fait-il pâturer le bétail
?
- Connaissez-vous des problèmes de pâturage
?
- Existe-t-il des conflits liés à
l'élevage ?
- Quels sont ces problèmes ?
- Quelles sont les solutions envisagées
?
- Quelles sont les différentes ressources
naturelles dont vous avez le plus besoin ?
- Quel est l'état de chacune de ces ressources
?
- Comment est gérée chacune d'elle
?
92
- Comment expliquez vous cet état ?
INTERVENTIONS EXTERIEURES
Des partenaires extérieurs sont-ils intervenus dans votre
village ? Oui I I
Non I I
Si oui quels sont ces partenaires ?
Quelles sont les réalisations de chaque partenaire ?
Comment ces réalisations sont-elles gérées
?
QUESTIONNAIRE ELEVEUR
Date :
Cercle :
Commune :
Village :
Dans votre village qu'est ce qui favorise l'élevage ?
Pâturage I I
Eau I I
Autres:
- Ces facteurs sont-ils toujours suffisants (en quantité
et qualité) ?*
- Possédez-vous des pâturages ? Si oui, combien
?
94
Quelle est la qualité de ces pâturages
?
L'herbe est elle suffisante ? Oui I I Non I I
Si oui, recevez-vous des animaux de personnes autres sur
vos pâturages ?
Oui I I Non I I
En quelle période et pendant combien de temps
?
Sous quelles conditions ?
Si non, où faites-vous paître vos animaux
?
Sous quelles conditions ?
Si vous n'avez pas de pâturage, comment faites-vous
paître vos animaux ?
95
Sous quelles conditions ?
Possédez-vous des points d'eau pour abreuver vos
animaux ?
OUI I I NON I I
Si oui ces points d'eau suffisent-ils à vos
besoins ? OUI I I NON
I I
D'autres personnes font-elles abreuver leur bétail
à vos points d'eau ?
OUI I I NON I I
Si oui sous quelles conditions ?
Connaissez-vous des problèmes d'eau ?
En matière d'élevage quels sont les
problèmes que vous rencontrez actuellement ?
Existent-ils des conflits liés à
l'exploitation des ressources naturelles dans votre village ?
96
Entre qui et qui ?
Y a t il des compensations ?
Quels modes de gestion préconisez-vous
?
De quoi est composé votre cheptel ?
Nature Nombre
Comment sont gérés ces conflits
?
97
Dans votre famille qui d'autre possède du bétail
?
Nature
|
frères
|
fils
|
épouses
|
Bovins
|
|
|
|
Ovins
|
|
|
|
Caprins
|
|
|
|
Asins
|
|
|
|
Equins
|
|
|
|
camelins
|
|
|
|
98
Qui est ce qui garde votre bétail ?
Sous quelle forme de rémunération
?
Vos animaux vont-ils en transhumance ? Oui I I Non I
I
Si oui :
Où ?
Quand ?
Pour combien de temps ?
Quels problèmes y rencontrez-vous ?
Quelles solutions préconisez-vous ?
D'autres animaux viennent-ils en transhumance ? Oui I I
Non I I
Si oui :
99
Quand ?
Pour combien de temps ?
Sous quelles conditions ?
D'où viennent-ils
Avez-vous des problèmes avec eux ? Oui I I Non I
I
Si oui, comment les résolvez-vous ?
Faites-vous de l'agriculture ? Oui I I Non I
I
Si oui depuis combien de temps ?
Pour quelles raisons ?
Les terres sur lesquelles vous cultivez vous
appartiennent-elles ?
Comment les avez-vous acquises ?
100
Que cultivez-vous
La production suffit-elle à vos besoins alimentaires ? Oui
I I Non I I
Si non comment vous procurez-vous le supplément ?
Si vous ne cultivez pas comment obtenez-vous les
céréales dont vous avez besoin ?
Quelles sont les différentes ressources naturelles dont
vous avez le plus besoin ?
Comment est gérée chacune de ces ressources ?
Comment expliquez-vous cet état ?
INTERVENTIONS EXTERIEURES
Des partenaires extérieurs sont-ils intervenus
dans votre village ? Oui I I
Non I I
Si oui quels sont ces partenaires ?
Quelles sont les réalisations de chaque partenaire
?
Comment ces réalisations sont-elles
gérées ?
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