Benoît FAIVRE DUPAIGRE Massa COULIBALY Amadou DIARRA
Octobre 2004
République du Mali
Etude d'impact des APE
sur l'économie du Mali
Renforcement des capacités en appui à la
préparation des Accords de Partenariat
Economique
RAPPORT FINAL
8 ACP TPS 110 Projet 081- Mali
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Sommaire
SOMMAIRE 3
SIGLES ET ABREVIATIONS 8
RESUME 10
REMERCIEMENTS 29
INTRODUCTION 30
1. LES OBJECTIFS DE L'ETUDE 30
2. LE PLAN DU RAPPORT 31
PREMIERE PARTIE : LES ENJEUX DES APE POUR L'AFRIQUE DE L'OUEST
ET LE MALI 33
3. LE CONCEPT D' APE 33
3.1 Les raisons du changement 33
3.2 L'orientation commerciale des APE 34
3.3 La compatibilité avec l'OMC 35
4. LES ENJEUX PREVISIBLES POUR L' AFRIQUE DE L'OUEST 36
4.1 La problématique de la diversité
tarifaire dans la CEDEAO 36
4.2 Les échanges commerciaux UE - Afrique de
l'ouest 37
4.3 L'intérêt d'un accès
préférentiel au marché européen 38
4.4 Des scénarios à considérer
selon les intérêts des Etats 39
5. L'ENJEU DES NEGOCIATIONS COMMERCIALES 42
5.1 L'objet des négociations 42
6. LES MARGES DE MANOEUVRE SUR LA NON-RECIPROCITE 44
7. QUELLE ALTERNATIVE A UNE NON-SIGNATURE, QUELLE ALTERNATIVE
AUX APE ? 45
7.1 L'agenda établi pour la CEDEAO : la feuille
de route 46
PARTIE 2 : LES ECHANGES COMMERCIAUX DU MALI 47
8. LE COMMERCE EXTERIEUR MALIEN 47
9. LA POLITIQUE COMMERCIALE DU MALI 49
10. LES DIFFERENTS PARTENAIRES COMMERCIAUX DU MALI 53
11. LES PRINCIPAUX MARCHES A L'EXPORT DU MALI 55
12. LA STRUCTURE DES IMPORTATIONS DU MALI 57
13. LES ECHANGES DU MALI AVEC L'UE 59
13.1 Les importations du Mali depuis l'UE 60
13.2 Les exportations du Mali vers l'UE 62
13.3 Les importations du Mali par catégorie :
63
PARTIE 3 : LES EFFETS DES APE SUR LES RECETTES FISCALES LIEES
AUX IMPORTATIONS 64
14. METHODE D'EVALUATION DES EFFETS ATTENDUS 64
15. DIFFERENTS SCENARIOS D'APE POUR LE MALI 65
15.1 Scénario 1 : APE avec CEDEAO 68
15.2 Scénario 2 : APE avec UEMOA 69
15.3 Scénario 3 : pas d'APE en Afrique de l'ouest
70
15.4 Scénario 4 : APE avec le reste de la CEDEAO
(Nigéria) sans l'UEMOA 71
15.5 Scénario 5 : pas d'APE en Afrique de l'ouest
mais intégration régionale
achevée 72
16. LA MODIFICATION DES FLUX 73
16.1 Scénario 1 75
16.2 Scénario 2 77
16.3 Scénario 3 78
16.4 Scénario 4 79
16.5 Scénario 5 79
17. L'IMPACT SUR LES RECETTES FISCALES LIEES AUX IMPORTATIONS
81
17.1 Les recettes douanières perçues sur
les produits importés de la zone euro 81
17.2 Effet statique global 86
17.3 Effet statique pour le secteur agro-alimentaire
89
17.1.1. L'assiette de taxation 89
17.1.2. L'impact fiscal de la suppression des droits
perçus sur les importations agro-
alimentaires 91
17.4 Effet dynamique 92
PARTIE 4 : L'EFFET DES APE SUR LA PRODUCTION 94
18. LE SECTEUR PRODUCTIF MALIEN 94
18.1 Evaluation des structures de production
94
18.2 La fiscalité 96
18.3 Indicateurs de compétitivité et de
rentabilité 101
19. L'IMPACT DES APE SUR LE SECTEUR INDUSTRIEL 103
19.1 Impact sur la protection 106
19.2 Impact sur la compétitivité des
secteurs industriels 109
19.3 Conséquences des APE sur la structure
productive malienne 111
19.4 Les conséquences sur les recettes fiscales
intérieures 112
20. L'IMPACT DES APE SUR LES SECTEURS AGRO-ALIMENTAIRES 113
20.1 La diminution du coût des intrants agricoles
113
20.1.1. Les engrais azotés 114
20.1.2. Les autres engrais et intrants 114
20.2 L'analyse de la baisse de protection sur la
rentabilité et la compétitivité de la
production agro-alimentaire malienne 115
20.2.1 Le cadre analytique 115
20.2.2 Quelle est l'influence de la modification des droits de
douane sur les prix ? 116
20.2.3 Les données de prix de référence
pour 2003 : 117
20.2.4 Les hypothèses de simulation 118
20.3 L'impact de la baisse des tarifs sur les
filières agro-alimentaires 119
20.3.1 La filière sucre 119
20.3.2 La filière maïs 122
20.3.3 La filière riz : 124
20.3.4 La filière oignon 126
20.3.5 La filière lait 128
20.3.6 La filière bovine 130
20.3.7 La filière avicole 132
20.3.8 La filière tomate 135
20.3.9 Les huiles de consommation 136
20.3.10 La filière coton 136
PARTIE 5 : LA COMPATIBILITE DES DIFFERENTS RESULTATS AVEC LES
ENGAGEMENTS DU
MALI 139
21. COMPATIBILITE VIS A VIS DES ENGAGEMENTS AUPRES DE LA BANQUE
MONDIALE / FMI 139
22. COMPATIBILITE VIS A VIS DES CRITERES DE CONVERGENCE
MACRO-ECONOMIQUE DE
L'UEMOA 140
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 142
ANNEXES 1 METHODE D'ANALYSE DE L'IMPACT DYNAMIQUE DE LA VARIATION
DU TARIF
SUR LES RECETTES DE PORTE 146
ANNEXES 2: METHODE D'ANALYSE EN TERME DE COUTS UNITAIRES 148
ANNEXE 3.DETERMINATION DES PRIX DE REFERENCE 153
Table des tableaux
TABLEAU 1: TABLEAU SYNOPTIQUE DES FORCES ET FAIBLESSES D'UN APE
POUR LE MALI 27
TABLEAU 2 : EVOLUTION DES FLUX COMMERCIAUX DU MALI (MILLIARDS
FRANCS CFA) 47
TABLEAU 3 : EVOLUTION DE LA STRUCTURE COMMERCIALE DU MALI (%)
48
TABLEAU 4 : LE REGIME MALIEN DE LA FISCALITE DE PORTE 50
TABLEAU 5 : REPARTITION GEOGRAPHIQUE DU COMMERCE EXTERIEUR DU
MALI (%) 53
TABLEAU 6 :STRUCTURE GEOGRAPHIQUE DES IMPORTATIONS DU MALI EN
2003 (MILLIARDS FCFA ET %) 57
TABLEAU 7: TAUX D'IMPOSITION DOUANIER 59
TABLEAU 8: IMPORTATIONS DU MALI EN PROVENANCE DE L'UE (ANNEE
2002) 61
TABLEAU 9 : STRUCTURE DES IMPORTATIONS DU MALI EN PROVENANCE
DE L'UE (2002) 62
TABLEAU 10 : VALEUR DES EXPORTATIONS DU MALI VERS L'UE EN 2002
(1000 EUROS) 62
TABLEAU 11 : STRUCTURE DES EXPORTATIONS DU MALI VERS L'UE (2002)
63
TABLEAU 12: LES ECHANGES PAR BLOCS DE PAYS 68
TABLEAU 13 : MODIFICATION DU VOLUME DES IMPORTATIONS SOUS LE
SCENARIO 1 76
TABLEAU 14 : MODIFICATION DU VOLUME DES IMPORTATIONS PAR
CATEGORIE DE PRODUIT SOUS LE
SCENARIO 1 76
TABLEAU 15 MODIFICATION DU VOLUME DES IMPORTATIONS SOUS LE
SCENARIO 2 78
TABLEAU 16 : MODIFICATION DU VOLUME DES IMPORTATIONS UE PAR
CATEGORIE DE PRODUIT SOUS LE
SCENARIO 2 78
TABLEAU 17 : MODIFICATION DU VOLUME DES IMPORTATIONS SOUS LE
SCENARIO 5 80
TABLEAU 18 : MODIFICATION DU VOLUME DES IMPORTATIONS RESTE CEDEAO
SOUS LE SCENARIO 5 80
TABLEAU 19 : L'UE DANS LES IMPORTATIONS ET RECETTES FISCALES DU
MALI EN 2003 (MILLIONS DE FRANCS
CFA) 81
TABLEAU 20 : IMPORTATIONS UE EXONEREES DE TOUT DROIT EN 2003
82
TABLEAU 21 : IMPORTATIONS UE EXONEREES DE DROIT DE PORTE MAIS
SOUMISES A DROIT INTERIEUR 83
TABLEAU 22 : EXONERATION FISCALE DES IMPORTATIONS DE L'UEMOA
83
TABLEAU 23 : IMPORTATIONS UEMOA EXONEREES DE DROIT DE PORTE MAIS
SOUMISES A DROIT INTERIEUR 84
TABLEAU 24 : LES IMPORTATIONS EN PROVENANCE DE L'UE LES PLUS
POURVOYEUSES DE RECETTES FISCALES 84
TABLEAU 25 : TAUX DE FISCALITE SUR LES PRINCIPAUX PRODUITS DE LA
CATEGORIE 2 85
TABLEAU 26 : TAUX DE FISCALITE SUR LES PRINCIPAUX PRODUITS DE LA
CATEGORIE 3 85
TABLEAU 27 : LES IMPORTATIONS EN PROVENANCE DE L'UEMOA LES PLUS
POURVOYEURS DE RECETTES
FISCALES 85
TABLEAU 28 : VARIATIONS DE RECETTES PAR RAPPORT AU TARIF OFFICIEL
(MILLIONS FCFA ET %) 87
TABLEAU 29 : TAUX D'APPLICATION DES TARIFS OFFICIELS 87
TABLEAU 30 : PERTES DE RECETTES CORRIGEES DES TAUX D'APPLICATION
DES TARIFS OFFICIELS 88
TABLEAU 31 : PERTES DE RECETTES AVEC APPLICATION STRICTE DES
TARIFS APE 88
TABLEAU 32 : LE DETAIL DES IMPORTATIONS AGRO-ALIMENTAIRES 89
TABLEAU 33 : VARIATIONS DE RECETTES PAR RAPPORT AU TARIF OFFICIEL
(MILLIONS FCFA ET %) 93
TABLEAU 34 : VARIATIONS DE RECETTES COMPTE TENU DES TAUX
D'APPLICATION AVANT ET APRES APE 93
TABLEAU 35 : STRUCTURE DU PIB 95
TABLEAU 36 : STRUCTURE DES ENTREPRISES INDUSTRIELLES EN 2002
(EFFECTIF, MILLIONS FCFA, %) 96
TABLEAU 37 : LE REGIME DES IMPOTS DIRECTS AU MALI 97
TABLEAU 38 : LE REGIME DES IMPOTS INDIRECTS AU MALI 99
TABLEAU 39 : STRUCTURE DES RECETTES FISCALES 100
TABLEAU 40 : PRODUCTIVITE ET RENTABILITE DES ENTREPRISES
INDUSTRIELLES 103
TABLEAU 41 : EVOLUTION DE LA RENTABILITE DES ENTREPRISES
INDUSTRIELLES 104
TABLEAU 42 : EVOLUTION DE LA RENTABILITE ET DE LA COMPETITIVITE
DES ENTREPRISES INDUSTRIELLES 105
TABLEAU 43 : ETATS DE COMPETITIVITE ET DE RENTABILITE DES
ENTREPRISES 105
TABLEAU 44 : SITUATION REELLE DE COMPETITIVITE ET DE RENTABILITE
DES ENTREPRISES 106
TABLEAU 45 : EVOLUTION DE LA PROTECTION DES ENTREPRISES
INDUSTRIELLES 109
TABLEAU 46 : INDICE DE COMPETITIVITE DES ENTREPRISES AVANT ET
APRES APE 110
TABLEAU 47 : LA STRUCTURE PRODUCTIVE AVANT ET APRES APE DES
ENTREPRISES COMPETITIVES 111
TABLEAU 48 : BAISSE POSSIBLE DES PRIX DES INTRANTS PAR
APPLICATION DE L'APE 114
TABLEAU 49 : BAISSE POTENTIELLE DES PRIX AVEC SUPPRESSION DES
DROITS DE DOUANE 117
TABLEAU 50 : PRIX CAFDES PRODUITS AGRO-ALIMENTAIRES SIGNIFICATIFS
POUR LE MALI 117
TABLEAU 51: COMPTE AGREGE DE LA FILIERE SUCRIERE 120
TABLEAU 52 : ANALYSE DE LA COMPETITIVITE DE LA FILIERE SUCRE
121
TABLEAU 53: EVOLUTION ECONOMIQUE DE LA FILIERE SUCRE PAR
APPLICATION DE L'APE 121
TABLEAU 54 : COMPTE AGREGE DE LA FILIERE MAÏS 123
TABLEAU 55 : ANALYSE DE LA COMPETITIVITE DE LA FILIERE MAÏS
123
TABLEAU 56 : EVOLUTION ECONOMIQUE DE LA FILIERE MAÏS PAR
APPLICATION DE L'APE 124
TABLEAU 57 : MODIFICATION DE LA REPARTITION DE LA VA DE LA
FILIERE MAÏS AVEC L'APE 124
TABLEAU 58 : REPARTITION DE LA VA DE LA FILIERE RIZ (MIONS FCFA)
125
TABLEAU 59 : COMPETITIVITE INTERNATIONALE DU RIZ MALIEN (MIONS
FCFA) 125
TABLEAU 60 : REPARTITION DE LA VA DE LA FILIERE OIGNON (MIONS
FCFA) 127
TABLEAU 61 : COMPETITIVITE INTERNATIONALE DE L'OIGNON MALIEN
(MIONS FCFA) 127
TABLEAU 62 : REPARTITION DE LA VA DANS LA FILIERE LAITIERE (MIONS
FCFA) 128
TABLEAU 63 : DECOMPOSITION DES PRODUITS DE LA FILIERE LAIT (MIONS
FCFA) 129
TABLEAU 64 : LES CRITERES DE COMPETITIVITE DE LA FILIERE LAIT
129
TABLEAU 65 : EFFET DE L'APE SUR LES DONNEES ECONOMIQUES DE LA
FILIERE LAIT 130
TABLEAU 66 : REPARTITION DE LA VA DE LA FILIERE BOVINE (MIONS
FCFA) 131
TABLEAU 67 : LES CRITERES DE COMPETITIVITE DE LA FILIERE BOVINE
(MIONS FCFA) 131
TABLEAU 68 : IMPACT DE L'APE SUR LES DONNEES ECONOMIQUES DE LA
FILIERE BOVINE 132
TABLEAU 69 : REPARTITION DE LA CREATION DE VA (MIONS FCFA) 133
TABLEAU 70 : LES INDICATEURS DE COMPETITIVITE DE LA FILIERE
AVICOLE (MIONS FCFA) 134
TABLEAU 71 : EFFET DE L'APE SUR LES VARIABLES ECONOMIQUES DE LA
FILIERE AVICOLE 135
TABLEAU 72 : COMPARAISON DE PRIX DE QUELQUES IMPORTATIONS
SIGNIFICATIVES D'HUILE 136
TABLEAU 73 : CREATION DE VA ET COMPETITIVITE DE LA FILIERE COTON
(MIONS FCFA) 137
TABLEAU 74 : EFFET DE L'APE SUR LES AGREGATS ECONOMIQUES DE LA
FILIERE COTON (MIONS FCFA) 138
Table des graphiques
FIGURE 1: REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES EXPORTATIONS DU MALI 54
FIGURE 2: REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES IMPORTATIONS DU MALI 54
FIGURE 3 : PAYS DE DESTINATION DES EXPORTATIONS DE COTON 55
FIGURE 4 : PAYS DE DESTINATION DES EXPORTATIONS DE PEAUX&
CUIRS 56
FIGURE 5 : PAYS DE DESTINATION DES EXPORTATIONS DE FRUITS 56
FIGURE 6: LES IMPORTATIONS DU MALI PAR CATEGORIE DE PRODUITS
57
FIGURE 7: REPARTITION DES TYPES DE PRODUITS IMPORTES POUR CHAQUE
ORIGINE 58
FIGURE 8: COMPARAISON DES VALEURS ET DROITS DE DOUANES PRELEVES
PAR ORIGINE 58
FIGURE 9: PART DES PAYS DE LA CEDEAO DANS LES IMPORTS DEPUIS L'UE
60
FIGURE 10 : : PART DES PAYS DE LA CEDEAO DANS LES EXPORTS VERS
L'UE 60
FIGURE 11 : SCHEMATISATION DES DIFFERENTES HYPOTHESES DE
CONCLUSION D'UN APE 66
FIGURE 12: LA SITUATION ACTUELLE : 67
FIGURE 13: REPRESENTATION THEORIQUE DES MODIFICATIONS DE FLUX
COMMERCIAUX 68
FIGURE 14: EVOLUTION DES IMPORTATIONS DU MALI EN FONCTION DU TAUX
DE FISCALITE DE PORTE (SUR LA
BASE DES ANNEES 1997-2003) 74
FIGURE 15 : REPARTITION DE L'UTILISATION DU SUCRE 120
FIGURE 16: REPARTITION DE L'UTILISATION DU MAÏS 122
FIGURE 17: REPARTITION DE LA DEMANDE FINALE EN RIZ 125
FIGURE 18: LA CONSOMMATION D'OIGNONS ET ECHALOTTES AU MALI 127
FIGURE 19: REPARTITION DE LA CONSOMMATION DE LAIT 128
FIGURE 20: REPARTITION DE LA DEMANDE FINALE DE LA FILIERE BOVINE
130
FIGURE 21 : REPARTITION DE LA DEMANDE FINALE DE PRODUITS AVICOLES
133
Sigles et
abréviations
ACP Afrique Caraïbes Pacifique
APE Accord de partenariat économique
ARPE Accord régional de partenariat économique
BSE Biens et services échangeables
BSNE Biens et services non-échangeables
BM Banque mondiale
CAF Coût assurance fret
CCI Centre de commerce international
CCIM Chambre de commerce et d'industrie du Mali
CEDEAO Communauté économique des Etats de l'Afrique
de l'Ouest
CEMAC Communauté économique et monétaire
d'Afrique centrale
CF Contribution forfaitaire
CIE Certificat d'intention d'exporter
CII Certificat d'intention d'importer
CNUCED Conférence des Nations unies pour le commerce et le
développement
CNPI Centre national de promotion des investissements
CPL Contribution des patentes/licences
CPS Contribution pour prestation de service
CRI Coût en ressources internes
DD Droit de douane
DNCC Direction nationale du commerce et de la concurrence
FMI Fonds monétaire international
IBA Impôt sur le bénéfice agricole
IBIC Impôt sur le bénéfice industriel et
commercial
IDH Indice de développement humain
IMF Impôt minimum forfaitaire
IRF Impôt sur le revenu foncier
IRVM Impôt sur le revenu des valeurs mobilières
IS Impôt synthétique
ISCP Impôt spécial sur certains produits
ITS Impôt sur traitement et salaire
LAREA Laboratoire de recherche en économie
appliquée
OMC Organisation mondiale du commerce
PC Prélèvement communautaire
PCS Prélèvement communautaire de
solidarité
PED Pays en développement
PMA Pays les moins avancés
PNUD Programme des Nations unies pour le développement
PVD Pays en voie de développement
PVI Programme de vérification des importations
RS Redevance statistique
SPG Système de préférences
généralisées
TAF Taxe sur les affaires financières
TCI Taxe conjoncturelle d'importation
TDP Taxe dégressive de protection
TEC Tarif extérieur commun
TPE Taux de protection effectif
TPN Taux de protection nominal
TSA Tout sauf les armes
TTR Taxe sur les transports routiers
TV Taxe sur les véhicules
TVA Taxe sur la valeur ajoutée
UE Union européenne
UEMOA Union économique et monétaire ouest
africaine
ZLE Zone de libre échange
Résumé
Les enjeux des Accords de Partenariat Economique (APE)
pour l'Afrique de l'ouest et le Mali
Le principe de l'APE en Afrique de l'ouest
L'accord de Cotonou englobe un ensemble de dispositions qui
régiront les relations entre l'UE et les ACP. Nous nous concentrons dans
cette étude sur son volet commercial.
Les APE doivent être signés entre l'UE et des
entités régionales. Pour l'Afrique de l'ouest, c'est la CEDEAO
qui est choisie. La feuille de route des négociations de l'APE
adoptée en mars 2004 lors de la réunion technique CE-CEDEAO est
claire : il s'agit - à travers l'APE - de créer progressivement,
conformément aux règles de l'OMC, d'une zone de libre
échange entre la CEDEAO et la Communauté européenne
pendant une période de douze ans à compter du 1er
janvier 2008 1.
Mais, comme il existe encore différents régimes
douaniers au sein de la zone CEDEAO, la création d'une ZLE avec l'UE
implique une modification du tarif douanier d'ampleur différente. Une
mise à niveau préalable a donc été prévue.
Il s'agit pour les Etats non- membres de l'UEMOA d'« élaborer un
programme régional d'adoption du TEC en indiquant les mesures
transitoires, les mesures d'exception et celles d'accompagnement ». Les
négociations commerciales en vue de la conclusion d'un APE portent alors
aussi bien sur la suppression des entraves au libre-échange que sur la
période transitoire de désarmement tarifaire et sur la gamme des
produits couverts par ledit Accord.
Les enjeux commerciaux en Afrique de l'ouest et au
Mali
Les pays de la CEDEAO exportent déjà vers l'UE,
mais principalement des produits complémentaires de ceux d'Europe, en
particulier des produits tropicaux. Grâce aux accords établis avec
les pays ACP et à l'initiative « Tout sauf les armes » en ce
qui concerne les PMA, ils bénéficiaient jusqu'à
présent d'une légère préférence tarifaire
vis à vis des produits originaires de pays concurrents d'Amérique
Latine et d'Asie. Mais la présence d'obstacles non tarifaires est
souvent considérée par les opérateurs comme la contrainte
majeure à la pénétration du marché
européen.
C'est donc au niveau des importations en provenance de l'UE que
se trouve l'enjeu principal pour les pays ACP et donc la CEDEAO. Le risque
d'écoulement unilatéral, sur les marchés africains, de
produits européens issus des stocks d'intervention de la
Communauté
1 Feuille de route, p 1
européenne à l'aide de subventions à
l'exportation (les fameuses restitutions) a souvent été
souligné, sur la base des expériences passées. Ce fut le
cas pour les céréales, la viande et les produits laitiers.
Des intérêts nationaux pas toujours
convergents
Actuellement les disparités tarifaires avec le TEC
UEMOA et la diversité des situations sont très grandes. Certains
pays comme le Nigeria gardent des tarifs très élevés,
d'autres comme la Gambie et le Cap Vert ont des régimes très
libéraux. Le Ghana a une structure tarifaire proche de celle de l'UEMOA
mais avec une classification très différente et de nombreuses
exemptions. L'établissement d'un APE représentera donc pour les
différents pays de la CEDEAO un saut plus ou moins important vers le
désarmement tarifaire.
Au niveau de la région, des problèmes
spécifiques peuvent se poser à certains pays et pas à
d'autres. A titre d'exemple, le coton est un enjeu essentiel pour plusieurs
pays sahéliens dont le Mali sans pour autant constituer un
intérêt majeur pour toute la CEDEAO. De même, les
importations de viande à bas prix de l'UE par certains pays
côtiers peuvent compromettre les intérêts des pays
d'élevage. Autant de difficulté d'identifier des terrains
d'entente sur les produits devant faire l'objet de mesures de sauvegarde.
Une appréciation doit donc être portée sur
les forces et faiblesses d'une adhésion à un APE pour chaque pays
au sein des entités sous-régionales. On considère que
c'est cette appréciation permettant de réaliser cette balance
entre avantage d'un accès plus favorable au marché
européen et désavantage d'une compétition accrue sur son
marché intérieur qui décidera chaque pays de la
région à accepter ou non de rentrer dans un APE.
5 hypothèses pour simuler l'impact des
APE
On considère donc raisonnable d'envisager que la
position des différents pays de la région vis à vis de la
signature d'un APE puisse évoluer. On convient alors que selon la
configuration de l'entité régionale qui signera un APE, les
conséquences pour les différents pays membres de cette
entité seront différentes. A chaque configuration pourraient donc
correspondre des hypothèses différentes d'évolution du
commerce extérieur.. L'impact des APE sur le Mali dépendra donc
des hypothèses faites sur les groupements régionaux qui signeront
l'accord avec l'UE - CEDEAO ou UEMOA ou CEDEAO sauf l'UEMOA - et des
hypothèses de modification des flux commerciaux qui en
résultent.
On envisage 5 scénarios dont on évaluera
l'impact en terme de modification des flux commerciaux pour le Mali:
Scénario 1 l'APE est conclu avec la CEDEAO
Scénario 2 l'APE est conclu avec l'UEMOA
Scénario 3 aucun APE n'est conclu en Afrique de l'Ouest
Scénario 4 l'APE est signé avec le reste de la
CEDEAO sans l'UEMOA
Scénario 5 pas d'APE mais l'intégration
régionale est achevée.
L'agenda établi pour la CEDEAO : la feuille de
route
La feuille de route établit le calendrier de discussion et
de mise en oeuvre de l'APE:
· de mars 2004 à juin 2005, définition des
priorités d'intégration économique et commerciale de la
région, formulation et mise en oeuvre du programme d'amélioration
de la compétitivité et de mise à niveau des entreprises
· de juillet 2005 à juillet 2006, élaboration
de l'architecture globale de l'APE et du projet d'accord
· de septembre 2006 à fin 2007, tenue des
négociations sur l'accès au marché. Ces
négociations se fondent sur les résultats des études
menées de décembre 2003 à décembre 2004 et en
2004-2005 pour ce qui est des secteurs sensibles et des entreprises en
difficulté. Parallèlement, des programmes de mise à niveau
pour chaque pays dans le domaine de l'environnement des affaires, des
infrastructures et des services marchands seront formulés en 2004-2005
et mis en oeuvre jusqu'en 2020.
Les échanges commerciaux du Mali et la place
qu'y occupe l'UE
Le commerce extérieur malien
En 2003, la valeur totale des importations du Mali
s'élevait à plus d'un milliard d'Euros. Le commerce
extérieur au Mali représente environ 50% du PIB. Au cours de la
période post- dévaluation, le commerce extérieur du Mali a
progressé, au taux moyen annuel de 14.2% pour les exportations et de
5.3% pour les importations, soit une amélioration moyenne du
déficit commercial de 20.2% par an.
Toutefois, la période post-dévaluation se
caractérise par une relative détérioration des termes de
l'échange de 0.7% par an en moyenne. Cette détérioration
s'explique par la structure commerciale du Mali qui rend le pays
vulnérable à la baisse tendancielle des cours des matières
premières exportées et au renchérissement des prix de ses
principaux produits d'importation.
Dans sa structure, le commerce extérieur du Mali est
dominé par trois grands groupes de produits - le coton fibre, l'or et
les animaux vivants - qui totalisent plus de 90% de la valeur totale des
exportations du pays . La diversité est plus grande à
l'importation.
La politique commerciale du Mali
La libéralisation de l'économie est
consacrée depuis l'adoption des premières politiques d'ajustement
du début des années 80.
L'application du TEC fait suite à l'adoption par le
Mali du code communautaire des douanes. A ce titre, les produits des pays de
l'UEMOA circulent librement (sous certificat d'origine) et les produits de pays
tiers sont soumis aux mêmes taux de TEC.
La rationalisation des procédures douanières a
consisté en la simplification des formalités administratives de
commerce réduites à la levée d'intention d'importer ou
d'exporter auprès de la Direction nationale du commerce et de la
concurrence (DNCC) et d'un certificat d'origine auprès de la Chambre de
commerce et d'industrie du Mali (CCIM) ainsi que la
suppression de la TCI sur la farine de blé au profit
de l'instauration d'une valeur de référence sur ce produit.
En dépit de ces efforts, il subsiste toutefois - aux
dires des opérateurs - des entraves à la libéralisation
complète des échanges, aux plans tarifaire et administratif,
notamment le certificat d'intention d'importer, (même s'il a l'avantage
de permettre un recensement statistique des opérations de commerce) la
patente d'exportateur, l'obligation de rapatrier dans les 180 jours les
recettes d'exportation convertis en francs cfa dans une banque de la place
(pour tout montant supérieur à un million de Fcfa), la lenteur
dans le remboursement de la TVA payée sur les intrants utilisés
dans la production de biens exportés.
La place de l'UE dans les échanges du
Mali
L'Europe représente une part importante des
exportations du Mali (45% en moyenne par an sur la période 1995-00 -
dont 22% pour l'Union européenne), suivie de l'Asie (25%), de l'Afrique
(20% - dont 17% pour l'UEMOA) et de l'Amérique (11%).
En 2003, l'UEMOA était le principal fournisseur du
Mali, à part quasiment égale avec l'UE puis le reste du monde.
Les pays de la CEDEAO qui ne font pas partie de l'UEMOA participent pour
seulement 2% dans les importations du Mali.
En revanche, le Mali ne représente que 0,02% du
commerce de l'UE avec les pays tiers. Cette part très faible permet de
relativiser le risque pris par l'UE pour se protéger des importations de
pays ACP (sucre, bananes, viande notamment).
Le Mali n'est que le 10ème partenaire de
l'UE au sein de la CEDEAO. Il ne représente que 2% des échanges
de la CEDEAO avec l'UE : 3% des importations en provenance de l'UE et 0,6% des
exportations à destination de l'UE, ceci sachant que la CEDEAO
elle-même ne représente que 1,1% des importations de l'UE en
provenance de pays tiers et 1,3% des exportations de l'UE vers
l'extérieur.
Le Mali est donc un partenaire mineur de l'Union
Européenne par rapport à ses voisins de la CEDEAO qui ne font pas
partie de l'UEMOA : Mauritanie, Guinée, Ghana et Nigéria sont de
plus importants partenaires de l'UE. Le Nigéria et le Ghana en
particulier avec des balances commerciales relativement
équilibrées pour des flux de respectivement 5 et 1 milliards
d'euros sont des portes d'entrée potentiellement importantes pour des
produits européens en direction du reste de la CEDEAO.
La structure des importations du Mali depuis
l'UE
Si les biens de consommation finale représentent
près de la moitié des importations du Mali en provenance de l'UE,
les biens de production (machines etc.) en représentent plus du quart ce
qui indique le créneau stratégique pris par l'UE dans la
structure productive malienne.
Les importations de produits agricoles et agroalimentaires
occupent 17% du volume total. Il s'agit surtout de produits transformés
à base de céréales (biscuiteries, pâtes, etc.) et de
produits laitiers. Les matières brutes (céréales et
sucres) représentent moins de 2,5% du total.
Les catégories 1, 2 et 3 de l'UEMOA sont
représentées à part à peu près égales
dans les importations du Mali, autour de 30%. Il convient d'abord de
rappeler qu'en 2003, l'UE est de
loin le principal fournisseur des produits de la
catégorie 0 composée des médicaments, équipement
médical, journaux et livres. Elle représente également
plus du tiers des importations de biens de catégorie 1 constituée
de biens d'équipements et de matières premières.
Les exportations du Mali vers l'UE
Le coton représente à lui seul environ les deux
tiers des exportations du Mali vers l'UE. Les cuirs et peaux
représentaient également une valeur significative mais ce
deuxième poste d'exportation ne dépasse pas 11% de la valeur
totale. L'or n'est que peu vendu vers l'Europe.
On peut dire que près de 80% des exportations du Mali
sont constitués de biens intermédiaires pour l'industrie
européenne. Les produits de consommation finale ne représentent
que 14% dont la moitié sous forme de réexportation. Il est
attendu que la signature d'un APE s'accompagne d'un accroissement des
exportations sur le marché européen avec une meilleure
exploitation des filières porteuses, notamment par une politique
d'incitation à l'investissement privé, national et
étranger. Malheureusement, cette promotion des exportations pourrait
être contrariée par la persistance des barrières non
tarifaires érigées par l'UE contre les produits ACP. Cette
question devra être approfondie.
Les effets des APE sur les recettes fiscales
La fiscalité
Sur la période 1997-2002, les recettes fiscales ont
représenté 83% des recettes totales de l'Etat et sont
constituées à 65% d'impôts indirects. La fiscalité
de porte a représenté 15% en moyenne des recettes fiscales de
l'Etat, la fiscalité sur les importation (y compris TVA et iscp), la
moitié.
On constate une baisse de toutes les sources de recettes de
l'Etat en 2002, année d'un véritable choc fiscal
consécutif au ralentissement de l'activité économique
induite par la crise ivoirienne. Les importations ont baissé de 9.6% en
valeur. La reprise des importations aux niveaux d'avant crise s'est
opérée grâce à la substitution des axes
Bamako-Conakry, Bamako- Accra et Bamako-Dakar à l'ancien corridor
ivoirien.
La signature d'un APE accompagnée d'un abattement
tarifaire entraîne une diminution des prélèvements
douaniers que peut compenser l'augmentation du volume des importations en
provenance de l'UE. Cette modification des flux d'importation dépend de
l'élasticité des échanges par rapport à la pression
fiscale.
La modification des flux d'importation sous les
différents scénarios Scénario 1 : APE avec la
CEDEAO
Sous ce scénario, l'APE est conclu entre l'UE et la
CEDEAO; par conséquent, l'abattement tarifaire s'applique sur toutes les
importations du Mali en provenance de l'UE et de l'ensemble des pays de la
CEDEAO i.e. de l'UEMOA et du reste de la CEDEAO.
La nouvelle situation d'abattement tarifaire pourra se
traduire par une augmentation des importations totales de 10% sous
l'hypothèse la plus probable d'élasticité constante de -1
dont +32% pour l'UE et de 21% si les recettes douanières devaient ne pas
baisser. Sous cette hypothèse, l'accroissement des importations en
provenance du reste de la CEDEAO devrait être de 87% contre 59% pour les
importations en provenance de l'UE.
Scénario 2 : APE avec l'UEMOA
Dans ce cas de figure, les nouveaux tarifs (officiels comme
appliqués) UE qui seront appliqués aux produits en provenance de
l'UE seront ceux déjà en vigueur dans l'UEMOA. Les modifications
de flux sous ce scénario différeront très peu de celles du
scénario précédent puisque le reste de la CEDEAO, ici non
concerné par l'APE, ne représente que 2% des importations du
pays.
Ce scénario se traduira par une augmentation des
importations en provenance de l'UE, de 59% ou de 32% selon les
hypothèses d'élasticité, soit une augmentation totale des
importations de 19% ou de 10% toujours selon les hypothèses.
Scénario 3 : pas d'APE et statu quo
Dans l'éventualité d'une non signature d'APE
par les organismes sous-régionaux d'intégration (UEMOA, CEDEAO),
il ne devrait pas se produire de modification de flux d'échanges
commerciaux. Mais, si l'arrangement TSA est remis en cause, les exportations du
Mali vers l'UE pourraient diminuer en raison des barrières tarifaires et
non tarifaires que l'UE serait amenée à ériger contre
elles. Cet impact négatif ne devrait pas être trop important
puisque les exportations des PMA sont depuis longtemps en franchise de droit de
douane et de contingent sur les marchés de l'UE.
Scénario 4 : APE avec CEDEAO sauf UEMOA
L'UEMOA pourrait redouter la signature d'un APE au motif des
pertes de recettes fiscales et considérant qu'elle
bénéficie déjà pour les PMA des mêmes
avantages, grâce à l'initiative TSA, la Côte d'Ivoire - seul
PED de la zone - se contentant du système de préférence
généralisé. Si alors le reste de la CEDEAO conclut l'APE,
les exportations européennes dans cet espace pourraient se substituer
à celles de l'UEMOA e.g. les exportations maliennes de bétail et
dérivées diminuer au bénéfice de la viande et de la
volaille d'Europe.
Scénario 5 : pas d'APE mais intégration
régionale CEDEAO
En cas de rejet de la proposition européenne d'APE de
la part des Etats d'Afrique de l'Ouest qui choisiraient plutôt d'achever
leur processus d'intégration régionale, on assisterait à
une intensification des échanges commerciaux dans cette nouvelle Union
avec probablement le Nigeria comme principal fournisseur des autres pays au
détriment de l'UE.
L'impact de cette éventualité se traduirait par
une augmentation de seulement 2% du volume total des importations du Mali pour
un accroissement de 87% des importations en provenance du reste de la CEDEAO.
Ainsi, la modification des flux commerciaux est plus importante en cas d'APE
que sous la seule intégration sous-régionale achevée.
Les effets des APE sur les recettes fiscales
liées aux importations
En 2003, l'UE a représenté 23% des recettes
fiscales sur les importations du Mali, soit un peu moins du poids de la zone
dans les importations totales (32.5%). Par contre, au seul regard de la
fiscalité de porte (droits liquidés moins la fiscalité
intérieure), les importations depuis l'UE fournissent 32.5% du total.
Ainsi, sur les 182 milliards de francs cfa de droits et taxes en 2003, l'UE a
représenté 42 milliards et sur les 52 milliards de francs cfa de
droits de porte, elle a représenté 17 milliards.
Quelques produits apparaissent comme stratégiques
compte tenu de leur apport en terme de fiscalité de porte et de TVA
qu'ils subissent. C'est le cas des cigarettes (resp. 22% et 42%), de la farine
de blé (resp.22% et 18%), du sucre en poudre ou granulée
(resp.20% et 16%) des véhicules, d'articles de friperie (resp.22% et
18%).
Effet statique global sur les recettes fiscales
En statique, la variation de recettes est simplement
égale à la différence entre les recettes attendues sous
l'APE et les droits liquidés ou recettes obtenues si les volumes
échangés ne changeaient pas. Ainsi, sur les données de
2003, la perte de recettes aurait été de 27 milliards sous le
scénario 1, de 25 milliards sous le scénario 2 et de 2 milliards
sous le scénario 5. Ces variations de recettes sont calculées non
pas par rapport aux recettes perçues mais par rapport aux recettes qui
auraient été perçues par simple application des tarifs
officiels.
Quel que soit le scénario, les plus fortes pertes sont
occasionnées par les produits de la catégorie 3, celle des
produits finis.
Il faut toutefois relativiser ces pertes vu la non
application stricte des tarifs officiels. Ainsi, toujours en 2003, les droits
liquidés ont été non pas de 209 milliards mais de 182
milliards de francs cfa, soit un différentiel de 27 milliards
représentant 13% des droits dus. Tandis que les produits de la
catégorie 2 sont plus strictement taxés (98% de taux
d'application et une fiscalisation intérieure appliquée à
92%), les produits de la catégorie 3 ne sont taxés qu'à
76% des tarifs affichés, soit un manque à gagner de 24%. Ces
manques à gagner sont liés à des exonérations et
autres exemptions.
On doit considérer que le même système
d'exonération et d'exemption se maintiendra. Les pertes de recettes
seraient alors de 10% sous le scénario 1, soit une perte de près
de 18 milliards de francs cfa par rapport à la situation d'avant APE, 16
milliards dans le scénario 2 et 1,5 dans le scénario 5. Compte
tenu que l'ensemble des droits perçus en 2003 sur les importations
agro-alimentaires en provenance de l'Union européenne est de 6,8
milliards Fcfa, on estime le manque à gagner lié à
l'application de l'APE sur ces produits à un peu plus de 3 milliards
FCFA de recettes.
Par rapport à la pratique actuelle, les pertes de
recettes seraient moindres si l'APE s'accompagnait d'une application
mécanique des tarifs officiels. Corrigées de ces taux
d'application, les pertes de recettes sous l'APE se chiffreraient à
environ un milliard Fcfa. Mais cette hypothèse est théorique et
néglige la rationalité politique ou économique des
exemptions et exonérations.
Effet dynamique
De telles pertes pourraient davantage s'amenuiser si le
libre-échange s'accompagne d'un accroissement du volume des
importations.
Il peut être attendu que si l'application de nouveaux
tarifs sous l'APE conduit à une diminution des droits de douane, les
consommateurs vont réagir aux prix bas par un accroissement de leurs
achats, les producteurs réagiront pour vendre moins et les importations
seront en conséquence majorées.
L'estimation des effets dynamiques se fait par la prise en
compte des élasticités des importations par rapport à la
pression fiscale. On peut dire globalement que l'effet de la baisse du tarif
sur les recettes de porte résulte de deux mouvements contraires :
l'effet net est tiré vers le haut par l'accroissement des importations
suite aux tarifs plus bas et vers le bas par des niveaux plus bas de tarifs. A
ces deux effets, il faut ajouter la diminution attendue de la fraude, des
exonérations, entraînant une amélioration de la collecte de
recettes.
On raisonne à augmentation des volumes importés
en proportion de la diminution des tarifs.
Par rapport au tarif officiel, les pertes de recettes passent
de 27 milliards de francs cfa sous le scénario 1 à moins de 13
milliards sous le même scénario.
Si l'on tient compte des taux d'application effectifs des
tarifs, les pertes de recettes fiscales se situeraient à moins de 9
milliards de francs cfa contre 18 milliards s'il n'y avait pas d'effet
dynamique ce qui représente 5% de perte par rapport à la
situation actuelle.
L'effet des APE sur la rentabilité et la
compétitivité des entreprises industrielles
La structure de la production nationale reste dominée
par l'agriculture. La diminution de la contribution de l'agriculture au PIB
s'est faite au profit des mines (qui passent de 2 % du PIB en 1990 à 11
% en 2001), des BTP (de 4 % à 6 %) et de l'électricité (de
1 à 2 %).
Le recensement industriel 2001-2002 dénombre 243
entreprises dont 44% dans la seule branche des produits alimentaires et des
boissons. On peut estimer à 4.6 millions de personnes la population
active du Mali en 2002, suivant les projections faites à partir des
données du recensement général de 1998. Avec un taux de
travail salarié d'environ 10% (6% pour les femmes et 14% pour les
hommes), il n'y aurait que 460 000 travailleurs salariés, d'où
une prédominance de l'auto-emploi (notamment dans l'agriculture et dans
le secteur informel).
Indicateurs de compétitivité et de
rentabilité
La mesure de la compétitivité offre une
vision du potentiel des entreprises à résister à une
libéralisation du marché. Elle renseigne sur
l'intérêt de la collectivité nationale à la
poursuite d'une activité productive donnée. Elle est
fondée sur les coûts d'opportunité des facteurs de
production utilisés et sur les prix internationaux qui servent
d'étalon de référence pour des comparaisons. Cette mesure
est complémentaire de celle de la rentabilité des
entreprises qui
mesure la capacité du pays à maintenir une
activité productive créatrice de richesse compte tenu des
imperfections du marché concurrentiel et des politiques de protection et
d'incitation. Cette mesure est principalement fondée sur les comptes
d'exploitation des entreprises.
La différence d'appréciation entre les deux
concepts renseigne sur le poids des politiques économiques dans la
viabilité des entreprises et donc leur influence sur la solidité,
dans une logique de comparaison internationale, de la base productive
nationale.
Pour apprécier le niveau de performance des 243
entreprises du recensement industriel 2002 et plus tard mesurer l'impact des
APE, un échantillon de 34 entreprises industrielles (fabriquant des
biens échangeables) a été analysé. Cet
échantillon est constitué des entreprises manufacturières
fabriquant des produits soumis à la concurrence des importations.
En règle générale, la
productivité (le rapport de la valeur ajoutée au volume d'emploi
permanent) varie de 0 à 30 millions de francs cfa par an avec une
prédominance de moins de 10 millions par an.
De l'observation des données de rentabilité
(mesurée par le ratio du coût total de production à la
valeur des ventes), il ressort que 6 entreprises n'auront été
rentables ni en 2001 ni en 2002 contre 22 qui auront été
rentables les deux années de suite. Entre ces deux extrêmes, 4
entreprises non rentables en 2001 l'ont été en 2002 et 2
rentables en 2001 ont perdu leur rentabilité en 2002.
Les résultats de cette estimation de la
compétitivité internationale donnent un total de 13 entreprises
en 2001 et 14 en 2002 à la fois rentables et compétitives . Il
ressort que près des deux tiers des entreprises de l'échantillon
ne sont pas compétitives et rentables à la fois. Dans le
même temps, près de la moitié des entreprises rentables ne
sont pas compétitives, 11 sur 24 entreprises en 2001 et 12 sur 26 en
2002. Environ 7 entreprises ne sont ni rentables ni compétitives.
Impact de l'APE sur la protection
Dans l'échantillon de 34 entreprises, les taux de
protection tarifaires vont de la déprotection totale (TPE
négatif) à la surprotection (pour des TPE de plus de 100%).
Pour l'essentiel, les TPN sur extrants passeront de 22.5%
à 2.5% dans le cadre de l'application de l'APE, à l'exception
d'une dizaine d'activités pour lesquelles les situations sont variables.
Dans le même temps, les TPN sur intrants vont diminuer passant de 7.5
à 2.5% lorsqu'ils seront importés de l'UE ou de la
sous-région ou tout au moins de l'UEMOA.
On assistera à une relative baisse de la protection
effective (TPE).
· 2 des 13 entreprises déprotégées
en 2002 seront protégées, à cause essentiellement de leurs
importations d'intrants de l'UE. Il s'agit de l'industrie du tabac et d'une
entreprise de produits plastiques
· 10 des 21 protégées seront
déprotégées, évoluant dans les secteurs de
l'agro-alimentaire (4), de l'industrie métallique (3), de la chimie (2)
et du plastique (1). Ces entreprises devront faire face à une
concurrence accrue.
· 11 entreprises resteront protégées,
dans les secteurs agro-alimentaires (3), chimie (2), coton-textile (3), peau
(1), pharmacie (1) et plastique (1). Ces entreprises récupèrent
au niveau des intrants ce qu'elles perdent par la déprotection de leurs
produits.
Impact sur la compétitivité des secteurs
industriels
Pour mesurer l'impact de l'APE sur la
compétitivité, on établit d'abord l'indice de coût
unitaire avant et après APE pour ensuite mesurer la variation de cet
indice. Cette variation constitue le véritable indicateur de mesure de
l'impact de l'APE.
Appliquée aux données des 34 entreprises, la
méthodologie de l'indice de coût unitaire donne 15 entreprises
dont la situation s'améliore, 8 qui ne voient aucune modification dans
leur situation et 11 qui voient leurs conditions se détériorer
.
Des 15 entreprises qui étaient compétitives avant
APE:
· 8 améliorent leur compétitivité
par une exploitation judicieuse de leurs avantages comparatifs, 3 dans
l'agro-industrie, 2 dans la chimie, 2 dans la fabrication métallique et
1 dans le textile
· 2 conservent leur niveau de compétitivité
sans changement, 1 dans les peaux et cuirs, 1 dans les articles plastiques
· 5 perdent leur compétitivité soit par
gaspillage d'intrants (échangeables ou non échangeables) et/ou
pour des coûts élevés des facteurs de production, 2 dans
l'industrie agro-alimentaire, 1 coton, 1 métallique et 1 peaux et
cuirs.
Avec l'APE, 4 entreprises qui n'étaient pas
compétitives vont le devenir, essentiellement par une baisse du prix des
matières premières importées, 2 entreprises de chimie et 2
d'articles plastiques. Trois entreprises améliorent leur situation sans
pour autant devenir compétitives.
L'impact des APE sur la structure productive
industrielle malienne
Emploi et valeur ajoutée industriels
L'APE pourrait se traduire pour les entreprises
compétitives par :
· une perte de 3% d'emplois par rapport à la
situation d'avant APE, l'emploi total passant de 3821 à 3701
· une diminution de la valeur ajoutée industrielle
de 2.5% des entreprises compétitives après APE par rapport
à celles d'avant APE.
Il est attendu que les entreprises compétitives
puissent accroître leur production surtout celles qui ont
déjà une expérience d'exportation dans la
sous-région voire en Europe. En 2002, elles étaient 11
entreprises (exception faite de l'exportation de coton - première source
de devises du Mali) à réaliser 7% de leur chiffre d'affaires sur
le marché extérieur, à raison de 2% sur le marché
UEMOA, 2% sur l'UE et 3% sur le reste du monde.
La stratégie des entreprises face aux enjeux de l'APE
devrait être non pas le maintien des parts de marché local mais
la conquête de substantielles parts de marché dans l'espace
de libre-échange que représentera l'UEMOA et l'UE
réunis, voire l'UE et l'ensemble de la
CEDEAO. Cependant, il faut redouter que des importations bon
marché d'un certain nombre de produits n'annihilent les efforts de
production locale et partant l'extension des exportations dans la
sous-région. C'est le cas notamment des produits textiles, de la viande
bovine et dans une certaine mesure du lait et du sucre. Une mise à
niveau de ces entreprises et une politique d'incitation à
l'investissement dans les secteurs considérés en vue de renforcer
les capacités d'offre desdites entreprises serait souhaitable. Ce qui
est vrai du commerce des marchandises l'est tout autant du commerce des
services qui pourrait prendre de l'ampleur sous les APE. Cet aspect important
du commerce devrait être davantage étudié.
Les recettes fiscales intérieures
Sans le coton, les 33 entreprises industrielles ont
contribué pour 5 milliards de francs cfa d'impôts pour une valeur
ajoutée totale de 35 milliards, soit un taux d'imposition de 14%. Ces 5
milliards représentent moins de 3% des recettes fiscales du pays.
Les 14 entreprises compétitives avant APE totalisent
une recette fiscale de 3.7 milliards de francs cfa, soit 73% des 5 milliards
que paient les 33 entreprises. Après APE, les 14 "nouvelles" entreprises
compétitives totalisent une contribution fiscale de 1.4 milliards de
francs cfa. Si seules les entreprises compétitives devaient perdurer,
cela représenterait une perte de 2.3 milliards de francs, environ 1% des
recettes de l'Etat. Cette perte est essentiellement imputable à une
firme qui fabrique des boissons de large consommation, produits qui rapportent
autant d'impôt et taxes que le coton.
De telles modifications de recettes fiscales combinées
à l'analyse de la fiscalité liée aux importations incitent
à une analyse approfondie de la fiscalité intérieure et
surtout du régime des exonérations. Toutefois, les
autorités maliennes considèrent qu'il n'y a pas, dans le contexte
actuel, une nécessité de relecture de la législation
fiscale en vigueur..
L'impact des APE sur le secteur agro-alimentaire
Les relations commerciales avec l'Union européenne
représentent un enjeu crucial pour le secteur agricole. Par exemple, les
ventes de l'UE représentent 99%, 97%, 88%, 77% et 100% des achats
extérieurs maliens respectivement en blé, en farine de
blé, en poudre de lait, en autres produits laitiers et en poussins. Les
importations agro-alimentaires originaires de l'Union européenne - sans
inclure les réexportations qui ne se disent pas, de la part de pays de
l'Uemoa - représentent une valeur de 20 milliards FCFA, ce qui est
équivalent à 10% du déficit commercial du Mali.
La baisse des droits de douane appliqués aux produits
européens à l'entrée de la CEDEAO auraient un impact sur
la concurrence vis à vis du secteur agricole qu'il faut
considérer à différents niveaux :
de produit à produit, directement sur le marché
malien ; les produits européens arrivant sur le marché malien,
accroissent la pression concurrentielle sur la production nationale. Sont
concernés principalement le sucre, les huiles et les produits laitiers
;
de produit à produit, indirectement via les
marchés de débouché des produits maliens ; les produits
maliens perdant des parts de marché à l'export au
bénéfice des produits européens devenus plus
concurrentiels. Sont ici concernés des produits maliens, comme la viande
bovine, consommés par ses voisins en particulier les pays
côtiers;
de produit à un substitut. Il s'agit ici de prendre en
compte les substitutions possibles entre produits maliens et des produits
substituables (partiellement). On inclut ici le blé et le riz qui sont
deux produits de consommation urbaine principalement (sauf dans les zones de
production de riz).
Des simulations sur des modèles de filière ont
été réalisées pour les différentes
filières. La filière sucre
L'analyse de la compétitivité internationale,
à partir des calculs en prix de référence conduit à
mettre en évidence la protection dont jouit la production nationale
(TPN=110%). Grâce à la protection, ce sont l'ensemble des acteurs
concernés par la filière qui bénéficient
d'avantages (TPE = 390%). ). Ces avantages sont d'ailleurs au prix d'un effort
économique supporté par les consommateurs, sinon, aux prix
d'opportunité, la production de sucre ne serait pas rentable.
Les simulations montrent, pour une baisse de 16% du prix du
sucre importé -liée à l'abaissement du tarif -, une
augmentation des importations d'environ 30000 tonnes. Compte tenu du surplus
dégagé par les consommateurs, et du faible niveau actuel de la
production nationale, ceci ne devrait pas conduire à une contraction de
la demande pour le sucre local. Ce qui est en revanche beaucoup plus
significatif est que si la production nationale devenait beaucoup plus
importante - par exemple jusqu'à produire 170000 tonnes de sucre comme
l'ambitionne le projet Markala - , le rapport entre sucre local et
importé changerait radicalement. Pour une baisse de 16,4% du prix des
imports et pour une production de 170000 tonnes (soit 28000 ha cultivés,
la baisse de prix du sucre importé constituerait une incitation telle
sur la consommation que s'opérerait un report de la demande sur les
imports conduisant à une contraction de la demande de sucre local de 22
mille tonnes, soit une nécessité de réduire la production
de 13% et donc de recalibrer le projet d'investissement.
La filière maïs
Le maïs est classé en catégorie 1 et subit
l'imposition de la TVA. Son entrée sans droit de douane correspondrait
à une baisse de 4,7% du prix du maïs importé.
Les conséquences d'une baisse des prix
d'opportunités du maïs, seraient une baisse de la production
nationale de 4,5%. Compte tenu de la part prépondérante de la
production nationale dans la formation de la valeur ajoutée, il en
résulterait une forte variation de la valeur ajoutée au niveau de
la production, de l'ordre de -1,2 milliards FCFA, mais qui serait
compensée par l'augmentation du commerce. L'impact global sur la valeur
ajoutée serait
limité à -0,2%. Les importations passeraient de
3000 à 20000 tonnes, ce qui induirait une hausse de la facture de 650
millions FCFA.
La filière riz :
L'Union européenne n'est pas un concurrent sur le
marché du riz consommé au Mali. Les faibles productions
européennes concernent un créneau très particulier de riz
haut de gamme à prix élevé. La valeur ajoutée
créée par la filière malienne est de l'ordre de 80
milliards FCFA. Les importations représentent un peu plus de 10% de la
production nationale. L'ensemble des transferts sur les biens et services
échangeables et liés à la politique commerciale du Mali ne
sont que de 3,7 milliards FCFA. A supposer que ces transferts soient
intégralement liés à la protection vis à vis des
intrants originaires de l'UE, on se rend compte que la marge de manoeuvre est
très faible à ce niveau pour accroître la
compétitivité de la filière.
En revanche, l'APE pourrait avoir un impact sur la
consommation. Le riz est largement consommé en milieu urbain, à
40%. On peut ainsi craindre que selon le rapport de prix entre farine de
blé, également consommée en ville sous forme de pain, et
riz, ne s'opère une substitution en défaveur de ce dernier. Or
30000 tonnes de farines sont importées, principalement de France.
L'enjeu de la farine ne porte donc pas seulement sur les industries de
minoterie, mais aussi sur une partielle substitution au riz malien.
La filière lait
Le lait est le troisième produit agro-alimentaire le
plus importé au Mali. Il vient à près de 90% de l'Union
européenne. Mais le montant du total importé ne doit pas faire
oublier que le lait est principalement auto-consommé et donc en tant que
tel représente une valeur créée considérable pour
le pays. C'est l'ensemble de la valeur ajoutée dont il faut tenir compte
dans une comparaison internationale.
Or la filière jouit d'une faible protection (TPE et TPN
proches de 1). Le coût en ressources internes, proche de 0 indique une
très forte valorisation des ressources nationales et donc un
intérêt collectif à favoriser la production
laitière.
La simulation réalisée conduit à estimer
un impact important de la baisse du prix de la poudre sur la production locale.
Cette dernière pourrait se contracter de plus de 4%, ce qui conduirait
à une diminution de la valeur ajoutée de la filière de 3%.
L'augmentation des importations pourrait correspondre à une production
de 9000 tonnes de lait frais. La facture d'importation de lait
s'accroîtrait de 2,6 milliards FCFA.
Seuls les consommateurs finaux en profiteraient avec une
augmentation possible de leur consommation de 2,6% sans avoir à
dépenser plus qu'actuellement, mais ceci seulement à condition
que la baisse du prix de la poudre soit bien répercutée par les
transformateurs et commerçants.
La filière bovine
européenne pourrait devenir beaucoup plus attractive
que la viande sahélienne à la suite de la diminution du tarif
douanier. Près de 60% de la production et donc de la valeur
ajoutée est réalisée grâce au marché
d'exportation. Le risque principal pour la filière est donc que se
tarisse ce débouché.
Cette perte de part de marché serait alors assez lourde
de conséquences. Nos simulations indiquent que la valeur ajoutée
de la filière diminuerait de près de 6 milliards FCFA soit une
baisse de plus de 8%. Les conséquences sur la production nationale
serait une perte de débouchés pour 37000 animaux. Du point de vue
macro-économique, la perte en devise serait de 6,6 milliards FCFA sur
l'ensemble des exportations soit une chute de 14%.
La filière avicole
La filière avicole malienne n'est certes pas la plus
confrontée à la concurrence internationale parmi les
filières de la CEDEAO. Elle subit toutefois, au travers de l'UEMOA, les
effets indirects d'une politique peu favorable à la filière.
Actuellement, plus que le prix, on peut considérer que
ce sont les conditions d'acheminement de poulet congelé depuis la
côte vers le Mali qui limitent la concurrence. On peut se demander si la
baisse de 20% du tarif du poulet importé de l'Union européenne
dans les pays côtiers ne provoquera pas la recherche, de la part
d'importateurs ivoiriens ou sénégalais d'opportunités de
commercialisation de poulet congelé vers l'hinterland. La diminution
d'environ 100 FCFA par kilo du coût de revient sur une base prix CAF de
400 FCFA/kg pourrait devenir incitative et ainsi inverser le flux de
marchandise au détriment des exportations maliennes.
L'influence de l'APE sur la production malienne dans sa
globalité serait très faible compte tenu du poids de la
production auto-consommée actuellement. Mais la perte du
débouché à l'export induirait une perte de valeur
ajoutée d'environ 1%. A supposer que la totalité de la production
du secteur moderne soit exportée vers la Côte d'Ivoire, ce serait
35% de la production de ce secteur qui ne trouverait plus de
débouché.
La filière tomate
L'industrie de transformation de tomate ou de concentré
est absente du paysage industriel malien. Il existe pourtant un potentiel pour
la tomate locale. Dans les conditions actuelles, le droit de douane de 20% sur
le concentré accroît donc directement le prix au consommateur de
produits de la tomate sans que cela bénéficie aux producteurs.
D'autre part, on ne signale pas d'importations de tomates fraîches de
l'UE. On peut donc dire que la réduction du tarif, en dehors de
considérations fiscales, ne représente pas un enjeu crucial pour
la filière tomate.
Les huiles de consommation
Actuellement, l'importation d'huile représente une
facture de 5 milliards FCFA mais l'Union européenne ne prend qu'une
faible part dans les livraisons (36% de l'huile de soja, soit environ 80
millions FCFA). Pour le Mali spécifiquement, l'APE ne constitue donc pas
un enjeu particulier pour les huiles si ce n'est éventuellement pour
exporter de l'huile du coton vers l'UE ou plus probablement vers d'autres pays
de la CEDEAO.
La filière coton
S'agissant d'une filière d'exportation sans concurrence
sur le marché intérieur, la filière coton peut être
concernée par la mise en place d'un APE au niveau principalement de
l'accès aux intrants. On a simulé en statique - c'est à
dire sans prendre en compte l'effet sur le niveau de production - l'effet d'une
diminution du prix des intrants sur la valeur ajoutée
créée.
Le gain total serait assez faible en comparaison de la valeur
ajoutée globale : il serait de 1,3 milliards FCFA au plus, dont environ
1 milliards reviendrait aux producteurs, le reste étant à
répartir entre les différents maillons de la filière.
Compatibilité vis à vis des
critères de convergence macro-économique de l'UEMOA
L'APE aura un impact sur les critères de second rang
ainsi qu'un critère clé à savoir le ratio du solde
budgétaire de base rapporté au PIB nominal. Cet impact sera
consécutif à la diminution des recettes fiscales liées aux
importations d'environ 5 à 10% selon les scénarios et sous
différentes hypothèses de modification des flux commerciaux.
Conclusion
L'analyse amène à plusieurs niveaux de
réflexion pour la négociation d'un APE :
1 - Les arguments en faveur de mesures de sauvegarde
ou de compensations ne manquent pas:
o Le gain - lorsqu'il existe, c'est à dire pour les
entreprises qui s'approvisionnent sur le marché européen -
pourrait tout aussi bien être obtenu par des mesures favorables à
l'importation des intrants, au delà de ce que consent déjà
le TEC et donc, sans faire rentrer en ligne de compte l'APE dont les
conséquences négatives sont multiples pour les PMA. Les
bénéfices pourraient aussi bien être obtenus par
décision unilatérale de l'UEMOA d'abaisser encore les tarifs pour
les intrants.
o L'accès privilégié au marché
européen n'a pas donné la preuve de son effet dynamisant sur les
exportations maliennes (-14% par an depuis 1998 d'après les
données de la CNUCED). Les obstacles non-tarifaires semblent plus
importants que les tarifs pour pénétrer le marché de
l'Union européenne.
o L'argument théorique de l'augmentation de
l'efficacité économique grâce à la
libéralisation des échanges ne tient pas dans un contexte
où les prix internationaux véhiculent des distorsions de
marché au niveau des grands pays exportateurs : les prix mondiaux, e,
particumier dans le secteur agricole ne reflètent pas les coûts de
production et ne peuvent donc pas servir d'étalon à la mesure de
la compétitivité internationale. Il faut donc admettre que la
libéralisation ne garantit pas une augmentation de l'efficacité
économique dans tous les secteurs.
o L'impact social n'est pas négligeable puisque pour
les entreprises industrielles les plus compétitives (40% de notre
échantillon), on estime une perte d'emploi de 3% et pour le secteur
agro-alimentaire, le transfert de valeur ajoutée se fera surtout en
faveur des secteurs liés au commerce d'importation et non des
agriculteurs réputés être la population la plus pauvre du
pays. Dans un contexte où les partenaires au développement
insistent sur la lutte contre la pauvreté, ceci ne devrait pas laisser
indifférent.
o L'APE présente peu d'intérêt pour le
Mali sachant que pour les PMA l'accès au marché des pays
développés est déjà inscrit dans les accords de
l'OMC. Seule la Côte d'Ivoire au sein de l'UEMOA ne
bénéficierait pas - à l'inverse des 7 autres pays PMA - de
l'accès hors droit au marché de l'UE. La structure d'exportation
de la Côte d'Ivoire ne l'incite toutefois peut-être pas à
rechercher un accès meilleur qu'elle ne l'a déjà. La
question se pose également au Nigéria et au Ghana de
l'opportunité peut-être limitée de bénéficier
d'un meilleur accès face au risque de se déprotéger de
certaines importations européennes. Les conditions sont donc
réunies pour que le Mali trouve des appuis auprès de ses
partenaires de la CEDEAO pour exiger des aménagements au régime
de libre-échange afin d'en limiter les aspects négatifs.
2 - Certaines règles doivent conduire à
la négociation de dérogations à la baisse des
tarifs:
* pour les filières agricoles qui valorisent fortement
les ressources nationales (et qui ne sont pas subventionnées
contrairement à celles exportées par l'UE) - viande bovine, lait,
aviculture - ou qui présentent un intérêt
stratégique pour le pays - le sucre et le blé en tant que
substitut du riz.
* pour les filières industrielles de produits de
consommation qui sont pourvoyeuses de fortes recettes fiscales : les produits
laitiers vendus en pharmacie, le blé dur, les cigarettes, la farine de
blé, les véhicules particuliers de transport, la friperie.
3 - Il convient d'exiger une compensation pour la
baisse des recettes fiscales par une aide budgétaire (non
ciblée). L'estimation du manque à percevoir
prévisible se fait sur la base de l'évaluation la plus certaine
qui est l'évaluation en statique (en faisant l'hypothèse d'une
poursuite du système actuel d'enregistrement, avec ses faiblesses) soit
18 milliards
FCFA. et d'une contribution à
l'adaptation du secteur productif à la concurrence européenne
accrue.
4 - La CEDEAO devrait pouvoir prendre des mesures en
vue de compenser les pratiques déloyales résultant de subventions
octroyées par les pouvoirs publics d'un pays non membre de la
CEDEAO à l'image de ce que pratique la Communauté
européenne dans le domaine des transports.2 On peut en l'occurrence
considérer le soutien fourni par les Etats européens à
certains secteurs économiques comme l'agriculture,
légitimé
2 RÈGLEMENT DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL
concernant la protection contre les subventions et les pratiques tarifaires
déloyales dans le cadre de la fourniture de services de transport
aérien par des pays non membres de la Communauté
européenne
par des raisons environnementales ou sociales, mais dans la
stricte mesure où cela n'influence pas les niveaux de rentabilité
des entreprises dans les pays tiers. Pour les produits de l'UE qui
bénéficient de soutien et concurrencent les produits maliens, il
convient donc d'exiger une compensation envers le Mali à hauteur du
soutien procuré à ces produits en Europe, assis sur les volumes
écoulés au Mali.
Enfin, le Mali devra aussi saisir l'occasion pour que la
coopération contribue à l'approfondissement et la modernisation
de son système douanier autour duquel, comme nous l'avons vu, existent
des gains d'efficacité de la collecte fiscale.
Tableau 1: Tableau synoptique des forces et faiblesses
d'un APE pour le Mali
DOMAINES / NIVEAUX
|
FORCES
|
FAIBLESSES
|
SOLUTIONS
|
Enjeux des APE vis à vis de la cohésion
régionale
|
Stimule l'intégration régionale ouest
africaine
|
Régimes douaniers ouest africains
disparates et conditions d'accès à l'UE tout
aussi disparates (les PMA
bénéficient déjà de « tout
sauf les armes »): intérêts divergents entre pays de la
CEDEAO quant à l'établissement d'une zone de libre échange
avec l'UE
|
Achèvement du processus d'intégration ouest
africaine
|
Importations
|
Réduction du coût des intrants et
équipements importés avec possible
accroissement des investissements productifs et donc de la
capacité locale d'offre et donc élargissement de l'assiette
fiscale intérieure
Aiguisement de la concurrence
|
Détérioration de la balance
commerciale
Accroissement de la concurrence
déloyale des produits UE liée aux multiples
subventions aux produits
européens (subventions directes comme dans le secteur
agricole ou indirectes via les services comme les transports, l'énergie,
les assurances
etc. et qui sont soutenus par l'Etat.).
|
Promotion des exportations
Maintien d'une protection dans certains secteurs
stratégiques comme par exemple viandes, lait, sucre,
farine et grains de blé et maïs
Compensations à hauteur du soutien accordé aux
produits concurrents européens
|
Exportations
|
Ouverture du marché européen aux produits maliens
e.g.:
peaux et cuirs
fruits et légumes
oléagineux
textile
|
Malgré l'initiative « tout sauf les
armes », le Mali n'avait pas gagné de part de
marché dans l'UE : les
barrières non tarifaires érigées par l'UE
constituent l'obstacle principal à l'accès au marché
européen
|
Mise à niveau des entreprises en vue d'accroître
le niveau des exportations et d'améliorer la qualité des produits
exportés
|
Recettes fiscales liées aux
|
Diminution de la pression fiscale
indirecte
|
Diminution des ressources de l'Etat : de l'ordre de 18
milliards Fcfa selon
|
Compensation à exiger à hauteur du manque à
gagner
|
importations
|
|
estimation la plus vraisemblable
|
Désarmement tarifaire séquentiel pour les produits
produits au Mali
Pas de désarmement pour les importations fortement
pourvoyeuses de recettes : le lait de pharmacie, les cigarettes, la farine de
blé, les automobiles particulières et les tracteurs pour
semi-remorques
Meilleure maîtrise des exonérations et autres
exemptions
|
Point de vue social
|
Réduction des droits et taxes et donc
possibilités de diminution des prix pour les consommateurs
|
Perte d'emploi (3% pour les
entreprises compétitives)
Risque de fermetures d'entreprises Secteur du commerce
favorisé au détriment des producteurs agricoles nationaux
|
Exonération sur les produits les plus concurrencés
sur le marché malien ou sur le marché des clients du Mali
|
Secteur industriel
|
Incitation des entreprises à
l'exportation
Accroissement de la compétitivité dans
l'agro-industrie, la chimie, la fabrication métallique et le textile
|
Barrières non tarifaires
Faible résistance des entreprises
locales à la compétition internationale
|
Incitation à l'investissement direct étranger et
à la joint venture
Amélioration de la compétitivité à
travers
l'accroissement de la productivité et
l'amélioration de l'organisation au sein de l'entreprise
|
Secteur agro- alimentaire
|
Peu de risque à redouter pour les filières huile,
coton, riz et oignon
|
Possible compromission du
développement de certaines filières e.g. lait,
sucre, maïs et transformation de tomate ;
Danger pour les filières viandes
|
Maintien de barrières douanières (cf.supra)
Promotion des filières porteuses et renforcement de la
recherche agronomique pour plus d'efficacité dans d'autres
filières
|
Remerciements
L'équipe de consultants tient à remercier
particulièrement les personnes qui ont facilité l'accès
à l'information et sans qui cette étude n'aurait pas pu se
réaliser. Nous tenons à mentionner spécialement les
douanes, la CPS du Ministère de l'industrie et du commerce, la Direction
nationale du commerce et de la concurrence ainsi que la CPS du Ministère
de l'Agriculture.
Introduction
1. Les objectifs de l'étude
Avec la signature de l'Accord de Cotonou en juin 2000, pour
une durée de 20 ans révisable tous les 5 ans, un nouveau
régime commercial se substituera, à partir de 2008, au
système de préférence non-réciproque, entre l'UE et
les 77 pays ACP. En Afrique de l'ouest, c'est avec la CEDEAO que sera conclu
l'APE. Un processus se met donc en place qui doit aboutir dans une
première étape à l'établissement d'une union
douanière au sein de la CEDEAO en libre- échange progressif avec
l'UE à partir du 1er janvier 2008.
L'objectif de cette étude est de contribuer à la
recherche de positions et stratégies adaptées aux
intérêts du Mali lors de la négociation des accords de
partenariat économique. Elle cherche à analyser et à
évaluer l'impact de la mise en place d'un APE sur l'économie
malienne, sur les recettes fiscales de l'Etat et donc sur l'environnement
social.
Les Accords de partenariat économique (APE) sont
censés accélérer l'insertion des économies
sous-développées dans le circuit des échanges
internationaux, en même temps qu'ils favorisent les processus
d'intégration régionale en cours. Cependant, du fait de leur
signature non pas entre Etats mais entre blocs économiques
constitués, les Etats pris individuellement doivent examiner avec
détail l'intérêt qu'ils peuvent en tirer et la marge de
manoeuvre qu'il doivent dégager de manière à faire valoir
leur intérêt dans une décision prise collectivement.
Certains analystes estiment notamment que des divergences
entre pays d'une même union économique (existante ou en gestation)
peuvent compromettre leur succès, à cause des différences
de niveau de développement entre Etats membres ou des dispositions
commerciales dont bénéficient les Etats en vertu de leur statut
international. Ainsi, beaucoup de PMA qui bénéficient
déjà de l'initiative "Tout sauf les armes" (TSA) s'interrogeront
sur la nécessité d'adhérer à un APE, qui a priori
ne leur offre pas d'opportunités supplémentaires d'accès
aux marchés européens, et qui au contraire introduit la
réciprocité de l'accès libre à leur marché.
Par contre, la situation est évidemment bien différente pour les
PED non-PMA, comme la Côte d'Ivoire dans l'UEMOA ou encore le Nigeria et
le Ghana dans la CEDEAO. Au sein de l'espace ouest africain, ces pays
reconquerront des parts de marché UE que les PMA comme le Mali avaient
gagné grâce à
"Tout sauf les armes". Par conséquent, une
appréciation doit être portée sur les forces et faiblesses
d'une adhésion à un APE pour le Mali au sein des entités
sous-régionales.
Il sera également nécessaire d'étudier la
compatibilité des politiques commerciales existantes au Mali avec les
dispositions de l'APE et les conséquences de la mise en oeuvre d'un APE
sur les engagements internationaux du pays vis à vis de l'OMC et des
institutions multilatérales en particulier en terme de comptes
externes.
Cette étude vise à développer un
argumentaire autour de différents scénarios de manière
à définir une stratégie pour la négociation. Elle
doit donc permettre au gouvernement malien de pouvoir évaluer les
différents scénarios possibles sur la mise en place d'un APE et
de pouvoir formuler sa position avant et pendant les négociations qui
viennent de démarrer avec l'UE.
Elle s'inscrit dans un processus d'appui à la
négociation, qui se déroule en quatre étapes : u Un
séminaire d'information (non confié aux consultants)
u Une étude d'impact ex-ante
u Un séminaire de mise en débat des
résultats et recueil d'opinion des acteurs u Une proposition d'agenda de
négociation et de travaux complémentaires Les attendus de
l'étude sont les suivants :
1. envisager différents scénarios possibles sur la
mise en place d'un APE
2. évaluer et analyser l'impact de la mise en oeuvre d'un
APE sur :
· les recettes fiscales
· l'économie et le secteur productif
· Les engagements du pays vis à vis de l'OMC et les
bailleurs multilatéraux
3. étudier la compatibilité des politiques
commerciales du Mali avec un programme de libéralisation commercial
répondant aux objectifs des APE et de l'OMC
4. recommander des positions pour le Mali avant et pendant les
négociations avec l'UE
2. Le plan du rapport
o Dans la première partie, elle cherche à cerner la
signification et les enjeux des APE pour le Mali.
o La deuxième partie est axée sur les
échanges commerciaux du Mali avec l'UE et les autres partenaires.
o Les hypothèses de changement tarifaire par blocs de
pays sont examinées dans la troisième partie en même temps
que leurs conséquences sur les flux commerciaux et sur les recettes
fiscales liées aux importations. Ces hypothèses sont relatives
à cinq scénarios de conclusion d'APE entre blocs
économiques.
o La quatrième partie analyse les conséquences
des APE sur le secteur productif malien, en examinant la situation des
entreprises face au nouvel environnement commercial pour mettre en
évidence leurs atouts et leurs faiblesses du point de vue de leur
compétitivité et de leur rentabilité.
o Enfin, la cinquième partie est consacrée
à l'analyse de la compatibilité des différents
scénarios d'APE avec les engagements internationaux du Mali tels que les
critères de convergence macro-économique UEMOA, les
critères de soutenabilité de la dette publique extérieure,
etc.
La conclusion de l'étude récapitule les
avantages et inconvénients de chaque scénario en terme de
recettes fiscales et de compétitivité des secteurs
économiques. Au regard des niveaux de compétitivité
internationale, il sera formulé un certain nombre de propositions
d'intervention sur les secteurs porteurs ou sur la consolidation de secteurs
fragiles dans la perspective d'une libéralisation accrue ou encore de la
mise en place de mesures de sauvegarde spécifiques.
Première partie :
les enjeux des
APE pour
l'Afrique de
l'ouest et le Mali
3. Le concept d' APE
L'accord de Cotonou définit un partenariat commercial
et économique entre l'Union européenne et les pays ACP
signataires. Il a été signé en juin 2000 pour 20 ans,
révisable tous les 5 ans. Il est doté d'un budget de 13,5
milliards d'euros pour les cinq premières années. Il marque une
rupture avec la Convention de Lomé à laquelle il succède
après que la cinquième phase se soit achevée en
février 2000 : un système de libre échange entre l'UE et
des ensembles régionaux pourrait se substituer au système de
préférences non-réciproques à partir de 2008.
3.1 Les raisons du changement
Les raisons invoquées pour changer de système de
relation sont de trois ordres :
+ L'inefficacité de la Convention de Lomé
à favoriser les échanges avec les pays ACP qui restent marginaux,
dépendant des matières premières, peu évolutifs et
dépendants du marché européen. Certains confèrent
au système de préférence l'effet pervers de ne pas pousser
les pays qui en bénéficient à augmenter leur
compétitivité vis à vis de concurrents. Un effet rentier
aurait ralenti l'adaptation des structures productives des pays ACP.
+ La modification des règles du commerce au niveau de
l'Union européenne suite aux accords internationaux auxquels elle a
souscrit : obligation de diminuer les restrictions à l'importation et le
soutien interne
+ La non-conformité de l'accord de Lomé avec les
règles de l'OMC : il était en effet discriminatoire (puisqu'il
privilégiait les pays ACP et non l'ensemble des PED) et non-
réciproque puisque les ACP n'avaient aucune obligation parallèle
d'ouvrir leur marché aux produits européens.
L'accord de Cotonou insiste sur ce besoin de
compatibilité : « [...]les parties conviennent de conclure de
nouveaux accords commerciaux compatibles avec les règles de l'OMC, en
supprimant progressivement les entraves aux échanges entre elles et en
renforçant la coopération dans tous les domaines en rapport avec
le commerce. »3.
Pour être conforme, deux alternatives se
présentaient :
· Soit offrir les mêmes préférences
commerciales à l'ensemble des pays en développement (c'est le cas
du système des préférences
généralisées, appelé SPG). L'accord peut alors
maintenir le principe de non-réciprocité ;
· Soit mettre en place des préférences
réciproques dans le cadre d'accords de libre- échange UE-ACP.
Un tel accord peut alors conserver son caractère discriminatoire.
C'est la seconde option qui a été choisie.
3.2 L'orientation commerciale des APE
L'accord de Cotonou englobe un ensemble de dispositions qui
régiront les relations entre l'UE et les ACP. Nous nous concentrons ici
sur son volet commercial.
Même si les APE peuvent être signés avec
des Etats, la préférence est accordée aux entités
régionales. Pour l'Afrique de l'ouest, c'est la CEDEAO qui est choisie
alors que différents régimes douaniers persistent en son sein.
La feuille de route des négociations de l'APE entre
l'Afrique de l'Ouest et la Communauté européenne adoptée
en mars 2004 lors de la réunion technique CE-CEDEAO est claire
relativement au processus régional : « le mandat de
négociation de l'APE Afrique de l'ouest s'articule autour des objectifs
suivants : la création progressive conformément aux règles
de l'OMC d'une zone de libre échange entre la CEDEAO et la
Communauté européenne pendant une période de douze ans
à compter du 1er janvier 2008 [...] »4.
L'accord du GATT a défini le concept de zone de libre
échange. « On entend par zone de libre-échange un groupe
de deux ou plusieurs territoires douaniers entre lesquels les droits de
douane et les autres réglementations commerciales restrictives (à
l'exception, dans la
3 ARTICLE 36, § 1
4 Feuille de route, p 1
mesure où cela serait nécessaire, des
restrictions autorisées aux termes des articles XI, XII, XIII, XIV, XV
et XX) sont éliminés pour l'essentiel des échanges
commerciaux portant sur les produits originaires des territoires constitutifs
de la zone de libre-échange »5.
Mais, comme il existe encore différents régimes
douaniers au sein de la zone CEDEAO, la création d'une ZLE avec l'UE,
suite à la signature d'un accord régional, implique une
modification du tarif douanier d'ampleur différente. Une mise à
niveau préalable a donc été prévue. Il s'agit pour
les Etats non-membres de l'UEMOA d'« élaborer un programme
régional d'adoption du TEC en indiquant les mesures transitoires, les
mesures d'exception et celles d'accompagnement ». « Un plan de
convergence des structures tarifaires nationales vers le TEC régional et
des mesures d'accompagnement seront soumis à l'adoption du Conseil des
Ministres en décembre 2004. Ainsi, la mise en oeuvre du TEC
débutera le 1er janvier 2005, avec une période
transitoire de trois ans afin de permettre aux Etats membres les ajustements
nécessaires ». « L'union douanière devra être
effective dès le 1er janvier 2008 avec une application
uniforme du TEC par tous les Etats-membres. »6
L'objectif final de l'APE pour les pays de la zone CEDEAO ne
prête donc pas à beaucoup d'interprétation. Il s'agit
d'établir une zone de libre-échange d'ici 2008 entre la CEDEAO et
l'Union européenne sachant qu'à partir de 2005, l'union
douanière au sein de la CEDEAO sera mise en place pendant 3 ans.
Théoriquement donc, la CEDEAO sera une zone douanière
homogène en libre-échange progressif avec l'UE à partir du
1er janvier 2008.
3.3 La compatibilité avec l'OMC
L'accord de Cotonou stipule que « La coopération
économique et commerciale est mise en oeuvre en parfaite
conformité avec les dispositions de l'accord instituant l'OMC, y compris
un traitement spécial et différencié tenant compte des
intérêts mutuels des parties et de leurs niveaux respectifs de
développement »7.
Pourtant, la non-réciprocité qui dans son
principe est contraire aux règles communes de l'OMC est inscrite dans
l'accord de Cotonou :
« Les États ACP ne sont pas tenus de souscrire en
ce qui concerne l'importation de produits originaires de la Communauté,
à des obligations correspondant aux engagements pris par la
Communauté [...] à l'égard de l'importation des produits
originaires des États ACP.
a) Dans le cadre de leurs échanges avec la
Communauté, les États ACP n'exercent aucune discrimination entre
les États membres et accordent à la Communauté un
traitement non moins favorable que le régime de la nation plus
favorisée.
5 L'Article XXIV, §8
6 feuille de route APE p.3
7 Accord de Cotonou : p.53 (titre II chapitre 1 art. 34)
b) Le traitement de la nation la plus favorisée auquel
il est fait référence au point a) ne s'applique pas aux relations
économiques ou commerciales entre les États ACP ou entre un ou
plusieurs États ACP et d'autres pays en développement ».8
En fait, le caractère non-réciproque de
l'accord et discriminatoire vis à vis d'autres PED n'est pas jugé
contraire à l'OMC puisqu'il implique des ensembles régionaux9 et
des pays aux niveaux de développement bas10.
L'accord de Cotonou prévoit également qu'en cas
de besoin, l'UE et les pays ACP « s'accordent aussi sur l'importance d'une
flexibilité des règles de l'OMC pour tenir compte du niveau de
développement des États ACP ainsi que des difficultés
qu'ils éprouvent pour se conformer à leurs obligations. [Les
parties] conviennent en outre du besoin d'assistance technique pour permettre
aux pays ACP d'exécuter leurs engagements. »1 1 L'APE est donc
appelé à devenir un cadre de concertation entre l'UE et les ACP
pour défendre des positions favorables à ces derniers au sein de
l'OMC.
4. Les enjeux prévisibles
pour l' Afrique de l'Ouest
Les enjeux prévisibles des APE pour la
sous-région dépendent des scénarios sous lesquels ils vont
être signés. La sous-région présente une certaine
dispersion tarifaire dont l'harmonisation serait un préalable à
la réalisation d'un espace de libre-échange qui rentrerait en
relation de partenariat préférentiel avec l'UE.
4.1 La problématique de la diversité
tarifaire dans la CEDEAO
Le processus d'intégration régionale est en
cours en vue de l'instauration d'un régime de libre-échange
à l'intérieur de la zone CEDEAO. Parallèlement, une autre
feuille de route fixe
8 Annexe V, ARTICLE 5
9 La conclusion d'un accord avec une entité
régionale est spécifiées dans l'article XXIV du GATT : En
conséquence, les dispositions du présent Accord ne feront pas
obstacle, entre les territoires des parties contractantes, à
l'établissement d'une union douanière ou d'une zone de
libre-échange ou à l'adoption d'un accord provisoire
nécessaire pour l'établissement d'une union douanière ou
d'une zone de libre-échange, sous réserve [...]
c) et que tout accord provisoire visé aux
alinéas a) et b) comprenne un plan et un programme pour
l'établissement, dans un délai raisonnable, de l'union
douanière ou de la zone de libre-échange.
10 L'accord de Cotonou introduit aussi la notion de pays
enclavé. Des dispositions et mesures spécifiques sont
prévues pour soutenir les États ACP enclavés dans leurs
efforts visant à surmonter les difficultés géographiques
et autres obstacles qui freinent leur développement de manière
à leur permettre d'accélérer leur rythme de
développement. § 2. La liste des États ACP enclavés
figure à l'annexe VI. Elle peut être modifiée par
décision du Conseil des ministres lorsqu'un État tiers se
trouvant dans une situation comparable adhère au présent accord.
ARTICLE 87, §1
11 ARTICLE 39,§3.
la chronologie des négociations de l'APE. Au bout des
deux processus, l'espace CEDEAO sera constitué en une Union
douanière qui sera en relation commerciale préférentielle
avec l'UE.
Le Conseil des Ministres de la CEDEAO a confirmé les 1
et 2 septembre 2003 les échéances vers l'intégration
régionale de la CEDEAO. C'est la chronologie qui a été
reprise dans la feuille de route de négociation de l'APE. Les feuilles
de route relatives à l'intégration régionale et celle
relative aux négociations de l'APE visent un même cap :
l'instauration d'un libre échange à l'intérieur de la zone
CEDEAO.
En théorie, la CEDEAO fonctionne en zone de libre
échange depuis le 1er janvier 2000. Les produits du crû devraient
circuler librement dans l'espace communautaire.
Actuellement les disparités tarifaires avec le TEC
UEMOA et la diversité des situations sont très grandes. Certains
pays comme le Nigeria gardent des tarifs très élevés,
d'autres comme la Gambie et le Cap Vert ont des régimes très
libéraux. Le Ghana a une structure tarifaire proche de celle de l'UEMOA
mais avec une classification très différente et de nombreuses
exemptions.
Toutefois, la plupart des pays CEDEAO non-UEMOA sont
entrés dans la voie d'une libéralisation et d'une simplification
de leur tarif extérieur. A titre d'exemple, le Nigeria est passé
d'une structure avec plusieurs dizaines de taux de 0 à 300% et une
multitude d'exemptions, à une structure à 19 taux
échelonnés de 0 à 100%.
En dépit d'un tel environnement de disparité
tarifaire, les Etats conviennent de la nécessité d'harmoniser
leur système tarifaire sur celui du TEC/UEMOA et d'envisager la
signature éventuelle d'un APE dans le cadre de cette harmonisation. Dans
cette hypothèse d'Union douanière réalisée, les
effets de l'APE sont à prévoir aussi bien au niveau des
exportations de la CEDEAO vers l'UE que des importations de la CEDEAO en
provenance de l'UE.
4.2 Les échanges commerciaux UE - Afrique de
l'ouest
Les pays de la CEDEAO exportent déjà vers l'UE,
mais principalement des produits complémentaires de ceux d'Europe, en
particulier des produits tropicaux. Grâce aux accords établis avec
les pays ACP et à l'initiative « Tout sauf les armes » en ce
qui concerne les PMA, ils bénéficiaient jusqu'à
présent d'une légère préférence tarifaire
vis à vis des produits originaires de pays concurrents d'Amérique
Latine et d'Asie. Mais la présence d'obstacles non tarifaires est
souvent considérée par les opérateurs comme la contrainte
majeure à la pénétration du marché
européen.
Par contre, pour les produits exportés concurrents de
ceux produits en Europe, les APE devraient permettre un meilleur accès
au marché de l'UE d'autant plus que les restrictions sur ces produits
sont des plus importantes e.g. les produits soumis à la politique
agricole commune.
C'est donc au niveau des importations en provenance de l'UE
que se trouve l'enjeu principal pour les pays ACP et donc la CEDEAO. Le risque
d'écoulement unilatéral, sur les marchés africains, de
produits européens issus des stocks d'intervention de la
Communauté européenne à l'aide de subventions à
l'exportation (les fameuses restitutions) a souvent été
souligné, sur la base des expériences passées. Ce fut le
cas pour les céréales, la viande et les produits laitiers.. La
concurrence s'est avérée particulièrement vive et
destructrice pour les économies locales lorsque les produits n'ont
quasiment pas de valeur marchande parce qu'ils ne répondent pas aux
normes du marché européen (cas occasionnel de la pomme de terre)
ou parce qu'il s'agit de sous-produits ne trouvant pas ou peu de
débouchés sur le marché européen (bas morceaux de
viande bovine, ailes et croupions de poulets etc.). Les produits sensibles sont
probablement les céréales et produits amylacés, les
produits laitiers, les produits transformés, les boissons, les poissons
congelés, le sucre, les huiles, certains morceaux de boeuf et de
volaille, le concentré de tomate et la pomme de terre.
Toutefois, la politique agricole commune a pris un virage
décisif. L'érosion des subventions couplées au volume de
production devrait réduire les excédents européens. On a
donc une faible probabilité de voir les produits européens
envahir les marchés agricoles des ACP. Cependant, on prévoit une
augmentation de parts de marché au détriment d'autres partenaires
commerciaux est estimée à 10% dans l'UEMOA sur la période
2000-201712.
4.3 L'intérêt d'un accès
préférentiel au marché européen
La question de l'accès au marché européen
doit être considérée sous différents angles, d'une
part en terme de droit d'accéder et d'autre part d'opportunité
économique.
- Le droit d'accès
Avec la signature d'un APE, le droit d'accès risque de
peu évoluer dans la mesure où 100% des produits industriels et
80% des produits agricoles, soit en réalité 92% des produits des
pays ACP entrent en franchise de droit sur le marché européen.
Compte tenu des protocoles bananes, sucre et viande bovine, en
réalité, seulement 1% des exportations agricoles est soumis
à une protection tarifaire. Aucune obligation ne portait sur les taux de
douanes pratiqués par les pays ACP vis à vis des produits
européens. En définitive, les pays ACP
bénéficiaient d'un accès privilégié à
l'UE en comparaison des autres pays en développement.
Ceci conférait aux pays ACP un avantage relatif sur
les autres PED ne bénéficiant que d'un schéma SPG
(systèmes de préférence généralisé)
européen accepté par l'OMC dans le cadre de la clause
d'habilitation. On considère que l'avantage tiré de ce
système était une augmentation de marge commerciale de
près de 10% pour les produits concernés (10,8% pour la zone UEMOA
et 3,9% pour le Nigéria).
Ces préférences étaient les plus
marquées pour des produits concurrençant les
produits européens, en particulier ceux faisant l'objet d'un
protocole particulier : bananes, viande
12 Etude du Cerdi, 1998
bovine, sucre. Certains en profitaient notablement plus en
raison de leur orientation productive : c'est le cas de la Côte d'Ivoire
en Afrique de l'ouest grâce au protocole banane et dans une moindre
mesure le sucre.
L'accord de Cotonou doit poursuivre cette logique d'ouverture
aux produits des pays ACP en l'approfondissant, mais elle s'inscrit dans une
tendance à la généralisation de cet accès à
l'ensemble des pays en développement dans un contexte de
libéralisation croissante des échanges et de conclusions
d'accords commerciaux avec les pays du Maghreb, l'Afrique du Sud, le Mercosur
etc.
Ce qui se dessine donc avec l'accord de Cotonou en terme
d'accès n'est pas tant une plus grande ouverture pour les pays de la
CEDEAO qu'un effritement du différentiel d'avantage concernant
l'accès dont ils bénéficiaient vis à vis des PED
non signataires des accords de Lomé. L'accès
préférentiel s'érode progressivement.
- L'opportunité du marché européen : un
intérêt qui s'effrite
Mais le droit d'accès est peu en regard de l'avantage
procuré par la possibilité de vendre ses produits aux conditions
du marché européen. Du fait de son système de
préférence communautaire, la Politique agricole commune (de l'UE)
permet aux prix intérieurs d'être supérieurs aux cours
mondiaux dans des proportions qui peuvent être considérables, par
exemple trois fois plus pour le sucre.
Or sous la pression budgétaire et des engagements
à l'OMC, les systèmes de soutien à l'agriculture
européenne ont évolué considérablement, passant
d'un système de subvention par les prix aux aides directes aux
producteurs. Les prix des produits agricoles ont donc chuté et cette
tendance se poursuit avec pour objectif de se rapprocher des cours mondiaux. Il
en résultera mécaniquement un effritement des facilités
d'accès au marché européen pour les pays ACP.
4.4 Des scénarios à considérer selon
les intérêts des Etats
Au niveau de la région, des problèmes
spécifiques peuvent se poser à certains pays et pas à
d'autres. A titre d'exemple, le coton est un enjeu essentiel pour plusieurs
pays sahéliens dont le Mali sans pour autant constituer un
intérêt majeur pour toute la CEDEAO. De même, les
importations de viande à bas prix de l'UE par certains pays
côtiers peuvent compromettre les intérêts des pays
d'élevage. Autant de difficulté d'identifier des terrains
d'entente sur les produits devant faire l'objet de mesures de sauvegarde.
Une appréciation doit donc être portée
sur les forces et faiblesses d'une adhésion à un APE pour chaque
pays au sein des entités sous-régionales. On considère que
c'est cette appréciation permettant de réaliser cette balance
entre avantage d'un accès plus favorable au marché
européen et désavantage d'une compétition accrue sur son
marché intérieur qui décidera chaque pays de la
région à accepter ou non de rentrer dans un APE.
On peut s'attendre à ce que la mise en oeuvre
d'accords de libre-échange conduise aussi à une reconfiguration
du commerce intra-régional.
Ainsi, dans la zone UEMOA, les produits agricoles
représentent une très large part des échanges avec l'UE,
alors que cette part est nettement moindre pour le Ghana et très
minoritaire pour le Nigeria. Il en va de même du solde des
échanges : très déficitaire au niveau de l'ensemble UEMOA
et au niveau de l'ensemble des pays du CILSS, légèrement
excédentaire au niveau du Ghana et globalement équilibré
pour le Nigeria. Au sein même de l'UEMOA, le solde commercial de la
Côte d'Ivoire est très excédentaire, celui du Niger est
équilibré, alors que les autres pays ont un solde très
déficitaire.
u Si par exemple, le Nigéria renonce à
participer à un APE au sein de la CEDEAO, on peut penser que l'UEMOA
reprendra l'initiative d'un APE et que les règles du tarif
extérieur commun en vigueur n'auront été qu'une
anticipation de l'unification plus poussée du marché
ouest-africain : le libre échange avec l'UE sera propice à
l'accroissement des importations mais sans qu'un pays puisse en profiter pour
servir de plateforme de transit vers ses voisins : les flux changeront
peut-être en intensité mais aucun pays n'en tirera d'avantage
unilatéral.
u Si l'APE sert à instaurer rapidement une zone de
libre-échange nouvelle, on ne manquera pas d'observer des modifications
importantes de flux : des pays-frontières orientés sur le
commerce transfrontalier (Bénin avec le Nigéria ou Gambie avec le
Sénégal) verraient leur position remise en cause. En particulier,
le Nigéria qui constitue un pôle d'attraction économique
pour tous les pays d'Afrique de l'ouest - y compris le Mali - à travers
du commerce informel ou incontrôlable, n'aurait plus un
intérêt aussi marqué à recourir à cette forme
d'importation. Il pourrait en résulter un manque à gagner pour
les pays les plus proches, mais au contraire un gain de part de marché
pour les producteurs des autres pays de la zone (au détriment des
producteurs nigérian par exemple).
u Si l'union douanière ouest-africaine se
réalise, en plus du cas de figure précedent, il faut
considérer que le Nigéria constituera une porte d'entrée
supplémentaire pour des produits venant de l'UE mais aussi d'autres pays
que l'UE. Parallèlement, le Nigéria serait susceptible de capter
une partie des flux d'importation régionaux en provenance de l'UE en
faisant valoir le marché de consommation important qu'il
représente pour des entreprises européennes. Ceci pourrait
influer sur les importations de l'UEMOA à partir de l'UE.
Ces modifications des flux sont encore peut-être plus
importantes en ce qui concerne les exportations. Certains pays risquent en
effet de gagner des parts de marché au bénéfice d'un
accès plus favorable que celui octroyé par le système de
préférence généralisé. Ceci concerne les PED
au sein d'un groupe régional qui accèderait à un APE.
Précisément cela concerne la Côte d'Ivoire et le
Nigéria. Dans ce cas, ce gain d'avantage à l'exportation vers
l'UE pourrait se faire au détriment des PMA.
seront différentes. A chaque configuration pourraient
donc correspondre des hypothèses différentes d'évolution
du commerce extérieur.
Se pose également la question de la gestion des
espaces frontières à la zone d'intégration choisie. La
négociation conduite dans le cadre de l'Afrique de l'Ouest devra
s'articuler avec la négociation conduite entre l'UE et l'Afrique
centrale, de manière à éviter les disparités trop
grandes en matière de régime commercial, susceptibles de nourrir
des flux commerciaux informels.
On considère que c'est cette analyse que chaque pays
de la région sera amenée à faire qui le conduira à
accepter ou non de rentrer dans un APE. Nous ne faisons ici que fixer les
données du problème, sachant qu'il nous est impossible ici
d'apporter une réponse circonstanciée pour chacun des pays de la
zone CEDEAO qui aura à réaliser cette balance entre avantage d'un
accès plus favorable au marché européen et
désavantage - tout au moins à court terme - d'une
compétition accrue sur son marché intérieur.
La question de l'harmonisation des tarifs au sein
de la CEDEAO
« L'objectif majeur de l'APE est de promouvoir le
renforcement de l'intégration régionale et le
développement économique durable dans la région Afrique de
l'ouest »13. L'APE doit donc être un instrument
d'intégration. Or le rythme de réalisation de la convergence
risque d'être difficile à tenir en raison de deux facteurs : des
règles des échanges intra-CEDEAO non-encore harmonisées et
plus difficilement encore, des politiques monétaires et de change
distinctes fondées sur des stratégies de développement
différentes entre la zone UEMOA et le Nigéria principalement. La
différence de politique monétaire risque donc encore longtemps de
constituer un levier économique pour les politiques commerciales
extérieures.
C'est le TEC qui a été choisi comme
référence. La feuille de route stipule que dans une phase
initiale, il s'agit pour les Etats non-membres de l'UEMOA de «
réaliser des analyses et des consultations de manière à
élaborer un programme régional d'adoption du TEC en indiquant les
mesures transitoires, les mesures d'exception et celles d'accompagnement
». « Un plan de convergence des structures tarifaires nationales vers
le TEC régional et des mesures d'accompagnement seront soumis à
l'adoption du Conseil des Ministres en décembre 2004 ».
Il semble que les pays se soient donc accordés sur la
définition d'un TEC équivalent à celui en vigueur dans
l'UEMOA. On peut douter de la viabilité d'un tel choix alors que le
principal pays de la CEDEAO non -UEMOA, le Nigéria a des tarifs
douaniers pouvant aller jusqu'à 100% et que des opérateurs
plaident pour la remontée de certains tarifs qui mettent en péril
leur activité. Les documents de la Politique Agricole de l'UEMOA
envisagent d'ailleurs que les cadres de concertation sur les filières
conduisent à un réexamen des niveaux du TEC pour certains
produits. Sachant que la plupart des pays de la zone ont consolidé leurs
tarifs à l'OMC à des niveaux plus proches de 100% que de 20%, on
peut raisonnablement envisager que le TEC dans son principe soit effectivement
la référence, mais que les niveaux de tarifs soient
éventuellement revus à la hausse.
|
|
L'éventualité d'une hausse du TEC sans doute
souhaitée par la partie nigérianne serait pourtant contradictoire
de l'accord du GATT puisqu'il impliquerait des conditions « d'une
incidence générale plus élevée que ne
l'étaient les droits et réglementations commerciales en vigueur
dans les territoires constitutifs de cette union avant l'établissement
de l'union »14. C'est donc les tarifs les moins élevés,
c'est à dire ceux du TEC qui devraient être adoptés dans
l'hypothèse d'une union douanière. On peut dans ces conditions se
demander si, en dépit des intentions affichées et à la
lumière de ce qui s'est passé au sujet des engagements
précédents pour une union monétaire et douanière de
la CEDEAO, ce n'est pas la formation d'une zone de libre échange - mais
sans union douanière - qui apparaît comme la plus
réaliste.
5. L'enjeu des
négociations
commerciales
Les négociations commerciales en vue d'un APE portent
sur un éventail relativement important de sujets dont l'ensemble des
obstacles au commerce et plus particulièrement les contraintes
spécifiques à l'Afrique de l'ouest. Elles tiennent compte des
marges de manoeuvre dont disposent les Etats africains pour limiter la
réciprocité des avantages commerciaux et des alternatives
à ce nouveau type d'arrangement.
5.1 L'objet des négociations
Les négociations commerciales en vue de la conclusion
d'un APE portent aussi bien sur la suppression des entraves au
libre-échange que sur la période transitoire de
désarmement tarifaire et sur la gamme des produits couverts par ledit
Accord.
Au titre de la levée des entraves au
libre-échange, la Communauté considère que "la
libéralisation des échanges reposera sur l'acquis et visera
à améliorer l'accès actuel des pays ACP au marché,
notamment, par le biais d'un réexamen des règles d'origine. Les
négociations tiendront compte du niveau de développement et de
l'incidence socio-économique des mesures commerciales sur les pays ACP,
et de leur capacité à s'adapter et à ajuster leurs
économies au processus de libéralisation"1 5. De l'autre
côté, la feuille de route privilégie "la
détermination du cadre de référence de l'APE en ce qui
concerne les obstacles techniques au
14 accord du GATT, article XXIV, §5a
15 Accord de Cotonou, Article 37, §7
commerce et les mesures SPS, ainsi qu'en matière de
procédures douanières et de facilitation des échanges,
dans l'objectif d'assurer la libre circulation des marchandises aussi bien
à l'intérieur de la région qu'entre celle-ci et l'Union
européenne"16.17
Il devrait en résulter une période transitoire
relativement longue de démantèlement tarifaire, mais qui "ne
devrait dépasser 10 ans que dans des cas exceptionnels"1 8 et qui tienne
compte des secteurs sensibles pour les PED ainsi que du degré
d'asymétrie dans l'application des règles communes.
Si, "l'objectif majeur de l'APE est de promouvoir le
renforcement de l'intégration régionale et le
développement économique durable dans la région Afrique de
l'ouest"19, le rythme de réalisation de la convergence risque
d'être difficile à tenir en raison de la non harmonisation des
échanges intra-CEDEAO et des politiques monétaires et de change
différentes, différence pouvant encore constituer un levier
économique pour les politiques commerciales.
S'agissant de la gamme de produits, il est sous-entendu que
certains secteurs pourront être exclus de la couverture de l'APE.
Toutefois, l'exclusion de produits doit être restreinte pour ne pas vider
l'Accord de sa substance. Sans qu'il n'existe de norme précise en la
matière, il reviendra aux Etats, au cours des négociations, de
faire valoir leur interprétation des possibilités d'exclusion et
l'argumentation justifiant ces exceptions. Aussi, les négociations
porteront-elles sur "la détermination de l'architecture globale de
l'APE", i.e. le champ d'application du libre-échange (exclusion de
certains produits) et sur la transition pour les produits sur lesquels portent
le démantèlement tarifaire. On peut donc considérer que
sera négocié un libre-échange "à la carte" : «
les négociations seront aussi flexibles que possible en ce qui concerne
la fixation d'une période de transition d'une durée suffisante,
la couverture finale des produits, compte tenu des secteurs sensibles, et le
degré d'asymétrie en termes de calendrier du
démantèlement tarifaire, tout en restant conformes aux
règles de l'OMC en vigueur à cette date. »20
Un délai de mise en place borné par
l'OMC
Le mémorandum d'interprétation de l'article
XXIV de l'accord du GATT portant sur l'établissement d'unions
douanières ou de zones de libre-échange précise le
délai de mise en oeuvre possible. « Le "délai raisonnable"
mentionné au paragraphe 5 c) de l'article XXIV ne devrait
dépasser 10 ans que dans des cas exceptionnels. Dans les cas où
des Membres parties à un accord provisoire estimeront que 10 ans
seraient insuffisants, ils expliqueront en détail au Conseil du commerce
des marchandises pourquoi un délai plus long est nécessaire
»21. Il s'agit de
|
|
16 Feuille de route, p. 9
17 « Les activités de préparation et de
conduite des négociations de l'APE auront principalement trait à
la détermination du cadre de référence de l'APE en ce qui
concerne les obstacles techniques au commerce et les mesures SPS, ainsi qu'en
matière de procédures douanières et de facilitation des
échanges, dans l'objectif d'assurer la libre circulation des
marchandises aussi bien à l'intérieur de la région
qu'entre celle-ci et l'Union européenne »17.
18 Mémorandum d'accord sur l'interprétation de
l'Article XXIV de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce de 1994, p. 37
19 Feuille de route, p. 2
20 ARTICLE 37, §7
21 MEMORANDUM D'ACCORD SUR L'INTERPRETATION DE L'ARTICLE XXIV DE
L'ACCORD GENERAL SUR LES TARIFS DOUANIERS ET LE COMMERCE DE 1994, p.37
contraindre les pays ayant déclaré leur
intention de plus intégrer leur commerce, d'éliminer toute mesure
dérogatoire dans un délai de 10 ans. Les pays de la CEDEAO qui
n'ont pas adopté le TEC, ne pourront alors plus augmenter les tarifs sur
certaines lignes en prévision de baisses sur d'autres par exemple. Pour
les pays de l'UEMOA, ceci borne aussi le terme au delà duquel des
modifications du TEC seront possibles.
6. Les marges de
manoeuvre sur la non-
réciprocité
La feuille de route de la CEDEAO stipule que « le rythme
de libéralisation des échanges de la Région Afrique de
l'ouest vis à vis de la Communauté européenne sera
[fonction du degré de l'intégration régionale et]
réalisé de manière flexible et asymétrique
»22. Ainsi, pendant une phase transitoire, les pays de la CEDEAO pourront
bénéficier d'un accès général au
marché européen tout en maintenant un certain niveau de
protection de leur marché intérieur. . Mais cette situation ne
serait que transitoire.
La non-réciprocité fait partie
intégrante de l'accord de Cotonou, pour les PMA. Il anticipait ainsi sur
l'initiative « tout sauf les armes ». Il dit : « La
Communauté engagera à partir de l'an 2000 un processus qui, pour
la fin des négociations commerciales multilatérales et au plus
tard d'ici à 2005, assurera l'accès en franchise de droits de
l'essentiel des produits originaires de l'ensemble des PMA, en se fondant sur
les dispositions commerciales existantes de la quatrième convention
ACP-CE, et qui simplifiera et réexaminera les règles d'origine
»23. Cette disposition laisse donc la porte ouverte à une
non-conclusion d'un accord de libre- échange.
Tout sauf les armes et le système de
préférence généralisé
|
|
Le 26 février 2001, l'Europe a adopté
l'initiative appelée "tout sauf les armes" modifiant le Système
de Préférences Généralisées (SPG) de la
Communauté. Cette initiative, applicable à partir du 5 mars 2001,
étend le libre-accès au marché communautaire, en franchise
de droits et contingents, à tous les produits originaires des PMA,
à l'exception des armes et munitions. Désormais tous les produits
agricoles sont couverts, y compris des produits sensibles comme le boeuf et
d'autres viandes, les produits laitiers, les fruits et les légumes frais
ou transformés, des pommes aux asperges, et des concombres aux
courgettes. Sont aussi concernés le maïs et autres
céréales, l'amidon, les produits
transformés du sucre ainsi que ceux du cacao, les pâtes
alimentaires et les boissons alcoolisées. Seuls les trois produits les
plus sensibles ne sont pas libéralisés immédiatement : les
bananes (2006), le riz (2009), le sucre (2009).
En contrepartie les pays les moins avancés n'ont
aucune obligation de réciprocité vis- à-vis de l'Europe.
Mais en même temps, les dispositions prises pour faire évoluer les
protocoles sont illustratives du destin probables de TSA. L'évolution
des protocoles se fait dans le sens d'une adaptation aux règles des APE,
donc d'un accès non- discriminatoire et non pas de la
perpétuation d'une « rente » à quelque pays comme
c'était le cas et le sera encore dans une période transitoire
jusqu'en 2009. L'UE affiche ainsi sa volonté d'adapter les dispositifs
commerciaux avec les ACP aux règles du marché international
telles que définies par l'OMC.
Une décision de l'OMC de 1999 anticipe les
possibilités pour les PED de faire bénéficier les PMA de
TSA. Ils pourront octroyer aux PMA le privilège d'un accès
non-réciproque : « sous réserve des conditions et
modalités énoncées ci-après, il sera
dérogé aux dispositions du paragraphe 1 de l'article premier du
GATT de 1994 jusqu'au 30 juin 2009, dans la mesure nécessaire pour
permettre aux pays en développement Membres d'accorder un traitement
tarifaire préférentiel aux produits en provenance des pays les
moins avancés, désignés comme tels par l'Organisation des
Nations Unies, sans être tenus d'appliquer les mêmes taux de droits
aux produits similaires importés en provenance d'autres Membres
».24. Ainsi, la clause de la nation la plus favorisée n'est pas
applicable aux PED, mais seulement jusqu'en 2009.
7. Quelle alternative à une
non-signature, quelle
alternative aux APE ?
En théorie, rien ne contraint les ACP à
conclure un APE. Mais la question qui se pose est de savoir s'il existe de
réelle alternative à l'APE pour les pays qui choisiraient de ne
pas signer l'accord, ce d'autant plus qu'on imagine difficilement le maintien
des dispositions commerciales préférentielles telles que
l'initiative "Tout sauf les armes (TSA)" en faveur des PMA, même si
l'Accord de Cotonou laisse entendre que les PMA non-signataires continueront
à bénéficier de TSA. Deux éléments semblent
plaider pour une refonte de TSA :
24 OMC ; préférences tarifaires en faveur des pays
les moins avancés ; Décision portant octroi d'une
dérogation Adoptée le 15 juin 1999
u l'initiative TSA constitue un facteur de tension entre PMA et
PED au sein d'unions
régionales de pays à statuts différents
alors que les APE en revanche établissent des règles communes aux
pays
u le maintien de TSA en dépit de la proposition
européenne d'une nouvelle forme de
partenariat avec les pays en développement serait
assimilé à sa supériorité aux APE dont les
bienfaits seraient ainsi remis en cause25.
Parallèlement, les membres de l'OMC se sont
engagés "en faveur de l'objectif d'un accès aux marchés en
franchise de droits et sans contingent pour les produits originaires des PMA"
et "à envisager des mesures additionnelles qui permettent d'apporter des
améliorations progressives à l'accès aux marchés
pour les PMA"26. De tels engagements rendent TSA dépassé.
La seule option alternative à l'accord de
libre-échange aujourd'hui admise par l'OMC étant le SPG, il est
très probable que celui-ci s'imposera comme régime alternatif
pour les PED qui ne signeront pas d'APE. L'accord précise qu'« en
2004, la Communauté examinera la situation des non-PMA qui
décident, après consultation avec la Communauté, qu'ils ne
sont pas en mesure de négocier des accords de partenariat
économique et elle étudiera toutes les alternatives possibles,
afin de pourvoir ces pays d'un nouveau cadre commercial, qui soit
équivalent à leur situation existante et conforme aux
règles de l'OMC »27. Pour les pays ACP non-PMA, c'est le SPG qui
est admis par l'OMC. C'est sur cette base que la Commission européenne
doit réviser son système en 2004. Sachant que les 31 pays ACP
non-PMA réalisent près de 75% des exportations ACP, on comprend
l'enjeu pour eux d'une modification du régime et l'attrait d'un APE.
7.1 L'agenda établi pour la CEDEAO : la feuille de
route
La feuille de route établit le chronogramme suivant,
depuis l'évaluation ex-ante de l'impact des APE dans les
différents pays de la CEDEAO jusqu'à leur conclusion :
· de mars 2004 à juin 2005, définition des
priorités d'intégration économique et commerciale de la
région Afrique de l'ouest, formulation et mise en oeuvre du programme
d'amélioration de la compétitivité et de mise à
niveau des entreprises
· de juillet 2005 à juillet 2006, élaboration
de l'architecture globale de l'APE et du projet d'accord
· de septembre 2006 à fin 2007, tenue des
négociations sur l'accès au marché. Ces
négociations se fondent sur les résultats des études
menées de décembre 2003 à décembre 2004 et en
2004-2005 pour ce qui est des secteurs sensibles et des entreprises en
difficulté. Parallèlement, des programmes de mise à niveau
pour chaque pays dans le domaine de l'environnement des affaires, des
infrastructures et des services marchands seront formulés en 2004-2005
et mis en oeuvre jusqu'en 2020.
25 Le risque économique étant nul en revanche,
compte tenu de la faible importance du commerce avec les ACP.
26 Déclaration ministérielle de Doha, paragraphe
42
27 ARTICLE 37, § 6.
Partie 2 : les
échanges
commerciaux du
Mali
8. le commerce extérieur
malien
Le commerce extérieur représente au Mali une
activité relativement importante parce que portant sur plus de 50% du
PIB. Au cours de la période post-dévaluation, le commerce
extérieur du Mali a progressé, respectivement, au taux moyen
annuel de 14.2% pour les exportations et de 5.3% pour les importations, soit
une amélioration moyenne du déficit commercial de 20.2% par an.
Cette amélioration s'accompagne d'une augmentation du taux de couverture
des importations par les exportations qui passe de 53% en 1995 à 93% en
2002. Corrélativement, le taux de pénétration du
marché local par les importations a baissé sur la période,
de 1.3% par an. Les exportations nettes représentent toujours un solde
négatif de 26.9% du PIB. Sur la même période, le taux
d'exportation du pays est passé de 22% à 30%, soit une
augmentation annuelle moyenne de 4.6%.
Tableau 2 : Evolution des flux commerciaux du Mali
(milliards francs cfa)
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
Croissance annuelle
|
Exportation (X)
|
260
|
265
|
362
|
366
|
|
376
|
|
431
|
|
579
|
|
660
|
14.2%
|
Importation (M)
|
492
|
487
|
486
|
498
|
|
544
|
|
619
|
|
757
|
|
708
|
5.3%
|
PIB (Y)
|
1 187
|
1 319
|
1 423
|
1 594
|
1
|
671
|
1
|
742
|
1
|
928
|
2
|
195
|
9.2%
|
Solde commercial (X-M)
|
-232
|
-222
|
-124
|
-132
|
|
-168
|
|
-188
|
|
-178
|
|
-48
|
-20.2%
|
Déficit (-(X-M)/Y)
|
20%
|
17%
|
9%
|
8%
|
|
10%
|
|
11%
|
|
9%
|
|
2%
|
-26.9%
|
|
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
Croissance annuelle
|
Taux d'exportation (X/Y)
|
22%
|
20%
|
25%
|
23%
|
23%
|
25%
|
30%
|
30%
|
4.6%
|
Taux d'ouverture
|
63%
|
57%
|
60%
|
54%
|
55%
|
60%
|
69%
|
62%
|
-0.2%
|
((X+M)/Y)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Taux de couverture (X/M)
|
53%
|
54%
|
74%
|
73%
|
69%
|
70%
|
76%
|
93%
|
8.4%
|
Taux pénétration (M/(Y+M-
|
35%
|
32%
|
31%
|
29%
|
30%
|
32%
|
36%
|
32%
|
-1.3%
|
X))
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Indice prix export (base 87)
|
150
|
155
|
170
|
162
|
143
|
154
|
181
|
184
|
3.0%
|
Indice prix import (base 87)
|
180
|
183
|
196
|
189
|
200
|
233
|
222
|
232
|
3.7%
|
Indice terme de l'échange
|
83%
|
85%
|
87%
|
86%
|
72%
|
66%
|
82%
|
79%
|
-0.7%
|
|
Source: DNSI (2003), Comptes économiques, Bamako,
avril
La période post-dévaluation se
caractérise également par une relative
détérioration des termes de l'échange dont l'indice est
passé de 83% en 1995 à 79% en 2002, soit une
détérioration moyenne annuelle de 0.7%. Cette
détérioration traduit la fragilité de la structure
commerciale du Mali, structure qui rend le pays vulnérable à la
baisse tendancielle des cours des matières premières
exportées et au renchérissement des prix de ses principaux
produits d'importation. Elle aura été encore plus forte en 1999
et 2000.
Dans sa composition produit, le commerce extérieur du
Mali est dominé par trois grands groupes de produits à
l'exportation contre une plus grande diversité à l'importation. A
l'exportation, ce sont le coton fibre, l'or et les animaux vivants, qui
totalisent plus de 90% de la valeur totale des exportations du pays. Par
contre, les produits manufacturés représentent une part
négligeable des exportations, sans doute à cause de leur faible
part dans le PIB (moins de 8%) et de leur caractère dominant
d'industries d'import substitution. Toutefois des efforts de plus en plus
appréciables sont enregistrés dans ces activités
manufacturières surtout en direction de l'UEMOA et des autres pays de la
CEDEAO e.g. les peaux et cuirs, les articles plastiques, les cartons
d'emballage, les piles électriques et les produits pharmaceutiques.
A l'importation, les machines et véhicules
représentent le plus important groupe de produits (environ 30%) suivi de
trois autres groupes de produits qui arrivent presque dans la même
proportion (produits pétroliers, produits alimentaires et
matériaux de construction). Les produits alimentaires sont
dominés par le sucre, le lait et les céréales.
Tableau 3 : Evolution de la structure commerciale du
Mali (%)
|
1995
|
1996
|
1997 1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
Croissance annuelle
|
|
|
|
Exportation
|
|
|
|
|
|
Coton fibre
|
58%
|
60%
|
48% 44%
|
43%
|
28%
|
46%
|
51%
|
- 1.8%
|
Dérivées coton
|
1%
|
1%
|
1% 1%
|
1%
|
1%
|
1%
|
1%
|
0.0%
|
Animaux vivants
|
1 8%
|
14%
|
1 0% 9%
|
9%
|
1 0%
|
8%
|
8%
|
- 1 0.9%
|
|
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
Croissance annuelle
|
Or
|
16%
|
18%
|
36%
|
41%
|
41%
|
49%
|
39%
|
34%
|
11.4%
|
Peau et cuir
|
1%
|
1%
|
1%
|
1%
|
1%
|
1%
|
1%
|
1%
|
0.0%
|
Autres
|
6%
|
6%
|
4%
|
4%
|
4%
|
11%
|
5%
|
5%
|
- 2.6%
|
|
|
|
Importation
|
|
|
|
|
|
Alimentaires
|
14%
|
15%
|
15%
|
16%
|
14%
|
10%
|
13%
|
13%
|
-1.1%
|
Textile et cuir
|
6%
|
6%
|
6%
|
6%
|
6%
|
5%
|
5%
|
5%
|
-2.6%
|
Machines et véhicules
|
33%
|
29%
|
29%
|
29%
|
30%
|
31%
|
28%
|
28%
|
-2.3%
|
Matériaux de construction
|
10%
|
10%
|
11%
|
11%
|
10%
|
9%
|
14%
|
14%
|
4.9%
|
Chimie et pharmacie
|
14%
|
14%
|
9%
|
10%
|
10%
|
11%
|
9%
|
9%
|
-6.1%
|
Produits pétroliers
|
11%
|
13%
|
14%
|
12%
|
14%
|
21%
|
13%
|
14%
|
3.5%
|
Autres
|
12%
|
13%
|
16%
|
16%
|
16%
|
13%
|
18%
|
17%
|
5.1%
|
|
Source: BCEAO (2000 et 2001), Balance des paiements du
Mali pour les données 1995 - 2000 ; DNP (2003), Evolution de la
conjoncture économique et financière du Mali - Document interne,
pour les données 2001 - 2002
L'évolution de la valeur des exportations est
caractérisée par un accroissement important de la part de l'or,
11.4% de progression annuelle moyenne, contre une diminution de l'importance
relative du coton fibre (-1.8%) et surtout des animaux vivants (-10.9%). Quant
aux importations, elles sont tirées par les matériaux de
construction (4.9%) et les produits pétroliers (3.5%). La diminution des
importations de produits alimentaires (-1.1%) et de textiles et cuir (-2.6%)
pourrait s'accentuer à la faveur des investissements projetés
dans l'industrie sucrière, à l'Office du Niger (pour la
production de riz) et dans l'industrie de tannage des peaux de petits
ruminants.
Cette vue d'ensemble sur les échanges commerciaux du
Mali sera complétée par une analyse de sa politique commerciale,
la structure de ses échanges avec l'UE, sa part dans les échanges
entre l'UE et la CEDEAO et de l'UE avec d'autres groupes de pays.
9. La politique
commerciale du Mali
La politique commerciale de tout Etat membre de l'OMC se
fonde sur les principes du système commercial international, l'objectif
général étant l'accroissement et la diversification de la
production afin d'exploiter les opportunités, actuelles et attendues, de
la libéralisation économique.
Les principaux éléments de cette politique, en
2003, se résument au Mali en:
· la libéralisation de l'économie
· l'application du TEC aux importations
· la rationalisation des procédures
douanières
· le contrôle de qualité
· la recherche de partenaires étrangers en
matière de commerce et d'investissement
· la collecte et la gestion d'informations commerciales.
La libéralisation de l'économie est
consacrée depuis l'adoption des premières politiques d'ajustement
du début des années 80 e.g. le démantèlement du
monopole public de commercialisation des céréales, la suppression
des restrictions quantitatives (prohibition ou contingentement) et des bases de
taxation spécifiques à l'importation e.g. valeurs mercuriales
(à l'exception toutefois des hydrocarbures), la restructuration du
secteur des entreprises publiques, etc.
L'application du TEC fait suite à l'adoption par le
Mali du code communautaire des douanes. A ce titre, les produits des pays de
l'UEMOA circulent librement (sous certificat d'origine) et les produits de pays
tiers sont soumis aux mêmes taux de TEC.
Tableau 4 : Le régime malien de la
fiscalité de porte
|
Assiettes
|
|
Taux Observations
|
|
|
|
|
Importation
|
|
|
|
CII
|
Valeur CAF
|
0.65%
|
|
TEC
|
|
|
|
DD
|
Valeur CAF
|
0 %
|
Biens à caractère social
|
|
|
5 %
|
Biens de première nécessité,
matières premières de base, biens d'équipement, intrants
spécifiques
|
|
|
10 %
|
Autres intrants et produits
intermédiaires
|
|
|
20 %
|
Biens de consommation finale
|
|
Valeur de référence
|
20%
|
Farine de blé
|
RS
|
Valeur CAF
|
1 %
|
|
PCS
|
Valeur CAF
|
1 %
|
|
PC
|
Valeur CAF
|
0.5 %
|
|
TDP
|
Valeur CAF
|
5 %
|
Riz
|
TCI
|
Valeur de référence
|
55 %
|
Sucre
|
|
Exportation
CIE Valeur FOB 0.65% Uniquement sur l'or et le coton
CPS Valeur FOB 3% Uniquement sur l'or
Patente d'exportateur
Exportation < 250 millions 400 000 fcfa
250 = Exportation < 500 millions 600 000 fcfa
500 = Exportation < 1 000 millions 800 000 fcfa
Exportation = 1 000 millions 1 200 000 fcfa
|
|
|
Valeur locative des bâtiments et 10 % Droit
proportionnel
installations
Source: République du Mali, Code
général des impôts - àjour au 31 décembre
1995
Loi 99-0 12 du 1er avril 1999 portant
modification du Code général des impôts UEMOA, Tarif des
douanes, 2002
Le protocole additionnel III/200 1 du 19 décembre 2001
instituant les règles d'origine des produits de l'UEMOA qui classe les
produits en deux catégories:
· les produits entièrement obtenus comprenant les
produits du cru et de l'artisanat traditionnel ainsi que les produits
fabriqués à partir d'au moins 60% de matières
premières communautaires
· les produits ayant fait l'objet d'une ouvraison ou
d'une transformation suffisante i.e. transformation ayant entraîné
soit un changement de classification tarifaire dans l'un des 4 premiers
chiffres de la nomenclature tarifaire et statistique de l'UEMOA soit une valeur
ajoutée communautaire d'au moins 30% du prix de revient hors taxe.
En 2002, un règlement communautaire affine les
règles d'origine et fait disparaître la notion de produit du cru
pour la substituer par une notion universelle qui tienne compte du degré
d'élaboration régionale du produit.
Les avantages accordés aux entreprises dans le cadre
de l'UEMOA (70 millions de consommateurs) sont extensibles à tout
l'espace CEDEAO (3 fois plus de consommateurs que l'UEMOA), une fois le plan
d'action mis en oeuvre, notamment:
· la généralisation du TEC à la
CEDEAO
· l'adoption d'un code douanier CEDEAO
· l'élimination des barrières non
tarifaires.
La rationalisation des procédures douanières a
consisté en la simplification des formalités administratives de
commerce réduites à la levée d'intention d'importer ou
d'exporter auprès de la Direction nationale du commerce et de la
concurrence (DNCC) et d'un certificat d'origine auprès de la Chambre de
commerce et d'industrie du Mali (CCIM).
Le contrôle de qualité est régi par le
système national de normalisation et de contrôle de
qualité. Ce système vise, entre autres, à préserver
la santé et la protection de la vie et à contribuer à
l'élimination des entraves techniques aux échanges.
La recherche de partenariat avec des opérateurs
étrangers fait partie des missions de promotion des investissements du
Centre national de promotion des investissements (CNPI) et de la Chambre de
commerce et d'industrie du Mali (CCIM).
En matière de collecte et de gestion de l'information
commerciale, seule la surveillance des valeurs en douane est
opérationnelle, des efforts restant à déployer pour la
constitution d'une banque de prix pouvant servir de base de taxation du tarif
douanier.
En dépit de ces efforts, il subsiste toutefois des
entraves à la libéralisation complète des échanges,
aux plans tarifaire et administratif, notamment :
u le certificat d'intention d'importer, soumis à une
contribution au titre du Programme de vérification des importations
(PVI) de 0.65% de la valeur FOB des intentions
u la patente d'exportateur de 550 000 fcfa (180 000 fcfa pour
un exportateur net), soit une barrière à l'entrée dans la
profession d'exportateurs de produits maliens
u l'obligation de rapatrier dans les 180 jours les recettes
d'exportation convertis en francs cfa dans une banque de la place (pour tout
montant supérieur à un million de fcfa) avant règlement de
toute importation à partir de son compte bancaire à
l'étranger, engendrant ainsi des frais financiers qui
renchérissent les importations
u la lenteur dans le remboursement de la TVA payée sur
les intrants utilisés dans la production de biens exportés,
étant donné que toutes les entreprises manufacturières ne
bénéficient pas d'admission temporaire.
Ce sont ces entraves et les difficultés d'accès
au marché ainsi que la faible capacité d'offre du pays qui
expliquent la faible insertion du Mali dans l'économie mondiale. Aussi,
les 6 agences (BM, CCI, CNUCED, FMI, OMC, PNUD) du Cadre intégré
admettaient-elles, à l'évaluation mi-95 du plan d'action de la
Deuxième Conférence des nations Unies sur les PMA, la
marginalisation des PMA des échanges mondiaux.
Pour inverser la tendance de marginalisation de
l'économie mondiale, le Mali doit orienter sa politique commerciale vers
la promotion de ses exportations. A cet égard, il faut éliminer
les entraves tarifaires et administratives à la libéralisation
des échanges, élargir la base productive e.g. dans l'optique
UEMOA, renforcer ses ressources humaines en vue de mieux maîtriser les
mécanismes du commerce international et procéder à des
réformes institutionnelles subséquentes. En plus, le Mali devra
exploiter au maximum toutes les possibilités d'exportation que lui
offrent des accords préférentiels comme:
u l'Union douanière de l'UEMOA avec libre circulation
des produits du cru et des produits industriels agréés ;
u l'AGOA qui offre, jusqu'au 30 septembre 2008, des avantages
tarifaires aux exportations de vêtements et parures de 35 pays (dont le
Mali) d'Afrique sub-saharienne sur le marché américain ;
u l'initiative Tout sauf les armes.
10. les différents partenaires
commerciaux du Mali
L'Europe représente une part importante des
exportations du Mali (45% en moyenne par an sur la période 1995-00 -
dont 22% pour l'Union européenne), suivie de l'Asie (25%), de l'Afrique
(20% - dont 17% pour l'UEMOA) et de l'Amérique (11%). Les importations
proviennent de l'Europe (en moyenne 44% du total par an - dont 42% de l'Union
Européenne), d'Afrique (37% - dont 35% de l'UEMOA) et d'Asie (11%).
Toutefois, les marchés d'exportation les plus dynamiques sont Taiwan
(14.9% de croissance moyenne annuelle), la France (8.4%) et les USA (5.9%). La
diminution des importations en provenance de l'Europe se fait au profit de
l'accroissement des parts de marché de l'Asie (11.8%), de
l'Amérique (9.5%) et de l'Afrique (2.1%).
Tableau 5 : Répartition géographique du
commerce extérieur du Mali (%)
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
Part
|
Croissance
|
|
|
|
|
|
|
|
moyenne
|
annuelle
|
Exportation
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Afrique
|
25%
|
22%
|
14%
|
18%
|
19%
|
19%
|
20%
|
-5.3%
|
UEMOA
|
23%
|
20%
|
12%
|
15%
|
17%
|
17%
|
17%
|
-5.9%
|
Côte d'Ivoire
|
12%
|
10%
|
10%
|
10%
|
10%
|
10%
|
10%
|
-3.6%
|
Sénégal
|
9%
|
8%
|
3%
|
3%
|
6%
|
6%
|
6%
|
-7.8%
|
Europe
|
36%
|
39%
|
51%
|
54%
|
45%
|
45%
|
45%
|
4.6%
|
Union Européenne
|
25%
|
24%
|
19%
|
19%
|
22%
|
22%
|
22%
|
-2.5%
|
France
|
4%
|
5%
|
6%
|
7%
|
6%
|
6%
|
6%
|
8.4%
|
Asie
|
28%
|
28%
|
24%
|
19%
|
25%
|
25%
|
25%
|
-2.2%
|
Taiwan
|
2%
|
3%
|
6%
|
6%
|
4%
|
4%
|
4%
|
14.9%
|
Amérique
|
11%
|
11%
|
11%
|
9%
|
11%
|
11%
|
11%
|
0.0%
|
USA
|
3%
|
3%
|
4%
|
4%
|
4%
|
4%
|
4%
|
5.9%
|
Importation
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Afrique
|
36%
|
38%
|
42%
|
37%
|
31%
|
40%
|
37%
|
2.1%
|
UEMOA
|
35%
|
37%
|
41%
|
33%
|
27%
|
34%
|
35%
|
-0.6%
|
Côte d'Ivoire
|
24%
|
29%
|
29%
|
27%
|
22%
|
25%
|
26%
|
0.8%
|
Sénégal
|
10%
|
8%
|
8%
|
7%
|
5%
|
6%
|
7%
|
-9.7%
|
Europe
|
49%
|
47%
|
47%
|
40%
|
44%
|
35%
|
44%
|
-6.5%
|
Union Européenne
|
48%
|
46%
|
46%
|
37%
|
41%
|
32%
|
42%
|
-7.8%
|
France
|
25%
|
27%
|
26%
|
21%
|
24%
|
18%
|
24%
|
-6.4%
|
Asie
|
8%
|
8%
|
6%
|
14%
|
14%
|
14%
|
11%
|
11.8%
|
Chine
|
2%
|
3%
|
3%
|
4%
|
4%
|
5%
|
4%
|
20.1%
|
Amérique
|
7%
|
7%
|
5%
|
8%
|
9%
|
11%
|
8%
|
9.5%
|
USA
|
2%
|
3%
|
3%
|
6%
|
5%
|
8%
|
5%
|
32.0%
|
Reste du monde
|
0%
|
0%
|
0%
|
1%
|
2%
|
0%
|
1%
|
|
|
Source: BCEAO (2000 et 2001), Balance des paiements du
Mali
Figure 1: répartition géographique des
exportations du Mali
reste du monde 35%
reste Afrique 3%
UEMOA 17%
Europe
45%
source : BCEAO, 2001
L'analyse de l'évolution des importations par blocs de
pays montre que celles en provenance de l'UEMOA ont été
dopées avec la mise en place du TEC (forte croissance des années
1999-2001) même si une rupture s'observe pendant les années 2002
et 2003. Mais ce qui semble encore plus significatif est la
légère décroissance des importations en provenance du
reste de la CEDEAO, comme si le commerce en faveur de l'UEMOA s'était
fait au détriment des autres pays de la CEDEAO, tout au moins jusqu'en
2002. En 2003, l'UEMOA était le principal fournisseur du Mali, à
part quasiment égales avec l'UE puis le reste du monde. Les pays de la
CEDEAO qui ne font pas partie de l'UEMOA participent pour seulement 2% dans les
importations du Mali.
Figure 2: répartition géographique des
importations du Mali
CEDEAO-UEMOA 2%
Reste du monde 30%
UEMOA 36%
32%
UE
source : Douanes, 2003
En 2003, la valeur totale des importations du Mali
s'élevait à plus d'un milliard d'euros.
Le Mali ne représente que 0,02% du commerce de l'UE
avec les pays tiers. Cette part est donc tout à fait insignifiante et
doit relativiser le risque pris ou invoqué par l'UE pour se
protéger des importations de pays ACP (sucre, bananes, viande
notamment).
11. Les principaux marchés à
l'export du Mali
L'or et le coton se disputent la première place en terme
de valeur d'exportation selon les années.
Les principaux marchés de destination du coton fibre
malien sont la Thaïlande, le Brésil et l'Italie.
Figure 3 : Pays de destination des exportations de
coton
Thaïlande
Brésil
11%
35%
10%
Italie
Corée
8%
Allemagne
Indonésie
Rép. Tchèque
Malaisie
Maurice
Sud Afrique
Canada
Mexique
Autres
7%
6%
5%
4%
3%
2%
2%
1%
6%
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40%
source Comtrade 2000
L'UE serait le deuxième partenaire commercial du Mali,
après la Thaïlande, pour le coton.
Les animaux représentent le troisième produit
d'exportation du Mali après le coton et l'or (ce dernier n'est que peu
vendu sur le marché européen). Les principaux marchés de
destination des ruminants sont la Côte d'Ivoire, le Burkina, le
Sénégal, la Mauritanie, le Ghana, le Togo et l'Algérie.
L'exportation des animaux autres que les bovins et ovins-caprins se fait
essentiellement à destination de l'Europe (Belgique, France et Italie),
de l'Amérique (USA et Canada) et du Japon où les petits oiseaux
sont relativement plus prisés.
Sur la période 1997-2002, le Mali a exporté, en
moyenne par an, un peu plus de 3 000 tonnes de peaux et cuirs pour une valeur
d'environ 4 milliards de francs cfa. L'Espagne en est le principal
marché de destination avec l'exclusivité de la peau tannée
d'ovin et de la peau prétannée de caprin et le partage du
marché des autres types de peaux avec seulement un ou deux autres
clients du Mali. Elle est suivie de l'Italie qui intervient sur le
marché des pré-
tannées d'ovin et de caprin et des Etats Unis qui
s'intéresse aux peaux épilées d'ovin et de caprin.
Figure 4 : Pays de destination des exportations de
peaux& cuirs
Espagne
Canada
Estonie
France
USA
Italie
0% 20% 40% 60% 80% 100%
0,3%
1,2%
2,7%
2,6%
1,6%
9 1,6%
source Comtrade 2000
Les exportations de fruits et légumes
représenteraient à peine 10% du volume total de commercialisation
contre 90% de vente locale. Les principaux marchés de destination des
fruits maliens sont la France, les Pays Bas et la Belgique, qui à eux
seuls absorbent près de 90% des exportations.
Figure 5 : Pays de destination des exportations de
fruits
Royaume Uni
Allemagne
Pays Bas
Belgique
France
Liban
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70%
2%
3%
6%
11%
15%
63%
Comtrade 2000
Les légumes sont principalement exportés sur la
France (le haricot vert) et les pays de l'UEMOA (la pomme de terre et
l'échalote).
Le marché des transformées de fruits et
légumes (jus, concentré, sirop, séchés, confiture,
etc.) est quasi-inexistant mais il pourrait se développer y compris
à destination de l'UE si les barrières non tarifaires
étaient mieux maîtrisées.
Les exportations sur l'Europe de produits oléagineux
pourraient tout aussi augmenter d'autant plus que les normes européennes
admettent désormais le sous-produit de karité dans la fabrication
du chocolat.
Les céréales maliennes (riz, mil-sorgho et
maïs) s'exportent dans la sous-région (Burkina, Niger et
Sénégal) avec un relatif dynamisme depuis la dévaluation
du franc cfa de janvier 1994.
12. La structure des
importations du Mali
Les catégories 1, 2 et 3 du TEC de l'UEMOA sont
représentées à part à peu près égales
dans les importations du Mali, autour de 30%.
Figure 6: Les importations du mali par
catégorie de produits
Cat. 1
19%
Cat. 0 1%
Valeur des importations par catégorie
Cat. 2 29%
Cat. 0 5%
Cat. 1 34%
Cat. 3 32%
Part des droits par catégorie
Cat. 3 47%
Cat. 2 33%
source Douanes 2003
Par contre, les importations en provenance de l'UE se
caractérisent par une prédominance des produits de
catégorie 0 et 1 à cause du poids des produits pharmaceutiques,
chimiques et des machines dans ces importations . Ainsi, en 2003, l'UE
était de loin le principal fournisseur des produits de la
catégorie 0 composée des médicaments, équipement
médical, journaux et livres (4% des 5% que constituent les importations
de cette catégorie dans le total). Elle représente
également plus du tiers des importations de biens de catégorie 1
constituée de biens d'équipements et de matières
premières, 13% sur les 34% que représente cette catégorie
dans le total. En revanche, de nombreux produits de consommation finale sont
importés à partir du reste du monde.
Tableau 6 :Structure géographique des
importations du Mali en 2003 (milliards fcfa et %)
|
UEMOA
|
Reste CEDEAO
|
UE
|
Reste du monde
|
Indéterminé
|
Total
|
Importation
|
226
|
15
|
212
|
187
|
12
|
651
|
% dont
|
35%
|
2%
|
32%
|
29%
|
2%
|
100%
|
Catégorie 0
|
|
|
4%
|
1%
|
|
5%
|
Catégorie 1
|
10%
|
1%
|
13%
|
9%
|
1%
|
34%
|
Catégorie 2
|
14%
|
1 %
|
6%
|
8%
|
|
29%
|
Catégorie 3
|
1 0%
|
1 %
|
9%
|
1 1%
|
1 %
|
32%
|
|
Figure 7: répartition des types de produits
importés pour chaque origine
part des catégorie dans chaque bloc
100% 90% 80%
|
|
|
|
70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%
|
|
cat 3 cat 2 cat 1 cat 0
|
|
|
|
|
|
|
Mais les recettes douanières issues de ces
différentes zones ne sont pas strictement proportionnelles à
leurs parts dans les importations. Naturellement, la part de l'UEMOA est
inférieure à sa part de marché des importations, mais elle
reste importante (24% du total), surtout du fait de la catégorie 2
(celle des produits intermédiaires) à cause de la non
reconnaissance de leur origine communautaire. Le reste du monde qui fournit 30%
des importations rapporte 40% des recettes douanières.
Figure 8: Comparaison des valeurs et droits de douanes
prélevés par origine
autres pays 31%
part des grands blocs dans les importations
32%
UE
autres CEDEAO 2%
UEMOA 35%
Par des grands blocs dans les DD
prélevés
autres pays 42%
autres CEDEAO 3%
UEMOA 24%
UE
31%
Source Douanes, 2003
Cette différence dans le classement par volume
d'importation et par recettes douanières s'explique par la
progressivité des droits. Compte tenu des droits progressifs
appliqués, ceci permet à la catégorie 3 d'assurer le
maximum de recettes douanières (47%), la catégorie 2 assure 33%
des recettes et la catégorie 1 représente 19% des recettes.
Pourtant cette progressivité n'est pas aussi forte
qu'elle pourrait l'être théoriquement puisque les taux de
prélèvement observés sont bien inférieurs à
ceux du TEC. En moyenne pondérée, le droit de douane
appliqué au Mali est de 8% contre 12% théorique. Le taux de
prélèvement appliqué pour la catégorie 3 en
particulier n'est que de 12% contre 22,5% en théorie.
Tableau 7: Taux d'imposition douanier
Importation (milliards cfa)
|
Droits de porte (milliards cfa)
|
TAUX APPLIQUE
|
Taux théorique
|
|
|
|
|
|
|
|
Total
|
UEMOA
|
Reste CEDEAO
|
UE
|
RDM
|
|
Catégorie 0
|
35
|
1
|
3%
|
2%
|
2%
|
2%
|
1%
|
2.5%
|
Catégorie 1
|
219
|
10
|
5%
|
4%
|
5%
|
5%
|
5%
|
6.8%
|
Catégorie 2
|
189
|
17
|
9%
|
10%
|
10%
|
7%
|
10%
|
10.8%
|
Catégorie 3
|
208
|
24
|
12%
|
1%
|
16%
|
16%
|
18%
|
20.3%
|
Total
|
651
|
52
|
8%
|
5%
|
11%
|
8%
|
11%
|
12.0%
|
|
Calculs à partir des données de Douanes,
2003
13. Les échanges du Mali avec
l'UE
Le Mali n'est que le 10ème partenaire de
l'UE au sein de la CEDEAO. Il ne représente que 2% des échanges
de la CEDEAO avec l'UE : 3% des importations en provenance de l'UE et 0,6% des
exportations à destination de l'UE, ceci sachant que la CEDEAO
elle-même ne représente que 1,1% des importations de l'UE en
provenance de pays tiers et 1,3% des exportations de l'UE vers
l'extérieur.
Le Mali est donc un partenaire de l'Union Européenne
mineur par rapport à ses voisins de la CEDEAO qui ne font pas partie de
l'UEMOA : Mauritanie, Guinée, Ghana et Nigéria sont de plus
importants partenaires de l'UE. Ils captent 54% des exportations de l'UE dans
la région et réalisent 63% des exportations de la CEDEAO vers
l'UE.
Figure 9: Part des pays de la CEDEAO dans les
imports depuis l'UE
Figure 10 : : Part des pays de la CEDEAO dans les
exports vers l'UE
reste UEMOA 30%
reste OEDEAO 6%
Mali 1%
Nigéria+Gha na+Guinée+ Mauritanie 63%
reste UEMOA 31%
reste OEDEAO 12%
Mali
3%
Nigéria+Ghan a+Guinée+M auritanie 54%
source Comext 2003
Ces quatre pays ne manqueront donc pas de peser dans la
modification des règles commerciales de la région avec l'UE. Le
Nigéria et le Ghana en particulier avec des balances commerciales
relativement équilibrées pour des flux de respectivement 5 et 1
milliards d'Euros sont donc des portes d'entrées potentiellement
importantes pour des produits européens en direction du reste de la
CEDEAO.
13.1 Les importations du Mali depuis l'UE
Le premier poste d'importation du Mali en provenance de l'UE
est constitué par des machines et engins mécaniques, donc avant
tout des biens de production ce qui indique le créneau
stratégique pris par l'UE dans les importations maliennes.
Tableau 8: Importations du Mali en provenance de l'UE
(année 2002)
AUTRES ARTICLES TEXTILES CONFECTIONNES; ASSORTIMENTS; FRIPERIE
ET CHIFFONS
PAPIERS ET CARTONS; OUVRAGES EN PATE DE CELLULOSE, EN PAPIER OU
EN CARTON
INSTRUMENTS ET APPAREILS MEDICOCHIRURGICAUX; D OPTIQUE, DE
PHOTOGRAPHIE OU DE CINEMATOGRAPHIE, DE MESURE, DE CONTRÔLE
VOITURES AUTOMOBILES, TRACTEURS, CYCLES ET AUTRES VEHICULES
TERRESTRES,
LEURS PARTIES ET ACCESSOIRES
PREPARATIONS A BASE DE CEREALES, DE FARINES, D AMIDONS, DE
FECULES OU DE
LAIT; PATISSERIES
LAIT ET PRODUITS DE LA LAITERIE; OEUFS D OISEAUX; MIEL NATUREL;
PRODUITS COMESTIBLES D ORIGINE ANIMALE, NON DENOMMES AILLEURS
CHAUDIERES, MACHINES, APPAREILS ET ENGINS MECANIQUES; PARTIES DE
CES
MACHINES OU APPAREILS
MEUBLES; MOBILIER MEDICOCHIRURGICAL; ARTICLES DE LITERIE;
APPAREILS D ECLAIRAGE ; ENSEIGNES LUMINEUSES; CONSTRUCTIONS PREFABRIQUEE
PRODUITS DE LA MINOTERIE; MALT; AMIDONS ET FECULES; INULINE;
GLUTEN DE
FROMENT
PREPARATIONS DE LEGUMES, DE FRUITS OU D AUTRES PARTIES DE
PLANTES
APPAREILS ET MATERIELS ELECTRIQUES ET LEURS PARTIES; APPAREILS D
ENREGISTREMENT OU DE REPRODUCTION DU SON, ET ACCESSOIRES
MATIERES PLASTIQUES ET OUVRAGES EN CES MATIERES
TABACS ET SUCCEDANES DE TABAC FABRIQUES
PRODUITS DIVERS DES INDUSTRIES CHIMIQUES
CAOUTCHOUC ET OUVRAGES EN CAOUTCHOUC
PREPARATIONS ALIMENTAIRES DIVERSES
ALUMINIUM ET OUVRAGES EN ALUMINIUM
OUVRAGES EN FONTE, FER OU ACIER
PRODUITS PHARMACEUTIQUES
SUCRES ET SUCRERIES
COTON ET PRODUITS EN
COTON
CEREALES
- 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000
% de r cu n % Valeur en
tt l 1000 Euros
49 010 13,1%
41 478 11,1%
37 375 10,0%
37 132 9,9%
34 753 9,3%
18 829 5,0%
15 485 4,1%
4 761 1,3%
4 349 1,2%
4 347 1,2%
4 080 1,1%
9 744 2,6%
9 613 2,6%
9 169 2,4%
8 915 2,4%
7 705 2,1%
7 080 1,9%
5 677 1,5%
5 428 1,4%
3 825 1,0%
3 499 0,9%
3 461 0,9%
% de valeur totale
Source Comext
En regroupant les différents postes d'importations en
grands groupes de produits, les importations de produits agricoles et
agroalimentaires occupent la première place avec 17% du volume total. Il
s'agit surtout de produits transformés à base de
céréales (biscuiteries, pâtes, etc.) et de produits
laitiers. Les matières brutes (céréales et sucres)
représentent moins de 2,5% du total.
Les produits agricoles et agroalimentaires sont suivis des
produits pharmaceutiques (2ème place) puis des
équipements (3ème place). Il faut noter que les
cotonnades de l'UE constituent 10% des importations du Mali en provenance de
l'UE.
Tableau 9 : Structure des importations du Mali en
provenance de l'UE (2002)
Valeur en 1000 Euros % du total des importations
produits agricoles et agro-alimentaires 64 835 17%
tabacs et boissons 18 219 5%
produits chimiques et pharmaceutiques 49 088 13%
plastiques et caoutchouc 11 429 3%
coton 37 375 10%
fonte, fer, et différents objets métalliques 21
610 6%
engins mécaniques, machines 49 010 13%
appareils électriques 37 132 10%
voitures, cycles 41 478 11%
instruments médicaux et de mesure 7 705 2%
Total 337 881 90%
Une catégorisation par type d'utilisation des produits
montre que si les biens de consommation finale représentent près
de la moitié des importations du Mali en provenance de l'UE, les biens
de production (machines etc.) en représentent plus du quart. Les biens
intermédiaires représentent environ 27% dont 11% imputables aux
véhicules28.
13.2 Les exportations du Mali vers l'UE
Le coton représente à lui seul environ les deux
tiers des exportations du Mali vers l'UE. Les cuirs et peaux
représentent également une part significative mais ne
dépassant pas 11% de la valeur totale.
On enregistre également une non négligeable
réexportation d'appareils électromécaniques.
Tableau 10 : Valeur des exportations du Mali vers l'UE en 2002 (1000
Euros)
GRAINES ET FRUITS OLEAGINEUX; GRAINES, SEMENCES ET FRUITS
DIVERS; PLANTES INDUSTRIELLES OU MEDICINALES; PAILLES ET FOURRAGES
RESIDUS ET DECHETS DES INDUSTRIES ALIMENTAIRES; ALIMENTS
PREPARES POUR
ANIMAUX
PERLES, PIERRES GEMMES, METAUX PRECIEUX, PLAQUES DE METAUX
PRECIEUX;
BIJOUTERIE DE FANTAISIE; MONNAIES
CHAUDIERES, MACHINES, APPAREILS ET ENGINS MECANIQUES; PARTIES DE
CES
MACHINES OU APPAREILS
INSTRUMENTS DE MUSIQUE; PARTIES ET ACCESSOIRES DE CES
INSTRUMENTS
APPAREILS ET MATERIELS ELECTRIQUES ET LEURS PARTIES; APPAREILS
D' ENREGISTREMENT OU DE REPRODUCTION DU SON, ET ACCESSOIRES
LEGUMES, PLANTES, RACINES ET TUBERCULES ALIMENTAIRES
FRUITS COMESTIBLES; ECORCES D AGRUMES OU DE MELONS
PEAUX (AUTRES QUE LES PELLETERIES) ET CUIRS
OBJETS D ART, DE COLLECTION OU D ANTIQUITE
ANIMAUX VIVANTS
COTON
-
5 000 10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 35 000 40 000 45 000
% de vleur cumu en % valeur en
1000 Euros
40 850 62,0%
7 065 10,7%
3 293 5,0%
3 078 4,7%
2 204 3,3%
1 625 2,5%
1 395 2,1%
1 239 1,9%
1 158 1,8%
469 0,7%
441 0,7%
621 0,9%
% de valeur totale
Source Comext
En reprenant les catégories de produits en fonction de
leur degré de transformation, près de 80% des exportations du
Mali sont constitués de biens intermédiaires pour l'industrie
28 Nous avons fait le choix de mettre les véhicules en
biens intermédiaires compte tenu de leur caractère hautement
utilitaire au Mali.
européenne. Les produits de consommation finale ne
représentent que 14% dont la moitié sous forme de
réexportation.
Tableau 11 : structure des exportations du Mali vers
l'UE (2002)
Coton
cuirs et peaux
fruits et légumes
autres produits issus de l'agriculture or et argent
appareils électriques et mécaniques Total
Valeur en 1000 Euros % du total des importations
40850,02
|
62,0%
|
7065,32
|
10,7%
|
2396,24
|
3,6%
|
3619,41
|
5,5%
|
3292,7
|
5,0%
|
4472,69
|
6,8%
|
61696,38
|
93,6%
|
|
13.3 Les importations du Mali par catégorie
:
Les catégories 1, 2 et 3 de l'UEMOA sont
représentées à part à peu près égales
dans les importations du Mali, autour de 30%.
La différence entre l'UE et le reste du monde est
significative quant à la composition des importations maliennes. Il
convient d'abord de rappeler qu'en 2003, l'UE est de loin le principal
fournisseur des produits de la catégorie 0 composée des
médicaments, équipement médical, journaux et livres (4%
des 5% que constituent les importations de cette catégorie dans le
total). Elle représente également plus du tiers des importations
de biens de catégorie 1 constituée de biens d'équipements
et de matières premières, 13% sur les 34% que représente
cette catégorie dans le total. En revanche de nombreux produits de
consommation finale sont importés à partir du reste du monde.
Partie 3 : les effets
des APE sur les
recettes fiscales
liées aux
importations
L'impact des APE sur les recettes fiscales liées aux
importations dépend des scénarios de leur signature entre
l'UE29 et divers groupements régionaux possibles - CEDEAO ou
UEMOA ou CEDEAO non UEMOA - et des hypothèses de modification des flux
commerciaux qui en résultent. Avant de mesurer un tel impact possible,
il importe de préciser la méthodologie d'évaluation.
14. Méthode d'évaluation
des effets attendus
L'impact des APE est très complexe car il concerne aussi
bien les relations directes du Mali avec l'UE que les effets induits de cette
relation sur la modification :
· des flux commerciaux avec les autres partenaires (surtout
ceux de l'UEMOA ou de la CEDEAO)
· de la structure productive interne.
Chacune de ces conséquences induit des variations de
recettes fiscales et agit sur la compétitivité des secteurs
productifs. En outre, les partenaires commerciaux du Mali, en modifiant
à leur tour leurs relations avec l'UE (ou entre eux), pourraient
modifier leurs flux commerciaux avec le Mali.
29 Les pays de l'UE pris en compte pour l'évaluation
sont les 25 Etats de l'UE élargie : Allemagne, Autriche, Belgique,
Chypre, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie,
Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays Bas, Pologne,
Portugal, République Tchèque, Royaume Uni, Slovaquie,
Slovénie, Suède.
Changement fiscalité intérieure (B)
L'ensemble de ces relations de causalité peut être
schématisé comme suit :
Choix des partenaires
Choix Mali
Nouveaux avantages comparatifs Mali/autres pays/UE
Nouveaux flux export Mali/UE
Nouvelle compétitivité internationale
Nouveaux flux export Mali/autres partenaires
Nouvelle rentabilité des entreprises
Nouveaux flux import Mali/UE
Nouveaux flux import Mali/autres partenaires
Changement structure productive
Changement recettes douanières (A)
Deux types d'impact résulteraient donc de la mise en
place des APE, à savoir la variation des recettes douanières (A)
et la variation de la rentabilité des entreprises. La nouvelle
configuration du commerce extérieur se traduira en effet par une
modification de la structure productive nationale qui pourrait constituer une
source supplémentaire de variation des recettes fiscales
intérieures (B), aggravée ou atténuée par la
modification de la compétitivité des entreprises. On cherche
principalement à calculer A+B. Mais pour cela il sera
procédé à l'évaluation des effets, sous
différentes hypothèses de modification des flux commerciaux.
15. Différents scénarios
d'APE pour le Mali
Les différents scénarios envisageables pour le
Mali sont liés à la configuration de l'entité
régionale qui va signer l'APE.
On ne saurait retenir deux scénarios pour l'APE:
u On postule que la non-adhésion à un APE d'un
pays faisant partie d'une union économique qui signerait l'APE est peu
probable. On suppose en effet que l'intérêt à
préserver son intégration au sein d'un ensemble
géographique plus vaste prime sur la tentation de la
ségrégation d'avec ses partenaires qui auraient choisi
majoritairement une autre option. On n'envisage donc que le cas où tous
les pays de l'UEMOA ne signeraient pas d'APE.
u On ne peut pas signer d'APE avec une entité
régionale au sein de laquelle il n'y aurait pas de libre échange
; cette éventualité est par nature incompatible avec le principe
de l'APE.
On convient que selon la configuration de l'entité
régionale qui signera un APE, les conséquences pour les
différents pays membres de cette entité seront
différentes. A chaque configuration pourraient donc correspondre des
hypothèses différentes d'évolution du commerce
extérieur. Que le Mali adhère (avec les ensembles
régionaux auquel il appartient) à un APE ou non, on observera une
modification des flux commerciaux sous-régionaux qu'il faut prendre en
compte dans toute simulation prospective.
Chacune de ces hypothèses se définit par une
combinaison particulière de droits d'importation au Mali ou de droits
appliqués aux exportations du Mali en fonction du pays partenaire
commercial. On aura donc à chaque fois une simulation possible des
effets sur les volumes importés et sur la production nationale.
On envisage 5 scénarios dont on évaluera l'impact
en terme de modification des flux commerciaux pour le Mali:
Scénario 1 l'APE est conclu avec la CEDEAO
Scénario 2 l'APE est conclu avec l'UEMOA
Scénario 3 aucun APE n'est conclu en Afrique de
l'Ouest
Scénario 4 l'APE est signé avec le reste de la
CEDEAO sans l'UEMOA
Scénario 5 pas d'APE mais l'intégration
régionale est achevée.
Chacun de ces scénarios est représenté
par un graphiquement où chaque entité géographique est
assimilée à un carré. Les limites du carré
disparaissent lorsqu'une Zone de libre échange (ZLE) est
instaurée.
Figure 11 : Schématisation des
différentes hypothèses de conclusion d'un APE
Scénario 1 : APE avec CEDEAO
Scénario 2 : APE avec UEMOA
Reste du Monde
UE
UEMOA CEDEAO-
Uemoa
UE UEMOA
Reste du Monde
CEDEAO- Uemoa
Reste du Monde
UE
UEMOA
CEDEAO- Uemoa
Scénario 3 : pas d'APE en Afrrique de l'ouest
Scénario 4 : pas d'APE a vec UEMOA mais avec
le reste de la CEDEAO (Nigéria)
UE
UEMOA
Reste du Monde
CEDEAO- Uemoa
Scénario 5 : pas d'APE en Afrrique de l'ouest mais
intégration régionale achevée
UE
Reste du Monde
UEMOA CEDEAO-
Uemoa
Les évaluations d'impact sont opérées
selon ces différents scénarios. Cependant, il faut garder
à l'esprit que les résultats de simulation ne seront pas toujours
présentés scénario par scénario parce que lesdits
résultats sont des estimations quantitatives contrairement aux
scénarios qui sont ici construits de façon logique et
qualitative.
L'impact de chacun de ces scénarios s'observe à
partir de la situation de référence qui se présente comme
suit:
Figure 12: La situation actuelle :
Le Mali comme provenance de l'UE et CEDEAO (mions Euros)
Reste du Monde
7566
CEDEAO- Uemoa
978 457
66
Mali
UE
?
Reste du Monde
UE
8561
Mali
CEDEAO- Uemoa
28
984 410
376
Le Mali comme destination de l'UE et de la CEDEAO (mions
Euros)
Tableau 12: Les échanges par blocs de
pays
pays importateurs
1000 Euros
|
UE
|
|
Mali
|
reste UEMOA
|
reste CEDEAOreste
|
du monde
|
UE
|
|
|
376 834
|
3 937 945
|
8 561 458
|
984 410 228
|
Mali
|
65
|
899
|
|
|
|
|
reste UEMOA
|
3 211
|
349
|
404 250
|
|
|
|
reste CEDEAO
|
7 565
|
751
|
27 798
|
|
|
|
reste du monde
|
978 457
|
289
|
338 344
|
|
|
|
|
Source Douanes et COMEXT 2002
15.1 Scénario 1 : APE avec CEDEAO
C'est le scénario privilégié par l'Union
européenne et qui apparaît le plus cohérent avec le
processus d'intégration régionale en Afrique de l'ouest. Il est
aussi le scénario pour lequel, la CEDEAO a engagé une feuille de
route.
Dans cette configuration, les relations entre les pays
membres de la CEDEAO auront considérablement évolué par
rapport à la situation actuelle. L'harmonisation du TEC de l'UEMOA
à toute la CEDEAO aura été effective en 2007
conformément à la feuille de route élaborée
à cet effet. Au total, on observera des modifications importantes de
flux commerciaux.
Si l'APE sert à instaurer rapidement une union
douanière nouvelle, on ne manquera pas d'observer des modifications
importantes de flux : des pays-frontières orientés sur le
commerce transfrontalier (Bénin avec le Nigeria ou Gambie avec le
Sénégal) verraient leur position remise en cause. En particulier,
le Nigeria qui constitue un pôle d'attraction économique pour tous
les pays d'Afrique de l'Ouest - y compris le Mali - à travers du
commerce informel ou incontrôlable, n'auraient plus un
intérêt aussi marqué à recourir à cette forme
d'importation. Il pourrait en résulter un manque à gagner pour
les pays les plus proches, mais au contraire un gain de part de marché
pour les producteurs des autres pays de la zone.
En ramenant le volume des échanges entre
différentes zones à la base 100 comme point de
référence, on peut schématiser l'évolution probable
des flux commerciaux comme suit:
Figure 13: représentation théorique des
modifications de flux commerciaux
Destination de l'UE et de la CEDEAO
Provenance de l'UE et de la CEDEAO
Reste du Monde
120
140
UE
UEMOA CEDEAO-
Uemoa
120
Reste du Monde
105
UE
110
UEMOA CEDEAO-
Uemoa
120
Les modifications de flux seront de deux ordres :
u Dans les pays de l'UEMOA, le TEC ne s'applique plus ni aux
produits importés des autres pays de la CEDEAO ni aux produits
importés de l'UE. Du fait du bénéfice de « tout sauf
les armes », l'APE ne procurera pas beaucoup de supplément
d'accès au marché de l'UE (105). L'avantage sera plus
conséquent pour l'UE à l'entrée dans l'UEMOA (120).
u La zone CEDEAO-hors UEMOA traditionnellement
protectionniste (e.g. des droits d'entrée généralement
très élevés au Nigeria) abat ses barrières
tarifaires tant du côté de l'UE que de celui de l'UEMOA, stimulant
ainsi les importations en provenance de ces deux zones (UE et UEMOA). Ses
exportations vont augmenter mais plus faiblement compte tenu du faible niveau
actuel de protection de ces deux partenaires et cela en dépit du fait
que le Nigeria et le Ghana ne sont pas PMA et ne bénéficient donc
pas de TSA..
L'incertitude majeure réside dans les flux entre
l'UEMOA et le reste de la CEDEAO. En effet, la suppression du TEC favorisera
les importations de l'UEMOA du reste de la CEDEAO tandis que la suppression des
droits élevés de douane du reste de la CEDEAO stimulera les
exportations de l'UEMOA. On peut supposer que l'UEMOA tirera plus d'avantage
que le reste de la CEDEAO dont les tarifs sont plus élevés que le
TEC en vigueur dans l'UEMOA. Mais de l'autre côté, grâce aux
importations bon marché en provenance de l'UE, le reste de la CEDEAO
pourrait accroître la rentabilité de ses entreprises et
bénéficier ainsi d'une compétitivité-prix plus
forte. Ces deux facteurs contradictoires influenceront donc les bilans
commerciaux des deux entités..
15.2 Scénario 2 : APE avec UEMOA
Si le reste de la CEDEAO, notamment le Nigeria réussit
à bloquer la signature d'un APE avec la CEDEAO, l'UEMOA pourrait
vraisemblablement reprendre l'initiative, auquel cas, les règles du
tarif extérieur commun en vigueur auront constitué une bonne
expérience dans
ce sens. Ce cas de figure se produirait soit parce que
l'intégration régionale en Afrique de l'Ouest se déroule
à un rythme plus lent que prévu, soit parce que certains pays de
la CEDEAO estiment que la déprotection n'est pas souhaitable.
Le tarif en vigueur entre l'UEMOA et le reste de la CEDEAO
serait maintenu. Les flux entre ces deux zones resteraient alors
inchangés (100). Les modifications porteraient alors essentiellement sur
le commerce entre l'UE et la zone UEMOA.
Provenance de l'UE et de la CEDEAO
Destination de l'UE et de la CEDEAO
107
UE UEMOA
CEDEAO- Uemoa
100
Reste du Monde
98
UE U EMOA
98
CEDEAO- Uemoa
Reste du Monde
122
100
Il n'est toutefois pas exclu que certains flux d'exportation
de l'UEMOA vers la CEDEAO soient détournés vers l'UE. Mais compte
tenu de l'ouverture importante de l'UE aux produits des PMA déjà
en vigueur, cette réorientation sera sans doute très faible. Par
contre, du côté de l'UE, il est possible qu'à la faveur de
la plus grande ouverture de l'UEMOA, les flux d'exportations européennes
augmentent sur l'UEMOA au détriment de la CEDEAO. Le commerce global de
l'Afrique de l'Ouest progressera probablement moins que dans le scénario
1. Les déficits commerciaux de la zone seront aussi plus faibles.
15.3 Scénario 3 : pas d'APE en Afrique de
l'ouest
Si aucun APE n'est conclu en Afrique de l'Ouest, ni avec la
CEDEAO, ni avec l'UEMOA, ni avec le reste des pays de la CEDEAO, le statu quo
sera maintenu aussi bien au niveau des importations qu'au niveau des
exportations de l'UEMOA vis-à-vis de tous ses partenaires.
Cette éventualité pourra amener l'UE à
restreindre les avantages de TSA vu sa volonté de promouvoir les APE.
Les exportations maliennes vers l'UE se contracteraient alors
légèrement. En tout état de cause, le commerce se
contracte plus rapidement dans ce scénario comparativement aux
autres.
Provenance de l'UE et de la CEDEAO
95
UE
UEMOA
100
CEDEAO- Uemoa
Reste du Monde
Reste du Monde
100
100
Destination de l'UE et de la CEDEAO
UE
U EMOA
CEDEAO- Uemoa
100
100
15.4 Scénario 4 : APE avec le reste de la CEDEAO
(Nigéria) sans l'UEMOA
Il s'agit d'un scénario où les pays de l'UEMOA
jugeraient un APE contraire à leurs intérêts. Si leur point
de vue diverge de celui du reste de la CEDEAO, ce dernier signerait
éventuellement l'accord. Les échanges de ce reste de la CEDEAO
avec l'UE augmenteraient fortement suite à la diminution de ses tarifs
vis-à-vis de l'UE. Dès lors, certains produits importés
par le reste de la CEDEAO à partir de l'UE à la faveur de la
baisse de son tarif se substitueraient à des importations autrefois de
produits originaires de l'UEMOA. Il y aurait donc baisse de parts de
marché de l'UEMOA au sein du reste de la CEDEAO.
Si l'UEMOA ne change pas son régime tarifaire actuel,
ni vis-à-vis de l'UE, ni vis-à-vis du reste de la CEDEAO, ni
vis-à-vis du reste du monde, il devient dès lors difficile de
simuler l'effet sur le Mali des changements de tarifs du reste de la CEDEAO
vis-à-vis de l'UE. Dans ce cas, on ne peut que faire des
hypothèses de triangulation du commerce UE-reste CEDEAO-Mali e.g. le
Nigeria importerait plus de l'UE sans doute au détriment des produits de
l'UEMOA et augmenterait dans le même temps ses réexportations vers
l'UEMOA. Cette éventualité résulte de
l'élasticité des exportations maliennes par rapport au tarif
appliqué à l'extérieur dont le niveau implicite
comparativement aux exportations UE vers le reste de la CEDEAO aura
augmenté
Provenance de l'UE et de la CEDEAO
Destination de l'UE et de la CEDEAO
Reste du Monde
UE
140
100
UEMOA
CEDEAO- Uemoa
105
Reste du Monde
95
UEMOA
UE
95
CEDEAO- Uemoa
110
15.5 Scénario 5 : pas d'APE en Afrique de l'ouest
mais intégration régionale achevée
Dans ce scénario, ni l'UEMOA, ni la CEDEAO ne conclut
un APE, alors que se poursuit le processus d'intégration en Afrique de
l'Ouest. Ce processus aboutit à la réalisation de l'union
douanière CEDEAO avec le TEC vis-à-vis des pays tiers. Le
commerce dans la sous-région s'intensifie.
Les relations entre la nouvelle Union douanière et
l'UE ne se modifient guère. Toutefois, suite à une modification
probable de TSA, les exportations de l'ancienne zone UEMOA vers l'UE
diminueraient et une partie des exportations du reste de la CEDEAO vers l'UE
serait réorientée vers l'ancienne zone UEMOA. Au total, les
exportations de l'Union douanière CEDEAO vers l'UE diminueraient
légèrement.
Reste du Monde
100
UEMOA CEDEAO-
Uemoa
UE
100
120
Destination de l'UE et de la CEDEAO
120
90
UE
Reste du Monde
98
UEMOA CEDEAO-
Uemoa
Provenance de l'UE et de la CEDEAO
16. La modification des
flux
Après présentation des différents
scénarios, il s'agit ici d'évaluer la modification des flux
consécutive à l'avènement de chaque scénario. Dans
ces calculs de simulation, l'accent sera plutôt mis sur les importations
que sur les exportations puisque:
· les exportations vers l'UE portent essentiellement sur
des produits primaires pour lesquels les conditions tarifaires ne constituent
pas une contrainte à la pénétration du marché
européen. L'APE, avec le désarmement tarifaire qu'il implique,
est donc supposé avoir peu d'impact sur les exportations
· la modification des exportations sera sans doute plus
à mettre au compte de l'établissement de la zone de libre
échange de la CEDEAO, programmée à l'horizon 2007,
qu'à l'APE.
La signature d'un APE accompagnée d'un abattement
tarifaire pourrait entraîner une augmentation des importations de l'UE
non seulement pour les catégories 2 et 3 mais aussi pour les autres
catégories certainement au détriment du reste du monde voire de
l'UEMOA qui représente 35% des importations du Mali. Cette modification
des flux d'importation dépend de l'élasticité des
échanges par rapport à la pression fiscale. Cette
élasticité s'obtient sur une série d'observations telle
que:
ç
?Mt0
M0
=
M0 =
?t
?t
M0
t t
1 0
-
t0 t0
où M représente la valeur des importations
t la pression fiscale
les indices 0 et 1, avant et après APE
dM ?
? M t
= ç
=
M 0 t 0
Une fois, l'élasticité déterminée,
la variation des importations est:
Nous avons tenté une analyse économétrique
pour estimer les élasticités.
Figure 14: Evolution des importations du Mali en
fonction du taux de fiscalité de porte (sur la base des années
1997-2003
|
|
Milliards Fcfa
900
|
Milliards Fcfa
40
|
600 300
|
Importation totales
y = 498,45e 0,0137x
R 2 = 0,0273
|
|
|
Importations catégorie 0
y = 37.95 1e-0.1342x R2 = 0.757
|
|
|
0 4% 22,
21, 9% 24,
7% 27,
5% 27,
3% 27,
0% 26,
9%
|
|
|
|
Sur la période 1997-2003, les importations du Mali
paraissent peu élastiques par rapport à la pression fiscale
appliquée. Mais, les produits de la catégorie 0 apparaissent-ils
plus élastiques que les autres.
Les résultats sont toutefois peu significatifs en raison
du faible nombre d'années de références
L'hypothèse généralement admise est
celle de l'élasticité des importations par rapport à la
pression fiscale égale à -1. Dans l'exercice de simulation, l'on
privilégiera trois hypothèses d'élasticité,
à savoir::
u Pas de modification de la valeur totale des importations:
ç = 0
u Pas de modification des recettes fiscales: ç -
t0
t1
u Modification des flux et des recettes, e.g. ç
= - 1.
Pour chacun des scénarios, la détermination des
modifications de flux d'importation est précédée des
changements de tarifs douaniers, tant officiels qu'appliqués:
Le tarif officiel est donné par:
t
(dd rs pcs pc ) ( tva iscp ) ( dd rs
)( tva iscp)
+ + + + + + + +
~ ~~~ ~ ~~~ ~
~ ~~ ~~ ~ ~~ ~~
porte int érieur base
où:
dd droit de douane
rs redevance statistique
pcs prélèvement communautaire de
solidarité
pc prélèvement communautaire
tva taxe sur la valeur ajoutée
iscp impôt spécial sur certains produits
Le tarif appliqué se calcule au regard des droits de
douane effectivement liquidés et des recettes fiscales
intérieures afférentes:
~ + Recettes de base X
~ 1 1 ~
Importatio n )
Recettes de porte Recettes intérieure s
Importation
|
Importation Recettes de base
+
|
|
ta = + 30
Les nouveaux tarifs, officiels comme appliqués (
a
t1 et t 1 ),
dépendent de chaque scénario de
signature de l'APE.
? M ? t M M
- t t
- ? - = ~ -
M t ~
1 0
Partant de la relation: dM = = ç ç
ç
1
1 0
? = 1 1
1
~ ~ ,
M t M t
0 0 M
0 0 0 ~ t 0 ~
il résulte:
= - ~ -
~ t ~ ~
M M ç où ç est
l'élasticité des importations par rapport à la
1 0 1 1 t 1
~~ ~ ~ ~~
~ ~ 0 ~ ~
pression fiscale Ainsi si:
· ç = 0 alors: M1 =
M0 ; il n'y a pas de modification de la valeur totale
des importations
t
· ç = - alors: 0
t 1
|
t
M = M avec M 1 = M
0 puisque t 1 = t 0 ; il n'y a pas de
0
1 0 t
1
|
|
modification des recettes fiscales
· ç = -1 alors: ~
t ~
M M ; les flux et des recettes sont modifiés
1 0 2 t 1
= ~ -
~
~ 0 ~
Il convient de préciser que l'hypothèse de non
modification des recettes douanières est peu réaliste mais reste
tout de même à envisager car les calculs permettent d'indiquer
jusqu'à quelle hauteur les importations doivent augmenter pour que l'APE
soit fiscalement neutre. L'augmentation des importations ne doit pas être
un objectif en soi sous prétexte de compenser les pertes de recettes
induites par l'abattement fiscal consécutif à la mise en place
d'un APE.
Le traitement des données, pour toutes ces
estimations, se fait sur le fichier des importations et des droits
perçus de la Direction générale des douanes. Cette base de
données comporte 20761 lignes tarifaires enregistrant les importations
et les différents droits et taxes par produit et par pays de provenance.
La base de données est ensuite mise en relation, par recherche verticale
sur Excel, avec les tarifs TEC de l'UEMOA. Enfin, le traitement par zone
d'échange se fait par regroupement des différents pays
constituant chaque zone.
16.1 Scénario 1
Sous ce scénario, l'APE est conclu entre l'UE et la
CEDEAO; par conséquent, l'abattement tarifaire s'applique sur toutes
les importations du Mali en provenance de l'UE et de
30 Les recettes intérieures sont
considérées comme le produit Importation x (tva+iscp) (dd+rs)
l'ensemble des pays de la CEDEAO i.e. de l'UEMOA et du reste
de la CEDEAO. En d'autres termes, les échanges s'opèrent entre
l'Union douanière CEDEAO et l'UE avec qui tous les Etats membres ont un
APE. Puisque le reste de la CEDEAO ne représente que 2% des importations
du Mali, le détournement du commerce au profit de l'UE se fera
certainement au détriment du reste du monde.
La nouvelle situation pourra se traduire par une augmentation
des importations (dM) de 21% sous l'hypothèse de non modification des
recettes douanières (ç= - t0
t1) ou de 10% sous
l'hypothèse d'élasticité constante de
-1. Sous la première hypothèse, l'accroissement des importations
en provenance du reste de la CEDEAO est le plus fort (87%) contre 59% pour les
importations en provenance de l'UE.
Tableau 13 : Modification du volume des importations
sous le scénario 1
- 1
M0 ç=0 t ç
0
-
t1
ç
|
|
M1
|
dM
|
M1
|
dM
|
M1
|
dM
|
UEMOA
|
226
|
226
|
0%
|
226
|
0%
|
226
|
0%
|
Reste CEDEAO
|
15
|
15
|
0%
|
28
|
87%
|
15
|
0%
|
UE
|
212
|
212
|
0%
|
338
|
59%
|
280
|
32%
|
Reste du monde
|
186
|
186
|
0%
|
186
|
0%
|
186
|
0%
|
Indéterminé
|
12
|
12
|
0%
|
12
|
0%
|
12
|
0%
|
Total
|
651
|
651
|
0%
|
790
|
21%
|
719
|
10%
|
|
L'augmentation des importations de l'UE (59%) et du reste de la
CEDEAO (87%) se répartit entre catégories de produits de la
façon suivante :
Tableau 14 : Modification du volume des importations
par catégorie de produit sous le scénario 1
|
|
M0
|
ç = 0
|
|
ç
|
- t 0
t1
|
ç
|
- 1
|
|
M1
|
dM
|
M1
|
dM
|
M1
|
dM
|
Catégorie 0
|
Reste CEDEAO
|
0.5
|
0.5
|
0%
|
0.5
|
0%
|
0.5
|
0%
|
|
UE
|
26
|
26
|
0%
|
26
|
0%
|
26
|
0%
|
Catégorie 1
|
Reste CEDEAO
|
4.0
|
4.0
|
0%
|
8
|
100%
|
4
|
0%
|
|
UE
|
83
|
83
|
0%
|
121
|
46%
|
105
|
27%
|
Catégorie 2
|
Reste CEDEAO
|
5.0
|
5.0
|
0%
|
8
|
60%
|
5
|
0%
|
|
UE
|
41
|
41
|
0%
|
64
|
56%
|
56
|
37%
|
Catégorie 3
|
Reste CEDEAO
|
5.5
|
5.5
|
0%
|
11.5
|
109%
|
5.5
|
0%
|
|
UE
|
62
|
62
|
0%
|
127
|
105%
|
93
|
50%
|
Total
|
Reste CEDEAO
|
15.0
|
15.0
|
0%
|
28
|
87%
|
15
|
0%
|
|
UE
|
212
|
212
|
0%
|
338
|
59%
|
280
|
32%
|
|
On n'observe pas d'augmentation des importations de la
catégorie 0 (dM=0% pour cette catégorie). Par contre, toutes les
autres catégories verront leurs importations augmenter sous
l'hypothèse de non modification des recettes fiscales, que la provenance
soit UE ou reste de la CEDEAO. Pour le reste de la CEDEAO, les importations
doubleront au moins pour les
catégories 3 (109%) et 1 (100%) pour augmenter de 60%
pour la catégorie 2. Pour l'UE, le doublement des importations ne porte
que sur les produits de la catégorie 3 (105%) tandis que la
catégorie 2 augmentera plus que la catégorie 1 (56% contre
46%).
Cet ordre d'importance est le même pour l'UE sous
l'hypothèse d'élasticité unitaire (50% d'augmentation pour
la catégorie 3, 37% pour la 2 et 27% pour la 1). Pour contenir les
pertes de recettes douanières qui pourraient en résulter, il faut
prendre en compte le déséquilibre entre le poids des importations
et le poids des recettes fiscales. Quand on sait qu'une vingtaine de produits
européens totalisent 44% de la fiscalité de porte et 46% de la
fiscalité intérieure, soit au total 45% des droits
liquidés, on peut en extraire une liste restreinte de produits pour
lesquels, la libéralisation totale ne doit pas être
immédiatement envisagée. Cette liste, à mettre dans le
contexte des régions signataires de l'APE doit faire l'objet de
négociations pour le maintien du statu quo. On retiendra par exemple
(cf. infra) les 10 produits des catégories 1 et 3, que sont:
Catégorie 1.
· les produits laitiers vendus en pharmacie
· les préparations à base de lait
· les insecticides à usage agricole
· les tracteurs pour semi-remorques
· le blé dur.
Catégorie 3.
· les cigarettes
· la farine de blé
· le sucre en poudre ou granulé
· les autres véhicules de transport
· la friperie.
Au total, les négociations porteront sur:
· les cigarettes
· la farine de blé
· le sucre
· la friperie.
De telles négociations restent valables dans le cadre du
scénario 2.
16.2 Scénario 2
Les modifications de flux sous ce scénario
différeront très peu de celles du scénario
précédent puisque le reste de la CEDEAO ici non concerné
par l'APE ne représente que 2% des importations du pays.
Les nouveaux tarifs UE (officiels comme appliqués) sont
ceux en vigueur dans l'UEMOA. Cela se traduira par une augmentation des
importations en provenance de l'UE, de 59% ou
de 32% selon les hypothèses d'élasticité,
soit une augmentation totale des importations de 19% ou de 10% toujours selon
les hypothèses.
M0 ç 0
Tableau 15 Modification du volume des importations sous
le scénario 2
- 1
M0 ç=0 t ç
0
-
t1
ç
|
|
M1
|
dM
|
M1
|
dM
|
M1
|
dM
|
UEMOA
|
226
|
226
|
0%
|
226
|
0%
|
226
|
0%
|
Reste CEDEAO
|
15
|
15
|
0%
|
15
|
0%
|
15
|
0%
|
UE
|
212
|
212
|
0%
|
338
|
59%
|
280
|
32%
|
Reste du monde
|
186
|
186
|
0%
|
186
|
0%
|
186
|
0%
|
Indéterminé
|
12
|
12
|
0%
|
12
|
0%
|
12
|
0%
|
Total
|
651
|
651
|
0%
|
777
|
19%
|
719
|
10%
|
|
Entre catégories de produits, cette augmentation des
importations de l'UE se répartit de la façon suivante:
Tableau 16 : Modification du volume des importations
UE par catégorie de produit sous le scénario 2
t
ç = - ç = -1
0
t 1
|
|
M1
|
dM
|
M1
|
dM
|
M1
|
dM
|
Catégorie 0
|
26
|
26
|
0%
|
26
|
0%
|
26
|
0%
|
Catégorie 1
|
83
|
83
|
0%
|
121
|
46%
|
105
|
27%
|
Catégorie 2
|
41
|
41
|
0%
|
64
|
56%
|
56
|
37%
|
Catégorie 3
|
62
|
62
|
0%
|
127
|
105%
|
93
|
50%
|
Total
|
212
|
212
|
0%
|
338
|
59%
|
280
|
32%
|
|
Les plus importantes augmentations de volumes proviendront
des catégories 3 et 2. On n'observe pas d'augmentation sensible des
importations de la catégorie 0 tandis que celles de la catégorie
1 est relativement importante quoique moins forte que pour les
catégories 2 et 3. Au total, l'APE se traduira par une plus forte
modification des flux d'importation de produits finis voire semi-finis et une
plus faible augmentation des importations d'équipements en provenance de
l'UE ainsi que des biens sociaux.
16.3 Scénario 3
Dans l'éventualité d'une non signature d'APE
par les organismes sous-régionaux d'intégration (UEMOA, CEDEAO),
il ne devrait pas se produire de modification de flux d'échanges
commerciaux. Mais, si l'arrangement TSA est remis en cause, les exportations du
Mali vers l'UE pourraient diminuer en raison des barrières tarifaires et
non tarifaires que l'UE serait amenée à ériger contre
elles. Mais cet impact négatif ne devrait pas être trop important
puisque les exportations des PMA sont depuis longtemps en franchise de droit de
douane et de contingent sur les marchés de l'OCDE. Néanmoins, ces
éventuelles représailles de l'UE
annihileraient toute opportunité de nouveaux
créneaux d'exportation notamment les produits manufacturés et par
conséquent diminueraient l'attrait de nouveaux investisseurs
étrangers dans le pays.
16.4 Scénario 4
L'UEMOA pourrait redouter la signature d'un APE au motif des
pertes de recettes fiscales et considérant qu'elle
bénéficie déjà des mêmes avantages que sous
l'initiative TSA, à la seule exception de la Côte d'Ivoire, seul
non PMA de l'Union. Si alors, le reste de la CEDEAO conclut l'APE, les
exportations européennes dans cet espace pourraient se substituer
à celles de l'UEMOA e.g. les exportations maliennes de bétail et
dérivées par la viande et la volaille d'Europe.
16.5 Scénario 5
En cas de rejet de la proposition européenne d'APE de
la part des Etats d'Afrique de l'Ouest qui choisiraient plutôt d'achever
leur processus d'intégration régionale, on assisterait à
une intensification des échanges commerciaux dans cette nouvelle Union
avec probablement le Nigeria comme principal fournisseur au détriment de
l'UE.
L'impact de cette éventualité se traduirait,
sous l'hypothèse de non modification des recettes fiscales, par une
augmentation de seulement 2% du volume total des importations pour un
accroissement de 87% des importations du reste de la CEDEAO. Ainsi, la
modification des flux commerciaux est plus importante en cas d'APE que sous la
seule intégration sous- régionale achevée.
Tableau 17 : Modification du volume des importations
sous le scénario 5
- 1
M0 ç=0 t ç
0
-
t1
ç
|
|
M1
|
dM
|
M1
|
dM
|
M1
|
dM
|
UEMOA
|
226
|
226
|
0%
|
226
|
0%
|
226
|
0%
|
Reste CEDEAO
|
15
|
15
|
0%
|
28
|
87%
|
15
|
0%
|
UE
|
212
|
212
|
0%
|
212
|
0%
|
212
|
0%
|
Reste du monde
|
186
|
186
|
0%
|
186
|
0%
|
186
|
0%
|
Indéterminé
|
12
|
12
|
0%
|
12
|
0%
|
12
|
0%
|
Total
|
651
|
651
|
0%
|
664
|
2%
|
651
|
0%
|
|
L'augmentation des importations du reste de la CEDEAO se fera
essentiellement par les produits des catégories 3 (109%) et 1 (100%)
pour seulement 60% dans le cas de la catégorie 2 et aucun changement
pour la catégorie 0.
Tableau 18 : Modification du volume des importations
reste CEDEAO sous le scénario 5
- 1
M0 ç = 0 t ç
0
-
t1
ç
|
|
M1
|
dM
|
M1
|
dM
|
M1
|
dM
|
Catégorie 0
|
0.5
|
0.5
|
0%
|
0.5
|
0%
|
0.5
|
0%
|
Catégorie 1
|
4.0
|
4.0
|
0%
|
8.0
|
100%
|
4.0
|
0%
|
Catégorie 2
|
5.0
|
5.0
|
0%
|
8.0
|
60%
|
5.0
|
0%
|
Catégorie 3
|
5.5
|
5.5
|
0%
|
11.5
|
109%
|
5.5
|
0%
|
Total
|
15.0
|
15.0
|
0%
|
28
|
59%
|
15.0
|
0%
|
|
Cette augmentation des importations en provenance de la
CEDEAO pourrait s'accompagner d'une diminution des importations des autres
zones dont l'UE par effet de substitution. Cela se traduira par une diminution
des recettes fiscales. L'impact serait plus important que dans les
scénarios 1 et 2 si l'on n'imagine pas de négociations d'exclure
certains produits du champ de la libéralisation commerciale dans
l'espace CEDEAO.
17. L'impact sur les
recettes fiscales liées aux
importations
17.1 Les recettes douanières perçues sur
les produits importés de la zone euro
En 2003, l'UE a représenté 23% des recettes
fiscales sur les importations du Mali, soit un peu moins du poids de la zone au
prorata du volume des importations (32.5%). Par contre, au seul regard de la
fiscalité de porte (droits liquidés moins la fiscalité
intérieure), la zone fournit 32.5% du total de cette catégorie de
taxe. Ainsi, sur les 182 milliards de francs cfa de droits en 2003, l'UE a
représenté 42 milliards et sur les 52 milliards de francs cfa de
droits de porte, elle a représenté 17 milliards.
Tableau 19 : L'UE dans les importations et recettes
fiscales du Mali en 2003 (Millions de francs cfa)
Catégorie
|
Zone
|
Importation
|
Droits
|
Porte
|
Intérieur
|
Lignes
|
0
|
UEMOA
Reste CEDEAO UE
Reste du monde Indéterminé
|
783 410 26 338 7 095 87
|
21 15 558 125
5
|
13 8 397 96 2
|
8 7
161
29
3
|
15
6 44 34
10
|
Total 0
|
|
34 712
|
723
|
516
|
207
|
49
|
1
|
UEMOA
|
66 173
|
16 461
|
2 635
|
13 826
|
273
|
|
Reste CEDEAO
|
3 959
|
450
|
181
|
269
|
141
|
|
UE
|
82 511
|
12 142
|
3 885
|
8 258
|
770
|
|
Reste du monde
|
61 329
|
8 614
|
3 002
|
5 612
|
572
|
|
Indéterminé
|
5 047
|
847
|
249
|
598
|
248
|
Total 1
|
|
219 020
|
38 514
|
9 951
|
28 563
|
1 003
|
2
|
UEMOA
|
91 241
|
61 085
|
8 781
|
52 303
|
209
|
|
Reste CEDEAO
|
4 906
|
1 557
|
511
|
1 046
|
119
|
|
UE
|
40 971
|
7 311
|
3 070
|
4 241
|
437
|
|
Reste du monde
|
49 414
|
10 472
|
4 797
|
5 675
|
427
|
|
Indéterminé
|
2 794
|
665
|
248
|
417
|
248
|
Total 2
|
|
189 326
|
81 090
|
17 407
|
63 683
|
596
|
3
|
UEMOA
|
67 481
|
11 259
|
664
|
10 596
|
515
|
|
Reste CEDEAO
|
5 322
|
1 791
|
856
|
935
|
339
|
|
UE
|
61 720
|
21 677
|
9 574
|
12 103
|
1 039
|
|
Reste du monde
|
68 689
|
25 204
|
12 507
|
12 696
|
1 126
|
|
Indéterminé
|
4 434
|
1 478
|
668
|
810
|
608
|
Total 3
|
|
207 646
|
61 408
|
24 268
|
37 140
|
1 478
|
|
UEMOA
|
225 678
|
88 826
|
12 093
|
76 733
|
1 012
|
|
Reste CEDEAO
|
14 597
|
3 813
|
1 556
|
2 257
|
605
|
|
UE
|
211 540
|
41 688
|
16 926
|
24 762
|
2 290
|
|
Reste du monde
|
186 527
|
44 414
|
20 402
|
24 012
|
2 159
|
|
Indéterminé
|
12 361
|
2 995
|
1 167
|
1 828
|
1 114
|
Total général
|
|
650 703
|
181 736
|
52 143
|
129 592
|
3 126
|
|
La sous représentation globale de l'UE dans les droits
de douane est provoquée par les importations de biens de
catégorie 2 et accessoirement de la catégorie 1. Pour la
catégorie 2, l'UE représente 9% de la fiscalité totale
alors qu'elle fournit 22% des importations et pour la catégorie 1, elle
représente 32% des droits perçus sur 38% des importations. A
l'opposé, les produits de la catégorie 3 de l'UE fournissent
proportionnellement plus de recettes fiscales qu'elles ne représentent
dans le volume des importations du Mali de ces produits toute origine
confondue. Ainsi, pour 30% des importations, l'UE pourvoie 35% des droits
liquidés à raison de 39% de la fiscalité de porte et 33%
de la fiscalité intérieure.
En général, le déséquilibre entre
le poids dans les importations et le poids dans les recettes fiscales
s'explique par le poids de l'UEMOA dans chaque catégorie de produits et
le fait qu'environ 2% des importations européennes ne supportent aucun
droit, ni de porte, ni intérieur et une autre fraction supportant des
droits intérieurs sans droit de douane.
Tableau 20 : Importations UE exonérées
de tout droit en 2003
Catégorie de produit Lignes Importation
%Importations
totales
0 4 4 565 100 0.02%
1 39 3 347 961 572 4.06%
2 23 104 161 204 0.25%
3 51 488 778 300 0.79%
Total 117 3 945 466 176 1.87%
Les principaux produits concernés sont:
Catégorie 0:
· Dictionnaires et encyclopédies
· Globes
· Livres et brochures
· Plans et dessins d'architecte
|
|
Catégorie 2:
· Accessoires de machine
· Jambières
· Courroies de transmission
· Lessives
|
Catégorie 1:
|
|
Catégorie 3:
|
· Hydrure
|
|
· Pois
|
· Nitrure
|
|
· Pâte à modeler
|
· Azoture
|
|
· Mèche tissée
|
· Autres zingués
|
|
· Matières textiles
|
· Elevateurs et brûleurs
|
|
· Verrerie de signalisation
|
· Grues sur portique
|
|
· Métaux précieux
|
· Couveuses et éleveuses
|
|
· Cadre pour photographie
|
· Caméra de télé
|
|
· Revolver et pistolet
|
· Véhicule aérien
|
|
· Fusil
|
· Escalier mécanique
|
|
· Ecran de projection
|
· Appareil de diagnostic
|
|
· Projecteur de diapo
|
|
|
· Machine à écrire automatique
|
|
Tableau 21 : Importations UE exonérées
de droit de porte mais soumises à droit intérieur
Catégorie Lignes Intérieur Taux intérieur
Importation %Importations totales
0
|
0
|
|
|
|
0.00%
|
1
|
1
|
2 049 678
|
18%
|
11 387 100
|
0.01%
|
2
|
0
|
|
|
|
0.00%
|
3
|
2
|
2 699 196
|
18%
|
14 995 532
|
0.02%
|
Total
|
3
|
4 748 874
|
18%
|
26 382 632
|
0.01%
|
|
Les 3 lignes tarifaires concernées par cette situation ne
totalisent que 26 millions de francs cfa. Ce sont:
Catégorie 1:
· Acide oléique Catégorie 3:
· Peinture et vernis à base de polyester
· Fonte, fer et acier obtenus à froid
A titre comparatif, la situation des exonérations des
produits importés de la zone UEMOA se présente comme suit:
Tableau 22 : Exonération fiscale des
importations de l'UEMOA
Catégorie de produit Lignes Importation %Importations
totales
0 6 115 396 400 14.75%
1 31 176 668 108 0.27%
2 25 189 564 960 0.21%
3 24 344 884 080 0.51%
Total 86 826 513 548 0.37%
Ici, les principaux produits sont:
Catégorie 0:
|
|
Catégorie 2:
|
· Vaccins
|
|
· Mortier et béton
|
· Contraceptifs et préservatifs
|
|
· Carton ondulé
|
· Livres et brochures
|
|
· Poulies
|
Catégorie 1:
|
|
Catégorie 3:
|
· Plantes
|
|
· Coffrage
|
· Nitrate d'ammonium
|
|
· Tuiles
|
· Dynamite
|
|
· Tissus imprégnés
|
· Mèche de sûreté
|
|
· Imprimés à caractère
administratif
|
· Grues à tour
|
|
· Ondulées
|
|
|
· Statuettes
|
|
Contrairement à l'UE, environ 4% des importations en
provenance de l'UEMOA sont exonérées de droit de douane mais
soumis à la fiscalité intérieure .
Tableau 23 : Importations UEMOA
exonérées de droit de porte mais soumises à droit
intérieur
Catégorie Lignes Intérieur Taux intérieur
Importation %Importations totales
0 0 0.00%
1 8 90 972 757 18% 505 404 174 0.76%
2 21 91 489 670 16% 564 430 137 0.62%
3 88 1 402 513 870 18% 7 690 336 456 11.40%
Total 117 1 584 976 297 18% 8 760 170 767 3.88%
Les principaux produits concernés sont:
Catégorie 1
· Polyméthacrylate de méthyle
· Pièces de véhicule à traction
animale
· Chaudière
|
Catégorie 2:
· Préparation pour alimentation des enfants
· Farine
· Amidon
· Hypochlorurie de sodium
· Laque colorante
|
Catégorie 3:
· Préparation de bouillon
· Nattes
· Cigarettes.
|
·
|
Au-delà des exonérations dont
bénéficient 2% des importations en provenance de l'UE, le
déséquilibre entre le poids des importations et le poids des
recettes fiscales résulte aussi du fait que 19 des 2 290 lignes
tarifaires totalisent à elles seules 44% de la fiscalité de porte
et 46% de la fiscalité intérieure, soit au total 45% des droits
liquidés .
Tableau 24 : Les importations en provenance de l'UE
les plus pourvoyeuses de recettes fiscales
Lignes Importation Droit de porte Taxe intérieure
Recettes totales
Catégorie Nombr % Millions fcfa % Millions fcfa %
Millions fcfa % Millions fcfa %
e
0
|
3
|
7%
|
23
|
082
|
88%
|
|
348
|
88%
|
87
|
54%
|
|
435
|
78%
|
1
|
5
|
1%
|
21
|
157
|
26%
|
1
|
309
|
34%
|
2 921
|
35%
|
4
|
230
|
35%
|
2
|
6
|
1%
|
14
|
073
|
34%
|
1
|
113
|
36%
|
1 082
|
26%
|
2
|
195
|
30%
|
3
|
5
|
0%
|
21
|
826
|
35%
|
4
|
609
|
48%
|
7 202
|
60%
|
11
|
811
|
54%
|
Total
|
19
|
1%
|
80
|
138
|
38%
|
7
|
379
|
44%
|
11 291
|
46%
|
18
|
670
|
45%
|
|
Les 3 produits de la catégorie 0 sont des
médicaments et vaccins qui supportent environ 1.5% de droit de douane et
0.4% de fiscalité intérieure. Les 5 lignes tarifaires de la
catégorie 1 supportent un droit de douane de 7% et une fiscalité
intérieure d'environ 18%. Ce sont:
· les produits laitiers vendus en pharmacie
· les préparations à base de lait
· les insecticides à usage agricole
· les tracteurs pour semi-remorques
· le blé dur.
Les droits appliqués aux 6 produits de la
catégorie 2 sont quelque peu variables allant de 5% (pour la poudre pour
fabrication de bouillon) à 18% (pour l'arôme pour l'industrie
alimentaire) pour le droit de douane et de 3% (autres appareils pour
télé) à 18% (arôme pour l'industrie alimentaire) au
titre de la fiscalité intérieure.
Tableau 25 : Taux de fiscalité sur les principaux
produits de la catégorie 2
Produit
|
Droit de douane
|
Droit intérieur
|
Autres antennes et réflecteurs
|
8%
|
4%
|
Poudre pour fabrication de bouillons
|
5%
|
6%
|
Arôme pour industrie alimentaire
|
12%
|
1 8%
|
Pneumatiques pour autobus
|
11 %
|
17%
|
Carte munie de circuit intégré
|
11%
|
13%
|
Autres appareils pour télé
|
8%
|
3%
|
|
Quelques produits apparaissent comme stratégiques
compte tenu de leur apport en terme de fiscalité de port et de TVA
qu'ils subissent. La fiscalisation des 5 produits de la catégorie 3 se
présente comme suit:
Tableau 26 : Taux de fiscalité sur les principaux
produits de la catégorie 3
Produit
|
Droit de douane
|
Droit intérieur
|
Cigarettes
|
22%
|
42%
|
Farine de blé
|
22%
|
1 8%
|
Sucre en poudre ou granulée
|
20%
|
1 6%
|
Autres véhicules pour transport sur gazon/neige
|
19%
|
1 6%
|
Articles de friperie
|
22%
|
18%
|
|
A titre de comparaison, ce sont 14 des 1 012 lignes
tarifaires de produits en provenance de l'UEMOA qui totalisent 52% des
importations en provenance de cette zone et qui représentent 84% des
recettes perçues sur les importations d'origine UEMOA, soit 87% des
recettes de porte et 83% des recettes intérieures, toujours sur les
importations en provenance de cette zone.
Tableau 27 : Les importations en provenance de l'UEMOA
les plus pourvoyeurs de recettes fiscales
Lignes Importation Droit de porte Taxe intérieure
Recettes totales
Catégorie Nombre % Millions % Millions % Millions %
Millions %
fcfa fcfa fcfa fcfa
0 1 7% 10 1% 0 2% 2 23% 2 10%
1
|
4
|
1%
|
36 726
|
56%
|
2 108
|
80%
|
13 161
|
95%
|
15 268
|
93%
|
2
|
4
|
2%
|
79 193
|
87%
|
8 375
|
95%
|
50 259
|
96%
|
58 633
|
96%
|
3
|
5
|
1%
|
1 413
|
2%
|
21
|
3%
|
542
|
5%
|
563
|
5%
|
Total
|
14
|
1%
|
117 342
|
52%
|
10 503
|
87%
|
63 963
|
83%
|
74 466
|
84%
|
|
Dans l'ensemble, ces produits supportent 9% de droit de
douane et 50% de droit intérieur. Le produit de la catégorie 0
est représenté par du papier journal sur lequel est assis un
droit de douane de 2% et une taxe intérieure de 18%. A l'exception du
sel (exonéré de droit de douane mais supportant une
fiscalité intérieure de 30%), les 3 autres produits de la
catégorie 1 sont taxés à 6% de droit de douane et soumis
à une fiscalité intérieure de 19% pour le fuel- oil
domestique, 34% pour le pétrole lampant et 35% pour le fuel-oil
léger.
Les biens de la catégorie 2 sont essentiellement
constitués d'hydrocarbures fortement taxées :
· gas-oil, 11% de droit de douane et 45% de droit
intérieur
· essence ordinaire, 11% de droit de douane et 87% de droit
intérieur
· super carburant, 11% de droit de douane et 109% de droit
intérieur
· lubrifiant, 2% de droit de douane et 18% de droit
intérieur.
Les 6 produits de la catégorie 3 supportent de
très faibles droits de douane (maximum 1% pour l'eau
minérale/gazéfiée) avec un droit intérieur de 17%
pour la noix de cola et de 18% pour les autres (poudre cosmétique,
cigarettes, bière et whiskies).
17.2 Effet statique global
Une des méthodes d'estimation de l'effet sur les
recettes douanières de la signature de l'APE est de maintenir constantes
les importations (volume et valeur) et simplement de changer les tarifs actuels
en ceux qui seront appliqués sous l'APE. Cela présuppose
l'inélasticité parfaite des courbes d'offre et de demande. La
différence entre les recettes actuelles et les recettes estimées
obtenues sous l'application des nouveaux tarifs sous l'APE est l'effet fiscal
statique. En procédant à ce calcul pour toutes les lignes
tarifaires HS, et en additionnant le changement net de recettes, il est
possible de capter l'effet fiscal statique de toutes les importations.
Une hypothèse clé est que la même
proportion de commerce sera sujette à droit de douane sous l'APE que
sous le système actuel. La variation de recettes est simplement
égale à la différence entre les recettes attendues sous
l'APE et les recettes théoriques i.e. celles qui auraient
été obtenues si les tarifs officiels avaient été
strictement appliqués. Ainsi, sur les données de 2003, la perte
de recettes aurait été de 27 milliards sous le scénario 1,
de 25 milliards sous le scénario 2 et de 2 milliards sous le
scénario 5. Encore une fois, ces variations de recettes sont
calculées non pas par rapport aux recettes perçues mais par
rapport aux recettes qui auraient été perçues par simple
application des tarifs officiels..
Tableau 28 : Variations de recettes par rapport au
tarif officiel (millions fcfa et %)
Catégorie Recettes
théoriques
|
Recettes sous APE Variation de recettes
|
|
|
|
|
Sc. 1
|
Sc. 2
|
Sc. 5
|
Sc. 1
|
Sc. 2
|
Sc. 5
|
Sc. 1
|
Sc. 2
|
Sc. 5
|
0
|
1
|
096
|
1
|
094
|
1
|
094
|
1
|
096
|
|
- 2
|
|
- 2
|
0
|
-0.2%
|
-0.2%
|
0.0%
|
1
|
45
|
004
|
40
|
003
|
40
|
218
|
44
|
789
|
- 5
|
001
|
- 4
|
786
|
- 215
|
-11.1%
|
-10.6%
|
-0.5%
|
2
|
82
|
539
|
77
|
091
|
77
|
689
|
81
|
941
|
- 5
|
448
|
- 4
|
850
|
- 598
|
-6.6%
|
-5.9%
|
-0.7%
|
3
|
80
|
776
|
64
|
225
|
65
|
484
|
79
|
517
|
- 16
|
551
|
- 15
|
292
|
- 1 259
|
-20.5%
|
-18.9%
|
-1.6%
|
|
|
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total
|
209
|
415
|
182
|
414
|
184
|
485
|
207
|
343
|
- 27
|
001
|
- 24
|
930
|
- 2 072
|
-12.9%
|
-11.9%
|
-1.0%
|
|
Les pertes de recettes seraient ainsi d'environ 13% sous le
scénario 1, 12% sous le scénario 2 et 1% sous le scénario
5. Quel que soit le scénario, les plus fortes pertes sont
occasionnées par les produits de la catégorie 3, celle des
produits finis.
Il faut toutefois relativiser ces pertes vu la non
application stricte des tarifs officiels, toutes les importations
n'étant pas soumises au droit de douane. La principale raison à
cela vient des exonérations accordées sous le Code des
investissements et autres régimes fiscaux spécifiques. Ainsi,
toujours en 2003, les droits perçus ont été non pas de 209
milliards mais de 182 milliards de francs cfa, soit un différentiel de
27 milliards représentant 13% des droits dus.
Ainsi, pour éviter de surestimer les recettes à
percevoir sous l'APE, il est nécessaire de s'approcher du droit de
douane effectivement appliqué. Ceci peut être fait en calculant le
taux d'application, qui représente les recettes actuelles
collectées divisées par les recettes qui auraient
été perçues si toutes les importations avaient
été soumises au droit de douane.
Tableau 29 : Taux d'application des tarifs
officiels
Catégorie
|
Importation
|
|
|
Recettes théoriques
|
|
|
Recettes perçues
|
|
Taux d'application
|
|
|
Porte
|
Intérieur
|
Total
|
Porte
|
Intérieur
|
Total
|
Porte
|
Intérieur
|
Total
|
0
|
34
|
712
|
|
870
|
|
226
|
1
|
096
|
|
516
|
|
207
|
|
723
|
59%
|
92%
|
66%
|
1
|
219
|
019
|
12
|
765
|
32
|
239
|
45
|
004
|
9
|
952
|
28
|
562
|
38
|
514
|
78%
|
89%
|
86%
|
2
|
189
|
326
|
13
|
689
|
68
|
850
|
82
|
539
|
17
|
407
|
63
|
683
|
81
|
090
|
127%
|
92%
|
98%
|
3
|
207
|
646
|
33
|
224
|
47
|
552
|
80
|
776
|
24
|
268
|
37
|
140
|
61
|
408
|
73%
|
78%
|
76%
|
Total
|
650
|
703
|
60
|
548
|
148
|
867
|
209
|
415
|
52
|
143
|
129
|
592
|
181
|
735
|
86%
|
87%
|
87%
|
|
Tandis que les produits de la catégorie 2 sont plus
strictement taxés (98% de taux d'application pour une sur-taxation de
porte (de plus de 27% en raison des produits pétroliers) et une
fiscalisation intérieure appliquée à 92%), les produits de
la catégorie 3 ne sont taxés qu'à 76% des tarifs
affichés, soit un manque à gagner de 24%.
Corrigées de ces taux d'application (aussi bien dans
la situation actuelle que sous APE), les pertes de recettes sous l'APE se
chiffrent à près de 18 milliards de francs cfa sous le
scénario 1, à environ 16 milliards sous le scénario 2 et
plus d'un milliard sous le scénario 5.
Tableau 30 : Pertes de recettes corrigées des
taux d'application des tarifs officiels
Catégorie Recettes
perçues
|
Recettes sous APE Variation de recettes
|
|
|
|
|
Sc. 1 Sc. 2 Sc. 5 Sc. 1 Sc. 2 Sc. 5 Sc. 1 Sc. 2 Sc. 5
0
|
|
723
|
|
638
|
|
634
|
|
727
|
|
-85
|
|
-89
|
4
|
-12%
|
-12%
|
1%
|
1
|
38
|
514
|
35
|
587
|
35
|
658
|
38
|
442
|
-2
|
927
|
-2
|
856
|
-72
|
-8%
|
-7%
|
0%
|
2
|
81
|
090
|
77
|
865
|
78
|
385
|
80
|
570
|
-3
|
225
|
-2
|
705
|
-520
|
-4%
|
-3%
|
-1%
|
3
|
61
|
408
|
49
|
774
|
50
|
684
|
60
|
498
|
-11
|
634
|
-10
|
724
|
-910
|
-19%
|
-17%
|
-1%
|
Total
|
181
|
735
|
163
|
864
|
165
|
361
|
180
|
237
|
-17
|
871
|
-16
|
374
|
-1 498
|
-10%
|
-9%
|
-1%
|
|
Ainsi, si les mêmes systèmes
d'exonération et d'exemption se maintenaient, les pertes de recettes
seraient de 10% sous le scénario 1, 9% sous le scénario 2 et 1%
sous les scénario 5. Dans le contexte actuel donc, les pertes de
recettes fiscales liées aux importations seraient non pas de 27
milliards de francs cfa sous le scénario 1 mais plutôt d'environ
18 milliards sous ce même scénario.
Pour réduire davantage les pertes de recettes
fiscales, il faudrait une plus stricte application des tarifs officiels,
notamment sur les produits de la catégorie 3 pour laquelle
catégorie le taux d'application moyen est de 76%. En d'autres termes, si
l'abattement tarifaire s'accompagnait d'une plus grande maîtrise des
exonérations et autres exemptions, il n'y aurait alors qu'une faible
perte de recettes fiscales liées aux importations estimée
à moins d'un milliard de francs cfa, dans l'éventualité
d'une signature d'APE avec la CEDEAO (scénario 1).
Tableau 31 : Pertes de recettes avec application
stricte des tarifs APE
Catégorie Recettes
perçues
|
Recettes sous APE Variation de recettes
|
|
En valeur En pourcentage
|
|
|
|
|
Sc. 1 Sc. 2 Sc. 5 Sc. 1 Sc. 2 Sc. 5 Sc. 1 Sc. 2 Sc. 5
0
|
|
723
|
|
352
|
|
352
|
|
350
|
-371
|
|
-371
|
-373
|
-51%
|
-51%
|
-52%
|
1
|
38
|
514
|
37
|
025
|
36
|
810
|
32
|
239
|
-1 489
|
-1
|
704
|
-6 275
|
-4%
|
-4%
|
-16%
|
2
|
81
|
090
|
85
|
089
|
84
|
491
|
80
|
239
|
3 999
|
3
|
401
|
-851
|
5%
|
4%
|
-1%
|
3
|
61
|
408
|
58
|
591
|
57
|
332
|
43
|
299
|
-2 817
|
-4
|
076
|
-18 109
|
-5%
|
-7%
|
-29%
|
Total
|
181
|
735
|
181
|
057
|
178
|
985
|
156
|
127
|
-678
|
-2
|
750
|
-25 608
|
0%
|
-2%
|
-14%
|
|
Toute augmentation du taux d'application actuel (en moyenne
de 87%) entraînerait une réduction sensible des pertes de recettes
fiscales liées aux importations. De telles pertes pourraient davantage
s'amenuiser si le libre-échange s'accompagnait d'un accroissement du
volume des importations.
Toutefois cette hypothèse d'application stricte des
nouveaux tarifs APE est peu vraisemblable, les exonérations et
exemptions correspondant à des contingences politiques et
économiques auxquelles le gouvernement ne peut pas toujours faire
face.
sucre de betterave et de canne
brisure de riz riz paddy, cargo et blanchi
lait en poudre farine de blé blé
huile de palme huiles de tournesol tomates
préparées autres poissons congelés semences de pomme de
terre sardines congelées
huiles de soja autres laits autres produits yoghurt et fromages
plantain
maïs
semences d'oignons poulet frais abats de poulet
17
|
01
|
99
|
20
|
488
|
822
|
541
|
30,0%
|
3
|
742
|
690
|
298
|
18%
|
10
|
06
|
40
|
11
|
760
|
444
|
703
|
17,2%
|
|
46
|
747
|
769
|
0%
|
10
|
06
|
30
|
11
|
243
|
335
|
655
|
16,4%
|
|
30
|
102
|
109
|
0%
|
04
|
02
|
29
|
7
|
604
|
112
|
187
|
11,1%
|
6
|
696
|
340
|
187
|
88%
|
11
|
01
|
00
|
5
|
899
|
193
|
996
|
8,6%
|
5
|
451
|
637
|
489
|
92%
|
10
|
01
|
90
|
2
|
965
|
899
|
204
|
4,3%
|
2
|
948
|
414
|
343
|
99%
|
15
|
11
|
90
|
2
|
957
|
135
|
482
|
4,3%
|
|
18
|
103
|
712
|
1%
|
15
|
12
|
29
|
1
|
775
|
452
|
201
|
2,6%
|
|
3
|
965
|
993
|
0%
|
20
|
02
|
90
|
|
962
|
497
|
598
|
1,4%
|
|
748
|
942
|
974
|
78%
|
03
|
03
|
79
|
|
875
|
996
|
809
|
1,3%
|
|
|
|
-
|
0%
|
07
|
01
|
10
|
|
577
|
271
|
585
|
0,8%
|
|
577
|
271
|
585
|
100%
|
03
|
03
|
71
|
|
274
|
760
|
377
|
0,4%
|
|
1
|
062
|
700
|
0%
|
15
|
07
|
90
|
|
234
|
183
|
660
|
0,3%
|
|
83
|
272
|
230
|
36%
|
04
|
02
|
99
|
|
228
|
954
|
239
|
0,3%
|
|
33
|
152
|
996
|
14%
|
|
|
|
|
200
|
634
|
114
|
0,3%
|
|
13
|
896
|
322
|
7%
|
04
|
06
|
90
|
|
149
|
342
|
119
|
0,2%
|
|
114
|
886
|
718
|
77%
|
08
|
03
|
00
|
|
74
|
848
|
009
|
0,1%
|
|
|
|
-
|
0%
|
10
|
05
|
90
|
|
51
|
624
|
261
|
0,1%
|
|
|
|
-
|
0%
|
07
|
03
|
10
|
|
25
|
575
|
358
|
0,0%
|
|
|
|
-
|
0%
|
02
|
07
|
11
|
|
16
|
944
|
500
|
0,0%
|
|
|
|
-
|
0%
|
02
|
07
|
14
|
|
13
|
140
|
334
|
0,0%
|
|
|
|
-
|
0%
|
|
17.3 Effet statique pour le secteur agro-alimentaire
Compte tenu du caractère particulièrement sensible
du secteur agricole, une attention particulière y est portée.
17.1.1. L'assiette de taxation
Tableau 32 : Le détail des importations
agro-alimentaires
code nomenclature 6 chiffres
|
valeur des importations en FCFA
|
% de la valeur totale
des importations agroalimentaire
|
en provenance de l'UE en FCFA
|
% d'importation en provenance de l'UE
|
|
s
code nomenclature 6 chiffres
|
valeur des importations en FCFA
|
% de la valeur totale
des importations agroalimentaire
|
en provenance de l'UE en FCFA
|
% d'importation en provenance de l'UE
|
|
s
poulet congelé
|
02
|
07
|
12
|
|
11
|
710
|
353
|
0,0%
|
|
|
373
|
584
|
3%
|
Poussins
|
01
|
05
|
11
|
|
9
|
652
|
075
|
0,0%
|
|
9
|
652
|
075
|
100%
|
Total
|
|
|
|
68
|
401
|
531
|
360
|
100%
|
20
|
520
|
513
|
084
|
30%
|
|
On note qu'aucune importation de blé dur n'est
mentionnée ni de viande ou d'animaux vivants. De même, les abats
de poulets sont quasiment inexistants des enregistrements douaniers.
Le sucre est le premier poste d'importation agro-alimentaire
du Mali. Sa valeur totale s'élève à plus de 20 milliards
de FCFA ce qui représente 30% de la valeur des importations agro-
alimentaires maliennes (hors boissons et tabacs). L'Union européenne ne
représente qu'une part mineure de ces importations (moins d'un
cinquième), ce qui traduit la montée en puissance du
Brésil sur le marché africain du sucre et la part prise par les
voisins du Mali qui se sont faits une spécialité de la
réexportation de sucre acheté probablement à l'origine
dans l'Union européenne.
Le riz est le deuxième poste d'importation
agro-alimentaire en valeur. Il ne concerne que très marginalement
l'Union européenne.
La faible vente de ces deux produits par l'Union
européenne conduit mécaniquement à une proportion
d'importation agro-alimentaire issue de l'Union européenne de seulement
30%, ce qui est quasiment équivalent à la part prise par l'UE
dans l'ensemble des importations maliennes. Mais si l'on considère les
importations agro-alimentaires en dehors de ces deux produits, la part prise
par l'Union européenne s'élève à
67%, ce qui est considérable.
Les relations commerciales avec l'Union européenne
représentent donc un enjeu crucial pour le secteur agricole. Par
exemple, les ventes de l'UE représentent 99%, 97%, 88%, 77% et 100% des
achats extérieurs maliens respectivement en blé, en farine de
blé, en poudre de lait, en autres produits laitiers et en poussins. Les
importations agro-alimentaires originaires de l'Union européenne - sans
inclure les réexportations qui ne se disent pas, de la part de pays de
l'Uemoa - représentent une valeur de 20 milliards FCFA, ce qui est
équivalent à 10% du déficit commercial du Mali.
La question des enregistrements
douaniers
La fiscalité est liée à la
catégorisation des produits et toute classification des produits suppose
que la provenance soit déclarée avec exactitude et que les
règles d'origine soient correctement appliquées. Or les origines
consignées dans les enregistrements douaniers s'avèrent
incertaines. Souvent on constate des droits de douane appliqués à
des produits mentionnés comme originaires de l'UEMOA. Pour le riz par
exemple, les plus gros tonnages « originaires » du
Sénégal ou de Côte d'Ivoire sont taxés à
10%.
Toutefois, deux erreurs peuvent se compenser: l'origine de la
brisure est probablement erronée et le taux en fonction de cette fausse
origine est appliqué à tort. Finalement, le riz se trouve sans
doute correctement taxé !
dénomination Code douanier Valeur déclarée
totale en 2003
paddy
riz décortiqué (cargo)
riz blanchi en vrac ou emballage de plus de 5 kg riz blanchi en
vrac ou emballage de moins de 5 kg brisure
10
|
06
|
10
|
90
|
00
|
|
4
|
930
|
800
|
10
|
06
|
20
|
00
|
00
|
|
44
|
810
|
449
|
10
|
06
|
30
|
10
|
00
|
11
|
182
|
518
|
340
|
10
|
06
|
30
|
90
|
00
|
|
11
|
076
|
066
|
10
|
06
|
40
|
00
|
00
|
11
|
760
|
444
|
703
|
|
Source douane, calculs iram-great
La catégorisation est parfois approximative. On peut
douter que la brisure soit le type de riz le plus importé au Mali or il
l'est en valeur, ce qui veut dire qu'il le serait en volume.
Ceci résulte sans doute de la stratégie des
importateurs qui tendent à minorer l'assiette de taxation des produits
en attribuant aux produits une moindre qualité et donc une plus faible
valeur marchande sur les déclarations en douane.
17.1.2. L'impact fiscal de la suppression des droits
perçus sur les importations agro- alimentaires
L'ensemble des droits perçus en 2003 sur ces importations
en provenance de l'Union européenne est de 6,8 milliards FCFA.
Hormis le blé, les semences (pomme de terre), la
poudre de lait et les poussins qui sont en catégorie 1, les autres
importations européennes sont dans la catégorie 3 (20% de DD). On
admet qu'avec la mise en place d'un libre-échange, la taxation sur ces
produits ne porterait que sur la redevance statistique, la TVA et le
prélèvement communautaire.
Les droits de douane seuls s'élèvent à 2,4
milliards mais la TVA s'appuyant en partie sur ces droits de douane, leur
suppression entraînerait également un manque à percevoir de
TVA.
En utilisant la formule classique de la pression fiscale de
porte, si on élimine les droits de douane des produits importés
de l'UE, la TVA appliquée à ces produits, passerait de 3,95
milliardsFCFA à 3,5 milliards, soit un manque à gagner de 430
millions. Il ne resterait donc que 3,9 milliards de droits de porte pour les
produits importés de l'UE (TVA, PS, PCS, DD).
Pour l'ensemble des importations agroalimentaires, le manque
à prélever dû à la suppression des droits sur les
importations directement en provenance de l'UE serait donc de 2,9
milliards FCFA sur un total initial de 20,5 milliards.
Mais se fier aux seules importations en provenance de l'Union
européenne serait une erreur.
Nous avons déjà fait allusion aux
difficultés de déterminer avec exactitude l'origine de certaines
marchandises déclarées provenir de l'UEMOA, donc de pays voisins
du Mali et qui sont manifestement issues de pays tiers.
Nous avons réalisé une correction de l'origine
des importations pour celles qui sont signalées originaires de l'UEMOA
et qui pourtant supportent des droits. On considère que dans le cas des
produits originaires de l'UEMOA, le droit de douane appliqué aurait du
être nul et que pour les produits manifestement originaires de pays
tiers, une part est originaire de l'UE. Cette part est estimée à
partir de la proportion des importations déclarées de l'UE dans
l'ensemble des importations de ce produit. Par exemple, les importations de
lait en poudre signalées originaires de l'UEMOA sont
considérées par nous originaires de l'UE. Après
correction, on se rend compte que le manque à prélever de la part
du Mali serait alors de 158 millions de FCFA sur un total actuel de recettes de
1,3 milliards.
Le manque à gagner serait donc au total d'un peu plus
de 3 milliards FCFA Les recettes de porte sur les importations
agro-alimentaires diminueraient donc au total de 15% avec l'introduction de
l'APE à volume d'importation constant.
Toutefois, il serait erroné de se limiter aux effets
uniquement en termes de recettes comme nous l'avons expliqué.
17.4 Effet dynamique
L'effet statique fiscal ne prend pas en compte l'effet de
changement dans les taux de droit de douane sur le comportement du consommateur
et du producteur, et donc sur le commerce. Bien entendu, un accroissement ou
une diminution dans le tarif fera changer le prix auquel les consommateurs
achètent les biens et auquel les producteurs les vendent. Il peut
être attendu que si l'application de nouveaux tarifs sous l'APE conduit
à une diminution des droits de douane plus que sous le système
actuel, les consommateurs vont réagir au prix bas par un accroissement
de leurs achats, les producteurs réagiront pour vendre moins et les
importations seront en conséquence majorées.
On peut dire globalement que l'effet de la baisse du tarif sur
les recettes de porte résulte de deux mouvements contraires: l'effet
net est tiré vers le haut par l'accroissement des importations suite
aux tarifs plus bas et vers le bas par des niveaux plus bas de tarifs. A ces
deux effets, il faut ajouter la diminution attendue de la
fraude et des exonérations, entraînant une amélioration de
la collecte des recettes.
L'estimation des effets dynamiques se fait par la prise en
compte des élasticités des importations par rapport à la
pression fiscale. De tels coefficients d'élasticité sont obtenus
sur des modèles économétriques pour lesquels l'on
disposerait d'une longue série d'observations qui malheureusement
n'existe pas au niveau de l'administration douanière ni auprès de
l'institut national de statistique. Dans les applications courantes, de tels
coefficients sont très proches de -1. Aussi l'effet dynamique sera-t-il
ici estimé sur la base de cette valeur standard.
Par rapport au tarif officiel, les pertes de recettes passent
de 27 milliards de francs cfa sous le scénario 1 à moins de 13
milliards sous le même scénario mais cette fois compte tenu de
l'accroissement du volume des importations induit par l'abattement
tarifaire.
Tableau 33 : Variations de recettes par rapport au
tarif officiel (millions fcfa et %)
Catégorie Recettes
théoriques
|
Recettes sous APE Variation de recettes
|
|
|
|
|
|
Sc.
1
|
|
Sc.
2
|
|
Sc.
5
|
|
Sc.
1
|
|
Sc.
2
|
Sc. 5
|
Sc. 1
|
Sc. 2
|
Sc. 5
|
0
|
1
|
096
|
1
|
096
|
1
|
096
|
1
|
096
|
|
0
|
|
0
|
0
|
0%
|
0%
|
0%
|
1
|
45
|
004
|
43
|
531
|
43
|
745
|
44
|
789
|
-1
|
473
|
-1
|
259
|
-215
|
-3%
|
-3%
|
0%
|
2
|
82
|
539
|
80
|
193
|
80
|
791
|
81
|
941
|
-2
|
346
|
-1
|
748
|
-598
|
-3%
|
-2%
|
-1%
|
3
|
80
|
776
|
71
|
908
|
73
|
167
|
79
|
517
|
-8
|
868
|
-7
|
609
|
-1 259
|
-11%
|
-9%
|
-2%
|
Total
|
209
|
415
|
196
|
727
|
198
|
799
|
207
|
343
|
- 12
|
688
|
-10
|
616
|
- 2 072
|
-6%
|
-5%
|
-1%
|
|
La limitation des pertes de recettes dans le cas dynamique
s'explique par l'effet positif de modification des flux commerciaux qui
réduit l'effet négatif de la pression fiscale. Mais, si l'on
tient compte des taux d'application effectifs des tarifs, les pertes de
recettes fiscales se situeraient à moins de 9 milliards de francs
cfa.
Tableau 34 : Variations de recettes compte tenu des
taux d'application avant et après APE
Catégorie Recettes
Perçues
|
Recettes sous APE Variation de recettes
|
|
|
|
|
|
|
|
Sc.
1
|
|
Sc.
2
|
|
Sc.
5
|
Sc. 1
|
Sc. 2
|
Sc. 5
|
Sc. 1
|
Sc. 2
|
Sc. 5
|
0
|
|
723
|
|
639
|
|
636
|
|
727
|
-84
|
-87
|
4
|
-12%
|
-12%
|
1%
|
1
|
38
|
514
|
37
|
775
|
37
|
847
|
38
|
442
|
-739
|
-667
|
-72
|
-2%
|
-2%
|
0%
|
2
|
81
|
090
|
79
|
506
|
80
|
027
|
80
|
570
|
-1 584
|
-1 063
|
-520
|
-2%
|
-1%
|
-1%
|
3
|
61
|
408
|
54
|
839
|
55
|
749
|
60
|
498
|
-6 569
|
-5 659
|
-910
|
-11%
|
-9%
|
-1%
|
Total
|
181
|
735
|
172
|
760
|
174
|
258
|
180
|
237
|
-8 975
|
-7 477
|
-1 498
|
-5%
|
-4%
|
-1%
|
|
Sous le scénario très vraisemblable de
signature de l'APE avec la CEDEAO, la perte de recettes ne dépasserait
guère les 9 milliards de francs cfa, ce qui représente 5% de
perte par rapport à la situation actuelle d'avant APE.
Partie 4 : L'effet
des APE sur la
production
Après avoir procédé à
l'évaluation de l'impact des APE sur les recettes fiscales liées
aux importations, il reste à analyser leurs effets possibles sur le
système productif. Avant d'analyser l'impact proprement dit sur la
compétitivité des activités sectorielles, les
modifications de la structure des incitations et de la protection seront
estimées. Au préalable, le système productif sera
présenté dans ses grandes caractéristiques.
18. Le secteur productif
malien
Il s'agit ici de rappeler les structures de production
existantes au Mali en termes d'infrastructures de production et de ressources
humaines. Ce rappel sera suivi de l'examen de la structure du régime
fiscal malien, dans ses taux et dans ses assiettes, lequel régime
constitue une des dimensions de l'environnement général des
entreprises. Enfin, le niveau de performance d'un échantillon
d'entreprises industrielles et agricoles sera présenté et
analysé.
18.1 Evaluation des structures de production
Tout d'abord, il faut rappeler qu'au plan
macro-économique, le Mali a enregistré un taux moyen annuel de
croissance de son PIB de 3.9% sur la période 1991 - 2001, taux
jugé insuffisant pour réduire significativement la
pauvreté et permettre un véritable décollage
économique. Toutefois, depuis la dévaluation du franc CFA en
janvier 1994, le taux de croissance a été relativement plus fort
que pendant la période précédente. Des taux plus
importants encore (plus de 6%) ont été enregistrés au
cours des quatre années qui suivirent la dévaluation, plus
particulièrement en 1995, 1997 et 1999. À partir de 2000, le taux
de croissance a ralenti suite aux difficultés de la filière coton
et de la baisse du cours de l'or, les deux principales exportations du pays.
La structure de la production nationale reste dominée
par l'agriculture. La diminution de la contribution de l'agriculture au PIB
s'est faite au profit des mines (qui passent de 2 % du PIB en 1990 à 11
% en 2001), des BTP (de 4 % à 6 %) et de l'électricité (de
1 à 2 %). La part de ce dernier secteur pourra augmenter encore
davantage avec l'entrée en production du barrage de Manantali depuis la
fin de 2002. Ainsi, au cours de la même période (1990-2001), la
croissance a été essentiellement induite par les mines (taux de
croissance de 22.8 %), l'électricité (7.5 %), les transports et
télécommunications (5.8 %) et les BTP (5.6 %).
Tableau 35 : Structure du PIB
Secteur
|
1990
|
1995
|
2001
|
Agriculture Elevage
|
25% 12%
|
27% 11%
|
20% 11%
|
Pêche
|
1%
|
1%
|
1%
|
Sylviculture et cueillette
|
|
|
|
|
6%
|
6%
|
6%
|
Mines
|
2%
|
2%
|
11%
|
Industrie manufacturière
|
8%
|
7%
|
6%
|
Electricité et eau
|
1%
|
1%
|
2%
|
BTP
|
4%
|
6%
|
6%
|
Commerce
|
1 8%
|
1 8%
|
17%
|
Transport et télécommunication
|
5%
|
5%
|
5%
|
Autres services
|
17%
|
1 6%
|
14%
|
|
Source: DNSI (2003), Comptes économiques du
Mal
En dehors de ces activités primaires (agriculture,
élevage et mines), le secteur productif malien se réduit à
une très faible industrie manufacturière avec des services
industriels tout aussi peu développés. Ainsi, le coton qui
représente environ 8 % du PIB ne connaît qu'une très faible
transformation industrielle (moins de 2 % de la production de fibre). Cette
transformation n'est assurée aujourd'hui que par deux unités
textiles, à savoir la Compagnie malienne des textiles (COMATEX) et
l'unité de filature (FITINA-SA) dont la production est essentiellement
tournée vers l'exportation. L'huilerie cotonnière du Mali
(HUICOMA) assure la transformation de la graine de coton en huile, en savon et
en aliment bétail.
Cette faible transformation industrielle des produits
primaires s'observe également dans la filière bétail
où l'on ne dénombre qu'un abattoir frigorifique à Bamako
pour une capacité de stockage de seulement 25 tonnes et deux
unités de fabrication de produits laitiers, GAM et Mali-Lait. Le
sous-produit peaux et cuirs (environ 2 % de la production de la filière)
est dominé par deux tanneries, TAMALI (pour les grands ruminants) et TAO
(pour les petits ruminants).
L'unique unité de fabrication de sucre (le complexe
industriel des usines de Dougabougou et de Séribala) produit seulement
30 000 tonnes par transformation de la canne à sucre cultivée
dans les périmètres irrigués de l'Office du Niger ainsi
que 200 hectolitres d'alcool et une faible production de mélasse
utilisée comme sous-produit dans la fabrication d'aliment
bétail.
Le recensement industriel 2001-2002 dénombre 243
entreprises dont 44% dans la seule branche des produits alimentaires et des
boissons.
Tableau 36 : Structure des entreprises industrielles
en 2002 (effectif, millions fcfa, %)
|
Effectif
|
|
Emploi
|
|
Valeur ajoutée
|
|
nombre
|
%
|
nombre
|
%
|
valeur %
|
Industrie extractive
|
7
|
3%
|
836
|
4%
|
82 875
|
34%
|
Alimentaires et boissons
|
108
|
44%
|
7 651
|
36%
|
39 456
|
16%
|
Textile
|
3
|
1%
|
1 391
|
6%
|
2 237
|
1%
|
Edition et imprimerie
|
35
|
14%
|
930
|
4%
|
4 427
|
2%
|
Fabrication de produits chimiques
|
16
|
7%
|
761
|
4%
|
4 312
|
2%
|
Matières plastiques
|
7
|
3%
|
641
|
3%
|
3 323
|
1%
|
Ouvrages en métaux
|
20
|
8%
|
567
|
3%
|
2 341
|
1%
|
Machines et matériels électriques
|
4
|
2%
|
542
|
3%
|
4 304
|
2%
|
Mobilier
|
13
|
5%
|
402
|
2%
|
642
|
0%
|
Autres
|
30
|
12%
|
7 764
|
36%
|
97 456
|
40%
|
Total
|
243
|
100%
|
21 485
|
100%
|
241 373
|
100%
|
|
Source: CPS/Industrie et commerce (2003): Recensement des
unités industrielles 2001-2002, Volume II - Résultats
bruts
On peut estimer à 4.6 millions de personnes la
population active du Mali en 2002, suivant les projections faites à
partir des données du recensement général de 1998. Avec un
taux de travail salarié d'environ 10% (6% pour les femmes et 14% pour
les hommes), il n'y aurait que 460 000 travailleurs salariés,
d'où une prédominance de l'auto emploi (notamment dans
l'agriculture et dans le secteur informel). Ainsi, une importante main-d'oeuvre
reste mobilisable dans de futurs projets d'investissement. A cela, il faut
ajouter les chômeurs qui représenteraient environ 15% de la
population active, notamment des jeunes sans emploi diplômés de
l'Université mais aussi des centres de formation professionnelle dont le
nombre a fortement augmenté suite à l'ouverture du secteur aux
exploitants privés.
En matière d'éducation et
d'alphabétisation, le Mali a fait des progrès appréciables
ces dix dernières années. Ainsi, le taux brut de scolarisation
dans le primaire est passé de 26 % en 1990 à 67 % en 2003 et le
taux net de 21% à 46%. Quant au taux d'alphabétisation des
adultes, il est estimé à 48% en 2003 contre 15% auparavant.
18.2 La fiscalité
La dernière réforme fiscale du Mali est
consacrée par les lois nos 99-011 et 99-012 du 1er
avril 1999 portant modification du code général des impôts.
Elle introduit quelques innovations tout en laissant intactes certaines
dispositions de l'ancien code des impôts de décembre 1995. On y
distingue trois catégories d'impôts directs et deux
catégories d'impôts indirects. À ces deux types
d'impôts (directs et indirects) s'ajoutent les droits d'enregistrement et
la fiscalité de porte. Il faut ajouter que l'actuel Code
général des impôts est en cours de relecture
dans le souci de simplification et d'harmonisation
conformément aux dispositions de l'UEMOA.
Les impôts directs comprennent les impôts sur
revenu, les patentes ou licences et les impôts assimilés aux
impôts directs. En général, les montants payés sont
déterminés par application d'un taux d'imposition sur l'assiette
fiscale, excepté l'impôt synthétique et les taxes sur les
véhicules dont les montants sont forfaitaires.
Tableau 37 : Le régime des impôts directs
au Mali
Assiette Taux Observations
Impôts sur le revenu
ITS Salaire = 175 000 0%
175 001 600 000 5%
600 001 - 1 200 000 13%
1 200 001 1 800 000 20%
1 800 001 2 400 000 28%
2 400 001 - 3 500 000 34%
Salaire > 3 500 000 40%
|
L'impôt est réduit de :
10 % pour les personnes mariées
2.5% par enfant jusqu'au dixième enfant 10% par enfant
infirme majeur
|
|
IBA Bénéfice agricole 10% Les
sociétés modernes
IRF Montant brut des loyers 10% Immeubles en banco
encaissés nettoyé des charges foncières
(amortissement,
entretiens et grosses réparations) plafonnées
à 40% du loyer
|
15% Immeubles en dur et semi-dur
|
|
IRVM Intérêts sur créance,
dépôt, 9%
cautionnement et compte
courant
Autres revenus de valeur 18%
mobilière
Intérêt, arrérage et autres 13%
produits des obligations
IBIC Bénéfice industriel/commercial 35%
Exploitants individuels et en nom
collectif
35% Sociétés de capitaux (SA et SARL)
IMF Impôt minimum forfaitaire 0.75% En cas de
déficit et tel que IBIC = 1 200
000 fcfa
IS Impôt synthétique 14 700 à 1 200 000 fcfa
Les exploitants dont le chiffre d'affaires
est inférieur ou égal à 30 millions
Contribution des patentes/licences
Assiette Taux Observations
CPL Chiffre d'affaires hors taxes 10 % Droit proportionnel
Chiffre d'affaires hors taxes 44 500 à 1 000 000 fcfa
Droit fixe, fonction de la zone (Bamako,
capitales régionales et autres localités) et du
secteur d'activité
Impôts assimilés aux impôts directs
CF Masse salariale 7.5 % Les contribuables passibles de l'IBIC
ou
de l'IBA
TV 2 6 chevaux 7 000 fcfa
7 9 chevaux 13 000 fcfa
10 - 14 chevaux 32 000 fcfa
15 19 chevaux 50 000 fcfa
20 chevaux et plus 75 000 fcfa
TTR Jusqu'à 16 places 88 000 à 128 000 fcfa
17 35 places 116 000 à 168 000 fcfa
36 - 45 places 174 800 à 253 000 fcfa
Plus de 45 places 230 000 à 326 600 fcfa
Moins de 10 tonnes 133 400 à 188 600 fcfa
10 - 14 tonnes 170 200 à 243 800 fcfa
15 24 tonnes 220 800 à 317 400 fcfa
Plus de 24 tonnes 289 800 à 414 000 fcfa
|
|
|
Source: République du Mali, Code
général des impôts - à jour au 31 décembre
1995 ; Loi 99-0 11 du 1er avril 1999 portant modification du Code
général des impôts.
La principale innovation de la réforme fiscale est
l'harmonisation du taux de TVA à 18 %, à l'exclusion de certains
produits manufacturés qui en sont exempts, par exemple :
· le pain de consommation courante
· les produits pharmaceutiques
· les engrais et autres intrants agricoles
· les livres, les brochures scolaires et la presse
locale
· le matériel agricole.
Les impôts indirects comprennent, à
côté de la TVA, la TAF au taux unique de 15% et l'ISCP dont le
taux varie selon le produit.
Tableau 38 : Le régime des impôts
indirects au Mali
Assiette Taux Observations
TVA Chiffre d'affaires hors taxe 18%
TAF Montant de l'intérêt dû 15%
ISCP Chiffre d'affaires hors taxe 3% Produits miniers
5% Produits et matériel de l'agriculture 10% Boissons
gazeuses et matériel roulant 20% Cola et tabac
50% Sel et boissons alcoolisées
93% Gasoil
128% Essence
Source: République du Mali, Code
général des impôts - à jour au 31 décembre
1995 ; Loi 99-012 du 1er avril 1999 portant modification du Code
général des impôts.
Ce régime fiscal connaît quelques exceptions
d'application sous forme d'incitations fiscales consacrées dans le code
des investissements ou dans le code minier.
Le Code des investissements accorde des avantages selon trois
types de régime :
· Régime A pour les entreprises dont
l'investissement est inférieur à 100 millions de francs CFA
- Exonération, pendant les cinq premiers exercices, de
l'IBIC et de la Contribution des Patentes
- Exonération, pendant les cinq premiers exercices, de
l'IRF pour les constructions
nouvelles, délai porté à 10 ans pour les
entreprises de promotion immobilière
· Régime B pour les entreprises dont
l'investissement est supérieur à 100 millions de francs CFA
- Exonération, pendant les huit premiers exercices, de
l'IBIC et de la Contribution des Patentes
- Exonération, pendant les cinq premiers exercices, de
l'IRF pour les constructions
nouvelles, délai porté à 10 ans pour les
entreprises de promotion immobilière
· Régime des zones franches pour les entreprises
tournées principalement vers l'exportation (minimum 80 % de la
production)
- Exonération totale et permanente de tous droits et
taxes liés à l'exercice de leurs activités
Ces avantages spécifiques à la zone I (district
de Bamako) sont renforcés pour les investissements dans les zones II
(les régions de Koulikoro, Sikasso et Ségou) et III (les
régions de Kayes, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal). Ainsi, pour les
implantations dans ces deux autres zones, les délais
d'exonération de l'IBIC et de la Contribution des Patentes sont
prolongés de deux ans et quatre ans respectivement.
Dans le cas des entreprises privatisées, l'État
et l'investisseur peuvent conclure une convention d'établissement
pouvant accorder d'autres avantages non contenus dans le Code des
investissements.
En règle générale, les
sociétés minières concluent avec l'État des
conventions d'établissement qui exonèrent l'investisseur, pendant
les trois premières années de production, de tout paiement
d'impôt et taxe, à l'exception toutefois des taxes de
délivrance et de renouvellement des permis de recherche, des charges et
contributions sociales, de l'ITS, des vignettes et des droits de timbre sur les
intentions d'importer.
Sur la période 1997-2002, les recettes fiscales ont
représenté 83% des recettes totales de l'Etat et
constituées à 65% d'impôts indirects. La fiscalité
de porte a représenté 15% en moyenne des recettes fiscales de
l'Etat .
Tableau 39 : Structure des recettes
fiscales
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
Croissance annuelle
|
Recettes fiscales dont
|
187
|
847
|
215
|
671
|
217
|
453
|
218
|
801
|
266
|
028
|
154
|
820
|
-3.8%
|
* Impôts directs
|
39
|
544
|
50
|
458
|
41
|
456
|
42
|
060
|
42
|
422
|
28
|
034
|
-6.6%
|
* Impôts indirects
|
118
|
531
|
128
|
551
|
146
|
618
|
142
|
335
|
180
|
496
|
103
|
396
|
-2.7%
|
* Droit de porte
|
28
|
291
|
35
|
376
|
28
|
252
|
32
|
627
|
40
|
314
|
21
|
923
|
-5.0%
|
* Taxes pour services rendus
|
1
|
481
|
1
|
286
|
1
|
127
|
1
|
779
|
2
|
796
|
1
|
467
|
-0.2%
|
Recettes domaniales
|
9
|
757
|
7
|
786
|
12
|
757
|
16
|
442
|
19
|
997
|
9
|
349
|
-0.9%
|
Recette pour services rendus
|
|
627
|
|
646
|
|
382
|
|
343
|
|
817
|
|
371
|
-10.0%
|
Recettes diverses
|
11
|
490
|
8
|
524
|
10
|
660
|
8
|
211
|
6
|
990
|
4
|
150
|
-18.4%
|
Recettes sur exercices antérieurs
|
3
|
688
|
3
|
015
|
4
|
024
|
2
|
930
|
3
|
025
|
1
|
838
|
-13.0%
|
Recettes extraordinaires
|
38
|
257
|
25
|
164
|
|
|
53
|
544
|
|
|
|
|
|
Total budget national
|
251
|
666
|
260
|
806
|
245
|
276
|
300
|
271
|
296
|
857
|
170
|
528
|
-7.5%
|
|
Source: Direction nationale du budget, Divers rapports
On constate une baisse de toutes les sources de recettes de
l'Etat en 2002, année d'un véritable choc fiscal
consécutif au ralentissement de l'activité économique
induite par la crise ivoirienne qui a entraîné une fermeture du
principal corridor Bamako-Abidjan, d'où une baisse subite des
importations de 9.6% en volume. La reprise des importations aux niveaux d'avant
crise s'est opérée grâce à la substitution des axes
Bamako-Conakry, Bamako-Accra et Bamako-Dakar à l'ancien corridor
ivoirien.
18.3 Indicateurs de compétitivité et de
rentabilité
La mesure de la compétitivité offre une vision
du potentiel des entreprises à résister à une
libéralisation du marché. Elle est fondée sur les
coûts d'opportunité des facteurs de production utilisés,
sur les prix du marché local pour les biens non échangeables (tel
que l'électricité, l'eau, etc.) et sur les prix internationaux
(prix FOB à l'exportation ou prix CAF à l'importation) qui
servent d'étalon de référence pour les biens
échangeables (Annexe 3.).
Complémentaire du concept de
compétitivité, la rentabilité mesure la capacité
des entreprises locales à se maintenir en activité, compte tenu
des imperfections du marché concurrentiel et des politiques de
protection et d'incitation. La mesure de la rentabilité est
principalement fondée sur les comptes d'exploitation des entreprises.
La différence d'appréciation entre les deux
concepts renseigne sur le poids des politiques économiques dans la
viabilité des entreprises et donc leur influence sur la solidité,
dans une logique de comparaison internationale, de la base productive
nationale. Cela donne également des indications sur les politiques
à mener en vue d'une meilleure insertion dans l'économie
mondiale. Le rapprochement des prix de marché des prix de
référence rend de plus en plus dépendante la
rentabilité des entreprises nationales de la compétitivité
réelle de la production.
Le lien compétitivité-rentabilité laisse
transparaître 4 cas de figures selon la situation réelle des
entreprises.
|
Cas 1
|
Cas 2
|
Cas 3
|
Cas 4
|
Compétitivité
|
Production compétitive
|
Production compétitive
|
Production non- compétitive
|
Production non- compétitive
|
Rentabilité
|
Production rentable
|
Production non- rentable
|
Production rentable
|
Production non- rentable
|
Interprétation
|
Les entreprises ont
une utilisation
efficace des
ressources
|
Différentes mesures
de politique (taxation des intrants ou des produits),
pénalisent
les entreprises alors que la production est
compétitive selon des critères
internationaux
|
Les politiques
nationales permettent de maintenir une
utilisation non-
efficace des
ressources: des
entreprises ont des situations de rente
|
Le produit n'est pas
concurrentiel selon
des critères
internationaux et ne permet pas d'assurer la viabilité
de l'entreprise.
|
Conséquence en
terme de choix politique
|
Les entreprises sont en mesure de
supporter une plus
grande libéralisation
qui se ferait au bénéfice de la nation
|
Un changement de politique économique
(en particulier
libéralisation) doit
conduire à une meilleure profitabilité des
entreprises
|
On peut questionner l'intérêt de soutenir
des entreprises qui
n'utilisent pas les
ressources de manière efficace.
|
Le soutien de cette production se ferait
sans garantie
d'utilisation efficace
des ressources
(gaspillage)
|
conséquence en
terme de politique économique
|
Recherche de
débouchés pour ce produit.
Risque faible lié à la baisse des tarifs
|
Recherche de
débouchés extérieurs accompagnée
de libéralisation (sur les intrants) qui pourrait
accroître la
rentabilité. Risque
fort pour la baisse de tarif sur le produit
|
Intérêt à la
libéralisation pour inciter à augmenter la
compétitivité, mais risque fort de déclin des
entreprises.
|
Libéralisation accentuera le déclin des
entreprises mais
favorisera l'abandon
d'une production
coûteuse pour la collectivité
|
|
Les produits se trouvant dans les cas 1 et 2 sont sur des
créneaux « porteurs » et méritent donc un
développement. Ceux qui sont dans le cas 2 subissent toutefois des
contraintes qui méritent un aménagement de la politique
économique (allègement de charges, subventions). On prêtera
attention, pour ces deux cas, à ce que la modification du tarif
extérieur ne nuise à la rentabilité des entreprises.
Les produits se trouvant dans les cas 3 et 4
présentent un intérêt économique discutable pour la
collectivité. On doit toutefois tempérer ce jugement en
considérant que les produits considérés ne sont
peut-être pas parfaitement substituables par des biens sur le
marché international ou que des externalités positives n'ont pas
été prises en compte dans la mesure de la
compétitivité.
Le cas 4 ne mérite a priori pas de mesure de «
sauvetage » particulier à moins que ne soient confirmées les
restrictions que nous venons d'évoquer ou que la production soit
justifiée par des considérations non-économiques
(souveraineté alimentaire par exemple).
Pour le cas 3, outre l'erreur possible dans la mesure
défavorable de la compétitivité, il convient de voir si
la rentabilité des entreprises concernées ne résulte pas
d'interventions publiques trop coûteuses ou d'externalités
négatives non prises en compte dans le coût de
production. Il peut alors s'avérer rationnel de
poursuivre de telles productions à condition d'inciter à
l'augmentation de compétitivité des entreprises. A ce titre, une
plus grande libéralisation peut s'avérer salutaire.
19. L'impact des APE sur le
secteur industriel
Pour apprécier le niveau de performance des 243
entreprises du recensement industriel 2002 et plus tard mesurer l'impact des
APE, un échantillon de 34 entreprises industrielles (fabriquant des
biens échangeables) a été analysé. Cet
échantillon est constitué des entreprises manufacturières
fabriquant des produits soumis à la concurrence des importations, ce qui
exclut:
· les 7 entreprises minières
· l'entreprise de BTP
· le parc d'attraction
· l'entreprise de copie de clé
· les 2 entreprises agricoles et de chasse
· les 71 boulangeries
· les 35 imprimeries
· les 5 entreprises d'électricité et
d'eau.
Sur les 120 entreprises restantes, il a été
procédé à une vérification de la
disponibilité des données nécessaires à l'analyse
puis à la vérification de la cohérence d'ensemble desdites
données lorsqu'elles sont disponibles. Le résultat de ce
processus est cet échantillon de 34 entreprises représentant 68%
de l'emploi pour 39% de la valeur ajoutée ou 59% de celle-ci compte non
tenu des industries extractives .
Tableau 40 : Productivité et rentabilité
des entreprises industrielles
Secteur
|
Firme
|
Emplois permanents
|
Valeur ajoutée
|
Productivité
|
Rentabilité
|
d'activité
|
|
2001
|
2002
|
2001
|
2002
|
2001
|
2002
|
2001
|
2002
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 1
|
69
|
64
|
64
|
60
|
0.93
|
0.94
|
1.30
|
1.19
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 3
|
97
|
120
|
-1
|
1 732
|
-0.01
|
14.43
|
1.06
|
0.78
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 4
|
181
|
181
|
1 009
|
827
|
5.58
|
4.57
|
0.87
|
0.88
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 9
|
1 039
|
1 144
|
6 910
|
10 130
|
6.65
|
8.85
|
0.96
|
0.82
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 32
|
190
|
220
|
41
|
40
|
0.22
|
0.18
|
1.05
|
1.02
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 34
|
125
|
128
|
254
|
164
|
2.03
|
1.28
|
0.89
|
0.96
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 2
|
129
|
139
|
3 909
|
3 957
|
30.30
|
28.47
|
0.66
|
0.63
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 11
|
66
|
66
|
452
|
419
|
6.84
|
6.35
|
0.86
|
0.84
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 7
|
93
|
82
|
2 009
|
296
|
21.60
|
3.61
|
1.17
|
1.31
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 27
|
4 174
|
3 602
|
6 708
|
6 003
|
1.61
|
1.67
|
0.44
|
0.42
|
Chimie
|
Mali 10
|
107
|
157
|
164
|
-93
|
1.53
|
-0.59
|
1.18
|
1.01
|
Chimie
|
Mali 16
|
40
|
43
|
171
|
191
|
4.28
|
4.43
|
0.90
|
0.91
|
Chimie
|
Mali 22
|
131
|
131
|
858
|
1 224
|
6.55
|
9.34
|
1.00
|
0.97
|
Chimie
|
Mali 23
|
395
|
392
|
2 328
|
2 785
|
5.89
|
7.11
|
0.85
|
0.81
|
Chimie
|
Mali 26
|
112
|
94
|
184
|
83
|
1.64
|
0.88
|
0.96
|
1.01
|
Chimie
|
Mali 19
|
15
|
15
|
50
|
41
|
3.31
|
2.74
|
0.90
|
0.90
|
Chimie
|
Mali 20
|
31
|
32
|
140
|
208
|
4.53
|
6.50
|
0.98
|
0.69
|
|
Chimie
|
Mali 21
|
44
|
40
|
230
|
173
|
5.23
|
4.33
|
0.64
|
0.69
|
Coton
|
Mali 6
|
5 126
|
4 792
|
44 598
|
58 802
|
8.70
|
12.27
|
0.77
|
0.80
|
Textile
|
Mali 30
|
16
|
16
|
48
|
47
|
3.02
|
2.92
|
0.61
|
0.61
|
Textile
|
Mali 31
|
1 409
|
1 375
|
2 181
|
2 213
|
1.55
|
1.61
|
0.87
|
0.85
|
Métallique
|
Mali 8
|
67
|
75
|
95
|
102
|
1.42
|
1.36
|
0.84
|
0.85
|
Métallique
|
Mali 13
|
52
|
52
|
723
|
876
|
13.90
|
16.84
|
0.79
|
0.85
|
Métallique
|
Mali 14
|
43
|
69
|
236
|
237
|
5.49
|
3.44
|
0.69
|
0.72
|
Métallique
|
Mali 15
|
50
|
59
|
523
|
668
|
10.46
|
11.32
|
0.81
|
0.80
|
Peau
|
Mali 18
|
36
|
36
|
116
|
630
|
3.24
|
17.51
|
0.90
|
0.56
|
Peau
|
Mali 29
|
75
|
78
|
409
|
304
|
5.45
|
3.89
|
0.80
|
0.85
|
Pharmaceutique
|
Mali 12
|
203
|
193
|
-108
|
-93
|
-0.53
|
-0.48
|
1.20
|
1.24
|
Pharmaceutique
|
Mali 33
|
27
|
29
|
320
|
258
|
11.83
|
8.90
|
0.57
|
0.55
|
Plastique
|
Mali 17
|
200
|
180
|
263
|
50
|
1.32
|
0.28
|
0.96
|
1.23
|
Plastique
|
Mali 5
|
295
|
285
|
735
|
924
|
2.49
|
3.24
|
1.12
|
0.92
|
Plastique
|
Mali 24
|
102
|
102
|
511
|
638
|
5.01
|
6.26
|
0.80
|
0.74
|
Plastique
|
Mali 25
|
95
|
90
|
286
|
299
|
3.01
|
3.32
|
1.00
|
0.99
|
Tabac
|
Mali 28
|
513
|
472
|
123
|
34
|
0.24
|
0.07
|
2.42
|
3.22
|
Total
|
|
15 347
|
14 553
|
76 541
|
94 229
|
4.99
|
6.47
|
0.68
|
0.67
|
|
En règle générale, la
productivité (le rapport de la valeur ajoutée au volume d'emploi
permanent) varie de 0 à 30 millions de francs cfa par an avec une
prédominance de moins de 10 millions par an. Une des deux entreprises
pharmaceutiques a réalisé au cours des deux années
successives des valeurs ajoutées négatives i.e. des charges
d'exploitations supérieures au chiffre d'affaires. L'entreprise de
boisson qui avait également une valeur ajoutée négative en
2001 a redressé sa situation en 2002. Ces cas extrêmes de valeur
ajoutée négative nécessitent des actions vigoureuses de
redressement pour éviter la fermeture à terme à moins d'un
bénéfice continu de subventions d'exploitation, de l'Etat ou de
toute autre source de financement desdites subventions.
De l'observation des données de rentabilité
(mesurée par le ratio du coût total de production à la
valeur des ventes), il ressort que 6 entreprises n'auront été
rentables ni en 2001 ni en 2002 contre 22 qui auront été
rentables les deux années de suite. Entre ces deux extrêmes, 4
entreprises non rentables en 2001 l'ont été en 2002 et 2
rentables en 2001 ont perdu leur rentabilité en 2002.
Tableau 41 : Evolution de la Rentabilité des
entreprises industrielles
|
Non rentables
|
Non rentables puis rentables
|
Rentables puis non rentables
|
Rentables
|
Total
|
Alimentaire/boisson
|
3
|
1
|
|
6
|
10
|
Chimie
|
1
|
1
|
1
|
5
|
8
|
Coton
|
|
|
|
1
|
1
|
Textile
|
|
|
|
2
|
2
|
Métallique
|
|
|
|
4
|
4
|
Peau
|
|
|
|
2
|
2
|
Pharmaceutique
|
1
|
|
|
1
|
2
|
Plastique
|
|
2
|
1
|
1
|
4
|
Tabac
|
1
|
|
|
|
1
|
Total
|
6
|
4
|
2
|
22
|
34
|
|
A l'instar de la rentabilité, le niveau de
compétitivité est mesuré par le même ratio du
coût total de production à la valeur des ventes (Annexe 2) mais en
remplaçant les données d'entreprise par les coûts
d'opportunités des facteurs (travail et capital) utilisés et les
prix de référence des biens (aussi bien les produits finis que
les consommations intermédiaires).
Les résultats de cette estimation de la
compétitivité internationale donnent un total de 13 entreprises
en 2001 et 14 en 2002 à la fois rentables et compétitives.
Tableau 42 : Evolution de la rentabilité et de
la compétitivité des entreprises industrielles
Secteur
|
Firme
|
Rentabilité
|
|
Compétitivité
|
Lien
|
|
d'activité
|
|
2001
|
2002
|
2001
|
2002
|
2001
|
2002
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 1
|
1.30
|
1.19
|
1.55
|
1.43
|
- -
|
- -
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 3
|
1.06
|
0.78
|
1.13
|
0.83
|
- -
|
+ +
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 4
|
0.87
|
0.88
|
0.96
|
0.96
|
+ +
|
+ +
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 9
|
0.96
|
0.82
|
1.10
|
0.89
|
+ -
|
+ +
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 32
|
1.05
|
1.02
|
0.95
|
0.97
|
- +
|
- +
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 34
|
0.89
|
0.96
|
1.21
|
1.24
|
+ -
|
+ -
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 2
|
0.66
|
0.63
|
0.67
|
0.70
|
+ +
|
+ +
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 11
|
0.86
|
0.84
|
1.04
|
1.01
|
+ -
|
+ -
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 7
|
1.17
|
1.31
|
1.15
|
1.29
|
- -
|
- -
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 27
|
0.44
|
0.42
|
1.06
|
1.06
|
+ -
|
+ -
|
Chimie
|
Mali 10
|
1.18
|
1.01
|
1.25
|
1.13
|
- -
|
- -
|
Chimie
|
Mali 16
|
0.90
|
0.91
|
1.03
|
1.03
|
+ -
|
+ -
|
Chimie
|
Mali 22
|
1.00
|
0.97
|
1.05
|
1.04
|
- -
|
+ -
|
Chimie
|
Mali 23
|
0.85
|
0.81
|
1.08
|
1.05
|
+ -
|
+ -
|
Chimie
|
Mali 26
|
0.96
|
1.01
|
1.17
|
1.80
|
+ -
|
- -
|
Chimie
|
Mali 19
|
0.90
|
0.90
|
0.90
|
0.97
|
+ +
|
+ +
|
Chimie
|
Mali 20
|
0.98
|
0.69
|
0.97
|
0.87
|
+ +
|
+ +
|
Chimie
|
Mali 21
|
0.64
|
0.69
|
0.87
|
2.00
|
+ +
|
+ -
|
Coton
|
Mali 6
|
0.77
|
0.80
|
0.72
|
0.74
|
+ +
|
+ +
|
Textile
|
Mali 30
|
0.61
|
0.61
|
0.85
|
1.22
|
+ +
|
+ -
|
Textile
|
Mali 31
|
0.87
|
0.85
|
0.96
|
0.96
|
+ +
|
+ +
|
Métallique
|
Mali 8
|
0.84
|
0.85
|
0.97
|
0.98
|
+ +
|
+ +
|
Métallique
|
Mali 13
|
0.79
|
0.85
|
0.87
|
0.93
|
+ +
|
+ +
|
Métallique
|
Mali 14
|
0.69
|
0.72
|
1.03
|
0.97
|
+ -
|
+ +
|
Métallique
|
Mali 15
|
0.81
|
0.80
|
1.02
|
1.00
|
+ -
|
+ -
|
Peau
|
Mali 18
|
0.90
|
0.56
|
0.93
|
0.65
|
+ +
|
+ +
|
Peau
|
Mali 29
|
0.80
|
0.85
|
0.82
|
0.86
|
+ +
|
+ +
|
Pharmaceutique
|
Mali 12
|
1.20
|
1.24
|
1.57
|
1.72
|
- -
|
- -
|
Pharmaceutique
|
Mali 33
|
0.57
|
0.55
|
1.89
|
1.90
|
+ -
|
+ -
|
Plastique
|
Mali 17
|
0.96
|
1.23
|
0.95
|
1.18
|
+ +
|
- -
|
Plastique
|
Mali 5
|
1.12
|
0.92
|
0.90
|
0.95
|
- +
|
+ +
|
Plastique
|
Mali 24
|
0.80
|
0.74
|
1.17
|
1.08
|
+ -
|
+ -
|
Plastique
|
Mali 25
|
1.00
|
0.99
|
1.04
|
1.13
|
- -
|
+ -
|
Tabac
|
Mali 28
|
2.42
|
3.22
|
2.87
|
3.66
|
- -
|
- -
|
|
Il ressort que près des deux tiers des entreprises de
l'échantillon ne sont pas compétitives et rentables à la
fois. Dans le même temps, près de la moitié des entreprises
rentables ne sont pas compétitives, 11 sur 24 entreprises en 2001 et 12
sur 26 en 2002. Environ 7 entreprises ne sont ni rentables ni
compétitives.
Tableau 43 : Etats de compétitivité et
de rentabilité des entreprises
|
2001
|
2002
|
Quelle que soit l'année
|
Compétitive et rentable
|
13
|
14
|
10
|
Compétitive et non rentable
|
2
|
1
|
1
|
Rentable et non compétitive
|
11
|
12
|
8
|
Non rentable et non compétitive
|
8
|
7
|
5
|
|
compétitive à non compétitive, etc. Les 24
entreprises qui ont une situation stable sur les deux années se
recrutent dans tous les secteurs d'activités.
Tableau 44 : Situation réelle de
compétitivité et de rentabilité des
entreprises
|
Compétitive et rentable
|
Compétitive et non rentable
|
Rentable et non compétitive
|
Non rentable et non compétitive
|
Total
|
Alimentaire/boisson Chimie
Coton Textile Métallique
Peau
Pharmaceutique Plastique
Tabac
Total
|
2 2
1
1
2
2
10
|
1 1
|
3 2
1
1 1
8
|
2 1
1 1 5
|
8 5
1
1
3
2
2 1 1
24
|
|
Dans les secteurs pharmaceutique, plastique et du tabac, il
n'y a dans l'échantillon aucune entreprise qui ait une situation
pérenne de compétitivité et de rentabilité, alors
que toutes les deux entreprises de peau sont compétitives et rentables.
Au total, ce sont seulement 11 entreprises qui auront été
compétitives sur toute la période contre 18 qui sont
demeurées rentables. La rentabilité, en l'absence de
compétitivité, peut provenir de la protection dont jouissent les
entreprises locales.
19.1 Impact sur la protection
Avant l'évaluation et l'analyse de l'effet d'une
variation des tarifs douaniers sur la rentabilité et la
compétitivité des différents secteurs d'activités,
il sera d'abord procédé aux calculs d'indicateurs de protection
afin de pouvoir examiner les effets d'un APE sur les taux nominal et effectif
de protection des entreprises du Mali.
Les mesures des taux de protection sont des indicateurs qui
mettent en évidence la divergence entre le prix intérieur hors
taxe (ou prix sortie-usine) et le prix des mêmes produits importés
auxquels aurait accès la demande intérieure si aucune
barrière ou taxation ne portait sur ces produits. Le taux de protection
nominale (TPN) mesure la protection par rapport au marché international
dont bénéficie le produit sur le marché national. Le taux
de protection nominale d'une industrie est le taux de taxation qui s'applique
aux importations du produit concurrentes de la production locale:
prix int ernational
Toutefois, la véritable protection d'une industrie est
la protection de sa valeur ajoutée - calculée par le taux de
protection effective (TPE) - qui intègre aussi bien la fiscalité
de porte sur les produits finaux que celle relative aux consommations
intermédiaires:
TPE valeur ajoutée de marché -1
valeur ajoutée int ernationale
où
valeur ajoutée = valeur du produit - valeur des biens et
services utilisés pour le produire
Si pour un bien donné les droits de douane sur les
intrants sont inférieurs à ceux prélevés sur les
produits finaux, le TPE est supérieur au TPN, c'est à dire que la
protection réelle accordée à ce bien est supérieure
à celle que ne laisse supposer le tarif en vigueur sur le bien final.
Pour les produits agricoles, ces calculs des taux de
protection seront basés sur les prix de SIM de l'OMA pour les prix
intérieurs et les prix CAF de lots importés suffisamment biens
identifiés au niveau des douanes. Le cas échéant, on se
réfèrera aux prix du marché international.
Pour les produits industriels, on se basera sur la protection
tarifaire pour le TPN et sur la formule de calcul UEMOA pour le TPE, à
savoir:
TPE
où:
1
VA
CA
CI CI
W U
CI
1 1 1
D
+ TPN O TPN
+ TPN +
W U
TPE Taux de protection effective
VA Valeur ajoutée intérieure
CA Chiffre d'affaires supposé égal au volume des
ventes
CID Consommation intermédiaire des intrants
achetés sur le marché domestique
CIW Consommation intermédiaire des intrants
importés du reste du monde
CIU Consommation intermédiaire des intrants
importés de la zone de libre-
échange
TPNO Taux de protection nominale sur les outputs
TPNW Taux de protection nominale sur les intrants
importés du reste du monde
TPNU Taux de protection nominale sur les intrants
importés de la zone de libre- échange
Faute de données désagrégées
jusqu'au niveau des produits ou intrants spécifiques aux entreprises, le
TPN utilisé est celui tarifaire. Il est évident que le recours
à la protection tarifaire ne donne pas le niveau réel de la
protection avant APE, compte tenu justement des taux d'application des tarifs
officiels. De ce point de vue, les résultats obtenus en terme de
variation de la protection indiquent des pertes de protection en
réalité supérieures aux pertes réelles à
cause des exonérations actuelles qui ne portent que sur les droits de
douane et non sur la redevance statistique (RS de 1%), le
prélèvement communautaire (PC de 0.5%)et le
prélèvement communautaire de solidarité (PCS de 1%). En
d'autres termes, toute la perte de protection ne saurait être imputable
à la seule mise en place des APE.
Pour revenir aux 34 entreprises de l'échantillon, les
taux de protection tarifaires vont de la déprotection totale (TPE
négatif) à la surprotection (pour des TPE de plus de 100%). Pour
l'essentiel les TPN sur extrants passeront de 22.5% à 2.5% dans le cadre
de l'application de l'APE, à l'exception d'une dizaine
d'activités pour lesquelles:
· les taux ne changeront pas (3 entreprises)
· les taux passent d'un niveau supérieur à
22.5% à 2.5% (1 seule entreprise)
· les taux passent de 12.5% à 2.5% (4
entreprises)
· les taux passent de 0 à 2.5% (3 entreprises).
Dans le même temps, les TPN sur intrants vont diminuer
passant de 7.5 à 2.5% lorsqu'ils seront importés de l'UE ou de la
sous-région ou tout au moins de l'UEMOA. On assistera à une
relative baisse de la protection effective.
Tableau 45 : Evolution de la Protection des
entreprises industrielles
Secteur d'activité
|
Firme
|
Situation en 2002
|
TPN
|
TPE
|
|
Après APE
|
Avant APE
|
Après APE
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 1
|
- -
|
22.5
|
2.5
|
-3
|
-59
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 3
|
- -
|
22.5
|
2.5
|
72
|
3
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 4
|
+ +
|
22.5
|
2.5
|
-15
|
-45
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 9
|
+ -
|
22.5
|
2.5
|
19
|
-15
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 32
|
- +
|
12.5
|
2.5
|
+100
|
56
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 34
|
+ -
|
22.5
|
2.5
|
-100
|
-100
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 2
|
+ +
|
22.5
|
2.5
|
6
|
-16
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 11
|
+ -
|
22.5
|
2.5
|
+100
|
-19
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 7
|
- -
|
22.5
|
2.5
|
+100
|
18
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 27
|
+ -
|
77.5
|
2.5
|
71
|
-20
|
Chimie
|
Mali 10
|
- -
|
22.5
|
2.5
|
-38
|
-55
|
Chimie
|
Mali 16
|
+ -
|
22.5
|
2.5
|
+100
|
32
|
Chimie
|
Mali 22
|
- -
|
22.5
|
2.5
|
+100
|
46
|
Chimie
|
Mali 23
|
+ -
|
22.5
|
2.5
|
-100
|
-100
|
Chimie
|
Mali 26
|
+ -
|
22.5
|
2.5
|
-100
|
-100
|
Chimie
|
Mali 19
|
+ +
|
22.5
|
2.5
|
17
|
-10
|
Chimie
|
Mali 20
|
+ +
|
22.5
|
2.5
|
-25
|
-45
|
Chimie
|
Mali 21
|
+ +
|
22.5
|
2.5
|
3
|
-28
|
Coton
|
Mali 6
|
+ +
|
2.5
|
2.5
|
8
|
8
|
Textile
|
Mali 30
|
+ +
|
12.5
|
2.5
|
42
|
16
|
Textile
|
Mali 31
|
+ +
|
12.5
|
2.5
|
37
|
4
|
Métallique
|
Mali 8
|
+ +
|
22.5
|
2.5
|
-53
|
-64
|
Métallique
|
Mali 13
|
+ +
|
22.5
|
2.5
|
29
|
-30
|
Métallique
|
Mali 14
|
+ -
|
22.5
|
2.5
|
53
|
-13
|
Métallique
|
Mali 15
|
+ -
|
22.5
|
2.5
|
+100
|
-7
|
Peau
|
Mali 18
|
+ +
|
0.0
|
2.5
|
5
|
5
|
Peau
|
Mali 29
|
+ +
|
0.0
|
2.5
|
-57
|
-57
|
Pharmaceutique
|
Mali 12
|
- -
|
2.5
|
2.5
|
23
|
23
|
Pharmaceutique
|
Mali 33
|
+ -
|
2.5
|
2.5
|
-100
|
-100
|
Plastique
|
Mali 17
|
+ +
|
12.5
|
2.5
|
-100
|
66
|
Plastique
|
Mali 5
|
- +
|
22.5
|
2.5
|
81
|
-10
|
Plastique
|
Mali 24
|
+ -
|
22.5
|
2.5
|
-100
|
-100
|
Plastique
|
Mali 25
|
- -
|
22.5
|
2.5
|
+100
|
10
|
Tabac
|
Mali 28
|
- -
|
22.5
|
2.5
|
-100
|
1
|
|
Ainsi, les conséquences sur la protection effective de
l'entrée en vigueur de l'APE seront:
· 2 des 13 entreprises déprotégées
en 2002 seront protégées, à cause essentiellement de leurs
importations d'intrants de l'UE. Il s'agit de l'industrie du tabac et d'une
entreprise de produits plastiques
· 10 des 21 protégées seront
déprotégées, évoluant dans les secteurs de
l'agro-alimentaire (4), de l'industrie métallique (3), de la chimie (2)
et du plastique (1)
· 11 entreprises resteront protégées, dans
les secteurs agro-alimentaires (3), chimie (2), coton-textile (3), peau (1),
pharmacie (1) et plastique (1).
Il importe de mettre en relation ce changement de la structure
des incitations avec le niveau de performance des entreprises mesurée
par l'indice de coût unitaire.
19.2 Impact sur la compétitivité des
secteurs industriels
Pour mesurer l'impact de l'APE sur la
compétitivité, on établit d'abord l'indice de coût
unitaire avant et après APE pour ensuite mesurer la variation de cet
indice. Cette variation constitue le véritable indicateur de mesure de
l'impact de l'APE (voir méthodologie en annexe):
Ic = uc1 - uc 0
où :
uc0 est l'indice de coût unitaire avant APE
uc1 est l'indice de coût unitaire après
APE
Ainsi, si :
Ic > 0 l'APE aura réduit la
compétitivité de la firme, en faisant augmenter le coût
unitaire
Ic < 0 l'APE aura amélioré la
compétitivité de la firme, en faisant réduire le
coût unitaire
Appliquée aux données des 34 entreprises, la
méthodologie de l'indice de coût unitaire donne 15 entreprises
dont la situation s'améliore, 8 qui ne voient aucune modification dans
leur situation et 11 qui voient leurs conditions se détériorer
.
Tableau 46 : Indice de compétitivité des
entreprises avant et après APE
|
Firme
|
TPE
|
Rentabilité
|
|
|
Compétitivité
|
|
|
|
Avant
|
Après
|
Avant
|
Après
|
IC
|
Iac
|
Idp
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 1
|
-59
|
1.19
|
1.19
|
1.43
|
1.23
|
-0.03
|
-0.20
|
0.17
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 3
|
3
|
0.78
|
0.78
|
0.83
|
0.76
|
-0.01
|
-0.08
|
0.06
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 4
|
-45
|
0.88
|
0.88
|
0.96
|
0.87
|
0.12
|
0.21
|
-0.08
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 9
|
-15
|
0.82
|
0.82
|
0.89
|
0.74
|
-0.01
|
-0.06
|
0.04
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 32
|
56
|
1.02
|
1.02
|
0.97
|
0.93
|
0.11
|
0.29
|
-0.17
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 34
|
-100
|
0.96
|
0.96
|
1.24
|
1.12
|
-0.36
|
-046
|
0.10
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 2
|
-16
|
0.63
|
0.63
|
0.70
|
0.62
|
-0..57
|
-0.53
|
-0.04
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 11
|
-19
|
0.84
|
0.84
|
1.01
|
0.88
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 7
|
18
|
1.31
|
1.31
|
1.29
|
1.12
|
0.00
|
-0.10
|
0.10
|
Alimentaire/boisson
|
Mali 27
|
-20
|
0.42
|
0.42
|
1.06
|
0.60
|
0.00
|
-0.13
|
A.13
|
Chimie
|
Mali 10
|
-55
|
1.01
|
1.01
|
1.13
|
0.97
|
-0.15
|
-0.16
|
0.01
|
Chimie
|
Mali 16
|
32
|
0.91
|
0.91
|
1.03
|
0.89
|
-0.11
|
0.04
|
-0.14
|
Chimie
|
Mali 22
|
46
|
0.97
|
0.97
|
1.04
|
0.89
|
0.81
|
0.84
|
-0.03
|
Chimie
|
Mali 23
|
-100
|
0.81
|
0.81
|
1.05
|
0.91
|
0.00
|
0.01
|
-0.01
|
Chimie
|
Mali 26
|
-100
|
1.01
|
1.01
|
1.80
|
1.54
|
0.03
|
0.15
|
-0.12
|
Chimie
|
Mali 19
|
-10
|
0.90
|
0.90
|
0.97
|
0.82
|
-0.02
|
-0.16
|
0.14
|
Chimie
|
Mali 20
|
-45
|
0.69
|
0.69
|
0.87
|
0.75
|
-0.14
|
0.04
|
-0.18
|
Chimie
|
Mali 21
|
-28
|
0.69
|
0.69
|
2.00
|
1.69
|
0.00
|
-0.13
|
0.13
|
Coton
|
Mali 6
|
8
|
0.80
|
0.80
|
0.74
|
0.74
|
0.11
|
0.20
|
-010
|
Textile
|
Mali 30
|
16
|
0.61
|
0.61
|
1.22
|
1.11
|
0.01
|
0.16
|
-0.15
|
Textile
|
Mali 31
|
4
|
0.85
|
0.85
|
0.96
|
0.88
|
-0.01
|
-0.14
|
0.13
|
Métallique
|
Mali 8
|
-64
|
0.85
|
0.85
|
0.98
|
0.85
|
0.07
|
0.09
|
-0.02
|
Métallique
|
Mali 13
|
-30
|
0.85
|
0.85
|
0.93
|
0.82
|
-0.03
|
-0.17
|
0.15
|
Métallique
|
Mali 14
|
-13
|
0.72
|
0.72
|
0.97
|
0.84
|
-0.19
|
-0.14
|
-0.05
|
Métallique
|
Mali 15
|
-7
|
0.80
|
0.80
|
1.00
|
0.87
|
0.00
|
-0.13
|
0.12
|
Peau
|
Mali 18
|
5
|
0.56
|
0.56
|
0.65
|
0.66
|
0.30
|
0.39
|
-0.09
|
Peau
|
Mali 29
|
-57
|
0.85
|
0.85
|
0.86
|
0.87
|
0.00
|
-0.13
|
0.13
|
Pharmaceutique
|
Mali 12
|
23
|
1.24
|
1.24
|
1.72
|
1.73
|
0.30
|
0.56
|
-0.25
|
Pharmaceutique
|
Mali 33
|
-100
|
0.55
|
1.02
|
1.90
|
0.93
|
0.01
|
-0.07
|
0.09
|
Plastique
|
Mali 17
|
66
|
1.23
|
1.23
|
1.18
|
1.11
|
-0.01
|
-0.15
|
0.14
|
Plastique
|
Mali 5
|
-10
|
0.92
|
0.92
|
0.95
|
0.90
|
0.00
|
-0.07
|
0.07
|
Plastique
|
Mali 24
|
-100
|
0.74
|
0.74
|
1.08
|
0.91
|
-0.83
|
-0.80
|
-0.02
|
Plastique
|
Mali 25
|
10
|
0.99
|
0.99
|
1.13
|
0.96
|
-0.01
|
-0.10
|
0.10
|
Tabac
|
Mali 28
|
1
|
3.22
|
3.22
|
3.66
|
3.06
|
0.00
|
0.16
|
-0.16
|
|
Où:
Iac Indice d'avantage comparatif ou variation, avant et
après APE, du coût
unitaire de production au prix de référence
Idp Indice de distorsion de prix ou écart de prix, avant
et après APE, entre prix
de marché et prix de référence.
Des 15 entreprises qui étaient compétitives avant
APE:
· 8 améliorent leur compétitivité
par une exploitation judicieuse de leurs avantages comparatifs, 3 dans
l'agro-industrie, 2 dans la chimie, 2 dans la fabrication métallique et
1 dans le textile
· 2 conservent leur niveau de compétitivité
sans changement, 1 dans les peaux et cuirs, 1 dans les articles plastiques
· 5 perdent leur compétitivité soit par
gaspillage d'intrants (échangeables ou non échangeables) et/ou
pour des coûts élevés des facteurs de production, 2 dans
l'industrie agro-alimentaire, 1 coton, 1 métallique et 1 peaux et
cuirs.
Avec l'APE, 4 entreprises qui n'étaient pas
compétitives vont le devenir, essentiellement par une baisse du prix des
matières premières importées, 2 entreprises de chimie et 2
d'articles plastiques. Trois entreprises améliorent leur situation sans
pour autant devenir compétitives. On observe par ailleurs que :
· 5 des 8 entreprises davantage compétitives
importent des matières premières de l'Union européenne
· 2 des 4 entreprises non compétitives qui
deviendraient compétitives importent des matières de l'Union
européenne
· les 2 entreprises qui conservent leur
compétitivité importent toutes des intrants de l'Union
européenne.
19.3 Conséquences des APE sur la structure
productive malienne
L'application de l'APE s'accompagnera d'une modification de
la structure sectorielle des entreprises compétitives. Les entreprises
de l'agro-alimentaire, de l'industrie métallique et des peaux et cuir
perdent quelque peu en importance au profit de la chimie et surtout des
articles plastiques, tandis que le textile conserve sa situation initiale.
Tableau 47 : La structure productive avant et
après APE des entreprises compétitives
|
Nombre
|
Emploi
|
Valeur ajoutée
|
|
Après APE
|
Avant APE
|
Après APE
|
Avant APE
|
Après APE
|
Alimentaire/boisson
|
5
|
3
|
1 804
|
1 804
|
16 686
|
15 819
|
Chimie
|
2
|
4
|
47
|
247
|
249
|
347
|
Coton
|
1
|
|
4 792
|
|
58 802
|
|
Textile
|
1
|
1
|
1 375
|
1 375
|
2 213
|
2 213
|
Métallique
|
3
|
2
|
196
|
121
|
1 215
|
1 113
|
Peau
|
2
|
1
|
114
|
78
|
934
|
304
|
Pharmaceutique
|
|
|
|
|
|
|
Plastique
|
1
|
3
|
285
|
477
|
924
|
1 861
|
Tabac
|
|
|
|
|
|
|
Total
|
14
|
14
|
3 821
|
3 701
|
22 221
|
21 657
|
|
Au total, ce sont 14 entreprises qui vont être
compétitives contre 15 auparavant. Mais si l'on fait abstraction de
l'entreprise du coton, le nombre d'entreprises compétitives avant et
après APE reste inchangé. Sous cette hypothèse, la
situation des entreprises compétitives après APE se traduira
par:
· une perte de 3% d'emplois par rapport à la
situation d'avant APE, l'emploi total passant de 3821 à 3701
· une diminution de la valeur ajoutée industrielle
de 2.5% des entreprises compétitives après APE par rapport
à celles d'avant APE.
Il est attendu que les entreprises compétitives
puissent accroître leur production surtout celles qui ont
déjà une expérience d'exportation dans la
sous-région voire en Europe. En 2002, elles étaient 11
entreprises (exception faite de l'exportation de coton, première source
de devises du Mali) à réaliser 7% de leur chiffre d'affaires sur
le marché extérieur, à raison de 2% sur le marché
UEMOA, 2% sur l'UE et 3% sur le reste du monde. Parmi ces 11 entreprises, 3
sont compétitives avant APE et 4 après APE. Si les entreprises
compétitives avant APE réalisaient 31.5% de leurs ventes sur les
marchés UE (29%) et UEMOA (2.5%), celles qui deviendraient
compétitives après APE vendront 32% de leur production dans ces
deux zones à raison de 24% respectivement 8%. L'APE devrait profiter
davantage aux entreprises tournées vers l'exportation. La
stratégie des entreprises face aux enjeux de l'APE devrait être
non pas le maintien des parts de marché local mais la conquête de
substantielles parts de marché dans l'espace de libre-échange que
représentera l'UEMOA et l'UE réunis, voire l'UE et l'ensemble de
la CEDEAO.
Cependant, il faut redouter que des importations bon
marché d'un certain nombre de produits n'annihilent la production locale
et partant l'extension des exportations dans la sous- région. C'est le
cas notamment des produits textiles pour lesquels, une entreprise malienne est
compétitive et a des parts de marché dans la sous-région.
Si les importations de Bazin et de Wax d'Europe devenaient importantes, la
production locale pourrait être sérieusement mise à mal,
à moins d'investissements importants dans le secteur. Quant aux autres
activités exportatrices, elles pourraient plus facilement se maintenir
parce que constituant des "exclusivités" africaines e.g. les serpentins,
les nattes plastiques, ou des domaines dans lesquelles certaines entreprises
maliennes ont acquis des parts importantes de marché sous-
régional. Ces entreprises accroîtront d'autant plus leur
production que les équipements et intrants importés pour la
plupart d'Europe seront libres de droit de douane.
19.4 Les conséquences sur les recettes fiscales
intérieures
En moyenne, les recettes fiscales liées aux
importations (droits de douane et TVA sur importations) représentent 55%
des recettes fiscales de l'Etat. Les 45% restants proviennent de la
fiscalité directe et indirecte sur l'ensemble des activités
économiques menées à l'intérieur du pays. Les plus
gros pourvoyeurs de ces recettes restantes sont les entreprises du secteur
structuré et principalement le secteur des services
(électricité-eau, télécommunications,
système financier, transports) et les mines. Le secteur manufacturier ne
représente pas un poids important dans ces recettes. Les 34 entreprises
de l'échantillon ont contribué en 2002
pour environ 7 milliards de francs cfa dont 2 milliards au
titre du seul coton. Sans le coton, les 33 entreprises industrielles ont
contribué pour 5 milliards de francs cfa pour une valeur ajoutée
totale de 35 milliards, soit un taux d'imposition de 14%. Ces 5 milliards
représentent moins de 3% des recettes fiscales du pays.
Les 14 entreprises compétitives avant APE totalisent
une recette fiscale de 3.7 milliards de francs cfa, soit 73% des 5 milliards
que paient les 33 entreprises. Après APE, les 14 "nouvelles" entreprises
compétitives totalisent une contribution fiscale de 1.4 milliards de
francs cfa. Si seules les entreprises compétitives devaient perdurer,
cela représenterait une perte de 2.3 milliards de francs, environ 1% des
recettes de l'Etat. Cette perte est essentiellement imputable à la firme
Mali 2 qui fabrique des boissons de large consommation, produits qui rapportent
autant d'impôt et taxes que le coton.
De telles modifications de recettes fiscales combinées
à l'analyse de la fiscalité liée aux importations
n'induisent pas, dans le contexte actuel, une nécessité de
relecture de la législation fiscale en vigueur.
20. L'impact des APE sur
les secteurs agro-
alimentaires
La diminution des taxes à l'import se répercute
sur la production agro-alimentaire malienne de trois façons :
· par l'augmentation de la concurrence des produits
européens sur le marché malien,
· mais aussi par celle des produits européens sur
les marchés de débouché des produits maliens : ceci
concerne au premier chef la viande, largement exportée par le Mali et
qui sera concurrencée chez les clients du Mali par de la viande
importée à prix plus avantageux en provenance de l'UE,
· par l'augmentation de la rentabilité
grâce à l'abaissement du coût des intrants,
C'est par ce dernier point que nous commençons.
20.1 La diminution du coût des intrants
agricoles
On peut chercher à en mesurer l'ampleur et à
discuter de l'utilisation d'un accord de libre échange avec l'UE pour
répondre à une stratégie qui viserait à diminuer
les charges de production. On se réfère alors à la
structure des importations des principaux intrants agricoles.
On considère que tant les produits importés d'UE
que de l'UEMOA supporteraient des droits nuls après l'instauration d'un
APE.
Tableau 48 : baisse possible des prix des intrants par
application de l'APE
|
engrais
|
|
|
|
engrais
|
phosphatés
|
Engrais
|
engrais
|
semences
|
azotés d'UE
|
d'UE et
|
potassiques d'UE
|
composés d'UE
|
légumières d'UE
|
et UEMOA
|
|
et UEMOA
|
et UEMOA
|
et UEMOA
|
|
UEMOA
|
|
|
|
|
valeur actuelle taxée 1
valeur possible hors
|
917 239
|
313
|
55
|
461 812
|
41
|
571 214
|
15
|
847 207
|
688
|
432 671 268
|
DD 1
baisse de prix potentielle
|
839 740
-4,0%
|
103
|
53
|
104 569
-4,3%
|
40
|
321 894
-3,0%
|
15
|
825 917
-0,1%
|
190
|
420 943 836 -2,7%
|
|
Calculs Iram-Great d'après données douanes
2003
20.1.1. Les engrais azotés
La modification de la taxation des engrais azotés
liée à la création du libre échange ferait baisser
le prix des importations enregistrées comme originaires de l'UE de 3,4%
pour un montant d'importations de 880 millions FCFA. Ceci correspond à
un manque à prélever de la part de l'Etat de 40 millions de
FCFA.
Si on considère que nombre des importations
originaires de l'UEMOA ne sont en fait que des réexportations de
produits originaires de l'UE, on pourrait faire baisser le coût des
importations d'engrais de 1,92 miliards FCFA à 1,84 soit un gain pour
les acheteurs d'engrais azotés de 80 millions en réalité,
ce qui correspondrait à une baisse potentielle de 4% du prix pour les
importateurs qui s'approvisionnent dans l'UE ou l'UEMOA.
20.1.2. Les autres engrais et intrants
Ces baisses pourraient être de 4,3% et 3%
respectivement pour les engrais phosphatés et potassiques. La marge de
manoeuvre pour les engrais composés est en revanche très
réduite car les importations sont majoritairement issues de l'UEMOA et
ne supportent donc pas de droit de douane.
Les importations de semences de légumes viennent
à 98% d'Europe avec une valeur de 370 millions. Les droits de douane
correspondant sont de moins de 12 millions. Cette valeur est bien
inférieure à celle de la TVA (45 millions) qui contrairement au
cas des engrais, est appliquée sur les semences.
L'abandon des droits de douane sur les semences permettrait une
baisse de prix de 2,7% pour les importateurs. Si l'Etat renonce de
surcroît à la TVA, le gain serait de 13%.
A condition que cette baisse soit répercutée
sur les producteurs, elle pourrait conduire à un gain de
productivité. Il convient aussi de garder à l'esprit les limites
d'une telle stratégie qui ne concerne que quelques productions
agricoles, en particulier le coton et les légumes
Mais peut-on attribuer un tel bénéfice
potentiel aux APE alors que la fixation du niveau du TEC est du ressort des
Etats de l'UEMOA et que le choix de favoriser l'importation à bas prix
d'intrants non substituables par une production interne est entièrement
entre leurs mains. D'autre part, par exemple pour l'engrais azoté, l'UE
et l'UEMOA ne représentent qu'environ 20% des approvisionnements,
l'essentiel venant de l'Ex-URSS. Une politique discriminatoire favorable aux
importations de l'UE n'aurait donc qu'un faible impact. Il y aurait plus
intérêt à introduire une politique globale en faveur des
intrants que de se cantonner à un régime
préférentiel avec l'UE.
20.2 L'analyse de la baisse de protection sur la
rentabilité et la compétitivité de la production
agro-alimentaire malienne
La méthodologie d'analyse des effets de l'APE sur le
secteur agro-alimentaire diffère de celle utilisée pour le
secteur industriel principalement parce que les différents maillons ou
entreprises qui composent les filières agro-alimentaires sont
étroitement dépendants les uns des autres alors que la
concurrence avec les importations s'exerce la plupart du temps en bout de
chaîne, au niveau du consommateur final. Il est donc nécessaire,
pour évaluer l'impact au niveau de la production primaire -
l'agriculteur ou l'éleveur - d'établir la relation qui le lie au
produit final consommé.
20.2.1 Le cadre analytique
La baisse des droits de douane appliqués aux produits
européens à l'entrée de la CEDEAO auraient certes un
impact sur les recettes douanières, mais aussi sur la concurrence et
donc sur la rentabilité des entreprises. Il faut considérer cette
concurrence à différents niveaux :
· de produit à produit, directement sur le
marché malien. Il s'agit d'analyser, pour les produits européens
arrivant directement sur le marché malien, en quoi ils concurrencent la
production nationale. Sont concernés principalement le sucre, les huiles
et les produits laitiers ;
· de produit à produit, indirectement via les
marchés de débouché des produits maliens. Il s'agit de
considérer ici la perte de marché potentielle pour les produits
maliens liés à un report de la demande des clients traditionnels
du Mali vers des produits européens devenus plus concurrentiels. Sont
ici concernés des produits maliens consommés par ses voisins en
particulier les pays côtiers comme la viande bovine ;
· de produit à un substitut. Il s'agit ici de
prendre en compte les substitutions possibles entre produits maliens et des
produits substituables dont le remplacement n'est pas immédiat, mais
pour lesquels s'exprime une certaine préférence dans la mesure
où les prix en deviennent très attractifs. On inclut ici le
blé et le riz qui sont deux produits de consommation urbaine
principalement (sauf dans les zones de production de riz) et dont le passage de
la consommation de l'un à l'autre n'est que partiellement proportionnel
à leurs prix relatifs.
Dans les cas 1 et 2, on convient que la substitution est
parfaite et que donc à une diminution du prix du bien concurrent
correspond une augmentation des volumes achetés au détriment de
la demande nationale.
Dans le cas 3, la substitution n'est pas parfaite, on peut
considérer par exemple une diminution double du prix pour avoir une
substitution d'une unité de la production locale. Dans le cas de la
production agricole, la difficulté résulte de la distance qui
existe entre le
premier maillon qui est celui de la production et celui sur
lequel s'exerce la demande finale, qui est le niveau du détaillant. La
compréhension de l'impact de la demande sur la production exige donc par
conséquent qu'on s'attelle à la compréhension des
filières dans leur ensemble.
Nous avons réalisé pour les principales
filières des modèles de filière ad'hoc, sur la base de la
bibliographie existante, études de filières, données OMA,
données des douanes pour les volumes du commerce extérieur, en
calant au mieux les données existantes sur une situation de
référence qui correspond aux années 2002-2003.
Le principe de ces modèles de filières est
identique pour toutes les filières.
· Chaque « état » du produit est
identifié ainsi que chaque type d'opérateur qui lui fait subir
une transformation (soit technologique, soit par modification du
conditionnement ou du lieu de vente du produit). On définit ainsi
différents niveaux de transaction du produit. Chacune de ces
transactions est quantifiée. On obtient ainsi une matrice
d'échange entre opérateurs de la filière, matrice qui doit
nous permettre de vérifier la cohérence du bilan
matière.
· A cette matrice d'échanges en volumes
correspond une matrice d'échange en prix.
· Un autre tableau détaille pour chaque
opérateur et pour chaque unité vendue par lui les coûts
inhérents à son procès : charges proportionnelles,
amortissements, coûts en main d'oeuvre salariée, taxes. Les
contenus en importation de chacun de ces postes sont estimés. On peut
ainsi calculer la valeur ajoutée directe et indirecte pour chaque
unité de produit transigée par un opérateur.
· Un dernier tableau permet de mettre en relation la
production et la demande nationale avec l'extérieur : les prix CAF y
sont consignés ainsi que tous les coûts et taxes permettant de
mettre en relation l'offre ou la demande étrangère avec le
marché national. Les prix de parité à l'import et à
l'export31 peuvent donc être évalués.
Ces différents tableaux permettent de mettre en
évidence certains ratios sur la position internationale de la
filière (TPE, TPN, CRI)32 et de modéliser les effets
d'une modification des rapports de prix sur le volume global produit par la
filière et donc l'impact sur les différents maillons de la
filière, en supposant que le comportement de chacun des
opérateurs ne change pas33.
20.2.2 Quelle est l'influence de la modification des
droits de douane sur les prix ?
Le prix rendu dans le pays s'exprime de la façon suivante
en fonction du prix CAF :
31 Le prix de parité à l'import est le prix CAF
en devises auquel sont ajoutés tous les coûts (hors taxes et
subventions) d'approche entre le point d'entrée dans le pays et le lieu
de consommation ; le prix de parité à l'exportation est le prix
FAB moins tous les coûts (hors taxes et subventions) d'acheminement entre
le lieu de production et le point de sortie du pays.
32 Les TPE et TPN sont exprimés en valeur absolue (et non
en %) dans les tableaux qui suivent.
33 Cette hypothèse « toutes choses par ailleurs
» est la seule réaliste compte tenu des données disponibles
et de l'ampleur donnée à cette étude. La prise en compte
de la modification de comportement des opérateurs, en particulier des
importateurs qui pourraient profiter des baisses des prix CAF en augmentant
leurs marges est une hypothèse qu'il faudrait avoir à l'esprit
mais que l'on exclut ici en cohérence avec le cadre d'analyse qui
sous-tend la mise en place des APE et qui confère au libéralisme
les vertus d'accroître l'efficacité économique et donc
d'éliminer les positions de rente.
P = PCAF(1+DD+RS+PCS+PC)(1+TVA) + PCAF
(PC+PCS) Avec DD = droit de douane
RS = redevance statistique
PCS = prélèvement compensatoire de
solidarité
PC = prélèvement communautaire
Lors de l'abrogation du droit de douane, le prix rendu dans
le pays baisse donc de PCAF(DD) (1 +TVA). En négligeant le
prélèvement communautaire, on aboutit donc à une variation
relative de dP/P = -DD/(1+DD+RS+PCS).
Selon la catégorie du produit, la variation sera de 4,7
à 16,4%.
Tableau 49 : baisse potentielle des prix avec
suppression des droits de douane
Catégorie
|
1
|
2
|
3
|
DD
|
5%
|
10%
|
20%
|
RS
|
1%
|
1%
|
1%
|
PCS
|
1%
|
1%
|
1%
|
variation
|
-4,7%
|
-8,9%
|
-16,4%
|
|
20.2.3 Les données de prix de
référence pour 2003 :
Les simulations d'impact reposent en partie sur des
comparaisons internationales. Il est donc important de considérer les
conditions réelles de confrontation du secteur agro-alimentaire malien
avec le marché international.
Nous avons extrait du fichier des douanes les valeurs CAF des
principaux achats à l'étranger et avons calculé en
fonction des déclarations en douane le prix unitaire. Ce prix est
très variable selon l'origine et selon le lot importé34.
Tableau 50 : prix CAFdes produits agro-alimentaires
significatifs pour le Mali
Poussins
viande ovine poulet congelé abats de poulet lait en
poudre lait en poudre
lait en poudre semences pomme de terre
tomates oignons
NOMENC 10 chiffres
PAYS
|
POIDS (Kg)
|
VALEURS (FCFA°
|
|
prix unitaire FCFA/kg
|
01
|
05
|
11
|
00
|
90
|
France
|
|
|
117
|
|
1
|
320
|
500
|
11
|
286
|
02
|
04
|
23
|
00
|
00
|
?
|
|
1
|
890
|
|
|
665
|
993
|
|
352
|
02
|
07
|
12
|
00
|
00
|
France
|
|
|
939
|
|
|
373
|
584
|
|
398
|
02
|
07
|
14
|
00
|
00
|
?
|
|
3
|
177
|
|
10
|
308
|
900
|
3
|
245
|
04
|
02
|
21
|
10
|
00
|
France
|
|
587
|
482
|
|
707
|
427
|
424
|
1
|
204
|
04
|
02
|
21
|
10
|
00
|
Pays-Bas
|
|
30
|
000
|
|
31
|
118
|
600
|
1
|
037
|
04
|
02
|
21
|
29
|
00
|
France
|
1
|
723
|
656
|
2
|
144
|
871
|
691
|
1
|
244
|
07
|
01
|
10
|
00
|
00
|
France
|
1
|
057
|
010
|
|
557
|
783
|
385
|
|
528
|
07
|
02
|
00
|
00
|
00
|
Gambie
|
|
1
|
620
|
|
1
|
700
|
999
|
1
|
050
|
07
|
03
|
10
|
00
|
00
|
Senegal
|
|
37
|
750
|
|
3
|
147
|
500
|
|
83
|
|
plantain
blé
maïs
riz blanc riz brisure riz brisure farine de blé
arachide décortiquée huile de palme en bouteille
RCI
huile de palme en bouteille Malaisie huile de palme vrac Cote
d'Ivoire
huile de palme vrac Malaisie
huile de coton brute huile de coton
sucre en poudre UE
sucre en poudre RCI concentré tomates UE
NOMENC 10 chiffres
PAYS
|
POIDS (Kg)
|
VALEURS (FCFA°
|
|
prix unitaire FCFA/kg
|
08
|
03
|
00
|
10
|
00
|
Cote Ivoire
|
2
|
949
|
000
|
|
72
|
608
|
009
|
25
|
10
|
01
|
90
|
00
|
00
|
France
|
24
|
085
|
216
|
2
|
867
|
081
|
514
|
119
|
10
|
05
|
90
|
00
|
00
|
Cote Ivoire
|
|
79
|
600
|
|
1
|
590
|
360
|
20
|
10
|
06
|
30
|
10
|
00
|
Inde
|
62
|
655
|
655
|
8
|
305
|
033
|
483
|
133
|
10
|
06
|
40
|
00
|
00
|
Senegal
|
2
|
192
|
485
|
|
245
|
776
|
505
|
112
|
10
|
06
|
40
|
00
|
00
|
Bresil
|
6
|
124
|
184
|
|
624
|
668
|
612
|
102
|
11
|
01
|
00
|
00
|
00
|
France
|
16
|
891
|
419
|
3
|
385
|
499
|
634
|
200
|
12
|
02
|
20
|
90
|
00
|
Cote Ivoire
|
|
372
|
600
|
|
7
|
379
|
000
|
20
|
15
|
11
|
90
|
10
|
00
|
Cote Ivoire
|
|
27
|
104
|
|
16
|
547
|
800
|
611
|
15
|
11
|
90
|
10
|
00
|
Malaysia
|
|
495
|
792
|
|
158
|
555
|
590
|
320
|
15
|
11
|
90
|
90
|
00
|
Cote Ivoire
|
2
|
200
|
390
|
1
|
038
|
244
|
388
|
472
|
15
|
11
|
90
|
90
|
00
|
Malaysia
|
2
|
005
|
453
|
|
577
|
960
|
913
|
288
|
15
|
12
|
21
|
00
|
00
|
Burkina Faso
|
|
999
|
140
|
|
400
|
520
|
549
|
401
|
15
|
12
|
29
|
00
|
00
|
Burkina Faso
|
2
|
607
|
400
|
1
|
209
|
957
|
886
|
464
|
17
|
01
|
99
|
10
|
00
|
France
|
18
|
944
|
075
|
2
|
463
|
066
|
717
|
130
|
17
|
01
|
99
|
10
|
00
|
Cote Ivoire
|
1
|
960
|
000
|
|
402
|
000
|
000
|
205
|
20
|
02
|
90
|
20
|
00
|
Italie
|
|
709
|
178
|
|
362
|
900
|
656
|
512
|
|
Source : douanes 2003
Ces prix servent de base de référence de prix
internationaux. 20.2.4 Les hypothèses de simulation
Une simulation de l'effet d'une baisse des prix d'importation
est réalisée pour chacun des secteurs productifs agricoles.
Elle consiste à considérer une forte
élasticité de la demande nationale par rapport aux prix, ce qui
est une hypothèse classique dans une économie à demande
solvable restreinte. On considère en effet que la demande nationale est
limitée par le pouvoir d'achat et que donc une mise à disposition
de la demande finale de marchandises avec un prix en baisse de X% permet une
augmentation de la demande du même pourcentage (élasticité
constante égale à - 1).
Mais cette demande ne peut, à court terme,
qu'être réalisée par les importations dont la mise à
disposition est beaucoup plus rapide que la production agricole locale,
contrainte par les conditions saisonnières de production. Ce sont donc
les importations qui satisfont le surplus de demande.
On considère en outre que les opérateurs ne
peuvent supporter de baisse supplémentaires des prix et coûts
locaux. Les ajustements de la production nationale se font donc par les
volumes, les débouchés se restreignant. On raisonne donc à
court terme, à prix de la production locale constants.
Cette hypothèse permet de concilier trois tendances
contradictoires :
· sous l'effet de la concurrence des produits
importés, la demande locale se portera préférentiellement
sur les importations, au détriment de la production locale
· la stimulation de la demande sous l'effet de la baisse
des prix peut partiellement profiter à la demande locale qui
augmenterait en volume.
· on peut penser qu'à terme les prix de la
production locale devraient baisser, ce qui impliquerait un ajustement à
la baisse de la production des produits concernés et donc une baisse des
volumes de produits locaux achetés.
Notre hypothèse consiste à tenir compte de la
dynamique de la production à court terme35 :
· augmentation de la demande sur les produits qui
deviennent les moins chers, en l'occurrence les importations
· maintien de la valeur de la consommation finale du
produit
· ajustement de l'offre nationale
Avec ce raisonnement, on peut arriver à une situation
où le gain de pouvoir d'achat (l'économie de dépense des
consommateurs) à partir d'une baisse du coût des importations
permet, pour une dépense constante au niveau de la consommation finale,
un accroissement de la demande pour des produits nationaux. Il n'y a donc pas
systématiquement concomitance de l'augmentation des importations et
baisse de la production nationale, mais possibilité d'augmentation des
importations et de la production nationale grâce à
l'épargne réalisée sur les importations et ceci sans
baisse du prix local.
20.3 L'impact de la baisse des tarifs sur les
filières agro- alimentaires
20.3.1 La filière sucre
La compétitivité
L'Union européenne (27000 tonnes) n'est certes plus le
premier fournisseur du Mali en sucre depuis la montée en puissance du
Brésil (67000 tonnes), toutefois, on sait que le maintien de l'UE dans
les importations maliennes se justifie par une qualité différente
du produit livré, malgré un coût relativement plus
élevé. Le différentiel de prix devra se maintenir si le
Brésil veut maintenir ses parts de marché, ce qui suppose que la
baisse du prix à l'import du sucre européen devrait entrainer une
baisse du prix du sucre brésilien.
On convient donc que la baisse de prix du sucre européen
entraine celle de la moyenne du prix du sucre importé, dans la
même proportion.
35 Soit Pl le prix des produits locaux, Pi le prix des produits
importés, Ql la production locale et I les importations, on pose :
[d(Ql+I)/dPi] x [Pi./(Ql+I)] = -1 (élasticité de la demande par
rapport au prix des imports égale 1)
Pl.Ql+Pi.I = C (consommation finale constante en valeur)
Après la baisse des prix, on pose T = I+Ql+dI+dQl.
Mais on suppose que l'excédent de demande se porte sur les importations
seules. Donc on pose dI=d(Ql+I)=-dPi/Pi(Ql+I). Donc, sachant la constance de la
demande finale, on peut calculer dQl.
Le sucre est en catégorie 3, la baisse attendue est donc
d'environ 16,4%.
La valeur ajoutée de la filière, hors utilisation
industrielle s'élève, selon nos calculs, à 46 milliards de
FCFA.
Tableau 51: compte agrégé de la
filière sucrière
Création de Valeur ajoutée
VA directe VA indirecte impôts imports
|
Mions FCFA prod
|
commercialisation
|
détail
|
export
|
import
|
|
7 389 10 426
2 523 1 635
2 787 3 185
|
4 030
810
630
|
|
1 520 17 704 22 479
|
|
|
|
|
|
|
source Iram-great
Une grande partie de la valeur ajoutée est
créée au niveau de la commercialisation ce qui s'explique par
l'importance des importations dans la consommation. Le sucre produit localement
représente moins de 16% de la consommation nationale. La valeur
ajoutée par hectare de canne est d'environ 1,7 millions de FCFA pour la
production de sucre local ce qui paraît important, mais se justifie par
l'importance du processus de transformation que subit le produit.
Le rapport VA/production est de 0,6, ce qui indique une modeste
contribution de la filière à la création de richesse
nationale avec les ressources utilisées.
Figure 15 : répartition de l'utilisation du
sucre
vente au détail sucre
95%
consommation de
Sucre
industriel transforma teur 5%
répartition de la consommation
(en équivalent produit brut)
2 000 000 000 1 800 000 000 1 600 000 000 1 400 000
000 1 200 000 000 1 000 000 000 800 000 000 600 000 000 400 000
000 200 000 000 0
|
|
|
import prod locale
|
|
Source : iram-Great
L'analyse de la compétitivité internationale,
à partir des calculs en prix de référence conduit à
mettre en évidence la protection dont jouit la production nationale
(TPN=2,1). Grâce à la protection, ce sont l'ensemble des acteurs
concernés par la filière qui bénéficient
d'avantages (TPE = 4,9). Cet avantage est d'ailleurs au prix d'un bilan
économique défavorable : aux prix d'opportunité, la
production de sucre ne serait pas rentable. Le transfert net aux agents
lié à la situation particulière du Mali correspond
à près de 20 milliards de FCFA. Cette politique économique
conduit donc à faire bénéficier les agents
impliqués dans la filière sucre d'un
avantage qui se convertirait en perte en cas d'application des
prix internationaux. En ce sens, la filière n'est pas
compétitive.
Avec un CRI égal à 1,3, on constate que
l'utilisation des ressources domestiques est inférieure à la
valeur créée, ce qui correspond à une perte de richesse
pour le pays par rapport à l'alternative de recourir au marché
international.
Tableau 52 : analyse de la compétitivité
de la filière sucre
Matrice d'analyse des politiques (MAP)
Mions FCFA
Produits BSE BSNE SOLDES
prix de marché
|
75
|
116
|
50
|
072
|
6
|
800
|
18
|
244
|
prix de référence
|
35
|
378
|
30
|
292
|
6
|
552
|
-1
|
465
|
transferts
|
39
|
738
|
19
|
780
|
|
248
|
19
|
710
|
|
Des ratios sur la filière
TPN
|
|
|
|
|
|
2,1
|
TPE
|
|
|
4,9
|
CRI
|
|
|
1,3
|
VA totale
|
46
|
035
|
|
VA totale/Production (taux
d'intégration)
|
|
|
0,6
|
VA production nationale/ha
|
1
|
787
|
313
|
VA/imports
|
|
|
1,6
|
|
L'impact de la baisse du tarif
En appliquant notre méthode de simulation, nous obtenons
pour une baisse de 16% du prix du sucre importé une augmentation des
importations d'environ 30000 tonnes.
Compte tenu du surplus dégagé par les
consommateurs, et du faible niveau actuel de la production nationale, ceci ne
devrait pas conduire à une contraction de la demande pour le sucre
local. Grâce aux gains réalisés sur l'achat de sucre, 190
tonnes de sucre local supplémentaires pourraient être
demandés, soit une demande supplémentaire de 0,6%. Cette
augmentation reste négligeable et ne peut pas servir d'argumentation
à une diminution du prix du sucre importé.
Tableau 53: évolution économique de la
filière sucre par application de l'APE
évolution des prix imports -16,4%
évolution de la production nationale 0,6%
évolution de la consommation totale 16,5%
évolution de la valeur ajoutée 7,6%
Source Iram-great
Ce qui est en revanche beaucoup plus significatif est que si
la production nationale devenait beaucoup plus importante - par exemple
jusqu'à produire 170000 tonnes de sucre comme l'ambitionne le projet
Markala -, le rapport entre sucre local et importé changerait
radicalement. La sensibilité de la production nationale au prix des
imports augmenterait considérablement. Pour une baisse de 16,4% du prix
des imports et pour une production de 170000 tonnes (soit 28000 ha
cultivés), et des importations ramenées à 30000 tonnes,
la
baisse de prix du sucre importé aurait une incitation
sur la consommation telle que s'opérerait un report de la demande sur
les imports conduisant à une diminution de la demande de sucre local de
22 mille tonnes, soit une nécessité de réduire la
production de 13%.
On mesure ici, l'importance d'une certaine protection - ou d'une
hausse des cours mondiaux - pour préserver la logique d'investissement
dans le secteur sucrier au Mali.
En résumé, le secteur sucrier
bénéficie d'une protection importante qui conduit à un
transfert important au bénéfice des opérateurs de la
filière et une utilisation des ressources nationales qui n'est pas la
plus efficace au regard des prix internationaux. Il est évident que
cette situation est à lier à la situation du marché
mondial du sucre qui est un marché d'excédent sur des productions
nationales fortement soutenues dans quelques pays exportateurs et qui assurent
la rentabilité des productions.
Augmenter la production malienne accroit la
sensibilité du secteur à une modification des règles
d'insertion dans le marché mondial : de tels investissements ne sont (et
ne devraient être appuyés comme tels par les financiers)
pertinents que s'ils sont accompagnés d'un maintien d'une protection.
20.3.2 La filière maïs
La compétitivité
Les importations portent actuellement sur moins de 1% de la
production nationale en équivalent grain.
Figure 16: répartition de l'utilisation du
maïs
400 000 000
350 000 000
300 000 000
250 000 000
200 000 000
150 000 000
100 000 000
50 000 000
répartition de la consommation
(en équivalent produit brut)
0
import prod locale
autoconso 54%
détaillant farine 34%
consommation de Maïs
détaillant grain 12%
La valeur ajoutée générée par la
filière est estimée à 45 milliards FCFA soit autant que
pour le sucre par exemple.
Tableau 54 : compte agrégé de la
filière maïs
Création de Valeur ajoutée
Mions FCFA
|
prod
|
commercialisatio n
|
détail export
|
import
|
VA directe
|
33 802
|
3 000
|
3 282
|
75
|
VA indirecte
|
4 312
|
822
|
281
|
42
|
impôts
|
|
|
|
20
|
imports
|
2 249
|
1 459
|
414
|
123
|
|
L'essentiel de la valeur ajoutée est créée
au niveau des producteurs, ce qui traduit la faible transformation «
formelle » du produit.
Le rapport entre VA et production (0,91) traduit une forte
valorisation des ressources locales. Tableau 55 : analyse de la
compétitivité de la filière maïs
Matrice d'analyse des
|
politiques (MAP)
Produits BSE
|
|
BSNE
|
|
Mions FCFA SOLDES
|
|
prix de marché
|
49 881 9
|
616
|
11
|
741
|
28
|
523
|
prix de référence
|
30 003 6
|
682
|
11
|
741
|
11
|
580
|
transferts
|
19 877 2
|
934
|
|
|
16
|
944
|
Des ratios sur la filière
|
|
|
|
|
|
|
|
TPN
|
1,66
|
|
|
|
|
|
|
TPE
|
1,73
|
|
|
|
|
|
|
CRI
|
0,50
|
|
|
|
|
|
|
VA totale
|
45 636
|
Mions FCFA
|
|
|
|
|
|
VA totale/Production (taux
d'intégration)
|
0,91
|
|
|
|
|
|
|
VA totale/ha cultivé
|
143 961
|
|
|
|
|
|
|
VA/imports
|
10,75
|
|
|
|
|
|
|
|
Du point de vue de l'insertion internationale, on constate un
certain niveau de protection (TPN = 1,66) qui bénéficie aux
producteurs et à l'ensemble des acteurs de la filière (TPE=1,7).
Les transferts qui en résultent sont d'environ 17 milliards FCFA, soit
près de la moitié de la valeur produite exprimée en prix
internationaux.
Toutefois, le coefficient de ressources interne (CRI=0,5)
exprime une utilisation efficace des ressources nationales et la
création de valeur estimée en prix internationaux : la production
se fait à un coût moindre que l'emploi de ces ressources sur le
marché international. En ce sens, on peut dire que la filière est
compétitive. Aux prix de référence, les acteurs
continueraient à générer de la valeur, mais grâce
à la politique commerciale, ils doublent l'avantage qui leur est
transféré (de 11 à 28 milliards FCFA).
L'impact de la baisse du tarif
Le maïs est classé en catégorie 1 et subit
l'imposition de la TVA. Son entrée sans droit de douane correspondrait
à une baisse de 4,7% du prix du maïs importé.
Les conséquences d'une baisse des prix
d'opportunités du maïs, c'est à dire de la
possibilité de s'approvisionner à faible coût, sont
importantes d'après notre simulation.
La production nationale diminuerait de 4,5%. L'impact sur la
valeur ajoutée serait limité à - 0,2%.
Tableau 56 : évolution économique de la
filière maïs par application de l'APE
évolution des prix imports -4,7%
évolution de la production nationale -4,5%
évolution de la consommation totale 0,5%
évolution de la valeur ajoutée -0,2%
Compte tenu de la part prépondérante de la
production nationale dans la formation de la valeur ajoutée, il en
résulterait une forte variation de la valeur ajoutée au niveau de
la production, de l'ordre de -1,2 milliards FCFA, mais qui serait
compensée par l'augmentation du commerce.
Tableau 57 : modification de la répartition de
la VA de la filière maïs avec l'APE
Création de Valeur ajoutée
Mions FCFA
|
prod
|
commercialisatio n
|
détail
|
export import
|
VA directe
|
32 590
|
3 396
|
3 389
|
475
|
VA indirecte
|
4 171
|
821
|
299
|
266
|
impôts
|
|
|
|
124
|
imports
|
2 177
|
1 459
|
441
|
779
|
|
Les importations passeraient de 3000 à 20000 tonnes, ce
qui induirait une hausse de la facture de 650 millions FCFA, ce qui est
important.
En résumé, on peut dire que ce qui se joue avec
la baisse des tarifs sur le maïs c'est le maintien d'une production
nationale efficace du point de vue de la compétitivité
internationale et le risque d'une explosion de la facture d'importation, sans
avoir en revanche d'impact important sur la création de valeur
ajoutée. Il est clair que du point de vue de la répartition un
tel scénario favoriserait les opérateurs en aval de la
filière.
20.3.3 La filière riz :
La compétitivité
La filière riz est considérée à
plusieurs titres comme stratégique.
La valeur ajoutée créée par la
filière est de l'ordre de 80 milliards FCFA. Les importations
représentent un peu plus de 10% de la production nationale.
Figure 17: répartition de la demande finale en
riz
400 000 000
200 000 000
700 000 000
600 000 000
500 000 000
300 000 000
100 000 000
répartition de la consommation
(en équivalent produit brut)
0
import prod locale
autoconso 47%
consommation de
exportation 6%
conso rurale 7%
Riz
conso urbaine 40%
conso rurale conso urbaine exportation autoconso
La valeur ajoutée est fortement concentrée au
niveau de la production primaire. La valeur ajoutée rapportée
à la valeur de la production est assez élevée (0,73).
Enfin, le riz valorise fortement la terre utilisée pour sa production
Tableau 58 : répartition de la VA de la
filière riz (Mions Fcfa)
Création de Valeur ajoutée
|
prod
|
transformation
|
détail
|
export et
auto- conso
|
import
|
VA directe
|
50 218
|
4 809
|
11 499
|
58
|
|
VA indirecte
|
8 593
|
829
|
1 044
|
|
600
|
impôts
|
|
|
|
|
1 965
|
imports
|
20 721
|
911
|
1 044
|
|
6 200
|
|
L'analyse en comparaison internationale montre un taux de
protection modeste qui confère un certain avantage aux producteurs,
transformateurs et commerçants mais aussi à tous les fournisseurs
de la filière (engrais, décortiqueuses etc.). L'avantage
transféré reste toutefois modeste, inférieur à 10%
du produit exprimé en prix internationaux. Mais surtout, le coût
en ressources internes (0,007) indique une très forte
compétitivité du produit du point de vue international et donc
une valorisation importante des ressources nationales.
Matrice d'analyse des politiques (MAP)
|
Produits
|
BSE
|
BSNE
|
SOLDES
|
prix de marché
|
108
|
493
|
41
|
109
|
4
|
118
|
63
|
266
|
prix de référence
|
94
|
516
|
37
|
353
|
4
|
099
|
53
|
064
|
transferts
|
13
|
977
|
3
|
756
|
|
19
|
10
|
202
|
|
Des ratios sur la filière
TPN
TPE
CRI
VA totale
VA totale/Production (taux
d'intégration)
VA totale/ha cultivé
VA/imports
1,15
1,18
0,07
79 616 Mions FCFA
2,7570
0,73
266 131
Tableau 59 : compétitivité internationale
du riz malien (Mions Fcfa)
Impact des APE :
L'Union européenne n'est pas un concurrent sur le
marché du riz consommé au Mali. Les faibles productions
européennes concernent un créneau très particulier de riz
haut de gamme à prix élevé.
L'APE n'est pas un enjeu pour la production de riz malien
sauf en ce qui concerne l'accès aux moyens de production et la
concurrence accru de substituts possibles au riz.
La réduction des prix des intrants ou du
matériel nécessaire à la transformation du paddy peuvent
encore accroître la productivité, la rentabilité et la
compétitivité internationale du riz.
L'ensemble des transferts sur les biens et services
échangeables et liés à la politique commerciale du Mali ne
sont que de 3,7 milliards FCFA. A supposer que ces tranferts soient
intégralement liés à la protection vis à vis des
intrants originaires de l'UE, on se rend compte que la marge de manoeuvre est
très faible à ce niveau pour accroître la
compétitivité de la filière. Ces 3,7 milliards sont en
effet à rapprocher des 79 milliards actuellement
générés par la filière. Cette possibilité de
faire bénéficier la filière d'un faible avantage sur les
intrants de la filière riz ne peut pas constituer un argument de poids
pour la mise en place de l'APE en faveur de la filière.
En revanche, l'APE pourrait avoir un impact sur la
consommation. Le riz est largement consommé en milieu urbain, à
40%. On peut ainsi craindre que selon le rapport de prix entre farine de
blé, également consommée en ville sous forme de pain, et
riz, ne s'opère une substitution en défaveur de ce dernier. Or
30000 tonnes de farines sont importées, principalement de France.
L'enjeu de la farine ne porte donc pas seulement sur les industries de
minoterie, mais aussi sur une partielle substitution au riz malien. Ces effets
ne sont toutefois pas quantifiables.
20.3.4 La filière oignon
Les importations d'oignons enregistrées par les
douanes sont faibles, de l'ordre de 720 tonnes, principalement originaires de
la sous-région. Toutefois, le prix CAF de ces oignons importé est
bas, de l'ordre de 80 FCFA/kg. Le prix de parité à l'importation
est d'environ 230FCFA/kg, ce qui est inférieur au prix de marché,
mais ne semble pas constituer un argument pour juger de l'absence de
compétitivité de la filière oignon malienne. On peut
supposer en effet que l'oignon produit localement jouit de la part des
consommateurs d'une préférence qui justifie le
différentiel de prix d'avec le produit importé.
Si l'on imaginait de vouloir importer des oignons de pays
non-membres de l'UEMOA le prix rendu au consommateur serait de l'ordre de 270
FCFA/kg, après application du TEC de 20%, ce qui est à peine
compétitif à Bamako. Cet oignon rendu-province serait beaucoup
trop cher.
Figure 18: La consommation d'oignons et
échalottes au mali
répartition de la consommation
(en équivalent produit brut)
200 000 000 150 000 000 100 000 000 50 000 000 0
|
|
|
import prod locale
|
|
La valeur ajoutée créée par la
filière est assez modeste en valeur absolue. Les quantités
importantes de pertes lors du stockage conduisent à une diminution de la
valeur ajoutée par rapport au potentiel. On estime ces pertes à
environ 8 milliards FCFA de valeur ajoutée, en particulier au niveau des
producteurs. En revanche, il faut tenir compte du contenu très
élevé du chiffre d'affaire en valeur ajoutée (91%) et de
la très forte valorisation de la terre qu'induit la filière
oignon (plus de 2 milliards FCFA/ha).
Tableau 60 : répartition de la VA de la
filière oignon (Mions Fcfa)
Création de Valeur ajoutée
|
prod
|
transformation
|
détail export
|
import
|
VA directe
|
9 884
|
2 871
|
3 572
|
2
|
VA indirecte
|
2 707
|
348
|
354
|
10
|
impôts
|
|
|
74
|
9
|
imports
|
951
|
811
|
236
|
56
|
|
La compétitivité
L'analyse du point de vue de la compétitivité
internationale montre des niveaux de protection faibles et un coût en
ressources interne très favorable, ce qui indique une forte valorisation
des ressources nationales et une forte compétitivité.
Tableau 61 : compétitivité
internationale de l'oignon malien (Mions Fcfa)
Matrice d'analyse des politiques (MAP)
|
Produits BSE
|
|
|
BSNE
|
|
SOLDES
|
|
prix de marché
|
|
21 885
|
5
|
465
|
1
|
884
|
14
|
537
|
prix de référence
|
|
18 767
|
4
|
958
|
1
|
883
|
11
|
927
|
transferts
|
|
3 118
|
|
507
|
|
1
|
2
|
610
|
Des ratios sur la filière
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TPN
|
|
1,17
|
|
|
|
|
|
|
|
TPE
|
|
1,19
|
|
|
|
|
|
|
|
CRI
|
|
0,14
|
|
|
|
|
|
|
|
VA totale
|
|
19 831
|
Mions FCFA
|
|
|
|
|
|
|
VA totale/Production (taux
d'intégration)
|
|
0,91
|
|
|
|
|
|
|
|
VA totale/ha cultivé
|
2
|
155 492
|
|
|
|
|
|
|
|
VA/imports
|
|
9,65
|
|
|
|
|
|
|
|
|
L'impact des APE :
Il est peu probable, compte tenu des prix de parité
calculés, de la qualité reconnue des oignons produits localement,
et de la compétitivité du point de vue de la valorisation
internationale, que l'oignon malien soit concurrencé par des
importations européennes. L'APE ne devrait pas constituer de menace pour
la production locale, d'autant plus qu'existent des gisements importants dee
productivité par réduction des pertes à la
conservation.
20.3.5 La filière lait
Le lait est le troisième produit agro-alimentaire le
plus importé au Mali. Il vient à près de 90% de l'Union
européenne. Mais le montant du total importé ne doit pas faire
oublier que le lait est principalement auto-consommé et donc en tant que
tel représente une valeur créée considérable pour
le pays. C'est l'ensemble de la valeur ajoutée dont il faut tenir compte
dans une comparaison internationale.
Figure 19: répartition de la consommation de
lait
détail iinformel 32%
détail formel 16%
Consummation Lait
autoconso vaches améliorée s 0%
autoconso vaches traditionne lles 52%
répartition de la consommation (en
tonnes
équivalent produit brut)
140 000
120 000 100 000 80 000 60 000
40 000 20 000
|
|
|
import prod locale
|
|
La valeur ajoutée de la filière lait de
consommation36 est d'environ 45 milliards FCFA selon nos calculs, donc voisine
de celles du sucre ou du riz.
Tableau 62 : répartition de la VA dans la
filière laitière (Mions Fcfa)
Création de Valeur ajoutée
0 prod transformation détail export
import
VA directe
23 973 6 904 4 819
VA indirecte
5 347 1 118 596 139
impôts
1 949
imports
4 289 2 106 389 7 352
Cette filière repose de façon importante sur des
importations (6,6 milliards de poudre en 2003). L'ensemble des importations
liées à la filière représentent plus de 7,3
milliards FCFA. Malgré cela, la valeur ajoutée de la
filière est environ triple des importations.
Rapportée au chiffre d'affaire total, la valeur
ajoutée est assez importante.
Tableau 63 : décomposition des produits de la
filière lait (Mions Fcfa)
Matrice d'analyse des politiques (MAP)
Produits BSE BSNE SOLDES
prix de marché
|
58 981
|
23
|
054
|
1
|
626
|
34
|
301
|
prix de référence
|
53 175
|
19
|
878
|
1
|
614
|
31
|
682
|
transferts
|
5 806
|
3
|
175
|
|
12
|
2
|
618
|
|
La compétitivité internationale
Le lait en poudre n'est taxé qu'à 5% alors que
les produits élaborés à partir de cette même poudre
(yoghurt, fromages) bénéficient d'un tarif de 20%. Il y a donc
manifestement une protection des entreprises de transformation dont ne
jouissent pas les éleveurs.
Globalement, la politique commerciale de la filière
lait de consommation ne garantit guère de transferts aux
opérateurs. On pourrait dire que la filière est « peu
soutenue ». Les transferts ne constituent que 4% de la valeur produite
exprimée en prix d'opportunité.
Tableau 64 : les critères de
compétitivité de la filière lait
Des ratios sur la filière
1,11 1,08
TPN TPE
CRI
VA totale
VA totale/Production (taux d'intégration) VA
totale/tête VA/imports
0,05
44 845 Mions FCFA
0,76
96 857
3,17
La filière jouit en effet d'une faible protection (TPE
et TPN proches de 1). Le coût en ressources internes, proche de 0 indique
une très forte valorisation des ressources nationales et donc un
intérêt collectif à favoriser la production
laitière. La filière lait de consommation est donc
génératrice de forte valeur malgré un investissement et
une politique commerciale qui ne la favorisent guère.
L'impact des APE
Compte tenu de la part prise par le marché internationale
et en particulier européen dans l'approvisionnement en lait, on examine
avec soin les effets probables d'un APE.
Le lait en poudre est classé en catégorie 1 du
TEC.
La simulation réalisée conduit à estimer
un impact important de la baisse du prix de la poudre sur la production locale.
Cette dernière pourrait se contracter de plus de 4%, ce qui conduirait
à une diminution de la valeur ajoutée de la filière de
3%.
L'augmentation des importations pourrait correspondre à
une production de 9000 tonnes de lait frais. La facture d'importation de lait
s'accroîtrait de 2,6 milliards FCFA.
Tableau 65 : Effet de l'APE sur les données
économiques de la filière lait
évolution des prix imports -4,7%
évolution de la production nationale -4,4%
évolution de la consommation totale 1,9%
évolution de la valeur ajoutée -3,0%
Seuls les consommateurs finaux en profiteraient avec une
augmentation possible de leur consommation de 1,9% sans avoir à
dépenser plus qu'actuellement, mais ceci seulement à condition
que la baisse du prix de la poudre soit bien répercutée par les
transformateurs et commerçants.
En définitive, on peut considérer que compte
tenu de l'importance de la production nationale de lait de consommation, de la
création de richesse qu'elle génère, et du peu d'avantages
dont jouissent actuellement les opérateurs, l'APE exige d'eux des
efforts supplémentaires coûteux pour la collectivité. Le
taux actuellement pratiqué ne confère pas de situation de rente
aux producteurs. Il serait peu justifié d'abaisser le niveau du tarif en
vigueur, en tout cas en ce qui concerne la poudre.
20.3.6 La filière bovine
Les viandes sont importées dans l'UEMOA avec des droits
de douane de 20%.
La viande malienne n'a pas tant à craindre les
importations directes de viande au Mali que la perte de marché à
l'export dans les pays côtiers pour lesquels l'importation de viande
européenne pourrait devenir beaucoup plus attractive que la viande
sahélienne à la suite de la diminution du tarif douanier.
Figure 20: Répartition de la demande finale de la
filière bovine
consommation de bovins
exportation Sénégal 9%
exportation Ghana, Togo, Bénin,
Guinée Libéria 3%
exportation RCI 35%
détaillant viande 46%
export cuirs et peaux 7%
70 milliards FCFA sont ainsi créés dont les trois
quarts au niveau de la production. 90% de la valeur de la production est
constituée de valeur ajoutée.
Tableau 66 : répartition de la VA de la
filière bovine (Mions Fcfa)
Création de Valeur ajoutée
|
prod
|
transformation
|
détail
|
export import
|
VA directe
|
52 318
|
5 546
|
3 466
|
4 252
|
VA indirecte
|
910
|
3 909
|
|
|
impôts
|
|
409
|
182
|
|
imports
|
3 640
|
5 055
|
|
|
|
la compétitivité de la filière :
Cette filière fait très peu appel aux
importations. Elle manifeste des taux de protection très faibles et
surtout un coefficient en ressources internes extrêmement bas, ce qui
dénote une très forte valorisation des ressources nationales.
Tableau 67 : les critères de
compétitivité de la filière bovine (Mions
Fcfa)
TPN 1,05
TPE 1,01
CRI 0,02
VA totale 70 992 Mions FCFA
Matrice d'analyse des politiques (mions
FCFA)
|
Produits
|
BSE
|
BSNE
|
SOLDES
|
prix de marché
|
79 687
|
13 513
|
1
|
047
|
65 127
|
prix de référence
|
76 039
|
10 659
|
1
|
047
|
64 333
|
transferts
|
3 648
|
2 855
|
|
|
793
|
|
Des ratios sur la filière
VA totale/Production (taux 0,89
d'intégration)
VA totale/tête
10 299
Il s'agit donc d'une filière qui témoigne d'une
forte compétitivité-prix du point de vue international. La
politique commerciale du Mali est neutre vis à vis du marché
international. Les opérateurs de la filière ne
bénéficient pas d'avantage relativement aux conditions offertes
par le marché mondial (et qui, comme on le sait pour la viande bovine,
est particulièrement distordu par les politiques d'écoulement des
stocks des pays du nord). Aucun transfert n'est octroyé aux acteurs par
le biais de la politique commerciale.
L'impact des APE
Près de 60% de la production et donc de la valeur
ajoutée est réalisée grâce au marché
d'exportation. Le risque principal pour la filière est donc que se
tarisse ce débouché .
Avec une viande taxée à 20% de droit de douane,
l'effet d'un abandon du TEC correspondrait à une diminution de prix de
16,4% à l'entrée dans l'UEMOA.
Nous réalisons ici une simulation quelque peu
différente des précédentes, dans la mesure
où l'arbitrage entre demande de produits importés et produits
locaux ne s'opère pas au Mali
mais dans les pays clients du Mali. Faute de pouvoir simuler
le comportement de la demande dans ces pays, on considère qu'un
renchérissement relatif de la viande originaire du Mali de 10% induit
une baisse de la demande pour cette viande de 10%.
Cette perte de part de marché est alors assez lourde de
conséquences. La valeur ajoutée de la filière diminuerait
de près de 6 milliards FCFA soit une baisse de plus de 8%.
Tableau 68 : impact de l'APE sur les données
économiques de la filière bovine
évolution de la production nationale -8,2%
évolution de la valeur ajoutée totale -8,3%
évolution de la valeur des exportations (pertes en
devises) -14,0%
Les conséquences sur la production nationale serait
une perte de débouchés pour 37000 animaux. La production devrait
s'ajuster en diminuant encore le taux d'exploitation du cheptel. Ce taux
devrait passer à 6% des effectifs totaux, ce qui suppose un allongement
de la durée d'engraissement mais surtout un manque à gagner des
éleveurs de 4,3 milliards FCFA.
Du point de vue macro-économique, la perte en devise
serait de 6,6 milliards FCFA sur l'ensemble des exportations soit une chute de
14%.
En définitive, on mesure par l'ampleur des chiffres
évoqués, le risque pour la filière bovine de voir les pays
partenaires au sein de l'UEMOA, adopter une politique de libre accès
pour la viande européenne. On sait que l'offre de viande
européenne sait s'adapter aux conditions de prix local pour livrer des
morceaux sous-valorisés en Europe (quartiers avants, abats). Le TEC
constitue néanmoins un moyen d'assurer un différentiel de prix
sur des éléments incompressibles du prix (fret, frais de
stockage). La conclusion d'un APE doit être attentive à la
solidarité qui s'opère au sein de la zone de manière
à ce que le Mali ne pâtisse pas de choix réalisés
par ses partenaires régionaux pour lesquels la filière bovine ne
représente pas un enjeu économique. Le Mali n'a pas toutes les
clefs du problème entre les mains mais pourrait faire valoir des pertes
et donc des compensations en cas de décision défavorable à
ses intérêts sur la filière bovine.
20.3.7 La filière avicole
La filière avicole malienne n'est certes pas la plus
confrontée à la concurrence internationale parmi les
filières de la CEDEAO. Elle subit toutefois, au travers de l'UEMOA, les
effets indirects d'une politique peu favorable à la filière.
Figure 21 : répartition de la demande finale de
produits avicoles
autocons poulet
54%
consommation
export RCI 2%
poulets
détail poulet 44%
auto conso oeufs 66%
consommation d'oeufs
détail oeuf 34%
La production de poulets reste au Mali avant tout une
production traditionnelle. Le secteur moderne produit une valeur ajoutée
totale égale à 1,75 milliards FCFA sur un total de 69 milliards
pour toute la filière. Il convient de tenir compte de cette production
largement auto- consommée et qui est une des plus grosses contributrices
à la valeur ajoutée agro-alimentaire.
Tableau 69 : répartition de la création de
VA (Mions Fcfa)
Création de Valeur ajoutée Mions
FCFA
VA directe VA indirecte impôts imports
|
prod
|
transformation
|
détail
|
export import
|
|
5 811
1 448
274
|
9 163
139
|
218
|
|
La valeur ajoutée totale de la filière est
principalement concentrée aux échelons de la production. La
valeur ajoutée représente une valeur considérable de la
production compte tenu de la prédominance du système
d'élevage traditionnel à base de résidus
ménagers.
La compétitivité de la filière
La filière a une très forte
compétitivité relativement au marché international. Les
coefficients de protection des producteurs et de tous les acteurs de la
filière sont proches de 1. Le CRI faible indique une très forte
valorisation des ressources utilisées dans la production avicole.
On peut pourtant considérer que la
rémunération de l'activité est inférieure à
ce qu'elle serait dans un cadre international. Ceci résulte de la
relative taxation que subissent les facteurs, ce qui grève la
rentabilité de la production. Nous n'avons pas les moyens de distinguer
ce qu'il en est de la production moderne, mais on peut supposer que ce constat
est particulièrement valable pour lui.
Tableau 70 : les indicateurs de
compétitivité de la filière avicole (Mions
Fcfa)
Matrice d'analyse des politiques (MAP) Mions
FCFA
Produits BSE BSNE SOLDES
prix de marché
|
70
|
311
|
10
|
396
|
3
|
376
|
56
|
540
|
prix de référence
|
70
|
311
|
1
|
172
|
3
|
376
|
65
|
764
|
transferts
|
|
|
9
|
224
|
|
|
-9
|
224
|
|
Des ratios sur la filière
TPN
TPE
CRI
1,00
0,87
0,05
VA totale
VA totale/Production (taux
d'intégration)
VA/imports
69 439 Mions FCFA
79,5964
0,99
Des ratios sur la filière
TPN
|
|
|
|
|
|
|
1,00
|
|
|
|
0,96
|
|
CRI
|
|
|
0,05
|
|
VA totale
|
|
|
8 305
|
Mions FCFA
|
VA totale/Production (taux
d'intégration)
|
|
|
0,87
|
|
VA totale/ha cultivé
|
3
|
460
|
464
|
|
VA/imports
|
|
|
6,6297
|
|
|
L'impact des APE
Actuellement, plus que le prix, on peut considérer que
ce sont les conditions d'acheminement de poulet congelé depuis la
côte vers le Mali qui limitent la concurrence. Les coûts que
généreraient le maintien de la chaîne du froid assurent la
compétitivité du poulet malien.
On peut se demander si la baisse de 20% du tarif du poulet
importé de l'Union européenne dans les pays côtiers ne
provoquera pas la recherche, de la part d'importateurs ivoiriens ou
sénégalais d'opportunités de commercialisation de poulet
congelé vers l'hinterland. La diminution d'environ 100 FCFA par kilo du
coût de revient sur une base prix CAF de 400 FCFA/kg pourrait devenir
incitative et ainsi inverser le flux de marchandise au détriment des
exportations maliennes.
En tout état de cause, on connaît l'état
de marasme actuel des filières avicoles modernes des pays côtiers.
On peut penser que le front de la concurrence des poulets importés
progressera vers le nord du continent.
L'influence sur la production malienne serait très
faible compte tenu du poids de la production auto-consommée
actuellement. La perte du débouché à l'export induirait
une perte de valeur ajoutée d'environ 1%.
Nous nous sommes limités à simuler l'effet de la
baisse des prix des quelques 600 tonnes de poulets qui partent sur la
Côte d'Ivoire par perte de marché dans ce pays.
Tableau 71 : effet de l'APE sur les variables
économiques de la filière avicole
évolution de la production nationale -0,5%
évolution de la valeur ajoutée totale -0,8%
évolution de la valeur des exportations (pertes en
devises) -30,5%
La perte en devise générée par les
exportations serait de 30%.
Un autre effet pour la filière, positif
celui-là, serait un accès amélioré aux intrants de
la part des producteurs. Compte tenu de la taxation subie par les poussins (10%
de droit de douane), l'APE permettrait aux élevages modernes
d'accéder à des intrants moins chers. Il serait toutefois assez
dérisoire de devoir attendre une réforme complète des
relations entre la CEDEAO et l'UE pour que l'UEMOA mette en place une mesure
qui ne peut qu'être favorable aux producteurs de la région.
Enfin, ici encore, ce sera principalement en fonction du
choix des pays côtiers que le destin de la filière avicole moderne
sera scellé. Quelque soit le choix spécifique du Mali quant
à l'APE, les conséquences sur le secteur avicole seront minimes.
Il s'agira d'un enjeu régional.
20.3.8 La filière tomate
La problématique de la filière tomate est
complexe. La production nationale est génératrice d'une valeur
ajoutée modeste de 8 milliards FCFA alors que les importations de
concentré s'élèvent à près d'un milliards.
La majorité étant du concentré déjà
prêt à la vente au détail. Peu de triple concentré
est acheté.
L'industrie de transformation de tomate ou de concentré
est donc absente du paysage industriel malien. Il existe pourtant un potentiel
pour la tomate locale.
C'est une production qui valorise très bien les
ressources nationales. Elle ne bénéficie pas d'avantage
particulier conféré par une politique commerciale
spécifique. On peut se demander si la progression récente des
surfaces emblavées et les difficultés rencontrées par la
SOCOMA dans l'approvisionnement régulier en tomate ne résultent
pas d'une situation somme toute assez favorable aux producteurs pour qui les
opportunités de vente pour la consommation en frais étaient
satisfaisantes et n'impliquaient pas d'incitation à livrer leur produit
au transformateur. On sait aussi que les conditions de production de l'usine de
conditionnement n'étaient pas favorables : coût de
l'électricité, éloignement des principaux centres de
production de tomate, problèmes d'emballages.
Dans les conditions actuelles, le droit de douane de 20%
accroît donc directement le prix au consommateur de produits de la tomate
sans conséquence immédiate pour le producteur. On peut donc dire
que la réduction de ce prélèvement, en dehors de
considérations fiscales, ne représente pas un enjeu crucial pour
la filière tomate.
20.3.9 Les huiles de consommation
La production d'huile de consommation se limite à
celle de coton depuis l'abandon de la trituration de l'arachide de la part de
HUICOMA. La question de la compétitivité de l'huile d'arachide
était au coeur de ce choix industriel. On estime le différentiel
de prix entre les deux huiles de l'ordre de 500 FCFA par litre sachant que
l'huile de coton peut être vendue sortie usine à moins de 400
FCFA/l.
Actuellement, l'importation d'huile représente une
facture de 5 milliards FCFA mais l'Union européenne ne prend qu'une
faible part dans les livraisons (36% de l'huile de soja, soit environ 80
millions FCFA).
Tableau 72 : comparaison de prix de quelques
importations significatives d'huile
origine
|
Poids (kg)
|
|
valeur
|
|
Prix CAF FCFA/kg
|
Cote Ivoire
|
|
27
|
104
|
|
16
|
547
|
800
|
611
|
Malaysia
|
|
495
|
792
|
|
158
|
555
|
590
|
320
|
Cote Ivoire
|
2
|
200
|
390
|
1
|
038
|
244
|
388
|
472
|
Malaysia
|
2
|
005
|
453
|
|
577
|
960
|
913
|
288
|
Burkina Faso
|
|
999
|
140
|
|
400
|
520
|
549
|
401
|
Burkina Faso
|
2
|
607
|
400
|
1
|
209
|
957
|
886
|
464
|
|
huile de palme en bouteille RCI
huile de palme en bouteille Malaisie
huile de palme vrac Cote d'Ivoire
huile de palme vrac Malaisie
huile de coton brute
huile de coton
Source douanes 2003
Pour le Mali spécifiquement, le commerce avec l'Union
européenne ne constitue donc pas un enjeu particulier pour les huiles si
ce n'est éventuellement à l'exportation. Mais pour cette
dernière éventualité, il faudrait que la PAC soit
suffisamment modifiée pour que l'incitation à la production
européenne d'huiles de colza ou de tournesol soit réduite. Les
vertus nouvellement mises en avant de l'huile de colza37 constituent en outre
un argument commercial qui contribuera à dévaloriser les huiles
d'autres origines que l'UE.
20.3.10 La filière coton
S'agissant d'une filière d'exportation sans
concurrence sur le marché intérieur, la filière coton peut
être concernée par la mise en place d'un APE au niveau
principalement de l'accès aux intrants.
La filière dégage 144 milliards FCFA de valeur
ajoutée, et ceci en dépit de difficultés de
rentabilité du secteur de la transformation du coton graine.
37 Communication commerciale autour des Oméga3.
Tableau 73 : création de VA et
compétitivité de la filière coton (Mions Fcfa)
Création de Valeur ajoutée
|
prod transformation
|
Mions FCFA
détail
|
export import
|
VA directe
|
42 493 35 493
|
25 708
|
-20 297
|
VA indirecte
impôts
|
19 650 34 665
4 288
|
2 401
|
|
imports
|
38 752 38 593
|
2 101
|
|
Des ratios sur la filière
|
|
|
|
|
TPN
|
1,07
|
|
|
|
TPE
|
1,08
|
|
|
|
CRI
|
0,26
|
|
|
|
VA totale
|
144 402
|
Mions FCFA
|
|
|
VA totale/Production (taux d'intégration)
|
0,65
|
|
|
|
VA totale/ha cultivé
|
272 781
|
|
|
|
VA/imports
|
1,8176
|
|
|
|
|
Les intrants (biens échangeables) représentent
une valeur de 136 milliards FCFA qui subissent un certain nombre de
prélèvement sous forme de taxe, que l'on évalue à
environ 7,5 milliards FCFA.
Les seuls intrants aux cultures s'élèvent à
58 milliards FCFA. Les effets des APE :
On peut essayer de simuler en statique - c'est à dire
sans prendre en compte l'effet sur le niveau de production - l'effet d'une
diminution du prix des intrants sur la valeur ajoutée
créée. Toute autre hypothèse serait trop hasardeuse pour
prédire l'effet de levier que pourrait avoir la baisse des coûts
sur l'incitation à produire.
On considère que l'instauration de l'APE aurait un
effet sur le prix de tous les engrais et de la moitié du carburant
utilisé par la filière38. Ces hypothèses visent à
donner une image maximale du bénéfice que pourrait obtenir la
filière de la baisse des droits de douane.
Si on considère que dans le prix payé par les
opérateurs, seulement 80% correspondent au prix de mise à
disposition des intrants de culture (le reste correspondant à des marges
commerciales) et 70% en ce qui concerne les carburants, la diminution du droit
de douane correspondrait à une baisse de respectivement 3,8 et 3,1% des
prix de ces intrants39
Le gain total serait assez faible en comparaison de la valeur
ajoutée globale : il serait de 1,3 milliards FCFA au plus dont environ 1
milliards reviendrait aux producteurs, le reste étant à
répartir entre les différents maillons de la filière. Le
coût en ressources interne s'améliorerait mécaniquement
indiquant une valorisation encore meilleure des ressources nationales.
38 Les chiffres des douanes indiquent pour les carburants une
origine quasi-exclusive des produits de la CEDEAO. Toutefois, dans le
même temps, les produits sont taxés au niveau du TEC, y compris
ceux qui sont importés de pays de l'UEMOA. Ceci laisse entendre qu'il
s'agit la plupart du temps de réexportations
39 se référer au tableau de correspondance entre
DD et prix rendu Bamako.
Tableau 74 : effet de l'APE sur les agrégats
économiques de la filière coton (Mions Fcfa)
Création de Valeur ajoutée
|
prod transformation
|
Mions FCFA
détail
|
export import
|
VA directe
|
43 703 36 008
|
25 801
|
-20 297
|
VA indirecte
impôts
|
19 408 34 511
4 288
|
2 336
|
|
imports
|
37 784 38 232
|
2 073
|
|
Des ratios sur la filière
|
|
|
|
|
TPN
|
1,07
|
|
|
|
TPE
|
0,98
|
|
|
|
CRI
|
0,23
|
|
|
|
VA totale
|
145 758
|
M ions FCFA
|
|
|
VA totale/Production (taux d'intégration)
|
0,65
|
|
|
|
VA totale/ha cultivé
|
275 343
|
|
|
|
VA/imports
|
1,8666
|
|
|
|
|
Mais le faible gain relatif observé pourrait tout
aussi bien être obtenu par des mesures favorables à l'importation
des intrants, au delà de ce que consent déjà le TEC et
donc, sans faire rentrer en ligne de compte l'APE dont les conséquences
sont multiples et bien au delà du seul secteur. Cotonnier.
Partie 5 : la
compatibilité des
différents résultats
avec les
engagements du
Mali
Les effets des APE se feront sentir sur les échanges
extérieurs, sur les recettes fiscales de l'Etat et sur la
compétitivité des entreprises. Pour chacun de ces aspects, il
faut comparer l'importance de tels effets avec les engagements du pays par
rapport aux critères de soutenabilité de la dette
extérieure et aux critères de convergence
macro-économiques de l'UEMOA.
21. Compatibilité vis à vis
des engagements auprès
de la Banque mondiale /
FMI
Dans le cadre d'un accord de partenariat avec les 6 agences
(Banque mondiale, Fonds monétaire international, Conférence des
Nations unies pour le commerce et le développement, le Commerce de
commerce international, le Programme des Nations unies pour le
développement et l'Organisation mondiale du commerce) du cadre
intégré pour le commerce, l'objectif poursuivi par le Mali est la
promotion de ses exportations en vue d'une meilleure insertion dans
l'économie mondiale. A cet effet, le libre accès au marché
européen peut constituer un facteur d'accroissement de ses
exportations.
L'importance d'un tel accroissement des exportations peut
être contrariée par une trop forte augmentation des importations
désormais bon marché de l'UE, conduisant à une
éventuelle détérioration de la balance commerciale,
élément fondamental de la balance des paiements du Mali. Une
telle détérioration n'est pas à exclure selon les
simulations faites quant à l'impact des APE sur les flux commerciaux
puisque pour une élasticité égale à -1, les
importations de l'UE pourraient croître de 32% dans le scénario
1.
Parallèlement, puisqu'un des scénarios suppose
la signature des APE avec la CEDEAO qui deviendrait nécessairement une
Union douanière, le Mali pourrait significativement accroître ses
exportations dans la zone ouest africaine et ainsi améliorer sa balance
commerciale. Le gain de parts de marché dans la sous-région se
fera par les entreprises dont la compétitivité sera
améliorée le libre accès aux intrants et autres
équipements utilisés dans la fabrication des biens
exportés. Ces secteurs porteurs sont dans l'agro-industrie, la chimie,
les peaux et cuirs, les articles plastiques et le textile, en plus des
activités dans lesquelles le Mali dispose d'avantages comparatifs
avérés comme le riz, la filière bétail-viande, les
oléagineux et les produits de la pêche fluviale à condition
que la concurrence européenne sur les produits - comme c'est le cas sur
la viande bovine - ne ruine ses efforts.
Les différentes simulations opérées
n'induisent aucune modification de la politique commerciale qui reste de
l'UEMOA et demain de la CEDEAO lorsque celle-ci deviendra l'unique Union
douanière de la sous-région. Le respect par le Mali des
critères de convergence de l'UEMOA tourne pour l'essentiel autour de la
problématique des recettes fiscales.
22. compatibilité vis à vis
des critères de
convergence macro-
économique de l'Uemoa
Les principaux critères de convergence
macro-économique de l'UEMOA se regroupent en deux catégories:
1 - les critères de premier rang, comprenant:
· le ratio du solde budgétaire de base
rapporté au PIB nominal qui doit être positif
· le taux d'inflation annuel moyen, de 3% au plus
· le ratio encours de la dette (intérieure et
extérieure) rapporté au PIB nominal, n'excédant pas 70%
· la non accumulation des arriérés de
paiements intérieurs et extérieurs.
2 - les critères de second rang, regroupant
· le ratio de la masse salariale sur les recettes
fiscales, ne devant excéder 35%
· le ratio des investissements publics financés sur
ressources fiscales, devant atteindre au moins 20%
· le ratio du déficit extérieur courant hors
dons par rapport au PIB nominal, n'excédant pas 5%
· le taux de la pression fiscale, d'au moins 17% du PIB
nominal.
L'impact de l'APE touchera les critères de second rang
ainsi que le critère clé de premier rang à savoir le ratio
du solde budgétaire de base rapporté au PIB nominal. Cet impact
sera consécutif à la diminution des recettes fiscales
liées aux importations d'environ 5 à 10% selon les
scénarios et sous différentes hypothèses de modification
des flux commerciaux. Un tel impact peut être amoindri par :
· l'amélioration de l'administration
douanière
· la rationalisation des exonérations en vue de
rapprocher les taux réels des taux officiels de droit de douane
· la simplification des procédures commerciales
· l'amélioration des procédures de
transit.
Parallèlement, d'autres actions peuvent aider à
améliorer la balance des paiements du Mali et partant réduire le
ratio du déficit courant par rapport au PIB, notamment la
diversification des exportations (le sucre, les produits du karité,
l'arachide, les produits horticoles, le tourisme et la musique).
Conclusion et
recommandations
Il est prématuré à ce stade d'avoir une
position définitive sur les orientations que devrait prendre lors des
négociations sur les APE. La seule analyse technique ne suffit pas
à définir des positions de négociation. Le gouvernement
malien aura à prendre en considération des équilibre
interne entre secteurs plus ou moins mis en situation de fragilité avec
la conclusion d'un APE, des équilibres entre groupes sociaux -
producteurs vs. commerçants - et des enjeux nationaux avant d'adopter
des positions qui d'ailleurs pourraient évoluer au gré du
changement de contexte régional. Nous voudrions en conclusion seulement
mettre en exergue quelques points importants de notre étude et qui
doivent éclairer les décisions des autorités maliennes
dans leur processus de négociation.
1
L'analyse de l'impact se fait certes au niveau d'un pays,
mais il faut avoir à l'esprit que l'APE met en jeu les relations entre
des pays qui ont eux-mêmes noué des liens commerciaux avec le
Mali. Les conséquences de la conclusion d'un APE
sont
donc fonction du choix qu'auront effectué les
autres partenaires du Mali, que ce dernier conclut ou non un APE.
Par exemple, si la CEDEAO signe l'APE, les importations
totales augmenteront entre 10% et 21%, celles en provenance de l'UE de 32%
à 59%. Si seule l'UEMOA signe, les augmentations seront respectivement
de 10 à 19% et 32 à 59% et si la CEDEAO en entier renonce
à un APE mais que l'intégration régionale s'achève,
les importations totales augmenteront de 2%, celles en provenance de la CEDEAO
d'environ 85%.
Pour illustrer ce propos, on peut penser à une
filière comme la viande bovine. Dans l'hypothèse où les
pays côtiers concluraient un APE et indépendamment du choix du
Mali, l'importation de viande européenne à moindre coût sur
le marché africain limiterait les débouchés pour le
bétail malien. Les simulations réalisées indiquent une
perte de part de marché de plus de 30000 têtes. Pour l'aviculture
moderne, le débouché à l'exportation pourrait se tarir
presqu'entièrement avec une perte de marché d'environ 35%. Dans
tous les cas, le Mali ne peut pas se désintéresser du choix de
ses partenaires économiques puisqu'ils auront des conséquences
inéluctables sur son économie. Puisque les accords se concluent
presqu'exclusivement au niveau d'un groupe de pays, le Mali doit faire sa voix
au sein des instances de la CEDEAO et de l'UEMOA, quelque soit son choix
final.
2
L'impact peut difficilement être
raisonné globalement. Une analyse branche par branche s'impose
en fonction du mode d'insertion des entreprises concernées dans le
commerce international.
Il est assez évident que les activités fortement
consommatrices d'intrants importés d'Europe gagneront à
bénéficier d'un accès libre de droit de douanes à
leurs moyens de productions et consommations intermédiaires.
L'analyse réalisée atteste d' une grande
fragilité de l'industrie malienne. Par exemple seuls les deux tiers des
entreprises étudiées se sont révélées
rentables au cours de deux exercices successifs. Si l'on tient compte du
coût d'opportunité internationale de l'utilisation des facteurs de
production, on peut avoir une image de la compétitivité des
entreprises. Il ressort que près des deux tiers des entreprises de
l'échantillon ne sont pas compétitives et rentables à la
fois.
Suite à l'APE, sur 34 entreprises
étudiées, 15 verront leur compétitivité
s'améliorer, 11 se détériorer et 8 ne verront aucune
modification de leur situation. Parmi les entreprises gagnantes, on retrouve
les entreprises d'articles de matière plastique et de
métallurgie. Pour les entreprises de chimie et agro-alimentaires, le
bilan est mitigé avec autant de gagnants que de perdants.
Dans le secteur agro-alimentaire les enjeux sont divers. Outre
la question de la viande bovine déjà évoquée, on
doit mentionner les cas du sucre et du lait. Pour le premier, la production
nationale est encore mineure par rapport à la demande - ce qui est assez
pertinent compte tenu de la relativement faible rentabilité et
compétitivité de la production sucrière nationale - et une
baisse du tarif n'aura qu'un impact réduit à l'échelle
macro-économique. Mais compte tenu des choix d'investissement dans le
secteur, la rentabilité ne pourra être atteinte qu'avec une
politique de protection minimale. Pour le lait, la production nationale est au
contraire importante et l'analyse économique incite à son
accroissement compte tenu de la forte valorisation des ressources nationales
qu'elle génère. Il serait illogique d'accentuer l'accès
des produits européens subventionnés. Mais il faut
reconnaître que la situation est autre pour des produits qui
représentent peu d'enjeux comme les fruits et légumes ou les
huiles pour lesquels peu d'investissements nationaux ont été
réalisés.
On suggère que soient négociées
des exemptions à la baisse des tarifs pour les filières
agricoles qui valorisent fortement les ressources nationales (et qui
ne sont pas subventionnées contrairement à celles
exportées par l'UE) - viande bovine, lait, aviculture - ou qui
présentent un intérêt stratégique pour le
pays - le sucre et le blé en tant que substitut du riz.
cas des cigarettes, de la farine de blé, de la fripe
dont la fiscalité de porte est de l'ordre de 20% à laquelle
s'adosse une fiscalité intérieure importante : 19 lignes
tarifaires totalisent à elles seules 44% de la fiscalité de porte
et 46% de la fiscalité intérieure. Il serait donc logique que le
pays se garde la possibilité d'actionner ce « levier fiscal »
dont l'abaissement ne correspond à aucune rationalité
économique.
Il convient donc de négocier des
dérogations à l'abattement tarifaire pour les filières
industrielles de produits de consommation qui sont pourvoyeuses de fortes
recettes fiscales : les produits laitiers vendus en pharmacie, le
blé dur, les cigarettes, la farine de blé, les véhicules
particuliers de transport, la friperie.
4
Les arguments en faveur de mesures de sauvegarde ou
de compensations ne manquent pas:
o Le gain - lorsqu'il existe, c'est à dire pour les
entreprises qui s'approvisionnent sur le marché européen -
pourrait tout aussi bien être obtenu par des mesures favorables à
l'importation des intrants, au delà de ce que consent déjà
le TEC et donc, sans faire rentrer en ligne de compte l'APE dont les
conséquences négatives sont multiples pour les PMA. Les
bénéfices pourraient aussi bien être obtenus par
décision unilatérale de l'UEMOA d'abaisser encore les tarifs pour
les intrants.
o L'accès privilégié au marché
européen n'a pas donné la preuve de son effet dynamisant sur les
exportations maliennes (-14% par an depuis 1998 d'après les
données de la CNUCED). Les obstacles non-tarifaires semblent plus
importants que les tarifs pour pénétrer le marché de
l'Union européenne.
o L'argument théorique de l'augmentation de
l'efficacité économique grâce à la
libéralisation des échanges ne tient pas dans un contexte
où les prix internationaux véhiculent des distorsions de
marché au niveau des grands pays exportateurs : les prix mondiaux, e,
particumier dans le secteur agricole ne reflètent pas les coûts de
production et ne peuvent donc pas servir d'étalon à la mesure de
la compétitivité internationale. Il faut donc admettre que la
libéralisation ne garantit pas une augmentation de l'efficacité
économique dans tous les secteurs.
o L'impact social n'est pas négligeable puisque pour
les entreprises industrielles les plus compétitives (40% de notre
échantillon), on estime une perte d'emploi de 3% et pour le secteur
agro-alimentaire, le transfert de valeur ajoutée se fera surtout en
faveur des secteurs liés au commerce d'importation et non des
agriculteurs réputés être la population la plus pauvre du
pays. Dans un contexte où les partenaires au développement
insistent sur la lutte contre la pauvreté, ceci ne devrait pas laisser
indifférent.
o L'APE présente peu d'intérêt pour le
Mali sachant que pour les PMA l'accès au marché des pays
développés est déjà inscrit dans les accords de
l'OMC. Seule la Côte d'Ivoire au sein de l'UEMOA ne
bénéficierait pas - à l'inverse des 7 autres pays PMA - de
l'accès hors droit au marché de l'UE. La structure d'exportation
de la Côte d'Ivoire ne l'incite toutefois peut-être pas à
rechercher un accès meilleur qu'elle ne l'a déjà. La
question se pose également au
Nigéria et au Ghana de l'opportunité
peut-être limitée de bénéficier d'un meilleur
accès face au risque de se déprotéger de certaines
importations européennes. Les conditions sont donc réunies pour
que le Mali trouve des appuis auprès de ses partenaires de la CEDEAO
pour exiger des aménagements au régime de libre-échange
afin d'en limiter les aspects négatifs.
5
Il convient d'exiger une compensation pour la baisse
des recettes fiscales par une aide budgétaire (non ciblée).
L'estimation du manque à percevoir prévisible se fait
sur la base de l'évaluation la plus certaine qui est l'évaluation
en statique (en faisant
l'hypothèse d'une poursuite du système actuel
d'enregistrement, avec ses faiblesses) soit 18 milliards
FCFA. et d'une contribution à
l'adaptation du secteur productif à la concurrence européenne
accrue.
6
La CEDEAO devrait pouvoir prendre des mesures en vue
de compenser les pratiques déloyales résultant de subventions
octroyées par les pouvoirs publics d'un pays non membre de la
CEDEAO à l'image de ce que pratique la
Communauté européenne dans le domaine des
transports.40 On peut en l'occurrence considérer le soutien fourni par
les Etats européens à certains secteurs économiques comme
l'agriculture, légitimé par des raisons environnementales ou
sociales, mais dans la stricte mesure où cela n'influence pas les
niveaux de rentabilité des entreprises dans les pays tiers. Pour les
produits de l'UE qui bénéficient de soutien et concurrencent les
produits maliens, il convient donc d'exiger une compensation envers le Mali
à hauteur du soutien procuré à ces produits en Europe,
assis sur les volumes écoulés au Mali.
Enfin, le Mali devra aussi saisir l'occasion pour que la
coopération contribue à l'approfondissement et la modernisation
de son système douanier autour duquel, comme nous l'avons vu, existent
des gains d'efficacité de la collecte fiscale.
40 RÈGLEMENT DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL
concernant la protection contre les subventions et les pratiques tarifaires
déloyales dans le cadre de la fourniture de services de transport
aérien par des pays non membres de la Communauté
européenne
Annexes 1 méthode
d'analyse de l'impact
dynamique de la variation
du tarif sur les recettes de
porte
Pour mesurer l'impact sur les recettes fiscales, on
considère les équations suivantes:
p d = p w + t et
p 1 d = p w (1 + t
1 )
0 (1 à )
R 0 =(pwQ0)t0
=M0t0 et R1
=(pwQ1)t1 =M1t1
?P=p 1 d - p 0 d =
pw(t 1 -t0) la
variation de prix
?
= - = - = - R R R M t M t M t la variation
de recettes 1 0 1 1 0 0 0 0
si t1= 0
où:
t0 le tarif avant réforme
t1 le tarif après réforme tel que:
t1 < t0
p le niveau des prix avec pw prix international et
pd prix domestique
R le niveau des recettes fiscales
M la valeur des importations
Q le volume des importations
La variation de recettes peut encore s'écrire:
? = - = - + - = - + -
R p Q t p Q t p t Q Q p Q t p Q t p t Q Q p Q t t
( 1 ) 1 ( 0 ) 0 1 ( 1 0 ) 0 1 ( 0 ) 0 1 ( 1 0 ) 0 ( 1
0 )
w w w w w w w
pw
?= R
( ) ( ) ( )
~ p t Q Q
w - ~ ~ t Q Q
( )
1 1 0 1 1 0
-
Q t t p t Q Q M t t
w ~ ~ = - +
M t t
0 1 0 1 1 0 0 1 0
- + - = - +
( ) 1 ( ) 1
0 1 0 ~
w ( ) ( )
~ p Q t t ~ ~ -
~ 0 1 0
- Q t t
~ 0 1 0
L'impact sur les recettes dépend ainsi de 2 effets
opposés: l'effet prix représenté par
pwQ0(t1
-t0) qui est négatif
l'effet quantité représenté par p
wt1 (Q1 - Q0) qui est positif
L'élasticité-prix de la demande d'importation s'écrit:
Q Q
1 0
-
Q0
p t
w (1 )
+(1 + t
Q0
)( )
Q Q
1 0
-
( )
t t
1 0
-
0 0
d
p0
?Q
å p
M
Q0
?p
d
w
p t t
( )
1 0
-
=
Il s'ensuit que:
( ) ~ t ~
~~ 1
p
1
? = - +
R M t t å
0 1 0 1 M ~~
+ t 0
Ainsi:
si l'élasticité-prix de la demande est telle que:
å = - alors ?R = 0 dans ce cas les 2
M t 1
p t
1 + 0
effets se neutralisent
si l'élasticité-prix de la demande est nulle (i.e.
importation parfaitement inélastique) åM alors
? R = M 0 ( t 1 - t 0
) équivalant au maximum de variation de recettes
p = 0
si l'élasticité-prix de la demande est telle que
å > (effet quantité plus important que
M t 1
p t
1 + 0
effet prix) alors les recettes augmentent, ce qui est peu
réaliste L'impact du désarmement tarifaire dépend :
du caractère restrictif de la position initiale
des réformes douanières et fiscales accompagnant la
libéralisation des mesures d'accompagnement.
La variation de recettes fiscales est donnée par:
t ~
? = - = - + -
R M t M t M t t t M M
1 1 0 0 1 ( 1 0 ) 0 ( 1 0 ) = - ~ -
~ ~
où M M ç
1 0 1 1 t 1
~~ ~ ~ ~~
~ ~ 0 ~ ~
avec ç élasticité des importations par
rapport à la pression fiscale et où la pression fiscale est,
faut-il le rappeler, définie par:
t ( dd rs pcs pc ) ( tva iscp ) (
dd rs )( tva iscp)
= + + + + + + + +
avec:
dd droit de douane
rs redevance statistique
pcs prélèvement communautaire de
solidarité
pc prélèvement communautaire
tva taxe sur la valeur ajoutée
iscp impôt spécial sur certains produits
Annexes 2: méthode
d'analyse en terme de coûts
unitaires
Pour mesurer l'impact de l'APE sur la
compétitivité, on établit d'abord l'indice de coût
unitaire avant et après APE pour ensuite mesurer la variation de cet
indice. Cette variation constitue le véritable indicateur de mesure de
l'impact de l'APE:
(1)
Ic=uc1-uc0
Où :
uc0 est l'indice de coût unitaire avant APE
uc1 est l'indice de coût unitaire après APE
Ainsi, si :
Ic > 0 l'APE aura réduit la
compétitivité de la firme, en faisant augmenter le coût
unitaire
Ic < 0 l'APE aura amélioré la
compétitivité de la firme, en faisant réduire le
coût unitaire
Les éléments de calcul de (1) peuvent
être exprimés aux prix de marché et aux prix de
référence qui sont des prix (ou des coûts unitaires)
nettoyés de l'impact des interventions publiques et des imperfections du
marché. Ainsi la variation de la compétitivité aura deux
composantes :
(2) ( )
Ic uc uc uc uc
= - = - + - - -
1 0 1 0 1 1 0 0
~ ~~ ~~ ~ ~~~~ ~ ~~~~ ~
( ) ( ) ( )
s S S S
uc uc uc uc
Iac Idp
Tac : l'indice d'avantage comparatif ou la variation, avant et
après APE, du coût unitaire de production au prix de
référence
Tdp : l'indice de distorsion de prix ou l'écart de prix,
avant et après APE, entre prix de marché et prix de
référence.
Dans chacune de ces décompositions, on analyse l'effet de
l'APE au regard de la protection tarifaire et au regard de la variation de la
compétitivité propre des entreprises.
Le coût unitaire (uc) est le coût total de la firme
rapporté à la valeur de ses ventes (V). Le coût total (C)
se décompose en :
· coût des matières premières et
consommables (M) ou encore coût des intrants échangeables
· coût des intrants non échangeables (N)
i.e. eau&électricité, télécommunications,
transport, assurance, publicité, honoraires, maintenance, impôt et
taxe nets de subvention d'exploitation, autres frais divers de gestion
· coût salarial (S) ou masse salariale brute
· coût du capital (A) comprenant l'amortissement ou
la dépréciation du capital physique et les frais financiers.
où :
1
+t
mS m =
= mð
1+i
nS =n(1+t)
3
w L j
= = =
S 1
=
s w l l
S
VS
S S S L
~ ~
(3) ~ ~ ~ ~
uc
=
C=
M +
N +
S +
A=
m n s a
+ + +
S
S
S
A
= = + + + = + + +
S S S S m n s a
S S S S
V V V V S
CS
M
N
S
V S
uc
S
V
V
V
V
V
A
a = =
S
SV S
|
( ) ( S ) S
r d K
+
S = +
r d k
V S
|
|
t taux de protection nominal du produit
i taux de protection nominal des intrants échangeables
Sj salaire brut total de la catégorie j de
personnel
áj coefficient d'estimation du salaire de
référence de la catégorie j de personnel
L total personnel de la firme
lS l'inverse de la productivité du travail,
mesurée par le rapport de la production à
l'effectif
rS taux d'actualisation ou taux
d'intérêt de référence
d taux de dépréciation du capital
(d'amortissement)
kS l'inverse de la productivité du capital,
mesurée par le rapport de la production au
volume du capital.
K valeur comptable du capital
Il faut décomposer chacun des indicateurs de (2) :
(2a) ( 1 0 ) ( 1 0 ) ( 1 0 ) (
1 0 ) ( 1 0 )
Iac uc uc m m n n s s a a
= - = - + - + - + -
S S S S S S S S S S
i.e. décomposer chacun des termes de l'équation en
ses différents effets (effet prix, effet volume, effet
productivité)* :
(i).
|
m S m S m m m m m
1 0 1 1 0 0 ( 1 0 ) ( 1 0 )
- = - = - + -
ð ð ð ð ð
|
|
Soient les effets :
· protection effective ou plus exactement ratio protection
output sur protection input
· consommation d'intrants échangeables
(ii). 1 0 1 1 0 0 ( 1 0 ) ( 1 0 )
n S n S n t n t n t t t n n
- = + - + = + - + + + -
(1 ) (1 ) (1 ) (1 ) (1 )
Soient les effets :
· effet protection nominale
· effet consommation d'intrants non échangeables
* Dans les décompositions, nous avons utilisé les
moyennes arithmétiques simples telles :
1
1 00
x
-
y
z a b x
= - =
( )
y
) x 0
( ) (
1 0 1 1 0
z x x y y y
= - + -
) x 1
z x x y y y
= - + -
( ) (
1 0 0 1 0
2 ( ) (
z x x y y y y
= - + + -
( ) ( )
1 0 1 0 1 0
1 0
1 0
y y
+ x x
+
( ) ( ) ( x x ) y ( y y
)x
1 0 1 0 1 0
1 0
z = - = - + -
x x
+ -
y y 2 2
(iii). 1 0 1 1 0 0 ( 1 0 ) ( 1 0 )
s s w l w l l w w w l l
- = - = - + -
S S S S S S S S S S S S
Soient les effets :
· taux de salaire
· productivité du travail
(iv). 1 0 ( 1 1 ) 1 ( 0 0 ) 0 ( 1 1
) ( 0 0 ) ( 1 0 )
a a r d k r d k k r d r d r d k k
- = + - + = + - + + + -
S S S S S S S S S S S S
Soient les effets :
· coût d'opportunité du capital
· productivité du capital
La décomposition permet ainsi d'établir le tableau
des effets sur l'indice d'avantage comparatif :
(2b)
|
Idp = uc - uc S - uc -
uc S
( 1 1 ) ( 0 0 )
|
|
D'abord, on sait que :
= - = ~ -
1 1 1 1 1 1
~
C C ~ ~ C C C C
+ + - + = +
uc uc
-
( ) dp df
S S S S
V V L V V V V
S S ) S
B
1
1
1
1
B
B
C C
+ S
dp
1+e
1+e
V
V
V
~ -
1 1 ~
~ ~
~ VVS ~
~ -
1 1 ~
~ ~
~ VVS ~
( ) ~
C C
+ S S
1 ( uc uc ~
e t
- = -
( )
e t I +
2 (1 )
V e
+ 2 ~ 1 1
+ e + t ~
\ e \ ( 1 + t
( ) ( )
1 1 1 1 1 1 ( +
df C C
= - + = - ( + 1
C C 1 1 = - )1 +
1
2 1 uc uc 1
S S
S
V V 2 ~ V V ) 1 + t1+e
où :
S S
e taux de sur(sous)évaluation de la monnaie qui corrige
le prix de référence (en
monnaie locale) pour donner le prix international i.e. (1 e
)
p S
=
p
w +
e
=
teo
-
I
1 = - 1
Pm
152
ter IPd
où teo le taux d'échange officiel (dollars par
unité de fcfa)
ter le taux d'échange réel exprimé sous
forme de rapport du niveau des prix locaux sur
celui des prix extérieurs
Soit finalement :
I 1 - 1 i )1
( 1 + t ~
m tn w w
- + -
I l r
S 1 e )1 +
+
( 1 + t ~
I ~ - r S 1 e )1
( 1 + t ~
+
k
+
- = +
uc dp df
S
uc
(1
ð ã ã
) ( ) ( ) ( )
m + - + - + -
~ _ ___ _~ ~ _~ _~
~ _~ _~
Em
tn w w l
S S
r r k
Wl Rk
Tn
ce qui permet de calculer aisément l'équation (2b)
:
Idp E
=
|
( ) ( ) ( ) ( )
m m m E E T n n n T T
1 0 1 0 1 0 1 0
- + - + - + -
|
+
|
|
+ - + - + - + -
W l l l W W R k k k R R
( 1 0 ) ( 1 0 ) ( 1 0 ) ( 1 0 )
d'où le calcul de Ic à partir des équations
2a et 2 b.
Les principales sources de distorsion sont :
· le ratio protection output sur protection input
· la consommation d'intrants échangeables
· le TPN sur output
· l'indice de protection nominale à la
surévaluation de la monnaie
· la rémunération différentiée
des facteurs de production (travail et capital).
Annexe 3. Détermination
des prix de référence
Pour mesurer la compétitivité dans le concert
international, il nous faut adopter des conventions - qui sont celles de la
méthode des prix de référence - qui assurent la
comparabilité des prix et coûts.
Tout d'abord, on doit considérer le prix du produit.
Il est calculé en prix de parité qui est le prix de l'alternative
que représente le recours à l'importation ou à
l'exportation du même bien ou de son bien substituable (en tenant compte
des frais d'acheminement à la frontière). Le prix FOB est donc
l'indicateur de référence du prix du produit.
Si le bien est non échangeable (n'a pas
d'équivalent sur le marché international), on le valorise au prix
de marché (hors taxes et subventions).
On décompose alors le prix de revient en cinq types de
postes :
· Les coûts de production, de transformation et de
commercialisation (hors marges), de recherche etc., évalués
à leur coût d'opportunité
· Les subventions et taxes
· Les effets externes et la fourniture de biens communs
par exemple en ce qui concerne la construction d'infrastructures qui
bénéficient à d'autres secteurs ou qui au contraire
bénéficient au produit concerné
· Les imperfections du marché liées aux
situations de monopole et aux politiques discriminatoires (quotas,
barrières non-tarifaires etc.)
· Les marges : pour les produits exportés il
s'agit d'une différence entre prix de revient et prix FOB, pour les
produits vendus nationalement, la marge est plus liée à la
stratégie commerciale de l'entreprise.
Le prix de vente réel incorpore les
éléments 1, 2, 3, 4 et 5. Le prix de revient comptable est
calculé hors marges.
Le prix de revient de référence n'est
constitué que des points 1 et, pour tenir compte des externalités
et des imperfections de marché, doit ajuster le prix de revient
comptable en fonction de 2, 3 et 4.
Les différents cas précédemment
évoqués peuvent être matérialisés par les
positions respectives des prix de revient de référence par
rapport au cours de référence pour ce qui est de la
compétitivité (le prix FOB pour les produits exportés ou
le prix FOB internalisé - prix de parité à l'importation -
) ou les positions des prix de revient réels par rapport au prix de
vente réel pour ce qui est de la rentabilité.
Ceci définit les quatre cas (1, 2, 3 et 4) selon les
positions respectives du prix de revient de référence et du prix
de marché du produit.
prix de référence: prix de
revient de référence: Pr
prix de marché: prix de revient de
marché: Pm
Pr>Cr
Pm>Cm Non rentable
Cm
non compétitif
cas 3
cours du marché: Cm
cours de référence (base FOB): Cr
prix de référence: prix de
revient de référence: Pr
prix de marché: prix de revient de
marché: Pm
cours du marché: Cm
Pr>Cr
non compétitif
Pr<Cr compétitif
cas 1
Cm
Pm<Cm
rentable
cas 4
Pm>Cm Non rentable
prix de référence: prix de
revient de référence: Pr
prix de marché: prix de revient de
marché: Pm
Cas 2
Cr
Pr<Cr
Pm<Cm
rentable
compétitif
Pm>Cm Non rentable
Cm
Pr>Cr
non compétitif
cours de référence (base FOB): Cr
cours du marché: Cm
cours de référence (base FOB): Cr
Cr
Pm<Cm
Cr
rentable
Pr<Cr compétitif
On fait figurer sur un graphique les prix de
référence à gauche et les prix de marché à
droite. Selon la position du prix de revient de référence par
rapport au cours de
référence, on
visualise la
compétitivité du
produit. A droite, selon la position du coût de
production (prix de revient) par rapport au cours du marché, on a une
figuration de la rentabilité de l'entreprise.
La configuration la plus commune est celle dans laquelle le
prix de marché est supérieur au prix de référence,
en particulier à cause de l'existence de taxes à l'importation du
produit.
A moins de fortes distorsions autres que la tarification
douanière, dans cette configuration relative de Cr et Cm, ce sont les
cas 1 et 4 qui seront les plus fréquents. Le cas 2 se présentera
si les intrants sont lourdement taxés ou que les conditions de
marché (monopole, externalités subies par le secteur en question)
grèvent la rentabilité en accroissant les coûts de revient
réels. Le cas 3 au contraire adviendra dans l'hypothèse où
les intrants par exemple sont fortement subventionnés : les entreprises
sont rentables alors que leur production n'est pas compétitive.
On devra grader à l'esprit que le fait de choisir le
prix FOB comme indicateur du cours de référence peut biaiser
l'interprétation qu'on peut faire de la compétitivité. Ce
cours n'est souvent pas le reflet de coûts d'opportunités
internationaux. Pour de nombreux produits, en particulier agricoles, ils
résultent de politiques de soutien dans les pays exportateurs. Le
cours
mondial est donc plus bas que le prix de
référence. En faire la base de comparaison pour la mesure de
la compétitivité est donc souvent trompeur : de nombreux pays ont
en réalité des
Cr
prix de référence: prix de
revient de référence: Pr
prix de marché: prix de revient de
marché: Pm
cours de référence (base FOB): Cr
cours du marché: Cm
Pr<Cr compétitif
Pr>Cr non compétitif
Pm>Cm Non rentable
cas 2
Cr
Pm<Cm rentable
Cm
prix de référence: prix de
revient de référence: Pr
prix de marché: prix de revient de
marché: Pm
cours de référence (base FOB): Cr
cours du marché: Cm
prix de référence: prix de
revient de référence: Pr
prix de marché: prix de revient de
marché: Pm
Pr>Cr non compétitif
Cas 3
Pr<Cr compétitif
Pm>Cm Non rentable
Cm
Pm<Cm rentable
cours de référence (base FOB): Cr
cours du marché: Cm
Pm>Cm
Cr
cas 4
Pr>Cr non compétitif
Pm<Cm rentable
Non rentable
Pr<Cr compétitif
Cm
cas 1
productions compétitives que ne laissent pas
apparaître les calculs à l'aide du cours mondial (la limite sur la
partie
gauche des
graphiques doit
être haussée :
l'espace de
compétitivité est donc en réalité
plus vaste que ne le laisse paraître le calcul à l'aide du prix
FOB).
Dans ce cas, on se rend compte que les situations où
la production interne est non rentable alors qu'elle est compétitive
seront fréquentes. Il faut alors prêter attention à ce que
le cours mondial ne soit pas considéré comme un absolu de la
rentabilité économique d'une production.
Il est alors possible que le cours de référence
soit supérieur au cours du marché.
Ceci peut intervenir sur des biens peu échangeables au
niveau international - ce serait le cas des céréales
sèches - ou sur des produits ayant des substituts sur le marché
international qui sont à un prix qui déprime le prix de vente sur
le marché intérieur - ce serait le cas des rebuts ou
sous-produits des pays du nord -.
Le cas 2 apparaît alors comme fort probable : une
production est compétitive mais apparaît comme non-rentable
localement (on peut penser au effet du dumping des cours mondiaux sur les
économies du sud).
Les cas 1 et 4 se présentent lorsque en outre, les
politiques nationales ou les conditions de marché locales
confèrent un avantage à la filière concernée
(subventions aux intrants ou externalités dont bénéficie
le secteur). Le cas 3 est extrême : les cours du marché sont
déprimés mais grâce à une politique
spécifique, la production est rendue rentable. Ceci correspondra
à une logique politique de soutien volontaire à un secteur
d'activité (pour des raisons stratégiques mais aussi de
mal-gouvernance, par exemple de collusion entre les entrepreneurs de ce secteur
et l'administration).
On rappelle qu'avec la tarification, les cours du marché
sont de plus en plus définis par rapport aux cours mondiaux. C'est la
première configuration qui sera donc la plus fréquente.
On doit donc déterminer les différents prix.
Les prix de marché sont ceux constatés ou
déclarés par les entreprises : OMAH et CPS pour les prix
agricoles ; MIC et DNSI pour les prix industriels.
Les prix de référence sont principalement
calculés à partir des prix FOB relevés par les douanes.
Les conventions sont celles de la méthode des prix de
référence.
· Pour les flux de produits et d'intrants, on fait la
distinction entre biens échangeables et non-échangeables et on
calcule les prix de référence.
· Pour la terre et la main d'oeuvre, on conserve leur
valeur de marché.
· Les taxes, subventions et autres transferts sont
éliminés.
· Les transferts financiers sont éliminés
s'ils sont en monnaie nationale et maintenus s'ils sont en devise41.
· Le poste d'apport de capital propre est également
éliminé en tant que transfert On peut alors calculer le prix de
revient de référence.
41 On considère que le taux de change Fcfa/euro est le
taux de change de référence
|