UNIVERSITE DE LOME
LOME - TOGO
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES
Département de Sociologie
PROBLEMATIQUE DE LA PRISE EN CHARGE DES ENFANTS EN
DETRESSE PAR LES MERES INSTITUTIONNELLES
CAS DES MERES SOS DU VILLAGE D'ENFANTS DE LOME
Mémoire pour l'obtention de
la Maîtrise ès-Lettres
Section : Sociologie
Option : Communication
Présenté et soutenu par : Sous la
Direction de :
M. Kodzo Amenu HAMENOU M. AGBOVI Komlan
Kwassi
Assistant en Sociologie
Décembre
2004
DEDICACE
Je dédie ce travail
A mes enfants qui suscitent en moi l'envie de me battre.
A mon père HAMENOU Komivi pour avoir fait de moi ce
que je suis aujourd'hui.
A ma mère DEGBE Afua Apefa pour ses encouragements et
son réconfort moral et matériel,
REMERCIEMENTS
§ Mes remerciements vont à l'endroit de :
§ Dieu Tout Puissant, le Père pour toutes les
grâces dont il m'a comblé.
§ Monsieur AGBOVI Komlan Kwassi, pour avoir bien voulu
diriger ce mémoire malgré son emploi du temps très
chargé.
§ Messieurs les membres du jury pour avoir bien voulu
juger et apprécier le présent travail.
§ Tout le corps professoral du Département de
Sociologie.
§ Monsieur AMEGONOU Kodjo, Directeur National SOS
Village d'Enfants Togo, pour avoir accepté que notre Mémoire
porte sur son Institution.
§ Monsieur AJAVON Amah, Directeur du Village d'Enfants
Lomé à qui nous adressons notre reconnaissance pour sa
contribution à la réalisation de ce travail.
§ Toutes les Mères SOS Lomé qui ont bien
voulu répondre à toutes nos questions portant sur leur
profession.
§ Tout le personnel d'encadrement du Village d'Enfants
SOS Lomé pour leur disponibilité.
§ Mes frères et soeurs pour leur assistance
permanente et leurs conseils.
§ Tous les collègues de la promotion 2001-2002
§ Monsieur AKATOR Joël pour son dévouement
et son soutien moral.
§ Monsieur KAVEGE Jean Pierre pour son dévouement
et son appui moral et matériel.
§ Mademoiselle Akpene EDOH pour son assistance morale et
spirituelle.
§ La Famille EDJEOU pour son soutien moral et
matériel.
§ Tous les moniteurs et monitrices de la Paroisse
d'Avedzi.
§ Tous mes amis Camille, Ben, Chiquita,
Désiré, Roger, Thierry, les jumelles Paulette et Pierrette...pour
m'avoir encourager dans ce travail.
§ Tous ceux qui, de près ou de loin, ont
contribué à la réalisation de ce travail.
REFLEXION
Ce qu'il y a de meilleur et de plus beau au monde, nous
ne pouvons ni le voir, ni le toucher... c'est avec le coeur
que nous le ressentons.
Helen Keller
TABLE DES
MATIERES
DEDICACE
II
REMERCIEMENTS
III
TABLE DES MATIERES
VI
INTRODUCTION
1
1 ère Partie
3
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE
4
1. Cadre de la recherche et critères du choix
du sujet
4
2. Problématique
5
3. Hypothèses
8
CHAPITRE II. CADRE CONCEPTUEL
10
1. Revue de la littérature
10
2. Définition des principaux concepts
13
3. Les généralités sur
l'organisation :
15
3. La maison
27
4. Le village
29
CHAPITRE III : CADRE METHODOLOGIQUE
32
1. Population cible
32
2. Echantillonnage
33
3. Les méthodes de collecte des
données :
33
3. 1. Recherche documentaire
34
3.2. Technique de recherches vivantes
34
4. Sélection et justifications de variables
et indicateurs :
35
5. Les difficultés de la recherche :
38
6. Mode de présentation des
données :
39
2ème Partie
40
CHAPITRE I : PRESENTATION ET ANALYSE
DES DONNEES
42
1. Données sur les caractéristiques
socio-démographiques :
42
II. Recrutement
46
III. Profession de mères SOS
50
IV. Situation socio économique
53
V. Prise en charge des enfants
55
CHAPITRE II : INTERPRETATION DES
RESULTATS
60
1. Interprétations des
caractéristiques socio-démographiques
60
1. La formation continue
63
2. Les cours de formation continue
64
3. Formation interne
65
4. Profession des mères SOS :
Activités de la mère SOS
65
5. Situation socio-économique
67
1. Indemnité et droit à la
retraite
69
6. Prise en charge des enfants
72
7. Requêtes, problèmes et
suggestions
73
BIBLIOGRAPHIE
80
ANNEXES
83
QUESTIONNAIRE
84
INTRODUCTION
Depuis toujours déjà, on a utilisé des
termes intenses et lourds d'émotions tels que ``sacrifice'', ``amour
maternel'' ou ``instinct maternel'' lorsqu'il s'agissait des exigences
adressées à la mère SOS par rapport à la prise en
charge des enfants en détresse confiés à leur soin. Aucun
autre métier n'a fait l'objet de tant de propos et de récits,
aucune autre femme n'a été autant mystifiée et
idéalisée que la mère SOS.
De nos jours l'attribution des rôles des femmes et des
hommes est, surtout dans les pays industrialisés occidentaux, en pleine
mutation : beaucoup d'hommes apprennent à prendre également
des ``traits féminins'', tandis que les femmes découvrent
toujours davantage leurs forces et deviennent de plus en plus assurées
d'elles-mêmes. Notamment en Europe, ce changement est accompagné
d'une évolution de l'image professionnelle de la Mère SOS :
c'est ainsi que l'expression ``vocation'' des femmes cède de plus en
plus sa place à l'expression « Métier », et
le « Professionnalisme » de ce métier
représente aujourd'hui un objectif important dans la formation des
Mères SOS.
La mère SOS est la personne centrale. Le principe
représenté par la mère est la plus importante des quatre
principes fondamentaux : mère, maison, frères et soeurs,
village. Elle est indispensable à l'organisation. Quelles conditions les
femmes rencontrent-elles au sein du village d'Enfants SOS ? Comment
arrivent-elles à accomplir cette lourde tâche de prise en charge
des enfants qui ne sont pas les siens quand certaines
démissionnent ! Voici en fait certaines des multiples questions sur
lesquelles nous voudrions bien apporter notre contribution à travers ce
travail de recherche.
Dans le but de bien appréhender toutes les facettes de
cette question de la mère SOS et la prise en charge des enfants en
détresse nous avons subdivisé notre travail en deux grandes
parties.
La première partie consacrée à la
démarche conceptuelle, théorique et méthodologique,
comprend trois chapitres. Le premier chapitre traite de la justification du
choix du sujet et de la problématique. Dans ce chapitre, nous avons
défini et limité notre sujet ainsi que les hypothèses et
les objectifs de la recherche.
Le second chapitre est consacré au cadre
théorique de notre travail de recherche. Il comprend deux sous-chapitres
dont le premier concerne les définitions des concepts. Le second
sous-chapitre expose les travaux de recherche qui ont été
consultés.
Le troisième chapitre a porté sur la
méthodologie adoptée. Nous y avons précisé la
population cible, sélectionné les différents variables et
indicateurs puis décrit les instruments de collectes des
données.
Dans la deuxième partie, nous avons
présenté, analysé et interprété les
données collectées sur le terrain.
Enfin, nous avons tiré une conclusion dans laquelle
nous avons fait certaines suggestions qui ne sont que celles
énumérées par les mères SOS elles-mêmes pour
une optimisation de leur travail de prise en charge des enfants en
détresse : les orphelins et abandonnés.
1 ère
Partie
CADRE CONCEPTUEL THEORIQUE
ET METhODOLOGIQUE
DE LA RECHERCHE
CHAPITRE I : CADRE
THEORIQUE
1. Cadre de la recherche et
critères du choix du sujet
Le choix de ce sujet de recherche intitulé
« Les Mères institutionnelles et la prise en charge des
enfants en détresse : cas des Mères SOS du Village d'Enfants
Lomé » nous a été dicté par nos
préoccupations au sujet de l'encadrement dont font objet les enfants en
situation difficile confiés aux mères institutionnelles. Comme on
peut le remarquer, ces enfants n'évoluent pas dans le cadre de leur
famille naturelle. Certes, c'est pour combler ce vide que les mères ont
été institutionnalisées au niveau des Villages d'enfants
SOS. Elles ont pour tâches de partager leur vie avec leurs enfants, de
les traiter avec affection et respect, et de leur offrir protection et
sécurité. Elles tentent aussi de mener une vie semblable à
celle d'une famille naturelle avec les enfants qui sont sous leur
responsabilité. Cette mission ne se réalise pas sans
difficulté. Entre la mère naturelle et l'enfant, il y a toujours
une complicité indicible. Alors on est tenté de croire que la
mère institutionnelle quoi qu'elle fasse ne pourra égaler la
mère naturelle dans son affection. Or, justement leur rôle, c'est
d'atteindre l'intégration et l'insertion des enfants sous leur
bienveillance. Il est à rappeler aussi que certaines mères SOS
ont leurs propres enfants, leurs enfants naturels. Il existe donc une
dualité de la conduite à tenir pour ces mères devant leurs
enfants naturels et leurs enfants institutionnels. La compréhension de
cette double vie de ces mères dans ce cadre institutionnel justifie le
choix de notre sujet de recherche.
2. Problématique
Mettre au monde un enfant est un processus biologique. Eduquer
un enfant, l'encourager, l'aider à devenir autonome et conscient de ses
responsabilités relève d'une mission sociale. Cette mission exige
amour, énergie et résistance, courage et confiance pour relever
les défis, la capacité à accepter les critiques et
à apprendre d'avantage encore. C'est un ensemble d'aptitudes et de
qualités que les femmes ainsi que les hommes peuvent acquérir et
développer. Ceci traduit le fait que l'homme et la femme peuvent et
doivent éduquer l'enfant.
Avec l'industrialisation, les conditions de vie
changèrent et la vie familiale telle une communauté
économique et consommatrice prirent un nouveau caractère qui se
traduisit par le fait que l'homme alla travailler à l'extérieur
du foyer familial et la mère accomplissa un travail de (re)production du
foyer. C'est ainsi qu'apparut le modèle précurseur de la famille
actuelle. Les exigences à l'égard de la mère, qui en
général demeura encore la principale responsable de
l'éducation et de l'encadrement des enfants, se multiplièrent
progressivement au cours du temps.
En résumé, ce qu'il faut retenir des
évolutions qui se sont produites à travers le monde, en Afrique
et au Togo en particulier est que la nécessité d'une division des
tâches au sein de la famille était liée à des
raisons sociales. Cette nécessité de diviser les tâches a
entraîné une attribution des rôles spécifiques
à chaque sexe que le « caractère naturel »
des femmes et les différentes idéologies maternelles ont
renforcée. On interpréta « l'amour maternel »
comme une qualité biologiquement conditionnée et en
déduisit la capacité biologique d'une femme à être
enceinte, sa responsabilité sociale à prendre en charge et
éduquer les enfants. Encore aujourd'hui, on inculque aux femmes
dès leur petite enfance, le rôle de femmes, c'est-à-dire
mère qu'elles joueront plus tard avec tous les attributs qui s'y
rattachent comme par exemple, « amour maternel » et
« instinct maternel ». Et on ne cesse d'entendre que seule
une femme, qui a elle-même donné la vie à un enfant, est
vraiment capable de bien s'occuper et d'éduquer des enfants. De tels
propos traduisent à quel point l'expression
« accoucher » (l'aspect biologique) est, pour beaucoup de
gens, associée à
l'expression « bonne-mère » (l'aspect
social).
Au Togo comme partout ailleurs en Afrique, les femmes assument
le rôle qui leur est assignée par la société, le
rôle de la mère. C'est sur la maternité que s'alignent
presque tous les objectifs personnels. C'est pour cette raison que une femme
sans enfant a moins de valeur, même si dans d'autres domaines, elle a de
grands succès. Ainsi très peu de femmes renoncent à la
maternité pour faire carrière. Disons que c'est sur la femme que
repose la charge principale de la prise en charge, l'éducation des
enfants et si elle ne prend pas soin d'eux ou si elle les quitte, elle est
"exclue" de la société.
Le fait que la relation avec leurs propres enfants
n'évolue souvent qu'après leur naissance est confirmé par
de nombreuses mères qui, immédiatement après la naissance
de leurs enfants, n'éprouvaient pas encore de « sentiments
maternels » typiques d'un amour débordant de tendresse. Elles
racontent que ce n'était que dans la phase postérieure, où
elles s'occupaient et prenaient en charge leurs enfants qu'elles
commençaient à s'attacher à ces petits bébés
et parvenaient ainsi à consolider leur relation mère-enfant. De
même les aptitudes et habilités nécessaires à
l'éducation ne vont pas de pair avec la faculté d'allaiter un
enfant ; la femme a besoin de temps pour les développer. Il
apparaît ici clairement qu'il existe deux étapes essentielles dans
la maternité et le rôle de parents : Au cours de la
première étape, l'acte de la naissance, il s'agit de donner la
vie à l'enfant. Cet enfant qui commence à vivre va donc
manifester ouvertement des attentes telles que le fait que l'on prenne soin de
lui, qu'on le guide et le soutienne. En donnant naissance à l'enfant, on
lui promet de respecter ses attentes de la vie, de protéger sa
vulnérabilité et de lui apporter paix et espace pour lui
permettre de se développer. Cette promesse renferme la deuxième
étape importante de la maternité et le rôle de parent. Dans
cette étape, le père ou la mère surtout prennent
conscience de cette promesse et essaient de l'honorer au mieux.
Il est cependant fréquent de voir aujourd'hui que le
monde soit confronté au fait que les parents, seulement parce qu'ils ont
conçu ou donné naissance à un enfant, ne soient pas
nécessairement capables de suivre l'enfant dans sa vie en
l'encourageant.
Ils ne peuvent assumer la responsabilité sociale de
leur enfant pour des raisons diverses : mort, maladie, pauvreté,
surmenage, irresponsabilité etc.... et ne peuvent donc pas
répondre de façon adéquate aux besoins de l'enfant en lui
procurant paix, attention et un sentiment de sécurité.
A ce moment, il est nécessaire que d'autres personnes
assument cette responsabilité. C'est le cas précis des
mères SOS dont il est question dans notre recherche. C'est la
mère SOS qui assume la maternité sociale, qui remplace les
parents biologiques et se met à la disposition de l'enfant d'une
façon aussi large et comparable parfois même mieux à celle
des parents biologiques. Ce qui la sépare de la maternité
réelle est l'aspect biologique, le fait simplement qu'elle n'ait pas mis
au monde cet enfant. Et à voir le résultat de près, les
mères SOS arrivent à accomplir leur mission même parfois
plus que les mères naturelles elles-mêmes. Ce professionnalisme
maternel par lequel les mères SOS s'occupent affectivement des enfants
en détresse comme leurs propres enfants nous amène à nous
poser un certain nombre de questions.
Quel est ce savoir-faire dont disposent ces mères pour
accomplir leur tâche ? Existe-t-il des facteurs favorisant
l'accomplissement de la mission de la mère SOS ? Comment
arrivent-elles à atteindre les objectifs d'une intégration et
d'insertion sociale de ces enfants qui ne sont pas les leurs ?
C'est la réponse à toutes ces questions qui
constitue la cheville ouvrière de notre recherche.
3.
Hypothèses
L'analyse des interrogations ci-dessus exprimées
suscite en nous des hypothèses qui peuvent affermir ou non notre
conviction au cours et après la recherche.
Premièrement, le cadre institutionnel offre une
certaine garantie et sécurité financière pour les
mères SOS afin qu'elles puissent prendre affectivement les enfants en
charge.
Deuxièmement, certaines mères SOS n'ayant jamais
conçu adopte les enfants dans tous les sens du terme, ce qui fait
naître de l'affection entre les deux partenaires que sont la mère
SOS et les enfants.
4. Objectifs
A cette recherche sont assignés deux types d'objectifs
à savoir l'objectif général et les objectifs
spécifiques.
- Objectif général :
L'objectif général de notre recherche est de
comprendre et d'expliquer le modèle SOS d'accueil familial ou de prise
en charge des enfants au Village d'enfants SOS.
- Objectifs spécifiques :
Pour atteindre cet objectif général, il
faudrait :
1- Evaluer le modèle de prise en charge des enfants SOS
au Village d'Enfants Lomé.
2- Evaluer l'éducation des mères SOS pour
devenir des mères institutionnelles ou professionnelles
3- Ressortir la place et les responsabilités des
mères SOS dans le système SOS.
4- Etudier les rapports qu'elles entretiennent respectivement
avec les enfants SOS et leurs propres enfants.
CHAPITRE II. CADRE
CONCEPTUEL
1. Revue de la
littérature
Dans cette partie de notre travail, il importe de situer notre
thème par rapport aux ouvrages que nous avons consultés au cours
de l'élaboration de notre travail et qui peuvent nous apporter un plus.
En effet nous parlerons de la prise en charge des orphelins et
abandonnés sur le plan mondial, en Afrique et au Togo dans le but de
cerner le phénomène sur tous les plans.
Notons pour commencer que le modèle de prise en charge
des enfants en détresse, des orphelins et des abandonnés ne
date pas d'aujourd'hui.
Selon l'ouvrage de HERMANN GMEINER intitulé
« les Villages d'Enfants SOS »1986 « Bien que
le projet d'éduquer des enfants orphelins et abandonnés dans les
institutions de type familial ne fut réalisé à grande
échelle qu'à notre époque, l'idée ne date pas
d'aujourd'hui ».
Ainsi mis à part diverses formes et infrastructures de
prise en charge (couvents, confréries...) la prise en charge
concrète des orphelins, n'apparut qu'au 17e siècle. Le
premier orphelinat fut crée en 1822 sous le nom de la ``Maison des
pauvres orphelins'' sur l'initiative de Gertrude Cougnotte. Il s'agit ici avant
tout d'une oeuvre de charité qui évolue d'un accueil mixte des
orphelins à une admission exclusive de garçons.
C'est ainsi que vers la fin du 17e siècle,
August Herman Francke avait essayé, à Halle, de placer des
orphelins dans des familles d'ouvriers, car il ne put trouver suffisamment de
familles compétentes. Il fut contraint de recourir aux orphelinats
existants, bien qu'il les considère comme inadapté à la
prise en charge des enfants sans foyer. Certes, les orphelinats pouvaient
assurer l'alimentation, l'instruction et la formation de leurs pupilles, mais
ils ne pouvaient pas, comme nous le savons aujourd'hui, exercer la formation
vitale de la famille. Disons que l'effort de Francke se portaient moins vers
l'intégration des orphelins dans la société que vers leur
``sauvetage au profit de Dieu''. Johann Heinrich Pestalozzi voulut,
contrairement à Francke, élever des orphelins dans sa propre
famille et en accueillit plusieurs au Neuhof, en Suisse. Il construisit plus
tard un orphelinat à Stan pour y héberger des enfants sans
soutien et sans refuge. Mais il ne rencontra que peu de compréhension de
la part des pouvoirs publics et de la population. Il n'avait rien du
génial organisateur qu'avait été Francke, dont Reble a pu
écrire : ``Sa personnalité exceptionnelle réussissait
tout à la fois une profonde pitié, une dignité de pasteur,
une érudition alliée à un dynamisme, une finesse d'homme
du monde, un sens des affaires et un talent d'organisateur''. (Histoire de la
pédagogie, 1962 :120)
Pestalozzi atteint sa véritable dimension quand il
affirme qu'il faut examiner le problème des ``Pauvres'' dans le cadre
social général d'une époque. Ses efforts en faveur des
enfants pauvres et orphelins vont dans le sens d'une pédagogie sociale,
il part de l'idée que la famille est le seul milieu favorable à
l'éducation au sens large du terme. Ceci étant il s'ensuit que
l'éducation dispensée par l'assistance publique devrait
s'inspirer de l'éducation familiale, ou du moins s'en rapprocher. A ce
propos, Pestalozzi (1801 : 226) écrit : « A vrai
dire, j'ai voulu démontrer que l'éducation familiale
présente des avantages que l'éducation collective devrait obtenir
par initiative car ce n'est qu'en imitant la première que la seconde
peut avoir quelque valeur pour le genre humain. ». L'auteur a donc
fait progresser l'assistance publique de la pédagogie type ``sauvetage
individuel'' vers la pédagogie sociale. Ce système
socio-éducatif est centré sur la famille, intime
communauté de vie au sein de laquelle l'individu se sent
protégé et aimé.
Pour sa part Johann Heinrich Wichern fut le premier à
recueillir des jeunes vagabonds dans sa ``rude maison'' à Hambourg. Il
créa ensuite des maisons et des villages-refuges pour y abriter des
groupes de 12 à 14 garçons constitués en ``familles'' sous
la conduite d'un ``frère''.
Chaque famille habite une petite maison construite en partie
par les jeunes eux-mêmes. Wichern s'élevait contre les
regroupements d'enfants dans des institutions ou des foyers de masse. Dans ce
que lui-même appelle les villages-refuges, il amorça la ``vie
communautaire de plusieurs familles regroupées par affinités''
parce que estimait-il, ``si tant est que l'on puisse imiter la famille
authentique, celle-ci correspond à la communauté humaine
originelle établie par Dieu. Elle permet à tout un chacun
d'exercer la plénitude de ses droits, d'être entouré
d'affection et d'être comblé sur le double plan matériel et
moral (Wichem, 1963, P 253). Les institutions collectives par contre, ne
peuvent pas offrir assez de sécurité, d'affection et de joie de
vivre.
Eva Von Tiele-Winkler poursuivit l'oeuvre amorcée par
Wichern. Pour sa part elle fonda des ``foyers d'enfants'' où des groupes
de 10 à 15 enfants des deux sexes, du nourrisson à l'apprenti,
étaient placés sous la garde d'une diaconesse appelée
``petite-mère''. Il était tout à fait exceptionnel que
cette ``maman-soeur'' fit l'objet d'une mutation.
Francke, Pestalozzi, Wichern, Eva Von Tiele- Winckler pour ne
citer que ceux-ci appartiennent à ces pionniers de la pédagogie
qui, inlassablement et en dépit de nombreux avis divergents dans
l'opinion publique, ont démontré qu'il est possible de venir en
aide à presque tous les enfants frappés par le destin.
L'idée faisant son chemin dans le temps et dans l'espace on assistait
à la création de plusieurs institutions
spécialisées qui continuent cette oeuvre salvatrice de prise en
charge des enfants en situation difficile : orphelins et / ou
abandonnés. Nous prenons à témoin Terre des hommes,
Pouponnière, les affaires sociales et Villages d'enfants SOS qui bien
sûr retiendra particulièrement notre attention dans cette
étude.
Au regard des littératures existantes sur la question
de la prise en charge des enfants en détresse, on est porté
à croire que tout a été déjà fait. Seulement
la recherche scientifique est perpétuelle et, dans le domaine de
l'étude sociologique, chaque réalité sociale apparente
cache une réalité sociologique (Durkheim E. 87).
La particularité du présent travail
réside essentiellement dans le fait que son auteur soit le premier
observateur extérieur à analyser la prise en charge des enfants
en détresse par les mères SOS au Village d'Enfants SOS.
En Afrique comme au Togo, la littérature sur la prise
en charge des enfants en détresse sous tous ses vocables est presque
parcellaire ou inexistante. Aussi faut-il signaler que la littérature
internationale sur la prise en charge des enfants en détresse a
opéré en mettant l'accent sur l'historique de la prise en charge
sans aborder à fond la problématique particulière du
rôle des mères institutionnelles qui est un rôle très
délicat. Nous disons délicat dans la mesure où la plupart
de ces mères sont gouvernées par une certaine dualité de
vie. Elles sont à la fois mère génitrice sensibles
à leur progéniture et mères institutionnelles
chargées de prendre soin de ceux qu'elles n'ont pas engendré
elles-mêmes. Notre étude se propose être une nouvelle piste
de recherche sur la prise en charge des enfants en détresse en mettant
justement l'accent sur le rôle délicat que joue les mères
institutionnelles dans ce domaine.
2. Définition des
principaux concepts
L'utilisation de certains concepts équivoques, nous
voulons ici en donner une clarification pour faciliter la compréhension
de notre travail au lecteur.
``Si je suis appelé à gouverner, je commencerai
par rétablir le sens des mots''. Cette citation, attribué
à Confucius, souligne encore tout à la fois l'importance de la
terminologie et la distance qui bien souvent éloigne les mots des
concepts qu'ils sont censés désigner.
- La prise en charge : suppose
élever et éduquer des enfants. Or élever des enfants,
c'est d' abord les aider, les guérir de leurs maux et éduquer un
enfant suppose d'abord qu'on prenne part à sa vie, qu'on partage ses
joies et ses peines. Il n'est d'éducation valable que celle qui favorise
le contact humain.
- Enfant : est
considéré comme enfant tout être qui a moins de 18 ans et
est par nature un être très fragile.
- Les enfants en détresse :
ceux sont des enfants abandonnés et/ou des orphelins.
- Orphelins : ce sont des
enfants, d'une manière générale, dont les parents sont
décédés, mais aussi des enfants abandonnés,
laissés pour compte, ou ceux dont les parents ont été
déchus de leurs droits parentaux.
- Les enfants
abandonnés : ce sont des enfants qui n'ont pas de
toits pour dormir et mendient ou fouillent les poubelles pour se nourrir. La
rue est leur centre d'éducation avec toutes les conséquences que
l'on peut imaginer. Pour ces enfants, il manque l'essentiel : le droit
à tout pour ne leur rester qu'un seul, se prendre en charge et rester un
enfant abandonné même s'il ne dort pas dans la rue comme on le
voit dans certaines villes africaines.
- Les mères SOS : sont
des femmes seules, veuves ou célibataires employées par le
Village d'Enfants SOS et qui ont décidé de prendre en charge des
enfants sans parents et d'assurer pour eux la responsabilité d'une
maternité sociale.
- Le Village d'Enfants SOS :
c'est une institution non gouvernementale à vocation
sociale qui offre aux enfants en détresse, abandonné et orphelin,
une prise en charge à long terme.
3. Les
généralités sur l'organisation :
Nul ne peut vivre, grandir, reconstruire, sans
référence à son histoire, cette histoire qui du
passé, fait les fondations de notre futur.
a) Historique de SOS Village d'Enfants
Le premier Village d'Enfants SOS fut fondé en 1949 en
Autriche, à proximité de la petite ville tyrolienne d'Imst. Il
fut donc créé dans une période de grande misère,
celle où les ravages de la seconde guerre mondiale produisaient leurs
effets les plus saisissants sur les jeunes générations.
D'innombrables enfants et adolescents de tous âges étaient
entraînés dans une tragédie gigantesque, un effondrement
matériel et moral jamais vécu jusqu'alors. Ils étaient
subitement confrontés à des exigences au-dessus de leurs
forces ; leur développement se heurtait à des obstacles
infranchissables. Le monde dans lequel ils vivaient, dans lequel ils
devaient devenir un jour des hommes respectables, avait banni la justice et la
morale.
Dans les grandes cités bombardées comme dans les
centres d'accueil où se pressaient des millions de personnes sans abri,
elles-mêmes livrées au désespoir, à l'embarras et au
désarroi, l'ambiance était la plus néfaste à toute
forme d'éducation. On n'y rencontrait que trop rarement une
personnalité droite et intègre, moralement saine et susceptible
de servir d'exemple aux jeunes ; on y voyait bien plus souvent de
pâles manifestations d'un ordre extérieur
inéluctable ; quand aux notions indispensables du bien et du mal
qui s'étaient transmises de génération en
génération, elles avaient complètement disparu. La
misère noire, l'indifférence et l'immortalité
étaient le lot quotidien.
Une mauvaise étoile présidait aux
destinées des enfants et adolescents arrachés à leur
milieu. Leur avenir était sérieusement compromis par le
renversement de toutes les valeurs.
Les criminologues, les psychologues et les responsables de
l'action sociale, s'appuyant sur des données statistiques alarmantes,
avertirent du danger, tandis que le grand public, lui-même aux prises
avec les pires difficultés, assistait, impuissant et inquiet, à
la tournure fatale que prenaient les évènements.
Des oeuvres de bienfaisance privées et publiques,
confessionnelles, nationales et internationales tentèrent alors par tous
les moyens de préserver les jeunes vagabonds et déracinés
des dangers de l'isolement. Comme les institutions existantes n'étaient
pas en mesure de répondre à la demande d'une foule énorme
de jeunes en détresse, il fallut littéralement créer de
toutes pièces des centres d'accueil provisoire. C'est ainsi que diverses
institutions virent le jour, entre autres sous le nom de village d'enfants ou
de jeunes, et accomplirent avec un succès remarquable les tâches
qu'elles s'étaient assignées. Quelques-uns de ces villages eurent
un tel renom que des jeunes vagabonds venaient d'eux-mêmes, et parfois de
fort loin, pour y trouver refuge.
Le Village d'Enfants SOS ne pouvait d'abord pas agir sur une
grande échelle. La jeune fondation manquait de tout pour pouvoir une
aide rapide et efficace. Il fallut commencer modestement. Le ``capital
initial'' s'élevait à 600 schillings, ce qui était quand
même suffisant pour faire connaître à un petit nombre de
personnes l'idée de Village d'Enfants SOS et sa façon quasi
révolutionnaire de résoudre le problème des jeunes
déracinés.
Les expériences vécues à l'époques
révélèrent que les plus vulnérables, les plus
difficiles et les plus menacés parmi les jeunes étaient toujours
ceux qui n'avaient pas reçu le soutien d'une famille saine et
ordonnée. L'idée de Villages d'Enfants SOS reposait sur cette
simple leçon tirée des faits. On en déduisit que les
institutions destinées aux enfants sans parents seraient d'autant plus
efficaces qu'elles se rapprocheraient de la structure familiale pour remplacer
la famille que ces enfants ont perdue. Le premier Village d'Enfants SOS fut
donc construit en tenant compte de cette exigence de l'éducation sur le
modèle familial d'une part, et de l'assistance aux enfants orphelins et
abandonnés d'autre part. C'est ainsi que fut créé un
établissement dans le but de prendre en charge des enfants sans foyer,
non seulement en période de détresse, mais aussi en temps
normal.
b) SOS Village d'enfants dans les pays en voie de
développement
La construction de Village d'Enfants SOS dans les pays en voie
de développement a marqué une nouvelle étape de l'action
SOS VE.
L'intérêt considérable qu'a suscité
l'idée de village d'Enfants SOS dans ces pays a d'abord surpris. Et les
demandes d'aide qui ont afflué de toutes parts ont conduit à
l'élaboration d'un programme d'action pour les pays dits en
développement. D'emblée il fallait reconnaître que les
villages d'enfants SOS n'étaient pas faits pour lutter contre la faim,
la misère ou la guerre dans différentes parties du monde, ni pour
lancer une opération à grande échelle contre les
désordres sociaux qui y régnaient, ce que d'ailleurs, les
représentants des pays en voie de développement
n'espéraient pas obtenir en prenant contact avec l'institution.
L'attention de ces derniers s'était portée vers
les principes d'intégration du Village SOS. Ils voyaient dans les
Villages un nouveau moyen de résoudre les problèmes
d'éducation et d'assistance sociale de leur propre pays.
C'est ainsi que dans les villages d'Enfants, les enfants du
Tiers-monde doivent bénéficier d'une action doit, aussi amener
les populations concernées à s'entraider et s'éduquer
elles-mêmes par la suite.
Pour les pays en voie de développement, le Village
d'Enfants SOS est bien plus qu'un simple foyer pour enfants abandonnés.
Tel est par exemple, le village d'Enfants SOS au Togo.
c) SOS Village d'enfants - Togo
Le village d'Enfants SOS ouvrit ses portes à
Lomé, et à Kara en 1979. Il devint depuis lors une famille
pour les orphelins et enfants abandonnés, et une opportunité de
scolarisation des enfants nécessiteux. Le village d'Enfants SOS Togo
comme tout autre dans le monde est une organisation de parrainage qui assure,
aux orphelins et enfants abandonnés, un foyer et sert en même
temps de logis aux femmes, les mères SOS, qui se sont consacrées
à la poursuite de son oeuvre. Le Village d'Enfants SOS Togo n'est pas
uniquement un foyer pour les enfants mais une véritable
communauté formée d'enfants venant de différents endroits
du pays. Tout l'espoir que les enfants semblent avoir perdu est ainsi
retrouvé au Village d'Enfants où ils grandissent avec confiance
d'être aimés et assurés d'un solide patrimoine culturel.
d) Le Village d'Enfants - LOME
Il a été inauguré en 1979, année
internationale de l'enfant, plus précisément le 16 Novembre. Le
village commence à fonctionner avec dix maisons familiales qui peuvent
accueillir jusqu'à cent enfants déracinés et leur donner
un foyer.
Chaque maison est équipée d'une vaste salle de
séjour où la famille se retrouve, pour les jeux, pour les travaux
ou pour le simple plaisir d'être ensemble. La maison comprend
également trois chambres d'enfants et la chambre de la mère. A la
cuisine, les enfants sont d'abord des spectateurs attentifs des travaux de leur
mère, mais ils deviennent très vite acteurs, mettant la main
à la pâte, et se préparent ainsi insensiblement à
leur futur rôle d'adulte.
Dans l'enceinte du village, sur le terrain de jeux, les
enfants peuvent s'ébattre à loisir et faire du sport, entre eux,
avec leurs camarades de classe ou avec les enfants du voisinage.
e) Qu'est-ce qu'un village d'enfants
SOS ?
Le nom de ``Village d'Enfants'' désigne aujourd'hui des
institutions remplissant une mission d'aide et d'assistance sur des plans
très divers. Il semble cependant que l'interprétation
donnée par le Village d'Enfants SOS à cette notion s'impose de
plus dans l'opinion publique et dans les milieux spécialisés.
Elle fait du village d'enfants une institution visant à se substituer
à la famille naturelle de l'enfant orphelin ou abandonné pour
l'aider à prendre le chemin d'une vie normale.
Les Villages d'Enfants SOS veulent préserver ces
enfants des dangereuses conséquences de leur état. Ils doivent
protéger, aider et guérir. Le double principe pédagogique
et social de leur intervention est ainsi posé et défini
clairement : fonder des ``familles'' les plus naturelles possible, tant du
point de vue structurel que du point de vue fonctionnel. Ces familles ne
peuvent cependant remplir leurs fonctions et justifier les espoirs
fondés sur elles que si elles s'intègrent à une
communauté plus large qu'est le Village d'Enfants SOS.
La famille de Village d'Enfants SOS ne se contente pas
d'accueillir l'enfant sans parents, elle lui offre aussi un authentique ``chez
soi'' et devient son véritable soutien moral. Le village doit devenir le
foyer des enfants qui lui son confiés.
Le Village d'Enfants SOS ramène l'enfant isolé
dans son milieu naturel, la famille. Le ``giron social'' d'où l'enfant a
été arraché par la perte ou la défection de ses
parents est remplacé. L'enfant en a besoin pour grandir normalement.
Même si la structure de la famille moderne subit de profonds changements,
sa fonction doit être maintenue, car elle est indispensable à
l'enfant. Ce n'est qu'en grandissant dans une famille que l'enfant devient apte
à la vie.
Toute oeuvre sociale moderne qui se propose d'éduquer
des enfants sans parents devra donc trouver des structures qui se rapprochent
le plus possibles de celle de la famille. L'éducation du Village
d'Enfants SOS supporte la compassion avec celle de la famille grâce
à l'application des quatre principes dont il sera question dans un
chapitre ultérieur.
f) Vision-Mission de SOS Village
d'Enfants :
La vision de l'organisation SOS Village d'Enfants pour les
enfants du monde se résume en ces termes : chaque enfant a sa place
dans une famille et grandit dans un climat d'affection, de respect et de
sécurité.
- Chaque enfant a sa place dans une famille :
La famille est le coeur de la société. Au sein
d'une famille, chaque enfant est protégé et éprouve un
sentiment d'appartenance. En famille, les enfants acquiert des valeurs,
partagent des responsabilités et établissent des relations qui
dureront toute leur vie. L'entourage familial leur procure une base solide sur
laquelle ils peuvent bâtir leur existence.
- Chaque enfant est entouré d'affection :
C'est le climat d'affection et le sentiment d'être
accepté qui permettent aux blessures de l'âme de guérir et
à la confiance de naître. Les enfants y puisent leur assurance et
y apprennent la confiance en soi comme en autrui. Un enfant sûr de soi
peut découvrir ses capacités et les développer au
mieux.
- chaque enfant est respecté :
Les opinions de chaque enfant sont écoutées et
prise au sérieux. Les enfants participent aux décisions qui
affectent leur existence et apprennent à jouer leur rôle majeur
dans leur propre développement. L'enfant grandit dans le respect et la
dignité, comme un membre estimé de sa famille et de la
société.
-Chaque enfant est protégé :
Les enfants sont protégés des abus, de la
négligence et de l'exploitation, leur sécurité est
assurée en cas de catastrophe naturelle ou de guerre. Ils sont
logés, nourris et ont accès aux soins médicaux et à
l'éducation. Ce sont les conditions préalables à
l'épanouissement de chaque enfant.
La mission est de donner une famille aux enfants en
difficulté, orphelins, abandonnés ou ceux que leur famille ne
peut prendre en charge.
g) Les quatre principes
pédagogiques :
Le programme d'éducation du Village d'Enfants SOS se
résume à quatre principes pédagogiques. Ils mettent
principalement l'accent sur le développement de l'enfant vers l'homme et
son intégration dans la société. Les mots clés pour
traduire les principes du Village d'Enfants SOS sont :
1. la mère
2. les frères et soeurs
3. la maison
4. le village
1. La mère
Dans le monde entier, il existe des femmes seules, veuves ou
célibataires. Les activités professionnelles qu'elles exercent ne
suffisent pas à remplir leur vie et elles désirent avoir des
enfants pour se consacrer entièrement à eux. Dans le monde
entier, il y a aussi des enfants, orphelins ou abandonnés, à la
recherche d'une maman. L'une des tâches que nous proposons d'accomplir
est de rapprocher ces femmes et ces enfants.
Le Village d'Enfants SOS ne vient donc pas uniquement en aide
aux enfants en difficultés familiales. Il donne aux femmes
isolées la possibilité de remplir leur vie. Exercer les fonctions
de mères dans un Village d'Enfants SOS est devenu une nouvelle
profession féminine. Des centaines de femmes dans le monde ont
déjà décidé de prendre en charge des enfants sans
parents et d'assumer pour eux la responsabilité d'une maternité
sociale. En dehors des dispositions naturelles qui les portent vers
l'éducation des enfants les femmes qui désirent être
mères dans un Village d'Enfants SOS doivent être aussi capables
d'affection car les enfants dont elles ont la charge sont presque toujours
psychiquement ébranlés. Ils souffrent tantôt de complexes
d'infériorité, tantôt d'un besoin exagéré de
se faire valoir, d'un manque d'affection ou de phobies. Nombre d'entre eux sont
des enfants abandonnés, battus, corrompus ou oubliés.
Elever ces enfants, c'est d' abord les aider, les
guérir de leurs maux. Nous savons combien la relation de l'enfant avec
sa mère, ou toute autre personne qui la remplace, est importante pour
son développement. Cette relation est à la base de toute action
pédagogique. Le Village d'Enfants SOS veut avant tout rendre l'affection
d'une mère aux enfants qui en ont été privés ;
c'est la clé de voûte de son système pédagogique. En
fait, l'amour maternel ne suffit pas sans une certaine fermeté, une
certaine rigueur, un savoir- faire et des connaissances pédagogiques.
Mais il n'est pas de bonne éducation sans affection. Tant que l'enfant
ne se sentira pas aimé et protégé, il n'acceptera pas
facilement les contraintes de l'éducation qu'on veut lui donner.
Celles-ci ne feront que compliquer les choses et créer de nouveaux
complexes.
Eduquer un enfant suppose d'abord qu'on prenne part à
sa vie, qu'on partage ses joies et ses peines. Il n'est d'éducation
valable que celle qui favorise le contact humain.
Une fillette du Village d'Enfants SOS, âgée de
treize ans, disait un jour : ``Notre petite soeur était malade. Le
médecin est venu et j'ai vu pleurer notre maman. Maintenant, je sais que
notre maman est quelqu'un de bien et qu'elle nous aime. Moi aussi, je veux
devenir quelqu'un de bien''.
Il est donc essentiel que pour accomplir sa tâche, le
village d'Enfants SOS, et surtout la mère, puisse donner à
l'enfant le sentiment d'être aimé et protégé.
Après tout, nous ne pouvons pas oublier que l'humanité
entière a été élevée par des mères.
Et quand un enfant a perdu la base naturelle de son développement, son
éducation peut alors poser des problèmes. Les méthodes
pédagogiques les plus scientifiques, pratiquées dans les
institutions les plus modernes, ne peuvent pas empêcher qu'un enfant,
élevé hors de sa famille, soit socialement plus vulnérable
et moins performant qu'un enfant qui a grandi dans sa famille.
Les mères de village d'Enfants SOS doivent être
des femmes heureuses, de vivre équilibrées sur le plan moral et
spirituel. Leur personnalité, affermie et stable, est un exemple vivant
pour les enfants.
Les enfants qui sont accueillis au Village d'Enfants SOS ont
généralement été victimes d'expériences
malheureuses. Il est bon qu'ils aient devant les yeux une personne qui puisse
donner un nouveau sens, un nouveau contenu à leur vie. La mère du
village d'Enfants SOS doit être pour eux cette personne en qui ils ont
confiance, à laquelle ils obéissent, pour laquelle ils
abandonnent leurs ``mauvaises habitudes''.
Chaque enfant a naturellement besoin de la sollicitude
maternelle. Il a au moins autant besoin d'une mère aimante que d'une
place pour dormir, de vêtements et de nourriture. Ce besoin de la
mère s'explique par le manque de maturité physique, morale et
intellectuelle. L'enfant ne peut pas davantage développer ses
capacités intellectuelles de lui-même. Tout son être est
tourné vers la réception d'impulsions extérieures. Et pour
mieux comprendre l'attachement de l'enfant à sa mère, il nous
faut garder présent à l'esprit que les impulsions qui participent
à la formation de sa personnalité et à l'orientation de sa
vie future sont beaucoup moins le fait d'une pédagogique que d'un amour
maternel, constant et généreux.
Le regard de la mère, les efforts et sacrifices qu'elle
consent pour sa famille, sa main caressante sur le front de l'enfant
révèlent à celui qu'il a trouvé un foyer, une
communauté naturelle où il peut se ressaisir et vivre
normalement.
L'affectation de la mère est d'autant plus
indispensable quand il s'agit de procurer à l'enfant
déraciné toutes les chances d'un bon départ dans la vie.
Comparés à l'influence heureuse d'une mère, les
résultats des meilleures systèmes pédagogiques sont
plutôt minces. Plus douce et plus affectueuse que le meilleur
éducateur masculin, la mère débrouille admirablement les
fils de l'écheveau des contradictions enfantines. Sans le moindre
détour, elle emprunte la voie du coeur pour entrer en contact avec
l'enfant.
Aux alentours de 1900, le pédiatre munichois Meinhard
Von Pfaundler fit la découverte d'une maladie qu'il baptisa
``hospitalisme''. Cette maladie est attribuée à l'absence de
soins maternels et s'explique par une carence affective prolongée qui
peut entraîner de graves crises de croissance, affaiblir
l'immunité naturelle, voire même causer la mort de l'enfant. En
partant de cette découverte, la médecine moderne, la psychologie
et la pédagogie expliquent l'origine des troubles variés de la
croissance et du comportement ; elles précisent que ces troubles
sont d'autant plus importants, plus accentués et plus
irréversibles que la séparation de la mère a
été plus précoce et la durée du séjour dans
une institution plus longue.
Le nouveau venu au Village d'Enfants SOS est
généralement surpris d'entendre les autres enfants appeler tout
naturellement ``maman'' la responsable de leur famille. Dans cette famille, il
rencontre des frères et des soeurs un bébé dans un
berceau, des frères qui reviennent de l'école, une grande soeur
dans la cuisine, où elle donne un coup de main ; sur la commode, il
voit la photographie de l'aîné, qui est en apprentissage ou dans
un lycée en ville. L'enfant trouve aussi son lit, son harmonie, ses
jouets et ses vêtements. A midi, il n'y a pas de gong pour appeler au
réfectoire. La famille se réunit dans la salle de séjour,
où la table est mise, et après le
bénédicité, les petits commencent à babiller
gaiement. On parle aussi des problèmes et des soucis quotidiens. Il n'y
a pas d'enfant qui reste insensible à de telles découvertes.
L'attention bienveillante qu'il trouve auprès de la mère ne
répond que trop bien à son besoin naturel de
sécurité. L'intégration dans la famille se fait le plus
souvent sans frictions et sans difficultés, l'enfant guérit
rapidement de ses blessures morales. Il n'est plus l'enfant ``difficile'' ou
``incorrigible'' qu'on se repassait d'un centre d'éducation à un
autre. La bonté et l'amour d'une vraie mère lui font
découvrir un monde que son émotivité maladive lui avait
caché, un monde de santé et de joie.
2. Les frères et soeurs
Le second principe pédagogique du Village d'Enfants SOS
veut que l'enfant ne soit pas élevé avec des pupilles du
même âge, mais au sein d'une communauté fraternelle. Une
famille de Village d'Enfants SOS comprend, en Autriche sept, en Allemagne six
enfants d'âges différents, du nourrisson à l'adolescent.
Chacun doit trouver dans la famille la place qui lui convient, selon son
tempérament, son âge et sa maturité.
Les enfants qui sont accueillis dans une famille ne manquent
pas de contact. Outre la mère, les petits ont suffisamment de ``grands''
autour d'eux pour les aider, les conseiller et les aimer. Quant aux grands
eux-mêmes, ils ont la possibilité de nouer des liens au sein de la
communauté et de s'y rendre utiles.
Tel est par exemple le cas de ce garçon de quatorze ans
qui, avec beaucoup de patience et de joie, apprend à parler à sa
petite soeur de deux ans. Pendant des heures, il s'amuse avec elle et s'en
occupe avec une spontanéité surprenante. Il sent qu'elle a besoin
de lui, qu'il peut lui être utile et la protéger dans toutes les
circonstances. Sa mère lui demande quelques fois son avis sur des
questions qui touchent à la vie du foyer. Il lui en est reconnaissant et
le montre en participant volontiers aux corvées du ménage. Il est
fier de prendre certaines responsabilités.
Chacun sait que les responsabilités, quand elles ne
sont pas au-dessus de vos forces, forgent le caractère. C'est aussi vrai
pour l'enfant, qui apprend par ce moyen à tenir sa place dans la
société. Il est même préférable de lui donner
quelques fois trop de responsabilités, que de ne pas lui en donner du
tout, par méfiance.
Les familles des Villages d'Enfants SOS accueillent aussi bien
des bébés que des enfants plus âgés, garçons
ou filles. Toutefois, comme leur éducation est d'autant plus
réussie que le séjour des enfants au village est plus long, il y
a nécessairement une limite d'âge à l'admission. C'est
pourquoi, les enfants de plus de dix ans ne sont, en principe, plus
acceptés.
Dans la mesure où les enfants admis au Village
d'Enfants SOS doivent être élevés comme des frères
et soeurs, la mixité s'impose d'elle-même. Ce principe de la
coéducation contrôlée a l'avantage de faciliter une prise
de conscience progressive de l'autre sexe. Il doit être appliqué
dès le moment de la formation de la famille, lorsque les enfants
d'âges et de sexes différents sont choisis pour constituer une
communauté de vie.
Le Village d'Enfants SOS recourt à cette méthode
en toute connaissance de cause. Il s'appuie sur des résultats
d'enquêtes menées auprès de groupes de frères et
soeurs et accorde une très grande importance à la composition des
familles. En Autriche, en Allemagne et en France, où des centaines de
familles de Village d'Enfants SOS ont été fondées, le
placement d'un nouvel enfant dans une famille appropriée ne
présente pas de difficulté.
L'éducation mixte pratiquée dans les familles
des Villages d'Enfants SOS place la mère devant des problèmes
autres que ceux de l'éducation mixte de l'école publique, qui
sont en fait des problèmes de co-instruction. Il n'est pas facile
d'établir des comparaisons avec la famille normale, pour laquelle la
co-habitation des enfants des deux sexes ne présente pas de
difficultés. Dans la famille artificielle qu'est celle du Village
d'Enfants SOS, il y a lieu d'effectuer un clivage entre les deux sexes, de
manière à supprimer les risques de la co-éducation. Du
reste, l'expérience de plusieurs années nous apprend que les
problèmes de la mixité ne sont pas insolubles et que les
avantages qu'en tirent nos enfants l'emportent sur les inconvénients.
Déjà, lorsque le principe de la
co-éducation fut adopté, il fut décidé que les
garçons de 14 ans et au-dessus seraient logés dans des foyers
d'étudiants et d'apprentis appartenant aux Villages d'Enfants SOS. Quant
aux jeunes filles, elles auraient le choix entre rester dans leur famille du
Village d'Enfants SOS, auprès de leur mère, ou s'installer dans
des foyers de jeunes filles.
L'éducation mixte des enfants, comme s'ils
étaient frères et soeurs, présente encore un avantage
sérieux : les frères et soeurs naturels ne sont pas
séparés et vivent dans une seule et même famille. Je ne
citerai qu'un seul exemple ici, pour expliquer les conséquences
désastreuses qu'a eues la séparation arbitraire de frères
et soeurs consanguins après la mort de leurs parents.
Cinq frères et soeurs perdirent leurs parents dans un
accident de la circulation, en 1951. L'un des enfants fut confié
à des parents proches, le bébé placé dans une
pouponnière, les deux garçons dans deux internats
différents et la fille de 14 ans dans un foyer d'apprenties. Leurs
éducateurs se virent bientôt confrontés à des
situations inextricables. On avait enlevé à la grande soeur son
petit frère. Elle manifesta son mécontentement par des
contestations, des mensonges et des bégaiements. L'un des garçons
profita de la moindre occasion pour faire une fugue et se réfugier chez
des parents, et, comme son frère, il ne brille guère en classe.
Les parents qui avaient pris l'un des enfants chez eux eurent bien du mal avec
lui car se montra effronté, méfiant et entêté, en
réaction à la séparation de A son frère
préféré. Les adultes pensaient bien faire en
séparant ces enfants, mais ils ne réussirent qu'à ajouter
un malheur à un autre. Dénouer les liens qui unissent les
frères et soeurs naturels peut, dans certains cas, avoir des
conséquences catastrophiques pour le développement de uns et des
autres.
Au village d'Enfants SOS, ces enfants restent unis dans une
maison, une famille. Près de 60% des effectifs des Villages d'Enfants
SOS sont constitués de fratries naturelles qui vivent chacune dans une
famille. Certaines familles de Village d'Enfants SOS ont des fratries de
quatre, cinq, six, sept, voire même huit ou neuf enfants.
3. La maison
La famille de Village d'Enfants SOS doit habiter sa maison,
une maison familiale normale. La maison ne jouerait pas vraiment son rôle
dans le système pédagogique du Village d'Enfants SOS si elle ne
se limitait qu'aux fonctions de la salle à manger et de la chambre
à coucher. Comme l'explique Wolfgang Metzger, elle doit être
``pour l'enfant le nid, la coquille, l'enveloppe protectrice de son être
encore inachevé.''(W. Metzger, 1960 : 29). Dans une maison
où chaque pièce a une fonction déterminée,
où l'enfant a sa place à la table familiale, son lit, son coin
pour jouer et pour apprendre ses leçons, il est plus facile
d'acquérir un sens de l'ordre.
La pièce principale de la maison du Village d'Enfants
SOS est la salle de séjour. La famille s'y rassemble pour travailler,
fêter, rire, pleurer, manger et prier. Pestalozzi n'a cessé de
rappeler dans ses écrits l'importance de la salle commune. Elle
détermine dans une large mesure, l'attitude que l'enfant adoptera devant
le monde. C'est le lieu où les valeurs culturelles et les vertus qui
sont le propre de l'homme lui sont retransmises, pour ainsi dire, de
première main. Il y fait l'expérience des relations humaines qui
lui seront utiles toute sa vie. La salle de séjour fait naître
l'esprit de communauté. Plus tard, quand l'enfant aura atteint
l'âge d'homme, il cherchera à recréer cette ambiance de la
vie communautaire saine, ordonnée et heureuse qu'il a connue au Village
d'Enfants SOS, cet esprit communautaire qui a servi et qui servira encore de
cadre à sa vie.
Comme la famille du Village d'Enfants SOS est un ménage
indépendant, elle possède naturellement sa propre cuisine. La
mère est à la fois éducatrice et maîtresse de
maison, et il est impensable qu'elle puisse se passer de la cuisine, une
pièce indispensable à tout foyer digne de ce nom. Il existe des
enfants sans parents et abandonnés qui découvrent pour la
première fois au Village d'Enfants SOS le bien-être, le bonheur
tranquille et la satisfaction que procure une cuisine. Ils y voient leur
mère s'affairer autour du fourneau et se rendent compte que les besoins
primaires ne peuvent être satisfait qu'au prix d'un effort personnel.
En résumé, la maison est le havre de paix que
l'enfant aime à retrouver après ses rencontres avec le monde
extérieur, un monde parfois sans amour, inaccessible et même
dangereux. Elle lui donne le sentiment d'avoir un foyer, un port d'attache dans
l'environnement immédiat qu'est le village.
4. Le village
Un village d'Enfants SOS est composé, en règle
générale, de 14 à 20 familles, mais à Lomé
le Village d'Enfants est composé de 09 maisons familiales, et d'un
jardin d'enfants. Il est rarement nécessaire d'y ajouter d'autres
constructions. Dans sa maison, dans sa famille, l'enfant a le sentiment de
vivre en sécurité. Le village est pour lui une ouverture sur le
monde extérieur. Il est une communauté de vie plus large que la
famille, mais toujours contrôlable et dirigeable. Il permet à
l'enfant d'établir les contacts humains utiles à son
développement. Il est le pont qui relie l'enfant à la
société. Il est en même temps une institution comme nous le
verrons plus loin, et en tant que telle, il joue pour l'enfant ``Placé''
le rôle d'un établissement spécialisé. Et il y a
là un risque d'isolement qu'il faut supprimer.
Le Village d'Enfants SOS doit s'adapter à son
entourage, tant du point de vue de l'implantation et de l'architecture que de
tout autre point de vue. Il doit chercher à éviter les situations
d'exceptions, même s'il doit pour cela supporter quelques
inconvénients. Car les situations d'exception, quelles qu'elles soient,
ne tourne pas à l'avantage de nos enfants. Ceux-ci ne demandent
finalement qu'une chose, c'est de pouvoir vivre comme tous les enfants du
monde. L'``institution'' Village d'Enfants SOS ne doit donc pas en faire trop.
Elle ne doit pas privilégier ses enfants à l'école, ni
leur donner un niveau de vie supérieur à la moyenne. Quant
à son mode de vie, il doit être simple, modeste, en rapport avec
le milieu ambiant.
Par principe, le Village d'Enfants SOS ne construit pas
d'école ni d'Eglise, sauf dans les pays dits en voie de
développement où les circonstances particulières
l'exigent. Ses enfants doivent entrer en contact avec d'autres enfants et
fréquentés les écoles publiques. Ils doivent assister aux
offices religieux de la localité et s'insérer à la
communauté paroissiale existante.
Le Village d'Enfants SOS nouvellement crée vient se
greffer sur une bourgade ou une agglomération. Il est
généralement implanté à la périphérie
d'une localité. Il arrive souvent que l'habitat s'étende dans sa
direction et qu'il soit absorbé par la nouvelle zone urbaine qui se
crée. L'insertion de Village d'Enfants SOS a l'espace sociale
environnant, son ouverture ``tous azimuts'', sont à la fois l'expression
et l'application du principe de l'intégration de l'enfant isolé
dans la société.
En tant qu'``institution'', le Village d'Enfants SOS
représente une ``unité administrative'' en soi. Mais il n'en
résulte pas forcément un isolement économique.
L'indispensable contrôle de la situation financière des
ménages ne les empêche de prendre des initiatives individuelles et
ne limite en rien leur responsabilité. Les mères achètent
elles-mêmes la plus grande partie de ce dont elles ont besoin au magasins
de la ville. Elles disposent d'un budget mensuel qu'elles gèrent
librement dans les limites fixées par le règlement
général. Les enfants doivent être amenés à
partager les soucis de leur mère dans la vie de tous les jours.
La collectivité que représente le Village
d'Enfants SOS répond donc aux besoins de l'enfant de se sentir
protégé, à l'intérieur comme à
l'extérieur de la famille. Elle lui permet d'entretenir
d'étroites relations avec le monde extérieur. Elle assure ainsi
le succès d'une pédagogie orienté vers
l'intégration sociale.
h) Financements
Les fonds destinés à la construction et
l'entretien des Villages d'Enfants SOS proviennent essentiellement de
contributions volontaires, dons et cotisations, des amis et membres des
villages d'Enfants SOS. En mettant en pratique l'idée «Tous les
enfants sont nos enfants. A plusieurs, il est aisé de faire du
bien », plus de 5 millions de personnes dans plus de 100 pays
permettent aux Villages d'Enfants SOS de mener à bien leur
tâche.
Les dons et contributions réunis sont
gérés par les associations nationales elles-mêmes qui
s'efforcent de réduire autant que possible les frais de fonctionnement.
Les contrôles administratifs et les vérifications comptables sont
effectués non seulement par des organes internes mais aussi par des
commissaires aux comptes assermentés. Un contrôle
supplémentaire et global des associations membres de SOS - KINDERDORF
INTERNATIONAL est assuré par la « Deutsche Revisions - und
Treuhand AG », société fiduciaire anonyme.
CHAPITRE III : CADRE
METHODOLOGIQUE
La méthode apparaît comme le cheminement de la
recherche, c'est une démarche ordonnée, une technologie
raisonnée utilisée dans une recherche en vue d'aboutir à
des résultats probants. Par méthode, on peut également
entendre « des règles faciles mais certaines,
grâce auxquelles tous ceux qui les observent exactement ne supposeraient
jamais vrai ce qui est faux et parviendront, sans se fatiguer à des
efforts inutiles, à la connaissance vraie de ce qu'ils peuvent
atteindre » Descartes, Les Règles de la méthode.
Aucun chercheur ne peut prétendre se passer de la
méthodologie pour atteindre le but qu'il s'est fixé. Il lui
incombe, pour cette raison, l'impérieuse tâche d'élucider
la démarche méthodologique qui lui a permis de se garder de
graves méprises et de stabiliser sa recherche sur une base scientifique,
étalon de mesure de la validité, de la précision et de la
fiabilité de l'analyse. Aussi avons-nous décidé
d'expliciter notre approche méthodologique.
Pour mener à bien notre recherche, une enquête
exhaustive s'impose. Elle consiste à administrer des questionnaires aux
mères, aux enfants et à recueillir des informations auprès
des personnes ressources du village d'Enfants SOS.
A la fin tirer des conclusions pour une meilleure connaissance
de la prise en charge des enfants par les mères SOS au Village d'Enfants
SOS Lomé.
1. Population
cible
Une population cible est constituée
généralement de l'ensemble des individus, ménages,
organismes, collectivités ou autres unités identiques auxquels
s'adressent les interventions dans le cadre des projets sociaux. Dans le cas de
la présente recherche, la population cible est constituée des
mères SOS qui prennent en charge les enfants. Nous nous
intéressons aux mères SOS du Village d'Enfants SOS Lomé
car nous pensons qu'elles sont plus concernées par la prise en charge
des enfants en détresse de ladite institution et sont plus
habileté à fournir les informations nécessaires pour mener
à bien notre étude.
2. Echantillonnage
Permettez-nous de rappeler la définition du concept
d' « enquête » avec Pierre RONGERE :
« on appelle enquête, toute recherche qui suppose une
investigation auprès d'individus ou de groupes, qui met le chercheur en
relation avec les individus ».
Echantillonner, c'est choisir un nombre réduit et
limité d'individus dans l'ensemble de la population concernée par
une étude. Pour ce faire, il nous faut préciser la technique
d'échantillonnage pouvant conduire à la détermination du
sous-ensemble de la population-mère pour effectuer l'enquête. Or,
notre population-mère étant déjà réduite ou
limitée nous pensons administrer notre questionnaire à tous les
individus de cette population, au total 20 mères SOS y compris celles
qui sont admises à la retraite. En fait, c'est une étude
exhaustive qui s'impose puisque le sous-ensemble est égal à
l'ensemble et les unités ou individus faisant partie de l'univers ont au
moins trente 30 ans, âge requis par l'Institution pour être
mères SOS et sont au nombre de 20. Cette pratique nous a dispensé
le recours à une méthode particulière pour arrêter
l'échantillon.
3. Les méthodes de
collecte des données :
Deux types de techniques ont été alternativement
utilisés pour cette recherche : il s'agit des recherches
documentaires et des techniques de recherches vivantes constituées de
l'entretien, l'observation participante et l'enquête par
questionnaire.
3. 1. Recherche
documentaire
En définition nous dirons que le document est ``toute
source d'information disponible à la connaissance''. L'analyse dite ``du
contenu'' privilège les documents qui reflètent des
communications entre les hommes parce qu'ils sont eux-mêmes des faits
sociaux.
Dans le cadre précis de ce travail, nous nous sommes
inspirés de certains ouvrages généraux et
spécifiques ; les ouvrages généraux que nous avons
consultés ont trait à la problématique
générale de la prise en charge des enfants abandonnées et
orphelins en institution par les mères institutionnelles.
Les ouvrages spécifiques nous ont été
fournis par la bibliothèque du village d'Enfants SOS Lomé et le
site Internet de SOS KinderDorf International. Nous avons aussi eu recours aux
services de documentation de certaines institutions en charge des enfants comme
UNICEF, WAO-Afrique, la Pouponnière, Terre des hommes.
Tout cela nous a permis d'élaborer la revue de la
littérature et la bibliographie
3.2. Technique de
recherches vivantes
Elles sont ainsi appelées contrairement aux recherches
documentaires qualifiées de recherche morte, à cause du
caractère vivant de leur déroulement, car elles mettent toujours
en rapport deux ou plusieurs personnes.
a) L'enquête par
questionnaire:
Cette collecte systématique d'informations au moyen
d'un questionnaire écrit a servi pour recueillir les données
aussi bien qualitatives que quantitatives recherchées auprès des
mères SOS. A cet effet nous avions élaboré un
questionnaire dont un exemplaire figure en annexe comprenant 36 questions
ouvertes et fermées. Pour le déroulement de l'enquête, nous
avions adopté une méthode qui consistait à interroger
individuellement les enquêtés.
b) Les entretiens :
Ils sont en fait constitués essentiellement par des
dialogues entre l'enquêteur et les informateurs clés. Ces derniers
sont des personnes qui sont censés détenir des informations
suffisantes dans le domaine concerné par la recherche.
C'est ainsi que tout au long de notre recherche, nous avons eu
une série d'entretiens libres avec certains responsables du village, la
directrice du jardin d'enfants et la secrétaire comptable.
Nous nous sommes également entretenus avec l'Assistante
sociale qui est la mère conseillère, les tantes et certains
enfants, tout âge et sexe confondus
c) L'observation participante
Notre étude de terrain nous a permis de partager la vie
des personnes qui forment notre échantillon. Afin de mieux collaborer /
étudier avec notre population cible, nous nous sommes
intéressé au travail des mères SOS et cela nous a
d'ailleurs facilité la recherche.
4. Sélection et
justifications de variables et indicateurs :
Une variable est une caractéristique à laquelle
est assignée une valeur pas forcément numérique, que l'on
appelle indicateur.
Dans le cadre de notre étude, nous avons retenu deux
types de variables à savoir les variables indépendantes et les
variables dépendantes.
a) Variables indépendantes ou
explicatives
Cette catégorie de variable, concerne l'âge, la
situation matrimoniale, le niveau d'instruction.
- L'âge
Nous avons retenu cette variable parce qu'elle nous permet de
répartir les enquêtés par tranches d'âge. Notre
population cible étant composée des femmes ou des individus du
sexe féminin adulte en âge d'élever des enfants ou de
prendre en charge les enfants comme prévu par l'institution.
- Situation matrimoniale
Cette variable dans beaucoup d'études sociologiques,
joue un grand rôle. Ainsi nous attendons faire ressortir comment cette
variable peut contribuer à la prise en charge des enfants en situation
en détresse : les orphelins et les abandonnés.
Les mères SOS sont des femmes seules, veuves ou
célibataires et qui ont décidé de prendre en charge des
enfants sans parents et d'assurer pour eux la responsabilité d'une
maternité sociale.
- Le niveau d'instruction
Dans ce genre d'étude la variable ``niveau
d'instruction'' est très utile car dans cette institution nous avons
affaire à des personnes plus ou moins instruites. Aussi le niveau
d'instruction va-t-il jouer un rôle non moins considérable dans la
motivation des femmes Mères SOS à prendre en charge les enfants.
b) Variables dépendantes ou à
expliquer
- Sécurité
socio-économique :
Nous avons dit plus un peu plus haut en guise
d'hypothèse que la prise en charge effective des enfants dépend
d'une certaine garantie et sécurité socio-économique
qu'offrirait le cadre institutionnel et qui permet l'intégration
socio-professionnelle des enfants. Autrement dit la sécurité
socio-économique est un facteur viable de la prise en charge effective
des enfants.
- Affection pour les enfants :
Le choix de cette variable se justifie par le fait que
certaines mères SOS n'ayant jamais conçu prendront les enfants
dans tous les sens du terme ce qui ferait naître de l'affection pour les
enfants. De même les enfants qui ont été privés d'un
environnement familial bienveillant et qui ont besoin d'affection de la part de
ceux ou celles qui sont responsables de leur prise en charge. Aussi l'affection
est-elle une variable qui justifie la prise en charge effective des enfants
confiés aux mères SOS.
c) Les indicateurs :
Ce sont des données observables par lesquelles on
pourra appréhender les dimensions analysées, en constatant dans
la réalité la présence ou l'absence de tel attribut,
l'état de telle variable. En résumé, ils visent à
représenter empiriquement le concept et se définit par rapport
à lui.
Dans le cadre du présent travail nous avons retenu
comme indicateurs, le revenu, acceptation des enfants, instauration d'une
relation à vie, accès aux soins de santé et la
préparation de la mère.
- Le revenu :
Fruit du travail de la mère SOS, le revenu nous a
permis de quantifier le niveau de vie des personnes interrogées.
- Acceptation des enfants comme les siens
propres :
Le choix de cet indicateur est motivé pour la seule
raison qu'il nous servira à appréhender comment sont
traités les enfants confiés à la mère SOS par
rapport aux siens propres.
- Fréquentation de la mère
SOS :
Nous pensons que les enfants, lorsqu'ils sont bien
traités, éduqués par la mère SOS vont vouloir
toujours rencontrer cette dernière et garder leur contact permanent.
- Préparation de la retraite de la
mère :
Comme toutes activités professionnelles donnant droit
à la retraite, les mères SOS ont aussi droit à la retraite
et bénéficient de tous les atouts : elles sont
déclarées à la caisse qui leur permet de bien vivre
après leur admission à la retraite.
5. Les difficultés de
la recherche :
Toute recherche sociologique bien menée se confronte
toujours à d'énormes difficultés qui apparaissent parfois
comme des obstacles majeurs pour son bon déroulement. En notre
qualité d'étudiant en sociologie - débutant en recherche-
nous sommes encore plus exposé à ces problèmes qui
n'épargnent pas les professionnels eux-mêmes. Néanmoins ces
difficultés ne constituent pas des obstacles infranchissables qui
pourront bloquer la recherche ; elles enrichissent l'analyse lorsque
celles-ci trouvent les solutions adéquates et appropriées pour
les dépasser.
Ici dans cette étude, la seule et la plus importante
difficulté à laquelle nous nous sommes confrontés est la
carence d'études dignes de ce nom pouvant nous permettre
d'évaluer de façon concise l'évolution de la prise en
charge des enfants en détresse par les mères institutionnelles et
spécialement les mères SOS du Village d'Enfants SOS Lomé.
Les quelques rares études existantes sont plutôt muettes sur
l'impact de cette prise en charge sur l'intégration des enfants
concernés. Tout cela, ajouté aux difficultés techniques a
fait que le travail de recherche nous a été très ardu.
C'est malgré cette difficulté qui est non moins
majeure que nous sommes parvenu à collecter les informations
essentielles et élaborer notre travail.
6. Mode de
présentation des données :
Afin de rendre accessible les résultats de
l'enquête, nous avons estimé qu'une présentation de type
statistique avec des tableaux de représentation qui tiendront compte des
variables et des indicateurs à l'origine du questionnaire, serait la
solution la plus appropriée. Quant aux indicateurs qui constituent les
modalités des variables, ils seront compris à l'intérieur
des tableaux et permettront de mesurer quantitativement les différentes
manifestations d'une variable. Les tableaux seront analysés au fur et
à mesure. De cette analyse sortirons les suggestions. Les
résultats des entretiens interviendront aussi à ce niveau.
2ème
Partie
Présentation, Analyse et
Interprétation des données
Dans cette deuxième partie de notre travail nous
rendrons compte des données et informations recueillies lors de
l'enquête menée sur le terrain.
Nous avons obtenu des tableaux que nous avons analysés,
en vue d'aboutir à la vérification de nos hypothèses de
recherches.
Pour nous permettre de suivre notre plan d'analyse, nous avons
surtout tenu compte dans nos interprétations des fréquences
absolues exprimées en pourcentage.
Cette partie est subdivisée en deux sous parties, la
première présente et analyse les données de
l'enquête et comporte :
- l'identification de l'enquêtée
- le recrutement
- la profession de la mère SOS
- la situation socio-économique
- la prise en charge des enfants
- les relations après le VESOS (durable)
Soulignons toutefois que nous ne sommes pas seulement
arrêté aux données relatives à la profession des
mères, nous avons aussi recueilli les difficultés et les
suggestions pour l'amélioration des conditions de prise en charge des
enfants en détresse.
CHAPITRE I :
PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES
1. Données sur les
caractéristiques socio-démographiques :
L'identification des éléments de notre groupe
cible est un travail préalable et nécessaire pour comprendre sa
structure et se rendre compte de sa composition. L'âge, la situation
matrimoniale, le niveau d'instruction, le nombre d'enfants biologiques sont des
renseignements qui nous ont aidé à mieux saisir les
identités des personnes qui composent notre groupe cible.
Tableau N°1 : Répartition
des enquêtées par âge
Tranche d'âge
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
[30-39]
|
5
|
25%
|
[40-49]
|
9
|
45%
|
[50-60]
|
4
|
20%
|
[60 et plus ]
|
2
|
10%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultats
Cette répartition par âge nous est utile pour
relever les différentes tranches d'âge que nous avons
interrogées.
Parmi les enquêtées, 14 ont un âge compris
entre 30 et 49 ans soit 65 %, 4 sur les 20 femmes ont un âge compris
entre 50 et 59 ans soit 20% et enfin 2 enquêtées sur les 20 soit
10% ont plus de 60 ans. Nous avons concentré notre enquête sur les
tranches d'âges allant de 30 à 60 et plus.
Tableau N°2 : Situation
matrimoniale
Situation matrimoniale
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
mariées
|
2
|
10%
|
célibataire
|
11
|
55%
|
divorcées
|
3
|
15%
|
veuves
|
4
|
20%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultat :
Parmi nos enquêtées 11 se sont
déclarées célibataires, ce qui équivaut à
55 % de population interrogée. L'effectif de ceux qui sont
déclarées mariées est de 2 enquêtées soit un
pourcentage de 10% des personnes enquêtées. Les divorcées
et les veuves occupent respectivement 15% et 20% ceci correspond
à un effectif de 3 et 4 personnes.
Tableau N°3
a) Enfants biologiques
Enfants biologiques
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
19
|
95%
|
Non
|
1
|
5%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultat :
Le tableau N°3 nous montre que sur les 20 femmes ou
mères SOS interrogées seule 1 n'a pas d'enfants biologiques ce
qui équivaut à 5 % des enquêtées. 19 ont leurs
enfants biologiques correspondant à 95% des personnes
interrogées.
Tableau N°3
b) Nombre d'enfants biologiques
Nombre d'enfants biologiques
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
[0 - 1]
|
3
|
15%
|
[2-3]
|
15
|
75%
|
[4 et plus]
|
2
|
10%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultats
75% de la population interrogées ont entre 2 et 3
enfants. Ceci représente un rapport de 15 personnes sur 20. De plus 3 de
nos enquêtées ont entre 0 et 1 enfant correspondant ainsi à
15% des personnes interrogées. Ce tableau indique aussi que 2
mères SOS ont 4 enfants et plus équivalents à 10%.
Tableau N°4 : Niveau
d'instruction
Niveau d'étude
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Primaire
|
1
|
5%
|
Second degré
|
17
|
85%
|
Troisième degré
|
2
|
10%
|
Université
|
-
|
-
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultat
Ce tableau présente le niveau d'étude ou
d'instruction des personnes interrogées. Ainsi la plus grande partie des
mères SOS ont fait le collège. Ceci équivaut à 85%
des interrogées.
Aussi 10% de nos enquêtées ont fait le
Lycée et 1 seule à fait les études primaires soit 5% des
interrogées.
II. Recrutement
Tableau N° 5 : Année
d'arrivée
Année d'arrivée
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
[1980 - 1985]
|
6
|
30%
|
[1986 - 1991]
|
5
|
25%
|
[1992 - 1997]
|
8
|
40%
|
[1998 - 2003]
|
1
|
5%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultat
Sur les 20 personnes interrogées 1 seulement est
arrivée entre 1998 et 2003. Ce qui représente un pourcentage de
5%. Le reste des personnes interrogées est arrivé plus
tôt. Ainsi 6 mères SOS sont arrivées entre 1980 et 1985
soit 30%, 5 mères SOS sont arrivées entre 1986 et 1991 soit un
pourcentage de 25%. Enfin 8 sont arrivées en 1992 et 1997 ce qui
équivaut à 40%.
Tableau N°6 : Durée
d'embauche
Durée d'embauche
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
[0 - 5]
|
1
|
5%
|
[6 - 10]
|
3
|
15%
|
[11 - 15]
|
3
|
15%
|
[16 - 20]
|
2
|
10%
|
[21 - 25]
|
11
|
55%
|
[26 - 30]
|
-
|
-
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultat
Le tableau N°6 rend compte de la durée moyenne
dans la fonction de mère SOS. Ainsi sur les 20 mères SOS
interrogées une seule a fait moins de 5 ans soit 5%, 6 mères SOS
ont fait entre 6 et 15 ans soit 30% et une proportion de 10% de nos
enquêtées ont fait 16-20 ans de service ce qui correspond à
2 mères. Le reste soit 11 mères ont fait plus 20 ans
correspondant à 55 %.
Tableau N°7 : Le premier poste
occupé
Premier Poste
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Tante
|
16
|
80%
|
Mère
|
4
|
20%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultat
Ce tableau indique que la majorité des mères,
avant d'accéder au poste de mère SOS, passe d'abord par le poste
de tante. Ainsi sur les 20 mères interrogées 16 mères ont
été d'abord tante SOS soit 80%.
Le reste des mères pour une raison fondamentale a
été recruté directement au poste de mères SOS.
Tableau N°8 :
Formation
Formation
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
2
|
100%
|
Non
|
-
|
-
|
Total
|
20
|
100%
|
Ce tableau révèle que toutes les mères
SOS sans aucune exception ont reçu une formation soit 100%.
Tableau N°9 : Type de
formation
Types de formation
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Théorique
|
-
|
-
|
Pratique
|
-
|
-
|
Les deux
|
20
|
100%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultats
Ce tableau nous indique que toutes les mères suivent
une formation théorique et pratique. Ce qui correspond à un
rapport de 20/20 soit 100%.
Tableau 9 : Intérêt de la
formation
Intérêt de la formation
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
20
|
100%
|
Non
|
-
|
-
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultat
A la question si la formation permet d'accomplir leur mission,
toutes les 20 mères SOS interrogées ont répondu favorable
soit un pourcentage de 100% des mères SOS.
Après l'identification de nos enquêtées et
des questions sur leur recrutement, nous avons abordé avec elles, les
questions relatives à leur profession elle-même.
III. Profession de
mères SOS
Tableau 12
Activités
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Ménage
|
09
|
45%
|
Soins des enfants
|
09
|
45
|
Cuisine
|
10
|
30%
|
Education des enfants
|
05
|
25%
|
Autres
|
4
|
-
|
Total
|
37*
|
100%
|
* Le total dépasse 43 parce que les
enquêtées ont la possibilité de choisir toutes les
réponses. Toutefois des regroupements de certaines activités
proche d'elles-mêmes nous ont conduit à des résultats
suivants : pour 9 mères SOS les activités quotidiennes
tournent autour du ménage soit un pourcentage de 45%.
6 pensent aux soins des enfants et la cuisine soit 30% et
enfin une proportion de 25% des mères SOS ont parlé de
l'éducation des enfants soit 5 mères SOS sur les 20
interrogées.
Tableau n° 14 : Amour pour le
travail
Amour du travail
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
19
|
5%
|
Non
|
1
|
95%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultat
A la question si les mères SOS aiment leur travail,95%
ont dit oui soit 19 mères SOS et une seule déclare ne pas
tellement aimé (trop pénible) soit une proportion de 5%.
Tableau n° 15 : Raison du
choix du travail
Réponses
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Vocation
|
12
|
60%
|
Humanitaire
|
6
|
30%
|
Joindre les 2 bouts
|
2
|
10%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultats
Les réponses de ce tableau nous montrent que 12 des
mères SOS ont choisi cette profession par vocation soit 60% ; 5 ont
fait ce choix pour des raisons humanitaires, ce qui correspond à 30% et
le reste des mères c'est-à-dire 2 l'ont fait pour joindre les
deux bouts équivalant à 10%.
IV. Situation socio
économique
Dans cette partie, nous avons abordé les points ou
questions sur le revenu mensuel des mères SOS, les avantages
socioprofessionnels et les questions de retraite.
Tableau 16 : Revenu
mensuel
Revenu mensuel
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
[20000-45000]
|
-
|
-
|
[45000-60000]
|
-
|
-
|
[60000 et plus [
|
20
|
100%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultat
Les réponses de ce tableau nous indiquent que toutes
les 20 mères SOS ont un revenu mensuel supérieur à 60000
francs CFA soit 100%
Tableau 17 : Autres activités
génératrices de revenu
Autres activités
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
-
|
-
|
Non
|
20
|
100%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultat :
A la question « Exercez-vous une autre
activité génératrice de revenus », toutes nos
enquêtées ont répondu négatif. Ce qui montre que les
mères SOS n'exercent aucune autre activité
génératrice de revenus.
Tableau N°20 : Les avantages
socio-professionnels
Avantages
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Bien-être social
|
12
|
60%
|
Garantie de retraite
|
7
|
35%
|
Autres
|
1
|
5%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultat
Ce tableau démontre que les mères SOS ont des
avantages socio-professionnels. Ainsi 12 mères SOS répondent
qu'elles bénéficient d'un bien être social. Ce qui
correspond à 60%. 8 mères SOS répondent qu'elles ont droit
à la retraite et bénéficient d'autres avantages y
afférents soit 40%.
V. Prise en charge des
enfants
Tableau N°21 : Types d'enfants en
charge
Types d'enfants
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Orphelins
|
-
|
-
|
Abandonnées
|
-
|
-
|
Les deux
|
18
|
90%
|
Autres
|
2
|
10%
|
Total
|
|
100%
|
Résultats
Sur les 20 mères SOS interrogées 18 prennent en
charge les enfants abandonnés et orphelins ce qui équivaut
à 90% et le reste 2 mères SOS prennent charge les cas sociaux,
c'est-à-dire les enfants dont les parents vivent mais ces derniers ne
sont pas en mesure de subvenir aux besoins des enfants qui sont recueilli par
les mères SOS.
Tableau N°22 : Le nombre d'enfants, prise en
charge actuellement
Nombre d'enfants
actuellement
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
[1-5]
|
1
|
05%
|
[5-8]
|
4
|
20%
|
[8-10]
|
15
|
75%
|
Total
|
20
|
100%
|
Tableau 23 : Nombre d'enfants depuis
l'arrivée au VESOS
Nombre d'enfants depuis l'arrivée au
VESOS
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
[0-8]
|
8
|
40%
|
[8-12]
|
4
|
20%
|
[12-20]
|
3
|
15%
|
[20-25]
|
5
|
25%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultat :
Les tableaux 22 et 23 nous montrent le nombre d'enfants pris
en charge par les mères SOS actuellement et aussi depuis leur
arrivée au VESOS. Ainsi depuis leur arrivée au VESOS, 8
mères SOS ont pris en charge entre 0 et 8 enfants soit 40%, 6
mères ont accueilli entre 8 et 12 enfants soit 30% et 6 autres
mères SOS ont éduqué entre 12 et 25 enfants. Ce qui
correspond à 30%.
Tableau N°24 : Réussite
à l'école
Réussite à l'école
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
18
|
90%
|
Non
|
2
|
10%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultat :
Ce tableau montre que sur les 20 mères SOS, 18 arrivent
à faire réussir leurs enfants à l'école. Ceci
équivaut à 90% et seules 2 mères ont répondu
négativement soit un pourcentage de 10%.
26 La situation socio-professionnelle
actuelle
Situation socio-
professionnelle actuelle
des enfants
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Particuliers
|
2
|
10%
|
Employés
|
1
|
5%
|
Chômeurs
|
-
|
-
|
Apprentis
|
3
|
15%
|
Elève / étudiants
|
14
|
70%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultat :
La situation socio-professionnelle actuelle de ce tableau
nous montre que 70% des mères ont des enfants
étudiants/élèves soit un effectif de 14 mères.
Trois mères ont des enfants chômeurs ce qui correspond à
15% et trois ont des enfants particuliers et / ou employés de bureau
soit un pourcentage se 15%.
28 : Rapport avec les enfants
Résultat :
A la question quel rapport les mères SOS
entretiennent-elles avec leurs enfants, 16 mères SOS ont répondu
favorable au rapport mère-enfant soit 80% et 4 mères affirment
que ce rapport est conflictuel soit 20%.
29 Satisfaction de la situation actuelle des
enfants
Réponses
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
16
|
80%
|
Non
|
4
|
20%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultat : Selon
le tableau 30, 16 mères ont répondu satisfait de la situation
actuelle de leurs enfants ce qui équivaut à 80% et 4 mères
ont répondu négatif soit 20%.
30 : Relation mère enfant après le
Vesos
Réponses
|
Groupe cible
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
16
|
80%
|
Non
|
4
|
20%
|
Total
|
20
|
100%
|
Résultat : Selon
ce tableau 16 mères ont répondu favorable à une relation
durable entre elles et les enfants après le VESOS soit 80% et 4 ont
répondu non à cette relation après le VESOS ce qui
équivaut à 20%.
CHAPITRE II :
INTERPRETATION DES RESULTATS
Le présent chapitre est consacré à
l'interprétation des résultats statistiques obtenus et
exposés dans le chapitre précédant ainsi qu'à
l'analyse des hypothèses qui sous-tendent ce travail. Ce chapitre nous
permettra de mettre les données quantitatives à profit sous une
forme qualitative. Il sera subdivisé en deux grandes parties.
Dans un premier temps, nous aurons à partir de
l'interprétation des données à effectuer un exposé
des principaux éléments caractéristiques de la profession
des mères SOS. Ensuite nous passerons à l'analyse des
hypothèses posées au départ afin de saisir dans quelle
mesure ces hypothèses peuvent être confirmées ou
infirmées.
1. Interprétations
des caractéristiques socio-démographiques
a. Age et situation matrimoniales des mères
SOS
Notre étude nous a fait remarquer que les femmes
mères SOS ont toutes un âge supérieur à 30 ans et
ceci s'explique par le fait que l'institution SOS VE au Togo a
déterminé des critères de sélection et de
recrutement en prenant en considération la situation au sein du pays et
en référence bien sûr à la responsabilité
familiale de la femme. Ainsi les candidats ayant un profil pour exercer la
profession de mère SOS doivent-elles avoir en général un
âge compris entre 30 et 50 ans (Tableau N°1)
En ce qui concerne la situation matrimoniale des mères
SOS, elles sont habituellement des femmes célibataires, divorcées
ou veuves et n'ont pas d'enfants en bas âge à leur charge (Tableau
N°2.
La femme doit être à un stade de sa vie où
elle est en mesure de s'engager à élever au moins une
génération d'enfants au sein d'une famille SOS. Et elle devrait
avoir des compétences pratiques dans le domaine de la prise en charge
d'enfants et de l'entretien domestique.
b. Enfants biologiques (tableau a et b)
La majorité des mères SOS ont leurs propres
enfants que nous nommons ici les enfants biologiques. (90%). Ceci s'explique
par le fait que SOS VE Togo n'a pas de critère qui refuse qu'une
mère SOS ait d'enfants biologiques mais la seule restriction faite se
situe au seul fait qu'elles ne doivent pas avoir d'enfants en bas âge.
Car cela empêcherait la mère SOS d'assumer pleinement sa fonction
ou sa responsabilité.
c. Niveau d'instruction
Le niveau d'étude de nos enquêtées
relativement moyenne car 95% ont fait seulement les études secondaires.
Toutefois cela répond aux critères de sélection selon
lequel toutes candidates qui aspirent au poste de mères SOS doivent
avoir au moins le niveau 3e. Le facteur niveau d'instruction est
très important dans le processus de sélection de la mère
SOS car pour bien suivre les formations qui leur sont données, il faut
un niveau scolaire acceptable ce qui permet de mieux saisir le contenu des
cours. Après l'embauche le suivi scolaire des enfants, à la
maison comme à l'école, exige que la mère SOS ait un
bagage intellectuel considérable afin d'aider les enfants dans leurs
devoirs scolaires, l'analyse des résultats scolaires de ces enfants pour
ne citer que ceux-là. La mère SOS est la première
responsable de l'éducation scolaire des enfants dès leur enfance
en leur procurant les matériels éducatifs tels que jouets,
livres, crayons etc. ... La mère suit l'évolution scolaire
des enfants en s'informant sur le progrès de l'enfant et discute ses
difficultés avec les enseignants si nécessaire. La mère
lit, raconte des histoires aux enfants, et parle avec eux le plus possible afin
de stimuler leur langage et le développement moral. Elle stimule
l'enfant à lire à la maison et suit l'étude à la
maison. Et tout ceci n'est possible que si la mère SOS a un niveau
scolaire requis. En résumé, le niveau d'instruction est un
facteur non moins considérable dans l'exercice de la fonction de
mères SOS.
d. Premier poste occupé
Ici, il faut noter que toutes les candidates au poste de
mères SOS avant d'accéder à leurs statuts de mères
SOS sont tenues de passer par le poste de Tante SOS. Ainsi selon le tableau
N°7, 80% des mères SOS ont premièrement occupé le
poste de tante SOS ou elles sont traitées comme mères SOS
stagiaires et initiées au rôle de mères SOS qu'elles
assumeront plus tard.
Notons que la tante SOS est un spécialiste de la prise
en charge de l'enfant, qui vit au sein du VE SOS. Quand une mère SOS est
en congé ou au repos, elle va vivre dans la maison familiale et
s'occuper temporairement des enfants. Elles assistent également les
mères SOS ancienne durant les périodes de travail intense, en
leur apportant un soutien de la maison. Le temps à passer ou faire
à ce poste varie selon le besoin. Et cela varie de 0 - 5 ans, c'est dire
qu'une mère SOS au poste de tante SOS peut devenir mères SOS
après un an et parfois même plus.
e. Formation
Le facteur le plus important dans la vie de toute mère
SOS est la formation.
C'est ainsi que toutes les mères SOS sans exception
bénéficie d'une formation au début de sa sélection
et aussi bien durant tout le temps qu'elle fera comme mère SOS (Tableau
°7) c'est-à-dire 100% soit 20 mères SOS.
En d'autres termes, la personne qualifiée pour le
programme de base de formation des mères SOS, est celle-là qui a
franchi avec succès les différentes étapes du processus de
sélection, c'est-à-dire dépôt de candidature,
entretiens, stage d'essai dans le VESOS en tant que tante SOS d'abord.
Dans tous les cas, la femme doit avoir accompli le stage
minimum au sein du VESOS pour confirmer son aptitude à travailler en
tant que mère SOS. La durée totale du programme de formation de
base s'élève à un minimum de 400 à 450 heures. Ceci
signifie un quota d'environ 30 à 35 heures par semaines sur 13 semaines.
C'est dire que la formation occupe une place de choix dans la profession de
mère SOS.
f. Types de formation
Les mères SOS bénéficient de formation
tout au long de leur carrière. Ainsi pour accéder au statut
profession de mère SOS, une mère SOS nouvellement recrutée
doit avoir accompli un programme de formation initiale d'une durée de
deux ans. Durant cette période, elle porte le nom de mères SOS
stagiaires ou Tante SOS. Sa formation consiste en une formation
théorique et une formation pratique (Tableau N°10).
La formation théorique est basée sur la prise en
charge de l'enfant d'une durée minimum de trois mois,
complétée par une formation pratique sur le terrain d'une
durée de 21 mois. Les mères SOS bénéficient ensuite
d'une formation continue tout au long de leurs carrières. Une formation
d'une durée minimum de deux semaines toutes les deux ans est obligatoire
pour toute mère SOS. En outre, le VESOS organise chaque année
une formation interne d'une semaine.
La formation continue porte sur le poste de travail et les
cours sur la formation continue.
1. La formation continue
La mère SOS est soutenue dans la gestion de son
ménage. Elle est assistée dans l'établissement de son
budget, dans la planification du ménage, dans la planification du
développement de ses enfants, etc. si elle a besoin de cette assistance.
Un tel soutien peut être appelé « formation sur le poste
de travail », puisque le but de cette mesure est de rendre la
mère SOS capable de gérer son ménage de manière
indépendante.
2. Les cours de formation
continue
La mère SOS prend part à des cours de formation
continue d'une durée minimum de deux semaines au moins tous les trois
ans. Ces cours se tiennent dans un endroit approprié à
l'extérieur du village d'enfants SOS, par exemple aux centres SOS de
formation professionnelle.
Le but de ces cours de formation continue est d'inciter la
mère SOS à une réflexion sur son propre travail,
l'échange d'expériences avec des mères SOS d'autres
villages d'enfants SOS, l'appui mutuel et l'acquisition de nouvelles
qualifications grâce à de nouvelles impulsions, etc.
Les sujets sont développés ensemble et la gamme
des sujets possibles inclut :
- expérience par soi-même, développement
de la personnalité, renforcement de la conscience de sa propre valeur,
réflexions sur la « condition féminine » et
la maternité, comportement de rôle, sexualité, exercices de
détente, cosmétique, exercices créatifs comme la peinture,
etc.
- communication, gestion de conflits avec des jeunes en pleine
puberté / avec d'autres collaborateurs
- sujets de la science pédagogique comme la psychologie
du développement, l'éducation sexuelle, etc.
- sujets pratiques comme la diététique ou la
couture
- sujets ayant trait à l'organisation mondiale SOS
Villages d'Enfants, comme par exemple le rôle de la mère SOS, le
rôle des tantes SOS, les exigences de l'organisation par rapport aux
mères
- le développement de stratégies pour la famille
SOS pour promouvoir la vie sociales de la mère SOS et de ses enfants en
dehors du village d'enfants SOS.
3. Formation interne
Des programmes de formation interne d'une durée minimum
de sept jours par an sont organisés dans les villages d'enfants SOS. Ils
consistent en plusieurs ateliers et /ou séminaires de fin de semaine de
un ou deux jours portant sur le besoin actuel de formation des mères SOS
dans le village comme par exemple des problèmes de développement
des enfants, la gestion de conflits et le VIH/SIDA. Les mesures de formation
peuvent être réalisées par des collaborateurs du village
et/ou par des experts externes.
4. Profession des
mères SOS : Activités de la mère SOS
Les données de nos travaux de recherche affichent des
résultats clairs sur les activités d'une mère SOS bref sur
les principales responsabilités d'une mère SOS (Tableau
N°12). La mère SOS est le chef de famille ; elle est
directement responsable du développement de chaque enfant qui lui est
confié. Elle dirige le processus de décision concernant ses
enfants, prenant seule les décisions ayant trait au quotidien. Elle
recherche également les conseils spécialisés des autres
collaborateurs du village si nécessaires, pour garantir que les
meilleures décisions possibles soient prises pour ses enfants. Parmi les
principales activités d'une mère SOS nous pouvons
retenir :
1. Créer un foyer
Pour le bien des enfants qui lui sont confiés, une
mère SOS fait de la maison familiale SOS un foyer chaleureux, aimant,
où l'on se sent en sécurité. Le foyer familial est un lieu
où l'atmosphère est détendue, on s'amuse et on rit. La
mère SOS et ses enfants y invitent volontiers leurs amis.
2. Diriger sa famille SOS
La mère SOS joue le rôle de ``chef de famille'';
elle la principale personne de référence pour ses enfants. La
relation familiale est maintenue lorsque l'enfant devient adulte et qu'il
quitte le soutien direct de sa mère SOS.
3. Assurer le bien-être de l'enfant à
travers la relation parentale
La mère SOS encourage le développement de chacun
des enfants et jeunes vivants dans sa famille SOS. Elle crée un
environnement familial épanouissant et veille au bien-être
physique, émotionnel, intellectuel, social et spirituel de chaque
enfant, tout en tenant compte de ses racines biologiques, sociales et
culturelles.
4. Développer son propre
bien-être
Une mère SOS développe son propre
bien-être. Elle veille à avoir une vie équilibrée et
profite de son temps libre et de ses centres d'intérêts
personnels. Elle veille particulièrement au maintien de son
bien-être physique, mental, émotionnel et spirituel.
5. S'occuper de l'entretien de la maison
Chaque mère SOS est responsable de la gestion de son
propre foyer et des tâches domestiques nécessaires. Elle
gère un budget mensuel et s'occupe de l'entretien de sa maison de
manière économique. Elle veille également au bon entretien
du mobilier et des équipements.
6. Aider les enfants à prendre des
responsabilités
Tout en subvenant à de nombreux besoins de l'enfant,
elle lui donne également la possibilité de devenir plus autonome
et responsable. En tant que parent, elle oriente chacun de ses enfants de
manière appropriée, en fonction de son âge.
7. Etre en relation avec la communauté
environnante et y contribuer
La mère SOS encourage ses enfants à être
en relation avec les enfants des autres familles SOS et du voisinage. La
mère SOS s'assure qu'elle-même et sa famille vivent comme des
membres intégrés et actifs de la communauté.
5. Situation
socio-économique
a. Le revenu mensuel
La mère SOS perçoit un salaire qui valorise sa
qualification en tant que professionnelle de la prise en charge des enfants. La
grille des salaires et des échelons de la mère SOS valorise
chaque année de service et tient compte des qualifications
complémentaires qu'elle est susceptible d'acquérir. Elle a droit
à une progression de salaire au sein de son poste, au même titre
que tout autre membre du personnel. Son salaire suit une courbe ascendante tout
au long de sa carrière.
b. Avantages socioprofessionnels
En plus de son salaire, la mère SOS
bénéficie d'autres avantages qui lui permettent d'assumer
pleinement ses responsabilités de prise en charge des enfants. La
mère SOS a droit à une pleine retraite : pour faire valoir
son droit à une pleine retraite, une mère SOS doit avoir accompli
au moins 15 années de services continus en tant que mère SOS (le
temps passé en formation ou en tant que formatrice est pris en compte
dans le calcul) et doit également avoir atteint l'âge de la
retraite stipulé dans le Règlement Intérieur de
l'Association Nationale. Si elle quitte l'organisation sans avoir satisfait
à l'un de ces critères, elle perçoit une prime de
départ équivalente à celle perçue par toute autre
employé quittant l'organisation.
En pleine retraite, une somme forfaitaire, au titre de prime
de départ, doit être versée à la mère SOS au
moment de son départ à la retraite. Cette indemnité lui
permet de s'installer dans la communauté de son choix et de se
réadapter à la vie hors du village d'enfants SOS. Une fois en
retraite, la mère SOS doit percevoir une pension mensuelle égale
à au moins 60% de son dernier salaire mensuel brut. Cette pension lui
est due jusqu'à la fin de sa vie et permet à la Mère SOS
de conserver un niveau de vie décent pendant sa retraite. Elle doit
également bénéficier de soins médicaux d'un niveau
égal à ceux dont elle bénéficiait pendant son
activité, qu'elle vive dans un logement de retraite SOS ou dans son
propre logement. Une place en maison de retraite doit être
proposée à la mère SOS, qui à tout moment de sa
retraite peut décider d'aller y habiter. En plus de ces avantages la
mère SOS bénéficie d'autres conditions spéciales de
travail.
a) Formation initiale des mères SOS (deux ans) :
à la fin de sa période de formation initiale, organisée
durant ses deux premières années d'activité, l'Association
nationale remet à la mère SOS un certificat et tout autre
document de référence.
Tout au long de sa carrière, la mère SOS
bénéficie d'une formation continue pour renforcer son statut
professionnel.
b) Salaire : la grille des salaires et des
échelons de la mère SOS valorise chaque année de service
et tient compte des qualifications complémentaires qu'elle est
susceptible d'acquérir. Elle a droit à une progression de salaire
au sein de son poste, au même titre que tout autre membre du
personnel.
1. Indemnité et
droit à la retraite
a) Pension mensuelle : d'un
montant égal à 60% du dernier salaire, elle est calculée
sur la base du dernier salaire brut avant déduction des charges ou
retenues.
La pension mensuelle est financée grâce au
régime de retraite auquel l'organisation et la mère SOS cotisent
sur une base mensuelle. Lorsqu'il n'existe pas de régime de retraite, la
pension doit être prévue dans le budget annuel et imputé
aux frais généraux.
Lorsque la mère SOS touche une pension de l'Etat
à laquelle l'organisation a cotisé (par ex. le fond de la
sécurité sociale), la somme versée est déduite de
60%.
Le montant de la pension est révisé
régulièrement, en tenant compte de l'inflation et de la
santé financière de l'organisation. Les augmentations ne sont pas
accordées automatiquement par l'indexation des salaires sur le
coût de la vie, mais sont soumises au préalable à l'accord
du Comité Directeur. Si une augmentation des pensions entraîne une
augmentation des subventions internationales, l'autorisation du
Secrétariat Général est obligatoire.
b) Indemnité de
départ : En plus de sa pension mensuelle, la
mère SOS doit toucher une indemnité dont le montant est
égal à au moins deux semaines de salaire par année de
service au moment de son départ en retraite. L'indemnité de
départ éventuellement prévue dans le droit du travail
local est déduite. Cette somme forfaitaire doit être inscrite au
budget national.
Cette indemnité est particulièrement importante
pour les mères SOS qui décident de ne pas vivre en maison de
retraite SOS. Elle leur permet de se réintégrer dans la
société, d'acheter un petit logement ou de payer leur loyer
pendant plusieurs années. Une mère SOS retraitée
bénéficie toute sa vie du droit à une place en maison de
retraite SOS, et peut le faire valoir à n'importe quel moment
c) Maison de retraite : Les
mères SOS ont le droit de demander une place en maison de retraite
à n'importe quel moment, même si dans un premier temps elles ont
décidé de vivre ailleurs. Le logement est situé au village
ou dans la communauté environnante.
Le logement de retraite est gratuit. L'association nationale a
le droit d'exiger une petite participation mensuelle pour couvrir une partie
des charges courantes (électricité, eau, et autres
dépenses).
Dans la mesure du possible, la maison de retraite est la
propriété de l'association nationale. Cependant, il est possible
de louer provisoirement des logements en attendant de pouvoir en construire ou
acheter d'autres.
Une mère SOS qui choisit de ne pas vivre en maison de
retraite SOS cherche elle-même un logement et prend en charge les frais
occasionnés, grâce à son indemnité de départ
et à ses économies personnelles. Dans ce cas, les Associations
Nationales peuvent user de leur influence pour aider la mère à
trouver un logement, obtenir un prêt bancaire ou trouver un terrain.
d) Prestations médicales lors de la
retraite : En général, il s'agit des soins
gratuits dans un centre médical SOS et une mutuelle privée en cas
de maladie grave et d'hospitalisation.
Afin de limiter l'engagement financier de l'organisation, il
convient de faire en sorte que toutes les mères SOS soient couvertes par
une mutuelle privée pendant leur activité. Cette couverture doit
être maintenue au moment de la retraite et jusqu'à la fin de leur
vie. Au minimum, les mères SOS doivent être couvertes en cas de
frais d'hospitalisation lourds et de maladie grave (par ex. Cancers ou maladies
cardiaques).
e) Prestations spécifiques pour les
mères SOS gravement malades ou invalides : Elles
peuvent bénéficier d'une aide à domicile, de soins
infirmiers, d'une possibilité de transport et de toute autre forme
d'aide dans les institutions identifiées à proximité
immédiate du village. L'organisation peut prendre en charge
l'intégralité des frais occasionnés dans la mesure
où ils ne sont pas couverts par une assurance. Toute aide est soumise
à l'accord préalable du Comité Directeur.
En cas d'invalidité reconnue avant la retraite et
après dix ans d'activité, une mère SOS peut toucher une
pension d'invalidité. Si son invalidité est directement
liée à son travail au village d'enfants SOS, la clause des dix
ans d'activité peut être annulée. La pension
accordée doit couvrir ses frais de substance, son montant peut atteindre
50% de son salaire mensuel.
3) Autres considérations concernant la
retraite
a) Planification de la retraite des mères
et tantes SOS : l'organisation propose aux mères SOS
des avantages standards, dont une place en maison de retraite et une pension
mensuelle. Ces avantages couvrent les besoins de base, et les mères SOS
sont encouragées à épargner sur le long terme.
L'épargne est sécurisante et constituera un complément
à la retraite. Elles devraient les encourager à ouvrir des plans
d'épargne individuels et les inciter à contracter une assurance
retraite.
b) Préretraite : les
mères SOS peuvent anticiper leur départ à la retraite de
cinq ans maximum. Les demandes sont étudiées au cas par cas et ne
peuvent recevoir un avis favorable que si la mère SOS a accompli 15
années de service. Dans ce cas, elle peut faire valoir tous ses droits
à la retraite.
c) Notification de la
retraite : les mères SOS qui approchent de
l'âge normal de la retraite sont informées par écrit de
leur mise à la retraite au moins 12 mois à l'avance. Cette
période est mise à la retraite au moins 12 mois à
l'avance. Cette période est à profit pour conseiller la
mère, choisir et former sa remplaçante et préparer les
enfants à ce changement imminent dans leur vie. Il convient toutefois de
rappeler que se préparer à la retraite est un processus permanent
qui devrait commencer au moins quatre à cinq années avant le
départ en retraite de la mère SOS.
d) Intégration des mères SOS
retraités dans leur village d'enfants SOS : Les
mères SOS en retraite sont des membres de la communauté qui
s'assument au quotidien. Le village d'enfants SOS peut les aider dans les
limites du raisonnable, par exemple pour les problèmes de transport ou
de logistique.
Les mères SOS retraitées sont encouragées
à participer à la vie sociale du village, à venir en aide
aux nouvelles mères SOS et à entretenir des relations saines et
régulières avec leurs enfants. Des réunions de
mères SOS retraitées organisées à intervalles
réguliers leur permettent de se retrouver. Le village ou le Bureau
National peuvent soutenir l'organisation de ce type d'évènement
et le financier.
6. Prise en charge des
enfants
Le VESOS est ouvert aux enfants sans parents, orphelins et
abandonnés. L'admission au VESOS dépend principalement du
degré d'indigence de l'enfant et de ses besoins en matière
d'éducation.
Les demandes sont examinées sur la base de
critères d'admissions bien définis : Le placement en famille
SOS n'est envisagé que pour les enfants qui ont besoin d'un nouveau
foyer dans un environnement familial permanent. La priorité
première est donnée aux enfants orphelins et abandonnés,
qui n'ont pas de membre de la famille pouvant les accueillir de manière
durable. D'autres situations peuvent être prises en
considérations, comme celle des enfants qui ont été
officiellement retiré de la garde de leurs parents et qui ont besoin
d'un placement familial durable. En principe, les enfants sont admis avant
l'âge de dix ans, sauf s'ils font partie d'une fratrie naturelle avec des
enfants plus jeunes. L'admission d'enfants présentant un handicap
léger peut être envisagée, si leurs besoins peuvent
être pourvus au sein d'une famille SOS. Les enfants avec un grave
handicap physique ou mental sont orientés vers d'autres institutions,
plus à mêmes de répondre à leurs besoins
spécifiques.
7. Requêtes,
problèmes et suggestions
Notre recherche a aussi pris en compte les requêtes et
problèmes des mères SOS dans l'exercice de leur mission et par la
même occasion les suggestions pour l'amélioration de la prise en
charge des enfants qui sont confiés à leur soin.
a) Problèmes
- Les autres collaborateurs SOS sapent l'autorité de la
mère, ils s'immiscent trop. Leurs remarques et leur comportement font
perdre aux enfants leur respect à l'égard des Mères
SOS.
- Les collaborateurs se prennent trop au sérieux. Ils
devraient écouter ce que dit la Mère SOS lorsqu'il s'agit des
enfants car c'est elle qui finalement est 24 heures sur 24 avec les enfants.
- L'argent destiné aux vêtements est
insuffisant.
- Le budget calculé pour le foyer est en
général trop juste
- La présentation des reçus et des livres de
compte auprès de l'administrateur du village ne fonctionne pas toujours
comme il le faudrait.
- L'utilisation des véhicules devrait être
réglée.
- Les réparations ne sont pas effectuées
à temps.
- Il est nécessaire de proposer un entraînement
continuel et multiculturel dans les Villages d'Enfants SOS.
- Il est nécessaire d'apprendre à gérer
le stress
- Il serait nécessaire de se consacrer davantage
à des thèmes tels l'énurésie, l'attitude à
avoir avec les enfants à problèmes, des cours d'éducation
sexuelle pour les Mères SOS et les enfants SOS et des cours
d'information sur les différentes formes d'abus sexuels.
- Les autres collaborateurs des Villages d'Enfants SOS
représentent l'organisation des Villages d'Enfants SOS à
l'extérieur
- Les éducateurs des institutions pour jeunes ne posent
pas assez de questions aux Mères SOS à propos de leurs jeunes.
b) Suggestions
- Le chef du village doit veiller à ce que les
collaborateurs n'ordonnent pas aux enfants ce qu'ils ont à faire ou non
sans avoir préalablement consulté la Mère SOS.
- La Mère SOS devrait toujours avoir le dernier mot
avec les enfants tant que ses ordres et désirs vont dans le sens des
instructions données par le Village d'Enfant SOS.
- La somme d'argent destinée à l'achat des
vêtements des jeunes doit être plus élevée.
- Il faudrait contrôler plus souvent le budget
destiné au foyer et l'adapter à la croissance du coût de la
vie.
- Lorsque l'administrateur du village obtient les reçus
et livres de compte des Mères SOS, il devrait en accuser
réception par une signature. Pour cela, l'administrateur doit convenir
avec les Mères SOS d'une date bien définie.
- La direction du village doit accorder l'utilisation des
véhicules dans un ordre correspondant au degré d'urgence.
- L'inventaire ainsi que le remplacement des ustensiles de
ménage et mobilier usé ou défectueux doivent être
fait rapidement et systématiquement.
- Il serait nécessaire de proposer un
entraînement continuel et multiculturel.
- Il serait nécessaire de proposer un
entraînement continuel sur la façon de gérer le stress.
- les mères SOS estiment nécessaires avoir une
formation de base et une formation continue dans tous les domaines.
- Les Mères SOS pourraient être formées de
façon à apprendre comment représenter les Villages
d'Enfants SOS lors de manifestations de sponsoring
- Les éducateurs des institutions pour jeunes doivent
consulter les Mères SOS lorsqu'ils prennent des décisions
importantes ; car ce sont elles qui ont éduqué l'enfant et
qui le connaissent parfaitement.
CONCLUSION
L'objectif général de notre recherche
était de comprendre et d'expliquer le modèle SOS de prise en
charge des enfants ou d'accueil familial au Village d'enfants SOS Lomé.
Pour y parvenir, nous nous sommes particulièrement
intéressés à la profession des mères SOS en ce sens
que dans le système SOS de prise en charge, elles occupent une place de
choix.
Chaque enfant pris en charge dans un village d'enfants SOS vit
avec une fratrie et une mère SOS qui, digne de sa confiance, devient sa
personne de référence. Elle remplace les parents naturels lorsque
ceux-ci ne peuvent plus s'occuper de leur enfant. La mère SOS
reçoit un salaire, dispose d'un budget pour la famille relatif au nombre
d'enfants à sa charge et gère son ménage en toute
autonomie. Elle obtient le soutien d'une aide familiale, appelée
« tante SOS » dans de nombreux pays, pour accomplir ses
tâches. Les femmes qui se décident pour le métier de
mère SOS font l'objet d'une sélection et d'une formation
consciencieuse.
Pour le métier de mère SOS, SOS Villages
d'Enfants recherche des femmes dont la personnalité et les formes de
gestion de vie permettront aux enfants de trouver une orientation. La
mère SOS transmet une partie d'elle-même dans la relation qui se
développe entre chaque enfant et elle-même. En même temps,
c'est une spécialiste qui, au moyen de ses connaissances
pédagogiques, se rapproche de ses enfants et des l'histoire de leur vie.
Avec sa famille, elle est installée dans la communauté du village
d'enfants SOS, elle y trouve une aide et un soutien individuel et contribue
pour sa part à la communauté du village. La mère SOS suit
les processus évolutifs et coopère dans ce but avec le directeur
de village et les autres collaborateurs dans le village. En raison de ce que
son métier exige, elle évolue sans cesse dans un champ de tension
entre vie privée et vie professionnelle, entre vie familiale et
organisation et l'on exige d'elle une balance en équilibre.
Dés le début, Hermann Gmeiner avait une vision
du rôle de la mère SOS, celle d'une image autonome de la
profession : « Nous devons rendre la profession de mère
SOS attrayante, tant au sens intellectuel que spirituel. Il nous faut pour cela
créer une nouvelle profession d'infirmière ou d'assistance
sociale ». En 1978, des standards valables à échelle
internationale furent enfin formulés quant à la sélection,
à la formation et aux offres de soutien des mères SOS. Ces
standards sont appliqués et continuellement développés par
les associations nationales SOS. L'organisation peut ainsi faire face à
ses responsabilités et garantir les conditions nécessaires pour
que la mère SOS assume sa fonction du mieux qu'elle le peut.
La formation de base et la formation continue de la
mère SOS sont organisées différemment dans chaque
région. Selon les réalités culturelles, sociales et
économiques. Le spectre de ces formations présente des centres de
formations régionales ou nationales et même des programmes
appliqués dans les villages d'enfants SOS ou en coopération avec
d'autres organisations. Quelle que soit la manière dont ces formations
sont organisées, chaque future mère SOS accomplit un cycle de
base de deux ans. Cette formation se compose au minimum de trois mois de
théorie et de vingt et un mois de pratique, ce qui veut dire que c'est
une formation « sur le tas ». Des formations relatives aux
tâches essentielles de la mère SOS sont offertes aux femmes dans
le cadre de la partie théorique tels les thèmes
pédago-psychologiques, des conseils quant à la tenue du
ménage et de l'alimentation, des méthodes créatives, etc.
Des instructrices qualifiées évaluent les expériences que
ces femmes ont faites jusque-là dans la vie et dans le travail et leur
permettent ainsi d'élargir leurs compétences personnelles
professionnelles.
« La professionnalisation de la fonction de
mère SOS » est un standard inscrit dans le manuel des
ressources humaines de la fédération internationale SOS Villages
d'Enfants ( SOS-Kinderdorf International). La mère SOS reçoit
l'offre d'une formation de haut niveau, d'un soutien et d'une formation
continue. L'objectif est qu'elle développe continuellement ses aptitudes
personnelles et professionnelles et qu'ainsi, elle garantisse la meilleure
prise en charge possible des enfants et des jeunes qui lui sont
confiés.
Les échanges réguliers avec son
supérieur, le directeur de village, étant mis à part, la
mère SOS peut, selon ses besoins, avoir recours à d'autres offres
professionnelles relatives, par exemple au soutien dans les études ou au
choix d'activités de loisirs organisés par un collaborateur
pédagogique, mais aussi à des offres de thérapie pour les
enfants ou de consultation psychologique pour elle-même.
La communauté du village est un réseau où
la mère SOS peut participer à des entretiens individuels ou
à des séminaires spéciaux auxquels participent d'autres
mères SOS concernées se préparant à une nouvelle
période de la vie. Au-delà de cela, l'organisation s'engage,
envers chaque femme ayant travaillé au moins quinze ans en tant que
mère SOS et ayant atteint l'âge légal de la retraite,
à lui verser une retraite mensuelle, à lui fournir une
possibilité de logement permanente ainsi que des services de soins
médicaux jusqu'à la fin de ses jours.
En résumé, il faut noter qu'en dépit de
certaines difficultés méthodologiques, les objectifs poursuivis
ont été atteints. L'analyse des résultats de
l'enquête ajoutée aux observations, nous ont permis de
déceler certaines difficultés et certaines suggestions y
afférentes pour une meilleure prise en charge des enfants au Village
d'Enfants SOS Lomé.
BIBLIOGRAPHIE
I. Ouvrages
généreux
1- E. DURKHEIM - Education et Sociolgie, paris, collection le
sociologue,
1977
2- E. DURKHEIM - Les règles de la méthode
sociologique, P.U.F, Paris, 1987.
3- E. ERINSON - Enfance et société, Delachaux,
1959.
4- P- ETAVARS - Maman, comprends : les difficultés
des moins de 6 ans, Ed. Ouvrrières, 1962
5- N. FABRE - parents, vos enfants, Fleurus, 1973
6- P. Osterrieth - L'enfant et la famille, Scarabée,
1963.
7- M. POROT- L'enfant et les relations familiales,
rééd. Puf, 1966.
8. HERMANN GMEINER - les Villages d'Enfants SOS, ed
SOS-Kinderdorf-verlag Innsbruck, 1986.
9- HERMANN GMEINER - Impression, Pensées, Croyance,
éd SOS-Kinderdorf-verlage Innsbruck, 1981
10. BONSEL-DEMONTOY - Marie Claude - Etre mère, c'est
galère. Paris 1994
11. BRUN, Danielle - La maternité et le
Féminin, Denoël, Paris 1990.
12. REBLE - Histoire de la pédagogie, 1966
13. PESTALOZZI - Anthologie, Lettre à un ami.
Texte pédagogique, 3è éd, 1962.
14. WICHERN - OEuvres Complètes, 1963.
15. W. METZGER - Le rôle de la maison familiale, in F.
Oeter « Famille en mutation », 1960.
II. Rapports, revues et Documents
1- Vie des femmes, les mères SOS racontent, ed.
SOS-kinderdorf Hermann-Gmeiner, Innsbrucke, 2003
2- Village d'Enfants SOS, Manuel pour l'organisation SOS
Villages d'Enfants, 2003
3- Ressources humaines, ed. SOS-kinderdorf Hermann-Gmeiner,
Innsbrucke, 2002
4- SOS children's Village Mother handbook, SOS-kinderdorf
Academie Hermann-Gmeiner, 1998
III. Ouvrages de Méthodologie
1- FRANGNIERE Jean-Pierre - Comment réussir un
mémoire, paris, Bordas,
1986
2- BEAUD Michel - l'Art de la thèse, paris, la
découverte, 1985
IV. Mémoires :
1- Eloi-Sylvestre BETINDJI - Essai d'évaluation des
répercussions socio-économiques du P.A.R.A.A.C sur les
communautés villageoises de Deme et Kassamada.
2- AGBOVI Komlan Kwassi - Contribution à l'analyse de
l'inadaptation des projets de développement socio-économique aux
besoins des populations rurales : étude de cas du projet SOTEXMA
dans le canton de Togblekope.
V. Documents de Méthodologie
1- AMOUZOU K. - Initiation aux méthodes de Recherche en
Sciences Sociales. Lomé, UB, 1996.
2- Rahafodayé Koffi KEKEH - Cahier des
activités pédagogiques du cours méthodologie de la
recherche en sciences sociales, 1990.
ANNEXES
QUESTIONNAIRE
I. Identification de
l'enquêtée
1. Age : 20 -29 30 -39 40 -49 50 -59 60 et plus
2. Situation matrimoniale
Mariée Célibataire Veuve Divorcée
3. Nombre d'enfants (biologiques)
...............................................
4. Niveau d'instruction
Primaire Secondaire Universitaire
II. RECRUTEMENT
5. En quelle année êtes-vous arrivée au
Village d'Enfants SOS ?..........................
6. Durée d'embauche
0-5 6-10 11-15 16-20 21-25 26-30
7. A quel poste étiez-vous recrutée ?
8. Depuis quand êtes-vous devenue mère
SOS ?
9. Avez-vous bénéficié d'une formation
après votre recrutement ?
Oui Non
10. Si oui, quelle formation avez-vous reçu ?
Théorique Pratique Les deux Autre à
préciser
11. La formation vous permet-elle d'assurer effectivement vos
responsabilités en tant que mère de famille ?
Oui Non
III. Profession de mère SOS
12. Quelles sont vos activités quotidiennes
Ménage Soins des enfants Education des enfants
Cuisine Autre à préciser
13. Quelles sont les activités qui vous
intéressent le plus ?......................................
14. D'une manière générale, est-ce que
vous aimez ce travail de mère SOS ?
Oui Non
15. Pour quelle raison êtes-vous devenue mère
SOS ?
Amour pour les enfants Vocation
Raison humanitaire Joindre les deux bouts
IV. Situation socio-économique
16. Combien ce travail vous procure mensuellement ?
25.000 - 45000 45.000 - 60 000
60 000 et plus
17. Exercez-vous une autre activité
génératrice de revenus ?
Oui Non
18. Si Non pourquoi ?
19. Si Oui laquelle ?
20. Quels sont les avantages sociaux dont vous
bénéficiez ?
Accès aux soins de santé
Alimentation Logement Autres
21. Quels sont les avantages particuliers dont vous
bénéficiez après votre retraite ?
V La prise en charge des enfants :
22. Quels sont les types d'enfants que vous avez à
charge ?
Orphelins Abandonnés Autres
à préciser ....................
23. Combien d'enfants vous avez en charge
actuellement ?
Nombre de filles Nombre de garçons
24. Depuis que vous êtes au Village d'enfants combien
d'enfants avez pris en charge ? Nombre de filles Nombre de
garçons
25. Réussissent-ils à l'école ?
26. Combien de vos enfants ont intégré la vie
professionnelle ? .......................................
27. Quelle est leur situation socio-professionnelle
actuelle ?........................
28. Donner le nombre par catégorie :
- Elève .....................
- Etudiant ..................
- Apprenti .................
- Fonctionnaire ..................
- Particulier .....................
- Chômeur .........................
- Autres ............................
29. Quels sont vos rapports avec les enfants ?
Mère - enfant Conflictuel
Apaisé Autres ................
30. Etes-vous satisfaites de la situation actuelle de vos
enfants ?
Si Oui pourquoi
Si Non pourquoi
31. Quelles sont vos perspectives d'avenir pour vos
enfants ? ..............
VI. Difficultés et suggestions
32. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez
dans l'exercice de votre travail ?
33. Quels sont les problèmes que vous posent souvent
les enfants ?
34. Est-ce qu'ils vous considèrent comme leur
véritable mère ?
Oui Non
35. Dans le cas où ils ne vous prennent pas pour leur,
quel rapport entretenez vous avec eux ?
36. Quelles suggestions faites-vous pour l'amélioration
de vos conditions de travail avec les enfants ?
GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX AUTRES
COLLABORATEURS
(DVESOS, Assistante Sociale et Conseiller de
Jeunes)
1. Qui sont les mères SOS,
2. Pourquoi sont-elles recrutées ?
3. Quelles sont les responsabilités d'une mère
SOS ?
4. Quelle est la relation qui existe entre la mère SOS
et ses enfants ?
5. Que signifie pour vous être une bonne
mère ?
6. Quels sont les appuis dont les mères ont besoin pour
bien accomplir leur fonction ?
7. Qu'est-ce qui empêche ou peut empêcher les
mères SOS s'assumer leur rôle de chef de ménage ?
Quelles sont les propositions pour remédier à cela ?
8. Quelles attitudes et comportements les mères
doivent-elles avoir pour les encourager à les aider ?
9. Comment les mères SOS préparent les enfants
pour une bonne intégration dans la
communauté/Société ?
10. Parlez-nous un peu de la coopération des
mères SOS avec les autres collaborateurs ?
11. Qu'est-ce que les mères SOS souhaitent pour
l'avenir de leurs enfants ?
12. Qu'en est-il des relations ou contacts des mères
SOS avec leurs enfants lorsqu'ils quittent les familles SOS ?
13. Les mères SOS connaissent-elles l'histoire de tous
leurs enfants ?
14. Les enfants sont-ils en contact avec leur famille
d'origine ?
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