3.5 Limite du module et les perspectives de son
amélioration
3.5.1 Les limites du module
Le module DSSB ne prend pas en compte les facteurs gestion de
l'eau, gestion des mauvaises herbes et gestion des maladies. Il est alors
fortement recommandé que l'application des besoins calculés de la
plante s'accompagne de bonnes pratiques culturales.
S'inscrivant dans une perspective de durabilité, le
module DSSB est statique et n'est pas assez outillé pour une analyse
performante dans le temps. En effet, le principe actuel de fonctionnement du
DSSB ne lui permet pas de saisir l'évolution de la fertilité du
sol. Or, cette dernière composante est une clé indispensable pour
une bonne estimation des besoins. Que l'on mette en oeuvre ou non les
techniques de gestion du sol, sa fertilité changera en fonction du temps
dans la mesure où ce sol est exploité. La capacité du sol
à fournir N, P et K intégrée au module sera
désuète avec le temps, surtout avec la technique culturale
adoptée par Darégal Equatorial (destruction systématique
des résidus de récolte). Ceci est une limite majeure pour le
module. A intervalle de temps régulier (minimum 3 ans et maximum 5 ans),
il va falloir actualiser ce module en menant des essais sans engrais sur les
sites de production et en analysant la teneur en NPK des feuilles de la
production obtenue.
Il serait intéressant de trouver un moyen pratique pour
saisir l'évolution de la fertilité du sol dans le temps. L'espoir
peut être mis sur la détermination de la teneur du sol en nitrate,
dosée au moyen de la mallette azotée. En identifiant de
manière correcte et persuasive le rapport de fourniture de N, P et K par
le type de sol donné, il est possible d'estimer avec précision la
capacité du sol à fournir N, P et K par le dosage de l'azote
nitrique. On pourra ainsi envisager la substitution dans le module de la
capacité du sol à fournir N, P et K par le résultat du
test de dosage du nitrate. Ainsi à chaque début de saison
culturale, il suffirait de doser le nitrate dans le sol en place puis l'on
utilise le module en toute quiétude.
La possibilité d'utiliser le chlorophylle -mètre
pour gérer la demande en azote est aussi possible grâce à
une étude approfondie de la relation entre la mesure du chlorophylle-
mètre et la teneur en azote des feuilles du basilic.
3.5.2 L'estimation du rendement sans engrais
Le module DSSB, en marge de l'estimati on des besoins en NPK,
estime le rendement que l'on pourrait obtenir sans apports de fertilisants au
sol de culture. Cette estimation des rendements sans engrais s'effectue sur la
base de la loi du minimum dans le module. On espère atteindre le
rendement généré par le nutriment le plus limitant dans le
sol. Cette façon de voir les choses élimine tout risque de
surestimation des rendements qui serait préjudiciable à
l'économie de la production.
Mais le calcul de ces rendements sans engrais,
générés par la capacité propre au sol, se fait sur
la base de l'efficacité interne affectée à chaque
nutriment (N, P et K) pris individuellement. Ceci ne prend en compte aucune
interaction entre les nutriments. Ce qui dans la réalité ne se
justifie pas.
Il existe toujours entre les nutriments absorbés par
les plantes une certaine interaction naturelle émanant des processus
physiologiques de la plante. Il serait plus intéressant de trouver une
approche prenant en compte cette interaction entre les nutriments
absorbés par la plante pour générer un rendement
économique. Justement pour cette fin, l'approche QUEFTS, (Janssen, 1998)
pour l'estimation du rendement, nous semble -t -il, serait plus
indiquée.
Tableau 21 : Rendements en feuilles
fraîches de basilic sans engrais (kg.ha-1)
Site
|
Gestion organique
|
Rendements réels
|
Rendements - du minimum
|
Loi
|
Rendements -
QUEFTS
|
D3-1
|
Sans fumier
|
8001
|
6519
|
|
8004
|
|
Fumier
|
10424
|
9962
|
|
11466
|
D3-2
|
Sans fumier
|
6492
|
6350
|
|
8079
|
|
Fumier
|
9352
|
9623
|
|
13955
|
Agbodrafo
|
Sans fumier
|
5529
|
5783
|
|
6379
|
|
Fumier
|
6702
|
5734
|
|
9785
|
Nimagnan
|
Sans fumier
|
21627
|
17107
|
|
19213
|
|
Fumier
|
19422
|
17717
|
|
19065
|
|
Drêche
|
22048
|
17806
|
|
20263
|
|
Drêche+fumier
|
15941
|
12455
|
|
15363
|
|
L'étude comparative des rendements estimés par
la méthode des lois du minimum et ceux estimés par la
méthode QUEFTS simplifié par rapport aux rendements
réellement observés sur le terrain, ne révèle pas
une différence significative entre la précision des deux
méthodes, bien que la méthode QUEFTS présente un
léger avantage nominale (Tableau 21). L'erreur relative principale
affectant les prédictions de la méthode des lois du minimum est
de 2387 kg.ha-1 (p est à l'infini) avec une
variabilité de 19%. La méthode QUEFTS affiche une erreur relative
principale de 2109 kg.ha-1 (le degré de signification est
à l'infini) avec une variabilité de 17%.
En considérant la physiologie des plantes qui fait
intervenir toujours des interactions entre les éléments
chimiques, en prenant en compte la légère différence
nominale entre les deux méthodes et en considérant le fait que
l'estimation des rendements sans engrais n'interfère en aucun cas avec
le but principal du module (calcul des besoins en fertilisant) et que ces
rendements sans engrais ne donnent qu'une idée globale de la
capacité productive du sol en place, la méthode QUEFTS semble
être appropriée pour la simulation de la réalité du
système étudié.
|