La nutrition des plantes est souvent
caractérisée par le niveau de fertilité du sol et sa
variabilité dépend de la disponibilité du nutriment dans
le sol, de la pratique culturale et du climat (Witt et al., 1998)
La fertilité du sol traduit généralement
les potentialités du sol à mettre à la disposition des
plantes les nutriments dont elles ont besoins pour leur croissance et leur
développement. Lorsqu'on n'apporte pas d'engrais (organique ou
minéral) au sol, la plante se nourrit de l'approvisionnement propre au
sol. Il y a donc une distinction à faire entre la fertilité
inhérente au sol et la fertilité en condition d'apport de
fertilisants. La fertilité initiale du sol est une résultante de
l'usage du sol dans le temps et de sa constitution (physique et chimique) dans
l'espace. L'estimation des besoins en nutriments du basilic doit prendre en
compte ces aspects afin d'éviter des surdoses d'engrais susceptibles
d'affecter négativement sa production ou l'env ironnement.
Les fertilisants apportés au sol sont soumis à
la dynamique de nutriments. Le complexe absorbant fixe une portion des engrais
dépendant de sa qualité. Ces engrais peuvent aussi se perdre par
divers phénomènes (immobilisation par les sesquioxydes,
lixiviation, drainage, percolation, etc.). Finalement, il n'est disponible
à la culture qu'une fraction des fertilisants apportés. C'est en
fonction de la force de succion des racines et de la disponibilité des
fertilisants que la culture prélève ses nutriments. Il en
résulte donc que, des engrais apportés, seule une fraction sera
absorbée par la culture. Cette portion de fertilisant puisée par
la culture représente le taux de recouvrement des engrais.
Les besoins en N, P et K du basilic sont satisfaits par
l'approvisionnement propre au sol et la portion de fertilisants apportés
que la culture parviendrait à absorber du sol. Il importe de bien
estimer la capacité propre au sol car elle permet de faire une
estimation juste du complément nutritionnel à apporter à
la culture.
La capacité du sol à fournir N, P et K et le taux
de recouvrement des engrais, sont deux des clés qu'utilise l'OAD pour
l'estimation des besoins.
2.1.1.2 Le climat
L'influence de la saison sur la production d'une culture est
une év idence puisse qu'elle détermine le rendement potentiel de
la culture. Le climat est un facteur incontournable pour le ciblage du
rendement.
Au Togo, la production du basilic du point de vue climatique,
s'effectue en deux saisons (Dzotsi et al., 2004 ; Koudjéga, 2004):
· La saison principale va de décembre à
juin (période de semis décembre à mars) où le
climat est assez favorable et la production est assez bonne avec un rendement
potentiel élevé,
· La saison secondaire va d'août à
février (période de semis août à novembre) où
le climat est moins favorable et le rendement potentiel est faible.
Il est impérieux de tenir compte de cette
saisonnalité pour profiter au mieux du climat et mieux gérer les
apports de fertilisants.
2.1.1.3 La relation entre la teneur du
végétal en nutriments et son rendement
Lorsque la plante absorbe beaucoup de nutriments, elle a
tendance à les emmagasiner. Le rendement dans ce cas ne change pas
grandement pour une plus grande absorption de nutriment : c'est l'effet de l'
accumulation des nutriments. Mais lorsqu'elle ne dispose que de petite
quantité de nutriment, elle la gère mieux et l'on constate qu'une
petite augmentation de l'absorption entraîne une très grande
augmentation des rendements : c'est l'effet de la dilution des
nutriments. (Janssen, 2003)
Entre ces deux phases de nutrition (accumulation et dilution)
déterminant les limites de nutrition pour la plante, se trouve une phase
d'équilibre qui décrit une utilisation optimale des nutriments
absorbés (op. cit.). Il est à noter que cette relation est
similaire pour tous les éléments nutritifs et seule la forme de
la courbe changera avec l'élément en question (Moughli, 2003).
La relation entre l'absorption de nutriment et le rendement,
est supposée être linéaire pour de faible niveau
d'absorption. Cette relation tend à fléchir lorsque le rendement
de la plante s'approche de son rendement potentiel (Figure 1) (Witt et
Dobermann, 1998). La relation entre la teneur du basilic en nutriment et son
rendement constitue l'efficacité interne du basilic. C'est un
paramètre propre à la culture et il permet de mesurer
l'efficacité d'utilisation des nutriments par la culture.
L'efficacité interne est l'un des clés qu'utilise l'OAD. Dans ce
module, tel que le préconise Witt et al. (1999),
l'efficacité interne du basilic exclut toute absorption minimale
à satisfaire avant l'obtention du rendement économique de
même que la partie curviligne de l'efficacité interne optimale.
23
Figure 1 : Teneur du végétal en
nutriment en relation avec le rendement Source : Moughli
(2003)
2.1.1.4 Le système
étudié
Les bases théoriques développées ont permis
de concevoir le système sol-climatculture. Ce système est ouvert
et effectue des échanges avec l'environnement (Figure 2).
Fumures, Production
Eau, etc. économique
Fertilité inhérente au sol Taux de
recouvrement des engrais
Rendement Efficacité interne
CLIMAT CULTURE
SOL
Figure 2 : Le système
Sol-Climat-Culture
Il se dégage de l'analyse de ce système, quatre
paramètres agronomiques qui sont :
· Le rendement : il dépend des conditions
climatiques.
· La fertilité inhérente au sol : c'est la
cap acité propre au sol à fournir les nutriments.
· Le taux de recouvrement des engrais : la fraction
d'engrais que la culture est capable d'absorber.
· L'efficacité interne de la culture : c'est
un coefficient qui traduit l'aptitude de la culture à transformer en un
rendement économique, une quantité donnée de nutriment
absorbé.
Ce sont ces quatre paramètres qui constituent les
clés de la fertilisation à la carte du basilic.