No d'ordre : 05/04/PV
UNIVERSITE DE LOME ECOLE SUPERIEURE
D'AGRONOMIE BP : 1515 Tel : (228) 225 41 97 Lomé, Togo
UN CENTRE INTERNATIONAL POUR LA FERTILITE DES SOLS
ET LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE BP : 4483 Tel : (228) 221 79
71 Lomé, Togo
MEMOIRE
Présenté en vue de l'obtention du
grade
d 'INGENIEUR AGRONOME
(Option : Production
Végétale) par
ADDEN Ayi Koffi
Thème :
ESTIMATION DES BESOINS EN AZOTE, PHOSPHORE ET
POTASSIUM DU BASILIC (Ocimum basilicum L.) PAR LE MODULE DSSB
ET GESTION OPTIMALE DE L'AZOTE DANS LA REGION MARITIME DU
TOGO
Soutenu publiquement le 19 décembre 2005 devant le
jury d'examen ainsi composé : Président : Dr Kofi AGBEKO,
Maître -Assistant, ESA-UL
Membres : Dr Jean M. SOGBEDJI, Maître
-Assistant, ESA-UL
Dr Abdoulaye MANDO, Chef Programme PGRN,
IFDC-Division Afrique M. Prissiwè HEMOU,
Ingénieur Agronome, Darégal Equatorial
Dr Kokou A. A. AMOUZOUVI, Maître
-Assistant Délégué, ESA-UL
i
Préface
La présente étude fait partie
intégrante des activités du projet «Gestion
Intégrée de la Fertilité des Sols (GIFS) pour le basilic
en production péri-urbaine à Lomé». C'est un projet
collaboratif entre IFDC (Un Centre International pour la Fertilité des
Sols et le Développement Agricole) et Dare gal Equatorial
(Société agro-alimentaire spécialisée dans la
production des plantes aromatiques, une filiale du groupe familial Darôme
de France) qui couvre la période de janvier 2003 à août
2005.
L'objectif global de ce projet est de développer
des stratégies de gestion intégrée de la fertilité
des sols qui relèvent le niveau des rendements sur les exploitations de
Dare gal Equatorial.
Dans le cadre des liens qui unissent l'IFDC et l'ESA-UL
(Ecole Supérieure d'Agronomie de l'Université de Lomé), ce
projet a accueilli deux étudiants de cette école pour leurs
mémoires d'Ingénieur Agronome. Ils ont respectivement couvert les
deux phases du projet à savoir (i) le développement des
stratégies GIFS pour le basilic et (ii) le développement d'un
module d'estimation des besoins en azote, phosphore et potassium du basilic.
Nos travaux se situent dans le cadre de la seconde phase du projet.
Le présent document traite donc de l'utilisation des
Outils d'Aide à la Décision (OAD) pour orienter la fertilisation
minérale du basilic.
ii
Remerciements
La planification, l'exécution des travaux et la
rédaction du présent mémoire sont certes de mon ressort,
mais, il ne verrait le jour s'il n'a guère connu le support et la contr
ibution d'un certain nombre de personnes et d'institutions dont les
interventions m'ont permis de comprendre et de mieux distiller les
idées.
L'IFDC, mon institution hôte pour le mémoire,
restera pour moi un centre de référence de par la qualité
des travaux qui s'y déroulent. Je voudrais remercier le Directeur, M.
Rob J. J. Groot, et à travers lui tout le personnel dudit
centre.
L'Ecole Supérieure Agronomie (ESA) de
l'Université de Lomé, mon institution de formation, et Daregal
Equatorial, l'institution partenaire dans le cadre du projet qui m'a accueilli,
ont fructueusement contribué à ma formation. Qu'ils en soient
remerciés.
Qu'il me soit permis d'exprimer et de témoigner de ma
sincère gratitude à l'endroit des personnes suivantes :
-M. Kofikuma A. Dzotsi, mon maître de stage au sein
de l'IFDC. Il a manifesté beaucoup de promptitude à
l'égard de mon travail et a fait de moi ce que je suis aujourd'hui.
Même depuis l'Université de Floride aux USA, où il poursuit
ses travaux, il n'a aucunement cessé de m 'or ienter par ses analyses
critiques pour la finalisation de ce travail.
-Dr Abdoulaye Mando, chef du programme PGRN de l'IFDC qui
m'a apporté de fructueuses assistances. Ses commentaires et ses
suggestions ont énormément enrichi ce document.
-Dr Kokou A.A. Amouzouvi et M. Amen Nenonene, Enseignants
Chercheurs à l'ESA qui ont bien voulu co-diriger ce mémoire. Les
fonctions académiques qu'ils ont assurées et les commentaires
qu'ils ont apportés aux versions successives de ce document, l'ont
amélioré.
-Dr Marco C. S. Wopereis, ex-Chef du programme PII (actuel
PGRN) de l'IFDC, actuel Directeur du Département de Culture Annuelle du
CIRAD en France. Quoique nos contacts physiques aient été de
courte durée, il a contribué de manière exceptionnelle
à l'édification de mes connaissances dans le cadre de ce
travail.
-Dr Jean M. Sogbédji, qui, depuis Cornell
University (USA), n'a cessé de répondre à mes nombreux
courriels. Ses orientations vers les ressources bibliographiques
appropriées et des commentaires minutieux tout au long de ce travail
m'ont été plus que bénéfiques. Davantage, il a
accepté de siéger dans le jury d'examen de ce
mémoire.
-Dr Kofi AGBEKO, Directeur de l'ESA, qui, malgré
ses multiples occupations, a bien voulu présider le jury d'examen de ce
mémoire.
- M. Prissiwè HEMOU, Directeur du
département agricole de Darégal Equatorial, qui a bien voulu
siéger dans le jury d'examen.
Que MM. Adonko F. Tamélokpo, Kodjovi G. S. Ezui,
Kossivi Koukoudé (IFDC) et Napo Tchandikou (Darégal Equatorial)
trouvent ici ma profonde gratitude pour leurs interventions promptes et
diverses dans ce travail.
A tous mes collègues de la promotion 2000-2005 de
l'ESA et à mes relations proches et lointaines qui m'ont
conseillé et encouragé jusqu'à ce jour, j'exprime mes vifs
remercie ments.
A ma mère D. A. G. et mon grand-père D. K. A.,
je dois une reconnaissance infinie pour leurs assistances morales et
financières jusqu'à ce jour.
iii
Sommaire
Pages
INTRODUCTION 1
CHAPITRE 1: REVUE DE LA LITTERATURE 3
1.1 Introduction 4
1.2 Importance socio-économique du basilic 4
1.3 Utilisation du basilic 5
1.4 Biologie du basilic 5
1.4.1 La botanique 5
1.4.2 L'écologie de la plante 6
1.5 Culture du basilic 7
1.5.1 Les travaux du sol 7
1.5.2 Le semis 7
1.5.3 La production du basilic 7
1.5.4 L'entretien et les traitements phytosanitaires
8
1.5.5 La récolte et la conservation 9
1.6 Contrainte de production du basilic au Togo 9
1.7 Nutrition du basilic 10
1.7.1 Les besoins nutritionnels des plantes 10
1.7.2 La gestion des nutriments du sol 11
1.7.3 Les recommandations de fumures 12
1.7.4 Les limites des recommandations de fertilisants
13
1.8 Outils d'Aide à la Décision 13
1.8.1 Terminologie 14
1.8.2 Elaboration d'un modèle 14
1.8.3 Type de modèle 16
1.8.4 Utilisation des modèles 17
1.8.5 Quelques approches de formulation des recommandations
de fumure 17
CHAPITRE 2: MATERIELS ET METHODES 20
2.1 Présentation du module 21
2.1.1 Les bases théoriques du module 21
2.1.2 Les concepts mathématiques dans le module DSSB
24
2.2 Calibrage du module 27
2.2.1 Sites d'expérimentation 27
2.2.2 Conduite de l'expérimentation 28
2.2.3 Collecte des données 29
2.2.4 Paramètres du module 30
2.3 Performance du module 33
2.3.1 Sites d'étude 33
2.3.2 Expérience en milieu réel 33
2.3.3 Mesures et analyses 35
2.3.4 Test de la performance du module 36
2.4 Répartition de l'azote 38
CHAPITRE 3: RESULTATS ET DISCUSSIONS 39
3.1 Données expérimentales 40
3.1.1 La teneur en eau et la qualité des feuilles
40
3.1.2 Le rendement du basilic 40
3.2 Résultats et discussions du calibrage 43
3.2.1 Efficacité interne 43
3.2.2 Taux de recouvrement 47
3.2.3 Capacité du sol à fournir NPK 48
3.2.4 Rendement à cibler 50
3.3 Résultats de la performance 51
3.3.1 Performance du module 51
3.3.2 Sensibilité du module 53
3.4 Gestion optimale de l'azote 54
3.5 Limite du module et les perspectives de son
amélioration 56
3.5.1 Les limites du module 56
3.5.2 L'estimation du rendement sans engrais 56
CONCLUSIONS 58
Références bibliographiques 60
ANNEXES 66
Liste des tableaux
Pages
Tableau 1 : Principaux facteurs
influençant les processus de croissance et de développement du
basilic. 8
Tableau 2 : Facteurs affectant la croissance et
le rendement potentiel des cultures 10
Tableau 3 : Eléments essentiels,
rôle dans la plante et leurs sources 11
Tableau 4: Caractéristiques descriptives
des sites ayant servis exclusivement au calibrage 27
Tableau 5 : Caractéristiques
physico-chimiques des sols de certains sites d'étude 28
Tableau 6 : Les traitements pour les essais de
calibrage (kg.ha-1) 29
Tableau 7: Caractéristiques descriptives
des sites ayant servi à la validation 33
Tableau 8 : Les traitements pour les essais de
validation (kg.ha-1) 34
Tableau 9: Valeurs moyennes des mesures de la
verdure par traitement sur les deux types de sol mis en essai.
40 Tableau 10 : Rendements en six coupes de feuilles
fraîches de basilic sur les différents sites au
cours de différentes saisons (kg.ha-1). 41
Tableau 11 : Résultats des analyses
statistiques 41
Tableau 12 : Variation de l'efficacité
interne et du rapport d/a par site et en situation de nutrition
équilibrée 43 Tableau 13 : Les taux de
recouvrement moyen suivant les saisons, les sites et les fumures
organiques. 47
Tableau 14 : Les taux de recouvrement des
engrais pour le calibrage du module 48
Tableau 15 : Ratios de fourniture de N, P et K
propre aux sols. 49
Tableau 16 : La capacité des sols
à fournir N, P et K en fonction des saisons de culture, en
kg.ha-1.
49 Tableau 17 : Rendements ciblés du
basilic suivant les saisons, le précédent cultural, les
fumures
organiques et la nature du sol (t.ha-1) 50
Tableau 18 : Données d'évaluation
du module DSSB 51
Tableau 19: Comparaison des indices TET et des
ratios des traitements de Goumoukopé avec les
données du module 53
Tableau 20: Proportion d'azote absorbé
à la 2è, 4è et 6è récolte, % 54
Tableau 21 : Rendements en feuilles
fraîches de basilic sans engrais (kg.ha-1) .57
vi
Liste des photos et des figures
Pages
Photo 1: Un plant de basilic
(variété Genovese) 6
Photo 2 : Le chlorophylle-mètre (en usage
sur les feuilles de basilic) 35
Figure 1 : Teneur du végétal en nutriment en
relation avec le rendement 23
Figure 2 : Le système Sol-Climat-Culture 23
Figure 3 : Le dispositif expérimental typique d'un essai
34
Figure 4 : Relation entre l'absorption et le rendement du basilic
pour l'azote (N), le phosphore (P)
et le potassium (K). 46
Figure 5 : Comparaison des rendements observés et
prédits par DSSB. 52
Figure 6 : Evolution de la consommation de N suivant les
récoltes. 54
Liste des signes et des abréviations
AGREN Agriculture et Environnement (Laboratoire
d'Analyse, Etudes et Services)
CEC: Capacité d'Echange Cationique
d : Willmott's index of
agreement
DSSB: Decision Support Spreadsheet for
Basil
€ : Euro
EI : Efficacité Interne
EIO : Efficacité Interne Optimale
ESA: Ecole Supérieure d'Agronomie
FAO: Food and Agriculture Organization of
United Nations
F CFA : franc CFA.
GIFS : Gestion Intégrée de la
Fertilité des Sols
ICRISAT: International Crops Research
Institute for the Semi-Arid Tropics
IEI: Indice de l'Efficacité Interne
IFDC: An International Center for Soil
Fertility and Agriculture Development
ITEIPMAI : Institut Technique Interprofessionnel
des Plantes à Parfum, Médicale et Aromatiques
LA : Limite d'Accumulation
LD : Limite de Dilution
MD : Mean Difference
MERF : Ministère de l'Environnement et
des Ressources Forestières
OAD : Outils d'Aide à la
Décision
ONIPPAM : Office National Interprofessionnel des
Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales
p: degré de signification
PGRN: Programme Gestion des Ressources
Naturelles
QUEFTS: Quantitative Evaluation of the
Fertility of Tropical Soils
RC: Rendement à cibler
RMSE: Root Mean Square Error
RRMSE: Relative Root Mean Square
Error
SSNM: Site or Season Specific Nutrient
Management
TR : Taux de Recouvrement
TSP: Triple Super Phosphate
USA: United States of America
$US: dollar américain
Résumé
Le basilic (Ocimum basilicum L.) est la plus
populaire des herbes aromatiques et il est connu à travers le monde pour
son importance économique. L'utilisation rationnelle de fertilisants
pour sa production pose des défis écologiques et
environnementaux. Pour réduire les risques environnementaux et
accroître l'efficacité des engrais utilisés pour la
fertilisation du basilic, un module appelé DSSB (Decision Support
Spreadsheet for Basil) a été développé
à partir d'essais conduits au cours de deux saisons consécutives
dans le Sud du Togo.
L'objectif de la présente étude était
d'améliorer, de calibrer et de tester la performance du module DSSB pour
une estimation optimale des besoins en N, P et K du basilic dans de
différentes conditions agro-écologiques puis de proposer une
distribution adéquate des apports d'azote sur le cycle de la plante.
L'étude a été menée sur un sol
sableux, le long du littoral togolais et sur un sol argileux à
Adétikopé, 25 km au Nord de Lomé. Sept combinaisons de N,
P et K ont été testées avec des niveaux d'amendements
organiques (sans amendement, apport de fumier à 20 t.ha-1,
apport de drêche de brasserie à 20 t.ha-1 et apport
d'une combinaison de fumier 10 t.ha-1 et de drêche de
brasserie 10 t.ha-1). Six sites, différant par leur
écologie et leurs précédents culturaux, ont abrité
au total huit essais (quatre pour le calibrage du module et quatre pour la
performance du module). Le dispositif expérimental était en bloc
aléatoire complet. Il a été mesuré la production en
matières fraîche et sèche, et la teneur en eau des feuilles
puis la teneur en NPK dans les feuilles et la biomasse résiduelle du
basilic.
Les résultats ont montré que les rendements en
feuilles fraîches de basilic variaient grandement en fonction du site, de
la saison et des fumures et leurs valeurs étaient comprises entre 4 et
23 t.ha-1. L'efficacité interne optimale pour le basilic
était de 235
kg.kg -1 pour N, 1645
kg.kg-1 pour P et 295 kg.kg-1 pour K et le ratio
d'absorption optimale de N, P et K était de 7,0:1,26:5,58. Le taux de
recouvrement variait de 4 à 20% pour N, de 0 à 12% pour P et de 4
à 25% pour K. La capacité du sol à fournir N, P et K
était très variable suivant les sites. Les sols pouvaient fournir
à la culture entre 24,40 et 93,62 kg.ha-1 de N, entre 3,86 et
15,06 kg.ha-1 de P et entre 26,80 et 61,79 kg.ha-1 de K.
Le rendement à cibler dépend de la période de culture. Il
est apparu que P et surtout N étaient les éléments
nutritifs qui limitaient la production du basilic. Le module DSSB
amélioré et calibré peut être un outil utile
à l'estimation des besoins en N, P et K du basilic. La dose d'engrais
azoté calculée par le module pourrait être
fractionnée comme suit : 10% entre le semis et la 1ère
récolte, 15% entre la 1ère - 2è récolte,
20% entre la 2è - 3è récolte, 25% entre la 3è -
4è récolte, 15% entre la 4è - 5è récolte,
15% entre la 5è - 6è récolte.
Le DSSB ne prend pas en compte la gestion de l'eau, des
maladies, des mauvaises herbes et de la méthode culturale. Les
recommandations du DSSB ne sont réalistes que dans les conditions de
bonne gestion des autres facteurs de production.
Mots clés : Basilic, besoins en NPK,
DSSB, gestion de N.
ix
Abstract
Basil (Ocimum basilicum L.) is the most popular
aromatic herb known for his economic value. Establishing an adequate
fertilizers rate for sustainable basil production has become a challenge
because of environmental problems. In order to minimize environmental risks and
enhance fertilizers use efficiencies a Decision Support Spreadsheet for Basil
(DSSB) was developed using data from fields experiments conducted during two
consecutives seasons in Southern Togo.
The aims of this study were to improve, calibrate and test the
performance of the spreadsheet to estimate optimal combinations of N, P and K
required for basil under different agro-ecological conditions. Developing a
sound nitrogen management method (time and quantity of application) for the
crop was the other part of the work.
Fields experiments were conducted on sandy soils, along the
costal zone of Togo and on clayey soils at Adétikopé, 25 km North
of Lomé. Seven treatments of N, P and K were tested with different
levels of organic amendments (without amendment, with cattle manure at the rate
of 20 t.ha-1, with brewery waste at the rate of 20 t.ha-1
and with a combination of cattle manure at 10 t.ha-1 and brewery
waste at 10 t.ha-1). Basil fresh and dry matter production, leaves
moisture and NPK content were estimate at harvest. The experiments were
conducted on six sites that differ with constructing ecological conditions.
Eight trials (four for model calibration and four for model performance) were
conducted on these sites. A randomized complete block design was used.
Results indicated that basil yields (market use) varied with
season, previous crop and with/without organic amendments applications. Average
yield ranged from 4 to 23 t.ha-1. Optimal internal efficiencies for
basil were 235 kg.kg-1 for N, 1645 kg.kg-1 for P and 295
kg.kg-1 for K. Optimal N, P and K uptake ratio was 7,0:1,26:5,58. N,
P and K recovery fractions varied between 4-20% for N, 0-12% for P et 4-25% for
K. Soil indigenous supplies of N, P and K were site dependant. Soils could
supply for basil's production between 24,40-93,62 kg N.ha-1,
3,86-15,06 kg P.ha-1 and 26,80-61,79 kg K.ha-1. The
attainable yield depended on the growing season. Fresh basil's yield was very
tightly related to N and P uptake. The improved and calibrated version of the
DSSB could be a useful tool for basil nutrients requirements estimation. DSSB's
nitrogen requirement estimation could be distributed as follow: 10% between
sowing and 1st harvest, 15% between 1st and
2nd harvest, 20% between 2nd - 3rd harvest,
25% between la 3rd - 4th harvest, 15% between la 4th -
5th harvest, 15% between la 5th - 6th
harvest.
DSSB doesn't take into account pest, disease or water management
and this assume that manage the above factors is essential for it's
recommendations use.
Key words: Basil, DSSB, nitrogen management, NPK
requirements.
INTRODUCTION
Appartenant à la famille des Lamiaceae, le
basilic (Ocimum basilicum L.) est la plus populaire des herbes
aromatiques (Adam, 2003 ;Simon, 1995 ; Davis, 1997) connu de part le monde pour
son importance économique et technique (Arabici et Bayram, 2004; Martin,
2004). L'utilisation rationnelle de fertilisants pour sa production pose
très souvent des défis écologiques et environnementaux aux
producteurs.
Au Togo, la durabilité économique et
écologique de la production du basilic est fortement compromise par la
dégradation de la fertilité des sols, résultats de sa
mauvaise gestion, la gestion inappropriée de l'eau et les
problèmes phytosanitaires (Dzotsi et al., 2004). Le basilic est
cultivé exclusivement au Togo par la société
agroalimentaire Darégal Equatorial dont la niche de production,
située initialement à Adétikopé, était
soumise à une exploitation intensive; ce qui a conduit à une
installation de population de nématodes dans le sol et une
dégradation de la fertilité du sol qui ont entraîné
des pertes de rendements préjudiciables à l'économie de la
production, essentiellement tournée vers l 'exportation. Pour
répondre à la demande sans cesse croissante du marché en
feuilles fraîches de basilic, Darégal Equatorial a réagi en
élargissant son aire de production vers le littoral togolais,
présentant certains avantages agronomiques pour la production de
basilic, et en entamant avec le Centre International pour la Fertilité
des Sols et le Développement Agricole (IFDC) une collaboration dans le
but de développer des stratégies de gestion de la
fertilité des sols et de lutte contre les nématodes.
Des études conduites dans ce cadre dans le but
d'améliorer la fertilité des sols et de relever la production du
basilic sur les sols argileux d'Adétikopé pendant deux cycles de
production consécutifs (à rendements potentiels
différents), ont permis d'identifie r statistiquement les combinaisons
de N, P et K avec ou sans amendement organique qui donnent de meilleure
performance (Dzotsi et al., 2004; Koudjéga, 2004). Toutefois,
il était apparu que l'élection statistique d'une combinaison
ponctuelle de N, P et K ne pouvait résoudre le problème de la
gestion durable de la fertilité des sols avec la multiplicité des
sites de Darégal Equatorial. Cependant, en utilisant les analyses de
plante pour dériver et lier certains paramètres agronomiques, il
a été possible d'élaborer un outil d'aide à la
décision qui a pour objet de calculer les besoins du basilic en N, P et
K qui réduisent les risques environnementaux et qui capturent les
variations spatio-temporelles de la fertilité. Une première
version de cet outil appelé DSSB (Decision Support Spreadsheet for
Basil) n'a pu saisir que les effets du site d'étude. Il importe
donc, pour répondre aux nouvelles exigences de production du basilic, de
modeler cet outil fondamental et de l'adapter aux conditions
agro-écologiques des sites de production de Darégal Equatorial.
Une amélioration subséquente de ce module permettra
également une estimation optimale des besoins du basilic.
La présente recherche poursuit l'objectif
d'améliorer, de calibrer et de tester la performance du module DSSB pour
une estimation optimale des besoins en N, P et K du basilic afin de
répondre à une fertilisation à la carte sur les sites de
production de Darégal Equatorial puis de déterminer une gestion
appropriée de l'azote sur le cycle de production de la culture.
Spécifiquement, cette étude va permettre (i) de collecter des
données sur la
production du basilic dans sa zone de culture au Togo
présentant une grande variabilité en fonction des apports de
fertilisants et des variations spatio-temporelles, (ii) de déterminer
les paramètres agronomiques nécessaires pour le module sur la
base des données collectées, (iii) de modifier les concepts
mathématiques de base qui soutendent le module en vue d'une estimation
optimale des besoins, (iv) de calibrer et de te ster la performance du module
dans la zone de production du basilic pour répondre aux recommandations
à la carte, (v) de déterminer une gestion appropriée de la
fumure azotée sur le cycle de production du basilic et (vi)
d'évaluer la qualité des feuilles fraîches (verdure) de
basilic à commercialiser.
Le présent document s'articule autour de trois axes. Le
premier chapitre abordera la revue de la littérature sur les conditions
de production du basilic et ses besoins en nutriments. Le second chapitre
exposera l'approche méthodologique adoptée pour la conduite de
cette étude. Avant la conclusion, le troisième chapitre
présentera les résultats obtenus et leurs discussions.
CHAPITRE 1 :
REVUE DE LA LITTERATURE
1.1 Introduction
Le basilic est une herbe royale originaire de l'Asie du sud
ouest où il est connu il y a plus de 5000 ans d'où son nom
basilic qui vient du grec « basilikon » qui veut dire «
royal » (Youger-Comaty, 2001). De l'Asie, plus précisément
des Indes, le basilic est entré en Afrique par l'Egypte. De l'Egypte, il
se propage dans toute l'Europe méridionale. La France a connu le basilic
au XII è siècle avec le retour des croisades et l'Angleterre au
XVI è siècle. L'Amérique n'a connu le basilic qu 'avec
l'arrivée des premiers colons sur le Nouveau Continent au XVII è
siècle (Simon, 1995).
1.2 Importance socio-économique du basilic
Le basilic est une herbe sacrée (Tulsi) aux
Indes. Il est exclusivement utilisé autour des sanctuaires où on
l'offre aux dieux indiens Vishnou et Krishma (Beland,
1999).
Pour les Romains, le basilic est un symbole de
fertilité et est cultivé comme une herbe ornementale. Seul le
souverain a le droit de récolter l'herbe royale. Les Egyptiens
considéraient le basilic comme une herbe de protection pour les morts
dans leur voyage vers l'au -delà et il fait parti de la dizaine d'herbes
utilisée pour la momification (Serre, 1999).
Du sacré à la magie, le basilic aurait
créé le scorpion selon une croyance médiévale
(Faucon, 1999). Au moyen âge, un pot de basilic sur le rebord d'une
fenêtre voudrait dire que le chemin était libre et que l'amant
pouvait aller mijoter tout ce qu'il voudrait avec sa belle sans danger. Pour un
amoureux qui n'a pas le verbe facile devant les femmes, il lui suffit d'offrir
une branche de basilic à sa bien aimée. Et en l'acceptant, cette
dernière jure de l'aimer et demeurer fidèle à lui
(Canterbury Farms, 1997; Serre, 1999).
De nos jours, le basilic est une plante culinaire qui fait
l'objet de culture in dustrielle de par le monde entier. Des feuilles jusqu'aux
racines en passant par les graines, le basilic est d'une importance capitale
pour l'économie agricole dans certains pays. Sa valeur marchande dans
les échanges internationaux révèle son importance. Sur le
marché international, le basilic d'Egypte (à linalol) coûte
100 $US/kg (Adjinon, 2005). A Hawaï (USA), les feuilles fraîches de
basilic coûtent 4 à 7 $US/kg (Martin, 2004) tandis qu'en France
elles valent 4,8 à 5,6 €/kg (ONI PPAM, 2002) et au T ogo,
Darégal Equatorial achète aux producteurs privés les
feuilles fraîches de basilic entre 110 et 120 F CFA/kg. Le basilic est
cultivé en Egypte, en France, en Grèce, en Hongrie, en
Indonésie, en Israël, au Maroc, aux USA, etc. (Arabaci et Bayram,
2004)
Au Togo, la culture des plantes aromatiques est
destinée à l'exportation et est en grande expansion. Introduit au
Togo en 1986 par la société danoise Cereken-Exotique, le basilic
est produit aujourd'hui par la société française Daregal
Equatorial, une filiale du groupe familial Darôme installée au
Togo depuis 2001. On y associe également des producteurs privés
travaillant sous contrat avec Daregal Equatorial. Ce dernier exploite un peu
plus de 300 hectares (Koudjéga, 2004 ; Dzotsi et al., 2004).
Entre 200 1-2005, en moyenne chaque année, 2400 tonnes de feuilles
fraîches de basilic (environ 1650 tonnes de produits finis exportables),
représentant 180 millions FCFA de chiffre d'affaire, sont produits par
la
société agro-alimentaire Daregal Equatorial. A
peu près 90% de cette production est exporté sur les
marchés de l'Union Européenne et les 10% restant vers les Etats
-Unis d'Amérique. Pourtant, la demande sur le marché du basilic
n'est pas prête de baisser et les moyens de maintien ou d'accroissement
d'une telle produ ction sont donc à développer (Dzotsi et
al., 2005).
1.3 Utilisation du basilic
Le basilic est une herbe aromatique qui est utilisée
dans plusieurs domaines : cuisine, médecine, horticulture, etc. Les
parties les plus utilisées sont les feuilles et les graines (Canterbury
Farms, 1997; Arabaci et Bayram, 2004).
Les feuilles de basilic sont très utilisées pour
la cuisine. Serre (2001) affirme que le basilic peut jouer des
subtilités dans le goût et les harmonies. Le basilic
s'apprête bien avec les plats frais tels les salades, les fromages, les
poissons, le chocolat et les fruits. Il rehausse la saveur du veau, de
l'agneau, du porc, du lapin et du poulet. Le basilic donne un goût
sublime aux pâtes, au riz, à la tomate, aux oeufs, aux potages et
va de pairs avec l'ail, le citron, le thym et l'huile d'olive. Il ajoute un
caractère aux grillades et aux légumes (Youger-Comaty, 2001).
On extrait des graines et des feuilles du basilic une l'huile
essentielle qui est utilisée en parfumerie et en cosmétique
(Simon et al., 1990). Son utilisation en médecine donne lieu
à une liste sans fin de remèdes. Sous forme d'huile, d'infusion
ou de décoction, le basilic est utilisé comme antirhume,
antiseptique, antispasmodique, apéritif, bactéricide,
béchique, céphalique, digestif, fébrifuge,
galactogène, laxatif, peptique, relaxante, sédatif, tonique, etc
(Serre, 2000). Le basilic soulage les démangeaisons et favorise la
montée du lait (Serre, 2001). L'huile essentielle est un
véritable répulsif des insectes. Elle chasse les mouc hes et les
moustiques et tue les larves des insectes domestiques (Serre, 1999; Arabaci et
Bayram, 2004; Koudjéga, 2004).
Morris et al. (1979), Simon (1995) et Marotti et
al. (1996) ont révélé que ce sont le camphir, le
D-linonene, le mycrene et le thymol qui sont responsables des
propriétés bactéricides, insecticides et herbicides du
basilic.
1.4 Biologie du basilic
Le basilic est une herbe annuelle (climat
tempéré) ou vivace (climat tropical), aromatique mentholée
de la famille des Lamiaceae ou Labiatae, genre
Ocimum, espèce Ocimum basilicum L. avec plus d'une
soixantaine de variétés. (Simon, 1995 ; Marotti et al.,
1996 ; Serre, 1999)
1.4.1 La botanique
C'est une petite herbe trapue, de 15-60 cm de haut (photo 1),
à port buissonnant dont les feuilles lancéolées, et
soyeuses sont de couleur verte, plus ou moins foncée ou parfois
rougeâtre. Les feuilles sont opposées avec une longueur de 3-12
cm. La tige est
carrée, angulaire et verte. Le système racinaire
est de type pivotant (Serre, 1999 ; Arabici et Bayram, 2004 ; Koudjéga,
2004).
Photo 1: Un plant de basilic
(variété Genovese)
Les fleurs sont petites et regroupées en épis
à l'extrémité des rameaux et à l'aisselle des
feuilles. Elles sont de couleur crème, blanche, rose ou violacée
selon la variété (Arabici et Bayram, 2004 ; Koudjéga,
2004) et sont accompagnées de bractées de 1-1,5 cm. Le calice est
soudé en 5 lobes : un sépale supérieur arrondi et quatre
autres courts et étroits. La corolle porte deux lèvres : une
supérieure constituée de quatre lobes et une inférieure
plus longue, concave et arrondie (Koudjéga, 2004). La corolle s'oriente
le plus souvent vers le soleil (Serre, 1999). Chaque fleur porte 4
étamines et des stigmates divisés en deux lobes à leur
extrémité (Koudjéga, 2004). La graine est de couleur noire
à indigo et de forme ovoïde (Faucon, 1999).
Les différentes variétés de basilic se
distinguent par leur couleur, leur forme, leur taille et leur parfum. On
connaît au moins une soixantaine de variétés de basilic
(Detraz, 2001; Youger-Comaty, 2001; Darbonne ;2002) dont les plus
cultivées sont :
4 Ocimum basilicum var minimum ou le petit basilic
4 O. basilicum var genovese ou le grand vert d'Italie
4 O. basilicum var neapolitanum d'Italie
4 O. basilicum var cinnamon de Mexique
4 O. basilic var citrodorum d'Indonésie
4 O. basilicum var horapha de Thaïlande
1.4.2 L'écologie de la plante
Le basilic se cultive dans les milieux dont la
température varie entre 7 et 27 oC avec une
pluviométrie de 600-4200 mm, un pH du sol de 4,3 à 8,2 et une
altitude variant entre 0 et 1800 m. C'est une plante à jour long qui est
très sensible au froid (Simon, 1995; Davidson et Johnson, 1996; Arabici
et Bayram, 2004). Darégal Equatorial, au Togo, réalise leur
production à des températures allant jusqu'à 37
oC. Une température de 15 à 30 oC est requise
pour une bonne germination avec l'optimum à 20 oC (Hamasaki
et al., 1996).
Le basilic exige un sol meuble, bien drainé avec un pH
optimal de 6.4 (Davis, 1996) et ne tolère pas de stress hydrique
(Davidson et Johnson, 1996). La plante requiert un bon ensoleillement, entre 5
et 10 heures de soleil par jour ou 12 heures de lumière artificielle
(Copsey et Lerner, 2002 ; Serre, 1999).
1.5 Culture du basilic
1.5.1 Les travaux du sol
La production du basilic requiert un sol léger, bien
drainé et riche en matière organique (Koudjéga, 2004). Une
bonne préparation du sol par des travaux superficiels ou profonds est
donc indispensable pour le développement optimum de la culture.
1.5.2 Le semis
Le basilic se multiplie de préférence par
semences. Plusieurs densités de semis sont pratiquées : 50 cm
à 60 cm x 15 cm à 30 cm (Davidson et Johnson, 1996; Serre,
1999).
En Turquie, Gill et Randhawa (2000) ont montré que la
meilleure production de matière sèche de basilic est obtenue avec
une densité de 40 cm x 20 cm. Arabici et Bayram (2004)
révèlent qu'un schéma d'installation de 20 cm x 20 cm
donne une meilleure production. Selon ces auteurs, on a à cette
densité, en une coupe du basilic, la meilleure production de
matière fraîche du plant (4 197.5 kg.ha-1), la
meilleure production de matière sèche du plant (1078.6
kg.ha-1), la meilleure production de matière sèche de
la feuille (67 1.1 kg.ha-1), le meilleur rendement en huile
essentielle (5,164 l.ha-1) et la meilleure teneur en huile
essentielle (0.826%).
La profondeur de semis doit se situer entre 5-6 mm et les
graines doivent être recouvertes très légèrement de
terre (Simon, 1995; Davis, 1997; Serre, 1999). En fonction de la profondeur de
semis et le type de sol, la levée du basilic a lieu entre le 5è
et le 14è jour après le semis (Simon, 1995; Youger-Comaty, 2001).
En production à grande échelle une densité de 84 000
plants par hectare peut être couverte (Dzotsi et al., 2004).
1.5.3 La production du basilic
En début de végétation, la croissance
initiale est lente. Mais le taux de croissance s'élève
significativement après la mise en place des premières vraies
feuilles (Dzotsi et al., 2004).
Adam (2003) a établi un calendrier de la culture du
basilic en se basant sur un certain nombre d'études
réalisées à Cornell (USA). Selon ce calendrier, le basilic
peut être transplanté à partir de 21è jour
après le semis et met 84-90 jours entre le semis et la 1ère
récolte. La 1ère récolte et la 2è
récolte sont espacées de 7 à 14 jours. L'objectif de la
culture détermine la période de la 1ère
récolte. Dans les systèmes de production où les feuilles
sont recherchées, la croissance latérale est favorisée en
levant, par coupes régulières, la
dormance apicale lorsque les herbes ont 12 cm de haut (Simon,
1995). Aussi les fleurs doivent-elles être enlevées
régulièrement (Adam, 2003).
Dzotsi et al. (2004) ont dressé un tableau des
principaux facteurs influençant les processus de croissance et de
développement du basilic (Tableau 1) et on y constate que la
fertilisation et l'eau affectent fortement la croissance du basilic.
Refaat et Saleh (1997) rapportent que le stress hydrique
réduit la croissance du basilic alors que Dzotsi et al (2004)
font état de l'influence variable du climat, de la variété
cultivée et de la façon culturale sur la croissance du basilic
dans le temps et dans l'espace.
Une bonne croissance et un bon développement du basilic
nécessitent donc une bonne connaissance du climat et la maîtrise
du sol, de l'eau et de la fertilisation.
Tableau 1 : Principaux facteurs
influençant les processus de croissance et de
développement du basilic.
Facteurs Influences sur la culture
Déficit d'eau Sensibilité très
élevée. Un déficit modéré peut se traduire
par un bon développement
avec des feuilles présentant une couleur verte
foncée mais dure.
Excès d'eau Mauvais établissement de la culture ;
ralentissement de la croissance.
Surdose de 4 Sacrifice de l'arôme en faveur de la
croissance
fertilisation 4 Entraînement d'une accumulation de nitrates
dans la plante
(NPK) 4 Favorisation du développement des maladies,
fongiques surtout
Surdose d'azote Sensibilité du produit aux chocs
mécaniques.
Forme de la fumure azotée
|
4 Azote d'origine ammoniacale :
décroît le rendement des pétioles et tiges ainsi que la
teneur en huile essentielle des feuilles, comparé à l'azote
d'origine nitrique
4 Sulfate d'ammonium : accroît la taille
du plant
4 Nitrate de calcium : favorise une accumulation
plus importante des nitrates dans les feuilles
|
Source : Dzotsi et al., 2004
1.5.4 L'entretien et les traitements phytosanitaires
L'entretien du basilic se fait au moyen de pratiques
culturales conventionnelles. Lorsque les plants de basilic atteignent 5-10 cm
de haut, un binage est conseillé pour aérer le sol (ITEIPMA,
1992). La présence d'a dventices dans la culture compromet la
qualité du produit de récolte rendant indispensable le
désherbage du basilic (Darrah, 1984; Simon, 1995).
La couverture du sol par mulch permet de maintenir
l'humidité du sol et de contrôler les mauvaises herbes (Simon,
1995). La pratique de fortes densités est aussi une méthode de
contrôle des adventices. (Koudjéga, 2004)
L'attaque des nématodes, le mildiou, et la fusariose
constituent les problèmes phytosanitaires fréquents du basilic.
L'usage de produits chimiques appropriés permet de maîtriser ces
attaques (Dzotsi et al., 2004 ; Koudjéga, 2004). Cependant,
selon Dzotsi et al (2004) et Koudjéga (2004), certaines
dispositions techniques permettent de réduire les attaques parasitaires
:
4 L'utilisation de brises vents et d'abri contre la pluie
(rain shelters) pour la protection contre l'expansion des agents
pathogènes par le vent et l'eau,
4 L'élimination des plants malades dans le champ pour
empêcher la propagation de l'inoculum,
4 Le contrôle de l'humidité,
4 La pratique de la rotation culturale.
1.5.5 La récolte et la conservation
La récolte du basilic a lieu lorsque les plantes ont
atteint au moins 15 cm de haut. Si le basilic est cultivé pour ses
feuilles, la coupe s'effectue juste avant l'apparition des premières
fleurs. La coupe doit s'effectuer de manière à favoriser la
repousse en laissant des noeuds sur la tige (Koudjéga, 2004).
Le nombre de coupe est de 1-3 dans les régions
tempérées tandis que dans les régions tropicales, on peut
aller jusqu'à 8 coupes. Sur sols s ableux du littoral togolais, des
maraîchers auraient fait jusqu'à 12 coupes. (op. cit.)
Les rendements en matières fraîches des feuilles
du basilic, en zones tempérées, sont de l'ordre de 15 -20
t.ha-1, avec une teneur en huile essentielle des feuilles
sèches de 0,7 % (ITEIPMAI, 1992).
Vömel et Ceylan (1977) ont rapporté un rendement
en matière fraîche en une coupe du plant de basilic de 1551
kg.ha-1 alors que Serin et Özgüven (1997) donnent un
rendement en matière sèche des feuilles de basilic de 173,78
kg.ha-1. Tans et Nacar (2000) révèlent un rendement du
plant sec de basilic de 571,52 kg.ha-1.
Sur les exploitations de Daregal Equatorial au Togo, les
rendements en feuilles fraîches de basilic sont de 8-18 t.ha-1
(Koudjéga, 2004). Le rendement potentiel est estimé à 25
t.ha1 (Dzotsi et al., 2004).
Le basilic se conserve sous forme séchée. Le
séchage lui fait perdre sa saveur mais renforce la menthe (Serre, 2001).
Le basilic frais se conserve au réfrigérateur et il a tendance
à noircir. A Daregal Equatorial, la conservation par surgélation
du basilic est utilisée pour l'exportation.
1.6 Contrainte de production du basilic au Togo
Les facteurs qui influencent la croissance des cultures et leurs
rendements potentiels sont de trois ordres :
4 Facteurs liés au climat
4 Facteurs liés à la plante
4 Facteurs liés au sol
Les facteurs climatiques sont, en général,
difficiles à contrôler (sauf en serre). Le producteur peut, par
contre, influencer sa productivité par la gestion de la plante et du
sol. Il suffit d'identi fier et de réduire ou éliminer le facteur
qui limite le rendement potentiel (Tableau 2). Le basilic ne se soustrait pas
à ces facteurs. Plus particulièrement au Togo, le potentiel de
production est miné par la limitation des terres disponibles, le manque
de variétés améliorées, la dégradation de la
fertilité des sols, la gestion inappropriée de l'eau et les
pratiques agronomiques, et les problèmes phytosanitaires.
Tableau 2 : Facteurs affectant la croissance et
le rendement potentiel des cultures
|
Facteurs liés au climat
|
|
Facteurs liés au sol
|
|
Facteurs liés à la plante
|
4
|
Précipitation :
|
4
|
Matière organique
|
4
|
Espèce/variété
|
|
- Quantité
|
4
|
Texture
|
4
|
Date de semis
|
|
- Répartition
|
4
|
Structure
|
4
|
Dose de semis et géométrie de
|
4
|
Température
|
4
|
Capacité d'échange cationique
|
|
semis (Ecartement entre lignes)
|
4
|
Humidité relative
|
4
|
Taux de saturation en bases
|
4
|
Qualité des semences
|
4
|
Lumière
|
4
|
Pente et topographie
|
4
|
Evapotranspiration
|
|
- Quantité
|
4
|
Température du sol
|
4
|
Disponibilité en eau
|
|
- Intensité
|
4
|
Aménagement du sol :
|
4
|
Eléments nutritifs
|
4
|
Durée
|
|
- Travail du sol
|
4
|
Etat sanitaire ( Insectes, Maladies,
|
4
|
Altitude/latitude
|
|
- Drainage
|
|
Mauvaises herbes)
|
4
|
Vent :
|
|
- Autres
|
4
|
Efficience de la récolte
|
|
- Vélocité
|
4
|
Profondeur
|
|
|
|
- Distribution
|
|
|
|
|
4
|
Concentration en CO2
|
|
|
|
|
Source : Moughli, 2003
S'il est plus facile de décider de l'utilisation d'une
variété de culture donnée, de la date de semis ou encore
de l'état sanitaire de la culture, il n'est pas aisé du tout de
gérer, avec autant de précision, le facteur sol.
1.7 Nutrition du basilic
1.7.1 Les besoins nutritionnels des plantes
Tous les éléments nutritifs que la plante utilise
proviennent de l'air, de l'eau et du sol (Moughli, 2003). Les besoins des
végétaux sont de deux ordres :
· La quantité de nutriments que la plante absorbera
réellement et intégrera à sa biomasse qu'on appelle
absorption
· La quantité de nutriment qui doit malgré
tout être présente dans le sol afin de permettre à la
culture d'atteindre son rendement maximal potentiel que l'on désigne
sous le terme de marge de sécurité
Pour connaître les besoins généraux d'une
culture, il faut faire la somme de l'absorption et de la marge de
sécurité (Tremblay et al, 2001)
Il existe plus d'une centaine d'éléments chimiques,
mais seulement 17 sont essentiels pour le développement des plantes
(Tableau 3) (Jones et Jacobsen, 2001).
Ces constituants se classent suivants leurs fonctions en (Jones
et Jacobsen, 2001 ; Moughli, 2003) :
4 Eléments de structure : ils forment la
charpente du végétal et proviennent de l'eau et de l'air :
Carbone (C), Oxygène (O) et l'Hydrogène (H) (95% de la
matière sèche) ;
4 Eléments nutritifs minéraux : ils
proviennent en grande partie du sol et sont impliqués dans toutes les
fonctions métaboliques. On a :
- Les macroéléments : N, P, et K (3% de la
matière sèche)
- Les mésoéléments : Ca, Mg et S
(0,8% de la matière sèche) - Les
microéléments : Fe, Zn, Mn, Cu, B, Cl, Mo et Ni.
Il se dégage que l'essentiel des besoins de la plante
provient du sol. La majeure partie de ces besoins se résume aux
macroéléments N, P et K qui représentent à eux
seuls 60% des éléments nutritifs minéraux. Le sol doit
donc pourvoir aux plantes ces nutriments pour qu'il y ait une bonne
production.
Tableau 3 : Eléments essentiels,
rôle dans la plante et leurs sources
Eléments Rôle dans la plante
Sources
Carbone (C) Constituant des hydrates de carbone ;
nécessaire pour la photosynthèse Air
Hydrogène (H) Maintient l'équilibre de la pression
osmotique ; Important dans de Eau
nombreuses réactions biochimiques ; constituant des
hydrates de carbone
Oxygène (O) Constituant des hydrates de carbone ;
nécessaire à la photosynthèse Air/eau
Azote (N) Constituant des protéines, chlorophylle et
acides nucléiques Air/sol
Phosphate (P) Constituant de nombreuses protéines,
coenzymes, acides nucléiques, et Sol substances métaboliques ;
important pour le transfert d'énergie
Potassium (K) Intervient dans la photosynthèse, dans la
translocation des hydrates de Sol
carbone, dans la synthèse des protéines etc.
Calcium (Ca) Composant de la paroi cellulaire ; joue un
rôle dans la structure et la Sol
perméabilité des membranes
Magnésium (Mg) Activateur d'enzyme; composant de la
chlorophylle Sol
Soufre (S) Important composant de la protéine
végétale Sol
Bore (B) Considérer comme important dans la translocation
des sucres et dans le Sol métabolisme des hydrates de carbone
Chlore (Cl) Intervient la production de l'oxygène lors de
la photosynthèse Sol
Cuivre (Cu) Un catalyseur pour la respiration ; composant de
différents enzymes Sol
Fer (Fe) Intervient dans la synthèse chlorophyllienne et
des enzymes pour le Sol transfert des électrons
Manganèse (Mn) Contrôle beaucoup de réactions
du système d'oxydo -réduction et de la Sol
photosynthèse
Molybdène (Mo) Intervient dans la fixation de l'azote et
la transformation du nitrate en Sol
ammonium
Nickel (Ni) Nécessaire pour le bon fonctionnement des
enzymes, de l'uréase et est Sol
nécessaire pour la germination des graines
Zinc (Zn) Intervient dans le système enzymatique qui
régule différentes activités Sol
métaboliques
Source: Jones et Jacobsen, 2001
1.7.2 La gestion des nutriments du sol
Le stock de nutriment disponible dans le sol est une
résultante de la dynamique des éléments nutritifs,
déterminée par les approvisionnements internes
(minéralisation de la matière organique du sol) et externes de
nutriments (apports de fumures), les absorptions des plantes et les pertes
diverses (lixiviation évaporation, drainage, etc.) (FAO, 1999). Tous ces
mouvements de nutriments font que le stock de nutriments disponible pour la
culture varie constamment et il mérite d'être renouvelé et
adapté aux besoins. Par ailleurs, lorsqu'on étudie un sol de
même nature, on se rend compte que sa composition chimique et
physique varie d'un endroit à l'autre (Dobermann et
al., 2000). Toutes ces variabilités de la fertilité du sol
avec un potentiel nutritionnel limité demande une gestion afin de
pouvoir canaliser pour le mieux les interventions.
Une bonne gestion des nutriments doit prendre en compte
l'état fertilitaire du sol en place et les approvisionnements en
fertilisants aussi bien organiques que minéraux (Janssen, 1993).
La gestion de nutriment suivant l'approche SSNM (Season or
Site Specific Nutrient Management) est une technologie contemporaine en
vogue qui vise une gestion dynamique des nutriments sur chaque parcelle
spécifique, au cours d'une saison donnée afin d'optimiser les
besoins et l'apport de nutriments selon l'évolution des cycles des
éléments nutritifs dans le système sol-culture (Dobermann
et White, 1999).
Cette approche répond mieux aux exigences des cultures
tout en respectant l'environnement dans la mesure où les pertes ou les
carences de nutriments sont très bien canalisées.
1.7.3 Les recommandations de fumures
Les besoins en nutriment du basilic sont continus le long de sa
croissance. Et sa production requiert une disponibilité permanente de
nutriments (Dzotsi et al., 2004).
La fertilisation minérale dépend du type de sol
et de sa richesse initiale (Darrah, 1984 ; Simon et al., 1995). Le
niveau de fertilité initiale du sol peut être obtenu par l'analyse
de sol ou des plantes et cela permet une fertilisation tactique adaptée
aux exigences nutritionnelles du basilic. L'apport de matière organique,
du fait des effets bénéfiques qu'elle exerce sur le sol et la
plante, est un grand atout pour une fertilisation appropriée (Dzotsi
et al., 2004)
Dans certaines régions des USA, on utilise une
combinaison de N, P, et K de 120-120- 120 kg.ha-1 (proportion de
1-1-1) avec un apport de 50-75 kg.ha-1 de N après chaque
coupe (Simon, 1995). Le basilic répond mieux aux fumures
modérées. Une forte fumure affecte négativement la
qualité du produit de récolte (Tableau 1).
Les expériences de Tesi et al. (1995)
réalisées sur la fertilisation du basilic (variété
Genovese) en culture hydroponique en serre, ont montré que la
combinaison N-P-K dans une proportion de 1-1-2, produit un meilleur effet sur
la croissance du basilic. En culture hydroponique, AgroDynamics (1988)
recommande une combinaison de N-P-K de 2 10-80- 275 mg.L-1.
Pour Cox (2001), de meilleure croissance et de meilleurs
rendements s'obtiennent avec deux applications par semaines, du semis
jusqu'à la récolte, de NPK à des doses de 20-20- 20
kg.ha-1 ou de 20-10-20 kg.ha-1 à partir du
repiquage.
Koudjéga (2004) recommande, en fonction des sols et de
leur histoire, les doses suivantes de N, P et K dans la région maritime
du Togo :
· Sol ferrallitique avec précédent
cultural, Mucuna : 200-30-125 kg.ha-1 avec application de
20 t.ha-1 de bouse de vache;
? Sol ferrallitique avec précédent cultural,
niébé : 400-0-0 kg.ha-1 avec 20 t ha-1 de
bouse de vache et 200-30-125 kg.ha-1 sans bouse de vache;
4 Sol sableux avec précédent cultural, basilic ou
Mucuna : 200-30-125 avec ou sans application de fumier,
4 Sol argilo-sableux, nouvellement défriché :
200-30-125 kg ha-1.
Darégal Equatorial pratiquait des doses de N-P-K de
l'ordre de 300 -75-175 kg.ha-1 en plus de 20 t.ha-1 de
bouse de vache pour la production de feuilles de basilic en six coupes sur le
littoral togolais. A Adétikopé, ce sont de semblables doses de
N-P-K qui sont apportées.
1.7.4 Les limites des recommandations de fertilisants
La cause fondamentale de l'inefficacité des
recommandations de fumures provient du fait que ces recommandations sont issues
des essais conduits dans des champs expérimentaux où les
conditions sont généralement différentes des sites de
culture. L'extrapolation de ces résultats à d'autres
régions engendre une inadéquation parfaite des recommandations du
fait de la diversité des conditions édaphiques, climatiques,
agronomiques et même socio-économiques (Witt et al.,
1999). Le facteur humain ne doit pas être ignoré. Le producteur
peut, à tout moment, déformer les recommandations comme bon lui
semble. Dans ces conditions, une estimation généralisée
des besoins du basilic dérivant d'un seu l site d'expérimentation
risque de sous -estimer ou de surestimer les besoins réels de la
culture. Une application luxuriante d'un nutriment ou d'un autre va
résulter en une mauvaise utilisation de tous les nutriments. Il faut
donc un équilibre entre eux.
La diversité des sites et la diversité des
producteurs compliquent donc la situation. Lorsqu'on intègre dans
l'évaluation des besoins tous ces facteurs, le calcul devient trop
compliquer pour de simples exploitants. On fait appel alors aux Outils d'Aide
à l a Décision (OAD) qui rendent la tâche plus
aisée.
1.8 Outils d'Aide à la Décision
Dans le domaine de la modélisation, les Outils d'Aide
à la Décision (OAD) sont des systèmes informatiques
(modèles) conçus pour assister l'utilisateur dans la
résolution de problèmes complexes et aider dans la prise de
décisions particulières (Newman et al. 1999). Ils
offrent les possibilités d'explorer le futur et pourvoient une base de
référence.
La thématique de la modélisation fait appel
à des terminologies qu'il convi ent d'expliquer.
1.8.1 Terminologie
1.8.1.1 Approche système
Un système est un ensemble d'éléments
inter -agissants en harmonie de telle sorte qu'une affectation d'un
élément entraîne un changement conséquent du
comportement de l'ensemble. (Jones et Luyten, 1998 ; Struif-Bontkes, 1999)
Le système est circonscrit dans le temps et dans
l'espace et ses limites sont voulues par le concepteur suivant l'objectif
visé en vue d'étudier une partie du monde réel (Penning de
Vries et Robbing, 1995 ; Jones et Luyten, 1998).
L'approche système est une méthode de recherche
souvent interdisciplinaire, qui demande la perception d'un sujet (un
problème) de manière globale comme un système afin de
mieux l'étudier (Struif-Bontkes, 2001).
Pour étudier une problématique, par exemple la
fertilité d'un sol pour une culture donnée, on peut
définir le système sol-plante et circonscrire les limites de ce
système. On étudiera alors toutes les actions au sein du
système défini et les facteurs qui agissent sur ce
système.
1.8.1.2 Modélisation et simulation
La modélisation est l'activité qui consiste
à convertir un système défini en un modèle (Dzotsi,
2002). Le modèle est une représentation mathématique d'un
système (Jones et Luyten, 1998).
La simulation est l'imitation du comportement réel d'un
système (Jones et Luyten, 1998 ; Struif-Bontkes, 2001). Elle consiste
à faire voir les états successifs d'un système
défini, grâce à la conversion en un ensemble de relations
mathématiques des données définissant l'état
initial (Delforg e, 1984; Struif-Bontkes, 1999).
1.8.2 Elaboration d'un modèle
Il n'existe pas une seule méthode spécifique
pour développer un modèle. La méthode à utiliser
dépend des objectifs et des circonstances (Struif-Bontkes, 2001). Nous
proposons ici l'approche décrite par Jones et Luyten (1998).
a- Définition des objectifs de
départ
Il est essentiel de débuter par les raisons motivant le
choix des modèles pour résoudre le problème posé
car tout le reste du travail se base sur cette étape initiale. Il est
aussi important à cette phase de décrire explicitement les
problèmes à résoudre et leur gestion ainsi que les
résultats auxquels on s'attend de la part du modèle (Jones et
Luyten, 1998).
b- Définition du système à
étudier
On définit à cette étape les composantes
du système et ses limites. Il faut décrire aussi les
échanges (flux entrants et sortants) que le système effectue avec
son environnement. Il est important de savoir que toute information
additionnelle nécessite une redéfinition du système
à étudier (Jones et Luyten, 1998).
c- Revue de la littérature
En prélude au développement du modèle,
il est nécessaire de procéder à une recherche documentaire
en vue d'acquérir des informations sur les études
antérieures. A cette étape, on établit des
caractéristiques du système. La revue de littérature
permet de définir les paramètres inconnus ou de juger de la
pertinence de certains paramètres du modèle (Jones et Luyten,
1998).
d- Développement du
modèle
Dans cette étape, il est conseillé d'utiliser
des diagr ammes représentants les éléments du
système et de définir les relations entre ces
éléments. La représentation mathématique du
système sera développée incluant les fonctions et les
relations spécifiques à utiliser dans le modèle. Les
essais en milieux réels sont nécessaires pour avoir les
données permettant d'estimer les paramètres et de
développer les fonctions du modèle. Ces paramètres et
fonctions seront traduits en langage informatique pour simuler le comportement
du système réel étudié (Jones et Luyten, 1998).
e- Evaluation de la précision du
modèle
L'évaluation d'un modèle se définit en terme
de vérification, de calibrage et de validation du modèle
(Sogbédji et al., 200 1ab).
La vérification d'un modèle se réfère
à la reproductivité par le modèle à 95 %
près des données ayant servi à son
développement.
Le calibrage consiste à ajuster les paramètres
du modèle afin qu'il y ait peu de différence entre les
prédictions du modèle et les mesures réelles prises au
sein du système (Jones et Luyten, 1998; Frei, 2003). Il est
également l'ensemble des processus permettant de rendre un modèle
capable de mieux imiter la réalité. (Sinclair et Seligman,
2000).
Un modèle publiable est dit « validé »
en ce sens qu'il est bien monté ou justifié suivant les
théories scientifiques (Merriam-Webster, 1998). On procède
à la validation d'un modèle par la comparaison des valeurs
prédites du modèle avec des données expérimentales
issues du système prédéfini, et qui n'ont aucunement servi
ni au calibrage ni au développement du modèle (Jones et Luyten,
1998). L'objectif de la validation est non seulement de déterminer la
précision de la capacité prédictive du modèle mais
aussi de tester le comportement du modèle vis-à-vis de la
réalité (Monteith, 1996; Sinclair et Seligman, 2000). La
validation est admise comme l'ultime et le légitime test d'un
modèle dans des conditions spécifiques, en vue de son usage
général (Oreskes et al., 1994; Dzotsi,
2002). La validation d'un modèle est un test de la
performance de celui -ci par rapport aux objectifs de son
développement.
Des tests statistiques sont utilisés pour
vérifier si le comportement du modèle est différent du
comportement du système réel. Aucun test ou combinaison de tests
statistiques n'est défini comme étant valable pour
l'évaluation d 'un modèle. Le niveau de confiance acceptable est
établi normalement par une série de jugements et de modifications
subséquentes jusqu'au moment où le modèle répond
usuellement au support décisionnel pour lequel il est
développé (Jury et al., 1986; Saleh et al.,
1990).
La tendance actuelle développée par de grands
auteurs de modèles sur la précision de ceux-ci préconise
l'usage du terme « validation » uniquement pour les modèles
qui sont universellement admis et éprouvé. Le terme usuté
en remplacement est « test de la performance ». C'est ce dernier
terme qui sera utilisé dans notre étude.
f- Analyse de la sensibilité
Cette phase détermine combien les variations des
paramètres du modèle influenceraient les résultats du
modèle (Jones et Luyten, 1998). L'analyse de la sensibilité du
modèle permet de jauger le comportement du modèle suite aux
variations par rapport à l'évolution des conditions
réelles.
g- Application du modèle
Il est souhaitable que cette phase soit confiée
à des personnes n'ayant pas p articipé au développement du
modèle. Il est important d'établir un guide d'utilisation qui
précise l'objectif original et le système de
référence pour qu'on puisse comprendre aisément le
système étudié (Jones et Luyten, 1998). Il est important
de procéder à une application du modèle afin de
vérifier s'il répond au mieux aux besoins pour lesquels il est
développé.
1.8.3 Type de modèle
Il existe plusieurs types de modèles. Les
modèles peuvent être statiques (définissant l'état
d'un système à un moment donn é) ou dynamique (imitant
l'évolution des phénomènes dans un système). En
fonction de la nature de la description du système, on peut regrouper
les modèles en quatre catégories (Dzotsi, 2002) :
· Les modèles mentaux qui représentent la
vision conceptuelle de son auteur des systèmes réels,
· Les modèles empiriques qui décrivent des
systèmes réels de manière simpliste
· Les modèles structuraux qui dépeignent la
hiérarchisation d'un système du général au
spécifique,
· Les modèles mathématiques qui
décrivent quantitativement des systèmes en utilisant des
formules, des paramètres, des coefficients ou des équations. Les
calculs peuvent être parfois très complexes de sorte qu'on fasse
recours à l'ordinateur.
1.8.4 Utilisation des
modèles
Les modèles ont une grande importance car il existe
des systèmes ou des processus dont la description dépasse les
compétences de la science traditionnelle basée sur l'observation
et l'interprétation et pour lesquels les modèles peuvent
s'appliquer.
L'utilisation des modèles est répandue d ans
plusieurs domaines (Ingénierie, Economie, Médecine, Agronomie,
etc.). On peut envisager l'utilisation des modèles sous trois aspects :
outils de recherche, outils d'enseignement et outils d'aide à la
décision (OAD).
Pour des fins de recherche, les modèles permettent de
faire des prévisions (Lamboni, 2002), de faire des analyses de risques
(Dzotsi, 2002), de tester les hypothèses et d'aider à concevoir
les expérimentations (Sinclair et Seligman, 1996 ; Ezui, 2001).
Pour des fins pédagogiques, les modèles de
simulation permettent d'imiter le cycle de déroulement d'un
phénomène donné (Lamboni, 2002) et cet usage des
modèles est d'une importance capitale pour l'enseignement afin de
démontrer les aspects insaisissables dans l'espace et dans le temps.
Nombre de modèles utilisés dans la recherche
sont promus pour leur aptitude à faciliter les prises de
décision. Penning de Vries (1990) et Matthews et al. (2000)
classent les modèles suivant trois types de décisions
définies dans le temps :
? Les décisions opérationnelles : décision
prise par exemple au cours d'une saison culturale,
? Les décisions tactiques : décision prise une
fois par saison par exemple,
? Les décisions stratégiques : décision
prise pour plusieurs années par exemple.
Dans un but décisionnel, les modèles peuvent
être utilisés pour faire des recommandations à la carte. La
fertilisation à la carte se réfère tout simplement au
développement et à la vulgarisation de multiples options de
fumures sur la base de l'agrotechnologie dans le but de réaliser une
fertilisation raisonnée.
Lamboni (2002) prévient que les outils d'aide à
la décision (OAD) doivent être utilisés avec
précaution et qu'il est indispensable de garder à l'esprit que
les OAD ne peuvent suppléer complètement l'activité de
prise de décision du décideur. Les modèles aident donc
à orienter la prise de décision.
1.8.5 Quelques approches de formulation des
recommandations de fumure 1.8.6.1 L'approche statistique
Pour évaluer la fertilité du sol, il est
nécessaire de connaître les relations entre les
propriétés du sol et le rendement économique
généré par ces propriétés. Cette relation
est souvent identifiée par l'analyse chimique des sols et par des essais
agronomiques. Les relations qui existent entre les paramètres du sol et
le rendement de la culture sont déterminées de manière
statistique. C'est une approche qui est très utilisée de par le
monde.
L'inconvénient de cette approche est qu'elle prend
beaucoup de temps pour être efficace et qu'elle est très
onéreuse. De plus, les résultats trouv és ne sont
applicables que dans la seule zone d'étude (Janssen et al.,
1992).
1.8.6.2 L'approche
mécaniste
C'est une approche qui demande d'établir une
corrélation entre les facteurs entrant dans le développement de
la culture. Ceci demande la description des processus majeurs en action dans le
sol et dans la plante en relation avec les paramètres du sol, et les
conditions environnementales (Janssen et al, 1992).
C'est cette approche mécaniste qui a abouti aujourd'hui
à ce que nous appelons les modèles.
Ces modèles sont scientifiquement très
intéressants et peuvent être utilisés dans
différentes régions. Dans la pratique, ces modèles sont
difficiles à obtenir car ils demandent un niveau d'éducation
élevé de la part de son utilisateur et sont très
onéreux. (Janssen et al, 1992).
Le modèle QUEFTS
Un exemple de modèle généré pour
des fins décisionnelles par l'approche mécaniste est le
modèle QUEFTS. QUEFTS (Quantitative Evaluation of the Fertility of
Tropical Soils) est un modèle statique qui permet d'établir
la corrélation entre le rendement et la fourniture de nutriments en
quatre étapes en prenant en compte les facteurs limitant l'acquisition
et l'utilisation de ces nutriments. (Janssen et al., 1990). Le
modèle était originellement développé pour calculer
le rendement du maïs en fonction de la disponibilité de nutriments
provenant du sol et des sources de fertilisants. QUEFTS est également
capable d'estimer les besoins en fertilisants pour atteindre un rendement
donné (Janssen et Guiking, 1990 : Smaling et Janssen, 1993 : Witt et
al., 1999).
Le module DSSB
Des études menées par l'IFDC en collaboration
avec Darégal Equatorial, ont permis de développer un module
statique pour aider à prendre des décisions tactiques concernant
les besoins en N, P et K du basilic. Il s'agit du module DSSB (Decision
Support Spreadsheet for Basil) développé à partir des
données recueillies sur un site (argileux) de production de
Darégal Equatorial (Dzotsi et al., 2004 ; Koudjéga,
2004).
La nutrition des plantes décrit deux situations
(accumulation et dilution) et l'équilibre nutritionnel se trouve quelque
part entre les deux limites extrêmes. Faute de données pour
décrire les limites d'accumulation et de dilution des nutriments dans le
basilic, il a été utilisé pour ce module, une nutrition
moyenne issue de la régression linéaire des points
représentants la relation entre l'absorption et le rendement. Cette
moyenne ne représente pas forcément la situation
d'équilibre qui s'exprimerait par une efficacité interne
optimale. Le module calcule les besoins en N, P et K de manière
isolée. Il ne prend pas en compte l'interaction entre les nutriments
dans son estimation des besoins de la culture. Ceci explique le souci de
reconsidérer les concepts mathématiques qui soutendent ce
module.
Les paramètres utilisés dans ce module sont
dérivés des résultats obtenus sur un site argileux aux
conditions particulières. Ces paramètres ne sont donc pas
forcément applicables dans d'autres conditions. La variabilité
spatio -temporelle de la fertilité du sol et
des conditions de culture n'est pas l'apanage de ce module.
Ceci engendre la nécessité de calibrer et de tester la
performance de ce module.
En prenant en compte les interactions des nutriments et en
utilisant les limites convenables d'accumulation e t de dilution, il est
possible de réduire considérablement les failles induisant les
contraintes à l'utilisation du module DSSB. Ceci constitue l'essence de
cette recherche.
Nous allons décrire dans les lignes qui suivent les
matériels et les méthodes utilisés pour la conduite de
cette étude.
CHAPITRE 2 :
MATERIELS ET METHODES
2.1 Présentation du module
Le Centre International pour la Fertilité des Sols et
le Développement Agricole (IFDC) et Darégal Equatorial (Une
Société agro-alimentaire française) ont, en partenariat,
conduit des études visant à l'amélioration de la
fertilité des sols pour la production du basilic dans la région
maritime du Togo. Des essais menés dans ce cadre sur un sol argileux au
cours de deux saisons consécutives de culture, ont permis de
développer un outil d'aide à la décision sous forme de
module statique capable d'aider à la formulation de recommandations de
fumure NPK. Il s'agit du DSSB (Decision Support Spreadsheet for
Basil). Le module est développé sur la base de concepts,
inspirés fondamentalement de QUEFTS (Witt et al., 1999), qui
tournent autour de trois paramètres agronomiques constituant les
clés qu'utilise l'outil d'aide à la décision (OAD).
2.1.1 Les bases théoriques du module
2.1.1.1 La fertilité du sol
La nutrition des plantes est souvent
caractérisée par le niveau de fertilité du sol et sa
variabilité dépend de la disponibilité du nutriment dans
le sol, de la pratique culturale et du climat (Witt et al., 1998)
La fertilité du sol traduit généralement
les potentialités du sol à mettre à la disposition des
plantes les nutriments dont elles ont besoins pour leur croissance et leur
développement. Lorsqu'on n'apporte pas d'engrais (organique ou
minéral) au sol, la plante se nourrit de l'approvisionnement propre au
sol. Il y a donc une distinction à faire entre la fertilité
inhérente au sol et la fertilité en condition d'apport de
fertilisants. La fertilité initiale du sol est une résultante de
l'usage du sol dans le temps et de sa constitution (physique et chimique) dans
l'espace. L'estimation des besoins en nutriments du basilic doit prendre en
compte ces aspects afin d'éviter des surdoses d'engrais susceptibles
d'affecter négativement sa production ou l'env ironnement.
Les fertilisants apportés au sol sont soumis à
la dynamique de nutriments. Le complexe absorbant fixe une portion des engrais
dépendant de sa qualité. Ces engrais peuvent aussi se perdre par
divers phénomènes (immobilisation par les sesquioxydes,
lixiviation, drainage, percolation, etc.). Finalement, il n'est disponible
à la culture qu'une fraction des fertilisants apportés. C'est en
fonction de la force de succion des racines et de la disponibilité des
fertilisants que la culture prélève ses nutriments. Il en
résulte donc que, des engrais apportés, seule une fraction sera
absorbée par la culture. Cette portion de fertilisant puisée par
la culture représente le taux de recouvrement des engrais.
Les besoins en N, P et K du basilic sont satisfaits par
l'approvisionnement propre au sol et la portion de fertilisants apportés
que la culture parviendrait à absorber du sol. Il importe de bien
estimer la capacité propre au sol car elle permet de faire une
estimation juste du complément nutritionnel à apporter à
la culture.
La capacité du sol à fournir N, P et K et le taux
de recouvrement des engrais, sont deux des clés qu'utilise l'OAD pour
l'estimation des besoins.
2.1.1.2 Le climat
L'influence de la saison sur la production d'une culture est
une év idence puisse qu'elle détermine le rendement potentiel de
la culture. Le climat est un facteur incontournable pour le ciblage du
rendement.
Au Togo, la production du basilic du point de vue climatique,
s'effectue en deux saisons (Dzotsi et al., 2004 ; Koudjéga, 2004):
· La saison principale va de décembre à
juin (période de semis décembre à mars) où le
climat est assez favorable et la production est assez bonne avec un rendement
potentiel élevé,
· La saison secondaire va d'août à
février (période de semis août à novembre) où
le climat est moins favorable et le rendement potentiel est faible.
Il est impérieux de tenir compte de cette
saisonnalité pour profiter au mieux du climat et mieux gérer les
apports de fertilisants.
2.1.1.3 La relation entre la teneur du
végétal en nutriments et son rendement
Lorsque la plante absorbe beaucoup de nutriments, elle a
tendance à les emmagasiner. Le rendement dans ce cas ne change pas
grandement pour une plus grande absorption de nutriment : c'est l'effet de l'
accumulation des nutriments. Mais lorsqu'elle ne dispose que de petite
quantité de nutriment, elle la gère mieux et l'on constate qu'une
petite augmentation de l'absorption entraîne une très grande
augmentation des rendements : c'est l'effet de la dilution des
nutriments. (Janssen, 2003)
Entre ces deux phases de nutrition (accumulation et dilution)
déterminant les limites de nutrition pour la plante, se trouve une phase
d'équilibre qui décrit une utilisation optimale des nutriments
absorbés (op. cit.). Il est à noter que cette relation est
similaire pour tous les éléments nutritifs et seule la forme de
la courbe changera avec l'élément en question (Moughli, 2003).
La relation entre l'absorption de nutriment et le rendement,
est supposée être linéaire pour de faible niveau
d'absorption. Cette relation tend à fléchir lorsque le rendement
de la plante s'approche de son rendement potentiel (Figure 1) (Witt et
Dobermann, 1998). La relation entre la teneur du basilic en nutriment et son
rendement constitue l'efficacité interne du basilic. C'est un
paramètre propre à la culture et il permet de mesurer
l'efficacité d'utilisation des nutriments par la culture.
L'efficacité interne est l'un des clés qu'utilise l'OAD. Dans ce
module, tel que le préconise Witt et al. (1999),
l'efficacité interne du basilic exclut toute absorption minimale
à satisfaire avant l'obtention du rendement économique de
même que la partie curviligne de l'efficacité interne optimale.
23
Figure 1 : Teneur du végétal en
nutriment en relation avec le rendement Source : Moughli
(2003)
2.1.1.4 Le système
étudié
Les bases théoriques développées ont permis
de concevoir le système sol-climatculture. Ce système est ouvert
et effectue des échanges avec l'environnement (Figure 2).
Fumures, Production
Eau, etc. économique
Fertilité inhérente au sol Taux de
recouvrement des engrais
Rendement Efficacité interne
CLIMAT CULTURE
SOL
Figure 2 : Le système
Sol-Climat-Culture
Il se dégage de l'analyse de ce système, quatre
paramètres agronomiques qui sont :
· Le rendement : il dépend des conditions
climatiques.
· La fertilité inhérente au sol : c'est la
cap acité propre au sol à fournir les nutriments.
· Le taux de recouvrement des engrais : la fraction
d'engrais que la culture est capable d'absorber.
· L'efficacité interne de la culture : c'est
un coefficient qui traduit l'aptitude de la culture à transformer en un
rendement économique, une quantité donnée de nutriment
absorbé.
Ce sont ces quatre paramètres qui constituent les
clés de la fertilisation à la carte du basilic.
2.1.2 Les concepts mathématiques dans le module
DSSB
2.1.2.1 Les concepts de base du module initial
Dans ce module initial, en divisant le rendement ciblé
par l'efficacité interne de N, P et K, on détermine les
quantités de N, P et K que la plante doit absorber pour atteindre ce
rendement. On retranche de ces absorptions de N, P et K respectivement la
quantité de N, P et K fournis par le sol en place. Au moyen du taux de
recouvrement, on calcule les quantités d'engrais purs dont la plante a
besoin.
En terme mathématique, les besoins en N, P et K (BN, BP
et BK) se calculent de la manière suivante :
BN = [(RC / EIN) - SN] x TRN BP = [(RC / EIP) - SP] x TRP BK =
[(RC / EIK) - SK] x TRK
Où RC signifie rendement à cibler, EIN, P
ou K, efficacité interne de l'azote, phosphore ou potassium ; SN, P ou
K, capacité du sol à fournir l'azote, phosphore ou potassium et
TRN, P ou K, taux de recouvrement de l'azote, phosphore ou potassium.
L'efficacité interne utilisée est la pente de la
droite de regression linéaire des points représentant le relation
absorption-rendement du basilic.
En outre, le N, le P et le K fournis par le sol permet de
calculer un rendement sans engrais en considérant le minimum des
rendements générés par ces trois nutriments (loi du
minimum).
2.1.2.2 Le support informatique
Le module DSSB est monté sur Microsoft Excel
(voir annexe 4) codé à partir de sa base visuelle (Visual
Basic Application) et il permet de calculer les besoins en N, P et K du
basilic en prenant en compte les effets du site, de la saison et de l'apport ou
non d'amendement organique. Les besoins sont calculés en
kg.ha-1 de N, P et K purs et nécessitent d'être
convertis en équivalant d'engrais disponibles avant application.
Ce module comporte une page d'accueil avec les
différentes composantes suivantes:
- Instructions : pour donner les directives
d'utilisation ;
- Module Principal : comporte le shell du
module où les données doivent être entrées pour
faire les calculs ;
- Notes : permet d'insérer des remarques
personnelles sans interférer avec le fonctionnement du module
2.1.2.3 Les concepts principaux dans le module
amélioré
L'amélioration du module est basée sur le
concept d'utilisation efficace de nutriment. Ce concept comprend deux
notions à savoir l'efficacité d'absorption de nutriment
(se traduisant par le ratio d'absorption de nutriment) et
l'efficacité interne d'utilisation de nutriment (se traduisant
par l'efficacité interne optimale) (Janssen, 1998).
L'efficacité interne n'évolue que dans une
limite bien précise pour une culture donnée. A l'extrême,
il faudrait déterminer sa valeur optimale afin d'y confo rmer les
besoins de la plante. Améliorer l'utilisation efficace des nutriments
pour la culture revient à agir sur l'efficacité d'absorption. Ce
concept d'efficacité d'absorption est considéré dans le
module à son niveau naturel c'est à dire telles que les
conditions agro-écologiques des sites de production le permettent.
L'efficacité interne optimale et le ratio d'absorption
optimale des nutriments constituent les paramètres agronomiques à
déterminer pour améliorer le module. Sur ces bases, l'estimation
des besoins de la culture suit les étapes suivantes :
a- Absorption brute (AB)
En fonction du rendement que l'on cible, le module calcule
l'absorption brute de N, P et K (ABN, ABP et ABK) comme étant la
quantité de N, P et K que le basilic doit consommer pour atteindre ce
rendement. En divisant le rendement ciblé (RC) par l'efficacité
interne optimale, on a une absorption qui représente en
réalité le cumul des besoins en nutriments à absorber et
qui doivent provenir des nutriments propres au sol et des engrais.
En terme mathématique, on a :
ABN = RC / EION
ABP = RC / EIOP
ABK = RC / EIOK
c- Absorption équilibrée
(AE)
L'absorption de N, P et K par le basilic ne s'effectue pas
forcément dans le rapport optimal pour une nutrition
équilibrée. L'absorption brute calculée est alors
optimisée à l'aide du ratio d'absorption optimale. L'azote est
considéré souvent comme étant l'élément le
plus limitant dans la production. Pour optimiser ces absorptions brutes, on
fixe la quantité de N calculé et on redresse P et K pour avoir
les absorptions optimales de N, P et K (AEN, AEP et AEK).
Mathématiquement, on a :
AEK = ABN / rN/K AEP = AEK / rK/P AEN = AEP / rN/P
d- Besoins en engrais N, P et K à apporter au
sol (BN, BP et BK)
Les besoins en N, P et K (BN, BP et BK) doivent être
satisfaits par l'approvisionnement en nutriments provenant du sol et des
sources de fertilisants. Les besoins en engrais sont calculés en
affectant aux absorptions optimisées (AEN, AEP et AEK) les taux de
recouvrement respectifs de chaque nutriment (TRN, TRP et TRK) en prenant soin
de soustraire au préalable la capacité du sol à fournir N,
P et K (SN, SP et SK).
En terme mathématique, on a :
BN = (AEN - SN) x TRN
BP = (AEP - SP) x TRP
BK = (AEK - SK) x TRK
Comparativement au module initial, le processus d'estimation des
besoins du basilic dans le module amélioré est beaucoup plus
élaboré.
2.2 Calibrage du module
2.2.1 Sites d'expérimentation
Deux catégories de sites ont servi à la
collecte des données pour le calibrage du module. Une première
catégorie de sites, que nous allons décrire dans les lignes qui
suivent, ayant servis uniquement au calibrage et une seconde catégorie
ayant servi à la validation (seuls les traitements sans engrais sont
considérés sur ces sites pour déterminer la
capacité du sol à fournir NPK pour un précédent
Mucuna). Avant leur utilisation, certains sites étaient en
jachère alors que certains servaient à la culture du basilic
(tableau 4).
Tableau 4: Caractéristiques descriptives
des sites ayant servis exclusivement au
calibrage
Sites
|
|
Dates de
|
Saisons de culture
|
Précédent cultural
|
Amendement organique
|
Villages
|
Blocs
|
culture
|
|
|
Sol argilo-limoneux
|
|
|
Adétikopé
|
D3-1 D3-2
|
Mars - Août 2003 Oct 2003 - Mars 2004
|
Principale Secondaire
|
Nv. défriche Basilic
|
Fumier Fumier
|
|
|
Sol sableux
|
|
|
|
Agbodrafo Nimagnan
|
F24 F2
|
Mars - Juin 2004 Dec 2003 - Mai 2004
|
Principale Principale
|
Nv. Défriche Nv. défriche
|
Fumier Fumier/drêche
|
|
Nv. défriche : nouvelle défriche
2.2.1.1 Situation
géographique
Les sites d'étude se trouvent dans la région
maritime (1o50' Longitude Est et 6 o50' Longitude Nord)
dans l'extrême sud du Togo (Somana et al., 2001) dans les
villages d'Adétikopé (25 km environ au nord de Lomé),
Agbodrafo (25 km environ à l'est de Lomé) et Nimagnan (20 km
environ à l'est de Lomé)
2.2.1.2 Nature des sols
La région maritime est une des zones de
prédilection des plaines au Togo. On y trouve des ferralsols (FAO,1990)
connus sous le nom de terre de barre (MERF, 2001). Ce sont des sols profonds,
contenant au moins 90 % de sable mais souvent déficitaires en potasse
(des niveaux de K échangeable aussi bas que 0.2 mmol K/kg ont
été mesurés) (Struif-Bonkès et al.,
2003).
A Adétikopé, on a un site d'essais (D3) sur un
sol argilo -limoneux de type ferrallitique sur terre de barre (Worou, 2002).
Sur le littoral (Agbodrafo et Nimagnan abritant un site d'essai chacun), on a
que du sol sableux avec des minerais bruts peu évolués (MERF,
2001; Worou, 2002)
Le tableau 5 donne une description physico-chimique des sols des
sites d'expérimentation.
Tableau 5 : Caractéristiques
physico-chimiques des sols de certains sites d'étude
Caractéristiques
|
D3
|
Agbodrafo
|
Gbodjomé
|
Nimagnan
|
Sable,%
|
24,6
|
99
|
99
|
98,7
|
Limon,%
|
37,1
|
0,6
|
0,7
|
0,9
|
Argile,%
|
38,3
|
0,4
|
0,3
|
0,4
|
pH eau
|
5,8
|
6,9
|
6,1
|
8,2
|
CEC,meq/100g
|
22,22
|
2,02
|
1,19
|
1,97
|
C org,%
|
1,94
|
0,2
|
0,14
|
0,3
|
N total,%
|
0,19
|
0,02
|
0,01
|
0,03
|
P Olsen(P2O5),%
|
0,01*
|
0,002
|
0.002
|
0,002
|
K (K2O),%
|
0,018
|
0,004
|
0,003
|
0,004
|
C/N
|
10,1
|
9,3
|
10
|
8,8
|
Mat org, %
|
3,36
|
0,34
|
0,25
|
0,52
|
|
* c'est le P Dyer. Ces analyses ont été faites
en 2003 et en 2004 au laboratoire de AGREN en France.
2.2.1.3 Climat et
végétation
La région maritime, dans son ensemble, a un climat de
type équatorial guinéen à deux saisons pluvieuses (mars
à juin et septembre à octobre) et deux saisons sèches
(novembre à février et juillet à août).
Les précipitations ne sont pas les mêmes pour
toutes les préfectures. Du nord au sud de la région maritime, on
a une variation de 800 mm à 1200 mm de pluies annuelles sur une
période de 60 à 90 jours. La température annuelle varie de
24o à 30o C (Anonyme, 1999 ; Somana et
al., 2001 ; Worou, 2002) avec un faible degré d'hygrométrie
(Worou, 2002). Le littoral togolais est spécifiquement peu pluvieux avec
un cumul moyen annuel de 800 à 850 mm (MERF, 2001).
La végétation est clairsemée (MERF, 2001)
avec une dominance des Poaceae et des Cyperaceae à
Adétikopé et une abondance des Cleomaceae et des
Poaceae sur le littoral.
2.2.2 Conduite de l'expérimentation
La plante test était le basilic (Ocimum
basilicum L.) de la famille des Lamiaceae. La
variété utilisée était le grand vert d'Italie
(Ocimum basilicum var. genovese).
Les sources de N, P et K étaient respectivement
l'urée (CO(NH 2)2 : 46% N), le triple superphosphate (TSP : 46%
P2O5) et le sulfate de potassium (K2SO4 à 50% K2O) et les
amendements organiques étaient du fumier et de la drêche de
brasserie.
Le facteur étudié était la réponse
de la culture (rendement en feuilles fraîches de basilic) aux
différentes combinaisons de N, P et K appliquées avec ou sans
amendements organiques. Les expériences conduites pour le calibrage du
module ont été faites avec des traitements issus d'une analyse
d'estimation des besoins du basilic. Ces analyses sont explicitées par
Koudjéga (2004). Le tableau 6 donne les différents traitements
d'engrais minéraux qui sont issus de cette analyse et qui ont servi aux
essais. Les doses d'amendements organiques sont de 20 t.ha -1 de
fumier ou de drêche de brasserie ou encore de la combinaison du fumier et
de la drêche de brasserie à des doses de 10 t.ha-1
chacun.
Tableau 6 : Les traitements pour les essais de
calibrage (kg.ha-1)
Traitements
|
|
Doses (kg.ha-1)
|
|
|
N
|
P
|
K
|
T1
|
0
|
0
|
0
|
T2
|
400
|
0
|
0
|
T3
|
100
|
60
|
250
|
T4
|
200
|
60
|
250
|
T5
|
300
|
60
|
250
|
T6
|
400
|
60
|
250
|
T7
|
200
|
30
|
125
|
|
Ces traitements ont permis d'avoir les données pour
le calibrage du module. Seuls les sites de D3, Agbodrafo et Nimagnan sont
concernés. Ces doses de NPK sont appliquées avec ou sans fumure
organique (fumier, drêche de brasserie, fumier+drêche de
brasserie
Pour chaque niveau d'amendement organique, le dispositif
expérimental était en blocs aléatoires complets avec des
parcelles élémentaires de dimensions variables suivant les sites.
Ce dispositif répondait au souci de capturer l'effet possible des gra
dients de fertilité.
En ce qui concerne la méthode culturale, le lit de
semence était préparé avec des machines agricoles
(tracteur, charrue, broyeur). Les résidus de récoltes
antérieures ou de végétaux ont été
arrachés à la main et brûlés hors des champs
après séchage. Le semis était effectué soit
manuellement, soit avec un agrégat de machines associant un semoir et
une herse. Le semis est fait sur des planches en lignes continues à
intervalle de 25 cm et à la dose de 5 kg de semences par hectare. Deux
semaines après le semis, il est organisé un repiquage ou un
démariage pour régulariser la densité. L'arrosage
était régulier et s'est fait avec un système d'irrigation
aux macro -asperseurs (sur le littoral) ou un pivot équipé
d'asperseurs (à Adétikopé). Le d ésherbage avait
lieu aussi souvent que nécessaire afin de garder la culture propre et
est fait à la houe. Des traitements phytosanitaires ont
été effectués en utilisant des insecticides et des
fongicides appropriés. La récolte est effectuée par une
équipe de récolte spéciale qui suivait des règles
assez rigoureuses. La récolte commence 5 - 6 semaines après le
semis et à lieu tous les 15 jours jusqu'à la fin des
récoltes.
Pour la fertilisation, le sulfate de potassium et le triple
superphosphate sont apportés en fumure de fond juste après le
semis. L'urée a été fractionnée comme suit : 25% de
la dose totale en deux apports avant la première coupe et 75% en cinq
apports égaux sur les sols d'Adétikopé (5è jour
après chaque coupe) ou en dix apports égaux sur les sols du
littoral (5è et 10è jours après chaque coupe).
L'épandage des amendements organiques était fait par
éparpillement à la main sur les parcelles.
2.2.3 Collecte des données
Sur le terrain, la production en matière fraîche
de feuilles de basilic a été mesurée. Il est
effectué six (6) coupes suivies de la récolte de la biomasse
résiduelle extérieure au sol. Au laboratoire, on a
déterminé (i) le rendement en matière sèche et (ii)
la teneur en eau et en NPK des tiges et des feuilles. A cette fin, les
échantillons des feuilles fraîches sont collectés pour
chaque traitement.
Le taux d'humidité est obtenu après un
séchage à l'étuve des échantillons de feuilles
collectés pendant 3 à 4 jours à une température de
70oC. Tous les échantillons des traitements des
récoltes 2, 4 et 6 sont analysés pour déterminer la teneur
en N, P et K. Les échantillons de feuilles et des plants de basilic sont
analysés au laboratoire de ICRISAT au Niger. Ces données
recueillies nous ont permis de calculer les paramètres agronomiques
indispensables pour le calibrage du module.
Une analyse statistique avec ségrégation des
moyennes des rendements en matière fraîche des feuilles du basilic
est réalisée à l'aide des logiciels STATISTICA (anova,
alpha à 5%) et MSTAT (test de Duncan, alpha à 5%).
2.2.4 Paramètres du module
Le calibrage a nécessité le calcul des
paramètres suivants (IFDC, 2002 ; Dzotsi et al., 2004 ;
Koudjéga, 2004) :
· Absorption du nutriment = (rendement en
matière sèche en kg.ha-1 x pourcentage du nutriment
dans la matière sèche) / 100
Il faut distinguer deux types d'absorption : l'absorption
totale et l'absorption dans les feuilles. L'absorption totale
s'affecte à toute la production extérieure au sol de la plante
tandis que l'absorption dans les feuilles s'affec te aux feuilles utiles
récoltables.
· Efficacité interne (EI) = Rendement
économique du traitement en kg.ha-1/ Absorption dans les
feuilles du basilic.
· Taux de recouvrement du nutriment (TR) =
[(Absorption totale du nutriment par traitement en
kg.ha-1)-(Absorption totale du nutriment dans le traitement sans
engrais en kg.ha-1)] / quantité de nutriment appliqué
sous forme d'engrais (quantité d'engrais appliquée x teneur du
nutriment dans l'engrais) en kg.ha -1
La détermination de ces paramètres, sur la base
des essais conduits, a permis d'avoir les quatre clés indispensable au
module (RC, CSF, TR et EI). Le calibrage a consisté à introduire
dans le module, ces différentes clés afférant à
chaque site spécifique afin que le module puisse formuler la
recommandation à la carte.
2.2.4.1 Efficacité interne
La méthode de la balance nutritionnelle de Janssen
(1998 et 2003), reprise par Witt et al (1998 et 1999), Dobermann
et al. (2000) et Dobermann (2001), est utilisée pour
déterminer l'optimum de nutrition de la pl ante et le ratio d'absorption
optimale de N. P et K.
D'abord nous avons calculé la limite d'accumulation
(LA, c'est EI minimale) et la limite de dilution (LD, c'est EI maximale) en
déterminant respectivement les 2,5è centiles et les 97,5è
centiles de toutes les efficacités internes de N, P et K obtenues
à travers les sites, les saisons et les récoltes 2, 4 et 6. Ces
limites sont notées respectivement LAN, LAP, LAK, LDN, LDP et LDK.
L'efficacité interne optimale de N, P et K est le milieu de
l'accumulation e t de la dilution pour chaque nutriment
(respectivement noté EION, EIOP et EIOK).
EION = (LAN + LDN) / 2 EIOP = (LAP + LDP) / 2 EIOK = (LAK +
LDK) / 2
Le ratio d'absorption optimale de N, P et K (respectivement
noté rN/P, rN/K et rK/P) s'obtiennent de la manière suivante :
rN/P = EIOP / EION rN/K = EIOK / EION rK/P = EIOP / EIOK
Toute nutrition optimale doit respecter ce ratio N:P:K afin que
les nutriments consommés ne soient ni de trop, ni insuffisants.
2.2.4.2 Taux de recouvrement
Nous avons étudié la variabilité du taux de
recouvrement en fonction des sites, des saisons et des amendements
organiques.
Afin de calibrer le module, pour chaque site, nous n'avons
considéré que la moyenne des taux de recouvrement des traitements
ayant reçu effectivement N, P et K (T4 à T7). Les essais
soustractifs ne sont pas considérés. Spécifiquement pour
la gestion du Mucuna, le taux de recouvrement est supposé
identique à celui de l'apport du fumier pour chaque site
donné.
2.2.4.3 Capacité du sol à fournir N, P
et K
La capacité fertilitaire initiale du sol est
déterminée à partir de l'absorption de N, P et K dans les
feuilles de basilic sur les parcelles sans engrais. Elle traduit la
capacité du sol à fournir le N, le P et le K au basilic pour
produire ses feuilles. Il ne s'agit nullement de la disponibilité totale
en nutriments du sol, mais de ce que le sol peut fournir au basilic pour sa
productivité utile.
Spécialement pour le Mucuna, nous avons
estimé la capacité du sol à fournir le NPK au moyen des
rendements sans engrais obtenus sur les sites ayant reçus le
Mucuna. En divisant ces rendements sans engrais par
l'efficacité interne optimale déterminée suivant la
méthode décrite précédemment, nous avons obtenu une
valeur correspondante de la capacité du sol à fournir NPK pour un
précédent Mucuna.
2.2.4.4 Rendement à cibler
Le rendement ciblé est fonction du rendement potentiel.
Fondamentalement, le rendement ciblé ne peut excéder 70-80% du
rendement potentiel du basilic (Dzotsi, 2002 ; Wopereis et al, 2004).
Malheureusement, ce rendement potentiel du basilic est mal connu. Le rendement
à cibler correspond dans notre étude au rendement maximal que
nous avons pu obtenir sur les parcelles d'essais.
2.3 Performance du module
2.3.1 Sites d'étude
Ces sites ont servi à la validation en omettant les
traitements sans engrais. Tous ces sites ont eu du Mucuna comme
précédent cultural (Tableau 7).
Tableau 7: Caractéristiques descriptives
des sites ayant servi au test de la performance
Sites
|
|
Dates de
|
Saisons de culture
|
Précédent cultural
|
Villages
|
Blocs
|
culture
|
Adétikopé
|
D2
|
Oct 2004 - Fev 2005
|
Secondaire
|
Mucuna
|
|
D3-3
|
Jan - Juin 2005
|
Principale
|
Mucuna
|
Gbodjomé
|
F16
|
Fev - Juil 2005
|
Principale
|
Mucuna
|
Goumoukopé
|
F34
|
Sept 2004 - Fev 2005
|
Secondaire
|
Mucuna
|
2.3.1.1 Situation
géographique
Les sites d'étude se trouvent aussi dans la
région maritime (1o50' Longitude Est et 6o50'
Longitude Nord) dans l'extrême sud du Togo (Somana et al., 2001)
dans les villages d'Adétikopé (25 km environ au nord de
Lomé), Gbodjomé (17 km environ à l'est de Lomé) et
Goumoukopé (40 km environ à l'est de Lomé).
Les essais d'Adétikopé et de Gbodjomé ont
servi au test de la performance du module tandis que l'essai de
Goumoukopé a été utile à l'ét ude de la
sensibilité du module.
2.3.1.2 Sols, Climat et
végétation
Les sols présentent toujours les mêmes
caractéristiques que pour les essais de calibrage. A
Adétikopé, on a deux sites d'essais (D2 et D3) sur un sol argilo
-limoneux de type ferrallitique sur terre de barre (Worou, 2002). Sur le
littoral (Gbodjomé et Goumoukopé, abritant un site d'essai
chacun), on a du sol sableux avec des minerais bruts peu évolués
(MERF, 2001; Worou, 2002).
Les caractéristiques du climat et de la
végétation sont identiques à celles des sites de
calibrage.
2.3.2 Expérience en milieu réel
La plante test était toujours le basilic (Ocimum
basilicum L.) de la famille des Lamiaceae. La
variété utilisée était le grand vert d'Italie
(Ocimum basilicum var genovese).
Les sources de N, P et K sont respectivement l'urée
(CO(NH 2)2 : 46% de N), le triple superphosphate (TSP : 46% P2O5) et
le sulfate de potassium (K2SO4 à 50% K2O) et l'amendement organique
était du Mucuna cultivé pendant six mois avant le
semis.
Le facteur étudié est la réponse de la
plante (rendement en feuilles fraîches de basilic) aux différentes
doses d'engrais azotés appliqués (traitements). Le P et le K sont
fixés respectivement à 30 kg.ha-1 et 125
kg.ha-1 suivant les recommandations des études
antérieures (Dzotsi et al., 2004; Koudjéga, 2004)
Les différentes doses de N sont calculées par le
module sur la base suivante : rendement ciblé à 18
t.ha-1 pour la saison principale, taux de recouvrement de N à
0,15 et la capacité fertilitaire initiale du sol égale à
celle de D3 (N-P-K : 28.8-3-36 en kg.ha-1). Le module a
calculé 148 kg.ha-1 pour les sols argileux et 257
kg.ha-1 pour le littoral. Sur cette base, nous avons formulé
quatre niveaux de N :
- Sur sol argileux: 0, 100, 150 et 200 kg.ha-1
- Sur le littoral : 0, 200, 250 et 300 kg.ha-1
Ces besoins, qui sont combinés de manière
spécifique en vue de déterminer la capacité fertilitaire
initiale du sol en place et l'effet soustractif de chaque dose de nutriment
apportée afin d'apprécier la contribution du
précédent c ultural et du sol en nutriments, seront
appliqués sur les sites d'essais sous forme de traitements. La
combinaison des différentes doses de NPK a conduit à sept
traitements (T1-T7) résumés dans le tableau 8.
Tableau 8 : Les traitements pour les essais de
test de performance (kg.ha-1)
|
|
|
|
Sites
|
|
|
Traitements
|
|
Argileux
|
|
|
Sableux
|
|
|
N
|
P
|
K
|
N
|
P
|
K
|
T1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
T2
|
0
|
30
|
125
|
0
|
30
|
125
|
T3
|
250
|
0
|
125
|
150
|
0
|
125
|
T4
|
250
|
30
|
0
|
150
|
30
|
0
|
T5
|
200
|
30
|
125
|
100
|
30
|
125
|
T6
|
250
|
30
|
125
|
150
|
30
|
125
|
T7
|
300
|
30
|
125
|
200
|
30
|
125
|
Ces traitements vont permettre de réaliser le test de
la performance du module. Les sites concernés sont ceux de D2 (T2 et T3
n'ont pas été appliqués), D3-3, Gbodjomé et de
Goumoukopé (T1 à T4 n'ont pas été
appliqués)
Le dispositif expérimental était en blocs
aléatoires complets avec des parcelles élémentaires de 10
m x 1,8 m = 18 m2. Nous avons au total quatre blocs avec les sept
traitements chacun (figure 3).
Bloc 4 Bloc 3 Bloc 2 Bloc 1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
5
|
7
|
2
|
6
|
1
|
4
|
3
|
|
|
|
|
|
|
|
2
|
4
|
5
|
3
|
6
|
7
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
7
|
6
|
1
|
2
|
4
|
3
|
5
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
Figure 3 : Le dispositif expérimental
typique d'un essai
Parcelle élémentaire :1,8 m*10 m = 18
m2, Allées entre les blocs : 1 m. Superficie totale de
l'essai : 1,8 m x 7 x 43 = 541,8 m2
La méthode culturale n'a pas différé de
celle des essais de calibrage sauf le fait que le Mucuna a
été broyé et incorporé au sol avant le semis et que
l'azote était réparti suivant une autre distribution. L'apport de
l'azote est effectué suivant une répartition proposée par
Dzotsi et al.(2004) et qui est obtenue à partir des variations
observées au cours des essais de calibrage dans la consommation de
l'azote par le basilic au cours de son cycle de développement. Cette
répartition est la suivante :
4 10% de la dose avant la coupe 1
4 20% de la dose après la coupe 1
4 20% de la dose après la coupe 2
4 20% de la dose après la coupe 3
4 20% de la dose après la coupe 4
4 10% de la dose après la coupe 5
Les premiers 10% sont fractionnés en deux apports,
2è semaine et 4è semaine après le semis. Le reste de la
fumure azotée est apporté entre les coupes successives soit en
totalité sur les sols argileux d'Adétikopé (5è jour
après le semis), soit en deux apports sur les sols sableux du littoral
(5è et 10è jours après la coupe).
2.3.3 Mesures et analyses
Sur le terrain, la production en matière fraîche
et la verdure des feuilles de basilic ont été mesurées. La
verdure a été mesurée à l'aide du chlorophylle
-mètre (Photo 2) qui est un appareil capable de mesurer la verdure d'une
feuille proportionnellement à sa teneur en chlorophylle et donc en
azote. Les mesures doivent être prises dans des conditions
particulières décrites par Murdock (1997). Il est effectué
six (6) coupes suivies de la récolte de la biomasse résiduelle
extérieure au sol. Au laboratoire, on a déterminé (i) le
taux d'humidité et (ii) le rendement en matière sèche. Des
échantillons des feuilles fraîches sont collectés pour
chaque traitement pour cette fin. Le taux d'humidité est obtenu
après un séchage à l'étuve des échantillons
de feuilles collectés pendant 3 à 4 jours à une
température de 70 oC.
L'analyse de la variance des rendements en feuilles
fraîches de basilic et le T-test ont été effectué
avec le logiciel STATISTICA tandis que le test de Duncan (pour la
ségrégation des moyennes) est fait avec le MSTAT. Les analyses
sont faites au seuil de 5%.
Photo 2 : Le chlorophylle-mètre (en usage
sur les feuilles de basilic)
2.3.4 Test de la performance du module
Pour le test de la performance du module, nous avons
utilisé, à l'instar d'Addiscott et Whitmore (1987), Loague et
Green (1991), de Jemisson et al. (1994a et 1994b) et Sogbédji
et al. (200 1b), une méthode incluant une évaluation
graphique et une évaluation statistique. Les tests de performance ont
utilisé les données des sites D2, D3-3 et de Gbodjomé.
2.3.4.1 Les variables pour le test
L'évaluation était faite de manière
indirecte. Le module calcule des be soins en engrais, mais nous avions
évalué l'effet des engrais sur le terrain pour ainsi
évaluer les doses d'engrais appliquées.
Cette évaluation s'effectuera sur la base des
rendements (variable dépendante) d'autant plus que c'est la
finalité de l'apport de doses d'engrais (variable indépendante)
que calcule le module. Le rendement rend mieux compte, d'abord de l'interaction
entre les nutriments apportés, ensuite entre les nutriments et le sol de
culture et enfin prend en compte les variabilités environnementales. Du
point de vue d'une approche système, le rendement en feuille
fraîche de basilic constitue une résultante économique
intéressante du système solclimat-basilic.
En faisant varier dans le module le rendement ciblé,
nous avons déterminé les besoins prédits correspondants
aux différents traitements appliqués au cours des essais. Pour P
et K appliqués, nous avons quatre combinaisons de N sur chaque site : 0,
100, 150 et 200 pour les sites argileux et 0, 200, 250 et 300 pour les sites
sableux. Ces doses de N vont correspondre à différents rendements
ciblés prédéterminés (input du module) et sont donc
des variables dépendantes prédites. Les différentes doses
d'azote appliquées au cours des essais vont donner des rendements
réellement observés. Ainsi, nous avons sur chaque site, 4 couples
de rendements prédits contre observés (n) à associer.
2.3.4.2 Evaluation statistique
Au niveau de l'évaluation statistique, le RMSE
(Root Mean Square Error / carré moyen principal de l'erreur)
(Loague et Green, 199 1), le MD (Mean Difference / différence
des moyennes) (Jemisson et al, 1994) et l'indice d
(Willmott's index of agreement / Indice d'acceptation de Willmott)
(Willmott, 1981) sont utilisés pour mesurer la coïncidence entre
les rendements observés et ceux prédits (ciblés). Ces
paramètres se calculent de la manière suivante (Oi = valeur
observée, Om = valeur moyenne des observations, Pi = valeur
prédite, n = nombre d'observation) :
1. MD = · (Oi - Pi)/n
(Jemisson et al., 1994ab)
Le t-test sera utilisé pour déterminer si le MD
est significativement différente de zéro (alpha à 5%)
2. RMSE = [ · (Oi - Pi)2
/n]1/2 (Sogbédji et al., 200 1a)
Nous l'avons utilisé sous sa forme relative
(RRMSE : relative root mean square Error) qui se
calcule de la manière suivante :
RRMSE = RMSE x (100/ Om)
Le RRMSE estime la déviation moyenne entre les valeurs
prédites et les valeurs observées. C'est comme un coefficient de
variation qui s'exprime en pourcentage et doit être faible (< 20% pour
les essais aux champs) (Lengnick et Fox, 1994)
3. d = 1 - [ · (Oi - Pi)2/
( · /Pi - Om/ + /Oi - Om/ )2 ] (Frei, 2003)
La valeur de d reflète la précision avec
laquelle le module estime les valeurs observées et sa valeur est
égale à 1 lorsque les estimations coïncident parfaitement
avec les observations (Sogbédji et McIsaac, 2002).
2.3.4.3 Evaluation graphique
Au niveau de l'évaluation graphique, nous avons
utilisé la régression linéaire pour déterminer le
degré d'association des rendements prédits et ceux
observés. L'analyse de la pente et de l'inter cepte nous a
été utiles (à comparer statistiquement à 1 et 0
respectivement). L'évaluation graphique est effectuée par la
représentation à l'échelle 1:1 des valeurs prédites
et celles observées.
Comme critère d'acceptation des prédictions du
module, nous avions utilisé le plus grand coefficient de
corrélation positif significatif et la moindre différence non
significative entre les valeurs prédites et les valeurs observées
(Addiscott et Whitmore, 1994)
2.3.4.4 Analyse de la
sensibilité
En marge du test de la performance, une analyse approfondie
est effectuée pour les prédictions du module par rapport aux
résultats des essais. Cette analyse a concerné le site de
Goumoukopé où nous avons calculé les indices de
l'efficacité interne (IEI) des traitements.
IEI trt = (EI trt - LA) / (LD - LA) (Janssen, 1998)
Où trt = traitement, IEI = indice de
l'efficacité interne, LD= limite de dilution et LA = limite
d'accumulation.
A partir des absorptions obtenues sur ce site, nous avons
déterminé le ratio N:P:K de chaque traitement. En comparant
l'indice IEI de ces traitements avec celui optimal du module (50%) ainsi que
leurs ratios d'absorption N:P:K à celui du module, nous avons
vérifié la sensibilité des prédictions du
module.
2.4 Répartition de l'azote
Le phosphore (P) et le potassium (K) sont des nutriments peu
mobiles dans le sol contrairement à l'azote (N) qui se perd très
facilement (Tremblay et al., 2001). Une gestion de N sur le
cycle de production du basilic est donc nécessaire.
La répartition de l'a zote est basée sur la
synchronisation de la demande et de la consommation de l'azote par la plante au
cours de son cycle de développement. Pour ce faire, on a
déterminé le pourcentage que représente l'absorption de N
à la récolte 2, 4 et 6 par rapport à l'absorption totale
de N par le basilic au cours des six récoltes. Ceci a permis de
décrire l'évolution de la consommation de N d'où il a
été déduit la répartition de N.
Ces approches méthodologiques ont permis d'obtenir des
résultats que nous allons présenter et discuter dans le chapitre
ci-après.
CHAPITRE 3 :
RESULTATS ET DISCUSSIONS
3.1 Données expérimentales
3.1.1 La teneur en eau et la qualité des
feuilles
La teneur en eau des feuilles de basilic varie entre 88% et
92%, et est en moyenne de 90%. Cette valeur confirme celle trouvée par
Koudjéga (2004) qui donnait également une teneur de 90%. Le
rendement en matière sèche des feuilles du basilic
représente alors 10% du rendement en matière fraîche des
feuilles.
La qualité des feuilles de basilic se mesure par la
couleur des feuilles. Les feuilles de basilic bien vertes sont celles
recherchées sur le marché. Le chlorophylle-mètre a permis
de mesurer la verdure des feuilles. Les mesures présentées ici
ont été faites seulement sur les essais de D3-3 (sol argileux) et
de Gbodjomé (sol sableux). Les valeurs du chlorophylle- mètre
varient de 31 à 37 SPAD sur sol argileux, soit en moyenne 35 SPAD, et de
35 à 41 SPAD sur sol sableux, soit en moyenne 38 SPAD (Tableau 9). Il
n'existe aucune différence statistique entre les valeurs
mesurées. Le niveau optimal de verdure recherchée, selon
l'inspecteur de qualité de Darégal Equatorial, tourne autour de
40 SPAD (Dzotsi et al.,2004). Les traitements ayant reçu une
fumure effective de NPK (T4 à T7), ont une verdure en SPAD qui oscille
entre 36 et 41 avec une moyenne de 38 SPAD. Ceci n'est pas très
différent de la valeur optimale recherchée.
Tableau 9: Valeurs moyennes des mesures de la
verdure par traitement et sur les deux
types de sol mis en essai.
Sites
|
|
Mesures du chlorophylle-mètre en SPAD
|
|
|
|
T1
|
T2
|
T3
|
T4
|
T5
|
T6
|
T7
|
D3-3 (sol argileux)
|
31
|
31
|
36
|
36
|
36
|
37
|
37
|
Gbo (sol sableux)
|
35
|
35
|
40.
|
39
|
38
|
40
|
41
|
3.1.2 Le rendement du basilic
Les rendements en feuilles fraîches de basilic que nous
présentons ici sont ceux obtenus en partie de nos propres travaux et en
partie des travaux de Koudjéga (2004) et de Dzotsi et al.
(2004). Les rendements en six coupes varient suivants les sites (argileux ou
sableux), les saisons de cultures (principale ou secondaire), les fumures
(organiques et/ou minérales) de 4389 kg.ha-1 à 23276
kg.ha-1 avec une moyenne de 15172 kg.ha-1 et un
écart-type de 5027 kg.ha-1 On note que 95% des données
se trouvent entre 6550 kg.ha-1 et 22473 kg.ha-1 (Tableau
10). On en déduit une grande variabilité des données. La
diversité des sources de données (différents traitements
sur différents sites au cours de différentes saisons) pourvoit
une bonne dispersion de la variation potentielle des paramètres
agronomiques de la culture.
Tableau 10 : Rendements en six coupes de
feuilles fraîches de basilic sur les
différents sites au cours de différentes saisons
(kg.ha-1).
Sites n Moyenne Ecart Minimum 2.5è Médiane
97.5è Maximum
type centiles centiles
D2 5 12119 980 10990 11009 12556 13165 13223
D3-1 14 15119 3387 8001 8788 15064 19696 19928
D3-2 14 8672 1252 6492 6814 8414 10760 11058
D3-3 7 17167 3000 12317 12486 18406 19832 19938
Sol argileux 40 12846 4335 6492 7458 12437 19928
19938
Agbodrafo 14 11325 3796 4389 4760 11553 15706 15812
Nimagnan 28 19806 1986 15941 16400 20632 22258 22621
Gbodjomé 7 19867 3000 15206 15208 20578 23181 23276
Goumoukopé 3 9937 713 9188 9229 10015 10578 10608
Sol sableux 52 16961 4931 4389 5852 17920 22636 23276
Tous sites 92 15172 5027 4389 6550 15410 22473 23276
n : nombre d'observation
L'analyse de la variance avec ou sans test de Duncan (alpha
à 5%) des rendements observés est assez
révélatrice. Pour les essais de performance, sur chaque site, les
traitements T3 à T7 ne sont pas différents l'un de l'autre, de
même pour les traitements T1 et T2. Particulièrement pour D2 et
Goumoukopé, il n'y a aucune différence entre les traitements.
Concernant les essais de calibrage, les sites d'Agbodrafo et de D3-2
présentent les mêmes tendances que D3-3 et Gbodjomé. Tandis
qu'à Nimagnan, il n'y a aucune différence entre les traitements,
D3-1 présente une élection statistique pour T6 (Tableau
11).
|
Tableau 11 : Résultats des analyses
statistiques
|
|
|
Sites
|
|
|
|
Traitements
|
|
|
|
|
T1
|
T2
|
T3
|
T4
|
T5
|
T6
|
T7
|
|
|
Essais de validation du module
|
|
|
|
D2 D3-3 Gbodjomé Goumoukopé
|
A
B B -
|
A
B B -
|
- A
A -
|
- A A -
|
A A A A
|
A A A A
|
A A A A
|
|
|
Essai de calibrage du module
|
|
|
|
D3-1* D3-2* Agbodrafo* Nimagnan*
|
C B B A
|
AB
B B A
|
B A A A
|
AB A A A
|
AB A A A
|
A A A A
|
AB A A A
|
* Cette ségrégation des moyennes est valable
pour les différents niveaux de fumure organique.
L'incidence de la culture du Mucuna pendant six mois
avant la culture du basilic, s'est révélée
bénéfique pour la production. Les rendem ents ont accru, avec le
précédent Mucuna, de près de 50% sur sol sableux
et de 30% sur sol argileux, eu égard à la saison de
culture. En même temps, on note que, sur sol argileux, la
culture successive de basilic déprécie le rendement d'un peu plus
de 30%.
Dzotsi et al., (2004) ont trouvé qu'à
Adétikopé l'apport du fumier au sol augmente le rendement du
basilic de 20% pendant la saison principale et de 10% pendant la saison
secondaire. La saison quant à elle, limite les rendements ; les
rendements représentent en saison secondaire 60% de ceux de la saison
principale.
On a constaté que dans la région maritime du
Togo, les rendements en feuilles fraîches de basilic se trouvent dans une
plus large gamme (4-23 t.ha-1) que dans les régions
tempérées où les rendements varient de 15 à 20
t.ha-1 (ITEIPMAI, 1992). La marge de rendement trouvée (4-23
t.ha-1) confirme la grande variabilité des rendements en
feuilles fraîches de basilic déjà décrite par
Koudjéga (2004) qui donnait entre 8 et 18 t.ha-1 dans la
région maritime du Togo.
La grande variabilité observée dans les
rendements en feuilles fraîches de basilic ne reflète pas
uniquement une différence entre les sites et les saisons mais aussi un
déséquilibre nutritionnel. Il faut trouver un moyen de redresser
ce déséquilibre pour avoir des rendements optimaux. Ceci fait
appel à l'usage d'OAD pour estimer les vrais besoins optimaux de
nutriments pour le basilic en fonction des conditions du milieu.
3.2 Résultats et discussions du calibrage
3.2.1 Efficacité interne
3.2.1.1 Relation absorption -
rendement
En projetant dans un graphe les absorptions de N, de P et de K
contre leurs rendements respectifs, on a établi une relation entre ces
deux paramètres : c'est l'efficacité interne (figure 4). Les
efficacités internes calculées en considérant les
récoltes 2, 4 et 6, les sites et les saisons ont permis de
déterminer les limites d'accumulation et de dilution. Le tableau 12
donne les valeurs de la limite d'accumulation et de dilution et leur moyenne
sur les différents sites de calibrage et pour la nutrition
équilibrée.
En calculant les 2,5è centiles et les 97,5è
centiles des efficacités internes obtenues, nous avons trouvé
respectivement pour N, P et K, 175 - 295 kg.kg-1, 1210 - 2080
kg.kg-1, 155 - 435 kg.kg-1 représentant
l'efficacité interne minimale et l'efficacité interne maximale
pour tous les sites confondus. Les 2,5è centiles représentent la
pente de la droite où le nutriment donné est uniquement
accumulé dans les feuilles du basilic et les autres facteurs limitent
son efficacité d'utilisation. Les 97,5è centiles
représentent la pente de la droite où le nutriment donné
est dilué au maximum dans les feuilles de basilic et constituent un
facteur limitant le rendement potentiel.
Tableau 12 : Variation de l'efficacité
interne et du rapport d/a par site et en situation de
nutrition équilibrée
|
D3-1
|
D3-2
|
Agbodrafo
|
Nimagnan
|
Nutrition équilibrée
|
|
|
Azote N
|
|
|
Minimum (a), kg.kg-1
|
203
|
161
|
173
|
213
|
175
|
Maximum (d), kg.kg-1
|
357
|
237
|
295
|
364
|
295
|
Moyenne, kg.kg-1
|
237
|
195
|
211
|
247
|
235
|
Rapport d/a
|
1.76
|
1.47
|
1.71
|
1.71
|
1.69
|
|
|
|
Phosphore P
|
|
|
Minimum (a) , kg.kg-1
|
1220
|
1393
|
1142
|
1255
|
1210
|
Maximum (d), kg.kg-1
|
1852
|
2319
|
1543
|
2118
|
2080
|
Moyenne, kg.kg-1
|
1516
|
1759
|
1321
|
1620
|
1645
|
Rapport d/a
|
1.52
|
1.66
|
1.35
|
1.69
|
1.72
|
|
|
|
Potassium K
|
|
|
Minimum (a) , kg.kg-1
|
185
|
143
|
140
|
212
|
155
|
Maximum (d), kg.kg-1
|
408
|
293
|
399
|
567
|
435
|
Moyenne, kg.kg-1
|
255
|
194
|
209
|
341
|
295
|
Rapport d/a
|
2.21
|
2.05
|
2.85
|
2.67
|
2.81
|
Minimum (a): 2,5è centiles des efficacités
internes ; maximum (d) : 97,5è centiles des efficacités internes
; la nutrition équilibré s'affecte à tous les sites de
calibrage.
On a constaté que, pour la nutrition
équilibrée, toutes les efficacités internes moyennes des
sites sont comprises dans les limites d'accumulation et de dilutio n.
L'enveloppe de nutrition du basilic décrivant la relation entre
l'absorption et le rendement se trouvent donc être respectivement pour N,
P et K, 175-295 kg.kg-1, 1210 - 2080 kg.kg-1,155-435
kg.kg-1.
Faute de données disponibles sur l'efficacité
intern e du basilic ou des espèces de son genre pour un nutriment
donné, nous ne saurions discuter valablement ces trouvailles. Toutefois,
les faibles valeurs de l'efficacité interne s'expliquent par l'existence
d'autres facteurs de croissance (radiation, eau, maladies, etc.) qui ont
sévèrement limité l'expression de la culture. Les valeurs
élevées de l'efficacité interne suggèrent que le N,
le P et le K étaient les facteurs limitant la production. La
fertilisation a suffisamment pourvu le sol de manière que la culture ne
soit plus limitée dans sa nutrition. Ceci s'est exprimé par les
efficacités internes élevées et une meilleure production.
Ces résultats corroborent les tendances observées par Janssen
(1990 et 1993), Witt et al.(1998 et 1999) et Haefele et al.
(2003).
Le ratio de l'efficacité interne de dilution sur
l'efficacité interne d'accumulation ( d/a) du basilic est plus
faible pour N que pour P et K pour la nutrition équilibrée
(Tableau 12). Ce rapport pour N vaut 1,69 alors que ceux de P et K sont
respectivement 1,72 et 2,81. Ceci prouve une fois encore que la production de
feuilles fraîches de basilic est dépendante de l'absorption de
l'azote et donc de sa disponibilité. Toutefois, il faut noter que le
rapport d/a de P (1,72) est très proche de celui de N (1,69).
Ce qui veut dire que P pourrait aussi poser des problèmes pour la
production. Une analyse des rapports d/a des sites pris
individuellement montre que c'est plutôt P qui limite la production sur
la plupart des sites (Tableau 12). C'est donc N et P qui contrôlent la
production du basilic sur ces sites et méritent des suivis
particuliers.
3.2.1.2 Ratio d'absorption optimale de
NPK
La balance nutritionnelle du basilic, déterminée
selon le procédé de Janssen (1998 et 2003) se trouve entre les
limites d'accumulation et de dilution des nutriments dans la plante. Elle
s'affecte à l'efficacité interne optimale du basilic. Cette
efficacité interne optimale (EIO) du basilic est la suivante
respectivement pour N, P et K :
EIO N = (LAN + LDN)/2 = (175 + 295)/2 = 235 kg.kg-1
EIO P = (LAP + LD P)/2 = (1210 + 2080)/2 = 1645 kg.kg-1 EIO K = (LAK
+ LDK)/2 = (155 + 435)/2 = 295 kg.kg-1
Les efficacité internes optimales du basilic sont 235
kg.kg-1 pour N, 1645 kg.kg-1 pour P et 295
kg.kg-1 pour K (Figure 4).
Pour le basilic, le ratio d'absorption optimale de N, P et K sont
les suivants :
rN/P = EIOP/EION =
|
1645/235
|
=
|
7,0
|
rN/K = EIOK/EION =
|
295/235
|
=
|
1,26
|
rK/P = EIOP/EIOK =
|
1645/295
|
=
|
5,58
|
Le ratio d'absorption pour l'optimisation de la nutrition en
N, P et K est alors 7,0:1,26:5,58. Et c'est ce ratio qui a servi à
l'optimisation de l'absorption de N, P et K dans le module.
On a constaté que ce ratio d'absorption
équilibrée de NPK pour le basilic (7,0:1,26:5,58) diffère
peu de ceux déterminés pour le riz irrigué de bas-fond en
Asie où van
Duivenbooden (1996) a trouvé 7,5:1:9,9, Witt et
al. (1998) ont trouvé 5,7:1:5,6 et Witt et al. (1999) ont
trouvé 6,1:1:5,6.
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
A
0 5 10 15 20 25 30 35
Absorptions de N (kg/ha)
B
0 1 2 3 4 5 6
Absorptions de P (kg/ha)
C
0 5 10 15 20 25 30
Absorptions de K (kg/ha)
Figure 4 : Relation entre l'absorption et le
rendement du basilic pour l'azote (N), le ph osphore (P) et le potassium
(K).
C'est la relation entre le rendement et l'absorption de N,
P et K dans la matière sèche du basilic à la
récolte 2, 4 et 6. Les lignes (en tiret) à gauche de chaque
figure représentent la limite maximale de dilution de N, P et K et les
lignes (en tiret) à droite indiquent la limite maximale d'accumulation
de N, P et K.. Les pentes sont obtenues en excluant les valeurs extrêmes
fortes et faibles avec 2. 5è centiles des efficacités internes
calculées à travers les sites et les saisons de cultures du
basilic. Les lignes de milieux (en trait plein) représentent la
nutrition optimale telle que décrite par Q UEFTS.
46
3.2.2 Taux de recouvrement
Le taux de recouvrement (TR) des engrais appliqués varie
selon la saison, le site, et la fumure organique.
Le TR est plus accru en saison principale qu'en saison
secondaire sauf pour le K où on a observé le contraire. En saison
principale, le TR N est autour de 18%, le TR P 11% et le TR K 22% alors que la
saison secondaire affiche 4% pour le TR N, 2% pour le TR P et 25% pour le TR
K.
On constate que le TR est plus élevé sur sol
sableux que sur sol argileux. Sur sol sableux, on a en moyenne le TR N est de
20%, le TR P est de 12% et le TR K est de 23%. Sur sol argileux, le TR N, le TR
P et le TR K sont respectivement, en moyenne, de 11%, 7% et 13%.
Sans apport de fumure organique, le TR N, TR P et TR K sont
respectivement, en moyenne, de 13%, 7% et 14%. L'apport de fumier donne
respectivement pour N, P et K des TR de 16%, 9% et 22%. Les TR de N et de K en
apportant de la drêche au sol sont respectivement de 6% et 5% (TR P est
négatif : le P de l'engrais n'est pas utilisé). La combinaison de
50%-50% de fumier et de drêche donnent des TR N, P et K respectifs de 8%,
1% et 4% (Tableau 13).
Si le fumier contribue à augmenter le TR des
nutriments, la drêche quant à elle fait chuter les TR. Ce qui
pourrait être particulièrement intéressant pour la culture
car cette situation montre que la drêche pourvoit le sol en nutriments de
manière à ce que la plante n'ait point besoin des engrais
apportés (cas des TR < 0) ou ne l'utilise que très peu (cas
des TR très faibles).
Il est important de souligner que la faiblesse des TR P ne
signifie en aucune manière une grande disponibilité du nutriment
dans le sol. Le P est très souvent sujet à la
séquestration dans les sols par les sesquioxydes de Fe et de Al.
Même si le sol est significativement riche P, ce P n'est pas toujours
disponible pour la plante. Bon nombre d'auteurs ont eu à
démontrer ce comportement du P d ans le sol (IFA, 1992 ; Dobermann
et al., 2000 ; Wopereis, 2004).
Tableau 13 : Les taux de recouvrement moyen
suivant les saisons, les sites et les
fumures organiques.
Les taux de recouvrement de
Paramètres N P K
Suivant les saisons
Saison secondaire 0,04 0,02 0,25
Saison principale 0,18 0,11 0,22
Suivant les sites
Sol sableux 0,20 0,12 0,23
Sol argileux 0,11 0,07 0,13
Suivant les fumures organiques
Sans apport 0,13 0,07 0,14
Fumier 0,16 0,09 0,22
Fumier + drêche 0,08 0,01 0,04
Drêche 0,06 0,00 0,05
En combinant les effets du site et de la saison de
manière à avoir des effets extrêmes, on a des TR
respectivement pour N, P et K qui oscillent entre 4-20%, 2-12% et 13-25%.
(Tableau 13). De même en combinant les effets des saisons et des fumures
organiques, on a des TR respectivement pour N, P et K qui varient entre 4-18%,
0-11% et 4-25%. Les effets de la combinaison des sites et des fumures
organiques donnent respectivement 6-20%, 0-12% et 4-23%.
En général, on a des TR respectivement pour N, P et
K qui varient entre 4-20%, 0- 12% et 4-25%.
Janssen et al. (1987), en étudiant l'effet
résiduel de P sur le riz, le maïs et le sorgho pendant dix ans, ont
trouvé que le taux de recouvrement de P varie de 4-12%. Pour la plupart
des cultures en première année d'utilisation, l'IFA (1992) donne
en moyenne TR N de 50-70%, TR P de 15% (mais seulement 1-2% par an par
après) et TR K de 50-60%. Pour les céréales en
général, Francis et al. (1993) rapporte des TR N variant
entre 20-50% tandis que des études conduites sur le maïs en Turquie
par Kirda et al. (2005) indique des TR N de 20-27%. Pour le riz,
Haefele et al. (2003) donnent un taux de recouvrement de 31-50% pour
N, 26-43% pour P et 53-65% pour K tandis que Wopereis (2004) donne un taux de
recouvrement de 30% pour N, 20% pour P et 30% pour K. Les TR trouvés
dans cette étude ne s'écartent donc pas grandement des valeurs
généralement admises pour les cultures tropicales.
Eu égard à toutes ces analyses, les valeurs de TR
résumées dans le tableau 14 seront considérées pour
le calibrage du module.
Tableau 14 : Les taux de recouvrement des
engrais pour le calibrage du module
Sol
|
Gestion organique
|
|
Saison principale
|
|
|
Saison secondaire
|
|
|
N
|
P
|
K
|
N
|
P
|
K
|
Sol argileux
|
Sans fumier
|
0,2
|
0,12
|
0,25
|
0,1
|
0,05
|
0,15
|
|
Fumier
|
0,25
|
0,15
|
0,3
|
0,1
|
0,05
|
0,15
|
|
Mucuna
|
0,25
|
0,15
|
0,3
|
0,1
|
0,05
|
0,15
|
Sol sableux(-)*
|
Sans fumier
|
0,15
|
0,1
|
0,2
|
-
|
-
|
-
|
|
Fumier
|
0,25
|
0,15
|
0,35
|
-
|
-
|
-
|
|
Mucuna
|
0,25
|
0,15
|
0,35
|
-
|
-
|
-
|
Sol
|
Sans fumier
|
0,05
|
0,01
|
0,01
|
-
|
-
|
-
|
sableux(+)**
|
Fumier
|
0,05
|
0,01
|
0,05
|
-
|
-
|
-
|
|
Drêche
|
0,05
|
0,01
|
0,05
|
-
|
-
|
-
|
|
Drêche+fumier
|
0,1
|
0,01
|
0,05
|
-
|
-
|
-
|
|
Mucuna
|
0,05
|
0,01
|
0,05
|
-
|
-
|
-
|
* Sol peu fertile, c'est le type Agbodrafo, Gbodjomé,
Goumoukopé ** c'est le type Nimagnan très fertile
3.2.3 Capacité du sol à fournir NPK
L'une des importantes clés pour la fertilisation
raisonnée pour le basilic est la capacité fertilitaire initiale
du sol. Elle s'exprime en terme de capacité du sol à fournir le
N, le P et le K et elle est estimée à partir de l'absorption de
NPK dans les feuilles des traitements sans engrais.
L'analyse du comportement de chaque sol révèle
que les nutriments sont fournis au basilic dans un rapport donné. En
considérant le N, le P et le K que la plante a pu absorber dans ses
feuilles, on découvre que les nutriments sont absorbés dans un
rapport spécifique
relatif au sol qui sont très peu dépendant de
l'apport ou non de la fumure organique. A D3, sol argileux, le rapport
N/P:N/K:K/P donne en moyenne 5,57:1,05:5,31 en saison principale et en saison
secondaire, 7,73:1,0:7,68. Sur sol sableux, à Agbodrafo, ce même
rapport donne en saison principale 4,82:0,96:5,29 tandis qu'à Nimagnan,
on a 5,46:1,26:4,34. (Tableau 15). Etant donné que nous ne disposons pas
de beaucoup de données pour soutenir ces tendances des sols à
fournir N, P et K suivant un ratio spécifique, les valeurs
trouvées sont à prendre avec prudence.
Tableau 15 : Ratios de fourniture de N, P et K
propre aux sols.
Sol / Lieu
|
N/P
|
N/K
|
K/P
|
D3-1 sf
|
5,00
|
1,04
|
4,83
|
f
|
6,14
|
1,06
|
5,78
|
Moyenne D3-1,
|
5,57
|
1,05
|
5,31
|
D3-2 sf
|
7,69
|
1,01
|
7,63
|
f
|
7,78
|
1,01
|
7,72
|
Moyenne D3-2
|
7,73
|
1,01
|
7,68
|
Agbodrafo sf
|
5,47
|
1,23
|
4,44
|
f
|
4,18
|
0,68
|
6,13
|
Moyenne Agbo
|
4,82
|
0,96
|
5,29
|
Nimagnan sf
|
5,69
|
1,22
|
4,66
|
f
|
6,06
|
1,44
|
4,20
|
d
|
5,30
|
1,32
|
4,01
|
df
|
4,80
|
1,07
|
4,48
|
Moyenne Nim
|
5,46
|
1,26
|
4,34
|
sf = sans fumier, f = fumier, d = drêche, df =
drêche + fumier, Agbo = Agbodrafo, Nim = Nimagnan.
En étudiant l'analyse des feuilles des traitements sans
engrais, on a déterminé la capacité fertilitaire initiale
des sols de production de basilic dans la région maritime du Togo
(tableau 16). Ces sols assurent au basilic 24,40-93,62 kg.ha-1 de N,
3,86-15,06 kg.ha-1 de P et 26,80-61,76 kg.ha-1 de K. Ces
sols paraissent plus fertiles car ils fournissent plus de nutriments au basilic
que les sols de l'Asie tropicale et subtropicale n'en fournissent au riz
irrigué (8 kg.ha-1 de N, 2 kg.ha-1 de P et 14
kg.ha-1 de K) (Witt et al., 1999).
Tableau 16 : La capacité des sols
à fournir N, P et K en fonction des saisons de culture,
en kg.ha-1.
Sol
|
Gestion organique
|
|
Saison principale
|
|
|
Saison secondaire
|
|
|
|
N
|
P
|
K
|
N
|
P
|
K
|
Sol argileux
|
Sans fumier
|
27,74
|
5,55
|
26,80
|
29,85
|
3,86
|
29,66
|
|
Fumier
|
42,39
|
6,88
|
39,89
|
45,37
|
5,85
|
54,82
|
|
Mucuna
|
57,22
|
8,17
|
45,58
|
47,58
|
6,80
|
37,91
|
Sol sableux(-)*
|
Sans fumier
|
24,61
|
4,48
|
20,58
|
-
|
-
|
-
|
|
Fumier
|
24,40
|
5,85
|
35,85
|
-
|
-
|
-
|
|
Mucuna
|
64,75
|
9,25
|
51,58
|
-
|
-
|
-
|
Sol
|
Sans fumier
|
83,59
|
1,.81
|
57,99
|
-
|
-
|
-
|
sableux(+)**
|
Fumier
|
75,39
|
13,26
|
61,79
|
-
|
-
|
-
|
|
Drêche
|
79,76
|
15,06
|
60,36
|
-
|
-
|
-
|
|
Drêche+fumier
|
53
|
11,06
|
49,52
|
-
|
-
|
-
|
|
Mucuna
|
93,62
|
13,37
|
74,58
|
-
|
-
|
-
|
* Sol peu fertile, c'est le type Agbodrafo, Gbodj omé,
Goumoukopé ** c'est le type Nimagnan très fertile
3.2.4 Rendement à cibler
La présente étude fait état de rendements en
six coupes de feuilles fraîches de basilic de l'ordre de 4000 kg.ha
-1 à 23000 kg.ha-1 (4389-23276
kg.ha-1).
Le rendement potentiel d'une culture est difficile à
obtenir aux champs à cause des conditions météorologiques
qui ne sont pas très influençables. Il est tout de même
possible d'avoir un rendement réalisable qui se situe autour de 70-80%
de rendement potentiel. Dzotsi et al. (2004) ont estimé le
rendement potentiel du basilic à 25000 kg.ha-1. Le basilic
est une plante qui est très influencée par les
saisonnalités. Si la meilleure saison (saison principale) nous a permis
d'avoir un rendement autour de 23000 kg.ha -1 et en
considérant les conditions des essais aux champs, on peut valablement
considérer le rendement de 23 000 kg.ha-1 comme étant
le rendement réalisable pour le basilic. Le rendement potentiel de
feuilles fraîches de basilic, dans ces conditions, pourrait être
réévalué à 30000 kg.ha-1.
Pour calibrer le module, nous avons pris, comme rendement
à cibler, les rendements résumés dans le tableau 17. Ces
rendements sont fixés en considérant les rendements obtenus en
fonction des différentes conditions de culture et en éliminant
les valeurs aberrantes. Le module tourne avec des rendements qui varient entre
8 et 23 t.ha-1.
Tableau 17 : Rendements ciblés du
basilic suivant les saisons, le précédent cultural, les
fumures organiques et la nature du sol (t.ha-1)
Sol
|
Gestion organique
|
Saison principale
|
Saison secondaire
|
Sol argileux
|
Sans fumier
|
16
|
9
|
|
Fumier
|
18
|
11
|
|
Mucuna
|
20
|
13
|
Sol
|
Sans fumier
|
12
|
-
|
sableux(-)*
|
Fumier
|
16
|
-
|
|
Mucuna
|
20
|
-
|
Sol
|
Sans fumier
|
21
|
-
|
sableux(+)**
|
Fumier
|
21
|
-
|
|
Drêche
|
22
|
-
|
|
Drêche+fumier
|
18
|
-
|
|
Mucuna
|
23
|
-
|
* Sol peu fertile, c'est le type Agbodrafo, Gbodjomé,
Goumoukopé ** c'est le type Nimagnan très fertile
Ces différents paramètres étant
développés, il serait intéressant de voir quelle serait la
précision de ce module après son amélioration et son
calibrage.
3.3 Résultats de la performance
3.3.1 Performance du module
En étudiant la coïncidence entre les rendements
prédits (ciblés) par le module et ceux observés, on a
constaté une assez bonne performance du module.
Sur sol argileux, la différence entre les moyennes (MD)
donne -1797 kg.ha-1 (p est à l'infini) tandis que l'erreur
principale relative (RRMSE) est de 14% pour un RMSE de 2101 kg.ha-1.
Une forte corrélation se dégage entre les prédictions et
les observations (0.97), et à cette corrélation est
associée une pente de 1,17 et un intercepte de -671 kg.ha-1
(respectivement égale 1 et à 0 statistiquement). L'indice
d'acceptation de ce modul e pour les prévisions sur les sites argileux
est de 0,93. (Tableau 18, figure 5B)
Sur sol sableux, on remarque le MD vaut -1033
kg.ha-1 (p est à l'infini) et le RRMSE est de 7% (RMSE = 1381
kg.ha-1). Le coefficient de corrélation est de 0,97. La pente
(1,12) est acceptable avec un intercepte de -1401 kg.ha-11
(respectivement égale 1 et différent de 0 statistiquement).
Toutefois le module est acceptable avec un indice de Willmott de 0,95. (Tableau
18 et Figure 5C)
Tableau 18 : Données d'évaluation
du modu le DSSB
0.97
Sites
|
n
|
MD
|
RMSE
|
RRMSE
|
Coefficient
|
p
|
Pente
|
Intercepte
|
d
|
|
|
Kg/ha
|
|
(%)
|
Corrélation.
|
|
|
|
|
D2
|
4
|
-1537
|
1814
|
15
|
|
Infini
|
2.05
|
-11440
|
0.63
|
D3-3
|
4
|
-2056
|
2354
|
13
|
0.96
|
Infini
|
1.19
|
-1315
|
0.89
|
Sols argileux
|
8
|
-1797
|
2101
|
14
|
0.97
|
Infini
|
1.17
|
-671
|
0.93
|
Gbodjomé
|
4
|
-1033
|
1381
|
7
|
0.97
|
Infini
|
1.12
|
-1401
|
0.95
|
Sols sableux
|
4
|
-1033
|
1381
|
7
|
0.97
|
Infini
|
1.12
|
-1401
|
0.95
|
Tous les sites
|
12
|
-1542
|
1892
|
11
|
0.97
|
infini
|
1.05
|
779
|
0.95
|
n = nombre d'observation , MD = mean difference, RMSE = root
mean square error, RRMSE = relative root mean square error, p = degré de
signification, d = indice d'acceptation de Willmott.
En général, le module donne une assez bonne
performance pour tous les sites confondus. Le MD est égale à
-1542 kg.ha-1 (p est à l'infini) avec une variabilité
(RRMS E) de 11% et un RMSE de 1892 kg.ha-1. La corrélation
est très forte (0,97). La pente est statistiquement égale
à 1 (1,05) et l'intercepte est significativement égale à 0
(779 kg.ha -1). Le module estime les besoins en NPK à 95%
près (d = 0,95) et est donc acceptable (Tableau 18 et Figure 5A).
L'indice d'acceptation de Willmott a atteint le seuil
généralement admis dans le développement d'un
modèle.
Toutefois, l'analyse graphique montre que le module surestime
un peu les besoins du basilic, mais ceci n'emp êche pas d'atteindre le
niveau de production désiré. C'est qui justifie le niveau
acceptable de l'analyse statistique.
25000
20000
15000
10000
5000
0
25000
20000
15000
10000
5000
0
A
B
15000
10000
5000
0
25000
20000
52
C
0 5000 10000 15000 20000 25000 0 5000 10000 15000 20000 25000 0
5000 10000 15000 20000 25000
Rendements observés Rendements observés
Rendements observés
Figure 5 : Comparaison des rendements
observés et prédits par DSSB.
A est relatif à tous les sites combinés, B
est relatif aux sites argileux et C est relatif aux sites sableux. Les
rendements sont relatifs aux essais sur les sites argileux et sableux. Les
lignes en pointillés représentent la droite 1 : 1 et les lignes
continues, la droite de régression.
3.3.2 Sensibilité du module
L'analyse des données de Goumoukopé nous a
permis de vérifier la sensibilité du module et donc la
précision de ce module. Il n'existe que très peu de
différence entre les différents paramètres analysés
(Tableau 19). Les indices de l'efficacité interne des traitements sont
respectivement pour T5, T6 et T7 de 59%, 57% et 58% et sont peu
différents de celui du module (50%). Les ratios d'absorption de N:P:K
sont respectivement pour T5, T6 et T7 de 7,12:2,02:3,52, 6,96:1,76 :3,96 et
7,05:1,91:3,69. Si la dernière partie du ratio (rK/P) semble plus faible
que pour l'optimum (5,58), les autres parties sont très proches de
l'optimum. Cette faiblesse de rK/P traduit la disproportion qui existe entre P
et K dans les traitements considérés.
On note toutefois que les valeurs qui sont plus proches des
valeurs du module sont celles de T6 (N, 250. kg.ha-1). En augmentant
cette dose de N de 50 kg.ha-1, on remarque un léger
fléchissement du rendement de près d'une tonne alors qu'en
diminuant cette dose de N de 50 kg.ha-1, il y a une
légère augmentation du rendement de près d'une demi
-tonne. Ceci semble économiquement très important en terme
d'engrais à économiser ou de gain de rendement. Ce traitement T6
(N, 250. kg.ha-1) est plus proche des calculs du module (N, 257
kg.ha-1).
Tableau 19: Comparaison des indices IEI et des
ratios des traitements de Goumoukopé
avec les données du module
Paramètres
|
|
T5
|
|
|
T6
|
|
|
T7
|
|
|
Module
|
|
Dose de N, kg.ha-1
|
|
200
|
|
|
250
|
|
|
300
|
|
|
257
|
|
Rendement, kg.ha-1
|
|
10608
|
|
|
10015
|
|
|
9188
|
|
|
10000
|
|
IEI, %
|
|
59
|
|
|
57
|
|
|
58
|
|
|
50
|
|
Ratio N : P : K
|
7,12
|
: 2,02 :
|
3,52
|
6,96
|
: 1,76 :
|
3,96
|
7,05 :
|
1,91 :
|
3,69
|
7,0 :
|
1,26 :
|
5,58
|
Partant de ce constat, il est évident que le module est
capable d'estimer les besoins de la plante. Certes, les variations des doses de
N sur le terrain n'affectent pas grandement l'obtention du rendement
désiré, mais il semble plus judicieux de s'en tenir aux besoins
calculés par le module.
3.4 Gestion optimale de l'azote
L'azote est un nutriment très susceptible à la
perte par diverses voies. Il paraît do nc nécessaire de
gérer ce nutriment pour une meilleure utilisation par la plante.
En étudiant la répartition de l'azote sur le
cycle de développement de la plante, il a été
constaté que 15% de l'azote total contenu dans les feuilles est
absorbé à la 2è ré colte et en moyenne 21% (12% -
30%) à la 4è récolte et 12% (4% - 20%) à la
6è récolte. On constate que le basilic absorbe plus de N à
la 4è récolte et qu'à la 2è et la 6è
récolte où les besoins sont moindres (Tableau 20).
Pour satisfaire la demande de l'azote pour une meilleure
production, il serait intéressant de tenir compte de la
variabilité dans la consommation de l'azote par la plante. En
considérant les moyennes des proportions d'azote absorbé, on se
rend compte, que le basilic devrait absorber autour de 15% du semis à la
1ère récolte, entre 15% et 21% à la 3è
récolte et à la 5è récolte entre 21% et 12%.
(Tableau 20 et figure 6)
Tableau 20: Proportion d'azote absorbé
à la 2è, 4è et 6è récolte, %
Récolte
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
2
|
15
|
15
|
15
|
4
|
12
|
30
|
21
|
6
|
4
|
20
|
12
|
En analysant la courbe de la figure 6, on peut graphiquement
estimer la proportion moyenne de N consommé par le basilic aux
récoltes 1, 3 et 5. Ceci nous donne à la récolte 1, 18,5%,
à la récolte 3, 16% et à la récolte 5, 17,5%. En
résumé, nous aurons à peu près entre les coupes
successives, une consommation de N à peu près de
18,5%-15%-16%-21%- 17,5%-12%.
Figure 6 : Evolution de la consommation de N
suivant les récoltes.
La répartition de l'azote sur le cycle de plante se repose
sur d eux hypothèses :
Q Le sol fournira davantage d'azote à la plante en
début de végétation dans la mesure où l'azote
propre au sol est disponible. Il faut donc amoindrir les apports
supplémentaires d'azote.
Q Vers la fin de la végétation, le sol
épuiserait son azote disponible pour la culture. Il faut donc apporter
plus d'azote.
Cette analyse nous amène à proposer une
répartition plus équilibrée de l'azote calculé par
le module sur les six coupes comme suit:
· Entre le semis et la 1ère
récolte : 10%
· Entre la 1ère - 2è
récolte : 15%
· Entre la 2è - 3è récolte : 20%
· Entre la 3è - 4è récolte : 25%
· Entre la 4è - 5è récolte : 15%
· Entre la 5è - 6è récolte : 15%
3.5 Limite du module et les perspectives de son
amélioration
3.5.1 Les limites du module
Le module DSSB ne prend pas en compte les facteurs gestion de
l'eau, gestion des mauvaises herbes et gestion des maladies. Il est alors
fortement recommandé que l'application des besoins calculés de la
plante s'accompagne de bonnes pratiques culturales.
S'inscrivant dans une perspective de durabilité, le
module DSSB est statique et n'est pas assez outillé pour une analyse
performante dans le temps. En effet, le principe actuel de fonctionnement du
DSSB ne lui permet pas de saisir l'évolution de la fertilité du
sol. Or, cette dernière composante est une clé indispensable pour
une bonne estimation des besoins. Que l'on mette en oeuvre ou non les
techniques de gestion du sol, sa fertilité changera en fonction du temps
dans la mesure où ce sol est exploité. La capacité du sol
à fournir N, P et K intégrée au module sera
désuète avec le temps, surtout avec la technique culturale
adoptée par Darégal Equatorial (destruction systématique
des résidus de récolte). Ceci est une limite majeure pour le
module. A intervalle de temps régulier (minimum 3 ans et maximum 5 ans),
il va falloir actualiser ce module en menant des essais sans engrais sur les
sites de production et en analysant la teneur en NPK des feuilles de la
production obtenue.
Il serait intéressant de trouver un moyen pratique pour
saisir l'évolution de la fertilité du sol dans le temps. L'espoir
peut être mis sur la détermination de la teneur du sol en nitrate,
dosée au moyen de la mallette azotée. En identifiant de
manière correcte et persuasive le rapport de fourniture de N, P et K par
le type de sol donné, il est possible d'estimer avec précision la
capacité du sol à fournir N, P et K par le dosage de l'azote
nitrique. On pourra ainsi envisager la substitution dans le module de la
capacité du sol à fournir N, P et K par le résultat du
test de dosage du nitrate. Ainsi à chaque début de saison
culturale, il suffirait de doser le nitrate dans le sol en place puis l'on
utilise le module en toute quiétude.
La possibilité d'utiliser le chlorophylle -mètre
pour gérer la demande en azote est aussi possible grâce à
une étude approfondie de la relation entre la mesure du chlorophylle-
mètre et la teneur en azote des feuilles du basilic.
3.5.2 L'estimation du rendement sans engrais
Le module DSSB, en marge de l'estimati on des besoins en NPK,
estime le rendement que l'on pourrait obtenir sans apports de fertilisants au
sol de culture. Cette estimation des rendements sans engrais s'effectue sur la
base de la loi du minimum dans le module. On espère atteindre le
rendement généré par le nutriment le plus limitant dans le
sol. Cette façon de voir les choses élimine tout risque de
surestimation des rendements qui serait préjudiciable à
l'économie de la production.
Mais le calcul de ces rendements sans engrais,
générés par la capacité propre au sol, se fait sur
la base de l'efficacité interne affectée à chaque
nutriment (N, P et K) pris individuellement. Ceci ne prend en compte aucune
interaction entre les nutriments. Ce qui dans la réalité ne se
justifie pas.
Il existe toujours entre les nutriments absorbés par
les plantes une certaine interaction naturelle émanant des processus
physiologiques de la plante. Il serait plus intéressant de trouver une
approche prenant en compte cette interaction entre les nutriments
absorbés par la plante pour générer un rendement
économique. Justement pour cette fin, l'approche QUEFTS, (Janssen, 1998)
pour l'estimation du rendement, nous semble -t -il, serait plus
indiquée.
Tableau 21 : Rendements en feuilles
fraîches de basilic sans engrais (kg.ha-1)
Site
|
Gestion organique
|
Rendements réels
|
Rendements - du minimum
|
Loi
|
Rendements -
QUEFTS
|
D3-1
|
Sans fumier
|
8001
|
6519
|
|
8004
|
|
Fumier
|
10424
|
9962
|
|
11466
|
D3-2
|
Sans fumier
|
6492
|
6350
|
|
8079
|
|
Fumier
|
9352
|
9623
|
|
13955
|
Agbodrafo
|
Sans fumier
|
5529
|
5783
|
|
6379
|
|
Fumier
|
6702
|
5734
|
|
9785
|
Nimagnan
|
Sans fumier
|
21627
|
17107
|
|
19213
|
|
Fumier
|
19422
|
17717
|
|
19065
|
|
Drêche
|
22048
|
17806
|
|
20263
|
|
Drêche+fumier
|
15941
|
12455
|
|
15363
|
|
L'étude comparative des rendements estimés par
la méthode des lois du minimum et ceux estimés par la
méthode QUEFTS simplifié par rapport aux rendements
réellement observés sur le terrain, ne révèle pas
une différence significative entre la précision des deux
méthodes, bien que la méthode QUEFTS présente un
léger avantage nominale (Tableau 21). L'erreur relative principale
affectant les prédictions de la méthode des lois du minimum est
de 2387 kg.ha-1 (p est à l'infini) avec une
variabilité de 19%. La méthode QUEFTS affiche une erreur relative
principale de 2109 kg.ha-1 (le degré de signification est
à l'infini) avec une variabilité de 17%.
En considérant la physiologie des plantes qui fait
intervenir toujours des interactions entre les éléments
chimiques, en prenant en compte la légère différence
nominale entre les deux méthodes et en considérant le fait que
l'estimation des rendements sans engrais n'interfère en aucun cas avec
le but principal du module (calcul des besoins en fertilisant) et que ces
rendements sans engrais ne donnent qu'une idée globale de la
capacité productive du sol en place, la méthode QUEFTS semble
être appropriée pour la simulation de la réalité du
système étudié.
CONCLUSIONS
Le basilic est une plante aromatique très
utilisée. La nécessité d'une meilleure production de cette
culture a conduit à l'élaboration de recommandation à la
carte basée sur un outil d'aide à la décision
appelé DSSB (Decision Support Spreadsheet for Basil).
L'amélioration et l'évaluation de ce module ont permis d'avoir un
outil acceptable qui recommande des doses de N, P et K respectant
l'environnement et capturant les variations de la fertilité des sols
observées à l'échelle parcellaire. La présente
étude a permis d'aboutir aux conclusions suivantes :
· Les rendements en feuilles de basilic variaient
grandement en fonction du site, de la saison et des amendements organiques et
minéraux, et leurs valeurs étaient comprises entre 4 et 23
t.ha-1. Les efficacités internes optimales du basilic pour N,
P et K sont respectivement 235 kg.kg-1, 1645 kg.kg-1, 295
kg.kg-1 et le ratio d'absorption optimale de NPK était de 7,0
: 1,26 : 5,58. Le taux de recouvrement varie de 4 à 20% pour N, de 0
à 12% pour P et 4 à 25% pour K. La capacité du sol
à fournir N, P et K est très variable suivant les sites et les
fumures. Le sol pouvait fournir à la culture entre 24,40 et 93,62
kg.ha-1 de N, entre 3,86 et 15,06 kg.ha-1 de P et entre
26,80 et 61,79 kg.ha-1 de K. Le rendement à cibler (8-23
t.ha-1) dépend de la saison de culture. Il était
apparu que P et surtout N étaient les éléments nutritifs
qui limitent la production du basilic sur les sites de Darégal
Equatorial.
· Le module amélioré et calibré
surestime légèrement les besoins en N, P et K du basilic. Mais il
est acceptable comme un estimateur de ces besoins sur les différents
types de sol et les diverses conditions agro-écologiques de
Darégal Equatorial (d = 0,95).
· La dose d'engrais azoté calculée par le
module pourrait être fractionnée comme suit : 10% entre le semis
et la 1ère récolte, 15% entre la
1ère - 2è récolte, 20% entre la 2è -
3è récolte, 25% entre la 3è - 4è récolte,
15% entre la 4è - 5è récolte, 15% entre la 5è -
6è récolte.
Le module amélioré et calibré est un
outil acceptable capable d'aider Darégal Equatorial et les autres
producteurs à prendre des décisions sur la dose de fertilisants
à apporter à leurs sols pour avoir les rendements
conséquents en feuilles de basilic. Le module permettra, en outre, de
réduire les doses de NPK pratiquées par Darégal Equatorial
(sur le littoral, 300-75- 175 kg.ha-1 pratiqué par
Darégal Equatorial contre 250-30-125 kg.ha-1 estimé
par le module) et partant permettrait une réduction des risques
environnementaux.
Le DSSB ne prend pas en compte la gestion de l'eau, des
maladies, des mauvaises herbes et de la façon culturale. Les
recommandations du DSSB ne sont réalistes que dans les conditions de
bonne gestion des autres facteurs de production.
Pour l'estimation des rendements sans engrais, nous
suggérons d'utiliser l'approche QUEFTS simplifié de Janssen
(1998) qui simule mieux la réalité du système
étudié.
Il est indispensable de poursuivre les recherches sur la
gestion de l'eau dans le système étudié, sur
l'amélioration de la capacité prédictive du module dans le
temps et surtout sur la physiologie du basilic dans les milieux tropicaux. Ceci
permettra de mieux profiter des potentialités de la culture et une
meilleure utilisation du DSSB.
Le module DSSB se présente davantage comme un outil de
référence. Il peut être adapté à d'autres
sites de production pour Darégal Equatorial et mieux encore être
adapté à l'estimation des besoins en nutriments d'autres cultures
à l'instar du maïs, du mil, de l'igname, du manioc, du riz, du
fonio, de la tomate, etc, principales cultures de nos pays en voie de
développement.
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ANNEXES
Annexe 1 : Rendements moyens en six coupes de feuilles
fraîches du basilic sur différents sites avec différents
amendements organiques au cours des différentes saisons
|
|
|
Rendements moyens par traitement (kg.ha-1)
|
|
|
Sites
|
T1
|
T2
|
T3 T4
|
T5
|
T6
|
T7
|
Am org.
|
|
Essais du test de la performance du module
|
|
|
|
D2 mucuna
|
11182
|
10990
|
-
|
-
|
12556
|
12644
|
13223
|
D3-3 mucuna
|
13446
|
12317
|
18406
|
18279
|
18548
|
19938
|
19232
|
Gbodjomé mucuna
|
15217
|
15206
|
23276
|
20427
|
22641
|
20578
|
21724
|
Goumoukopé mucuna
|
-
|
-
|
-
|
-
|
10608
|
10015
|
9188
|
|
|
Essai de calibrage du module
|
|
|
|
D3-1 f
|
10424
|
18331
|
14964
|
18070
|
19213
|
19928
|
16680
|
sf
|
8001
|
14246
|
11646
|
15164
|
16197
|
14401
|
14402
|
D3-2 f
|
9352
|
8630
|
10053
|
9375
|
10142
|
11058
|
9276
|
sf
|
6492
|
7483
|
7828
|
8197
|
7900
|
7580
|
8042
|
Agbodrafo f
|
6702
|
11435
|
15260
|
15334
|
15486
|
14167
|
15812
|
sf
|
5529
|
4389
|
12058
|
11003
|
11670
|
8828
|
10874
|
Nimagnan sf
|
21627
|
17927
|
22083
|
21787
|
20763
|
18120
|
21837
|
f
|
19422
|
21215
|
20900
|
20720
|
20626
|
19801
|
19857
|
df
|
15941
|
16621
|
17913
|
17407
|
16671
|
17125
|
17138
|
d
|
22048
|
20468
|
22621
|
20813
|
21036
|
20638
|
21437
|
|
Am.org :amendement organique, f
: fumier, d : drêche,
Annexe2 : Estimation du rendement par le processus de
QUEFTS simplifié (Janssen, 1998)
|
Absorptions
|
Efficacité Interne
|
Rendements
|
Chevauchement des rendements
|
|
|
du basilic
|
|
|
Paires
|
Rangs
|
|
Moy
|
|
|
Max
|
Min
|
Max
|
Min
|
|
Max
|
Min
|
|
N
|
50
|
295
|
175
|
14750
|
8750
|
NP
|
20800
|
8750
|
14775
|
P
|
10
|
2080
|
1210
|
20800
|
12100
|
NK
|
19575
|
6975
|
13275
|
N
|
45
|
435
|
155
|
19575
|
6975
|
PK
|
20800
|
6975
|
13888
|
|
Rendement moyen estimé par QUEFTS
13979
Moy : moyenne, max : maximum, min : minimum et QUEFTS :
Quantitative Evaluation of the fertility of Tropical Soils. Les absorption
utilisées sont prises au hasard.
Les efficacités internes minimales et maximales du
basilic sont respectivement de 175-295 kg.kg-1 pour N, 1210-2080
pour P et 155-435 pour K. En multipliant ces valeurs par les absorptions
données de N, P et K, on a l'interval le de rendement de chaque
nutriment. On détermine ensuite l'intervalle de chevauchement des
rendements pour chaque paire de nutriment (NP, NK et PK). Le rendement
estimé par QUEFTS est la moyenne de la valeur moyenne de l'intervalle de
chevauchement des paires de nutriment.
Le tableau précédent illustre le calcul du
rendement par QUEFTS. Pour une absorption de N-P-K de 50-10-45
kg.ha-1, on estime un rendement de 13979 kg.ha-1 de
feuilles fraîches de basilic.
Annexe 3 : Manipulation du module DSSB
1. Lancement du DSSB.
· Cliquer sur l'icône et n'oublier pas d'activer les
macros. Vous accédez ainsi à la page d'accueil.
· Sur l'écran d'accueil du spreadsheet
sélectionner « Démarrer » (figue A, annexe 4)
2. Sélectionner une option : (Figure B, annexe
4)
· Une fenêtre s'ouvre avec trois options
· Si vous êtes à votre premier usage, il vous
est vivement conseillé de choir l'option « Lire les instructions
»
· Mais si vous êtes un habitué,
sélection « Démarrer le module »
· Vous pouvez en ce moment, avoir des commentaires à
faire alors l'option « Enregistrer des notes » vous est
recommandée
N'oublier pas de taper OK avant de continuer
3. Dans le module principal : (figure C, annexe
4)
· Sélectionner un site, puis une saison, puis une
gestion organique
· Re-ajuster les taux de recouvrement si
nécessaire
· Corriger les capacités du sol à fournir N,
P et K si nécessaire
· Cibler un rendement réaliste
· Calculer les absorptions, optimiser les puis calculer les
besoins en N, P et K
· Répartir la fumure azotée sur le cycle
(figure D, annexe 4)
· Exporter les résultats de la session en Excel
Toutes ses activités se font en cliquant juste sur les
liens.
Annexe 4 : Shell du module DSSB
Figure A : Page d'accueil de DSSB
Figure B : Page d'accueil de DSSB avec la fen
être d'options
Figure C : Page du module principal du DSSB
Figure D : Page du DSSB montrant la
répartition de l'azote
70
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