L'hôte influe considérablement
l'épidémiologie de la Cératite. Cette influence à
partir de la séquence des hôtes. Elle revêt une importance
capitale car elle détermine le nombre de générations et
donc le nombre de femelles en quête de ponte dans un biotope
donné. L'absence d'hôtes pour une période donnée
conditionne le niveau des populations. Alors que l'éloignement par
rapport aux cultures pouvant être contaminées, conditionne le taux
d'infestation (10).
II.1. La Cératite et les citrus
Bondenheimer (1951) a décrit le point de piqûre
de la Cératite sur citrus. Il est facile à remarquer sur les
oranges vertes où il présente une zone de décoloration qui
le circonscrit. Ce phénomène hâte la maturité
(1).
Les points des piqûres sont légèrement
soulevés par rapport au niveau de la surface du fruit ou au contraire
légèrement affaissés. La tâche finit par
s'élargir, devient brunâtre et la chair sous-jacente pourrit
(Figure 3). La tâche des piqûres ne renfermant pas d'oeufs ou
d'individus morts, se cicatrise. La peau se dessèche sous la pourriture
(1).
Figure 4 : Piqûres de la Cératite sur des
citrus : Citron (a) et Orange (b).
II.1.1. Susceptibilité des différentes
variétés à l'attaque
Les différentes espèces de Citrus montrent des
différences dans leurs structures physiques et chimiques,
déterminées par une variabilité de la résistance de
l'écorce, de la résistance mécanique, de la
présence des huiles d'éther et de la sécrétion de
gomme pouvant gêner d'une manière ou d'une autre le
développement adéquat des larves (12).Les
différences dans les caractéristiques font que les diverses
variétés de Citrus présentent des prédispositions
variables aux attaques de la Cératite.
Bodenheimer (1951) considère le Citronnier et le
Cedratier comme espèces immunes d'infestation, malgré la
présence de piqûres stériles. Alors que les Bigaradiers
sont sévèrement attaqués à cause du
relâchement du tissu de l'écorce (12). Les
variétés tardives telles que les Oranges Valencia Late
favorisent la pullulation de la mouche des fruits, en effet en plus des
conditions climatiques favorables, l'espèce variétale a une
épaisseur d'écorce relativement faible, facile à percer
par l'ovipositeur de la femelle.
Les Clémentines ont une peau très mince, ainsi
la ponte se fait directement dans la pulpe. Les Oranges "Navel" sont
infestées à l'approche de la maturité. Les Tangerines,
elles, sont faiblement infestées. Pour les Oranges "Thomson", le taux
maximal élevé des piqûres stériles montre une grande
réceptivité de cette variété due à la
structure de l'écorce très lisse et relativement fine. Alors que
pour les variétés "Maltaise" et "Double fine" qui mûrissent
en même temps, les piqûres stériles diminuent dans le temps
indiquant une inhibition de la ponte et un changement de l'hôte
(1).
En ce qui concerne la chute des fruits, les
variétés d'Oranges "Thomson" et "Maltaise" sont celles qui
subissent la plus forte chute due à la Cératite (Tableau 3).
Alors que les Oranges "Doubles fines" tiennent le mieux à l'arbre mais
il faut considérer que cette espèce passe durant sa maturation
par une période de froid, ce qui se traduit par un allongement de la
durée du développement larvaire (13).
Tableau 3: Epoque de réceptivité des
fruits de Citrus dans le biotope de Mraissa (13).
II.1.2. Comportement de la Cératite sur les
citrus
o Répartition de l'infestation sur les
citrus
Il a été prouvé par plusieurs auteurs
que la Cératite visite préférentiellement les endroits
dégagés plutôt que ceux diffus. Elle préfère
également le côté Sud de l'arbre, ou bien le
côté Est (1).
Quant à Gahbiche (1993), elle a montré
l'existence sur les Citrus de deux gradients décroissants d'infestation
l'un allant de l'extérieur vers l'intérieur de l'arbre, et
l'autre selon ses points cardinaux. Le côté Sud-est
présente le taux d'infestation le plus élevé, ce qui
tranche entre la préférence au côté sud et au
côté est de l'arbre (13).
o Evolution temporelle de l'infestation des
fruits
L'étude de l'évolution montre une succession de
l'infestation au rythme de la succession de la maturité des fruits.
L'augmentation du taux d'infestation est en relation directe
avec l'augmentation du taux des captures (12) ;(13). Pour ce
qui est de l'impact de l'infestation sur la chute des fruits, Soria (1961)
(14) a trouvé que lorsque la larve du 3ème stade
effectue son saut caractéristique au sol, le fruit peut ne pas
tomber.
Les Clémentines ont une structure qui permet un
développement larvaire plus important que les autres
variétés (14) trouve que la tenue des fruits sur
l'arbre est d'origine variétale, indiquant que les Oranges "Maltaise" ne
tiennent pas bien sur l'arbre.
II.2. La Cératite sur les fruits
d'été
En dehors des Citrus, l'arboriculture tunisienne offre
à la Cératite une multitude de plantes hôtes permettant le
développement du ravageur. L'ensemble des plantes hôtes
cultivées, essentiellement les arbres fruitiers, offre à la
mouche méditerranéenne le milieu favorable en plus des conditions
climatiques optimales à son développement pendant toute la
période estivale. Cette dernière commence avec le Néflier
du Japon, et se termine sur le Figuier de Barbarie, en passant par
l'Abricotier, le Pêcher, le Figuier, le Pommier, le Poirier et d'autres
espèces fruitières (Vigne,...).
II.2.1. Comportement de la Cératite sur les
principaux fruits d'été
· Les pêches : Prunus
persica :
Les pêches constituent l'hôte
préférentiel de la Cératite (Figure 4/a). En effet, elles
sont classées parmi les hôtes les plus attaqués. Dans la
région méditerranéenne, dont la Tunisie, la
Cératite est considérée comme étant le ravageur
majeur des Pêches. Fimiani (1972) trouve des taux d'infestations allant
de 80 à 100% en Italie et Selim (1967) en Egypte, mentionne un maximum
d'attaque de 97% lors des contrôles pendant la saison estivale.
Les fruits attaqués peuvent renfermer 15 à 30
larves. Quayle (1941) montre que le niveau d'infestation est de 6 à 20
larves par fruit, et peut atteindre parfois 30 à 35
larves.
Vargas et al. (1983) ont obtenu à partir de
665 fruits, 228 pupes dont 104 ont donné lieu à des adultes.
Alors que Nishida et al. (1985) ont pu avoir une moyenne de 200
adultes par kilogramme de fruits attaqués dans l'île de Hawaii. Le
maximum de larves dans un fruit est de 76 individus, alors que la moyenne est
de 24,6 larves par fruit (1).
· Les abricots: Prunus armeniaca
:
L'abricot est un hôte très recherché par la
Cératite, spécialement les variétés tardives. Les
variétés précoces échappent à
l'infestation.
En ce qui concerne la capacité du fruit, Selim (1967)
trouve une moyenne de 14,2 larves par fruit infesté, alors que la plus
grande capacité est de 29 individus. Bodenheimer (1951) montre que le
fruit d'abricot ne peut contenir plus de 3 à 5 larves. A partir
d'échantillons d'abricots collectés aux îles Hawaii,
Liquido et al. (1990) obtiennent une moyenne de 340,55 adultes par
kilogramme de fruits attaqués (1) ;(8).
· Les prunes: Prunus spp:
Les Prunes sont relativement résistantes aux attaques des
mouches des fruits: Ceratite capitata (Wied.) mais une fois
mûres elles sont rapidement infestées surtout au cours de la
période Juin-Juillet. Bien que la forte humidité
de la pulpe provoque une mortalité des jeunes larves
(1)
Nishida et al. (1985) trouvent une moyenne
d'émergence de neuf adultes par kilogramme de fruits infestés
(1).
· Les poires: Pyrus communis :
Les poires constituent un hôte favorable à la
Cératite, avec des taux d'infestation allant de 25,8 à 71,3 % et
pouvant atteindre 80 à 100 %. Plusieurs variétés
précoces ayant des fruits juteux et à petit calibre sont
sévèrement attaquées (1)
Bodenheimer (1951) trouve que les poires peuvent être
le siège de développement de 6 à 7,5 individus, alors que
Liquido et al. (1990) à Hawaii trouvent une moyenne de 1,09
adultes de Cératite par kilogramme de fruits infestés (1)
(8).
· Les Pommes: Pyrus malus :
Myburgh (1976) en Afrique du Sud, trouve en contrôlant
le niveau d'infestation dans plusieurs vergers de pommiers en fonction des
traitements insecticides, que dans les vergers traités, les taux
d'infestations varient de 0 à 2,9%, alors qu'ils atteignent le niveau de
7,9% dans les vergers n'ayant reçu aucun traitement chimique
(1)
En ce qui concerne la capacité des pommes de recevoir
et permettre le développement des larves de la mouche des fruits,
Liquido el al. (1990) obtiennent une moyenne de 79,02 adultes par
kilogramme de fruits infestés (8).
· Les Figues: Ficuscarica L:
Les figues sont susceptibles à l'attaque de la mouche
des fruits uniquement après maturité. Le liquide laiteux et acre
contenu dans la peau des figues non mûres empêche la ponte des
femelles.
En ce qui concerne la capacité des figues à
héberger la progéniture de la mouche des fruits, et à lui
procurer les éléments nécessaires à son
développement, Wong el al. (1983) trouvent à partir de
plusieurs échantillons de 122 à 471 fruits, des taux
d'infestation de 3,3 à 43,3% alors que le nombre d'individus
collectés sur le sable, varie entre 72 et 2108 pupes, avec des taux
d'émergence de 49,6 à 100%. Nishida el al. (1985) ont
obtenus à partir de 28 échantillons pris dans l'île de
Hawaii, une moyenne de 200 adultes de Cératite par kilogramme de fruits
(1). Alors que Liquido et al. (1990) obtiennent une
moyenne de 18,59 adultes par kilogramme de fruits infestés uniquement
(8).
· Les raisins : Vitis vinifera
:
Les raisins peuvent être sujets aux attaques de la
mouche des fruits: Ceratite capitata (Wied.). En effet, les raisins
sont généralement attaqués aux îles Hawaii, et
rarement voire secondairement en Afrique du Sud (1).
La présence de la Cératite est rare sur la
vigne tout en maintenant sa susceptibilité à l'attaque. Lors des
essais au laboratoire, 86% des 2251 oeufs déposés sur des grappes
de raisins ont pu se développer (1).
· Les figues de barbarie : Opuntia
ficus indica:
Elles présentent au cours de la période automnale
un hôte de privilège à la mouche des fruits
(8).
Liquido et al. (1990) obtiennent à partir des
fruits infestés une moyenne de 1,82 adultes par kilogramme de figues de
barbarie véreuses (8).
II.2.2. Autres cultures estivales hôtes de la
Cératite à importance économique en Tunisie
Plusieurs autres cultures fruitières et
maraîchères figurant sur la liste des plantes hôtes de la
mouche des fruits: Ceratite capitata (Wied.), revêtent une
importance capitale dans le système de production agricole en
Tunisie.
· Les grenades : Punica
granatum
La peau dure et résistante de la grenade saine est
inaccessible à l'ovipositeur de la mouche, ce qui est à l'origine
de la faible infestation. Ceci malgré le fait que Keck et Marshall
(1930) obtiennent des larves à l'intérieur de la grenade
mûre après son exposition à la mouche au laboratoire
(1)
· Les dattes : Phoenix
dactylifera
Back et Pemberton (1918a) signalent que les dattes sont
très peu attaquées. Elles sont classées parmi les
hôtes rarement attaqués (15)