Communauté Économique et Monétaire de
l'Afrique Centrale
(CEMAC)
INSTITUT SOUS-REGIONAL DE STATISTIQUE ET
D'ÉCONOMIE APPLIQUEE
(ISSEA)
Organisation Internationale
B.P : 294 Yaoundé Tél. : (237) 22220134
Fax : (237) 22229521 E-mail :
isseacemac@yahoo.fr
Yaoundé - Rép. du Cameroun
SOUTENABILITÉ DE LA DETTE PUBLIQUE DES PAYS
POST PPTE DE LA ZONE FRANC
Mémoire rédigé en vue de l'obtention du
diplôme d'Ingénieur d'Application de la Statistique
Par
KENKOUO Guy Albert
Élève Ingénieur d'Application
de la Statistique à l'ISSEA, 4è année
Licencié en informatique option
Réseau et programmation système
Sous l'encadrement de
KAMGNA Yves Séverin
Ingénieur Statisticien
Économiste
Chef du Service de la Programmation
Monétaire et de la Surveillance Multilatérale BEAC-Services
Centraux
Soutenu publiquement le 16 juin 2008 devant le Jury
composé de :
M. NGBANZA Jeannot
Président
Docteur KAMGA TCHWAKET Ignace Roger
Examinateur
M. KAMGNA Yves Séverin
Encadreur
Juin 2008
DÉDICACES
Ø A mes parents Monsieur TEMDEMNOU et Madame
MAMOKOU.
Qu'ils reçoivent ici le témoignage de ma
reconnaissance et de mon affection ;
Ø A la famille POULA.
L'éternel est le témoin de tous les efforts que
vous avez consenti et que vous continuez à le faire pour ma
réussite. Ce travail est le couronnement de tous ces efforts et
sacrifices.
REMERCIEMENTS
Ce travail est l`aboutissement de quatre années de
formation d'Ingénieur d'Application de la Statistique (IAS) à
l'Institut Sous régional de Statistique et d'Économie
Appliquée (ISSEA). Nous manifestons notre reconnaissance à ceux
qui, de près ou de loin, nous ont aidé dans sa
réalisation. Nous exprimons aussi notre gratitude et nos sincères
remerciements à l'endroit de :
Monsieur, ESONO NZE OYANA Leoncio Feliciano, Directeur
Général de l'Institut Sous-régional de Statistique et
d'Économie Appliquée, ainsi que tout le personnel enseignant pour
tous les efforts consentis pour nous offrir une formation de qualité;
M. KAMGNA Yves Séverin, Chef du service de la
Programmation Monétaire et de la surveillance Multilatérale
à la Banque des États de l'Afrique Centrale (BEAC), pour son
encadrement et sa sollicitude;
Dr. KAMGA TCHWAKET Ignace, pour sa sollicitude, ses conseils
et tout ce qu`il a fait pour nous pendant notre formation;
Dr. KINKIELELE Dieudonné, Directeur des Études
des 1er et 2ième cycles pour le suivi qu'il accorde à l'ensemble
des étudiants de l'ISSEA, avec sa rigueur au travail et ses multiples
encouragements;
M. DIFFO NIGTIOPOP Georges, Responsable du Pôle-Dette,
pour nous avoir permis de mener une partie de cette recherche au
Pôle-Dette;
M. NGAKOUMDA Gabriel, M. HOUENOU Apollinaire et M. DOUNGOUPOU
Gervais, tous experts du Pôle-Dette, pour avoir accepté de
partager avec nous leurs expériences relatives aux analyses de la
viabilité de la dette publique dans les pays de la Zone Franc;
Madame BIWOLE Suzanne Sida, M. TCHAMGAM Justin et M. KENGNI
Simplice qui ont accepté de lire ce mémoire;
M. SIEWE Guillaume, Dr. DEFO Thomas et M. TAPTUE André
Marie pour leurs nombreuses critiques et suggestions ;
Tous nos promotionnaires pour le bon moment passé
ensemble et l'esprit convivial qui a animé le groupe durant toute notre
formation;
Sans oublier mes chers frères, soeurs et amis NZOYEM,
SOUSSOU, MEDIFFO, TOUKAM, FOYET, MALLA, TEKOMBONG, GAKAM, DJOKO, NANJIP, GUEMO,
KOM, MONGOUE et DJOUFACK, pour leurs sympathies et leurs encouragements.
SOMMAIRE
DÉDICACES
i
REMERCIEMENTS
ii
LISTE DES SIGLES
v
LISTE DES TABLEAUX
vii
LISTE DES GRAPHIQUES
ix
AVANT-PROPOS
xi
RÉSUMÉ
xii
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
PREMIERE PARTIE:
TENTATIVES DE COMPRÉHENSION DE
LA DETTE PUBLIQUE
5
CHAPITRE I : CONCEPTS ET THEORIES
D'ENDETTEMENT
6
I- DÉFINITION DES CONCEPTS
6
I.1- Dette publique
6
I.1.1-Dette selon l'origine et le type des
créditeurs
6
I.1.2- Caractéristiques du financement
extérieur et les principaux créditeurs
7
I.1.3- Mesure du fardeau de la dette
8
I.2.-Solvabilité, soutenabilité
8
I.2.1- Solvabilité
9
I.2.2- Soutenabilité
9
II- THÉORIES DE L'ENDETTEMENT
10
II.1- Perception de la dette publique
10
II.1.1- Rejet de la dette publique (classiques)
10
II.1.2- Nécessité de la dette
publique (Keynésien et HARROD-DOMAR)
11
II.1.3- Efficacité de la dette
extérieure
12
II.2- Capacité d'endettement
12
II.2.1- Endettement optimal : modèle
endettement-croissance
13
II.2.2- Capacité d'endettement
supportable : capacité de transfert élargi
15
CHAPITRE II : ÉMERGENCE DU
PROBLÈME DE LA DETTE PUBLIQUE DES PVD ET ANALYSE DE SA
SOUTENABILITÉ
18
I- HISTORIQUE DE LA CRISE D'ENDETTEMENT DES PVD ET
L'IPPTE
18
I.1- Historique de la crise d'endettement des PVD
et tentatives de solutions
18
I.1.1- Historique de l'endettement des pays du
tiers monde
18
I.1.2- Solutions proposées pour
éluder la crise de l'endettement des PVD
19
I.2- Étapes, attentes et critiques de
l'IPPTE
21
I.2.1- Etapes de l'IPPTE
21
I.2.2- Attentes de l'IPPTE
22
I.2.3- Critiques de l'IPPTE
24
II- ANALYSE DE LA SOUTENABILITE DE LA DETTE
PUBLIQUE
26
II.1- Approches par les ratios et contraintes
budgétaires intertemporelles
26
II.1.1- La DSA
27
II.1.2- Approche par la contrainte
budgétaire intertemporelle
28
II.2- Évaluation économétrique
de la soutenabilité de la dette publique
30
II.2.1- Une brève revue de
littérature sur les études utilisant la dette et le solde
primaire pour tester la soutenabilité de la dette publique
31
II. 2.2- Conditionnalité de
soutenabilité de FEVE et HENIN
32
DEUXIEME PARTIE:
UNE APPROCHE EMPIRIQUE DE LA SITUATION
DE LA DETTE PUBLIQUE DES PAYS POST PPTE DE LA ZONE FRANC
35
CHAPITRE III : CARACTÉRISTIQUES
DES PAYS DE LA ZONE FRANC ET TENTATIVES EMPIRIQUES DE COMPRÉHENSION DE
LEUR ENDETTEMENT
36
I- CARACTÉRISTIQUES DES PAYS DE LA ZONE
FRANC
36
I.1- Caractéristiques
socio-économiques de la Zone Franc
36
I.1.1- Présentation Générale
de la Zone Franc
36
I.1.2-Caractéristiques économiques
des pays de la Zone Franc
38
I.2- Dynamique de diversification dans les pays
post PPTE de la Zone Franc
39
I.2.1- Évolution en valeurs des
exportations
40
I.2.2- Processus de diversification des pays post
PPTE de la Zone Franc
42
II- MISE EN OEUVRE DES INITIATIVES D'ALLEGEMENT DE
LA DETTE DANS LA ZONE FRANC ET ANALYSE DES BESOINS DE FINANCEMENT
43
II.1- Mise en oeuvre de l'IPPTE dans la Zone
Franc
44
II.1.1 Allégement de la dette au point
d'achèvement de l'IPPTE
44
II.1.2- Allègement de la dette au titre de
l'IADM
45
II.2- Analyse des besoins de financement des pays
post PPTE de la Zone Franc
46
II.2.1- Analyse du solde primaire et du besoin de
financement brut des pays post PPTE de la Zone Franc
46
II.2.2- Les OMD et leur financement
48
CHAPITRE IV: ÉVALUATION EMPIRIQUE DE
LA SOUTENABILITÉ DE LA DETTE PUBLIQUE DES PAYS POST PPTE DE LA ZONE
FRANC
50
I- ANALYSE DE LA SOUTENABILITÉ DE LA DETTE
DES PAYS POST PPTE DE LA ZONE FRANC
50
I.1- Caractéristiques de la dette publique
des pays post PPTE de la Zone Franc
50
I.1.1- Évolution de l'endettement public
des pays post PPTE de la Zone Franc
50
I.1.2- Évolution de la dette publique des
pays post PPTE de la Zone Franc
51
I.2- Évaluation empirique de la
soutenabilité de la dette publique de la Zone Franc
52
I.2.1- Résultats de l`approche DSA
53
I.2.2- Résultats de l`approche
économétrique
55
I.2.3- Perspectives de viabilité de la dette
publique des pays post PPTE de la Zone Franc
56
II- ANALYSE DE LA DYNAMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE
DES PAYS POST PPTE DE LA ZONE FRANC ET DE LEURS RISQUES DE SURENDETTEMENT
59
II.1- Analyse des déterminants de la
dynamique de la dette des pays post PPTE de la Zone Franc
59
II.1.1- Spécification du cadre d'analyse de
la dynamique de la dette
59
II.1.2- Évolution comparée de la
dynamique de la dette et de la croissance des pays post PPTE de la Zone
Franc
61
II.2- Évaluation du risque de surendettement
des pays post PPTE de la Zone Franc
62
II.2.1- Présentation du cadre d'analyse
62
II.2.2 Détermination du risque et
interprétation des résultats
63
CONCLUSION GÉNÉRALE
65
BIBLIOGRAPHIE
68
ANNEXES
A
ANNEXE I : Quelques grandes dates de
traitement de la dette des PVD
A
ANNEXE II : Test de stationnarité
G
ANNEXE III : Cadre d'élaboration du
CPIA
I
ANNEXE IV: Tableaux et graphiques
J
LISTE
DES SIGLES
ADF: Augmented Dickey Fuller
|
AID : Agence Internationale pour le
Développement
|
APD : Aide Publique au
Développement
|
BAD : Banque Africaine de
Développement
|
BCEAO: Banque Centrale des États de
l'Afrique de l'Ouest
|
BEAC : Banque des États de l'Afrique
Centrale
|
BM : Banque Mondiale
|
C2D : Contrat de Désendettement et
de Développement
|
CAS: Country Assistance Strategy
|
CEMAC : Communauté Économique
et Monétaire de l'Afrique Centrale
|
CES : Conseil Économique et
Social
|
CNUCED: Conférence des Nations Unies pour
le Commerce et le Développement
|
CPIA: Country Policy and Institutionnal
Assessment
|
DRI: Debt Relief International
|
DSA: Debt Sustainability Assessment
|
DSF: Debt Sustainability Framework
|
DSRP : Document Stratégique de
Réduction de la Pauvreté
|
DTS : Droits de Tirage Spéciaux
|
EPIN : Évaluation de la Politique et
des Institutions Nationales
|
F CFA : Franc de la Communauté
Financière Africaine
|
FAD: Fonds Africain de Développement
|
FMI : Fonds Monétaire
International
|
G7 : Groupe des 7 pays plus riches du monde
à savoir les USA, la France, le Japon, l'Italie, l'Allemagne, la Grande
Bretagne et le Canada
|
G8 : Groupe des 8 pays plus riches du monde
à savoir les USA, la France, le Japon, l'Italie, l'Allemagne, la Grande
Bretagne, le Canada et la Russie
|
HIPC : Heavily Indebted Poor Country
|
IADM : Initiative d'Annulation de la Dette
Multilatérale
|
IAS: Ingénieur d'Application de la
Statistique
|
IBW: Institutions de Bretton Woods
|
IDA : International Development
Association
|
IDE : Investissements Directs
Étrangers
|
IFI : Institution Financière
Internationale
|
INSEE : Institut National de Statistique et
d'Études Économiques
|
IPPTE : Initiative des Pays Pauvres
Très endettés
|
ISSEA: Institut Sous régional de
Statistique et d'Économie Appliquée
|
OCDE : Organisation de Coopération
et de Développement Économique
|
OMD : Objectifs du Millénaire pour
le Développement
|
ONG : Organisation Non Gouvernementale
|
OPEP : Organisation des Pays Exportateurs
du Pétrole
|
OUA : Organisation de l'Unité
Africaine
|
PAS: Programme d'Ajustement Structurel
|
PIB : Produit Intérieur Brut
|
PNB : Produit National Brut
|
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
|
Pôle-Dette : Pôle
Régional de Formation en Gestion de la Dette en Afrique du Centre et de
l'Ouest
|
PPTE : Pays Pauvres Très
endettés
|
PVD : Pays en Voie de
Développement
|
RCA : République Centrafricaine
|
RFA : République
Fédérale d'Allemagne
|
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
|
UEMOA : Union Économique et
Monétaire Ouest Africaine
|
UNITAR : Institut des Nations Unies pour la
Formation et la Recherche
|
USA: United States of America
|
USD: United States Dollars
|
SIDA: Syndrôme Immuno Déficience
Acquis
|
VAN : Valeur Actuelle Nette
|
VIH: Virus Immino Humain
|
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Impacts de
l'IPPTE sur la réduction de la dette (en VAN) de 40 pays
éligibles (en milliards de dollars)
24
Tableau 2:
Critères de soutenabilité de la dette
extérieure
28
Tableau 3:
Récapitulatif des techniques économétriques d'analyse de
la soutenabilité de la dette publique
31
Tableau 4: Mise en
oeuvre de l'IPPTE dans la Zone Franc
44
Tableau 5: Mise en
oeuvre de l'IADM dans la Zone Franc
46
Tableau 6 : Situation
des ratios de soutenabilité de la dette des pays post PPTE de la Zone
Franc au 31 décembre 2005
53
Tableau 7: Comparaison
entre les taux de croissance (PIB et Exportations des périodes 1992-2005
et 2006-2025)
58
Tableau 8 : Seuils
indicatifs de la viabilité de la dette et performances des politiques et
des institutions (en %)
63
Tableau 9 :
Évaluation du risque de surendettement des pays post PPTE de la Zone
Franc après l'IADM (fin 2006)
63
Tableau 10 : Dette
intérieure des PPTE : Encours de la dette et paiement
d'intérêts (moyenne sur 2000-2002)
64
Tableau 11 : Secteurs
et critères d'élaboration du CPIA
I
Tableau 12 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du
Bénin : Modèle avec tendance et constante
R
Tableau 13 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du
Bénin : Modèle sans tendance, mais avec constante
S
Tableau 14 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du
Bénin : Modèle sans tendance ni constante
S
Tableau 15 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du Burkina
Faso : Modèle avec tendance et constante
T
Tableau 16 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du Burkina
Faso : Modèle sans tendance, mais avec constante
T
Tableau 17 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du Burkina
Faso : Modèle sans tendance ni constante
U
Tableau 18 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du
Cameroun : Modèle avec tendance et constante
U
Tableau 19 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du
Cameroun : Modèle sans tendance, mais avec constante
V
Tableau 20 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du
Cameroun : Modèle sans tendance ni constante
V
Tableau 21 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du Mali :
Modèle avec tendance et constante
W
Tableau 22 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du Mali:
Modèle sans tendance, mais avec constante
W
Tableau 23 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du Mali :
Modèle sans tendance ni constante
X
Tableau 24 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du Niger :
Modèle avec tendance et constante
X
Tableau 25 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du Niger:
Modèle sans tendance, mais avec constante
Y
Tableau 26 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du Niger :
Modèle sans tendance ni constante
Y
Tableau 27 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du
Sénégal : Modèle avec tendance et constante
Z
Tableau 28 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du
Sénégal: Modèle sans tendance, mais avec constante
Z
Tableau 29 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du
Sénégal : Modèle sans tendance ni constante
AA
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 :
Évolution du PIB (en %)
38
Graphique 2:
Évolution du PIB (en %)
39
Graphique 3:
Évolution globale des exportations des pays post PPTE de la Zone Franc
de 1991 à 2005
40
Graphique 4:
Évolution des exportations (en % du PIB) des pays post PPTE de la Zone
Franc de 1995 à 2005
41
Graphique 5 :
Évolution des déficits primaire (en % du PIB) des pays post PPTE
de la Zone Franc de 1992 à 2005
47
Graphique 6 :
Évolution des besoins de financement bruts (en % du PIB) des pays post
PPTE de la Zone Franc de 1993 à 2005
48
Graphique 7 : Profil
de viabilité de la dette extérieure : Évolution du
ratio VAN dette extérieure/ Exportations
57
Graphique 8 : Profil
de viabilité de la dette extérieure : Évolution du
ratio service de la dette publique/ Exportations
58
Graphique 9 :
Évolution de l'endettement public du Bénin 1992-2005
J
Graphique 10 :
Évolution de l'endettement public du Burkina Faso 1992-2005
J
Graphique 11 :
Évolution de l'endettement public du Cameroun 1992-2006
J
Graphique 12 :
Évolution de l'endettement public du Mali 1992-2005
K
Graphique 13 :
Évolution de l'endettement public du Niger 1992-2005
K
Graphique 14 :
Évolution de l'endettement public du Sénégal 1992-2005
K
Graphique 15 :
Évolution du ratio Dette extérieure/Exportations du Bénin
de 1998 à 2005
L
Graphique 16:
Évolution du ratio Dette extérieure/Exportations du Burkina Faso
de 1998 à 2005
L
Graphique 17 :
Évolution du ratio Dette extérieure/Exportations du Cameroun de
1998 à 2005
L
Graphique 18 :
Évolution du ratio Dette extérieure/Exportations du Mali de 1998
à 2005
M
Graphique 19 :
Évolution du ratio Dette extérieure/Exportations du Niger de 1998
à 2005
M
Graphique 20 :
Évolution du ratio Dette extérieure/Exportations du
Sénégal de 1998 à 2005
M
Graphique 21 :
Évolution comparée dynamique d'endettement, taux de croissance
économique et déficit primaire du Bénin de 1993 à
2005
N
Graphique 22 :
Évolution comparée dynamique d'endettement, taux de croissance
économique et déficit primaire du Burkina Faso de 1993 à
2005
N
Graphique 23 :
Évolution comparée dynamique d'endettement, taux de croissance
économique et déficit primaire du Cameroun de 1993 à
2005
N
Graphique 24 :
Évolution comparée dynamique d'endettement, taux de croissance
économique et déficit primaire du Mali de 1993 à 2005
O
Graphique 25 :
Évolution comparée dynamique d'endettement, taux de croissance
économique et déficit primaire du Niger de 1993 à 2005
O
Graphique 26 :
Évolution comparée dynamique d'endettement, taux de croissance
économique et déficit primaire du Sénégal de 1993
à 2005
O
Graphique 27:
Évolution des exportations de biens du Bénin de 1991 à
2005
P
Graphique 28:
Évolution des exportations de biens du Burkina Faso de 1991 à
2005
P
Graphique 29:
Évolution des exportations de biens du Cameroun de 1991 à
2005
P
Graphique 30 :
Évolution des exportations de biens du Mali de 1991 à 2005
Q
Graphique 31 :
Évolution des exportations de biens du Niger de 1991 à 2005
Q
Graphique 32 :
Évolution des exportations de biens du Sénégal de 1991
à 2005
Q
Graphique 33 : Profil
de viabilité de la dette publique : Évolution du ratio VAN
dette publique/ Exportations
R
AVANT-PROPOS
Former et perfectionner les cadres de la statistique des pays
de la CEMAC, telle est la noble mission que l'ISSEA, institution
spécialisée de la CEMAC, accomplit depuis plus de deux
décennies. Pour ce faire, trois cycles, sont proposés au sein de
l'institut.
Le cycle des Techniciens Supérieurs de la
Statistique ; deux ans de formation après le
baccalauréat.
Le cycle des Ingénieurs d'Application de la
Statistique (IAS); quatre ans de formation après le
baccalauréat.
Le cycle des Ingénieurs Statisticiens
Économistes ; trois ans de formation après un DEUG en
mathématique ou une maîtrise en économie.
Au terme de la formation dans le cycle IAS, l'étudiant
est tenu de rédiger un mémoire bouclant de nombreux mois de
recherche.
Le présent document consacre ainsi cet effort de
recherche que nous avons effectué sur le thème :
« Soutenabilité de la dette publique des pays post
PPTE de la Zone Franc ». Il s'agit d'une analyse
critique de la mise en oeuvre de l'initiative PPTE dans la Zone Franc afin de
formuler des politiques cohérentes et efficientes de
désendettement de ces pays. Ce travail revêt donc un grand
intérêt pour les pays de la Zone Franc compte tenu de l'importance
qu'ils accordent à la viabilité à moyen et long terme de
leur dette publique et à leur développement.
RÉSUMÉ
Après la crise d'endettement qui a frappé les
Pays en Voie de Développement (PVD) dans les années 80, les
principaux pays créanciers ont entrepris jusqu'en 1995 des initiatives
dites « classiques » pour résorber cette crise. En
1996, au sommet du G7 à Lyon, les Institutions de Brettons Woods ont
lancé l'initiative de réduction de la dette en faveur des Pays
Pauvres Très Endettés (PPTE) qui devient initiative (PPTE)
renforcée au sommet du G7 à Cologne en 1999. Alors que
l`initiative PPTE de base constituait une réponse à
l`inefficacité des initiatives classiques d'allègement de la
dette extérieure, l`initiative PPTE quant à elle visait à
corriger les insuffisances de l`initiative PPTE de base. L'objectif de cette
initiative est de rendre viable la dette publique extérieure des pays
éligibles. Malgré les espoirs fondés sur cette initiative,
elle n`a pas bénéficié des faveurs de tous les
spécialistes de la dette. De nos jours, treize pays de la Zone Franc y
sont éligibles, parmi lesquels six ont déjà atteint le
point d'achèvement.
Nous avons fait nos analyses à partir des
données provenant principalement de la BEAC. Nous avons également
utilisé les modèles de la DSA et de HENIN et FEVE (1998) pour
analyser la soutenabilité de la dette publique des pays post PPTE de la
Zone Franc. En outre, avec le logiciel Debt Pro et à partir du cadrage
macroéconomique des différents pays, nous avons fait les
projections à long terme des ratios permettant d`analyser la
viabilité de la dette publique.
De notre travail, il ressort notamment que si l'initiative
PPTE permet à certains pays éligibles d'avoir une dette viable
dès l'atteinte du point d'achèvement, elle n'est pas suffisante
à elle seule pour le maintien de cette viabilité dans le court,
moyen et long terme. La sous évaluation de la dette intérieure
(les allègements PPTE portent sur la dette extérieure) et la
vulnérabilité des économies des pays post PPTE de la Zone
Franc (les exportations sont concentrées sur quelques produits de base)
d'une part, le réendettement et les conditions de réendettement
d'autre part qu'il convient de maîtriser peuvent conduire à de
nouvelles crises de la dette. Il convient dès lors d'élaborer des
stratégies et programmes d'endettement conformes aux objectifs de
développement économiques des pays tout en visant le maintien de
la viabilité de la dette. En outre, les pays post PPTE de la Zone Franc,
doivent diversifier leurs bases productives et leurs exportations, promouvoir
la croissance économique et la bonne gouvernance.
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Le début de la décennie 80 a été
marqué par de nombreux déséquilibres
macroéconomiques (notamment la chute des recettes publiques,
l'accroissement excessif de la dette extérieure des pays du tiers
monde). En effet, entre 1970 et 1980, la dette des Pays en Voie de
développement (PVD) s'est multipliée par douze (NAYLA, 2007), une
comparaison de la dette totale des Pays Pauvres Très Endettés
(PPTE) entre 1970 et 1995 montre qu'elle est passée de 79 % à 195
% de leurs Exportations et de 20,3 % à 23,5 % de leurs Produits
Nationaux Bruts (YAPO, 2002). Ces déséquilibres ont rapidement
entraîné les pays du tiers monde dans une grave crise
d'endettement. Les pays africains de la Zone Franc1(*), comme tous les pays du tiers
monde n'ont pas échappé à cette crise. En effet, dans
leurs efforts de développement juste après les
indépendances dans les années 60, les PVD ont mis en place des
projets d'infrastructures (routes, industries, hôpitaux, centres de
recherche, réseau téléphonique et électrique) pour
se développer. La concrétisation de ces projets de
développement a nécessité de gros moyens financiers
pouvant provenir de trois sources, à savoir :
- l'épargne domestique ou intérieure :
cependant, compte tenu de la structure économique et du système
de gestion de ces pays, l'épargne intérieure est souvent faible
(SALIOU, 2003) et mal mobilisée ;
- les Investissements Directs Étrangers (IDE) :
c'est le propre des multinationales qui facilitent le processus de
mondialisation, mais leurs motivations ne convergent pas toujours avec celles
des pays d'accueil ;
- l'aide internationale et particulièrement
l'endettement extérieur.
Cette troisième source est apparue comme la voie
obligatoire de financement du développement compte tenu de
l'insuffisance de l'épargne intérieure.
Cependant, la problématique de l`endettement a toujours
intéressé les économistes. Une littérature
abondante traite différents aspects du problème. De fait,
l'endettement de l'État n'a jamais fait l'unanimité chez les
économistes. Pour les keynésiens, l'endettement en
général n'entraîne pas de coûts ni pour les
générations présentes, ni pour les
générations futures du fait des nouveaux investissements qu'il
génère. Ils pensent que le principe de l'équilibre
budgétaire ne doit pas toujours être respecté. Un
déficit budgétaire justifié et maîtrisé
pourrait être un facteur de relance économique, de lutte contre le
chômage. Contrairement aux keynésiens, les classiques
assimilent l'endettement à un report de l'impôt sur les
générations futures et imputent à l'État une
connotation négative.
La question aujourd'hui ne concerne plus exclusivement le fait
de savoir si la dette est nécessaire ou pas pour un État, mais
plutôt celle du niveau de la dette nécessaire pour le financement
du développement d'un pays ou encore du montant de la dette publique
supportable par un pays dans son processus de développement. De
nombreuses études portant sur la dette et la croissance
économique, et la pression des Organisations Non Gouvernementales (ONGs)
(notamment Jubile 2000, l'association française des volontaires du
progrès) ont amené la communauté internationale à
initier les politiques d'allégement de la dette extérieure des
PVD. Plusieurs programmes2(*) ont été proposés sans
succès et l'un des plus récents encore en cours est l'Initiative
des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE).
De nos jours six pays de la Zone Franc ont atteint le point
d'achèvement de l'IPPTE3(*). Certains sont dans la phase
intérimaire4(*), et
d'autres sont éligibles5(*). Pourtant, l'IPPTE ne fait pas l'unanimité chez
les spécialistes de la dette, elle est également
critiquée.
Selon la Conférence des Nations Unies pour le Commerce
et le Développement (CNUCED), « Les espoirs que l'on fonde
actuellement sur la mise en oeuvre de l'initiative renforcée en faveur
des pays pauvres très endettés (PPTE) ne sont pas
réalistes. L'allègement de la dette envisagé ne suffira
pas à rendre celle-ci supportable à moyen terme (...); par
ailleurs, l'ampleur de cet allègement et la manière dont il
interviendra n'auront pas d'effets directs majeurs sur la réduction de
la pauvreté » (CNUCED, 2000, p.31).
Le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD) partage cette idée et estime que l'initiative d'annuler le
service de la dette des PPTE n'a jusqu'ici qu'un impact limité et que
l'allègement de la dette reste toujours loin derrière les
intentions et les promesses (PNUD, 2000, p. 120).
Dans une publication de la Banque de France en janvier 2007
portant sur « Les risques de ré-endettement des pays en
développement après l'annulation de la dette », ROCHER
Emmanuel fait observer à cette date, la progression exponentielle des
dettes de l'Ouganda et de l'Éthiopie qui ont atteint le point
d'achèvement de l'IPPTE respectivement en 2000 et 2004. En effet, il
constate que l'Ouganda, après l'IPPTE, présente un taux
d'endettement élevé. Le ratio de sa dette extérieure
rapportée aux exportations, qui avait été fortement
réduit à l'issue de la mise en oeuvre de l'IPPTE en 2000 à
150 %, atteint 204 % puis 186 % en 2004 et 2005 respectivement.
L'Éthiopie qui a atteint le point d'achèvement de l'IPPTE en
avril 2004, présente également un taux d'endettement
élevé. A l'issu des deux Initiatives PPTE en 2004 et d'Annulation
de la Dette Multilatérale (IADM) par le FMI, l'International Development
Association (IDA) et le Fonds Africain de Développement (FAD) en 2005,
le ratio dette sur exportation de l'Éthiopie est tour à tour
réduit à 126 % puis 108 %. Mais seulement six mois après
cette dernière initiative, en fin 2005, la dette extérieure de ce
pays représentait de nouveau près de 120 % de ses recettes
d'exportation, un niveau supérieur au seuil de 100% jugé
soutenable pour les pays à performances « faibles »
dans le cadre de la Debt Sustainability Framework (DSF).
Au vu de ces expériences, nous sommes donc face
à un dilemme : « le réendettement rapide des pays
après l'annulation de leurs dettes », remettant en question la
capacité de l'IPPTE à résoudre durablement le
problème de l'endettement des PVD, c'est-à-dire à assurer
la viabilité à long et moyen terme de la dette publique des PPTE.
En outre, la plupart des études (Gunter, 2001 ; Birdsall et
Williamson, 2002)6(*)
s`accordent sur le fait que, si les tendances observées jusqu'à
présent se poursuivent, la dette des PPTE risque de demeurer
insoutenable, même après la remise de la dette accordée
à l'issue de l'atteinte du point d'achèvement.
Ce contexte nous conduit à la question principale de
recherche suivante : l'IPPTE suffit-elle pour assurer la
soutenablité à long terme de la dette publique des pays de la
Zone Franc? Autrement dit, après les annulations des dettes des PPTE,
les conditions sont-elles réunies pour régénérer
une croissance soutenue et durable de ces derniers sans avoir les effets
négatifs de leurs dettes publiques ? Ainsi, l'objectif principal de
ce travail de recherche est de montrer que l'IPPTE n'est pas suffisante pour
assurer la soutenablité à long terme des pays de la Zone Franc.
De manière spécifique, il s'agit pour nous de :
ü montrer que la structure économique des pays
post PPTE de la Zone Franc détériore les ratios permettant
d'évaluer la viabilité de leur dette publique;
ü montrer que l'IPPTE améliore les ratios de
soutenabilité mais, ne garantit pas un redressement de ces ratios
à moyen et long terme ;
ü montrer que les pays post PPTE de la Zone Franc
présente des risques de surendettement ;
ü proposer des solutions pour le désendettement
des pays post PPTE de la Zone Franc.
La réalisation de l'objectif principal de cette
étude se fonde sur les hypothèses suivantes :
H1 : La faible diversification des économies des
pays post PPTE de la Zone Franc détériore les ratios permettant
d'évaluer la viabilité de leur dette publique;
H2 : Le respect des normes de soutenabilité
calculées sur la base des ratios ne garantit pas la viabilité
à moyen et long terme de la dette publique des pays post PPTE de la
Zone Franc;
H3 : Les pays post PPTE de la Zone Franc
présentent un risque de surendettement.
L'intérêt scientifique de ce travail de recherche
est de faire une analyse sous plusieurs approches de la soutenabilité de
la dette publique des pays de la Zone Franc. Ceci nous permettra de confronter
le modèle d'évaluation de la soutenabilité de la dette
utilisé par les Institutions de Brettons Woods (IBW) aux modèles
économétriques d'évaluation de la soutenabilité de
la dette d'un pays. Aussi, nous parait-il important d'observer les dettes
publiques des pays de la Zone Franc et leurs comportements, horizon post PPTE
dans le but d'identifier les risques auxquels ils sont exposés. Nous
formulerons des recommandations cohérentes et efficientes de politique
de gestion de la dette et de promotion d'une croissance soutenue et durable
pour la communauté internationale et les pays de la Zone Franc. En
outre, ce travail devra permettre d'apprécier la capacité de
l'IPPTE seule à rendre la dette des pays de la Zone Franc soutenable.
Le travail est présenté en deux grandes parties.
La première partie intitulée «tentatives de
compréhension de la dette publique», permet de comprendre la
problématique de l'endettement. Elle a deux chapitres. Le premier
chapitre permet de comprendre les concepts relatifs à la dette publique
et les développements des grandes écoles de pensée sur
l'endettement d'un État. Le deuxième chapitre quant à lui
présente l'émergence de la crise d'endettement des PVD et les
méthodes d'analyse de la soutenabilité de la dette publique.
La deuxième partie
intitulée «Soutenabilité de la dette publique :
une application aux pays post-PPTE de la Zone Franc». Elle examine les
caractéristiques des économies et la viabilité de la dette
publique de ces pays. Le premier chapitre présente les
caractéristiques des économiques et la mise en oeuvre de l'IPPTE
dans la Zone Franc. Le deuxième chapitre de cette partie examine la
viabilité de la dette des pays post PPTE de la Zone Franc, ainsi que les
conditions de désendettement de ces pays.
PREMIÈRE PARTIE :
TENTATIVES DE
COMPRÉHENSION DE LA DETTE PUBLIQUE
L'augmentation rapide de la dette du tiers monde ces
dernières décennies (la dette extérieure totale de
l'Afrique a progressé de 11 milliards USD en 1970 à 120 milliards
USD au début des années 80, pour atteindre un pic de 340
milliards USD en 19957(*)) a
suscité de nombreux commentaires et a amené les
économistes et observateurs politiques à s'interroger une
nouvelle fois sur l'enjeu de la dette publique dans le développement
d'un pays. Mais déjà, le financement des dépenses
publiques et l'arbitrage entre l'impôt et la dette ont toujours nourri le
débat entre économistes et décideurs politiques. En outre,
l'endettement excessif du tiers monde reste d'actualité et la principale
question que l'on se pose est celle de savoir ce qui peut expliquer cette crise
d'endettement que les PVD connaissent de nos jours. Ainsi, cette partie vise
essentiellement trois objectifs : comprendre la problématique de
l'endettement d'un pays (i), retracer l'évolution de la crise
d'endettement du tiers monde (ii) et examiner les méthodes
d'évaluation de la soutenabilité de la dette publique (iii). Elle
comporte deux chapitres. Le premier chapitre permet de comprendre les concepts
relatifs à la dette publique et les développements des grandes
écoles de pensée sur l'endettement d'un État. Le
deuxième chapitre quant à lui présente l'émergence
de la crise d'endettement des PVD et les méthodes d'analyse de la
soutenabilité de la dette d'un pays.
CHAPITRE I : CONCEPTS ET THEORIES D'ENDETTEMENT
Dans ce chapitre, nous nous attèlerons à
préciser quelques concepts relatifs à la dette publique, à
sa mesure et à l'évaluation de son impact sur le
développement économique. Il s'agit précisément des
notions de dette privée, publique, extérieure, intérieure,
bilatérale, multilatérale, du stock et du service de la dette, de
la solvabilité et de la soutenabilité. Ensuite, nous examinerons
les débats théoriques sur la problématique de
l'endettement, notamment la conception classique et keynésienne de
l'endettement public.
I-
DÉFINITION DES CONCEPTS
L'objectif de cette section est de définir le concept
de dette publique, sa mesure ainsi que les notions de solvabilité et de
soutenabilité.
I.1-
Dette publique
L'État, dans sa mission régalienne d'offre des
biens et services collectifs, élabore chaque année un budget
(dépenses et recettes prévisionnelles). Le problème se
posant généralement à la suite de l'élaboration du
budget de l'État est celui de son financement. Les difficultés
surviennent lorsque l'État dépense plus qu'il ne perçoit
de recettes. Il naît alors un déficit budgétaire, et pour
le financer, il peut effectuer un emprunt auprès du système
bancaire (banque centrale et banques commerciales). Il peut également
avoir recours à un emprunt public interne (avec l'émission des
titres) ou encore effectuer un emprunt extérieur. On appelle dette de
l'État, l'accumulation des emprunts passés de l'État. La
dette publique quant à elle, est la somme de la dette explicite de
l'État (dette directement contractée par l'État), de la
dette implicite de l'État (dette contractée notamment par les
entreprises publiques, parapubliques, organisations non gouvernementales, les
collectivités décentralisées avec la garantie de
l'État) et de la dette contractée sur l'État (par exemple,
la dette endossée par l'État après la faillite d'une
banque). Les appellations de la dette varient selon l'origine et le type de
créditeurs.
I.1.1-Dette selon l'origine et le type des
créditeurs
Selon l'origine des créditeurs, on parle de dette
extérieure et de dette intérieure. La dette extérieure
d'un État représente l'ensemble des emprunts contractés
par les pouvoirs publics d'un pays auprès de créanciers
(privés ou publics, bilatéraux ou multilatéraux)
extérieurs et non résidents. Alors que la dette intérieure
d'un État est l'ensemble des engagements contractés auprès
d'acteurs résidents dans le pays et exprimés en monnaie locale.
On parle de dette privée lorsque celle-ci est contractée par les
agents économiques autres que l'État, elle peut être
intérieure ou extérieure.
Selon le type de créditeurs, on parle de dette
bilatérale ou de dette multilatérale. La dette bilatérale
est l'ensemble des engagements contractés par un État
auprès d'un autre État. Alors que la dette multilatérale
est l'ensemble des dettes contractées par un État auprès
d'un groupe d'États ou d'une Institution Financière
Internationale (IFI).
I.1.2- Caractéristiques du financement
extérieur et les principaux créditeurs
Le financement extérieur se présente sous
plusieurs formes : les Aides Publiques au Développement (APD), les
dons et les prêts. L'APD est une assistance financière fournie par
une entité publique (État, organisme public, collectivité
territoriale, etc.) à un pays en développement ou à des
institutions multilatérales, sous forme de dons ou de prêts
à faible taux d'intérêt, dans le but de contribuer au
développement des pays concernés. Les créditeurs sont
divers, parmi ceux-ci, nous pouvons citer : les membres du Club de Paris,
du Club de Londres, les IFI et les pays non membres du Club de Paris.
Le Club de Londres est un comité consultatif
négociant la dette privée des PVD pour le compte des banques
commerciales et qui ne se réunit pas forcement à Londres. Le Club
de Paris quant à lui est un groupe informel (19 pays principaux
créditeurs) des États créanciers les plus riches faisant
partie de l'Organisation de Coopération et de Développement
Économique (OCDE). Le Club de Paris se rencontre de manière ad
hoc, pour négocier la dette contractée ou garantie de
manière bilatérale par des débiteurs publics
(États) auprès de créanciers publics. Créé
en 1956, il compte actuellement 19 pays membres permanents, auxquels peuvent se
joindre ponctuellement, en fonction du cas (du pays) traité, d'autres
créanciers.
Les IFI sont des institutions multilatérales auxquelles
adhèrent des États dans le but d'harmoniser les relations
financières internationales. Elles regroupent le FMI, la Banque
Mondiale, ainsi que les banques et les fonds régionaux de
développement (Banque Interaméricaine de Développement,
Banque Africaine de Développement (BAD), Banque Asiatique de
Développement, Banque Européenne pour la Reconstruction et le
Développement, la Banque de Développement des États de
l'Afrique Centrale...). La Banque Mondiale et le FMI forment le "noyau dur" des
IFI; ces dernières avaient pour mission première de créer
un environnement économique favorable à la reconstruction et au
développement de leurs États membres, en particulier ceux qui
avaient été affectés par la guerre. Parmi les pays
créanciers non membres du Club de Paris, nous pouvons citer la Chine,
l'Algérie, la Libye, le Koweït (avec le fonds koweitien de
développement), l'Arabie saoudite (avec le fonds saoudien de
développement), la Taiwan, ...
I.1.3- Mesure du fardeau de la dette
Il existe plusieurs façons de comptabiliser la dette
d'un pays. Selon la valeur à laquelle on choisit de se rapporter, on
peut avoir la valeur nominale, la valeur actualisée nette et la valeur
de marché. La valeur nominale (faciale, contractuelle) est la valeur de
la dette au moment où elle a été contractée. La
Valeur Actualisée Nette (VAN) est la valeur actuelle des flux de
remboursements espérés, actualisés au taux
d'Intérêt Commercial de Référence (TICR)8(*) pour les différentes
monnaies. Elle correspond au montant qu'il faudrait investir aujourd'hui en
tenant compte des intérêts accumulés au taux
d'intérêt actuel pour honorer toutes les échéances
de l'emprunt. La valeur de marché est la valeur d'échange sur le
marché de la dette. Cette valeur d'échange sur le marché
est fonction du contexte économique, politique et financier dans lequel
évolue le pays.
Le fardeau de la dette peut aussi être
appréhendé soit par le stock de la dette, soit par le service de
la dette. Ainsi, le service de la dette publique est la somme versée
annuellement par l'État pour le remboursement sa dette. Cette somme
versée est composée du principal et des intérêts du
capital emprunté. Le stock de la dette est le montant total des emprunts
contractés par un État. Le plus souvent, c'est la VAN du stock de
la dette qui est utilisée pour mesurer le fardeau de la dette d'un
pays.
Notons que la plupart des États ont une certaine dette,
mais l'importance de celle-ci varie d'un pays à l'autre.
L'évaluation du poids de la dette d'un pays devient alors importante.
I.2.-Solvabilité, soutenabilité
La solvabilité et la soutenabilité sont des
notions permettant de caractériser la situation d'un pays par rapport
à ses possibilités et à sa volonté de respecter ses
engagements financiers, par rapport au remboursement de sa dette.
I.2.1- Solvabilité
La solvabilité caractérise la situation
financière d'un pays capable de faire face à ses engagements,
c'est-à-dire la contrainte budgétaire intertemporelle est
respectée. En d'autres termes, la solvabilité d'un État
est sa capacité à payer totalement sa dette (annuler sa dette
à long terme en respectant les échéances). Le constat de
la non solvabilité d'un État s'accompagne d'une crise des
finances publiques, à titre d'exemple, nous pouvons citer la crise de
l'endettement des pays du tiers monde dans les années 1982. Cependant,
RAFFINOT (1998) pense que la solvabilité est un critère peu
opérationnel, car le moment où le pays devient créditeur
net peut être trop lointain, même dans les hypothèses les
plus favorables. Il estime que dans la pratique, le pays doit continuer
à recevoir des financements extérieurs, à condition qu'il
assure régulièrement le service de sa dette et il traduit cet
aspect sur un plan quantitatif par la soutenabilité.
I.2.2- Soutenabilité
Plusieurs approches sont utilisées pour définir
la notion de soutenabilité. La soutenabilité de la dette
correspond à la situation d'un État dont le paiement du service
de sa dette est assurée sans qu'il ait particulièrement besoin
d'ajuster sa politique budgétaire dans l'avenir. Pour le FMI, la
soutenabilité de la dette est la situation dans laquelle un pays a la
capacité de financer le solde de la balance des opérations
courantes et assurer les obligations du service de la dette sans faillir, sans
solliciter un rééchelonnement, sans accumuler les
arriérés et enfin sans compromettre sa croissance. Selon
RAFFINOT (1998), la soutenabilité se
définit ordinairement par le fait qu'à long terme, un rapport
jugé pertinent entre la dette et un flux de ressources (recettes
publiques, exportations, PNB,...) reste stable. Bref, la soutenabilité
de la dette renvoie à la capacité d'un pays à assurer le
service de sa dette publique sans compromettre les objectifs du
développement à long terme, c'est-à-dire sans contribuer
à la baisse du niveau de vie de la population. La dette publique est
alors réputée soutenable, si son encours est inférieur
à la valeur actualisée des futurs excédents primaires.
Les concepts de dette privée, intérieure,
extérieure, bilatérale, multilatérale et de dette de
l'État facilitent la compréhension de la dette publique. Le
stock et le service de la dette publique mesurent le fardeau d'obligations d'un
pays, tandis que la solvabilité et la soutenabilité permettent
d'analyser la capacité d'un pays à respecter ses engagements
financiers. Toutefois, notons que la soutenabilité de la politique
budgétaire et la soutenabilité de la dette publique prêtent
à confusion. Cependant, d'une manière générale, la
gestion des finances publiques d'un pays est soutenable si, d'une part, les
déficits budgétaires sont financés par des ressources non
inflationnistes et n'obligent pas l'État à recourir à des
financements exceptionnels pour combler et si, d'autre part, le gouvernement
peut s'acquitter intégralement de ses obligations actuelles et futures
au titre du service de sa dette publique (intérieure et
extérieure), sans recourir à des réechelonnements, ni
accumuler des arriérés de paiements et sans compromettre sa
croissance. Ainsi, la soutenabilité de la politique budgétaire
est plus globale. Mais seulement, dans la littérature, plusieurs auteurs
pour examiner la soutenabilité de la politique budgétaire
appréhendent plutôt celle de la dette publique.
II-
THÉORIES DE L'ENDETTEMENT
Plusieurs théories ont été
développées sur l'endettement d'un pays. Elles vont de la
perception même de l'emprunt public à la capacité
d'endettement d'un pays. Le but de cette section est de présenter ces
différentes théories en les renforçant si possible par des
études empiriques réalisées.
II.1-
Perception de la dette publique
L'endettement de l'État n'a jamais fait
l'unanimité chez les économistes. Sa perception varie selon les
écoles de pensée. C'est ainsi que certains économistes
pensent que la dette peut être nécessaire et même efficace
pour le développement d'un pays alors que d'autres rejettent
systématiquement l'emprunt public et pensent que tout emprunt public ne
peut qu'être nuisible pour les agents économiques.
II.1.1- Rejet de la dette publique
(classiques)9(*)
Les classiques assimilent l'endettement public à un
report de l'impôt sur les générations futures et imputent
à l'État une connotation négative. Selon RICARDO (1817),
les citoyens voient dans l'emprunt un impôt différé dans le
temps et se comportent comme s'ils sont contraints de payer un impôt
ultérieurement pour rembourser cet emprunt quel que soit le
décalage intergénérationnel. En d'autres termes, le
comportement des agents économiques est guidé par une
anticipation à la hausse des impôts. BARRO (1989) montre qu'une
politique de déficit budgétaire financée par l'emprunt
reste sans effet sur l'activité économique dans la mesure
où les agents ne sont pas victimes de l'illusion fiscale. Ils anticipent
alors une hausse des impôts destinés à rembourser l'emprunt
en constituant une épargne d'un montant équivalent à
l'endettement public. Pour SMITH (1759), la dette est pernicieuse et ne doit
pas être encouragée. Elle incite le souverain à des
dépenses inutiles et favorise l'irresponsabilité. J.B. SAY (1799)
pense qu'il faut limiter l'emprunt public parce qu'en plus d'alimenter la
consommation publique destructrice de richesse et de valeur, il fait intervenir
le paiement des intérêts. HAYEK (1989) dénonce
l'endettement comme étant une croissance artificielle, fondée sur
un investissement supérieur à l'effort d'épargne de la
nation. Des études empiriques dont celles de KRUGMAN (1988), SACHS
(1989), FROOT (1989) et de CALVO (1989) ont montré que l'accumulation de
la dette et de son service constituent une taxe sur la production future et
découragent l'investissement par l'effet d'éviction. Ainsi, pour
les classiques l'État doit tout simplement assurer sa mission
régalienne à partir des ressources générées
par l'activité économique. Toute intervention de l'État
dans l'économie est source de sous-optimalité et de nuisance.
Aucun déficit budgétaire n'est justifiable et par
conséquent, l'emprunt public n'est pas envisageable. Cependant, d'autres
écoles contestent cette pensée et pensent à
l'efficacité du financement par l'emprunt, d'un déficit
budgétaire justifié et maîtrisé.
II.1.2- Nécessité de la dette publique
(Keynésien et HARROD-DOMAR)
Contrairement aux classiques, les keynésiens pensent
que l'endettement public en général n'entraîne pas de
coûts ni pour les générations présentes, ni pour les
générations futures du fait des nouveaux investissements qu'il
génère. Ils pensent que le principe de l'équilibre
budgétaire ne doit pas toujours être respecté. Un
déficit budgétaire justifié et maîtrisé peut
être un facteur de relance économique, de lutte contre le
chômage : stimulation de la demande et/ou de la consommation globale
(infrastructures), qui par le biais de l'effet multiplicateur, sont capables de
promouvoir une croissance durable. Dans cette approche, l'endettement public
favorise la relance de la demande qui par son effet accélérateur,
entraîne une augmentation plus que proportionnelle de l'investissement
qui provoque à son tour une hausse de la production, permettant ainsi de
créer les emplois et de lutter contre la pauvreté.
Selon HARROD et DOMAR, il peut toujours y avoir croissance. Un
État, pour atteindre le taux de croissance garanti, peut être
amené à créer un déficit budgétaire et de le
financer par un emprunt extérieur. En effet, l'hypothèse de base
du modèle de croissance de HARROD et de DOMAR est qu'il n'y a pas de
croissance si un pays n'investit pas et le taux de croissance de la production
est une fonction croissante du capital.
II.1.3- Efficacité de la dette
extérieure
Contrairement aux idées développées
supra, certains économistes s'interrogent plutôt sur la
capacité du financement extérieur à développer un
pays (puisque si un pays s'endette, c'est nécessairement pour
concrétiser ses projets de développement). Autrement dit, ils se
demandent si le financement extérieur entraîne un effet de levier
ou de massue pour un pays. Aujourd`hui, cette question est loin de faire
l'unanimité chez les économistes. En effet, le débat
historique qui a opposé les partisans d'un financement extérieur
enrichissant et d'un financement extérieur appauvrissant a pris dans les
années 80, une dimension nouvelle.
Pour les uns, notamment les radicaux, le financement
extérieur ne peut être qu'appauvrissant pour l'économie
réceptrice puisqu'il n'est rien d'autre qu'une manifestation nouvelle de
l'impérialisme au stade suprême du capitalisme en
développement dans un état de perpétuel asservissement.
Pour les libéraux, le financement extérieur est la manifestation
de l'esprit de solidarité des pays dits développés qui
mettent généreusement à la disposition des pays en
développement des capitaux pouvant leur permettre de combler à la
fois leur déficit d'épargne et de développement, et de les
hisser ainsi sur la voie royale de la croissance économique et du
développement.
Entre les deux idées diamétralement
opposées, un courant intermédiaire établit une relation
empirique entre le financement extérieur, l'épargne nationale et
la croissance économique. Les relations
économétriques testées montrent que dans bon nombre de
PVD, le financement extérieur peut être considéré
comme nuisible à la croissance et au développement dès
lors qu'il exerce une influence négative sur le taux d'épargne et
développe au niveau des populations du Sud une propension
élevée à la mendicité et à l'assistance
internationale.
Toujours est-il que les PVD ont besoin des financements pour
assurer leurs investissements. Depuis les indépendances, il est
noté que l'épargne nationale est faible dans ces pays alors
contraints de recourir aux emprunts extérieurs. Ainsi, le
problème de l'endettement surtout pour les PVD peut plutôt se
poser en termes de capacité d'endettement.
II.2-
Capacité d'endettement
La crise de l'endettement a ouvert de nouvelles pistes
d'analyse de l'emprunt public. Le problème ne se situe plus au
débat sur la nécessité de l'emprunt public ou pas, mais
plutôt à la capacité d'endettement d'un pays. En effet,
RAFFINOT (2004) trouve paradoxal le problème de la crise d'endettement
du tiers monde. Il se demande comment un État peut avoir des
difficultés à rembourser une dette contractée à des
taux si faibles (0,75 % dans le cas des prêts de l'Agence Internationale
de Développement (AID) de la Banque Mondiale) et à des conditions
si favorables (durée de 40 ans, dont 10 ans de différé
pour ces mêmes prêts) ? La situation est encore plus curieuse
si l'on tient compte du fait que la part des dons dans le financement total est
également très élevée. Cette question remet en
cause la capacité d'endettement des PVD. Ainsi, nous pouvons nous
interroger sur le niveau optimal de la dette souveraine, c'est-à-dire,
sur le montant maximal de la dette qu'un pays peut emprunter sans avoir
à compromettre sa croissance et la création additionnelle de la
richesse. C'est dans ce contexte que nous examinerons dans les paragraphes
suivants les théories de l'endettement optimal et de la capacité
d'endettement supportable.
II.2.1- Endettement optimal : modèle
endettement-croissance
Dans la seconde moitié des années 90, les
conséquences négatives d'un endettement excessif sur la
croissance des pays pauvres commencent à susciter une attention
croissante. Le fardeau virtuel de la dette ou
« debt overhang » est défini
comme étant une situation dans laquelle se trouve un pays
débiteur, telle que l'encours de sa dette est élevé au
point que toute stratégie d'investissement est dépourvue
d'efficacité. Cette inefficacité des stratégies
d'investissement demeure, à moins qu'il n'y ait une réduction du
stock de la dette ou de son service (CLAESSEUS et DIWAN, 1989)10(*).
La plupart des PVD ont bénéficié pendant
les décennies passées, d'importantes entrées de capitaux
étrangers à titre de prêts souvent contractés
à des conditions concessionnelles (élément don
supérieur à 25 %). Le constat montre que le remboursement du
stock de la valeur actuelle restante est «non seulement virtuellement
impossible mais également contre productif et contraignant pour les pays
pauvres » (PATILLO et al., 2002). S'assurer des effets positifs d'un
endettement extérieur c'est savoir à partir de quel niveau la
dette extérieure a un effet négatif sur les performances
économiques du pays emprunteur, c'est-à-dire le niveau
au-delà duquel toute accumulation supplémentaire n'est pas
souhaitable. Cette approche d'analyse de l'endettement nous conduit à
parcourir les études relatives à l'endettement et la croissance.
La plupart des études sur l'endettement public et la
croissance émettent l'hypothèse selon laquelle l'investissement
est le canal indirect de transmission des effets de l'emprunt extérieur
sur la croissance. Ces études révèlent que l'emprunt
public ne fait pas systématiquement obstacle à l'investissement
et à la croissance. En effet, certains analystes pensent que l'emprunt
extérieur a un effet positif sur la croissance jusqu'à un certain
seuil au-delà duquel son effet devient négatif. Jusqu'à un
certain seuil, les emprunts supplémentaires accroissent la
probabilité de remboursement. Car pour un pays peu endetté, un
accroissement d'emprunt extérieur peut stimuler la croissance dans la
mesure où le capital supplémentaire financé à
l'aide de ces nouvelles ressources rehausse la capacité de production.
Si la production augmente, il est plus facile pour un pays de rembourser sa
dette avec les intérêts. Au delà de ce seuil, les
investisseurs sont découragés, car leurs incertitudes augmentent
au regard des moyens par lesquels l'État doit s'acquitter de ses lourdes
obligations du service de la dette. En effet, lorsque la dette souveraine
augmente, les investisseurs peuvent craindre que l'État finance ses
obligations du service de la dette par des mesures génératrices
de distorsions, par exemple en augmentant rapidement la masse monétaire
(conséquence directe : l'inflation) ou en augmentant le taux
d'imposition (conséquence directe : fuite des investisseurs). Et
même s'ils investissent, il y a de fortes chances qu'ils retiennent des
projets offrant des rendements rapides et élevés, et non des
projets de longue haleine qui pourraient rehausser durablement la croissance.
Aussi, au-delà de ce seuil, le gouvernement sous la pression des
créanciers peut être contraint de ne pas engager certaines
reformes structurelles et budgétaires qui pourraient affermir la
croissance économique du pays et ses finances publiques.
Une étude de PATILLO (2002) portant sur 93 PVD durant
la période 1969-1998 confirme solidement l'hypothèse d'une
relation entre l'encours de la dette extérieure et la croissance. Les
auteurs constatent que l'incidence de la dette extérieure sur la
croissance du PIB par habitant commence à être négative
à partir du moment où la VAN de la dette dépasse 160-170 %
des exportations et 35-40 % du PIB. Les résultats de leurs simulations
ont abouti au constat suivant : le doublement de la dette ralentit la
croissance annuelle par habitant d'environ 0,5-1 %. Une étude
complémentaire (PATILLO, 2004) réalisée sur 61 PVD montre
que le doublement du niveau moyen de leur dette réduit de près de
1 % la croissance tant du capital physique par habitant que de la
productivité totale des facteurs.
Par ailleurs, d'autres études dont celle de CLEMENTS et
al. (2005) montrent qu'à partir de 50 % du PIB pour la valeur nominale
de la dette extérieure ou à 20-25 % du PIB pour sa valeur
actuelle nette, la dette pèse sur la croissance des pays à faible
revenu. Ces résultats montrent que la réduction substantielle de
la dette extérieure escomptée pour les pays
bénéficiant de l'initiative en faveur des PPTE aura pour effet
d'ajouter directement 0,8-1,1 points à leurs taux de croissance du PIB
par habitant. Aussi, en moyenne, chaque fois que le service de la dette
augmente de un point du PIB, l'investissement public diminue d'environ 0,2 %.
Enfin, les travaux de EICHENGREEN et PORTES (1986) sur l'identification des déterminants du
stock de la dette montrent qu'un endettement excessif et le défaut de
paiement tendent à réduire le taux de croissance réelle et
la crédibilité de l'État.
Ainsi, le problème de gestion de la dette
extérieure se pose aussi en terme de capacité de remboursement,
c'est-à-dire la capacité d'un pays à produire et à
gagner des devises pour le remboursement de sa dette extérieure.
II.2.2- Capacité d'endettement
supportable : capacité de transfert élargi
Dans ce paragraphe, nous analysons l'endettement supportable
d'un pays par sa capacité de remboursement, c'est-à-dire sa
capacité à transférer une partie de sa production à
l'étranger pour assurer le service de la dette extérieure. En
définissant la capacité de paiement d'un pays comme le maximum
transférable à l'étranger, Keynes a réduit cette
capacité de transfert au surplus exportable. Il pense qu'un pays ne doit
pas transférer tout son surplus de production à
l'extérieur au risque de briser le ressort de l'activité. Il
semble d'après TOUNA (1985) qu'entre la notion de surplus exportable et
de surplus total de production, il existe une notion intermédiaire de
surplus plus englobante qu'il assimile à la capacité de transfert
élargi.
Pour décomposer cette capacité de transfert
élargi, il part de la décomposition Keynésienne du revenu
global.
R = C + I + X - M (1)
Avec R, C, I, X, M respectivement le revenu global, la
consommation des ménages, l'investissement net, les exportations et les
importations, I + X - M est considéré comme le surplus total de
production.
Sachant que Keynes définit l'épargne (S) comme
l'excès du revenu distribué aux ménages (Y) sur la
consommation (C), l'on peut déduire que :
S = Y - C (2)
A partir des relations (1) et (2), la capacité
Keynésienne de transfert à l'étranger
s'écrit :
R - Y = (I - S) + (X - M) (3)
R - Y est le revenu non distribué, autrement dit, le
gain obtenu de la dette est égal à la différence entre
l'investissement net de la période et le flux de financement.
(X-M) est le solde de la balance commerciale ou
excédent commercial ou encore surplus des exportations sur les
importations.
(I - S) est le surcroît de valeur accumulée des
investissements sur l'épargne des ménages. Cet excédent,
aussi appelé autofinancement est réductible au surplus de la
valeur accumulée sur les sources externes de financement. Il peut s'agir
d'un financement direct (actions, obligations) ou d'un financement indirect
(crédits bancaires).
I - S n'est pas nécessairement nul dans la mesure
où S est ici l'épargne des ménages. L'équation (3)
indique que si la différence (I - S) est positive, la capacité de
transfert du pays est élargie par rapport à son niveau maximum (X
- M). Dans le cas contraire, cette capacité est restreinte.
La capacité de paiement d'un PVD est égale
à sa capacité de transfert élargi (X - M + I - S), qui
détermine elle-même son seuil d'endettement supportable ou niveau
maximal d'endettement dans la mesure où le service de la dette est au
plus égal à (X - M + I - S).
En admettant par simplification que la monnaie a pour seules
contreparties les crédits aux entreprises et les créances
à l'étranger, il revient que :
S = F + X - M (4)
Où F désigne le flux de financement externe des
entreprises (dettes).
D'où l'on peut déduire :
I - F = I - S + X - M (5)
La relation (5) montre ainsi l'identité de la
plus-value (I - F) et de la capacité de transfert élargi (I - S +
X - M). Le transfert élargi signifie le transfert à
l'étranger des plus-values financières.
De cette relation, on déduit R - Y = I - F
La grandeur I - F définit donc la capacité
d'endettement extérieur du pays débiteur. Elle est la limite
au-delà de laquelle tout nouvel emprunt doit être
considéré comme non remboursable. La grandeur I - F doit toujours
être positive (I - F >0) pour que le pays soit en mesure d'honorer ses
engagements financiers extérieurs.
La dette publique est un concept vaste et complexe qui
requiert plus de précisions pour une meilleure compréhension.
Dans le traitement et l'analyse du processus de l'endettement, plusieurs
intervenants sont concernés : les États emprunteurs, les
créanciers (bilatéraux et multilatéraux), des
comités consultatifs (Club de Londres et Club de Paris) et des IFI.
L'émergence de la crise de l'endettement du tiers monde préoccupe
plus que jamais la communauté internationale et le problème de
l'endettement reste d'actualité. Les débats sont toujours en
cours sur la nécessité et l'efficacité de la dette
publique particulièrement pour les PVD.
Après avoir ainsi défini quelques concepts
relatifs à l`endettement, nous avons présenté les
principaux créanciers, les différentes formes de financements
extérieurs, quelques théories pour comprendre le problème
d'endettement d'un pays. Mais, qu'en est-il de l'émergence de
l'endettement des PVD ? Le chapitre suivant, fournit quelques
éléments de réponse à cette interrogation.
CHAPITRE II : ÉMERGENCE DU PROBLÈME DE LA
DETTE PUBLIQUE DES PVD ET ANALYSE DE SA SOUTENABILITÉ
En 1982, le Mexique a signalé son incapacité
à assurer le service de sa dette extérieure. Très peu de
temps après, ce problème s'est généralisé
dans les PVD. L'heure n'est plus alors aux débats sur l'endettement, il
est plus intéressant de comprendre le problème de l'endettement
des PVD. Dans ce chapitre, nous retraçons l'historique et les tentatives
de solutions face à la crise de l'endettement des PVD, ainsi que les
techniques permettant d'apprécier la soutenabilité de la dette
publique.
I-
HISTORIQUE DE LA CRISE D'ENDETTEMENT DES PVD ET L'IPPTE
Dans cette section, nous tenterons d'expliquer l'origine de la
crise de l'endettement du tiers monde. Ensuite, nous présenterons
l'IPPTE (ses origines, ses étapes, les attentes et les critiques).
I.1-
Historique de la crise d'endettement des PVD et tentatives de solutions
Avec l'émergence de la crise d'endettement des PVD, de
nombreuses études ont été menées pour comprendre
l'impact (négatif) du poids de la dette publique sur leur
développement. Ces nombreux travaux ont ainsi attiré l'attention
de la communauté financière internationale, les amenant à
prendre des mesures pour réduire la dette des PVD. Nous
présenterons ici, l'émergence de cette crise ainsi que la
réaction de la communauté financière internationale.
I.1.1- Historique de l'endettement des pays du tiers
monde
Après la deuxième guerre mondiale, l'Europe
s'est reconstruite grâce au «plan Marshall». C'est un vaste
programme d'aide financière proposé par les USA pour la
reconstruction des pays alliés. Ce programme se traduit par un apport
substantiel de capitaux sous forme de prêts à ces derniers. Se
référant à cet exemple, nous constatons que l'emprunt
extérieur peut générer une croissance durable et un
développement notable, à condition que les capitaux reçus
soient utilisés efficacement dans des projets rentables et capables de
dégager des revenus suffisants pour leur remboursement.
S'inspirant de cette vision théorique, les PVD se sont
endettés démesurément à partir du début des
années 1970. Cette époque était propice à
l'endettement, parce qu'elle coïncidait avec l'apparition des chocs
pétroliers (1973 et 1979) à cause de la réduction de
l'offre par les pays de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole
(OPEP). Les excédents des recettes pétrolières obtenus
suite à la flambée des prix du baril ont poussé les
États bénéficiaires à rechercher les points de
placement rentables en les déposant dans les grandes banques des pays
développés. Ces dernières se sont retrouvées avec
des excédents de liquidités en attente des emprunteurs
potentiels. Par la suite, ces pétrodollars ont été
déplacés vers les PVD sous forme de crédits à des
taux d'intérêt bas, en absence de garanties, bref, à des
conditions souples.
Au début des années 1980, les effets
combinés de la détérioration des termes de
l'échange dans les PVD (chute des cours des produits exportés
alors que les prix des biens importés sont constants ou augmentent) et
la réévaluation du dollar ont poussé les PVD dans la
situation de surendettement et d'insolvabilité. En effet, la dette des
PVD est libellée en dollar et la réévaluation du dollar a
alourdi l'encours et les charges d'intérêt liées à
son remboursement. La crise se déclenche en 1982 avec l'annonce faite
par le Mexique de son incapacité à assurer le paiement du service
de sa dette. Dès lors, le mouvement va se généraliser
à d'autres pays à des degrés différents et avec des
conséquences préjudiciables sur le développement
socioéconomique de leurs populations. On observe alors une baisse de la
croissance, une réduction des dépenses d'éducation, de
santé, d'infrastructures, un recul de l'épargne, des
investissements, une augmentation du chômage, une chute des recettes
publiques, ...etc.
Tout laisse alors croire que la structure des économies
des PVD a joué un rôle important dans l'amplification de la crise
d'endettement. L'examen de l'endettement des pays post PPTE de la Zone Franc au
chapitre suivant confirmera ou infirmera cette opinion.
I.1.2- Solutions proposées pour éluder
la crise de l'endettement des PVD
L'accumulation précoce d'arriérés par les
pays à faible revenu explique le fait que des initiatives en faveur
d'une réduction de la dette de cette catégorie de pays se sont
manifestées très tôt (notamment à la CNUCED
dès 1978)11(*).
Après diverses initiatives bilatérales12(*), plusieurs traitements (en vue
de la réduction de la dette) ont été envisagés pour
atténuer le fardeau de la dette publique extérieure. Le
rééchelonnement (réaménagement du calendrier
initial de remboursement pour l'adapter à la capacité de
remboursement de l'emprunteur) de la dette figure parmi ces traitements. Les
réductions ont porté initialement sur 33 %13(*) des flux
rééchelonnés (sommet du G7 à Toronto 1988), puis 50
% (Londres 1991). Le G7 réuni à Naples en 1994 ne s'est pas
seulement contenté d'accroître encore le pourcentage de
réduction (67 %). Il a fait un pas décisif en décidant que
les réductions accordées pourraient désormais porter sur
l'encours de la dette et non plus sur son service pendant une période
donnée, afin de sortir les pays du cycle des
rééchelonnements. Cette tendance s'est poursuivie au sommet du G7
de Lyon en 1996 (avec 80 % de réduction), puis de Cologne en 1999 (avec
90 % de réduction). Enfin, au sommet du G7 de Tokyo (janvier 2000)
certains pays, dont la France, ont annoncé une réduction de 100
%. A ces opérations se sont ajoutés des rachats de la dette
privée financés par des groupes de bailleurs de fonds publics.
Les réductions n'ont pendant longtemps porté que
sur les montants rééchelonnables au Club de Paris. En Septembre
1996, les comités du développement et intérimaire du FMI
et de la Banque Mondiale ont adopté sur proposition de la France au
sommet du G7 à Lyon un programme proposé de manière
conjointe par les deux institutions pour répondre à cette
situation. L'initiative sur la dette des PPTE est conçue pour apporter
une assistance exceptionnelle aux pays qui y sont déclarés
éligibles à la suite de saines politiques économiques,
afin de les aider à réduire le poids de leur dette
extérieure à un niveau soutenable. Cette assistance conduit
à une réduction de la VAN des créances sur les pays
endettés. L'objectif principal de cette initiative visait à
alléger la dette des pays à faible revenu et à promouvoir
une bonne utilisation des ressources ainsi dégagées.
Les pays «pauvres» considérés comme
« très endettés » dans le cadre de cette initiative
forment un groupe de pays (plus de 40 pays) à faible niveau de PIB
/habitant, qui ont accès à des ressources bon
marché14(*)
auprès de la Banque Mondiale et du FMI. L'IPPTE rompt de façon
nette avec les pratiques antérieures, puisqu'elle repose sur la
définition de règles générales de réduction
de la dette, même si l'évaluation continue à se faire au
cas par cas.
Devant les faibles résultats enregistrés en
trois ans (très peu de pays étaient éligibles), et sous la
pression d'une coalition d'ONG, les pays du G7 réunis à Cologne
en juin 1999 ont décidé d'approfondir et
d'accélérer le processus. Le 26 septembre 1999, le comité
du développement conjoint de la Banque Mondiale et du FMI a
approuvé les nouvelles dispositions : abaissement des seuils de
soutenabilité de la dette, allègement plus rapide,
réorientation de l'initiative sur la réduction de la
pauvreté et sur l'obtention de résultats positifs à cet
égard, augmentation du nombre de pays qui devraient pouvoir
prétendre à un allègement de dette. Toutefois, la logique
générale reste celle de l'initiative de 1996, une logique
critiquée par plusieurs analystes.
L'IPPTE est l'une des plus récentes initiatives
d'allègement de la dette. Il apparaît alors la
nécessité de comprendre son mécanisme de
fonctionnement.
I.2-
Étapes, attentes et critiques de l'IPPTE
Nous nous attèlerons ici à présenter les
différentes étapes, les attentes et les critiques de l'IPPTE.
I.2.1- Etapes de l'IPPTE
L'IPPTE est soumise à plusieurs étapes. Pour
entrer dans le processus, un pays doit d'abord passer « le point de
décision », c'est-à-dire être déclaré
éligible par les IFI. A ce stade les créanciers décident
du montant d'annulation qui sera octroyé au pays en fin du processus. Le
pays doit ensuite mettre en oeuvre un certain nombre de réformes et de
programmes négociés avec ses créanciers pendant une
certaine durée (en moyenne deux ans) : c'est la
«période transitoire». Ce n'est qu'au «point
d'achèvement» que le pays bénéficie
d'allègements de dette irrévocables. Les annulations sont
mesurées de manière à ramener la dette du pays à un
niveau soutenable.
Pour être éligibles à l'initiative PPTE,
les pays doivent satisfaire les critères suivants : - être membre
de l'AID (filiale du groupe Banque Mondiale qui octroie des prêts
concessionnels aux pays ayant un PNB par habitant inférieur à 885
$ en 1999);
- faire face à un niveau d'endettement
insoutenable (au regard des critères imposés par les
créanciers), même après avoir
bénéficié des mécanismes de traitement de la dette
dits «traditionnels»15(*);
- avoir conduit avec succès des programmes de
réformes préconisés par le FMI et la Banque Mondiale
depuis au moins trois ans. Ceci inclut la poursuite d'un PAS et la mise en
place de réformes sectorielles dans le cadre de financements Banque
Mondiale;
- définir une stratégie globale de lutte contre
la pauvreté présentée dans un Document Stratégique
de Réduction de la Pauvreté (DSRP), rédigé par les
autorités locales. La préparation de ce document doit se faire
dans le cadre d'une vaste consultation de la société civile
locale afin d'assurer la transparence du processus et la participation de la
population. Ce document étant celui du gouvernement, son acceptation par
les IFI n'implique pas que celles-ci soient entièrement d'accord avec le
texte. Contrairement aux pratiques antérieures, les IFI effectuent une
évaluation commune du document (Joint Staff Assessment), dans lequel
elles consignent leurs réticences éventuelles.
I.2.2- Attentes de l'IPPTE
Deux types de créances sont concernés par les
annulations décidées au titre de l'IPPTE : il s'agit des
créances multilatérales et des créances commerciales
à garantie publique16(*). Les créances commerciales (privées non
garanties) sont aussi traitées dans le cadre de l'IPPTE, mais de
façon marginale.
Les différents créanciers interviennent de la
façon suivante :
- les créanciers publics bilatéraux membres du
Club de Paris annulent 90 % des créances commerciales
(service de la dette) à garantie publique qu'ils détiennent sur
chaque PPTE dès l'atteinte du point de décision ;
- les créanciers multilatéraux (FMI, IDA, Banque
de Développement) complètent les allègements
accordés par les créanciers bilatéraux publics, si ces
premiers traitements n'ont pas permis de rendre la dette du pays soutenable.
Les pays éligibles à l'IPPTE renforcée
bénéficient des allègements par des aides
intermédiaires (provenant des créanciers) dès l'atteinte
du point de décision. La France joue un rôle majeur dans le
processus de l'IPPTE, car elle figure parmi les principaux créanciers
des pays bénéficiaires dont 18 sont africains. Elle accorde un
soutien spécifique aux pays éligibles en annulant ses
créances APD d'une part (3,7 milliards d'euros, soit environ 2 429
milliards de FCFA), et en portant à 100 % l'annulation de ses
créances commerciales (500 milliards d'euros, soit environ 328 250
milliards de FCFA) d'autre part.
Pour la France, le coût des allègements dans le
cadre multilatéral et bilatéral est estimé à 10,1
milliards USD, dont 6,4 en Zone Franc qui sont répartis de la
façon suivante : 45 % créances APD, 44 % créances
traitées au Club de Paris et 11 % créances commerciales.
L'effort complémentaire de la France, au-delà de
l'IPPTE proprement dite, prend la forme d'un refinancement par dons
effectué sur la base du Contrat de Désendettement et de
Développement (C2D), après le point d'achèvement
excepté pour le solde de créances commerciales pré date
butoir éligibles au Club de Paris annulé dès le point de
décision.
Au 31 décembre 2006, le montant total des
allègements mis en oeuvre s`élevait à 30,3 milliards de
USD (exprimé en VAN à fin 2005) pour les 21 pays qui à
cette date avaient atteint le point d'achèvement. Les pays d'Afrique
sub-saharienne (17 pays) ont bénéficié de près de
77 % de ce montant. Pour les 6 pays de la Zone Franc concernés, les
allègements ont représenté 15 % des annulations totales.
Selon les estimations du FMI et de la Banque Mondiale, les efforts consentis
par les créanciers bilatéraux devraient représenter
près de 49 % du montant total des allègements en faveur des 40
pays éligibles, dont 35 % par les créanciers du Club de Paris
(soit un effort de 22 milliards de dollars). Parmi les contributeurs
multilatéraux (46 %), la part de la Banque Mondiale atteindrait 20 %,
celle du FMI 9 % et celle de la Banque Africaine de Développement (BAD)
7 %. Enfin, les créanciers commerciaux devraient fournir environ 5 % de
l'effort d'annulation.
Le tableau 1 résume l'impact estimé de l'IPPTE
pour l'ensemble des pays concernés en distinguant, d'une part, le
montant des allègements déjà accordés aux 21 pays
ayant atteint le point d'achèvement, d'autre part, le montant
susceptible d'être consenti aux 9 pays ayant atteint le point de
décision et aux 10 pays n'ayant pas franchi le point de décision
mais potentiellement éligibles.
Tableau 1: Impacts de l'IPPTE sur la
réduction de la dette (en VAN) de 40 pays éligibles (en milliards
de dollars)
|
Réduction VAN en 2005 au 31/12/2006
|
Pour les 21 pays au point d'achèvement
|
|
Total
|
30,3
|
dont Afrique subsaharienne (17 pays)
|
23,2
|
dont Zone Franc (6 pays)
|
4,6
|
Pour les 9 pays au point de décision
|
|
Total
|
11,1
|
dont Afrique subsaharienne (8 pays)
|
11
|
dont Zone Franc (3 pays)
|
2,5
|
Pour les 10 pays potentiellement éligibles
|
|
Total
|
21,8
|
dont Afrique subsaharienne (8 pays)
|
20,7
|
dont Zone Franc (4 pays)
|
4,6
|
Total 40 pays
|
63,2
|
Source : Données
FMI/Banque Mondiale/Banque de France (2006)
I.2.3- Critiques de l'IPPTE
L'IPPTE n'a pas bénéficié de toutes les
faveurs des spécialistes de la dette. De nombreuses critiques ont
fusé à l'encontre de ce plan. Déjà même, le
CNUCED en 2002 a critiqué l'optimisme des IBW en estimant que les
mesures de politiques économiques préconisées dans le DSRP
n`étaient pas fondamentalement différents de celles
préconisées dans le cadre des PAS, qui se sont
avérées incapables de relancer la croissance dans les PVD. Nous
présentons ici quelques critiques de l'IPPTE.
L'IPPTE n`accorde un allègement qu`aux pays ayant une
dette insoutenable. Cette logique aboutit à une course à
l'endettement, vu qu'un pays réussissant à se désendetter
est exclu de l'initiative, tandis qu'un pays laxiste s'endettant remplira les
conditions d'accès à un allègement.
En outre, la majorité des pauvres de la planète
ne sont pas concernés par l'IPPTE. En effet, 80 %17(*) des pauvres vivent dans douze
pays (Inde, Chine, Brésil, Nigeria, Indonésie, Philippines,
Éthiopie, Pakistan, Mexique, Kenya, Pérou et Népal). Or
seuls le Kenya et l'Éthiopie font partie de la liste des PPTE.
L'accès à un allègement est
conditionné par l'application de deux phases de réformes
d'ajustement allant de trois à six ans. Bien que rebaptisées
« Cadre Stratégique de Lutte contre la
Pauvreté », les réformes économiques restent les
mêmes que celles appliquées jusqu'ici au sein des programmes
d'ajustement structurel : libéralisation et privatisations
massives ; austérité budgétaire et fiscalité
indirecte élevée ; politique économique basée
sur le « tout à l'exportation ». Aussi, les pays
pauvres restent-ils condamnés à la fuite des capitaux (ceci
grâce à la libéralisation facilitant l'évasion
fiscale et les rapatriements de bénéfices), à
l'appauvrissement des populations locales (touchées par la TVA
élevée et le démantèlement des services publics) et
à la dépendance envers quelques produits d'exportation dont la
valeur ne cesse de chuter sur les marchés mondiaux. Quant aux
privatisations, elles sont élevées en véritable dogme,
sans que leur efficacité ne soit le moins analysée. Cependant,
selon la CNUCED, « une étude récente de 53 pays, dont
10 d'Afrique subsaharienne, dans les années 80, l'investissement public
aurait été généralement plus productif que
l'investissement privé. L'explication donnée était celle
d'une réorientation des projets d'investissement public vers des emplois
plus productifs, ainsi qu'une réduction de la productivité des
investissements privés due à l'insuffisance d'investissements
publics complémentaires ».
Les allègements sont étalés sous forme
d'aides annuelles reparties sur trente ans en moyenne, ce qui signifie que des
chocs extérieurs (chute des cours de matières premières,
sécheresse, hausse du cours du baril de pétrole, crise
financière, etc.) sont susceptibles d'accentuer l'endettement de ces
pays durant cette période. Le rapport 2000 de l'OCDE note ainsi que
« la mise en oeuvre intégrale de l'initiative ne se traduira
pas par une diminution de la valeur (...) de la dette, car les
allègements prendront pour l'essentiel la forme de remises
d'intérêts et de dons destinés à financer le service
de la dette, et non de réductions directes de l'encours de cette
dette ».
Le FMI et la Banque Mondiale se rechignent à annuler
leurs créances, car ils disent avoir besoin de ces fonds pour garantir
la stabilité financière internationale et financer le
développement. Aussi, le FMI se limite-t-il à échanger de
vieilles créances contre de nouveaux prêts à faibles taux
d'intérêt. Quant à la Banque Mondiale, lorsqu'elle renonce
à une créance, elle se rembourse par le biais d'un fonds
fiduciaire alimenté par ses États membres sous forme de
prêts. Il ne s'agit donc pas d'annulation, mais de refinancement de
vieilles créances que l'on sait impossibles à rembourser.
Il ressort de cette section que la notion de
« soutenabilité » a été introduite
pour évaluer la capacité d'un pays à rembourser sa dette
sans faire recours aux financements exceptionnels tout en assurant la
croissance de leurs économies. Cette notion étant au centre de
l'IPPTE, nous ne saurions nous limiter à donner une simple
définition, il est important de voir comment on la mesure. Ce sera
l'objet de la section suivante.
II-
ANALYSE DE LA SOUTENABILITE DE LA DETTE PUBLIQUE
La crise de l'endettement a fait évoluer l'analyse de
la dette publique. En effet, poser la question de la solvabilité de
l'État peut à certains égards paraître paradoxal,
car contrairement à d'autres emprunteurs, l'État dispose du
pouvoir légal exclusif de lever des impôts pour financer les
paiements d'intérêts sur sa dette et de rembourser si
nécessaire la totalité. Cependant, ce pouvoir est soumis à
de nombreuses contraintes. Économiquement parlant, la pression fiscale
ne peut dépasser un certain seuil, au-delà duquel
l'activité économique serait asphyxiée. La montée
des impôts risquerait de déformer le système d'incitations
des agents, de contribuer au développement de l'économie
souterraine et de produire en fin de compte des effets opposés à
ceux recherchés en matière de recettes fiscales. Politiquement et
socialement, il y aurait également de nombreuses résistances
à la montée de la pression fiscale pour financer uniquement des
paiements d'intérêts sur la dette publique. Compte tenu de ces
limites, il est pertinent d'examiner les critères de
soutenabilité de la dette publique, c'est-à-dire les contraintes
budgétaires qu'un pays doit respecter afin d'honorer ses obligations
présentes et futures concernant le service de la dette, sans qu'un
changement important dans sa balance des paiements ne soit nécessaire.
Nous présenterons dans cette section les modèles basés sur
les ratios, les contraintes budgétaires intertemporelles et les
modèles économétriques.
II.1-
Approches par les ratios et contraintes budgétaires intertemporelles
Plusieurs techniques d'analyse de la soutenabilité de
la dette publiques basées sur les ratios, les indicateurs et sur les
contraintes budgétaires intertemporelles ont été
développées. Les IBW et la Debt Relief International (DRI) ont
proposé une analyse de la soutenabilité de la dette basée
sur les ratios respectivement dans le cadre d'élaboration de la Debt
Sustainability Assessment (DSA) et de la DRI. COHEN (1986) propose un
modèle avec un indice de solvabilité qui représente la
fraction d'exportation qui doit être nécessairement allouée
au service de la dette extérieure pour que le pays soit
déclaré solvable. BLANCHARD (1990) quant à lui propose des
indicateurs de soutenabilité de la politique budgétaire dont le
but est d'apprécier dans quelles mesures les pouvoirs publics peuvent
maintenir inchangés la fiscalité et les programmes des
dépenses des administrations sans devoir faire face à un
alourdissement de la dette publique. Nous proposons ici l'analyse de la
soutenabilité de la dette dans le cadre de la DSA (utilisée par
les IBW dans le cadre de l'IPPE) et la contrainte budgétaire
intertemporelle (fondement de la plupart des analyses
économétriques de la soutenabilité de la dette publique).
II.1.1- La DSA
Les IFI définissent la soutenabilité de la dette
des PPTE dans une logique essentiellement financière. Le but de
l'analyse est de déterminer la capacité du pays à
rembourser sa dette en fonction des recettes qu'il tire de ses exportations et
éventuellement des ressources budgétaires annuelles
allouées au service de la dette. Elles fournissent les outils
appropriés d'évaluation de la dette d'un PPTE dans la DSA.
A ce titre, trois indicateurs sont utilisés :
- la VAN du stock de la dette / Exportations : cet
indicateur évalue pour une année donnée, le poids relatif
de la dette totale du pays par rapport au montant de ses exportations en valeur
de cette même année ;
- le service de la dette / Exportations : il
évalue pour une année donnée, le poids relatif de ce que
doit rembourser le pays par rapport au montant de ses exportations en valeur de
la même année. En d'autres termes, il mesure la capacité
d'un pays à obtenir des devises par ses exportations pour assurer le
service de sa dette ;
- la VAN du stock de la dette / Recettes
budgétaires : il évalue pour une année donnée
le poids relatif de la dette totale du pays par rapport au montant de ses
recettes budgétaires collectées au cours de la même
année.
Par le biais de ces trois indicateurs, les créanciers
évaluent, d'une part, la capacité du pays à dégager
les ressources nécessaires au remboursement de sa dette
extérieure et, d'autre part, le poids de ces remboursements sur la
capacité financière de l'État. Le troisième
indicateur n'est utilisé que si le pays est fortement ouvert sur
l'extérieur (c'est-à-dire que le pays est un grand exportateur),
ce qui risque de le rendre non-éligible au titre des deux premiers
critères.
Dans le cadre de l'IPPTE, les créanciers ont
imposé des seuils pour ces indicateurs afin de définir de
façon chiffrée la notion de soutenabilité de l'endettement
extérieur d'un pays. Ces seuils étaient moins favorables dans le
cadre de l'initiative initiale, ce qui explique en partie le fait que sept pays
seulement aient pu bénéficier de l'initiative avant que la
campagne internationale de la société civile obtienne
l'abaissement des seuils.
Tableau 2:
Critères de soutenabilité de la dette
extérieure
Indicateurs
|
IPPTE originale
|
IPPTE renforcée
|
Stock de la dette (VAN18(*))/Exportations
|
<200 - 250 %
|
<150 %
|
Service de la dette (VAN)/Exportations
|
<20 - 25 %
|
<15 %
|
Stock de la dette (VAN)/Recettes budgétaires
|
<280 %
|
<250 %
|
Source : Voir les
différents documents de l'IPPTE
II.1.2- Approche par la contrainte budgétaire
intertemporelle
L'émission de la dette publique est la
conséquence de l'existence de déficits budgétaires. En cas
d'excédent des recettes fiscales, l'État a la possibilité
de retirer un montant équivalent de la dette publique existante. Cette
liaison entre l'émission ou le retrait de la dette publique et
l'état du budget à chaque période est exprimée par
ce qui est convenu d'appeler la contrainte budgétaire de l'État
en termes de flux (VAROUDAKIS, 1999).
Soient Bt l'encours de la dette publique,
Gt les dépenses publiques hors intérêts et
Tt le montant des impôts de la période t (toutes les
variables sont nominales).
Soient r le taux d'intérêt nominal de la dette
publique (supposé invariable dans le temps).
Les paiements d'intérêts sur la dette publique
sont exprimés par rBt et la contrainte budgétaire de
l'État en termes de flux s'exprime comme suit :
(1)
Le membre de gauche de (1) exprime la variation de la dette
publique entre deux périodes successives. Le membre de droite correspond
à un déficit ou à un surplus budgétaire selon que
son signe est, respectivement, positif ou négatif. Notons, par ailleurs,
le niveau général des prix par Pt et le revenu
réel par Yt. Il est utile pour la suite d'exprimer tous les
agrégats macroéconomiques sous forme de ratios par rapport au
revenu réel (VAROUDAKIS, 1999).
, ,
Définissons le taux d'inflation () et
le taux de croissance du revenu réel (),
respectivement, par
et. On peut alors définir :
En divisant la contrainte budgétaire en terme de
flux (1) par le revenu nominal et
réarrangeant les termes, on pourra exprimer cette contrainte de
manière équivalente comme suit :
(2)
Cette équation aux différences premières
exprime la dynamique du ratio dette/revenu, à la suite de la variation
du déficit budgétaire primaire en pourcentage du PIB ()
(c'est-à-dire du déficit budgétaire hors
intérêt sur la dette publique).
Il apparaît donc que la dette publique sera sur une
trajectoire stable ou instable selon que le coefficient
associé à
est inférieur ou supérieur à l'unité. Nous
pouvons à cet égard distinguer deux cas.
Cas 1 : ,
c'est-à-dire,
l'économie est sur un sentier de forte croissance où le taux de
croissance du revenu excède le taux d'intérêt réel.
Dans ce cas, et
le ratio dette/revenu est sur une trajectoire stable quel que soit le
déficit du budget primaire de l'État.
En effet, si le solde primaire () est
négatif ou nul, alors, le résultat suivant se comprend
aisément. Cependant, si ce solde est positif, alors, avec l'inflation,
la dette croît au taux réel de.
Malgré cet accroissement continu de la dette publique, le ratio
dette/revenu ne sera pas sur une trajectoire explosive, dans la mesure
où le taux de croissance du revenu réel est supérieur au
taux de croissance de la dette réelle (). Il
y aura alors une valeur d'équilibre de la dette définie
par : 19(*)
si
Nous remarquons que le ratio dette/revenu d'équilibre
sera d'autant plus élevé que l'écart entre le taux de
croissance et le taux d'intérêt réel est faible. S'il y a
une forte croissance, l'économie ne subit pas de contrainte de
solvabilité intertemporelle et un équilibre de ce type est
qualifié de situation de Ponzi20(*).
Cas 2 : ,
c'est-à-dire le taux de croissance est inférieur au taux
d'intérêt réel, alors, les forces stabilisatrices ne jouent
plus. Le coefficient associé à est
supérieur à 1 et le ratio dette/revenu est à priori sur
une trajectoire explosive, donc insoutenable. La relation (2) implique :
(3)
En accumulant les ratios dette/revenu jusqu'à
l'infini, on obtient :
(4)
Lorsque n tend vers l'infini, en introduisant dans (3) les
relations
quand n tend vers l'infini et 21(*) on
obtient :
(5)
Il en résulte que si le taux d'intérêt
réel est supérieur au taux de croissance de l'économie, la
contrainte de solvabilité de l'État implique que la dette
publique existante doit avoir comme contrepartie des excédents
budgétaires futurs avant intérêts.
Ainsi, si les excédents futurs ne sont pas suffisamment
importants pour que la valeur présente (actualisée au taux de) des
soldes budgétaires futurs en pourcentage du revenu soit juste
égale au ratio dette/revenu, alors la dette publique (et plus
généralement la politique budgétaire) sera insoutenable.
II.2-
Évaluation économétrique de la soutenabilité de la
dette publique
La crise de l'endettement du tiers monde a pleinement enrichi
les recherches des économistes et des analystes de la dette. Les
premières analyses économétriques ont été
effectuées en 1986. Ces analyses ont évolué au point qu'on
compte de nos jours plus de cinq modèles économétriques
d'analyse de la soutenabilité de la dette publique. Nous ferons ici une
brève littérature sur les modèles
économétriques d'analyse de la soutenabilité de la dette
publique utilisant comme séries la dette et le solde budgétaire
primaire. Ensuite, nous présenterons particulièrement les
conditionnalités de soutenabilité de la dette publique de P.FEVE
et P.Y. HENIN, qui ont été développées pour les PVD
singulièrement.
II.2.1- Une brève revue de littérature
sur les études utilisant la dette et le solde primaire pour tester la
soutenabilité de la dette publique
À la lumière des travaux de FELWIN (2005) et de
YOUMBI (2006), les modèles d'analyse de la soutenabilité de la
dette publique d'un pays sont apparus avec les travaux de HAMILTON et FLAVIN
(1986). En effet, ils sont les premiers à tester empiriquement le
respect de la contrainte budgétaire intertemporelle de l'État. De
nombreux autres chercheurs se sont ensuite intéressés à ce
domaine. C'est ainsi que les travaux de WILCOX (1989), TREHAN et WALSH (1988), TREHAN et
WALSH (1991) et HAKKIO et RUSH (1991) ont proposé les modèles
d'analyse de la soutenabilité de la dette publique d'un pays. Ces
modèles sont résumés dans le tableau 3.
Tableau 3: Récapitulatif des
techniques économétriques d'analyse de la soutenabilité de
la dette publique
Auteurs
|
Année
|
Méthode
|
Séries
|
Période
|
Résultat
|
Taux d'actualisation
|
HAMILTON et FLAVIN
|
1986
|
Test de stationnarité (ADF)
|
Dettes et solde primaire des USA
|
1960-1984
|
stationnarité
|
Taux réel
|
WILCOX
|
1989
|
Test de stationnarité (ADF)
|
Dettes et solde primaire des USA
|
1960-1984
|
rejet de la stationnarité
|
Taux constant
|
WALSH et TREHAN
|
1988
|
Test de cointégration
|
Dettes et solde primaire des
USA
|
1964-1984
|
rejet de la stationnarité
|
Taux constant
|
WALSH et TREHAN
|
1991
|
Test de cointégration
|
Dettes et solde primaire des USA
|
1964-1984
|
stationnarité
|
Taux du marché
|
HAKKIO et RUSH
|
1991
|
Test de cointégration
|
Recettes et dépenses gouvernementales (charges
d'intérêts inclues)
|
1964-1984
|
rejet de la stationnarité
|
|
Source : Auteur
Les modèles proposés se basent soit sur des
tests de stationnarité, soit sur des tests de cointégration. Les
tests de cointégration sont une généralisation des tests
de stationnarité des séries de dettes et de surplus primaire. Ils
supposent que la soutenabilité nécessite que recettes et
dépenses soient cointégrées, c'est-à-dire qu'il
existe une combinaison linéaire de ces deux variables qui soit
stationnaire. QUINTOS (1995) parle de soutenabilité forte lorsque le
coefficient de cointégration entre les deux variables est unitaire. Dans
ce cas, les recettes et les dépenses s'ajustent complètement, la
différence entre recettes et dépenses est stationnaire et la
condition de transversalité est respectée. Par contre lorsque le
coefficient de cointégration est compris entre 0 et 1, QUINTOS (1995)
parle de soutenabilité faible. L'évolution des dépenses
s'accompagne d'une évolution des recettes de même signe, mais de
moindre amplitude. Dans ce cas, la série des déficits n'est plus
nécessairement stationnaire.
Ces notions de soutenabilité forte et faible
soulèvent quelques questions. Elles n'empêchent pas le ratio dette
sur PIB d'atteindre des niveaux très élevés. Maintenir un
déficit stationnaire avec une dette constamment croissante suppose que
l`on doit dégager des excédents primaires eux aussi en croissance
continue, pour compenser la croissance de la charge de la dette, ce qui semble
peu réaliste. WICKENS et UCTUM (1993) et HENIN (1996) notent à
propos des tests de cointégration que leur principal
intérêt réside dans le fait d'apporter une estimation du
coefficient de couverture des dépenses par les recettes. L'intuition que
les tests de cointégration constituent une généralisation
plus flexible du test de stationnarité du solde global n'est cependant
pas vérifiée, elle n'est qu'un cas particulier de la
cointégration des recettes et des dépenses avec un coefficient
unitaire. L'exigence requise pour la stationnarité porte sur une
couverture suffisante de la charge de la dette par le solde primaire et non pas
directement sur la couverture des dépenses par les recettes. Si le
surplus primaire ne répond pas positivement à un choc de la dette
publique, la dette publique croîtra à un taux
d'intérêt supérieur au taux d'actualisation. La principale
critique adressée aux tests précités réside dans la
faiblesse du cadre théorique sous-jacent. Hormis les questions
liées aux taux d'actualisation pertinents de la dette, ils se fondent
(en testant le respect de la contrainte budgétaire intertemporelle) sur
une notion de solvabilité actuarielle qui ne prend pas en compte les
implications en termes de politique économique d'un ratio dette sur PIB
élevé.
Une approche alternative qui évite les limites
évoquées plus haut consiste à examiner la
propriété de retour à la moyenne de la dette. Celle-ci
revient-elle vers sa tendance déterministe après un choc ?
II. 2.2- Conditionnalité de
soutenabilité de FEVE et HENIN
FEVE et HENIN (1998) retiennent comme critère de
soutenabilité de la dette extérieure pour les PVD, la
stationnarité du ratio dette sur PIB. Ils proposent une approche qui
teste conjointement la stationnarité du ratio dette et du solde
extérieur. Ils estiment que les hypothèses
macroéconomiques relatives aux économies en développement
se heurtent souvent à la difficulté constituée par la
brièveté des séries statistiques disponibles, surtout
lorsqu'il s'agit de tester des implications à long terme comme les
conditions de stationnarité associées à la
soutenabilité de la dette. La procédure qu'ils proposent permet
de surmonter cette difficulté par le gain de la puissance qu'autorise
l'exploitation de l'information apportée par la dynamique jointe de la
dette et du solde extérieur ou courant. Selon eux, la
stationnarité du ratio dette/PIB est une condition nécessaire
mais pas suffisante de la soutenabilité. Une condition suffisante de la
soutenabilité impose des contraintes additionnelles à la moyenne
et à la variance de la dette publique. Les équations auxiliaires
associées à leur test ADF assurent que le solde primaire
réagit positivement en présence d'un choc de dette. Dans leur
application, la dette extérieure et le solde sont alternativement
normalisés par le PNB et par les recettes nettes d'exportations.
L'apport de cette approche bivariée réside dans le gain de
précision et de robustesse. D'autre part, elle résout le
problème lié à la brièveté de leur
échantillon (24 observations).
Dans le cadre de ce travail de recherche, nous allons utiliser
le modèle de la DSA pour confirmer la soutenabilité de la dette
publique au sens du FMI des pays post PPTE de la Zone Franc. Puis, nous nous
inspirerons du modèle de FEVE et HENIN pour examiner la
soutenabilité dynamique de la dette de ces pays. Pour ce faire, nous
appliquerons des tests de stationnarité sur le ratio dette/PIB.
La soutenabilité de la dette publique d'un pays et
l'IPPTE sont des concepts vastes et complexes qui requièrent plus de
précisions pour une meilleure compréhension. Pour mieux
comprendre le mécanisme de l'IPPTE, il est indispensable de comprendre
le concept de soutenabilité. Dans l'analyse de la soutenabilité
de la dette publique, plusieurs économistes et/ou chercheurs ont
été intéressés, avec des logiques plus ou moins
différentes. Nous distinguons ceux qui font une analyse statique
(basée sur les ratios et les indicateurs) et ceux qui font une analyse
dynamique (basée sur la contrainte budgétaire intertemporelle).
Pour vérifier la contrainte budgétaire intertemporelle, plusieurs
études ont été effectuées. La plupart de ces
études analysent soit la stationnarité de certains indicateurs
macroéconomiques (séries de dette et du solde primaire,
série dette/PIB, service de la dette/recettes nettes d'exportation),
soit les relations de cointégration entre certains indicateurs
macroéconomiques (séries de la dette et du solde primaire,
séries des recettes, des dépenses et de la dette). Cependant,
dans le cadre de notre travail, nous utiliserons le modèle de la DSA
pour confirmer la soutenabilité de la dette publique des pays post PPTE
de la Zone Franc au sens des IBW. Pour la soutenabilité dynamique, nous
appliquerons les tests de stationnarité sur le ratio dette/PIB et nous
utiliserons des projections.
L'IPPTE concerne les pays à faible revenu dont la dette
est jugée insoutenable. Après l'admission à cette
initiative, il faut passer par le point de décision avant d'atteindre le
point d'achèvement (point culminant où les pays
bénéficient d'un allégement substantiel de la dette).
Cette initiative très ambitieuse, lancée au sommet du G7 à
Lyon en 1996, malgré son évolution est largement critiquée
par certains spécialistes de la dette. En outre, l'IPPTE a
été même renforcée, les conditions de
soutenabilité ont même été allégées.
Ce constat signifie-t-il que l'IPPTE ne ramène que les ratios
d'endettement définis à un seuil, sans toutefois se soucier de
l'évolution future de la dette des pays
bénéficiaires ? Nous essayerons de comprendre davantage
cette initiative dans la deuxième partie de ce travail.
DEUXIÈME
PARTIE :
UNE APPROCHE EMPIRIQUE DE LA
SITUATION DE LA DETTE PUBLIQUE DES PAYS POST PPTE DE LA ZONE FRANC
Les pays de la Zone Franc n'ont pas échappé
à la crise d'endettement des années 80 et ils ont
également le plus souvent bénéficié des traitements
de la dette par les principaux créanciers. De nos jours, six pays de la
Zone Franc ont bénéficié des allègements au titre
de l'IPPTE et plusieurs autres sont admissibles à cette initiative. Ce
constat soulève trois principales interrogations : (i) Qu'est-ce
qui explique le niveau d'endettement des pays post PPTE de la Zone Franc ?
(ii) Leur dette publique est-elle devenue soutenable ? (iii) Les
conditions sont-elles réunies après l'IPPTE pour que ces pays
sortent du cercle vicieux de la dette et de la pauvreté ?
Cette partie comporte deux chapitres. Le premier
présente les caractéristiques socioéconomiques des pays de
la Zone Franc, ainsi que la mise en oeuvre de l'IPPTE dans la Zone Franc. Le
second examine la viabilité de la dette publique des pays post PPTE de
la zone, ainsi que les facteurs clés d'une bonne politique de gestion de
l'endettement de ces derniers.
CHAPITRE III : CARACTÉRISTIQUES DES PAYS DE LA
ZONE FRANC ET TENTATIVES EMPIRIQUES DE COMPRÉHENSION DE LEUR
ENDETTEMENT
De 1970 à 1995, la dette publique extérieure de
l'Afrique a très vite évolué. De 11 milliards USD en 1970,
elle est passée à 120 milliards USD en 1980 pour atteindre 350
milliards USD en 199522(*)
(juste avant le début de l'IPPTE). La dette des pays de la Zone Franc a
suivi presque la même évolution. Fort de ce constat, il semble
nécessaire de chercher les facteurs pouvant expliquer le niveau et le
rythme d'endettement des pays de la Zone Franc. Dans ce chapitre, après
avoir dégagé les caractéristiques économiques de
ces pays, nous présenterons leurs besoins de financement et nous
identifierons quelques éléments pouvant expliquer ces besoins de
financement.
I-
CARACTÉRISTIQUES DES PAYS DE LA ZONE FRANC
Les pays africains de la Zone Franc sont tous des PVD. Ceux-ci
ont pour dénominateur commun le faible niveau de développement.
Dans cette section, nous nous attèlerons à présenter les
caractéristiques socio-économiques des pays de la Zone Franc,
ainsi que l'évolution de la dette et du PIB de chacun de ces pays.
I.1-
Caractéristiques socio-économiques de la Zone Franc
La Zone Franc constitue un espace monétaire,
économique et culturel. Cet ensemble, formé d'États et de
territoires parfois très différents les uns des autres, est issu
de l'évolution et des transformations de l'ancien empire colonial
français. Ces pays utilisent en commun le F CFA. Nous
présenterons dans cette sous-section la Zone Franc, ainsi que ses
caractéristiques socio-économiques.
I.1.1- Présentation Générale de
la Zone Franc23(*)
Après l'accession à l'indépendance, la
plupart des nouveaux États ont choisi de rester dans un ensemble
homogène, dont le cadre institutionnel a été
rénové et structuré par un système de change
commun. La Zone Franc rassemble aujourd'hui la France et quinze États
africains : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte-d'Ivoire, la
Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo,
en Afrique de l'Ouest, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la
Guinée-Équatoriale et le Tchad en Afrique centrale et les
Comores. Ces pays sont unis par une histoire et une langue communes.
L'ensemble des pays africains de la Zone Franc comptait en
2006 un peu plus de 123,35 millions24(*) d'habitants contre moins de 60 millions en 1980.
L'Afrique de l'Ouest regroupait 86,7 millions d'habitants en 2006, pour une
superficie de 3,5 millions de km2 et l'Afrique centrale 36,05
millions d'habitants pour 3 millions de km2.
La croissance des pays africains de la Zone Franc
jusqu'à nos jours a évolué en dents de scie. Le
retournement, à partir de 1985, des cours des principales
matières premières exportées par les pays africains de la
Zone Franc, conjugué à la dépréciation du dollar
monnaie dans laquelle sont cotées et facturées les
matières premières exportées par ces derniers, a mis un
terme à une longue période de croissance soutenue. Entre 1985 et
1992, les termes de l'échange se sont dégradés d'environ
45 %, pour l'ensemble de ces pays. Les recettes d'exportation se sont ainsi
fortement contractées, provoquant une chute des recettes
budgétaires, fortement dépendantes des taxes sur le commerce
extérieur. L'incapacité des gouvernements à réduire
les dépenses budgétaires qui avaient sensiblement
progressé en période de haute conjoncture, s'est traduite par un
creusement des déficits. De surcroît, plusieurs pays ont
continué de recourir à l'endettement extérieur afin de
financer l'achèvement de projets lancés au cours des
années précédentes.
Des Programme d'Ajustement Structurel (PAS) ont
été institués par les IBW aux pays africains de la Zone
Franc pour réduire ces déséquilibres et renouer avec la
croissance. Face à l'échec des PAS, il y a modification de la
parité du F CFA25(*) afin de résorber les
déséquilibres économiques et financiers profonds apparus
au cours de la seconde moitié des années 80. Après cette
dévaluation, les pays africains de la Zone Franc ont, dans l'ensemble,
renoué avec une croissance soutenue. Il est vrai que la
dévaluation est intervenue dans un environnement international favorable
caractérisé par la reprise de l'activité dans les
principaux pays industrialisés et la hausse des cours des produits de
base, à l'exception du pétrole.
La France est le principal partenaire commercial des pays
africains de la Zone Franc. Sur la période 1989-1999, la France a fourni
33 % des importations, constituées à 30 % de biens
d'équipement et à 22 % de biens de consommation et a
absorbé 17 % des exportations des pays africains de la Zone Franc,
principalement des produits alimentaires et agricoles. Elle se place ainsi
très loin devant les autres grands pays exportateurs, notamment devant
les USA (5 % des exportations et 17 % des importations en raison de
l'importance des produits pétroliers). Les principaux fournisseurs de la
France sont la Côte-d'Ivoire, le Cameroun, le Gabon et le
Sénégal : ces pays représentent 85 % des livraisons
à la France. Ces mêmes pays absorbaient plus des deux tiers des
exportations françaises vers la zone. Sur la décennie 1989-1998,
la France a contribué à 71 % des flux nets d'investissements des
pays de l'OCDE vers la zone franc. Le poids de la France dans le stock des
investissements directs étrangers en zone franc est estimé
à 40 %. Au total, la Zone Franc accueille plus de 40 % du total du stock
des investissements français en Afrique.
I.1.2-Caractéristiques économiques des
pays de la Zone Franc
En 2006, les pays de la Zone Franc ont connu une
évolution économique contrastée (voir graphique 1).
Graphique
1 : Évolution du PIB (en %)
Source : BEAC-BCEAO, FMI : Perspectives
économiques régionales avril 2006
Les pays d'Afrique de l'Ouest ont enregistré un net
ralentissement de l'activité, alors que ceux d'Afrique centrale ont
bénéficié d'un regain de croissance. Dans l'ensemble, la
Zone Franc a connu une croissance économique de l'ordre de 3,1 % (contre
3,9 % en 2005), plus modérée que celle de l'Afrique
subsaharienne, tout en parvenant à maintenir une stabilité du
cadre macroéconomique mieux maîtrisée. Le taux de
croissance du PIB en 2006 était de 3,2 % pour la Communauté
Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) et 3 % pour
l'Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA).
En 2006, par rapport à d'autres pays de
l'Afrique-Sub-Saharienne, la Zone Franc a enregistré de meilleurs
résultats en matière de lutte contre l'inflation (voir graphique
2).
Graphique
2: Évolution du PIB (en %)
Source : BEAC-BCEAO, FMI : Perspectives
économiques régionales avril 2006
En 2006, le taux d'inflation dans l'UEMOA est de 2,3 % et de
5,3 % dans la CEMAC. Dans l'UEMOA, le Bénin a enregistré le taux
d'inflation le plus élevé (3,8 %) et c'est le cas pour le Tchad
dans la CEMAC (8,1 %).
Dans la zone CEMAC, seule la République Centrafricaine
n'est pas productrice de pétrole. Par importance de volume de production
pétrolière, nous avons la Guinée Équatoriale (17,1
millions de tonnes en 2006), le Congo (13,3 millions de tonnes en 2006), le
Gabon (11,9 millions de tonnes en 2006), le Tchad (7,9 millions de tonnes en
2006) et le Cameroun (4,4 millions de tonnes en 2006).
I.2- Dynamique de
diversification dans les pays post PPTE de la Zone Franc
L'un des enjeux de la diversification économique est
qu'elle permet au pays de ne pas être excessivement tributaire des
secteurs économiques fondés sur l'exploitation et l'exportation
des ressources naturelles. En nous inspirant des travaux de KAMGNA
(2007)26(*), le processus
de diversification dans les pays post PPTE de la Zone Franc peut être
apprécié à travers l'évolution de la structure des
exportations. Cette approche consiste à considérer la notion de
diversification des économies des pays post PPTE de la Zone Franc comme
étant étroitement liée à celle de la redynamisation
de leurs exportations. Les analyses qui suivent, visent à examiner
l'évolution des exportations et à évaluer le processus de
diversification dans les pays post PPTE de la Zone Franc.
I.2.1- Évolution en valeurs des
exportations
Le graphique 2 permet de constater que sur la période
1991-2005, les exportations totales des pays post PPTE de la Zone Franc ont
enregistré une forte croissance. Toutefois, ces performances sont
d'ampleurs différentes selon les pays et selon les périodes (voir
annexe IV : graphique 28, 29, 30, 31, 32 et 33).
Graphique 3: Évolution
globale des exportations des pays post PPTE de la Zone Franc de 1991 à
2005
Source : BEAC, BCEAO
La croissance des exportations globales s'accentue sur la
période 1994-2005. Celle des exportations du Sénégal et du
Mali s'accentue sur la période 1993-2002. Cependant, la croissance des
exportations du Bénin s'accentue sur la période 1994-1996 et
devient modérée sur la période 1997-2005. Les exportations
du Burkina Faso et du Niger ont évolué en dents de scie avec une
tendance globalement croissante. La croissance des exportations du Cameroun
s'est accentuée sur la période 1994-2000 et ensuite, sur la
période 2000-2005, ces exportations ont enregistré une croissance
modérée. Toutefois, notons que la période 1991-1993 a
été marquée dans tous les pays par une baisse des
exportations. Depuis 2000, la croissance des exportations des pays post PPTE de
la Zone Franc est relativement faible.
La croissance ou la redynamisation des exportations dans les
pays post PPTE de la Zone Franc, a été suivie d'une
amélioration de la part des exportations dans le PIB (voir graphique 4),
ce qui a contribué à conforter l'ouverture extérieure de
ces économies. Cependant le degré d'ouverture extérieure
varie d'un pays à un autre.
Graphique 4: Évolution des
exportations (en % du PIB) des pays post PPTE de la Zone Franc de 1995 à
2005
Source : BEAC, BCEAO
La part des exportations dans le PIB des pays post PPTE de la
Zone Franc diffère d'un pays à un autre et d'une période
à l'autre. Le Burkina Faso enregistre sur la période de
l'étude les plus faibles parts. Les autres pays présentent des
proportions évoluant en dents de scie, mais avec une tendance
globalement croissante.
Cependant, la croissance des exportations ne nous renseigne
pas sur la diversification proprement dite. Cette croissance peut être le
simple fait de l'évolution du prix ou du volume d'un ou de certains
produits, c'est-à-dire une grande concentration de l'économie sur
quelques produits dont le prix mondial évolue rapidement sur la
période de l'étude. C'est ainsi que nous examinerons avec finesse
le processus de diversification des pays post PPTE de la Zone Franc dans le
paragraphe suivant.
I.2.2- Processus de diversification des pays post PPTE
de la Zone Franc
Pour l'analyse du processus de diversification, nous allons
utiliser des séries de données allant de 1990 à 1999 pour
le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Sénégal
(Ce sont les pays post PPTE de l'UEMOA). Ensuite, nous supposerons que la
structure des exportations de ces pays n'a pas beaucoup varié
jusqu'à présent. Pour le Cameroun (Pays post PPTE de la CEMAC),
nous utiliserons une série de données allant de 1985 à
2005.
Sur la période 1992-1999, les exportations du
Bénin ont été dominées par le coton, les noix de
cajou, les graines de karité et des minéraux bitumeux. Sur
l'ensemble de la période, ces produits ont représenté en
moyenne 84 % des exportations du Bénin. Toutefois, les exportations du
Bénin portent essentiellement sur le coton (les exportations du coton
ont représenté 69 % de l'ensemble des exportations du
Bénin sur la période 1992-1999).
Sur la période 1992-1998, les principaux produits
exportés par le Burkina Faso ont été : le coton, les
grains de sésame, les animaux (espèces bovines, caprines et
ovines) et l'or non monétaire et platine. Sur l'ensemble de la
période, ces produits ont représenté en moyenne 85 % des
exportations de ce pays. Toutefois ces exportations sont restées
concentrées sur le coton (les exportations du coton ont
représentées 57 % de l'ensemble des exportations du Burkina Faso
sur la période 1990-1998).
Au cours de la période 1985-2005, les exportations du
Cameroun ont été portées par le coton, le pétrole
brut, le café, le cacao, le bois brut, le caoutchouc, la banane et
l'aluminium. Pendant toute cette période, ces produits ont
représenté en moyenne 76 % des exportations du pays. Toutefois
les exportations du Cameroun concernent particulièrement le
pétrole (les exportations du pétrole ont représenté
42 % de l'ensemble des exportations du Cameroun sur la période
1985-2005). Mais notons également que les productions du pétrole,
du café et du cacao ont baissé pendant la période
1985-2005 et que celle du bois brut a augmenté au cours de la même
période.
Pendant la période 1990-1999, les exportations du Mali
ont été dominées par le coton, les céréales,
les perles fines, les métaux précieux, les animaux vivants et les
fibres synthétiques. Sur l'ensemble de la période, ces produits
ont représenté en moyenne 93 % des exportations de ce pays.
Toutefois ces exportations sont restées portées par le coton (les
exportations du coton ont représenté 49 % de l'ensemble des
exportations du Mali sur la période 1990-1999).
Tout au long de la période 1990-1999, les exportations
du Niger ont été portées par le coton, l'uranium, les
produits de l'élevage, les oignons et le niébé. Sur
l'ensemble de la période, ces produits ont représenté en
moyenne 93 % de ses exportations. Toutefois, ces exportations reposent
principalement sur l'uranium (les exportations de l'uranium ont
représenté 70 % de l'ensemble des exportations du Niger sur la
période 1990-1999).
Au cours de la période 1990-1999, les principaux
produits exportés par le Sénégal ont
été : le phosphate, l'acide phosphorique, les produits
arachidiers, de la pêche et pétroliers. Pendant toute cette
période, ces produits ont représenté en moyenne 74 % des
exportations de ce pays. Toutefois ces exportations sont restées
concentrées sur les
produits arachidiers et de la pêche (les exportations des produits
arachidiers et de la pêche ont représenté 44 % de
l'ensemble des exportations du Sénégal sur la période
1990-1999).
En somme, les pays post PPTE de la Zone Franc sont, pour
l'essentiel, des exportateurs de produits de base (pétrole, minerais,
bois et produits agricoles). Le secteur industriel est peu
développé, voire embryonnaire. La situation économique des
pays post PPTE de la Zone Franc est ainsi fortement influencée par les
fluctuations des cours des matières premières sur les
marchés mondiaux. Le pétrole et les produits agricoles (cacao,
café, coton) constituent les principaux produits de base exportés
par ces pays. Par ailleurs, les exportations de coton contribuent de
manière essentielle aux recettes extérieures du Bénin, du
Burkina Faso et du Mali.
II-
MISE EN OEUVRE DES INITIATIVES D'ALLEGEMENT DE LA DETTE DANS LA ZONE FRANC ET
ANALYSE DES BESOINS DE FINANCEMENT
Après l'atteinte du point d'achèvement, les
PPTE bénéficient des allègements de la dette par les
principaux créanciers. Cependant, les différents
allègements n'excluent pas les besoins de financements de ces pays,
surtout que l'atteinte des OMD est l'un des défis qu'ils doivent
relever. Nous examinerons dans cette section la mise en oeuvre de l'IPPTE dans
la Zone Franc et les besoins de financements des différents pays de la
zone. Il sera alors question d'examiner les différents
allègements (au titre de l'IPPTE et de l'IADM) dont ont
bénéficié les pays de la zone et leurs différents
besoins de financements.
II.1-
Mise en oeuvre de l'IPPTE dans la Zone Franc
Au vu des critères d'éligibilité à
l'IPPTE, seuls 13 pays27(*) de la Zone Franc sont éligibles. Le point sur
la mise en oeuvre des initiatives d'allègement de la dette
extérieure diffère d'un pays à l'autre. Nous examinerons
tour à tour les allègements des pays ayant atteint le point
d'achèvement de l'IPPTE. De manière précise, nous
examinerons les allègements de la dette publique dans le cadre de
l'IPPTE et de l'IADM.
II.1.1 Allégement de la dette au point
d'achèvement de l'IPPTE
Au point d'achèvement, les pays
bénéficient des allègements de la part des
créanciers multilatéraux et bilatéraux. Les
créanciers allègent la dette proportionnellement à leurs
créances. Parmi les créanciers bilatéraux, on distingue
les membres du Club de Paris et les non membres du Club de Paris. En fin 2006,
l'allègement de la dette des pays post PPTE de la Zone Franc est
résumé dans le tableau 4.
Tableau 4: Mise en oeuvre de l'IPPTE
dans la Zone Franc
Pays
|
Point de décision
|
Point d'achèvement
|
Allègement total (en millions USD)
|
Participation des créanciers (en %)
|
Contribution des créanciers multilatéraux (en %)
|
Contribution des créanciers bilatéraux (en %)
|
Bénin
|
Juillet 2000
|
Mars 2003
|
264,6
|
99
|
71,1
|
28,9
|
Burkina Faso
|
Juillet 2000
|
Avril 2002
|
572,1
|
76
|
81,6
|
18,4
|
Cameroun
|
Octobre 2000
|
Avril 2006
|
1260,0
|
98
|
31,0
|
69,0
|
Mali
|
Septembre 2000
|
Mars 2003
|
539,0
|
85
|
69,0
|
31,0
|
Niger
|
Juin 2000
|
Avril 2004
|
664,0
|
86
|
76,0
|
24,0
|
Sénégal
|
Juin 2000
|
Avril 2004
|
725,0
|
81
|
56,6
|
43,4
|
Source : BEAC-Pôle-Dette et
nos calculs
Il ressort du tableau 4 que le Cameroun a mis plus de temps
dans l'IPPTE (6 ans), mais aussi, il bénéficie de
l'allègement le plus important (1260 millions USD). L'importance de cet
allègement vient du fait que le Cameroun a une importante dette
auprès de la France (dont il a bénéficié du C2D) et
des membres du Club de Paris. Dans la plupart des pays, les taux
d'exécution des allègements prévus au point de
décision sont supérieurs à 100 % sauf pour le Burkina
Faso. Ces taux d'exécution supérieurs à 100 % proviennent
de l'augmentation de l'allègement de la dette par certains
créanciers multilatéraux au point d'achèvement. Cependant,
notons que certains créanciers bilatéraux (surtout ceux non
membres du Club de Paris) ne respectent pas les engagements concernant leur
participation à l'allègement, pris au point de décision.
C'est ce qui explique par exemple le faible taux d'exécution de
l'allègement de la dette du Burkina Faso où parmi ses
créanciers non membres du Club de Paris, seuls les fonds saoudien et
koweitien ont accordé des allègements (mais non comparables).
Nous notons aussi que tous les créanciers n'ont pas
tous participé à l'IPPTE et certains ayant participé
à l'initiative n'ont pas toujours respecté leurs engagements. Le
Bénin et le Cameroun ont enregistré les meilleurs taux de
participation des créanciers à l'initiative. Le Burkina Faso
enregistre le plus faible taux de participation de ses créanciers
à l'IPPTE.
Il ressort de cette analyse que les
bénéfices de l'IPPTE dépendent de la structure du
portefeuille de la dette des différents pays, des
principaux créanciers et de la participation des créanciers
à l'IPPTE. Si le pays est plus endetté auprès des
créanciers bilatéraux (surtout ceux membres du Club de Paris) ou
si les différents créanciers participent à l'IPPTE et
respectent leurs engagements, alors, le gain (allègement) tiré
par le pays de l'IPPTE sera plus important. Cependant, les créanciers
multilatéraux ont mis en place l'IADM pour apporter un
allègement supplémentaire aux pays PPTE afin de maintenir leur
dette viable.
II.1.2- Allègement de la dette au titre de
l'IADM
L'IADM a été proposée par les pays du G8
réunis à Gleneagles en 2005. Cette initiative prévoit
l'annulation de 100 % du stock de la dette des PVD auprès de l'AID et du
FAD (Fonds Africain de Développement) à une certaine date. Ce
dispositif vise à faciliter l'atteinte des OMD sans compromettre la
capacité de financement des IFI.
Pour être éligible à l'IADM, le pays doit
avoir atteint l'IPPTE et maintenir pendant au moins six mois (à compter
de la date d'atteinte du point d'achèvement) des performances favorables
dans le domaine macroéconomique (exécution satisfaisante des
programmes conclus avec le FMI), dans la mise en oeuvre d'une stratégie
de réduction de la pauvreté, dans la gestion des dépenses
publiques (respect des exigences minimales en matière de gouvernance et
de transparence dans l'utilisation des ressources publiques). En outre, le FMI
a introduit une catégorie de pays n'ayant pas
bénéficié de l'IPPTE et dont le revenu par habitant est
inférieur à 380 de USD.
Tous les pays post PPTE de la Zone Franc ont
bénéficié de cette initiative et les
bénéfices déjà engrangés sont
répartis dans le tableau 5.
Tableau 5: Mise en oeuvre de l'IADM
dans la Zone Franc
Pays
|
FAD
|
AID
|
FMI
|
Total
|
|
Annulation en millions deUSD
|
Annulation en % du PIB
|
Annulation en millions deUSD
|
Annulation en % du PIB
|
Annulation en millions deUSD
|
Annulation en % du PIB
|
Annulation en millions deUSD
|
Annulation en % du PIB
|
Bénin
|
360
|
8,1
|
683
|
15,4
|
53
|
1,2
|
1096
|
24,7
|
Burkina Faso
|
342
|
5,9
|
727
|
12,7
|
91
|
1,6
|
1160
|
20,2
|
Cameroun
|
229
|
1,4
|
859
|
5,2
|
253
|
1,5
|
1341
|
8,1
|
Mali
|
555
|
10,6
|
1250
|
23,8
|
110
|
2,1
|
1915
|
36,5
|
Niger
|
193
|
5,7
|
741
|
21,7
|
114
|
3,4
|
1048
|
30,8
|
Sénégal
|
409
|
4,9
|
1857
|
22,0
|
146
|
1,8
|
2412
|
28,7
|
Source : FMI
Il ressort du tableau 5 que dans la Zone Franc, le
Sénégal et le Mali bénéficient des
allègements de dette les plus importants au titre de l'IADM alors que le
Niger enregistre le plus faible allègement. Cependant, en rapportant
l'allègement au titre de l'IADM au PIB du pays, c'est le Mali qui
bénéficie de l`allègement le plus important (36,5 % du
PIB), suivi du Niger (30,8 % du PIB) ; le Cameroun se contente de
l`allègement le plus faible (8,1 % du PIB).
II.2-
Analyse des besoins de financement des pays post PPTE de la Zone Franc
D'après SALIOU (2003), la croissance de la production
de toute économie dépend entre autre de l'accumulation du
capital, requiert une épargne suffisante pour satisfaire
l'investissement nécessaire. Mais, la composante domestique
(l'épargne publique, l'épargne privée constituée de
celle des ménages et des entreprises privées) de cette
épargne est insuffisante dans la plupart des PVD. Cette idée pose
le problème réel de financement du développement de ces
pays. Dans cette section, nous analysons les besoins de financement des pays de
la Zone Franc. Ceci afin de comprendre le niveau de leur dette. Plus
précisément, nous analyserons le solde primaire et le besoin de
financement brut de chaque pays et nous examinerons les OMD avec ses
problèmes de financement.
II.2.1- Analyse du solde primaire et du besoin de
financement brut des pays post PPTE de la Zone Franc
Nous analyserons ici le solde budgétaire primaire
(solde budgétaire hors intérêts) et les besoins de
financement brut calculés dans la balance de paiements. Ce besoin de
financement brut est le déficit budgétaire, plus l'amortissement
de la dette publique à moyen et long terme, plus dette à court
terme à la fin de la période précédente. Le
graphique 5 illustre bien la situation des soldes primaires des pays post PPTE
de la Zone Franc.
Graphique
5 : Évolution des déficits primaire (en % du
PIB) des pays post PPTE de la Zone Franc de 1992 à 2005
Source : BEAC-Pôle-Dette
Le Bénin seul a maintenu des excédents
budgétaires (primaires) sur la période de l'étude. Ceci
est peut-être dû au respect des critères de
convergences28(*) en zone
UEMOA. Mais cet excédent en pourcentage du PIB est décroissant
sur la période de l'étude.
Le Cameroun depuis 1994 réalise des excédents
primaires et ces excédents en pourcentage du PIB sont croissants de
1994 à 2005.
De 1992 à 2005, le Mali, le Niger et dans une moindre
mesure le Sénégal réalisent des déficits
budgétaires primaires importants. Et ces déficits évoluent
en dents de scie.
Le Burkina Faso a enregistré des déficits
primaires de 1992 à 2002, et depuis lors, il dégage des
excédents primaires croissants.
En résumé, de 1992 à 2005, parmi les pays
post PPTE de la Zone Franc, seuls le Bénin et le Cameroun ont
dégagé des soldes primaires globalement positifs. Les autres pays
sont caractérisés par des déficits primaires. L'existence
de ces déficits fait naître des besoins de financement. Le
graphique 6 illustre bien la situation de l'évolution des besoins de
financements bruts des pays post PPTE de la Zone Franc.
Graphique 6
: Évolution des besoins de financement bruts (en % du PIB)
des pays post PPTE de la Zone Franc de 1993 à 2005
Source : BEAC-Pôle-Dette
A l'exception du Sénégal qui, au cours de
certaines années a présenté des capacités de
financements, tous les pays post PPTE de la Zone Franc ont
présenté entre 1993 et 2005 des besoins de financement bruts. Ces
besoins de financement bruts en pourcentage du PIB sont croissants pour
certains (Bénin, Burkina Faso et Mali) et décroissants pour
d'autres pays (Cameroun, Sénégal et Niger). Nonobstant ces
résultats, la principale inquiétude vient du financement des
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Le
paragraphe suivant examine le financement des OMD.
II.2.2- Les OMD et leur financement
Les OMD constituent aujourd'hui le cadre commun de
référence pour les stratégies de développement. Ces
OMD, au nombre de huit (8) sont les suivants29(*) : (i) faire disparaître l'extrême
pauvreté et la faim d'ici à 2015, (ii) garantir à tous une
éducation primaire, (iii) promouvoir l'égalité des sexes
et l'autonomisation des femmes, (iv) réduire la mortalité des
enfants de moins de 5 ans, (v) améliorer la santé maternelle,
(vi) combattre le VIH/SIDA, (vii) le paludisme et d'autres maladies, (viii)
assurer la durabilité des ressources environnementales et mettre en
place un partenariat mondial pour le développement. Ces OMD
reconnaissent explicitement que l'élimination de la pauvreté ne
peut être obtenue que par un renforcement du partenariat
entre les différents acteurs du développement et par une
action plus résolue des pays riches. Il existe une responsabilité
collective à se battre pour l'amélioration des conditions de vie
dans les pays pauvres. Aussi, reconnaissent-ils que le développement
mondial n'est plus seulement axé sur la croissance économique
mais aussi sur l'être humain : la réduction de la
pauvreté devient une conditionnalité du bien-être des
personnes. Le but du développement consiste à offrir aux
populations plus de choix, de liberté et de dignité. Les OMD
reflètent une véritable force politique : ils
constituent la première vision globale du développement qui, tout
en bénéficiant de l'aval politique de la planète
entière, se concentre clairement sur les plus pauvres des êtres
humains. Plus qu'un catalogue de bonnes intentions, les OMD représentent
le point de mire à moyen terme de la majorité des
stratégies internationales, régionales et nationales de
développement. Ils se sont très rapidement imposés comme
le cadre exclusif de structuration des politiques internationales de
développement, et forment dorénavant la pierre angulaire, le
pivot autour duquel s'organise une grande partie du système d'aide
actuel.
Cependant, les besoins de financement estimés par le
FMI à l'horizon 2015 sont de 135 millions USD pour les pays à
faibles revenus. Tous ces besoins ne pourront pas être entièrement
satisfaits par des dons. Ainsi, l'atteinte des OMD par les pays post PPTE de la
Zone Franc augmentera leurs besoins de financement et ils seront alors
exposés à des risques de surendettement.
En résumé, la Zone Franc a deux zones
d'émission : la CEMAC et l'UEMOA. Ces pays ont pour
dénominateur commun le F CFA et l'histoire qui les lient à la
France. Treize d`entre eux sont des pays à revenu faible et deux
à revenu intermédiaire. Les performances économiques de
ces pays sont relativement faibles par rapport au niveau mondial. En ce qui le
Cameroun, environ huit produits représentent plus de 70 % de ses
exportations. Par contre, pour les autres pays, environ cinq produits
représentent plus de 70 % des exportations des pays post PPTE de la Zone
Franc. Notons que la plupart de ces produits sont des produits de base dont les
cours fluctuent régulièrement sur le marché mondial.
La mise en oeuvre des initiatives d'allègement de la dette
des PVD (IPPTE et IADM) a réduit significativement la dette des pays
post PPTE de la Zone Franc, mais ces pays demeurent
confrontés aux défis de développement.
CHAPITRE IV: ÉVALUATION EMPIRIQUE DE LA
SOUTENABILITÉ DE LA DETTE PUBLIQUE DES PAYS POST PPTE DE LA ZONE
FRANC
Dans ce chapitre, nous analyserons la soutenabilité de
la dette publique des pays post PPTE de la Zone Franc. Il s'agit
précisément d'étudier les caractéristiques de cette
dette et d'examiner leur soutenabilité à l'aide de l'approche DSA
et celle de FEVE et HENIN (1998). Ensuite, nous examinerons les facteurs
clés d'une bonne gestion de la dette publique, notamment en analysant la
dynamique de la dette publique des pays post PPTE de la Zone Franc et en
évaluant leur risque de surendettement.
I-
ANALYSE DE LA SOUTENABILITÉ DE LA DETTE DES PAYS POST PPTE DE LA ZONE
FRANC
Pour analyser la soutenabilité de la dette publique des
pays post PPTE de la Zone Franc, nous allons d'abord examiner les
caractéristiques de leurs dettes et ensuite utiliser des modèles
pour examiner leur soutenabilté.
I.1-
Caractéristiques de la dette publique des pays post PPTE de la Zone
Franc
Comme les indicateurs macroéconomiques, la dette
publique des pays post PPTE de la Zone Franc évoluent à des
rythmes différents et varient d'un pays à l'autre. Nous
examinerons ses caractéristiques en observant l'évolution du taux
d'endettement public et du ratio de la dette sur la base duquel la plupart de
ces pays ont été éligibles à l'IPPTE.
I.1.1- Évolution de l'endettement public des
pays post PPTE de la Zone Franc
Les graphiques 16, 17, 18, 19, 20 et 21 (voir annexe IV)
présentent l'évolution des taux d'endettement public (ratio dette
public/PIB) des pays post PPTE de la Zone Franc.
Nous
observons deux principales phases d'endettement public du Bénin. La
première qui va de 1992 à 1994 avec des taux d'endettement
croissants et tous supérieurs à 70 %30(*). La deuxième phase
commence en 1994 et s'achève en 2005 avec une décroissance des
taux d'endettement tous inférieurs à 70 % (à partir de
1998).
Sur la période de l'étude, l'endettement public
du Burkina Faso est relativement faible (tous les taux d'endettement sont
inférieurs à 60 %). Cependant, l'endettement public de ce pays
évolue en dents de scie et est globalement décroissant.
Très endetté en 1992 (taux d'endettement public
supérieur à 100 %), le Cameroun présente un endettement
strictement décroissant sur toute la période d'étude
(1992-2005). Le taux d'endettement le plus faible a été
enregistré en 2006.
L'endettement public du Mali a connu deux évolutions
principales. Cet endettement est croissant de 1992 à 1994 avec des taux
d'endettement tous supérieurs à 100 %. Depuis 1994, le taux
d'endettement de ce pays est décroissant. Cependant, notons que jusqu'en
2002, ce taux d'endettement était toujours supérieur à 70
%.
L'endettement public du Niger évolue en dent de scie
avec des taux oscillants autour de 70 %. Cependant, depuis 2001, ce taux
d'endettement connaît une croissance. Entre 2001 et 2004, les taux
d'endettement de ce pays sont tous supérieurs à 70 %.
Au cours de la période de l'étude, à
l'exception de 1992 et 1993, le taux d'endettement public du
Sénégal est globalement décroissant. Entre 1998 et 2005,
les taux d'endettement public de ce pays sont inférieurs à 70
%.
En résumé, de 1992 à 2005, le niveau
d'endettement des pays post PPTE de la Zone Franc n'est pas très
élevé. Les taux d'endettement se situent en général
autour de 70 %. Cependant, le Burkina Faso présente les plus faibles
taux d'endettement publics, le Niger présente les taux d'endettement les
plus élevés et le Cameroun présente des taux d'endettement
strictement décroissants sur la période de l'étude. Ainsi,
on serait tenté de dire que l'IPPTE a permis d'améliorer le taux
d'endettement des pays post PPTE de la Zone Franc.
I.1.2- Évolution de la dette publique des pays
post PPTE de la Zone Franc
La plupart des pays post PPTE de la Zone Franc ont
été éligibles sur la base du ratio Stock de la dette
(VAN)/Exportations. Ainsi, les graphiques 15, 16, 17, 18, 19 et 20 (voir annexe
IV) présentent l'évolution de ce ratio pour les pays post PPTE de
la Zone Franc depuis 1992.
Ces graphiques révèlent les renseignements
suivants :
Ø Le ratio dette extérieure/Exportations du
Bénin a été croissant de 1998 à 2001. Ce ratio a
atteint son maximum en 2001 et depuis lors, il est décroissant. Il est
également supérieur à 150 % sur la période
d'analyse (1998-2005).
Ø Le ratio dette extérieure/Exportations du
Burkina Faso a été croissant de 1998 à 2001. Ce ratio a
atteint 714 % en 2001 et depuis lors, il est décroît. Il est
supérieur à 300 % de 1998 à 2005.
Ø Le ratio dette extérieure/Exportations du
Cameroun a évolué en dent de scie de 1998 à 2005. Ce ratio
a atteint son paroxysme en 2002 et depuis lors, il est strictement
décroissant. Il est supérieur à 150 % sur la
période d'analyse, mais depuis 2004, il se rapproche de 150 %.
Ø Le ratio dette extérieure/Exportations du Mali
est strictement décroissant sur la période de l'étude. Il
est supérieur à 150 % de 1998 à 2005.
Ø Le ratio dette extérieure/Exportations du
Niger, malgré une légère croissance entre 1998 et 1999,
est globalement décroissant au cours de la période de
l'étude. Il est supérieur à 200 % sur la période
d'analyse (1998-2005).
Ø Le ratio dette extérieure/Exportations du
Sénégal est globalement décroissant sur la période
de l'étude. Il est supérieur à 150 % pendant la
période d'analyse. Mais depuis 2004, il se rapproche de 150 %.
En conclusion, les pays post PPTE de la Zone Franc ont
été effectivement admis à l'IPPTE sur la base du ratio
dette extérieure en VAN/ Exportations. En effet, à la date
d'admission de chacun de ces pays à l'IPPTE, ce ratio était bien
supérieur à 150 %. De 1998 à 2005, l'IPPTE a permis une
amélioration de ce ratio pour chaque pays post PPTE de la Zone Franc
(les différentes courbes d'évolution de ce ratio sont globalement
décroissantes).
I.2-
Évaluation empirique de la soutenabilité de la dette publique de
la Zone Franc
Nous avons vu au deuxième chapitre les modèles
d'analyse de la soutenabilité de la dette publique. Parmi ces
modèles deux principalement ont retenu notre attention : le
modèle de la DSA et celui de FEVE et HENIN (1998). Le premier parce
qu'il est celui utilisé par le FMI et la Banque Mondiale dans le cadre
de l'IPPTE pour évaluer la soutenabilité de la dette des PPTE et
le deuxième parce qu'il est basé sur le ratio dette/PIB et est
recommandé par les auteurs pour les PVD. Nous nous attèlerons
dans les paragraphes suivants à évaluer à l'aide de ces
deux modèles, la soutenabilité de la dette publique des pays de
la Zone Franc ayant atteint le point d'achèvement de l'IPPTE au 31
décembre 2006. Aussi, à partir du cadrage macroéconomique
des différents pays et à l'aide du logiciel de gestion de la
dette publique Debt Pro, nous allons faire des projections des
différents ratios de viabilité de la dette dans vingt ans.
I.2.1- Résultats de l`approche
DSA
Dans le cadre de l'IPPTE, les IBW utilisent le modèle
de la DSA qui est basé sur deux critères principaux (Stock de la
dette (VAN)/Exportations et Stock de la dette (VAN)/Recettes
budgétaires) et un sous critère budgétaire (Service de la
dette (VAN)/Exportations). La dette est réputée insoutenable
lorsque l`un des critères principaux est supérieur au seuil
fixé. Le sous critère budgétaire permet juste
d'approfondir les analyses en étudiant la capacité du pays
à mobiliser les ressources (devises) par ses exportations pour
rembourser sa dette extérieure. Le tableau 6 présente la
situation des ratios de soutenabilité de la dette des pays post PPTE de
la Zone Franc au 31 décembre 2005.
Tableau
6 : Situation des ratios de soutenabilité de la dette
des pays post PPTE de la Zone Franc au 31 décembre 2005
Pays
|
Dette extérieure/Exportations
|
Dette extérieure/Recettes budgétaires
|
Service de la dette (VAN)/Exportations
|
Bénin
|
197
|
227
|
7,3
|
Burkina Faso
|
377
|
217
|
8,5
|
Cameroun
|
186
|
238
|
20,8
|
Mali
|
216
|
251
|
9,2
|
Niger
|
318
|
322
|
6,1
|
Sénégal
|
161
|
209
|
11,6
|
Source : Rapport de la Zone Franc
et nos calculs
Au regard du ratio VAN service de la dette/Exportation dont le
seuil est fixé à 15 %, au 31 décembre 2005, la dette
extérieure de tous les pays post PPTE de la Zone Franc à
l'exception du Cameroun est soutenable.
Sur la base du ratio VAN dette extérieure/recettes
budgétaires dont le seuil est fixé à 250 %, au 31
décembre 2005, on peut dire que la dette extérieure de tous les
pays post PPTE de la Zone Franc à l'exception du Niger est
soutenable.
Sur la base du ratio VAN dette extérieure/Exportations
dont le seuil est fixé à 150 %, au 31 décembre 2005, la
dette extérieure de tous les pays post PPTE de la Zone Franc est
insoutenable.
Cependant, d'après la Banque Mondiale, le Cameroun a
bénéficié au moment de l`atteinte du point
d'achèvement en avril 2006 d'une réduction d'environ 70 % de sa
dette. Cette opération a amélioré les différents
ratios du Cameroun. Le tableau 7 présente la situation du Cameroun au 31
décembre 2006. La dette extérieure du Cameroun est devenue
soutenable au regard de tous les ratios dette extérieure/exportations
(90 %), dette extérieure/recettes budgétaires (103 %) et service
dette extérieure/exportations (5,1 %)
Ce tableau montre qu'au 31 décembre 2006, Il ressort de
cette analyse que l'IPPTE a amélioré les ratios
d'endettement des pays post PPTE de la Zone Franc. En effet,
après l'atteinte du point d'achèvement, le ratio VAN dette
extérieure/Exportations sur la base duquel la plupart de ces pays ont
été admis à l'IPPTE bien que supérieur au seuil
(150 %) pour certains pays, décroît sur la période de
l'étude.
Un autre enseignement que nous en tirons est que la
soutenabilté de la dette des pays post PPTE de la Zone Franc ne
dépend pas seulement de leurs performances économiques, mais
aussi et surtout du portefeuille de leur dette. Ceci peut se
vérifier avec le Cameroun dont la dette extérieure est devenue
soutenable après l'atteinte du point d'achèvement de l'IPPTE. En
effet, avant d`être admis à l'IPPTE, le Cameroun avait une dette
très importante vis-à-vis de la France et des membres du Club de
Paris. Au point d'achèvement de l'IPPTE, il a
bénéficié du plus important allègement dans la Zone
Franc (une grande part de cet allègement provenait du C2D dont d'autres
pays n'ont pas bénéficié).
En outre, la détérioration du ratio dette
extérieure/Exportations, même après l'IPPTE provient de la
faible croissance des exportations des pays (l'analyse des exportations de ces
différents pays a révélé une faible croissance des
exportations à partir de l'années 2000) concernés depuis
leur entrée dans l'IPPTE. Cette faible croissance des exportations peut
s'expliquer par le fait que la plupart de ces économies sont très
peu diversifiées et les principaux produits exportés sont des
produits de base. Les cours de ces produits de base sont faibles et fluctuent
régulièrement sur le marché mondial. Parmi les six pays
post PPTE de la Zone Franc, seul le Cameroun présente les ratios
nettement améliorés après l'initiative. Ceci est en partie
dû à l'importance de ses exportations (par rapport aux autres pays
post PPTE de la Zone Franc) et à sa structure d'exportation qui est la
plus diversifiée des six pays étudiés (amélioration
du ratio dette extérieure/ Exportations).
En conclusion, la structure des économies des
pays post PPTE de la Zone Franc influence négativement la
soutenabilité de leur dette. Une diversification plus
importante de l'économie entraînerait un accroissement des
exportations, du PIB et par conséquent une amélioration du ratio
dette extérieure/Exportation qui pourrait maintenir leur dette
soutenable dans le cadre de la DSA.
I.2.2- Résultats de l`approche
économétrique
Nous allons utiliser le modèle d'analyse de la
soutenabilité de la dette publique proposé par FEVE et HENIN
(1998). Ce modèle est basé sur les tests de stationnarité
de la série dette/PIB. Dans le cadre de ce travail, nous allons
appliquer le test de Dickey-Fuller augmenté sur la série
dette/PIB des pays post PPTE de la Zone Franc. Nous n'avons malheureusement pas
eu des séries d`au moins vingt ans du taux d'endettement des
différents pays (la plupart des auteurs ayant fait des analyses
économétriques sur la soutenabilité de la dette des PVD
ont utilisé les séries d'au moins vingt ans). Ceci semble
insuffisant au regard des propriétés asymptotiques des
statistiques, mais apparemment suffisant au regard des résultats pour
donner les premiers éléments nécessaires pour faire une
analyse économétrique de la soutenabilité de la dette
publique des pays post PPTE de la Zone Franc. La série du taux
d'endettement de chaque pays est désignée par le nom du pays.
La série est non stationnaire si
sinon, elle est stationnaire. Nous allons à l'aide du logiciel Eviews,
estimer les trois modèles31(*) nécessaires pour le test de Dickey Fuller
Augmenté. Si l'un de ces modèles signale la non
stationnarité de la série, alors, on arrête le test et on
conclut. Le nombre de décalage sera déterminé à
partir du modèle qui a la plus petite information d'Akaike. En estimant
les trois modèles et en suivant le schéma du test de
stationnarité (recherche de la racine unitaire) de l'annexe II, nous
avons les résultats suivants :
Ø A l'issue du test sur les séries du taux
d'endettement du Bénin, du Niger et du Sénégal, toutes les
statistiques (les t-statistiques empiriques) des trois modèles sont
supérieures aux valeurs tabulées au seuil de 1 %, 5 % et 10 %.
Nous acceptons donc que les séries du taux d'endettement public du
Bénin, du Niger et du Sénégal, possèdent chacune
une racine unitaire. Par conséquent, les dettes publiques du
Bénin, du Niger et du Sénégal sont donc insoutenables.
Ø Le test sur les séries du taux d'endettement
du Burkina Faso et du Mali révèle que toutes les statistiques
(les t-statistiques empiriques) des deux modèles (modèle sans
constante et le modèle sans constante et sans tendance) sont
supérieures aux valeurs tabulées au seuil de 1 %, 5 % et 10 %.
Nous acceptons donc que les séries du taux d'endettement public du
Burkina Faso et du Mali possèdent chacune une racine unitaire. Ces deux
séries ne sont pas donc stationnaires. Par conséquent, les dettes
publiques du Burkina Faso et du Mali sont insoutenables.
Ø Enfin, le test sur la série du taux
d'endettement du Cameroun révèle que toutes les statistiques (les
t-statistiques empiriques) de deux modèles (modèle sans constante
mais avec tendance et le modèle sans constante et sans tendance) sont
supérieures aux valeurs tabulées au seuil de 1 %, 5 % et 10 %.
Nous acceptons donc que la série du taux d'endettement public du
Cameroun possède une racine unitaire. Cette série n'est donc pas
stationnaire. Par conséquent, la dette publique du Cameroun n'est pas
soutenable.
En conclusion, le modèle d'analyse de la
soutenabilité de la dette publique proposé par FEVE et HENIN
(1998) montre que la dette publique des pays post PPTE de la Zone Franc n'est
pas soutenable. Cependant, ce résultat doit être pris
avec prudence compte tenu du nombre d'années d'observations.
I.2.3- Perspectives de viabilité de la dette
publique des pays post PPTE de la Zone Franc
Nous avons exploité dans cette partie les rapports
d'analyse de viabilité de la dette produits par le pôle dette
après des missions dans les pays tels que le Bénin, le Burkina
Faso, le Mali, le Niger et le Sénégal. A partir du cadrage
macroéconomique de ces pays jusqu'en 2025 et du logiciel Debt Pro
(utilisé pour l'analyse de la dette), nous avons produit les ratios de
viabilité de la dette pour ces différents pays. En ce qui
concerne le Cameroun, nous avons exploité un rapport32(*) des services du FMI pour
obtenir les ratios de viabilité de sa dette jusqu'en 2025. Pour
l'analyse de la viabilité de la dette de ces différents pays,
nous allons examiner le ratio VAN dette extérieure/ Exportations (ratio
de solvabilité) et service de la dette/Exportations (ratio de
liquidité). Le graphique 7 illustre l'évolution de ces ratios
pour les différents pays.
Graphique
7 : Profil de viabilité de la dette
extérieure : Évolution du ratio VAN dette extérieure/
Exportations
Source : BEAC-Pôle-Dette
Le graphique 7 montre qu'avec le cadrage
macroéconomique du Bénin et du Niger, leurs dettes
extérieures sont soutenables depuis 2006 et demeureront jusqu'en 2025,
et celle du Sénégal jusqu'en 2020. Par contre, entre 2007 et
2013, la dette extérieure du Burkina Faso ne sera pas viable et, elle
sera viable à partir de 2014. La dette extérieure du Mali ne sera
plus viable à partir de 2017 jusqu'en 2025. Aussi, le rapport du FMI
exploité pour cette partie de travail montre que la dette du Cameroun
sera viable jusqu'en 2025.
Cependant, les différents scénarios
réalisés dans les rapports d'analyse de la viabilité de la
dette révèlent que si les différents pays
étudiés connaissent soit une baisse de croissance du PIB ou une
baisse de croissance des exportations ou encore modifient leurs
stratégies de financement, alors, leurs dettes extérieures
deviendront insoutenanables avant 2018 pour le Bénin, le Cameroun, le
Niger, le Mali et le Sénégal.
Aussi, les cadrages macroéconomiques sont-ils
très optimistes pour certains pays. Le taux de croissance moyenne du PIB
du Bénin de la période 2006-2025 (2020 pour le
Sénégal) est largement supérieur à son taux de
croissance moyenne période 1992-2005 (voir tableau 7). Il en est de
même pour son taux de croissance moyenne des exportations. Pourtant, le
cadrage macroéconomique doit se baser sur les performances
passées (mais très récentes) de l'économie. Mais
aussi, faire les prévisions de la croissance sur vingt ans ne sont pas
très réalistes, car ces vingt années peuvent correspondre
à plusieurs cycles économiques.
Tableau 7: Comparaison entre les
taux de croissance (PIB et Exportations des périodes 1992-2005 et
2006-2025)
|
Taux de croissance nominale du PIB
|
Taux de croissance nominale des exportations
|
Pays
|
Moyenne 1992-2005
|
Moyenne 2006-2025
|
Moyenne 1992-2005
|
Moyenne 2006-2025
|
Bénin
|
6,9
|
11,4
|
8,2
|
16,6
|
Burkina Faso
|
10,0
|
9,5
|
9,3
|
2,6
|
Cameroun
|
7,7
|
8,3
|
5,2
|
/
|
Mali
|
11,3
|
15,4
|
9,0
|
2,7
|
Niger
|
7,6
|
13,7
|
6,7
|
7,5
|
Sénégal33(*)
|
8,1
|
12,1
|
7,3
|
6,9
|
Source : BEAC-Pôle-Dette,
Banque de France et rapport des services du FMI N° 06/190
Lorsqu'on prend le ratio dette publique/Exportations, les
observations ci-dessus restent valables : seules les dettes publiques du
Mali et du Burkina Faso ne sont pas viables sur toute la période
2006-2025 (voir annexe IV : graphique 33). Toutefois, notons que le risque
de surendettement du Niger est croissant au fil du temps.
En ce qui concerne le service de la dette
publique/Exportation, seuls le Mali et le Niger ne présentent pas des
ratios inférieurs au seuil (15 %) durant la période 2006-2007
(voir graphique 8).
Graphique
8 : Profil de viabilité de la dette
extérieure : Évolution du ratio service de la dette
publique/ Exportations
Source : Pôle-dette
Ainsi, avec la mise en oeuvre de l'IPPTE et de l'IADM et avec
le cadrage macroéconomique (scénario de base), les projections
jusqu'en 2025 montrent que les dettes publiques du Bénin, du Cameroun et
du Sénégal seront soutenables sur la période 2006-2025.
Les dettes publiques du Burkina Faso, du Mali et du Niger ne seront pas
soutenables sur toute cette période.
Il ressort de cette analyse que l'IPPTE semble ne pas suffire
pour assurer la viabilité à moyen et long terme de tous les pays
post PPTE de la Zone Franc. Il est alors nécessaire d'examiner les
facteurs de succès d'une bonne politique d'endettement.
II-
ANALYSE DE LA DYNAMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE DES PAYS POST PPTE DE LA ZONE
FRANC ET DE LEURS RISQUES DE SURENDETTEMENT
L'IPPTE, permet certes de réduire la dette des pays
PPTE. Mais son objectif à long terme est d'éviter d'autres crises
de surendettement. Si l'on s'accorde sur ce que la recherche d'une solution
appropriée à la question de l'endettement passe
nécessairement par la connaissance des facteurs qui l'influencent et le
sens de leurs interrelations, il est alors digne d'intérêt de
s'interroger sur les causes significatives de l'endettement des pays post PPTE
de la Zone Franc. Ainsi, dans les paragraphes suivants, après avoir
examiné la dynamique de l'endettement des pays post PPTE de la Zone
Franc, nous allons analyser les risques de surendettement de ces derniers.
II.1-
Analyse des déterminants de la dynamique de la dette des pays post PPTE
de la Zone Franc
L'analyse de la viabilité de la dette publique vise
essentiellement à mettre en relief les éléments qui
affectent le profil de soutenabilité à long terme et permet
d'identifier les facteurs sur lesquels pourraient se concentrer une
stratégie de désendettement. Nous allons d'abord présenter
le cadre d'analyse et ensuite, examiner les dynamiques d'endettement des pays
post PPTE de la Zone Franc.
II.1.1- Spécification du cadre d'analyse de la
dynamique de la dette
La dynamique de la dette publique correspond à la
variation entre deux périodes (année en général) du
taux d'endettement34(*)
public. Pour l'analyse de la dynamique de la dette publique des pays post PPTE
de la Zone Franc, nous partons de l'identité :
(1)
avec :
: Stock de la dette publique à la fin de l'année
t
: Stock de la dette publique à la fin de l'année
t-1
: Intérêts dus sur la dette publique au cours de
l'année t
: Déficit budgétaire primaire de l'année t
(déficit global hormis les intérêts sur la dette publique,
mais dons compris)
: Allègement de la dette et autres flux non
créateurs de dette publique de l'année t (passifs conditionnels
notamment : dette publiquement garantie)
Nous savons également que (2)
avec le taux d'intérêt nominal moyen de l'année. En
remplaçant (2) dans (1), nous avons :
(3)
En divisant (3) par et
en intégrant les relations et
avec
: Le taux de croissance réelle de l'année t
: Taux d'inflation à l'année t
: Taux d'intérêt réel moyen de l'année
t
On obtient : (4)
avec
: Ratio de l'endettement public de l'année t en pourcentage
du PIB
: Ratio de l'endettement public de l'année t-1 en
pourcentage du PIB
: Déficit budgétaire primaire de l'année t en
pourcentage du PIB
: Autres flux nets non créateurs de dette en pourcentage du
PIB
La dynamique de la dette est alors donnée par :
(5)
L'équation (5) permet de comprendre les facteurs
déterminants de la dynamique de la dette publique dans un pays. Elle
laisse apparaître deux composantes. La première est
dépendante du niveau du stock de la dette de la période
précédente que l'on pourrait qualifier de dynamique
endogène. Elle traduit les effets du taux de croissance
économique réelle, des taux d'intérêts réel
de la dette intérieure et de la dette extérieure sur
l'évolution de la dette. La deuxième composante est
fondamentalement liée à la politique budgétaire de l'Etat
et d'autres flux non créateurs de dette publique (dynamiques
autonomes).
Il ressort alors de cette analyse que la dynamique de la dette
d'un pays est plus favorable lorsque :
(i) le taux de croissance économique réelle est
supérieur au taux d'intérêt réel (surtout au cas
où le ratio initial de l'endettement est
important) ;
(ii) le besoin de financement issu de la politique
budgétaire est faible, voir négatif (cas d'un surplus
budgétaire primaire) ;
(iii) le pays mobilise les financements exceptionnels
importants sous forme de dons.
Dans le cas contraire, la dynamique de la dette est
défavorable.
II.1.2- Évolution comparée de la
dynamique de la dette et de la croissance des pays post PPTE de la Zone
Franc
L'observation de la dynamique de la dette publique des pays post
PPTE de la Zone Franc est faite sur la base des graphiques 20, 21, 22, 23, 24
et 25 (voir annexe IV).
L'analyse de la dynamique de la dette publique des pays post
PPTE de la Zone Franc depuis 1993 permet de tirer les enseignements
suivants :
Ø Les dynamiques de dettes dans ces pays ont
été très différenciées et sont
négatives depuis 1994 pour le Bénin et le Sénégal,
et depuis 1992 pour le Cameroun.
Ø Le poids de la dynamique endogène est
prépondérant dans la réduction du taux d'endettement
public du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun et du
Sénégal. Aussi, les politiques budgétaires ont-elles
été des facteurs d'accumulation de la dette plutôt que de
désendettement dans plusieurs pays (Mali, Niger et Burkina Faso).
Toutefois, dans certains pays comme le Cameroun et le Bénin, le poids de
la dynamique autonome (avec les soldes primaires positifs) a aussi
contribué à la réduction du taux d'endettement public.
Ø Le taux d'endettement initial est déterminant
dans la dynamique de l'endettement. Pour certains pays post PPTE de la Zone
Franc (Burkina Faso, Cameroun, Mali), plus ce taux est élevé plus
l'effet endogène est fort.
Ø Les initiatives d'allègement de la dette
(IPPTE, IADM et C2D) ont contribué à la réduction du stock
de la dette des pays post PPTE de la Zone Franc, entraînant ainsi une
réduction du taux d'endettement public et par ricochet une
amélioration de la dynamique d'endettement de ces pays.
Ø La dynamique de l'endettement public des pays post
PPTE de la Zone Franc dépend de deux facteurs principaux : les
performances économiques (taux de croissance réelle de
l'économie) et la maîtrise de la politique budgétaire (en
générant les surplus budgétaires par la maîtrise des
recettes et des dépenses de l'État). Mais ces pays pour
poursuivre les efforts de désendettement, doivent plus compter sur la
dynamique autonome en renforçant la qualité de leurs politiques
et de leurs institutions et en trouvant les moyens de mieux protéger
leurs économies vis-à-vis des chocs exogènes.
II.2-
Évaluation du risque de surendettement des pays post PPTE de la Zone
Franc
L'évaluation du risque de surendettement des pays post
PPTE de la Zone Franc est nécessaire pour apprécier l'effet de
l'IPPTE et orienter les politiques d'endettement de ces pays. Nous allons
d'abord présenter le cadre d'analyse et ensuite, évaluer le
risque de surendettement de chacun de ces pays.
II.2.1- Présentation du cadre
d'analyse
Les études empiriques réalisées par la
Banque Mondiale et le FMI ont montré que la qualité des
politiques et des institutions des pays à faible revenu a un impact
considérable sur la probabilité qu'ils soient confrontés
à une crise de surendettement. Ainsi, les pays qui opèrent dans
un contexte caractérisé par des politiques et des institutions
faibles risquent de basculer dans le surendettement (même avec des ratios
d'endettement nettement plus faibles que d'autres) du fait qu'ils sont plus
susceptibles de mal utiliser les financements qu'ils mobilisent et sont moins
capables d'utiliser leurs ressources de manière productive. A
l'inverse, les pays qui suivent des politiques judicieuses peuvent supporter un
ratio d'endettement plus élevé. Ces études
établissent un lien entre le risque de surendettement et la
qualité des politiques et des institutions des pays, telle que
mesurée par l'indice EPIN (Évaluation de la Politique et des
Institutions Nationales) ou, en anglais, CPIA35(*) (Country Policy and Institutionnal Assessment).
Les conclusions de ces études ont permis de retenir des
seuils de viabilité de dette suivants, cohérents avec le niveau
des indices CPIA. Les seuils indicatifs de viabilité de la dette pour
les différents niveaux de CPIA sont recensés dans le tableau
9.
Tableau 8 : Seuils indicatifs de la
viabilité de la dette et performances des politiques et des institutions
(en %)
Indicateur de viabilité de la dette
|
Évaluation de la solidité des institutions et de
la qualité des politiques
|
Faible (CPIA<3,25)
|
Moyenne 3,25<CPIA<3,75)
|
Forte (CPIA>3,75)
|
Service de la dette/Exportations
|
15
|
20
|
25
|
Service de la dette/Recettes budgétaires
|
25
|
30
|
35
|
VAN dette/PIB
|
30
|
40
|
50
|
VAN dette/Exportations
|
100
|
150
|
200
|
VAN dette/Recettes budgétaires
|
200
|
250
|
300
|
Source : Banque Mondiale/FMI
Dans ce cadre, le risque de surendettement ne dépend
pas seulement du niveau de l'indice CPIA ou des seuils de viabilité de
la dette extérieure mais plutôt de la probabilité de sa
survenance qui est liée au fait que les indicateurs de viabilité
de la dette se situent à plus de 10 % des seuils indicatifs. Ainsi, si
l'écart entre les ratios et les seuils indicatifs de viabilité de
la dette est au dessus de 10 %, alors le risque est élevé. Le
risque est moyen si cet écart est entre 10 % au dessus et 10 % en
dessous et faible si cet écart est à plus de 10 % en dessous du
seuil.
II.2.2 Détermination du risque et
interprétation des résultats
Les IBW en se basant sur le cadre d'analyse du risque de
surendettement défini dans le paragraphe précédent ont
estimé le risque de surendettement des pays post PPTE de la Zone Franc
après l'annulation de la dette au titre de l'IADM. Le résultat
est récapitulé dans le tableau 9.
Tableau 9 : Évaluation du
risque de surendettement des pays post PPTE de la Zone Franc après
l'IADM (fin 2006)
Pays
|
VAN dette extérieure/Exportations
|
VAN dette extérieure/PIB
|
Service de la dette/Exportations
|
Risque
|
Bénin
|
38
|
11
|
2,4
|
Faible
|
Burkina Faso
|
130
|
17
|
5,0
|
Modéré
|
Cameroun
|
90
|
10,4
|
5,1
|
Faible
|
Mali
|
50
|
27
|
4,4
|
Faible
|
Niger
|
86
|
34
|
4,6
|
Modéré
|
Sénégal
|
99
|
26,1
|
5,2
|
Faible
|
Source : BEAC-Pôle-Dette et
nos calculs
Tout d'abord, précisons que tous les pays post PPTE de
la Zone Franc ont un CPIA moyen (CPIA<3,25) en 2006, seul le Niger a un CPIA
faible (3,25<CPIA<3,75). Il ressort alors que même après les
annulations de la dette au titre de l'IADM, deux pays post PPTE de la Zone
Franc (Burkina Faso et Niger) présentent un risque de surendettement
modéré. Les quatre autres présentent un risque de
surendettement faible.
Toutefois, notons que cette évaluation du risque de
surendettement ne prend pas en compte la dette intérieure qui n'est pas
aussi négligeable dans la dette des pays post PPTE de la Zone Franc
(voir tableau 10).
Tableau 10 : Dette intérieure
des PPTE : Encours de la dette et paiement d'intérêts
(moyenne sur 2000-2002)
|
Paiement d'intérêts dûs sur la dette
publique intérieure
|
Encours de la dette publique intérieure
|
Pays
|
Valeur en millions USD
|
Paiements d'intérêts en % du total
|
Valeur en millions USD
|
En % de la dette publique totale
|
Bénin
|
2,2
|
10,5
|
43,8
|
32,5
|
Burkina Faso
|
6,9
|
29,3
|
138,5
|
8,5
|
Cameroun
|
32,4
|
10,5
|
648,7
|
7,1
|
Mali
|
2,1
|
9,0
|
42,3
|
1,4
|
Niger
|
5,7
|
27,4
|
114,9
|
3,0
|
Sénégal
|
0,1
|
2,8
|
2,3
|
0,7
|
Source : CNUCED, 2004
Le tableau 10 nous montre l'importance du poids de la dette
intérieure par rapport à la dette publique des pays post PPTE de
la Zone Franc (la dette intérieure du Bénin par exemple
représente 32,5 % de sa dette publique totale). Aussi, il montre
l'importance du service de cette dette dans le service de la dette de ces pays
(par exemple, le paiement des intérêts dus à la dette
intérieure du Burkina Faso représente 29,3 % de l'ensemble des
paiements d'intérêts dus à sa dette publique). Ces constats
révèlent le degré des effets que la dette
intérieure des pays post PPTE de la Zone Franc pourrait avoir sur leurs
politiques budgétaires et par ricochet sur leur endettement public et
sur leur développement. La prise en compte de la dette intérieure
dans l'analyse du risque de surendettement aggrave le risque de surendettement
des pays post PPTE de la Zone Franc.
La mise en oeuvre des initiatives
d'allègement de la dette (IPPTE et IADM) dans la Zone Franc a
contribué significativement à l'amélioration des ratios
qui permettent d'apprécier la viabilité de la dette publique dans
le cadre de l'IPPTE. Cependant, l'IPPTE semble ne pas
suffire pour assurer la viabilité à moyen et long terme de la
dette publique des pays post PPTE de la Zone Franc. En effet,
nonobstant la mise en oeuvre de cette initiative et de l'IADM, certains pays
post PPTE de la Zone Franc présentent toujours des risques de
surendettement considérables. En outre, jusqu'en 2005, certains pays
post PPTE de la Zone Franc présentaient des dettes publiques
insoutenables et après 2006. À partir du cadrage
macroéconomique, les prévisions révèlent des
périodes sur lesquelles leurs dettes publiques peuvent ne pas viables
pendant la période 2006-2007. Aussi, la forte concentration de ces
économies contribue-t-elle à la détérioration des
ratios d'évaluation de la viabilité de la dette publique.
CONCLUSION GÉNÉRALE
Au vu des espoirs fondés sur l'IPPTE et des critiques
formulées à son encontre, nous nous sommes donné pour
objectif de montrer que cette initiative seule n`est pas suffisante pour
assurer à long terme la viabilité de la dette des pays de la Zone
Franc.
La revue de la littérature nous a permis de constater
qu'il y a deux principales écoles de pensée qui animent le
débat sur la dette publique. D'un côté les classiques qui
sont formellement contre le déficit budgétaire et par
conséquent contre la dette publique. Ils pensent qu'un emprunt public ne
peut avoir que des effets néfastes sur l'économie en
général. De l'autre côté, les keynésiens
admettent un déficit budgétaire justifié et
maîtrisé. Ils pensent que l'endettement public peut même
être un instrument de politique économique pour un pays. Cette
revue de littérature a révélé plusieurs
modèles d'analyse de la soutenabilité de la dette publique. Nous
en avons retenu deux (DSA et FEVE et HENIN (1998)) pour examiner la
viabilité de la dette publique des pays post PPTE de la Zone Franc.
L'examen des caractéristiques économiques des
pays post PPTE de la Zone Franc montre que les exportations de ces pays sont
portées par une poignée de produits (au plus cinq pour le
Bénin, le Burkina Faso, le Niger et le Sénégal et huit
pour le Cameroun) de base dont les prix fluctuent régulièrement
sur le marché mondial. Par ailleurs, le financement de la
réalisation des OMD risque d'aggraver cette situation.
L'analyse de la mise en oeuvre des initiatives
d'allègements (IPPTE et IADM) de la dette extérieure en Zone
Franc montre que les différents allègements de la dette
extérieure ont réduit les encours de leurs dettes
extérieures.
L'analyse du ratio dette extérieure/exportations montre
que malgré les efforts d'allégement de la dette des pays post
PPTE de la Zone Franc, la faible diversification des économies de ces
pays affecte négativement la viabilité de leur dette par le canal
de la relative croissance des exportations et de la vulnérabilité
de leurs économies. Ainsi, l'étroitesse des bases productives des
pays de la Zone Franc et la forte polarisation de l'activité
économique continuent d'amplifier les effets des chocs exogènes,
d'accentuer l'instabilité des performances économiques et
financières. Elles constituent d'ailleurs une source importante de
vulnérabilité de la dette au risque de surendettement d'autant
plus que ces pays doivent faire face à des besoins financiers importants
en vue de promouvoir leur croissance et atteindre les OMD.
L'étude montre que les allègements de la dette
des PPTE de la Zone Franc dépendent étroitement de la structure
du portefeuille de la dette.
L'analyse de la viabilité de la dette publique des pays
post PPTE de la Zone Franc montre que jusqu`en 2005, l'IPPTE a juste permis
de ramener les différents ratios définis dans le cadre de cette
initiative à certains seuils. L'IADM est un complément de cet
effort, c'est l'allègement de la dette multilatérale qui rend la
dette publique extérieure de certains de ces pays soutenable en fin
2006. Cependant, l'analyse de la soutenabilité de la dette publique des
pays post PPTE de la Zone Franc avec le modèle de FEVE et HENIN (1998)
présente la non soutenabilité de leur dette publique.
En outre, avec la mise en oeuvre de l'IPPTE et de l'IADM et
avec le cadrage macroéconomique (scénario de base), les
projections jusqu'en 2025 présentent des périodes pendant
lesquelles la dette publique de certains pays post PPTE de la Zone franc sera
insoutenable. Le problème se généralisera et s`accentuera
si ces pays post PPTE de la Zone Franc connaissent une baisse du taux de
croissance économique ou des exportations ou encore accusent des
arriérés ou augmentent leur taux d`endettement (avec un faible
pourcentage de dons) par rapport au cadrage macroéconomique
utilisé pour faire les projections. En conséquence, l'IPPTE n'est
pas suffisante pour assurer la viabilité à moyen et long terme de
tous les pays post PPTE de la Zone Franc.
L'examen de la dynamique d'endettement public des pays post
PPTE de la Zone Franc montre que la dynamique endogène a joué un
très grand rôle dans le désendettement de la plupart de ces
pays et que la contribution de la maîtrise de la politique
budgétaire (en générant les surplus budgétaires par
la maîtrise des recettes et des dépenses de l'État) a
été faible dans plusieurs pays. Mais ces pays pour poursuivre les
efforts de désendettement, doivent plus compter sur la dynamique
autonome en renforçant la qualité de leurs politiques et de leurs
institutions et en trouvant les moyens de mieux protéger leurs
économies vis-à-vis des chocs exogènes.
En outre, certains pays post PPTE présentent des
risques de surendettement plus ou moins élevés surtout si on
prend en compte la dette intérieure de chaque pays dans l'analyse du
risque de surendettement.
Une gestion dynamique et prudente des emprunts et de la dette
publique est alors indispensable à la réalisation des objectifs
ambitieux de développement sans compromettre de nouveau la
viabilité de la dette. Nous formulons alors les recommandations
suivantes :
· les pays post PPTE de la Zone Franc doivent renforcer
la contribution des politiques budgétaires à la réduction
ou à la stabilisation de la dette;
· ils doivent diversifier la base productive et des
exportations;
· ils doivent promouvoir la croissance;
· ils doivent élaborer des stratégies
d'emprunt en privilégiant les prêts concessionnels et les dons.
Pour cela, il faut créer de véritables structures de gestion de
la dette (avec une centralisation de la gestion de la dette publique) et faire
en sorte que la dette soit définie dans les lois de finance;
· ils doivent promouvoir la bonne gouvernance et bien
utiliser les ressources disponibles;
· ils doivent développer les marchés de
titres publics à souscription libre dans la Zone Franc;
· il faut prendre en compte la dette intérieure
dans l'analyse de la viabilité de la dette et du risque d'endettement
des pays post PPTE de la Zone Franc;
· la communauté financière internationale
doit redéfinir sa stratégie de prêts en ouvrant les
guichets concessionnels pour les projets non productifs et d'autres guichets
(peut-être même aux taux du marché) pour les projets
productifs. Un pays ne peut pas se développer seulement avec des
prêts concessionnels.
En somme, tous les pays post PPTE de la Zone Franc ont
bénéficié des allègements de leur dette publique
extérieure en particulier et de leur dette publique en
général au titre de l'IPPTE et de l'IADM. Ces allègements
contribueront significativement à améliorer la
soutenabilité (viabilité) de la dette extérieure de ces
pays. Il paraît cependant incontestable que l'IPPTE ne pourra pas
résoudre tous les problèmes relatifs à l'endettement de
ces pays. Tout d'abord parce que cette initiative ne traite pas de la
viabilité de la dette intérieure de manière
institutionnelle (même dans le nouveau cadre d`analyse de la
viabilité de la dette publique), et ensuite parce que le maintien de la
viabilité à moyen et long terme de la dette extérieure
dépendra principalement des performances des pays concernés en
matière de croissance économique, de lutte contre la
pauvreté et de maîtrise des déséquilibres financiers
ainsi que de leur capacité à mobiliser de nouvelles ressources
concessionnelles ou des ressources non génératrices de dette
(investissement productif).
Pour compléter cette étude, il conviendrait
d'approfondir la détermination du risque de surendettement pour un pays.
Par exemple, on peut explorer le mécanisme de fixation des seuils
au-delà desquels un pays présente un risque de surendettement.
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ANNEXES
ANNEXE
I : Quelques grandes dates de traitement de la dette des PVD
(Source : Conseil National Économique et
Social de l'Algérie ; Rapport sur la dette des pays du sud de la
méditerranée)
1- De 1970 à1 990 : Passage du financement
international par le recyclage commercial des pétrodollars au
financement international par la titrisation de capitaux volatiles et
spéculatifs.
2- De 1970 à 1979 : 15 pays ont
rééchelonné leur dette extérieure.
3- 1974 : La résolution 3202 (S VI) du
1er mai 1974, de l'Assemblée Générale des
Nations Unies portant programme d'action pour l'instauration d'un nouvel ordre
international appelle à la renégociation de la dette au cas par
cas.
4- 1980 : 6 pays ont rééchelonné
leur dette extérieure.
5- 1981 : 12 pays ont rééchelonné
leur dette extérieure.
6- Le 15 août 1982 : Consécutivement
à la chute de ses recettes d'exportations, due à la baisse du
prix du pétrole au milieu de l'année 1981, à la hausse des
taux d'intérêt venant gonfler ses paiements annuels et à
la récession survenue chez son voisin américain, qui
achète la moitié de ses exportations, le Mexique déclare
un moratoire unilatéral de 90 jours sur les arrérages de sa
dette.
7- 1982 : 9 pays ont rééchelonné
leur dette extérieure.
8- 1982 : Création du marché secondaire de
la dette des PVD.
9- Septembre-Décembre 1982 : La BRI et des
sources publiques bilatérales accordent un financement relais au
Mexique.
10- Février 1983 : Le Brésil et les banques
créancières s'entendent sur un montage financier offrant un
rééchelonnement de la dette et 4,5 milliards USD d'argent
frais.
11- Mars 1983 : Apport d'argent frais au Mexique.
12- 1983 : 15 pays ont rééchelonné
leur dette extérieure.
13- 1983 à Caracas (Venezuela) et 1984 à Quito
(Équateur), sommet de 24 pays latino-américains, ayant pour objet
d'examiner la possibilité de négocier en commun avec les
organismes prêteurs. Mais, l'accord isolé conclu par le Mexique
avec le FMI, en 1984, a poussé ces pays à chercher chacun une
solution particulière. La coopération entre les pays
débiteurs allait être mise en veilleuse pour quelques temps.
14- Juin 1984 : Sommet économique de
Londres : les dirigeants du Groupe des Sept s'engagent à poursuivre
une stratégie au cas par cas.
15- Mars 1985 : Le premier accord de
rééchelonnement pluriannuel est signé avec le Mexique.
16- Mai 1985 : Le Chili lance le premier plan global de
conversion de créances en titres de participation.
17- Juillet 1985 : Réunion à la Savane
(Cuba) de 330 syndicats de 29 pays d'Amérique Latine et des
Caraïbes demandant l'annulation totale de la dette et la suspension
immédiate des paiements des intérêts.
18- Septembre 1985 : A l'initiative de James Baker,
Secrétaire au Trésor des USA, une réunion des Ministres
des finances et des Gouverneurs des Banques Centrales des cinq pays ayant le
PIB le plus élevé (dans l'ordre : USA, Japon, RFA,
Royaume-Uni, France) a eu lieu à New York, au cours de laquelle sont
prises d'importantes décisions qui auront des conséquences
majeures sur les relations monétaires et financières
internationales.
19- Le changement radical de la position américaine a
donné lieu à l'intervention concertée des Banques
Centrales des Cinq sur le marché des changes visant à une
« baisse ordonnée » du USD et à ramener les
trois taux de change principaux (USD/ECU, USD/YEN, YEN/ECU) à des
niveaux économiquement raisonnables. Pour James Baker, c'était le
préalable au retour à des taux d'intérêts plus
bas ; taux plus bas qui étaient eux-mêmes la condition du
retour à la croissance des pays industrialisés.
20- Octobre 1985 : Annonce officielle par le
secrétaire au Trésor des USA, James BAKER, lors de
l'assemblée annuelle du FMI à Séoul (Corée du Sud),
des dispositions en vue de la structuration de la dette : annonce connue
sous le nom « d'initiative Baker ».
21- Fin 1985 : Baisse brutale des prix du pétrole
brut et des produits raffinés, après celui du pétrole
léger de la Mer du Nord, dit Brent, qui est passé de 30 de USD en
Juin, à 12 de USD, en Novembre.
22- 1985 : Le volume des transactions sur le
marché secondaire de la dette des PVD atteint 6 milliards USD.
23- Juillet 1986- : Le Mexique met en oeuvre un programme
d'ajustement axé sur la croissance dans le contexte du PLAN BAKER.
24- Février 1985 : Le Brésil déclare
un moratoire sur les paiements d'intérêts aux banques
commerciales.
25- Mars 1987 : Les pays d'Amérique Latine
proposent la création d'un cartel de débiteurs pour renforcer
leur position dans les négociations avec les créanciers.
26- Mai 1987 : Citibank annonce la constitution de
provisions de 3 milliards de USD pour couvrir les risques de pertes sur les
prêts aux pays en développement.
27- Juin 1987 : Sommet du G7 à Venise au cours
duquel a été adopté l'idée de procéder
à des rééchelonnements à des conditions
libérales sur la dette APD contractée par les pays à
faible revenu. Les dirigeants du groupe des Sept recommandent, pour les pays
les plus pauvres, d'allonger jusqu'à 20 ans, les échéances
de la dette publique rééchelonnée. Le Mozambique devient
le premier pays à en bénéficier.
28- Juillet 1987 : les banques s'entendent avec
l'Argentine sur une approche à la carte comportant des apports d'argent
frais couverts par des titres, et des bons de sortie.
29- Novembre 1987 : Huit Présidents
Amérique Latine (Argentine, Brésil, Colombie, Mexique, Panama,
Pérou, Uruguay, Venezuela) s'engagent à travailler à un
projet de marc hé commun et à une réduction du fardeau de
la dette extérieure. Ils demandèrent alors que l'octroi des
crédits par les banques commerciales soit indépendant des accords
passés avec le FMI et la Banque Mondiale.
30- Janvier 1988 : La Bolivie rachète 40 % de sa
dette envers les banques commerciales (335 millions USD), moyennant une
décote moyenne de 89 %.
31- Février 1988 : Le Mexique échange 3,7
milliards USD de dettes bancaires à moyen terme du secteur public contre
2,6 milliards USD d'obligations mexicaines à 20 ans.
32- Juin 1988 : Sommet du G7 à Toronto, au cours
duquel l'idée adoptée, lors du sommet de Venise, est
élargie : rééchelonner à conditions
libérales la dette des pays à faible revenu, que celle-ci soit
issue des prêts d'APD ou de prêts commerciaux. De la sorte, le club
de Paris s'est vu assigner, vis-à-vis des pays à faible revenu,
des objectifs d'assistance.
33- Juin-Août 1988 : Le Président de la
France, François MITTERRAND, propose une nouvelle émission de DTS
(Droit de Tirage Spécial) pour appuyer les garanties des nouvelles
obligations émises par les pays débiteurs. Le Ministre des
finances du Japon propose que les banques créancières
échangent leurs créances contre des obligations garanties.
34- 1988 : Apparition de l'idée de prise en charge
par les créanciers officiels de l'endettement commercial excessif,
notamment en finançant les opérations de rachat sur le
marché secondaire ; mise en pratique de cette idée, pour la
première fois, avec la Bolivie.
35- Mars 1989 : Annonce du « PLAN
BRADY », du nom du secrétaire au Trésor
américain, Nicolas BRADY, pour la mise en oeuvre d'une stratégie
opérationnelle de restructuration et de réduction de la dette,
ainsi que du service de la dette devant être appuyé par le FMI et
la Banque Mondiale.
36- Avril-Juin 1989 : Le comité intérimaire
accepte d'affecter des ressources du Fonds à des opérations de
réduction de la dette. Les Conseils d'administration de la Banque
Mondiale et du FMI approuvent des directives opérationnelles pour ce
type d'opérations.
37- Juillet 1989 : Le Mexique et les banques
créancières s'entendent sur un plan de financement de la dette,
notamment sur une réduction de la dette et du service de la dette.
38- 1989 : Le volume des transactions sur les
marchés secondaires de la dette des PVD explose, passant de 6 milliards
USD en 1985 à 60 milliards USD en 1989.
39- 1989 : Annulation par la France de 2,5 milliards USD
de dettes contractées par 35 pays africains.
40- Février 1990 : Dans le cadre du PLAN BRADY,
signature d'un accord entre le Mexique et une centaine de banques
créancières pour la restructuration de 48,5 milliards USD de sa
dette.
Les banques choisissaient entre trois options :
certaines (représentant un capital de 20 milliards de dollars)
annulaient une partie de leurs créances en achetant au Mexique des
obligations décotées de 35 %, ce qui équivalait à
une réduction de 7 milliards de dollars ; d'autres
(représentant un capital de 22,5 milliards de USD) transformaient leurs
créances en obligations de l'État mexicain porteuses d'un taux
d'intérêt baissé à 6,25 % -soit une baisse de 2/5
-ce qui équivalait à une réduction des paiements annuels
d'intérêt de 700 millions de USD; enfin, quelques unes acceptaient
d'accorder 6 milliards de nouveaux crédits sur 3 ans.
41- Décembre 1990 : La dette extérieure des
PVD entre dans l'ordre du jour de l'Assemblée Générale des
Nations Unies, comme point séparé, dans la résolution
XXXXV/214 sur la coopération internationale.
42- Mai 1993 : La XIIème Conférence
Interparlementaire Union Européenne-Amérique Latine du 3 au 7
Mai 1993 à Sao Paulo (Brésil) dénonce le poids de la dette
extérieure des PVD et demande « un avis consultatif à
la Cour Internationale de Justice de la HAYE sur le cadre juridique et
éthique dans lequel la dette extérieure doit être
réglée ».
43- 1994-95 : Deuxième crise mexicaine,
malgré l'accord conditionnel précédent.
44- Juin 1995 : La XIIIème Conférence
Interparlementaire Union Européenne-Amérique Latine du 19 au 23
Juin 1995 à Bruxelles (Belgique) a, une nouvelle fois, dans son acte
final, invité « les États membres des deux parlements
à adopter les initiatives qui conviennent, en accord avec les autres
pays du monde, afin que l'Assemblée Générales des Nations
Unies demande à la Cour Internationale de Justice d'émettre un
avis consultatif visant à traiter la dette extérieure
conformément aux principes généraux du droit international
contemporain.
45- Novembre 1995 : Sommet
Euro-Méditerranéen de Barcelone. La charte reconnaît que
le service de la dette est un des obstacles majeurs à la
création « d'une zone de prospérité
partagée ».
46- Juin 1996 : Sommet du G7 à Lyon. L'option est
prise d'annuler 80 % de la dette d'État à État.
47- Novembre 1996 : Deuxième sommet des CES
(Conseil Économique et Social), à Paris, au cours duquel le CNES
algérien a présenté un dossier monographique sur la dette,
conformément aux décisions de Barcelone, et ce, au nom des 12
pays de la rive Sud et Est de la Méditerranée, à
savoir : Algérie, Chypre, Égypte, Israël, Jordanie,
Liban, Malte, Maroc, Palestine, Syrie, Tunisie, Turquie. Au cours de ce sommet,
il a été proposé « d'adopter des mesures
spécifiques en faveur des pays du Sud et de l'Est de la
Méditerranée en ce qui concerne l'allégement de la
dette : l'annulation totale ou partielle de la dette pour certains pays,
la fixation d'un plafond pour le service de la dette, le
réaménagement ou la conversion de la dette en
investissements ».
48- 1997 : Crise asiatique.
49- Mai 1997 : Le CNEL italien organise, à Rome,
un colloque sur « La Dette extérieure des pays de la
Méditerranée.
50- Juin 1997 : Le CNEL italien adopte un texte dans
lequel il est demandé « la mise en oeuvre d'une possible
conversion des crédits de Médiocrédito Centrale et de la
SACE en investissements locaux ».
51- 1997-98/ Les flux financiers vers les PVD chutent de 47
% : (135 milliards de USD en 1997 et 72 en 1998; les prêts bancaires
de 58 % à près de 60 milliards de USD en 1997 et 25 en
1998).
52- 1998 : Forte baisse (de 15 à 40 % selon les
produits) du cours des matières et produits primaires :
pétrole, gaz, minéraux solides, caoutchouc, sucre.
53- Avril 1998 : La Commission des droits de l'homme,
dans sa résolution du 27 Avril 1998, souligne le poids du service de la
dette sur les droits de l'homme.
54- Décembre 1998 : Le mouvement ATTAC
INTERNATIONAL adopte une plate-forme dans laquelle il appuie « La
revendication de la dette publique des pays dépendants et l'utilisation
des ressources libérées en faveur des populations et du
développement durable, ce que beaucoup appellent le règlement de
la dette sociale et écologique ».
55- Juin 1999 : Le G7, réuni à Cologne,
décide l'annulation d'une partie de la dette d'État à
État jusqu'à 90 %. C'est l'élargissement de l'initiative
d'annulation de la dette connue sous le sigle anglais d'HIPC.
56- Le mouvement international pour l'annulation de la dette,
dit « Jubilé 2000 », qui est un rassemblement de
centaines de mouvements de toute nature (syndicats, associations,
comités ad hoc...) remet au G7 une pétition de 17 millions de
signatures.
57- Juin 1999 : Le Directeur Général du FMI
souligne la nécessité pour que l'engagement du renforcement de
l'initiative HIPC, pris par le G7 à Cologne, soit rendu
irréversible lors des assemblées conjointes du FMI et de la
Banque Mondiale de septembre 1999.
58- Août 1999 : Le Conseil d'Administration du FMI
inscrit le renforcement de l'initiative HIPC parmi les premières
priorités de son programme de travail, à égalité
avec l'étude de la réforme du système financier
international. Dans le rapport intitulé « Modifications de
l'initiative HIPC », il se prononce en faveur d'un abaissement des
seuils d'éligibilité à l'initiative.
59- Décembre 1999 : Le CNEL italien et le CNES
algérien organisent à l'Université d'Annaba
(Algérie) un colloque international sur la dette extérieure des
pays de la rive sud et est de la Méditerranée, au terme duquel a
été adoptée une déclaration dite
« Déclaration d'Annaba ».
60- Avril 2000 : Sommet OUA-Union Européenne (le
Caire, 4-6 avril) au cours duquel le secrétaire de l'OUA plaide pour
l'annulation de la dette.
61- Avril 2000 : Sommet de la Havane (12-14 avril) des
133 pays le groupe dit des « 77 », au cours duquel, le
problème de la dette extérieure des PVD est encore une fois
évoqué.
ANNEXE
II : Test de stationnarité36(*)
a) Test de Dickey-Fuller simple
Il y a trois modèles servant de base à la
construction de ces tests.
i)
Modèle autorégressif d'ordre 1
ii)
Modèle autorégressif d'ordre 1 avec constante
Modèle autorégressif d'ordre 1 avec tendance déterministe
et une constante.
Le principe du test est le suivant : de test
H0 :
contre H1 : .
Si l'hypothèse nulle est retenue, le processus est
alors non stationnaire. Le processus correspond à un DS et on rend le
processus stationnaire en le différenciant. Le processus
stationnarisé est donc : pour
les deux premières équations et pour
la troisième équation.
Si par contre, c'est l'hypothèse alternative qui est
retenue, on aura un processus stationnaire sans et avec constante dans les
première et deuxième équations respectivement et pour la
troisième équation, on aura un processus à tendance
déterministe avec une erreur ARMA qu'on pourra rendre stationnaire en
calculant les écarts par rapport à la tendance estimée par
les moindres carrés ordinaires.
Sous H0 les règles habituelles de
l'inférence statistique ne peuvent pas être appliquées pour
tester cette hypothèse, en particulier la distribution de Student du
paramètre.
Dickey et Fuller ont étudié la distribution asymptotique de
sous H0. A l'aide de simulations de Monte-Carlo ils ont
tabulé les valeurs critiques pour des échantillons de tailles
différentes. Les tables obtenues sont analogues aux tables de Student.
Le principe du test consiste à estimer par
par les moindres carrés ordinaires, ainsi que l'écart type
du modèle pour pouvoir calculer
(rapport du coefficient sur son écart type) qui est une statistique de
Student. Si ,
alors on accepte l'hypothèse H0 ; il existe une racine
unitaire et la série n'est pas stationnaire.
b) Test de Dickey-Fuller augmentés
Dans les modèles précédents,
utilisé pour les tests de Dickey-Fuller simples, le processus est,
par hypothèse, un bruit blanc. Or il n'y a aucune raison pour
qu'à priori, les erreurs soient non autocorrélées ;
on appelle test de Dickey-Fuller Augmenté (DFA, 1981) la prise en compte
de cette hypothèse. Les tests ADF sont fondés sur
l'hypothèse alternative sur
l'estimation par les moindres carrés ordinaires des trois
modèles suivants:
i)
ii)
iii)
Le test se déroule de la même manière que les
tests de Dickey-Fuller simples, seules les tables statistiques
diffèrent.
c) Stratégie
simplifiée des tests de racine unitaire
Estimation du modèle avec constante (c) et trend (b)
Test b = 0
Test de présence de racine unitaire
Processus TS
Processus DS
Estimation du modèle sans tendance et avec constante
Test c = 0
Test de présence de racine unitaire
Processus DS
Processus stationnaire
Processus DS
Processus stationnaire
Estimation du modèle sans tendance et sans trend.
Test de présence de racine unitaire
Non Oui
Non Oui
Oui
Non
Oui Non
Non
Oui
ANNEXE
III : Cadre d'élaboration du CPIA
Pour l'élaboration du CPIA, les IBW affectent des notes
comprises entre 0 et 5 à chacun des critères
présentés dans le tableau 11 ci-dessous.
Tableau
11 : Secteurs et critères d'élaboration du
CPIA
Secteurs
|
Critères
|
A- Gestion économique
|
1- Gestion macroéconomique
|
2- Politique budgétaire
|
3- Politique de la dette
|
B- Politiques structurelles
|
4- Politiques et institutions pour la coopération
économique, l'intégration régionale et le commerce
|
5- Secteur financier
|
6- Cadre réglementaire des affaires
|
C- Mesures d'inclusion/équité
|
7- Égalité entre hommes et femmes
|
8- Utilisation équitable des ressources humaines
|
9- Renforcement des capacités des ressources humaines
|
10- Protection sociale et emploi
|
11- Politiques et réglementations environnementales
|
D- Gestion du secteur public et institutions
|
12- Droit à la propriété et gouvernance
fondée s sur les règles
|
13- Qualité de la gestion budgétaire et
financière
|
14- Efficacité de la mobilisation des ressources
|
15- qualité de l'administration publique
|
16- Transparence, obligation de rendre compte et corruption dans
le secteur public
|
17- Qualité de la passation des marchés publics et
d'acquisition des biens et services
|
Source : Rassemblés et
présentés par l'auteur
Après la notation sur 5 de chaque critère, on
calcule la moyenne sur 5 de chaque secteur et le CPIA est la moyenne sur 5 des
moyennes des quatre secteurs.
ANNEXE
IV: Tableaux et graphiques
Graphique 9 : Évolution de
l'endettement public du Bénin 1992-2005
Source : BEAC-Pôle-Dette
Graphique 10 : Évolution de
l'endettement public du Burkina Faso 1992-2005
Source : BEAC-Pôle-Dette
Graphique 11 : Évolution de
l'endettement public du Cameroun 1992-2006
Source : BEAC-Pôle-Dette
Graphique 12 : Évolution de
l'endettement public du Mali 1992-2005
Source : BEAC-Pôle-Dette
Graphique
13 : Évolution de l'endettement public du Niger
1992-2005
Source : BEAC-Pôle-Dette
Graphique
14 : Évolution de l'endettement public du
Sénégal 1992-2005
Source : BEAC-Pôle-Dette
Graphique 15 : Évolution du
ratio Dette extérieure/Exportations du Bénin de 1998 à
2005
Source : BCEAO, Banque de
France
Graphique
16: Évolution du ratio Dette extérieure/Exportations
du Burkina Faso de 1998 à 2005
Source : BCEAO, Banque de
France
Graphique 17 : Évolution du
ratio Dette extérieure/Exportations du Cameroun de 1998 à 2005
Source : BEAC, Banque de
France
Graphique 18 : Évolution du
ratio Dette extérieure/Exportations du Mali de 1998 à 2005
Source : BCEAO, Banque de
France
Graphique 19 : Évolution du
ratio Dette extérieure/Exportations du Niger de 1998 à 2005
Source : BCEAO, Banque de
France
Graphique 20 : Évolution du
ratio Dette extérieure/Exportations du Sénégal de 1998
à 2005
Source : BCEAO, Banque de
France
Graphique 21 : Évolution
comparée dynamique d'endettement, taux de croissance économique
et déficit primaire du Bénin de 1993 à 2005
Source :
BEAC-BCEAO-Pôle-Dette
Graphique 22 : Évolution
comparée dynamique d'endettement, taux de croissance économique
et déficit primaire du Burkina Faso de 1993 à 2005
Source :
BEAC-BCEAO-Pôle-Dette
Graphique 23 : Évolution
comparée dynamique d'endettement, taux de croissance économique
et déficit primaire du Cameroun de 1993 à 2005
Source :
BEAC-BCEAO-Pôle-Dette
Graphique 24 : Évolution
comparée dynamique d'endettement, taux de croissance économique
et déficit primaire du Mali de 1993 à 2005
Source :
BEAC-BCEAO-Pôle-Dette
Graphique 25 : Évolution
comparée dynamique d'endettement, taux de croissance économique
et déficit primaire du Niger de 1993 à 2005
Source :
BEAC-BCEAO-Pôle-Dette
Graphique 26 : Évolution
comparée dynamique d'endettement, taux de croissance économique
et déficit primaire du Sénégal de 1993 à 2005
Source :
BEAC-BCEAO-Pôle-Dette
Graphique 27: Évolution des
exportations de biens du Bénin de 1991 à 2005
Source : BCEAO
Graphique 28: Évolution des
exportations de biens du Burkina Faso de 1991 à 2005
Source : BCEAO
Graphique
29: Évolution des exportations de biens du Cameroun de 1991
à 2005
Source : BEAC
Graphique 30 : Évolution des
exportations de biens du Mali de 1991 à 2005
Source : BCEAO
Graphique 31 : Évolution des
exportations de biens du Niger de 1991 à 2005
Source : BCEAO
Graphique 32 : Évolution des
exportations de biens du Sénégal de 1991 à 2005
Source : BCEAO
Graphique
33 : Profil de viabilité de la dette publique :
Évolution du ratio VAN dette publique/ Exportations
Source : BEAC-Pôle-Dette
Tableau
12 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Bénin : Modèle avec tendance et
constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau
13 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Bénin : Modèle sans tendance, mais avec
constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau
14 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Bénin : Modèle sans tendance ni
constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau
15 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Burkina Faso : Modèle avec tendance et
constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau
16 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Burkina Faso : Modèle sans tendance, mais avec
constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau
17 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Burkina Faso : Modèle sans tendance ni
constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau
18 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Cameroun : Modèle avec tendance et constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau
19 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Cameroun : Modèle sans tendance, mais avec
constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau
20 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Cameroun : Modèle sans tendance ni constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau
21 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Mali : Modèle avec tendance et constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau
22 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Mali: Modèle sans tendance, mais avec constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau
23 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Mali : Modèle sans tendance ni constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau
24 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Niger : Modèle avec tendance et constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau
25 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Niger: Modèle sans tendance, mais avec constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau
26 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Niger : Modèle sans tendance ni constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau
27 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Sénégal : Modèle avec tendance et
constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau
28 : Test de stationnarité de la série du taux
d'endettement du Sénégal: Modèle sans tendance, mais avec
constante
Source : Sortie Eviews 3.5
Tableau 29 : Test de
stationnarité de la série du taux d'endettement du
Sénégal : Modèle sans tendance ni constante
Source : Sortie
* 1 Bénin, Burkina
Faso, Cameroun, Comores, Congo, Côte d'Ivoire, Gabon, Guinée
Équatoriale, Guinée Bissau, Mali, Niger, République
Centrafricaine, Tchad, Togo, Sénégal.
* 2 Voir annexe I
* 3 Bénin, Burkina
Faso, Cameroun, Mali, Niger, Sénégal
* 4 Congo, Guinée
Bissau, Tchad, République Centrafricaine
* 5 Comores, Côte
d'Ivoire, Togo
* 6 Cités par RAFFINOT
(2004)
* 7 NAYLA A. (2007), dette
odieuse : A qui a profité la dette des pays du sud ?,
Plate-forme dette et développement, 24p.
* 8 Rendement des obligations
de l'État à cinq ans ou moins sur les marchés secondaires
(marchés où s'échangent les titres déjà
émis).
* 9 Les auteurs repris dans ce
paragraphe ont été cités par FELWIN (2005) et YOUMBI
(2006)
* 10 Cité par YOUMBI
(2006)
* 11 Anne-Sophie BOUGOUIN et
Marc RAFFINOT (2001), Initiative PPTE et la lutte contre la pauvreté,
ACDE et Université de Paris IX Dauphin (EURIsCO)
* 12 Voir annexe I
* 13 Taux d'annulation
portant uniquement sur les créances publiques bilatérales non
APD, c'est-à-dire les créances commerciales à garanties
publique. Les créances des APD sont, elles,
rééchelonnées.
* 14 Prêts
octroyés à des taux concessionnels.
* 15 Les termes de Naples qui
annulent à hauteur de 67 % les dettes commerciales à garantie
publique.
* 16 Créances publiques
bilatérales qui ne relevent pas de l'APD.
* 17 KAMGA Ignace (2006),
Suite à l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE par
le Cameroun : quels impacts à court, moyen et long terme sur la
production et l'emploi ?, CEFI-PPTE.
* 18 Les taux d'actualisation
sont ceux du marché de chaque devise.
* 19 Le résultat est
obtenu en posant et en
éliminant le temps
* 20 Le pays finance le
paiement des intérêts sur la dette par des nouveaux emprunts
* 21 Si a et b sont deux
réels très petit et positif, alors avec
a>b
* 22 CNUCED (2004), Le
développement économique en Afrique, Endettement viable :
oasis ou mirage ?
* 23 Tous les chiffres de ce
paragraphe proviennent du rapport annuel 2006 de la Zone Franc et du site
Internet de l'INSEE.
* 24 Estimation INSEE au 31
décembre 2006.
* 25 Le franc CFA a
été dévalué de 50 % le 11 janvier 1994, dans le
même temps, le franc comorien a été dévalué
de 33,33 %.
* 26 KAMGNA (2007),
diversification en Afrique Centrale : états des lieux et
enseignements
* 27 Les 15 pays de la Zone
Franc exceptés du Gabon et de la Guinée Équatoriale qui
sont des pays à revenus intermédiaires (PIB par habitant compris
entre 675 et 8000 USD).
* 28 Parmi les critères
de convergences en zone UEMOA, le solde budgétaire primaire doit
être positif ou au moins nul.
* 29 PNUD, Rapport mondial sur
le développement humain, 2003
* 30 Le taux d'endettement
inférieur à 70 % est un critère de convergence en zone
UMEOA
* 31 Voir annexe2
* 32 FMI (2006),
Cameroun-Initiative renforcée en faveur des pays très
endettés-Document du point d'achèvement, et initiative
d'allégement de la dette multilatérale, Rapport des services du
FMI sur les économies nationales n°06/190, Mai
* 33 2006-2020 au lieu de
2006-2025
* 34 Ratio encours de la
dette/PIB
* 35 Élaboré par
la Banque et actualisé chaque année (voir annexe III)
* 36 BOURBONNAIS (2003),
Économétrie