Présenté et soutenu par
: Fatou Gueye
Sous la Direction du : Professeur Ahmadou
Aly Mbaye Agrégé des Sciences Economiques
Conférence des Institutions d'Enseignement et
de Recherche Economiques et de Gestions en Afrique (CIERA)
Programme de Troisième Cycle Inter
universitaire (PTCI)
11ième promotion
Mémoire de Diplôme d'Etudes
Approfondies
(DEA)
Spécialité : Economie
Industrielle Option : Economie Publique
THEME :
EFFICACITE DE L'AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT (APD)
: LE CAS DU SENEGAL
Année académique 2006-2007
Je dédies ce mémoire à mes grand-mère
: madame Bineta Thiam Gueye et madame Coumba Kébé, pour
l'éducation pour l'apport et leur amour qu'elles m'ont donnés.
Ce mémoire est dédié à mes parents :
El Hadji Médoune Gueye et Coumba Kébé, pour leur
réconfort et leur ambition pour que j'aille de l'avant dans mes
études.
A mes frères et soeurs : Kéba, Marième,
Babacar, Ablaye, Ndèye adama, Pape Omar et Ndèye Astou
Ames neveux : Mamadou Lamine Gueye, Souleymane Seck et Ousseynou
Diankha A toute la famille Gueye, Kébé, Diankha, Ndiaye et
Seck
Je remercie :
> Mon encadreur de mémoire, le Professeur
AHMADOU ALY MBAYE, qui a bien voulu accepter de placer ce modeste
travail sous son autorité. La qualité de son encadrement, sa
rigueur, sa maîtrise dans ses enseignements, sa disponibilité et
ses conseils judicieux m'ont été d'un grand apport. Je tiens
à lui exprimer ma profonde gratitude.
> Le Professeur Mohamed Ben Omar NDIAYE,
pour les conseils et sa parfaite
collaboration et sa disponibilité, qui m'ont permis de
mener à termes ce travail
> Le Doyen Honoraire le Professeur Moustapha
KASSE, pour son dévouement à ce
programme de troisième cycle
> A tous les Professeurs de la Faculté des Sciences
Economiques
> A tout le personnel du CREA leur conseil : Mme Germaine
Diaw, Mr Ahmady Diallo, Mr Ousmane Thiam, Mr Ludovic Ndour, Mme Ndèye
Amy Diallo Sow, Mme Salimata Faye, Mme Marième Ndoye Faye
> Mes camarades de la onzième promotion :
Ndoumbé, Ndèye Khady, Fatoumata Lamarana, Facinet, Bineta,
Lamine, Khadim.
> A mes amis : Seyni Mbaye, Pape Massaer Mbaye, Abdoul Karim
Gueye, Tacko Diop, Fama Diop.
INTRODUCTION
En ce début du troisième millénaire si
féconde en réflexions sur la réforme de l'Aide Publique au
Développement (APD), de nombreux acteurs du développement
s'inquiètent de la réduction des engagements, voire le gel de
certains programmes, après plusieurs décennies de
coopération intensive. Une initiative d'autant plus justifiée que
le paysage de l'appui au développement a beaucoup évolué
ces dernières années en raison de la multiplication des acteurs
et des institutions engagées dans la coopération. Rappelant le
contexte dans lequel l'aide publique a évolué ces
dernières années : la libéralisation économique et
la démocratisation politique en Afrique sub-saharienne, ont conduit,
depuis le milieu des années 80 à une profonde redistribution des
cartes de l'aide tant au niveau des acteurs locaux que des donateurs.
On assiste actuellement à une
réévaluation fondamentale des dispositifs d'aide, qu'ils soient
bilatéraux ou multilatéraux. Cependant, un consensus existe
aujourd'hui pour reconnaître que l'aide internationale octroyée
aux pays pauvres, bien qu'ayant été sans conteste d'un apport
substantiel pour la consolidation voire l'amélioration de leurs
conditions sociales n'a pas pour autant atteint globalement, les
résultats escomptés. Certes, les pays en développement les
mieux gouvernés économiquement ont pu faire un usage
combiné de l'aide et de leurs ressources propres pour
accélérer leur croissance économique, s'insérer
dans les circuits d'échanges mondiaux et sortir de la misère.
Mais, la majeure partie des pays aidés, notamment en Afrique, sont
encore pris dans la trappe de la pauvreté et ont peu de chance de
réaliser les Objectifs Millénaires de Développement
fixés pour 2015. L'Aide Publique au Développement (APD) ne peut
constituer le seul moyen d'assurer le financement du développement, mais
elle constitue la variable sur laquelle les nations ont un véritable et
même devoir moral, au nom, aujourd'hui du bien de l'ensemble de la
collectivité. En effet, l'APD reste la principale source de financement
extérieure et les pays en développement et leurs partenaires sont
obligés de miser sur l'aide pour briser le cercle vicieux de la
faiblesse des revenus, de l'épargne et du manque d'investissement dans
lequel de nombreux pays sont enfermés.
L'aide a pris le chemin de l'Afrique pour de multiples
raisons, une d'entre elles étant le développement. Les pays
africains comptent parmi les bénéficiaires d'aide les plus
importants au monde. Beaucoup d'entre eux reçoivent un montant net
d'aide au développement qui équivaut à 10% de leur Produit
National Brut (PNB). En effet, sur la période 2000-2004, le
Mozambique, la République Démocratique du Congo
(RDC), la Tanzanie et l'Ethiopie sont les principaux
bénéficiaires de l'aide en Afrique avec respectivement 1286,9 ;
1773,8 ; 1396,8 et 1269 millions de Dollars en moyenne (Statistiques UNCTAD,
2006). En outre, ces pays, du fait du risque de syndrome hollandais et des
difficultés d'absorption des ressources extérieures, enregistrent
une aide par habitant en moyenne très faible soit 17,6 Dollars par
habitant pour l'Ethiopie et 38,6 Dollars par habitant pour la Tanzanie. Au rang
de dixième des Pays les Moins Avancés à recevoir une
importante masse d'aide, le Sénégal, du fait de sa situation
géographique et sa stabilité politique n'est pas en reste. Il a
bénéficié en moyenne entre 2000-2004 une aide de 555,2
millions de Dollars soit 51,1 Dollars par habitant (Statistiques UNCTAD 2006).
Ce simple rappel sur l'importance des flux d'assistance reçus par le
Sénégal illustre le malaise qui existe sur la scène
internationale concernant l'efficacité de l'aide. De plus en plus, il
est reconnu que le versement de l'aide extérieure n'a pas eu les
résultats positifs escomptés tant sur la croissance
économique que sur la réduction de la pauvreté dans la
majorité des pays en développement, y compris africains. Bien
sûr, il peut toujours être évoqué que les
résultats auraient pu être pires (notamment en termes de recul de
certaines maladies) en l'absence de cette aide, mais il n'en reste pas moins
que le bilan global est décevant. En outre, les fondements
économiques et les justifications de l'aide au développement
étaient attaqués, avec la publication à la fin des
années 1980 et au début des années 1990, d'études
très critiques, soulignant son absence d'efficacité
macro-économique (Mosley et al., 1987, 1992 ; Boone, 1996), ses
effets potentiellement pervers pour les structures incitatives des pays en
développement (Bauer, 1993 ; Berg, 1993 ; Thiel, 1996), les coûts
sociaux et humains des ajustements structurels (Cornia et al., 1987),
et l'échec des conditionnalités (Guillaumont et
Guillaumont-Jeanneney ,1995 ; Berg, 1997 ; Collier, 1997 ; Collier et
al., 1997). La remise en cause des fondements de l'aide, associée
à la crise économique et aux contraintes budgétaires
fortes pesant sur de nombreux pays donneurs, notamment les pays
européens, ont entraîné à partir de 1992 une chute
brutale des flux d'aide en direction des pays en développement. C'est
dans cette conjoncture défavorable à l'aide internationale que la
Banque Mondiale a relancé le débat sur l'efficacité de
l'aide avec la publication de son rapport Assessing Aid (1998).
Fondé sur les travaux de Burnside et Dollar (1997, 2000), ce rapport
soutient que l'efficacité de l'aide en matière de croissance
dépend de la qualité des politiques économiques des pays
en développement, ouvrant ainsi la voie au principe de
sélectivité des pays receveurs sur la base de ce critère.
En outre, le rapport de Helleiner sur l'aide à la république-unie
de Tanzanie et son suivi et le projet conjoint OCDE/PNUD concernant l'aide au
Mali ont marqué le début d'une nouvelle approche
« officielle » de l'évaluation de
l'efficacité de l'aide en Afrique, très différente de
celle fondée sur le modèle de la conditionnalité.
Suite au programme d'ajustement structurelle, depuis 1980 le
Sénégal met en oeuvre un vaste programme économique et
financier appuyé par les institutions de Breton Wood notamment la Banque
Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI). Avec une bonne
conduite dans le suivi et le respect des différentes mesures de
réformes déclinées dans ces programmes économique
et financier, le Sénégal est éligible depuis Juin 2000
à l'initiative Pays Pauvre Très Endetté (PPTE) afin de lui
permettre d'assurer la viabilité à moyen terme de sa dette
extérieure et pour soutenir les efforts de réduction de sa dette
extérieure et du maintien de la viabilité de celle-ci. En 2001,
le poids de la dette extérieure du Sénégal
s'élevait à 2530,6 milliards de FCFA soit 81,2% du PIB. Suite
à la dévaluation du FCFA, l'économie
sénégalaise a renoué de nouveau avec la croissance en
terme réel de 2,9% en 1994, de plus 5% entre 1995 et 2000 et à
6,2% en 2004. Ces résultats ont largement contribué au
desserrement de la contrainte financière qui s'exerçait sur les
finances publiques et de renouer de nouveau avec les partenaires au
développement. Pour le financement de son développement, le
Sénégal compte sur plus d'une dizaine de bailleurs
bilatéraux (France, Canada....) et une quinzaine de partenaires
multilatéraux (Banque Mondiale, Union Européenne ). Depuis
des années, l'exécution des investissements publics accuse un
écart considérable par rapport à la programmation. Une
partie des ressources externes disponibles pour le financement des
investissements publics se traduit par un taux d'utilisation relativement
faible. Pourtant, le Sénégal fait partie des pays africains qui
ont très tôt disposé d'un Système de Gestion des
Finances Publiques (SGFP) et d'un Système National de Planification
(SNP) conçus pour une bonne gestion des investissements publics de
manière globale et détaillée.
L'intérêt porté à
l'efficacité de l'aide s'explique par le fait qu'elle constitue
réellement un soutien pour les populations bénéficiaires.
Plus précisément, montrer que l'aide a été et peut
être utilisée efficacement permet de justifier le maintien de flux
d'aide significatifs. De récentes études font état du
"Syndrome hollandais " (conséquence néfaste d'entrées de
devises dans un pays) dans les pays qui recouvrent un volume accru d'aide par
exemple le Burkina Faso, la Cote d'Ivoire, le Ghana, le Malawi, l'Ouganda, le
Sénégal, le Sri Lanka et le Togo. Un autre constat est relatif au
taux d'absorption pour le Sénégal des ressources de l'aide
relativement faible enregistré surtout au niveau des partenaires
multilatéraux. Avec un taux de décaissement de 18 à 12,7%
entre 1999 et 2003 pour les projets financés par la Banque Mondiale, un
taux de décaissement de 20% des projets financés par la Banque
Africaine de
Développement. L'importance de cette étude
réside aussi dans le fait que les facteurs socio- économiques
ayant un impact sur l'efficacité de l'aide doivent être
identifiés afin de lever les goulots d'étranglements qui
entravent au développement du pays et de satisfaire à
l'impatience de la population d'aspirer à une amélioration
considérable de leur condition de vie. Mais aussi, selon Martin WOLF
(2002) « l'aide au développement ne doit être
polarisée vers ceux qui en ont le plus besoin mais plutôt vers
ceux qui sont capables de l'utiliser plus efficacement ».
Le but de ce présent travail est donc de
déterminer l'impact de l'Aide Publique au Développement sur la
croissance économique et sur l'offre de biens publics tel que la
santé et l'éducation. De manière spécifique, il
s'agira d'apporter des éléments de réponses aux questions
suivantes :
· l'aide affecte-t-elle positivement et significativement
le taux de croissance économique du Sénégal ?
· l'aide contribue-elle à une amélioration du
bien être de la population ?
Pour atteindre ces objectifs, les hypothèses suivantes
seront testées : H1: l'APD affecte positivement et
significativement le taux de croissance économique par les canaux de
l'investissement, les importations et les dépenses publiques. H2
: L'aide représente la principale source de financement des
secteurs sociaux tels que l'éducation et la santé.
Ce travail est organisé comme suit : le premier
chapitre examine l'évolution de l'aide et des indicateurs
économiques au Sénégal ; le second chapitre est
consacré à la revue de la littérature et enfin, les
résultats économétriques obtenus et les implications de
politiques économiques sont exposés dans le troisième et
dernier chapitre.
Chapitre 1 : Evolution de l'Aide et des Indicateurs
économiques au Sénégal
L'Aide Publique au Développement (APD) peut être
définie comme l'ensemble des apports de ressources fournis à un
pays par un autre pays ou un organisme multilatéral. L'Aide est un
recours pour les pays africains afin de sortir du cercle vicieux de la
pauvreté. L'Aide au Développement est constituée par
l'Aide Publique au Développement (APD) et de l'Aide Privée. Mais
tout au cours de ce travail nous allons nous intéresser à l'APD
car elle a fait l'objet de nombreuses discussions lors des grands sommets, elle
constitue aussi un véritable espoir pour les Pays les Moins
Avancés pour atteindre les Objectifs Millénaires de
Développement d'ici 2015. Par ailleurs, l'aide a pris le chemin de
l'Afrique pour de nombreuses raisons dont la principale est le
développement. L'objectif de l'aide est d'élever le niveau de vie
et de réduire la pauvreté. C'est la raison pour laquelle les pays
africains recouvrent un montant net d'APD équivaut à 10% de leur
Produit National Brut.
Le Sénégal, du fait de sa situation
géographique et de sa stabilité politique ne fait pas exception.
Dans la section 1 qui suit, le contexte économique de l'aide est
passé en revue avant d'analyser dans la section 2, son évolution
et sa répartition sectorielle. Finalement, dans la section 3, le
dispositif d'orientation de l'aide est examiné.
Section 1 : Le contexte de l'Aide Publique au
Développement
Le Sénégal est l'un des pays les plus stables
de l'Afrique. Le Sénégal est également un pilier du
développement économique de la région sub-saharienne et
joue un rôle prépondérant dans son processus de
développement, puisqu'il coordonne ce qui se fait et travaille en
étroite collaboration avec ses partenaires internationaux dans un grand
nombre de domaines. Ainsi, l'économie sénégalaise est en
pleine croissance, mais le revenu qui en résulte n'est pas
réparti équitablement, faisant du Sénégal l'un des
pays les plus pauvres. L'Aide Publique au Développement reçue par
le Sénégal s'inscrit dans un contexte d'amélioration des
indicateurs macroéconomiques et de réduction considérable
de la pauvreté.
1.1. Les performances macroéconomiques
Depuis 1960, l'économie sénégalaise est
marquée par une croissance de la population en moyenne annuelle plus
rapide que celle du PIB brut, (respectivement +3% et +2,6%).
L'économie sénégalaise souffre
principalement d'un manque de compétitivité qui entraîne un
déficit extérieur persistant. Les coûts des facteurs de
production sont relativement élevés (salaires, matières
premières, frêt) et handicapent la croissance du
Sénégal. Les exportations sont faibles en volume et ne sont pas
suffisamment diversifiées. Les flux de capitaux privés restent
modestes. Pendant longtemps, l'économie sénégalaise a
privilégié le maintien du niveau de consommation au
détriment de l'épargne et de l'investissement. Le secteur
productif n'est pas suffisamment performant. L'agriculture, insuffisamment
diversifiée et modernisée, reste encore fortement
dépendante des conditions climatiques. Elle connaît une baisse de
la production par tête et sert de plus en plus à
l'autoconsommation devant la faiblesse des investissements et le manque de
compétitivité des filières d'exportation (DPS, Notes de
conjoncture 2004-2005).
En vue d'approfondir les réformes entamées au
lendemain de la dévaluation du FCFA, le gouvernement du
Sénégal a élaboré le document-cadre de politique
économique à moyen terme 1998-2000 présenté au
cours de la IX réunion du groupe consultatif tenue à Paris en
Avril 1998. A la suite de cette rencontre, la communauté internationale
a réitéré son adhésion et son appui aux options
stratégiques de développement du Sénégal. Ainsi, le
pays a bénéficié des conditions de Naples permettant
d'alléger la dette extérieure, d'une part, et d'autre part, d'un
soutien financier pour le financement des projets d'investissement. Par
ailleurs, des réformes structurelles importantes ont permis la mise en
place progressive d'un environnement favorable au développement de
l'initiative privée, une accélération d'une croissance
plus forte et mieux répartie.
1.1.1 Evolution de la croissance économique
Dans l'ensemble le profil de croissance de l'économie
sénégalaise se caractérise par un faible taux de
progression du PIB, une hypertrophie des activités tertiaires et
informelles, un bas niveau des taux d'investissement et d'épargne et une
forte incidence sur la pauvreté et les inégalités. Depuis
le début des années 60 jusqu'au milieu des années 90, le
taux de croissance du PIB est marqué par d'amples fluctuations. De 2,2%
par an dans la période 1960-69, il est passé à 3% en 70-79
(voir graphique 1) avant de chuter à 1,8% en 1980-84 et de remonter
légèrement à 2,2% en 1985-93. Depuis la dévaluation
du FCFA en 1994, l'expansion apparaît plus soutenue et un peu plus
vigoureuse que par le passé, avec un taux de croissance du PIB de
l'ordre de 5% par an en moyenne. Pour la première fois dans l'histoire
économique du
Sénégal indépendant, le taux de
croissance du revenu par tête a ainsi pu se maintenir à plus de 2%
pendant une dizaine d'années successives. Ainsi, le PIB a connu un taux
de croissance annuel moyen de 4,2% entre 1996-2000.
Graphique 1 : Evolution du taux de
croissance économique du Sénégal de 1970 à 2002
70 75 80 85 90 95 00
Taux de croisance du PIB
Source: World Development Indicators, Banque Mondiale
(BM) Cd-rom (2005).
Cette croissance est surtout tirée par le secteur
tertiaire dont la part dans le PIB est supérieure à 43% sur la
période considérée. En ce qui concerne les secteurs
primaire et secondaire, ils ont connu une croissance rapide qui
s'établit à 4,7% et 4,4% respectivement, mais leur part dans le
PIB n'atteint pas le seuil de 20% dans la mesure où elle se fixe
à 17,7% pour le primaire et à 18,9% pour le secondaire pour
l'année 2000. Par ailleurs, l'année 2002 est atypique dans la
mesure où le rythme de la croissance s'est fortement ralenti. Les
difficultés de la campagne agricole ont eu pour conséquence un
net recul de la valeur ajoutée de l'agriculture (-32,2%) et du secteur
primaire (-20,6%). Ainsi, en dépit d'une forte croissance du secondaire
(9,8%) et du tertiaire (5,5%) (Voir tableau 1), le PIB n'a augmenté que
de 1,1%, soit le taux de croissance le plus faible enregistré depuis la
dévaluation.
Tableau 1: Origine du Produit
Intérieur Brut
|
1996-2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
|
%PIB
|
Taux de
croissance
|
%PIB
|
Taux de
croissance
|
%PIB
|
Taux de
croissance
|
%PIB
|
Primaire
|
4,7
|
17,7
|
3,3
|
18,0
|
-20,6
|
14,1
|
20,5
|
15,4
|
Agriculture
|
6,0
|
9,5
|
3,0
|
10,2
|
-32,2
|
6,8
|
36,3
|
8,1
|
Elevage et Chasse
|
3,9
|
5,2
|
4,5
|
5,2
|
-6,4
|
4,8
|
5,5
|
4,8
|
Sylviculture
|
1,2
|
0,8
|
3,0
|
0,7
|
2,3
|
0,7
|
4,0
|
0,8
|
Pêche
|
1,4
|
2,2
|
2,3
|
1,8
|
-6,4
|
1,7
|
6,5
|
1,7
|
Secondaire
|
4,4
|
18,9
|
4,3
|
18,9
|
9,8
|
20,5
|
3,7
|
19,9
|
Activité extractive
|
6,1
|
1,3
|
0,7
|
1,4
|
11,3
|
1,5
|
4,5
|
1
|
Fabrication de
corps gras
alimentaire
|
-0,2
|
0,3
|
6,2
|
0,3
|
-9,6
|
0,3
|
-35,0
|
0,1
|
Energie
|
5,7
|
1,9
|
6,7
|
2,0
|
-2,7
|
2,0
|
10,2
|
2,1
|
Autres industries
|
2,7
|
12,0
|
6,1
|
11,7
|
11,5
|
12,9
|
1,4
|
12,1
|
BTP Matériaux de construction
|
11,6
|
3,3
|
-1,0
|
3,5
|
12,4
|
3,9
|
10,5
|
4,6
|
Tertiaire
|
4,7
|
43,4
|
4,1
|
43,1
|
5,5
|
45,0
|
4,8
|
44,2
|
Commerce
|
3,2
|
18,5
|
1,7
|
17,4
|
5,9
|
18,2
|
5,0
|
18,1
|
Transport Télécommunication
|
7,1
|
6,3
|
14,1
|
7,3
|
5,8
|
7,6
|
7,0
|
7,2
|
Education
|
-0,3
|
3,1
|
5,3
|
2,9
|
5,1
|
3,0
|
3,0
|
3,7
|
Santé
|
-0,8
|
1,3
|
7,0
|
1,2
|
5,1
|
1,2
|
3,7
|
1,4
|
|
Source : DPS (MEF), 2003
1.1.2 Les finances publiques
La politique des finances publiques s'articule
essentiellement autour des axes suivants : l'assainissement des finances
publiques, la réduction des taxes sur les importations en particuliers,
la consolidation de l'épargne publique pour le financement des
investissements, la satisfaction de la demande sociale et le financement des
infrastructures de base nécessaires à l'amélioration de la
compétitivité de l'économie. Les finances publiques sont
marquées par une nette amélioration depuis la dévaluation
du FCFA. En dépit, de la persistance de certaines contraintes
(étroitesse de l'assiette fiscale et répartition inégale
de l'effort fiscal), le Sénégal enregistre une pression fiscale
relativement élevée par rapport à celle des autres pays de
l'UEMOA. Celle-ci est passée de 17,8% en 2001 à 18,1% en 2002.
Par ailleurs, l'inflation enregistrée est relativement faible en raison
des dispositifs institutionnels de la zone FCFA et des réformes mises en
oeuvre depuis le début des années 80. L'inflation est de l'ordre
de 0,7% en 2000, s'est élevé à 3% en 2001 puis 2,3% en
2002 et toujours inférieure à 3% en 2005.
Cependant la tendance à long terme de la balance des
biens et services révèle qu'elle est structurellement
déficitaire (-12,9 en 2000 ; -11,4 en 2001 ; -11,4 en 2002 ; -15,5 en
2003 ; -
13,0 en 2004) (statistiques BCEAO, 2005). La
dévaluation du FCFA n'a pas permis de corriger ce
déséquilibre structurel. L'économie
sénégalaise souffre d'une mauvaise spécialisation
internationale (exportations dominées par des produits primaires
à faible valeur ajoutée), de la faible diversification de ses
exportations et du manque de dynamisme du secteur exportateur. Le
déficit du compte courant est largement financé par l'afflux de
capitaux publics. En effet, l'économie sénégalaise
reçoit des investissements directs étrangers qui ont
évolué de 62,9 en 2000 à 70 millions de Dollars en
2004(Statistiques UNCTAD, 2006).
1.1.3. La libéralisation de
l'économie
Le gouvernement du Sénégal a engagé des
actions en faveur d'une libéralisation des secteurs ou de domaines tels
que :
o L'énergie qui est marquée par un niveau de la
production d'énergie électrique et des activités
d'importation et de la distribution et du transport des hydrocarbures.
o Le secteur public et parapublic par un désengagement
de toutes les activités marchandes, soit par une déduction de sa
part dans le capital ou par une privatisation totale.
o Le cadre juridique par des dispositions
préconisées dans le but d'améliorer le cadre
des affaires par la création d'un centre d'arbitrage et
l'adoption par l'assemblée
nationale d'une loi sur l'arbitrage et le fonctionnement de
l'appareil judiciaire. L'ensemble de ces mesures constitue un atout pour
créer un climat de confiance favorisant la relève ou le relais du
secteur privé dans les activités productives. Le processus de
libéralisation se poursuit à travers la privatisation
opérée ou en cours d'un certain nombre d'entreprises telles que :
Air Sénégal, la Société Nationale
d'Electricité (SENELEC), la Société Nationale de
Commercialisation des Oléagineux du Sénégal (SONACOS), la
Société des Transports en Commun de Dakar (SOTRAC).
Les pouvoirs publics ont montré une réelle
volonté de se désengager des secteurs productifs (eau,
électricité, téléphone, agriculture et transport).
Ce désengagement se caractérise par une réduction des
dépenses de l'Etat à travers sa stratégie gouvernementale
en matière de privatisation. Ce qui permettrait d'ailleurs au
gouvernement sénégalais de disposer de ressources pour financer
des investissements prioritaires notamment dans le cadre de la lutte contre la
pauvreté, en appui au développement des infrastructures, d'appui
à la production et à
la mise en place d'un système financier adéquat
pour attirer les investissements privés et susciter la création
d'emploi.
1.2. La situation sociale
L'amélioration de la situation macroéconomique
n'a pas eu des répercussions significatives au niveau du secteur social.
En dépit, de son accélération par rapport à la
période pré- dévaluation, la croissance économique
a enregistré un faible contenu en emploi notamment dans le monde rural
où résident les couches sociales les plus
défavorisées.
Avec un Produit National Brut (PNB) de 508 dollars en 2002,
la position du Sénégal s'est dégradée sur
l'échiquier international dans la mesure où il appartient
à la catégorie des Pays les Moins Avancés (PMA). En effet,
en 1990 l'enquête ESAM-I révèle une prévalence de la
pauvreté de 58% des ménages soit 65,6% de la population vivaient
en-deça du seuil de pauvreté. Ainsi, l'Enquête de
Perception de la Pauvreté au Sénégal (EPPS) en 2001
indique prés des deux tiers des ménages sont pauvres et
prés du quart très pauvres. Cependant, l'enquête la plus
récente ESAM-II révèle une baisse du taux de
pauvreté d'où le passage de 67,9% en 1994-95 à 57,1% en
2001-02. Cette enquête est la confirmation de l'inégale
répartition de la pauvreté selon les zones géographiques.
La pauvreté est en effet plus marquée dans les zones rurales
où sa baisse est moins accentuée que dans les zones urbaines.
Récemment, les études du CREA (2006), montrent que les
régions de Ziguinchor, Kaolack, Tambacounda, Kolda et Diourbel
enregistrent un nombre élevé de pauvres avec respectivement 65,7%
; 63,9%. 60,2% ; 58,6% et 54,4%. Par contre, les faibles proportions de
pauvreté sont enregistrées dans les régions de Dakar et de
Louga avec respectivement 3 8,2% et 44,5%.
Tableau 2 : Situation sociale du
Sénégal
Indicateur
|
Niveau
|
Période
|
Espérance de vie à la naissance
|
54
|
2001
|
Taux de couverture vaccinale complète
|
41%
|
2001
|
Proportion des ménages disposant de moins de 2400
calories par jour
|
65%
|
2001
|
Indice de pauvreté rurale
|
80%
|
2001
|
Indice de développement humain
|
0,43 7
|
2002
|
Taux brut de scolarisation
|
71,6%
|
2002
|
Taux d'achèvement de la 5ème
année (primaire)
|
56,4%
|
2002
|
Taux d'alphabétisation des 15 à 24 ans
|
54,6%
|
2002
|
|
Source : DPS, PNUD, 2003
Outre la prévalence de la pauvreté et
l'accentuation d'un fort taux d'analphabétisme (48,9% des hommes, 70%
des femmes et 54,6% de l'ensemble des personnes âgées de 15
à 24 ans) et un certain important déficit de scolarisation dans
certaines régions (en particulier à Diourbel (43%) et 7 1,6% au
niveau national), le pays enregistre aussi l'exclusion d'un grand nombre de
ménages de l'accès à l'électricité et
à l'eau potable. De même, en dépit des efforts accomplis
dans sa réduction, la mortalité infantile reste très
élevée (79 pour 1000 en 2002) (voir tableau 2) ; tandis que
l'espérance de vie à la naissance stagne autour de 54 ans. Cette
lenteur des progrès dans le domaine social est reflétée
par l'évolution de l'Indice de Développement Humain (IDH) qui
constitue un indicateur synthétique au bien être de la population.
L'IDH est passé ainsi de 0,423 en 1998 à 0,437 en 2002.
Par ailleurs, la comparaison des performances
économiques et sociales entre le Sénégal et les autres
pays de la sous-région en 2003 (voir tableau 3) montre que dans
l'ensemble le pays ne s'écarte pas du groupe. Malgré que les
indicateurs d'éducation se situent en deçà des pays
d'Afrique au Sud du Sahara et que la situation sanitaire est également
moins favorable que celle de l'ensemble des pays en développement.
Tableau 3 : Performances économiques et
sociales en 2003
Indicateurs Macroéconomiques
|
Sénégal
|
Burkina Faso
|
Mali
|
Mauritanie
|
Afrique au Sud
du Sahara
|
Tranche supérieure Pays à
revenu intermédiaire
|
Ensemble des Pays en développement
|
Taux de croissance PIB
|
1,3
|
1,7
|
2,3
|
1,6
|
0,1
|
2,5
|
2,9
|
Exportations (% PIB)
|
31,2
|
8,7
|
32,3
|
39,4
|
33,1
|
39,2
|
30,6
|
Investissements directs étrangers
(millions dollars)
|
52,5
|
29,1
|
132,3
|
214,1
|
ND
|
ND
|
166336,6
|
Education
|
|
|
|
|
|
|
|
Taux de scolarisation
primaire
|
71,6%
|
47,5%
|
57%
|
86,5%
|
86,5%
|
104,1%
|
103,4
|
Ratio élève/instituteur
|
48,9
|
47,4
|
56,4
|
39,1
|
45,1
|
21
|
30,2
|
Taux de scolarisation
secondaire
|
18,7%
|
10,2%
|
13,6%
|
21,7%
|
25,7%
|
80,9%
|
62,9%
|
Santé
|
|
|
|
|
|
|
|
Taux de malnutrition
(%enfant de moins de 5 ans)
|
22,7
|
34,3
|
33,2
|
31,8
|
ND
|
ND
|
ND
|
Taux de mortalité
infantile (moins de 5 ans, 1000 naissances)
|
138
|
207
|
222
|
183
|
173,9
|
22,5
|
88
|
|
Source : Banque Mondiale (2003), Rapport UNCTAD, 2006
La dévaluation du FCFA intervenue en 1994 a remis le
Sénégal sur le sentier de la croissance économique et
contribué au desserrement de la contrainte financière qui
s'exerçait sur les finances publiques. Malgré cette
amélioration, les projets financés par l'aide accusent un grand
retard si bien qu'il a des répercussions négatives sur la
croissance économique et le développement socio-économique
du pays. Ce retard pose en effet le problème de l'efficacité de
l'aide au sein de l'économie sénégalaise.
Section 2 : Evolution et Répartition sectorielle de
l'Aide
L'évolution et la répartition de l'aide au
niveau des pays africains se sont faites de manière considérable
suivant la situation politique du pays, sa stabilité et les ressources
naturelles dont le pays bénéficiaire dispose. Le
Sénégal du fait de sa situation géographique a
été très tôt intéressé les bailleurs
de fonds et sa stabilité politique représente un atout qu'il a
par rapport aux autres pays de l'Afrique de l'ouest.
2.1. Evolution de l'Aide Publique au
Développement
Dans cette partie il s'agira de voir la tendance de l'aide en
Afrique avant d'étudier le profil de l'aide au Sénégal et
ses principaux bailleurs.
2.1.1. Tendance de l'Aide en Afrique
L'Afrique est le continent qui a le plus profité de
l'augmentation récente de l'aide. En effet, la part de l'Afrique dans le
total de l'aide mondiale a fortement augmenté en 2002, poursuivant la
tendance amorcée en 2001, alors que les années antérieures
avaient été témoins d'un déclin marqué. Mais
on enregistre surtout une évolution significative de l'orientation
géographique de certaines politiques d'aide, avec par exemple le Canada
qui consacre maintenant la moitié de son aide à l'Afrique.
L'attention plus grande portée à l'Afrique dans les politiques
d'aide des pays développés est à mettre au crédit
du processus du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique
(NEPAD), qui a bénéficié depuis son lancement en 2001 d'un
soutien politique important de la part de la communauté internationale,
annoncé notamment aux sommets du G8 de Genes (2001), Kananaskis (2002)
et Evian (2003). Ainsi, lors de la conférence de Maputo en 2005 qui
regroupait les chefs d'Etat africains et les partenaires au
développement, la question de l'augmentation de l'aide
accordée aux pays africains a bien succité les
débats. L'aide de l'Afrique a pour principaux
bénéficiaires : le Mozambique, la République
Démocratique du Congo, la Tanzanie et l'Ethiopie (voir tableau 4).
Tableau 4 : L'Aide du CAD aux pays
africains (en millions de Dollars).
Pays
|
1990-94
|
2000-04
|
Mozambique
|
1177,3
|
1286,9
|
République Démocratique du
Congo (RDC)
|
397,5
|
1773,8
|
Tanzanie
|
1100,6
|
1396,8
|
Ethiopie
|
1075,6
|
1269,0
|
Ouganda
|
659,5
|
889
|
Zambie
|
797,6
|
687,1
|
Madagascar
|
374,1
|
569,6
|
Sénégal
|
641,4
|
555,2
|
Burkina Faso
|
411,9
|
450,4
|
Mali
|
432,1
|
445,3
|
Niger
|
368,2
|
351,1
|
Bénin
|
269,4
|
279,5
|
Mauritanie
|
249,1
|
249,7
|
Guinée
|
378,3
|
239
|
Tchad
|
249,3
|
221,3
|
Gambie
|
93,8
|
55,6
|
Pays Moins Avancés
|
16281,8
|
18364,2
|
Pays en Développement
|
44469
|
42710
|
|
Source : Rapport UNCTAD, 2006
Cependant, la dominance de ces pays en tant que principaux
receveurs privilégiés de l'aide en Afrique peut s'expliquer. Par
exemple pour la RDC, l'augmentation de l'aide s'inscrit dans le cadre de la
reconstruction du pays. Mais, ces pays enregistrent des ratio Aide en
pourcentage du PIB et Aide par habitant très faible (Voir les graphiques
3 et 2).
En effet, le graphique 2 ci-dessous montre que le Cap-vert,
malgré qu'il reçoit un faible apport en aide, a un ratio aide par
habitant le plus élevé en Afrique. Selon le rapport sur le
Développement Humain (2005), la faiblesse de l'aide par habitant en
Afrique Centrale et de l'Est est la conséquence logique de la corruption
endémique, la faible gouvernance et la mauvaise gestion
économique qui réduisent considérablement les avantages
potentiels de l'aide.
Graphique 2 : L'Aide par habitant en
Afrique entre 1990-94 et 2000-04 (en Dollars)
93,2
116,8
19,7
76,1
9,8
2000-04
1990-94
39,8
232,2
88,9
17,6
51,1
70,7
Mozambique
85
305,3
34,7
34,2
38,6
39,1
33,6
Gambie
Cap-vert
Mauritanie
Ethiopie
Sénégal
Ouganda
Tanzanie
RDC
0 50 100 150 200 250 300 350
Source : Rapport UNCTAD, 2006.
Graphique 3 : L'Aide en pourcentage du
PIB en Afrique en 1990 et 2003 (en Dollars)
45 40 35 30 25 20 15 10 5
40,7
1990
2003
27,5
20,3
16,2
11,8
7,8
2
22,6
14,4
6,9
23,3
22,2 19,9
12,2
10,6 10,8
0
Mozambique RDC Tanzanie Sénégal Ethiopie
Mauritanie Mali Burkina
Faso
Source : Rapport UNCTAD, 2006.
Le graphique 3 ci-dessus est plus significatif car le ratio
Aide en pourcentage du PIB permet de juger de la capacité du pays
à absorber et à dépenser l'aide reçue. Même
si, le Mozambique la RDC, la Tanzanie et L'Ethiopie sont les principaux
bénéficiaires de l'aide, mais leur capacité à
l'absorber est relativement très faible en 2003 surtout pour la RDC
(2%). Pour Aiyar et Hussain (2005), ces pays bénéficiaires d'une
aide sont peu enclins à l'absorber, plus précisément parce
qu'ils craignent que l'aide ait des effets de syndrome hollandais sur leur
comptabilité extérieure. Tandis que le Sénégal a
fait des efforts notoires pour améliorer le ratio Aide en pourcentage du
PIB entre 1990 et 2003.
2.1.2. Profil de l'Aide Publique au Développement
au Sénégal
L'évolution de l'Aide Publique au Développement
(APD) reçue par le Sénégal est caractérisée
par de fortes fluctuations. En effet, elle est passée de 677,98 en 1990
à 576,15 milliards de FCFA courant en 2003. Elle a connu des
périodes de baisse considérable entre 1990-93 et 2000-02. Le
graphique ci-dessous montre que l'Aide en pourcentage du PIB au
Sénégal a connu d'amples fluctuations, avec une baisse
considérable constatée avant la dévaluation du FCFA, et un
pic après la dévaluation. Et depuis 1998 l'Aide en pourcentage du
PIB est en baisse et se maintient autour des 10%.
Graphique 4 : Evolution de l'Aide en
pourcentage du PIB au Sénégal de 1980 à 2003.
Aid(%PIB)
20
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
Source: World Bank Indicator, 2005.
Pour voir l'impact de l'Aide sur la croissance nous allons
considérer le graphique 5. On constate que le taux de croissance
économique augmente suivant l'accroissement de l'Aide en pourcentage du
PIB par exemple en 1982 et 1994. Mais depuis la dévaluation du FCFA, il
y a un maintien du taux de croissance au niveau des 5%, sauf en 2002 qui est
une année de forte baisse, malgré que l'aide soit en baisse. Ce
constat peut trouver une explication du fait d'une amélioration du
secteur privé. Mais aussi, l'aide est plus tournée vers les
secteurs comme l'éducation et la santé qui ont des effets
à long terme sur la croissance économique.
Graphique 5: Evolution de l'Aide en
pourcentage du PIB et du taux de croissance de 1980 à 2003.
30
25
20
15
10
5
0
-1,17
-3,31
15,33
2,17
-4
3,79
4,53
4,005
-1,4
5,068
3,89
-0,4
2,21
-2,21
2,86
5,166
5,14 1
5 ,04 1 5,568
5,7415,003 5,584
1,142
6,452
taux de croissance Aid(%PIB)
Source : World Bank Indicator, 2005.
Par ailleurs, l'aide reçue par le
Sénégal provient de partenaires bilatéraux comme
multilatéraux. Mais on constate une nette diminution de l'aide
bilatérale en faveur de celle multilatérale (voir tableau 5)
entre 1990 et 2004.
Tableau 5 : Situation de l'Aide au
Sénégal pour les périodes 1990-1994 et 2000-2004.
|
Aide par habitant en Dollars
|
Total Aide en
millions de Dollars
|
Aide Bilatérale (en % du Total)
|
Aide Multilatérale (en % du total)
|
1990-1994
|
76,1
|
641,4
|
71,8
|
28,2
|
2000-2004
|
51,1
|
555,2
|
65,7
|
34,3
|
|
Source : Rapport UNCTAD, 2006.
2.1.3. Les principaux bailleurs de fonds
A la conférence de Monterrey (Mexique) en 2002, les
bailleurs de fonds ont entrepris de verser une aide à hauteur de 0,7% de
leur Revenu National Brut (RNB) d'ici 2015 aux pays en développement.
D'après le tableau ci-dessous, quatre pays : Norvège, Luxembourg,
Danemark et Pays Bas sont dans les normes d'atteindre cette cible. En effet,
ces pays ont versé aux pays en développement les taux suivants en
fonction de leur RNB en 2004 : 0,33% ; 0,3 1% ; 0,3 1% et 0,25%
respectivement.
Cependant, en terme financier les Etats-Unis sont le plus
grand bailleur du Monde devant la France et le Royaume-Uni, mais restent
très loin d'atteindre la cible de 0,7% de son RNB d'ici 2015.
D'après le Rapport sur le Développement Humain (2005), certains
bailleurs de fonds se sont fixés un calendrier d'ambitions pour
atteindre la cible de 0,7% du RNB : l'Union Européenne envisage
l'atteinte de 0,51% du RNB d'ici 2010 ; le Canada s'est fixé l'objectif
de doubler son aide à l'Afrique d'ici 2008 et d'atteindre 0,3 3% du RNB
d'ici 2010. En outre, l'impact de ces engagements a été largement
discuté lors de la conférence de Maputo en 2005 qui regroupait
les chefs d'Etats africains et les bailleurs de fonds. A l'issu de cette
conférence les donateurs ont réitéré de doubler
l'aide en faveur des pays africains.
Tableau 6: Aide versée par
les bailleurs au pays en développement de 1990 à 2004.
Pays
|
Aide (en millions de Dollars)
|
Aide en pourcentage du RNB
|
|
2000
|
2002
|
2003
|
2004
|
1990
|
2000
|
2002
|
2003
|
2004
|
Norvège
|
532
|
424
|
625
|
801
|
837
|
0,52
|
0,27
|
0,33
|
0,36
|
0,33
|
Danemark
|
462
|
537
|
547
|
673
|
735
|
0,37
|
0,34
|
0,32
|
0,32
|
0,31
|
Luxembourg
|
10
|
46
|
58
|
65
|
87
|
0,08
|
0,26
|
0,30
|
0,27
|
0,31
|
Pays Bas
|
834
|
793
|
1180
|
981
|
1453
|
0,30
|
0,21
|
0,29
|
0,20
|
0,25
|
Belgique
|
367
|
213
|
353
|
1088
|
645
|
0,19
|
0,09
|
0,14
|
0,35
|
0,18
|
France
|
2286
|
1141
|
1626
|
2965
|
3169
|
0,19
|
0,09
|
0,16
|
0,11
|
0,15
|
Royaume uni
|
834
|
1406
|
153
|
2273
|
2988
|
0,09
|
0,10
|
0,07
|
0,12
|
0,14
|
Suisse
|
325
|
269
|
250
|
405
|
399
|
0,14
|
0,10
|
0,08
|
0,12
|
0,11
|
Allemagne
|
1769
|
1207
|
1332
|
2508
|
2312
|
0,12
|
0,06
|
0,07
|
0,10
|
0,08
|
Total CAD
|
15153
|
12169
|
15137
|
22237
|
23490
|
0,09
|
0,05
|
0,06
|
0,08
|
0,08
|
Canada
|
740
|
307
|
349
|
634
|
702
|
0,13
|
0,04
|
0,05
|
0,07
|
0,07
|
Australie
|
171
|
211
|
192
|
259
|
350
|
0,06
|
0,06
|
0,05
|
0,05
|
0,06
|
Italie
|
1382
|
388
|
1045
|
1104
|
788
|
0,13
|
0,04
|
0,09
|
0,08
|
0,05
|
Espagne
|
194
|
142
|
252
|
342
|
424
|
0,00
|
0,03
|
0,04
|
0,04
|
0,04
|
Etats Unis
|
2199
|
1986
|
3012
|
4474
|
4504
|
0,04
|
0,02
|
0,03
|
0,04
|
0,04
|
|
Source : Rapport UNCTAD, 2006.
Pour le financement de son développement, le
Sénégal compte sur plus d'une dizaine de bailleurs
bilatéraux dont les plus importants sont la France, le Japon et le
Luxembourg, ainsi qu'une quinzaine de partenaires multilatéraux dont la
Banque mondiale, l'Union Européenne et la Banque Africaine de
Développement. Ces partenaires ne travaillent pas de façon
isolée. Ils concentrent leur financement dans des secteurs
d'activités bien déterminés. Le Sénégal,
à l'instar d'autres pays de l'Afrique au Sud du Sahara
bénéficie grâce à sa stabilité politique et
de sa situation géographique, d'un cadre de coopération avec les
principaux donateurs mentionnés ci-dessus (voir graphique 6).
Graphique 6 : Principaux bailleurs du
Sénégal pour la période 1990-2003.
Japon; 8,80%
France; 22%
Autres; 18%
IDA; 24, 80%
Etats-Unis; 4%
Allemagne; 8%
Union Européenne; 9,00%
Source : OCDE, 2003.
Ce graphique ci-dessus montre de 1990 à 2003 les
principaux bailleurs du Sénégal sont la Banque Mondiale à
travers l'IDA, la France, l'Union Européenne, le Japon, l'Allemagne et
les Etats-Unis. Ces partenaires ne travaillent pas de façon
isolée car ils financent le Sénégal à travers un
cadre de coopération dans des secteurs précis et un environnement
précis. Les relations de coopération entre le
Sénégal et quelques bailleurs multilatéraux comme la
Banque Mondiale, l'Union Européenne, la Banque Africaine de
Développement et bilatéraux comme la France, le Japon et le
Canada sont décrits ci-dessous.
La Banque Mondiale
La Banque Mondiale est l'un des principaux bailleurs du
Sénégal en matière de coopération. En effet,
elle figure parmi les bailleurs privilégiés qui soutiennent les
efforts de développement du pays et joue un rôle
prépondérant dans la coordination des actions menées
par la communauté des partenaires au
développement. A travers l'Agence Internationale de Développement
(AID), la Banque Mondiale intervient dans l'accélération de la
croissance (stabilité macroéconomique, réforme des
finances publiques et système financier), sur la viabilité au
plan social (dans les domaines de la santé et de l'éducation).
Mais le problème qui se pose avec la Banque est un ratio de
décaissement des projets relativement faible (voir graphique 7) dû
au manque de maîtrise des procédures par l'administration
sénégalaise.
Graphique 7 : Ratio de
décaissement des projets de la Banque Mondiale de 1996 à 2003.
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Source : Revue de la coopération entre le
Sénégal et la Banque Mondiale, 2003.
L'Union Européenne
Le Sénégal est aussi financé par l'Union
Européenne comme étant un pays membre de l'Afrique, des
Caraïbes et du Pacifique (ACP). Donc le pays est financé à
travers le Programme Indicatif National (PIN) qui est le budget de tous les
projets financés. Les priorités de l'intervention de l'Union
Européenne au Sénégal se concentrent dans les domaines
suivants :
o Le développement rural avec des projets tels que le
Projet d'Appui au Développement Local Urbain (PADELU), le Projet de
Soutien aux Initiatives de Développement Local (PSIDEL)
o La santé avec des projets tels que le Projet d'Appui au
Secteur de la Santé (PAS S) et
Appui au Programme National de Prévention de prise en
charge des MST/SIDA
o Au niveau du secteur routier avec le Programme Sectoriel des
Transports II (PST II)
o Au niveau de la pêche avec le programme d'Appui
à la Pêche Artisanale Côte Sud (PAPA SUD)
o Au niveau de l'éducation, la Banque Mondiale et L'UE
financent le Programme Décennal de l'Education et de la Formation
2000-20 10 (PDEF).
La Banque Africaine de Développement
Depuis le démarrage de ses activités
opérationnelles au Sénégal en 1972, le groupe de la Banque
Africaine de Développement (BAD) a apporté un concours soutenu
à l'économie sénégalaise en finançant 83
opérations d'un montant total de 650 milliards de FCFA. Ces
opérations couvrent les différents secteurs de l'économie
sénégalaise dont l'agriculture et le développement rural,
l'éducation, la santé, le transport, l'électricité,
l'eau, l'assainissement, l'industrie, les mines et les banques. Dans le cadre
de son guichet du secteur privé, le groupe de la BAD a approuvé
en juin 2005 le financement du projet de la centrale électrique de
Kounoune pour un montant 8 millions d'Euro équivalent à 5,3
milliards de FCFA.
En matière de promotion de la coopération
économique, de l'intégration régionale et de la
concrétisation de l'initiative du NEPAD, le groupe de la BAD compte huit
opérations en cours d'exécution au Sénégal pour un
montant de 105 milliards de FCFA. Ils comprennent le projet énergie
OMVS, le projet de gestion des ressources naturelles (OMVG) et le programme
d'aménagement routier et de facilitation du transport sur le corridor
Bamako-Kati-SarayaKédougou qui relie le sud du Sénégal au
Mali. La Banque envisage aussi d'apporter un concours financier au projet
multinational de construction d'un pont à Rosso sur le fleuve
Sénégal pour permettre l'accès à la Mauritanie. Le
soutien continu du groupe de la BAD au Sénégal, conjugué
à celui des autres partenaires au développement, a abouti aux
bonnes performances macroéconomiques enregistrées ces
dernières années. Grâce aux efforts consentis dans la
poursuite des réformes structurelles et institutionnelles, le
Sénégal a obtenu des résultats économiques lui
permettant de figurer parmi les quatorze pays éligibles à
l'initiative pour l'allègement de la dette multinationale. Le groupe de
la BAD a approuvé l'annulation de la dette du Sénégal pour
un montant total de 408,96 millions de dollars. Attaché à sa
philosophie d'un partenariat de proximité avec les pays membres
régionaux, la Banque a ouvert un bureau régional au
Sénégal en 2004. Ce bureau couvre également trois autres
pays : la Mauritanie, la Gambie et le Cap Vert. Depuis son ouverture, le bureau
régional a maintenu le dialogue avec les gouvernements des pays
d'interventions, a coordonné les actions et stratégie de
développement avec les autres partenaires au développement et
géré
le portefeuille du groupe de la Banque en vue
d'améliorer sa performance. Conformément au principe de la
déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide au
développement pour l'harmonisation des actions des donateurs,
l'alignement sur les stratégies nationales, la gestion axée sur
les résultats et la responsabilité mutuelle des partenaires, le
groupe de la BAD est assuré qu'avec les projets réalisés
au niveau macroéconomique par le Sénégal dans le cadre de
la mise en oeuvre de la stratégie de la réduction de la
pauvreté, conjugués aux réformes en cours et aux efforts
fournis dans les secteurs sociaux, atteindre les principaux Objectifs
Millénaires de Développement (OMD) reste à la
portée du Sénégal.
La France
la France est l'un des plus grands bailleurs des Pays les
Moins Avancés (PMA) (voir graphique 8). En effet, l'aide versée
par la France aux PMA est passée de 723,9 en 1985 à 2269,3
millions de dollars en 2004.
Graphique 8 : Aide versée par la
France aux Pays Moins Avancés.
2004
2003
2002
2001
1990
1985
645,4
723,9
1108,7
1857,1
2247,6
2269,3
0 500 1000 1500 2000 2500
Aide en millions de Dollars
Source : Rapport UNCTAD, 2006.
La préférence sénégalaise apparue
pour des raisons historiques est restée d'actualité sur la
période par la stabilité et l'importance du montant. La France
reste le premier bailleur de fonds du pays et le Sénégal est au
troisième rang des bénéficiaires de l'aide
française. Le Sénégal a bénéficié
d'un soutien spécifique pour la création et le maintien des
structures
étatiques par un appui aux institutions, notamment au
travers d'une forte présence de coopérants, et un appui financier
à l'Etat. Du fait de son importance quantitative, sa
régularité, sa souplesse, sa présence dans tous les
secteurs et la bonne connaissance du Sénégal de la part des
acteurs français, l'aide française a un impact déterminant
sur le développement du Sénégal. La politique
privilégiée de la France vers le Sénégal a pu
certaines fois remettre en question les politiques de conditionnalité,
notamment de la Banque mondiale, en constituant une source alternative de
financement. La politique française a un poids important dans la gestion
économique et sociale du pays.
Cependant, le secteur de l'éducation représente
seulement 16% de l'APD française. La France est présente surtout
dans le secondaire, le technique et le supérieur, la relève
étant considérée comme assurée dans les
enseignements élémentaires et moyens, notamment par la Banque
mondiale. Avec ce taux de l'APD française, ce domaine apparaît
comme particulièrement privilégié au
Sénégal. La diversité des organismes impliqués, les
finalités multiples et l'éparpillement des financements et des
programmes entraînent un manque de visibilité et de coordination
de la coopération française. La France est aussi présente
au niveau de la culture. Les sommes consacrées à la culture sont
beaucoup moins importantes. La politique culturelle française a
longtemps été trop officielle, considérée comme une
vitrine de la France. Maintenant, sont privilégiées les aides aux
associations et acteurs locaux pour le développement de la culture
proprement sénégalaise et en faveur d'une décentralisation
vers les régions. On a également assisté à un
retrait quasi-total de l'assistance technique dans ce domaine. En raison des
nombreux canaux utilisés - centres culturels français, les
alliances françaises et les projets bilatéraux - et de la
diversité des objectifs, la politique d'appui au développement
culturel a souffert d'un certain manque de cohérence. En septembre 2004,
le Sénégal a reçu de la France une aide d'un montant de
150 milles Euros pour lutter contre les criquets pèlerins. En effet,
dès l'apparition des premiers essaims de criquets pèlerins en
Afrique du Nord et dans la sous-région (Afrique de l'ouest), la France a
contribué à la lutte contre cette invasion. Le
Sénégal, envahi comme d'autres pays du Sahel par des essaims de
criquets pèlerins, avait traité au total 173.873,25 hectares
à cette période.
Le Japon
Deuxième puissance mondiale, le japon a très
tôt su l'importance accordée par les pays comme les Etats-Unis
à l'aide. Son apport pour les Pays les Moins Avancés est de 562,9
en 1985 à 914,9 millions de Dollars en 2004 (voir graphique 9).
Le Japon est l'un des partenaires au développement le
plus privilégié par le Sénégal. Il intervient dans
le domaine de l'automobile et le secteur de l'éducation (par l'octroi de
bourses). Il intervient aussi dans le domaine de la santé. En effet, en
mai 2005 le Japon a fait un don de 726,156 dollars au Sénégal
pour lutter contre les maladies diarrhéiques. Ce don, que la Banque
mondiale est chargée d'administrer, vise à "promouvoir le lavage
des mains avec du savon pour réduire de manière significative la
morbidité et la mortalité dues aux maladies diarrhéiques
chez les enfants de moins de 5 ans et aussi auprès des enfants ayant
l'âge d'aller à l'école". Car l'année 2005 a
été marquée par une épidémie de
choléra qui a contaminé 1939 personnes et fait 27 morts selon les
chiffres officiels.
Graphique 9 : Aide versée par le
Japon aux Pays Moins Avancés.
1400
1200
1000
400
200
600
800
0
562,9
1985 1990 2001 2002 2003 2004
1067,2
1188,8
1036,5 1078
914,9
Aide en millions de Dollars
Source : Rapport UNCTAD, 2006
Le Japon assiste aussi le Sénégal dans le
domaine du transport. Récemment, en avril 2006 le Japon a accordé
au Sénégal un prêt de 960 millions de yens, soit 4,8
milliards de FCFA (près de 7,20 millions d'euros), destiné
à la construction d'un tronçon routier entre Dakar et Bamako. Ce
financement a été consenti par la Banque japonaise pour la
coopération internationale (Japan Bank For International Cooperation,
JBIC) dans le cadre d'un projet d'aménagement routier et de facilitation
du transport sur le corridor Dakar-Bamako. Ce prêt doit permettre la
construction d'un tronçon de route de 81,3 kilomètres entre Dakar
et Bamako en vue de créer une liaison routière permanente par le
sud entre le Sénégal et le Mali, vaste pays voisin sans
accès à la mer. Ce projet renforcera sans nul doute le
réseau routier du Sénégal, mais tendra également
à dynamiser les économies sénégalaise et malienne
par la réduction des coûts de transport routier et la facilitation
des déplacements et le désenclavement des régions du sud
du Sénégal. Le Japon a annulé la dette du
Sénégal d'un
montant de 9,8 milliards de FCFA (plus de 14,9 millions
d'euros). Le Japon intervient dans le domaine de la communication. En effet, en
juin 2005 le Sénégal et le Japon ont signé deux accords
pour un financement de plus de 5 milliards de FCFA (7,6 millions d'euros)
destinés à la télévision nationale et à
l'hydraulique villageoise. Ces accords visent à renforcer les
capacités de la Radio Télévision Sénégalaise
(RTS) et faciliter l'approvisionnement en eau. Les 4,5 millions d'euros de ce
montant iront à la RTS qui avait auparavant
bénéficié en 1998 d'un financement de plus de 7,6 millions
d'euros du Japon pour la construction de sa maison et ses
équipements.
Le Canada
Le Canada est l'un des pays qui s'est toujours
intéressé de la situation des pays en développement et les
assiste de très prés. D'où son aide aux Pays les Moins
Avancés a évolué de manière considérable de
329,6 en 1985 à 548,6 millions de Dollars en 2004 (voir graphique 10).
Lors de la conférence de Maputo, le Canada a pris l'engagement de
doubler son aide aux pays africains afin que ces derniers puissent sortir du
cercle vicieux de la pauvreté, de la faiblesse de l'épargne et de
l'investissement.
Graphique 10 : Aide versée par
le Canada aux Pays Moins Avancés.
2004
2003
2002
2001
1990
1985
198,6
224,8
391,6
329,6
487,7
548,6
Aide en millions de Dollars
0 100 200 300 400 500 600
Source : Rapport UNCTAD, 2006.
Au plan de la coopération, les relations du Canada
avec le Sénégal découlent de la mise en oeuvre des
programmes et projets par l'Agence Canadienne de Développement
International (ACDI) et le Centre de Recherche pour le Développement
International (CRDI). Ces deux organismes responsables de la livraison de
l'Aide Publique au Développement pour le Sénégal
collaborent étroitement dans plusieurs domaines d'intérêts
communs. L'ACDI est
crée en 1968. Elle est l'organisme
fédéral de qui relève principalement le programme canadien
de coopération international. Son mandat consiste à appliquer les
politiques liées aux programmes canadiens d'APD. Elle administre la
majeure partie du budget de celui-ci. Ces programmes visent ainsi à
appuyer le développement afin de réduire la pauvreté et de
rendre le monde plus prospère. L'aide bilatérale de l'ACDI met
l'accent sur le développement social et économique. Son objectif
est d'aider plus particulièrement les démunis et les femmes,
à devenir autonome et à prendre en main leur propre
développement. En effet, l'aide au développement social vise
à rendre l'éducation de base plus accessible, surtout pour les
filles afin que les gens puissent augmenter leur revenu et intensifier leur
participation dans la société. Comme le Sénégal
fait parti des pays de concentration choisi par le Canada, le programme devrait
prendre de l'ampleur au cours des prochaines années. Sa nouvelle
politique est en faveur d'une aide internationale plus efficace. Ainsi, l'ACDI
s'attache à soutenir davantage les principaux programmes pilotés
par les pays notamment dans les domaines de l'éducation et de
l'économie populaire. Son projet sur l'éducation de base plus
précisément à l'alphabétisation, à
l'enseignement primaire, à la formation professionnelle et à
l'élaboration de nouveaux programmes scolaires et de nouvelles
méthodes de gestion, consacre le tiers des ressources.
Pour le financement de son développement, le
Sénégal compte de manière considérable sur ses
bailleurs de fonds et travaille de manière adéquate pour recevoir
de plus en plus d'aide. Mais le problème que rencontre le
Sénégal est la maîtrise des procédures de ces
principaux bailleurs. En effet, une procédure est une formalité
de nature juridique et institutionnelle fixée par les donateurs dans le
cadre de la réalisation de l'accord signé avec le pays
bénéficiaire. Les procédures différencient selon la
nature de coopération avec le pays. En effet, il y a une distinction
entre les procédures multilatérales et celles bilatérales.
Concernant les bilatéraux, les procédures ne reflètent que
les formalités d'un seul pays. Alors que les procédures
multilatérales représentent la réunion des
procédures des pays membres.
2.2. La répartition sectorielle de l'Aide
L'Aide Publique représente la principale source de
financement du développement du Sénégal. Ainsi, elle
constitue un appui non négligeable des principaux macro-secteurs de
l'économie et du secteur social.
2.2.1. Les Macro-secteurs
Les principaux macro-secteurs considérés sont
ceux qui reçoivent habituellement l'aide des bailleurs de fonds. Ces
secteurs sont principalement la santé et l'éducation qui
représentent les
priorités des bailleurs de fonds comme pour la Banque
Mondiale, le Canada et l'Union Européenne. Et cette politique s'inscrit
dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.
Tableau 7 : Part des secteurs dans l'APD
pour la période 1996-2003 (en %).
Secteurs
|
Pourcentage
|
Education
|
12,71
|
Santé y compris santé de la reproduction
|
10,86
|
Eau Potable et Assainissement
|
12,54
|
Aide sociale multisectorielle
|
10,12
|
Programmes alimentaires
|
1,01
|
Appuis aux ONGs
|
0,12
|
Autres Services Sociaux
|
2,75
|
Gouvernance
|
5,39
|
Secteurs d'Appui à la production
|
12,79
|
Secteurs Productifs
|
11,11
|
Gestion de l'économie
|
5,62
|
Actions relatives à la dette
|
12,07
|
Non Spécifié
|
2,91
|
|
Source : OCDE, 2003
Ce tableau indique que l'APD s'est principalement
concentrée ces dernières années dans les secteurs suivants
: l'éducation, la santé, eau potable et assainissement, les
actions relatives à la dette et les secteurs productifs. Cependant, les
dépenses sectorielles sont concentrées sur l'éducation
(52,4%), la santé (36,4%) et l'eau potable (26,2%). Le problème
qui transparaît à cet égard est celui de la faible
efficacité de ces dépenses et leur impact limité sur la
croissance à long terme.
Le secteur de l'éducation
Dans le cas de l'éducation, les dépenses sont
plus concentrées dans le primaire et le supérieur avec des taux
respectifs de 21,2% et 14,6% (voir graphique 8). Ainsi, le secteur de
l'éducation est financé par la France à hauteur de 31,43%,
de la banque mondiale (24,44%), le Japon (14,9%) et le Canada (12, 44%). Ces
partenaires collaborent étroitement avec le Sénégal pour
que l'objectif des OMD sur l'éducation soit atteint d'ici 2015.
Le secteur de la santé
Pour la santé, l'APD est surtout concentrée au
niveau de l'administration et la gestion des hôpitaux (avec un taux de
36,4%) suivi des programmes VIH/SIDA (15,6%), de la planification familiale
(12,7%) et des maladies infectieuses (9,6%). Cependant, l'investissement pour
la construction des postes de santé (6,8%) et la nutrition de base
(4,4%) occupent une part relativement faible (graphique 9). Par ailleurs, la
santé est financée
essentiellement par la Banque mondiale à hauteur de
61% avec le Programme Décennal Intégré de la Santé
(PDIS), suivi de l'Allemagne de 11,7% et de l'Union Européenne avec
7%.
Graphique 11: Répartition
de l'APD affectée à l'éducation (en %).
21,20%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
14,60%
|
|
|
|
7,40%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3,80%
|
|
|
|
|
|
|
0,00%
|
0,60%
|
|
|
|
|
Education Alphabétisation Education
|
Enseignement
|
Formation
|
Enseignement
|
Primaire
|
Préscolaire
|
Secondaire et
|
technique et
|
Supérieur
|
|
|
Générale
|
Professionnelle
|
|
|
40,00%
20,00%
60,00%
50,00%
30,00%
10, 00%
0,00%
Série1
52,40%
Administration et gestion
Source : OCDE, 2003.
Graphique 12: Répartition de
l'APD dans le secteur de la santé (en %).
Administration Soins de santé construction Nutrition de
Maladies Soins de Santé Planification VIH/SIDA
et gestion Primaires dfe poste de base infectieuses de la
familiale
santé reproduction
36,40%
15,60%
12,70%
9,00%
9,60%
6,80%
5,50%
4,40%
40,00%
35,00%
30,00%
25,00%
20,00%
15,00%
10,00%
5,00%
0,00%
Série1
Source : OCDE, 2003.
2.2.2. Le secteur social
L'offre de services sociaux joue un rôle très
important dans le domaine du développement humain et de la
réduction de la pauvreté. L'Aide Publique au Développement
a permis une nette amélioration de l'offre de services sociaux. Comme
l'indique le tableau ci-dessous avec une amélioration
considérable des services sociaux sur la période 1990-2002. En
effet, elle est passée de 15% en 1990 à prés de 55% en
2003.
Tableau 8 : APD et services sociaux (en
%).
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
SS/APD
|
14,9
|
30,7
|
53,1
|
63,9
|
30,2
|
41
|
57,5
|
62,4
|
30,1
|
24,3
|
38,8
|
65,1
|
67,8
|
54,8
|
SSB/APD Initiale
20/20
|
8,2
|
8,2
|
14,0
|
19,1
|
19,3
|
30,6
|
39,3
|
12,4
|
19,9
|
8,6
|
8,6
|
46,8
|
32,7
|
27
|
SSB/SS
|
54,9
|
26,9
|
26,5
|
29,9
|
64,0
|
74,8
|
68,5
|
19,8
|
66,0
|
35,2
|
22,2
|
71,9
|
48,3
|
49,4
|
Normes
|
20
|
20
|
20
|
20
|
20
|
20
|
20
|
20
|
20
|
20
|
20
|
20
|
20
|
20
|
|
SS: services sociaux
APD : Aide Publique au Développement SSB : Services
Sociaux de Base
Source : OCDE, 2003.
Si l'on considère la décennie 1990-2000, la
norme d'affectation de 20% de l'Aide aux services sociaux de base fixée
dans le cadre de l'initiative 20/20 n'a été respectée que
pour les années 1995 et 1996 avec des taux respectifs de 30,6% et 39,3%.
Cependant, il convient de noter qu'un progrès significatif a
été réalisé durant les années 2001 (46,8%)
et 2002(32,7%). En effet, cette évolution traduit la volonté des
pouvoirs publics et des partenaires au développement de soutenir les
catégories sociales défavorisées.
Il apparaît ainsi que même si le
Sénégal compte à son actif plusieurs bailleurs,
l'essentiel de l'APD mobilisée provient essentiellement d'une
demi-douzaine de partenaires au développement. Même si ces
partenaires n'ont pas le même niveau d'engagement dans tous les secteurs,
ils sont présents dans les différents secteurs prioritaires.
Section 3 : Dispositifs d'orientation de l'Aide
Publique au développement
Le Sénégal, à l'instar d'autre pays de
l'Afrique subsaharienne, bénéficie d'un apport
considérable d'Aide Publique au Développement. Ceci est possible
grâce à un fiable dispositif de gestion des investissements
publics et un bon dispositif de coordination de l'aide.
3.1. Le dispositif de gestion des dépenses
publiques
Les projets d'investissements publics au
Sénégal financés sur ressources internes comme externes
sont gérés suivant un Système National de Planification ;
ce dernier fait intervenir des acteurs et instruments tout au long du cycle de
vie des projets.
3.1.1. Le Système National de Planification
(SNP)
Les investissements publics sont gérés dans le
cadre du Système National de Planification (SNP) et du Système de
Gestion des Finances Publiques (SGFP) mis en place respectivement en 1986 et
1966. Ce dispositif de manière générale permet de
gérer et de concevoir les investissements publics de manière
globale et détaillée suivant trois instruments et trois horizons
différents :
· Une étude prospective sur la société
sénégalaise à l'horizon d'une génération,
qui doit guider les choix stratégiques à moyen et long terme.
· Une loi-plan d'orientation économique et
sociale, à l'horizon de six ans, fixant les stratégies et les
objectifs intermédiaires à atteindre pour se diriger
progressivement de la situation actuelle vers le futur à long terme
voulu par le gouvernement. Cette loi- plan doit fournir les critères et
les repères tant pour la sélection et la programmation des
projets publics, qu'en vue des mesures d'impulsion des initiatives
privées.
· Une loi-programme triennale d'investissements publics
qui constitue le maillon opérationnel du système de
planification. Il est précédé par l'élaboration des
« Perspectives Triennales » qui en sont le cadre
macroéconomique et financier. Ce Programme Triennal d'Investissements
Publics (PTIP) est ajustable annuellement, et sa partie exécutoire forme
le Budget Consolidé d'Investissement (BCI), intégré dans
la loi des Finances annuelle.
Ce cadre offre le moyen d'assurer la préparation, la
programmation, le suivi et l'évaluation des projets d'investissements
publics. Par contre l'exécution financière des projets repose sur
le système de gestion des finances publiques lui-même fondé
sur un cadre juridique constitué par la loi N°2001-09 du 15 Octobre
2001 prise dans le cadre de l'harmonisation des législations et des
procédures budgétaires des Etats membres de l'UEMOA, dont le but
est de réglementer l'ensemble des procédures et modalités
d'approbation, d'exécution et de contrôle des recettes et
dépenses publiques. Ainsi, ce dispositif définit
précisément les procédures, conditions et agents
d'exécution des budgets de fonctionnement et d'investissement en
particulier, le circuit que doit emprunter chaque dépense y compris
celle d'investissements qu'elle soit financée sur ressources nationales
ou ressources externes.
3.1.2 Les principaux acteurs et instruments dans le cycle
de vie des projets
Selon le schéma retenu de la SNP et du SGFP,
l'élaboration et l'exécution des projets d'investissements
publics font intervenir plusieurs acteurs notamment :
o Les directions concernées des Ministères
Techniques (MT) qui sont responsables de l'identification et de la
préparation des projets.
o La Direction de la Coopération Economique et
Financière (DCEF) du Ministère de l'Economie et des
Finances(MEF), qui est chargée de l'évaluation des projets ; mais
aussi assure la programmation et le suivi de l'exécution physique des
projets.
o Le Comité de Sélection des Projets (CSP) qui
doit assurer la sélection des projets à programmer.
o La Direction de la Dette et Investissement (DDI) qui suit
l'exécution financière (ordonnancement) des projets.
o La Direction Générale de la Comptabilité
Publique et du Trésor (DGCPT) exécute le
paiement des dépenses d'investissements publics
(financés sur ressources nationales). o Tandis que les
différents bailleurs de fonds interviennent à tous les stades de
la vie des
projets financés.
Au plan des instruments, la plupart de ces fonctions
disposent d'outils d'aide à la décision. Dans le cycle de
préparation, d'évaluation, de programmation, d'exécution
et de suivi, les fonctions suivantes sont prises en charges :
> les perspectives triennales sont élaborées
par la Direction de la Planification (DP) à l'aide du Modèle
MOMAR.
> L'évaluation économique est conduite
grâce à la méthode des effets exposés dans le Guide
des Projets Productifs conçus par la Direction de la Planification.
> La programmation est réalisée à l'aide
du logiciel SPP par la Direction de la Coopération Economique et
Financière.
> Le suivi physique et financier est réalisé
respectivement par la DCEF et la DDI à l'aide d'outils informatiques ou
manuels ad-hoc.
Tout ce dispositif en apparence complet est destiné
à une amélioration considérable des projets
financés par l'aide publique au développement. Néanmoins,
certains dysfonctionnements subsistent dont les plus perceptibles se situent au
niveau :
· De l'état des capacités et des outils
et méthode de travail du MEF et des différents MT
à concevoir, exécuter et suivre les projets
d'investissements publics aux plans
technique et financier.
· De la complexité et des lourdeurs des
procédures administratives et budgétaires d'exécution des
dépenses.
· Des déficiences dans l'organisation et le
fonctionnement des projets d'investissements publics.
· Et enfin des limites du système d'information sur
les projets et dépenses.
3.2. Dispositifs de coordination de l'Aide Publique au
Développement
Pour relever le défi de l'efficacité de l'Aide
de nouveaux dispositifs sont entrepris afin d'orienter l'Aide. Il s'agit de
nouvelles stratégies de développement et de la coordination de
l'aide au niveau des bailleurs qu'au sein de l'administration
sénégalaise.
3.2.1. Les nouvelles stratégies de
développement
Depuis le début des années 2000, les politiques
mises en oeuvres s'inspirent du Document Stratégique de Réduction
de la Pauvreté (DRSP), le Programme de Bonne Gouvernance, le NEPAD et le
projet du Xème plan d'orientation économique et social. Les
objectifs de ces politiques s'articulent autour :
> De la consolidation de la croissance enregistrée
durant la période récente dans un contexte marqué par la
volonté de révéler les défis de la mondialisation
et l'intégration économique tant à l'échelon
sous-régional que régional.
> La réduction significative de la pauvreté et
l'attente des objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD).
> La mise en place d'un cadre institutionnel susceptible
d'améliorer la transparence des opérations de l'Etat et
l'efficacité de son intervention.
Approuvé en Décembre 2000 par les institutions
de Bretton Woods, le DRSP constitue la principale référence en
matière de politique de développement économique et
sociale. Ainsi, la stratégie de réduction de la pauvreté
définie dans le DRSP s'articule autour des axes suivants :
1. la création de richesse
2. le renforcement des capacités et de promotion des
services sociaux de base
3. l'amélioration des conditions de vie des groupes
vulnérables
4. la mise en oeuvre décentralisée du DSRP.
Cette nouvelle stratégie a pour but de concilier divers
impératifs économiques (accélération de la
croissance, amélioration de la compétitivité) et sociaux
(développement humain, réduction des inégalités et
de la pauvreté).
Tableau 9 : Répartition de
l'APD, optique DSRP (%) pour l'année 2003.
Création de richesse
|
12,0
|
Renforcement des capacités et promotion des services
sociaux de base
|
70,8
|
Amélioration des conditions de vie des groupes
vulnérables
|
5,3
|
Mise en oeuvre décentralisée
|
ND
|
Source : OCDE, 2003.
Ce tableau indique que l'aide reçue pour la
réalisation du DSRP est absorbée à hauteur de 71% par les
programmes de renforcement des capacités et promotion des services
sociaux de base, de 12% par la création de richesse et de 5% pour
l'amélioration des conditions de vie des groupes vulnérables.
Par ailleurs, la réduction de la pauvreté et la
réalisation des objectifs pour le développement constituent des
priorités majeures pour les pouvoirs publics et les partenaires au
développement.
Tableau 10 : Répartition de l'Aide
au Développement, optique OMD (%).
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Obj1
|
11,2
|
24,2
|
39,4
|
23,6
|
8,4
|
4,8
|
4,8
|
29,5
|
3,4
|
12,1
|
20
|
8,9
|
17,6
|
15,8
|
Obj2
|
0,2
|
2,2
|
2,4
|
20,5
|
7,5
|
6,3
|
20,2
|
4,5
|
10,3
|
6,6
|
14,7
|
7,6
|
23,0
|
14,7
|
Obj4-
5-6
|
1,1
|
1,6
|
3,2
|
7,9
|
2,8
|
6,4
|
2,2
|
24,6
|
7,7
|
5,0
|
2,9
|
10,7
|
23,0
|
10,7
|
Obj7
|
2,4
|
2,7
|
8,1
|
11,8
|
11,4
|
23,4
|
30,3
|
3,8
|
8,8
|
0,6
|
1,2
|
37,9
|
4,2
|
13,6
|
Source : OCDE, 2003.
Objectif 1 : extrême pauvreté et faim
Objectif 2 : Education primaire pour tous
Objectif 3 : Egalité des sexes et automatisation des
femmes Objectif 4 : Mortalité infanto-juvénile
Objectif 5 : Santé maternelle
Objectif 6 : VIH/Sida -paludisme
Objectif 7 : Environnement durable
Objectif 8 : Partenariat pour le développement
Les données relatives aux objectifs 3 et 8 ne sont pas
disponibles.
Ce tableau ci-dessus indique les parts relatives de chaque
composante des OMD accusent des fluctuations marquées. Par exemple, la
part relative des programmes de l'objectif 1 (réduire la pauvreté
extrême) est passée de 11,2% en 1990 à 4,8% en 1996 ; elle
s'est redressée pour s'établir à prés de 16% en
2003. En outre, les programmes relatifs à l'objectif 7 (environnement
durable) représentent 2,4% en 1990, et connaît de forte hausse en
1995 avec 23,4% ; 1996 (30,3%) et en 2001 (37,9%). Au total, la part des
programmes des OMD a fortement augmenté au début des
années 90. Elle est passée de 24,9% du total de l'APD en 1990
à 67,8% en 2002. Cependant, le Sénégal est loin
d'atteindre ces objectifs d'ici 2015.
3.2.2 La coordination de l'Aide Publique au
Développement
Du fait de la stabilité politique, des avancées
démocratiques et d'une image positive sur la scène mondiale, le
Sénégal connaît beaucoup de succès dans le domaine
de la mobilisation de l'aide. Ainsi, la coordination de cette aide revêt
une importance capitale dans la mesure où elle permet de tirer un
meilleur profit des ressources mises à disposition par les partenaires
au développement. Cette coordination de l'aide est faite au niveau de
l'intervention des bailleurs de fonds comme au sein de l'administration
sénégalaise.
3.2.2.1 Coordination de l'intervention des bailleurs de
fonds
La coordination de l'intervention des donateurs au
Sénégal a été marquée par la création
de groupes thématiques. En ce moment, il existe prés de douze
groupes thématiques qui couvrent les domaines suivants : Economie et
Finance, Education, Santé, Décentralisation et
Développement local, Pêche, Environnement, Secteur Privé,
Micro-Finance, Sida, Casamance et Femme. Ces groupes thématiques ont
été créés progressivement par les initiatives des
bailleurs de fonds. Ils ont un caractère plutôt informel et
traduisent davantage un esprit de concertation qu'une véritable
coordination de l'action des partenaires. Ils ont pour objectif de favoriser
l'échange d'information et la rationalisation des interventions.
Même si, les groupes thématiques représentent un
progrès considérable de la part des bailleurs, mais ils sont loin
de constituer une solution au problème d'harmonisation des
procédures des bailleurs de fonds. Car ces derniers constituent un des
principaux facteurs expliquant la faible capacité des ressources
financières de l'administration sénégalaise.
3.2.2.2 Coordination de l'Aide au sein de
l'administration sénégalaise
On note une diversité des structures publiques
intervenant dans le cadre de la mobilisation de l'Aide : le Ministère
de l'Economie et des Finances, le Ministère des Affaires
Etrangères, le
Ministère du Plan, la Primature (Direction de
l'assistance technique) et le Ministère de la coopération
décentralisée. Ainsi, les progrès significatifs ont
été notés en matière de suivi et de coordination de
l'aide sur la période récente. Le dispositif qui est mis en place
s'appuie notamment sur l'organisation de revues trimestrielles ou annuelles
régulières avec les principaux bailleurs de fonds. Ces
concertations périodiques qui regroupent le Ministère de
l'Economie et des Finances, les Ministères Techniques, les agences
d'exécution et les bailleurs de fonds donnent lieu à la
définition de plan d'action susceptible d'améliorer le
fonctionnement des projets et programmes de développement. Ces
concertations ont eu un impact positif sur le taux d'absorption des ressources
mises à disposition par les partenaires au développement. En
particulier, dans le cas des financements de la Banque Mondiale le taux
d'absorption est passée de 9% en 2001 à 12,7% en 2003 et pour
l'Union Européenne de 7% en 2001 à 40,8% en 2003.
Chapitre 2 : Revue de la Littérature
Les débats autour de l'Aide Publique au
Développement ont occupé une place très importante dans
les grands sommets internationaux. Beaucoup d'écrits ont
été publiés à cet effet. L'efficacité de
l'Aide dans les pays en développement revient toujours sur la
scène mondiale et à la recherche d'une solution adéquate
les économistes se sont penchés plus sur l'impact de l'aide sur
la croissance que sur la réduction de la pauvreté. D'après
les statistiques, les pays africains ont un niveau le plus élevé
au monde. Dans le souci d'atteindre les objectifs du développement d'ici
2015 en Afrique, les partenaires au développement mettent en oeuvre des
politiques pour une efficacité leur aide passant des
conditionnalités à la sélectivité.
Dans cette partie, nous allons d'abord faire un bref
aperçu de l'évolution de la notion d'aide (section 1), avant de
passer en revue l'efficacité de l'aide suivant l'optique de la
croissance (section 2), puis suivant la réduction de la pauvreté
(section 3).
Section 1 : Définition et évolution de la
notion d'Aide au Développement
1.1. Définition de l'Aide Publique au
Développement (APD)
Selon le Comité d'Aide au Développement (CAD),
l'Aide Publique au Développement correspond aux courants d'aide en
direction de pays en développement et d'institutions
multilatérales émanant d'organismes publics, y compris l'Etat et
les autorités locales ou de leurs agents d'exécution, et dont
chaque opération répond aux critères suivants :
a) Avoir pour objectif principal de promouvoir le
développement économique et le bien être des pays en
développement.
b) Avoir un caractère concessionnel et comprendre un
élément de don d'au moins 25% (au taux d'escompte de 10%).
Selon le nombre de partenaires concernés, on distingue
l'aide multilatérale et celle bilatérale. L'aide
multilatérale est celle qui est accordée par un groupe d'Etats ou
plus généralement par une organisation internationale. Tandis
que, l'aide bilatérale est accordée par un Etat à un autre
Etat. Ce type d'aide est assorti ou non de conditions on parle d'aide
bilatérale liée ou non liée. Elle est non liée
lorsque l'aide fournie par un Etat donateur est sans condition d'utilisation en
retour. On parle également d'aide désintéressée.
Alors que, l'aide bilatérale est dite liée si le pays donateur
soumet l'octroi de l'aide à des conditions préalables, telle
l'obligation de lui acheter en retour.
L'aide peut toutefois se présenter sous d'autres formes
: attribution de bourses d'études, envoi de techniciens dans le cadre
d'une coopération technique bilatérale ou multilatérale,
aide hors projet par l'assistance technique. L'assistance technique se
présente sous forme de coopération technique autonome, la
coopération technique liée à des projets d'investissement,
aide aux programmes/aide budgétaire ou appui à la balance des
paiements, aide alimentaire et assistance et secours d'urgence.
La coopération technique autonome se présente
comme la fourniture de ressources visant à assurer le transfert de
compétences et de connaissances techniques et administratives ou de
technologie afin de renforcer la capacité nationale à entendre
des activités de développement, sans que ces ressources soient
liées à l'exécution de tel ou tel projet d'investissement.
La coopération technique comprend les activités de
pré-investissement telles que les études de faisabilité,
lorsque l'investissement lui-même n'a pas encore été
approuvé ou le financement obtenu.
Les projets d'investissement quant à eux se
présentent comme le financement en espèces et en nature, des
projets d'équipement précis, par exemple des projets
créateurs de capital productif susceptibles de produire de nouveaux
biens et services. Aussi, appelée assistance financière, la
catégorie des projets d'investissement peut comporter un
élément de coopération technique. Tandis que l'aide aux
programmes/ aide budgétaire ou appui à la balance des paiements
correspond à l'assistance qui s'inscrit dans le cadre des objectifs plus
larges de développement macro-économiques et/ou qui est fournie
dans le but d'améliorer la balance des paiements du pays
bénéficiaire et de mettre à sa disposition des devises.
Cette catégorie comprend l'assistance en nature pour les apports de
produits de base autres qu'alimentaires et les dons et prêts financiers
permettant de payer ces apports. Elle comprend aussi les ressources
correspondant aux annulations de dette publique.
En outre, l'aide alimentaire se présente sous forme de
fourniture de vivres pour l'alimentation des hommes à des fins de
développement, y compris les dons et prêts pour l'achat de vivres.
Les dépenses comme le transport, le stockage, la distribution...
figurent dans cette rubrique, ainsi que les articles apparentés fournis
par les donateurs, la nourriture pour animaux et les intrants agricoles, par
exemple, pour les cultures vivrières lorsque ces apports font partie
d'un programme alimentaire.
Cependant, l'assistance et secours d'urgence sont la
fourniture de ressources visant à alléger immédiatement
des situations de détresse et à améliorer le
bien-être des populations touchées par des catastrophes
naturelles. L'aide alimentaire à des fins humanitaires et dans les
situations d'urgence fait partie de cette rubrique. L'assistance et les secours
d'urgence ne sont
généralement pas liés aux efforts de
développement du pays et ne visent pas à accroître les
moyens d'action de ce dernier. Ils ne relèvent donc pas de la
coopération pour le développement.
Par ailleurs, l'aide a pour principaux objectifs :
o Surmonter les obstacles financiers qui maintiennent les pays en
développement dans une situation de dépendance.
o Répandre les bienfaits de l'intégration au niveau
mondial.
o Renforcer le partage de la prospérité.
o Réduire de manière considérable la
pauvreté de masse et l'inégalité qui menacent de plus en
plus la sécurité collective de la communauté
internationale.
La notion d'aide n'apparaît véritablement qu'au
lendemain de la seconde guerre mondiale, avec la généralisation
du processus de décolonisation et le partage du monde en zones
d'influences suite aux accords de Yalta.
1.2. Evolution de la notion d'Aide Publique au
Développement
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, l'aide
s'efforce d'élever le niveau de vie et de réduire la
pauvreté dans les pays en développement. Mais l'idée qu'on
se faisait des différentes formes de contribution de l'aide pour la
réalisation de ces objectifs a varié considérablement.
Au cours des années 1950 et 1970, l'accès au
capital était considéré primordial pour l'investissement
et la croissance dans les pays pauvres. On considérait que
l'insuffisance de l'épargne, et la capacité d'importation de
biens d'équipement comme étant des principaux obstacles à
l'investissement. Il fallait donc réunir des capitaux internationaux
publics de préférence à des conditions hautement
favorables c'est-à-dire une aide extérieure. L'aide était
censée stimuler l'investissement et résoudre le problème
de développement. Ainsi, les besoins en matière d'aide
étaient estimés à partir d'un taux de croissance
ciblé, d'un coefficient marginal de capital et des fonds
dégagés de l'épargne nationale et l'investissement
international. Le manque de devises était considéré comme
une autre contrainte, de sorte que les besoins en aide étaient aussi
calculés au moyen des écarts de balance des paiements. Ce type
d'aide était appelé une aide-projet visant à appuyer les
plans d'investissement du pays bénéficiaire. Dans la plupart des
cas, le gouvernement du pays bénéficiaire établissait un
plan d'investissement puis, sur la base de ce plan, une liste de projets, parmi
lesquels les donateurs choisissaient ce qu'ils souhaitaient financer. Il
s'agissait de la plupart des cas de projets clé en main ; l'aide
finançait ainsi l'importance de biens d'équipement et une
assistance
technique et administrative, qui étaient
complétées par la création d'emploi et une production
locale financée par les états destinataires. Donc l'aide-projet
consistait essentiellement à soutenir le financement des projets.
Cependant, l'idée qu'on se faisait de l'aide a
changé de façon marquante au cours des années 80. Suite
à la flambée du prix du pétrole des années 70, un
nouveau consensus apparu, traduit dans les programmes d'ajustement structurel
inspirés par le FMI et la Banque Mondiale. Ce consensus faisait preuve
de l'inefficacité de l'aide par l'application de politiques
économiques erronée des pays bénéficiaires.
L'aide-projet est alors abandonnée au profit d'une stratégie,
visant à inciter les pays à mettre en oeuvre des réformes
économiques, appelée aide- programme. Dés lors, l'aide a
cessé d'être considérée comme un moyen de transferts
des ressources pour financer l'investissement mais plutôt elle est
devenue un moyen d'imposer des réformes. C'est ce qu'on a appelé
la conditionnalité c'est-à-dire l'obtention de l'aide a
été subordonnée à l'adoption de politiques
jugées appropriées. Ainsi, la conditionnalité visait
essentiellement à faire adopter les mesures de stabilisation de
libéralisation et de réglementation de l'économie des pays
bénéficiaires. C'est ainsi, qu'en Afrique l'aide est devenue une
incitation et une source de financement pour l'ajustement des taux de change,
l'abaissement des déficits budgétaires, la réforme des
politiques monétaires, la libéralisation du commerce, la
réduction des contrôles et des subventions des prix et la
résorption du rôle de l'Etat dans l'économie. Cette
nouvelle stratégie d'aide au développement a suscité
l'apparition d'une « communauté des donateurs », en tant
qu'entité ayant une voix dominante dans le débat sur les
politiques nationales des pays bénéficiaires. Elle a permis donc
aux donateurs d'exercer collectivement une grande part sur les politiques des
pays en développement qui n'étaient plus face à une
multitude de partenaires, mais à un front uni de donateurs.
Au cours des années 1990, la notion de
développement a connu un autre virage. Des spécialistes du
développement ont commencé à se demander pourquoi
l'investissement et la croissance demeuraient faibles dans les pays en
développement, malgré l'appui de l'aide extérieure et
après même des réformes économiques. La
réponse qu'elles ont pu apporter à cette question tenait à
la qualité de la gouvernance. En effet, lorsque les institutions
publiques sont faibles, incomplètes ou corrompues, lorsque la gestion
publique manque de transparence et de prévisibilité, les
meilleures réformes et quelque soit le volume d'aide resteront
impuissantes à opérer une croissance quelconque. Dés lors
les donateurs se sont mis à repenser en profondeur de leur politique
d'aide au développement. Cette réflexion est inachevée,
mais il y a quand même espoir que cela déboucherait sur un nouveau
modèle
d'aide. Par ailleurs, l'échec de plus en plus
évident des programmes d'ajustement dans les pays pauvres a d'abord
incité à repenser la conditionnalité. Cette remise en
question a été motivée surtout par les
préoccupations des praticiens de l'aide au développement
travaillant pour les agences de coopération de donateurs
bilatéraux, ou des organismes multilatéraux comme l'OCDE/CAD, le
PNUD et le département de l'évaluation des Opérations de
la Banque Mondiale (OED). Le rapport de Helleiner sur l'aide à la
république-unie de Tanzanie et son suivi et le projet conjoint OCDE/PNUD
concernant l'aide au Mali ont marqué le début d'une nouvelle
approche « officielle » de l'évaluation de l'efficacité
de l'aide, très différente de celle fondée sur le
modèle de la conditionnalité. Cependant l'ouvrage critique de la
Banque Mondiale intitulé Assessing Aid formule trois
thèses principales :
· L'aide est efficace si l'environnement institutionnel est
favorable.
· L'aide ne peut servir de carotte pour inciter les pays
bénéficiaires à appliquer de bonnes politiques.
· Les politiques appliquées par les pays
bénéficiaires ne semblent pas avoir beaucoup d'influence sur la
répartition de l'aide.
Ainsi, la Banque avait conclu qu'il serait possible
d'accroître l'efficacité de l'aide en la réservant aux pays
qui appliquent les bonnes politiques, et de convaincre les autres de
s'approprier ces bonnes politiques en leur donnant des conseils et en les
privant d'aide tant qu'ils ne font pas les bons choix. C'est ce qu'on a
appelé la conditionnalité a postéri ou
sélectivité.
L'aide aujourd'hui est l'un des principaux variables que les
gouvernements comptent de manière considérable pour
réaliser les objectifs du développement. Elle l'a
été toujours dans les pays en développement. Mais,
l'idée qu'on se faisait des différentes formes de contribution de
l'aide pour réaliser ces objectifs a largement évolué
depuis des décennies. C'est ainsi, de plus en plus, l'augmentation du
volume d'aide revient sur la discussion entre pays bénéficiaire
et donateurs. Pour la réalisation de ces objectifs il faut une
nécessaire maîtrise des systèmes d'allocation de l'aide. Si
bien que le débat sur l'efficacité de l'aide s'est
concentré sur son impact sur la croissance avant de tourner vers les
années 90 sur la réduction de la pauvreté.
Section 2 : Efficacité de l'Aide en termes de
croissance économique
L'analyse de Burnside et Dollar (1997, 2000) est au coeur du
débat sur l'efficacité de l'aide qui a animé la
communauté internationale dans les années 1990. Ainsi, cette
analyse marque un tournant dans l'étude de l'efficacité de
l'aide, puisqu'elle aborde la question des conditions macro-économiques
favorables à une plus grande efficacité ouvrant ainsi la voie
à un vaste champ de recherche, alors inexploré. Ensuite, la
recherche menée par ces auteurs a eu des implications politiques
très importantes, puisqu'elle fonde les recommandations exprimées
dans le rapport Assessing Aid publié par la Banque mondiale en
1998. Elle est également une avancée majeure de la
réflexion menée par la Banque sur une allocation sélective
de l'aide fondée sur les performances et dont certains bailleurs de
fonds bilatéraux se sont inspirés pour élaborer leurs
stratégies d'aide au développement.
2.1. L'Analyse de Burnside et Dollar
Depuis le début des années 1990, l'aide
internationale était fortement en baisse et traversait une crise de
légitimité liée notamment à la fin de la guerre
froide et à la recrudescence des études critiques de son
efficacité. En effet, les conclusions pessimistes des analyses de
l'efficacité macro-économique de l'aide, combinées
à la mise en lumière des coûts sociaux et humains des
programmes d'ajustement structurels ont amené la Banque Mondiale
à relancer le débat sur l'efficacité de l'aide. C'est
justement suivant ce contexte que les travaux de Burnside et Dollar (1997
,2000) ont été élaborés.
L'idée développée, par Burnside et Dollar
et repris dans le rapport Assessing Aid de la Banque Mondiale, est que
l'efficacité de l'aide en termes de croissance dépend de la
qualité des politiques économiques mises en oeuvre par les pays
en développement. Cette réflexion se fonde sur des travaux
économétriques dans lesquels les auteurs estiment des
équations de croissance incluant une variable aide et un terme d'aide en
interaction avec un indicateur de politique économique. Cependant, la
qualité des politiques macro-économiques est
appréhendée par la maîtrise de l'inflation,
l'équilibre budgétaire et la mise en oeuvre d'une politique
d'ouverture commerciale.
La conclusion selon laquelle l'efficacité de l'aide
dépend de la qualité des politiques économiques
résulte alors de la mise en évidence, dans les estimations de
croissance, d'un effet significativement positif du terme croisé de
l'aide avec l'indicateur de politique économique. Ce résultat
économétrique, qui est au coeur du débat sur
l'efficacité de l'aide, est reproduit dans l'équation suivant
:
Croissance = - 0.60. (Revenu initial par habitant)
+0.71**. (POL) - 0.021.(Aide/PIB) + 0.19**. (Aide/PIB x POL)+
â X
R2= 0.3 6, N = 270, ** : significatif au seuil de
5%. Où POL représente un indicateur
agrégé de politiques macroéconomiques et â X
est un ensemble de variables de contrôle (la
fragmentation ethno-linguistique, les assassinats politiques, la
profondeur financière, la qualité institutionnelle).
La principale conclusion de l'analyse de Burnside et Dollar
est que si l'aide est plus efficace dans un bon environnement
macro-économique, elle devrait alors cibler les pays les plus pauvres et
ayant de bonnes politiques économiques. C'est ainsi, s'esquisse alors un
principe de sélectivité des pays receveurs dans la logique d'une
conditionnalité ex-ante fondée sur la qualité des
politiques économiques. Peut-être parce qu'elle avait de telles
implications politiques, l'analyse de Burnside et Dollar a fait l'objet de
nombreuses critiques dont l'hypothèse de sélectivité et
les conditionnalités.
2.2. La sélectivité de l'Aide
Selon le rapport Assessing Aid, l'hypothèse de
sélectivité de l'aide est justifiée par deux arguments
majeurs : l'aide est fongible et elle est sans effet sur la politique
économique.
2.2.1. La fongibilité de l'Aide
Le concept de fongibilité de l'aide fait
référence à la possibilité, pour le gouvernement
receveur, de réduire ses propres dépenses dans le secteur
ciblé par l'aide pour transférer ses fonds à d'autres
secteurs. Elle a donc pour conséquence un relâchement de la
contrainte budgétaire du pays receveur et l'aide s'ajoute simplement aux
ressources totales de l'Etat. Elle empêche ainsi les bailleurs de fonds
de cibler l'aide comme ils l'entendent.
L'analyse économétrique menée par
Feyzioglu, Swaroop et Zhu (1998) aborde la question suivant trois dimensions.
Tout d'abord, les auteurs tentent de déterminer si l'aide augmente les
dépenses du gouvernement ou permet au contraire au pays de
réduire les taxes ou le déficit public. Sur un échantillon
de 38 pays, les résultats de l'étude montrent qu'un dollar d'aide
n'augmente les dépenses du gouvernement que de 33%, suggérant un
degré élevé de fongibilité.
Ensuite, les auteurs examinent si l'aide finance les
dépenses d'investissement ou de consommation. Des estimations sur
l'échantillon restreint de 14 pays en développement
mettent en évidence que seul 29% d'un dollar d'aide sont
dirigés vers des dépenses d'investissement, le reste allant
à la consommation du gouvernement.
Enfin, Feyzioglu et al analysent si l'aide finance
effectivement le secteur ciblé par le pays donneur. Sur leur
échantillon de 14 pays, il semble que l'aide aux secteurs des transports
et des communications ne soit pas fongible, tandis que le résultat
opposé apparaît pour l'éducation, l'agriculture et
l'énergie. Cette étude a toutefois fait l'objet de nombreuses
critiques le pouvoir explicatif de leur modèle
économétrique est très faible et le caractère
significatif des coefficients est discutable. De plus, les analyses
transversales de la fongibilité ne laissent pas transparaître les
fortes différences existant au sein des pays en développement.
Par ailleurs, Pack et Pack (1990,1993) soulignent l'importance des
caractéristiques des systèmes budgétaires de chaque pays
en montrant que l'aide est fongible dans le cas de la République
dominicaine, mais pas dans celui de l'Indonésie.
Cependant les fondements des modèles de réponses
fiscales ont été étudiés par Heller (1975),
McGillivray et Morrissey (2000). Ces modèles examinent les
mécanismes par lesquels l'aide peut engendrer des comportements du
gouvernement qui sapent l'effet même de l'aide sur la croissance. Ils ont
donné lieu à des applications économétriques qui
suggèrent en général une certaine proportion de
fongibilité dans les flux d'aide, mais dont l'ampleur varie. Par
exemple, les estimations de Franco-Rodriguez, Morrissey et McGillivray (1998)
mettent en évidence dans le cas du Pakistan, sur la période
1965-1995, que la moitié de l'aide a un impact sur la consommation du
gouvernement et qu'elle a eu un effet faible mais positif sur l'investissement
public et un impact négatif sur l'effort de taxation.
Enfin, de nombreuses critiques soulignent que la
fongibilité ne constitue pas un problème. Selon Hjertholm,
Laursen et White (2000), si le pays receveur possède une plus grande
connaissance de la façon à maximiser l'impact de l'aide, la
fongibilité est susceptible d'être en fait un facteur positif pour
la croissance sous l'hypothèse que le pays receveur poursuit des
objectifs de croissance et de développement efficace. Ainsi, la question
de l'influence positive ou négative de la fongibilité
dépend des caractéristiques propres de chaque pays et des
interactions entre les objectifs des pays donneurs et receveurs.
2.2.2. L'impact de l'Aide sur les réformes
politiques
Le deuxième argument développé pour
justifier l'idée d'une sélectivité plus grande des
pays receveurs en fonction de leurs politiques économiques est
que l'aide n'a pas d'effet sur la qualité de ces politiques. Plusieurs
arguments théoriques ont été avancés concernant
l'effet de l'aide sur les réformes de politique. Tout d'abord, Sachs
(1994), Lafay et Morrison (1998),
Alesina et Drazen (1991), Nelson (1990), Waterbury (1989),
Amprou et Duret (2000) ont développé l'idée selon laquelle
l'aide peut permettre à un gouvernement de lancer les réformes en
compensant leurs coûts d'ajustement, notamment si ces coûts sont
supportés par un segment particulier de la population. En effet, les
mesures de stabilisation et d'ajustement imposent des coûts
immédiats, souvent concentrés sur des catégories de la
population facilement identifiables et mobilisables, tandis que les
bénéfices attendus de ces mesures sont différés,
incertains et diffus.
A l'opposé, selon Rodrik (1996), Berg (1993 et 1997),
les ressources extérieures réduisent à la fois le
coût des réformes et le coût de l'inertie
c'est-à-dire le coût d'éviter les réformes. Pour la
Banque mondiale, l'aide n'a pas été l'élément
principal des réformes économiques. Les raisons de cet
échec sont les dysfonctionnements dont souffre l'instrument permettant
à l'aide d'influencer les orientations de politiques économiques
à savoir la conditionnalité attachée aux
déboursements. Ce diagnostic est largement partagé par l'ensemble
des bailleurs mais les stratégies pour y remédier
diffèrent. Ainsi, la Commission européenne vise une
réforme de la conditionnalité, consistant à prendre en
compte des indicateurs de résultats. Tandis que la Banque Mondiale,
elle, propose une sélectivité ex-ante des pays receveurs
basée sur la qualité des politiques économiques comme
indicateur instrument.
Cependant, les deux points suivants développent
l'argument que l'aide n'a pas d'effet sur les réformes. Cet argument est
analysé à travers les dysfonctionnements des
conditionnalités et les analyses empiriques sur l'inefficacité de
l'aide en matière de promotion des réformes.
2.2.2.1. Les conditionnalités
La conditionnalité consiste en l'accord de financement
en contrepartie des réformes. Les bailleurs de fonds deviennent en
quelque sorte des « conseillers-payeurs ». Malgré deux
décennies de leur mise en oeuvre, les conditionnalités restent
toujours un instrument peu performant pour promouvoir les réformes
économiques. En effet, d'après Guillaumont (1995) les
difficultés d'application de ces conditionnalités et les
objectifs souvent contradictoires (débourser rapidement l'aide
accordée et conditionner ces déboursements à des
réformes destinées à favoriser durablement la croissance
économique) ont contribué à pervertir le
système.
Pour Collier (1997), deux éléments principaux
sont à la base de ces dysfonctionnements : la politique du gouvernement
déterminée par les forces politiques intérieures et la
formulation des conditionnalités n'est pas appropriée.
D'après Williamson (1994), Waterbury (1989), Stiles
(1990) et Haggard, Lafay et Morrison (1995), les choix des politiques
économiques sont dictés par l'orientation doctrinale des
responsables politiques et le comportement des groupes d'intérêt,
notamment leur opposition à l'égard de mesures susceptibles de
réduire les rentes de situation. Ainsi, lors de la conception des
politiques faisant l'objet de conditionnalités, ces deux
éléments représentent des obstacles à la
réforme et provoquent un manque d'intériorisation des programmes
soutenus par l'aide extérieure. Alors que le principe même de
l'aide à l'ajustement impliquait un engagement des pays à mettre
en oeuvre des réformes, il est fréquemment apparu que les
conditions de politique économique étaient acceptées sans
conviction, en raison de l'urgence d'obtenir un financement. Selon Guillaumont
(1995), suivant cette perspective, l'engagement formel à opérer
des réformes est devenu le prix à payer pour obtenir de l'argent.
Ainsi, la réforme est perçue comme un coût et non comme un
avantage. Face à la réticence des pays, à la lenteur des
réformes qui en a résulté et à l'échec de
nombreux programmes, la confiance des bailleurs de fonds a largement
baissé. Ceux-ci, devenus acheteurs de programmes, ont alors
été conduits à formuler des conditions de plus en plus
particulières et à s'impliquer davantage dans les réformes
pour en garantir la mise en oeuvre. Les programmes sont ainsi devenus l'affaire
des bailleurs de fonds, plus que celle des Etats receveurs.
L'étude de Dollar et Svensson (2000) estime la
probabilité de succès ou d'échec des programmes
d'ajustement structurel mis en oeuvre par la Banque mondiale, en fonction des
caractéristiques d'économie politique des pays receveurs
(gouvernement démocratique, stabilité politique, polarisation
ethnique) et de variables sous le contrôle de la Banque mondiale
(coûts administratifs liés à la préparation et au
suivi des programmes). Leur étude économétrique
suggère que le succès des programmes de réformes
dépend principalement des caractéristiques institutionnelles et
politiques des pays receveurs, les variables sous le contrôle de la
Banque mondiale n'étant, quant à elles, pas significatives.
Le deuxième élément susceptible de
provoquer des dysfonctionnements de l'aide est la formulation des
conditionnalités. La plupart des accords de financement comportent
plusieurs conditionnalités liées à différents
aspects d'une même réforme et correspondant au décaissement
de différentes tranches. La propension à n'appliquer que
partiellement les réformes convenues a été parfois
renforcée par la modération des sanctions effectives,
c'est-àdire par la poursuite des versements lorsque les conditions
prévues n'étaient pas vraiment remplies. Ainsi, les performances
des agences d'aide au développement sont le plus souvent mesurées
en fonction des taux de décaissement des volumes financiers
engagés. Selon cette
logique bureaucratique de succès, les institutions
financières ont considéré les conditionnalités
comme alors un moyen de pression qu'elles ne l'étaient pas.
Il apparaît donc que la conditionnalité
macro-économique, qui est aujourd'hui l'instrument principal permettant
aux bailleurs de fonds de promouvoir ou d' « acheter » les
réformes de politique économique dans les pays receveurs, souffre
de nombreux dysfonctionnements. Ces derniers constituent l'un des
éléments à l'origine des performances largement
discutées de l'aide en matière de promotion des
réformes.
2.2.2.2. L'effet de l'Aide sur les réformes :
évidence empirique
Une littérature abondante existe à propos du
lien entre aide et réforme. Les premières études,
notamment ceux de Mosley (1987), Mosley et al (1995) et Thomas et al (1991),
ont conclu avec scepticisme sur la capacité de l'aide à
promouvoir des réformes dans les pays où il n'y a pas
d'engagement fort en leur faveur. L'étude de la Banque Mondiale en 1994
classe 26 pays d'Afrique subsaharienne selon l'évolution de la
qualité de leur politique économique et selon l'évolution
des flux d'aide. Cette étude montre que, pour la plupart des pays du
continent africain ayant bénéficié de flux croissants
d'aide, la qualité des politiques s'est détériorée,
alors que pour une majorité des pays ayant vu diminuer leurs montants
d'aide, les politiques se sont améliorées.
Avec le développement des études
économétriques transversales, le débat sur
l'efficacité de l'aide a pris une nouvelle ampleur. Ainsi, en 1997
Burnside et Dollar ont fait un test empirique de l'effet de l'aide sur la
qualité des politiques économiques. Ils estiment une
équation de politique économique en fonction des
caractéristiques structurelles et politiques des pays. Alors que la
qualité des politiques économiques semble dépendre des
caractéristiques des pays receveurs, la variable d'aide est sans
effet.
Alesina et Dollar (1998, 2000) examinent quant à eux
l'effet de l'aide sur les changements de politique économique. Pour un
échantillon de 60 pays, ils identifient une centaine scénarios
d'augmentations et de diminutions importantes des montants d'aide et analysent
les évolutions (avant, pendant et après) de l'ouverture politique
(saisie par un indicateur de démocratisation) et économique
(saisie par un indicateur d'ouverture commerciale). Les auteurs concluent, en
comparant ces variables, que les variations importantes des montants d'aide ne
semblent pas précéder les réformes politiques ou
économiques. Ces analyses économétriques transversales
permettent de conclure un lien entre l'aide et la qualité des politiques
économiques. Cependant, selon Chauvet et Guillaumont (2004), l'aide peut
inciter le pays receveur d'adopter une meilleure politique économique.
Les travaux Amprou (2001)
montrent également que l'aide peut contribuer à
la promotion des réformes en les rendant politiquement soutenables,
grâce à une neutralisation des groupes d'intérêts
ayant une capacité de résistance. En permettant de compenser
partiellement et temporairement les torts subis par ces groupes, du fait de la
disparition de situations de rentes, l'aide peut faciliter le processus de
réformes.
Enfin, les études de cas concernant l'effet de l'aide
sur la qualité des politiques et la promotion des réformes
présentent des résultats plus nuancés que les analyses
économétriques. Les analyses faites par Devarajan et al (2001)
sur les liens entre l'aide et les réformes dans dix pays africains
suggèrent que l'aide a joué un rôle significatif et positif
dans deux pays réformateurs (le Ghana et l'Ouganda), mais que les pays
donneurs n'ont pas distingué efficacement les différents types de
pays receveurs et les différentes phases du processus de réforme.
Ces auteurs considèrent notamment que : « des montants d'aide
importants dirigés vers des pays ayant de mauvaises politiques
économiques ont eu tendance à faire durer ces mauvaises
politiques. Le financement a permis de différer les réformes
». D'après Berg et al (2001) dans les pays «
réformateurs moyens », les études de cas suggèrent
que l'aide a pu parfois influencer les réformes. Par exemple, en
Côte d'Ivoire avant la dévaluation du FCFA en 1994, de nombreuses
réformes visant à améliorer la compétitivité
ont été mises en oeuvre sous la pression des principaux pays
donneurs.
L'argument selon lequel l'aide n'a pas d'effet sur la
politique économique est présenté dans le rapport
Assessing Aid comme une justification de la nécessité
d'une certaine sélectivité des pays receveurs. Néanmoins,
alors que le constat d'échec de la pratique des conditionnalités
traditionnelles fait l'unanimité, l'absence totale d'effet de l'aide sur
l'amélioration des politiques est discutée et remise en cause par
certaines études empiriques, suggérant que l'aide peut influencer
les orientations de politique par un autre canal que celui des
conditionnalités. Par ailleurs, au début des années 90, le
débat sur l'efficacité de l'aide a commencé à
prendre en compte le principe de réduction de la pauvreté.
Section 3 : Efficacité de l'Aide en termes de
réduction de la pauvreté
Le débat sur l'efficacité de l'aide s'est
toujours focalisé sur son impact sur la croissance. Mais toutefois
depuis le début des années 1990, l'aide s'est progressivement
recentrée sur l'objectif de réduction de la pauvreté,
évolution concrétisée par l'engagement de 189 pays aux
Nations Unies (NU) à réduire la pauvreté dans le monde de
moitié d'ici à 2015. Ainsi, dans la perspective de la
réalisation des Objectifs du Millénaire pour le
développement, la question
suivante: sur quels critères les pays donneurs doivent-ils
allouer leur aide s'ils veulent avoir un effet maximum sur la réduction
de la pauvreté ?, est d'une grande importance.
Dans une première partie nous rappellerons les
conséquences du recentrage des objectifs de l'aide sur la lutte contre
la pauvreté pour le débat sur son efficacité. Dans une
deuxième partie, nous présenterons la démarche de Collier
et Dollar, les principales conclusions de leur étude et les critiques
qui leur ont été adressées.
3.1. L'efficacité de l'Aide : de la croissance
à la réduction de la pauvreté
Le débat de l'efficacité de l'aide s'est
déplacé d'une problématique de croissance vers celle de la
réduction de la pauvreté entraîne deux interrogations : (i)
quelle est l'influence de la croissance sur la réduction de la
pauvreté ? ; (ii) existe-t-il un effet direct de l'aide sur la
réduction de la pauvreté?
3.1.1. Relation entre croissance et réduction de la
pauvreté
La fin des années 1990 a été
marquée par la contribution positive de la croissance à la
réduction de la pauvreté. Ainsi, un certain nombre
d'études récentes ont tenté de déterminer dans
quelle proportion les bénéfices de la croissance profitent aux
populations les plus pauvres. Cette question a fait l'objet d'une très
vaste littérature.
Suivant la démarche de Foster et Székely (2001),
ces auteurs différencient les études en fonction du concept de
pauvreté retenu. Ainsi, une première approche consiste à
considérer un concept de pauvreté relative et à estimer
l'élasticité du revenu par habitant du premier quintile de la
distribution par rapport au revenu moyen. Par ailleurs les études de
Birdsall et Londono (1997), Roemer et Gugerty (1997), Gallup, Radelet et Warner
(1999) et Dollar et Kraay (2000) ont mis en évidence une
élasticité égale à 1 entre la croissance du revenu
moyen et le revenu des plus pauvres.
Une seconde approche consiste à examiner
l'élasticité de la pauvreté définie en termes
absolus par rapport à la croissance du revenu. Ravallion (2000),
Ravallion et Chen (1997) et Bruno, Ravallion et Squire (1998) trouvent une
élasticité de la proportion de la population vivant sous le seuil
de pauvreté proche de 2, suggérant qu'une augmentation du revenu
moyen de 10 % se traduit par une diminution du nombre de personnes vivant sous
le seuil de pauvreté de 20 %. Cependant, De Janvry et Sadoulet (2000)
estiment des élasticités plus faibles (proches de 1) dans le cas
de l'Amérique latine.
Par ailleurs, certaines conditions structurelles ou initiales
sont susceptibles d'affecter la contribution de la croissance à la
réduction de la pauvreté. Ainsi par exemple, l'importance
des inégalités initiales a été
soulignée par Bourguignon (2000), De Janvry et Sadoulet (2000) et
Heltberg (2001). De même, la part de l'agriculture dans le PIB, les
caractéristiques démographiques (taux de croissance de la
population, distribution de la population entre les secteurs ruraux et urbains)
peuvent affecter la contribution de la croissance à la lutte contre la
pauvreté.
Enfin, la qualité et les caractéristiques de la
croissance du revenu peuvent également jouer. Ravallion et Datt (1996)
ont par exemple mis en évidence qu'en Inde, la croissance du secteur
secondaire réduit moins la pauvreté que celle des secteurs
primaires et tertiaires. Cependant, si l'influence positive de la croissance
pour la réduction de la pauvreté est largement acceptée,
sa relation avec les inégalités fait toujours l'objet d'un
important débat.
Psacharopoulos et al (1995) ont mis en évidence dans le
cas de l'Amérique latine, que les inégalités, comme la
pauvreté, réagissent contra-cycliquement avec la croissance. Mais
d'autres études sont moins optimistes. Par exemple, l'analyse de
Ravallion et Chen (1997), sur 42 pays, ne leur permet pas de mettre en
évidence une influence de la croissance du revenu sur le niveau des
inégalités. De même, pour 12 pays d'Amérique latine,
De Janvry et Sadoulet (2000) concluent que la croissance du revenu a certes
permis de réduire la pauvreté, mais pas les
inégalités.
3.1.2. L'effet de l'Aide sur la réduction de la
pauvreté
Pour comprendre l'effet de l'aide sur la réduction de
la pauvreté, certains auteurs ont invoqué son impact sur la
croissance économique : si l'aide contribue à la croissance et
que la croissance contribue à la réduction de la pauvreté,
alors l'aide permet de lutter contre la pauvreté. Cependant, ce
raisonnement repose sur l'hypothèse que l'aide n'a pas d'effet direct
sur la pauvreté et que son effet passe essentiellement par la
croissance. Cette approche est remise en cause par les résultats d'un
certain nombre d'études, qui soulignent un effet direct de l'aide sur
des indicateurs de développement humain, ou encore un effet indirect qui
passe par d'autres canaux que celui de la croissance. Ainsi par exemple,
Burnside et Dollar (1998) analysent l'effet de l'aide sur la baisse de la
mortalité infantile, un indicateur de bien-être des populations
très fortement corrélé au niveau de pauvreté et
dont les données sont disponibles pour de nombreux pays. Leur
étude économétrique suggère que dans un bon
environnement de politiques économiques, l'aide permet de réduire
la mortalité infantile. Plus récemment, Gomanee et al (2003)
mettent en évidence une influence positive de l'aide sur l'indicateur de
développement humain et sur la réduction de la mortalité
infantile, l'effet qui passe par le financement de dépenses publiques
favorables aux plus pauvres. Il faut toutefois rappeler que
des résultats sensiblement différents ont
été mis en évidence par Mosley et al. (1987) et Boone
(1996), dont les analyses économétriques suggèrent
l'absence d'effet de l'aide sur la mortalité infantile. Enfin, Kosack
(2003) souligne que l'aide n'a un effet sur l'indicateur de
développement humain que dans les régimes
démocratiques.
3.2. L'analyse de Collier et Dollar sur la relation Aide et
réduction de la pauvreté.
Collier et Dollar (2001, 2002) développent un
modèle d'allocation d'aide dont l'objectif est de maximiser la
réduction de la pauvreté. Leur modèle se fonde sur deux
idées : (i) l'aide a un effet positif sur la croissance dans les pays
ayant mis en place de bonnes politiques économiques (Burnside et Dollar,
1997, 2000); et (ii) la croissance entraîne une réduction de la
pauvreté (Ravallion et Chen, 1997 ; Dollar et Kraay, 2000). Leur analyse
réside alors dans l'idée suivante :
« Pour maximiser la réduction de la pauvreté,
l'aide devrait être allouée aux pays ayant de graves
problèmes de pauvreté et de bonnes politiques économiques
».
L'allocation géographique de l'aide qui permet de
maximiser la réduction de la pauvreté est identifiée par
les auteurs en égalisant, pour tous les pays receveurs, le nombre de
personnes sortant de la pauvreté grâce à un dollar
supplémentaire d'aide.
Pour procéder à cet exercice de maximisation de
la réduction de la pauvreté par l'allocation d'aide, Collier et
Dollar doivent mesurer d'une part l'effet marginal de l'aide sur la croissance
et d'autre part l'effet de la croissance sur la réduction de la
pauvreté.
3.2.1. Mesure de l'effet marginal de l'Aide sur la
croissance économique
Dans la logique de l'analyse de Burnside et Dollar, l'effet
sur la croissance d'un dollar supplémentaire d'aide dépend de la
qualité des politiques économiques et du montant d'aide
lui-même.
En effet, Collier et Dollar estiment une équation de
croissance de la forme :
(1) g = â 0 +
â1X + â2P
+ â3A + â
4 A + â5AP
où X représente l'ensemble des conditions
2
exogènes, P les politiques économiques et
A l'aide en proportion du PIB. Alors, la contribution marginale de
l'aide à la croissance, ga, peut s'exprimer :
(2) g a
=â3+2â4A+â5P
L'effet marginal de l'aide sur la croissance est au coeur de la
détermination d'une allocation d'aide maximisant la réduction
de la pauvreté. Leur conclusion selon laquelle l'effet de l'aide sur
la croissance dépend de la qualité de l'environnement
économique a toutefois fait l'objet
de nombreuses critiques. Ces critiques soulignent notamment que
le coefficientâ5, qui est au
coeur de l'allocation optimale de l'aide, est susceptible
d'être biaisé pour diverses raisons: méthode d'estimation
inadaptée, présence de points aberrants, mauvaise
spécification du modèle.
Cependant, la présence du montant d'aide dans la
contribution marginale de l'aide à la croissance est liée au
terme d'aide au carré dans l'équation de croissance. Collier et
Dollar (2001, 2002) introduisent cette variable pour tester l'hypothèse
de rendements marginaux décroissants de l'aide, hypothèse
essentielle pour leur analyse. Sans elle, en effet, l'allocation optimale de
l'aide consisterait d'abord à allouer toute l'aide au pays dans lequel
elle est le plus efficace, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de pauvres dans
ce pays, puis de passer au pays suivant. Une telle allocation serait
confrontée à la question de son réalisme politique.
L'existence de rendements marginaux décroissants de
l'aide ne fait cependant pas l'objet d'un consensus. La robustesse empirique de
la variable d'aide au carré a été mise en cause par de
nombreux auteurs notamment Hansen et Tarp (2001). La spécification de la
relation aide- croissance pose d'ailleurs certains problèmes dans
l'analyse même de Collier et Dollar, puisque si les auteurs mettent en
évidence un effet significativement négatif de l'aide au
carré, le coefficient de l'aide est, quant à lui,
non-significativement négatif. Ce résultat remet en cause
l'hypothèse de rendements décroissants qui nécessite
conjointement un effet positif de l'aide et un effet négatif de son
carré, tous deux devant être significatifs.
3.2.2 Mesure de l'effet de la croissance sur la
réduction de la pauvreté
Pour calculer l'allocation de l'aide qui maximise la
réduction de la pauvreté, des mesures du niveau de
pauvreté et de l'élasticité de la pauvreté par
rapport à la croissance du revenu sont nécessaires. Collier et
Dollar mesurent la pauvreté par la proportion de la population vivant
avec moins de 2$ par jour (headcount index). Ils font d'autre part
l'hypothèse d'une élasticité constante de la
pauvreté par rapport à la croissance, identique pour tous les
pays et égale à 2 (la valeur médiane de
l'élasticité obtenue par Ravallion et Chen (1997) pour les pays
de leur échantillon). Selon Beynon (2003) l'hypothèse
d'élasticité constante et égale à 2 pour tous les
pays est toutefois simplificatrice et tend à favoriser les pays
très inégalitaires dont les taux de pauvreté sont plus
élevés pour un niveau de revenu per capita donné. En
effet, Bourguignon (2000) et Heltberg (2001) ont mis en évidence que la
valeur absolue de cette élasticité dépend positivement du
revenu per capita et négativement de l'inégalité initiale
des revenus. Or, si l'élasticité de la pauvreté par
rapport à la croissance est plus faible dans les pays très
inégalitaires, ceux-ci devraient recevoir relativement
moins d'aide, puisque alors l'aide est moins efficace en matière de
réduction de la pauvreté. En outre, l'analyse de Collier et
Dollar fait l'hypothèse que l'élasticité de la
pauvreté par rapport à la croissance ne dépend pas de
l'aide elle-même et que l'aide n'a pas d'effet direct sur la
pauvreté c'est-à-dire que l'aide est neutre en terme de
distribution des revenus. Or, selon Guillaumont (1999,2000), même s'il
semble paradoxal de chercher à réduire la pauvreté en
allouant l'aide sur la base d'une méthode retenant l'hypothèse
que l'aide n'a pas d'effet propre sur la distribution des revenus et sur la
pauvreté autre que celle qui passe par la croissance des revenus.
Ainsi, comme nous l'avons déjà souligné,
l'analyse de Collier et Dollar repose sur des hypothèses lourdes (i)
l'efficacité de l'aide en termes de croissance est plus importante dans
les pays ayant mis en place des politiques économiques saines et (ii)
l'effet de l'aide sur la réduction de la pauvreté passe par la
croissance. Si ces hypothèses étaient levées ou
amendées, le modèle d'allocation optimale obtenu serait
très différent.
L'analyse de Collier et Dollar a été largement
critiquée par les économistes. Car il existe une vaste
littérature qui a permis d'étudier l'efficacité de l'aide
par d'autres moyens alternatif outre la croissance et la pauvreté. De
nombreux auteurs ont notamment défendu l'idée que d'autres
facteurs sont susceptibles d'influencer l'efficacité de l'aide : les
problèmes de capacité d'absorption des pays receveurs d'aide, la
volatilité des flux d'aide, la vulnérabilité des pays en
développement à des chocs externes et l'instabilité
socio-politique à laquelle ils sont confrontés.
Chapitre 3 : L'efficacité de l'Aide au
Sénégal : Une analyse économétrique
L'efficacité de l'aide reçue par le
Sénégal de 1980 à 2003 est analysée dans ce
chapitre. Mais d'abord, la spécification du modèle, puis une
analyse des résultats est entreprise avant de présenter les
recommandations de politiques économiques qui découlent de
l'analyse.
Section 1 : Spécification du Modèle
1.1. Le Modèle
Le modèle qui sera adopté va compter deux
systèmes : d'abord nous verrons l'impact de l'aide sur la croissance
économique et ensuite on étudiera l'aide en tant que source
principale de financement des secteurs de la santé et de
l'éducation.
1.1.1. Efficacité de l'Aide : Optique de la
croissance économique
Beaucoup de modèles ont été
développés pour étudier l'impact de l'aide sur la
croissance. En effet, Boone (1996) est le premier à faire une analyse
macroéconomique de l'impact de l'Aide dans un modèle de
croissance néoclassique. Mais c'est le modèle de Burnside et
Dollar (2000) qui a été d'une avancée majeure.
Cependant, l'étude de l'impact de l'aide sur la
croissance en Afrique a surtout connu un grand succès avec le
modèle de Morrissey & al (2002) sur les pays d'Afrique
sub-saharienne. C'est ce dernier modèle que nous allons adopter. La base
de ce modèle est que l'aide a un impact sur la croissance par les canaux
de l'investissement, les dépenses gouvernementales et les importations.
Ainsi, le taux de croissance économique (Y) dépend de l'Aide en
pourcentage du PIB(AID), des variables de transmission (l'investissement (INV),
des dépenses gouvernementales (GCON) et des importations (MPIB)), de
l'inflation (INF), du pourcentage de la population ayant terminé
l'école primaire (PRIC) et du Produit Intérieur Brut per capita
(PIBO). Les investissements, les dépenses publiques et les importations
sont pris en pourcentage du PIB (ceci est valable durant toute l'analyse
économétrique).
Y PIBO PRIC INV INF GCON MPIB AID
t t t t t t t t t
= + - + + + + + + +
á á á á á á
á á å
0 1 1 2 3 4 5 6 7 1
(1.1)
Ce modèle étudie aussi l'impact de l'aide sur les
variables de transmission. Donc l'investissement (INV) sera estimé
par l'investissement antérieur, le pourcentage de la population ayant
terminé l'école primaire (PRIC), l'inflation (INF), le logarithme
du rapport
crédit accordé au secteur privé sur celui du
secteur public (log (CRED)) et par l'Aide en pourcentage du PIB (AID).
INV INV PRIC INF CRED AID
t t t t t t t
= + - + + + + +
â â â â â log( )
â å (1.2)
0 1 1 2 3 4 5 2
Quant aux importations, elles sont financées par l'Aide
en pourcentage du PIB (AID), les exportations en pourcentage du PIB (XPIB) et
dépendent du taux d'ouverture (TO) et du taux de change réel
(ER).
MPIBXPIB AID TO ER
t t
= + + + + +
ä ä ä ä ä å (1.3)
0 1 2 3 4 3
Et enfin, les dépenses du gouvernement (en pourcentage
du PIB) sont financées par les recettes fiscales en pourcentage du PIB
(TRPIB), l'Aide en pourcentage du PIB (AID), la dette extérieure en
pourcentage du PIB (EXTDEBT) et l'inflation (INF) qui représente ici le
seigneuriage.
GCON TRPIB INF EXTDEBT AID
t t t T
= + + + + +
ë ë ë ë ë å (1.4)
0 1 2 3 4 4
Donc pour l'efficacité de l'Aide suivant l'optique de la
croissance on aura le premier système suivant :
Y PIBO PRIC INV INF GCON MPIB AID
t t t t t t t t
= + - + + + + + + +
á á á á á á
á á å
0 1 1 2 3 4 5 6 7 1
(1.1)
INV INV PRIC INF CRED AID
t t t t t t t
= + - + + + + +
â â â â â log( )
â å (1.2)
0 1 1 2 3 4 5 2
MPIBXPIB AID TO ER
t t
= + + + + +
ä ä ä ä ä å (1.3)
0 1 2 3 4 3
GCON TRPIB INF EXTDEBT AID
t t t T
= + + + + +
ë ë ë ë ë å (1.4)
0 1 2 3 4 4
|
t
|
1.1.2. Efficacité de l'Aide : Optique de la
réduction de la pauvreté
Depuis les années 1990, l'efficacité de l'Aide
s'est faite suivant l'optique de réduction de la pauvreté. Si
l'Aide est destinée à la réduction de la pauvreté,
ou du moins à l'amélioration du bien être des conditions de
vie de la population pauvre, à l'amélioration de l'offre de biens
publics (comme la santé et l'éducation). Donc, nous allons
étudier l'impact de l'Aide sur la pauvreté par l'impact qu'elle
aura sur les secteurs sociaux tels que l'éducation et la
santé.
Les dépenses de santé en pourcentage du PIB
(SAN) dépendent de l'Aide en pourcentage du PIB (AID), du Produit
Intérieur Brut per capita (PIBO), du revenu courant moyen (REVC) et des
dépenses de santé antérieures (en pourcentage du PIB).
SAN SAN AID PIBO RE VC
t t t t t t
= + - + + + +
ì ì ì ì ì å
(2.1)
0 1 1 2 3 4 5
Les dépenses d'éducation en pourcentage du PIB
(EDU) dépendent de l'Aide en pourcentage du PIB (AID), du revenu courant
moyen (REVC), du Produit Intérieur Brut per capita (PIBO) et des
dépenses d'éducation antérieures( en pourcentage du
PIB).
EDU EDU PIBO AID RE VC
t t t t t t
= + - + + + +
ç ç ç ç ç å
(2.2)
0 1 1 2 3 4 6
Donc pour l'efficacité de l'aide suivant l'optique de la
réduction de la pauvreté nous avons le deuxième
système suivant :
SAN SAN AID PIBO RE VC
t t t t t t
= + - + + + +
ì ì ì ì ì å
(2.1)
0 1 1 2 3 4 5
EDU EDU PIBO AID RE VC
t t t t t
= + - + + + +
ç ç ç ç ç å
(2.2)
0 1 1 2 3 4 6
1.2. Méthodes d'estimation et sources de
données
1.2.1. Les sources de données et période
d'étude
Les données proviennent essentiellement de la base de
donnée de la Direction de la Prévision et de la Statistique
(BADIS-Edition 2003-2004), du World Bank Indicator 2005 (WDI) et des
statistiques du Fonds Monétaires Internationales (FMI) 2005.
L'Aide a commencé à avoir une grande
considération au début des années 1980 avec le
début des programmes d'ajustement structurel initiés par la
Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI) d'où la
période d'estimation est celle de 1980 à 2003.
1.2.2. Technique d'estimation
économétrique
Le choix d'un modèle linéaire à
équations simultanées se justifie par le fait que les flux d'Aide
entrants peuvent influencer le taux de croissance par les canaux de
l'investissement, des importations et des dépenses publiques, et
l'amélioration du bien-être de la population. Le fait d'estimer en
une seule équation ne permet pas de prendre en compte cette
interdépendance entre les variables, et ne pas en tenir compte peut
aboutir à des biais et à des estimations peu consistantes
d'où les deux systèmes afin de mieux appréhender la notion
d'efficacité de l'Aide.
1.2.2.1. L'identification des
équations
Avant toute estimation d'un modèle linéaire
à équations simultanées, il est important de s'assurer que
les équations du modèle sont identifiées. Soient g, le
nombre de variables endogènes du modèle, g' le nombre de
variables endogènes de l'équation, k le nombre de variables
exogènes du modèle, et k' le nombre de variables exogènes
de l'équation, la condition de l'identification se présente comme
suit :
Si (g - g') + (k - k') < (g - 1),
l'équation est sous identifiée et ses paramètres ne
peuvent pas être estimés.
Si (g - g') + (k - k') = (g - 1),
l'équation est juste identifiée. L'équation peut
être estimée par les moindres carrés indirects (MCI) ou les
doubles moindres carrés (D.M.C).
Si (g - g') + (k - k') > (g - 1),
l'équation est suridentifiée et les paramètres de
l'équation peuvent être estimés par les doubles moindres
carrés (D.M.C).
1.2.2.2. Choix de la technique d'estimation
Dans la littérature économique, l'estimation de
l'efficacité est effectuée le plus souvent pour une
sous-région (exemple l'Afrique subsaharienne) donc utilisant des
données de panel.
En appliquant les conditions d'identification ci-dessus
mentionnées aux équations et eu égard aux choix
disponibles, la technique des doubles moindres carrés semble la plus
appropriée dans le cadre de notre travail car les équations sont
suridentifiées. Nous procéderons ensuite à
différents tests, les tests de diagnostic et de validation pour
interpréter les résultats. Toutes ces estimations se feront avec
le logiciel EVIEWS 3.1.
Section 2 : Analyse et Interprétation des
résultats
Dans cette partie nous procéderons d'abord aux tests
d'homocédasticité et d'autocorrélation des résidus,
avant de voir la significativité globale et des paramètres et
enfin une interprétation des résultats.
2.1. Test d'Homocédasticité des
résidus (Test de White) Hypothèses :
H0 : Erreurs homocédastiques
H1 : Erreurs
hétérocédastiques
Les erreurs sont homocédastiques si Probability est
supérieure à 5%. Les erreurs sont
hétérocédastiques si Probability est inférieure ou
égale à 5%. D'après les valeurs obtenues dans le tableau
(11) toutes les probabilités sont supérieures à 5%, on
accepte l'hypothèse d'Homocédasticité des erreurs. Les
estimations obtenues par la méthode des doubles moindres carrés
sont optimales.
Tableau 11: Test
d'Homocédasticité des résidus
Modèle
|
Système 1
|
Système 2
|
Equations
|
1.1
|
1.2
|
1.3
|
1.4
|
2.1
|
2.2
|
F-Statistics
|
1.532099
|
0.766811
|
0.446448
|
0.199004
|
2.530975
|
0.659785
|
Prob(F- Statistics)
|
0.263156
|
0.269721
|
0.874432
|
0.986565
|
0.110910
|
0.716540
|
Obs*R- squared
|
16.90626
|
9.298768
|
4.615551
|
2.302838
|
5.527733
|
6.485058
|
Probability
|
0.261208
|
0.504004
|
0.797764
|
0.970292
|
0.063048
|
0.593066
|
2.2. Test d'autocorrélation des résidus (Test
de Breuch-Godfred) Hypothèses :
H0 : Erreurs non corrélées
H1 : Erreurs corrélées
On accepte l'hypothèse H0 si la valeur
de Probability est supérieure à 5% et H1 si
Probability
est inférieure à 5%. Les valeurs de Probability
(voir tableau 12) sont toutes supérieures à 5% d'où les
erreurs sont non corrélées.
Tableau 12 : Test d'autocorrélation des
résidus
Modèle
|
Système 1
|
Système 2
|
Equations
|
1.1
|
1.2
|
1.3
|
1.4
|
2.1
|
2.2
|
F-Statistics
|
1.567470
|
1.479636
|
0.087779
|
1.270822
|
2.530975
|
0.508056
|
Prob(FStatistics)
|
0.243063
|
0.269721
|
0.916375
|
0.305947
|
0.110910
|
0.613130
|
Obs*R- squared
|
4.390943
|
4.027873
|
0.245314
|
3.121510
|
5.527733
|
1.449919
|
Probability
|
0.111306
|
0.133462
|
0.884567
|
0.209977
|
0.063048
|
0.484344
|
2.3. Test de significativité
Pour cette partie nous procéderons d'abord par le test de
significativité globale avec l'interprétation du R2 et
ensuite on aura le test de significativités des paramètres.
2.3.1. Test de Significativité globale (Test de
Fisher)
Le test de significativité globale ou test de Fisher
(voir tableau 13) permet de juger de la qualité d'un modèle. Le
modèle est globalement significatif si R2 est proche de 1 ou
la Prob (F-Statistics) est inférieure à 5%.On a pour toutes les
équations un R2 proche de 1 (car on a de 0,68 à 0,99)
d'où une bonne spécification des équations. On constate
que les importations(1 .3) sont bien spécifiées avec
R2 =0.99 c'est-à-dire 99% des fluctuations des importations
sont expliquées par les exportations, l'aide, le taux de change
réel et le taux d'ouverture.
2.3.2. Test de Significativité des
paramètres (Test de Student)
Une variable exogène a une influence significative sur la
variable dépendante si la probabilité est inférieure
à 5%( ou 1% et 10%) (Voir tableau 13).
Ainsi, le Produit Intérieur Brut par tête (PIBO),
le niveau d'éducation primaire (PRIC), l'inflation (INF),
l'investissement (INV), les importations (MPIB) et l'Aide Publique au
Développement en pourcentage du PIB (AID) ont une influence
significative sur le taux de croissance du Sénégal sur la
période de 1980 à 2003. Cependant, la variable dépenses
publiques n'a aucun impact significatif sur la croissance économique.
Le niveau d'éducation primaire, l'investissement
antérieur (INV (-1)), l'Aide, l'inflation et le rapport crédit
secteur privé à celui du secteur public (Log (CRED) ont une
influence significative sur l'investissement.
Les exportations (XPIB), l'Aide en pourcentage du PIB, le taux de
change réel (ER) et le taux d'ouverture (TO) ont une influence
significative sur les importations du Sénégal.
L'inflation, les recettes fiscales (TRPIB), la dette
extérieure (EXDEBT) et l'Aide ont une influence significative sur les
dépenses publiques (GCON).
Le Produit Intérieur Brut par tête, les
dépenses antérieures en santé, le revenu courant par
tête (REVC) et l'Aide ont un impact significatif sur les dépenses
en santé.
Et enfin, le PIB par tête, les dépenses
antérieures en éducation et l'Aide ont une influence
significative sur les dépenses d'éducation.
Tableau 13: Test de
significativité
Modèle
|
Système 1
|
Système 2
|
Variables dépendantes
|
Y
|
INV
|
MPIB
|
GCON
|
SAN
|
EDU
|
C
|
-12.19654
(0.3081)
|
-39.67499
(0.2208)
|
2.259434
(0.5071)
|
6.432917 (0.0001)*
|
9.848720
(0.0408)**
|
2.319472
(0.0165)*
|
PIBO
|
|
|
|
|
0.016766
(0.0933)***
|
0.012313
(0.0705)***
|
PIBO(-1)
|
0.001115
(0.0253)**
|
|
|
|
|
|
PRIC
|
0.916650
(0.0840)***
|
0.093214 (0.0092)*
|
|
|
|
|
INF
|
-0.026715
(0.0043)*
|
-0.106082
(0.0640)***
|
|
-0.084901 (0.0001)*
|
|
|
INV
|
0.201409 (0.01 18)*
|
|
|
|
|
|
INV (-1)
|
|
0.510717
(0.0767)***
|
|
|
|
|
Log (CRED)
|
|
0.243400 (0.0108)*
|
|
|
|
|
MPIB
|
0.241968
(0.0375)**
|
|
|
|
|
|
XPIB
|
|
|
0.748225
(0.0047)*
|
|
|
|
TO
|
|
|
-1.924071
(0.0098)
|
|
|
|
ER
|
|
|
-0.868922
(0.0543)**
|
|
|
|
GCON
|
-0.642414
(0.2051)
|
|
|
|
|
|
TRPIB
|
|
|
|
1.173892 (0.0000)*
|
|
|
EXTDEBT
|
|
|
|
-0.347131 (0.0274)*
|
|
|
REVC
|
|
|
|
|
-1.142050
(0.0262)**
|
-0.247695
(0.4144)
|
EDU (-1)
|
|
|
|
|
|
0.425765
(0.0658)***
|
SAN (-1)
|
|
|
|
|
0.63443 1
(0.003 1)*
|
|
AID
|
0.730222
(0.0296)**
|
0.332246
(0.0833)***
|
0.356103
(0.0002)*
|
0.148095
(0.0234)**
|
0.283315
(0.0725)***
|
1.966401
(0.1089)***
|
R2
|
0.688281
|
0.825617
|
0.991053
|
0.967180
|
0.653346
|
0.941600
|
Prob(F-Statistics)
|
0.003530
|
0.000149
|
0.000000
|
0.000000
|
0.000497
|
0.000000
|
Nbre d'observation
|
24
|
24
|
24
|
24
|
24
|
24
|
(.) Représente la probabilité du t-Student
*significatif à 1%
** Significatif à 5%
*** Significatif à 10%
2.4. Test de stabilité (Test de Chow Breakpoint)
L'un des critères les plus important pour l'estimation
d'un modèle est qu'elle doit rester valable pour des données
autres que celles qui ont été utilisées lors de
l'estimation. Ce critère
est celui de la constance des paramètres. Pour cela
nous avons utilisé le test de Chow Breakpoint pour l'année 1994.
Cette année est importante car la dévaluation a permis à
l'économie sénégalaise de renouer de nouveau avec la
croissance et les secteurs sociaux comme la santé et l'éducation
sont pris en compte.
Les résultats du tableau ci-dessous montrent que le
modèle est stable car les valeurs de Probability sont supérieures
à 5%. Donc La dévaluation n'a pas entraîné
d'instabilité au niveau de la croissance, de l'investissement, des
importations, des dépenses gouvernementales, de l'éducation et de
la santé.
Tableau 14 : Test de Chow Breakpoint
Modèle
|
Système 1
|
Système 2
|
Equations
|
1.1
|
1.2
|
1.3
|
1.4
|
2.1
|
2.2
|
F-statistic
|
2.436010
|
3.401313
|
1.327557
|
0.658642
|
0.640480
|
1.717192
|
Probability
|
0.114712
|
0.067121
|
0.308727
|
0.660439
|
0.673232
|
0.218202
|
2.5. Interprétation des résultats
L'Aide est efficace lorsque le coefficient est significatif et
positif. Donc il sera traité dans cette partie que l'impact de l'Aide
sur la croissance, l'investissement, les importations, les dépenses
gouvernementales, la santé et l'éducation.
Relation : Aide et Taux de croissance
économique
L'Aide a un impact positif et significatif sur le taux de
croissance. Ainsi, une augmentation d'un point du ratio Aide/PIB contribue
à une amélioration du taux de croissance économique de
0,73. Cet effet est expliqué par le fait que l'Aide est allouée
au niveau de l'investissement productif qui a un impact direct sur la
croissance économique. Ce résultat est en nette conformité
avec les travaux de Morrissey et al qui trouvent un coefficient de (0,17) entre
l'Aide et le taux de croissance des pays de l'Afrique subsaharienne.
Relation: Aide et Investissement
L'Aide a un impact positif et significatif sur
l'investissement du Sénégal. D'où une augmentation de
l'Aide de 10% entraîne un accroissement des investissements de 3,3%.
Alors le principal facteur déterminant de l'impact de l'Aide sur la
croissance apparaît à travers l'investissement. Ce constat se
justifie car le Sénégal bénéficie de projets
financés par l'Aide comme le Programme Sectorielle de Transport II (PST
II). Ces investissements d'infrastructures ont un impact direct et à
court terme sur le taux de croissance économique.
Relation: Aide et les Importations
L'Aide a un impact positif et significatif sur les
importations. Un accroissement de l'Aide de 10% entraîne une augmentation
des importations de 3,5%. Ce résultat s'explique du fait que la plupart
des bailleurs lorsqu'ils financent un projet, ce sont leurs propres agences
d'exécution qui prennent le projet en main. Il y a aussi l'intervention
des spécialistes des donateurs tout au long du cycle de vie du
projet.
Relation : Aide et les dépenses
gouvernementales
L'Aide a un impact significatif et positif au niveau des
dépenses gouvernementales. D'où l'augmentation de 10% de l'Aide
contribuerait à une amélioration des dépenses publiques de
1,48%. Ce résultat se justifie car d'après les dernières
estimations, le Sénégal bénéficie de 60% d'appui
Budgétaire. Ce genre de financement, même s'il a tendance à
gagner du terrain dans les pays en développement afin de résoudre
les problèmes de procédures des bailleurs, mais est une porte
ouverte à la corruption.
Relation: Aide et les dépenses en
santé
L'Aide est très efficace au niveau du secteur de la
santé. Ainsi, un accroissement de l'Aide de 10% aura pour
conséquence d'augmenter les dépenses en santé de 1,48%. Ce
résultat est en parfaite corrélation avec les programmes de
santé privilégiés par les bailleurs comme le programme
VIH/sida, le programme de lutte contre le paludisme, et le Programme
Décennal Intégré de la Santé (PDIS) qui a permis
à l'équipement des hôpitaux et la construction de poste de
santé dans les villages les plus reculés. L'Aide contribue
à financer la mise en place de nouveaux établissements de
santé, la formation du personnel et le lancement de campagnes
d'information. Mais aussi, à travers le Plan National de
Développement Sanitaire (PNDS) mis en place pour la période
1998-2007 à la suite d'une large concertation ayant impliqué tous
les échelons de la pyramide de santé, l'Etat vise principalement
l'amélioration du bien-être des populations par la
réduction de la mortalité notamment infanto-juvénile et
maternelle, de la morbidité, des invalidités, etc.
Malheureusement ces projets souffrent d'un suivi à long terme et de la
qualité du personnel que l'Etat est incapable de gérer sans
l'appui des donateurs.
Relation : Aide et les dépenses en
éducation
L'Aide est très efficace au niveau du secteur de
l'éducation. Une augmentation de l'Aide de 10% entraîne un
accroissement des dépenses en éducation de 19,6%. Ce secteur est
privilégié par les bailleurs surtout la Banque Mondiale, l'Union
Européenne et l'Agence Canadienne.
En effet, le Sénégal bénéficie du
Programme Décennal de l'Education et de la Formation (PDEF). Ce
programme a permis la construction de lycées, de salle de classes,
l'amélioration de la qualité de l'enseignement, le renforcement
des bibliothèques ...
Nos résultats sont en conformité avec les
conclusions de Morrissey et al (2002). Cependant, d'après une
étude récente de Clémens, Radelet et Bhavnani (2004)
aboutit que l'impact de l'Aide sur la croissance dépend du type d'aide
reçue. L'aide pour les catastrophes, les urgences et les efforts de
secours humanitaires, y compris l'aide alimentaire ont une corrélation
négative avec la croissance. L'aide à la protection de la nature
et aux réformes démocratiques a une faible corrélation sur
la croissance. Ce type d'aide est appelé « aide à effet
tardif ». Et enfin, l'aide à la construction d'infrastructure,
routes, systèmes d'irrigation, centrales de production
d'électricité et de ports, influe assez rapidement sur la
croissance. C'est cette « aide à effet rapide » que le
Sénégal a tendance à bénéficier.
Pour conclure, d'après notre analyse ci-dessus nous
pouvons dire que l'Aide a contribué efficacement à la croissance
économique du Sénégal à travers l'investissement,
les importations (vérification de l'hypothèse 1) mais pour les
dépenses publiques même si l'Aide y contribue efficace n'est pas
un élément de la croissance. L'aide a permis à
l'amélioration du bien être de la population (vérification
de l'hypothèse 2) sur la période 1980-2003.
Section 3 : Recommandation de Politiques
Economiques
Les recommandations insisteront surtout sur la gestion des
ressources de l'aide car c'est le principal problème du gouvernement
sénégal.
L'Aide au Sénégal vise pour l'essentiel à
la réduction de la pauvreté et à l'amélioration des
indicateurs sociaux, elle doit plutôt être concentrée sur la
promotion des investissements et des exportations qui sont des facteurs
clé de la croissance économique.
Au niveau de la santé, L'adoption de financements
innovants c'est-à-dire des ressources supplémentaires autre que
l'Aide Publique au Développement par les Organisations non-
gouvernementales (ONG), des volontaires, peut contribuer à une
amélioration considérable de ce secteur. L'éducation est
le secteur le plus financé par les donateurs, des efforts notoires
doivent y être consacrés comme la qualité de l'enseignement
et le taux d'échec élevé au niveau de l'enseignement
supérieur et l'augmentation de plus en plus grandissante de
chômeur diplômé.
Un autre élément crucial pour l'efficacité
de l'Aide est le renforcement et la mobilisation des capacités
internes ainsi que la poursuite des réformes techniques visant à
améliorer le rythme de décaissement des fonds et
d'exécution des dépenses notamment à travers la
décentralisation et la déconcentration de la
gestion budgétaire, à alléger les procédures et les
délais de passation des marchés, à mieux maîtriser
la qualité des coûts unitaires ainsi qu'à mettre en place
des fonds de contrepartie et des ressources pérennes au-delà de
l'intervention des bailleurs. Et enfin, plusieurs mesures pourraient contribuer
à améliorer les capacités dont le gouvernement doit
disposer pour gérer efficacement ses ressources provenant de l'aide.
Premièrement, les donateurs devraient procéder à une
simplification et harmonisation des procédures. En effet, une multitude
de projets engendre de nombreux effets pervers. Il est non seulement impossible
d'en assurer la bonne coordination, mais leur nombre entraîne un «
pompage » de la fonction publique par les agences de développement.
C'est ce constat qui a motivé la communauté internationale
à revenir à l'appui budgétaire c'est-à-dire verser
l'Aide directement au budget de l'Etat plutôt que de le distribuer
à des projets indépendants. Cette approche présente le
double avantage d'unifier les procédures de décaissement, prenant
la forme de celles de l'Etat, et d'assurer une meilleure intégration de
l'aide étrangère dans les objectifs stratégiques du
gouvernement, gage de pérennité des actions de
développement. Ce mouvement en faveur de l'appui budgétaire est
bien cerné au Sénégal, puisqu'il est à
présent utilisé par la Banque Mondiale, l'Union
Européenne, la France et les Pays Bas. Deuxièmement,
améliorer la gestion de l'aide par la mise en pratique des principales
conclusions retenues lors du sommet de Monterrey au Mexique en 2002. La mise en
oeuvre effective par les pays donateurs des principes arrêtés et
l'engagement du Sénégal à fournir de réels efforts
peuvent changer la donne en augmentant les montants et l'efficacité de
l'aide. A cet égard, les bailleurs doivent entreprendre un
véritable travail de ré-ingénierie de la politique d'aide
et à définir de nouvelles orientations de l'aide. Il s'ensuit
qu'il convient d'apporter un plus grand soutien aux services du gouvernement
qui sont chargés de l'élaboration de la politique, de la
planification et de l'évaluation, ainsi que de la préparation du
budget de l'État. Il est peut-être encore plus important de
respecter davantage les méthodes du gouvernement en matière de
préparation du budget et de la planification des investissements pendant
le cycle de l'aide. À l'heure actuelle, le Sénégal
prépare, avec l'aide de la Banque mondiale, des programmes triennaux
d'investissements publics et des stratégies d'investissement par secteur
qui accroissent considérablement la cohérence des efforts du
gouvernement en matière de développement. Les donateurs devraient
veiller à ce que les activités d'aide soient
intégrées à cette préparation, afin que l'on puisse
bien prévoir les conséquences de l'aide en ce qui concerne les
dépenses de fonctionnement pour une longue période. Ainsi, la
définition d'un tableau de bord de l'exécution des programmes
discuté en conseil de ministre, mis à la disposition des
citoyens, par le biais d'une publication mensuelle,
serait un moyen très efficace de faire pression sur les
ministères de tutelle et de les conduire à se surpasser pour
obtenir des résultats dans leur secteur.
Un dernier facteur est que l'aide ne doit pas être
considérée comme une manne qui incite le pays à ne
réduire les efforts internes ou à devenir moins productifs.
CONCLUSION
D'une manière générale dans la
littérature économique, la notion d'efficacité de l'aide
au développement n'apparaît pas très claire. On peut
regrouper les auteurs en deux catégories. Il y a d'un côté
ceux pour qui l'aide n'a un effet sur la croissance que si le pays
bénéficiaire applique de bonnes politiques économiques.
D'un autre coté, il y a ceux pour qui l'aide n'a pas répondu aux
attentes dans les pays en développement mais a été d'un
apport considérable dans les secteurs tels que la santé et
l'éducation. Toutes ces études se faisant sur les données
de panels, nous avons choisi de particulariser le cas du Sénégal.
La présente étude a donc essayé de déterminer si
l'aide publique au développement a un impact positif et significatif sur
le taux de croissance économique. Cette analyse a montré qu'au
Sénégal, l'APD a eu un effet sur la croissance par le biais de
l'investissement, les importations et les dépenses publiques. Il a
été aussi question dans ce travail de voir comment l'aide
contribue à l'amélioration des secteurs sociaux tels que la
santé et l'éducation. Pour ce faire, le modèle
linéaire à équations simultanées a
été utilisé et comme technique d'estimation, le choix
s'est porté sur les doubles moindres carrés. En effet, le niveau
de l'aide peut affecter positivement la croissance économique et
améliorer considérablement le bien-être de la population
sénégalaise.
Au terme de cette étude, on peut dire que l'aide a un
impact positif et très significatif sur le taux de croissance
économique du Sénégal. Donc l'aide allouée est
très efficace. Mais il ressort que l'effet positif et significatif de
l'APD sur la croissance passe par les investissements, les importations et les
dépenses publiques. C'est ce dernier qui pose problème car
l'impact de l'aide sur les dépenses publiques pose la question relative
à la corruption. En outre, ce travail nous a aussi permis de montrer que
le Sénégal compte en grande partie sur l'APD pour le financement
des secteurs de la santé et de l'éducation. L'amélioration
de la gestion de l'aide et l'harmonisation des procédures des bailleurs
constituent les solutions essentielles pour rendre l'aide plus efficace. Ces
résultats sur le Sénégal, s'alignent sur les
résultats des auteurs pour qui l'aide est très efficace dans les
pays d'Afrique subsaharienne. Cependant, l'un des problèmes
rencontrés lors de cette étude, est la conformité des
sources de données relatives aux flux d'aide, car celles-ci
diffèrent radicalement ou sensiblement suivant qu'elles proviennent du
gouvernement ou des bailleurs. Mais aussi, la capacité d'absorption des
ressources de l'aide n'est pas prise en compte sur ce
modèle du fait que des données sur cette
question ne sont pas disponibles pour la période
considérée dans l'étude. Des études
ultérieures pourraient dans ce cas se pencher sur cette question pour
une amélioration considérable de l'efficacité de l'aide et
pour permettre au Sénégal d'atteindre les Objectifs
Millénaires de Développement.
ANNEXES
Annexe 1 : Les estimations sur l'équation du
Taux de croissance
Dependent Variable: Y
Method: Two-Stage Least Squares
Sample: 1979 2003
Included observations: 24 after adjusting endpoints
Instrument list: C INF INV MPIB PIBO(-1) GCON AID PRIC
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
-12.19654
|
11.58500 -1.052787
|
0.3081
|
INF
|
-0.026715
|
0.008051 -3.318377
|
0.0043
|
INV
|
0.201409
|
0.070910 2.840339
|
0.0118
|
MPIB
|
0.241968
|
0.106658 2.268641
|
0.0375
|
PIBO(-1)
|
0.001115
|
0.011148 2.467648
|
0.0253
|
GCON
|
-0.642414
|
0.486309 -1.320998
|
0.2051
|
AID
|
0.730222
|
0.305763 2.388192
|
0.0296
|
PRIC
|
0.916650
|
0.497548 1.842335
|
0.0840
|
R-squared
|
0.688281
|
Mean dependent var
|
12.60870
|
Adjusted R-squared
|
0.551904
|
S.D. dependent var
|
2.887181
|
S.E. of regression
|
1.932677
|
Sum squared resid
|
59.76385
|
F-statistic
|
5.046906
|
Durbin-Watson stat
|
2.175401
|
Prob(F-statistic)
|
0.003 530
|
|
|
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:
F-statistic 1.567470 Probability 0.243 063
Obs*R-squared 4.3 90943 Probability 0.111306
White Heteroskedasticity Test:
F-statistic 1.532099 Probability 0.263156
Obs*R-squared 16.90626 Probability 0.26 1208
Chow Breakpoint Test: 1994
F-statistic 2.436010 Probability 0.114712
Annexe 2 : Les estimations sur l'équation de
l'investissement
Dependent Variable: INV
Method: Two-Stage Least Squares
Sample(adjusted): 1979 2003
Included observations: 24 after adjusting endpoints Instrument
list: C INV(-1) INF PRIC LOG(CRED) AID
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
-39.67499
|
30.84252 -1.286373
|
0.2208
|
INV(-1)
|
0.510717
|
0.265661 1.922438
|
0.0767
|
INF
|
-0.106082
|
0.053548 -1.981088
|
0.0640
|
PRIC
|
0.093214
|
0.341803 3.018615
|
0.0092
|
LOG(CRED)
|
0.243400
|
0.159173 2.938886
|
0.0108
|
AID
|
0.332246
|
0.181736 1.828175
|
0.0833
|
R-squared
|
0.825617
|
Mean dependent var
|
14.41053
|
Adjusted R-squared
|
0.758547
|
S.D. dependent var
|
2.773356
|
S.E. of regression
|
1.362769
|
Sum squared resid
|
24.14281
|
F-statistic
|
12.30971
|
Durbin-Watson stat
|
2.350366
|
Prob(F-statistic)
|
0.000 149
|
|
|
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:
F-statistic 1.479636 Probability 0.26972 1
Obs*R-squared 4.027873 Probability 0.133462
White Heteroskedasticity Test:
F-statistic 0.766811 Probability 0.659631
Obs*R-squared 9.298768 Probability 0.504004
Chow Breakpoint Test: 1994
F-statistic 3.401313 Probability 0.067121
Annexe 3 : les estimations sur l'équation des
Importations
Dependent Variable: MPIB
Method: Two-Stage Least Squares Sample: 1980 2003
Included observations: 24
Instrument list: C XPIB TO ER AID
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
2.259434
|
3.341992 0.676074
|
0.5071
|
XPIB
|
0.748225
|
0.233956 3.198142
|
0.0047
|
TO
|
-1.924071
|
0.670900 -2.867896
|
0.0098
|
ER
|
-0.868922
|
0.423592 -2.051315
|
0.0543
|
AID
|
0.356103
|
0.076622 4.647501
|
0.0002
|
R-squared
|
0.991053
|
Mean dependent var
|
27.41667
|
Adjusted R-squared
|
0.989169
|
S.D. dependent var
|
8.355767
|
S.E. of regression
|
0.869596
|
Sum squared resid
|
14.36774
|
F-statistic
|
526.1415
|
Durbin-Watson stat
|
1.770263
|
Prob (F-statistic)
|
0.000000
|
|
|
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:
F-statistic 0.087779 Probability 0.916375
Obs*R-squared 0.2453 14 Probability 0.884567
White Heteroskedasticity Test:
F-statistic 0.446448 Probability 0.874432
Obs*R-squared 4.615551 Probability 0.797764
Chow Breakpoint Test: 1994
F-statistic 1.327557 Probability 0.308727
Annexe 4 : Les estimations sur l'équation des
dépenses publiques
Dependent Variable: GCON
Method: Two-Stage Least Squares
Sample: 1980 2003
Included observations: 24
Instrument list: C AID TRPIB EXTDEBT INF
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C 6.432917 1.342022 4.793452 0.0001
AID 0.148095 0.060084 2.464808 0.0234
TRPIB 1.173892 0.098513 11.91608 0.0000
EXTDEBT -0.347131 0.145279 -2.389405 0.0274
INF -0.084901 0.017376 -4.886019 0.0001
R-squared 0.967180 Mean dependent var 9.916667
Adjusted R-squared 0.960270 S.D. dependent var 3.717370
S.E. of regression 0.740960 Sum squared resid 10.43140
F-statistic 139.9773 Durbin-Watson stat 2.626239
Prob(F-statistic) 0.000000
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:
F-statistic 1.270822 Probability 0.3 05947
Obs*R-squared 3.121510 Probability 0.209977
White Heteroskedasticity Test:
F-statistic 0.199004 Probability 0.986565
Obs*R-squared 2.302838 Probability 0.970292
Chow Breakpoint Test: 1994
F-statistic 0.65 8642 Probability 0.66043 9
Annexe 5 : Les estimations sur l'équation des
dépenses en éducation
Dependent Variable: EDU
Method: Two-Stage Least Squares
Sample(adjusted): 1979 2003
Included observations: 24 after adjusting endpoints Instrument
list: C EDU(-1) AID PIBO REVC
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C 2.319472 0.872508 2.658398 0.0165
EDU (-1) 0.425765 0.216520 1.966401 0.0658
AID 1.966401 0.080827 1.697825 0.1089
PIBO 0.0123 13 0.006323 1.947232 0.0705
REVC -0.247695 0.295059 -0.839474 0.4144
R-squared 0.941600 Mean dependent var 19.05000
Adjusted R-squared 0.926027 S.D. dependent var 2.723678
S.E. of regression 0.740787 Sum squared resid 8.231475
F-statistic 60.46237 Durbin-Watson stat 1.588133
Prob(F-statistic) 0.000000
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:
F-statistic 0.508056 Probability 0.613130
Obs*R-squared 1.449919 Probability 0.484344
White Heteroskedasticity Test:
F-statistic 0.659785 Probability 0.716540
Obs*R-squared 6.485058 Probability 0.593066
Chow Breakpoint Test: 1994
F-statistic 1.717192 Probability 0.218202
Annexe 6 : Les estimations sur l'équation des
dépenses en santé
Dependent Variable: SAN
Method: Two-Stage Least Squares
Sample (adjusted): 1979 2003
Included observations: 24 after adjusting endpoints Instrument
list: C SAN(-1) REVC AID PIBO
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
9.848720
|
4.468297 2.204133
|
0.0408
|
SAN(-1)
|
0.634431
|
0.185497 3.420177
|
0.0031
|
REVC
|
-1.142050
|
0.471557 -2.421869
|
0.0262
|
AID
|
0.283315
|
0.149438 1.895871
|
0.0725
|
PIBO
|
0.016766
|
0.009461 1.772096
|
0.0933
|
R-squared
|
0.653346
|
Mean dependent var
|
8.434783
|
Adjusted R-squared
|
0.576312
|
S.D. dependent var
|
2.537466
|
S.E. of regression
|
1.651671
|
Sum squared resid
|
49.10429
|
F-statistic
|
8.481244
|
Durbin-Watson stat
|
2.417072
|
Prob(F-statistic)
|
0.000497
|
|
|
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:
F-statistic 2.530975 Probability 0.110910
Obs*R-squared 5.52773 3 Probability 0.063 048
White Heteroskedasticity Test:
F-statistic 1.119348 Probability 0.4073 94
Obs*R-squared 8.972421 Probability 0.344628
Chow Breakpoint Test: 1994
F-statistic 0.640480 Probability 0.673232
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Table des Matières
Page
Dédicace i
Remerciements ii
Listes des tableaux et graphiques iii
Acronymes iv
Sommaire V
Introduction 1
Chapitre 1 : Evolution de l'Aide et des
Indicateurs économiques au Sénégal
Section 1 : Le Contexte de l'Aide Publique au
Développement 5
1.1. Les performances macroéconomiques 5
1.1.1 Evolution de la croissance économique 6
1.1.2. Les finances publiques 8
1.1.3. La libéralisation de l'économie 9 1.2. La
situation sociale 10
Section 2 : Evolution et répartition
sectorielle de l'Aide 12
2.1. Evolution de l'Aide Publique au Développement 12
2.1.1 Tendance de l'Aide en Afrique 12
2.1.2 Profil de l'Aide Publique au Développement au
Sénégal 15
2.1.3 Les principaux bailleurs de fonds 16
2.2. La répartition sectorielle de l'Aide 25
2.2.1. Les macro-secteurs 25
2.2.2. Le secteur social 28
Section 3 : Dispositifs d'orientation de l'Aide
Publique au Développement 28
3.1. Le dispositif de gestion des investissements publics 29
3.1.1 L e Système National de Panification (SNP) 29
3.1.2 Les principaux acteurs et instruments dans le cycle de vie
des projets 30
3.2 Dispositifs de coordination l'Aide Publique au
Développement 31
3.2.1 Les nouvelles stratégies de développement
31
3.2.2 La coordination de l'Aide Publique au Développement
33
3.2.2.1 Coordination de l'intervention des bailleurs de fonds
33
3.2.2.2 Coordination de l'aide au sein de l'administration
sénégalaise 34
Chapitre 2 : Revue de la
littérature
Section 1 : Définition et Evolution de la
notion d'Aide au Développement 35
1.1 Définition de l'Aide Publique au Développement
35
1.2 Evolution de la notion d'Aide Publique au
Développement 37
Section 2 : Efficacité de l'Aide en termes
de croissance économique 40
2.1 L'analyse de Burnside et Dollar 40
2.2 La sélectivité de l'Aide 41
2.2.1 La fongibilité de l'Aide 41
2.2.2 L'impact de l'Aide sur les réformes politiques
42
2.2.2.1 Les conditionnalités 43
2.2.2.2 L'effet de l'Aide sur les réformes :
évidence empirique 45
Section 3 : Efficacité de l'Aide en termes
de réduction de la pauvreté 47
3.1 L'efficacité de l'Aide : de la croissance à la
réduction de la pauvreté 47
3.1.1 Relation entre croissance et réduction de la
pauvreté 47
3.1.2 l'effet de l'Aide sur la réduction de la
pauvreté 48
3.2. L'analyse de Collier et Dollar sur la relation Aide et
réduction de la pauvreté 49
3.2.1. Mesure de l'effet marginal de l'Aide sur la croissance
économique 50
3.2.2. Mesure de l'effet de la croissance sur la réduction
de la pauvreté 51
Chapitre 3 : L'efficacité de l'Aide au
Sénégal : une analyse Econométrique
Section 1 : Spécification du Modèle
52
1.1 Le Modèle 52
1.1.1 L'efficacité de l'Aide : Optique de la croissance
économique 52
1.1.2 L'efficacité de l'Aide : Optique de la
réduction de la pauvreté 53
1.2 Méthodes d'estimation et sources de données
54
1.2.1 Les sources de données et période
d'étude 54
1.2.2 Technique d'estimation économétrique 54
1.2.2.1 L'identification des équations 54
1.2.2.2 Choix de la technique d'estimation 55
Section 2 : Analyse et Interprétation des
résultats 55
2.1 Test d'Homocédasticité des résidus (Test
de White) 55
2.2 Test d'autocorrélation des résidus (Test de
Breuch-Godfred) 56
2.3 Test de significativité 56
2.3.1Test de significativité globale (Test de Fisher)
57
2.3.2 Test de significativité des paramètres (Test
de Student) 57
2.4 Test de stabilité (Test de Chow Breakpoint) 58
2.5 Interprétation des résultats 59
Section 3 : Recommandation de politiques
économiques 61
Conclusion 64
Annexes 66
Bibliographie 73
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