Conclusion générale
Composante essentielle de la mondialisation, la migration
internationale en est, à plus d'un titre, le parent pauvre. En effet, la
flagrante contradiction entre le protectionnisme migratoire des pays nantis et
le souhait de plus en plus répandu des populations démunies de
tenter leur chance au-delà de leurs frontières a pour
conséquence la multiplication des réseaux clandestins et la
précarisation de la situation des migrants. Cette situation
résulte certes de la déréglementation consécutive
à la crise économique, mais aussi du mythe de l'eldorado
européen entretenu par les sommes envoyées.
Pendant très longtemps l'hexagone fut la destination
favorite des émigrés lougatois. Depuis les années 90, il y
a un glissement vers les pays de l'Europe du sud, particulièrement
l'Italie et l'Espagne.
Les transferts de fonds qui les accompagnent, s'accroissent
également de manière considérable depuis prés de
deux décennies. Ils sont une composante essentielle de l'économie
du département. Les différentes structures officielles de
transferts d'argent sont aujourd'hui de plus en plus concurrencées par
les réseaux de transferts informels. Cela n'empêche que les sommes
envoyées génèrent d'importantes mutations dans la
configuration socio-spatiale, aussi bien en ville, qu'en campagne.
Dans l'analyse que nous avons effectuée, il ressort que
l'accélération de l'urbanisation et le développement de
l'habitat dans la commune sont indissociables du phénomène
migratoire. Cependant, c'est en milieu rural que les impacts de
l'émigration sont plus visibles. Ayant participé au déclin
du secteur agricole, ces revenus ont introduit de nouveaux styles dans la
manière de vivre de ces populations. La dépendance
vis-à-vis de ces transferts devient d'autant en plus forte que le taux
d'émigration est élevé dans la localité. Enfin, et
ce qui est une caractéristique essentielle de l'émigration dans
ces villages, l'architecture des maisons, qui n'est rien d'autre qu'une
transposition des modèles architecturaux des pays d'accueil, modifient
le paysage des campagnes.
Du côté des autorités gouvernementales et
locales, les efforts pour mieux encadrer les migrants, et du coup, les revenus
transférés, restent souvent sans effets. A l'heure actuelle, il
demeure difficile de parler de développement local sans tenir compte des
actions des émigrés. Ainsi, à travers des associations
fondées sur les liens d'origine,
beaucoup d'actions sont réalisées et qui entrent
dans le cadre du développement de leur localité. Certes, si
beaucoup acceptent l'émigré comme acteur du développement,
il ressort que des actions isolées, qui ne sont pas
intégrées dans une planification cohérente et harmonieuse,
demeurent peu pertinentes. L'investissement dans des domaines productifs des
envois de fonds est un préalable pour une meilleure participation des
émigrés au développement.
La problématique des revenus migratoires dans les
espaces de départ reste inachevée. Même si plusieurs
auteurs en ont consacré leurs recherches, dans la région de
Louga, beaucoup de perspectives de recherche s'offrent. Il serait
intéressant, dans un milieu à vocation sylvo-pastorale,
d'approfondir les interactions entre émigration et agriculture. De
même, en milieu urbain, la problématique de l'urbanisation et de
l'émigration mérite d'être réactualisée.
Les impacts de l'émigration ne se limitent pas à
ces aspects évoqués. Il incombe, aux chercheurs, d'ouvrir encore
des perspectives plus intéressantes sur ce thème
d'actualité.
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