Mémoire d'Economie descriptive
»L 'Economie Verte»
Bassop Pierre Ge Mingyue NDAO Mathar
ENCADREMENT: MEUNIER Laurent Année 2007-2008 ENSAE
Table des matières
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Introduction
Etat des lieux, empreinte écologique, tours d'horizon de
la situation écologique
2.1 L'indice planète vivante
2.2 L'empreinte écologique
2.3 Les risques futurs
2.4 Les scénarios envisagés pour réduire
l'empreinte écologique
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3
3
4
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3
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Outils disponibles pour la protection environnementale.
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3.1
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Notion d'externalité
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3.1.1 Les défaillances du marché
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3.1.2 Les dysfonctionnements de l'Etat
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3.2
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Instruments de lutte
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3.2.1 La règlementation et les normes
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3.2.2 Les taxes
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3.2.3 Les marchés des droits à polluer
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3.3
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Problèmes de mise en oeuvre d'une politique
environnementale
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3.3.1 Le choix des instruments de politique environnementale
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Analyse des dépenses de protection de l'environnement et
ses conséquences.
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4.1
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L'effort d'investissement s'intensifie
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4.2
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Protection de l'environnement: Les dépenses revues
à la hausse en 2005 19
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4.3
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Qu'en est-il des dépenses de recherches
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4.4
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Fonction d'administration: un coût de 2,5 millards d'euros
en 2005
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4.5
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Une stabilisation de la dépense nationale de
récupération
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4.6
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Conséquences de ces dépenses en terme d'emploi
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5
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Conclusion
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1 Introduction
Les pays développés (ou pays du Nord) ont pris
conscience depuis les années 1970 que leur prospérité
était basée sur l'utilisation intensive des ressources naturelles
finies, et que par conséquent, outre l'économie et le social, un
troisième aspect a été négligé
l'environnement. Par exemple, l'empreinte écologique mondiale a
dépassé la capacité »biologique» de la Terre
à se reconstituer vers le milieu des années 1970. Pour certains
analystes, le modèle de développement industriel n'est pas viable
ou insoutenable sur le plan environnemental, car il ne permet pas un
»développement» qui puisse durer. Les points cruciaux sont
l'épuisement des ressources naturelles (matières
premières, énergies fossiles pour les humains), la destruction et
fragmentation des écosystèmes, la diminution de la
biodiversité qui diminuent la résilience de la planète. Le
développement (industriel, agricole, urbain) génère des
pollutions immédiates et différées (exemple pluie acide et
gaz à effet de serre qui contribuent à un changement climatique
et contribue à la surexploitation des ressources naturelles (exemple
déforestation de la forêt équatoriale). Il provoque une
perte inestimable en terme de biodiversité par l'extinction (donc
irréversible) d'espèces végétales ou animales. Ce
développement provoque une raréfaction des énergies
fossiles et des matières premières qui rend imminent le pic
pétrolier) et nous rapproche de l'épuisement de nombreuses
ressources naturelles vitales. Au problème de viabilité s'ajoute
un problème d'équité les pauvres subissent le plus la
crise écologique et climatique, et il est dès lors à
craindre que le souhait de croissance (légitime) des pays
sous-développés (souvent appelés pays du Sud) vers un
état de prospérité similaire, édifié sur des
principes équivalents, n'implique une dégradation encore plus
importante et accélérée de la biosphère. Si tous
les ~Etats de la planète adoptaient l'American Way Of Life (qui consomme
près du quart des ressources de la Terre pour 7% de la population) il
faudrait 5 ou 6 planètes. Et si tous les habitants de la planète
vivaient avec le même train de vie que la moyenne française, ce ne
sont pas moins de 3 Terre qui seraient nécessaire.
Aujourd'hui, bon nombre d'êtres humains est conscient du
danger planétaire que peut occasionner l'usage excessif des ressources
naturelles pour le développement économique. En effet des
expériences ont montré que la protection de l'environnement
contrairement aux craintes des acteurs économiques, est profitable au
développement et à la protection non seulement des ressources
naturelles mais aussi de l'avenir de planétaire. D'où le terme de
développement durable. Nous essayerons de dégager, ici, des
pistes de réflexions en faisant un état des lieux de
l'état environnemental, d'analyser l'empreinte écologique, puis
de faire un tour d'horizon de l'état environnemental dans le monde. Ce
diagnostic nous permettrait de tirer les conséquences sur les pays, les
ressources et sur l'environnement. Quels sont les différents outils
disponibles pour lutter contre la dégradation avancée de
l'écologie? Quels sont
mis à la disposition des »gendarmes » pour la
protection de l'environnement? Les réponses àtoutes
ces questions permettront d'éclairer l'opinion sur les coûts de
protection et ses avantages pour la planète.
2 Etat des lieux, empreinte écologique, tours
d'horizon de la situation écologique
Selon le Rapport » Planète Vivante 2006 » nous
utilisons les ressources de la planète plus vite qu'elles ne peuvent
se renouveler. En effet, depuis la fin des années 80, nous sommes
en dépassement. L'Indice Planète Vivante, qui
reflète la santé des écosystèmes de la
planète en mesurant l'évolution de la diversité biologique
de la Terre, montre une perte rapide et continuelle de biodiversité les
populations de vertébrés ont décliné de presque un
tiers depuis 1970. L'autre indice, l'empreinte écologique de
l'humanité, nous montre que l'impact de notre mode de vie sur la
planète, a plus que triplé depuis 1961. En 2003, elle a
dépassé la bio capacité de la Terre d'environ 25%. Le
message de ces deux indices est univoque nous avons excédé la
capacité de la Terre à soutenir notre niveau de vie pendant les
20 dernières années et nous ne pourrons pas puiser
éternellement dans un capital fini (i.e. la Terre) sans risquer des
conséquences funestes. En réalité, la capacité
régénératrice de la Terre n'arrive plus à suivre la
demande l'homme transforme les ressources en déchets plus vite que la
nature ne peut transformer ces déchets en ressources! Cette pression
croissante sur les écosystèmes entraine la destruction ou la
dégradation d'habitats et la perte permanente de productivité; ce
qui menace tout à la fois la biodiversité et le bien-être
humain. Nous devons donc équilibrer notre consommation, la
capacité de la nature à se régénérer et
à absorber nos déchets sous peine de dommages
irréversibles.
La prise de conscience de l'existence d'un environnement fini
et fragile méritant notre intérêt et une protection semble
s'être développée par vague et de manière
différente selon les époques et les cultures. L'environnement est
de plus en plus perçu comme une ressource finie, et non plus
inépuisable ou renouvelable à l'infini.
2.1 L'indice planète vivante
Pour mesurer l'état de la biodiversité du monde,
on utilise l'indice planète vivante(IPV). Ce dernier se construit avec
les tendances des populations de 1313 espèces de vertébrés
(poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux, mammif~eres) provenant de tous les
coins du monde, relevées entre 1970 et 2003. L'IPV est la moyenne de
trois indices qui mesurent les évolutions dans les populations de 695
espèces terrestres 274 espèces marines et 344 espèces
d'eau douce. Entre 1970 et 2003, l'indice a diminué de 30%. Cette
tendance globale semble indiquer que nous dégradons les
écosystèmes naturels à un rythme sans
précédent dans l'histoire humaine. Ce déclin est
également présent pour les indices terrestres, marins et d'eau
douce pris individuellement. Des indices séparés sont produits
pour les espèces terrestres, marines et d'eau douce, et la moyenne de
ces trois évolutions nous donne l'indice agrégé l'IPV.
Les populations d'espèces terrestres ont baissé
d'environ 30% en moyenne de 1970 à 2003. En fait, ce déclin
masque une différence marquée des évolutions entre les
espèces tempérées et tropicales. Les populations
d'espèces tropicales ont en moyenne chuté de 55% entre 1970 et
2003 tandis que les populations d'espèces tempérées sont
restées assez stables. La perte d'habitat naturel au profit de
l'agriculture ou l'élevage sous les tropiques entre 1950 et 1990
(principalement due aux conversions agricoles) reflète bien le taux
rapide de déclin des populations d'espèces tropicales. Ce sont
les forêts tropicales de l'Asie du Sud Est, une partie du domaine
biogéographique Indo Malaisien, qui ont connu la plus rapide conversion
au cours des deux dernières décennies. Quant aux
écosystèmes tempérés, la conversion d'habitat
naturel en terres cultivées a largement pris place avant 1950; c'est
alors que les populations d'espèces tempérées ont
vraisemblablement diminué avant de se stabiliser.
L'environnement marin qui couvre près de 70% de la surface
de la Terre comprend des écosys-
tèmes parmi les plus variés et productifs du
monde. L'indice marin se base sur les tendances de 1112 populations de 274
espèces. Depuis la seconde moitié du 20e siècle, les
activités humaines ont négativement affecté ces
écosystèmes marins. Entre 1970 et 2003, l'indice montre une
baisse de plus de 25% en moyenne pour les quatre bassins océaniques. Les
populations des espèces de l'océan Austral ont baissé de
30% entre 1970 et 1998 tandis que l'évolution des populations des
océans Arctique et Atlantique a été globalement
positive.
Les augmentations des populations d'oiseaux marins et de
quelques espèces de mammifères dans les océans Atlantique
et Pacifique, depuis 1970, masquent cependant le déclin de nombreuses
espèces de poissons, particulièrement celles qui possèdent
une grande importance économique telles que le cabillaud et le thon, qui
déclinent à cause d'une pêche excessive. Les tortues et
d'autres espèces ont aussi connu le même sort, car victimes de
pêches accidentelles.
Les mangroves, ces forêts résistantes à
l'eau de mer qui fournissent les zones d'élevage de 85% d'espèces
commerciales de poissons sous les tropiques et sont essentielles au maintien
des populations de poissons et donc des ressources en nourriture, ont
été dégradées ou détruites deux fois plus
vite que les forêts tropicales. On estime que plus d'un tiers de la
surface totale des forêts de mangroves a été perdu entre
1980 et 2000. Plus d'un quart des mangroves d'Asie
ont été perdues dans les dix années
précédant 2000. En Amérique du Sud, plus de la
moitiédes mangroves a disparu pendant la même
période.
Environ 45.000 espèces de vertébrés
vivent dans ou autour des lacs, rivières, ruisseaux et marécages.
Les tendances de ces populations servent d'indicateur de la santé de
l'ensemble des écosystèmes d'eau douce dans le monde. L'indice
eau douce se base sur les tendances de 344 espèces. Dans l'ensemble, ces
populations d'espèces d'eau douce tropicale et tempérée
ont diminué d'environ 30%, entre 1970 et 2003. Il y a un contraste entre
les évolutions relativement stables des oiseaux d'eau douce et les
autres espèces d'eau douce qui ont décliné de 50% en
moyenne au cours de la même période, principalement à cause
de la destruction d'habitats, la surpêche, les espèces
envahissantes, la pollution et les perturbations des systèmes fluviaux
pour la fourniture d'eau.
La transformation et l'obstruction des systèmes
fluviaux à des fins industriels et domestiques, l'irrigation et
l'énergie hydroélectrique ont fragmenté plus de la
moitié des grands systèmes fluviaux. Environ 83% de leur
écoulement annuel total est affecté, dont 52%
modérément et 31% sévèrement. Les
écoulements des rivières d'Europe sont les plus
régulés et ceux d'Océanique les moins. Dans le monde, la
quantité d'eau stockée dans des réservoirs de barrage est
de trois à six fois supérieure à la quantité d'eau
contenue dans les rivières. La fragmentation et la transformation de
l'écoulement naturel des rivières ont un impact sur la
productivité des marécages, des plaines alluviales et des deltas:
elles perturbent la migration, la dispersion du poisson et provoquent des
diminutions de nombreuses espèces d'eau douce.
2.2 L'empreinte écologique
L'Indice planète vivante (IPV) montre donc une perte
rapide et continuelle de biodiversité, surtout lorsque la
productivité de la biosphère n'arrive plus à suivre la
consommation humaine et à absorber les déchets produits.
L'empreinte écologique mesure cette perte en termes de surface de terre
et d'eau nécessaire pour subvenir à nos besoins : l'extraction
des ressources ou le traitement des déchets et bien sûr la
production et consommation.
Cependant, l'eau douce n'est pas prise en compte dans
l'empreinte écologique car sa demande et son utilisation ne peuvent
s'exprimer en termes d'hectares globaux. L'eau douce demeure néanmoins
essentielle à la santé humaine et à celle des
écosystèmes. Bien que l'eau douce ne soit pas
considérée comme une ressource rare au niveau mondial, une grande
partie est géographiquement inaccessible ou alors accessible une partie
de l'année seulement. Les ressources en eau douce sont loin d'être
distribuées équitablement à travers le monde et de
nombreux pays prélèvent en fait plus que ce qui est acceptable
pour maintenir les écosystèmes d'eau douce. Un indicateur
largement répandu de la pression sur l'eau est le ratio
prélèvement- disponibilité; il mesure les
prélèvements totaux annuels d'une population par rapport aux
ressources
renouvelables d'eau douce disponibles : plus grand est ce
ratio, plus forte est la pression àlaquelle les ressources
d'eau douce sont soumises. Selon cet indicateur, des prélèvements
de
5-20% représentent une pression légère,
20-40% une pression modérée et plus de 40% une pression
sévère.
Lorsque l'utilisation d'eau, en particulier pour l'irrigation,
ne peut plus être satisfaite par prélèvement du
ruissellement dans les rivières, ce sont les nappes phréatiques
qui sont exploitées. L'augmentation du pompage dans les nappes
phréatiques entraîne une baisse du niveau de la table des nappes
en de nombreuses parties du monde, particulièrement dans l'ouest des
Etats-Unis d'Amérique, dans le nord de la Chine et dans bien des zones
d'Asie du Sud. Ces baisses se font à des taux supérieurs à
un mètre par an. Globalement, on estime que 15 à 35% des
prélèvements d'irrigation ne sont pas durables. La consommation
d'eau a doublé entre 1960 et 2000, ce qui signifie que la consommation
moyenne par personne est restée constante. L'agriculture utilise environ
70% des prélèvements d'eau et l'industrie environ 20%.
L'empreinte d'un pays est déterminée par sa
population, la quantité consommée par chaque habitant et
l'intensité des ressources utilisées par unité de biens et
services alors que la bio capacité d'un pays est fonction du nombre et
du type d'hectares biologiquement productifs situés à
l'intérieur de ses frontières et de leurs rendements moyens. Le
déficit écologique des pays débiteurs (qui utilisent plus
de bio capacité que ce dont ils disposent à l'intérieur de
leurs propres territoires) peut s'expliquer de différentes
manières. Soit ils utilisent leurs ressources écologiques plus
rapidement que celles-ci ne se régénèrent chaque
année, soit ils importent ces
ressources d'autres pays, soit ils produisent plus de
déchets que ce qui ne peut être absorbépar leurs propres
écosystèmes. Les pays créditeurs écologiques sont
dits dotés de réserves
écologiques.
La comparaison de l'empreinte de chaque région à
sa bio capacité indique si la région a une réserve
écologique ou un déficit. Même avec une bio capacité
considérable, l'Amérique du Nord a le plus grand déficit
par personne : un américain du Nord utilise en moyenne 3,7 hectares
globaux de plus que ce que la région ne possède. L'Union
Européenne (UE-25) vient en seconde position: avec un déficit par
personne de 2,6 hectares globaux, la région consomme deux fois sa propre
bio capacité. A l'autre extrême se trouve l'Amérique Latine
: avec des réserves écologiques de 3,4 hectares globaux par
personne; l'empreinte moyenne d'un habitant d'Amérique Latine n'est que
le tiers de la bio capacité régionale disponible.
D'après cette représentation graphique, les
régions d'Asie-Pacifique et d'Afrique participeraient faiblement dans la
biocapacité mondiale moyenne par personne, alors que l'UE-25 et
l'Amérique du Nord dépassent le seuil du développement
humain, élevé en 2003. Ni le monde dans sa globalité, ni
aucune région prise séparément ne répond
conjointement aux deux critères de développement durable; seul
Cuba remplirait ces critères minimaux. Durant la période
1970-2000, les nations riches, telles que les Etats-Unis, ont significativement
aug-
FIG. 1 -
menté leur utilisation de ressources tout en
améliorant leur qualité de vie. Cela n'a pas été le
cas pour les nations les moins développées, comme la Chine et
l'Inde, où des augmentations importantes de l'IDH ont été
enregistrées, tandis que l'empreinte par personne restait en dessous de
la biocapacité moyenne globale par personne.
Il y a une prise de conscience croissante du fait que les
déficits écologiques ont de sérieuses conséquences
pour les régions et les nations. En juin 1992, la Conférence des
Nations Unies pour l'Environnement et le Développement de Rio de Janeiro
réaffirmait l'importance d'assurer une vie saine pour tous. Durant les
onze années qui ont suivi Rio l'empreinte moyenne par personne des pays
à revenus faibles ou moyens, mesurée en hectares globaux
constants, a peu
changé tandis que l'empreinte moyenne par personne des
pays à hauts revenus a augmentéde 18%. Au cours des 40
dernières années, l'empreinte moyenne des pays à faibles
revenus a
plafonné sous la barre des 0,8 hectares globaux par
personne. C'est l'empreinte énergie qui montre la plus grande
disparité par personne entre les pays à hauts et à faibles
revenus. Ceci est en partie dû au fait qu'il y a une limite de fait
à la quantité de nourriture qu'une personne peut ingérer
alors que la consommation d'énergie n'est principalement limitée
que par la capacité du consommateur à la payer.
Nous vivons au dessus de nos moyens et ce sont les choix que
nous ferons aujourd'hui qui détermineront les possibilités des
générations futures. Ces choix doivent aller dans le sens du
développement durable qui est, ici, un engagement à
»améliorer la qualité de la vie humaine tout en vivant dans
les limites de la capacité de charge des écosystèmes qui
nous font vivre». Le développement durable nécessite que le
monde, dans son ensemble, réponde conjointement
à ces deux critères, c'est-à-dire que plus
la population croît, plus faible sera la bio
capacitédisponible par personne et donc plus la hauteur de
cette zone se réduit. En 2003, les régions
d'Asie-Pacifique et d'Afrique ont utilisé moins que la
bio capacité mondiale moyenne par per- sonne, alors que l'UE-25 et
l'Amérique du Nord dépassent le seuil du développement
humain
élevé.
2.3 Les risques futurs
Au rythme de consommation actuel, la nature ne serait plus
à même de fournir assez de ressources à l'homme d'ici
2050 il est probable qu'elle nous en fournisse seulement la
moitiéselon les Nations Unies. Cette
»surexploitation» risque d'entraîner non seulement une perte
de biodiversité mais aussi des dégâts aux
écosystèmes affectant leur capacité à fournir les
ressources et services dont l'humanité dépend. Ceci dit, l'homme
doit modérer dès maintenant son prélèvement sur la
nature sous peine d'être livré à de sérieux
dérèglement de l'écosystème. Plus vite la
surexploitation disparaîtra, moindres pourront être les risques de
perturbations graves affectant les écosystèmes et les coûts
qui leur sont associés. Les mesures pouvant être prises porteront
notamment sur la démographie, la consommation, la bio capacité et
la biodiversité. Des investissements à long terme seront
nécessaires dans de nombreux domaines, tels que l'éducation, la
technologie, la protection de la nature, la planification urbaine, le planning
familial. Voici un graphe qui simule une suppression probable de la
surexploitation.
FIG. 2 -
D'abord l'accroissement de la population peut être
freinée via certaines politiques de planning familial avoir moins
d'enfant, faciliter l'accès aux femmes à l'éducation, au
marchédu travail, ou encore établir un système de
santé efficace sont des moyens qui ont fait leurs preuves pour y
arriver.
La consommation, quant à elle, dépend du niveau
de vie des différentes populations; d'où la
nécessité de politiques adéquates réduire la
consommation chez les plus aisés, et l'augmenter chez les plus pauvres.
La quantité de ressources utilisées pour la production de biens
et
services, peut être significativement réduite.
Cela peut prendre plusieurs formes, de l'efficacité
énergétique dans les processus de production et les maisons,
à la diminution des déchets par l'augmentation du recyclage et de
la réutilisation en passant par des voitures à faible
consommation et par une réduction des distances sur lesquelles les biens
sont transportés. Les entreprises et l'industrie sont capables de
réagir à la pression des consommateurs et aux politiques
publiques de promotion d'une utilisation efficace des ressources et
d'innovations technologiques, lorsque ces politiques sont claires et portent
sur le long terme. Maintenant, l'on peut donc diminuer le
prélèvement sur la nature de manière significative en
développant les énergies renouvelables, en luttant contre la
pollution industrielle et automobile, et en innovant.
Enfin, la bio capacité pourrait être
préservée en protégeant les sols de l'érosion et
d'autres formes de dégradation, en protégeant les bassins
fluviaux, les zones humides et les lignes de partage des eaux afin de conserver
les sources d'eau douce, ainsi qu'en maintenant des forêts et des
pêches saines. Il en va de même avec la surface bio productive que
l'on peut contrôler en restaurant les terres dégradées. De
combien la surexploitation doit elle être réduite? Comment cette
réduction doit-elle être partagée? Dans quel délai
doivent-elles être effectuées? Après avoir
étayé les grandes lignes de mesures à prendre, il ne reste
donc plus qu'à savoir à quel rythme l'on peut avancer vers une
nature saine
2.4 Les scénarios envisagés pour
réduire l'empreinte écologique
Les trois scénarios sont envisagés ici : un
scénario » Business as usual » basé sur les projections
les plus optimistes des Nations Unies de croissance lente; un scénario
de modification progressive, qui mènerait à la fin de la
surexploitation d'ici à la fin du siècle et un scénario de
réduction drastique, qui vise à résorber la
surexploitation d'ici à 2050, avec la création d'un tampon de bio
capacité pouvant contribuer à la restauration des populations
d'espèces sauvages et de leurs habitats.
Le scénario» Business as usual »évalue
les conséquences de diverses projections des Nations Unies pour le futur
et ce en choisissant des hypothèses modérées (qui
minimisent l'empreinte). L'augmentation de l'empreinte est due ici aux taux de
croissance modérés de population et de demande en ressources.
Dans ce scénario, on estime que la bio capacité continuera tout
d'abord à croître grâce à la croissance des
rendements observés ces 40 dernières années. En 2050,
selon
ce scénario, l'empreinte totale des terres
cultivées et liées à l'absorption du CO2 aura
augmentéde 60%, la demande en pâturages et en zones de
pêches de 85% et l'utilisation des forêts de
110%. A cause de cette surexploitation continue,
l'humanité accumule une dette écologique qui correspondra en
2050, selon le même scénario, à 34 ans de
productivité biologique de la planète. Voici un graphe qui
représente l'évolution suivant ce scénario.
On a ensuite le scénario de modification progressive
qui considère les résultats d'un effort concerté pour
graduellement sortir de la surexploitation d'ici à 2100. Dans le
contexte d'un tel scénario, les émissions globales de CO2
devraient avoir diminué de 50% d'ici à la moitié du
siècle. En fait, la plus grande part de l'Empreinte Ecologique en 2003
correspond à la demande en bio capacité nécessaire pour
absorber les émissions de CO2 provenant de combustibles fossiles. Le
défi est donc d'augmenter l'offre en énergie tout en
réduisant les émissions de CO2 et ce sans transférer le
fardeau à d'autres éléments de la biosphère dans la
mesure où toutes les sources d'énergie, qu'elles soient fossiles
ou renouvelables, ont une Empreinte Ecologique.
FIG. 3 -
Enfin, on a le scénario de réduction drastique
qui décrit un engagement radical pour sortir l'humanité de la
situation de surexploitation d'ici 2050. Ce scénario suppose une
réduction des émissions de CO2 de l'ordre 50% d'ici à 2050
et de 70% d'ici à 2100. Ce scénario suppose également une
croissance optimiste de la bio capacité, de l'ordre de 30% d'ici
à 2100, provenant d'augmentation de rendement des terres
cultivées, des pêches et des forêts grâce à de
meilleures technologies et une meilleure gestion. Toutefois, ces mesures ont
des coûts. Ainsi, par exemple, les méthodes d'agriculture
intensive consommant plus d'énergie peuvent induire une augmentation de
l'empreinte CO2.
L'étude de la première partie de document nous a
donné une idée sur l'état de l'environnement à
travers le monde. De nos jours, le concept d'écologie est devenu un des
piliers non seulement social mais économique. D'où la
dénomination » d'économie verte ». Du point de vue
économique, comment expliquer ce constat sur l'agression de la
nature?
3 Outils disponibles pour la protection
environnementale. 3.1 Notion d'externalité
Pour mieux appréhender la notion d'externalité,
nous situerons les responsabilités des mar- chés d'une part et
de l'Etat d'autre part. Les économistes parlent d'externalité
pour désigner
ces situations où les décisions d'un agent
économique affectent un autre sans que le
marchéintervienne. Il faut d'ailleurs souligner que parler de
marché n'implique pas de faire unique- ment référence
à une institution fonctionnant avec des prix. Plus
généralement, il y a marchéquand il y a des
moyens, pour des parties concernées, de négocier leurs actions.
Les accords
bilatéraux ou multilatéraux sont d'autres formes
de marchés que la forme concurrentielle. De manière plus
large, les normes sociales sont des contrats implicites dont le respect ne
repose
FIG. 4--
FIG. 5 -
pas sur une juridiction, mais sur des comportements
stratégiques d'acteurs qui se renforcent mutuellement. Ce type de norme
sociale jouait un rôle important dans la gestion des ressources communes
dans les sociétés traditionnelles d'avant industrialisation.
3.1.1 Les défaillances du marché
Quelle est la raison de ces défaillances? Qu'est- ce qui
explique l'existence des externalités? Si c'est la divergence entre
coûts privés et coûts sociaux, pourquoi perdure-t-elle?
Les réponses à ces questions ont
été fournie par Coase et reposaient sur le concept de coûts
de transaction, qui traduit l'existence de coûts spécifiques dus
aux tentatives de coordination des agents. Si ceux-ci pouvaient aisément
entrer en relation chaque fois que certains souffrent des actions d'autres, un
espace de négociation pourrait s'ouvrir, et qui conduirait alors
à une situation meilleure pour tous. Autrement dit, si les
externalités existent, c'est parce qu'il est plus couteux(en terme de
transactions) de les faire disparaître que de les supporter.
Un exemple souvent repris d'une négociation
bilatérale aboutissant à un accord est celui qui avait
opposé Volvo et British Petroleum en Suède. Le constructeur
automobile constatant que ces carrosseries étaient corrodées par
suite des émissions de la raffinerie quand le vent soufflait dans sa
direction, a obtenu de cette dernière qu'elle ne poursuive ses
activités corrosives que pendant les périodes où le vent
soufflait dans la direction opposée. Si l'on considère
comme une donnée la localisation proche des deux
industriels, cet exemple peut être invoquécomme une
application du » théorème » de Coase qui stipule que,
en l'absence de coûts de
transactions, il est toujours possible d'éliminer les
externalités par la négociation. Ce serait toutefois oublier les
conséquences de l'implantation de la raffinerie sur la qualité de
l'air, qui n'intéresse pas que les deux industriels. Ce qui est
remarquable dans cet accord, c'est qu'il exclut complètement les
habitants de la ville voisine qui subissent, sans pouvoir intervenir, la
dégradation de l'atmosphère. Du fait de leur grand nombre et donc
de leur capacité de négociation individuelle faible, ils n'ont
pas eu leur mot à dire sur l'installation de la raffinerie près
de chez eux, supportant ainsi les coûts sociaux qu'impliquait son
activité. Ce qu'illustre en fait cet exemple, c'est la difficulté
de la coordination quand un grand nombre d'acteurs est concerné.
La figure suivante va nous permettre d'expliciter graphiquement
cette partie. On y a représentéla demande D pour le bien produit
et l'offre O de ce bien. Jusqu'alors, les firmes décidaient de
leur niveau de production en égalant le prix de vente
de leur produit avec leur coût marginal (privé), soit un
équilibre de marché pour un prix p et une production Y,
correspondant au point E sur la figure. Supposons que l'Etat impose aux
entreprises une taxe t sur la production pour qu'elles intègrent le
coût social de leur activité et pour que le prix qui parvienne aux
consommateurs soit révélateur du coût pour la
collectivité de l'utilisation de ce bien. Cette taxe augmente les
coûts des entreprises, ce qui a pour effet de diminuer l'offre, qui est
maintenant représentée par O', et déplace
l'équilibre en E', où le prix est p' et la
production Y'.
En fait, pour que les firmes décident du niveau de
production Y' sur la seule base de leurs coûts privés,
il eût fallu que le prix de marché soit égal à
p'', correspondant au coût marginal de production de
Y'. Comme la quantité Y' est produite et vendue au
prix p', la différence p' - p'' correspond
à l'écart entre les coûts privés et les coûts
sociaux et doit être égale à la taxe t, imposant ainsi aux
firmes de prendre en compte les coûts sociaux. On dit que l'effet externe
a été internalisé. Une autre cause de défaillance
du marché et de la persistance de la dégradation réside
dans les comportements de passager clandestin. A cause de la nature de bien
public des biens environnementaux, chacun, pris individuellement, a
intérêt à sous- déclarer sa disponibilité
marginale à payer. En effet, même en ne participant pas à
l'effort commun pour réserver la qualité de l'eau d'une
rivière, par exemple, on pourra toujours en bénéficier une
fois l'effort fait. Mais comme chacun se trouve dans une situation, il est
possible
FIG. 6 -
que l'effort total soit insuffisant pour maintenir une
qualité acceptable. On parle de passager clandestin pour
caractériser ce comportement individualiste de sous-déclaration
de son intérêt pour le bien. Enfin, une troisième cause de
dysfonctionnement est due à l'impossibilité de l'existence d'un
marché, comme dans les situations où les
générations futures sont impliquées. Ici, il ne peut y
avoir de négociations tout simplement parce qu'li manque un des membres
pour négocier. Les difficultés sont encore accrues du fait des
grandes incertitudes sur la valeur future des biens considérés,
cette valeur ne peut être évaluée avec précision,
soit parce que les préférences des générations
futures auront changé.
3.1.2 Les dysfonctionnements de 1'Etat
Ces défaillances des marchés conduisent
naturellement à examiner l'intervention de l'Etat, puisque ce dernier a
notamment pour fonction, par la législation ou la fiscalité,
d'inciter les agents économiques à adopter des comportements plus
conformes à l'intérêt collectif que ceux qu'ils
adopteraient sans cette action. Mais si, de fait les gouvernements
interviennent de plus en plus dans la gestion des ressources naturelles ou pour
tenter de résoudre de multiples problèmes de l'environnement,
comme les conséquences de la pollution de l'air ou du bruit sur la
santé, la maîtrise des déchets, la qualité des
eauxÈ, ils ne réussissent guère mieux que le
marché. Trois types de raisons permettent d'expliquer cette
situation.
Premièrement, les défaillances peuvent
découler de l'absence d'une politique adéquate et il doit
être possible d'y remédier. C'est ainsi que la décimation
de certains éléphants des pays africains est très
liées aux faibles dépenses engagées dans la protection de
leurs parcs nationaux. Durant la décennie quatre vingt, la Tanzanie, la
Zambie, le Soudan et le Za~re(RDC) ont perdu à eux seuls 750 000
éléphants (soit autant que tous les autres pays africains) alors
que leurs dépenses de surveillance dans leurs parcs étaient
respectivement de 20 dollars et 2
dollars par kilomètre carré. Pour la même
période, le Zimbabwe dépensait 277 dollars/km~s et voyait son
nombre d'éléphants augmenter de 1%. Un certain nombre de
décisions sont également influencées par des groupes
d'intérêt pratiquants le lobbying, comme la subvention de
l'utilisation de pesticides pour augmenter la production agricole, ou, comme en
Amérique latine, le soutien de l'expression de la production bovine par
des prêts à faire intérêt. Dans ces exemples, l'Etat
ne prend pas en compte les externalités sur l'environnement
enregistrées par ces propres décisions.
Deuxièmement, il y a les problèmes, les plus
difficiles à résoudre, qui sont liés à la nature de
biens environnementaux globaux. Aucun Etat ne peut résoudre seul de tels
problèmes et les mêmes conséquences que celles
provoquées par les défaillances des marchés pour le
même type de situation s'ensuivront. Les négociations
internationales à propos de l'effet de serre sont ainsi un autre exemple
de la tragédie d'un bien commun et plus d'un gouvernement est
tenté de s'y comporter en passager clandestin, comme les USA refusant
l'accord de Kyoto. Plus généralement, pour tous les
problèmes globaux qui concernent l'ensemble de la planète,
l'inexistence d'institutions internationales aux prérogatives reconnues
par tous conduit à des décisions inefficaces.
Troisièmement, enfin, la solution de nombreux
problèmes, de l'érosion des sols à la déforestation
en passant par les pollutions diverses ou la gestion des ressources
halieutiques, nécessite d'énormes quantités d'informations
disponibles seulement de façon éparpillée, ce qui rend
l'action d'une administration centrale très difficile. Et même
quand ces informations sont disponibles, elles peuvent faire l'objet
d'interprétations différentes dans le cadre de théories
scientifiques concurrentes, ce qui peut parfois obliger à agir avant de
connaître, au risque d'une mauvaise décision. Pour une
illustration graphique, prenons l'exemple d'un parc d'attractions qui attire
des touristes dont profitent les commerçants d'une commune. Sans
intervention des pouvoirs publics, le parc d'attraction ne tient compte que de
son coût marginal privé. En réalité, son
activité crée un avantage social qu'il faudrait prendre en
compte. Ici, le coût social est plus faible que le coût
privé. Donc, sans intervention des pouvoirs publics, la production est
trop faible par rapport à l'optimum. Cette fois-ci, la force publique
doit subventionner l'entreprise de façon à augmenter ses recettes
pour égaliser la recette marginale privée et l'avantage marginal
social comme l'illustre la représentation graphique ci-dessous. Les
effets externes négatifs conduisent donc à une production trop
forte par rapport à l'optimum, et les effets externes positifs, à
une production trop faible. Pour se rapprocher d'une situation optimale, l'Etat
doit donc internaliser les effets externes. Pour cela, il peut utiliser les
taxes et subventions pigouviennes, mais il a aussi à sa disposition
d'autres outils.
3.2 Instruments de lutte
L'analyse économique de l'intervention publique en
matière d'environnement implique que l'on revienne sur le concept
d'externalité qui est au centre des explications.
Nous avons défini une externalité dans les pages
antérieures comme une situation où les décisions d'un
agent économique affectent un autre agent en dehors du marché.
Existe-t-il des moyens pour réduire, voire éliminé, les
causes de ces externalités? Faudrait-il d'ailleurs chercher
nécessairement à le faire? Et si c'est le cas, certains moyens
seraient ils plus efficaces que les autres? Telles sont les questions que nous
essaierions de répondre.
On a l'habitude de distinguer entre deux grandes
catégories d'instruments pour modifier le
FIG. 7-
comportement des individus causant des externalités.
D'une part, ceux qui limitent l'action des agents économiques en leur
donnant peu de flexibilité et, d'autre part, ceux qui, au contraire, les
poussent à trouver par eux-mêmes les solutions pour
améliorer l'environnement. Nous les présentons ci-dessous
après avoir explicité leur cadre théorique de
référence.
3.2.1 La règlementation et les normes
Cette forme d'internalisation suppose l'intervention d'un
agent particulier, garant de l'intérêt général, et
qui va modifier la perception que les autres agents pouvaient avoir du
problème environnemental. Dans la pratique, c'est une institution
spécifique qui tient ce rôle (comme de l'eau en France pour leur
domaine de compétence, ou l'Environnemental Protection Agency(EPA) aux
Etats-Unis).
Le premier moyen de parvenir à l'optimum de pollution
est celui où le réglementeur impose
àl'entreprise de ne pas polluer plus que le niveau P *
fixé. Cette norme, définie par une
quantitémaximale de rejets, est assortie de
pénalités dissuadant toute infraction, et permet de restau-
rer l'optimum social.
En pratique, elle peut prendre différentes formes,
selon qu'elle définit la technologie utilisable (norme de
procédé), les critères auxquels doivent se conformer les
produits nuisibles à l'environnement (norme de produit), les
caractéristiques des milieux récepteurs (norme de qualité)
ou le seuil maximal de polluant acceptable (norme d'émission).
Editer une norme qui restaure l'optimum social suppose la
connaissance de P *, c'est-à-dire celle des dommages et celle des
coûts de pollution. Une condition suppose que le réglementeur ait
accès à des informations qui sont généralement
réservées aux firmes, notamment concernant les technologies
utilisées. Pour ces deux types de raisons, la norme imposée est
généralement différente de celle qui permettrait
d'atteindre l'optimum social.
3.2.2 Les taxes
Plutôt que d'exiger ou d'interdire, l'État peut
intervenir de façon que le calcul rationnel des agents
économiques intègre les externalités. Il faut pour cela
faire en sorte que le coût privéqui entre dans le
calcul des agents soit le même que le vrai coût de
l'activité (coût social)
grâce à la mise en oeuvre de taxes dans le cas
des externalités négatives et de subventions dans le cas des
externalités positives. Ainsi, l'usine qui génère des
nuisances de bruit importantes se verra dans l'obligation de payer un
impôt qu'elle intégrera dans son calcul de coût. Le
coût marginal augmentant du fait de ces taxes, l'entreprise
réduira sa production (et par conséquent ses nuisances).
Les solutions publiques ne sont pas les seules. Certains
économistes libéraux pensent que l'intervention des pouvoirs
publics n'est pas nécessairement légitimée par la
présence d'externalités. Ainsi, Ronald Coase explique, dans»
Le Problème du coût social» (1960), que l'Etat ne doit pas
intervenir économiquement en taxant ou en subventionnant, et ainsi en
modifiant la répartition des revenus. Coase considère qu'il
suffit de définir les droits de propriété qui peuvent
être échangés.
Supposons deux entreprises fabriquant au fil de l'eau (exemple
tiré de l'ouvrage de F. Lévêque) l'une, A, fabrique du cuir
pour un producteur de chaussures et pollue la rivière; l'autre, B,
fabrique de la bière en aval de A et a besoin d'eau pure pour nettoyer
ses cuves de fermentation; la quantité de pollution varie
proportionnellement à la quantité de cuir produite; B traite
l'eau qu'elle consomme en fonction de la quantité de tanins
déversés par A dans la rivière . Ce coût marginal de
purification, c'est le préjudice que subit l'entreprise de
FIG. 8 -
bière B
Cette figure montre comment la présence d'une
externalité met en échec la main invisible.
Cherchant à maximiser son profit, la tannerie produit
jusqu'au point où son bénéfice marginal devient nul. Du
point de vue de l'intérêt général, qui se
réduit ici au bien-être des deux agents, cette situation n'est pas
optimale car la richesse totale est maximisée pour q = q* et
non q0. La solution canonique du problème de l'externalité est de
réglementer. Le réglementeur doit calculer le » niveau
optimal de production d'externalités » et mettre en place un
mécanisme qui va contraindre (ou inciter) les agents économiques
à l'atteindre (imposer au pollueur une norme, qui limite ses
émissions à q*, ou taxer le pollueur) Coase estime
qu'il n'est pas nécessaire de recourir à l'Etat
réglementeur pour régler ce problème d'externalité
négative. Il suffit d'introduire dans notre exemple un droit de
propriété sur la rivière. Supposons qu'elle appartienne
à la fabrique de cuir. Admettons que les entreprises se connaissent et
peuvent signer des accords entre elles. Négligeons enfin le coût
des accords en considérant que la négociation, la mise en oeuvre
et la surveillance d'un contrat n'entraînent pas de dépenses
(coûts de transaction négligeables). Une
diminution des rejets de ?q = (q0-q) apporte au polluéB un gain (qXRq0)
qui est supérieur à la perte subie par A (qYq0). Le fabriquant de
bière a
donc intérêt à entrer en négociation
avec la tannerie pour lui proposer de limiter ses émissions en
échange d'une contrepartie monétaire.
3.2.3 Les marchés des droits à polluer
Comme le dysfonctionnement de l'économie liés
à la présence d'externalités s'expliquent souvent par
l'absence de marché qui fixerait un prix à l'externalité,
certains économistes ont préconisé la mise en place d'un
marché boursier où les parties concernées pourraient
échanger des titres de propriété des ressources
environnementales. L'Etat fixe alors un objectif de pollution
(P*dansnotreexemple), et distribue ou alloue, par exemple, par
enchères, le montant correspondant de droits à polluer à
l'entreprise et aux riverains. L'entreprise doit posséder un nombre de
droits au moins égal aux rejets effectués; si elle en
possède plus que nécessaire, elle peut décider de les
revendre aux riverains ou, à l'inverse leur en acheter si elle n'en a
pas assez. En achetant des droits, les riverains diminuent le stock de permis
disponible pour les entreprises réduisant d'autant la pollution.
L'établissement de ce marché fait apparaître un prix
d'équilibre pour les droits à polluer et rétablit
l'optimalité d'équilibre de l'entreprise car au coût de
réduction de la pollution s'ajoute le prix des permis à acheter.
Si l'objectif de pollution est P *, le prix unitaire d'équilibre
s'établit à t', c'est à dire au niveau du coût
marginal de réduction des rejets pris à l'optimum.
Dans l'ensemble, nous constatons que d'énormes
théories économiques et sociales existent dans le cadre de la
protection de l'environnement. Qu'en est-il exactement de leurs
applications?
3.3 Problèmes de mise en oeuvre d'une politique
environnementale.
L'existence de ces nombreux moyens d'internalisation pose la
question de leur comparaison, même s'ils ne sont pas toujours
incompatibles entre eux. De plus, il ne suffit pas généralement
pas d'édicter une norme ou d'instaurer une taxe pour que la pollution
cesse brusquement. Le choix d'un instrument qui soit réellement efficace
pour diminuer la pollution pose des problèmes supplémentaires de
mise en IJuvre, dont on verra qu'ils ne sont pas sans influence sur ce choix
lui-même.
3.3.1 Le choix des instruments de politique
environnementale
Le problème du choix entre les différents
mécanismes d'internalisations impliquant l'intervention des
autorités publiques (normes, taxes, marchés de droits à
polluer pour la fixation de l'objectif) ne se pose donc lorsque le
réglementeur est confronté à l'impossibilité de
calculer l'optimum de pollution P*. Comme nous l'avons déjà dit,
cela peut provenir d'un manque d'information à deux niveaux :
l'évaluation des dommages et le manque de données sur les
coûts de réduction des rejets des différents pollueurs
- Le manque d'information sur l'évaluation des dommages
On suppose ici que le réglementeur est parfaitement
informé des coûts de pollution. Certains économistes comme
Baomol et Oates [1988], ont reformulé le problème en
considérant l'objectif de rejets à atteindre comme une
donnée exogène, résultants par exemple de décisions
politiques (protection d'intérêts économiques) ou
fondée sur des exigences de santé publique. C'est le cas par
exemple des normes américaines sur la pollution atmosphérique
établies aux Etats unis dans les années soixante-dix sous les
auspices du Clean Air Act. Dans ce cadre, il
est couramment avancé que les taxes sont plus efficaces
que les instruments de type qualitécomme les normes.
Supposons que l'objectif soit que la somme des pollutions individuelles
ne dépasse pas un montant
prédéterminé. Les autorités publiques sont alors
confrontées à la nécessité de repartir de
manière efficace l'effort de réduction des rejets entre
différents types de pollueurs.
Si une taxe est mise en oeuvre, ceci incite chaque pollueur
à diminuer ses rejets jusqu'au point où le coût marginal de
réduction des rejets égale la taxe unitaire à payer. En
effet, il vaut mieux payer la taxe que dépolluer à un coût
supérieur, et, inversement, il est préférable de
dépolluer plutôt que de payer la taxe quand celle-ci est plus
élevée que le coût marginal de la dépollution. La
répartition des effets est alors efficace puisque le coût total de
dépollution est minimisé grâce à
l'égalisation des coûts marginaux avec la taxe. Les pollueurs
dotés des coûts de dépollution les plus faibles sont ainsi
incités à réduire leurs émissions plus fortes que
les autres. En revanche, si une norme uniforme pour tous les pollueurs est
adoptée, la répartition des efforts entre les sources est
nécessairement inefficace si les coûts marginaux respectifs sont
différents. Les entreprises les plus capables de réduire leurs
émissions (coût marginal faible) dépolluent trop peu tandis
que les entreprises avec des coûts marginaux élevés
effectuent trop d'efforts. Pour atteindre un même objectif de
dépollution, une norme se révèle plus couteuse qu'une
taxe.
En ce qui concerne les marchés de droits, ils minimisent
les coûts comme la taxe parce que le prix d'équilibre du
marché s'établit au niveau de la taxe.
- Le manque d'information sur les dommages et les coûts de
dépollution.
Malgré bon gré, des politiques
économiques et sociales seraient mises en oeuvre pour éradiquer
les menaces sur l'environnement. Pourquoi alors en dépit de toutes ces
propositions de solutions, la dégradation de l'environnement
continuerait elle? Quels sont les moyens financiers de lutte contre ce
fléau (traitement des déchets) et les perspectives
économiques qu'elles génèrent?
4 Analyse des dépenses de protection de
l'environnement et ses conséquences.
4.1 L'effort d'investissement s'intensifie
Les formes de protection de l'environnement sont
variées on y trouve l'action des entreprises, des ménages et
d'administrations publiques. La protection de l'environnement
génère une activité économique
évaluée à 35,2 milliards d'euros en 2005, soit plus de
2,1% du produit intérieur brut. Cette part dans le PIB a eu tendance
à s'accroître depuis les années 90, traduisant ainsi un
rythme de croissance des dépenses de protection de l'environnement
(DPE). Au tournant du siècle, la DPE est rentrée dans une seconde
phase où sa marche était davantage calée sur celle de
l'économie, notamment à cause d'un rythme élevée
dans les » nouveaux domaines » de la protection de l'environnement
d'une part, et de la maîtrise de la gestion des déchets et des
eaux usées des entreprises d'autre part.
En 2005, la DPE s'accélère de nouveau elle
progresse de 5,5% par rapport à 2004 pour atteindre 3,1% du PIB. Cette
accélération résulte de la hausse des dépenses
d'investissements d'environ 11%, dont l'évolution confirme son
alignement sur le rythme de consommation nationale (+3,8%). L'essor de
l'investissement se répercute sur l'emploi dans les activités de
travaux publics ou de construction comme l'installation de réseaux
d'assainissement ou la construction de stations d'épuration soit plus de
4500 postes crées.
Dans le domaine de l'assainissement, l'année 2005
constituait ainsi une échéance réglementaire pour les
petites agglomérations, qui devaient s'être dotées de
systèmes collectifs d'épuration aux performances définies
par la directive sur les eaux résiduaires urbaines (Eru). Fin 2005
encore, les communes dont une partie de la population n'est pas desservie par
le système collectif d'épuration des eaux usées devaient
avoir crée un service public d'assainissement non collectif (Spanc). Il
est à notée aussi que la construction neuve de logements
individuels est liée à l'accroissement des dépenses en
capital d'assainissement autonome. L'investissement des industriels pour lutter
contre la pollution ou la prévenir rencontre des évolutions
contrastées, particulièrement en faveur de la protection de
l'air. L'effort accru d'investissement traduit ainsi l'intégration plus
poussée de la protection de l'environnement par le processus
économique.
4.2 Protection de l'environnement : Les dépenses
revues à la hausse en 2005.
En 2005, la dépense nationale de gestion des eaux
usées, représentant 0,8% du PIB, a amorcéune
reprise de 2,5%. Mais sa dépense courante a progressé
modérément à 0,8%, par rapport
à 5% en moyenne de dernières 15 années.
Ses dépenses d'investissement ont éprouvé aussi une
reprise ces années, dû à la hausse des prix sur le
marché des canalisations, les exigences réglementaires et
l'amélioration des performances des traitements. Parmi la dépense
totale, l'assainissement a occupé la plus grosse part de 82%. En
revanche, la dépense de gestion des eaux usées industrielles a
poursuivi une forte baisse de 11,4% cette année. La dépense
totale est financée essentiellement par trois agents les ménages
(45%), les administrations publiques (31%), et les entreprises (22%).
En 2005, la dépense de gestion des déchets est
en hausse de 5% par rapport à 2004. Cela peut s'expliquer par les
politiques qui permettent une amélioration de la qualité
environnementale du traitement des déchets. La dépense courante
de gestion des déchets municipaux a consacré
FIG. 9 -
une progression importante, de 33% de dernières 5
années, soit plus de 3 fois de l'augmentation des quantités de
déchets collectés durant cette période. 59% des
dépenses sont réalisées par des entreprises
délégataires. La dépense de gestion des déchets
industriels s'est stabilisée, quand sa dépense en capital a
progressé 20% cette année. Mais pour les entreprises
spécialisées dans la gestion des déchets ont
éprouvé une progression moins rapide, soit un peu
supérieur à 2%. La dépense de gestion courante des
déchets est financée presque exclusivement par les consommateurs
ou bénéficiaires des services. Les aides aux entreprises pour la
gestion en compte propre de leurs déchets ne couvrent que 2,5%. 86,5% de
la dépense courante des collectivités locales sont
financées par deux taxes, TEOM et REOM, qui se sont accru 8% en 2005.
Les ménages et les entreprises financent 97% de la dépense
courante.
En 2005, la dépense de gestion des déchets
radioactifs s'est accru un peu supérieur à 6% par rapport
à 2004. La dépense est répartie majoritairement en deux
parties, la production électronucléaire (69%) et la recherche
dans le domaine nucléaire et son associé (27%). Sur le stock de
déchets, seuls 0,2% sont hautement radioactifs mais ils
représentent 92% de la radioactivité. Ils ont une progression
d'inférieur à 5% par an. Les déchets de très faible
activité connaîtront la plus forte croissance dans les
années à venir, selon les prévisions, avec une
augmentation de 10% l'an d'ici 2020. Au côté de financement,
l'administration publique réalise 20% de la dépense et les
producteurs de déchets en financent actuellement la totalité. La
dépense courante a progressé fortement à 8% et 6% pour les
deux années successives. L'essentiel de la dépense correspond
à » traitement et conditionnement » des déchets, en
hausse de 8%, qui couvre 84% de la dépense courante. Les dépenses
de » stockage et entreposage » se sont accrues fortement à 30%
en 2004 et 12% en 2005, représentant 12% de la dépense courante
totale. Cette forte progression se poursuit aussi à la dépense en
capital, dont les investissements représentent 11% de la dépense
totale.
En 2005, la dépense de protection de l'air est en
très forte progression, avec une hausse de
FIG. 10--
FIG. 11 -
17% par rapport à 2004. Notamment sous l'impulsion des
investissements antipollution des entreprises industrielles, elle progresse
54%. De plus, la dépense en chaudières à condensation a
quadruplé en 2 dernières années.
FIG. 12-
Pour les produits adaptés et connexes, la dépense
s'est accrue également de 14,4%. La pro- gression de la
dépense en biocarburants est 8,2%, dont les volume vendu s'est
élevés à 1,1%
du total du marché des carburants routiers, en remarquant
que les dépenses en fuel désulfuréaugmentent
59,5% en 2005. Ce sont les entreprises qui financent l'essentiel de la
dépense, soit 61%. Et les ménages couvrent près de 28%.
4.3 Qu'en est-il des dépenses de recherches
Au cours des années quatre-vingt-dix, la dépense
de R et D environnementale a progressé à des rythmes soutenus,
régulièrement supérieurs à ceux observés
pour l'ensemble de la recherche
nationale. Durant cette période, sa part relative s'est
donc accrue, passant de 2,8% en 1992 à4,7% en 2000. Au
début des années deux mille, le différentiel de croissance
s'était estompé et
la dépense de recherche environnementale avait
évolué comme l'ensemble de la recherche. En particulier, le
ralentissement observé en 2003 avait concerné aussi bien
l'environnement que les
autres domaines de recherche. En 2004, les dépenses de
recherche environnementale avaient ànouveau progressé
plus vite, représentant jusqu'à 5,0% de la dépense
nationale de recherche.
Les données provisoires de 2005 font état d'un
décrochage entre l'évolution de l'ensemble des dépenses de
recherche, +2,8%, et celles consacrées à l'environnement, en
baisse de 5,5%. La part de l'environnement redescendrait ainsi à 4,6% de
l'ensemble de la dépense de recherche. La dépense de recherche
pour la gestion des déchets radioactifs s'élève à
275 millions d'euros en 2005, soit 16% du total. L'essentiel est
réalisé au titre de la loi Bataille. L'arrivée
à
FIG. 13-
échéance des dispositions de la loi relative
à la recherche explique le net ralentissement des dépenses dans
ce domaine, -11% par rapport à 2004. Sur les autres programmes de
recherche environnementale, les dépenses sont en repli de 4,2%. Les
dépenses de recherche pour l'environnement ont longtemps reposé
majoritairement sur les administrations publiques. Leur part dans
l'exécution des dépenses a culminé en 2000 à
près de 58%. L'écart entre acteurs
privés et publics s'est ensuite amenuisé et,
depuis 2004, les entreprises assurent la majoritéde l'exécution
des dépenses (54% en 2005). La recherche environnementale se rapproche,
de
ce point de vue, de l'ensemble de la recherche dont les
dépenses sont exécutées à 63% par les
entreprises.
Avec 773 millions d'euros en 2005, la R et D publique a
décliné de 10,5% comme le montre le
FIG. 14-
graphe ci-dessus. La chute des dépenses de
fonctionnement observée en 2004 s'est poursuivie en 2005, à un
rythme identique (-11,2%). Alors que les investissements se maintenaient en
2004 à cet affaissement, ils ont enregistré, en 2005, la baisse
la plus importante de la période (-9,5%). Après avoir
progressé régulièrement au cours des années
quatre-vingt-dix, les investissements publics fluctuent de manière
erratique depuis 2000. Les programmes de recherche sont, le plus souvent, mis
en oeuvre par les établissements publics à caractère
scientifique et technologique, comme le CNRS, les établissements publics
industriels et commerciaux ou l'Institut de radioprotection et de
sûreté nucléaire (IRSN).
4.4 Fonction d'administration : un coût de 2,5
millards d'euros en 2005
Les dépenses dites d'administration
générale retracées dans ce compte ne concernent que le
secteur des administrations, centrales ou locales. Elles sont
évaluées à 2,5 milliards d'euros en 2005, en hausse de
5,1% par rapport à 2004. Cette progression marque une
légère accélération par rapport à
l'année précédente, mais reste inférieure à
la croissance de l'ensemble des dépenses de protection de
l'environnement financées par les administrations (+8,6%). En
conséquence, le poids des fonctions d'administration
générale est contenu à environ 21% de la dépense
publique. Pour près des trois quarts, il s'agit de dépenses de
fonctionnement. Cette composante est stabilisée depuis 3 ans à
1,9 milliard d'euros et enregistre même un léger repli en 2005
(-2,1%). La dépense en capital, à l'inverse, continue de
progresser en 2005.
FIG. 15-
4.5 Une stabilisation de la dépense nationale de
récupération
La dépense courante de récupération est
estimée à 4,3 milliards d'euros en 2005. Après avoir
augmenté de 6% en 2003 et de 17% en 2004, elle s'est stabilisée
en 2005. L'investissement des entreprises de plus de 20 salariés a
progressé de presque 17% en 2005 et s'élève à 225
millions d'euros. Les investissements enregistrent une forte hausse dans la
récupération des métaux et une croissance plus modeste
pour les autres matériaux. L'évaluation résultante de la
dépense nationale totale se situe à 4,5 milliards d'euros en 2005
et se maintient au niveau de l'année 2004. Les investissements des
petites entreprises ne sont pas compris.
4.6 Conséquences de ces dépenses en terme
d'emploi
Les premières estimations 2005 de l'emploi directement
lié à l'environnement font état d'une nette relance de
la croissance des emplois (+2,5% par rapport à 2004), soit plus de 9
000 nouveaux emplois. Cette évolution s'inscrit dans la tendance au
développement de l'emploi
FIG. 16-
environnemental observée depuis 997 (+2,6%),
après le ralentissement sensible de l'année 2004. Les
activités environnementales ont repris leur dynamique de croissance,
stimulées par la réglementation. Celle-ci porte des effets
significatifs, avec notamment la construction d'unités de traitement
fortement créatrices d'emplois, rattachés aux domaines de l'eau
ou des déchets. Les plus fortes créations d'emploi ont
été enregistrées dans les domaines de la gestion des
déchets (+6 400), de la biodiversité et des paysages (+2 000)
ainsi que de la gestion de l'eau (+ 200). L'environnement emploie 374 000
personnes en 2005, ce qui représente ,5% de l'emploi
intérieur.
En 2005, le nombre d'emplois environnementaux en France
connaît une nette augmentation (2,5% sur un an, soit 9 100 emplois de
plus qu'en 2004). Il s'agit d'emplois liés aux activités
environnementales ou induites par celles-ci. Tous ne correspondent pas à
des métiers spécifiquement environnementaux. En particulier, ils
ne nécessitent pas obligatoirement une formation spécifique
à l'environnement.
Les activités de stricte protection de l'environnement
totalisent 62% des emplois estimés. L'évaluation comprend aussi
la production et la distribution d'eau potable, la récupération
et l'amélioration du cadre de vie, activités fortement
liées à l'environnement. La croissance de l'emploi résulte
pour partie d'une augmentation de la production des biens et services
environnementaux (+4,7% à prix courant) sur l'ensemble des
activités environnementales, plus particulièrement pour la
protection de l'environnement. L'emploi lié aux exportations, qui ne
représente que 4% environ du total, n'augmente pas en 2005. Le
marché interne est ainsi le seul contributeur à cette croissance.
On peut noter qu'en moyenne, 1 million d'euros de dépense correspond
à 7,4 emplois environnementaux, avec des variations plus ou moins
importantes selon les domaines.
FIG. 17-
La hausse de la dépense entraîne un surplus
d'activité. Celui-ci se traduit par des emplois supplémentaires
en raison de la faible croissance de la productivité apparente du
travail dans la plupart des secteurs de l'environnement. Cela est d'autant plus
vrai dans les » services » comme la collecte et le transport des
déchets, la réhabilitation des sites, etc. De plus, la
majorité de la dépense est constituée
d'achats de services qui, par nature, sont peu exposés
àla concurrence internationale.
La croissance de l'emploi est très marquée dans
la plupart des autres domaines de protection de l'environnement. Toutefois, les
activités transversales, administration générale
notamment, enregistrent une réduction d'effectif liée à
l'extinction du dispositif»nouveaux services emplois jeunes ».
Après plusieurs années d'augmentation de croissance, le domaine
de la récupération connaît une baisse sensible du niveau
d'emploi en 2005.
Le domaine de la production et distribution d'eau
bénéficie en revanche d'une croissance soutenue, +3,3%, soit
environ 1 200 emplois. Celle-ci résulte de l'augmentation de la
dépense (+3,4%), mais également d'une légère baisse
de la productivité apparente du secteur. Les données issues de
l'ANPE permettent de suivre l'évolution des demandes et des offres
d'emploi traitées par cet organisme» emplois-métiers »
touchent directement l'environnement parmi les 466 identifiés dans la
nomenclature de l'ANPE. Sur la période 1997-2005, l'ANPE enregistre une
croissance annuelle moyenne de 15,9% des offres pour l'ensemble de ces 6
postes, contre 3,5% pour la moyenne des offres enregistrées au niveau
national. Après une stabilité observée en 2004,
l'année 2005 se caractérise par une hausse marquée
(+12,6%) avec 13 667 offres d'emploi » environnemental »
enregistrées.
Tous les métiers bénéficient de cette
relance, notamment celui d'agent d'entretien et d'as- sainissement. Pour
celui-ci, les offres se sont accrues de 9,8%. Elles représentent les 3/5
des
FIG. 18-
offres d'emploi » environnemental » en 2005.
FIG. 19-
En 2005, les métiers suivis à l'ANPE restent
globalement touchés par l'augmentation du nombre de demandeurs d'emploi.
Ce constat touche plus particulièrement les métiers d'agent
d'entretien et d'assainissement, faiblement qualifiés, pour lesquels les
importants flux d'offres en 2005 n'ont pas pour autant permis une
résorption du chômage annuel.
Six métiers spécifiques de l'environnement
permettent de comparer l'évolution conjoncturelle du marché de
l'emploi du secteur de l'environnement aux autres secteurs. Pendant que le
» chômage» global augmentait de 17%, du printemps 2001 à
la fin 2004, il progressait de 60% pour les six métiers
»environnement ». Fin 2004, plus de 10 300 demandeurs d'emploi
étaient inscrits à l'ANPE dans l'un de ces six métiers.
Mais cette évolution n'est pas synonyme d'une crise du secteur. En
effet, pour ces métiers environnementaux, le nombre de demandeurs qui
ont quitté le chômage pour reprise d'emploi a
régulièrement progressé. Par ailleurs, le nombre d'offres
a augmenté de 16,4% sur la période 1997-2004. C'est une
croissance sensiblement plus soutenue que celle observée pour la moyenne
des offres enregistrées (2,9%). Ces offres sont émises
principalement par les services marchands et, dans une moindre mesure, par les
services non marchands associations, établissements sous tutelle
publique, collectivités ter-
ritoriales à travers les emplois aidés etc. Plus
qu'une crise du secteur, c'est donc l'attractivitéde l'environnement qui
semble responsable de cette montée du chômage.
Il existe un décalage quantitatif entre les effectifs
sortant des formations » environnement » et les capacités
d'absorption du secteur, ce qui peut expliquer la dégradation du
marchédu travail. L'environnement crée des emplois, mais pas
à la hauteur de toutes les formations existantes. De ce fait, certaines
ont du mal à trouver des débouchés.
FIG. 20-
5 Conclusion
Les analyses précédentes nous ont
révélé une situation de surexploitation de la nature
à travers le monde. L'arbitrage entre activités
économiques et protection environnementale s'est soldé à
l'avantage des activités économiques. En effet, certaines
politiques économiques ont aggravé l'état de
l'environnement. Son état est inquiétant dans certaines zones du
monde. Les pays riches seraient les plus grands pollueurs du monde avec l es
Etats Unis qui n'ont pas ratifié les accords de kyoto. Ainsi, les
théories fiscales et sociales développées pour sa
protection ne seraient pas forcément appliquées.
Néanmoins, dans certains pays comme la France (Grenelle de
l'environnement en 2007), des pas seraient entrain d'être franchis pour
la protection écologique. Durant la dernière
décénnie, elle (france) aurait fourni d'importants moyens
institutionnels et financiers pour la protection de la nature.
Et elle aurait prouvé que la protection
environnementale et croissance économique pourraient aller de paire avec
la création d'emploi. En effet les activités de protection sont
pour une grande part suscitées par un corpus réglementaire qui,
en assurant un certain niveau de protection de l'environnement, »
crée »la demande adressée aux entreprises
spécialisées. Les acteurs publics y tiennent un rôle
prépondérant par la maîtrise d'ouvrage qu'ils exercent.
Cependant, l'essentiel de la production des biens et services de protection est
assuré par la sphère privée. La progression des
dépenses résulte de l'accroissement des pollutions à
traiter mais aussi des mesures de prévention visant à les
réduire à la source. La gestion des eaux usées et celle
des déchets représentent 69% des dépenses tandis que la
protection de la biodiversité et celle de la qualité de l'air,
plus préventives, n'en totalisent que 10%. Il véhicule des
valeurs positives qui peuvent influencer l'orientation des productions et les
stratégies de communication des entreprises.
Références
[1] Living Planet Report 2006, WWF
[2] Rapport de le Commission des Comptes de l'Environnement
2007, IFEN
[3] Bontemps P, Rotillon G, Economie de l' Environnement, 2003,
Editions la Découverte, Collection Repères
[4] Europe's Environment, 4th report of the European Environment
Agency, 2007
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