L'UNION DOUANIERE DE L'UEMOA : IMPACT A
COURT
TERME SUR LES ECHANGES EXTERIEURS DU
BENIN,
BALLOGOUN Moutaïrou, Décembre 2000
SOMMAIRE
I N T R O D U C T I O N 1
PREMIERE PARTIE : CONSIDERATIONS THEORIQUES SUR
L'UNION DOUANIERE DE L'UEMOA CHAPITRE I : PRESENTATION DE L'UEMOA ET DE L'UNION
DOUANIERE 3
SECTION I : PRESENTATION DE L'UEMOA 3
SECTION II : L'UNION DOUANIERE ET SES IMPLICATIONS
7 CHAPITRE II : ANALYSE THEORIQUE DES EFFETS
DE L'INSTAURATION DE
L'UNION DOUANIERE ........................
..............................16
SECTION I : DESCRIPTION DU MODELE
16 SECTION II : ANALYSE GRAPHIQUE DES EFFETS DE LA
PREFERENCE
TARIFAIRE DE L'UEMOA .19
DEUXIEME PARTIE : IMPACT DE L'INSTAURATION DE
L'UNION DOUANIERE DE L'UEMOA SUR LES ECHANGES EXTERIEURS DU
BENIN
CHAPITRE I : ESTIMATION DES ELASTICITES DU COMMERCE
EXTERIEUR ... 25
SECTION I : PRESENTATION DES MODELES
.25
SECTION II : ESTIMATION DES MODELES
.27
CHAPITRE II : INCIDENCE DE LA MISE EN PLACE DE
L'UNION DOUANIERE
DE L'UEMOA SUR LES ECHANGES EXTERIEURS DU
BENIN..................33 SECTION I : IMPACT SUR LE COMMERCE
INTRACOMMUNAUTAIRE :
la libéralisation des échanges au sein de l'UEMOA
33
SECTION II : IMPACT SUR LES ECHANGES AVEC LES PAYS HORS
ZONE
UEMOA : le Tarif Extérieur Commun
..46
Paragraphe 2 : structure des échanges par pays
tiers .50
C O N C L U S I O N 55
I N T R O D U C T I O N
Le contexte économique international actuel est
marqué par la tendance des pays à s'insérer dans
l'économie mondiale à travers la création ou le
renforcement des regroupements régionaux. Cette stratégie
explique aujourd'hui l'élargissement de l'Union Européenne, la
formation du Bloc Asiatique et la concrétisation du projet de
création de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
(UEMOA).
Signé à Dakar le 10 janvier 1994, le
Traité instituant l'UEMOA devrait permettre non seulement d'assurer
à la monnaie commune (le franc CFA) le soubassement réel qui
conditionne sa consolidation et sa pérennité, mais
également d'accélérer le processus d'intégration
sous-régionale ; stratégie qui permettra aux économies des
Etats membres de relever les défis des mutations économiques
contemporaines, à savoir la mondialisation et la
compétitivité internationale.
Dans le cadre de l'intégration sous-régionale,
l'instauration d'une union douanière opérationnelle entre les
pays membres constitue un volet essentiel du processus d'unification des
espaces économiques nationaux. L'Union Douanière telle que
prévue par le traité de l'UEMOA s'est réalisée
suivant deux (02) schémas complémentaires :
- l'adoption d'un régime préférentiel
transitoire (1er juillet 1996 - 31 décembre 1999) qui a
consisté à libéraliser de manière progressive, les
échanges commerciaux entre les pays de l'Union ;
- la mise en place vis-à-vis des pays tiers, d'un Tarif
Extérieur Commun (TEC) le 1er janvier 2000(1)
consistant en une uniformisation des droits et taxes perçus sur les
marchandises qui entrent dans l'Union, quel que soit le pays d'accueil.
Le Bénin, pays de transit par excellence en Afrique de
l'Ouest et couvrant une superficie de 114.763(2) km2,
avec une population d'un peu plus de 6 millions
d'habitants en l'an 2000 ; est signataire des accords instituant
l'Union Douanière de l'UEMOA.
Les réformes tarifaires opérées en vue de
la matérialisation de cette Union Douanière de l'UEMOA ont eu,
sans aucun doute, des répercussions sur l'économie
béninoise et plus particulièrement sur le commerce
extérieur béninois c'est-à-dire les flux des importations,
des réexportations et des exportations du Bénin.
Le présent mémoire, dont le but est
d'étudier l'impact de l'instauration de l'Union Douanière de
l'UEMOA sur les échanges extérieurs du Bénin, s'articulera
autour de deux (02) grandes parties subdivisées comme suit :
Une première partie intitulée
"Considérations théoriques sur l'Union Douanière de
l'UEMOA" qui comportera deux chapitres :
* Chapitre I : Présentation de l'UEMOA et de l'Union
Douanière ;
* Chapitre II : Analyse théorique des effets de
l'instauration de l'Union Douanière de l'UEMOA.
La deuxième partie est intitulée "Impact de
l'instauration de l'Union Douanière de l'UEMOA sur les échanges
extérieurs du Bénin" et comprend aussi deux chapitres que sont
:
* Chapitre I : Estimation des élasticités du
commerce extérieur ;
* Chapitre II : Incidence de la mise en place de l'Union
Douanière de l'UEMOA sur les échanges extérieurs du
Bénin.
1 Le Bénin n'a effectivement mis en application le TEC que
le 31 janvier 2000.
2 Source : Institut Géographique National (IGN).
PREMIERE PARTIE
C H A P I T R E I :
Présentation de l'UEMOA
et de l'Union Douanière
SECTION I : PRESENTATION DE L'UEMOA
Paragraphe 1 : Historique de l'UEMOA
Avant l'année 1994, l'intégration économique
et l'intégration monétaire entre les pays composant l'UEMOA
étaient régies par deux (02) accords
séparés1 :
- le traité de l'Union Monétaire Ouest Africaine
(UMOA ) signé en 1962, qui s'occupait des questions touchant à
l'intégration monétaire,
- le traité de la Communauté Economique de
l'Afrique de l'Ouest (CEAO) signé en 1973 qui avait pour mission de
promouvoir la coopération commerciale et sectorielle entre les pays
membres.
Ces traités s'étaient avérés
très peu fonctionnels, du moins n'avaient pas pu atteindre les objectifs
qui leur étaient assignés.
Guidés par la préoccupation majeure de relancer
le processus d'intégration en Afrique de l'Ouest en partant du socle que
représente l'UMOA, les chefs d'Etat de l'Union avaient demandé,
en Mars 1990, au Gouverneur de la BCEAO de leur soumettre un schéma
d'intégration économique.
1. La Mauritanie était membre de la CEAO mais
n'était pas membre de l'UMOA. . Le Togo n'était pas membre de la
CEAO mais était Membre de l'UMOA.
Cette nécessité de consolider l'UMOA s'est fait
ressentir de manière particulièrement aiguë suite à
l'aggravation de la crise économique et financière à
laquelle les Etats membres étaient confrontés à la fin des
années 80. L'atout que représentait la seule politique
monétaire commune était devenu, de ce fait, insuffisant pour
faire face aux défis de l'heure.
Jusque-là, les autres volets de la politique
macro-économique, notamment les politiques budgétaires, ont
toujours fait l'objet d'une gestion autonome de la part de chaque Etat. Cette
situation a entraîné des distorsions croissantes entre les
différents volets de la politique économique, une
instabilité du cadre macro-économique et une faible
efficacité de la politique monétaire.
La globalisation croissante des marchés ajoutée
à une exacerbation sans précédent de la concurrence et de
la tendance à la multiplication des blocs régionaux,
caractéristiques des profondes mutations de l'environnement
économique international, ont rendu urgente la relance effective de
l'intégration économique. La modification de la parité de
la monnaie commune a rendu encore plus impérieuse cette urgence, au
regard de la nécessité de consolider les gains de
compétitivité liés à cette décision et de
permettre aux pays de l'Union de renouer avec la croissance.
Entrepris depuis juin 1991 à l'instigation de la France
avec le soutien de l'Union Européenne, le projet de création de
l'UEMOA s'est finalement concrétisé le 10 janvier 1994 à
Dakar au Sénégal à la veille de la dévaluation du
franc CFA1. Le traité constitutif de l'Union est entré
en vigueur le 1er août de la même année
après ratification par les sept (07) Etats membres fondateurs que sont :
le Bénin, le Burkina- Faso, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger,
le Sénégal et le Togo. Trois (03) ans plus tard,
c'est-à-dire le 02 mai 1997, les Etats signataires étaient
rejoints par la Guinée-Bissau qui devenait de ce fait, le
huitième (8è) membre de l'Union.
1 Communauté Financière Africaine.
Remplaçant désormais la CEAO et l'UMOA, l'Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine représente à ce
jour, non seulement la toute dernière-née des organisations
d'intégration Ouest africaine, mais aussi l'une des formes les plus
avancées de ces expériences d'intégration dans la mesure
où elle ajoute aux acquis de l'union monétaire, les avantages
d'une coopération économique.
Paragraphe 2 : Principaux objectifs de l'UEMOA
L'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) a
été créée pour répondre aux trois (03)
préoccupations suivantes :
- l'organisation à brève échéance,
autour de la monnaie commune, d'une convergence accrue des politiques
macro-économiques nationales ;
- le décloisonnement effectif des marchés
nationaux et leur fusion en un marché unifié d'une taille
compatible avec les exigences de rentabilité des investissements requis
pour la relance de la croissance économique dans les Etats membres ;
- et l'instauration des conditions de nature à
optimiser l'exploitation des potentialités économiques des Etats
membres, en accroissant les opportunités d'échanges
intra-régionaux.
Pour faire face au défi de l'intégration, gage de
survie des Nations dans le monde de demain, l'UEMOA s'est fixée cinq
(05) objectifs prioritaires à savoir :
1 / renforcer la compétitivité des
activités économiques et financières des Etats membres
dans le cadre d'un marché ouvert et concurrentiel et d'un environnement
juridique rationalisé et harmonisé ;
2/ assurer la convergence des performances et des politiques
économiques des Etats membres par l'institution d'une procédure
de surveillance multilatérale ;
3/ créer entre les Etats membres un marché
commun basé sur la libre circulation des personnes, des biens, des
services, des capitaux et le droit d'établissement des personnes
exerçant une activité indépendante ou salariée
ainsi que sur un Tarif Extérieur Commun et une politique commerciale
commune ;
4/ instituer une coordination des politiques sectorielles
nationales, par la mise en oeuvre d'actions communes et éventuellement
de politiques communes notamment dans les domaines suivants : ressources
humaines, aménagement du territoire, transports et
télécommunications, environnement, agriculture, énergie,
industrie et mines ;
5/ harmoniser, dans la mesure nécessaire au bon
fonctionnement du marché commun, les législations des Etats
membres et particulièrement le régime de la fiscalité.
Paragraphe 3 : Les grands traits de la
communauté1
L'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
regroupe huit (08) pays de l'Afrique occidentale2 qui couvrent une
superficie de 3,5 millions de km2 et compte plus de 67 millions
d'habitants. Représentant environ 30% de la population de l'Afrique de
l'Ouest, ces pays ont une part de 33% dans le Produit Intérieur Brut de
la région.
L'économie de cet ensemble est dominée par
l'agriculture qui emploie environ 65% de la population active et constitue la
première source de recettes d'exportation. Deux (02) pays, la Côte
d'Ivoire et le Sénégal, se distinguent des autres. Le Produit
Intérieur Brut de ces deux pays vaut près de 60% de l'ensemble,
alors qu'ils
1 Les données de ce paragraphe sont tirées de
l'étude intitulée" Cadre analytique pour l'évaluation des
coûts et des avantages de l'intégration économique
régionale en vue de minimiser les coûts et de maximiser la
distribution équitable des avantages : conséquences sur les
politiques nationale et régionale" réalisée en 1998 par
Monsieur ADJOVI G. Epiphane pour le compte de la Communauté des Nations
Unies pour l'Afrique. La plupart des données concernent la
période 1995-1 996.
2 Bénin, Burkina-Faso, Côte d'Ivoire,
Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.
représentent moins de 38% de la population totale de
l'Union. Une des caractéristiques de ces deux pays est qu'ils sont de
gros exportateurs (respectivement 11,10% et 13,51% d'exportations
communautaires pour la Côte d'Ivoire et le Sénégal) en
direction des autres membres de l'Union et n'importent de ceux-ci qu'une petite
part de leurs achats à l'extérieur (1,11% et 3,72% respectivement
pour la Côte d'Ivoire et le Sénégal). Les autres pays
présentent un schéma inverse. La particularité de la
Côte d'Ivoire et le Sénégal se note également par
rapport à la composition de leur commerce extérieur. En effet,
alors que ces pays exportent essentiellement des produits de base vers le reste
du monde, ils vendent en grande partie des produits manufacturés
à leurs partenaires de l'Union. Ces derniers exportent presque
exclusivement des produits primaires aussi bien vers le Sénégal
et la Côte d'Ivoire que vers le reste du monde.
Le Bénin quant à lui, occupe 3,27% de la
superficie de l'Union avec une population représentant environ 11,17% de
celle de la communauté. Il participe pour 8% à la formation du
PIB de l'Union et contribue pour 6% aux exportations totales de l'UEMOA.
Les échanges mutuels entre pays membres de l'Union ne
dépassent pas en moyenne 10,5% de leur commerce extérieur.
SECTION II : L'UNION DOUANIERE ET SES IMPLICATIONS
Paragraphe 1 : Définitions et objectifs
Sur le plan théorique, l'union douanière peut
être considérée comme la troisième
(3è) étape des processus d'intégration
économique pour lesquels six (06) étapes sont
généralement distinguées :
1) la zone de préférence
douanière, à l'intérieur de laquelle les droits de
douane sur le commerce entre les pays membres sont abaissés à un
niveau significativement
inférieur à ceux appliqués aux
échanges avec les pays tiers ;
2) la zone de libre échange, dont la principale
caractéristique consiste en la suppression totale des droits de douane
entre les pays membres, qui demeurent toutefois maîtres de leur politique
douanière à l'égard des pays tiers ;
3) l'union douanière, objet de notre analyse,
qui constitue une zone de libre échange, confortée par l'adoption
par les membres d'un Tarif Extérieur Commun (TEC) ;
4) le marché commun, au sein duquel est
réalisée une liberté totale de circulation, tant des
marchandises que des facteurs de production. Il implique une certaine
harmonisation des politiques économiques, dans le souci de
prévenir les distorsions préjudiciables au plein exercice de la
concurrence ;
5) l'union économique, stade le plus
avancé de l'intégration économique stricto sensu qui
suppose, en plus de l'institution d'un marché commun, une harmonisation
poussée, voire l'uniformisation, des politiques économiques des
pays membres ;
6) l'union économique et monétaire, qui
représente la forme la plus achevée d'intégration,
ajoutant aux acquis de l'union économique, les avantages d'une monnaie
et d'une politique monétaire uniques. C'est à ce degré
achevé d'intégration que consacre le traité de l'UEMOA.
Il y a union douanière entre plusieurs pays
lorsque ceux-ci abaissent ou suppriment les droits de douane sur les flux
commerciaux existant entre eux et instaurent un Tarif Extérieur Commun
à l'égard des pays tiers à l'Union.
D'une manière générale, la finalité
des expériences d'union douanière réside dans leur
vocation potentielle qui est de favoriser l'accélération de la
croissance économique des pays impliqués. Ceci se justifie par le
fait que :
- elles permettent l'intensification des relations commerciales
entre les pays concernés ; résultant de l'élimination de
toutes les entraves à la libre circulation des marchandises et
l'instauration de la préférence communautaire ;
- l'unification des marchés nationaux crée les
conditions d'un accroissement significatif des investissements et est
susceptible de favoriser des économies d'échelle, en
élargissant les débouchés ouverts aux entreprises
installées dans les pays membres de l'union et en améliorant
leurs perspectives de rentabilité.
Les effets souvent attendus de l'union douanière sont :
- les effets de création de commerce qui se
traduisent par le développement entre les pays de la zone
concernée, de nouveaux courants commerciaux résultant de
l'abandon par certains pays de quelques productions bien
spécifiées pour s'approvisionner auprès des autres pays
membres sur la base, soit d'avantages comparatifs, soit d'une décision
prise de commun accord par les membres de l'Union ;
- les effets de détournement de commerce se
traduisant (du fait de l'application du régime
préférentiel) par un redéploiement, au profit des pays de
la zone, de certaines importations précédemment effectuées
auprès de pays tiers.
Il faut remarquer que, d'après la littérature
économique, un processus d'intégration est d'autant plus efficace
que les effets de création de commerce qu'il génère sont
plus importants que ses effets de détournement de commerce.
Paragraphe 2 : Principes de base de l'Union
Douanière
Les réformes engagées dans le cadre de la
réalisation de l'Union Douanière visent essentiellement la mise
en place d'un système tarifaire propice à l'amélioration
de l'allocation des ressources productives et de la compétitivité
des économies, ainsi qu'à l'intensification des échanges
intra-zones. L'Union Douanière est basée sur deux (02) principes
fondamentaux :
- la suppression de tous les obstacles tarifaires et non
tarifaires entravant les échanges entre pays membres ;
- la rationalisation et l'harmonisation des politiques
commerciales à l'égard des pays tiers par l'élimination de
toutes les barrières tarifaires aux échanges et la mise en
application d'un Tarif Extérieur Commun (TEC).
Les réformes requises pour la matérialisation de
l'Union Douanière ont permis :
- l'harmonisation et la rationalisation des taux de protection
effective entre les différents secteurs d'activité, de
manière à éliminer les distorsions contre-productives dans
le domaine ;
- une rationalisation des systèmes tarifaires, minimisant
le nombre de taxes ainsi que celui des catégories et
généralisant le principe de la taxation ad valorem1,
en substitution à la taxation spécifique1 et aux
valeurs mercuriales2.
Paragraphe 3 : La libéralisation des échanges
et le Tarif Extérieur Commun
1. La libéralisation des échanges au sein de
l'UEMOA
Le processus de libéralisation des échanges a
été réalisé en deux (02) étapes. D'abord le
régime préférentiel transitoire des échanges, puis
la circulation en franchise totale de droits d'entrée pour tous les
produits originaires de l'Union. Le régime préférentiel
transitoire mis en application le 1er juillet 1996, comportait les
trois volets ci-après :
- la levée de toutes les barrières non tarifaires
entravant les échanges entre pays membres ;
- la libre circulation, en franchise de tous droits et taxes, des
produits du cru (produits du règne animal ou du règne
végétal et n'ayant subi aucune transformation à
caractère industriel) et de l'artisanat (articles faits à la main
ou avec l'aide d'outils ou d'instruments actionnés directement par
l'artisan) ;
1 Appliquée à la valeur nominale du produit
importé.
- la réduction des droits d'entrée sur les
produits industriels originaires agréés3 à
la Taxe Préférentielle Communautaire (TPC), de :
1 Montant prélevé sur chaque unité de bien
importé.
2 Valeurs fixées par les autorités.
3 Produits dont la fabrication incorpore au moins 60% de
matières premières communautaires ou dont la valeur
ajoutée communautaire représente au moins 40% du prix de revient
ex-usine.
· 30% entre juillet 1996 et juin 1997,
· 60% entre juin 1997 et décembre 1998,
· 80% en janvier 1999, suivie du désarmement
tarifaire total le 1er janvier 2000, et de la réduction de 5%
des droits d'entrée pour les produits industriels originaires
non-agréés.
Depuis le 1er janvier 2000, les produits originaires
de l'Union ne devraient plus être assujettis à un quelconque droit
ou taxe.
Le régime préférentiel transitoire
et la libéralisation des échanges intracommunautaires survenue au
début de l'année 2000 visent, en principe, un accroissement du
commerce entre les pays membres de l'Union. Pour le Bénin, cela doit se
traduire par une augmentation sensible des importations en provenance et des
exportations à destination de ses partenaires de l'UEMOA.
2. Le Tarif Extérieur Commun (TEC)
La mise en application du Tarif Extérieur Commun de
l'UEMOA introduit de nombreuses modifications dans le système tarifaire
du Bénin. Celles-ci sont mises en évidence dans la comparaison
qui est faite ci-après entre le système tarifaire du TEC et celui
qui prévalait :
2.1. Système tarifaire avant TEC
Les principales caractéristiques du tarif douanier avant
TEC étaient :
· Les droits de porte :
Ils se composaient de deux (02) droits à savoir :
- le Droit de Douane (DD) protecteur, qui était suspendu
;
- le Droit Fiscal (DF), dont les taux (ad valorem)
étaient : 0, 5, 10, 15 et 20%.
· Le Prélèvement Communautaire de
Solidarité (PCS) :
Son taux était fixé à 1% de la valeur du
produit. Il regroupait, à parts égales, le PC
(Prélèvement Communautaire/CEDEAO) et le PCS
(Prélèvement Communautaire de Solidarité/UEMOA).
· La Taxe sur Valeur Ajoutée (TVA)
:
Son taux est de 18% (ad valorem).
· La taxe fiscale de sortie :
Son taux était variable, mais elle était
suspendue, sauf pour le cacao en fèves et les métaux
précieux.
· Autres taxes :
Ce sont les redevances perçues au profit de l'ORTB
à savoir : la taxe radiophonique de 500 F.CFA par pièce, et la
taxe télévisuelle, à raison de 5% de la valeur CAF du
produit, le timbre douanier (TD), qui est de 4% et la taxe de voirie d'un
montant de 0,15% ou 0,85% selon le cas.
Il est à noter qu'un acompte forfaitaire (AF) de 3
à 5% est perçu sur la valeur du produit importé ; il
représente une avance sur l'impôt BIC.
2.2. Système tarifaire en vigueur (TEC)
La mise en application du Tarif Extérieur Commun
s'inscrit dans la logique de l'harmonisation de la fiscalité de porte.
Le règlement1 n° 02/97 qui l'institue à
été adopté en Conseil des Ministres de l'UEMOA, le 28
novembre 1997.
Le Tarif Extérieur Commun a pour but, l'instauration
d'un système tarifaire compatible avec l'Union Douanière de la
zone UEMOA. Il est appliqué à toutes les importations en
provenance des pays non-membres de l'Union. Le nombre de taxes perçues
au niveau du cordon douanier est globalement ramené à cinq (05) ;
les unes permanentes, les autres temporaires.
Au titre des taxes permanentes, on retrouve :
- le Droit de Douane (DD) hiérarchisé en (04)
catégories structurées comme suit :
Catégorie 0
|
Catégorie 1
|
Catégorie 2
|
Catégorie 3
|
(0%)
|
(5%)
|
(10%)
|
(20%)
|
1 Ce règlement est complété par les
règlements :
.n° 05/98 du 03 juillet 1998 portant catégorisation
des produits aux taux : 0 ; 5 ; 10 et 20% ;
.n° 03/99 du 25 mars 1999 portant création de la Taxe
Dégressive de Protection pour les produits industriels originaires de
l'Union ; .n° 05/99 du 06 août 1999 portant création de la
Taxe Conjoncturelle à l'Importation pour certains produits provenant de
pays tiers.
Biens à caractère culturel ou
|
Biens de première
|
Intrants et produits
|
Biens de consommation
|
social relevant d'une liste
|
nécessité, matières
|
intermédiaires
|
finale et tous les produits
|
limitative (médicaments,
préservatifs, livres, journaux,
appareils de rééducation
|
premières de base,
biens d'équipement, intrants spécifiques.
|
|
non-repris dans les autres catégories.
|
sanitaire).
|
|
|
|
- la Redevance Statistique (RS) de 1% applicable à tous
les produits, y compris ceux exonérés de droits de douane ;
- le Prélèvement Communautaire de
Solidarité (PCS) de 1,5% (1% pour l'UEMOA et 0,5% pour la CEDEAO) dont
les ressources sont affectées à la compensation des moins-values
de recettes douanières, à la dotation des fonds structurels et au
financement du fonctionnement de l'Union. Il est exigible sur les marchandises
en provenance des pays tiers à l'Union (exceptées celles
bénéficiant de privilèges diplomatiques).
Au titre des taxes temporaires, on recense :
- la Taxe Dégressive de Protection (TDP), mise en
application depuis le 1er juillet 1999 et qui est un mécanisme de
protection complémentaire prévu pour compenser de façon
temporaire (sur 04 ans), la baisse de protection tarifaire liée à
la mise en oeuvre du Tarif Extérieur Commun. Elle est transitoire,
dégressive et destinée à permettre aux branches
d'activités fortement affectées, de se restructurer afin de
s'adapter à l'intensification de la concurrence induite par le
désarmement tarifaire externe1. Les produits concernés
par la TDP sont ceux relevant de l'industrie et de l'agro-industrie. Un produit
obtenu dans l'Union est éligible à la TDP si la mise en
application du TEC provoque une réduction importante du Taux de
Protection Effective (TPE) de l'activité relative à ce
produit.
. Si la baisse du TPE est comprise entre 25 et 50%, le produit
bénéficie d'une TDP basse de 10%.
. Dans le cas où la baisse du TPE serait supérieure
ou égale à 50%, il est octroyé une TDP haute de 20% pour
le produit concerné.
Il convient de préciser que la
dégressivité de la TDP pendant les quatre (04) années sur
lesquelles elle va s'étaler, est automatique et qu'un abattement de 2,5
points sur la TDP basse et de 5 points sur la TDP haute sera
opéré, au bout de chaque année.
1 Il faut remarquer qu'avant la mise en application du TEC,
contrairement au Bénin, la plupart des pays de l'UEMOA avaient des taux
de droits de douane très élevés, allant jusqu'à
65%.
- la Taxe Conjoncturelle à l'Importation (TCI) ; c'est
un mécanisme d'amortissement des effets des variations des prix
internationaux sur la production communautaire et qui sert à
contrecarrer les pratiques commerciales déloyales notamment le
dumping1. Elle est applicable aux produits agricoles. Sa mise en
oeuvre est liée à un prix de déclenchement calculé
à partir d'une comparaison des prix internationaux des produits
considérés aux valeurs CAF d'importation de ces mêmes
produits. Un taux fixe de 10% a été retenu.
Il existe enfin pour certains produits, un système de
valeur de référence. La valeur de référence
s'applique en conformité avec les dispositions des accords de
l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC)2 signés à
Marrakech (au Maroc), à l'instar d'autres pays, par les Etats membres de
l'UEMOA.
Les réformes tarifaires résultant de la mise en
place de l'Union Douanière de l'UEMOA ont eu une incidence sur le
commerce extérieur du Bénin, incidence qui sera
étudiée, à travers une approche théorique, dans le
prochain chapitre.
1 Il y a dumping lorsqu'un pays vend ses produits à un
prix relativement bas sur le marché étranger, par rapport
à ses prix domestiques.
2 Qui a succédé formellement au GATT (Accords
Généraux sur les Tarifs Douaniers et le Commerce), le
1er janvier 1995.
C H A P I T R E II :
Analyse théorique des effets de
l'instauration
de l'Union Douanière de l'UEMOA
Le modèle explicatif qui sera développé,
essayera de montrer l'impact de l'instauration de la préférence
tarifaire de l'UEMOA sur les économies des pays membres. Dans sa
construction, les spécificités que comporte l'ensemble sous-
régional UEMOA sont prises en compte, notamment l'existence de deux (02)
catégories de pays dont les caractéristiques ont
été décrites plus haut, dans le paragraphe intitulé
"les grands traits de la communauté".
SECTION I : DESCRIPTION DU MODELE
Paragraphe 1 : Les hypothèses du Modèle
H1/ Nous avons trois (03) pays A, B et C.
A représente les "grands pays" de l'UEMOA (Côte
d'Ivoire et Sénégal),
B représente les autres pays de l'Union (Bénin,
Burkina-Faso, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Togo),
C représente le reste du monde (par rapport à
l'UEMOA).
H2/ Ces pays échangent entre eux trois (03) biens ; 1, 2
et 3
1 représente les produits primaires,
2 représente les biens industriels produits et
échangés par A et par C,
3 représente les biens industriels produits et
échangés uniquement par C
H3/ Les biens 1, 2 et 3 sont des biens normaux (dont la demande
augmente avec le niveau du revenu).
H4/ Les pays de l'UEMOA (A et B) sont considérés
comme "petits pays" par rapport au reste du monde. Les prix hors droits de
douane du pays C sont donc considérés comme les prix mondiaux
respectifs des biens échangés.
H5/ Il est supposé que toute la demande d'importation de
produits primaires du pays
A est satisfaite par le pays B, à des conditions de
coût constant.
Paragraphe 2 : Flux commerciaux des biens
La description des flux commerciaux des trois (03) biens pour les
trois (03) pays est reproduite sur le graphique 1. Comme on le voit
sur ce graphique, les pays A et
B représentant les deux groupes de pays membres de
l'UEMOA, exportent tous des produits primaires (bien 1) en direction du reste
du monde et en importent les biens manufacturés 2 et 3. Les produits
primaires constituent également l'essentiel des exportations de B vers
A. Le pays A, quant à lui, exporte principalement le bien 2 vers son
partenaire B.
Pays A
Bénin, Burkina-Faso, Guinée-Bissau,
Mali, Niger, Togo
2 1 1 2 3
Côte d'Ivoire, Sénégal
2
3
1
Reste du Monde (par rapport à l'UEMOA)
Pays B Pays C
Graphique 1
Paragraphe 3 : Prix domestiques dans l'UEMOA
Le bien 1 est acheté par le pays A auprès du
pays B. Son prix domestique dans le pays A est donc le prix hors douane de ce
produit en B auquel on ajoute le droit de douane prévu par le tarif de
A. Ce produit n'étant pas importé par B, le prix domestique en B
est ce même prix hors douane auquel il le vend à A. S'agissant des
deux (02) autres biens, qui font l'objet d'échanges avec le reste du
monde, leur prix domestique dans les pays partenaires (A et B) n'est rien
d'autre que leur prix international (qui est par hypothèse le prix
pratiqué par le reste du monde) auquel on applique le taux du tarif sur
les marchandises en provenance du reste du monde. Le tableau 1
ci-dessous présente la liste des différents prix domestiques.
Tableau 1 : Prix domestiques dans l'UEMOA
|
Pays A
|
Pays B
|
Pays C
|
Bien 1
|
P1B* (1+tB)
|
P1B*
|
P1B*
|
Bien 2
|
P2C* (1 +tC)
|
P2C* (1 +tC)
|
P 2C*
|
Bien 3
|
P3C* (1+tC)
|
P3C* (1+tC)
|
P 3C*
|
avec Pij* = Prix hors Droits de Douane du Bien i dans
le pays j.
La première étape de la réforme tarifaire
au sein de l'UEMOA, se limite à la mise en application d'une
préférence tarifaire entre les pays membres consistant en une
réduction progressive des droits d'entrée sur les marchandises
communautaires, sans modification de la politique commerciale régissant
les relations de ces pays avec le reste du monde. A cette étape de la
réforme, il n'y a aucun effet sur le prix du bien 3 uniquement vendu par
le reste du monde. Dans les "grands pays" (pays A) de l'Union, on assiste
à une baisse sensible du prix du bien 1 pour les consommateurs et
à un maintien des prix des biens 2 et 3. Dans les autres pays de l'Union
(pays B), la préférence tarifaire n'a aucun effet sur les prix
domestiques.
Ainsi, en terme de flux commerciaux, il y aura une
augmentation des exportations du bien 2 de A vers B et des exportations du bien
1 de B vers A. La hausse des exportations de A vers B s'expliquent par le fait
que le droit de douane ayant baissé, le prix perçu par les
exportateurs du pays A augmente et les incite à exporter davantage. La
hausse des exportations de B vers A provient plutôt de l'accroissement de
la demande des consommateurs de A suite à la baisse de leur prix
domestique (baisse de tB).
Au sujet du bien-être, les résultats sont
différents d'un partenaire à l'autre. En ce qui concerne le pays
B, c'est à une détérioration de bien-être qu'on
assiste du fait
de la baisse des recettes douanières provenant de la
réduction des droits de douane sur les biens en provenance de son
partenaire. Le pays A connaît plutôt une amélioration de
bien-être du fait de la hausse du prix qu'il perçoit de ses
exportations en direction de B et de la baisse du prix domestique du bien
importé de B. Ces différents aspects seront mieux
expliqués par l'analyse graphique ci-après.
SECTION II : ANALYSE GRAPHIQUE DES EFFETS DE LA PREFERENCE
TARIFAIRE DE L'UEMOA
Dans cette section, nous considérons le régime
préférentiel à son étape finale c'est-à-dire
que les échanges commerciaux communautaires se font en franchise totale
de droits et taxes d'entrée. Compte tenu du fait que les effets sur les
pays ne sont pas identiques, l'analyse se fera séparément pour
chaque groupe de pays distingué.
Paragraphe 1 : Importation de produits primaires par les
grands pays de l'UEMOA
Le graphique 2 illustre le cas du bien 1 (produits
primaires) dans le pays A (Côte d'Ivoire et Sénégal). Ce
bien est essentiellement importé du pays B (dont le Bénin).
Initialement, son prix est égal à P1B*
(1+tB). L'exportateur de B reçoit P1B*, la
différence étant versée comme droit de douane.
MA 1
Q1 Q2 Importations
Graphique 2
Avec l'instauration de la préférence tarifaire
communautaire, le droit de douane est éliminé, le prix passe donc
à P1B*. Cela se traduit pour les consommateurs, par une
augmentation de leur demande du bien 1. Et puisque toute la demande
d'importation du pays A est satisfaite par le pays B pour ce bien, les
exportations de celui-ci augmentent et passent de Q1 à Q2.
La hausse de la consommation compense la perte de recettes et
permet même de dégager un gain net de bien-être pour le pays
A, égal au triangle CDE. Le pays partenaire B quant à lui, du
fait des coûts constants ne gagne ni ne perd rien en terme de
bien-être.
Cela veut dire que pour les produits primaires (bien 1), il y
a un gain net pour l'Union dans son ensemble (triangle CDE) entièrement
au bénéfice des consommateurs du pays A.
Paragraphe 2 : Importation de produits industriels par les
autres pays de l'Union
Le graphique 3 illustre le marché du pays B.
Avant la formation de l'Union, le prix domestique était de
P2C*(1 +tC) aussi bien pour les importations en
provenance de C que pour celles en provenance de A.
P2C*(1+tC) K E H
Prix
P2C*
L F G
A'
E2 A E2
Importations
Graphique 3
La mise en place de la préférence tarifaire
laisse inchangé le prix domestique dans le pays B, mais permet le
déplacement de E2A à
E2A' de la courbe d'offre d'exportation adressée
aux résidents de B. Ceci permet aux exportateurs de A d'accroître
leurs ventes de KD à KE au détriment du reste du monde. L'Etat en
B perd le rectangle KEGL en recettes douanières dont une partie, la
surface KEFL, est récupérée comme gain par les producteurs
du pays A. Par contre le triangle EGF représente une perte sèche
(qui n'est récupérée par aucun des pays), perte due
à l'inefficacité de la production de A qui est incapable,
à ce prix (P2C*), de satisfaire toute la demande
d'importation exprimée par le pays B.
Si par contre, le niveau du droit initial et la
différence de coûts entre A et C sont tels que la suppression des
droits d'entrée sur les produits de A permet à celui-ci de vendre
à un prix inférieur au prix de C droits inclus, alors on a une
situation un peu plus intéressante pour l'Union. Le graphique 4
ci-après décrit ce cas :
MB
2
Importations
P2C*
P2C*(1+ tC)
P2A*
A' E2 A E2
D E F
G
M
L
K
N
I J
Graphique 4
Sous cette hypothèse, le prix d'acquisition
auprès de A devenant meilleur, le pays B importera la totalité du
bien 2 de ses partenaires de l'UEMOA au prix P2A*. Il achète
donc MG au lieu de la quantité DF préalablement achetée.
Il perd la surface DFJN en recettes douanières. Les consommateurs de ce
pays récupèrent la partie DFLM et obtiennent en plus le triangle
FGL qui constitue leur gain net de bien-être. Les producteurs de A
récupèrent la partie MLKIN et en plus, le triangle LGK. Au total,
sur les pertes de recettes douanières de B, seul la partie KJI est
véritablement perdue du fait de l'inefficacité de la production
du pays A. C'est la comparaison des aires (KJI) et (FGL+LGK) qui permettra de
savoir s'il y a perte ou gain de bien-être.
En résumé, la vente de produits industriels
par les "grands pays" de l'Union sur le marché des autres partenaires
accroît, à la fois, leurs exportations et le bien-être
qu'ils tirent du commerce. Les pays partenaires (pays B) des exportateurs de
produits industriels quant à eux perdent du bien- être compte tenu
de la baisse de leurs recettes douanières. L'Union dans son ensemble se
trouve alors confrontée à une perte sèche due à
l'inefficacité de la production dans le pays A par rapport à
celle du reste du monde.
Cette conclusion peut être relativisée si
l'institution de la préférence tarifaire communautaire
s'accompagne d'une baisse du prix des produits importés par le pays
partenaire car, plus la droite MG s'éloigne en dessous de DF, moins
l'aire KJI (c'est-àdire la perte sèche) est importante. Dans ce
cas, une amélioration du bien-être apparaît pour les "petits
pays" à travers une amélioration du surplus de leurs
consommateurs.
Mais au niveau de l'UEMOA prise globalement, la situation
reste mitigée puisque l'apparition de gain ou de perte dépend de
l'ampleur de l'inefficacité de la production dans les pays membres, par
rapport à celle du reste du monde.
Le modèle vient de montrer que l'instauration de la
préférence tarifaire au sein de l'UEMOA a deux (02) types
d'effets sur l'économie des pays membres de cette institution
sous-régionale. Le premier est l'opportunité qui s'offre pour une
augmentation des flux commerciaux intra-zones, pour les deux (02)
catégories de pays qui ont été distinguées au sein
de l'Union. Le deuxième effet est le remplacement des importations
venant des pays tiers par des productions communautaires bien que celles-ci
soient peu efficaces : c'est ce qui est dénommé "effet de
détournement de commerce".
En effet, profitant de la réduction de tarif dont elles
bénéficient, les entreprises de l'Union aux coûts de
production élevés donc ne survivant que grâce à une
forte protection, peuvent désormais écouler leur production sur
un marché beaucoup plus élargi : le marché communautaire.
Si l'on sait que l'inefficacité du système productif
communautaire est une source de baisse du bien-être, les pays membres
doivent procéder à une adaptation de leurs appareils productifs
respectifs afin de pouvoir répondre à moindre coût à
la demande nouvelle qui se présente à eux, du fait de la mise en
oeuvre de la préférence tarifaire.
Après cette analyse théorique de l'impact de
l'instauration de la préférence tarifaire de l'UEMOA sur le
commerce extérieur, la deuxième partie de ce document abordera
l'étude sous une approche beaucoup plus pratique.
DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE I :
Estimation des élasticités
du commerce extérieur
L'objectif poursuivi dans ce paragraphe est de
déterminer le comportement des composantes du commerce extérieur
notamment le volume des importations et celui des exportations, en fonction des
grandeurs macro-économiques qui les déterminent. La
démarche que nous avons adopté est basée sur la
détermination empirique d'une relation fonctionnelle entre les
composantes du commerce extérieur et ces grandeurs
macro-économiques. Un test de stabilité des paramètres
d'estimation dans le temps (test de CHOW), aurait été
intéressante pour déceler les éventuels changements
structurels induits par l'instauration de l'Union Douanière, sur les
modèles (importation, exportation). L'institution de l'UEMOA
étant récente, la deuxième souspériode1
(1997-1999) est encore trop courte pour qu'il soit possible de réaliser
un tel test.
SECTION I : PRESENTATION DES MODELES
Paragraphe 1 : Le modèle d'importation
Le modèle d'importation proposé exprime le volume
des importations en fonction :
- du revenu national (PIB)
1 La première étant 1970-1 996.
- et de l'indice des prix à l'importation (IPM).
Ainsi le modèle d'importation, sous forme
log-linéaire, s'écrit :
LogMt = 50 +
51LogPIBt + 52LogIPMt +
ît
Avec : 50 la constante,
51 l'élasticité des
importations par rapport au niveau du revenu national,
52 l'élasticité-prix des
importations,
ît le terme d'erreur.
Paragraphe 2 : Le modèle d'exportation
Le modèle d'exportation exprime le volume des exportations
comme fonction : - de la demande étrangère (DE)
- et du taux de change effectif réel à
l'exportation (TCERX).
Le modèle se présente comme suit :
LogXt = ,u0 +
,u1LogDEt + ,u2LogTCERXt +
æt
Avec : ,u0 la constante,
,u1 l'élasticité des
exportations par rapport à la demande exprimée sur les
marchés extérieurs (reste du monde),
,u2 l'élasticité des
exportations par rapport au taux de change effectif réel à
l'exportation,
æt le terme d'erreur.
SECTION II : ESTIMATION DES MODELES
ü Constitution de la base des données et
méthode d'analyse
Les données ayant permis d'estimer les
équations sont annuelles et concernent la période 1970-1999, soit
30 observations. Elles proviennent pour la plupart de l'INSAE (Institut
National de la Statistique et de l'Analyse Economique) et sont
présentées à l'annexe 5.
Rappelons que l'estimation directe par la méthode des
moindres carrées ordinaires peut fournir des résultats
inadéquats (fallacieux) sur les relations qui lient la variable
expliquée aux variables explicatives, lorsque les séries
étudiées ne sont pas stationnaires dans le temps. Pour cette
raison, nous avons recouru à la modélisation dynamique,
basée sur la théorie moderne de la co-intégration.
ü Stationnarité des
séries1
C'est grâce au test de Dickey-Fuller Augmenté
(ADF) que nous avons étudié la stationnarité des
séries. Il consiste à tester l'hypothèse H0 de
l'existence d'une racine unitaire (non-stationnarité de la série)
contre l'hypothèse H1 de stationnarité.
Le test a montré que les séries (M, PIB, IPM, X,
DE, TCERX) sont non- stationnaires en niveau.
ü Ordre d'intégration des variables
En différence première, les séries M,
PIB et IPM sont toutes stationnaires. Les variables M, PIB et IPM sont donc
intégrées et d'ordre d'intégration 1 chacune. Le test de
JOHANNSEN (test de co-intégration) montre qu'il existe un seul vecteur
de co-intégration entre les trois (03) variables.
1 Pour les résultats des tests, voir annexe 5 bis.
De même les variables du modèle d'exportation,
X, DE et TCERX sont toutes stationnaires en différence première
et intégrées d'ordre 1. Cela signifie qu'il y a risque de
co-intégration dans chacun des deux (02) modèles.
Nous pouvons alors procéder à l'estimation des
modèles (importation et exportation). Le processus comporte trois (03)
étapes : estimation de la relation de long terme ; test de
stationnarité sur les résidus issus de la relation de long terme
; estimation du modèle de court terme ou modèle à
correction d'erreur (ECM).
Paragraphe 1 : Estimation du modèle
d'importation
ü Estimation de la relation de long terme
L'estimation du modèle statique par les moindres
carrées ordinaires (MCO) donne les résultats suivants :
Log M = -3.63 + 1.88 Log PIB - 0.31 Log IPM
(-6.10) (16.87) (-4.37)
R2 = 0.92 DW = 1.61 (.) représente la statistique de
Student.
La valeur tabulée de la statistique de Student pour n
= 30, est t = 2,04 au seuil de 5%. Donc tous les coefficients estimés
sont significatifs (différents de zéro) avec les signes attendus.
La statistique de Fisher F* = 150 est supérieure à la valeur
critique au seuil de 5%, F0.05 = 3,35. Cela veut dire que la régression
est globalement significative. Le Durbin-Watson est tel que1
d2 < DW < 4-d2 . Il n'y a donc pas
autocorrélation des erreurs.
ü Stationnarité des résidus issue de la
relation de long terme
Le test de stationnarité de Dickey-Fuller Augmenté
(ADF) effectué sur les résidus fournit les résultats
ci-après :
ADF Test Statistic -2.41 8923 1% Critical Value* -2.6486
5% Critical Value -1.9535
10% Critical Value -1.6221
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a
unit root..
Au seuil de 5%, on rejette l'hypothèse d'existence de
racine unitaire. On en déduit la stationnarité des
résidus. Ce qui signifie que le processus converge vers une position
d'équilibre de long terme. Les variables M, PIB et IPM sont
co-intégrées. Ce qui permet d'estimer le modèle à
correction d'erreur.
Estimation de la relation de court terme
L'estimation du modèle dynamique fournit les
résultats ci-dessous :
?LogM = - 0.01 + 2.52 ? Log PIB - 0.44? Log IPM - 0.74
RESM(-1)
(-0.28) (2.63) (-3.42) (-3.34)
R2 = 0.63 DW = 1.79 (.) la statistique de Student
La valeur tabulée du Student au seuil de 5% pour n = 29
est t = 2,045. Donc les coefficients estimés sont tous significatifs et
ont les signes attendus.
Le tableau ci-après présente les
élasticités :
|
Elasticité de court terme
|
Elasticité de long terme
|
Variation absolue
|
Produit Intérieur
Brut (PIB)
|
2,52
|
1,88
|
64%
|
Indice des prix à
l'importation (IPM)
|
-0,44
|
-0,31
|
-13%
|
|
Ce tableau montre que les comportements à l'importation
diffèrent selon que l'on serait sur le court ou le long terme. En
effet,
1 d2 = 1,57 est la valeur extrême de la table de
Durbin-Watson au seuil de 5% pour n = 30 et k = 2 variables exogènes.
- à long terme, une augmentation de 1% du revenu
entraîne une hausse de 1,88% du volume des importations alors qu'une
augmentation de 1% de l'indice des prix à l'importation engendrerait une
baisse de 0,3 1% de ce même volume ;
- à court terme, les effets ont plus
d'intensité. Lorsque le niveau du revenu s'accroît de 1%, le
volume des importations augmente de 2,52%, alors qu'une hausse de 1% du niveau
de l'indice des prix à l'importation entraînerait une diminution
de 0,44% des volumes importés.
RESM(-1) qui représente l'erreur d'équilibre
(décalée d'une période) de la relation de long terme, a un
coefficient significatif avec le signe négatif attendu (c'est la force
de rappel à l'équilibre de la relation de court terme). La valeur
absolue du coefficient vaut 0,7389. Cela veut dire qu'à court terme, il
se produit un ajustement annuel de 73,89% du volume des importations
Paragraphe 2 : Estimation du modèle d'exportation
Estimation de la relation de long terme
L'estimation du modèle statique par les moindres
carrées ordinaires (MCO) donne les résultats suivants :
LogX = 1.74 + 0.73 LogDE + 0.11 LogTCERX + AR(1)
(2.19) (7.40) (0.81) (6.63)
R2 = 0.90 DW = 1.87 (.) représente la statistique de
Student.
La valeur tabulée de la statistique de Student pour n
= 29, est t = 2,045 au seuil de 5%. Seul le coefficient de la demande
étrangère (variable DE) est significatif (différent de
zéro) avec le signe attendu. Le taux de change effectif réel
à l'exportation (TCERX) contribue pour peu à l'explication du
volume des exportations. La statistique de Fisher F* = 75 est supérieure
à la valeur critique au seuil de 5%,
F0.05 = 3,37. Ce qui signifie que la régression est
globalement significative. Le DurbinWatson est tel que1
d2 < DW < 4-d2. Alors il n'y a pas
autocorrélation des erreurs2.
ü Stationnarité des résidus issus de la
relation de long terme
Le test de stationnarité de Dickey-Fuller Augmenté
(ADF) effectué sur les résidus fournit les résultats
ci-après :
ADF Test Statistic -4.011287 1% Critical Value* -2.6522
5% Critical Value -1.9540
10% Critical Value -1.6223
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root..
Au seuil de 5%, on rejette l'hypothèse d'existence de
racine unitaire. On en déduit la stationnarité des
résidus. Cela veut dire que le processus converge vers une position
d'équilibre de long terme. Les variables X, DE et TCERX sont
co-intégrées. Ce qui permet d'estimer le modèle à
correction d'erreur.
ü Estimation de la relation de court terme
L'estimation du modèle dynamique fournit les
résultats ci-dessous : ?LogX = -0.02 + 0.77 ?LogDE + 0.12 ?LogTCERX -
0.30 RESX(-1)
(-0.61) (8.71) (0.98) (-1.99)
R2 = 0.78 DW = 1.72 (.) la statistique de Student
La valeur tabulée du Student au seuil de 5% pour n =
29, est t = 2,045. Donc le coefficient de la demande étrangère
est significatif et a le signe attendu. A la limite (1 ,992,05), on peut dire
que RESX(-1) est significativement négatif.
1 d2 = 1,56 est la valeur extrême de la table de
Durbin-Watson au seuil de 5% pour n = 29 et k = 2 variables exogènes.
2 Le processus auto-régressif AR(1) a permis de lever
l'autocorrélation des erreurs.
Le tableau ci-après récapitule les
élasticités :
|
Elasticité de court terme
|
Elasticité de long terme
|
Variation absolue
|
Demande étrangère (DE)
|
0,77
|
0,72
|
5%
|
Taux de change effectif réel à l'exportation
(TCERX)
|
0,12
|
0,11
|
1%
|
D'après ce tableau, les comportements à
l'exportation sont peu différents selon que l'on serait sur le court ou
le long terme.
A long terme, une augmentation de 1% de la demande
étrangère entraîne une hausse de 0,72% du volume des
exportations alors qu'une augmentation de 1% du taux de change effectif
réel à l'exportation engendre une augmentation de 0,11% de ce
même volume.
A court terme, les effets sont presque identiques. Lorsque le
niveau de la demande étrangère s'accroît de 1%, le volume
des exportations augmenterait de 0,77%, alors qu'une hausse de 1% du taux de
change effectif réel à l'exportation entraînerait une
augmentation de 0,12% des volumes exportés.
RESX(-1) qui représente l'erreur d'équilibre
(décalée d'une période) de la relation de long terme, a un
coefficient significatif (à 10%) avec le signe négatif attendu
(c'est la force de rappel à l'équilibre de la relation de court
terme). La valeur absolue du coefficient vaut 0,30. Cela veut dire qu'à
court terme, il se produit un ajustement annuel de 30% seulement du volume des
exportations. Cette faible vitesse d'ajustement est à l'origine de
l'écart assez restreint entre les élasticités de court et
de long terme.
C H A P I T R E II :
Incidence de la mise en place
de l'Union Douanière de l'UEMOA
sur les échanges extérieurs du
Bénin
SECTION I : IMPACT SUR LE COMMERCE INTRACOMMUNAUTAIRE :
la libéralisation des échanges au sein de
l'UEMOA Paragraphe 1 : Evolution de la balance commerciale communautaire du
Bénin
-10 000
-20 000
-30 000
-40 000
40 000
20 000
50 000
30 000
10 000
0
-3 194
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999
Evolution de la balance commerciale communautaire du
Bénin
Importations Exportations Solde communautaire
-6 799
-17 875
-19 192 -19 905
-24 475
-33 810
L'évolution du solde commercial communautaire
décrite par ce graphique montre l'écart sans cesse croissant
entre les importations en provenance et les exportations à destination
des pays de l'UEMOA, déficit dû à une augmentation des
importations qui est loin d'être compensée par l'accroissement des
exportations. Cette dégradation continue de la balance commerciale
montre bien que la libéralisation des échanges
intra-communautaires a énormément accru les importations du
Bénin en provenance de ses partenaires de l'Union.
Paragraphe 2 : Le taux d'ouverture communautaire global
Dans l'approche de CAMARA (1990), les effets de la mise en
place d'une union douanière sur le commerce extérieur d'un pays
membre de l'union peuvent se mesurer grâce au taux d'ouverture
intra-communautaire, qui représente la part des importations de ce pays
en provenance de ses partenaires de l'union dans la valeur totale de ses
importations tous pays confondus. Ce taux qui permet de mesurer les
performances à l'importation, se calcule également pour les
exportations.
L'indicateur du degré d'ouverture communautaire est fourni
par la formule : + TOCM = MC/MT pour les importations
Avec MC : les importations communautaires,
MT : les importations totales ;
+ TOCX = XC/XT pour les exportations
Avec XC : les exportations communautaires,
XT : les exportations totales.
Le tableau suivant montre l'évolution de ces taux dans le
cas du Bénin
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
TOCM
|
4,07
|
5,13
|
6,45
|
8,05
|
7,11
|
7,84
|
9,24
|
TOCX
|
4,58
|
3,72
|
2,91
|
2,92
|
4,67
|
3,71
|
4,65
|
Les taux d'ouverture calculés sur la période
1993-1999 justifient la dégradation du solde commercial observée
plus haut. Toutefois, il faut noter la nette augmentation d'année en
année du taux d'ouverture communautaire des importations
(TOCM) qui témoigne de l'intérêt croissant que
porte le Bénin pour les produits communautaires. Bien qu'on n'ait pas
encore atteint une croissance à deux (02) chiffres, l'évolution
de ces indicateurs présage de la naissance, à terme, de nouveaux
courants commerciaux entre le Bénin et les autres pays de l'UEMOA.
Paragraphe 3 : Elasticité-revenu de la demande
d'importation
L'analyse ex-post des effets de l'intégration sur le
commerce extérieur développée par B. BALASSA (1967) permet
de saisir globalement l'impact de l'instauration d'une union douanière
sur le flux des échanges commerciaux existant
entre les pays membres. Cette approche se base sur le concept
de l'élasticité de la demande d'importation par rapport au revenu
pour mesurer les effets de création de commerce. Pour
appréhender, dans le cas de l'UEMOA, l'impact de l'Union
Douanière sur le commerce extérieur du Bénin, nous avons
considérer une période d'observation allant de 1994 à
1999, subdivisée en deux (02) sous-périodes :
1994-1996, période d'avant Union Douanière ;
1997-1999, période post Union.
Pour chacune des sous-périodes, on déterminera
des élasticités-revenu annuelles de la demande d'importation. La
comparaison de la moyenne de la première sous-période à
celle obtenue sur la seconde sous-période, permettra de conclure.
L'élasticité est fournie par la relation : e =
(?M/M) / (?R/R) ; Avec ?M/M la variation relative de la valeur des
importations,
?R/R la variation relative du PIB1 (assimilé au
revenu) du Bénin.
En désignant par e1 la moyenne de
l'élasticité avant union douanière et e2 celle
après, on a le tableau ci-après :
|
DM
|
DM
|
DM/M
|
R
|
DR
|
DR/R
|
(DM/M)/(DR/R)
|
ANNEES
|
1993
|
5,46
|
|
|
596,41
|
|
|
|
1994
|
10,02
|
4,56
|
45,51%
|
831,05
|
234,64
|
28,23%
|
1,611841098
|
1995
|
20,46
|
10,44
|
51,03%
|
1 002,91
|
171,86
|
17,14%
|
2,977707423
|
1996
|
23,05
|
2,59
|
11,24%
|
1 129,54
|
126,63
|
11,21%
|
1,002291027
|
|
|
|
|
|
|
e1
|
1,863946516
|
1997
|
24,97
|
1,92
|
7,69%
|
1 249,76
|
120,22
|
9,62%
|
0,799341909
|
1998
|
29,57
|
4,6
|
15,56%
|
1 360,64
|
110,88
|
8,15%
|
1,908958662
|
1999
|
40,09
|
10,52
|
26,24%
|
1 453,24
|
92,6
|
6,37%
|
4,11818678
|
|
e2
|
2,275495784
|
e1 < e2 : cela veut dire que la
demande d'importation du Bénin vis-à-vis des pays de l'UEMOA est
devenue plus élastique, au revenu après la mise en place de
l'Union Douanière. Selon le principe, on conclut donc qu'il y a eu
effets de création de commerce c'est-à-dire naissance de nouveaux
courants commerciaux.
Il convient de préciser que l'écart assez faible
(0,4) entre les deux élasticités ne permet pas encore de tirer
des conclusions pertinentes, mais l'on peut quand même en
1 Produit Intérieur Brut.
déduire un début de réorientation des
besoins d'approvisionnement en faveur de la communauté.
Paragraphe 4 : Analyse de variance
Au niveau des importations
Pour mesurer les répercussions des réformes
tarifaires de l'UEMOA sur les importations et les exportations du Bénin,
nous allons procéder à une analyse de variance de ces composantes
du commerce extérieur. L'analyse de variance permet de détecter
les éventuels changements structurels subis par une variable
influencée par un facteur donné. Le facteur
considéré ici est la mise en place le 1er juillet
1996, du premier schéma de l'Union Douanière c'est-à-dire
le régime préférentiel transitoire communautaire
consistant en un désarment tarifaire interne progressif au sein de tous
les pays de l'Union. Pour faire l'analyse, nous avons réparti les
importations par groupes de produits et distinguer deux (02) périodes :
la période antérieure à la libéralisation des
échanges communautaires (1994-1996) et la période post
libéralisation (1997-1999). Le tableau ci-dessous décrit cette
répartition :
|
IMPORTATIONS (Millions)
|
PRODUITS
|
94/96
|
97/99
|
Alimentaires
|
2 974
|
12262
|
Habillement
|
4 784
|
6535
|
Equipement
|
878
|
1852
|
Energétiques
|
4 202
|
35444
|
Chimiques
|
29 029
|
27610
|
Autres
|
11 664
|
10915
|
On veut tester l'hypothèse H0 de
stabilité de la structure des importations sur la période
1994-1999 contre l'hypothèse H1 d'un changement structurel.
La statistique utilisée pour valider l'analyse est celle de Fisher qui
rapporte la variance entre les échantillons Se 2 à la
variance à l'intérieur des échantillons
Si2 :
F = Se 2/ Si 2
Analyse de variance à un facteur
RAPPORT DÉTAILLÉ
|
|
|
|
|
Groupes
|
échantillons
|
Somme
|
Moyenne
|
Variance
|
94/96
|
6
|
53531
|
8921,833333
|
110259219
|
97/99
|
6
|
94618
|
15769,66667
|
168424983
|
|
ANALYSE DE VARIANCE
|
|
|
|
Source des variations
|
Som . carrés
|
ddl
|
Moy. des carrés
|
F*
|
Probabilité
|
F0,05 (1 , 10)
|
Entre Groupes
|
140678464,1
|
1
|
140678464,1
|
1,0095905
|
0,338694
|
4,96459052
|
A l' intérieur des group
|
1393421010
|
10
|
139342101
|
|
|
|
|
|
|
|
F* < F 0 ,0 5 (1 , 10)
|
|
TOTAL
|
1534099474
|
11
|
|
|
|
La valeur calculée de la statistique de Fischer, F*,
est inférieure à la valeur critique au seuil de 5%,
F0.05(1 , 10). On accepte alors l'hypothèse Ho qui stipule la
stabilité de la structure des importations suite à l'instauration
de la préférence communautaire.
En approfondissant l'analyse au niveau de chaque
échantillon, on s'aperçoit que dans les groupes "produits
alimentaires" et "produits énergétiques", il y a eu un changement
structurel (valeur calculée supérieure à la valeur
critique).
Ainsi, l'analyse de variance a montré que seuls les
produits alimentaires et les produits énergétiques ont
été sensibles à la libéralisation des
échanges au sein de l'UEMOA et que cette conclusion ne peut pas encore
être généralisé à tout le commerce
extérieur du Bénin.
Au niveau des exportations
Les principaux groupes retenus dans l'analyse de la variance
des produits d'exportation sont au nombre de sept (07) : coton et ses
dérivés, tabacs et succédanés de tabacs
fabriqués, ouvrages de sparterie ou de vannerie, produits des arts
graphiques, chaux et ciments, graisses et huiles animales ou
végétales, combustibles minéraux. Les exportations de ces
produits sont consignées dans le tableau ci-après :
|
EXPORTATIONS (M illions)
|
PRODUITS
|
94/96
|
|
97/99
|
|
Coton
|
2
|
610
|
2
|
855
|
Tabacs
|
1
|
896
|
6
|
016
|
Artisanat
|
|
610
|
|
253
|
Arts graph.
|
|
350
|
|
772
|
Ciment
|
1
|
711
|
|
673
|
G raiss. huiles
|
|
23
|
1
|
308
|
C om bus. M iné
|
|
7
|
2
|
403
|
Autres
|
2
|
458
|
2
|
148
|
L'analyse de variance fournit les résultats suivants :
Analyse de variance à un facteur
RAPPORT DÉTAILLÉ
|
|
|
|
|
|
Groupes
|
échantillons
|
Somme
|
Moyenne
|
Variance
|
94/96
|
8
|
9665
|
1 208,13
|
1 170 693
|
97/99
|
8
|
16428
|
2 053,50
|
3 402 926
|
|
ANALYSE DE VARIANCE
|
|
|
|
Source des variations
|
Som. carrés
|
ddl
|
Moy. des carrés
|
F*
|
Probabilité
|
F0,05 (1 , 14)
|
Entre Groupes
|
2 858 635,56
|
1
|
2 858 635,56
|
1,2500541
|
0,282361
|
4,60011051
|
A l'intérieur des groupes
|
32 015 332,88
|
14
|
2 286 809,49
|
|
|
|
|
|
|
|
F* < F0,05 (1 , 14)
|
|
TOTAL
|
34 873 968,44
|
15
|
|
|
|
Au seuil de 5%, on accepte l'hypothèse qu'il n'y a pas
eu un changement dans la structure des exportations prises globalement.
L'analyse intra-groupe n'est pas réalisable ici puisqu'à
l'intérieur des groupes, il y a très peu de diversifications en
terme de sous-produits. Il convient de préciser que, hormis le coton et
le ciment, la plupart des produits exportés sont en fait des produits de
réexportation.
Paragraphe 5 : Effets sur les valeurs et sur les volumes
des biens échangés
Il s'agit ici de mesurer les répercussions de la
libéralisation des échanges d'abord sur les valeurs, puis sur les
quantités des biens importés et ceux exportés. Les
quantités considérées sont les poids nets
c'est-à-dire le poids des produits, dépouillés de leurs
emballages, exceptés ceux indispensables à leur conservation.
Au niveau des importations
Les importations ont toujours occupé une place
importante dans les échanges extérieurs du Bénin. Nous
allons essayer de quantifier les variations subies par les importations aussi
bien en terme de flux monétaire qu'en terme de volume.
* Effets sur les valeurs
40 000
35 000
30 000
25 000
20 000
15 000
10 000
5 000
Evolution comparée des importations comm unautaires en
valeur du Bénin
0
Avant libéralisation Après
libéralisation
Il ressort de l'analyse de ce graphique, une nette tendance
à la hausse des importations dans tous les groupes de produits. En effet
:
- les produits alimentaires ont vu leurs importations
s'accroître de 312,31% après la libéralisation,
- les produits de l'habillement ont connu une hausse de 36,60%
par rapport à la période d'avant régime
préférentiel,
- les biens d'équipement ont subi une augmentation de
110,93%
- les produits énergétiques ont connu une hausse
spectaculaire de 743,50% après la libéralisation ;
- quant aux produits chimiques, leurs importations en valeur ont
connu une légère baisse de 4,89%.
De façon globale, les importations ont connu une
tendance à la hausse de 76,75% ; passant de 53,5 Milliards à 94,6
Milliards après la libéralisation communautaire des
échanges.
* Effets sur les quantités
Evolution com parée des quantités
importées
350000
300000
250000
200000
150000
100000
50000
0
Avant libéralisation Après
libéralisation
En dehors des produits de l'habillement et des produits
chimiques qui ont enregistré de faibles taux de croissance
(respectivement 35,96% et 13,65%) on note de très grandes augmentations
:
- de 18036,36% pour les produits énergétiques. Il
s'agit essentiellement des importations de produits pétroliers en
provenance des raffineries de la Côte d'Ivoire.
- de 3194,28% pour les produits alimentaires, - de 79,6 5% pour
les biens d'équipement.
Globalement, les quantités importées ont
augmenté de 202,76% ; passant ainsi de 193.453 Tonnes à 585.701
Tonnes suite à la libéralisation des échanges.
Au niveau des exportations
L'évolution des exportations du Bénin telle que
décrite dans l'analyse du solde communautaire montre que ce volet du
commerce extérieur n'a pas connu jusque-là
un décollage réel, son taux de croissance annuel
moyen étant encore autour de 17%. Cette situation s'explique par la
faible représentation des entreprises béninoises parmi les
entreprises agréées de l'UEMOA. En effet, en 1999, le
Bénin ne possédait que onze (11) entreprises
agréées soit 4% du total de l'Union et fabriquant quarante cinq
(45) produits industriels agréés à la Taxe
Préférentielle Communautaire (TPC), soit 3,5% du total de
l'UEMOA, ce qui le positionne avant dernier dans l'Union, devant le Niger.
* Effets sur les valeurs
4 000
2 000
7 000
6 000
5 000
3 000
1 000
0
Evolution comparée des exportations comm unautaires en
valeur du Bénin
Avant libéralisation Après
libéralisation
L'analyse de l'histogramme ci-dessus montre que :
- le groupe Coton et ses dérivés a connu une faible
tendance à la hausse de 9,39% ;
- les exportations de tabacs se sont accrues de 217,30% ;
- les produits des arts graphiques ont connu une hausse de
120,57% ;
- les graisses et huiles animales ou végétales
ont augmenté de plus de 50 fois. Ceci montre le grand
intérêt que portent les opérateurs économiques
Béninois à cette filière, suite à la
libéralisation des échanges au sein de l'UEMOA.
- les combustibles minéraux ont également connu une
tendance à la hausse soit 2,4 Milliards contre seulement 7 Millions
avant la libéralisation.
- quant aux produits de l'artisanat et le ciment ils ont vu leurs
exportations baisser respectivement de 58,52% et 60,67%.
De façon globale, les exportations ont augmenté en
valeur de 69,97% ; passant de 9,6 Milliards à 16,4 Milliards
après la mise en place de l'Union Douanière.
* Effets sur les quantités exportées
Evolution conparée des exportations du Bénin
en quantité à destination de l'UEMOA
45000
40000
35000
30000
25000
20000
15000
10000
5000
0
Avant libéralisation Après
libéralisation
- Pour le coton, les ouvrages de sparterie ou de vannerie et le
ciment, on note des baisses respectives de 20,62 ; 45,99 et 61,76%.
- par contre les tabacs, les produits des arts graphiques, les
graisses et huiles et les combustibles minéraux ont vu le volume de
leurs exportations augmenter respectivement de 178,21 ; 187,27 ; 1933,85 et
81568%.
Globalement, les quantités exportées ont
augmenté dans une proportion très faible soit 1,39% ;
après la libéralisation des échanges au sein de
l'UEMOA.
Paragraphe 6 : Indice des termes de l'échange
Après l'analyse séparée de
l'évolution du volume et de la valeur des importations et des
exportations effectuée ci-dessus, nous avons essayer de
déterminer l'indice des termes de l'échange (ITE), indice qui
indique le nombre
d'unités de biens importés pouvant être
échangés contre une unité de biens
exportés1. C'est un indicateur du commerce extérieur
qui retrace simultanément les variations subies par les volumes et les
valeurs des biens échangés. Il permet de savoir si dans le
commerce entre les pays impliqués, il y a amélioration ou
détérioration des termes de l'échange et se calcule en
plusieurs étapes. Il est obtenu par le rapport :
ITE = (IVM à l'exportation)/(IVM à
l'importation)
Avec IVM = (IVT/IVC) l'indice de valeur moyenne IVT : indice
de valeur totale
IVC : indice de volume corrigé
La période de base retenue est l'année 1997,
année relativement stable dans les statistiques du commerce
extérieur. Les calculs2 fournissent les résultats
ci-après :
|
IVm
|
IVx
|
ITE
|
IGT
|
1994
|
38,18
|
83,36
|
71,31
|
59,44
|
1995
|
85,06
|
36,65
|
116,99
|
42,87
|
1996
|
72,68
|
58,88
|
91,42
|
53,82
|
Moyenne 1
|
61,80
|
56,45
|
91,36
|
51,57
|
1997
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
1998
|
359,62
|
87,50
|
306,76
|
268,42
|
1999
|
440,18
|
130,58
|
230,33
|
300,78
|
Moyenne 2
|
251,09
|
104,54
|
191,89
|
200,61
|
Avec IVm : l'indice de volume à l'importation, IVx :
l'indice de volume à l'exportation, ITE : l'indice des termes de
l'échange, IGT : l'indice des gains totaux.
D'après ce tableau, les volumes importés et les
volumes exportés sont en permanente croissance (comparés une
année avant à une année après la
libéralisation), avec des moyennes très élevées
après la mise en place du régime préférentiel :
1 Définition tirée de "Finances &
Développement" Publication trimestrielle du FMI : juin
2000.
2 Voir en annexe 4 : formules des indices et détails des
calculs.
- pour les importations on a 251,09% après la
libéralisation contre une dégradation de 38,20 points avant la
libéralisation.
- pour les exportations, c'est plutôt 104,54% contre une
dégradation de 43,55 points avant la libéralisation.
Pour ce qui concerne l'indice des termes de l'échange,
il s'est accru de 91,89 points après la libéralisation alors
qu'elle s'était dégradée de 9,64 points avant la
libéralisation.
Le même constat se fait pour l'indice des gains totaux. Une
croissance de 100,61 points contre une dégradation de 48,43 points avant
le régime préférentiel.
En somme, l'analyse des indices du commerce extérieur
du Bénin a montré que la libéralisation des
échanges au sein de l'UEMOA a favorisé les termes de
l'échange du Bénin (ITE = 191,89%), et a énormément
augmenté la capacité de ce dernier à importer de ses
partenaires de l'Union (IGT = 200,61%).
Paragraphe 7 : E changes par pays partenaire
UEMOA
De l'analyse des échanges par pays partenaire de l'Union,
il ressort que :
La majorité des importations communautaires du
Bénin provient du Sénégal et de la Côte d'Ivoire qui
ont un taux de croissance de 85,53% et 17,79% respectivement de la
période d'avant libéralisation à celle d'après
(importations composées essentiellement de produits pétroliers
pour la Côte d'Ivoire et de produits alimentaires pour le
Sénégal). De plus, leurs parts relatives sont de 58,80% et 27,66%
dans la valeur totale des importations communautaires après la
libéralisation contre respectivement 56,02% et 41,50% avant. Pour le
Togo, cette part est de 13,23% contre 1,95% ; le Burkina-Faso 0,19% contre
0,16% ; le Niger 0,09% contre 0,17%. Le mali et la Guinée-Bissau ont
chacun des parts insignifiantes dans les importations du Bénin, aussi
bien avant la libéralisation des échanges, qu'après.
En matière d'exportation, c'est le
phénomène contraire qui s'observe. En effet, la structure des
exportations du Bénin en direction des pays de l'UEMOA se
présente comme suit :
- la Côte d'Ivoire, une part relative 23,53% dans les
exportations post libéralisation contre 13,82% la période
d'avant,
- le Sénégal, 2,16% contre 3,59%. Le Togo, 16,06%
contre 36,00% avant la libéralisation des échanges,
- le Mali 6,93% ; le Burkina-Faso 4,82% ; la Guinée-Bissau
0,51% contre respectivement 1,56% ; 4,71% ; 0,00% avant la
libéralisation,
- le Niger quant à lui, apparaît comme le
1er partenaire du Bénin puisque le marché
nigérien accueille une part allant de 40,32% avant la
libéralisation à 46,00% après la libéralisation des
échanges, dans les exportations communautaires du Bénin. Il
s'agit essentiellement de produits alimentaires (graines de maïs,
fécules de manioc, huile de coton, huile de karité) et des tabacs
et cigarettes.
SECTION II : IMPACT SUR LES ECHANGES AVEC LES PAYS TIERS A
L'UEMOA : le Tarif Extérieur Commun (TEC)
L'impact de l'instauration de l'Union Douanière de
l'UEMOA sur les échanges avec les pays tiers à l'Union concerne
l'incidence du Tarif Extérieur Commun (TEC) sur le flux des
échanges commerciaux du Bénin avec le reste du monde. Le Tarif
Extérieur Commun a pour objectif, la simplification des systèmes
tarifaires en vigueur dans les pays de l'UEMOA, l'ouverture de l'Union sur
l'économie mondiale, la promotion de la production communautaire et la
lutte contre le détournement de trafic.
Paragraphe 1 : Effets du Tarif Extérieur Commun
(TEC) sur les valeurs et sur les volumes des biens
échangés
Au niveau des importations
* Effets sur les valeurs
Les importations du Bénin en provenance des pays tiers
à l'UEMOA pour le 1er semestre 2000 se présente comme suit :
Energétiques 13%
Chimiques 2%
Equipement
19% Papeterie
3%
importations du 1er semestre 2000 par groupes de
produits
Autres
15%
Pharmaceutiques 4%
Alimentaires 25%
Habillement 19%
Les produits alimentaires ont occupé la
1ère place dans les importations du Bénin au
1er semestre 2000 avec une part relative de 25% dans les
importations totales de la période. Ces produits ont connu une faible
augmentation de 8,34% contre 22,70% au 1er semestre 1999.
Les produits de l'habillement et les biens d'équipement
occupent la 2ème place avec une part relative de 19% chacune.
Les produits de l'habillement ont connu une baisse de 11% au 1er
semestre 2000 contre une baisse de 1% au 1er semestre 1999 alors que les biens
d'équipement ont subi une diminution de 17% contre une hausse de 10% au
1er semestre 1999.
Le même constat se fait pour les produits chimiques avec
une part relative de 2% dans les importations. Ces produits ont ainsi connu une
énorme baisse de 84% au
400 000
250 000
200 000
350 000
300 000
150 000
100 000
50 000
0
Evolution comparée des volumes importés des
pays-tiers
1er semestre 1999 1er semestre 2000
cours du 1er semestre 2000 contrairement au
1er semestre 1999 où il y avait eu une augmentation de 42%.
Cette importante baisse se justifie par le retard observé dans les
commandes d'engrais et d'insecticides au 1er semestre 2000.
Bien que les produits énergétiques, les produits
pharmaceutiques et les produits de la papeterie ont de faibles parts dans les
importations du 1er semestre 2000 (respectivement 13% ; 4% ; 3%);
ces produits ont connu une grande tendance à la hausse sur la valeur de
leurs importations, soit :
- 47% contre une baisse de 10% observée au 1er
semestre 1999 pour les produits énergétiques ;
- 42% contre 3% au 1er semestre 1999 pour les produits
de la papeterie
- et 33% contre 7% au 1er semestre 1999 pour les
produits de la pharmaceutiques;
De façon globale, les importations ont connu une baisse
de 5,97% en valeur, passant de 178 Milliards à 167 Milliards avec
l'entrée en vigueur du Tarif Extérieur Commun.
* Effets sur les volumes
L'analyse du graphique montre qu'en dehors des produits
pharmaceutiques, de la papeterie et ceux de l'habillement qui ont vu leurs
volumes augmentés (49% ; 9% ; 1% respectivement), il y a eu une baisse
des volumes importés au 1er semestre 2000, notamment
- de 8% pour les produits alimentaires, contre une hausse de 21%
au 1er semestre 1999
- de 28% pour les biens d'équipement, contre une
augmentation de 9% enregistrée au 1er semestre 1999
- de 32% pour les produits énergétiques, contre une
hausse de 7% au 1er semestre 1999
- de 95% pour les produits chimiques, contre une augmentation de
35% au 1er semestre 1999
Néanmoins, d'une manière globale, le volume des
importations a connu une augmentation de 18% passant de 554.000 Tonnes à
630.000 Tonnes, après la mise en place du Tarif Extérieur
Commun.
Au niveau des exportations * Effets sur les
valeurs
Structure des exportations du Bénin au 1er semestre
2000
Oléagineux 1%
Fruits comestibles 16%
Autres 4%
Coton et ses dérivés 79%
Le coton a, de tout temps, occupé une place de choix
dans les exportations du Bénin. Cette réalité se trouve
encore justifiée pour les données du 1er semestre
2000. En effet, le coton et ses dérivés (graines, fibres) ont une
part relative de 79% dans la valeur des exportations en direction des pays
tiers à l'UEMOA pour cette période. Mais on note une baisse de 9%
pour ces produits, suite à la mise en application du Tarif
Extérieur Commun contre une baisse 22% au 1er semestre
1999.
Les fruits comestibles et les produits oléagineux ne
représentent respectivement que 16% et 1% des exportations après
la mise en place du TEC ; soit une augmentation de 28% pour les fruits
comestibles et une baisse de 19% pour les oléagineux part rapport au
1er semestre 1999.
De façon globale, la valeur des exportations a
légèrement baissé de 6,5% ; passant de 77 Milliards
à 72 Milliards après l'instauration du Tarif Extérieur
Commun.
* Effets sur les quantités exportées
Evolution comparée du volume des exportations du
Bénin en direction des pays tiers
200 000
180 000
160 000
140 000
120 000
100 000
40 000
80 000
60 000
20 000
0
1er semestre 1999 1er semestre 2000
Presque tous les produits d'exportation ont vu leurs volumes
diminués : - le coton a connu une baisse de 23% après
l'entrée en vigueur du TEC,
- la quantité de produits oléagineux
exportés a également diminué de 11%, - seuls les fruits
comestibles ont augmenté de 17%.
Globalement, le volume des exportations a baissé de 28,7%
; passant de 273.000 Tonnes à 194.000 Tonnes après la mise en
place du TEC.
Paragraphe 2 : Structure des échanges par pays
tiers à l'UEMOA Au niveau des importations
La diversité des fournisseurs du Bénin justifie la
variété des produits importés des pays hors UEMOA.
En dehors des autres pays de l'Afrique desquels on note une
augmentation de 41,51% des importations du Bénin au 1er
semestre 2000, c'est une tendance à la baisse qui s'observe pour les
autres pays. En effet, les importations du Bénin en provenance de
l'Europe, de l'Amérique et de l'Asie ont baissé respectivement de
7,50% ; 37,76%
et 9,71% (par rapport au 1er semestre 1999), suite
à l'entrée en vigueur du Tarif Extérieur Commun.
Au 1er semestre 2000, il convient de
préciser qu'au niveau de l'Europe, près de 97% des importations
proviennent de l'Union Européenne et qu'en Afrique, 39% proviennent des
autres pays de la zone CEDEAO (mise à part ceux de l'UEMOA).
Au niveau des exportations
De l'analyse par continent, il ressort que les exportations du
Bénin à destination des autres pays de l'Afrique (sans l'UEMOA)
et de l'Amérique ont baissé respectivement de 69% et 63% au
1er semestre 2000, comparé au 1er semestre 1999.
Par contre, on note une augmentation des exportations à destination de
l'Asie et de l'Europe respectivement de 43,6% et 3,6%, suite à
l'entrée en vigueur du Tarif Extérieur Commun.
Ici, les gros clients du Bénin sont respectivement :
- l'Inde avec des achats d'une valeur de 34,3 Milliards contre
11,1 Milliards au 1er semestre 1999 ;
- le Brésil avec des achats de 7,3 Milliards contre 14
Milliards au 1er semestre
1999 ;
- l'Italie, 3,7 Milliards contre 2,1 Milliards au 1er
semestre 1999
- l'Indonésie vers qui le Bénin a exporté
pour 3,6 Milliards au 1er semestre 2000 contre 8,3 Milliards au
1er semestre 1999.
Les exportations vers ces pays sont composées
essentiellement de coton égrené et de noix de cajou.
Paragraphe 3 : Répercussions du Tarif
Extérieur Commun sur la structure des importations
Une étude comparée de l'ancien système de
tarification à celui du TEC montre que ce dernier a induit de profondes
modifications sur la structure des importations. Le tableau ci-dessous
décrit la répartition des importations de l'année 1998
suivant les deux systèmes tarifaires :
Avant TEC
TEC
|
|
0%
|
|
5%
|
|
10%
|
|
15%
|
20%
|
TOTAL
|
(en %)
|
0%
|
14
|
450,33
|
|
698,97
|
|
103,00
|
|
28,00
|
80,00
|
15
|
360,30
|
4,25
|
(Catégorie 0)
|
|
94,08
|
|
4,55
|
|
0,67
|
|
0,18
|
0,52
|
|
100,00
|
|
5%
|
8
|
381,00
|
70
|
101,05
|
9
|
500,61
|
1
|
194,46
|
2 882,51
|
92
|
059,63
|
25,47
|
(Catégorie 1)
|
|
9,10
|
|
76,15
|
|
10,32
|
|
1,30
|
3,13
|
|
100,00
|
|
10%
|
25
|
958,97
|
29
|
324,95
|
13
|
557,24
|
10
|
428,63
|
1 878,30
|
81
|
148,08
|
22,45
|
(Catégorie 2)
|
|
31,99
|
|
36,14
|
|
16,71
|
|
12,85
|
2,31
|
|
100,00
|
|
20%
|
32
|
997,72
|
32
|
910,49
|
51
|
534,16
|
34
|
986,64
|
20 409,55
|
172
|
838,56
|
47,82
|
(Catégorie 3)
|
|
19,09
|
|
19,04
|
|
29,82
|
|
20,24
|
11,81
|
|
100,00
|
|
TOTAL
|
81
|
788,01
|
133
|
035,45
|
74
|
695,02
|
46
|
637,72
|
25 250,36
|
361
|
406,56
|
100,00
|
(en %)
|
|
22,63
|
|
36,81
|
|
20,67
|
|
12,90
|
6,99
|
|
100,00
|
|
Source : INSAE, Etude intitulée « Impact du
Tarif Extérieur Commun (TEC) sur les
échanges commerciaux avec le Nigéria »
De l'analyse du tableau, il ressort que 47,82% des
importations de l'année 1998 seraient classées dans la
catégorie 3 et devraient être taxées à 20%, si on
leur appliquait le TEC et la catégorisation de l'UEMOA. De même,
respectivement 25,47% et 22,45% des importations seraient classées dans
les catégories 1 et 2 et seraient donc taxées respectivement
à 5% et 10%. Seulement 4,25% seraient dans la catégorie 0.
Cette répartition est très différente de
celle observée avec le tarif avant TEC, puisque, sur les importations
qui avec le TEC sont taxées à 20%, seulement 11,81%
l'étaient à ce taux. Les 88,19% restant étaient moins
taxées avec l'ancien tarif. Il faut remarquer que 19,09% des produits
qui, avec l'ancien tarif, étaient taxés à 0% passent
à 20% et 19,04% passent de 5% de droits à 20% avec le TEC. Ces
chiffres montrent qu'avec le TEC on assiste à une véritable
inversion de la fiscalité. Cette inversion concerne pour une grande
part, les produits qui font l'objet de la réexportation.
La plupart des produits identifiés comme ceux
alimentant la réexportation, doivent connaître une augmentation
des droits perçus au cordon douanier. Le tableau ci-après montre
l'effet de la modification de tarif sur les produits de la
réexportation.
Taux de Protection Nominal
Moyenne
|
SIMPLE
|
PONDEREE1
|
Catégorie de Produits
|
Avant TEC
|
TEC
|
Avant TEC
|
TEC
|
Produits de Réexportation
|
13,57
|
23,55
|
11,09
|
23,37
|
Ensemble des Importations
|
16,26
|
16,64
|
11,90
|
19,89
|
Différence
|
-2,69
|
6,91
|
-0,81
|
3,48
|
Source : INSAE, Etude intitulée « Impact du
Tarif Extérieur Commun (TEC)
sur les échanges commerciaux avec le Nigéria
»
Ce tableau montre qu'avec le tarif avant TEC, les produits de
la réexportation sont, en moyenne, moins taxés que l'ensemble des
produits échangés. Ces produits étant dans leur
majorité des produits de consommation finale, on peut dire que le TEC
rétablit la logique dans la mesure où, avec ce tarif, ces
produits sont plus frappés par les droits de douane. Le tableau
ci-après confirme ce qui précède :
Répartition des importations alimentant la
réexportation pour l'année 1998 selon la catégorisation de
l'UEMOA
(en millions de F.CFA)
Avant TEC
TEC
|
|
0%
|
|
5%
|
|
10%
|
|
15%
|
20%
|
TOTAL
|
en %
|
0%
|
|
0,00
|
|
0,00
|
|
0,00
|
|
0,00
|
|
0,00
|
|
0,00
|
0,00
|
(Catégorie 0)
|
|
-
|
|
-
|
|
-
|
|
-
|
|
-
|
|
-
|
|
5%
|
5
|
919,50
|
|
0,00
|
|
0,00
|
|
0,00
|
|
0,00
|
5
|
919,50
|
5,18
|
(Catégorie 1)
|
|
100,00
|
|
0,00
|
|
0,00
|
|
0,00
|
|
0,00
|
|
100,00
|
|
10%
|
9
|
564,30
|
|
0,00
|
2
|
065,60
|
3
|
449,00
|
|
0,00
|
15
|
078,90
|
13,20
|
(Catégorie 2)
|
|
63,43
|
|
0,00
|
|
13,70
|
|
22,87
|
|
0,00
|
|
100,00
|
|
20%
|
22
|
766,60
|
12
|
957,60
|
33
|
297,90
|
21
|
637,00
|
2
|
553,60
|
93
|
212,70
|
81,62
|
(Catégorie 3)
|
|
24,42
|
|
13,90
|
|
35,72
|
|
23,21
|
|
2,74
|
|
100,00
|
|
TOTAL
|
38
|
250,40
|
12
|
957,60
|
35
|
363,50
|
25
|
086,00
|
2
|
553,60
|
114
|
211,10
|
100,00
|
en %
|
|
33,49
|
|
11,35
|
|
30,96
|
|
21,96
|
|
2,24
|
|
100,00
|
|
Source : INSAE, Etude intitulée « Impact du
Tarif Extérieur Commun (TEC) sur
les échanges commerciaux avec le Nigéria »
Avec le tarif avant TEC, 33,49% des produits ne subissaient pas
de Droit Fiscal, 11,35% et 30,96% subissaient respectivement 5 et 10% de Droit
Fiscal et
seulement 2,24% étaient taxés à 20%. Avec
le TEC, c'est pratiquement le phénomène inverse qui est
observé, puisque 81,62% des produits sont taxés à 20% et
plus aucun ne sera classé à la catégorie 0 et seulement
5,18% le seront à 5%. Le phénomène d'inversion de la
fiscalité sur les importations a donc beaucoup plus d'ampleur avec les
produits alimentant la réexportation.
D'une manière générale le TEC
entraînera pour nombre de produits, et plus particulièrement les
produits qui alimentent la réexportation, une augmentation des droits
perçus. Cela va se traduire, pour le Bénin, par une contraction
des importations de ces produits en provenance des pays tiers. Alors que pour
la plupart des autres pays de l'UEMOA, c'est plutôt à un
désarmement tarifaire qu'on assiste.
Compte tenu de ce qui précède, la leçon
principale à tirer de ce paragraphe est que, avec la mise en oeuvre du
Tarif Extérieur Commun, les activités d'importation en
général, ne seront plus assez rentables ; ce qui veut dire
qu'à l'avenir, il s'impose au Bénin tout comme aux autres pays de
l'UEMOA, une orientation vers des activités visant la production de
biens.
1 Moyenne pondérée par la valeur des
importations.
C O N C L U S I O N
L'instauration de l'Union Douanière de l'UEMOA a
engendré de profondes modifications dans les relations commerciales du
Bénin. Les effets divergent selon l'échelle sous-régionale
ou internationale.
Sur le plan sous-régional, il y a eu une
intensification des flux commerciaux entre le Bénin et ses partenaires
de l'UEMOA, du fait du remplacement des achats précédemment
effectués auprès de pays tiers par la production communautaire.
Ceci s'est traduit d'une part, par une augmentation du volume des importations
du Bénin, leurs prix ayant baissé avec la libéralisation
des échanges ; et d'autre part, par une augmentation aussi bien des
volumes que des gains tirés des exportations, le marché s'offrant
au Bénin étant désormais plus élargi.
Sur le plan international, à court terme, il n'y a pas
eu un changement structurel dans le comportement des agents économiques
Béninois ; ceci se justifie par l'analyse de variance qui a
été effectuée sur les données du 1er
semestre 2000, et dont les résultats n'ont pas permis de tirer des
conclusions pertinentes. Par ailleurs, on note une contraction de la demande
d'importation exprimée par le Bénin, contraction due au
renchérissement des importations avec l'entrée en vigueur du
Tarif Extérieur Commun ; et dans le même temps une
légère baisse de l'offre d'exportation, imputable à la
faible existence d'unités de production.
Face à cette situation, nous formulons les recommandations
ci-après à l'endroit aussi bien des opérateurs
économiques que des autorités à divers niveaux :
- redynamiser des filières agricoles autres que le
coton (arachide, noix de cajou, huile de palme) afin de remédier aux
conséquences économiques de la monoculture en cas de variation
des cours mondiaux des matières premières ;
- prendre les mesures nécessaires à la
résolution des problèmes de coût de transport et de
communication élevés entre le Bénin et les autres pays
membres de l'UEMOA ;
- accorder une priorité d'action à la
diversification des activités agricoles d'exportation, au
développement des industries artisanales et manufacturières
d'intérêt sous-régional, surtout les productions
non-traditionnelles de mise en valeur et de transformation des ressources
locales ;
- moderniser le secteur de l'énergie (notamment
l'électricité) et de l'eau, tout en réduisant leur
coût aux producteurs ;
- améliorer la qualité des produits
d'exportation en se basant sur les quatorze (14) paliers d'exportation à
savoir : la recherche, la multiplication et la commercialisation des semences,
la production, la collecte et le stockage, la chaîne des transports, la
transformation, le contrôle de la qualité des produits, les
débouchés, l'assurance relais, la formation, la fiscalité,
les contrats commerciaux, la communication ;
- faciliter les investigations des structures intervenant dans le
processus de collecte et de traitement de l'information statistique (en
particulier l'INSAE) ;
- susciter chez les populations, l'intérêt pour les
produits communautaires à travers des politiques de vulgarisation de ces
produits.
La prise en compte de ces recommandations permettra à
coup sûr, aussi bien au Bénin qu'aux autres pays de l'UEMOA, de
profiter pleinement du processus d'intégration enclenché.
|