3. PROBLEMATIQUE
L'humanité compte environ 6 milliards d'individus et
son temps de dédoublement est actuellement estimé à
environ 35 ans. Cette prolifération incontrôlée doit
être suivie d'une réduction draconienne sinon, l'occupation de la
terre par les hommes pourrait devenir extrêmement difficile dans un futur
proche (K.O. Emery, 1994:25).
Cette première décennie du XXIème
siècle voit d'immenses progrès dans le bien être humain
coexister avec un extrême dénouement. En ce qui concerne la
situation sanitaire dans le monde, nous pouvons constater certains effets
bénéfiques. Pourtant il n'ya jamais eu autant de
régressions.
Dans certains pays les plus pauvres, l'espérance de vie
s'est effondrée, tombant à moins de la moitié de celle
des pays les plus riches (www.who.int).
Il est à noter que 365000 bébés naissent
chaque jour dans le monde, soit 4,2 bébés par seconde. Dans le
même temps, 155000 personnes meurent, ce qui laisse un solde positif
210000 nouveaux habitants (www.linternaute.com).
Une croissance démographique rapide dans les pays
pauvres accroît la demande de services tels que soins de santé et
éducation plus vite que la capacité de satisfaire cette demande.
Il est non moins évident que les économies ont besoin de grandir
afin de réduire la pauvreté. Les données confirment le
sentiment que des familles nombreuses et une croissance démographique
rapide constitue un frein au développement (www.unfpa.org).
Les données démographiques et
économiques à long terme en provenance de 45 pays en
développement montrent qu'une fécondité
élevée aggrave la pauvreté en ralentissant la croissance
économique et en contractant la part des pauvres dans la consommation
(www.unfpa.org).
La taille moyenne des ménages dans les pays en
développement se situe autour de 5 personnes, avec une diversité
régionale forte pour l'Afrique allant de 3,6 personnes au Ghana à
9 personnes au Sénégal ! En France, ce nombre est de 2,4
personnes (www.ird.fr).
Le taux élevé de croissance démographique
de l'Afrique dissimule aussi des inégalités marquées
à travers le continent.
Les taux oscillent de 2,0 et 1,6% en Afrique du Nord et en
Afrique australe. A 2,5 et 2,7% en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale,
tandis que la moyenne est voisine de 2,4% pour l'ensemble du continent. Si les
taux de croissance démographique les plus élevés
s'observent aux Comores, en Gambie, en Guinée, en Jamahiriya Libyenne,
au Mozambique et au Sahara occidental, les taux les plus élevés
sont ceux du Niger, du Malawi, de l'Ouganda et de l'Angola, où les
femmes ont en moyenne sept enfants environ (FNUAP, 1999 :11).
Signalons que l'enquête de 2005 a
révélé que l'ISF a augmenté jusqu'à 6,1
enfants par femme (EDS-Rwanda, 2005 :42). Cette forte
fécondité a souvent la pauvreté comme origine et est l'un
des éléments qui bloque ou ralentit les transitions
démographiques (Shoumaker et Taboutin, 1999 : 3).
Un ménage rwandais compte, en moyenne 4,6
personnes ; variant de 4,5 en milieu rural et 4,8 en milieu urbain.
Un ménage sur dix est constitué de 8 à 9
personnes (EDS-Rwanda, 2005 :15). Il est à noter que dans les
ménages dont les avoirs sont maigres, le risque de malnutrition est plus
élevé quand les naissances se succèdent à moins de
deux ans d'intervalle. La santé et l'éducation perdent
énormément (www.unfpa.org).
Une forte fécondité influe négativement
sur la santé maternelle et infantile. Une femme africaine a des risques
élevés de tomber malade et de mourir pendant sa période de
gestation, mais ces risques diminuent si elle a moins de 5 enfants (World Bank,
1996 :19-21).
Au Bénin, le septième enfant nouveau-né
ou au-delà a 30% plus de risques de mourir dans sa première
année de vie que l'enfant du quatrième au sixième rangs et
a environ 60% de risques de décéder que celui du second et
troisième rangs (World Bank, 1996:20).
Une forte proportion de 500 000 décès maternels
qui se produisent tous les ans est due au fait que les femmes ont des
grossesses nombreuses qu'elles ne le souhaitent. Quelles que soit l'âge
de la mère, la deuxième et la troisième naissance sont les
plus sûres, alors que les risques augmentent avec les suivantes. A Matlab
et à la Jamaïque, il a été déterminé
que la sixième naissance et les suivantes étaient responsables
d'un taux de mortalité maternelle trois fois supérieur à
celui des deuxièmes naissances (OMS,1990:40).
En Asie du sud à l'exception du Sri Lanka, une femme
à moyenne naissance à plus de 6 enfants vivants et a peut-
être 8 ou 9 grossesses au cours de sa vie. Elle a une chance sur 18 de
mourir de causes liées à la grossesse (OMS, 1990:33).
En Afrique, les taux de mortalité maternelle
élevés sont aggravés par une forte
fécondité, le nombre moyen de naissances vivantes par femme
étant de 6,4. Si à chaque grossesse cette femme a une chance sur
140 de mourir (ce qui correspond à un taux de mortalité de 700
pour 100 000), son risque de décéder de causes liées
à la grossesse est au moins d'un sur quinze (OMS, 1990:33).
Au Rwanda, les proportions de décès des femmes
montrent que presque 3 décès sur 10(29%) sont dus à des
causes maternelles, le taux de mortalité maternelle est de 750
décès sur 100 000 naissances vivantes (EDS-Rwanda,
2005 :35).
Néanmoins, la durée de l'intervalle qui
sépare la naissance d'un enfant de la naissance précédente
(intervalle inter génésique) influence sur l'état d
santé de la mère et de l'enfant. Les intervalles courts (moins de
24 mois) sont nuisibles à la santé et à l'état
nutritionnel des enfants et augmentent leurs risques de décéder.
Ils amoindrissent la capacité physiologique de la femme et l'expose
à l'éclampsie, fausses couches etc. Au Rwanda en
général 23% des cas, l'intervalle inter génésique
est inférieur à 2 ans, il est de 20,2% en province du Nord
(EDS-Rwanda, 2005 :34).
En outre, il est important de signaler que la dynamique de la
population affecte les besoins en services de santé. Le facteur
population est essentiel dans la formulation des politiques de lutte contre la
malnutrition car selon l'OMS, éliminer la faim et la malnutrition est un
objectif fondamental des politiques de santé, les quelles doivent
garantir l'accès des tous à des quantités suffisantes
d'aliments sains selon les modalités culturellement acceptables (OMS,
1988 :69).
Du point de vue de la santé, c'est le manque de
nourriture qui constitue le problème essentiel dans bien de
régions du monde. Il est à noter que des millions de gens ne
peuvent se procurer chaque jour le minimum nécessaire à leur
subsistance et parmi eux des milliers d'enfants souffrant de la malnutrition
(OMS, 1997:69).
Il a été constaté qu'en Afrique, pas mal
de grandes familles tombent en dénutrition surtout lorsque les membres
des familles encore très nombreux partagent un repas maigre et peu
nutritif. Il en résulte selon les enquêtes démographiques
et de santé publiées pendant la décennie 1988-1999, la
prévalence du faible poids de naissance s'échelonnant entre 11 et
52% en Afrique subsaharienne.
De 30 à 40% des enfants présentaient un retard
de croissance dû à une dénutrition chronique et 10%
souffraient d'émaciation en raison d'une dénutrition aigue.
Entre 4% et 40% des femmes en âge de procréer
présentaient un déficit pondéral.
Au Nigeria en 2003, 38% des enfants avaient un retard de
croissance (OMS, 2006: 66).
Au Rwanda, 45%d'enfants moins de 5 ans souffrent de
malnutrition chronique modérée et 19% souffrent de malnutrition
chronique sévère.
Trois hommes adultes sur 10 (29%) sont atteints
d'anémie ,10% le sont sous une forme légère, 15% sous une
forme modérée et 4% des hommes sont sévèrement
anémiés (EDS-Rwanda, 2005:164).
Ainsi certaines questions se posent :
Ø Les caractéristiques socio-économiques
et démographiques de la population de Ruhengeri ne la
prédisposent-elle pas à un mauvais état de
santé ?
Ø Quelle relation existe-t-elle entre la taille de
ménage et la santé dans l'ancienne province de
Ruhengeri ?
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