Les effets du VIH/SIDA sur la mortalité infanto-juvénile dans les pays d'Afrique Subsaharienne( Télécharger le fichier original )par Kokou Valère PIHOUN-KOFFI et David Zombre Université d'Auvergne - Master Professionnel en Economie de la Santé 2007 |
I PRESENTATION DES VARIABLES ET STATISTIQUES DESCRIPTIVESNotre étude sur les effets du VIH sur la mortalité des moins de cinq ans porte sur un échantillon de 42 pays de l'Afrique subsaharienne et couvre la période de 1997 à 2003. Elle prend en compte les variables suivantes : - La mortalité des moins de cinq ans (im) Le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est la probabilité (exprimée en tant que taux par 1000 naissances vivantes) qu'un enfant né une année donnée meure avant d'atteindre l'âge de 5 ans, compte tenu des taux de mortalité actuels liés à l'âge. Cette variable est l'une des cibles des Objectifs du Millénaire pour le Développement à savoir « réduire des deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans ». Ce taux reflète aussi la situation sociale, économique et environnementale dans laquelle vivent les enfants et les autres membres de la société, notamment en matière de soins de santé. Les statistiques de notre échantillon montrent que le taux moyen de mortalité infantile est de 159,40 pour mille. La variabilité inter-individuelle (between) est de 58,52 pour mille tandis-que la variabilité intra-individuelle (within) est de 14,47. Ce qui montre que la mortalité infanto-juvénile varie beaucoup entre pays mais varie peu au sein d'un même pays d'une période à l'autre. En outre, le taux le plus élevé (320 pour mille) a été observé en 1997 au Niger et le plus bas (18 pour mille) aux iles Maurice en 2001. - La variable d'intérêt : prévalence du VIH (hiv) Le taux de prévalence du VIH/SIDA est le nombre de personnes atteintes du VIH/SIDA par rapport à la population totale en milieu d'année. L'évolution du taux de prévalence dans les pays de notre échantillon donne une moyenne de 8,28% avec un taux minimum de 0,1 atteint en 1999 par les Îles Maurice et taux maximum de 38,8% au Swaziland en 2003. Si les statistiques montrent une grande disparité entre les pays, il est à noter qu'à l'intérieur d'un même pays la prévalence varie peu d'une période à l'autre. Ainsi, la variabilité inter-individuelle « between » est de l'ordre de 8,30 tandis que celle intra-individuelle « within » est de 2,55. C. Les variables de contrôle : a. La proportion d'enfants d'un an vaccinés contre la rougeole (roug) La proportion d'enfants d'un an vaccinés contre la rougeole est le pourcentage d'enfants de moins d'un an auxquels a été administré au moins une dose de vaccin contre la rougeole. Cet indicateur permet de mesurer l'étendue et la qualité des services assurés aux enfants par le système des soins de santé dans le pays considéré. La vaccination joue un rôle essentiel pour réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans. Parmi les maladies infantiles que l'on peut prévenir par la vaccination, la rougeole est la principale cause de mortalité des enfants, ce qui nous a conduit au choix de cet indicateur. La proportion moyenne d'enfants vaccinés contre la rougeole est de 61,56%. Le taux le plus bas, 18% a été constaté en République Démocratique du Congo et le plus élevé 97% a été constaté au Botswana. Par rapport aux variabilités, celle inter-individuelle « between » est de 19,62 et celle intra-individuelle « within » de 9,70. Ceci démontre une disparité plus élevé entre les pays qu'à l'intérieur d'un même pays. b. Taux d'accouchements assistés (acoucsis) Le taux d'accouchements assistés par un personnel qualifié est le nombre d'accouchements effectués en présence d'un professionnel de santé par rapport au nombre total d'accouchements. La proportion d'accouchements assistés par un personnel de santé qualifié est le pourcentage d'accouchements assistés par du personnel formé en vue d'assurer la supervision, de fournir les soins et les conseils nécessaires aux femmes pendant la grossesse, le travail et la période puerpérale, de procéder à des accouchements seuls et de fournir les soins nécessaires aux nouveaux-nés. Dans notre échantillon, en moyenne 50,14% des accouchements sont faits en présence d'un professionnel de santé. Le minimum constaté est 6 pour l'Ethiopie en 2001 et le maximum 99% a été constaté pour le Botswana. La variabilité inters-individuelle (between) entre les pays est de 20,81 et celle intra-individuelle within est de 4,46. c. Niveau d'éducation de la mère (motheduc) Il s'agit du nombre de femmes âgées de 15 à 49 ayant un niveau d'éducation secondaire. Il a été obtenu en faisant le rapport de l'effectif des femmes de cette tranche d'âge ayant atteint un niveau d'étude secondaire, par le nombre total de femmes de ladite tranche. Cette variable a beaucoup évolué dans le temps et varie également entre les pays. La moyenne du niveau d'éducation des mères en Afrique Subsaharienne est de 42,52%. La variabilité inter-individuelle (between) est de 18,58 et celle intra-individuelle est de 6,16. d. PIB par tête en dollar courant, exprimé en PPA (gdppc) Le Produit Intérieur Brut (PIB) correspond à la valeur totale de la production interne de biens et services marchands dans un pays donné au cours d'une année donnée par les agents résidents à l'intérieur du territoire national. Il est exprimé ici en dollar courant et calculé en parité de pouvoir d'achat (PPA) pour prendre en compte les différences de prix des biens existants entre les pays. Il est plus efficace que le PIB pour mesurer le développement d'un pays, cependant, il n'est qu'une moyenne donc il cache les inégalités au sein d'une population. Le PIB par tête est alors la valeur du PIB divisée par le nombre d'habitants d'un pays. On note une moyenne du PIB par tête de 2 363,62 dollars, avec un minimum de 453,18 dollars observé en Sierra Leone en 1999 et un maximum de 19 780 dollars en Guinée Equatoriale en 2003. La disparité inter-individuelle « Between » 2855,20 dollars est plus importante que la disparité intra-individuelle « within » 1 024,26 dollars. - Instabilité politique et la violence croisée à la variable d'intérêt (hiv) (inst_hiv) Pour mesurer les effets conjoints du VIH/SIDA et la qualité des institutions sur la mortalité infantile, nous avons croisé notre variable d'intérêt avec un indicateur de gouvernance à savoir l'indicateur de instabilité politique et la violence, qui mesure la probabilité de changements violents de gouvernements, y compris le terrorisme. Il provient d'un groupe de six indicateurs1(*) que des économistes de la Banque de la banque mondiale ont élaboré pour mesurer la qualité des institutions dans les pays. Tout comme les autres, cette variable est normalisée sur l'échelle de -2,5 à 2,5 avec une moyenne nulle et un écart-type égale à l'unité. Plus la mesure est grande, plus la qualité de la gouvernance est bonne. Après avoir constaté une importante colinéarité entre les indicateurs institutionnels qui semblent avoir un effet conjoint sur la mortalité infantile avec le VIH/SIDA, nous avons retenu celui qui mesure la instabilité politique et la violence qui était le plus significatif pour notre régression. En moyenne, le niveau de cet indicateur est de -0,65 avec un niveau minimum de -2,25 constaté en Guinée Equatoriale en 2001 et un maximum 0,85 Botswana en 1999. * 1 Ces indicateurs ont été élaborés par Kaufman, Kraay et Zoido-Lobato et comprennent : l'instabilité politique et la violence, le pouvoir d'influence et la responsabilité, l'efficacité des pouvoirs publics, la qualité de la régulation, la primauté du droit et le contrôle de la corruption. |
|