Education des enfants et société:relations complémentaires ou conflictuelles. Interroger la conscience de l'éducateur face à la société( Télécharger le fichier original )par Anne-Carole Boquillon Université de Tournai - Graduat éducateur spécialisé 2008 |
3.2.4.4 LES TROUBLES DES COMPORTEMENTS ALIMENTAIRES« Les perturbations dans le registre de l'alimentation paraissent en nette augmentation dans la population des jeunes filles. Les garçons sont touchés beaucoup plus faiblement. Encore faut-il distinguer nettement l'anorexie, en tant que pathologie psychiatrique, des comportements alimentaires anorexiques. Au sein du Pôle aquitain de l'adolescence, le pédopsychiatre Xavier Pommereau dirige une unité spécialisée dans l'accueil et le soin des adolescents souffrant de troubles alimentaires ; il chiffre à 10 % ceux qui souffrent de tels troubles dans des formes modérées et à 1 % les adolescents touchés par une forme grave « d'anorexie boulimie » pouvant conduire à la mort « L'anorexie, dit-il, est, à tort, présentée comme un choix fait par l'adolescente » ».20(*) Le contexte culturel actuel hyper valorisant la minceur et les modèles de silhouettes qu'il présente est un puissant déclencheur de « régimes » et d'attention portée au poids dans tous les milieux sociaux et chez des enfants de plus en plus jeunes. De nombreuses jeunes filles (et sans doute aussi leurs mères) supportent mal l'augmentation de poids normale qui accompagne la puberté et commencent un régime pour se restreindre et rejoindre la norme de « minceur ». L'anorexie et la boulimie sont les formes les plus graves et les plus répandues des Troubles du Comportement Alimentaire (TCA). L'anorexie mentale est la perte ou la diminution d'appétit se situant au niveau des troubles psychotique (psychotique: trouble de l'esprit). L'anorexie mentale touche pour 11 personnes 10 filles et 1 garçon. L'anorexie est due à la peur constante de grossir ou à la croyance d'être grosse. La boulimie est un trouble du comportement alimentaire avec des crises pendant lesquelles, le malade est soumis à une faim excessive. La boulimie touche 10 femmes pour 2 hommes et le pic de survenue des troubles se situe autour de 18-20 ans. Comme pour la plupart des troubles mentaux, différents facteurs peuvent intervenir dans l'apparition des TCA. Cependant, il ne faut pas omettre l'appartenance culturelle qui permet l'émergence des troubles alimentaires. En effet, l'anorexie et la boulimie (pour ne citer que ces deux troubles), n'apparaissent pas dans les pays en voie de développement où l'accès à la nourriture y est insuffisant. De ce fait, les TCA sont en constante augmentation dans les pays occidentaux et ce depuis environ 30 ans. Celles-ci touchent 10% de la population dont 10% d'hommes et 90% de femmes. Il existe 3 facteurs qui ont été pris en considération par les spécialistes : socioculturels, familiaux ou psychologiques. Le facteur socioculturel est dû à un véritable culte de la minceur, voir de la maigreur, qui favorise une certaine maîtrise, maîtrise de soi. De plus, dans notre société, l'obésité et le surpoids sont très mal perçus. Ce surpoids se voit traqué à coup de slogan culpabilisants tel que : « manger-bouger». Désormais, le repas n'est plus savouré, il est passé sur le mode du calcul : « combien de calories j'ingurgite et comment les éliminer ? ».... instaurant alors la notion, non plus de plaisir, mais de culpabilité. Ainsi, dans notre société, tout est à disposition de la femme trop « ronde », tous les moyens sont déployés pour contrôler son poids : les régimes alimentaires, les exercices physique, les médicaments...C'est ainsi que s'oppose la culture, aux attentes sociales. L'image de la femme ne la satisfaisant plus, et ne correspond plus aux attentes de la société, ses préoccupations physiques deviennent « obsessions ». Certains problèmes psychologiques ou événements peuvent déclencher ou être associés à un trouble du comportement alimentaire, ainsi que l'influence des médias qui a un lourd impact sur l'image de soi et sur les attentes de la société. Ces événements peuvent être une faible estime de soi, de l'anxiété, une dépression, des remarques humiliantes au sujet du poids, par exemples, mais ceux-ci sont plus nombreux. Ces facteurs déclenchant sont susceptibles de fragiliser la personne. Enfin, le contexte familial peut aussi être très influent, au delà de son origine génétique. En effet, s'il peut y avoir plusieurs cas d'anorexie ou de boulimie dans une même famille, cela peut être le résultat d'un modèle familial ou de dysfonctionnements au sein de la cellule familiale tels que : l'inceste, la maltraitance, l'alcoolisme d'un des parents, la rigueur et le perfectionnisme d'un des parents, etc. Evidement, pour le jeune concerné, il n'y a pas, à mon point de vue, de plaisir immédiat à se passer de manger ou de se faire vomir. Dans la catégorie autodestruction, le plaisir est présent à travers des jeux que les jeunes semblent adorer. * 20 La Défenseure des enfants - Rapport thématique 2007 : "Adolescents en souffrance : plaidoyer pour une véritable prise en charge" |
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