2.1.1.2
L'AUTORITÉ AUJOURD'HUI
La loi protège énormément les enfants de
part la convention de droits de l'homme, celle des droits de l'enfant, et la
convention européenne. Nous en sommes actuellement arrivé au
moment où donner une fessée à son enfant
désobéissant est interdit. N'y-a-t-il pas d'amalgame entre
parents maltraitants et parents simplement ?
La hiérarchie est un élément majeur de
l'autorité. Comment pouvoir faire entendre quelque chose sans marquer de
différence ? Quand la différence n'est plus marquée,
c'est la porte ouverte à la perte de l'identité adulte et enfant.
Ce qui peut déclencher un risque pour la santé mentale et
personnelle chez certaines personnes.
Ne pas marquer la différence est quand
l'autorité est confondue avec l'idée de persuasion. Vouloir se
justifier, expliquer, descendre au niveau de l'enfant est synonyme d'être
son égal. Mais l'autorité n'est pas un ordre
d'égalité. Mais marquer la hiérarchie n'est pas non plus
un synonyme de pouvoir. Faire obéir un enfant est vu comme un acte
violent, de force, de prise de pouvoir exagérée.
L'autorité n'est pas non plus le pouvoir, la force. Quand la force est
employée, l'autorité échoue. Utiliser la force est
synonyme de tyrannie ; persécuter la personne pour qu'elle se plie
à vos volontés ! Le tyran décide seul du pouvoir, de
la loi, il impose sa loi.
On respecte l'autorité parce qu'on respecte la personne
qui fait autorité. On respecte le fait que cette personne ait de bonnes
raisons, même parfois inconsciemment, qu'elle agit ainsi parce qu'elle
sait quelque chose que nous ne savons pas, et qu'il en est pour notre bien.
L'autorité, c'est le respect de la différence.
Autant du côté de l'enfant, qui admet en son for intérieur,
l'autorité et la différence comme juste et
vérifiée ; que du côté de l'adulte qui n'a pas
le pouvoir, mais fait respecter les règles sans abuser de cette forme de
pouvoir total sur l'enfant.
La personne qui fait autorité ne décide pas des
lois, elles sont établies pour lui, de part l'Histoire, la
société. Son rôle est de transmettre ses lois aux autres et
de reconnaître l'Autre comme une personne totale. Dans l'autorité,
il ya quelque chose de l'ordre de la loi : une loi extérieure aux
deux personnes, à leur relation. L'autorité, c'est comprendre que
ce que l'un peut faire l'autre ne peut le faire. L'un a des droits que l'autre
n'a pas. L'autorité sépare et relie ; elle permet de mettre
chaque personne a sa place.
Dans la société traditionnelle, le
présent et l'avenir reposent sur le passé. Les hommes se savent
mortels, ce qui donne lieu à de l'angoisse. Les hommes ont besoin
d'autorité car ceci donne une certitude, par rapport à la mort
où ils ne peuvent savoir ce qu'est réellement la fin. Elle leur
donne un sentiment rassurant sur des choses claires et établies.
L'autorité est un moyen de régler le rapport à
l'angoisse.
Dans la société actuelle, on retrouve l'apologie
d'une certaine liberté. La société réglemente tout
mais ce n'est pas un frein à la liberté (qui est
protégée). La liberté n'est pourtant pas synonyme de
« laisser faire ». La perte de l'autorité fait que
nous devons porter sur nos épaules l'angoisse. Alors les gens
règlent leur rapport à l'angoisse en jouissant, en consommant.
Elle inclue également les pertes de la hiérarchie, des places de
chacun, de la reconnaissance et du désir.
Les adolescents ont besoin d'avoir des repères, des
limites établies par leurs parents. Mais si ces derniers ne sont pas
dans la possibilité de se retrouver eux-mêmes dans cette
société, ne retrouvent pas leur place de parents et de
responsables de l'enfant, l'adolescent ne disposera pas du cadre
nécessaire à sa construction personnelle. Les adolescents n'ont
plus de repères, ils ne sentent pas leur inscription dans l'histoire,
dans le passé. L'adolescent interroge le désir de ses parents,
confrontés eux aussi aux différents phénomènes de
société. Quand on est un être dans simplement la
jouissance, on ne peut faire autorité car on n'a pas de désir et
de place.
L'autorité, comme descendance des aînés,
est un moyen de stabilité, un point de construction. Une famille
transmet l'histoire, les choses ayant traits à l'histoire familiale et
sociale. De nos jours, pour palier à la délinquance des jeunes,
on organise des cours pour apprendre aux parents à être
suffisamment autoritaire avec leur enfant. Les parents ayant un enfant
« inadapté socialement » doivent acquérir des
compétences, être suivi par une équipe éducative.
Autrefois les compétences étaient acquises par l'âge, par
la maturité et l'expérience : l'autorité était
un lien. Actuellement elle est vue comme de la persécution.
La plupart des enfants, par le biais de l'école en
particulier, savent très bien ce qu'il est interdit de leur faire subir.
Certains s'amusent même à en profiter pour faire chanter leurs
parents. « Si tu ne me donnes pas ça, je vais porter plainte
et dire que tu me maltraites !!!! ». À l'heure actuelle,
les parents sont d'office soupçonnés d'être fautifs et
maltraitants ; l'enfant est cru sur parole, et s'imagine gagnant dans
l'affaire. Il oublie qu'il ne le sera pas longtemps, car si sa plainte est
reçue sérieusement, il sera retiré de ses parents pour
atterrir dans un foyer ou dans une autre facilité d'accueil. Mais
là son petit jeu ne pourra plus durer, car il ne pourra pas si
facilement jouer avec les sentiments de ses accueillants. Et la
séparation d'avec ses parents pourrait lui être insupportable.
Même s'il émet des regrets, faire reculer la machine,
c'est-à-dire faire annuler la procédure de placement due à
un mauvais traitement n'est pas aisée et elle est très longue. De
plus, il devra avouer clairement et devant les juges, ainsi que les membres de
sa famille, qu'il a menti pour faire du chantage. Certains jeunes
n'accepteraient jamais de perdre la face de cette manière !
Pour les parents, le choc serait terrible. Puni car ils ont
pris une décision éducative pour leur enfant ! Et de plus,
discriminés ! Car quoi de plus affreux que des parents maltraitants
aujourd'hui ? Même si ils peuvent prouver leur bonne foi, et que
l'enfant est débouté, rien ne redeviendra jamais comme avant, le
doute planera toujours au dessus de leurs têtes. Les services sociaux
garderont toujours un lien avec cette famille, pour continuer à
vérifier, voir à s'assurer qu'ils n'ont pas fait d'erreurs en
déboutant le jeune. Mais la surveillance continuelle des parents
peut-être pesante.
Qui peut dire qu'il est un parent parfait n'ayant jamais fait
d'erreur dans l'éducation de son enfant ? Chacun commet des
erreurs, elles font même partie de la nature humaine. Le parent parfait
n'existe pas et pourtant la société traque les moindres
défauts d'éducation !
On pourrait même se demander s'il n'existe pas encore un
guide pour apprendre à éduquer son enfant parfaitement. Dans les
librairies, nous pouvons trouver une multitude d'ouvrages expliquant
« comment éduquer son enfant », « comment
rendre votre enfant heureux », etc. Il existe également des
institutions où l'on forme les parents qui ont des enfants ayants commis
des délits, parallèlement à la rééducation
du jeune. On leur apprend comment ils doivent se comporter avec leur enfant
difficile, puisqu'ils n'ont pas su le faire avant qu'il ne fasse une
bêtise. Donc l'enfant non plus n'a plus le droit à l'erreur. Mais
ce n'est pas grave, puisque l'on va rééduquer ses parents ;
ce n'est pas de sa faute à lui, il est jeune, c'est celle de ses parents
qui lui ont mal appris la vie. Nous pourrions nous demander ce qu'un jeune peut
ressentir dans ce genre de situation. Prend-t-il lui-même conscience de
ses erreurs ou rejette-t-il la faute sur ses parents ? Se
considère-t-il fautif ou victime de ses parents, de la
société ?
Une nouvelle fois, nous pourrions nous interroger sur le
principe des erreurs. Ne sont-elles pas parfois bénéfiques ?
N'apprenons-nous pas de nos erreurs ? Nul ne peut prétendre avoir
conduit sa vie parfaitement, sans jamais se tromper. Un être humain se
construit en avançant, en commettant des erreurs parfois importantes.
Ceci lui procure une certaine expérience de la vie et lui permet de
pouvoir s'insérer dans la société qui l'entoure.
Ceci représente une des ruptures séparant les
générations actuelles. Une autre de ces ruptures se trouve dans
les rapports qu'entretiennent de nos jours les parents et l'école de
l'enfant.
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