3) Une continuité pour
les voyageurs de l'Inde.
Les migrants originaires du monde indien, installés en
France expriment une continuité à la fois dans le temps, au
travers des génération, mais aussi spatiale, par les liens qu'ils
entretiennent avec leur terre d'origine (continuité spatiale on l'a vu
qui s'affranchit du temps par le biais des NTIC).
Ces migrants sont aussi les médiateurs et les garants
d'une continuité à deux visages pour les voyageurs de l'Inde. En
effet, l'entre-soi communautaire tamoul de la Chapelle, expression la plus
visible de cette continuité entre la France et l'Inde, fournit des
moyens importants aux voyageurs de l'Inde (commerces, loisirs, centres divers)
de pouvoir se replonger dans cet univers onirique.
D'abord par l'intermédiaire des défilés
et des fêtes organisés par les temples hindous et les associations
franco-indiennes mais aussi par l'ensemble des pratiques exercées
à la Chapelle. Sans attendre la création du futur centre culturel
indien de Paris (à l'initiative de la FAFI), les manières de
s'immerger dans l'Inde sont multiples à l'instar des centres
d'apprentissage de bharata natyam (notamment ceux de Mandapa et de
Soleil d'or), ou ceux dédié à l'ayurveda (qui
englobe médecine, cuisine et diététique) comme celui de
Tapovan, ou encore par la pratique de hatha-yoga (qui comptabilise douze clubs
dans le quartier).
Puis, cette immersion de type indirecte s'effectue
principalement par la dimension commerciale du quartier de la Chapelle.
Commerces qui permettent d'établir un certain prolongement entre la
France et l'Inde et de retrouver des référents. Ce
peut-être les magasins de saris, de pashminas du Cachemire, de tuniques
de Khadi, ou encore de voiles multicolores du Kérala qui peuvent en
être l'intermédiaire. Ou encore les cinémas indiens du
quartier, les vidéoclubs (particulièrement Bollywood
Paris), les restaurants ou encore les ateliers du Musée Guimet.
Mais c'est surtout la présence d'une
altérité, d'une étrangeté qui confère
à ce quartier, à ce microcosme une image si particulière
que les voyageurs de l'Inde viennent retrouver.
Enfin, cette continuité qu'entretient la diaspora en
France est un élément d'instrumentalisation à la fois de
la part de la communauté mais aussi de la part de la
société d'accueil. Celle-ci s'effectue d'une part par une mise en
valeur touristique voir exotique qui sert de support à la publication de
guides d'itinéraires de « voyage urbain » (tel que
Les indes à Paris de Royer) mais aussi d'une manière
cinématographique, par exemple le film du réalisateur Vijay
Singh, One Dollar Curry, à pour toile de fond le quartier de la
Chapelle d'autre part.
Ainsi, les diverses communautés de migrants indiens
installés en France favorisent l'émergence d'un accès
à l'ailleurs pour les voyageurs de l'Inde. Ailleurs qui se prête
à la nostalgie et aux ambiances de la Chapelle.
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