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Evolution de la schistosomiase dans le district sanitaire de Tougan de 1999 à 2003

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par René Jean Firmin NAKOULMA
ENSP - Attaché de Santé en Epidémiologie 2004
  

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5.1 Présentation, analyse des résultats

La présentation et l'analyse des résultats ont été faites selon le plan suivant :

· Situation des cas de schistosomiase (urinaire et intestinale) diagnostiqués

cliniquement de 1999 à 2003 dans les formations sanitaires du district de Tougan.

· Situation des cas de schistosomiase par type, diagnostiqué cliniquement de

1999 à 2003 dans les formations sanitaires du district de Tougan.

· Cartographie de la schistosomiase de 1999 à 2003 dans le district sanitaire de

Tougan.

· Le rôle et l'importance du laboratoire.

5.1.1. Situation des cas de schistosomiase (urinaire et intestinale) diagnostiqués cliniquement de 1999 à 2003 dans les formations sanitaires du district de Tougan.

Au total mille trois cent soixante neuf (1369) cas de schistosomiase ont été notifiés pendant les cinq années de l'étude. Parmi ces cas, la schistosomiase urinaire prédomine avec 1335 cas soit une proportion de 97,52%. Pour la schistosomiase intestinale, 34 cas on été recensé soit 2,48%.

a) Situation de la schistosomiase par an

Graphique N° 1 : Evolution des proportions des cas de schistosomiase de 1999 à 2003 dans le district sanitaire de Tougan.

15,6% des cas de schistosomiase ont été notifié en 1999, et 27,3% l'ont été en 2003.

Le nombre de cas de schistosomiase diagnostiqués augmente en moyenne de 2,34% par an comme le montre le graphique ci-dessus.

b) Situation de la schistosomiase par zone

Tableau N°X : Répartition des cas cliniques de schistosomiase enregistrés dans le district sanitaire de Tougan, de 1999 à 2003 par zone

n = 1369

ZONES

Effectif

%

TOUGAN

632

46,2

LANFIERA

344

25,1

KIEMBARA

393

28,7

TOTAL

1369

100

La zone de Tougan a enregistré le plus grand nombre de cas de schistosomiase, soit 46,2%. Le nombre moyen de cas par an est égal à 273,80 et l'écart type donne 70,65 cas.

c) Situation de la schistosomiase par tranches d'âges

Tableau N°XI : Répartition par tranches d'âge des cas de schistosomiase enregistrés le district sanitaire de Tougan, de 1999 à 2003

n = 1369

Tranches

d'âges

Effectif

%

0 - 4ans

71

5,2

5 - 14 ans

435

31,8

> = 15 ans

863

63

Total

1369

100

La majeure partie des cas de schistosomiase se retrouve dans la tranche d'âge la plus active soit 94,8%.

5.1.2. Situation des cas de schistosomiase par types, diagnostiqués cliniquement de 1999 à 2003 dans les formations sanitaires du district de Tougan.

a) Schistosomiase urinaire

Dans la mesure où la quasi totalité des cas notifiés étaient des schistosomiases urinaires, l'analyse a surtout porté sur ces cas.

· Par zone

Tableau N°XII : Incidence de la schistosomiase urinaire pour 1000 habitants par an et par zone dans le district sanitaire de Tougan, de 1999 à 2003

Zones

ANNEES

1999

2000

2001

2002

2003

Tougan

1,42

1,36

1,24

1,31

1,61

Kiembara

0,9

0,8

0,9

1,65

1,34

Lanfiera

0,32

0,65

1,41

1,67

2,48

District

0,9

1

1,18

1,51

1,74

X2 = 13,25; ddl = 8 ; le degré de signification p = 0,103416.

Les différences observées au niveau des incidences de la schistosomiase urinaire par zone et par an sont dues au hasard.

· La répartition des cas de bilharziose urinaire par tranches d'âges

Tableau N°XIII : Répartition des cas de schistosomiase urinaire par tranches d'âges dans le district sanitaire de Tougan, de 1999 à 2003

Tranches

d'âges

Effectif

%

0 - 4ans

68

5,09

5 - 14 ans

423

31,69

> = 15 ans

844

63,22

Total

1335

100

5,09% des cas de schistosomiase urinaire touchent les sujets de moins de cinq ans.

94,91% des cas de schistosomiase urinaire touchent les sujets dont l'âge est supérieur à 4 ans.

· Répartition des cas de schistosomiase urinaire selon le sexe

Chez les sujets de 15 ans et plus, le sexe masculin prédomine avec 72% des cas contre 28% pour le sexe féminin. Le sexe ratio est de 2,53 pour le sexe masculin.

· Situation de la schistosomiase urinaire par mois et par an

Tableau N° XIV : Répartition des cas de schistosomiase urinaire selon le mois et l'année.

Mois

ANNEES

1999

2000

2001

2002

2003

Total

n

fi%

n

fi%

n

fi%

n

fi%

n

fi%

n

fi%

Janv

7

3,66

16

7,7

13

5,3

13

4

12

3,2

60

4,4

Fev

4

2,09

12

5,8

36

14,6

19

5,9

33

8,8

104

7,7

Mars

33

17,3

20

9,6

20

8,1

29

9,1

32

8,5

134

10

Avril

18

9,4

24

11,5

22

8,9

40

12,6

56

14,9

160

12

Mai

11

5,7

24

11,5

32

13

33

10,3

54

14,4

154

11,5

Juin

26

13,6

21

10,1

23

9,3

68

21,3

36

9,6

174

13

Juillet

22

11,5

24

11,5

19

7,7

16

5

26

6,9

107

8

Août

9

4,7

6

2,9

15

6,1

24

7,5

26

6,9

80

6

Sept

22

11,5

24

11.5

14

5,7

16

5

25

6,6

101

7,5

Oct

19

9,9

18

8,7

21

8,5

20

6,2

19

5

97

7,2

Nov.

10

5,2

10

4,8

21

8,5

20

6,2

28

7,4

89

6,6

Dec

10

5,2

8

3,8

9

3,6

21

6,6

27

7,2

75

5,6

Total

191

100

207

100

245

100

318

100

374

100

1335

100

On note une disparité de la proportion des cas par mois et selon l'année. En ce qui concerne les proportions moyennes des cas par mois pour les cinq années, le graphique ci-dessous illustre aisément les tendances.

Graphique N°2 : Proportions moyennes mensuelles de cas de schistosomiase urinaire enregistrés de 1999 à 2003.

Les cas indexes couvrent la période de Mars à Juin.

Graphique N° 3 : Corrélation entre l'incidence de la schistosomiase urinaire et l'année.

L'équation de la droite d'ajustement est égale : y = 0,205x + 0,665. L'incidence de la maladie augmente par an de 0,205 cas pour 1000 habitant.

r2 = 0,936, donc 93,6% de la proportion de la variation totale est expliquée par la droite de régression. On en conclut à un bon ajustement linéaire.

Le coefficient de corrélation r = 0,97 tend vers la valeur 1 et traduit un lien entre l'incidence de la schistosomiase urinaire et le rang de l'année.

· La situation de la schistosomiase urinaire par formation sanitaire

Tableau N°XV : Proportion des cas de schistosomiase urinaire parmi les nouveaux consultants par formation sanitaire.

Formations

sanitaires

Nouveaux

consultants

Cas de S. urinaire

%

Tougan

30393

194

0,64

Kiembara

16282

120

0,74

Lanfiera

14939

121

0,81

Toeni

10758

90

0.84

Zinzida

11470

52

0,45

Niankore

4927

17

0,35

Kouy

5462

37

0,68

Kassan

4855

54

1,11

Tianra

2159

19

0,88

Lankoe

9743

16

0,16

Gomboro

6434

28

0,44

Bonou

9910

65

0,66

Bangassogo

5378

62

1,15

Dio

6896

7

1,02

Rassouly

3856

8

0,21

Di

10981

101

0,92

Kassoum

6714

42

0,63

Niassan

10630

100

0,94

Tiao

6086

139

2,28

Koumbara

5082

21

0,41

Total

190380

1335

0,70

Les formations sanitaires ayant les proportions élevées de cas de schistosomiase urinaire parmi les nouveaux consultants se retrouvent dans la zone de Tougan et Kiembara. Il s'agit des CSPS de Kassan, Bangassogo, Tiao, Di, Niassan.

Tableau N°XVI : Proportion des cas de schistosomiase urinaire parmi les nouvelles consultations par formation sanitaire.

Formations

sanitaires

Cas de S. urinaire

Nouvelles

consultations

%

Tougan

194

35716

0,54

Kiembara

120

18380

0,65

Lanfiera

121

16986

0,71

Toeni

90

11912

0,76

Zinzida

52

13290

0,39

Niankore

17

6771

0,25

Kouy

37

9296

0,40

Kassan

54

6954

0,78

Tianra

19

2703

0,70

Lankoe

16

6771

0,24

Gomboro

28

7681

0.36

Bonou

65

13072

0,50

Bangassogo

62

7514

1,15

Dio

7

9191

0,08

Rassouly

8

5245

0,15

Di

101

14274

0,71

Kassoum

42

7189

0,58

Niassan

100

12493

0,80

Tiao

139

7820

1,78

Koumbara

21

5540

0,38

Pour l'ensemble du district, la schistosomiase urinaire constituait 0,57% des nouvelles consultations reçues au cours de cinq années (1999 à 2003)

Dans huit formations sanitaires du district, la schistosomiase urinaire représente sur les cinq ans 70% et plus des nouvelles consultations : Tiao, Bangassogo, Niassan, Kassan, Toeni, Di, Lanfiera, Tianra.

Tableau N°XVII : Incidences annuelles de la schistosomiase urinaire par formation sanitaire dans le district sanitaire de Tougan, de 1999 à 2003 (cas pour 1000 habitants)

Formations

Sanitaires

ANNEES

Incidence

moyenne

1999

2000

2001

2002

2003

Tougan

2,95

2,86

2,2

1,3

2,29

2,32

Kiembara

0,16

0,4

2,84

2,47

3,41

1,85

Lanfiera

0,81

1,49

1,97

2,18

3,79

2,04

Toeni

1

0,3

1,2

1,13

1,11

0,94

Zinzida

1,78

1,12

0,29

0,97

1

1,03

Niankore

0,08

0,16

0,08

0,24

1,33

0,37

Kouy

0,42

0,51

1

0,49

1,33

0,75

Kassan

1,22

2,12

1,17

0,89

1,63

1,40

Tianra

1

2

0,25

0,49

0,96

0,94

Lankoe

0,01

0,18

0,54

0,35

0,26

0,26

Gomboro

0,09

0,00

0,00

0,52

2,68

0,65

Bonou

0,74

0,45

0,88

1,29

2,28

1,12

Bangassogo

0,00

0,72

1,24

1,3

1,88

1,02

Dio

0,00

0,17

0,66

0,32

0,00

0,23

Rassouly

1,95

0,47

0,46

0,9

0,00

0,75

Di

1,38

1,8

1,46

1,43

1,33

1,48

Kassoum

0,96

0,82

0,91

1

1,1

0,95

Niassan

1,22

1,18

0,89

4,72

0,85

1,77

Tiao

3,1

4,1

6,3

10,6

6,95

6,21

Koumbara

2,01

0,00

0,00

3,13

1,07

1,24

Kwaremenguel

-

-

0,34

2

0,49

0,94

Daka*

-

-

-

-

0,87

0,87

Konga*

-

-

-

-

3

3

Total

0,9

1

1,18

1,51

1,74

1,26

Pour l'ensemble du district, les incidences de la schistosomiase urinaire pour 1000 habitants sont respectivement de 0,9 en 1999 ; 1 pour 2000 ; 1,18 en 2001 ; 1,51 et 1,74 pour 2002 et 2003. Les incidences moyennes les plus élevées pour les cinq années se retrouvent dans les CSPS de Tiao, avec 6,21 cas pour 1000 habitants, suivi de Tougan avec 2,32 cas pour 1000, puis Lanfiera et Kiembara avec respectivement, 2,04 et 1,85 cas pour 1000 habitants. Les CSPS de Dio, Rassouly, Gomboro et Koumbara ont enregistré les incidences les plus basses.

Carte N°2: Représentation cartographique de l'incidence de la bilharziose urinaire par F.S et par an

2001

2000

1999

Suite représentation cartographique

2003

2002

La représentation cartographique de l'incidence par formation sanitaire nous inspire un certain nombre de constats :

Ø En 1999, quatre formations sanitaires, à savoir : Tiao, Tougan, Rassouly et Koumbara avaient une incidence comprise entre 2 et 4 cas pour 10000 habitants, les autres étant inférieurs à 2 cas pour 1000 habitants.

Ø En 2000 le CSPS de Tiao a évolué vers une incidence comprise entre 4 et 5,9 cas de schistosomiase urinaire pour 1000 habitants.

Ø En 2001, le CSPS de Tiao a atteint une incidence supérieure à 5,9 cas pour 1000 habitants, tandis qu'à Lanfiera, Tougan et Kiembara cette incidence étant inférieurs à 4 cas pour 1000 habitants.

Ø En 2002 et 2003, l'incidence au niveau du CSPS de Tiao est restée supérieure à celles des autres formations sanitaires, soit une incidence supérieure à 5,9 cas pour 1000 habitants.c) Schistosomiase intestinale

· Situation de la Schistosomiase intestinale par zone

Tableau N°XVIII : Incidences annuelles de la schistosomiase intestinal par zone dans le district sanitaire de Tougan, de 1999 à 2003 ( cas pour 1000 habitants années)

Zones

ANNEES

1999

2000

2001

2002

2003

Tougan

0,21

0,04

0,03

0,01

0,00

Kiembara

0,06

0,04

0,01

0,00

0,00

Lanfiera

0,020

0,00

0,00

0,00

0,00

L'incidence la plus élevée a été observée dans la zone de Tougan en 1999 soit 0,21 cas pour 1000 habitants. Pour l'année 2003 aucun cas n'a été notifié dans l'ensemble des trois zones.

· La répartition de la bilharziose intestinale par tranche d'âge

Tableau N°XIX : Répartition des cas de schistosomiase intestinale par tranches d'âges dans le district sanitaire de Tougan, de 1999 à 2003

n = 34

Tranches

d'âges

Effectif

%

0 - 4ans

03

8,82

5 - 14 ans

12

35,29

> = 15 ans

19

55,89

Total

34

100

Plus de 91% des cas de schistosomiase intestinale notifiés dans les formations sanitaires concernent les enfants d'âge scolaire et les adultes à savoir la tranche d'âge de 5 ans et plus

· Répartition des cas de schistosomiase intestinale selon le sexe

Parmi les 19 cas de schistosomiase intestinale notifiés chez les sujets de 15 ans et plus, 12 étaient de sexe masculin, soit 63% et 7 cas de sexe féminin soit 37% . Le sexe ratio est de 1,71 pour le sexe masculin.

· Situation de la schistosomiase intestinale par formation sanitaire

Sur les vingt trois formations sanitaires du district, seulement neuf (9) ont notifiés des cas de schistosomiase intestinale au cours des cinq ans (1999 à 2003). Les incidences les plus élevées se constatent au CMA de Tougan avec 0,62 pour 1000 habitants en 1999; 0,24 en 2000 ; 0,60 en 2001 ; 0 en 2002 et 2003.

Pour l'ensemble du district, on note une baisse progressive de l'incidence de la schistosomiase intestinale diagnostiquée, comme on peut le constater au niveau du graphique

n° 4.

Graphique N°4 : Evolution comparative de l'incidence de la schistosomiase selon le type diagnostiqué cliniquement au cours des cinq ans

Une comparaison de l'incidence des deux types de bilharziose par an, montre que le nombre de cas de schistosomiase urinaire connaît une augmentation au fil des années tandis que la forme digestive est en baisse. Le graphique ci - dessus permet de l'observer5.1.3 Résultats des laboratoires.

Pendant la période couverte par l'étude, 4552 examens d'urines et 8254 examens de selles ont été réalisés dans les laboratoires du district sanitaire de Tougan. Dans les urines on a enregistré 252 cas de Schistosoma haematobium soit 5,53%. Cinq cas

(5 ) de Schistosoma mansoni ont été dépistés dans les selles, soit 0,06%. Seulement 18,77% des cas cliniques ont reçus une confirmation biologique.

a) Schistosoma haematobium

Tableau N° XX : Cas confirmés de schistosoma haematobium par an et selon le laboratoire.

Laboratoires

ANNEES

TOTAL

%

1999

2000

2001

2002

2003

TOUGAN

51

41

30

21

29

172

68,25

LANFIERA

2

7

4

12

8

33

13,10

KIEMBARA

9

12

9

8

9

47

18,65

TOTAL

62

60

43

41

46

252

100

68,25% des cas de Schistosoma haematobium ont été dépistés dans le laboratoire de Tougan contre 13,10% à Lanfiera. Sur un nombre total de 1335 cas de schistosomiase urinaire diagnostiqués cliniquement, 252 ont reçus une confirmation biologique soit une proportion de 18,87%. La situation des cas confirmés par laboratoire donne respectivement 28% pour le laboratoire de Tougan, 8,75% pour celui de Lanfiera et 13,70% pour le laboratoire de Kiembara.

Tableau N°XXI : Proportion de schistosoma haematobium parmi les examens d'urine par laboratoire.

n = 252

Zones

Examens d'urines

Cas de S.

haematobium

Pourcentage

%

TOUGAN

3890

172

4,42

LANFIERA

341

33

9,67

KIEMBARA

321

47

14,64

TOTAL

4552

252

5,53

Pour l'ensemble du district, Schistosoma haematobium est retrouvé dans 5,53% des examens d'urines réalisés de 1999 à 2003. Le laboratoire de Kiembara figure en tête avec 14,64%, ceux de Lanfiere et Tougan suivent avec respectivement 9,67% et 4,47%.

Le nombre moyen d'examen positif à Schistosoma haematobium dépisté par laboratoire est de 84 avec un écart type de 76,53.

Schistosoma mansoni

Seuls les laboratoires de Tougan et de Lanfiera ont notifié des cas confirmés de Schistosoma mansoni au cours des cinq années. Sur les 5 cas, 3 ont été dépistés en 1999 par le laboratoire de Tougan. Les 2 autres cas notifiés par le laboratoire de Lanfiera en 2000 et 2001. Pour Lanfiera, il constituait 0,17% de l'ensemble des examens de selles, 0,06% pour Tougan. Aucun cas n'a été notifié les deux dernières années.

.

5.2 Discussions des résultats

5.2.1 Situation des cas de schistosomiase (urinaire et intestinale) diagnostiqués cliniquement de 1999 à 2003

L'étude a dénombré 1369 cas de schistosomiase urinaire et intestinale. Ce résultat représente l'ensemble des nouveaux cas qui se sont présentés dans les structures sanitaires pour des plaintes évocatrices de la maladie ou à la suite d'un examen systématique. Ces résultats ne sont pas exhaustifs car intervenant dans un contexte de faible fréquentation des formations sanitaires.

On a noté une prédominance de la bilharziose urinaire avec une proportion de 97,52% des cas contre 2,48% pour la forme intestinale. Comme dans la plupart des études, la forme urinaire est plus répandue.

De l'analyse de la situation de la maladie par zone , 42,6% des cas ont été notifiés dans la zone de Tougan; 25,1% à Lanfiera, 28,7% à Kiembara. Cette différence entre les chiffres serait en partie liée à la population et aux nombres de formations sanitaires couvertes par zone. En 2003, la zone de Tougan regroupait 11 formations sanitaires avec une population de 92534. Celle de Lanfiera avait 5 formations sanitaires et une population de 53583 et enfin la zone de Kiembara qui couvrait 8 formations sanitaires et une population de 68344 habitants.

L'étude a révélé une augmentation moyenne de 2,34% des cas de schistosomiase par an (graphique N°1). Les proportions vont de 15,6% des cas en 1999 à 27,3% en 2003. Ce qui pourrait traduire soit une performance du système de surveillance consécutive à une amélioration de la couverture sanitaire ou une augmentation de l'incidence de la maladie par an dans le district sanitaire de Tougan, ou les deux. Comme nous pouvons le constater la proportion des formations sanitaires remplissant les normes minimales en personnel est passée de 30% en 1999 à 52,17% en 2003. Aussi, la première hypothèse de recherche se trouve vérifiée : L'incidence de schistosomiase augmente d'une année à l'autre. Cette évolution serait consécutive aux interventions sanitaires dont bénéficie le district.

Selon les résultats de l'étude la presque totalité des cas de schistosomiase notifiés se rencontrent chez les adultes et les enfants d'âge scolaire, soit 94,8% des cas. La structure de la population du district est le reflet de celle de la population générale du Pays, qui selon le RGPH (INSD 1996) précise que la population Burkinabe est jeune avec 47,92% de jeunes dont l'âge est compris entre 0 et 14 ans. Aussi, le développement de cette pathologie étant strictement lié à l'activité humaine (baignades, activités hydroagricoles), expose la frange active de la population. Les répercussions socio-économiques de cette maladie ne sont pas à négliger.

On a aussi noté la présence de la maladie chez les sujets de moins de cinq ans (5,2%). Ce constat contraste avec ce que l'on connaît du cycle de transmission de la maladie. En effet à cet âge le contact avec les eaux de surface est rare, et le risque de contracter la maladie aussi faible. Il est plausible que l'explication de cet état de fait soit liée soit à des erreurs diagnostiques ou à l'existence de certaines pratiques socio -culturelles aux sein des communautés. En outre, l'existence d'une autre forme de transmission n'est pas à écarter.

5.2.2 Situation des cas de schistosomiase par type diagnostiqués cliniquement de 1999 à 2003 dans le district

Ø Schistosomiase urinaire

Dans l'étude, l'incidence la plus élevée en 2003 avec 2,48 pour 1000 habitants et aussi la plus basse en 1999 soit 0,32 pour 1000 a été observée dans la même zone, à savoir Lanfiera. Cette zone revêt un caractère important dans cette étude car elle couvre les aménagements hydroagricoles de la vallée du Sourou. Les différences observées au niveau des cas incidents par an et par zone seraient dues au hasard dans la mesure où statistiquement elles ne sont pas significatives. Avec un Khi - carré d'homogénéité égale à 13,25 et ddl = 8 p < 0,05. La deuxième hypothèse de l'étude est confirmée : L'incidence de la maladie est uniforme dans le district sanitaire de Tougan. Les mouvements de population, la similitude dans le comportement des habitants de la zone pourraient expliquer cet état de fait.

La répartition de la bilharziose urinaire par tranches d'âge au cours des cinq années couvertes par l'étude révèle que les sujets de 15 ans et plus représentaient la proportion la plus élevée des cas de schistosomiase urinaire avec 63,22% des cas. Pour les enfants de moins de 5 ans, la proportion était de 5,09%. Ces données diffèrent peu de celles de l'annuaire statistique de la DEP du ministère de la santé. En 1999, 57% des cas de bilharziose urinaire touchaient les adultes, 31% les sujets de cinq à quatorze ans et 12% pour les moins de cinq ans.[11] En 2001, 58% pour les adultes, 35% pour les cinq à quatorze ans et 7% pour les moins de cinq ans.[12] Selon le même annuaire, les enfants et les adultes constituent les tranches d'âges les plus représentées au niveau des activités de consultations curatives. A titre d'exemple, en 2001, l'annuaire donne 1,02 nouveau contact par habitant et par an pour les moins d'un an suivi des adultes femmes avec 0,25 et des hommes avec 0,13 nouveau contact.

Selon la même étude, la répartition de la maladie selon le sexe chez les sujets dont l'âge est supérieur ou égal à 15 ans est la suivante: 72% pour le sexe masculin et 28% pour le sexe féminin. La question est alors de savoir si cette différence est l'expression des caractéristiques démographiques du pays en ce qui concerne la répartition selon le sexe. En effet, le recensement général de la population et de l'habitat (1996) a montré que les femmes représentaient 52% de la population. Il ressort donc de cette comparaison les commentaires suivants:

- Les activités professionnelles de l'homme (pêche, cultures maraîchères, riziculture) l'exposerait plus à la bilharziose que la femme.

- Soit la maladie a touché effectivement plus les hommes que les femmes au cours de la période couverte par l'étude.

- Ou peut être les hommes ont des symptômes plus bruyants que les femmes, ce qui les amènerait plus à consulter.

Somme toute, la première hypothèse semble la plus plausible, compte tenu de ce que nous savons de la transmission de la maladie.

En ce qui concerne la répartition de la maladie selon le sexe, la plus part des études réalisées se sont intéressées aux enfants d'âge scolaire.

Suite à cette étude, la répartition de la maladie selon le mois et l'année a permis d'observer des cas indexes couvrant la période de Mars à juin de chaque année. Une forte concentration des parasites dans les marres à cette période n'est pas à occulter. En milieu rural, on note une hausse de la fréquentation des services de santé après les récoltes. Le fait que de Mars à juin nous nous situons dans cette période, la probabilité de diagnostiquer un cas de schistosomiase se trouverait majorée. La maîtrise de cette situation est d'autant plus importante dans la mesure où l'efficacité des interventions de santé (dépistage à grande échelle traitement de masse), resterait tributaire de cette caractéristique de la maladie.

L'équation de la droite d'ajustement de l'incidence de la maladie en fonction de l'année est y = 2,05x + 0.665, le coefficient de corrélation linéaire r = 0,97. Il s'agit ici d'une forte corrélation entre ces deux variables (incidence et années). Plus nous avançons en année, plus l'incidence de la maladie connaît une croissance. La première hypothèse de recherche se trouve encore renforcée.

L'étude a également montré que les proportions de schistosomiase urinaire par rapport à l'ensemble des nouveaux consultants et les nouvelles consultations sont les plus élevées dans le CSPS de Tiao, soit respectivement 2,78% et 1,78%. C'est une formation sanitaire située dans la zone de Tougan mais dont l'aire sanitaire épouse les frontières géographiques de celles de la zone de Lanfièra. Ces indicateurs permettent de mesurer l'importance de la morbidité imputable à la schistosomiase par rapport à l'ensemble des malades reçues. La proportion relative aux nouveaux consultants représente le poids de la maladie parmi les nouveaux consultants tandis que celle ayant trait aux nouvelles consultations traduit la probabilité de diagnostiquer la bilharziose urinaire parmi les nouvelles pathologies enregistrées. Cette probabilité fait intervenir trois éléments importants : la prévalence de la maladie dans la zone, la capacité des agents à poser le diagnostique de la maladie et enfin la fréquentation des services de santé. Les chiffres obtenus dans cette formation sanitaire sont aussi plus élevés que ceux de l'annuaire statistique de la DEP qui, pour les nouveaux consultants on a 0,36% en 2001 et 0,26% en 2002.

A l'échelle du district, l'étude a permis d'observer une augmentation de l'incidence de la maladie de 1999 à 2003 comme l'atteste le test de corrélation linéaire. En effet les cas incidents pour 1000 habitants sont passés de 0,9 en 1999 à 1,74 en 2003.

La comparaison de l'incidence de la bilharziose urinaire entre formations sanitaires du district on note le CSPS de Tiao comme ayant obtenu les cas incidents les plus importants avec un pic de 10,4 cas pour 1000 habitants en 2002. La situation qui prévaut dans ce CSPS serait - elle liée à la prédominance de l'hôte intermédiaire de la maladie et où l'existence au sein des populations des attitudes et pratiques propices au développement de la maladie ? PODA Jean Noël et collaborateurs (2001) dans leur étude sur le profil épidémiologique de la schistosomiase urinaire dans le complexe hydroagricole du Sourou au Burkina Faso ont trouvé à Tiao une prévalence de 83,3%, l'existence de B. senegalensis comme hôte intermédiaire. Enfin deux biotopes (mare et cours d'eau) qui sont des sources de transmission de la maladie.[16]

La représentation cartographique d'un phénomène de santé permet de déterminer comment celui - ci évolue dans l'espace. L'objectif principal est d'identifier les zones les plus touchées et de planifier les interventions. La présente étude a privilégié la schistosomiase urinaire compte tenu de son importance.

L'approche du système d'information géographique est sans doute l'une des alternatives à privilégier dans la planification des interventions en matière de lutte contre la schistosomiase.

Ø Schistosomiase intestinale

Au cours des cinq années de l'étude, 34 cas de schistosomiase intestinale ont été notifiés. Comme la forme urinaire, elle touche particulièrement les enfants d'âge scolaires et les adultes (91%). Les raisons citées pour la bilharziose urinaire restent aussi valables pour cette forme de la maladie.

Le CMA de Tougan a enregistré les incidences les plus élevées à savoir : 0,62 cas pour 1000 en 1999, en 2000 0,24 cas et enfin en 2001 et 2002 respectivement 0,60 cas ; 0,58 cas. Pour la dernière année de l'étude, aucun cas incident n'a été notifié. Notons aussi que le fait que le CMA soit une structure de référence, avec un plateau technique plus élevé que les autres structures périphériques (CSPS), faciliterait le diagnostique de la schistosomiase intestinale. Aussi, les difficultés liées au diagnostique clinique de la forme intestinale nous permettent de supposer que la capacité à détecter la schistosomiase s'est améliorée d'année en année et qu'une grande partie des cas cliniques notifiés au début de l'étude pourraient être des erreurs diagnostiques.

5.2.3 Les résultats des laboratoires

Le laboratoire est un maillon capital dans la lutte contre la maladie. Il facilite l'instauration d'un traitement adéquat en fonction des germes identifiés.

Pendant les cinq années couvertes par l'étude 257 cas de schistosomes ont été dépistés par les laboratoires du district, ce qui correspond à 2% de l'ensemble des examens de selles et d'urine réalisés. En pratique courante, le système de prise en charge au niveau périphérique privilégie l'approche syndromique ce qui réduit la prescription d'examen paraclinique. La faible couverture du district en laboratoire (3 laboratoires) constitue un frein à la confirmation biologique compte tenu des frais que peuvent occasionner les éventuels déplacements vers le laboratoire. En outre, l'étude a observé une prédominance de Schistosoma haematobium par rapport à mansoni, ce qui corrobore les données cliniques.

Les résultats de l'étude montrent que la majeure partie des germes identifiés l'a été dans le laboratoire de Tougan avec 68,25% des germes de Schistosoma haematobium, 60% de Schistosoma mansoni. Le laboratoire de Tougan est situé dans une structure de référence, ce qui lui confère un plateau technique plus élevé que les autres laboratoires.

En ce qui concerne la proportion des schistosomes parmi les examens et par laboratoire, l'étude n'a pas pu évaluer le taux de détection des différents germes, pour faute de disponibilité de données. Ces taux permettent d'obtenir la proportion des cas positifs par rapport à l'ensemble des échantillons ayant subis l'examen pour déterminer la schistosomiase.

Cependant, parmi les 4552 examens d'urines réalisés pendant la période de l'étude, 252 révélé Schistosoma haematobium soit une proportion de 5,53%. En ce qui concerne les selles, la part de Schistosoma mansoni est très infime, 0,06%.

L'étude indique que 90% des germes dépistés au laboratoire au cours de cinq dernières années sont du groupe haematobium, contre seulement 10% pour mansoni. La prédominance de Schistosoma haematobium sur Schistosoma mansoni ne doit pas faire perdre de vue certaines difficultés. En effet, si la présence d'une hématurie peut motiver la recherche d'oeufs de Schistosoma haematobium, ce n'est pas le cas pour Schistosoma mansoni en cas de manifestations diarrhéiques. Le diagnostique est porté le plus souvent à la suite d'un examen parasitologique systématique de selles. Egalement pour Schistosoma mansoni, le simple examen des selles entre lame et lamelle, après dilution n'est que rarement suffisant. On doit recourir à des techniques d'enrichissement comme celle de Kato - katz.

5.3 Synthèse des résultats

De la discussion des résultats de la présente étude, des atouts et des faiblesses ont été mis en évidence. Pour ce faire, nous retiendrons en résumé ce qui suit :

Tableau N° XXII : Synthèse des résultats de l'étude

ITEMS

POINTS FORTS

POINTS FAIBLES

Situation des cas de schistosomiase (urinaire et intestinale) diagnostiqués cliniquement de 1999 à 2003

· L'augmentation de la notification des cas par an (2,4%)

· Plus de 94% des cas de schistosomiase se recrutent chez les sujets jeunes.

· La schistosomiase se rencontre chez les sujets de moins de cinq ans.

Situation des cas de schistosomiase par type diagnostiqué cliniquement de 1999 à 2003.

· L'incidence de la schistosomiase urinaire ne diffère pas d'une zone à l'autre

· L'incidence de la forme intestinale est en baisse

· La période de l'année pendant laquelle le nombre de cas de schistosomiase urinaire augmente est connue : de Mars à Juin.

· La proportion des cas de schistosomiase urinaire dans l'ensemble des nouvelles consultations élevée

· L'incidence de la maladie est très élevée dans les F.S de Tiao, Tougan, Kiembara, Lanfiera.

Le rôle et l'importance du laboratoire

· Tous les laboratoires du district ont dépisté des cas de Schistosomes.

· Une faible confirmation biologique des cas de schistosomiase (18,77%)

· Le système de collecte des données de laboratoire ne permet pas d'évaluer le taux de détection des cas.

Au terme de cette étude, nous formulons les recommandations suivantes en vue d'améliorer la surveillance et la lutte contre cette maladie:

1. A l'intention des membres de l'Equipe Cadre du District sanitaire de Tougan

· Intégrer la lutte contre la schistosomiase dans les activités de supervision des formations sanitaires du district.

· Planifier les activités de dépistage actif et de traitement des cas dans la période de Mars à Juin.

· Elaborer et mettre à la disposition des laboratoires des supports permettant de consigner le nombre d'échantillons soumis au diagnostique de la schistosomiase.

· Tenir compte de la schistosomiase dans la rétro - information aux formations sanitaires du district.

· Mettre en place dans les Formations sanitaires de Tiao, Tougan, Lanfiera, Kiembara des cadres de concertation COGES - APE sur les questions de la schistosomiase.

· Pour les formations sanitaires les plus touchées, Tiao, Tougan, Kiembara, Lanfiera, élaborer des microplans de lutte contre la bilharziose avec un volet communication renforcé.

Ø A l'intention des autorités du ministère de la santé

· Instaurer le système de surveillance basé sur les cas pour la schistosomiase intestinale.

· Assurer l'équipement des laboratoires en matériels médico - techniques (microscope, réactifs) pour le diagnostique de la bilharziose.

· Faire un plaidoyer auprès des partenaires du ministère pour la mobilisation des ressources.

· Former et superviser le personnel de laboratoire.

La présente étude qui s'est déroulée à l'échelle d'un district sanitaire a permis de percevoir que la bilharziose constitue un problème de santé à Tougan. On note une augmentation des cas de 1999 à 2003. La forme urinaire est la plus répandue et toutes les zones semblent également touchées mais une analyse spatiale plus fine montre que certaines aires sanitaires sont plus touchées que les autres. Il s'agit des formations sanitaires de Tiao, Tougan, Kiembara, Lanfiéra . Les résultats ont été obtenus en utilisant un canevas d'analyse documentaire. Ces résultats nous permettent de confirmer les hypothèses énoncées en début d'étude. Aussi, nonobstant les limites potentielles que la présente étude a concédées dans sa méthodologie, l'évolution de la schistosomiase dans le district n'a certainement pas connu une description exhaustive. L'étude n'étant pas exempte d'insuffisances, d'autres recherches sont nécessaires. L'exploration des aspects liés aux complications de la maladie serait à n'en pas douter d'un apport inestimable dans la lutte contre la schistosomiase.

Cependant, la considération et la mise en oeuvre des recommandations ici formulées contribueront à une amélioration qualitative dans la lutte contre la maladie dans le district.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus