UNIVERSITE CATHOLIQUE D'AFRIQUE CENTRALE
INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE
FACULTE DE SCIENCES SOCIALES ET DE GESTION
LA PARTICIPATION DE LA FEMME À LA VIE POLITIQUE
AU TCHAD
Mémoire présenté et soutenu publiquement
en vue de l'obtention de la Maîtrise en Sciences Sociales, Option
Sciences Juridiques et Politiques
Par :
NGARTEBAYE Eugène LE-YOTHA
Licencié en Sciences Juridiques et politiques
Sous la direction de :
Martin BRIBA s.j.
Coordonnateur du premier Cycle
Année Universitaire 2003-2004A
Ø Ma
mère, Nangueryo NOUDJINGAR
Ø Mes
cousins NGARHOSSEM Léopold et DJIRAIMADJI NGARBAYE qui ont
prématurément quitté ce monde ;
Ø Toutes
les femmes et les institutions qui oeuvrent pour la promotion politique de la
femme !
Remerciements
Ce mémoire, issu de longues réflexions et
d'efforts, est le fruit d'une large collaboration sans laquelle il n'aurait pu
voir le jour. Je tiens à remercier tous ceux et celles qui, de
près ou de loin, ont contribué à la réalisation de
cette oeuvre.
Mes remerciements s'adressent tout particulièrement
à mon directeur de mémoire, le Père Martin BRIBA sj.,
guide immédiat dans la conception et la rédaction de ce travail.
Il m'a accompagné sur mes chemins parfois tortueux dans cette
première recherche scientifique de ma vie, avec patience,
simplicité, persévérance et sympathie. Je lui exprime
toute ma reconnaissance pour son savoir et son expérience qu'il a bien
voulu partager avec moi.
J'exprime ma gratitude au Père Louis de VAUCELLES,
ancien doyen de la Faculté des Sciences Sociales et de Gestion et tous
mes enseignants pour leurs apports considérables dans ma formation ainsi
qu'a tout le personnel de la Bibliothèque de l'UCAC pour son service.
Je reste également reconnaissant à l'Union
Européenne pour l'appui financier.
Profondes reconnaissances à Madame NGARMBATNAN Karmel
SOU IV, Secrétaire Exécutif du REFEMP/T, qui a bien voulu me
faciliter les contacts avec les femmes Ministres et Parlementaires, au chef de
Service des archives du Secrétariat Général du
Gouvernement et à celui du Centre de Documentation de l'Assemblée
Nationale pour la mise à ma disposition des documents.
Un merci particulier à M'RANGAYE DOTOM pour sa
mobylette qui a facilite mes déplacements pour les enquêtes. Merci
aussi a toutes les femmes et associations avec lesquelles j'ai
travaillées.
Je tiens également à remercier tous mes
frères, cousins, cousines et soeurs qui m'ont soutenu moralement et
financièrement. Je pense particulièrement a DOTOM Nadjihorngar,
DOUMDE Alexis, NGARABAYE Djiminguebaye, Martine KOSTOLOUM, MONEBEYE Odette,
NARTEL Antoinette, TAHASSIM, DENEBEYE, Alladoum NANDOGNGAR, Djimrangar
DADNADJI.
Je ne saurais terminer mes propos sans remercier NOUBADOUM
Joseph, MADJIRANGUE Djimrebaye, NGUEMO Marilyn avec qui, ce thème a
suscite assez de débats, à RASSEMADJI Moguena pour ses conseils
et toute la communauté tchadienne de l'UCAC.
Sigles et abréviations
AEF : Afrique Equatoriale
Française
AFJT : Association des Femmes Juristes
du Tchad
CCFAN : Conseil de Comite des Forces
Armées du Nord
CEFOD : Centre de Formation pour le
Développement
CELIAF : Cellule de Liaison des
Associations Féminines CASIFEP : Cadre de
Soutien aux Initiatives Féminines en Politique
CNS : Conférence Nationale
Souveraine
CSM : Conseil Supérieur
Militaire
CST : Conseil Supérieur de la
Transition
FAR : Fédération Action
pour la République
FROLINAT : Front de Libération
Nationale du Tchad
FAN : Forces Armées du Nord
GUNT : Gouvernement d'Union Nationale du
Tchad
PSIT : Parti Social Indépendant
du Tchad
MPS : Mouvement Patriotique du Tchad
PPT/RDA : Parti Progressiste
Tchadien/section du Rassemblement Démocratique Africain
UDT : Union Démocratique
Tchadien
UNIR : Union Nationale pour
l'Indépendance et le Révolution
UDR : Union pour la Démocratie
et le Renouveau
URD : Union pour le Renouveau et la
Démocratie
UNDR : Union Nationale pour la
Démocratique le Renouveau
REFEMP/T : Réseau des Femmes
Ministres et Parlementaires du Tchad
Glossaire
Ø Azouma,djoukournouma :
Mots issus de l'arabe tchadien qui désigne les activités de
commerce organisées par les femmes
Ø Koundjarambadje : Mot
issu du parler ngambaye qui signifie la poule qu'on offre aux visiteurs. Ici,
utiliser dans son sens figuré pour designer les femmes aux moeurs
légères
Ø Mad-gnon : Mot
Sara ; traduit littéralement par «donner aux termites»,
utilisé dans le mémoire dans son sens figuré pour
désigner les « femmes libres »
Ø Ana mara sakit : Mot
issu de l'arabe tchadien signifiant « je suis une femme
seulement », employé par les femmes pour leur
autoévaluation
Ø Ma i dian ngoye : Mot Sara madjingaye
équivalent de ana mara sakit.
Ø Taama bei : Mot gorane
équivalent de ana mara sakit.
LISTE DES ANNEXES
Annexe
Guided'entretien...........................................................i
Annexe II :
Liste des femmes
parlementaires....................................iv
Annexe III :
Liste des femmes membres du Gouvernement................viii
Annexe IV :
Quelques figures politiques
féminines.............................xi
INTRODUCTION GENERALE
La conquête des libertés, la reconnaissance et le
respect des droits des individus ne s'obtiennent pas sans heurt. Les guerres
furent et demeurent nécessaires pour triompher des tyrannies.
Les révolutions ont coûté d'innombrables
vies humaines aux nations qui se sont soulevées pour parvenir à
leur indépendance, ou aux peuples pour recouvrer leur liberté.
Dans ces nations, ou au milieu de ces peuples, les hommes et
les femmes ont combattu côte à côte. Toutefois, au moment de
récolter les fruits du succès si durement acquis, les femmes ont
été parfois privées de la récompense pour leur
participation à ces différentes épreuves, ou exclues des
honneurs de la victoire à laquelle elles avaient contribué. Cette
discrimination trouve sa justification dans des préjugés, tel
que : la femme est naturellement faible pour mener des luttes.
Ces préjugés sont fondés sur des mythes
et des mensonges que se font les hommes à l'égard des femmes car,
comme l'écrit Pierre Bourdieu, « le mensonge à soi
même, collectivement entretenu et encouragé ... est, en toute
société au fondement des valeurs les plus sacrées et, par
là de toute l'existence de la société »1(*).
L'hégémonie masculine est pour ainsi dire
inscrite dans l'objectivité des structures et dans la
subjectivité des structures mentales depuis la nuit des temps. C'est
ainsi que dans la cité athénienne, les femmes étaient
écartées de la sphère politique sous prétexte que
l'idée de « jeu politique» est une
activité civile « dérivée »
de « l'art de la guerre ». Cette
considération de l'incapacité politique des femmes se trouve
aussi dans la philosophie d'État absolutiste conçue comme
« Res Publica » d'Aristote.
Mais au XVIIème siècle, Diderot se
fit l'avocat de l'émancipation féminine et déclare :
« dans toutes les coutumes, la cruauté des lois civiles
s'est réunie contre les femmes à la cruauté de la nature.
Nulle sorte de vexation que, chez les peuples policés, l'homme ne puisse
exercer impunément contre la femme »2(*).
Ce cri sera relayé par la déclaration de 1789
qui expose au grand jour, au nom de l'universalisme, l'imposture du
« contrat unique ». Elle affirme qu'il n'y a pas
de pouvoir légitime antérieur ou extérieur à la
volonté de la multitude des citoyens ; dès lors l'inclusion des
femmes au droit de cité que Condorcet seul ou presque appelait
de ses voeux à l'aube de la révolution3(*) devient indispensable.
En effet, c'est au lendemain de la révolution
française que « l'esclavage marital » fut la cible
d'un courant politique qui, de Mary Wollstonecraft et des Jacobins anglais aux
Owenistes du XIXème siècle, fera l'autonomie de la
femme, la pierre de touche d'une véritable démocratie4(*).
Dans le monde comme en Afrique, cette situation de domination,
de soumission et de négation de certains droits de la femme n'est pas
aussi totale car il y eut des femmes qui se sont illustrées par leur
présence (Brunehaut, Jeanne d'Arc) en Occident, tout comme il y eut des
sociétés qui étaient gouvernées par des femmes ; on
en voudra pour preuve la société Namuliziki en pays
Tonga (Zambie), Reine de Saba (en Ethiopie), ou chez les Flup
de Casamance (Sénégal)5(*). Consciente de cette place et voulant sortir des
préjugés, la femme en Afrique a participé à
« l'éveil politique ». Elle avait pris le devant des
contestations coloniales : les femmes du Nigeria sur l'appel de l'Oba,
fermèrent marchés et boutiques et allèrent manifester
devant le bâtiment administratif6(*) ou encore participèrent à des
revendications syndicales7(*).
Et depuis, avec les tentatives de démocratisation
vécues dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne à l'aube des
années 1990, les femmes ont également manifesté une forte
détermination à s'impliquer dans le champ politique.
Mais force est de constater que cette volonté
féminine d'investir le champ politique reste émaillée
d'embûches en Afrique et plus particulièrement au Tchad.
C'est pourquoi, la question qui nous préoccupe pour
l'heure n'est plus celle du
« pourquoi » les femmes ont
toujours été absentes de l'activité politique mais
plutôt « comment les femmes arrivent-elles à
faire face aux obstacles socioculturels et politiques pour se hisser dans les
instances de prise de décisions politiques ? ».
En d'autres termes comment s'opère la mise en oeuvre des perspectives
favorables à la participation des femmes dans les sphères
décisionnelles de l'État ?
A- Objet d'étude
La question du rôle de la femme africaine et plus
particulièrement celle de la femme tchadienne en politique mérite
considération aux cotés des débats actuels sur la bonne
gouvernance, la décentralisation, la lutte contre le SIDA... etc. Bon
nombre d'auteurs se sont penchés sur la participation politique. Mais
commençons tout d abord par clarifier le concept politique
L'opinion commune s'est toujours divisée sur la valeur
qu'il convient d'attribuer à l'activité politique.
Pour Aristote, la politique est l'art du commandement social,
l'activité pacificatrice permettant à une société
divisée de s'ordonner à une fin supérieure.
Selon une interprétation plus
« vulgaire », la politique est une activité sale,
dégradante, renvoyant soit à des `'jeux stériles'', soit
à des `'bavardages artificiels'' soit enfin à des `'ambitions
effrénées''.
L'opinion savante se trouve aussi divisée lorsqu'il
s'agit d'apprécier l'aire de la sphère politique.
D'un point de vue « restrictif »,
la politique demeure un comportement singulier de la société
distincte des autres activités sociales, assujettie à des buts et
des règles spécifiques.
Pour la thèse
« extensive », par contre, la politique est
omniprésente et traverse de part en part la société :
« tout est politique », qu'il s'agisse de
l'élection d'un Chef d'État, de l'éducation ou des
chansons d'un musicien.
Outre les considérations énumérées
ci-haut, le vocable « politique » n'est pas
perçu de la même manière selon que l'on est de tradition
anglo-saxonne ou francophone.
La langue anglo-saxonne, plus pragmatique que la langue
française, dispose de deux termes pour définir la politique. Pour
elle, le terme « politic» désigne les
« produits » de l'action gouvernementale,
c'est-à-dire les programmes, des décisions et d'actions
imputables aux autorités politiques : on parlera ainsi de la
« politique étrangère du Tchad ou du
Cameroun »ou de la « politique
culturelle » de Jack Lang par exemple. Et le terme
« politics » désigne plutôt les
« processus » liés à l'exercice et à
la conquête du pouvoir d'État dans une société
donnée.
Mais dans la langue française, certains auteurs comme
Georges Burdeau et Pierre Braud, n'hésitent pas à cultiver
l'androgynie : au masculin « le politique »
intègre l'ensemble des régulations qui assurent l'unité et
la pérennité d'un espace social hétérogène
et confidentiel ; au féminin, « la
politique » indique la scène où s'affrontent les
individus en compétition pour la conquête et l'exercice du
pouvoir8(*); ce qui laisse
une ouverture pour la participation politique. Mais, que peut-on entendre par
« participation politique ? ».
Participer c'est prendre part à une action, c'est
contribuer soit directement ou indirectement à la construction d'une
chose, d'un État, bref d'une société. Et la participation
politique signifie l'acte par lequel le citoyen assume et tente d'influencer,
directement ou indirectement le cours des affaires publiques dans sa
société. Elle suppose une décision consciente et libre de
la part du citoyen, de s'occuper de ce qui est censé orienter la vie de
tous dans la cité. C'est pourquoi elle se situe à l'opposé
de l'apathique c'est-à-dire du citoyen qui néglige de prendre
part à la discussion et à la gestion des problèmes de la
cité. Pour Huntington et Nelson9(*), la participation politique est une activité
opérée par des citoyens privés `'private citizens''
et qui vise à influencer la formation des décisions
gouvernementales.
Selon MC Closky, la participation politique désigne les
activités volontaires par lesquelles les citoyens participent aux
sélections des dirigeants, directement ou indirectement, à la
formation de l'action publique. Ou encore, elle renvoie comme le soulignent
Verba et Nice, à ces activités exercées par des citoyens
privés qui visent plus ou moins directement, à influencer la
sélection du personnel gouvernemental et/ou des actions qu'il
entreprend.
Ces différentes définitions de la
participation politique proposées par les politologues renvoient
à une représentation plutôt qu'à un objet aux
contours aisément délimités.
Ces définitions supposent un individu, volontaire,
visant à travers son action une influence sur le gouvernement. Dans une
certaine mesure, la participation politique recouvre en fait un champ qui va de
l'action politique à son résultat.
Par ailleurs, il importe de ne pas confondre l'étude de
la participation politique avec celle de l'accès légal et des
conditions d'électorat et d'éligibilité. L'exclusion
juridique d'une catégorie n'aboutit pas nécessairement à
priver celle-ci d'une influence effective qui peut s'exercer par le biais d'une
action indirecte (rôle de nombreuses femmes bien avant l'octroi du droit
de vote) ou même d'une activité ouverte (jeunes étudiants
non électeurs participant à la vie politique par le canal de
l'action syndicale).
En sens inverse, l'existence d'une franchise légale ne
signifie pas nécessairement que ses bénéficiaires soient
en mesure de l'utiliser (cas des noirs aux États-Unis dans les
États du Sud).Dès lors, c'est quoi la vie politique ?
Saisir la vie politique, c'est opérer une distinction
d'avec la société politique ; c'est distinguer le cadre de
l'action elle-même.
En effet, la société politique est le cadre
à l'intérieur duquel s'inscrivent, s'expriment et se
développent toutes les relations qui s'établissent entre les
hommes, individuellement et en groupe. Elle a vocation pour en assumer la
symbiose. A ce titre, on la qualifie de globale - et parfois à la suite
de Hegel, `'de civile''- .
La vie politique représente l'ensemble des actes de
toute nature qui sont accomplis pour permettre le fonctionnement de l'appareil
de commandement suprême et régler son orientation. C'est en somme
la partie des relations humaines qui touche à l'agrégation
autoritaire de la société.
Dans cette perspective, la participation des femmes à
la vie politique au Tchad traduit l'intervention du citoyen dans le domaine
spécialisé des affaires publiques, dans le cas d'espèce
à l'assemblée nationale et au gouvernement de 1993 à
2003.
B -Contexte d'étude
Carrefour où se rencontrent l'Afrique du Nord
arabo-musulmane et l'Afrique subsaharienne, le Tchad comme de nombreux pays
africains est une création coloniale. Devenu République en 1958,
il acquiert son indépendance le 11 août 1960. Il couvre une
superficie de 1 284 000 km2 sur laquelle vivent environ 8 000 000
d'individus parmi lesquels on dénombre 52% de femmes, dont la majeure
partie vit dans le milieu rural. Sans aucune ouverture sur la mer, le
territoire tchadien est entouré par le Soudan à l'Est, la Libye
au Nord, le Niger, le Nigeria, le Cameroun à l'ouest et au Sud par la
République Centrafricaine. Depuis l'indépendance, le pays est
resté, sans discontinuer, en proie à la guerre civile
itinérante opposant les pouvoirs centraux successifs à des
groupes armés qui cherchent à les renverser. Ceux-ci, le plus
souvent, parviennent à leurs fins avant d'être eux-mêmes
chassés du pouvoir. C'est donc un cycle infernal de prise violente de
pouvoir que le pays a connu depuis à peu près trois
décennies. Cette situation de guerre a « militarisé la
vie politique » pour ainsi dire, excluant de ce fait la femme de
l'activité politique car la redistribution des postes politiques se fait
au prorata des moyens mis en oeuvre pour soutenir les rebelles ou sa
participation personnelle.
L'exclusion des femmes s'accentue aussi par le fait que le
vivier producteur des acteurs de la scène politique tchadienne est
resté pendant longtemps des chefs traditionnels qui voient leurs fils
promus à des rangs de ministres, et en guise de récompense
politique pour leur participation à la consolidation et l'instauration
de l'administration.
A ce contexte de guerre, il faut aussi ajouter le poids des
facteurs socioculturels qui fait que les femmes n'apparaissent pratiquement pas
dans la sphère publique.
Cette situation a eu d'importants effets sur
l'éducation, chose qui se ressent aujourd'hui avec le taux
d'analphabétisme féminin élevé à 87%. Mais
depuis l'amorce du processus de la démocratisation, on assiste à
une nette présence féminine dans le domaine public à
travers les associations et leur militantisme dans les partis politiques.
Au delà de l'avènement du multipartisme, il faut
aussi reconnaître le processus de mutations socioéconomiques que
connaît le pays et qui a induit des changements sociaux dans le statut de
la femme.
C'est dans ce contexte où la femme se manifeste de plus
en plus publiquement qu'il convient de s'interroger sur les stratégies
qu'utilisent ces femmes pour se placer dans les instances de prise de
décision.
Le champ de l'étude c'est-à-dire l'espace
territorial dans lequel se sont déroulées nos investigations est
le Tchad, plus précisément N'Djaména. Ce choix s'explique
par le fait qu'il s'agit de la capitale politique du pays, siège des
institutions politiques et administratives du pays.
Par ailleurs, parler de la vie politique au Tchad, reviendrait
à évoquer la situation des élus locaux, de tous les
responsables politiques du Tchad tout en entier. Il ne saurait en être
question ici, car notre projet est de nous limiter à la situation des
femmes au niveau du législatif et de l'exécutif.
C- Problématique
La plate-forme d'action de Beijing insiste sur `'une
participation égale des femmes et des hommes à la prise de
décision qui établira un équilibre et correspondra mieux
à la composition de la société, ce qui est
nécessaire au renforcement de la démocratie''10(*).
Ce débat sur la participation de la femme au
développement en général et politique en particulier est
aujourd'hui plus que d'actualité. Au sein des partis politiques, au
Gouvernement ou au Parlement, il est désormais question de faire une
place à la femme. Ainsi plusieurs acteurs ont abordé la question
de la participation de la femme mais beaucoup plus sous l'angle
économique. C'est ainsi que Coordonnier analysant les
sociétés africaines, arrive à cette
conclusion « (...) les travaux relatifs à la
production agricole et artisanale seraient dévolus aux hommes, tandis
que les femmes se consacraient plus spécifiquement à la
transformation et à la commercialisation de ces
produits »11(*).Le développement est un processus, qui
pour atteindre son apogée nécessite que l'on s'appesantisse sur
tous ses aspects : économique, sociologique, historique, politique,
etc.
C'est pourquoi certains acteurs abordent le rôle de la
femme dans le développement sous l'angle de sa participation à la
vie politique de sa société.
L'approche politique se veut macro-structurelle d'une part et
subjective d'autre part. Pour les tenants de l'analyse macro-structurelle, il
faut avoir un cadre institutionnel qui permettra à la femme de
s'épanouir davantage ; c'est ce qui ressort de l'analyse de Fatou LY
Diop, concernant davantage les mécanismes mis en place pour promouvoir
une amélioration de statut de la femme dans les différentes
sphères de la société12(*). Cette opinion se trouve partagée par Ngadjui
Nicolas lorsqu'il fait l'analyse de la participation politique des femmes du
Cameroun à travers les textes qui leur sont favorables13(*).
Mais il faut reconnaître que le cadre institutionnel
présente des limites car il ne permet pas à lui seul
d'appréhender la participation politique de la femme. La participation
est complexe et fait appel à d'autres facteurs, notamment subjectifs
liés à la personne des acteurs. C'est ainsi que Rokhaya Fall voit
se dessiner une différence de statut des femmes en fonction de leur
état social. Ainsi l'appartenance aux ordres supérieurs place la
femme au coeur du dispositif de dévolution et d'acquisition du
pouvoir14(*).
Dans le même ordre d'idée, Boubacar Barry, en
parlant de la « Linguer » et de la
« Awo » dans le royaume
de « Waolo », fit la remarque suivante :
« ayant un entourage nombreux, ces princesses, par leurs
fêtes fastueuses qu'elles donnaient, les cadeaux qu'elles faisaient aux
nobles à titre de subsides contribuaient et jouaient un rôle
important dans la succession du trône »15(*).
Mais cette approche subjective reste elle aussi limitée
car :
· La femme est effectivement au coeur du dispositif du
pouvoir : elle n'y est pas en tant qu'actrice mais plutôt en tant
que médiatrice ;
· La femme participe à la mise en scène,
à la théâtralisation du pouvoir, mais surtout de la
puissance et de la munificence. La dynamique fictive utilisée participe
à l'idiome politique, elle est une manière d'inscrire
symboliquement la puissance du pouvoir politique dans la réalité
quotidienne.
Mais compte tenu des limites que présentent les deux
approches énumérées plus -haut, quelle approche
conviendrait alors le mieux pour appréhender le problème de la
participation de la femme à la vie politique tchadienne ?
Tenant compte des limites que présentent les deux
approches présentées à savoir macro structurelle et
subjective, notre travail consistera à jumeler ces deux approches pour
nous permettre de saisir les moyens utilisés par les femmes pour se
hisser dans le milieu décisionnel politique, car comme le souligne
Aminata Diaw, `'globalement, la question démocratique ne peut trouver,
de manière exclusive, une solution dans le montage institutionnel. Elle
a à affronter sans détours les problèmes culturels comme
la religion, le statut de la femme dans la société qui ont des
implications politiques en ce sens qu'ils sont des lieux d'élection de
l'autorisation sociale ou de la tradition''16(*)
Ainsi, pour pouvoir résoudre le problème
posé, il convient d'émettre quelques hypothèses en guise
de pré-réponses à notre inquiétude.
D -Hypothèses
Longtemps écartées de la scène publique
en générale et politique en particulier, les femmes, de nos
jours, arrivent à investir le champ politique, et cela est lié
à plus d'implication des femmes dans la sphère du pouvoir.
Cette implication est tributaire d'un contexte socioculturel et politique en
pleine mutation, grâce à l'école, au changement de moeurs,
à la multiplication des associations et groupements féminins.
L'ascension est fonction des facteurs d'ordre personnel
c'est-à-dire à l'origine parentale, au statut du mari, à
l'importance du rôle joué dans la vie associative, et enfin au
charisme de l'actrice.
E -Méthodologie
Il s'agit de définir notre échantillon, de
parler des techniques d'investigations considérées, puis de
préciser les modèles d'analyses utilisés pour ce
travail.
Tout d'abord, avant d'aller sur le terrain, nous avons
procédé à une recherche bibliographique dans les villes de
Yaoundé et N'Djaména. Dans la première, ces recherches ont
eu lieu notamment dans les bibliothèques de l'UCAC (bibliothèque
centrale, APDHAC), dans les centres de documentations de la coopération
canadienne. Dans la seconde, ces recherches se sont déroulées
dans la bibliothèque du CEFOD, au centre de documentation de
l'Assemblée Nationale, au centre catholique Universitaire.
A partir de nos lectures, nous avons découvert les
points de vue de différents auteurs sur notre objet d'étude.
C'est alors que nous nous sommes rendues sur le terrain pour effectuer
l'enquête.
a) L'échantillon
« Il est très rare qu'on puisse
étudier exhaustivement une population c'est-à-dire en interroger
tous les membres : ce serait si long et si coûteux que c'est
pratiquement impossible. D'ailleurs c'est inutile : interroger un nombre
restreint de personnes, à condition qu'elles aient été
correctement choisies, peut apporter autant d'informations ; à une
certaine erreur près, erreur calculable, et qu'on peut rendre
suffisamment fiable. Le problème est de choisir un groupe d'individus,
un échantillon tel que les observations qu'on fera sur lui pourront
être généralisées à l'ensemble de la
population (...) »17(*).
Notre ambition étant d'étudier la participation
de la femme à la vie politique tchadienne, il eût
été utile et bénéfique d'étudier le cas des
actrices de la scène politique tchadienne à savoir : les
élus locaux, les ambassadrices, les députés, les
ministres, bref toutes les fonctions politiques occupées par les
tchadiennes. Mais nos moyens ne nous ont pas permis d'étendre
l'étude sur tous le pays, où 'il existe plusieurs femmes qui ont
occupé des fonctions politiques; nous nous sommes limité aux
femmes ministres et parlementaires.
Le choix se justifie par notre souci de recueillir l'opinion
des tchadiennes impliquées (ou qui ont été
impliquées) dans la scène politique sur l'hypothèse du
pari de promouvoir la participation des femmes dans le jeu politique
dominé par la présence masculine.
Ainsi le travail a porté sur un
« échantillon à choix
orienté ».
Le nombre de personnes interrogées n'a pas
été arrêté d'avance, compte tenu des
difficultés, de la mobilité des femmes politiques, et du nombre
très limité des femmes ministres et parlementaires, notre
échantillon ne contient au total que vingt (20) femmes.
Le choix de notre échantillon repose sur un
critère sélectif dominant qui est l'intérêt
accordé à la chose politique et à l'implication de la
femme dans l'action politique.
b) Les techniques d'investigations
La technique d'investigation utilisée pour recueillir
les informations est l'entretien semi-direct.
Avant d'aller sur le terrain, nous avons élaboré
des guides d'entretien qui ont servi à questionner les femmes politiques
afin de savoir comment elles sont arrivées en politiques, qu'est- ce
qu'elles ont fait pour contourner les obstacles, quels sont les moyens ou les
tactiques utilisés pour se hisser dans les milieux décisionnels
politiques.
Ce guide d'entretien contient d'une part des
« questions standards » qui sont introduites au fur et
à mesure que l'entretien progresse et, d'autre part des questions libres
permettant de relancer le débat ou de le réorienter à
chaque fois que la personne enquêtée sort de son véritable
sujet.
Toutefois, nous accordons plus d'importance à la
progression de l'entretien lui-même, l'ordre important peu. Cet entretien
est semi-direct en ce sens qu'il n'est ni entièrement ouvert ni
canalisé par un grand nombre de questions prévues.
Cette méthode appelée semi directe facilite le
dialogue et garde toujours ouverte la possibilité d'obtenir des
clarifications sur l'un ou l'autre point. Elle offre aussi une certaine
liberté, tout en écartant le risque de dispersion. En outre, elle
permet d'éviter de passer à côté des points
importants abordés de manière spontanée les personnes
interrogées.
Les attitudes d'hésitations, de doute peuvent
être repérées. La méthode a pour but de laisser
venir l'interlocutrice afin que celle-ci parle ouvertement dans les mots
qu'elle souhaite et dans l'ordre qui lui convient.
c) Les modèles d'analyse
Pour mieux appréhender la participation politique de la
femme au Tchad ; nous allons utiliser des méthodes d'analyses qui
permettent d'interpréter les comportements de ces femmes car le domaine
politique est très fluctuant et chaque actrice adopte ses propres
stratégies.
Cela nous conduit au choix de deux modèles d'analyses
à savoir : l'analyse systémique et stratégique
développée par Michel Crozier et Erhard Friedberg dans `'l'acteur
et le système : les contraintes de l'action collective. Il s'agit
de modèles qui d'ailleurs se complètent car pour ces auteurs
« sans raisonnement systémique, l'analyse
stratégique ne dépasse pas l'interprétation
phénoménologique. Sans vérification stratégique,
l'analyse systématique reste spéculative et, sans stimulation du
raisonnement stratégique, elle devient déterministe''18(*).
L'homme en tant qu'acteur dans un système
détermine, garde dans une certaine mesure une marge de liberté
qu'il peut utiliser pour influencer ce système ; d'où sa non
adhésion passive aux circonstances et aux règles, c'est ce que
Michel de Certeau nomme « l'invention du
quotidien »19(*).
Pour ce faire, pour qu'une action collective se
développe, il faut une opportunité et situation
stratégique, un atout commun et une coopération qui permettent
l'utilisation d'une opportunité présente et, d'une
capacité interactive élevée.
Pour le système, Crozier et Friedberg
généralisent leur raisonnement dans des processus d'organisation
qui se déploient dans des champs d'action les plus divers et qui
permettent de structurer, de stabiliser et de régler les rapports entre
un ensemble d'acteurs individuels et/ou institutionnels liés par des
interdépendances stratégiques autour des problèmes ou
d'intérêt commun.
Bref, dans ces modèles d'analyses, l'homme est un
acteur libre qui vit dans une société, une famille ou une
organisation considérée comme un système. Ce
système a ses contraintes et obligations et influence les comportements
des individus qui, à leur tour, élaborent des tactiques à
partir desquelles ils peuvent agir comme le souligne R. Boudon
« (...) les système sociales ont une structure. Cette
structure fixe (de manière plus ou moins claire et définitive
selon les cas) les contraintes sans lesquelles les individus ne peuvent agir
(...) »20(*).
Le choix de ces modèles s'explique par le fait que le
gouvernement et le parlement sont des systèmes bien structurés,
organisés et qui ont des fonctionnements propres.
Ainsi l'analyse stratégique permet d'appréhender
chaque femme, actrice de la scène politique, des stratégies qui,
lui permettent d'influencer le système. Les femmes en tant qu'actrice de
la scène politique arrivent à mobiliser des atouts
insoupçonnables d'où la nécessité de
considérer leurs stratégies c'est-à-dire de voir comment
elles s'y prennent.
Un certain nombre de difficultés se sont posées
à nous dans le cheminement de cette étude. D'abord la
documentation sur le sujet est presque inexistante au Tchad ; mais il faut
reconnaître que de nombreux auteurs ont abordé ce problème
sous d'autres cieux.
Ensuite durant notre enquête qui a eu lieu en
décembre 2003, de nombreuses femmes étaient absentes de
N'Djaména soit pour des déplacements personnels soit pour des
congés parlementaires. Nous avons travaillé avec celles qui
étaient présentes, mais là encore, certaines d'entre elles
n'étaient pas disposées à nous recevoir prétextant
leurs nombreuses occupations.
Malgré tous ces écueils, nous sommes parvenu
à étudier le phénomène social de manière
objective. Nous avons adressé plusieurs lettres aux femmes politiques
pour avoir des informations susceptibles de nous aider à
appréhender la question de la participation de la femme dans la
politique au Tchad.
Nous sommes amené dans une première partie
à porter un regard sur la vie politique et les conditions de
participation( Titre I) puis a évoquer la femme actrice politique
dans une seconde partie (titre II).
TITRE I : LA VIE POLITIQUE ET LES CONDITIONS DE
PARTICIPATION
La vie politique est d'après BRAUD la scène
organisée et organisatrice sur laquelle « opèrent
des acteurs, des dirigeants et militants groupes de pression mus par l'ambition
d'exercer ou d'influencer le pouvoir d'Etat (et ses
substituts) »21(*)
Ainsi définie, la vie politique est une structure
organisatrice dans laquelle les acteurs cherchent à maximiser leurs
intérêts au détriment des autres. Cette situation est un
obstacle pour la femme qui, traditionnellement, est sous-estimée. Ces
obstacles peuvent être d'ordre institutionnel. Cependant, il faut
reconnaître qu'il existe des facteurs susceptibles de faciliter
l'émergence politique de la femme. Dès lors, une lecture de la
vie politique tchadienne s'impose (Chapitre 1), ce chapitre premier se plongera
dans l'histoire politique ; avant de procéder aux conditions de
participation (Chapitre 2)
CHAP I. UN BREF APERÇU HISTORIQUE DE LA VIE
POLITIQUE AU TCHAD.
L'appréhension de la vie politique tchadienne nous
conduit à avoir une vue synoptique de la scène politique dans le
temps, c'est-à-dire à plancher sur l'ambiance politique qui
prévalait au Tchad de la période coloniale à
l'indépendance (section I) puis de la période de 1975 - 90
à l'amorce du retour du multipartisme (Section II).
S I. DE LA PÉRIODE COLONIALE A L'INDEPENDANCE
Il s'agit de la vie politique qui avait cours au Tchad pendant
la période coloniale (paragraphe1) pour aboutir à
l'indépendance (paragraphe 2) que nous tenterons d'évoquer dans
le développement qui suivra
§1 : La période coloniale.
Le Tchad est une création coloniale et vouloir
appréhender l'activité politique sous le prisme historique, c'est
la situer dans l'organisation administrative (A) afin de mieux élucider
l'apparition des premiers partis politiques (B) dans le contexte colonial
A-L'organisation administrative
Comme la plupart des pays africains, le Tchad est une
création coloniale. C'est par un décret du 5 septembre 1900
signé par le Président français de l'époque, Emile
Loubet, et contresigné par le ministre des colonies Albert Decrais
qu'est créée dans les territoires du Congo français une
circonscription spéciale dénommée
« Territoire militaire des pays et protectorats du
Tchad »22(*)
Le bloc Congo français, était constitué
du Gabon le Moyen-Congo, l'Oubangui-Chari et le Tchad. Ce bloc prit le nom
d'Afrique Equatoriale Française en abrégé AEF en 1910 par
un décret du 15 janvier 1910, publié au Journal officiel de l'AEF
(JOAEF) du 1er mars 1910 23(*)
Le statut administratif du Tchad connut diverses
modifications : direction politique et financière confiée
à un civil portant le titre d'administrateur par le décret du 5
juillet 1902 ; puis placé sous l'autorité de l'officier
commandant les troupes qui prit le titre de Commandant du territoire
délégué du Commissaire Général par le
décret du 29 décembre 1903 ; ensuite un territoire militaire
par le décret du 11 février 1906 qui l'incluait dans la colonie
de l'Oubangui-chari. Ce caractère de territoire militaire resta en
vigueur pendant dix ans jusqu'à ce que le décret du 14 mai 1915
le supprima. Mais le Tchad ne dépendra directement de l'AEF qu'à
partir du décret du 12 avril 1916. Le décret du 17 mars 1920
l'érigea en colonie, et son administration fut confiée à
un gouverneur civil portant le titre de Lieutenant-Gouverneur, assisté
d'un Conseil d'administration.
Ce statut fut lui aussi remis en cause par la grande
réorganisation administrative dite « réforme
Reinard » du nom du gouverneur de l'AEF qui transforma l'AEF en
colonie unitaire afin de réduire les dépenses du personnel. Le
Tchad fut de nouveau rattaché à l'Oubangui-chari avec un
délégué du gouverneur général pour
l'Oubangui-Chari Tchad résidant à Bangui. Le système de
centralisation était si excessif qu'il ne dura pas. Le décret du
31 décembre 1937 libéra le Tchad de toute allégeance
à l'égard de Bangui et lui conféra le rang de territoire
dirigé par un commandant de territoire, assisté d'un Conseil des
intérêts locaux. Le décret du 27 septembre 1938
rétablissait l'égalité entre les colonies. Notons que dans
ce contexte de fluctuations administratives, l'exercice des libertés
publiques n'est pas aisé d'où l'apparition tardive des partis
politiques dans les colonies et plus particulièrement au Tchad par
rapport aux colonies anglo-saxonnes.
B- Les premiers partis politiques au
tchad.
Jusqu'en 1945, le Tchad était soumis en matière
de libertés publiques à un régime très
restreint24(*). Il n'y
avait pas de libertés d'association ni de réunion. Avant la fin
de la seconde guerre mondiale, un mouvement de réforme libéral
s'annonça et s'amplifia à partir de 1945; La législation
en vigueur au Tchad en matière de libertés publiques fut
très proche de celle de la métropole. 25(*) Dans certains domaines, il est
vrai, l'entrée en vigueur effective de ces nouvelles lois prit du temps.
Aux termes de la loi de 1901, les partis politiques
étaient considérés comme des associations. Et jusqu'en
1945, cette liberté d'association était très
limitée en AEF, donc au Tchad ; la loi de 1901 n'était pas
applicable.
L'allégement de la tutelle vient d'un décret du
20 avril 1943 pris à Londres par le Général de Gaulle. Le
régime d'exception qui régna jusque là prit fin en 1946
grâce à 2 textes :
Ø Le décret 46. 432 du 13 mars 1946 qui rendit
applicable à l'AEF les Titre I et II de la loi du 1er juillet
1901, modifiée par les décrets-lois des 23 octobre et 12 avril
1939.
Ø Le décret 46. 740 du 16 avril 1946 qui rendit
applicable à l'AEF le titre Ier du décret du 16 août 1901,
pris pour l'exécution de la loi du Ier juillet 1901.
Notons que pour la loi française, un parti politique
est d'abord une association sans but lucratif, régie par la loi de 1901.
Au Ier janvier 1946, date d'application de ces deux
décrets, le régime des associations, des partis politiques,
devenait le même en AEF, et par conséquent au Tchad, qu'en France
métropolitaine.
Si la vie politique au Tchad commença avec les
élections à la 1 ère Assemblée Constituante
d'octobre 1945, c'est à partir de 1946, à l'occasion des
élections législatives, que l'on assista à l'apparition
des premières formations des partis politiques26(*).
Ainsi, on assista au Tchad à une floraison des partis
politiques. Dès le 16 décembre 1946, Gabriel Lisette,
administrateur d'origine antillaise fonda le parti progressiste tchadien, une
section du Rassemblement Démocratique Africain créé en
octobre 1946 lors du congrès de Bamako d'où le sigle PPT -
RDA.
Le PPT-RDA avait pour Secrétaire Général
Gabriel Lisette ; Secrétaire Général
Délégué Toura Gaba ; Secrétaire à la
propagande, Souleymane Naye ; Secrétaire Trésorier, Sekou
Diarra et deux sections locales : celle de Fort-Archambault avec un grand
nombre de militants à la tête desquels figuraient François
Tombalbaye et Joseph Moalboum, et celle d'Abéché. En effet tenant
compte de l'activisme politique féminin qui avait cours au sein du
PPT-RDA, Lisette convoqua un congrès et émit le voeu de la
création de la section féminine. Un Comité directeur
chargé de l'organisation du congrès était constitué
du Comité politique des représentants des régions. On nota
la présence de trois (3) femmes dans la région de
Fort-Archambault, et une seule, Mme Fatimé Monique, de la
région de Koumra.
La section féminine fut constituée et
placée sous la présidence de Madame Yeyon Lisette avec deux
Vice-Présidentes : Hadje Halimé pour la zone du nord et
Kaltouma Guelmbang pour la zone du sud27(*)
Ensuite vient l'Union Démocratique Tchadien (UDT),
fondée le 10 février 1947 avec un bureau provisoire
composé d'Ibrahim Babikir désigne président,
assisté de deux Vice-Présidents Djama Babikir et
Ka-Amadou ; de trois délégués Ahmed Koulamallah,
Amadou Diallo et Eitel Prizot, de 2 secrétaires Boubakar Sissoko,
Abdoulaye Touré et d'un Trésorier en la personne de Mohamed
Abali.
Le 21 septembre 1950, le Parti Social Indépendant
du Tchad (PSIT) vit le jour avec les transfuges du PPT-RDA et du L'UDT. Le
Comité Directeur était présidé par Ahmed
Koulamallah , Adoum Aganaye son Vice-Président et par d'autres
membres qui étaient : Mohamed Akouna, Gabriel Yakité et
Mohamed Talba ; Sekou Diarra étant Trésorier
L'union Démocratique des Indépendants du Tchad
(UDIT) naquit le 3 novembre 1954 dirigé par Jean Baptiste,
président, Rogue, vice président, et deux autres membres
Béchir Sow et Sou IV. Le nombre des partis s'accroîtra avec la
création de l'Union Démocratique et Socialiste de la
résistance (UDSR) de Maurice Bets et Ahmed KOTOKO , du Mouvement
Socialiste Africain (MSA) et du Groupement des Indépendants ruraux du
Tchad (GIRT), etc.28(*)
Cette période fut très riche en activités
politiques car on assista à plusieurs élections : le
référendum de 1945, les élections au suffrage universel de
1946, 1948, 1951, les élections locales de 1952, du 2 juin 1956, le
référendum de 1958. Cette pluralité de consultations
symbolisa la densité de vie politique au Tchad avec la création
et la dissolution des partis politiques, les alliances et mésalliances
au sein de l'arène politique entre les protagonistes. En 1956, la loi
cadre - Gaston Deferre - vint créer des conditions propices à
l'activité politique. A partir de 1957, le PPT - RDA obtint avec
quelques autres partis, une majorité écrasante à
l'Assemblée Territoriale. Cette coalition qui intervint dans le cadre
des institutions de la loi-Cadre, constitua un gouvernement qui sera
dirigé par l'homme fort du PPT - RDA, Gabriel lisette.
Cette loi Cadre prévoyait des Conseillers de
gouvernement qui administreraient les territoires aux côtés des
gouverneurs nommés par la France métropolitaine. Cependant, avec
le gouvernement Lisette, débutera une série de gouvernements
provisoires dirigés par Sahoulba (un mois) Koullamallah (onze jours),
puis Tombalbaye qui conduira le Tchad à l'indépendance
§ 2. Les années de l'indépendance
La première République ou le régime de
Ngarta Tombalbaye (A) connut ses premières années de paix avant
de sombrer dans les troubles dus aux rébellions (B).
A-Le régime de Tombalbaye
Dans le contexte des années de l'indépendance,
la scène politique tchadienne resta marquée par un certain
foisonnement de partis politiques : Le PPT - RDA, l'Union
Démocratique Tchadienne (UDT), le Mouvement Socialiste Africain (MSA),
l'Union Nationale Tchadienne (UNT), le parti National Africain (PNA), l'Action
Socialiste Tchadienne (AST), le Gouvernement des Indépendants Ruraux du
Tchad (GIRT), etc.
Le plus important de ces partis fut le PPT-RDA, vainqueur des
élections législatives de 1959 au cours desquelles Mme KALTOUMA
GUELMBANG fut élue député. Leader du PPT-RDA Ngarta
Tombalbaye dirigea le Tchad des années 1960. En face de ce
parti-dominant, se dressèrent l'UDT, le MSA ainsi que les autres partis.
Cette situation amena Michel Ngangbet à dire : « le
schéma politique tchadien était calqué sur celui de la
France métropolitaine. On assistait à une lutte entre la droite
et la gauche. A gauche, le PPT-RDA, ayant pour base sociale les petits
fonctionnaires, s'implanta dans le sud [...]. A droite, l'UDT, qui de session
en session à produit l'action sociale tchadienne (AST) et le Groupement
des Indépendants Ruraux du Tchad (GIRT) [...] avait pour zone
d'implantation le Nord, soumis à la domination des sultans et des
marabouts...29(*)»
Cette situation ne durera pas longtemps car, un an
après les indépendances, un congrès fut convoqué
par le Président Tombalbaye à Abeché sur le thème
de l'« unité nationale », lequel
congrès s'était soldé par un ralliement des principaux
partis d'opposition à celui du Président.
Tombalbaye affirma alors sa volonté de créer un
parti unique où il pourrait régner en maître. Il
prononça la dissolution de tous les autres partis politique le 19
janvier 1962 et ce, grâce à la Constitution de la même
année. La nouvelle législature de 1962 connut, elle aussi,
l'élection de trois femmes : KALTOUMA GUELMBANG ; BOURKOU
LOUISE ; HADJE HALIME.
Il institua, à l'instar de tous les autres chefs
d'Etat de l'Afrique Francophone, un régime présidentiel30(*).
Un climat de méfiance s'installa dans les rangs de
l'opposition dont les leaders traqués, n'avaient pour seule issue que
la lutte clandestine. En septembre 1963, une sanglante répression suivie
de l'arrestation des principaux dirigeants, se déroula à
Fort-Lamy. Ces événements, déclenchèrent un
mouvement de mécontentement populaire dans le nord jusque là
latent, et qui débouchera sur une rébellion.
B- La naissance de la rébellion
En 1964, l'Etat se vit obligé de d'emprunter l'argent
chez des particuliers. L'emprunt national constitua un prétexte aux
administrateurs du Nord, majoritairement issus du Sud, pour justifier toutes
sortes d'exaction contre les éleveurs. C'est dans ce climat qu'en
1963, éclata à Mangalmé (Est du Tchad), une révolte
des paysans contre les agents de l'administration pour abus de
prélèvements d'impôts. Ce qui n'était qu'une
jacquerie donna naissance au Front de Libération National du Tchad
(Frolinat), créé lors de la Conférence de Nyalla (au
Soudan) sous la direction d' Ibrahim Abatcha. A ce Congrès se
retrouvaient des gens aux options politiques
hétérogènes : musulmans, intégristes,
communistes, nassériens. Le Frolinat avait donc dès sa naissance
du plomb dans l'aile. Il utilisera comme moyen d'action tantôt la
religion tantôt la tribu31(*).
A partir de 1973, l'insécurité grandit
dangereusement à l'Est et au Nord, les arrestations arbitraires
reprirent de plus belle. Devant cette situation, le Président
décida de dissoudre, en Août 1973, le parti unique, le PPT - RDA,
pour le remplacer par le Mouvement National pour la Révolution
Culturelle et Sociale (MNRCS) dont le but était de promouvoir une
révolution culturelle authentique « en
réactualisant des cultures traditionnelles tchadiennes notamment
à travers la pratique du yondo »32(*). Le yondo avait
été institué pour créer un climat de confiance
entre les ressortissants du sud face à la menace de ceux du nord; car
tous les initiés devaient faire allégeance à TOMBALBAYE.
On assista aussi à l'incorporation des militaires au bureau du parti
politique. Le régime se dégrada progressivement, affaibli par sa
propre paranoïa, plusieurs officiers accusés de complots se
retrouvèrent sous les verrous.
L'armée se vit dans l'obligation de prendre ses
responsabilités, et fomenta le coup d'Etat du 13 Avril 1975, mettant de
ce fait fin à la vie du premier dirigeant politique tchadien
internationalement connu et une nouvelle ère naissait pour le Tchad.
S II. DE LA PERIODE DE 1975 AU RETOUR DU MULTIPARTISME
Cette période fut marquée par le Conseil
Supérieur Militaire (CSM) le règne des tendances du Frolinat
(§ 1.) puis le retour du multipartisme (§ 2. ).
§ 1. Le règne du CSM et celui des tendances du
Frolinat.
Après le coup d'Etat qui mit fin à la
première République de Ngarta Tombalbaye, le pouvoir fut
assuré par les militaires réunis sous la bannière du
Conseil Supérieur Militaire (CSM) (A). Ce conseil fonctionna pendant
cinq ans avant de se dissoudre au profit des tendances du Front de
Libération Nationale (Frolinat) (B).
A-Le conseil supérieur
militaire
Au lendemain du coup d'Etat militaire du 13 avril 1975, le
CSM faisait office de gouvernement et était composé de neuf
membres. Plusieurs des officiers de ce conseil venaient de sortir des
geôles de Tombalbaye, à la faveur du Coup d'Etat. Ils avaient
à leur tête le Général Félix Malloum.
Les premières mesures du CSM avaient été
d'instituer une Commission Publique d'Enquête financière, de
procéder à l'assainissement de la fonction publique, à la
suppression de tous les partis politiques et, à l'interdiction des
« manifestations ou concertations à caractère
politique »33(*).
Le CMS était confronté à plusieurs
problèmes : d'abord à la rébellion qui
sévissait dans le Nord du Tchad, et qu'il tenta d'arrêter par des
tentatives de réconciliation ; ensuite il fut en proie à des
dissensions internes quand il fut question de la réconciliation
nationale. Certains membres préféraient recourir aux moyens
militaires pour venir à bout de toutes les rébellions.
Ce fut dans ce contexte de fragilité interne que le
gouvernement militaire engagea des négociations avec la rébellion
armée. Les premières négociations donnèrent les
« accords de Khartoum ». Ces accords
étaient conclus avec le CCFAN de Hisssein Habré, signés le
17 septembre 1977. Par ces accords, le chef rebelle devenait Premier Ministre
et Chef du Gouvernement. Les accords attribuaient le « pouvoir
réel » de la gestion des affaires de l'Etat au Premier
Ministre, même si le Général Félix Malloum demeurait
nominalement à la tête de l'Etat, comme Président de la
République. Ce pouvoir détenu par Hissein Habré
était d'autant plus affirmé, qu'il ne devait pas de compte au
« Comité de Défense et de
Sécurité » nommé à moitié par
le CCFAN, et par le CSM. Cette cohabitation Malloum-Habré était
devenue difficile. Dans ce contexte de « crise politique
aiguë » : 34(*) résistance populaire, paralysie au sommet de
l'Etat, la guerre civile au Tchad éclata le 12 février 1979.
Cette guerre divisa le Tchad en deux. Le Colonel
Kamougué se replia au sud avec les éléments des Forces
Armées Tchadiennes (FAT), tous originaires de la zone
méridionale. Il créa à Moundou un organe politique
dénommé le « Comité
permanent ». Présidé par le Colonel
Kamougué, ce Comité représentait les différentes
préfectures de la « zone
méridionale », et constituait en quelque sorte un
« gouvernement du sud ». Il avait pris en charge
l'administration du sud et nommait des responsables à tous les postes.
Le reste du pays était sous l'autorité du Frolinat dont les
responsables étaient Goukouni et Habré
Le « pouvoir central » au Tchad
n'existait plus, le pays était pratiquement scindé en deux
régions géopolitiques antagonistes .
C'est dans ce contexte de « guerre
civile » qu'intervint la Conférence de Kano I tenue en
mars 1979 et qui donna naissance au Conseil d'Etat provisoire (CEP)
présidé par Goukouni Weddeye. Le CEP vit à peine le jour
à cause des difficultés d'application des clauses de la
Conférences de Kano I. Quelques semaines plus tard, on assistait
á l'ouverture d'une autre « Conférence de
réconciliation » : Kano II.
Cette conférence donna le jour au gouvernement
intérimaire présidé par Lol Mahamat Choua, gouvernement
qui ne dura que cinq (5) mois (Avril -Août 1979). Les tendances du
Frolinat le remplaceront assez vite.
B- Le règne des tendances du
Frolinat
La révolte paysanne de Magalmé (Supra §2 B)
prit une autre dimension quand des paysans en armes, rejoints par de jeunes
révolutionnaires, déjà très actifs en exil depuis
plusieurs années fondèrent au Soudan en Juin 1966, le Front de
Libération National : le Frolinat. Il était né de la
réunion de l'Union Nationale Tchadienne (UNT) dirigée par Ibrahim
Abatcha et du front National de Libération du Tchad (FNLT) animé
par Ahmed Hassan Moussa.
Cette organisation politico-militaire encadre désormais
la révolte sur le terrain et s'en fait le porte-parole à
l'étranger. Mais le Frolinat connut très tôt des divisions
dans ses rangs, « le Frolinat est un mouvement
profondément divisé, division qui, au fond, date du début
même de la rébellion »35(*).
Cette division commença en 1970 lorsque Baghalmi, alors
Vice-Président du Frolinat créa l'Armée du Volcan, puis le
Conseil Démocratique Révolutionnaire d'Acyl Ahmed. Avec
l'arrivée de Hissen Habre le Frolinat, 2ème
armée de Goukouni Weddeye prit le nom du CCFAN qui devait, à son
tour connaître une scission à la suite de la conférence
de Gouro en 1976 au cours de laquelle Hissein Habré créa sa
propre armée ; les Forces Armées du Nord (FAN).
Mais en dépit de ses multiples scissions le Frolinat
arriva, par l'intermédiaire de certaines tendances, à
gérer le pouvoir central.
1- Le Gouvernement d'Union Nationale de Transition
(GUNT) de Goukouni Weddeye.
Après la démission de Lol Mahamat Choua (supra
§ A), Goukouni fut désigné pour former un gouvernement de
transition à la suite d'une conférence de réconciliation
nationale tenue à Lagos (Nigeria) en Août 1979. Ce gouvernement
intègre onze tendances politico-militaires tchadiennes. Ce principe se
matérialise à N'Djamena, le 10 Novembre 197936(*)
Le GUNT, présidé par Goukouni Weddeye, avait
pour Vice- Président : Le Colonel Kamougué ; Ministre
de la Défense : Hissein Habré, Ministre de
l'intérieur : Mahamat Abba ; Ministre des Affaires
étrangères : Acyl Ahmat. Les porte-feuilles
ministériels étaient répartis de manière
égale, entre les ressortissants du Sud (10) et ceux du Nord
(10)37(*).
Au sein du GUNT, des luttes ouvertes s'engagent entre
nordistes et sudistes, autour de la question de la laïcité de
l'Etat.
Ce climat aboutit à un affrontement armé entre
les FAN de Hussein Habre et les Forces Populaires de Goukouni Weddeye. Cet
affrontement, connu sous le nom de « deuxième bataille de
N'Djamena » fit plusieurs milliers de morts38(*)
Le Président Goukouni et la coalition gouvernementale
qui le soutenait contre H. Habré demanda, et obtint le soutien militaire
de la Jamahiriya arabe libyenne. La « deuxième
bataille » de N'Djamena déboucha sur la défaite
militaire des FAN de H. Habré, qui se réfugièrent à
l'Est du pays, proche de la frontière soudanaise. Le GUNT connut une
deuxième tentative de renversement avec les accrochages qui
opposèrent les FAP de Goukouni aux CDR d'Acyl Ahmed ministre des
Affaires Etrangères. Ce dernier avait reçu le soutien de la
Libye. Le 29 octobre 1981, le GUNT décida du retrait des troupes
Libyennes du Tchad pour les remplacer par une Force inter-Africaine (FIA),
composée des ressortissants nigérians, sénégalais
et Zaïrois. Cette force avait pour mission de s'interposer entre les FAN
de Hissein Habré et les forces gouvernementales afin d'empêcher la
poursuite des hostilités entre les belligérants. La vie politique
au Tchad se militarisa du jour au lendemain, éclipsant
complètement la présence féminine.
Après trois années passées à la
tête de la gestion du pays, Goukouni céda la place à
Hissein Habre quand les FAN réussirent à pénétrer
dans la capitale tchadienne. La vie politique devint un « jeu de
cache-cache » politico-militaire39(*).
2 - Le régime de Hissein
Habré.
Le 7 Juin 1982, Les FAN entraient triomphalement à
N'Djamena dirigées par Hissein Habré. Dès le 21 octobre
1982 l'acte fondamental de la République fut rendu public et le 6 mars
1983 fut installé à N'Djamena, le premier COPOFAN (Comité
Populaire des Forces Armées du Nord) défini par le nouveau
Président, comme : « un instrument d'encadrement,
d'organisation et de sensibilisation des masses ».40(*) D'autres comités furent
installés dans tout le pays.
A la date du deuxième anniversaire de la prise du
pouvoir, le 7 juin 1984, Hissein Habré annonça la dissolution des
Fan, et projeta la création d'un parti unique, ouvert à tous les
tchadiens : « un cadre rénové et
dynamique », pour tous les nationaux. Le 22 juin 1987, Hissein
Habré institua officiellement l'UNIR (Union Nationale pour
l'Indépendance et la Révolution)
Présidé par Hissein Habré, ce nouveau
mouvement fut doté de plusieurs institutions : Comité
Central, Congrès, Bureau exécutif, et organes
affiliés : Union national des commerçants (UNACOT),
Organisation des femmes de l'UNIR (OFUNIR) Rassemblement des Jeunes de l'UNIR
(Rajeunir). On note ici une apparition des femmes sur la scène politique
à travers une organisation qui leur est propre. Cette apparition se fit
de plus en plus ressentir à travers les groupes d'animation politique,
appelés « groupes chocs ». Les femmes
participent ainsi à la mise en scène, à la
théâtralisation de la vie politique. Avec l'UNIR, on assista pour
la première fois à la nomination d'une femme à un poste
ministériel, c'était FATIME KIMTO. Cette consécration
mobilisa de plus en plus les femmes car elles trouvèrent en Hissein
Habré une personne qui plaidait pour la cause féminine. En
réalité, ce qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'au temps de
l'UNIR la participation à ces différentes sections se faisait par
la force et sous la menace ; c'était en quelque sorte un
embrigadement.
Ce règne connut d'intenses activités
politiques : le référendum constitutionnel de 1989 ;
les élections législatives de 1989 où l'on peut noter
l'élection de quelques femmes à l'Assemblée Nationale
(DENERAM MITARMARE, VIRGO NGARBAROUM, MINDA DJORBAYE), laquelle
Assemblée n'exista que quelques mois. En Avril 1989, un
différend opposa Hissein Habré à son ancien ministre de la
défense et Chef d'Etat Major, Idriss Deby, qui se retira dans l'Est du
pays, à la frontière du Soudan, avec quelques troupes
fidèles. De là, il engagea une offensive militaire, et marcha sur
N'Djamena. Le 1er Décembre 1990 Deby fit son entrée triomphale
dans la capitale tchadienne, instaura le multipartisme, tandis que
Habré prenait le chemin de l'exil.
§2 Le retour du multipartisme
La vie démocratique qui a cours actuellement au pays
des Sao a été l'oeuvre de l'arrivée au pouvoir d' Idriss
Deby (A) ; cette arrivée favorisa la renaissance des partis
politiques (B), condition nécessaire pour un pluralisme
démocratique.
A- L'arrivée au pouvoir d'Idriss
DEBY.
Idriss Deby prit le pouvoir au Tchad le 1er
décembre 1990, en chassant du pays son prédécesseur H.
Habré. Il fut soutenu, dans sa lutte contre le gouvernement d'alors, par
le Mouvement Patriotique du Salut (MPS). Le MPS était la
réunion de plusieurs organisations politiques (l'action du
1er Avril), le Mouvement du Salut National du Tchad (MOSANAT) et les
Forces Armées Tchadiennes, Mouvement Révolutionnaire du Peuple
(FAT- MRP) qui, lors du congrès tenu à Bamina, se sont
réunies pour se dissoudre et unifier leurs forces. D'autres
organisations avaient rejoint le mouvement ainsi que de nombreux cadres
s'étaient engagés individuellement.
Dans sa déclaration à la nation, du 4
décembre 1990, Deby fit montre de sa volonté à instaurer
une vie démocratique en déclarant : « Nous n'aurons
définitivement extirpé les démons de la dictature (...)
qu'après l'établissement d'une démocratie vraie, totale,
une démocratie pluraliste (...). Le plaisir est immense pour tous les
combattants des forces patriotiques d'avoir contribué à
l'éclosion du cadeau le plus cher que vous espériez. Ce cadeau
n'est ni or ni argent : c'est la liberté »41(*).
Joignant l'acte à la parole, le nouveau
Président signa une ordonnance le 04 octobre 1991 fixant les
modalités et les conditions de création des partis politiques au
Tchad. L'élaboration de ce texte fut confiée à une
Commission présidée par Lol Mahamat Choua et composée de
quarante-six membres représentant les différentes
sensibilités du pays. C'est l'aboutissement de la rédaction du
texte sur les partis politiques qui permit à ces derniers de
renaître.
B- La renaissance des partis
politiques
Au Tchad, comme nous l'avons mentionné (S. I. § 1.
B supra) les partis politiques avaient existé avant d'être dissous
en 1962. Cette situation se perpétua compte tenu des multiples crises
que connut le pays.
Sous le règne de Hissein Habré, Ce fut toujours
le parti unique en l'occurrence l'Unir, qui fut officialisé; toutefois,
il y avait des partis politiques qui existaient déjà de
façon officieuse avant la prise du pouvoir par Deby, et avaient
fonctionné plus ou moins bien en exil ou dans la clandestinité au
Tchad. Ainsi, avec le Président Deby et la mise en oeuvre de
l'ordonnance sur les partis politiques, on assista dès le début
de l'année 1992 au dépôt des dossiers au ministère
de l'intérieur pour obtenir leur reconnaissance officielle. Et les
premiers partis furent légalisés le 10 mars 1992, leur nombre
augmenta très rapidement. C'est ainsi que l'on nota au moment de
l'ouverture de la conférence nationale en janvier 1993, trente-huit
partis légalisés ou en voie de légalisation.42(*)
Ainsi après une vie politique fortement
« militarisée », on recommençait
à goûter à la vie politique démocratique avec un
foisonnement de partis politiques comme il fallait s'y attendre. C'est
alors que la question de la participation féminine à la vie
politique revint à l'ordre du jour.
CHAPITRE II : LA PARTICIPATION FÉMININE
À LA VIE POLITIQUE
Par participation politique, nous voulons signifier l'acte par
lequel le citoyen ou la citoyenne assume et tente d'influencer directement ou
indirectement le cours des affaires publiques dans sa cité. Cette
participation là reste émaillée d'embûches et
d'innombrables obstacles au Tchad (section I). Toutefois, malgré ces
embûches, apparaissent depuis une décennie, quelques lueurs
d'espoir laissant présager d'une émergence féminine sur la
scène politique tchadienne (section II).
S I - LES OBSTACLES À LA PARTICIPATION
Ce sont les contraintes d'ordre socioculturel (§1) et
politico institutionnel (§2) qui se trouvent être au fondement de
l'éclipse des femmes en politique au Tchad.
§1 Les contraintes d'ordre socioculturel
Elles sont liées d'une manière
générale au statut traditionnel de la femme dans la
société tchadienne (A) et aux considérations religieuses
(B).
A - Le statut traditionnel de la femme
D'ordinaire toute tentative de justification du statut de la
femme passe par le système d'éducation reçu par la femme
dés sa tendre enfance d'une part et sa situation de dépendance
économique d'autre part.
En ce sens l'éducation est plus large que
l'instruction, qui est un « des modes spécifiques de
communication à des enfants, disposés en rang dans une salle, des
techniques complexes de la vie moderne ».43(*) Margaret Mead souligne
particulièrement la dépendance de l'enfant à
l'égard de sa tradition.
Le concept d'éducation se rapporte au
développement intégral de la personne-en l'occurrence - la
personne de l'enfant qu'il importe d'éveiller - c'est-à-dire
faire manifester « é-ducere », toutes les
dimensions :
· individuelles, pour qu'il en vienne à s'affirmer
comme un être de sa communauté ;
· sociales, pour qu'il devienne un membre à part
entier de sa communauté ;
· spirituelles, pour qu'il se conduise en être de
pensée et de discernement ;
· intellectuelles, pour qu'il puisse progresser en savoir
et en réflexion.44(*)
Or, force est de constater que dans la société
traditionnelle, la jeune fille reçoit une éducation circonscrite
à son futur rôle d'épouse et de mère comme en
témoigne, cette pensée de Napoléon Bonaparte qui
dit : « l'éducation publique ne convient point aux
jeunes filles puisqu'elles ne sont point appelées à vivre en
public (...). Le mariage est toute leur destination »45(*).
On voit ainsi, comment la tradition a été
établie pour transmettre les valeurs d'humilité, de manque
d'ambition, de sous-estimation systématique des capacités des
filles et des femmes sur le plan cognitif et social et de leur aptitude
à travailler dans le domaine public.
Ainsi conçue, l'éducation de la fille se trouve
entachée des considérations subjectives qui inhibent chez elle
non seulement sa volonté de prendre part aux débats publics, mais
aussi une résistance sociale à l'engagement politique de
celle-ci. La femme, par son éducation, avait sa place dans un domaine
réservé : « le foyer » ; car
tous les efforts que la société fournissait étaient de
la faire tenir au mieux son foyer. Elle est pour ainsi dire
« ghettoisée » du point de vue
éducationnel, et cette situation rejaillit sur son pouvoir
économique.
La division sexuelle des tâches à
l'intérieur de la sphère de production et surtout domestique
laisse peu de temps à la femme pour investir dans le domaine de
l'activité économique.
En effet, comme l'expliquait Nepomuline
Nkurikiyimfura,46(*) avant
la colonisation, la terre était occupée collectivement et la vie
agraire était réglée conformément aux coutumes
ancestrales. Dans cette société, la vie était
fondée sur une solidarité réelle qui assurait la survie de
chacun.
A cette époque, la mobilité était faible,
car chacun restait à sa place. Ce sont les femmes qui cultivaient les
champs, allaient chercher l'eau, faisaient la cuisine. Elles étaient de
véritables nourricières de la société. Mais avec
l'introduction de la culture de rente, c'est beaucoup plus la main d'oeuvre
masculine qui était utilisée par le colonisateur. Les femmes ont
été privées de l'accès aux sources de revenu car
l'exercice d'une activité lucrative était soumis à
l'approbation du mari, Gali Ngotté Gata constatera que l'argent porte
en lui la cause du déséquilibre socio-économique
traditionnel47(*).
Cet refus d'accès à la source de revenu se lit
aisément en matière du droit à la terre comme le souligne
Georgette Konté pour les femmes Burkinabé
« généralement considérées comme
`'étrangères en sursis'' par leur propre famille et
`'étrangères'' dans le lignage qui la reçoit. La femme ne
peut prétendre posséder et contrôler un bien aussi
inestimable que la terre »48(*).
Cette privation est la cause principale de leur
pauvreté qui ne se résume pas à un manque de ressources
matérielles, mais à une privation de pouvoir et de statut social
comme le remarque B. Verhaege : « de tous ces lieux de
pouvoir qui peuvent être source de revenu, la femme est exclue ou
confinée dans une position inférieure
... »49(*).
La femme est ainsi considérée comme une source
de richesse, un objet de la domination et d'exploitation masculine.
En sus des considérations socioculturelles, les valeurs
religieuses viennent encore militer en défaveur de l'émergence de
la femme dans le domaine public.
B - Les considérations religieuses
Toute religion - comme toute idéologie- s'inscrit dans
un temps et dans une histoire qu'elle peut modifier sans doute, tout en
subissant une influence de l'histoire.
Ainsi, les préceptes d'une religion peuvent être
contredits par des pratiques qui, elles-mêmes, peuvent ne pas tenir
compte de préceptes religieux. L'histoire des religions - comme
l'histoire tout court - est livrée sans défense à ses
interprètes et c'est souvent induire des réponses que de poser
des questions modernes à une histoire.
L'interrogation n'est pas innocente. Ainsi pour prouver -
s'agissant des femmes- que le christianisme, l'islam et l'animisme ont
joué un rôle négatif et contribué à nourrir
un antiféminisme primaire ; il y a l'embarra du choix : pratiques,
sermons, décrets, commentaires bibliques et coraniques, mémoires
... etc.
Pourquoi, pratiquement partout et presque toujours, la femme
est-elle considérée comme inférieure à l'homme et
frappée d'exclusion, de discrimination ou de ségrégation ?
Pourquoi mythologies et religions s'entendent-elles pour démontrer que
la condition inférieure des femmes résulte de leur nature, les
dieux les ayant créées de manières plus viles que les
hommes ?
Esquisser des réponses à ces interrogations,
c'est rechercher les fondements de l'exclusion des femmes tant bien chez les
islamistes que chez les chrétiens50(*).
Tout en s'installant au Tchad, l'islam va très peu
bouleverser la structure traditionnelle faite de l'appartenance à un
groupe ethnique et familial et de la répartition en classes d'âge
et de sexe.
En conséquence, la situation de la femme en islam est
aujourd'hui marquée par cette dualité.
En islam, la femme est socialement et juridiquement
considérée comme inférieure à l'homme voire
incapable de rien faire. C'est ce qui ressort de la lecture de la Sourate4/34
« les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des
faveurs qu'Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi
à cause des dépenses qu'ils font de leurs biens
(...) ». La femme est sous tutelle permanente, laquelle
tutelle est exercée d'abord par le père, de la naissance jusqu'au
mariage, puis le mari (coran4/18).
La femme est appréhendée en islam comme un bien
familial et assignée à la fonction de procréation et au
profit du seul lignage masculin (coran 4/1).
Ces considérations font que la femme, en islam, est
semblable à un objet dont on peut se servir autant de fois que l'on
souhaite ; car ces références indiquent que la femme n'a pas de
droits, mais de devoirs. On en voudra pour preuve la Sourate 4/34 qui
stipule : « celles dont vous craignez l'insubordination,
éloignez-vous d'elles dans le lit et frappez-les ».
Ainsi donc, la femme se trouve dans la religion musulmane
réduite à sa sphère privée et ne peut en aucun cas
prétendre mener une activité publique au risque d'être
excommuniée ; et ceci conformément à
l'interprétation d'un hadith qui dit : « ne
connaîtra jamais la prospérité le peuple qui confie la
direction des affaires à une femme »51(*).
Ce qui se pratique dans l'islam depuis des siècles se
vérifie dans le parti pris de quelques interprètes de la Bible
qui lisent la bible comme un texte normatif, juridique,
révélé, sorte de « canon »
qui impose aux femmes l'obéissance.
C'est ainsi que devant un texte limpide comme Genèse 1,
26-27 « ... et Dieu créa l'homme Adam à son image,
mâle et femelle il les créa » ; de respectables
théologiens se sont souvent posé la question de savoir si
« la femme était vraiment image et ressemblance de Dieu
».
Pour Saint Augustin52(*), le mâle est seul, le
« spécifiquement humain » par son âme
asexuée et par son corps sexué, la femme n'est humain que par son
âme.
Saint Thomas53(*) dit pour sa part que « l'image de Dieu
se trouve dans l'homme d'une façon qui ne se vérifie pas dans la
femme » ou encore de l'interprétation de Genèse 2,
20-24 qui dit que la femme a été créée en second
lieu après Adam et à partir de lui, pour l'aider et le seconder.
Nous pourrions égrener un chapelet de textes bibliques qui concourent
à l'éclipse de la femme à la vie publique : 1
corinthien 11, 3 ; Éphésiens 5, 21-22, etc. Cette situation place
la femme dans une position d'obéissance et de soumission des religieux
qu'elles n'osent transgresser.
En sus des contraintes d'ordre socioculturel le contexte
politico institutionnel ne favorise guère non plus l'émergence
féminine en politique.
§ 2 Les contraintes d'ordre politico
institutionnel
Le Tchad, proclamé République le 28 novembre
1958, accède à la souveraineté nationale et internationale
le 11 août 1960. Depuis cette date, il connaît une évolution
institutionnelle et politique.
En effet, après l'indépendance, une vie
politique marquée par le pluralisme régnait au Tchad (Supra ch.
I). Ce pluralisme politique ne dure que deux (02) ans, car en 1962, le
président Tombalbaye, par un arrêté, mettait fin au
multipartisme pour instaurer le parti unique. Le climat politique et social se
dégrada du jour au lendemain.
En effet, en février1975, un coup d'État
militaire renversa le président Tombalbaye et installa les militaires au
pouvoir.
A partir de cette date, le Tchad entra dans un enlisement
politique fait de guerres civiles et de violences politiques. La vie politique
fut dominée par les militaires qui ne pouvaient souffrir une
présence féminine jugée inopérante pour des
rébellions. Les femmes se retrouvèrent exclues du partage du
pouvoir. Ce climat ne permit pas l'exercice des libertés publiques.
Ce climat politique délétère ne pouvait
permettre d'asseoir des politiques publiques encore moins d'avoir des cadres
législatifs et réglementaires pouvant permettre à la femme
un épanouissement. En effet, les régimes qui se sont
succédés n'étaient que de courtes durées et
étaient beaucoup portés à régler leurs dissensions
internes.
Dans cette atmosphère de violence politique et de
terreur, la femme `'sexe faible'' n'avait pas voix au chapitre ; elle se
trouvait confinée à son rôle d'épouse et de
mère. C'était comme ci la conjoncture socio-économique,
culturelle et le cadre institutionnel s'étaient ligues pour lui
ôter toute chance de participer à l'action politique. Mais
l'amorce de la démocratisation vint lui offrir certains atouts.
S II - LES ATOUTS
L'amorce du processus de
démocratisation en cours en Afrique dans la décennie 1990 laisse
apparaître des opportunités institutionnelles (§2) pour
l'expression politique des femmes, longtemps restées en marge de la
gestion des affaires de l'État. Cette situation vient renforcer les
mutations socio-économiques (§1) que connaît le Tchad nouveau
producteur de pétrole.
§1 - Les mutations socio-économiques et
culturelles
Le monde ne cesse de connaître de transformations, et le
Tchad ne peut échapper à ce phénomène ; celui-ci
explique le changement du statut socio-économique (A) et culturel (B) de
la femme tchadienne, permettant ainsi son entrée dans la vie
publique.
A -Les transformations
socio-économiques
Le Tchad reste sans doute l'un des pays d'Afrique Centrale
à avoir connu très tôt un enlisement politique aux
conséquences désastreuses pour le développement
socio-économique.
En effet, à la suite des événements de
1979, beaucoup de citoyens se sont retrouvés sans emploi - surtout les
fonctionnaires - car l'État, l'unique pourvoyeur d'emploi, était
quasiment inexistant. Le pays était divisé en deux parties :
le Nord et le Sud. On assista à une désorganisation totale du
tissu social, car les chefs de famille, en général, des hommes,
ne pouvaient plus assumer leurs responsabilités ; un nouvel
environnement s'était imposé, auquel il fallait s'adapter.
Les femmes furent les premières à s'adapter
à ce nouveau mode de vie en se faisant embaucher comme domestiques dans
les familles les plus nanties, ou en se livrant aux petits commerces de
produits vivriers.
Le rôle de chef de famille se trouva ainsi
inversé : les femmes devinrent les véritables chefs de
famille.
Pour faire face à leurs nouvelles tâches, les
femmes s'adonnèrent à plusieurs activités d'auto promotion
(pari-vente, djoukournouma, azouma) et prirent une part très active aux
associations de tontines.
Les tontines, comme le souligne Alain Henry
« est une porte d'entrée dans la société
(...). Elle est la forme première de la phase
publique »54(*).
La floraison et la multiplication des tontines
féminines constituent, selon l'étude de Domaya Dakoumandje
réalisée à Moundou55(*), des structures d'autonomisation des femmes. A
travers elles, elles oeuvrent pour leur intégration sociale, leur
autonomie financière et leur auto-promotion.
L'auto-promotion est la capacité pour un individu ou
une population à prendre conscience d'une situation non satisfaisante de
son milieu, à en analyser les causes et les conséquences, puis
à envisager des solutions pour résoudre ses maux
(améliorer ou changer) en comptant sur ses propres forces.
Mais puisque les tontines à elles seules ne peuvent
suffire à une large auto-promotion, les femmes se tournent aujourd'hui
beaucoup plus vers le crédit pour développer leurs
activités.
L'accès au crédit au Tchad est facilité
par plusieurs organismes oeuvrant pour le développement :
Volonteers in Technical Assistance/Projets d'Entreprises (VITA/PEP), les
Coopératives d'Épargne et de Crédit (COOPEC), le Bureau
d'Études de Liaison d'Action Caritatives pour le Développement
(BELACD) ... etc.
Ces organismes contrairement aux banques qui, pour l'octroi de
crédits exigent beaucoup de conditions, se retournent vers les femmes
qui exercent des activités informelles pour leur octroyer des
crédits afin de les aider à participer activement au
développement. Ainsi, il a été démontré dans
l'étude : « Femmes Crédits et
Développement : l'action de VITA/PEP à N'Djaména au
Tchad »56(*), qu'avec le crédit, les femmes sont capables
de faire de grandes choses, de transformer leur monde et d'être de
véritables actrices du développement. Mais l'effectivité
de la participation au développement doit aussi s'observer dans les
mentalités culturelles.
B - Les transformations culturelles
Dans la mesure où les femmes sont impliquées
dans l'infrastructure institutionnelle ou procèdent de règles
socialement acceptées et pratiquées par la société,
les freins à la progression des femmes en politique sont pour la plupart
d'ordre structurel : ainsi en est-il de l'idéologie traditionnelle
que ni la politique coloniale ni, ensuite, le système législatif
national, n'a supplantée. Toutefois, eu égard aux mutations qui
ont cours dans la société tchadienne, on note une ouverture
d'esprit conduisant à une évolution des représentations
que se font les hommes à propos de la femme. C'est pourquoi, la fille
qui, hier recevait juste une éducation pour son foyer, est aujourd'hui
inscrite dans les établissements scolaires au même titre que les
garçons comme en témoigne le taux de scolarisation des jeunes
filles qui est de 36,74% au cours de l'année 2001-200257(*). Et l'on peut constater cette
scolarisation des filles à partir du tableau ci-dessous.
|
Indicateurs
|
94-95
|
95-96
|
96-97
|
97-98
|
98-99
|
|
Total des effectifs
|
547.696
|
491.493
|
786.537
|
680.909
|
839.931
|
Effectifs scolaires
|
Filles
|
177.897
|
194.599
|
278.064
|
233.224
|
308.625
|
|
Proportion des filles
|
32,48%
|
32,50%
|
35,35%
|
34,25%
|
36,74%
|
|
Garçons
|
369.799
|
396.894
|
508.473
|
447.685
|
563.25
|
Source : Service Statistique
Scolaire du Ministère de l'Éducation Nationale.
Il apparaît, à la lecture du tableau, que l'on
accorde de plus en plus d'attention à la petite fille car elle est un
maillon du développement.
Cette ouverture permit à la femme d'être aussi
compétitive sur le marché de l'emploi. C'est ainsi que l'on
constate 11% de femmes dans le secteur public58(*).
L'accès à l'éducation a été
un facteur déterminant qui a aidé les femmes à
améliorer leur présence dans le cadre institutionnel.
§2 - Les atouts d'ordre institutionnel
A travers ces atouts, nous envisageons de parler du droit
positif, c'est-à-dire du cadre législatif (A). L'environnement
politique international (B), des éléments qui militent en faveur
de l'ouverture politique de la femme.
A -Le cadre législatif .
Par droit positif, nous désignons l'ensemble des
règles juridiques en vigueur dans le pays. Comme l'indique son
énoncé, il ne s'agit ici que du droit interne. Pour ce faire,
traités, accords et autres conventions internationales
régulièrement ratifiées par le Tchad constituent donc son
droit positif interne découlant du Droit International. Il fera aussi
l'objet du développement qui suivra.
1-Au plan International
Le Tchad est membre de plusieurs institutions internationales
qui organisent et garantissent les droits de la femme.
Le plus important de ces instruments, c'est la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme qui énonce
clairement dans son premier article que « Tous les êtres
humains naissent libres et égaux en Droits et en dignité. Ils
sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers
les autres dans un esprit de fraternité ».
Les articles 2-1, 16-2 ; 23-2 ont mis un accent
particulier sur la femme.
Le pacte International relatif aux droits économiques,
sociaux et culturels du 16 décembre 1966, entré en vigueur le 03
janvier 1976 et ratifié par le Tchad le 18 juillet 1994 accorde une
importance à la femme. Les articles 7-I ; C, D et l'article 23 reste
le plus marquant car il garantit le droit du travail aux femmes.
Le pacte International relatif aux Droits civils et politiques
très important pour l'exercice de l'activité politique entra en
vigueur le 23 mars 1976. Le Tchad y adhère le 18 juillet 1994. Ce
pacte plaide dans ses articles 14; 16 ; 23 en faveur de la femme. Et l'article
25 de ce pacte reconnaît à la femme le droit de prendre part
à la direction des affaires publiques; le droit d'être
électeur et éligible, droit d'accéder aux fonctions
publiques de son pays dans les conditions générales
d'égalités.
La convention sur l'élimination de toutes les formes de
discrimination à l'égard des femmes, entrée en vigueur le
18 décembre 1979 et, ratifiée par le Tchad le 28 juillet 1990,
oblige par son l'article 3, les États á prendre, dans tous les
domaines notamment politique, social et économique les mesures
appropriées, y compris des dispositions législatives, pour
assurer le plein développement des femmes. Cela en vue de leur garantir
l'existence de la jouissance des Droits de l'Homme et des Libertés
fondamentales sur la base de l'égalité avec les hommes. A cela
s'ajoute les articles 2, 5-a, 7 et 16-H.
2-Au niveau régional
La charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples dont
l'article 18-3 fait obligation aux États de veiller au respect des
droits de la femme vint contribuer à améliorer son statut
juridique.
Ces différents textes sus-cités viennent
améliorer la situation juridique de la femme, ce qui amène
l'État tchadien à avoir, au niveau national, des textes qui ne
doivent pas être en contradiction avec ses engagements internationaux.
3-Au niveau national
La Loi fondamentale, la Constitution du 31 mars 1996
prône l'égalité des tchadiens des deux sexes. L'article
13 stipule que« les tchadiens des deux sexes ont les mêmes
droits et les mêmes devoirs. Ils sont égaux devant la
Loi ». Les articles 62 et 108 garantissent à tout
tchadien le droit d'être électeur et éligible.
Cette disposition se retrouve aussi dans le code
électoral en son article 3 : « sont
électeurs, les citoyens tchadiens des deux sexes âgés
de (18) dix huit ans ... ». L'article 10 précise que
« nul ne peut refuser l'inscription sur les listes
électorales ... ». L'article 116, quant à, lui
accorde le droit à tout tchadien de faire acte de candidature.
La Loi n° 038/PR/96 du 11 décembre 1996 portant
code de travail assure, dans son article 3, l'égalité des sexes
en matière de travail, de même l'article 5 de la Loi n°
015/PR/1986 portant statut de la fonction publique modifiée par la Loi
n°017/PR/2001 stipule l'égal accès aux emplois publics.
Outre ces textes précités, il existe la
Déclaration de politique d'intégration de la femme au
développement adoptée en 1995, les actes et déclarations
des différentes conférences sur les femmes qui se sont tenues de
Mexico à Beijing en passant par Copenhague, Nairobi, Rio, Viennes,
Dakar, et, auxquelles le Tchad a pris part.
B- L'environnement politique international
Si l'année 1975 a été proclamée
année internationale de la femme par les Nations Unies, jamais la femme
n'a été aussi présente dans les débats qui ont
animé la communauté internationale jusqu'en 1994.
En effet, en 1994 s'est tenue au Caire (Égypte) la
conférence Internationale sur la population et le développement
(CIPD) qui a mis les projecteurs sur la femme, plus particulièrement sur
sa santé ; car la femme est un facteur non négligeable pour le
développement.
La préparation de cette conférence mobilisa les
décideurs politiques à faire le bilan sur la situation de la
femme dans leurs pays respectifs et les mécanismes tendant à
l'améliorer.
La décennie 90 aura été celle où
la femme a été au coeur des préoccupations. Après
le Caire, vint la quatrième conférence mondiale des femmes qui
s'est tenue à Pékin en septembre 1995 sur le thème
« paix, égalité,
développement ». Elle avait mis en exergue les conditions
de vie des femmes, et réfléchi sur les voies et moyens
susceptibles de les aider à avoir une meilleure condition de vie. A
cette conférence de Pékin, les déléguées
venues d'Afrique avaient présenté leurs
préoccupations en onze (11) points :
1) pauvreté des femmes, sécurité
alimentaire défaillante et marginalisation économique ;
2) accès insuffisant à l'éducation,
à la formation, aux sciences et à la technologie ;
3) rôle essentiel des femmes en ce qui concerne la
culture, la famille et la scolarisation ;
4) amélioration de la santé des femmes et leur
santé génésique, y compris la planification de la famille
et les programmes intégrés ;
5) rôle des femmes en matière de gestion de
l'environnement et des ressources naturelles ;
6) participation des femmes au processus de paix ;
7) accès des femmes au pouvoir politique ;
8) droit de la personne et Droits légaux des femmes
;
9) production statistique des données ventilées
par le sexe ;
10) femmes, communication et
information ;
11) accès à un traitement
équitable des petites filles.
Ces préoccupations énumérées par
les africaines ont été mises au point lors de la
Conférence Régionale Africaine de Dakar, de décembre 1994.
Cette conférence de Dakar permit aux déléguées de
se rencontrer et d'avoir une vue commune des maux qui les minent.
Outre ces conférences, nous pouvons
énumérer celle qui s'est tenue en 1995 à Copenhague,
à Nairobi. Ces différentes rencontres ont permis à ces
différentes déléguées, de retour dans leurs pays,
d'être de véritables actrices pour les revendications des droits
de leurs consoeurs.
Ces conférences tant régionales
qu'internationales ont eu une influence sur les États. L 'État
tchadien, par exemple, a adopté en 1995 une politique
d'intégration de la femme au processus de développement. Cet
événement donne aujourd'hui à la femme tchadienne un
rôle important à jouer sur la scène politique.
TITRE II : FEMME, ACTRICE POLITIQUE.
Etre actrice d'une scène ou d'une activité
suppose une pleine implication dans ladite scène ou activité. Or,
il apparaît qu'au Tchad, la femme connaît d'énormes
obstacles pour l'exercice de l'activité politique; toutefois elle arrive
par des détours à investir le champ politique.
La femme utilise soit alternativement, soit cumulativement des
réseaux insoupçonnés, tels les associations,
l'héritage politique pour s'ériger en actrice politique (Chapitre
1). Mais il faut dire que même devenue actrice politique, elle doit
s'appuyer sur certaines structures pour améliorer ses performances. Ces
structures l'aident à connaître ses droits et devoirs, à
les revendiquer, à améliorer ses conditions
socio-économiques. Toutefois, ces structures connaissent, elles aussi,
certaines limites. Si la lecture de ces structures s'impose, elle doit se faire
dans une perspective pouvant conduire à une amélioration de la
participation féminine à la vie politique au Tchad (Chapitre
2).
CHAPITRE III : FEMME, RESSOURCE POLITIQUE
L'avènement du multipartisme au Tchad vint mettre un
terme à une vie politique qui, jusque là était inscrite
dans un cycle infernal de violence, fait de guerre civile et de succession de
régimes d'oppression.
Le multipartisme ouvrit pour ainsi dire la voie aux
manifestations publiques tant du côté des formations politiques
que du côté des organisations de la société civile
avec une émergence des femmes longtemps vues comme des citoyens de
seconde zone.
Ainsi, le libéralisme politique permet à la
femme d'être active dans la vie politique à travers plusieurs
voies (S I) : les partis politiques, les mouvements syndicaux, les
associations, etc. Cette action lui confère aujourd'hui le rôle
d'actrice politique (S II) au sens plein du terme où son implication
dans la gestion des affaires de la nation n'est plus à discuter.
S I - LES VOIES D'ENTRÉE DANS LA VIE POLITIQUE
En général, les formations politiques, dans le
cadre des manifestations publiques (§1), contribuent à amener un
individu à s'intéresser à la vie publique ; cependant la
tenue de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) (§2) a
été déterminante pour une entrée massive des femmes
dans l'arène politique.
§1 - Les manifestations en public
Manifester, c'est exprimer, faire connaître ou encore
faire une démonstration collective publique, y participer. Elle
s'observe à travers le cadre associatif qui constitue un tremplin pour
l'ascension dans la vie politique (A). Par ailleurs, l'entrée dans la
vie politique de certaines femmes est tributaire de l'héritage politique
(B) d'un parent, du mari.
A-Les associations : tremplin pour une ascension
politique
Si en France, l'École Nationale d'Administration (ENA)
reste le vivier producteur des cadres de la scène politique, au Tchad,
l'éclosion des mouvements associatifs observée depuis les
années1990 favorise l'émergence des femmes longtemps
écartées des affaires politiques de la nation.
En effet, depuis la signature le 04 octobre 1991 de
l'ordonnance relative aux modalités et aux conditions de création
de partis politiques suspendus depuis 1962, les femmes avaient activement pris
part à la fondation de certains partis politiques. Mais au sein de ces
partis, eu égard aux considérations socioculturelles, elles
étaient souvent sous-estimées ou négligées.
Par contre, par la renaissance des mouvements associatifs et
l'instauration du processus de démocratisation, les femmes
s'imposèrent grâce à leur compétence. Les
associations peuvent être d'ordre professionnel (femmes juristes,
associations des femmes de l'Administration publique, syndicat des femmes de la
poste, etc.), commercial (Amicale des femmes vendeuses de poissons, groupements
des vendeuses de pagnes, Amicale des commerçantes des produits vivriers
... etc.), régional (Association des femmes du Mandoul, femmes du Kanem
pour le développement, Amicale des femmes goranes ... etc.). On en
dénombre plus de 300 selon les données fournies par la Cellule de
Liaison des Associations Féminines (CELIAF)59(*).
Le milieu associatif permet aux femmes de s'ouvrir aux autres,
de dissiper leur timidité et de s'intéresser au débat
public qui a cours dans le pays, nous affirme une personne
interrogée.
Les résultats de notre enquête montrent que cent
pour cent (100%) des personnes interrogées appartiennent à une
association. Elles sont 50% à appartenir aux associations purement
féminines ; 35% dans les associations professionnelles et mixtes et 15%
dans les associations régionales.
L'appartenance à une association, déclare une
personne interrogée, permet à la femme de tester ses
capacités à prendre la parole en public, son aptitude à
discuter et à être leader.
Le mot leader renvoie d'office à la notion de groupe.
Le leader est celui qui fixe les objectifs à atteindre par un groupe et
arrive à mobiliser les gens pour le suivre dans la direction qu'il a
choisie. Et la leader ne peut mener à bien son travail que si elle
possède un bagage intellectuel ou un niveau d'instruction moyen. Ainsi,
il ressort de l'enquête que 70% des femmes politiques au Tchad furent
d'anciennes leaders à différents niveaux de la vie associative
(présidence, délégation, gestion secrétariat,
etc.).
Mais l'efficacité du leader dépend de
son niveau d'instruction, lequel niveau lui permet d'appréhender les
problèmes, de réfléchir sur les voies et moyens
susceptibles de les aider à trouver les solutions.
Ainsi 55% de nos enquêtées auraient atteint le
niveau universitaire contre 45% le niveau secondaire; Joseph ZOBEL ne disait-il
pas que « l'instruction est la clé qui ouvre la
deuxième porte de notre liberté » 60(*) après le travail bien
sûr !
Si le milieu associatif demeure une grande école pour
l'initiation à la vie publique, il prend beaucoup de temps comme en
témoignent 50% de nos enquêtées mariées et qui
estiment avoir éprouvé des difficultés de communication
avec leurs maris qui les considèrent comme des femmes libres. Par
contre, 35% des enquêtées veuves se plaignent du manque de temps
qu'elles consacrent au suivi et à l'éducation de leurs enfants et
les 15% divorcées estiment que l'une des causes lointaines de leur
divorce se trouverait être les absences répétées de
la maison pour répondre aux obligations d'ordre associatif.
En dépit de ces maux, nos enquêtées
s'accordent à reconnaître les bienfaits reçus dans le
milieu associatif, telle leur nomination à des grandes instances
étatiques, ou les formations reçues à
l'étranger.
Outre le cadre associatif, l'héritage politique des
parents ou du conjoint constitue aussi une porte d'entrée en
politique.
B - L'héritage politique
Par héritage politique, nous entendons le
bénéfice du capital de crédit moral qu'une personne peut
jouir du fait du passé politique de son père, sa mère, ou
de son conjoint.
Le phénomène de l'héritage politique
s'explique par le fait qu'une femme ou une fille, ayant un parent ou un mari
homme politique, arrive, dans de ses obligations conjugales ou de filles
à accueillir les hôtes, à sympathiser avec les visiteurs
reçus par le père ou le mari, à prendre goût aux
discussions politiques qui ont cours lors des rencontres.
« J'ai été, nous dit une
enquêtée, impressionnée par l'activité politique
très tôt car j'accompagnais mon père le plus souvent
à des rencontres politiques ». Et 25% de nos
enquêtées reconnaissent que le nom de leur père a
été déterminant pour elles à un moment donné
de leur accession à la vie politique. Voici le témoignage d'une
enquêtée « à mon élection au poste de
2ème rapporteur du présidium de la conférence
nationale, il y avait eu, au départ, une résistance des chefs
traditionnels présents à la cérémonie. Cette
résistance s'est dissipée à la seule évocation du
nom de mon père car il était un député de renom des
années de l'indépendance ». Par contre 55%
estiment qu'elles doivent leur entrée en politique à leurs maris
qui sont des hommes d'État qui, ont contribué à leur
succès en politique. « Étant musulmane, n'eût
été le soutien indéfectible de mon mari, je ne serai pas
arrivée en politique pour être aujourd'hui
député », nous dit une enquêtée. Et
comme pour renchérir, une autre nous déclare « aux
élections primaires on fait intervenir l'Imam d'une petite
mosquée de la ville de Faya-Largeau dont je suis originaire pour me
convaincre de me désister au profit d'un homme. Mais grâce aux
relations de mon mari, j'ai eu accès à la présidence de la
République pour exposer mon problème au Président et avoir
son soutien ».
Les 20% doivent leur entrée en politique grâce
à leur militantisme n'ayant ni père ni mari comme homme politique
pour les parrainer.
Néanmoins pour celles qui ont reconnu avoir
bénéficié de l'héritage politique (qu'il s'agisse
du mari ou du père), elles disent que l'héritage politique
à lui seul ne peut suffire sinon, toutes les filles ou femmes des hommes
politiques deviendraient automatiquement des politiciennes. Si elles ont
percé sur le terrain de la politique, c'est aussi grâce à
leur dynamisme, leur combativité et surtout grâce à
l'école qui leur a permis d'être compétitive et de
concurrencer les hommes.
L'éclosion des mouvements associatifs et l'apport de
l'héritage politique ont permis à la femme d'être
très présente aux assises de la Conférence Nationale
Souveraine.
§2 : La Conférence Nationale
Souveraine : une émergence spectaculaire des femmes au devant de la
scène politique.
En1990, le vocabulaire politique de l'Afrique subsaharienne
en général et du Tchad en particulier s'est enrichi d'une
nouvelle expression : « la Conférence Nationale
Souveraine ». Elle désigne, selon Fabien Eboussi Boulaga, une
instance inédite qui figurera désormais dans la nomenclature et
l'histoire des institutions61(*). Ainsi les Conférences Nationales sont
apparues comme la révélation d'un nouvel esprit, une fusée
fulgurante, un signal lumineux que nous lançait l'avenir. Dès
lors, quels furent donc la place et le rôle de la femme tchadienne dans
cette Conférence Nationale ?
Une réponse à cette question nécessite
un aperçu sommaire de la conférence nationale souveraine du Tchad
avant d'examiner la place de la femme.
A - Un aperçu sommaire de la Conférence
Nationale Souveraine (CNS)
Après la chute de la troisième république
en décembre 1990, le Tchad entre dans une période de turbulences
politiques et de convulsions sociales. Les nouvelles autorités pour
opérer une rupture afin de jeter les bases de la nouvelle
République, optèrent d'organiser d'une Conférence
Nationale.
L'idée de la tenue d'une telle conférence a
été émise par le président IDRISS DEBY lors de son
investiture en mars 1991, quand il rendit public le calendrier devant
permettre, sur une période de trente mois, l'installation
définitive d'un régime démocratique au Tchad. Ce fut le
décret présidentiel du 24 décembre 1991 qui nomma une
commission nationale chargée de la préparation de la
conférence.
Elle était composée de quatre vingt (80) membres
qui, lors de leur première session le 20 janvier 1992, élirent
à leur tête le Général KOTIGA GUERINA.
La commission avait pour mission de :
· recenser et arrêter les thèmes de la
conférence ;
· mettre au point l'organisation matérielle ;
· fixer les conditions de participation ;
· arrêter le nombre des participants ;
· déterminer la durée de la
conférence ;
· et établir le projet de règlement
intérieur.
Après moult tracasseries suivies de l'intervention le
13 novembre 1992 d'une commission tripartite chargée d'organiser la
Conférence Nationale Souveraine, la commission tripartite étudia
le rapport final de la commission préparatoire en vue de faire des
propositions d'amendement s'il y avait lieu, en tenant compte des points de vue
de toutes les composantes62(*).
Le 15 janvier 1993 la Conférence a été
ouverte sous la présidence provisoire de la tripartite en attendant
l'élection d'un présidium. L'ouverture de cette conférence
s'est faite par une mise à feu de quelques armes, (symbole d'un adieu
aux armes) par le président IDRISS DEBY, secondé par l'ancien
président GOUKOUNI WEDDEYE, le tout soutenu par un discours
prononcé par une jeune représentante de l'association Tchad Non
Violence (TNV) en présence de 1088 personnes63(*).
Les participants étaient repartis comme
suivent :
· Les institutions de l'État 33.18%, soit 364
délégués ;
· Les partis politiques 21.88 %, soit 240
délégués ;
· La société civile 32,09% soit 352
délégués ;
· Tchadiens à l'étranger 2,73% soit30
délégués;
· Autres (sociétés civiles et cultes) 0,82%
soit 9 délégués ;
· Autres personnalités 9,30% soit 102,11
délégués.64(*)
On nota une infime présence féminine à la
conférence, il n'eut que 6,2% de femmes soit 51 femmes. Ces quelques
déléguées ont été très
présentes lors des séances et n'ont pas fait de la
figuration65(*).
B - La femme à la Conférence Nationale
Souveraine
Arrivées pour la plupart à la Conférence
Nationale Souveraine comme membres des organisations de la
société civile, les tchadiennes saisirent l'opportunité de
la conférence pour exprimer leur maturité politique et
revendiquer les droits de toutes les femmes et la place qui est la leur au sein
de la classe politique.
La conférence, comme le souligne Eboussi
Boulaga « est un événement d'importance
qui recèle d'étonnantes possibilités de connaissances de
la réalité : elle dénude les rouages de notre
histoire. Phénomène social total, elle est le lieu
géométrique ou les plans et les problèmes
s'entrecroisent »66(*). Ainsi, il apparaît à la
conférence des clivages entre les composantes présentes aux
assises. Clivage jeunes/vieux, Nord/Sud, chrétiens/musulmans,
femmes/hommes.
Ce dernier clivage a été observé lors du
déroulement des élections pour le présidium. En effet,
après avoir pourvu les postes de président de présidium,
des deux Vices-Présidents et du Rapporteur Général, il
restait le poste de Rapporteur Général Adjoint à pourvoir.
Une candidate, Madame Ngarmbatna Karmel représentante de l'Ordre des
Pharmaciens, était annoncée. Cette candidature avait du mal
à passer comme le montraient plusieurs déclarations ambiguës
ou embarrassées de ses partisans et adversaires67(*), car on voyait très mal
une femme élevée à une haute instance d'une
conférence qui devait marquer l'histoire politique du Tchad. Elle brigua
le poste sans peine en obtenant 79,20% des voix.
Le clivage homme-femme atteignit son comble quand le poste de
trésorier général devait être pourvu. La candidature
de Youssouf Mbodou Mbami, Chef de canton de Bol, candidat des
représentants de la chefferie traditionnelle du Tchad fut
annoncée. Ce poste opposa Youssouf Mbodou Mbami à une femme,
Madame Kemneloum Delphine, présidente de l'Association pour la Promotion
et la Défense de Droits de l'Homme (ATPDH).
Cette élection a été passionnante et
amusante au plus haut degré, car elle mettait aux prises le
représentant des chefs traditionnels à une femme. Elle fut
considérée comme un affront ; le simple fait d'avoir
cherché à briguer le poste de trésorier
général contre un chef traditionnel fut considéré
comme un crime de lèse majesté. Mais cet acte, de la part d'une
femme participait de la volonté des femmes de se faire entendre et de
briser le carcan des pesanteurs socioculturelles. Kemneloum fut malheureusement
battue avec une courte avance de 13 voix.
La « glorieuse défaite »
de Kemneloum au poste de trésorière générale,
stimula ses consoeurs Belembouta Djeram Odile et Madame Achta Gossingar
à se lancer dans la course pour le poste de trésorier
général adjoint. Elles firent face à trois hommes :
Adam Ngatta Koïdoum, Lobé Dillah, Abdelgader Yacine. Les deux
femmes arrivèrent au second tour avant que Mme Gossingar ne soit
élue avec 53,75%. On arriva au décompte final des neufs (09)
membres du présidium avec deux femmes.
Cette volonté d'exprimer leur point de vue avec hargne
a été observée même dans les propos de certaines
déléguées. Ce fut le cas de Madame KHADIDJA TOURE qui
dit : « notre pouvoir est au bout du
pilon »68(*) ou encore de Madame FATIME SISSOKO qui disait
à un homme « tu crois peut-être que la politique se
fait dans la nuit, au niveau des testicules. Non, mon ami, ça se fait le
jour et ici »69(*).
Cette détermination qui régna dans le milieu
féminin lors de la tenue de la conférence permit aux femmes de
s'affirmer comme de véritables actrices politiques.
S II - FEMME, ACTRICE DE LA VIE POLITIQUE
Parler de la présence des tchadiennes dans les hautes
instances de décision étatique ne relève plus de l'ordre
des spéculations aujourd'hui. Toutefois cette présence rencontre
des obstacles qui limitent la participation (§2). Encore faut-il
vérifier l'effectivité de la participation (§1).
§1 - La présence effective des femmes dans les
hautes instances de l'État
Par hautes instances étatiques, nous désignons
l'exécutif, à savoir le gouvernement (A) d'une part, le
législatif ou le parlement de l'autre (B).
A - Au niveau du gouvernement
Si le Cameroun a connu, juste dix (10) ans après son
indépendance, une femme dans le gouvernement70(*) , au Tchad, il a fallu
attendre 14 ans après l'indépendance pour qu'une femme,
Fatimé KIMTO entre dans le gouvernement au poste de secrétaire
d'État au Travail et à la promotion féminine, puis
Ministre des Affaires Sociales et de la Promotion Féminine. L'amorce
du processus de démocratisation vint aider les femmes à
être plus participatives.
En effet, après la Conférence Nationale
Souveraine, le Tchad entre dans une période de transition qui verra deux
femmes occuper des postes ministériels ; celui des affaires sociales et
de la promotion féminine et celui du secrétariat d'État
à la fonction publique.
Pendant toute la période transitoire le
ministère de l'action sociale et de la famille resta l'apanage des
femmes. Par ailleurs, il faut noter aussi que les femmes ont
accédé à des postes jusque là jamais
accordés à une femme : c'est le cas du ministère de
la fonction publique, du secrétariat général du
gouvernement. Malheureusement, le nombre des femmes n'a jamais
dépassé deux (02).
Après la période transitoire, avec la vie
politique normale qui a repris après les élections
présidentielles et législatives de 1996, plusieurs femmes ont
été appelées au gouvernement comme ministres comme
secrétaires d'État.
Durant la période 1996-2003, le ministère de
l'action sociale et de la promotion a été occupé 13 fois
par des femmes. A cela s'ajoutent les cinq (5) mandats de la période
transitoire soit 18 fois dans l'intervalle de 10 ans. Par contre aucun
portefeuille de souveraineté n'a été attribué aux
femmes pendant la décennie 1993-2003 ; toutefois elles eurent à
diriger de grands ministères tels : la santé, les postes et
télécommunication, le développement touristique,
l'environnement et l'eau, la fonction publique, la jeunesse, la culture et
sport.
De 1993-2003, le Tchad a connu six premiers ministres, sans
qu'aucune femme ne soit du nombre; ces gouvernements successifs au Tchad
connurent une participation de 535 personnes dont 35 femmes soit 6%71(*). Les femmes arrivèrent
tant bien que mal à se partager les postes ministériels avec les
hommes; mais en sera- t-il de même à l'Assemblée
nationale ?
B - Au niveau du législatif
La participation féminine à l'assemblée
nationale dont il est question concerne le conseil supérieur de la
transition (CST) (parlement provisoire issu de la conférence nationale
souveraine qui a duré pendant la période de transition) et les
deux législatures à savoir celles de 1997 et de 2002.
Si les couloirs du parlement au Tchad ont très
tôt été fréquentés par les femmes,
c'est-à-dire depuis les élections législatives de 1959,
ces couloirs se refermèrent aussi assez vite compte tenu de l'enlisement
politique qui avait cours au Tchad pendant une trentaine d'années. IL a
fallu attendre l'année 1989 pour revoir les femmes à
l'hémicycle, cette réapparition, fût elle aussi
brève, compte tenu du renversement de l'ancien président HISSEIN
HABRE.
Depuis l'instauration du multipartisme et après la
conférence nationale souveraine, le Tchad renoua avec les consultations
électorales. A la fin de la Conférence Nationale Souveraine, un
parlement provisoire fut mis sur pied, les membres étaient élus
par les conférenciers. Neuf (09) femmes furent élues
conseillères, (l'appellation donnée au député
pendant la période de transition).
Après la transition, les élections furent
organisées, et trois femmes : Koumandial Nanalbaye Marie, Eldjima
Abdramane, Dina Balingar accédèrent à l'hémicycle.
Ces députés femmes appartenaient toutes à des partis de
l'opposition ; respectivement à l'Union pour le Renouveau et la
Démocratie (UDR), l'Union Nationale pour la Démocratie et le
Renouveau (UNDR) et l'Union pour le Renouveau Démocratique (URD).
Aucun député femme n'a été
enregistré pour le compte du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), parti
au pouvoir.
La législature de 2001 connut une participation plus
nombreuse de femmes72(*).Dix (10) d'entre elles briguèrent le mandat
législatif.
La législature a favorise l'avènement
l'âge d'or des tchadiennes, par l'élection des femmes au Bureau
de l'Assemblée. Le poste de la 2ème
vice-présidente est occupée par Madame Loum Elise née
Ndoadoumngué Nelouseï ; le poste de questeur adjoint revint a
Madame Dénéram Miantamaré, et Madame Fatmé Tchombi
fut nommée présidente de la Commission Affaires Sociales et Droit
de l'Enfant. Le poste de rapporteur adjoint de la commission économie,
développement et plan fut confie à Madame Khadidja
Hassaballah.
Parlant de la responsabilité pendant la
législature de 1997, Marie Koumandial a été
désignée présidente de la commission des affaires sociales
et de la condition féminine.
Au parlement provisoire, les femmes furent nommées
successivement aux postes des rapporteurs adjoints, rapporteurs
générales, secrétaire général adjoint.
Au constat de cette participation, il nous faut
reconnaître qu'il y a eu une embellie pour la femme tchadienne,
cependant il subsiste encore des réticences et des résistances
sociales à confier ou à partager la gestion de la nation avec
les citoyennes ; leur participation à l'action politique reste encore
bien limitée.
§ 2 - Une participation qui reste limitée
Cette limitation peut s'analyser à travers des facteurs
qui sont externes aux femmes d'une part (A) et d'autre qui leur sont proprement
inhérent d'autre part (B).
A- Les facteurs externes
Les raisons de la marginalisation politique des femmes peuvent
s'apprécier différemment suivant que l'on se situe au niveau de
l'exécutif ou au niveau de législatif.
Ø Au niveau de l'exécutif
Au niveau de l'exécutif, en ce qui concerne la
présence féminine infime au Gouvernement, seule la plus haute
autorité de l'État pourrait nous en donner les raisons. Et quels
que soient les arguments qu'on puisse avancer, nous persistons à penser
que la principale cause de marginalisation à ce niveau de
responsabilité, est le manque de volonté politique, de la part
des dirigeants.
En tout cas, cette cause ne peut pas être imputée
au manque de compétences des femmes car les résultats de
l'enquête sont édifiants à plus d'un titre. Bien des
tchadiennes ont été formées dans les grandes
universités et les grandes écoles dans des domaines aussi
variés. Certaines ont même déjà fait preuve de leur
compétence en d'importantes fonctions directives de l'administration
publique et privée. Nous avons là de bonnes réserves de
ressources féminines pour d'éventuelles nominations au
gouvernement.
A ces raisons sus évoquées, s'ajoute la
persistance des mentalités à se représenter une femme
ministre ; c'est ce qui justifie l'attribution des postes ministériels
en rapport avec le rôle de mères qu'elles jouent dans la
société : Ministère de la Santé, de l'Action
Sociale et de l'Enfance ; ou encore l'attribution des départements qu'on
qualifie au Tchad de négligeable tels le tourisme, la jeunesse, la
culture et le sport, etc.
Les portefeuilles de souveraineté (Défense,
Sécurité, Affaires Étrangères, Intérieur) ne
leur ont jamais été confiés comme ce fut le cas sous
d'autre cieux.
Aussi, constate-t-on le manque de considération qu'a
une catégorie des hommes pour les femmes-ministres. Elles sont vues
comme des « Koundjarambadjé »73(*) ou encore comme des
« mad gnon » 74(*) folkloriques et non pas comme des
ministres compétentes.
Ø Au niveau législatif
La marginalisation des femmes dans la sphère
législative est susceptible d'être mal interprétée
du côté des formations politiques dont les pratiques
électorales n'ont pas fondamentalement varié depuis les
années des indépendances.
Les discours qui ont cours dans les partis politiques frappent
les esprits par leurs contradictions internes et notamment le clivage qui
règne entre l'application à la lettre des discours politiques et
le comportement des tenants des partis sur le terrain. L'ouverture des partis
aux femmes prônée dans les différents textes constitutifs
des partis politiques a suscité bien d'espoirs pour les tchadiennes
souvent négligées.
Mais force est de constater que ces promesses ne sont plus les
mêmes lors des investitures pour les primaires ou encore lors de
l'alignement des candidats dans les listes où les femmes prennent
presque toujours les dernières positions. Pour justifier la
sous-représentation des femmes au parlement actuel (sur les 155
députés, il n'y a que (6%) de femmes), on n'hésite pas
d'accuser les consultations primaires. C'est une accusation injuste et trop
facile. Il faut noter que bien de partis ne consultent pas leurs bases et
préfèrent recruter les candidats par cooptation au
détriment des militantes actives prétextant le manque de moyens
financiers. Ou encore, dans les scrutins de listes, la position en bas de liste
occupée par les femmes leur laisse peu de chance en cas de partage de
sièges, car seules les têtes de listes peuvent briguer le
mandat.
Une autre justification, c'est la création des sections
féminines dans les formations politiques. Elle fut bien pensée
au départ, mais elle présente plus tard des effets pervers
.
Cette situation créée et entretenue par le parti
unique (UNIR) en enfermant les femmes dans un ghetto,et les empêcha de
se frotter aux hommes même dans les compétitions pour l'accession
aux différents postes internes au parti en particulier et de la
sollicitation du suffrage universel d'une manière
générale.
Si la marginalisation des femmes au parlement peut trouver ses
justifications dans ces considérations ci-dessus
énumérées ; elle peut aussi s'expliquer par l'attitude
même de la femme qui contribue à la disqualifier sur le terrain
politique.
B - Les facteurs internes
Les femmes sont elles mêmes à l'origine des maux
et des injustices qu'elles subissent dans le milieu politique. Cela se
manifeste par les rivalités sournoises qui les opposent comme en
témoigne cette déclaration de l'une des
enquêtées : « au lieu qu'on fasse foule en dépit
de nos appartenances politiques pour défendre la cause des femmes, on se
morfond dans des considérations de partis, d'ethnies, de religion ou du
découpage administratif ». Cette situation entraîne
plusieurs conséquences :
D'abord celles qui occupent des postes politiques, une fois
portées au pinacle, font allégeance aux hommes et oublient la
cause des autres femmes.
Ensuite, celles qui rêvent de postes politiques mais
détestent cette façon tchadienne d'y accéder : femme
émancipée, libérée, égale à
elle-même, n'ayant généralement pas ou plus de conjoint.
Enfin la majorité se tait, comme par
résignation, parce que ne voulant pas être traitée comme
les autres ou n'ayant tout simplement pas la possibilité de se faire
entendre.
A cette ambiguïté, s'ajoute l'auto
évaluation à laquelle se livrent les femmes dans les instances
étatiques lorsqu'il s'agit de prendre ou bien de participer à des
décisions importantes qui touchent les affaires de la nation. Cette auto
évaluation se traduit au Tchad dans les expressions :
« ana mara sakit, maï i diân ngoye ; taama
beï », ce qui signifie une simple femme. Elle conduit les
femmes à la transposition en politique des rapports de subordination
qu'elles entretiennent avec leurs époux aux ménages. Elles
s'interdisent par conséquent, toute révolution, toute remise en
cause, toute initiative personnelle pour exécuter à la lettre le
dire des hommes politiques. Cette situation rend quasi impossible tout effort
de solidarité entre les femmes pour des actions dynamiques et
concertées.
La marginalisation peut s'expliquer aussi par le dilettantisme
des femmes. Généralement, les femmes militent en masse dans les
partis politiques, mais combien sont celles qui rêvent de faire
carrière en politique ? Pour la grande majorité d'entre elles, la
politique est juste un passe-temps pour résoudre quelques
problèmes quotidiens, ou tout simplement un divertissement.
On n'est donc pas étonné que dans les branches
féminines des partis, les militantes, passent plus de temps à la
cuisine pour organiser les fêtes du parti.
Notons par ailleurs que la naïveté est aussi un
frein à la percée des femmes en politique. La politique est avant
tout un jeu d'intérêts où chacun tire la couverture de son
côté. Ce qui suppose que les acteurs sont en permanence tendus
vers tel poste, tel titre honorifique, telle prétende. Pour atteindre
leurs objectifs, ils sont prêts à toutes sortes de manipulations
ou compromissions et utilisent des méthodes plus ou moins
machiavéliques. Or dans ce monde complexe et impitoyable, les femmes
font souvent confiance aux mots des hommes car elles continuent à
cultiver les valeurs telles que l'honnêteté, l'amitié, la
bonne foi en politique.
Ces différentes attitudes qui passent pour être
naturelles au Tchad, agissent, en fin de compte, au détriment de la
femme. Pourtant la tchadienne a des atouts, qui font défaut chez l'homme
politique tchadien. La tchadienne ne s'est pas autant salie, n'a pas fait
autant de tort à son pays que son compatriote au cours de nos (43)
quarante trois années d'indépendance.
Après ce triste constat de l'absence quasi totale des
femmes dans les structures où se joue le destin de la nation, la
question de l'intégration politique reste ouvert.
C'est pourquoi l'identification des stratégies à
adopter pour lutter contre l'exclusion des femmes en politique s'avère
nécessaire, d'où la question des perspectives pour une
amélioration de la présence féminine.
CHAPITRE IV : POUR UNE AMELIORATION DE LA FEMME EN
POLITIQUE AU TCHAD
La femme rencontre assez de difficultés au cours de son
militantisme politique. C'est pourquoi, l'ébauche d'un cadre pouvant
soutenir son effort s'avère impératif (SII). Mais avant cette
ébauche, il serait judicieux d'avoir une lecture des organisations
existantes qui oeuvrent pour la promotion de la femme tant du côté
socio-économique comme du côté politique
(SI).
S I- LA LECTURE DES ORGANISATIONS
Il existe plusieurs organisations ou institutions qui oeuvrent
pour la promotion féminine, mais celles concernées par cette
présente étude sont :
- l'Association des Femmes Juristes du Tchad (AFJT);
- la Cellule de Liaison des Associations Féminines
(CELIAF)
- le Réseau des Femmes Ministres et Parlementaires du
Tchad (REFEMP/T)
Avant de se pencher sur les oeuvres accomplies par ces
organisations, une présentation sommaire de ces structures s'impose.
§ 1 : La présentation sommaire des
structures
Cette présentation commencera par l'AFJT, la CELIAF
pour finir par le REFFEMP/T.
1- l'Association des Femmes Juristes du
Tchad
Suite au constat de discrimination de toutes sortes
(politique, économique, sociale et culturelle) dont sont victimes les
femmes au Tchad, les femmes juristes se sont engagées à lutter
contre les obstacles à l'épanouissement de la femme en
décidant de créer une association. L'association des femmes
juristes du Tchad a été créée le 9 Août 1991
à N'djaména. C'est une organisation à but non lucratif,
apolitique et laïque. Elle se fixe comme objectifs :
- d'apporter son concours à l'édification des
textes juridiques, notamment ceux régissant la condition de la femme et
de l'enfant ;
- de rassembler et de diffuser toutes les informations sur la
condition juridique, sociale, économique et culturelle de la femme et de
l'enfant pour une meilleure connaissance de leurs droits ;
- d'établir et d'harmoniser les relations entre les
femmes juristes et les milieux juridiques ;
- de défendre et de protéger les
intérêts professionnels sociaux et culturels des femmes.
L'organigramme de l'association et composé de :
q une assemblée générale ;
q un bureau exécutif ;
q des commissions spécialisées
L'AFJT est ouverte à toute femme tchadienne juriste,
mais aussi aux femmes juristes étrangères résidant au
Tchad. C'est le bureau exécutif qui assure l'administration de
l'association.
2- La Cellule de Liaison des Associations
Féminines
Constatant une forte émergence des associations
féminines au Tchad, il est créé en 1996 une institution
dénommée Cellule de Liaison des Associations Féminines.
Cette institution a pour ambition de développer et renforcer la
collaboration entre l'Etat, les partenaires du développement et les
associations féminines, en vue d'assurer la défense des
intérêts particuliers des femmes au Tchad. Elle a pour
objectifs :
- créer un espace d'échange et de
réflexion pour les associations féminines ;
- assurer la collecte et la vulgarisation des documents
importants nationaux et internationaux relatifs à la promotion de
femmes ;
- faciliter l'accès à l'information relative aux
appuis techniques, matériels et financiers ;
- favoriser les relations entre les associations et les
organisations nationales et internationales
- aider à la réflexion sur les stratégies
de développement au féminin ;
- assurer la représentation des associations, des
membres et de défendre leurs intérêts ;
- constituer une banque de données disponibles et
accessible aux associations féminines
- faciliter la participation des associations membres aux
événements commémoratifs.
Cette institution a son siège social à
N'djaména. Elle est dirigée par une équipe de
coordination. Peuvent devenir membres de cette cellule toutes les associations
ayant une existence légale et qui en font la demande.
3- Le Réseau des Femmes Ministres et
Parlementaires du Tchad (REFEMP/T)
Considérant que la présence massive et la
participation effective des femmes dans les instances de décisions sont
une condition sine qua non du développement du pays, les femmes
ministres et parlementaires du Tchad, réunies en Assemblée
Générale les 27 et 28 janvier 1999, décident de la
création d'une institution dénommée : Réseau
des Femmes Ministres et Parlementaires du Tchad. C'est une organisation
à but non lucratif d'utilité publique. Le REFEMP/T se fixe comme
objectifs :
- s'atteler à la réalisation du programme
d'action de la conférence sur la politique et le développement
(CIPD) du Caire en septembre 1994, de la plate forme Africaine de Dakar en
novembre 1994, du plan d'action de Copenhague en mars 1995 et du programme
d'action de Beijing de septembre 1995, en adaptant les stratégies aux
réalités spécifiques de notre pays ;
- de renforcer la collaboration avec les autres réseaux
nationaux pour échange d'informations et de partage d'expériences
aussi bien sur le plan politique que sur celui de la législation
- inciter toute action de nature à amener le
gouvernement à prendre les mesures concrétisant la participation
de la femme à la vie publique et à l'exercice des
responsabilités politiques ;
- renforcer la collaboration entre les femmes de
l'exécutif et celles du législatif pour une meilleure
appréhension des questions de la population et de
développement.
Cette institution a son siège à
N'djaména. Elle est composée de trois organes :
q l'Assemblée Générale
q le Secrétariat Exécutif
q les commissions spécialisées/
C'est le secrétariat exécutif du réseau
qui assure les actes de fonctionnement. Le réseau a pour membres toutes
les femmes ministres ou parlementaires en activités ou ayant
exercé ces fonctions, du membre de droit qui est le ministre
chargé de la femme, des membres d'honneur que sont la Première
Dame de la République du Tchad, le Représentant local du FNUAP et
toute personne ayant rendu d'importants services au Réseau.
Après cette brève présentation, une
lecture des réalisations s'avère nécessaire.
§ 2 : Les oeuvres
Par oeuvres, nous désignons les travaux
réalisés par ces différentes organisations pour la
promotion et l'épanouissement de la femme.
En effet, l'une des réalisations communes à
toutes organisations a été la sensibilisation qui se situe
à deux niveaux. D'abord elle a pour but d'informer le public en
général, et les femmes en particulier de l'existence de des
différentes structures, d'expliquer les mécanismes de
fonctionnement et de faire montre de leur disponibilité à
accueillir toute personne intéressée.
Ensuite, la sensibilisation dans les domaines
spécifiques à ces organisations. Ainsi, il en est de la
sensibilisation organisée par l'AFJT sur les droits et les devoirs de la
femme par le biais des journées de la femme. Le réseau s'oriente
beaucoup plus sur les problèmes relatifs à la population plus
particulièrement le VIH/SIDA ou encore de CELIAF qui s'évertue
à faire comprendre aux associations féminines la
nécessité d'adhérer à la coordination.
Outre la sensibilisation, l'AFJT est très active dans
le domaine de la formation aux droits de la femme, de la revendication de ces
droits en fournissant conseils et assistance judiciaires quand les femmes se
trouvent impliquées à un différend. Ce différend
peut être d'ordre conjugal, professionnel ou commercial. Elle a aussi
tenu des ateliers de formations des leaders politiques féminins ainsi
que sur le renforcement des femmes leaders d'une manière
générale. Il faut observer que la majeure partie du travail de
l'AFJT se déroule à N'djaména compte tenu du nombre
très réduit de femmes juristes. Cependant le relais est
assuré dans les provinces par quelques rares juristes et des para
juristes formés pour le besoin de la cause. La CELIAF par contre, a son
domaine de prédilection dans les activités
socio-économiques. Elle a des antennes régionales dans les
provinces ; elle regroupe plus de trois cent associations. Grâce
à elle, plusieurs associations ont bénéficié des
formations notamment dans le domaine de gestion des finances des associations,
du renforcement des capacités, de la transformation des produits
alimentaires, de la fabrication des savons, pagnes etc.
Elle a par ailleurs cherché et obtenu plusieurs
financements pour soutenir les différentes associations. Ces
financements ont permis l'achat et l'installation des moulins, la tenue de
petites pharmacies et le renforcement des systèmes de crédits
qu'octroient les associations à leurs membres. Elle a aussi
facilité les voyages de plusieurs femmes tant du côté
intérieur que du côté de l'extérieur pour partage
d'expériences.
De création récente par rapport à l'AFJT
et la CELIAF, le REFEMP/T s'oriente beaucoup plus du côté
politique et social.
Du côté politique, à travers le lobby
installé entre les membres, les femmes ont eu à faire adopter la
loi sur la santé de la reproduction qui était rejetée
à la première lecture. Cette loi est l'initiative d'un ancien
parlementaire, Marie KOUMANDIAL, laquelle loi devrait porter son nom mais
malheureusement ce ne fut pas le cas. Il faut ajouter la tenue de l'atelier
« la petite fille leader politique ».
A travers le réseau, les femmes ont pu plaider et
négocier des postes importantes pour leurs consoeurs.
Sur le plan social, le réseau s'investit beaucoup plus
sur la lutte contre le VIH/SIDA. Il a organisé une caravane de
sensibilisation sur toute la zone du sud (Bongor, Kélo, Moundou, Doba,
Koumra et Sarh).
Si nous notons des réalisations de ces
différentes institutions, il faut remarquer qu'à la lecture de
leurs objectifs beaucoup reste à faire ; même les oeuvres
déjà réalisées souffrent de lacunes :
· d'abord, la plupart des réalisations se borne
à N'djaména, sinon dans les grands centres urbains et le milieu
rural le plus concerné est laissé à son triste
sort ;
· Ensuite, on constate que le champ d'action de ces
organisations se tourne vers le sud du pays. Le nord- excepté
Abéché- et le centre sont délaissés. Ce sont
pourtant justement des milieux où la religion musulmane règne et
la femme éprouve assez de difficultés à s'exprimer afin de
revendiquer ses droits ;
· Enfin, hormis quelques incursions dans le domaine
politique, ces organisations ne s'attardent pas beaucoup plus sur le volet
politique. L'action politique n'est qu'incidente.
Eu égard à ce constat, nous proposons une
ébauche de cadre qui aurait essentiellement pour objectif d'oeuvrer dans
le champ politique afin d'aider les initiatives féminines.
S II : LE CADRE DE SOUTIEN AUX INITIATIVES
FÉMININES EN POLITIQUE (CASIFEP)
Il aurait pour ambition la promotion des femmes en politique.
Cette ambition ne pourrait être bien menée que si des
stratégies et des actions sont bien élaborées et mises en
oeuvre (§2). Mais avant cela, il est judicieux de s'atteler à la
présentation du cadre (§1).
§ 1 : La présentation du Cadre
Le cadre de soutien aux initiatives féminines en
politique en abrégé CASIFEP se veut être une organisation
non gouvernementale, à but non lucratif et d'utilité publique.
Elle se fixerait comme objectifs :
q Créer un espace d'orientation et de renforcement des
capacités des femmes dans la conduite de l'action publique ;
q Assurer la collecte et la vulgarisation des documents
importants nationaux et internationaux relatifs à la promotion politique
de la femme ;
q Traduire dans les langues locales les textes tels le code
électoral, la constitution, les statuts et projets de
société des partis politiques ;
q Rechercher les institutions et organismes qui peuvent
financer les femmes pour leur permettre de postuler aux différentes
élections ;
q Permettre aux femmes politiques de se concerter pour mener
des actions de grande ampleur ;
q Aider et inciter les formations politiques, le gouvernement
à concrétiser les actions de nature à promouvoir la
participation effective de la femme ;
q Amener la femme rurale à s'intéresser à
l'activité politique ;
q Permettre aux femmes de constituer un lobby pour les
intérêts politiques des femmes.
Le CASIFEP est ouvert à toutes les femmes. Il sera
géré par les agents recrutés par lui pour son
fonctionnement. Mais pour concrétiser les objectifs, le CASIFEP
élabore des stratégies et actions.
§2 Les stratégies et les actions.
Le projet féministe, tel que nous l'entrevoyons, permet
d'inscrire la politique non sur le registre de l'avoir mais sur celui de
l'être. Sa clause de viabilité résidera alors dans sa
capacité à faire participer de façon égale les
hommes et les femmes, de prendre en charge de façon égale les
préoccupations et les droits des hommes et des femmes. Il y a à
voir, avec plus de netteté, les stratégies à mettre en
oeuvre.
L'innovation politique est une obligation parce que l'humain
se définit par sa capacité à créer, par sa
capacité de se mettre à distance de l'ordre naturel des choses.
C'est pourquoi le CASIFEP, pour opérer une rupture, s'orienterait
à travers plusieurs stratégies et actions.
Le premier axe stratégique en la matière serait
la consolidation du CASIFEP auprès de certains groupes- cibles qui
structurent ou ont la capacité de structurer l'action politique. Nous
pensons aux femmes ministres et parlementaires, aux femmes politiques, aux
intellectuelles, aux entrepreneuses. Ce but ne peut être atteint que si
,par exemple ,les militantes des partis politiques s'approprient cet instrument
et y voient un élément d'identification et d'appartenance pouvant
contribuer au renforcement de leur position à l'intérieur
même de ces partis, une arme leur permettant de peser sur les
décisions.
L'autre axe stratégique, c'est le renforcement des
aptitudes en négociation des femmes à l'intérieur des
structures du pouvoir ; ce qui suppose réellement qu'elles aient
conscience de l'importance de leur rôle qui est trop souvent
détourné à d'autres fins. L'efficacité de ce
travail réside dans la capacité à peser sur deux secteurs
essentiels : l'éducation et la communication, autrement dit les
secteurs où se forme et se fabrique l'image de la femme.
L'éducation, surtout celle de la petite fille, doit
constituer une priorité absolue pour le CASIFEP. Il convient de mener
des actions concrètes pour que de plus en plus de filles aillent
à l'école, mais surtout y restent jusqu'à des niveaux
supérieurs. Il ne peut être question de renforcer la
capacité des femmes si elles sont exclues du savoir. La donne mondiale
ne se concentre plus seulement sur la matière première mais aussi
et surtout sur la matière grise et ses effets induits tels que
l'information et la technologie. Mais changer le rapport du savoir signifie
aussi changer les images véhiculées par celui-ci, les images pas
toujours valorisantes de la femme produite par ce savoir. Il importe
d'être vigilant et patient, d'inscrire l'action dans la durée car
elle porte directement sur notre imaginaire. On voit bien qu'on ne peut se
limiter à une conception étroite de l'éducation : est
impliquée en effet l'éducation au sein de la famille ; ce
qui présuppose beaucoup de changements, mais aussi l'éducation
à la citoyenneté et à la démocratie. Aussi, cette
éducation ne doit-elle négliger aucun milieu
féminin : les tontines, les associations pendant les travaux
collectifs, les mouvements religieux de femmes, etc.
La communication demeure une autre composante sensible de la
démocratie et donc un enjeu considérable dans la mesure où
elle contribue à la production et au modelage de l'opinion publique et
donc de l'imaginaire.
Ainsi, nous schématisons dans le tableau
ci-après les autres stratégies et actions à mener pour une
participation plus nombreuse des femmes au Tchad d'ici l'an 2015.
STRATEGIES
|
ACTIONS
|
Elaborer un manifeste des femmes ; soutien et formation
à celles qui sont candidates aux élections
|
Le manifeste doit être un instrument de persuasion des
hommes et des femmes afin qu'ils/elles votent pour la femme ; organiser
des ateliers, dans tout le pays, destinés à accroître les
cadres de concertation sur les sujets relatifs au statut de la femme ;
outre le renforcement des capacités des femmes à négocier,
les ateliers doivent servir à rendre les femmes conscientes de
l'identité de leur cause, quelle que soit leur adhérence
politique
|
Procéder au recensement des femmes
spécialisées dans la formation, en former et les faire
connaître auprès des groupes désireux de mener des ateliers
de formation politique
|
Dénombrer les femmes membres des institutions de
formations par régions du Tchad, apporter un appui à leur
formation politique et renforcer leurs aptitudes en
communication/sensibilisation
|
Constituer des pépinières de leaders politiques
féminines
|
Organiser les campagnes de sensibilisation dans les
lycées, collèges, universités pour susciter l'ambition
politique ;
|
Promouvoir l'image des candidates
|
Créer un événement autour d'elles et les
aider à préparer leur projet de campagne
|
Amener les femmes à voter pour les partis ou les
candidats/tes ayant un programme de société favorable à la
promotion de la femme
|
Organiser une équipe technique pour analyser les
programmes des partis politiques ou candidats/tes et en ressortir les actions
et stratégies de promotion de la femme en vue d'informer, à
travers les médias toute la nation et recourir aux langues nationales
pour informer l'électorat féminin et en conditionner le vote
|
Obtenir l'institutionnalisation du système de quota par
le biais d'un texte légal
|
Encourager toutes les femmes qui occupent des postes de
responsabilité à tous les niveaux de la société
à se constituer en groupe de pression en vue d'exercer une influence sur
le mécanisme national chargé des affaires féminines.
|
Au vu de ces stratégies et actions, il y a pour le
CASIFEP, une urgence à avoir un plan d'action avec des activités
précises sur les plans juridique, politique, social pour amener la femme
tchadienne à la citoyenneté. Qu'est-ce qui, globalement et d'un
point de vue juridique, est incompatible avec l'égalité de
l'homme et de la femme, ou alors maintient la femme sous
tutelle masculine ? Ces éléments doivent être
identifiés par le CASIFEP pour constituer des pistes de réflexion
et des points d'action.
Le plan d'action gagnerait beaucoup à trouver un
ancrage dans l'étude prospective Tchad 2015 mais surtout des
Femmes à l'horizon 2015. Le plan d'action pourrait être
renforcé par la création d'un Observatoire pour
suivre la question de l'éducation des filles, l'évolution des
droits de la femme, le traitement des questions relatives à la femme
dans les médias, l'évolution politique de la femme à
savoir l'inscription sur les listes électorales, l'importance de la
candidature des femmes, le nombre d'élues, etc. Cet observatoire
permettra de surveiller des acquis juridiques par rapport à la pratique
quotidienne et donc pourra avec beaucoup plus d'efficacité guider
l'action.
Conclusion générale
Comment les femmes arrivent-elles à faire face aux
obstacles socioculturels et politiques pour se hisser dans les instances
décisionnelles de l'Etat ? Telle est l'interrogation majeure qui a
conduit à ce mémoire. Il s'agit de chercher à
déceler les moyens que les femmes utilisent pour parvenir à cette
fin. C'est dans le souci de répondre à cette interrogation que
nous avons émis les hypothèses selon lesquelles l'implication des
femmes dans les instances décisionnelles politiques est tributaire du
contexte politique qui connaît des mutations depuis 1990 d'une part et,
d'autre part, elle est fonction des facteurs liés à la
personnalité desdites femmes.
L'éclipse de la femme de la scène politique
s'explique, entre autres, par son statut traditionnel et le contexte
politico-institutionnel peu favorable. En effet, la femme est
considérée comme un être inférieur dans la
société traditionnelle. Cette situation est au fondement de
l'orientation de son éducation qui s'est faite dans le sens de son
rôle de mère de famille. Ayant reçu une éducation
qui inhibe toute prétention à être au-devant de la
scène publique en général et politique en particulier, la
femme n'a pas le droit de disposer de la terre et d'exercer librement une
activité lucrative. Cela réduit son pouvoir économique, la
rendant ainsi indéfiniment sous tutelle masculine.
Outre cette situation, le contexte politico-institutionnel
marqué par les guerres et les violences politiques n'a guère
favorisé l'émergence des femmes en politique. La vie politique
était fortement militarisée.
Peu scolarisées, victimes du sous-emploi et des
règles coutumières, les femmes ont été pendant
longtemps mises à l'écart de la gestion politique.
L'enjeu aujourd'hui pour le Tchad est de donner de nouvelles
orientations aux politiques nationales afin de permettre à la femme
tchadienne d'être un agent responsable du développement politique
de son pays. Et dépuis, avec l'amorce de la démocratisation qui a
conduit à la libéralisation de l'espace public, la femme se
manifeste de plus en plus publiquement.
Cette émergence politique se justifie par des
conditions favorables : nouvelle orientation de l'éducation,
l'accès à l'emploi, l'édiction des législations
plus favorables à la femme, l'amélioration du statut
socio-économique, etc.
Contrairement à la voie classique d'entrée dans
la vie politique, c'est-à-dire à travers les formations
politiques, l'émergence féminine en politique est beaucoup plus
l'oeuvre des organisations de la société civile.
Force est de souligner que même dans l'exercice de
l'activité politique, les femmes continuent d'être victimes des
discriminations. Ces discriminations s'articulent autour de la survivance des
considérations traditionnelles d'un côté et du comportement
parfois complice de la femme elle-même de l'autre.
Mais au-delà de tout cela, la démocratie
implique la participation de tous les citoyens dans la gestion des affaires de
la cité. Ainsi, l'intégration de la femme est nécessaire
pour l'humanisation de la vie politique qui n'a que trop souffert de
l'infirmité unipolaire. Dans ce sens, la femme tchadienne a beaucoup
à apporter car elle n'a pas été aussi salie comme ses
frères. Cette intégration est non seulement nécessaire et
impérative mais elle constitue également un défi pour une
vraie démocratie sans laquelle aucun développement harmonieux,
libre et durable ne sera possible.
D'où l'impérieuse nécessité de
soutenir l'action politique féminine en institutionnalisant le
système de quota dans les listes électorales, en finançant
les femmes, ou encore les aidant à organiser leur campagne politique.
C'est seulement dans cette optique que nous pourrons donner force à
l'assertion : « La femme est l'avenir de
l'humanité ». Elle est à ce titre incontournable pour
la survie de cette humanité. L'équilibre humain ne peut donc
être atteint que dans la parfaite symbiose entre l'homme et la femme pour
l'unité de la nation.
La promotion politique de la femme nous paraît comme une
voie obligée pour le développement de la société
tchadienne. Dès lors, la participation de la femme à la vie
politique est une nécessité démocratique.
Ce travail sur la participation de la femme à la vie
politique au Tchad n'a certes pas épuisé tous les aspects de la
question, notamment l'activisme politique. Cela nous aurait permis de mesurer
l'implication des femmes dans les structures de leurs partis politiques
respectifs, leur capacité à être leaders politiques, ou
encore leur action dans les revendications politiques et civiques.
Au demeurant, ce travail a permis de jeter un regard sur la
place qu'occupent les femmes dans les instances décisionnelles, de
visiter les structures qui oeuvrent pour l'éclosion de la femme tant
dans le domaine politique que socio-économique. Il a par ailleurs permis
de poser les jalons d'une structure dont la mise en pratique contribuerait
à accroître l'effectif et assurer le positionnement des femmes en
politique.
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? CEFOD, Recueil de textes sur les
libertés publiques, N'Djaména, cefod,
2ème éd., 2003
? Constitution de la République du
Tchad de mars 1996.
? Convention sur l'élimination de
toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes de
1979
? Pacte international relatifs aux droits
économiques, sociaux et culturels de 1996.
? Pacte international relatif aux droits
civils et politiques de 1966.
ANNEXE I
Guide d'entretien
Situation matrimoniale
Age
Célibataire Mariée
Sexe
Veuve
Nombre d'enfants
Niveau d'instruction
Primaire Secondaire
Supérieur
Parti : Poste
dans le parti :
Circonscription politique :
Commission parlementaire :
Religion :
Ethnie :
1-Comment êtes-vous arrivée en politique ?
2-Votre présence aujourd'hui dans les instances
décisionnelles de l'Etat peut-elle s'analyser comme une évolution
de la vie politique ?
3-Avez-vous été membre d'une association
féminine ?
Si oui, laquelle ?
Quel poste aviez-vous occupé ?
4-Quelle a été l'attitude de votre mari quand
vous vous êtes engagée en politique ?
Vous a-t-il, par exemple, aidée financièrement
ou personnellement quand vous étiez en campagne ?
5-Votre niveau d'instruction a-t-il été un atout
pour votre ascension politique ?
6-Quelles sont les motivations de votre choix pour la
législature ?
7-Dans votre situation actuelle, êtes-vous
consultée par les hommes pour les décisions importantes
concernant votre parti ? Le pays ?
8-Le nom de votre père ou de votre mari vous a-t-il
aidée à grimper facilement dans les instances
politiques ?
9- Vous arrive-t-il de faire usage du concept genre
(pour évoquer le problème de l'égalité des femmes
et des hommes) pour vous faire entendre au conseil des ministres ? Dans
votre commission parlementaire ?
Sinon, quels sont vos moyens ?
10-Avez-vous un cadre, vous femmes ministres et
parlementaires ?
Si oui, que faites-vous ?
11- Vous arrive-t-il de vous concerter en dépit de vos
appartenances politiques pour faire passer une décision touchant toutes
les femmes ?
Si oui, quels sont les moyens que vous
déployez ?
12- Que faites-vous pour attirer les jeunes filles à
s'intéresser à la politique ?
13-Quand vous étiez (ou êtes) ministre, quelles
sont les actions que vous avez entreprises dans le domaine de la promotion de
la femme ?
Ont-elles abouti ?
Pourquoi ?
14-Est-ce facile pour une femme d'être politiquement
responsable ?
Sinon quels sont les obstacles ?
15-Comment arrivez-vous à joindre votre rôle de
mère et de femme politique ?
16-Avez-vous eu des affinités avec une
rébellion, même de loin ?
ANNEXE II LISTE DES FEMMES PARLEMENTAIRES
PARLEMENT PROVISOIRE DE TRANSITION 1993 - 1997 (CST)
Noms et prénoms
|
Fonction
|
Appartient aux partis politiques ou à la
société civile
|
Albatoul Zakaria
|
Questeur adjoint
|
M.P.S
|
Bourkou Louise Kabo
|
Membre
|
Société civile
|
Djanbei Assanie
|
? 2e
Rapporteur de la Commission Education, Culture, Jeunesse et Sports (1993 -
1995)
|
MPS
|
? Rapporteur
Général de la dite commission
|
Fatimé Diakité
|
Membre
|
Société civile
|
Fatimé Issa Ramadan
|
? Rapporteur de la
Commission Contentieux, Economie et Finances ;
|
Société civile
|
? Secrétaire
Adjoint
|
Fatimé Sissoko Nar
|
Rapporteur de la Commission Santé, Affaires Sociales et
Droits de l'Enfant
|
Société civile
|
Hadja Halimé Oumar Taher
|
Membre
|
Société civile
|
Kadidja Touré
|
Rapporteur de la Commission Droits de l'Homme
|
Société civile
|
Somte Ndealbaye Delphine
|
Membre
|
Société civile
|
Source : Centre de documentation de
l'Assemblée Nationale
LA LEGISLATURE DE 1997-2002
Nom et prénom
|
Fonction
|
Appartenance politique
|
Dina Balingar
|
Membre de la Commission Affaires Sociales
|
URD
|
Ihdjima Abdermane
|
Rapporteur de la Commission Politique Générale
|
UNDR
|
Marie Koumandiah
|
Présidente Commission Affaires Sociales
|
UDR
|
Source : Centre de documentation de
l'Assemblée Nationale
LEGISLATURE DE 2002-2006
Nom et prénom
|
Fonction
|
Appartenance politique
|
Deneram Miantamare Salomène
|
Questeur Adjoint
|
M.P.S.
|
Dersou Kalbasou Dagadang
|
Membre de la Commission Santé, Affaires Sociales,
Conditions de la Femme et Droits de l'Enfant
|
M.P.S.
|
Fatimé Tchombi Djimadingar
|
Présidente de la Commission Santé, Affaires
Sociales, Conditions de la Femme et Droits de l'Enfant
|
M.P.S.
|
Khadidja Hassaballah
|
Rapporteur Adjointe, Commission Economie, Développement et
plan
|
M.P.S.
|
Khadidja Nassour Hassan
|
Membre de la Commission Santé, Affaires Sociales,
Conditions de la Femme et Droits de l'Enfant
|
M.P.S.
|
Koumagoto Neloumngaye Juliette
|
Membre de la Commission Education, Culture, Recherche et
Ressources Humaines
|
M.P.S.
|
Loum Elise Ndoadoumngue Neloumsei
|
2e Vice - présidente de l'Assemblée
Nationale
|
M.P.S.
|
Natoungue Joséphine
|
Membre de la Commission, Education, Culture, Recherche et
Ressources Humaines
|
FAR
|
Ngadala Marie
|
Membre de la commission Santé, Affaires Sociales,
Conditions de la Femme et Droits de l'Enfant
|
M.P.S.
|
Yorossim Kodjioutou Simone
|
Membre de la Commission, Education, Culture, Recherche et
Ressources Humaines
|
M.P.S.
|
Source : Centre de documentation de
l'Assemblée Nationale
ANNEXE III : LISTE DES FEMMES MEMBRES DU
GOUVERNEMENT DE 1993 - 2003
Noms et Prénoms
|
Postes
|
Achta Selguet Aguidi
|
? Ministre des Affaires
Sociales et de la Condition Féminine2
|
? Ministre de la
Fonction Publique et du Travail
|
Agnès Alafi Maimouna
|
? Ministre de l'Action
Sociale6
|
? Ministre des Postes
et de Télécommunication
|
Akia Abouna
|
? Ministre du
Développement Touristique2
|
Aziza Ahmat Senoussi
|
? Ministre de la Femme,
de l'Enfant et des Affaires Sociales
|
Bintou Malloum
|
? Secrétaire
d'Etat à la Fonction Publique et du Travail
|
? Ministre des Affaires
Sociales et de la Famille3
|
Daboulaye Kolo Mayoumbila
|
? Ministre de la
Culture, de la Jeunesse et de la Promotion des Sports
|
Deneram Miantamare Salomène
|
? Secrétaire
d'Etat aux Travaux Publics, à l'Habitat et aux Transports
|
Fatimé Kimto
|
? Ministre de l'Action
Sociale et de la Famille
|
? Ministre de la
Santé Publique
|
Loum Elyse N. Neloumsei
|
? Ministre de l'Action
Sociale et de la Famille
|
Mariam Mahamat Nour
|
? Ministre du Plan et
de la Coopération4
|
? Ministre de la
l'Environnement et de l'Eau2
|
Monique Ngaralbaye
|
? Ministre de l'Action
Sociale et de la Famille
|
Ngarmbatina Odjimbeye Karmel Sou IV
|
? Ministère des
Affaires Sociales et de la Promotion Féminine
|
? Secrétaire
Générale du Gouvernement
|
NB : Les chiffres en indice
renvoient au nombre de fois que ces femmes ont occupé lesdits postes
ministériels.
Source : Service des archives du Secrétaire
Général du Gouvernement Adjoint.
ANNEXE IV
QUELQUES FIGURES POLITIQUES FEMININES
Mme Fatime TCHOMBI DJIMADINGAR, Député MPS,
Présidente
de la Commission Santé, Affaires Sociales, Condition de la
Femme
et Droit de l'Enfant( législature 2002-2006)
Mme LOUM N. Elise, Député MPS ,2eme
Vice-présidente de l'Assemblée
Nationale (Législature 2002-2006)
Mme NGADALA Marie, Député MPS (Législature
2002-2006)
Mme BOURKOU Louise Kabo, Député au Parlement
provisoire ; l'une
des premières femmes députés de 1959
Mme DERSOU K. DAGADANG, Député MPS
(Législature 2002-2006)
Mme Khadidja HASSABALLAH HAMID, Député MPS,
Rapporteur Adjoint
de la Commission Economie, Plan et Développement
Mme KOUMAGOTO NELOUMNGAYE Juliette, Député MPS
(Législature
2002-2006)
Mme ALBATOUR ZAHARIA, Député au Parlement
provisoire.
Mme Khadîdja TOURE, Député au Parlement
provisoire.
Mme DENERAM MIATARMARE Salomène, Député MPS,
Questeur
Adjoint, (Législature 2002-2006)
Mme NATOUNGUE Joséphine, Député FAR
(Legislature2002-2006)
Mme NGARMBATINAN Karmel SOU-IV, ancienne Ministre et
Secrétaire
Générale du Gouvernement, actuellement
Secrétaire Exécutif du REFEMP /T
Mme Fatimé KIMTO, première femme Ministre au Tchad
(1984), actuellement
Ministre des Affaires Sociales et de la condition
féminine
Mme LOUM N. Elise, ancienne Ministre de l'Action sociale et de la
Famille.
Mme DENERAM MIATARMARE Salomène, ancienne
Secrétaire d'Etat aux
Travaux Publics, à l'Habitat et aux Transports
Table des Matières
Dédicaces
.....................................................................................a
Remerciements..................................................................................b
Sigles et
abréviations..........................................................................c
Glossaire..........................................................................................d
Liste des
annexes..............................................................................e
Sommaire.........................................................................................1
Introduction
générale.................................................................2
A-Objet..........................................................................................4
B-Contexte d'étude
..........................................................................8
C-Problématique..............................................................................9
D-Hypothèses................................................................................12
E-Méthodologie..............................................................................12
a)
Echantillon..............................................................................13
b) Les techniques
d'investigation.....................................................14
c) Les modèles
d'analyse...............................................................15
TITRE1 : LA VIE POLITIQUE ET LES CONDITIONS DE
PARTICIPATION.18
Chapitre1 : Un bref aperçu historique
de la vie politique au Tchad.....19
S I : De la période coloniale a
l'indépendance....................................19
§1 :La période
coloniale...........................................................19
A-L'organisation
administrative...............................................19
B- Les premiers partis politiques au
Tchad................................21
§2 : Les années de
l'indépendance...........................................24
A- Le régime de Tombal
baye................................................24
B- La naissance de la
rébellion...............................................25
S II : De la période de 1975 au retour du
multipartisme..........................26
§1 : Le règne du CSM et celui des
tendances du Frolinat................26
A- Le Conseil Supérieur Militaire
.............................................27
B- Le règne des tendances du
Frolinat......................................28
1-Le Gouvernement d'Un ion
Nationale.................................29
2-Le régime de Hissein Habré
.............................................31
§2 : Le retour du
multipartisme....................................................32
A-L'arrivée au pouvoir de Idriss
Deby.........................................33
B- La renaissance des partis politiques
.......................................33
Chapitre 2 : La participation féminine
à la vie politique.....................35
S I : Les obstacles à la
participation ..............................................35
§1 : Les contraintes d'ordre socio
culturel.....................................35
A- Le statut traditionnel de la
femme.....................................35
B- Les Considération religieuses
..........................................38
§2 : Les contraintes d'ordre politico
institutionnel..........................40
S II : Les atouts
........................................................................41
§1 : Les mutations socio
économiques et culturelles......................41
A-l es transformations
socioéconomiques................................42
B-les transformations
culturelles............................................43
§1 : Les atouts d'ordre institutionnel
..........................................44
A- le cadre
législatif.............................................................45
1-Au plan international
.......................................................45
2-Au niveau
régional..........................................................46
3-Au niveau
national..........................................................46
B- L'environnement politique
international.................................47
TITRE 2 : FEMME, ACTRICE
POLITIQUE..............................................49
Chapitre 3 : Femme, ressource
politique...........................................50
S I : Les voies d'entrée dans la vie
politique......................................50
§1 : Les manifestations en
public..................................................50
A- les associations : Tremplin pour une
ascension politique.............51
B-L'héritage politique
...............................................................53
§2 : La Conférence Nationale
Souveraine.......................................54
A-Un aperçu de la Conférence
Nationale Souveraine.....................55
B- La femme a la Conférence Nationale
Souveraine........................56
S II : Femme , actrice de la vie
politique..............................................58
§1 : La présence effective des femmes
dans les hautes instances.........59
A- Au niveau du
Gouvernement.................................................59
B- Au niveau du
législatif..........................................................60
§2 : Une participation qui reste
limitée................................................62
A- Les facteurs
externes...........................................................62
B- Les facteurs d'ordre
interne...................................................64
Chapitre4 : Pour une amélioration de la
femme en politique au Tchad..67
S I : La lecture des organisations
......................................................67
§1 : Présentation sommaire des
structures .......................................67
1-L'Association des Femmes Juristes du
Tchad .............................67
2-La Cellule des Liaisons des Associations
Féminines.....................68
3-Le Réseau des Femmes Ministres et
Parlementaires ...................69
§2 : Les
oeuvres...........................................................................70
S II : Le Cadre de Soutien aux Initiatives
Féminines en Politique...............73
§1 : La présentation du cadre
.........................................................73
§2 : Les stratégies et les actions
.....................................................74
Conclusion
générale...............................................................79
Bibliographie..................................................................................82
Table des
matières..........................................................................86
* 1 BOURDIEU P. dans sa
leçon inaugurale au collège de France en 1982 cité par
Philippe Braud in Collectif La place des Femmes : enjeux de
l'identité et de l'égalité au regard de Sciences Sociales,
Paris, Karthala, 1998 P 34
* 2 Diderot, Essai sur le
caractère, les moeurs et l'esprit des femmes dans les
différents siècles, Paris, Edasserat,
1875-1877, 2 vol. T II PP 258-259
* 3 Condorcet cité par
Daniel Hocheclez ; et Cécile Maurice « règles et
réalités. Européennes » in Pouvoirs
n° 82
/1997 P. 77
* 4 Mary Wollstonecraft
« Vindication of Rights of Man, 1971 cité par D. Hochder et C.
Maurice op cit.
* 5 COQUERY-VIDOVITCH :
Les Africaines : histories des femmes d'Afrique noire,
XIXè -XXè siècles,
Paris
Desjonguères. P. 65.
* 6 Coquery op. cit. p 263
* 7 SEMBENE O, les
Bouts de Bois de Dieu, Paris, presse pock 1990 p. 288
* 8 cf l'article de Grunberg G.
« acteurs et comportement politique »
in Cahiers français No 276
* 9 GRAWITZ M. & LECA
J., Traite de sciences politiques : T3 ; action
politique, Paris, PUF, 1985, p76
* 10 Rapport plan d'action des
femmes à Beijing 1995.
* 11 COORDONNIER
Femmes Africaines et Commerce : les revendeuses de tissus de
Lomé, ORSTOM Paris, 1982, p.87
* 12 LY DIOP F. ,
« Bilan des politiques et perspectives sur la problématique
des femmes au Sénégal : l'intérêt
Culturel et développement en Afrique Noire »
, Claude Beauchamp (sous-Dir)Paris, Harmattan, 1997
* 13 NGADJUI
N : les droits politiques de la femme au Cameroun,
Yaoundé, édition Zaye, nov. 1990
* 14 ROKHAYA F.,
Femmes et pouvoir dans les sociétés
sénégambiennes, commentaire d'histoire, Bamako, 1994
42p
* 15 Boubacar Barry,
le royaume du Waolo, paris Karthala, 1985, p. 85
* 16 DIAW A
.Démocratie et logique identitaire en acte, l'intervention de
la politique en Afrique, Dakar
CODESRIA, monographie, 1994 p. 13.
* 17: GHI GLEONE R.. ;
MATALAN B., les enquêtes sociologiques, théories et
pratiques, Paris, Armand Collin, p. 29
* 18 CROZIER &
FRIELDBERG : l'acteur et le système : les
contraintes de l'action collective, Paris, Seuil, 1982 p203
* 19 De CERTEAU
M. L'invention du quotidien :les arts de
faire , paris, Union générale d'ed.,1980,373
p.
* 20 BOUDON R.:
Effets pervers et ordre social, paris, PUF, 1997 P
81
* 21 BRAUD
(P.) : La vie politique, Paris, PUF ,1985 P.7
* 22.LANNE B. :
Histoire politique du Tchad de 1945 à 1958,
Paris, Karthala, 1998, p. 9
* 23 .LANNE Ibidem
* 24 Ceci était vrai
pour toute l'AEF, la législation étant, sauf rares exceptions, la
même dans les 4 territoires .LANNE, Op. Cit. p. 21.
* 25 .LANNE, Ibidem.
* 26 DIGUIBAYE G. LANGUE
R., L'Essor du Tchad, Paris, PUF, 1969, p. 3
* 27 LANNE B., Op. Cit.
P.136.
* 28 Pour plus
d'informations voir HUGOT P, Le Tchad, Paris, Nouvelles
Editions Latines, 1965, 155 pages.
* 29 N'GANGBET M.,
Peut-on encore sauver le Tchad, Paris,
Karthala, 1984, p 12
* 30 N'Gangbet, Op. Cit. p.
14
* 31 DADI A. Tchad,
L'Etat retrouvé, Paris, L'Harmattan, 1987, p. 44.
* 32 Ces changements
concernaient aussi bien le nom des villes que celui des individus :
Fort-Archambault devient Sarh ; Fort-Lamy devient N'Djamena et pour donner
le ton François Tombalbaye devient Ngarta Tombalbaye
* 33 Ngansop G .J.,
Tchad, Vingt ans de crise, Paris, L'Harmattan, 1986, p. 59.
* 34 DERLEMARI N.,
Le Labyrinthe de l'instabilité politique au
Tchad, Paris, L'Harmattan, 1998, p. 30.
* 35 BUIJTENHUIJS R.
Le Frolinat et les guerres civiles du Tchad ,1977 à 1984,
Paris, Karthala, ASC, 1987, p. 27.
* 36 N'Gangbet, Op. Cit., p.
39.
* 37 N'GANGBET ibidem.
* 38 N'GANGBET, Op. Cit. p. 43.
* 39 DERLEMARI. N. , Op. Cit.
p. 36
* 40 BUIJTENHUIJS R., Op. Cit.
p. 300.
* 41 BUIJTENHUJS
R., La Conférence Nationale Souveraine, Paris,
Karthala, p.15.
* 42 BUIJTENHUJS, Op. Cit p.
18.)
* 43 MEAD M., Une
éducation en Nouvelle Guinée, paris, Payot 1973 p.
209
* 44 FAIK-NZUKI :
faits, constats et perspectives dans l'éducation en Afrique
Noire cité par Albertine Tshibilondi Cahiers de
l'UCAC n° 1 p. 122.
* 45 Napoléon Bonaparte
cité par DHAVERMAS O.: Droits des femmes : pouvoirs
des hommes, paris, seuil, 1978, p. 241.
* 46 In l'histoire
des femmes en Afrique, COQUERY-VDROVITCH. C. Cahier n°
11 Harmattan, paris, 1988, p. 91.
* 47 GALI GATA N.:
Tchad, guerre civile et désagrégation de
l'Etat, paris, Présence Africaine, 1985 p. 63.
* 48 KONTE G. :
femmes rurales dans les systèmes fonciers au Burkina-Faso,
cas de l'oudalan, du Sanmatenga in Politique Africaine
n° 65 p. 9.
* 49 VERHAEGEN B.,
Femmes Zaïroises Kisangani : combats pour la
survie, paris, l'Harmattan, 1992, p. 214.
* 50 Nous omettons volontiers
d'aborder la situation de la femme chez les animistes, car aujourd'hui cette
religion est en voie de disparition au Tchad. Elle fait place à l'islam
et au christianisme.
* 51 Hadith cité par
BUZZIVEIL L. : Analyse de la situation de la femme en Afrique
de l'Ouest et du Centre, Abidjan, CEPRASS, 2000, p. 67.
* 52 Cite Roby
Bois « les discours sur les femmes dans le
christianisme » IN Dore-Audibert (A) ;Bessis(S)(Sous dir)
Femmes de méditerranée
Paris,Karthala,1995,p78
* 53 Roby Bois op cit
p80
* 54 HENRY A. :
Tontines et Banques au Cameroun : les principes de la
société des amis, paris, Karthala, 1991, p. 105.
* 55 DAKOUMANDJE D. :
1997-1998 Les femmes et les tontines en milieu urbain : le cas
de la ville de Moundou au Tchad, UCAC-CY mémoire de
Maîtrise en Sciences Sociales 1999, 95p
* 56 MBAIPEUR N :
Femme, crédits et développement : l'action de
VITA/PEP à N'Djaména au Tchad, Mémoire de
Maîtrise en socio-Anthropologie, UCAC-ICY, juillet 2002.152p,.
* 57 Source : service des
données statistiques du Ministère de l'Education Nationale. La
scolarisation des filles va grandissant comme en témoigne ce tableau
ci-dessous.
* 58 Précisons que ce
chiffre date de 1993, jusque là aucun autre recensement n'a
été fait pour nous permettre de voir l'évolution ;
toutefois nous signalons qu' aujourd'hui, on rencontre plus de femmes
travailleuses tant du côté du secteur public que privé.
* 59 Nous tenons à
préciser que le nombre de ces associations féminines est
largement supérieur à celui fourni par la CELIAF, car la CELIAF
ne dispose que des données des associations qu'elle coordonne qui
d'ordinaire se situent dans les zones urbaines. Par contre les associations
féminines des zones rurales avec des structures de fonctionnement pas
très formalisées n'y figurent pas.
* 60 ZOBEL J., La
rue cases-nègres, Paris, Présence Africaine 1974
p.152.
* 61 EBOUSSI BOULAGA F.,
Les Conférences Nationales en Afrique Noire : une
affaire à suivre, Paris, Kart hala, 1993, p. 7.
* 62 Pour d'amples informations
se référer à BUIJTENHUIJS R., La
Conférence Nationale Souveraine du Tchad : un essai d'histoire
immédiate, paris, Karthala, 1993, 212 p.
* 63 Précisons que le
nombre des participants à cette conférence a varié dans
plusieurs documents que nous avons consultés. On avancé
tantôt le chiffre 1247 tantôt 1097, le chiffre que avons
gardé est celui qui figure dans FAURE P. (Sous DIR) La
société civile,
N'Djaména, CEFOD, 1995 p41.
* 64 FAURE P. op. cit. p...
* 65 BUIJTENHUIJS R.op cit p.
* 66 EBOUSSI BOULAGA F., op.
cit. pp. 9-10.
* 67 BUIJTENHUIJS R. Op cit p.
81.
* 68. BUIJTENHUIJS R, op cit
p. 81
* 69 BUYTENHUIJS. ibidem
* 70 ZANG NGUELE R.
« la marginalisation des femmes camerounaises dans les
instances nationales »IN EKABOUMA M.C (SOUS Dir.)
Pouvoir & Politique, Yaoundé, fondation
Friedrich Ebert Stiftung 1997, p. 3
* 71 Les données
figurant dans l'analyse ci-dessus ont été calculées
grâce aux archives fournies par le service de la documentation du
Secrétariat Général du Gouvernement Adjoint (SASGGA)
* 72 Compte tenu des
difficultés d'accès aux archives de la Commission Electorale
Nationale Indépendante, nous ne sommes pas à mesure de donner
avec exactitude le nombre de femmes candidates aux législatures.
* 73 Expression qui
désigne la poule dans le parlé Ngambay, utilisé ici pour
désigner des femmes aux moeurs légères qu'on offre
aux visiteurs.
* 74 Nom issu des langues du
groupe Sar, utilisé ici pour désigner les femmes libres.
|