Conclusion générale
Comment les femmes arrivent-elles à faire face aux
obstacles socioculturels et politiques pour se hisser dans les instances
décisionnelles de l'Etat ? Telle est l'interrogation majeure qui a
conduit à ce mémoire. Il s'agit de chercher à
déceler les moyens que les femmes utilisent pour parvenir à cette
fin. C'est dans le souci de répondre à cette interrogation que
nous avons émis les hypothèses selon lesquelles l'implication des
femmes dans les instances décisionnelles politiques est tributaire du
contexte politique qui connaît des mutations depuis 1990 d'une part et,
d'autre part, elle est fonction des facteurs liés à la
personnalité desdites femmes.
L'éclipse de la femme de la scène politique
s'explique, entre autres, par son statut traditionnel et le contexte
politico-institutionnel peu favorable. En effet, la femme est
considérée comme un être inférieur dans la
société traditionnelle. Cette situation est au fondement de
l'orientation de son éducation qui s'est faite dans le sens de son
rôle de mère de famille. Ayant reçu une éducation
qui inhibe toute prétention à être au-devant de la
scène publique en général et politique en particulier, la
femme n'a pas le droit de disposer de la terre et d'exercer librement une
activité lucrative. Cela réduit son pouvoir économique, la
rendant ainsi indéfiniment sous tutelle masculine.
Outre cette situation, le contexte politico-institutionnel
marqué par les guerres et les violences politiques n'a guère
favorisé l'émergence des femmes en politique. La vie politique
était fortement militarisée.
Peu scolarisées, victimes du sous-emploi et des
règles coutumières, les femmes ont été pendant
longtemps mises à l'écart de la gestion politique.
L'enjeu aujourd'hui pour le Tchad est de donner de nouvelles
orientations aux politiques nationales afin de permettre à la femme
tchadienne d'être un agent responsable du développement politique
de son pays. Et dépuis, avec l'amorce de la démocratisation qui a
conduit à la libéralisation de l'espace public, la femme se
manifeste de plus en plus publiquement.
Cette émergence politique se justifie par des
conditions favorables : nouvelle orientation de l'éducation,
l'accès à l'emploi, l'édiction des législations
plus favorables à la femme, l'amélioration du statut
socio-économique, etc.
Contrairement à la voie classique d'entrée dans
la vie politique, c'est-à-dire à travers les formations
politiques, l'émergence féminine en politique est beaucoup plus
l'oeuvre des organisations de la société civile.
Force est de souligner que même dans l'exercice de
l'activité politique, les femmes continuent d'être victimes des
discriminations. Ces discriminations s'articulent autour de la survivance des
considérations traditionnelles d'un côté et du comportement
parfois complice de la femme elle-même de l'autre.
Mais au-delà de tout cela, la démocratie
implique la participation de tous les citoyens dans la gestion des affaires de
la cité. Ainsi, l'intégration de la femme est nécessaire
pour l'humanisation de la vie politique qui n'a que trop souffert de
l'infirmité unipolaire. Dans ce sens, la femme tchadienne a beaucoup
à apporter car elle n'a pas été aussi salie comme ses
frères. Cette intégration est non seulement nécessaire et
impérative mais elle constitue également un défi pour une
vraie démocratie sans laquelle aucun développement harmonieux,
libre et durable ne sera possible.
D'où l'impérieuse nécessité de
soutenir l'action politique féminine en institutionnalisant le
système de quota dans les listes électorales, en finançant
les femmes, ou encore les aidant à organiser leur campagne politique.
C'est seulement dans cette optique que nous pourrons donner force à
l'assertion : « La femme est l'avenir de
l'humanité ». Elle est à ce titre incontournable pour
la survie de cette humanité. L'équilibre humain ne peut donc
être atteint que dans la parfaite symbiose entre l'homme et la femme pour
l'unité de la nation.
La promotion politique de la femme nous paraît comme une
voie obligée pour le développement de la société
tchadienne. Dès lors, la participation de la femme à la vie
politique est une nécessité démocratique.
Ce travail sur la participation de la femme à la vie
politique au Tchad n'a certes pas épuisé tous les aspects de la
question, notamment l'activisme politique. Cela nous aurait permis de mesurer
l'implication des femmes dans les structures de leurs partis politiques
respectifs, leur capacité à être leaders politiques, ou
encore leur action dans les revendications politiques et civiques.
Au demeurant, ce travail a permis de jeter un regard sur la
place qu'occupent les femmes dans les instances décisionnelles, de
visiter les structures qui oeuvrent pour l'éclosion de la femme tant
dans le domaine politique que socio-économique. Il a par ailleurs permis
de poser les jalons d'une structure dont la mise en pratique contribuerait
à accroître l'effectif et assurer le positionnement des femmes en
politique.
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