L'influence du milieu criminogène sur la personnalité du délinquant: L'exemple de la ville de Dschang( Télécharger le fichier original )par Edmond Rostand Nsheuko Université de Dschang - Maitrise en droit et carrières judiciaires 1998 |
Section 2 : La protection de la santé physique et morale des détenus.La nécessité d'humaniser les conditions de détention entraîne celle de prendre en compte aussi bien la santé physique que morale des détenus. La simple privation de la liberté étant déjà en elle-même une peine assez difficile à purger, il ne faut pas qu'on y ajoute encore un mauvais traitement. Dans le but de laisser aux détenus un minimum de dignité personnelle, on doit s'occuper aussi bien de leur santé physique (A) que de leur santé morale (B). Paragraphe 1: La santé physique des détenus.La santé physique implique deux aspects fondamentaux, l'entretien des détenus (A), leur hygiène et les soins médicaux (B). A- L'entretien des détenus.
Il implique la fourniture de la nourriture et le matériel de couchage. En ce qui concerne la nutrition, elle devrait être équilibrée et suffisante tel que prévu par l'article 29 du décret N? 92/052. Dans la prison principale de Dschang, non seulement les détenus n'ont qu'un seul repas par jour, ce dernier s'avère qualitativement et quantitativement insuffisante48(*). Cette mal nutrition entraîne fréquemment des maladies au sein de la population carcérale tel que le mal d'estomac49(*). Quant au matériel de couchage, il existe dans une certaine mesure mais la quantité est réduite. Les lits qui existent sont parfois dépourvus de matelas et les couvertures laissent à désirer. La plupart de ces matériels ayant servi à plusieurs générations de détenus, ils ne sont pas le plus souvent désinfectés avant toute nouvelle utilisation d'où la présence permanente de certaines maladies telle que la galle et les poux au sein de la population carcérale50(*).
B- L'hygiène et les soins médicaux.L'hygiène englobe aussi bien l'hygiène corporelle des détenus que l'entretien des locaux . En ce qui concerne l'hygiène corporelle, l'article 32 al.2 du décret N? 92/052 prévoit qu'« aussi souvent que possible, tous détenus doivent prendre un bain à l'heure chaude de la journée. Les condamnés doivent avoir les cheveux coupés ras ». Dans la prison principale de Dschang, les détenus malgré le fait qu'ils ne disposent que de deux salles de bain pour environ 300 personnes, ont au moins la possibilité de prendre un bain. Mais au cours de leur bain, les détenus sont presque obligés d'exposer leur nudité à tout passant, les salles de bains n'ayant pas de porte51(*). En plus de cela, rares sont ceux des détenus qui disposent en permanence d'un morceau de savon pour leur bain. Ceci explique la présence quasi permanente de la galle et d'autres maladies de la peau au sein de la population carcérale. En ce qui concerne l'habillement des détenus, l'administration pénitentiaire ne remettant pus d'uniforme aux détenus comme prévu à l'art. 30 al. 1, chaque détenu doit alors s'occuper de son habillement. Les habits arborés par les détenus de la prison de Dschang étant pour la plupart d'une propreté douteuse et le vêtement étant un moyen d'expression et de perception de la personnalité, lorsqu'ils sont dégradants et humiliants, peuvent alors provoquer des réactions psychologiques génératrices de troubles variés. Quant à l'entretien des locaux prévu par l'art. 10 du décret N? 92/052, il n'est pas toujours de rigueur dans la prison si l'on s'en tien à la puanteur des salles de bain et des toilettes qui y rendent l'air parfois irrespirable à certaines heures chaudes de la journée. Ce manque d'hygiène peut parfois avoir des conséquences néfastes pour la santé des détenus car pouvant être la cause de certaines maladies. Les soins médicaux découlent de la prérogative accordée aux détenus de se faire soigner en cas de maladie. Les mauvaises conditions de vie telles que décrites plus haut exposent les détenus à de nombreuses maladies. La prison de Dschang malgré le fait qu'elle dispose d'une infirmerie, fait face à des problèmes d'équipement et de médicaments. Lorsqu'un pensionnaire est gravement malade, il est en principe transféré dans un centre hospitalier, mais à la condition qu'il dispose d'assez de moyen pour se faire soigner. Le défaut de moyen est synonyme de mort certaine52(*). * 48 De tous les délinquants que nous avons interrogés, la quasi totalité estime cette ration alimentaire qualitativement et quantitativement insuffisante. * 49 V. Rapport, inédit, P. 2. * 50 Rapport, ibidem. * 51 V. Rapport. * 52 Il ressort de nos entretiens avec certains détenus qu'une épidémie de diarrhée rouge a produit au mois de Janvier 1999 environ 17 morts dans la prison, pour la plupart dus au manque de soins. |
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