Dédicace
Je dédie ce mémoire
- A mes parents MUSOM DOKO Lucas et TCHOUASSI Louise
Paulette.
- A mes frères et soeurs, Yves SIDJUI, Stéphanie
NGALASSUM, Marie-Reine FANSI,
Laure MENIASUM et Théophane SIDJUI.
Remerciements
J'aimerais adresser mes vives
remerciements
- A toute la famille MUSOM, dont l'union, la
solidité et le dévouement a toujours été ma source
d'inspiration.
- A mon Directeur de memoire Mr. Max Arthur
TAMKO, dont la disponibilité, les conseils et les
encouragements ont guidé mes premiers pas sur les chemins de la
recherche.
- Au Professeur ANOUKAHA FRANCOIS,
doyen de la faculté, pour sa soif intarissable de donner à notre
formation un label de grande qualité.
- A Monsieur le régisseur et au personnel
d'encadrement, ainsi qu'à tous les détenus de la prison principal
de Dschang.
- A mes camarades et amis, Joëlle NGASSI,
Chrystelle NTEGHOMO, Shirley Forchap, Severine TCHOUALA, Emile Derlin KEMFOUET,
Victor NOUBISSI et Basile TEKAM, pour votre assistance et soutien
technique.
- A Ernestine EKUM, Adeline TCHIAKOUA, Rachel MANODJI,
Simplice KENMEGNI, Alain TAKOUGANG et ZANGUE Flaubert, pour vos
encouragements et votre soutien moral.
Principales
Abréviations
al. Alinéa
art Article
cor Chambre correctionnelle
crim Chambre criminelle
cp Code pénal
D Dalloz
MINAS Ministère des affaires sociales
op cit ouvrage cité
supra ci-dessus
T Tome
TGI Tribunal de Grande Instance
TPI Tribunal de Première Instance
Sommaire
Dédicace
i
Remerciements
i
Principales Abréviations
i
INTRODUCTION GENERALE
1
TITRE I
3
LE MILIEU CRIMINOGENE COMME ELEMENT FONDAMENTAL
DANS LE PROCESSUS D'ÉLABORATION DE LA PERSONNALITÉ DU
DÉLINQUANT DANS LA VILLE DE DSCHANG
3
CHAPITRE PRELIMINAIRE:
4
GENERALITES SUR L'INFLUENCE DU MILIEU CRIMINOGENE
SUR LA PERSONNALITE DU DELINQUANT
4
Section 1 : le concept de milieu criminogène
en criminologie
4
Paragraphe 1: Définition et
caractéristiques du concept de milieu
4
A- Définition du concept
5
B- Caractéristiques du milieu.
5
Paragraphe 2: Les divers types de milieu
5
A- Le milieu physique.
5
1- Le milieu géographique
5
2- Le peuplement
5
B- Le milieu social
6
1- Le milieu social général
6
2- Le milieu personnel
6
Section 2 : Les manifestations de l'action du
milieu criminogène sur la constitution de la personnalité du
délinquant.
7
Paragraphe 1 :L'action générale du
milieu criminogène sur la personnalité de l'individu.
7
A- Le processus de socialisation.
7
B- L'émergence de la personnalité
délinquantielle.
7
Paragraphe 2 : Le passage de l'acte criminel sous
la pression des facteurs du milieu.
8
A- La situation pré-criminelle.
8
B- La réitération du comportement
criminel.
9
Section 1 : L'influence du milieu
inéluctable sur la personnalité du délinquant.
9
Paragraphe 1 : L'influence de la famille
d'origine.
10
A- La structure de la famille.
10
1- Le système matrimonial.
10
2- La dissociation familiale.
11
B- L'importance numérique de la
famille.
11
1- Le nombre d'enfant.
12
2- Le rang occupé par l'enfant.
12
C- Le niveau social et économique de la
famille.
13
D- La valeur de la famille.
14
1- La carence affective.
14
2- La carence éducative.
14
3- La famille corruptrice.
15
Paragraphe 2 : L'influence de l'habitat et du
voisinage.
16
A- L'influence de l'habitat.
16
B- L'influence du voisinage.
17
Section 2: L'influence du milieu occasionnel.
17
Paragraphe1 : L'influence du milieu
scolaire.
18
Paragraphe 2 : Le milieu d'orientation
professionnelle.
19
Section 3 : L'influence du milieux choisi ou
accepté.
19
Paragraphe 1 : Le foyer personnel.
19
A- L'existence du foyer.
19
B- L'équilibre du foyer.
20
1- La nature de la famille propre.
20
2- La dissociation familiale.
21
3- Le nombre d'enfants.
21
Paragraphe 2 : Le milieu professionnel et les
loisirs
21
A- Le milieu professionnel.
21
B- Les loisirs.
22
LE MILIEU SUBI : LE MILIEU CARCERAL ET LE
PROBLÈME DE LA RÉINSERTION SOCIALE DES DÉLINQUANTS DANS LA
VILLE DE DSCHANG.
23
Section 1 : Le régime pénitentiaire
appliqué à la prison principale de Dschang.
24
Paragraphe 1: Avantages et inconvénients du
régime pénitentiaire appliqué à la prison
principale de Dschang.
24
Paragraphe 2: Les conditions de détention
dans la ville de Dschang.
24
A- Les structures d'encadrement.
25
B- Le personnel d'encadrement.
25
Section 2 : La protection de la santé
physique et morale des détenus.
26
Paragraphe 1: La santé physique des
détenus.
26
A- L'entretien des détenus.
26
B- L'hygiène et les soins
médicaux.
26
Paragraphe 2 : La santé morale des
détenus.
27
A- Les rapports entre le milieu carcéral et
le monde extérieur.
27
1- La préservation des liens familiaux et
amicaux
27
a- Les visites et les permissions de sortie.
27
b- La correspondance avec les détenus.
28
2- L'information des détenus.
28
B- L'action socio-éducative dans le milieu
carcéral.
28
1- Les activités organisées par les
autorités pénitentiaires.
28
a- Les loisirs et activités culturelles.
28
b- La formation professionnelle.
29
2- Les activités organisées par les
auxiliaires de l'administration pénitentiaire.
29
a- L'assistance sociale aux détenus.
29
b- L'assistance spirituelle.
30
CHAPITRE 1
31
LA LOI PÉNALE CAMEROUNAISE ET LA LUTTE
CONTRE L'INFLUENCE NÉGATIVE DU MILIEU CRIMINOGENE DANS LA VILLE DE
DSCHANG.
31
Section 1 : Les mesures directes du code
pénal sur le milieu.
31
Paragraphe 1 : La fermeture
d'établissement.
31
A- Le domaine de la fermeture
d'établissement.
31
1- Les établissements concernés.
32
2- La prévision de la sanction.
32
B- Les effets de la sanction
33
1- Les personnes condamnées
33
2- Le propriétaire du local
33
Paragraphe 2 : L'engagement préventif
des parents ou tuteurs (article 48 du code pénal)
33
A- Les conditions d'application de l'engagement
préventif.
34
1- La commission d'une infraction par un mineur de
18 ans
34
2- La constatation par le tribunal de
l'infraction
34
B- Les effets de l'engagement préventif
34
1- Engagement des parents : Une mesure
temporaire.
34
2- Engagement des parents : obligation de
moyen
35
Section 2 : Les actions indirectes du code
pénal sur le milieu.
35
Paragraphe 1 : L'interdiction de
profession
35
A- Les conditions d'application de l'interdiction
de profession.
35
1- L'existence d'une relation directe entre
l'infraction et la profession.
36
Paragraphe 2 : Les obligations
spéciales et les déchéances (art.30 et art.42 du c.p.)
38
A- Les interdictions.
38
1- L'interdiction de paraître et de
fréquenter certains lieux (art.42 al.2 et 8 du c.p.).
38
2- L'interdiction de fréquenter ou de
recevoir certaines personnes (art.42 al.11 et 12)
38
3- L'interdiction d'exercer certaines
activités (art . 42 al. 7 et al. 9).
38
1- L'obligation de résidence (art.42
al.1)
39
2- L'obligation d'exercer une activité
professionnelle.
39
3- L'obligation de contribuer aux charges
familiales (art.42 al. 5).
39
C- Les déchéances (art. 30).
40
LES MESURES DE PRÉVENTION ET DE
RESOCIALISATION POUVANT ETRE MISES EN PLACE DANS LA VILLE DE DSCHANG.
40
Section I : L'action préventive en
milieu ouvert.
41
Paragraphe 1 : La prévention dans le
cadre familial.
41
A- L'éducation à la parenté
responsable.
41
B- L'éducation de l'enfant en milieu
familial.
42
Paragraphe 2 : La prévention dans le
milieu extra familial.
43
A- L'amélioration des performances
scolaires.
43
1- La lutte contre l'absentéisme et
l'exclusion.
43
2- La stimulation de l'intérêt des
parents pour l'éducation de leurs enfants.
44
B- La lutte contre le chômage
45
C- L'instauration de la sécurité dans
le voisinage.
45
1- L'amplification de l'action des forces de
l'ordre
46
2- L'éclairage de certains coins de la
ville.
46
Section II : La prévention en milieu
fermé : Pour une meilleure resocialisation des
délinquants
46
Paragraphe 1 : L'humanisation de la vie en
milieu carcéral
46
A- La diminution et la classification de la
population carcérale
46
B- L'organisation et la rémunération
du travail pénitentiaire.
47
Paragraphe 2 : L'assainissement du monde
carcéral.
47
A- L'amélioration de la santé
physique.
47
B- Une prise en compte effective de la santé
morale des pensionnaires.
48
BIBLIOGRAPHIE
49
I- OUVRAGES GENERAUX
49
II- OUVRAGES
SPECIALISES
49
III-
MEMOIRES
49
IV- ARTICLES ET
RAPPORTS
49
V-
TEXTES
49
INTRODUCTION GENERALE
Le problème de la criminalité revêt de
nos jours dans notre société un aspect assez inquiétant,
aussi bien pour les autorités que pour les citoyens. La criminologie qui
est habituellement considérée comme la science des causes du
crime1(*) s'est depuis
longtemps penchée sur ce phénomène.
Cette étude débute réellement au
XIXe siècle avec l'école positiviste fondée par
LOMBROSO2(*) qui attribue
aux facteurs individuels, une importance fondamentale dans la causalité
du crime. Cette manière d'imputer la délinquance aux facteurs
d'un déterminisme biologique sera critiquée par les tenants de
l'école franco-belge du milieu social dont l'un des représentants
les plus connus est Gabriel TARDE3(*), qui se souciera plus d'expliquer les
phénomènes individuels qu'est la criminalité et surtout
d'étudier le rôle joué par la société
elle-même dans la formation du délinquant à travers
l'étude du milieu dans lequel naît, grandi et vit le criminel. Le
différend parfois très vif qui opposa les deux écoles
aboutira à un compromis que VON LISZT résumera en disant
« le crime est le produit des facteurs individuels et des facteurs
sociaux au moment du crime »4(*).
Parler de l'influence du milieu criminogène sur la
personnalité du délinquant, renvoie à l'étude des
facteurs sociaux qui entrent en ligne de compte dans le processus
d'élaboration de la personnalité de ce dernier.
Le milieu étant un ensemble de facteurs qui agissent
de façon permanente et durable sur les êtres vivants, il est
à noter qu'il englobe l'entourage social ou le groupe de personnes parmi
lesquelles quelqu'un vit habituellement ou en général la
société dont il est issu. Parler du milieu criminogène
renvoie à tout milieu qui comporte des éléments, quelle
que soit leur nature, pouvant engendrer des actes criminels.
La personnalité quant à elle est un ensemble
formé par des comportements, des aptitudes, des motivations dont
l'unité et la permanence constituent l'individualité, la
singularité de chacun.
L'influence du milieu criminogène n'étant pas
identique selon qu'on se trouve dans un milieu ou dans un autre, notre travail
est circonscrit dans le cadre précis de la ville de Dschang, chef lieu
du Département de la Menoua, créée en 1903 par les
Allemands, d'une superficie de 585 km2 et d'une population
estimée en 1997 à 50 000 habitants5(*).
Le travail que nous avons à effectuer devra
être la réponse à une question qui est celle de savoir dans
quelle mesure les facteurs criminogènes qui existent dans le cadre de la
ville de Dschang peuvent forger la personnalité d'un individu au point
de le faire entrer dans la catégorie des délinquants. Il
consistera à démontrer comment le milieu imprègne un
comportement délinquantiel à un individu, à travers un
long et lent processus qu'est la socialisation allant de la naissance de
l'individu jusqu'à ce qu'il commette une infraction qui le classe dans
la catégorie des délinquants. Nous devons alors déceler
dans les divers milieux qui constituent la ville de Dschang les
éléments négatifs qui peuvent contribuer à la
formation de la personnalité du délinquant. Ceci consiste
à diagnostiquer un problème qui non seulement n'est pas propre
à notre société, mais aussi varie en ce qui concerne sa
gravité d'un milieu à un autre. Par conséquent, les
solutions trouvées ailleurs ne sont pas automatiquement transposables
dans notre milieu.
Plusieurs théories ont été
élaborées pour expliquer l'influence du milieu sur la
personnalité du délinquant. Ces théories entrent dans le
cadre des systématisations d'ordre psycho-social visant à
favoriser une meilleur appréhension de la personnalité du
criminel. Il en est ainsi de la théorie écologique de CLIFFORD
SHAW6(*) et de la
théorie de l'association différentielle de SUTHERLAND7(*).
En ce qui concerne la théorie écologique, elle
met en lumière l'influence d'un entourage spécifique dans la
formation de la personnalité. Pour cette théorie, ce sont les
circonstances sociales et économiques d'une zone géographique
déterminée (densité de la population, niveau
économique notamment ) plutôt que la nature du groupe
intéressé qui exerce une influence décisive sur le taux de
la délinquance. La structuration de la personnalité est
liée non pas à l'origine de la population, mais à
l'installation dans une zone d'habitation défavorable.
Quant à la théorie de l'association
différentielle, il est à noter qu'elle affirme que chaque
personne assimile inévitablement la culture environnante, à moins
qu'il n'y ait d'autre modèle en conflit avec. Pour SUTHERLAND, le
comportement criminel n'est pas héréditaire mais appris au
contact d'autres personnes, par un processus de communication. Il s'apprend
surtout à l'intérieur d'un groupe restreint de relations
interpersonnelles (famille, bande...) et il dépend alors des rapports
qui existent dans ce groupe entre les interprétations
défavorables au respect de la loi pénale et celles qui sont
favorables à celles-ci.
De nombreux travaux basés sur ces diverses
théories ont montré comment un individu en apprenant à
parler, apprend à penser et à agir8(*). C'est souligner ici l'importance de la niche
écologique à tout point de vue: affectif, éducatif,
culturel, socio-économique... Le complexe processus de socialisation
dépend ainsi fondamentalement de l'apprentissage, de l'imitation du
rôle essentiel d'assistance et de collaboration entre adulte et enfants
« l'adulte agissant comme médiateur de la
culture »9(*).
Selon la solidité des liens sociaux, l'intégration sera la
règle, la délinquance l'exception.
Comme dans toutes sciences, la théorie et la recherche
sont indispensables en criminologie. Des sondages sont utilisés pour
tester les aspects des différentes théories
élaborées. La personnalité étant un ensemble de
facteurs, nous avons utilisé dans le cadre de nos travaux, l'analyse
factorielle qui consiste à obtenir des informations d'un certain nombre
d'individus concernant leur situation pour valider nos affirmations et tirer
des prévisions10(*), ainsi que la méthode de l'observation
directe.
La prison étant un milieu hautement
criminogène, et où on retrouve ceux que la société
considère comme étant des délinquants, dans le but d'avoir
des informations, nous y avons effectué plusieurs visites pour mieux
appréhender la situation des détenus. Ensuite, nous avons
élaboré un questionnaire auquel ces derniers ont
été soumis. En plus de la prison, nous avons visiter plusieurs
autres milieux à l'exemple des établissements scolaires
(primaires et secondaires), le service social, la gare routière
où nous avons pu recueillir des informations.
N'ayant pu trouver de travaux effectués dans le
domaine de la criminologie au Cameroun et pouvant nous servir pour la
comparaison des données, notre travail présente alors un
intérêt certain sur plusieurs plans.
Sur le plan social, à travers l'étude des
statistiques recueillis, on pourra dans le cadre de la lutte contre la
criminalité mesurer l `ampleur des différentes causes
soulignées de celles-ci dans la ville de Dschang et par la suite,
essayer de détruire le mal à sa source. Cette destruction
nécessite l'élaboration des solutions, des règles
précises et pratiques, qui pourront cadrer avec les
réalités sociales du milieu .
Sur le plan pratique, ce travail pourra intéresser
aussi bien les chercheurs (criminologues, sociologues...) désireux
d'étudier ce phénomène à une échelle plus
élevée que toute personne qui entend avoir des informations sur
l'impact du milieu sur le phénomène criminel à Dschang.
Au plan juridique enfin, c'est le lieu d'évaluer les
mesures de prévention, d'éradication mises sur pied par le
législateur, qui entrent dans le cadre de la lutte contre l'influence du
milieu en particulier et de la criminalité dans son ensemble.
De l'analyse des informations que nous avons recueillies, il
ressort que le milieu lorsqu'il est criminogène joue un rôle assez
important dans la formation de la personnalité du délinquant. De
là, notre travail sera axé sur deux points. D'abord nous verrons
que le milieu est un élément fondamental dans le processus
d'élaboration de la personnalité du délinquant dans la
ville de Dschang ( titre I ) et ensuite les mesures préventives et
curatives de l'influence négative du milieu criminogène sur la
personnalité du délinquant ( titre II ).
TITRE I
LE MILIEU CRIMINOGENE COMME
ELEMENT FONDAMENTAL DANS LE PROCESSUS D'ÉLABORATION DE LA
PERSONNALITÉ DU DÉLINQUANT DANS LA VILLE DE DSCHANG
La formation de la personnalité d'un individu,
nécessite l'intervention d'un certain nombre de facteurs et suit un
cheminement clairement défini.
Cette personnalité, qui se dégage du comportement
affiché par l'individu n'étant pas identique dans tous les cas,
elle varie selon la combinaison de ces facteurs dans le milieu où vit
celui-ci et des facteurs individuels propres à ce dernier.
Pour mieux apprécier l'ampleur du milieu
criminogène sur la formation de la personnalité du
délinquant dans la ville de Dschang, nous avons estimé
nécessaire de procéder par un calcul statistique. Ceci nous
permettra, d'avoir une idée sur l'étendue de l'action
exercée par certains milieux sur la délinquance des enfants et
des adultes.
Nous sommes ainsi allés vers ceux que la
société considère comme des délinquants, en
l'occurrence les détenus de la prison principale de Dschang, en vue de
déterminer l'influence négative qu'a pu avoir le milieu sur leur
personnalité. Nous avons ainsi eu à soumettre 65 détenus
à un questionnaire préalablement établi, parmi lesquels 5
détenus adultes de sexe féminin, 5 détenus mineurs de sexe
masculin11(*) et 55
détenus adultes de sexe masculin. La seule condition pour faire partie
de ce groupe étant d'avoir passé une grande partie de sa jeunesse
dans la ville de Dschang et ses environs (dans l'arrondissement de Dschang).
L'individu durant son existence étant appelé
à passer par plusieurs milieux, cette étude a été
faite, tenant compte de la distinction faite par DE GREEF au sein du milieu
personnel, en milieu inéluctable, milieu occasionnel, milieu choisi ou
accepté et milieu subi12(*). Les trois premiers milieux se rapportant à la
vie du délinquant avant la commission de l'acte criminel, il nous est
apparu nécessaire, tenant compte de la nécessité d'une
réinsertion sociale des délinquants, de mettre un accent
particulier sur l'influence du milieu subi. Ainsi dans ce titre, nous verrons
d'abord l'existence vécu par le délinquant depuis le milieu
familial jusqu'au milieu socioprofessionnel à l'époque du crime
(chapitre 1) et ensuite le milieu subi, à travers l'étude du
milieu carcéral et le problème de la réinsertion sociale
des délinquants dans la ville de Dschang ( (chapitre 2). Mais les
données seront difficiles à comprendre si nous ne prenons pas la
peine dès le départ de donner des éclaircissements sur
certains aspects du problème. C'est ainsi qu'interviendra un chapitre
préliminaire, portant sur les généralités sur
l'influence du milieu criminogène.
CHAPITRE PRELIMINAIRE:
GENERALITES SUR L'INFLUENCE
DU MILIEU CRIMINOGENE SUR LA PERSONNALITE DU DELINQUANT
L'individu, une fois né, doit pouvoir s'insérer
dans le monde des humains. Il construit sa conduite pour répondre aux
attentes du groupe dont il est membre et, entrer dans le monde social en
faisant sienne les structures et les conventions de la vie établies par
autrui. cette harmonisation du comportement de l'individu avec celui du groupe
s'effectue à travers la socialisation qui occupe une place
extrêmement importante dans toute réflexion sur les processus
sociaux. La pression exercée par le groupe à travers la
socialisation ayant pour but l'adaptation aux normes et aux usages par
l'individu, le résultat va alors varier selon la manière dont ces
influences diverses sont traitées par l'individu pour prendre figure de
réponse de sa part en terme de comportement. En cas d'adaptation aux
normes et usages on parlera de conformisme, mais il peut arriver que l'individu
ne se conforme pas à ceux-ci et se retrouve classé dans la
catégorie des délinquants.
A ce niveau, on pourrait se poser la question de savoir en
quoi consiste ce groupe qui produit des normes et des usages, auxquels
l'individu devrait automatiquement se conformer. Ce groupe en fait n'est rien
d'autre que l'ensemble formé par les divers milieux à travers
lesquels l'individu devra passer au cours de sa vie. La notion de milieu
étant en elle-même assez complexe, il est nécessaire de
cerner au préalable ses contours telle qu'elle apparaît en
criminologie (section 1 )et ensuite de tabler sur les manifestations du milieu
criminogène sur la constitution de la personnalité du
délinquant ( section 2).
Section 1 : le concept de milieu
criminogène en criminologie
Le concept de milieu qui décrit un aspect
spécifique du phénomène criminel fait partie d'un ensemble
de terme propre à la criminologie ayant soit un but descriptif soit un
but explicatif du phénomène criminel. Cet ensemble constitue ce
qu'on appelle « concepts opérationnel »13(*). Lorsqu'on ajoute à ce
concept le qualificatif « criminogène », cela
renvoie à quelque chose de spécifique que pour mieux cerner, il
nous paraît nécessaire de s'attarder d'abord sur la
définition et les caractéristiques du concept (paragraphe 1) et
ensuite on pourra déterminer les divers milieux criminogènes
(paragraphe 2).
Paragraphe 1:
Définition et caractéristiques du concept de milieu
Ce concept pour être mieux appréhendé non
seulement doit être défini (A) mais aussi l'on doit se pencher sur
ses caractéristiques (B).
A- Définition du
concept
Le concept de milieu dans son sens courant désigne le
monde environnant dans le quel un individu se trouve. Ce monde est
composé aussi bien des personnes avec lesquelles l'individu vit, que
celles lesquelles il a des rapports plus ou moins étroits et qui font
partie à des degré divers de son univers. Cette notion englobe
aussi celle d'environnement physique au sein duquel une personne
évolue. Elle implique dans une certaines mesure, les endroits où
l'individu a l'habitude de se trouver.
B-
Caractéristiques du milieu.
Le milieu comporte en criminologie deux
caractéristiques fondamentales. Il a un caractère dynamique et un
caractère subjectif .
Le caractère dynamique découle du fait que le
milieu n'est pas une réalité statique, mais au contraire un
phénomène dynamique en interaction constante avec l'individu. Le
milieu agit sur l'individu et ce dernier agit sur le milieu. Le milieu marque
son influence sur l'individu qui y vit en lui imposant dès la prime
enfance, un mode de communication, des goûts des habitudes qu'il pourra
peut-être renier lorsqu'il aura atteint un certaine maturité
d'esprit ou qu'il pourra conserver pour toujours.
Quant au caractère subjectif, il est à noter au
préalable que « le milieu est toujours une ambiance
vécue par l'homme ». C'est un fait objectif, mais la
signification qu'on donne à son influence doit être subjective. Le
milieu peut être le même pour plusieurs individus, mais son
influence sur chacun d'eux dépendra de son degré de
réceptivité.
Paragraphe 2: Les divers
types de milieu
En criminologie, l'on distingue traditionnellement deux types
de milieu. Il s'agit du milieu physique (A) et du milieu social (B).
Néanmoins il existe d'autre distinctions qui méritent
d'être évoquées.
A- Le milieu
physique.
Le milieu physique est constitué d'une part du milieu
géographique (1) et d'autre part du peuplement (2).
1- Le milieu
géographique
Le milieu géographique est l'environnement naturel du
lieu où se trouve l'individu. Son influence varie dans le temps et dans
l'espace.
Dans le temps il englobe les variations de saisons (saison
sèche, saison pluvieuse). Mai il est à remarquer que ces
variations, quand elles ne correspondent pas à des évidences sont
contestables: L'homme, animal à thermo régulation échappe
à beaucoup de changement de température.
Dans l'espace, il répond à la loi
« thermique de la délinquance » telle
qu'élaborée par QUETELET qui estime qu'en pays froid il existe
plus de crimes contre la propriété tandis qu'en pays chaud l'on a
plus des crimes contre les personnes.
2- Le peuplement
Le peuplement tient compte non seulement du nombre de
personnes vivant dans un milieu, mais aussi leur nature, leur provenance, leur
âge et mode de vie. Le grand nombre d'individus et surtout la forte
concentration favorisent les rapports sociaux, mais aussi le
développement de la délinquance. Ainsi entrent en compte, des
données tel que le chiffre de la population, ses zones de concentration
, le taux de natalité et de mortalité et le nombre de
migrants.
B- Le milieu social
Le milieu social comporte deux principaux aspects. Il s'agit
du milieu social général (1) et du milieu personnel (2).
1- Le milieu social
général
Il intéresse la macro-criminologie et est
formé par toute les conditions générales de la
société qui produisent des conséquences communes à
tous les citoyens d'un même pays. Il englobe le milieu économique,
le milieu politique et le milieu intellectuel.
Le milieu économique tient compte de facteurs
économiques personnels (pauvres, aisés ou riches ) et collectifs
( passage d'une économie agricole à une économie
industrielle, baisse des prix entraînant la hausse du pouvoir d'achat,
période de crise économique...).
Le milieu politique peut être appréhendé
sur le plan de la politique intérieure (l'exercice de certaines
activités politiques) et sur le plan de la politique
extérieure.
Le milieu intellectuel prend en considération les
moyens de communication de la pensée (la presse, la radio, la
télévision, la littérature...) qui sont susceptibles
d'encourager des formes d'avilissement et de médiocrité de nature
à diminuer les facteurs et à développer l'attitude
permissive de la société.
2- Le milieu personnel
Intéressant plus particulièrement la
micro-criminologie et encore appelé « ambiance de
développement", il touche l'environnement immédiat de l'individu.
DE GREEF le subdivise en quatre parties : Le milieu inéluctable, le
milieu occasionnel, le milieu choisi ou accepté et le milieu subi.
Le milieu inéluctable est celui dans lequel l'individu
ne peut ne pas vivre d'abord du fait de sa naissance et ensuite de son
environnement immédiat. Il comprend entre autres des milieux tels que la
famille d'origine, l'habitat, le voisinage dont la présence permanente
fait en sorte qu'il soit sérieusement pris en compte dans les
études criminologiques.
Le milieu occasionnel est celui des premiers contacts sociaux
Il englobe le milieu scolaire, l'orientation professionnelle ou le milieu du
service militaire lorsqu'il est obligatoire.
Le milieu choisi ou accepté comprend le foyer
personnel, le milieu professionnel et les loisirs. Il renseigne sur les
goûts et tendances d'un individu et révèle certains aspects
de sa personnalité.
Le milieu subi enfin, est celui dans lequel se trouve
plongé le délinquant lorsqu'il est arrêté,
jugé et condamné à une peine privative de liberté.
C'est ainsi que l'on étudie l'ensemble formé par le
système de justice pénale. Police, tribunal et prison.
Section 2 : Les manifestations
de l'action du milieu criminogène sur la constitution de la
personnalité du délinquant.
La personnalité selon OLOF KIMBERG étant la
somme algébrique des tendances réactionnelles du sujet14(*), elle forme avec le milieu une
totalité fonctionnelle et lorsqu'un des éléments change,
le total fonctionnel change aussi15(*). Le caractère dynamique du milieu fait en
sorte que son action sur les individus s'étale tout au long de la
formation de leur personnalité. De là, nous verrons d'abord
l'action générale du milieu sur la formation de la
personnalité de l'individu (paragraphe 1) et ensuite le passage à
l'acte criminel sous la pression des facteurs du milieu (paragraphe 2).
Paragraphe 1 :L'action
générale du milieu criminogène sur la personnalité
de l'individu.
La personnalité de l'individu qui se forme
jusqu'à l'âge de 25 ans environ16(*) est la résultante d'un long et lent processus
qu'est la socialisation dont l'action normale devrait aboutir à
l'adaptation des membres du groupe aux valeurs du groupe. Il s'avère
alors nécessaire de voir ici quel est le processus de socialisation (A)
et ensuite l'émergence de la personnalité délinquantielle
(B) qui marque un échec du processus.
A- Le processus de
socialisation.
La socialisation dans son sens traditionnel, désigne
les expériences de l'apprentissage social à travers lesquelles,
l'enfant franchit progressivement les divers étapes de son
évolution en apprenant à s'intégrer à l'univers
familial, à intérioriser les premières données de
la morale et de la culture, à connaître les normes et les valeurs
. Les processus de socialisation peuvent apparaître sous trois
dimensions.
D'abord l'intégration sociale qui découle de
l'orientation des conduites résultant de l'apprentissage des
rôles, des attitudes et des sentiments que les parents et la
société suscitent chez l'enfant ou lui imposent.
Ensuite, l'identification à travers laquelle
l'individu intériorise des traits d'autrui qui lui servent de
modèle et à partir de quoi il tiendra à s'adapter
socialement.
Enfin, la construction d'une image sociale de soit,
façonnée par les valeurs qui sont l'objet d'une adhésion
particulière selon la culture dans laquelle se trouvent les individus.
La résultante de ce processus étant en principe le conformisme,
l'on pourrait se demander comment s'opère la structuration de la
personnalité dans un sens délinquant.
B- L'émergence de
la personnalité délinquantielle.
Tous les hommes vivant dans un milieu, subissent l'influence
de ce dernier mais tous ne deviennent pas des délinquants. Il a
été démontré qu'il existe certains
« freins moraux » chez les non délinquants qui sont
absents ou diminués chez les délinquants, et qui empêche de
délinquer. Il peut s'agir de la crainte du châtiment, de la
déconsidération, de la perte de l'emploi...et leur
efficacité, caractéristique de la personnalité
spécifique empêche la chute de certains.
La participation du milieu dans la constitution d'une
personnalité criminelle s'effectue d'une double façon.
D'abord par le phénomène des imitations car un
enfant sera plus porté à imiter ce que font les membres de son
entourage, leur manière de penser et de réagir face aux
difficultés.
Ensuite par ce que MERTON appelle l'anomie à travers
sa théorie de l'anomie17(*) qui explique la délinquance par l'existence
d'un trop grand décalage et une tension trop forte entre les buts
proposés et les moyens légitimement accessibles pour certaines
catégories sociales. Ces catégories défavorisées
recourront alors à des moyens illégitimes, pour satisfaire les
buts que leur propose la culture ambiante.
Paragraphe 2 : Le passage
de l'acte criminel sous la pression des facteurs du milieu.
L'existence de certaines circonstances décisives est
indispensable pour le passage à l'acte. Aux yeux de celui qui va se
séparer des non délinquants, l'avènements de ces
circonstances extérieurs constitue le feu vert l'autorisant à
libérer ses forces criminelles contenues jusque là. Nous verrons
d'abord en quoi consiste cette situation pré-criminelle (A) et ensuite
le problème de réitération du comportement criminel
(B).
A- La situation
pré-criminelle.
Elle se définit comme l'ensemble des circonstances
extérieures à la personnalité du délinquant qui
précèdent l'acte délictueux, puis entourent sa
perpétration, telles qu'elles sont perçues et vécues par
le sujet18(*).
L'analyse de la situation pré-criminelle montre
qu'elle contient deux éléments essentiels:
L'événement ou la série d'événements qui a
provoqué la formation du projet criminel dans l'esprit du
délinquant et les circonstances qui ont entouré la
préparation et l'exécution du crime.
En ce qui concerne l'événement originel, il
présente trois caractères. Il peut consister en un
événement isolé ou au contraire en une succession
d'événements qui en s'accumulant, finissent par suggérer
le projet criminel; il peut précéder parfois pendant assez
longtemps la formation du projet criminel qu'il motive; enfin, cet
événement est ce qui va donner à l'acte criminel sa
motivation.
Quant aux circonstances de mise en exécution du projet
criminel, elles résident dans des faits plus ou moins recherchés
par le futur délinquant qui le mette en situation de réaliser son
projet criminel (la possession d'une arme à feu, le fait d'avoir
accès à un tiroir-caisse...). L'existence de ces circonstances
est décisive dans le passage à l'acte car sans elles, le projet
criminel serait sans doute demeuré à l'état de
« projet »19(*).
L'importance de cette situation pré-criminel
dépend aussi de la manière dont elle est perçue par le
délinquant. Cette perception qui est qualifiée de subjective
s'entend des impressions, des expériences antérieurement
vécues rappelées au sujet, la façon dont il se
représente le conflit qui l'oppose à sa future victime, les
pensées qui l'assaillent, les motifs d'agir qui lui viennent à
l'esprit, bref tout un ensemble de représentation intellectuelles et
affectives qui accompagne la situation pré-criminelle objective.
Ainsi s'explique qu'une même situation
pré-criminelle spécifique peut provoquer le passage à
l'acte délictueux ou demeurer au contraire sans conséquence selon
la façon dont elle est perçue par le sujet.
B- La
réitération du comportement criminel.
La situation pré-criminelle telle que décrite
plus haut ne concerne pas seulement les délinquants primaires. Elle est
aussi d'une importance considérable dans le phénomène de
réitération du comportement criminel qu'est la récidive.
Le comportement criminel une fois adopté tend à devenir
récurrent. Il faut alors distinguer ici les types de recidivistes et le
rôle joué par les infractions antérieures.
Les pseudo-récidivistes ou les récidivistes
d'occasion sont ceux qui commettent peu d'infractions au cours de leur
existence et dont les délits ont peu de rapport les uns avec les autres.
Par contre les récidivistes véritables se rendent coupables d'un
grand nombre d'infractions qui constituent les manifestations successive d'un
mal profond .
Les infractions antérieures jouent aussi un rôle
important dans la récidive et leur influence varie selon qu'elles sont
restées impunies ou ont été découvertes et
réprimées.
L'impunité de l'infraction confirme
généralement le délinquant dans ses attitudes
antisociales, diminue l'effet intimidant de la loi et prépare à
prendre le risque d'infractions plus graves.
Mais quand l'individu a déjà maille à
partir avec la police, la justice et à fortiori, le service public des
prisons, on peut espérer que l'avertissement constitué par la
condamnation prononcée avec sursis, l'intimidation recherchée par
la condamnation ferme, le traitement poursuivi durant l'exécution d'une
peine privative de liberté empêcheront de nouvelles
infractions.
CHAPITRE 1 CHAPITRE 1
L'EXISTENCE VÉCUE DEPUIS LE MILIEU FAMILIAL
D'ORIGINE JUSQU'AU MILIEU SOCIOPROFESSIONNEL À L'ÉPOQUE DU
CRIME.
Le milieu tel que défini plus haut englobait plusieurs
distinctions. L'on a tout d'abord distingué le milieu physique du milieu
social. Le premier relevant de la macro criminologie, nous ne nous y pencherons
pas dans le cadre de cette étude. Le milieu social en lui-même
étant constitué du milieu social général et du
milieu personnel, seul le second pourra nous intéresser, le premier
relevant aussi de la macrocriminologie. Notre travail sera alors
essentiellement basé sur l'influence du milieu personnel, qui est plus
directe et plus décisive sur chaque individu pris ut singuli et qui
relève du domaine de la microcriminologie20(*).
La délinquance se produit principalement lorsqu'il
existe certains éléments négatifs dans le milieu, ou une
opposition entre le code moral du milieu particulier ((famille, milieu
professionnel...) auquel appartient par nécessité ou par choix un
individu, et le code moral dont s'inspire le code pénal de la nation
sous les lois de laquelle vit cet individu. Nous verrons alors l'influence
effectuée sur la personnalité par le milieu inéluctable
(section1) le milieu occasionnel (section 2) et le milieu choisi (section
3).
Section 1 : L'influence du
milieu inéluctable sur la personnalité du délinquant.
De la définition donnée du milieu
inéluctable, on y distingue le plus souvent deux aspects qui sont la
famille d'origine (Paragraphe 1), l'habitat et le voisinage (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 :
L'influence de la famille d'origine.
La famille d'origine occupe une place assez importante dans
la formation de la personnalité du délinquant. Elle exerce soit
une influence directe soit une influence indirecte sur la formation de la
personnalité de l'enfant21(*).
L'influence directe résulte de la tendance à
l'imitation de l'enfant qui fait en sorte que l'influence du foyer familial
soit la plus fréquente et la plus puissante. Cette influence
résulte de deux sources: L'apprentissage de la violence à travers
les violences intra-familiales et l'acquisition par l'imitation de style de vie
délinquant des parents ou de l'un d'eux.
L'influence indirecte découle du fait que la structure
de la personnalité de l'enfant se forgeant au foyer dans les
années de l'enfance, les parents jouent un rôle capital en
particulier dans la formation de la conscience morale et le
développement des facultés affectives de l'enfant. Un milieu
familial moralement sain pourrait alors exercer une influence décisive
sur la personnalité du délinquant s'il ne donne pas à
l'enfant le minimum d'affection nécessaire à une socialisation
normale.
Pour mieux cerner cette influence, plusieurs aspects du
milieu tel qu'il apparaît dans la ville de Dschang mérite
d'être analysés. Il en est ainsi de la structure de la famille
d'origine (A), de l'importance numérique de celle-ci (B), de son niveau
social et économique (C) et enfin de la valeur de cette famille (D).
A- La structure de la
famille.
Dans le cadre de notre étude , nous avons pris en
compte deux aspects de cette structure : D'abord le système matrimonial
en vigueur dans cette famille et ensuite le problème de la dissociation
de celle-ci.
1- Le système
matrimonial.
La loi camerounaise reconnaît en principe l'existence
de deux systèmes matrimoniaux à savoir le système
monogamique et le système polygamique. Cependant, dans le cadre de notre
étude, nous avons pris en compte non seulement ces divers
systèmes mais aussi le cas des familles monoparentales dont les
résultats sont consignés dans le tableau suivant:
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Polygamique
|
42
|
64,6%
|
Monogamique
|
19
|
29,2%
|
Monoparentale
|
4
|
6,1%
|
Total
|
65
|
99,9%
|
Tableau 1:
structure de la famille d'origine
De ce tableau, on peut noter que la majorité des
délinquants, sont issus de familles polygamiques, soit 64,6% contre
29,2% et 6,1% pour les familles monogamiques et monoparentales respectivement.
Cette prépondérance des délinquants
issus des familles polygamiques, peut s'expliquer par le fait que, la polygamie
impliquant un nombre important d'enfants et de personnes vivant dans une
même maison ou concession, il est difficile pour les parents d'avoir un
oeil sur chacun des enfants lorsqu'ils en ont la volonté. En plus de
cela, dans ces familles, le père se contente le plus souvent de faire
des enfants, chaque femme devant se battre pour s'occuper de ses enfants. Cette
tâche n'étant pas facile dans la plus part des cas, chaque enfant
devra alors apprendre très tôt à se battre aussi pour sa
survie, cette bataille impliquant parfois l'emploi de moyens illicites. Cette
explication est d'autant plus plausible dans la mesure où parmi les
infractions commises par ceux-ci dans la ville de Dschang, l'on note une
prépondérance des atteintes contre les biens (vol simple, vol
aggravé, escroquerie...), 90,4% soit 38 cas sur 42, qui malgré le
fait qu'elles se retrouvent à une proportion aussi importante chez les
délinquants issus des familles monogamiques et monoparentales 78,2% soit
18 cas sur 23, méritent d'être évoquées.
2- La dissociation
familiale.
Nous avons aussi retenu deux hypothèses dans ce cas :
Le cas du divorce des parents et celui de la mort de l'un ou des deux parent(s)
durant la jeunesse du délinquant. Pour obtenir les résultats
consignés dans les tableaux ci dessous, nous n'avons pris en compte que
le divorce ou la mort intervenus avant l'âge de 25 ans.
|
Nombre
|
Pourcentage
|
|
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Divorcés
|
9
|
13,8%
|
|
Les deux parents
|
5
|
7,6%
|
Non divorcés
|
52
|
80%
|
|
Le père
|
21
|
32,3%
|
Sans renseignement
|
4
|
6,1%
|
|
La mère
|
9
|
13,8%
|
Total
|
65
|
99,9%
|
|
Aucun
|
30
|
46,1%
|
|
|
|
|
Total
|
65
|
99,8%
|
Tableau 2 : Parents divorcés
Tableau 3 : Parents morts durant la jeunesse
La corrélation entre le divorce et la
criminalité ayant déjà longtemps été
démontrée, le divorce ou la disparition d'un des parents peuvent
être considérée comme les perturbations familiales les plus
graves qui peuvent retentir sur la formation de la personnalité22(*). La notion de divorce dans
notre cas regroupant aussi bien les séparations de droit et de fait, ne
touche qu'une partie infime de notre groupe d'étude (13,8% soit 9 cas
sur 65). Mais le divorce et le décès comme toute forme de
dissociation, provoquent le plus souvent des blocages qui empêchent les
identifications au père et à la mère.
D'une part, l'enfant ne pourra plus se référer
au couple de son père et de sa mère comme il le faisait
inconsciemment auparavant. Il devient instable. Ses sautes d'humeur
s'extériorisent par des colères et des gestes agressifs ou bien
au contraire, son désarroi se dérobe à l'observation des
tiers . Il devient taciturne et ne se livre plus.
D'autre part, certains événements blessent
directement l'enfant et la cicatrice faite par le traumatisme psychique subi,
se referme très lentement. Les séquelles de la blessure peuvent
être pour la victime un facteur d'abandon ultérieur des
barrières qui retiennent normalement les pulsions antisociales. Ceci
pourra alors être une cause d'inadaptation sociale conduisant à la
délinquance.
B- L'importance
numérique de la famille.
La majorité des délinquants sur qui nous avons
enquêté étant issus de familles polygamiques, et famille
polygamique rimant le plus souvent avec famille nombreuse, il est apparu
nécessaire de voir le nombre d'enfant de la famille (1) et le rang
occupé par le délinquant dans sa famille (2).
1- Le nombre d'enfant.
Il nous est apparu nécessaire de voir le nombre
d'enfants non pas seulement en ce qui concerne le père mais aussi du
côté de la mère. Les résultats obtenus ont
été consignés dans les tableaux ci-après:
|
Nombre
|
Pourcentage
|
|
|
Nombre
|
Pourcentage
|
0 à 10
|
33
|
50,7%
|
|
0 à 6
|
29
|
44,6%
|
11 à 19
|
19
|
29,2%
|
|
7 à 9
|
24
|
36,9%
|
20 et plus
|
13
|
20%
|
|
10 et plus
|
12
|
18,4%
|
Total
|
65
|
99,9%
|
|
Total
|
65
|
99,9%
|
Tableau 4 : Nombre d'enfants du père
Tableau 5 : Nombre d'enfants de la mère
La nécessité de cette distinction
résulte du fait que dans les familles polygamiques, les enfants sont
avant tout et surtout l'affaire de la mère.
En ce qui concerne le nombre d'enfants du père, il
ressort du tableau 4, qu'une grande partie des familles des délinquants
peut être considérée comme des familles nombreuses, puisque
la proportion de famille où le nombre d'enfants se situe au dessus du
nombre de 10 qui n'est pas un nombre négligeable, est assez
impressionnante ( 49,2% soit 32 cas sur 65 ). Le nombre des enfants de
père tel que nous l'avons constaté oscillait entre 1 et 67
environ (beaucoup estimant ne pas connaître exactement le nombre
d'enfants de leur père ), avec une moyenne de 16,8 enfants par
famille.
Quant au nombre d'enfant des mères des
éléments du groupe étudié, on peut aussi constater
comme il découle du tableau 5 que le nombre d'enfants des mères
ayant moins de 6 enfants paraît largement inférieur à celui
des mères ayant plus de 6 (44,6% soit 29 cas sur 65 contre 59,3% soit 36
cas sur 65). Le nombre d'enfants oscillant entre 1 et 11 (avec plus
d'exactitude que dans le cas des pères ) nous avons constaté une
moyenne de 6,2 enfants par mère.
Cette dimension assez large des familles dont sont issus les
délinquants en ce qui concerne la ville de Dschang, n'est pas tout
à fait étonnant sachant que le taux de natalité dans cette
ville tout comme à l'ouest en général est assez
élevé, l'enfant ayant toujours été
considéré dans cette partie du pays comme une source de richesse.
Elle peut alors gêner la surveillance et l'éducation des enfants
et favoriser ainsi les carences de cet ordre. Il arrive aussi que cette
dimension modifie la personnalité des enfants en multipliant les
tensions et les frictions dues à l'exiguïté de l'habitat.
2- Le rang occupé
par l'enfant.
Cet aspect assez intéressant de notre étude
nous amènera à ne voir que le rang occupé par l'enfant au
sein des enfants de sa mère, la position occupée parmi ceux de
son père n'étant pas assez importante vu le nombre trop
élevé de ceux-ci dans la plus part des cas.
Le résultat obtenu en ce qui concerne le rang
occupé au sein des enfants de sa mère sont illustrés par
le tableau ci dessous :
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Aînés
|
20
|
30,7%
|
Rang intermédiaire
|
35
|
53,8%
|
Benjamins
|
10
|
15,3%
|
Total
|
65
|
99,8%
|
Tableau 6 : Le rang
occupé au sein des enfants de la mère
La proportion des aînés de famille ( 30,7%) qui
inclue aussi les enfants uniques (1,3% soit 2 cas sur 20) est assez surprenant
de prime abord, lorsque nous savons que dans la plupart des familles,
l'attention des parents est le plus souvent orientée vers ceux-ci. Ces
parents espèrent qu'ils vont tôt ou tard être appelés
à les relayer dans l'éducation des cadets. Mais on pourrait
chercher une explication dans un autre sens, dans la mesure où dans les
familles démunies, ceux-ci sont appelés très tôt
à se débrouiller pour pouvoir aider leur parents et ceci
impliquant parfois l'emploi des moyens illicites.
L'importance de la proportion des enfants de rang
intermédiaire (53,8%) pourrait se justifier par le fait que dans
beaucoup de familles, l'attention est le plus souvent portée sur
aîné et le benjamin, ce qui dans certains cas suscite la jalousie
des autres. Ceux-ci dans le but de se faire remarquer, recourent parfois
à la têtutesse et à la désobéissance qui
tôt ou tard pourront les conduire à la délinquance.
Quant aux benjamins, souvent considérés comme
« l'enfant de papa » ou « l'enfant de
maman », ils accaparent le plus souvent l'attention des parents et
leurs désirs passent souvent pour des ordres. En cas d'insatisfaction,
ils commettent des petites gaffes à la maison pour avoir ce qu'il
désirent. Trop « gâté » , l'enfant
n'apprend ni à se piler aux obligations ni à lutter contre la
tentation. Une fois hors du cercle familial, cette tendance à commettre
des bêtises est assez difficile à refréner, ce qui pourrait
expliquer l'ampleur de la délinquance des benjamins de famille dans la
ville de Dschang.
C- Le niveau social et
économique de la famille.
La ville de Dschang malgré le fait qu'elle soit
dotée d'une commune urbaine, a une économie qui est dans une
grande partie basée sur l'agriculture. L'élément que nous
avons retenu pour qualifier la situation socio-économique des familles
dont sont issus les délinquants de notre groupe, est la profession des
parents qui est dans une grande mesure révélatrice de la
situation sociale de tout individu. Les tableaux 7 et 8 nous donnent une
idée de ce qu'il en est :
|
Nombre
|
Pourcentage
|
|
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Agriculteurs
|
39
|
60%
|
|
Ménagères
|
21
|
32,3%
|
Commerçants
|
6
|
9,2%
|
|
Cultivatrices
|
29
|
44,6%
|
Chauffeurs
|
6
|
9,2%
|
|
Commerçantes
|
10
|
15,3%
|
Fonctionnaires
|
10
|
15,3%
|
|
Couturières
|
2
|
3%
|
Charpentiers
|
2
|
3%
|
|
Fonctionnaires
|
3
|
4,6%
|
Aucun renseignement
|
2
|
3%
|
|
Total
|
65
|
99,8
|
Total
|
65
|
99,7%
|
|
|
|
|
Tableau 7 : Profession du père
Tableau 8 : Profession de la mère
L'élément le plus frappant qui apparaît
de prime abord de ces deux tableaux, est la proportion relativement
élevée des parents qui tirent leurs ressources du travail de la
terre ( 60%, soit 39 cas sur 60 en ce qui concerne les pères et 44,6%,
soit 29 cas sur 65 en ce qui concerne les mères).
En ce qui concerne les mères, la séparation
faite entre ménagères ( 32,3% ) et cultivatrices est quelque peu
problématique dans la mesure où dans la ville de Dschang, il
serait difficile de trouver des mères qui s'adonnent exclusivement aux
tâches ménagères.
L'agriculture n'étant pas pratiquée sur un plan
industriel et ne rapportant pas beaucoup, la proportion de délinquant
dont les parents sont des fonctionnaires (15,3% pour les pères, 4,6%
pour les mères ) qu'on peut qualifier comme appartenant à une
classe moyenne étant assez modeste, amène à la conclusion
selon laquelle la majorité des délinquants sur qui nous avons
enquêté sont issus des familles démunies. Ceci pourrait
encore se justifier, si l'on prend en compte les données du tableau 9
suivant, sur la façon dont chacun d'eux perçoit les ressources
dont les parents ont disposées ou disposent pour l'éducation de
leurs enfants.
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Largement suffisant
|
6
|
9,2%
|
Tout juste suffisant
|
19
|
29,2%
|
Insuffisant
|
40
|
61,5%
|
Total
|
65
|
99,9%
|
Tableau 9 : Ressources des
parents
Cette insuffisance des ressources des parents (61,5%) non
seulement confirme la prédominance des délinquants issus de
famille pauvres mais aussi peut avoir une influence plus ou moins directe sur
la valeur de la famille.
D- La valeur de la
famille.
La formation de la conscience morale et du « sur
moi » est l'oeuvre des la famille à travers sa fonction
d'être le premier milieu d'accoutumance aux contraintes de la coexistence
en groupe23(*). Elle doit
apporter un mélange de tendresse et de fermeté qui permet
à l'enfant d'accepter les premiers interdits du groupe. Mais tel n'est
pas toujours le cas, car on constate parfois dans les familles, des carences
affective (1) et éducative (2) qui peuvent entraver ce processus.
1- La carence
affective.
La carence affective peut consister en la privation ou la
déviation de l'amour parental dont pâtit soit toute la
lignée soit un enfant24(*).
Pour les délinquants de notre groupe, en ce qui
concerne l'affection de leurs parents à l'égard des enfants, 17
d'entre eux soit 26,1% les estiment très affectueux, 22 soit 33,8% les
estiment tout simplement affectueux, 16 soit 24,6% les estiment pas très
affectueux et 10 soit 15,3% pas du tout affectueux.
Les affections paternelles et maternelles, qu'elles soient
extériorisées ou qu'elles soient discretes, aident l'enfant
à franchir les étapes successives du processus de
socialisation.
Cette affection lorsqu'elle existe ne doit pas être
trop débordante car le père trop protecteur ou la mère
prête à tout pour éviter une larme ou une bouderie,
contribuent à « gâter » l'enfant. Dans sa
manière de jouer l'enfant trop protégé, le fils ou la
fille devient trop exigeant. Trop facilement révolté, capricieux,
privé de volonté, l'enfant devenu adulte conserve ensuite des
travers qui l'exposent plus que d'autres à rejeté les
impératifs de la loi pénale.
De l'autre côté, l'absence d'affection (15,3%)
ou l'insuffisance de celle-ci (24,6%) peuvent aussi être dangereuses.
Lorsqu'elles frisent l'hostilité, elles font prendre conscience à
l'enfant de la méchanceté agressive dont il est victime. S'il se
plie aux normes de l'environnement, c'est par pure contrainte.
Résigné ou déjà révolté, les
réprimandes et punitions des parents défaillants deviennent
inacceptables. Aimant mal, ceux-ci châtient mal aux yeux de l'enfant, et
celui-ci se cabre. Au lieu de constituer l'apprentissage des règles
sociales, la famille devient l'école des oppositions25(*). Cette carence affective
crée ainsi des lacunes auxquelles peut alors s'ajouter une carence
éducative.
2- La carence
éducative.
Elle concerne la manière dont les parents s'y prennent
pour procéder à l'éducation de base des enfants. Elle peut
se présenter sous trois aspects: D'abord l'absence de surveillance
jointe à l'absence d'éducation, ensuite l'incohérence des
attitudes éducatives et enfin l'excès de
sévérité26(*).
Pour pouvoir transmettre un certain nombre de connaissances
aux enfants, les parents doivent au préalable pouvoir accéder
à celles-ci. De là, découle la nécessité de
prendre en compte le niveau éducatif des parents. Dans notre
enquête nous avons pris en compte le fait que les parents savent lire et
écrire ou pas, d'où les tableaux suivants:
|
Nombres
|
Pourcentage
|
|
|
Nombres
|
Pourcentage
|
Sachant lire et écrire
|
39
|
60%
|
|
Sachant lire et écrire
|
22
|
33,8%
|
Ne sachant ni lire ni écrire
|
24
|
36,9%
|
|
Ne sachant pas lire et écrire
|
40
|
61,6%
|
Sans
renseignement
|
2
|
3%
|
|
Sans renseignement
|
3
|
4,6%
|
Total
|
65
|
99,9%
|
|
Total
|
65
|
99,9%
|
Tableau 10 : Niveau d'éducation du
père Tableau 11 : Niveau d'éducation de la
mère
D'après ces statistiques, nous remarquons que
l'analphabétisme est très accru chez les parents des
délinquants du groupe, avec une prédominance des mères
analphabètes (61,5%) par rapport aux pères (36,9%). Cette
situation est assez inquiétante car cet analphabétisme rend la
plupart de ces parents, incapables de maîtriser certaines données
de la vie scolaire des enfants et ce faisant, entrave la fonction de
surveillant des parents dans ce domaine. Ce manque de surveillance augmente
alors la probabilité pour les enfants de retomber dans le monde des
analphabètes qu'est celui de leur parents. Ce faisant, il se crée
comme "un cercle vicieux de l'analphabétisme" avec tout ce que cela
comporte pour la formation de la personnalité criminelle. Mais, ceci
pourra être atténué si les parents font preuve d'une
certaine rigueur dans l'éducation de leurs enfants.
Nous avons alors noté en ce qui concerne la rigueur
des pères des délinquants du groupe, car ceux-ci jouent un
rôle important dans la formation du « sur-moi » de
l'enfant, que 27,6% soit 18 cas, le trouvent très rigoureux, 20% soit 13
cas le trouvent assez rigoureux, 35,3% soit 23 cas le trouvent pas très
rigoureux et 16,9% soit 11 cas le trouvent pas du tout rigoureux.
L'absence de rigueur fait en sorte que, lors de la formation
du « sur-moi » de l'individu, la règle n'acquiert
pas le caractère intimement obligatoire qui favorise son respect. Le
caractère de l'individu ne se façonne pas alors dans le sens du
respect des normes établies par la société.
L'excès de rigueur compromet l'épanouissement
de l'enfant. La crainte des reproches, la peur des punitions, l'excès de
révérence filiale peut paralyser. L'on assiste à un
étiolement de la personnalité et l'adaptation au monde devient
difficile.
3- La famille
corruptrice.
La corruption dans la famille, concerne les conditions de
moralité du milieu familial. Ces conditions de moralité peuvent
être l'effet de l'alcoolisme d'un des parents et plus
particulièrement du père ou de la délinquance dans la
famille.
Dans notre groupe, en ce qui concerne l'alcoolisme du
père précisément, les statistiques révèlent,
64,6% de pères alcooliques contre 33,8% de père non alcooliques
et 1,5% sans renseignement. Parmi les pères alcooliques, la
régularité dans la consommation de l'alcool varie dans les
proportions suivantes : Très souvent, 26,1%, soit 17 cas; assez souvent,
7,6%, soit 5 cas; pas très souvent, 30,7%, soit 20 cas.
L'alcoolisme chez les pères non seulement
entraîne un détournement des revenus destinés à
l'entretien de la famille mais aussi, est le plus souvent accompagné
d'une certaine violence soit envers les enfants, soit envers la mère
soit comme dans la plupart des cas sur l'ensemble de la famille. C'est ainsi
que 30,7% des délinquants soit 20 cas, affirment que leur père
battait sur leur mère, contre 64,6%, soit 42 cas qui affirment le
contraire et 4,6%, soit trois cas de sans renseignement.
Les souvenirs des luttes entre les parents ou des bastonnades
reçues parfois sans raison valable, dont ils ont été
victimes restent le plus souvent gravés dans la mémoire des
délinquants. Le sentiment d'injustice qui entraîne le plus souvent
une certaine révolte et désir de vengeance, peut
réellement compromettre l'adaptation de l'individu au milieu
extra-familial.
Quant à la délinquance dans la famille, nous
avons constaté qu'elle était assez modeste, mais pas pour autant
négligeable car celle des pères ne représentait que 7,6%,
soit 5 cas, celle des mères était quasiment nulle tandis que
celle des frères et des soeurs représentait 12,3%, soit 8 cas.
Cette délinquance dans la famille est un élément essentiel
parmi les causes de la délinquance car elle entraîne parfois une
discordance entre le code moral de la famille et le code moral de l'ensemble de
la société dans laquelle vit l'individu. Mais cette situation
lorsqu'elle est combinée à certaines conditions pas très
favorables de l'habitat et du voisinage peut être hautement
criminogène.
Paragraphe 2 :
L'influence de l'habitat et du voisinage.
L'étude de l'influence de l'habitat (A) sur la
personnalité du délinquant ne peut se comprendre que dans la
mesure où l'on y associe celle de la zone d'habitation qu'est le
voisinage (B) qui entoure celui-ci.
A- L'influence de
l'habitat.
L'habitat est un élément assez important dans
la formation de la personnalité de l'individu. Selon qu'il répond
ou non aux besoins de la famille, l'enfant sera plus ou moins fier d'y rester.
Les conditions d'habitat s'expliquant en partie par les ressources
financières, celles-ci influencent sur sa nature et son organisation.
La nature de l'habitat implique que l'on s'attarde sur le
type de matériel utilisé pour la construction de la maison ainsi
que le moyen d'éclairage qui y est utilisé tel qu'il figure sur
les tableaux ci-dessous en ce qui concerne les délinquants de notre
groupe.
|
Nombre
|
Pourcentage
|
|
|
Chiffres absolus
|
Pourcentage
|
Dur
|
15
|
23%
|
|
Lumière
|
30
|
46,1%
|
Semi-dur
|
41
|
63%
|
|
Lampe à pétrole
|
35
|
53,8%
|
Matériel provisoire
|
9
|
13,8%
|
|
Total
|
65
|
99,9%
|
Total
|
65
|
99,8%
|
|
|
|
|
Tableau 12 : Matériel de
construction Tableau 13 : Eclairage de la maisonTableau
12ableau 13
Devant ces statistiques, nous nous apercevons que plus de la
moitié des délinquants de notre échantillon ont eu des
conditions de logement défavorables ( 63% de maison en semi-dur plus 9
en matériel provisoire et 53,8% d'éclairage à la lampe
à pétrole ). Cet état de chose, même s'il pourrait
s'expliquer par la situation économique des familles ne favorise pas le
plein épanouissement des enfants et peut avoir une influence
néfaste sur la personnalité de ceux-ci. Cette mauvaise condition
de l'habitat entraîne dans son sillage un autre problème qui est
celui du surpeuplement des logements.
Des 65 délinquants étudiés dans notre
cas en ce qui concerne le nombre d'enfants qui dormaient par chambre, 13,8%,
soit 9 d'entre eux estiment qu'il était de 1, 70,7%, soit 46 estiment
qu'ils étaient de 2 ou 3 et 15,3%, soit 10 estiment qu'ils
étaient de 4 ou 5. La moyenne telle que nous l'avons calculée en
ce qui concerne le nombre d'enfant par chambre est de 2,6.
Ces conditions d'habitation défavorables
entraînent le plus souvent chez l'enfant, un manque d'assurance qui ne
peut contribuer qu'à étioler la personnalité de ce
dernier. Le surpeuplement entraîne aussi automatiquement des frictions
entre les enfants quant à la répartition de l'espace vital. Mais
il faut noter que ce n'est pas le mode d'habitat en lui-même qui
contribue à former la personnalité du jeune délinquant
mais le style de vie des enfants qui vivent dans le même milieu que
lui.
B- L'influence du
voisinage.
La résidence familiale étant en relation
directe avec le voisinage, l'influence de cette dernière sur elle est
assez évidente. CLIFFORD SHAW et ses disciples ont
démontré dans la ville de Chicago, combien la délinquance
est liée aux quartiers de détérioration socio-morale et
STANCIU a son tour, démontrera qu'il existe dans certains quartiers des
îlots de criminalité27(*).
La ville de Dschang étant encore en plaine
urbanisation, et tenant compte du caractère urbain ou rural des milieux
dans lesquels les délinquants de notre groupe ont vécu, nous
avons distingué deux zones en particulier: Le centre ville de
Dschang28(*) et les
villages environnants29(*). Il s'avère que parmi les délinquants
du groupe, 76,9%, soit 51 avaient vécu dans les villages environnants de
Dschang contre 21,5%, soit 14 pour le centre ville de Dschang. Cette situation
ne peut se justifier que par les conditions de vie souvent pas très
favorables dans les villages, qui poussent certains à commettre des
infractions qui les classent alors dans la catégorie des
délinquants.
En définitive, en ce qui concerne la famille d'origine
dans la ville de Dschang, nous pouvons dire que sa composition ainsi que les
rapports affectifs y existant sont d'une importance considérable, que ce
soit en ce qui concerne les rapports parents-enfants qu'en ce qui concerne les
rapports frères-soeurs. Lorsque les relations affectives sont mauvaises
telles que nous l'avons constatées dans certains cas, elles peuvent
avoir pour conséquence le mauvais développement de la
personnalité des individus.
L'enfant issu d'une famille défectueuse soit
moralement soit effectivement, soit pour toute autre raison aura plus qu'un
autre des difficultés pour développer de manière positive
sa personnalité. Ceci combiné aux mauvaises conditions de vie de
la famille: misère, habitat défectueux, surpeuplement des
logements ainsi que l'influence néfaste de certain voisinage pourra
entraver l'intégration parfaite de l'individu dans les divers autres
milieux.
Section 2: L'influence du
milieu occasionnel.
Etant le milieu des premières contacts sociaux, il
englobe le milieu scolaire, le milieu d'orientation professionnelle et le
milieu du service militaire dans les pays où il est obligatoire. De ces
trois milieux, nous nous intéresserons plus aux milieux scolaires et
d'orientation professionnelle qui en eux-mêmes ne sont pas des milieux
criminogène. Bien au contraire, ils poursuivent un but éducatif.
C'est plutôt l'inadaptation de certains sujets à ces milieux et le
fait qu'ils tentent d'échapper à son influence et de brûler
les étapes conduisant à une vie indépendante qui est
criminogène. Nous verrons ainsi l'influence du milieu scolaire dans un
premier temps (Paragraphe 1) et dans un second l'influence des milieux
d'orientation professionnelle (Paragraphe 2).
Paragraphe1 :
L'influence du milieu scolaire.
L'inadaptation scolaire en ce qui concerne les
éléments de notre groupe, peut justifier leur niveau de
scolarisation assez faible tel qu'il ressort du tableau suivant:
Diplôme
|
Sans diplôme
|
CEPE
|
BEPC
|
Probatoire
|
Baccalauréat
|
Total
|
Nombre
|
32
|
19
|
7
|
2
|
3
|
65
|
Pourcentage
|
49,2%
|
29,2%
|
10,7%
|
3%
|
4,6%
|
99,9%
|
Tableau 14Tableau 14
: Niveau d'étude des délinquants
Il parait nécessaire au préalable de
préciser que parmi les délinquants sans diplôme, (49,2%
soit 32 cas ). 6 d'entre eux soit 9,2% affirment n'avoir jamais
été à l'école. Cette faiblesse du niveau scolaire
peut s'expliquer par le fait que les enfants précocement
inadaptés à cause de la mauvaise atmosphère familiale
auront tendance à avoir une activité scolaire plus turbulente que
studieuse.
L'inadaptation scolaire est dans certains cas un facteur de
comportements antisociaux ultérieurs, car les échecs scolaires
ferment les débouchés, découragent, révoltent
parfois et exposent davantage aux incidences du chômage et au jeu des
autres facteurs criminogènes d'ordre économique30(*).
Les échecs scolaires étant des alertes
révélatrices de la présence des facteurs
criminogènes, nous avons essayé de déterminer son ampleur
dans notre groupe d'étude. Mis à part les 6 individus qui n'ont
jamais été à l'école et en supposant l'âge de
6 ans comme celle à laquelle commence l'éducation primaire, nous
avons essayé de calculer le retard accumulé par les
délinquants du groupe durant leurs parcours scolaires. Il en
résulte le tableau ci-après:
|
Chiffres absolus
|
Pourcentage
|
0 à 2 ans
|
10
|
16,9%
|
3 à 5 ans
|
33
|
55,9%
|
6 à 9 ans
|
16
|
27,1%
|
Total
|
59
|
99,9%
|
Tableau 15 :
Retard accumulé dans la scolarisation
Ces chiffres montrent une proportion assez
élevée d'échecs scolaires dans la carrière des
délinquants (3 à 5 ans 55,9%, 6 à 9 ans 27,1 %) et
permettent d'affirmer que dans la ville de Dschang, les échecs scolaires
ont une incidence criminogène. Mais elle pourrait s'expliquer dans la
mesure où l'école étant le premier milieu où
l'enfant est obligé de s'adapter à des règles de conduite
appliquées par des autorités non familiales. Le contraste entre
l'atmosphère familiale et les conditions de vie dans ce milieu (entrave
d'horaire, discipline imposée ) rend l'adaptation scolaire assez
difficile. Ce contraste permet aux causes familiales d'inadaptation scolaire
qui jusque là étaient restées cachées de se
dévoiler.
Les problèmes qu'impliquent les échecs
scolaires à travers la succession des déceptions personnelles,
les réprobations familiales, la perte de l'estime du maître
entraînent parfois chez l'enfant un dégoût et une
hostilité pour le milieu scolaire et ce faisant, prépare mal
à subir les épreuves d'adaptation à d'autres milieux tel
que le milieu d'orientation professionnelle.
Paragraphe 2 : Le
milieu d'orientation professionnelle.
Tout comme l'école, les milieux d'orientation
professionnelle ont un but instructif. Mais l'inadaptation à ce milieu
peut alors le rendre criminogène. Dans notre environnement en
particulier, l'entrée des enfants dans le milieu d'orientation
professionnelle fait souvent suite à une succession d'échecs
scolaires. Les parents y envoient le plus souvent ceux de leurs enfants qui ne
réussissent pas bien à l'école, dans le but d'apprendre
à faire quelque chose de leurs mains. Ces milieux dans la ville de
Dschang n'ont pour but principal que l'apprentissage de petits métiers.
C'est ainsi que dans notre groupe d'étude, nous avons constaté
que seul 27,6% soit 18 cas affirment avoir suivi une formation professionnelle
contre 73.3% soit 47 cas .Parmi les milieux de formation
évoquées , l'on a constaté qu'il s'agissait le plus
souvent des garages de réparation automobiles, de l'auto école,
de la menuiserie et bien d'autre. Ces milieux pour la plupart impliquent un
apprentissage sur le tas, d'où une certaine remise en cause de
l'enseignement qui y est reçu.
Ces milieux eux mêmes peuvent donner l'occasion
à ceux qui y sont de commettre des infractions dans la mesure
où l'oisiveté due parfois au manque de travail et la
pauvreté due au fait que le travail le plus souvent n'y est pas
rémunéré peuvent amener les jeunes qui y sont à
trouver des moyens toujours pas très licites de se faire de petits gains
.Ce faisant , ils apprennent les petits ruses du métier tout en mettant
en exergue le côté délinquantiel de leur
personnalité ; ce qui ne pourra plus tard que rendre difficile
l'adaptation au milieu choisi ou accepté
Section 3 : L'influence du
milieux choisi ou accepté.
Le milieu choisi comprend le foyer personnel (Paragraphe 1)
ainsi que le milieu professionnel et les loisirs (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Le
foyer personnel.
L'influence du foyer personnel sur la personnalité du
délinquant peut être appréhendée sous un double
aspect: D'abord selon que le foyer existe ou non (A) et ensuite s'il existe, le
problème de son équilibre (B).
A- L'existence du
foyer.
L'existence ou non du foyer personnel a une influence notable
sur la délinquance et plus particulièrement la délinquance
grave ou d'habitude31(*).
La recherche effectuée dans le cadre de notre groupe d'étude
montre clairement que la proportion des célibataires est nettement
supérieur à celle des mariés et des divorcés tel
qu'il ressort du tableau ci-dessous:
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Célibataires
|
48
|
73,8%
|
Mariés
|
14
|
21,5%
|
Divorcés
|
3
|
4,6%
|
Total
|
65
|
99,9%
|
Tableau 16 :
Situation matrimoniale des délinquants
L'existence de la famille n'impliquant pas seulement le cas
des mariés et des divorcés, il est nécessaire d'y inclure
les cas de concubinage retrouvés chez les célibataires qui
représentent une proportion de 15,3% soit 10 cas. Pour mieux
appréhender la portée de ces chiffres, il faut procéder
à une double distinction : d'abord selon l'âge et ensuite
selon le sexe. La distinction selon l'âge nous amène à
constater que jusqu'à 25 ans, les délinquants mariés sont
inexistants parmi les 29 cas relevés, mais on remarque plutôt
l'existence de 4 cas de concubinage. Dans la tranche d'âge allant de 25
à 60 ans, qui représente 55,3% du chiffre total, nous retrouvons
14 mariés, 3 divorcés et 6 cas de concubinage. Mais il faut
remarquer que ces chiffres ne sont pas surprenants dans la mesure où la
faiblesse de la proportion des foyers personnels dans la tranche d'âge
allant jusqu'à 25 ans peut se justifier par l'âge de ces
délinquants et aussi le fait que dans notre milieu, rares sont les
individus capables de supporter les charges d'une famille avant cet âge
de 25 ans.
Quant à la distinction selon le sexe, en ce qui
concerne l'existence d'un foyer personnel, parmi les 5 femmes avec qui nous
avons eu un entretien, 4 soit 80% étaient des femmes mariées
alors qu'en ce qui concerne les hommes, si on prend en compte aussi bien le
mariage, le divorce que le concubinage, l'existence du foyer ne
représente que 38,3% soit 23 cas sur 60.
De ces diverses distinctions, il paraît évidant
dans l'ensemble que la criminalité des individus vivant seuls est plus
accentuée que celle des individus ayant un foyer personnel.
Cette conclusion se justifie quant à ce qui concerne
les délinquants de sexe masculin, mais quant à la
délinquance des femmes, on constate au contraire une prédominance
des femmes mariées.
L'une des explications possible à ce
phénomène peut être la situation économique pas
très favorable de certaines familles où les femmes sont presque
abandonnées à elles mêmes et dans le but de satisfaire
à leurs propres besoins et aux besoins de leurs progénitures,
sont parfois obligées de faire recours à des moyens pas
licites.
On peut alors dire en fin de compte que dans l'ensemble,
l'existence d'une famille constitue le plus souvent un milieu qui
détourne de la criminalité et que la présence des enfants
au foyer renforce l'effet stabilisateur du mariage. Mais la famille doit en
plus de son existence être équilibrée.
B- L'équilibre du
foyer.
La famille propre des délinquants pour avoir une
influence positive, doit non seulement exister, mais aussi présenter
certaines caractéristiques d'une famille équilibrée. Pour
mieux apprécier cela, plusieurs aspects peuvent être pris en
compte.
1- La nature de la famille
propre.
Tenir compte de la nature de la famille amène a
distinguer deux situations : d'abord le mariage et ensuite le
concubinage.
Les délinquants mariés dans notre
échantillon représentent une proportion de 21,5% soit 14 cas
tandis que le concubinage ne représente que 15,3% soit 10 cas. La forte
proportion des mariés remet un peu en cause ici l'effet stabilisateur du
mariage, mais peut encore dans une certaine mesure se justifier par la
situation économique et la nécessité de subvenir aux
besoins de la famille qui conduisent parfois à la délinquance.
Quant au concubinage qui est presqu'un prélude au
mariage, il peut s'expliquer soit par le désir manifeste des
délinquants de fonder une famille, ce qui n'est pas mauvais en soi, soit
par la volonté précoce de certains individus de jouir des
avantages du mariage sans pour autant être liés. Cette
dernière hypothèse peut être assez
révélatrice de certains troubles cachés de la
personnalité.
2- La dissociation
familiale.
Dans l'ensemble du groupe tel que nous l'avons
constaté, la dissociation familiale qu'elle soit de droit ou de fait ne
représente qu'une très faible proportion (4,6% soit 3 cas).
L'incarcération peut en partie expliquer cette situation, beaucoup
d'unions ne résistant pas à une séparation
carcérale de plusieurs années. Cette situation peut aussi
être due aux facteurs individuels inhérents à la
personnalité des délinquants qui contribuent à fragiliser
l'union. Mais en fin de compte, la dissociation familiale n'a pas encore une
ampleur assez inquiétante dans la formation de la personnalité
des délinquants à Dschang.
3- Le nombre
d'enfants.
Nous avons constaté que les délinquants de
notre groupe ont très peu d'enfant, qu'ils soient célibataires ou
mariés. Le nombres d'enfants au sein du groupe oscillait entre 1 et 5
enfants avec une moyenne de 2 enfants. Cette situation peut s'expliquer d'abord
par l'âge pas trop avancé des délinquants du groupe et par
le fait que la plupart d'entre eux étaient issus de familles
polygamiques avec de nombreux enfants, n'aimeraient sûrement pas vivre la
même expérience que leurs parents.
Paragraphe 2 : Le
milieu professionnel et les loisirs
Le milieu professionnel (A) et les loisirs (B) à
travers certains de leurs aspects exercent une influence sur la formation de la
personnalité du délinquant qu'il est nécessaire d'analyser
en ce qui concerne la ville de Dschang.
A- Le milieu
professionnel.
La profession détermine la situation
économique32(*).
D'elle dépendent les ressources du foyer ou de l'individu pour sa
subsistance ou son logement.
Le métier joue le rôle d'une sorte de portier
qui ouvrirait plus ou moins grand l'accès aux facteurs
généraux de délinquance venant frapper les individus, la
dépression économique, l'urbanisation trop rapide,
instabilité, dépaysement...33(*). D'autre part, le milieu du travail lui-même
peut être criminogène 34(*). Le choix même de la profession peut être
révélateur des tendances de l'individu et l'exercice de cette
profession choisie peut avoir une influence sur le caractère de celui
qui l'exerce, en amplifiant éventuellement certains aspects de ce
caractère 35(*).
En ce qui concerne les délinquants de notre
échantillon, leur situation professionnelle avant leur arrestation tel
que consignée dans le tableau ci-dessous est la suivante :
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Chômeurs
|
17
|
26,1%
|
Agriculteurs
|
18
|
27,6%
|
Manoeuvres
|
10
|
15,3%
|
Petits commerçants
|
9
|
13,8%
|
Chauffeurs
|
5
|
7,6%
|
Artisans
|
5
|
7,6%
|
Fonctionnaires
|
1
|
1,5%
|
Total
|
65
|
99,5%
|
Tableau 17 :
Situation professionnelle des délinquants
De ces statistiques, nous remarquons que le taux de
chômage parmi ces délinquants avant leur entrée en prison
était assez élevé (26,1%). Outre les difficultés
économiques que cette situation engendre, elle fait aussi naître
chez ces derniers le sentiment d'être écartés de la
société.
La plupart des professions exercées par les
délinquants de notre groupe peuvent être classées dans le
cadre des « petits métiers » dont la
rentabilité sur le plan économique n'est pas assez consistante et
n'est parfois que temporaire.
La profession pouvant être en elle-même
criminogène, elle peut être l'occasion de la délinquance.
Exemple : agriculture et vol des récoltes, commerce et vol des
marchandises. C'est ainsi que dans notre groupe, parmi les 48
délinquants qui déclarent qu'ils avaient une profession avant
leur arrestation, 27% soit 13 déclarent avoir commis leur infraction
dans le cadre de leur profession contre 73% qui déclarent le
contraire.
L'influence du milieu du travail sur la personnalité
du délinquant pour la plupart est fonction de la psychologie du milieu
qui parfois considère certains délies comme non
répréhensibles à l'exemple de la délinquance
« en col blanc » dans le milieu des affaires à
travers les fraudes fiscales, les ententes illicites ou encore « en
col bleu » à l'exemple des fausses réparations faites
par le garagiste 36(*). Tout à
côté de la profession, on retrouve les loisirs dont l'influence
peut être assez déterminante.
B- Les loisirs.
Les loisirs, même s'ils ont pour but premier de
permettre à l'individu de s'épanouir, peuvent aussi être un
facteur qui influence la formation de la personnalité du
délinquant. Le milieu des loisirs peut lorsqu'il est composé des
amis eux-mêmes criminels ou simplement immoraux, contribuer à la
formation du délinquant 37(*). Cet ainsi que la nécessité de savoir,
quels milieux en ce qui concerne les loisirs sont fréquentés par
les délinquants de notre échantillon apparaît. Les
résultats tels que consignés dans le tableau suivant sont assez
évocateurs.
|
Nombres
|
Pourcentages
|
Football
|
23
|
35,3%
|
Vidéo club
|
10
|
15,5%
|
Musique
|
9
|
13,8%
|
Bar
|
17
|
26,1%
|
Lecture
|
18
|
27,6%
|
Promenade
|
3
|
4,6%
|
Aucun
|
11
|
16,9%
|
Tableau 18 : Les
loisirs des délinquants
Ces chiffres tel qu'il ressort du tableau nous
démontre que certaines activités, à l'exemple du football
sont plus prisées par les délinquants de notre groupe (35,3%). il
est aussi à noter que parmi toutes les distractions choisies par les
délinquants, la plupart ne sont que des activités passives, ou
des distractions subies, contrairement à l'idée d'effort.
En définitive, les loisirs malgré le fait
qu'ils soient là pour permettre aux individus d'occuper leur temps libre
peuvent être d'une influence déterminante sur la formation de la
personnalité des délinquants, car ils ont l'occasion de
rencontrer des personnes plus ou moins immorales.
CHAPITRE 2 :
LE MILIEU SUBI : LE MILIEU
CARCERAL ET LE PROBLÈME DE LA RÉINSERTION SOCIALE DES
DÉLINQUANTS DANS LA VILLE DE DSCHANG.
Le milieu subi qui est celui dans lequel le
délinquant se trouve plongé lorsqu'il est arrêté,
jugé et condamné englobe non seulement le milieu carcéral
qui est représenté par la prison, mais aussi, l'ensemble
formé par le système de justice pénale38(*).
Le passage à travers les institutions de
procédure pénale peut avoir un effet traumatisant pour le
délinquant. Dans la lutte que mènent tous les malfaiteurs avec la
police, afin de n'être pas pris, celui là s'est trouvé dans
le lot des vaincus, maladroits et malheureux. Il subira des interrogatoires
policiers qui ne se passent pas toujours dans les conditions correctes et qui
risquent d'avoir un effet catastrophique sur le délinquant, d'autant
plus que ce sera à ce moment où il prendra conscience du fait que
son activité qui pouvait lui paraître auparavant légitime
est blâmée par la société qui, le considère
dès lors non plus comme un individu normal, mais bien comme un criminel.
A l'effet psychologique de cet échec vont s'ajouter le choc de la
séparation familiale, la perte du prestige vis-à-vis des enfants,
les dettes laissées, l'inquiétude pour autrui, joint à
l'angoisse pour soi.
Ensuite vient la période de la détention
préventive dont la durée moyenne est de 4 mois pour les
délinquants de notre échantillon qui en plus du fait qu'elle
constitue un premier contact entre les délinquants primaires et le
milieu carcéral peut causer un choc émotif pouvant
déclencher chez le détenu une maladie mentale grave : une
psychose carcérale39(*).
La blessure du procès s'ajoutera ultérieurement
à tout ceci. La solennité des audiences, les réquisitoires
du ministère public, la plaidoirie de la partie civile vont culpabiliser
davantage encore le détenu.
L'être condamné qu'on retrouve dans le milieu
carcéral se présente de prime à bord comme un être
diminué aussi bien physiquement que moralement, il a été
rabaissé par la défaite qui a modifié sa
personnalité. C'est ainsi que se présente la
nécessité de préparer cet individu à un retour
à la société qu'il vient de quitter tête
baissée.
En fait, la resocialisation des délinquants commence
bien avant le prononcé du jugement, car la peine doit en principe tenir
compte des caractéristiques individuelles du délinquant. C'est
ainsi que le juge devrait alors éviter que ceux des délinquants
présentant des gages sérieux de réadaptation sociale ne
puisse pas se retrouver dans le milieu carcéral. Les délinquants
dont le comportement demande à être réformé par un
traitement efficace devront alors subir une peine d'emprisonnement. La prison
ayant eu dès le départ une fonction intimidatrice et utilitaire,
l'école de la défense sociale a donné à cette
dernière une orientation nouvelle qui viennent s'ajouter aux deux
premières. C'est tenant compte de cette nouvelle orientation que le code
pénale Camerounais ainsi que les divers textes réglementants
l'exécution des peines privatives des libertés ont
été élaborés. Il en est ainsi du décret N?
92/052 du 27 Mars 1992 portant régime pénitentiaire au Cameroun.
Malgré la politique criminelle élaborée par le
législateur camerounais, sa mise en place en ce qui concerne les
institutions pénitentiaires du pays n'a pas été toujours
facile. Qu'en est-il de la prison principale de Dschang ?
La réponse à cette question ne peut passer que
par une étude du régime pénitentiaire applicable dans
cette prison (section 1) et de la protection de la santé physique et
morale des détenus (section 2).
Section 1 : Le régime
pénitentiaire appliqué à la prison principale de Dschang.
Dans la nécessité de favoriser une
réinsertion plus adéquate du délinquant dans le milieu
social, deux principaux régimes ont été mis au point. Il
s'agit du régime d'emprisonnement en commun et du régime de
l'emprisonnement cellulaire.
Le régime de l'emprisonnement en commun est celui dans
lequel sous réserve de la séparation entre les femmes et les
hommes, les adultes et les mineurs, les détenus sont maintenus ensemble
le jour et la nuit.
Le régime de l'emprisonnement cellulaire encore
appelé Régime Pennsylvanien consiste à isoler
totalement le condamné de jour comme de nuit. il exécute
entièrement sa peine dans sa cellule.
De la combinaison de ces deux précédants
régimes, on a obtenu deux autres régimes en l'occurrence le
régime Auburnien et le régime progressif.
Le régime Auburnien voudrait que pendant la nuit, le
détenu soit enfermé seul dans sa cellule et que le jour, les
détenus travaillent et prennent leur repas en commun.
Le régime progressif ou régime Irlandais est
une application successive du régime cellulaire et de l'emprisonnement
en commun au cours de l'exécution de la peine. Le condamné par
phases successives passe de l'emprisonnement cellulaire de jour et de nuit
à une liberté totale.
Le régime pénitentiaire applicable au Cameroun
est le régime de l'emprisonnement en commun sous réserve,
conformément aux articles 20 al.1 et 2 du décret N? 92/052, de la
séparation de prévenus des condamnés et de la
séparation rigoureuse des femmes des hommes. La prison principale de
Dschang ne faisant pas exception à l'application de cette règle,
nous verrons d'abord quels sont les avantages et les inconvénients de ce
régime (paragraphe 1) et ensuite les conditions de détention
(paragraphe 2).
Paragraphe 1: Avantages et
inconvénients du régime pénitentiaire appliqué
à la prison principale de Dschang.
Le régime de l'emprisonnement en commun est en fait le
plus simple à appliquer et le plus économique plus qu'il ne
nécessite aucun aménagement particulier. Cet avantage cadre au
Cameroun avec les moyens financiers réduits de l'Etat. Ce régime
a aussi pour avantage de cultiver le sens de la solidarité chez les
détenus dans la mesure où ils sont maintenus dans une ambiance
proche de celle qui règne dans la société, qu'ils ont
quittée. Ce régime facilite non seulement l'organisation du
travail en prison, mais aussi permet une meilleure surveillance des
activités journalières des détenus par les gardiens.
Quant aux inconvénients de ce régime, la vie en
commun favorise le risque de corruption. Il met en contact des
délinquants primaires amendables avec des criminels chevronnés.
C'est en se frottant de manière constante aux autres détenus que
le délinquant primaire consolide sa personnalité
délinquantielle. Au lieu de contribuer à relever moralement le
détenu, ce milieu peut plutôt contribuer à le pervertir
à cause des mauvaises influences liées à la
promiscuité dans laquelle ils vivent. Ces inconvénients peuvent
s'aggraver au cas où les conditions de détention sont
mauvaises.
Paragraphe 2: Les
conditions de détention dans la ville de Dschang.
Pour mieux cerner les conditions de détention, nous
devons étudier les structures d'encadrement (A) et le personnel
d'encadrement (B).
A- Les structures
d'encadrement.
Créée en 192740(*), la prison principale de Dschang a un aspect
caractéristique des maisons héritées de la colonisation.
Elle présente un état de délabrement avancé. La
population carcérale assez élevée de cette prison pose un
problème assez sérieux face à la vétusté et
à l'insuffisance des bâtiments et des équipements. C'est
ainsi que les détenus entassés par dizaines dans les cellules,
sont parfois obligés de se serrer dans des lits de qualité
déplorable41(*) ou
de dormir à même le sol. Cette situation ne pouvant contribuer
qu'à accentuer l'état de promiscuité qui règne dans
cette prison, elle augmente non seulement les risques de corruption morale de
certains détenus mais aussi fait de la prison principale de Dschang un
milieu hautement criminogène. Ce surpeuplement favorise alors le
pervertissement des délinquants primaires par les grands truands, une
dépravation morale et une déperdition des mineurs 42(*) dues aux communications
inévitables entre les délinquants.
La séparation des condamnés des prévenus
telle que prévue à l'article 20 al.1 du décret N? 92/052
n'est pas tout à fait respectée à la prison principale de
Dschang. Des huit cellules que compte le quartier des adultes hommes, deux
contiennent aussi bien des prévenus que des condamnés43(*) tandis que chez les femmes et
mineurs, ceux-ci sont complètement mélangés.
Tout en attendant que leur culpabilité ou leur
innocence soit reconnue un jour, les prévenus passent de longs mois
à la prison au cours desquels ils pourront être facilement
contaminés par les délinquants professionnels.
En ce qui concerne le respect de l'article 20 al.4 qui
dispose qu'« un quartier spécial est réservé aux
mineurs », le bâtiment d'extension de la prison, construit il y
a une quinzaine d'années 44(*) sert actuellement de quartier pour les mineurs. Mais
ces derniers dont le nombre dépasse difficilement une dizaine45(*) passent la plus grande partie
de leurs journées avec les adultes. Ceci étant dû à
un manque de personnel pour pouvoir surveiller ces mineurs en permanence dans
leur quartier.
B- Le personnel
d'encadrement.
Le personnel de l'administration pénitentiaire est
composé d'une part, du personnel de direction et du personnel
administratif à la tête duquel se trouve le régisseur et
d'autre part du personnel de la surveillance constitué essentiellement
des gardiens de prison46(*).
La prison ayant été conçue dès le
départ pour punir les délinquants en les mettant hors de la
société, le rôle principal des gardiens de prison
était la garde du détenu et le maintien de la discipline. Sous
l'influence des idées positivistes, l'évolution de la fonction de
la prison allait entraîner celle du rôle du gardien de prison.
L'accent ayant été mis sur la réadaptation sociale, la
fonction de rééducation allait faire partie des rôles
confiés aux gardiens de prison.
Au Cameroun, la formation militaire que reçoivent les
gardiens de prison met beaucoup plus d'accent sur la formation de garde que sur
celle d'éducateur. Le maître mot des établissements
pénitentiaires étant la sécurité et la
surveillance, le détenu y est considéré comme un fauve
qu'il faut empêcher de nuire. La formation des gardiens devrait alors
privilégier l'esprit nouveau introduit dans la pratique
pénitentiaire à savoir l'amendement et la resocialisation des
détenus.
A côté de ce problème, un autre plus
sérieux se pose :celui de l'accroissement de la population
carcérale que ne suit pas celui du personnel de surveillance47(*). Cette situation ne peut
qu'avoir des effets néfastes pour le maintien de l'ordre et de la
discipline à l'intérieur de la prison.
Section 2 : La protection de la
santé physique et morale des détenus.
La nécessité d'humaniser les conditions de
détention entraîne celle de prendre en compte aussi bien la
santé physique que morale des détenus. La simple privation de la
liberté étant déjà en elle-même une peine
assez difficile à purger, il ne faut pas qu'on y ajoute encore un
mauvais traitement. Dans le but de laisser aux détenus un minimum de
dignité personnelle, on doit s'occuper aussi bien de leur santé
physique (A) que de leur santé morale (B).
Paragraphe 1: La
santé physique des détenus.
La santé physique implique deux aspects fondamentaux,
l'entretien des détenus (A), leur hygiène et les soins
médicaux (B).
A- L'entretien des
détenus.
Il implique la fourniture de la nourriture et le
matériel de couchage.
En ce qui concerne la nutrition, elle devrait être
équilibrée et suffisante tel que prévu par l'article 29 du
décret N? 92/052.
Dans la prison principale de Dschang, non seulement les
détenus n'ont qu'un seul repas par jour, ce dernier s'avère
qualitativement et quantitativement insuffisante48(*). Cette mal nutrition
entraîne fréquemment des maladies au sein de la population
carcérale tel que le mal d'estomac49(*).
Quant au matériel de couchage, il existe dans une
certaine mesure mais la quantité est réduite. Les lits qui
existent sont parfois dépourvus de matelas et les couvertures laissent
à désirer. La plupart de ces matériels ayant servi
à plusieurs générations de détenus, ils ne sont pas
le plus souvent désinfectés avant toute nouvelle utilisation
d'où la présence permanente de certaines maladies telle que la
galle et les poux au sein de la population carcérale50(*).
B- L'hygiène et
les soins médicaux.
L'hygiène englobe aussi bien l'hygiène
corporelle des détenus que l'entretien des locaux .
En ce qui concerne l'hygiène corporelle, l'article 32
al.2 du décret N? 92/052 prévoit qu'« aussi souvent que
possible, tous détenus doivent prendre un bain à l'heure chaude
de la journée. Les condamnés doivent avoir les cheveux
coupés ras ». Dans la prison principale de Dschang, les
détenus malgré le fait qu'ils ne disposent que de deux salles de
bain pour environ 300 personnes, ont au moins la possibilité de prendre
un bain. Mais au cours de leur bain, les détenus sont presque
obligés d'exposer leur nudité à tout passant, les salles
de bains n'ayant pas de porte51(*). En plus de cela, rares sont ceux des détenus
qui disposent en permanence d'un morceau de savon pour leur bain. Ceci explique
la présence quasi permanente de la galle et d'autres maladies de la peau
au sein de la population carcérale.
En ce qui concerne l'habillement des détenus,
l'administration pénitentiaire ne remettant pus d'uniforme aux
détenus comme prévu à l'art. 30 al. 1, chaque
détenu doit alors s'occuper de son habillement. Les habits
arborés par les détenus de la prison de Dschang étant pour
la plupart d'une propreté douteuse et le vêtement étant un
moyen d'expression et de perception de la personnalité, lorsqu'ils sont
dégradants et humiliants, peuvent alors provoquer des réactions
psychologiques génératrices de troubles variés.
Quant à l'entretien des locaux prévu par l'art.
10 du décret N? 92/052, il n'est pas toujours de rigueur dans la prison
si l'on s'en tien à la puanteur des salles de bain et des toilettes qui
y rendent l'air parfois irrespirable à certaines heures chaudes de la
journée. Ce manque d'hygiène peut parfois avoir des
conséquences néfastes pour la santé des détenus car
pouvant être la cause de certaines maladies.
Les soins médicaux découlent de la
prérogative accordée aux détenus de se faire soigner en
cas de maladie. Les mauvaises conditions de vie telles que décrites plus
haut exposent les détenus à de nombreuses maladies. La prison de
Dschang malgré le fait qu'elle dispose d'une infirmerie, fait face
à des problèmes d'équipement et de médicaments.
Lorsqu'un pensionnaire est gravement malade, il est en principe
transféré dans un centre hospitalier, mais à la condition
qu'il dispose d'assez de moyen pour se faire soigner. Le défaut de moyen
est synonyme de mort certaine52(*).
Paragraphe 2 : La
santé morale des détenus.
Pour que les conditions de vie dans le milieu carcéral
n'aient pas une influence néfaste sur le moral des détenus,
plusieurs mesures ont été prises par le législateur. Elles
touchent au maintien des rapports entre le milieu carcéral et le monde
extérieur (A) et l'action socio-éducative entreprise dans le
milieu carcéral (B).
A- Les rapports entre le
milieu carcéral et le monde extérieur.
Le but de la resocialisation étant de permettre aux
détenus de pouvoir se réinsérer facilement à leur
sortie, il est nécessaire de préserver les divers liens aussi
bien familiaux et amicaux (1) que sociaux à travers l'information
(2).
1- La préservation
des liens familiaux et amicaux
Elle a pour but d'éviter la dislocation de la famille
et la destruction des relations amicales. Elle se manifeste à travers
les visites et les permissions de sortie (a) ainsi que les correspondances
(b).
a- Les visites et les
permissions de sortie.
L'article 37 du décret précité
énonce que les condamnés sont autorisés à recevoir
les visites des membres de leur famille et amis. Ces visites ont lieux dans les
parloirs ou coin de prison spécialement aménagé à
cet effet en présence d'un ou de plusieurs gardiens de prison dans les
conditions fixées par le règlement intérieur de la prison.
Mais ces visites peuvent être suspendues pour une période
n'excédant pas deux mois ou totalement supprimées
conformément aux dispositions de l'article 39. mais, c'est des
situations assez rares dans la pratique en ce qui concerne la prison principale
de Dschang.
La permission de sortie même si elle n'est pas
prévue par les textes est reconnue dans la pratique car elle est
prévue par le règlement intérieure de la prison principale
de Dschang53(*). Elle
permet ainsi aux pensionnaires de pouvoir quitter le milieu carcéral
pour aller s'entretenir avec leurs connaissances.
b- La correspondance avec
les détenus.
Il est permis aux détenus conformément à
l'article 37 al.1 du décret N? 92/052 de recevoir des courriers des
membres de leurs familles, des avocats et des autorités judiciaires, et
d'en envoyer. Toutefois, les lettres et colis envoyés ou reçus
passent par le contrôle du régisseur ou des gardiens de prison.
Ces colis ne doivent pas comporter des objets tranchants ou pointus et ne
devront contenir que des feuilles de papier ou autre article
périssable.
Malgré le fait que ces droits soient reconnus
à tous les détenus, leur jouissance effective pose des
problèmes dans la prison principale de Dschang dans la mesure où
les autorités pénitentiaires disposent d'un très large
pouvoir discrétionnaire et de même certains sont accordés
de manière subjective54(*).
2- L'information des
détenus.
Pour éviter que le détenu ne soit
complètement coupé du monde extérieur, il est
indispensable qu'il soit au courant de tous les événements
rapportés par les médias. Ceci empêche qu'il ne soit un
inadapté social à sa sortie. C'est ainsi que les journaux, la
radio et dans une certaine mesure la télévision doivent
être mis à sa disposition. L'existence de ces outils d'information
ne peut que contribuer à une humanisation de la vie à
l'intérieur de la prison.
B- L'action
socio-éducative dans le milieu carcéral.
Ces actions peuvent être l'oeuvre des autorités
de l'administration pénitentiaire (1) ou celle des auxiliaires de
l'administration pénitentiaire (2).
1- Les activités
organisées par les autorités pénitentiaires.
Le décret N? 92/052 dans le but de favoriser la
santé morale des détenus, fait obligation aux autorités
pénitentiaires d'organiser des activités pour éviter
l'oisiveté dans la prison. Il en est ainsi des loisirs et des
activités culturelles (a), ainsi que de la formation professionnelle des
détenus (b).
a- Les loisirs et
activités culturelles.
Le législateur a prévu à l'article 61,
la nécessité pour les détenus de pratiquer des exercices
physiques, récréatives et culturelles.
La pratique des exercices physiques est indispensable pour
protéger aussi bien la santé physique que morale des
détenus. Dans la prison de Dschang, cette pratique est presque
inexistante, les détenus ne disposant pas d'assez d'espace pour le
faire, la cour de la prison n'étant pas assez vaste.
La pratique des exercices récréatives, qui
ont aussi bien un but instructif que de divertissement est de temps à
autre organisée dans la prison. C'est le cas par exemple des
représentations théâtrales et des danses. Mais, il est
à noter que ces activités qui sont très
bénéfiques pour le rehaussement du moral des détenus ne
sont organisées que très rarement, l'administration
pénitentiaire ne disposant pas assez de moyens pour les organiser de
façon régulière.
b- La formation
professionnelle.
Le rôle de la formation professionnelle est très
important dans le processus de resocialisation du détenu car elle
permet à celui-ci de pouvoir acquérir une certaine autonomie
financière à sa sortie de prison. Cette formation implique aussi
bien l'apprentissage d'un métier à ceux qui n'en ont pas, que le
perfectionnement pour ceux qui ont déjà une profession.
Le détenu qui arrive à la prison, doit en
principe recevoir une formation professionnelle. Mais tel n'est pas
réellement le cas dans la prison de Dschang où l'administration
ne participe que timidement dans ce sens55(*). Parmi les détenus, quelques un seulement
pratiquent la cordonnerie, le filetage, la vannerie et la bijouterie.
L'apprentissage et la pratique d'un métier dans le
milieu carcéral peuvent permettre au détenu non seulement de
pouvoir gagner sa vie après sa libération, mais aussi de pouvoir
disposer d'un peu de revenu pour son séjour en prison. A ce niveau se
pose le problème du pécule qui en principe devrait être
remis au délinquant à sa libération pour faire face
à ses besoins. Mais tel n'est pas toujours le cas, dans la pratique il
est le plus souvent presque inexistant56(*).
En principe, l'apprentissage et l'exercice d'une profession
dans le milieu carcéral de Dschang ne se font encore que de
manière assez timide d'où une inquiétude légitime
pour l'avenir des jeunes délinquants qui en sortent.
2- Les activités
organisées par les auxiliaires de l'administration
pénitentiaire.
Ces activités dans la pratique sont l'oeuvre des
assistants sociaux et des ministres de culte. Il s'agit d'une part de
l'assistance sociale (a) et d'autre part de l'assistance spirituelle (b)
a- L'assistance sociale
aux détenus.
Telle que prévue à l'article 64 du
décret N?92/052, l'assistance sociale a pour objet de contribuer au
relèvement moral des détenus, dans le but de faciliter leur
réinsertion sociale après leur libération.
Mais dans la pratique, l'assistance sociale aux
détenus n'est pas très accentuer car le nombre d'assistants
sociaux est très restreint par rapport à la population
carcérale57(*). A
côté de l'assistance sociale, l'assistance spirituelle est
nécessaire pour rehausser le moral des détenus.
b- L'assistance
spirituelle.
Elle permet aux détenus de recevoir les valeurs
morales et spirituelles susceptibles de les détourner de la
délinquance.
En principe, toutes les religions devraient être
représentées dans les établissements
pénitentiaires. C'est dans cette optique qu'un petit lieude
culte58(*) a
été aménagé à la prison de Dschang où
les différentes religions doivent célébrer leurs offices.
Mais tel n'est pas toujours le cas car seules quelques religions y sont
représentées59(*).
De l'analyse des divers milieux qui constituent la ville de
Dschang, nous pouvons constater que certains de ces milieux comportent des
éléments dont l'apport est déterminant dans la formation
de la personnalité des délinquants qu'on y trouve. Il en est
ainsi de la famille d'origine des délinquants, dont l'étendue et
surtout la situation sociale rendent extrèmement criminogène; du
milieu scolaire à travers ses échecs et la frustration qu'elles
entraînent, ainsi que le milieu professionnel qui suscite la commission
de nombreuses infractions.
Quant au milieu carcéral dont le rôle est de
préparer les délinquants à un meilleur retour à la
vie d'homme libre, nous avons constaté qu'elle comportait au contraire,
beaucoup d'éléments qui la rendait plutôt hautement
criminogène. Ce faisant, sa fonction resocialisatrice n'est accomplie
que d'une manière timide.
Face à cette situation, une action préventive
devient indispensable dans le but de diminuer l'influence négative de
ces divers milieux sur la formation de la personnalité des
délinquants à Dschang.
TITRE II TITRE
II :
L'APPLICATION DES MESURES PREVENTIVES ET CURATIVES DE LA
DELIQUENCE DANS LA VILLE DE DSCHANG
De l'étude statistique effectuée à la
première partie, nous avons constater que plusieurs
éléments du milieu avaient une influence évidente sur la
personnalité des délinquants dans la ville de Dschang. On
pourrait ainsi évoquer la pauvreté et son incidence sur
l'habitat, l'effet néfaste de la polygamie, le manque d'éducation
aussi bien des parents que des délinquants eux-mêmes, ainsi que
bien d'autres facteurs plus ou moins déterminants.
Lorsque plusieurs de ces facteurs s'accumulent dans la vie
d'un individu, le risque pour ce dernier de sombrer dans la délinquance
est très grand. Une action préventive devient alors indispensable
à ce niveau. Cette action ne pourra être faite que sous
l'impulsion du législateur, qui au Cameroun a mis sur pied divers textes
ayant pour but aussi bien la prévention que la resocialisation. Il en
est ainsi de la loi No 67/LF/1 du 12 Juin 1967 portant code pénal du
Cameroun à travers certaines de ses dispositions et du décret
N?92/052 du 27 Mars 1992 portant régime pénitentiaire au
Cameroun.
L'application des dispositions du décret No 92/052 en ce
qui concerne la ville de Dschang ayant déjà été
étudiée dans la première partie, nous nous
intéresserons dans celle-ci aux mesures prévues par le code
pénal. Nous verrons d'abord, le rôle de la loi pénale dans
la lutte contre l'influence du milieu criminogène dans la ville de
Dschang (chapitre 1) et ensuite, nous nous évertuerons a rechercher des
mesures de prévention et de resocialisation pouvant être mises en
place par les autorités de la ville (chapitre 2).
CHAPITRE 1 CHAPITRE
1
LA LOI PÉNALE
CAMEROUNAISE ET LA LUTTE CONTRE L'INFLUENCE NÉGATIVE DU MILIEU
CRIMINOGENE DANS LA VILLE DE DSCHANG.
Conscient de l'influence du milieu criminogène sur le
comportement des individus, le législateur camerounais à travers
la loi N? 67/LF/1 du 12 Juin 1967 portant code pénal, a mis sur pied
des règles ayant pour but d'atténuer ou d'annuler celle-ci
lorsqu'elle s'avère négative.
Le législateur a ainsi estimé nécessaire
de créer à côté des peines sanctionnant le
comportement criminel, des mesures de sûreté visant à
éviter la récidive. Ces mesures ont pour but, soit
d'améliorer les conditions du milieu de vie du délinquant, soit
de l'éloigner de ce milieu.
La sanction du milieu par le code pénal est soit
explicite soit implicite. Sanctionner explicitement consiste à
élaborer des règles qui s'appliquent directement au milieu. Quant
à la sanction implicite, elle vise en premier lieu, l'individu, le
criminel, mais a une incidence sur le milieu. Nous verrons alors les mesures
directes (section 1) et les mesures indirectes (section 2) prévues par
le code pénal et leur application dans la ville de Dschang.
Section 1 : Les mesures
directes du code pénal sur le milieu.
Pour sanctionner le milieu, le juge devra d'abord s'assurer
de sa criminogénéité en étudiant le rôle
que ce dernier a eu à jouer dans l'accomplissement de l'acte criminel.
Une fois la responsabilité du milieu déterminée, le juge
peut préconiser des mesures directes telles que la fermeture
d'établissement (paragraphe 1) et l'engagement préventif des
parents (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La
fermeture d'établissement.
La fermeture d'établissement est l'interdiction faite
à une entreprise de poursuivre son exploitation. Elle consiste à
« retirer de la vie commerciale et publique, un établissement
qui a été le théâtre, l'instrument ou l'occasion de
certaines activités dangereuses pour l'ordre public »60(*). La fermeture
d'établissement visant plus le milieu qui est cause de la sanction que
la personne propriétaire des lieux, il est nécessaire de voir son
domaine (A) et ensuite les effets de la sanction (B).
A- Le domaine de la
fermeture d'établissement.
La fermeture d'établissement non seulement concerne
une certaine catégorie d'établissement (1) mais aussi, cette
sanction doit être prévue par l'article qui définit et
sanctionne l'infraction (2).
1- Les
établissements concernés.
L'article 34 du code pénal prévoit que, le
tribunal peut ordonner la fermeture « d'un établissement
commercial ou industriel ou d'un local professionnel ayant servi à
commettre une infraction, ... ». De cet article, il ressort deux
conditions préalables.
D'abord l'article 34 parle d `un établissement
commercial ou industriel ou d'un local professionnel. La nature commerciale de
l'établissement sera liée à l'exercice en son sein d'une
activité générant des bénéfices quelle que
soit la couverture qu'il se serait offerte. Ainsi une maison d'habitation
apparemment innocente où se livre un commerce, ou dans laquelle on se
livre au proxénétisme sera passible de cette sanction.
Ensuite, la participation de l'établissement doit au
préalable être prouvée. Mais, il faut noter que le milieu
dans ce cas n'est le plus souvent que l'élément de passage
à l'acte sans lequel, l'acte n'aurait pas eu lieu.
Le juge devra, apprécier en toute liberté le
dégré de participation du milieu ou de l'établissement
à l'acte délictueux avant d'y appliquer la sanction
prévue.
2- La prévision de
la sanction.
Puisqu'elle est soumise au principe de la
légalité, la fermeture d'établissement ne peut être
prononcée que dans le cas où elle est prévue et que pour
la durée indiquée par le texte61(*). Plusieurs cas sont prévus par le code
pénal parmi lesquels les maisons de jeu et les débits de
boisson.
- Les maisons de jeux et loterie (article 249 al 3 du
c.p.).
L'al 1 de l'article 249 prévoit d'abord, qu'
« est puni... celui qui sans autorisation préalable
légale requise offre au public pour faire naître l'espoir d'un
gain en nature... ». Les activités concernées sont
entre autre les paris ou loteries62(*).
C'est le caractère frauduleux de l'activité qui
entraîne l'application de l'al 3 qui prévoit que « la
juridiction peut en outre prononcer les déchéances de l'article
30 ainsi que la fermeture de l'établissement même s'il est
affecté à un tout autre usage ». Ce faisant, le
législateur permet au juge de pouvoir réprimer l'exercice de
cette activité, même effectuée sous le couvert d'une autre
en apparence légale.
Ce texte ne trouve pas une très large application dans
la ville de Dschang où le phénomène des jeux de hasard non
pas encore atteint un niveau assez inquiétant contrairement à la
consommation de l'alcool.
- Les débits des boissons (article 348 c.p.)
L'article 348 al 1 érige en une infraction punissable,
le fait pour un débitant de boisson de recevoir certaines personnes dans
son établissement. Il s'agit à l'al 1(a) des personnes mineures
de seize ans non accompagnée d'une personne majeure de vingt et un ans
en ayant la surveillance, à l'al 1(b), du fait de vendre ou d'offrir
dans son établissement ou dans tout autre lieu des boissons alcooliques
à une personne mineure de dix huit ans non accompagnée d'un
majeur. L'al 1(c) puni aussi celui qui fait boire à l'ivresse une
personne mineure de vingt et un ans.
Soucieux de l'ampleur prise par la consommation de l'alcool
par les jeunes, le législateur a non seulement prévu la
répression de l'infraction mais aussi la possibilité de
procéder à une fermeture de l'établissement
concerné à travers l'article 348 al 2(c). L'inexistence du dit
milieu annule toute possibilité de rechute dans le même
endroit.
Mais, il faut noter que de telle comportement que l'on
rencontre fréquemment dans la vie courante, sont très rarement
réprimées dans la pratique63(*). Cette situation, ne peut qu'accentuer l'influence
des milieux de consommation d'alcool sur les jeunes.
B- Les effets de la
sanction
Ils varient selon que les personnes concernées sont
fautives ou non. Ainsi, nous verrons l'effet quant aux personnes
condamnées (1) et le cas du propriétaire du local étranger
à l'infraction (2).
1- Les personnes
condamnées
Il ressort de l'article 34 que « ... cette mesure
emporte interdiction pour le condamné et pour les tiers auquel le
condamné a vendu, cédé, ou loué
l'établissement ou le local professionnel d'exercer dans le même
local le même commerce, la même industrie ou la même
profession ». Non seulement l'interdiction frappe le
propriétaire du local, mais aussi, elle produit les mêmes effets
sur un certain nombre de personnes a qui, le condamné aurait
cédé ses droits. Cette position peut se justifier pas
l'inquiétude de les voir recommencer avec la complicité du
condamné. Mais, tel n'est pas toujours le cas pour le
propriétaire du local.
2- Le propriétaire
du local
Lorsque le propriétaire du local est reconnu comme
complice du gérant coupable, la sanction pourra lui être
étendue. Mais, au cas où le condamné, simple locataire du
fond n'a pas agit en complicité avec le propriétaire, ce dernier
reste libre de louer le local à un tiers, même pour exercer la
même profession. Le propriétaire ne répond pas des actes de
son locataire et est tenu à l'écart des effets de la sanction.
En décidant de la possibilité de fermeture d'un
établissement ayant été l'instrument ou l'occasion d'une
activité dangereuse, le législateur camerounais permet de
combattre d'une manière plus concrète l'influence du milieu
criminogène. Mais, il faut noter que ces dispositions sont très
rarement appliquées par les juges en ce qui concerne la ville de
Dschang. Qu'en est-il de l'engagement préventif qui vise le milieu
familial ?
Paragraphe 2 :
L'engagement préventif des parents ou tuteurs (article 48 du code
pénal)
Le milieu familial étant le premier milieu de
socialisation de l'enfant, la mesure prévue par le législateur en
son article 48, a pour but de faire prendre conscience aux parents de leurs
responsabilités dans la délinquance de leurs enfants. Elle
entraîne l'obligation d'assainir le climat et l'ambiance familiale, afin
d'éviter aux enfants les tentations de la délinquance.
L'étude de la mise en oeuvre de cette mesure de
sûreté, nécessite qu'on examine d'abord les conditions de
l'application (A) et les effets (B).
A- Les conditions
d'application de l'engagement préventif.
L'application de cette mesure de sûreté, telle
qu'il découle des dispositions de l'article 48 nécessite une
double condition :d'abord la commission d'une infraction par un mineur de
dix huit ans (1) et ensuite la constatation par le tribunal de l'infraction
(2).
1- La commission d'une
infraction par un mineur de 18 ans
La minorité, regroupe un ensemble de personnes, dont
l'âge se situe au dessous du maximum prévu par la loi et qui est
de 18 ans. Plusieurs article du code pénal déterminent
l'étendue de la responsabilité de ceux-ci en fonction de
l'âge64(*).
L'infraction commise par le mineur, englobant toutes les
différentes catégories d'infraction, crime65(*), délit66(*), et contravention,
l'engagement constitue une mesure de protection sociale par l'intimidation et
l'appel au sens de la responsabilité des parents et tuteurs.
La mesure pouvant être appliquée quelque soit la
gravité de l'infraction, elle amènera les parents et tuteurs a
revoir leurs méthodes d'éducation et d'encadrement de leur
progéniture dans le but de rendre le milieu familial moins
criminogène. Mais, l'application de cette mesure nécessite au
préalable que l'infraction soit constatée.
2- La constatation par le
tribunal de l'infraction
La saisine du juge dans ce cas, peut être
effectué soit par les victimes, soit par le ministère public sur
renseignement des autorités de police. La vérification de
l'imputabilité des faits pourra amener le juge a prononcer la mesure.
Mais, il faut noter que le prononcé de la mesure a un
caractère facultatif, car l'article 48 qui dispose que le
Président du tribunal peut imposer l'engagement à ses
père67(*),
mère68(*),
tuteur69(*) ou responsable
coutumier, le soumet à la volonté unilatérale du juge. Le
juge doit alors tenir compte des possibilités pratiques
d'exécution de la mesure et toutes les circonstances des faits pour
prononcer la mesure. Ceci pourra permettre à celle-ci de produire
l'effet désiré.
B- Les effets de
l'engagement préventif
L'engagement des parents est non seulement une mesure
temporaire (1) mais aussi, met à la charge de ceux-ci une obligation de
moyen (2).
1- Engagement des
parents : Une mesure temporaire.
La durée de l'engagement des parents, tuteurs et
responsables coutumiers est limité dans le temps. Conformément au
dispositions de l'article 48, elle n'est que d'un an.
Durant cette période les engagés doivent tout
mettre en oeuvre pour empêcher la récidive ou la rechute du
mineur.
Au cas où le mineur commet la même infraction
que la première avant la fin de ce délais, l'engagé devra
payer une certaine somme, qui sera fixée en fonction de ses
possibilités. A la fin de ce délais, l'engagement qui n'est en
fait une obligation de moyen prend fin.
2- Engagement des
parents : obligation de moyen
Durant la période que court l'engagement, les
engagés doivent tout mettre en oeuvre pour desceller les causes de la
délinquance du mineur et essayer d'y remédier. Le
législateur, tout en laissant la possibilité à
l'engagé de trouver des solutions aux problèmes du mineur reste
cependant conscient des difficultés qui cela pourrait présenter.
Ces difficultés sont le plus souvent dues à la
personnalité propre du mineur qui peut rendre la tache très
difficile à l'engagé.
Si en dépit des mesures prises par les parents ou les
responsables à l'égard du mineur, celui-ci récidive , ils
ne peuvent être inquiétés, s'ils rapportent la preuve
qu'ils ont pris toutes les mesures utiles pour éviter la commission de
l'infraction70(*). Ainsi,
ceux-ci ne sont tenus que d'une obligation de moyen et non d'une obligation de
résultat.
Malgré le fait que l'engagement préventif soit
prisé par le juge pénal de la ville de Dschang, il semble
paradoxal de constaté un manque de décision sanctionnant le non
respect de l'engagement. Est-ce à dire qu'elle est scrupuleusement
respectée ou tous simplement, qu'une fois prononcée, le juge ne
se pose plus la question de savoir si elle est respectée ou non en cas
de récidive du mineur ?
Section 2 : Les actions
indirectes du code pénal sur le milieu.
Les actions indirectes du code pénal consistent d'une
manière générale, à soustraire l'individu auteur de
l'infraction après qu'il ait purgé sa peine, du milieu qui l'a
poussé à la délinquance. Nous verrons alors l'interdiction
de profession qui frappe certains individus (paragraphe 1), ainsi que les
obligations spéciales et les déchéances dont ils peuvent
faire l'objet (paragraphe 2).
Paragraphe 1 :
L'interdiction de profession
L'interdiction de profession est avant tout une mesure de
protection du délinquant contre sa faiblesse, contre les circonstances
qui l'on poussé vers la délinquance71(*). L'application de cette mesure
exige que certaines conditions soient remplies. Nous verrons les conditions
d'applications (A) et les effets de l'interdiction (B).
A- Les conditions
d'application de l'interdiction de profession.
Il ressort de l'article 36 al. 1 du c.p. que,
« l'interdiction d'exercer une profession peut être
prononcée par décision motivée contre les condamnés
pour crimes ou délits de droit commun lorsqu'il est constaté que
l'infraction commis a une relation directe avec l'exercice de la profession et
qu'il y a de graves craintes que cet exercice ne constitue un danger de rechute
pour le condamné ».
Il résulte de cet al. 1, que deux conditions
fondamentales doivent être réunies : la constatation que
l'infraction commis a une relation directe avec l'exercice d'une profession (1)
et que la continuation de l'exercice de la profession donnerait lieu de
craindre sérieusement une rechute du condamné (2).
1- L'existence d'une
relation directe entre l'infraction et la profession.
La recherche de la relation entre l'infraction et la
profession entraîne comme corollaire, la reconnaissance préalable
par le juge de l'influence du milieu. Si le juge se rend compte du
caractère déterminant de l'exercice de la profession dans le
processus de maturation du projet criminel et du passage à l'acte, il
doit alors, s'il estime cela nécessaire, prononcer l'interdiction de
profession.
La relation entre la profession et l'infraction devra
être très évidente, de telle sorte que l'on puisse conclure
que si le délinquant n'avait pas exercer ladite profession, s'il ne
s'était pas retrouver dans ledit milieu , il n'aurait pas commis
l'infraction72(*),
d'où la crainte d'une rechute de celui-ci.
2- La crainte de rechute du
condamné.
Cette mesure, vise particulièrement la protection des
individus ayant une personnalité labile73(*), c'est à dire ceux qui sont exposés
à tomber ou faillir à la moindre secousse ou tentation. Pour
déterminer le risque de rechute, le juge se basera sur des circonstances
de fait. Mais, ces circonstances permettent difficilement de déterminer
la personnalité du délinquant et ce faisant les risques de
rechute de celui-ci.
Néanmoins, l'obligation de motiver sa décision
qui pèse sur le juge, pourrait alors l'amener à rechercher
d'autres éléments en dehors des faits tel qu'ils sont
présentés, pour justifier la mesure et faire à ce que
celle-ci produise l'effet désiré.
B- Les effets de l'interdiction.
L'effet principal de cette mesure est l'interdiction pour le
condamné de continuer d'exercer ladite profession qui peut être
considérée comme criminogène pour lui. Il est en quelque
sorte détaché du milieu socioprofessionnel dans lequel il se
trouvait lors de l'infraction et qui l'a mené à l'acte
délictueux. Cette interdiction peut être soit temporaire (1) soit
perpétuelle (2).
1- L'interdiction temporaire.
Le législateur à travers l'alinéa 2 de
l'art. 36, fixe la durée de l'interdiction. Celle-ci est située
entre 1 et 5 ans. Durant cette période, il est formellement interdit aux
condamnés d'exercer la profession en question. Cette interdiction
étant une mesure de sûreté, ce délai ne commence
à courir qu'à la fin de l'exercice de la peine principale.
Tenu loin du milieu qui est criminogène pour lui, le
condamné sera moins enclin à rechuter et pourra à nouveau
exercer sa profession à la fin de ce délai. Mais tel ne sera pas
le cas en cas de rechute de ce dernier.
2-L'interdiction perpétuelle.
L'art.36 al. 3 prévoit en ce qui concerne
l'interdiction de profession, que celle-ci soit perpétuelle en cas de
récidive. La récidive concerne les crimes ou délits de
même nature que le premier.
Cette solution radicale du législateur pourrait se
justifiée outre mesure, dans le sens où la première
sanction n'ayant pas eu l'effet intimidateur, il est peu probable qu'une
nouvelle sanction du genre puisse agir . Il faudrait alors rechercher la
cause de ce comportement non plus dans le milieu, mais dans la
personnalité propre de l'individu. Le milieu ne lui servant que de
facteur favorisant le crime, il ne serait pas impossible qu'il recommence dans
des conditions autres.
Mais, il faut noter que l'interdiction perpétuelle non
seulement évite au délinquant de recommencer, aussi,
gênerait la resocialisation de ce dernier dans la mesure où en lui
ôtant son travail, on lui ôte aussi le meilleur moyen qu'il dispose
pour gagner sa vie.
Malgré le caractère intimidateur et
préventif de l'interdiction de profession, son application par le juge
en ce qui concerne la ville de Dschang n'est pas très courante74(*), ceux-ci
préférant les obligations spéciales et les
déchéances.
Paragraphe 2 : Les
obligations spéciales et les déchéances (art.30 et art.42
du c.p.)
Ces mesures prévues par le législateur visent
en premier lieu le délinquant et ont pour but de diminuer ou d'annuler
les contacts du délinquant avec son ancien milieu ou de le soumettre
à certaines obligations de faire ou de ne pas faire.
Nous examinerons d'abord les interdictions (A) et les
obligations (B) tel qu'il ressort de l'art.42 et enfin les
déchéances de l'art.30 du c.p.(C).
A- Les
interdictions.
Ces interdictions peuvent être classées en trois
catégories : l'interdiction de paraître et fréquenter
certains lieux (1), de fréquenter ou recevoir certaines personnes (2) et
d'exercer certaines activités (3).
1- L'interdiction de
paraître et de fréquenter certains lieux (art.42 al.2 et 8 du
c.p.).
Cette mesure permet d'empêcher le délinquant
à sa sortie de prison, de pouvoir renouer avec les milieux pouvant
entraîner une rechute de ce dernier75(*).
Une telle interdiction pourra frapper les personnes de
mauvaise vie (prostituée, personne condamnée pour association de
malfaiteurs, pour jeux de hasard...). L'accès aux lieux où se
pratiquent ces activités sera proscrit. On estime que la
fréquentation de ces lieux, la rencontre avec ses anciens compagnons,
complices de fait, pourra l'inciter à redélinquer76(*). En plus, il pourra lui
être fait interdiction d'entrer en contact avec certaines personnes.
2- L'interdiction de
fréquenter ou de recevoir certaines personnes (art.42 al.11 et 12)
Elle a pour but d'empêcher le délinquant
à sa sortie de prison de pouvoir retrouver ses anciens compagnons tels
que les complices, les coauteurs, dont la compagnie pourrait pousser celui-ci
à recommencer.
Pour être efficace, une telle mesure doit alors faire
l'objet d'une très large diffusion afin que l'entourage du
délinquant puisse contrôler sa mise en exécution.
3- L'interdiction
d'exercer certaines activités (art . 42 al. 7 et al. 9).
Afin d'empêcher le délinquant de commettre de
nouvelles infractions, il peut lui être interdit d'exercer certaines
activités. Il en est ainsi des cas prévus à l'art.42 al.7
qui interdit la conduite de certains véhicules déterminés
et de l'al. 9 qui interdit aux condamnés la pratique de certains jeux de
hasard.
Toutes ces interdictions ont pour but d'éloigner le
délinquant du milieu l'ayant influencé dans l'acte criminel. Mais
en plus de celles-ci, il peut lui être imposées certaines
obligations.
B- Les obligations.
Il s'agit précisément, tel qu'il
découle de l'art.42, de l'obligation de résidence (1), de
l'obligation d'exercer une activité professionnelle (2) et de contribuer
aux charges familiales (3).
1- L'obligation de
résidence (art.42 al.1)
Elle permet au juge de pouvoir établir la
résidence permanente d'un individu77(*).Son application nécessite que le juge puisse
s'assurer de la non criminogenéité du milieu dans lequel il devra
contraindre le délinquant à résider. Il faudra s'assurer
de l'adéquation entre les éléments du milieu et la
personnalité du délinquant.
Cette mesure, combinée à l'interdiction de
fréquenter certains milieux, circonscrit le domaine d'action du
délinquant tout en lui interdisant l'accès à des
envirronements qui peuvent favoriser sa rechute.
2- L'obligation d'exercer
une activité professionnelle.
Comme nous l'avons vue dans la première partie, le
fait de ne pas disposer d'une source de revenue était un
élément fondamental dans l'adoption du comportement criminel.
Conscient de ce fait, le législateur donne la possibilité au
juge, de pouvoir obliger certains délinquants à exercer une
activité professionnelle78(*) suivre un enseignement ou recevoir une formation
professionnelle79(*).
La mise en oeuvre de ces mesures doivent en principe aboutir
à une situation dans laquelle le délinquant serait
indépendant sur le plan financier.
3- L'obligation de
contribuer aux charges familiales (art.42 al. 5).
L'obligation de contribuer aux charges familiales, s'adresse
plus particulièrement à ceux qui, exerçant un
métier, s'abstiennent de participer au bien-être matériel
de la famille 80(*),contraignant ainsi les membres de celle-ci à
la délinquance.
Son application dans la ville de Dschang est le plus souvent
la conséquence d'une condamnation pour abandon de famille81(*) et l'abandon de foyer82(*) tel qu'il ressort de l'article
258 qui punit toutes personnes parent, tuteur ou responsable coutumier qui se
soustrait de ses obligations matérielles ou morales à
l'égard de la famille. Cette mesure qui s'impose aux parents vise une
meilleure responsabilisation de ces derniers et aussi à amener à
mieux s'occuper de leurs progénitures.
C- Les
déchéances (art. 30).
Faisant partie du domaine des peines accessoires, elles ont
pour but tout comme en ce qui concerne les obligations spéciales,
d'éloigner le délinquant de certains milieux dits
criminogènes pour lui.
Conformément aux dispositions de l'art. 30 al. 1, il
faut noter qu'elles s'appliquent surtout pour les infractions commises dans le
cadre de l'exercice d'une fonction ou d'un emploi public à l'exemple du
détournement des deniers publics83(*) car elle entraîne la destitution et l'exclusion
du condamné.
Il ressort aussi des dispositions des al. 3 et 6 qu`elles
entraînent l'interdiction d'être tuteur, curateur, subrogé
tuteur ou conseil juridique, de tenir une école ou même
d'enseigner dans un établissement d'instruction. Le condamné est
purement et simplement écarté de toute fonction se rapportant
à l'éducation ou la garde des enfants.
Ces mesures visent à éviter l'influence
néfaste que le condamné pourrait avoir sur les enfants, c'est la
raison pour laquelle le juge ordonne parfois la publication de la
décision dans le but d'informer le maximum de personne 84(*). Cette publication permettra
à l'entourage du délinquant de mieux surveiller l'application de
ces mesures.
CHAPITRE 2
LES MESURES DE
PRÉVENTION ET DE RESOCIALISATION POUVANT ETRE MISES EN PLACE DANS LA
VILLE DE DSCHANG.
L'influence exercée par le milieu sur les individus
varie d'une société à une autre. Chaque
société ayant des éléments spécifiques, des
caractéristiques propres, elle seule se doit de trouver les moyens
d'action qui lui sont propres contre le milieu.
Comme nous l'avons dit par ailleurs, les solutions
trouvées dans d'autres milieux n'étant pas transposables de
manière automatique dans notre milieu, nous devons alors soit les
réaménager pour quelles puissent cadrer avec les données
de notre milieu, soit tout simplement les écarter en faveur de solutions
nouvelles.
Mais l'essentiel ici n'est pas seulement de trouver des
solutions. Il faut que ces mesures puissent être
concrétisées par les autorités de la ville qui ont la
lourde responsabilité de lutter contre la criminalité. Il s'agit
concrètement des membres de l'exécutif, des autorités
communales, de la force de l'ordre, des travailleurs sociaux ainsi que tous
ceux qui ont à un dégré plus ou moins élevé
un rôle à jouer dans l'éradication de la
délinquance, tel que les autorités de l'administration
pénitentiaire.
En ce qui concerne la prévention de la
délinquance à travers la lutte contre l'influence du milieu, elle
peut effectuer sur un double plan. Les mesures de prévention peuvent
être mises en oeuvre soit en milieu ouvert qui est l'ensemble
formé par tous les milieux vécus par le délinquant en
dehors du milieu carcéral, soit en milieu fermé qui n'est rien
d'autre que ce milieu carcéral représenté par la
prison.
Nous verrons donc d'abord l'action préventive en
milieu ouvert (section 1) et ensuite la prévention en milieu
fermé (section 2) qui a pour finalité la resocialisation du
délinquant.
Section I : L'action
préventive en milieu ouvert.
L'action préventive en milieu ouvert est celle qui
s'adresse aux divers milieux où évolue l'individu . Elle
vise à mettre en place des structures de base ayant pour but de rendre
ces milieux sains. Elle a pour but principal d'empêcher aux individus de
sombrer dans la délinquance à travers une tentative
d'éradication des éléments du milieu qui sont à la
base de l'émergence du comportement délinquantiel. Ceci dit, elle
vise les individus au moment où ils sont le plus exposés à
l'influence du milieu. Il s'agit particulièrement de l'enfance et de
l'adolescence.
Il faut dire qu'une action pareille a déjà
été mise sur pieds par le ministère des affaires sociales
à travers ce qui a été dénommé
« l'éducation en milieu ouvert ».
Issu de l'instruction ministérielle
N?83/0026/MINAS/DDS/SPLS du 29 Septembre 1983. Elle est alors définie
comme une technique d'intervention sociale qui a pour but de réaliser la
réinsertion sociale des mineurs inadaptés en les maintenant dans
leur cadre naturel de vie, comme une mesure de suivi des mineurs
délinquants en danger moral dans leur famille et comme un action
d'assistance au bénéfice des familles dont les carences de toutes
sortes ont eu à favoriser ou à provoquer l'inadaptation des
enfants85(*).Trois raisons
fondamentales ont été à la base de ce projet.
Tout d'abord l'inadéquation des structures des
unités de rééducation en internat et des quartiers des
mineurs des prisons par rapport aux objectifs éducatifs de
resocialisation qui leur sont assignés.
Ensuite, l'attitude désinvolte de bien des parents
face à leur devoir de premiers éducateurs de leurs enfants.
Enfin la désintégration de la cellule familiale
animée par des mutations trop rapides des mentalités et la
désagrégation des valeurs traditionnelles.
Cette action du MINAS devait en principe se manifester sur le
terrain à travers l'encadrement psychosocial par le biais des causeries
éducatives avec les parents, les jeunes, l'organisation des loisirs
sains, l'organisation de la socialisation ou de l'éducation
fonctionnelle, et le placement socioprofessionnel.
Contrairement à ce projet dont le cadre d'intervention
n'était limité qu'aux services sociaux, les mesures que nous
allons proposer touchent un ensemble plus vaste de personnes et concernent
aussi bien la prévention dans le cadre familial (paragraphe 1) que la
prévention dans le milieu extra-familial (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La
prévention dans le cadre familial.
Il a longtemps été démonté qu'il
existe une relation évidente entre les expériences acquises
durant l'enfance et la criminalité, et aussi qu'une intervention
à ce niveau pourrait être bénéfique. Le but d'une
telle intervention serait d'améliorer le fonctionnement de la famille
car elle peut contribuer à diminuer certains facteurs de la
délinquance associés à ce milieu et ce faisant,
entraîner un meilleur développement de la personnalité des
enfants. Il est alors nécessaire de conscientiser les responsables
familiaux à travers une éducation à la parenté
responsable (A) qui doit en principe aboutir à une meilleur
éducation de l'enfant en milieu familial (B).
A- L'éducation
à la parenté responsable.
La plupart des parents aimeraient être de bons parents
pour leurs enfants mais le plus souvent, le manque de confiance et de talent en
la matière compromet largement ce désir. Ainsi apparaît la
nécessité de mettre sur pied des programmes de responsabilisation
des parents qui ont pour but de stimuler la capacité de ceux-ci à
être de bons parents, en rehaussant leur confiance et aptitude à
résoudre les problèmes courants liés à leurs
rôles de parents.
Beaucoup de délinquants comme nous l'avons vu, sont
issus de familles polygamiques trop nombreuses, qui sont pour la plupart
socialement défavorisées et caractérisées par une
incapacité des parents à contrôler totalement leurs
enfants.
C'est conscient de cette réalité que le
ministère des affaires sociales à travers divers colloques et
rencontres internationales, a décidé il y a quelques
années de rappeler leurs obligations aux parents, ceci à travers
le programme dénommé « éducation à la
parenté responsable »86(*).
Ce programme a pour but d'abord d'expliquer aux parents leurs
responsabilités vis-à-vis des enfants qu'ils mettent au monde et
de la société, car ces enfants ont droit au bonheur, à la
santé et à une éducation pour faire d'eux des personnes
dignes, libres et heureuses ; Et, la société quant à
elle n'a aucunement besoin des individus qui plus tard vont causer du
désordre et être un fardeau pour les autres. La
société n'ayant pas besoin de criminels, les parents sont alors
les premiers verrou de sécurité qu'il faudrait renforcer.
Ensuite, ce programme vise à expliquer aux parents
qu'avoir beaucoup d'enfants n'est plus un signe de richesse, et que chacun peut
en avoir à condition de pouvoir bien les élever. Cette position a
pour but, de ralentir l'accroissement de la population qui est dû
à une trop grande natalité (parfois précoce)
constatée dans les zones rurales.
Mais il faudrait noter que cet objectif très louable
dans sa conception n'a pas réellement eu un échos retentissant
dans sa mise en oeuvre. Celle-ci, nécessite tant l'utilisation des
moyens de communication, l'organisation des colloques et séminaires, n'a
pas encore atteint jusqu'à présent la cible première qui
était visée à savoir la jeunesse et la population rurale.
Ceci est soit dû à la faiblesse de la zone couverte par les moyens
de communication et aussi l'existence de certaines barrières
linguistiques et écologiques entre la ministère et cette
population.
Face à cette situation, un autre procédé
pourrait être adopté, procédé consistant à
plus se rapprocher de la population rurale. Dans la ville de Dschang par
exemple, on pourrait en dehors de l'action du service social87(*), y inclure celle de
l'église et des autorités traditionnelles car celles-ci
s'avèrent plus proches de la population et un peu mieux
écoutées. Ceci pourrait permettre non seulement de briser les
barrières linguistiques, mais aussi de mener une action plus
concrète et plus efficace dans le sens d'une conscientisation des
parents. Ce faisant, l'on pourrait améliorer la qualité de
l'éducation reçue par l'enfant dans le milieu familial.
B- L'éducation
de l'enfant en milieu familial.
Une bonne intégration dans le milieu social en
général, dépend non seulement de la vocation propre de
tout un chacun, mais aussi de ses aptitudes et de la préparation
intellectuelle reçue.
Une éducation préscolaire intense peut
être bénéfique pour les enfants défavorisés
en augmentant leur chance de réussite, la confiance en eux-mêmes
et leurs qualités scolaires. L'élément indispensable dans
cette approche est l'implication des parents dans l'éducation de leurs
enfants.
Une éducation trop stricte a plutôt pour
conséquences d'irriter l'enfant, sans le convaincre en lui
démontrant le mauvais côté de l'acte posé. Bref, une
éducation qui demande à l'enfant plus que celui-ci ne peut donner
tout en mettant de côté l'énorme sympathie et
compréhension dont il a besoin serait inopérante. Les parents
doivent alors rendre les punitions plus douces mais plus effectives en les
adaptant aux caractères de l'enfant. Par exemple , lorsqu'un enfant
n'obéit pas à un ordre, il faudrait plutôt lui monter moins
de sympathie sans pour autant sombrer dans la colère qui, quelle que
soit sa brièveté, est toujours injurieuse pour le parent, si en
fin de compte, l'enfant n'obéit pas.
C'est ainsi que les enfants de parents affectueux s'habituent
le plus souvent à rechercher face à leurs actes, de l'approbation
ou de la réprobation dans leurs regards. Quelle sanction pourrait
être plus grande qu`une reproche affligeante d'une mère à
l'égard de son enfant qui a menti ou agressé un de ses compagnons
de jeu ? Un enfant pareil, mois après mois, année
après année, acquiert un instinct qui s'oppose à la
fraude, au vol et à la cruauté, une répugnance
psychologique, grâce à laquelle le crime ne lui sera plus
possible. Ce faisant, le problème de son éducation dans le milieu
familial sera résolu, restera à affronter ceux posés par
le milieu extra familial.
Paragraphe 2 : La
prévention dans le milieu extra familial.
La période de l'enfance est une étape
très importante dans la vie de tout individu, dans la mesure où
les événements qui y sont vécus peuvent être
à l'origine d'une série d'événements pouvant
conduire à la délinquance. C'est ainsi que la prévention
telle que préconisée dans le cadre familial doit être suivi
par d'autres mesures visant par exemple à l'amélioration des
performances scolaires (A), à la lutte contre le chômage (B) ainsi
que l'instauration de la sécurité dans les voisinages (C).
A-
L'amélioration des performances scolaires.
Il a déjà été clairement
démontré que les enfants victimes des échecs scolaires
sont plus exposés à des comportement antisociaux et à des
activités délinquantielles que ceux qui réussissent.
Les écoles qui peuvent alors donner à leurs
élèves le sens du succès et qui sont capable de les
motiver et de les intégrer, seront plus aptes à réduire le
problèmes des échecs scolaires et ce faisant la
délinquance.
Parmi les moyens que l'école peut mettre en oeuvre
pour éviter les comportements antisociaux de la part des
élèves à travers une amélioration des
résultats scolaires, on évoque la lutte contre
l'absentéisme et l'exclusion (1), et la stimulation de
l'intérêt des parents pour l'éducation de leurs enfants
(2).
1- La lutte contre
l'absentéisme et l'exclusion.
La probabilité pour les élèves
absentéistes d'être impliquées dans des actes de
délinquances est plus grande que pour les non absentéistes.
Certains élèves parfois motivés par les amis abandonnent
l'enceinte de l `établissement pour sillonner les quartiers de la
ville88(*).
Face à cette situation, des programmes de
réintégration peuvent être concoctés pour les
amener à reprendre le chemin de l'école.
Dans un premier cas de figure, on peut mettre sur pied dans
les écoles, des équipes de professeurs ou de maîtres
expérimentés dans la résolution des problèmes
relatifs aux enfants catalogués de « difficile »,
dans le but de les aider à résoudre leurs problèmes
liés à leur mauvais comportement. Ce travail pourra être
effectué, tenant compte des rapports préalablement établis
par ceux qui enseignent ces enfants, particulièrement en ce qui concerne
leur comportement dans les salles de classe et par les surveillants en ce qui
concerne les agissements dans l'enceinte de l'établissement.
Lorsque les problèmes de ces enfants auront
été diagnostiqués, le groupe d'enseignants pourra soit
essayer d'y trouver des solutions, soit confier celui-ci au bon soin des agents
du service social89(*).
Dans le deuxième cas de figure, certaines
écoles pourront avoir besoin de revoir leur propre organisation et leur
éthique, dans le but de changer toutes les conditions internes qui
pourraient être à la base de l'absentéisme et des mauvais
comportements. C'est ainsi qu'ayant constaté que le fait de n'avoir pas
effectué leurs devoirs était à la base de beaucoup de cas
d'absentéisme, et que beaucoup d'élèves n'ont pas
accès dans leur famille à un endroit calme pour pouvoir effectuer
leurs devoirs, soit à cause du manque d'infrastructure soit à
cause de la présence permanente et du vacarme des autres
enfants90(*), nous pouvons
suggérer aux autorités scolaires de mettre à la
disposition des élèves des salles où ils peuvent
travailler après les heures normales de cours. Ceci pourra permettre
à ceux-ci d'effectuer leurs devoirs en toute tranquillité.
L'exclusion quant à elle est dans une certaine mesure
liée à l'absentéisme car dans la presque totalité
des établissements scolaires de la ville, un certain nombre d'heures
d'absence entraîne automatiquement le passage devant le conseil de
discipline avec le risque pour l'élève d'être
définitivement exclu.
L'exclusion scolaire a pour conséquence
d'entraîner chez l'exclu, un sentiment d'échec et la sensation
d'être un indésirable.
Si les exclusions interviennent d'une manière
régulière, elles feront naître une sorte de révolte
dans l'enfant qui rendra très difficile son retour à une vie
normale d'élève.
L'exclusion lorsqu'elle intervient en cours d'année
scolaire, laisse encore plus de temps à l'élève
délinquant pour sillonner les quartiers, avec toutes les tentations que
cela comporte.
Il est donc nécessaire pour les établissements
scolaires de la ville de réduire au maximum l'utilisation des mesures de
suspension ou d'exclusion des élèves car dans beaucoup des cas,
ces sanctions ne contribuent qu'à accorder à ces derniers
beaucoup plus des temps pour mener à bien certaines de leurs
activités criminelles.
Cette situation entraîne nécessairement une plus
grande collaboration entre les dirigeants des établissements et les
parents, les dirigeants d'établissement et le service social et enfin
entre service social et les parents des élèves
récalcitrants. Ainsi ensemble, ils pourront trouver des solutions plus
efficaces en dehors de l'exclusion, face à la délinquance de
certains élèves.
2- La stimulation de
l'intérêt des parents pour l'éducation de leurs
enfants.
L'intérêt des parents pour l'éducation de
leurs enfants est très important car ceux-ci peuvent être une
véritable source de motivation pour ces derniers. Il permet aux parents
vigilants, de desceller à temps, les problèmes de l'enfant et de
pouvoir y apporter des solutions prompts et adéquates.
Ainsi, des programmes ayant pour but d'augmenter
l'intérêts des parents par rapport à l'éducation des
leurs enfants à partir des premiers années de l'éducation,
pourront jouer un rôle important dans la diminution des échecs
scolaires, qui le plus souvent sont en relation étroite avec
l'absentéisme.
Les conditions de base pour combattre l'absentéisme,
peuvent être renforcées lorsque l'école réussi a
intégrer d'une manière habile les nouveaux élèves
et à expliquer de façons assez claire sa ligne de conduite aux
parents. C'est a ce niveau que les associations des parents
d'élèves peuvent avoir un rôle primordial. Ainsi,
l'école peut mettre à la disposition des parents, des brochures
assez claires sur le rôle que ceux-ci peuvent jouer dans le but d'aider
leurs enfants dans leur travail scolaire et surtout en ce qui concerne leurs
devoirs. On pourra ainsi réduire de manière considérable
l'absentéisme dû au non accomplissement de leurs devoirs.
Parallèlement à cette action, une autre plus
consistante pourrait être menée si les professeurs et les
maîtres prennent la peine de rendre visite aux élèves dans
leurs familles. Ils pourront alors s'entretenir avec les parents sur
l'importance de leur apport dans l'éducation des enfants. Cette
situation est d'autant plus intéressante lorsqu'on sait, que le
défaut ou la mauvaise supervision des parents peut être à
la base de l'échec scolaire qui a son tour entraînera le
chômage qu'il faudra par la suite combattre.
B- La lutte contre le
chômage
La relation qui existe entre le comportement criminelle et le
chômage est très complexe, car le chômage expose aux risques
de la délinquance. La rareté des emplois ne nécessitant
pas une qualification particulière fait en sorte que, ceux des
chômeurs qui n'ont pas une formation professionnelle, sont les plus
exposés. N'étant pas assez bien préparés pour
affronter le monde de l'emploi, il est nécessaire de leur venir en aide
si on veut leur accorder une chance de réussir dans l'avenir.
Cette aide ne peut passer qu'à travers l'octroi d'une
formation professionnelle et la création des opportunités
d'emploi.
S'agissant de la formation professionnelle dans la ville de
Dschang, on pourra mettre sur pied des centres de formation professionnelle et
les doter d'assez de matériel pour fonctionner. Mais, il faudra mettre
l'accent sur le caractère formateur et aussi productif des ces centres.
Ceux-ci, tenant compte des moyens assez limités de l'Etat, devront
à long terme pouvoir s'autofinancer.
Les opportunités d'emploi se faisant de plus en plus
rares, les autorités de la ville peuvent soit créer des nouveaux
emplois (création des opportunités d'investissement pouvant
attirer le secteur privé...), soit mettre sur pied des mesures pouvant
faciliter l'auto emploi (faciliter l'accès au matériel de
travail, l'allégement des conditions d'ouverture des ateliers ...).
Toutes ces conditions ne peuvent être opérantes,
que si elles mises en oeuvre dans un environnement sain.
C- L'instauration de la
sécurité dans le voisinage.
Toutes les mesures prévues plus haut, qui entrent dans
le cadre de la prévention par le développement social, serait
plus efficace si elles sont suivies par d'autres ayant pour but de rendre le
crime plus difficile, plus risquant et moins rémunérateur.
Il en est ainsi de l'amplification de l'action des forces de
l'ordre (1) et de l'éclairage des coins obscurs de la ville (2).
1- L'amplification de
l'action des forces de l'ordre
L'action des forces de l'ordre qui a un rôle
intimidateur et dissuasif, consiste à réduire au maximum les
occasions de crime, à travers une surveillance quasi permanente de
certains artères de la ville.
De même que la surveillance et la prise en charge
rapide des délinquants appréhendés par les foules sont
nécessaires, les rafles et les rondes de surveillance permettent
d'éviter beaucoup d'infractions. Le passage permanent des groupes de
policiers et des gendarmes dans certains coins de la ville et des petits
villages alentours pourra permettre d'éviter beaucoup de crimes. Mais
toute action de la police ne peut être véritablement efficace si
l'on ne procède pas à l'éclairage de certains coins
de la ville.
2- L'éclairage de
certains coins de la ville.
L'effet dissuasif de lampadaires et autres moyens
d'éclairage pourrait s'avérer déterminant pour la ville de
Dschang où, les infractions commises en pleine jour sont assez rare, les
criminels n'attendant le plus souvent que la nuit pour mettre leurs plans en
application. Il en est ainsi, des agressions, qui entraînent parfois la
mort des victimes, et des cas de vol.
Lorsque l'action ainsi menée en milieu ouvert se sera
avéré insuffisante, il faudra alors penser à une action
dans le milieu carcéral, dans le but de permettre une meilleure
resocialisation des délinquants.
Section II : La
prévention en milieu fermé : Pour une meilleure
resocialisation des délinquants
Après avoir procédé à une analyse
des mesures de resocialisation telles que mises en oeuvre dans le cadre de la
prison principale de Dschang, et après avoir descellé certaines
lacunes dans cette mise en oeuvre, il s'est avéré
nécessaire de trouver des solutions adéquates à ce
problème.
Tenant compte des idées de la doctrine de la
défense sociale, qui entend, non pas défendre la
société contre les délinquants en les éliminant,
mais faire passer la défense de la société par celle des
délinquants qui doivent être
« resocialisée »91(*), et s'appuyant sur le principe du respect dû
à la personne humaine, une amélioration des conditions de vie
dans la prison principale de Dschang est indispensable.
Cette amélioration devra tenir compte de deux
aspects : l'humanisation de la vie en milieu carcéral (paragraphe
1) et l'assainissement du milieu carcéral lui-même. (paragraphe
2).
Paragraphe 1 :
L'humanisation de la vie en milieu carcéral
Elle passe nécessairement par la diminution de la
population carcérale (A) ainsi que l'organisation et la
rémunération du travail (B).
A- La diminution et la
classification de la population carcérale
La surpopulation carcérale entraîne toujours un
frein à la mise en oeuvre de la politique de réinsertion sociale
telle que prévue par les textes. C'est pourquoi une nouvelle reforme du
système pénitentiaire devrait tenir en compte la diminution du
surpeuplement des prisons. Elle pourra le faire, soit en améliorant les
conditions de détentions, c'est-à-dire en construisant les
nouvelles prisons ou en diminuant l'effectif de certains prisons trop
peuplées au profit des prisons sous-peuplées.
La classification de détenus est aussi
nécessaire pour éviter que la prison ne devienne une école
du crime. Elle permettra ainsi d'éviter la contagion entre les
délinquants primaires et les délinquants professionnels. Ainsi,
dans le cadre de la prison, les prévenus devraient automatiquement
être séparés des condamnés, les délinquants
dangereux devraient être séparés des autres et faire
l'objet de mesures particulières de sécurité.
Ces mesures ci-dessus évoquées, non seulement
pourront contribuer a atténuer la promiscuité qui règne
dans le milieu carcéral à Dschang, mais aussi, diminuer la
criminogeneité de la prison.
B- L'organisation et la
rémunération du travail pénitentiaire.
Le problème du travail en milieu carcéral
revêt un aspect assez inquiétant, quand on sait que
l'oisiveté et le manque de moyen de survie est le quotidien des
détenus.
L'organisation du travail pénal comporte deux
modalités. Le travail peut être effectué en régie
directe : l'employeur est l'administration qui fait travailler les
détenus pour son propre compte. Il peut aussi s'effectuer selon le
système de la concession de main d'oeuvre : la main d'oeuvre
pénale est concédée à un particulier qui fait
travailler les détenus à l'intérieur ou à
l'extérieur de la prison, moyennant une redevance versée à
l'administration92(*).
La rémunération du travail pénal doit en
principe obéir à des règles particulières93(*), car il n'y a pas de contrat
de travail entre le détenu et l'administration94(*).
La rémunération du travail pénal aura
pour conséquence non seulement d'éloigner les détenus des
maux tels que l'oisiveté, l'ennui et la mendicité, mais aussi,
elle pourra encourager certains détenus paresseux à apprendre un
métier à l'intérieur de la prison. Ainsi , la prison
deviendra moins criminogène et pourra permettre une meilleur
réadaptation sociale des délinquants après la
libération.
Mais pour y arriver, il faudra en plus, que ceci soit
effectué dans un environnement sain.
Paragraphe 2 :
L'assainissement du monde carcéral.
La prison se doit d'être un milieu sain, aussi bien
pour le corps que pour l'esprit des détenus. De là, la
nécessité d'une amélioration de la santé physique
des pensionnaires (A) et une prise en compte effective de leur santé
morale (B).
A- L'amélioration
de la santé physique.
Elle tient compte de plusieurs éléments,
notamment la santé physique proprement dite, l'hygiène et
l'alimentation des détenus.
La santé physique proprement dite renvoie tout
simplement à la nécessité de mettre à la
disposition de l'administration pénitentiaire, les moyens
nécessaires (personnel infirmier et médicaments) pour pouvoir
s'occuper de manière convenable des pensionnaires malades.
L'hygiène quant à elle, renvoie aussi bien
à l'hygiène corporelle du détenu, qu'à celle de
l'ensemble de la prison. Il faudra alors combattre le manque chronique de
matériel d'hygiène (savon, insecticide, produits
désinfectants ...), qui est la base de la quasi permanence de certaines
maladies dans ce milieu95(*).
Enfin, la ration alimentaire doit être qualitativement
et quantitativement suffisante, pour permettre aux détenus d'avoir assez
de force pour l'exercice de leur tâche quotidienne. Il faudra alors
mettre un accent sur la protection de la santé physique, sans pour
autant oublier la santé morale.
B- Une prise en compte
effective de la santé morale des pensionnaires.
Les mesures à prendre dans ce cadre, concernent soit
le maintien des liens avec le monde extérieur, soit la formation
théorique des détenus.
Le maintien des liens avec le monde extérieur
nécessite une mise en oeuvre effective du droit aux visites et aux
correspondances des détenus, ainsi que leur droit à
l'information. Il faudra alors non seulement mettre à leur disposition
des moyens d'information (radio, télévision, livres ...)96(*), mais aussi encourager les
familles à rendre visite à leurs membres qui sont en prison.
La formation théorique quant à elle peut
être aussi bien l'oeuvre de l'administration pénitentiaire, que
celle des auxiliaires ou des bénévoles. Elle concerne non
seulement le perfectionnement du système d'assistance sociale, mais
aussi d'assistance spirituelle.
L'assistance sociale aux détenus devrait être
plus effective, avec la présence quasi permanente des assistants sociaux
aux côtés des délinquants, aussi bien durant la
période de détention qu'au moment de la libération. Les
assistants sociaux à travers leurs conseils et aide matériel
peuvent faciliter la réinsertion sociale des délinquants.
L'assistance spirituelle renvoie à une meilleure
action des différents églises au sein de la prison. Il faut non
seulement encourager les églises à s'intéresser aux
détenus, mais aussi donner assez de moyen à ces églises de
pouvoir exercer leur action en toute quiétude. Cette assistance
spirituelle permettra aux détenus de recevoir des valeurs morales et
spirituelles pouvant les détourner de la délinquance.
En fin de compte, la réadaptation à
l'intérieur de la prison pour être effectuée doit
être menée sur trois plans.
D'abord sur le plan scolaire, l'enseignement primaire devant
être assuré dans la prison et la possibilité de poursuivre
des études supérieures.
La rééducation est également
menée du point de vue professionnel, car il est évident que la
connaissance d'un métier peut empêcher la commission
d'infractions, des condamnés à de longues peines pouvant
préparer des certificats d'aptitude professionnelle et les
condamnés à de courtes peines pouvant suivre des formations
professionnelles accélérées.
Enfin sur le plan scolaire, des éducateurs, les
assistants sociaux, visiteurs de prison et aumôniers recherchent la
rééducation du condamné.
BIBLIOGRAPHIE
I- OUVRAGES
GENERAUX
- AKOKA (A) et AKOKA (G), Le savoir juridique,
économique, fiscal et politique, TIII, L'individu et la
société; EDITEC.
- GASSIN (Raymond), Criminologie; Paris, Dalloz
1988.
- GRAWITZ (Madeleine), Méthodes des sciences
sociales, Paris, Précis Dalloz, 9 édition.
- Heuyer (Georges), La délinquance
juvénile,
- LEAUTE (Jacques), Criminologie et science
pénitentiare, Paris, PUF 1972.
- LARGUIER (Jean), Criminologie et science
pénitentiaire, Paris, Mementos Dalloz, 6e édition,
1989.
- PINATEL (Jean), La criminlogie, Paris, PUF 1960.
- PRADEL (Jean), Droit pénal
général, Paris, CUJAS 9e édition.
- MERLE (R) et VITU (A), Traité de droit
criminel, Paris, CUJAS, T1 Ve édition,
1984.
II-
OUVRAGES SPECIALISES
- NGONGANG-WANDJI, Les mesures de sûreté au
Cameroun
- TAMKO (Max Arthur), Crime and the fight against it,
Yaoundé, 1968.
III-
MEMOIRES
- FANGA VITUS Junior, Le concept de milieu : influence sur
la criminalité au Cameroun et réaction camerounaise,
Mémoire en vue de l'optention du diplôme de maîtrise,
Université de Yaoudé, 1989.
- ENANE NKWAME Samuel, La resocialisation du
délinquant au Cameroun, Mémoire en vue de l'optention du
diplôme de maîtrise, Université de Yaoundé,
1988-1989.
- NTEGHOMO (Chrystelle), Le respect des droits de l'homme
en milieu carcéral : l'exemple de Dschang, Mémoire en
vue de l'optention du diplôme de maîtrise, Université de
Dschang, 1997-1998.
IV-
ARTICLES ET RAPPORTS
- CARIO (R), Le délinquant, acteur social : concept
opérationnel en criminologie, Revue des sciences criminelles et de droit
pénal comparé N°4, Oct-Dec 1991.
- LEAUTE (J), Criminologie, Encyclopédia
universalis.
- TCHOUATIEU TCHADJOU (J.C) , L'action éducative en
milieu ouvert, moyen de prévention et de traite ment de la
délinquance juvénile, Rapport du premier National sur
l'éducation en milieu ouvert et la liberté surveillée,
Yaoundé, du 22 au 25 Avril 1987, MINAS.
- Rapport de la visite de la section camerounaise de l'OIP
à la prison de Dschang, 27 Septembre 1996.
V-
TEXTES
- Loi N° 92/052 du 27 Mars 1992 portant régime
pénitentiaire au Cameroun.
- Loi N° 65/LF/24 du 12 Novembre 1965 portant institution
du code pénal .
- Loi N° 67/LF/1 du 12 Juin 1967 portant institution du
code pénal.
* 1 LEAUTE (J),
Criminologie, Encyclopédia Universalis, 1985, p.696.
* 2 LOMBROSO (Cesare), publia la
première édition de « l'homme criminel »,
1896-1897 qui attira l'attention des cotemporains sur la possibilité
d'appliquer l'esprit du positivisme scientifique à ce secteur
pathologique des activités humaines.
* 3 Gabriel TARDE (1843-1904)
était persuadé que l'imitation tenait une place très
grande dans l'adoption des conduites humaines. Il insista sur l'importance des
comportements appris dans le processus criminel.
* 4 Cité par LEAUTE, op.
cit, p. 698.
* 5 Coopération
Cameroun-Union européenne, Note d'information sur le Cameroun,
L'africaine de l'édition et des services, Avril 1998, p.26.
* 6 Cité par Raymond
GASSIN, Criminologie, Paris, Précis Dalloz 1988, p.827.
* 7 Raymond GASSIN, op. cit,
p.170.
* 8 SHAW et Mc KAY, à
travers leur ouvrage, Juvenile delinquency and urban area, Chicago Press, 1942,
ont fait une enquête sur 55 998 délinquants habitant la ville de
Chicago et ses environs. A Paris, des quartiers de grande criminalité
ont été relevés par M.J. BUCHERON et des rues de forte
criminalité dans certains quartiers par M. STANCIU.
* 9 Robert CARIO, in Le
délinquant, acteur social: concept opérationnel en criminologie,
Revue des scieces criminelles et de droit pénal comparé,
N°4, Decembre 1991, p.830.
* 10 Cf. Madeleine GRAWITZ,
Méthodes des sciences sociales, Paris, Précis Dalloz,
9e édition, 1994, p.460.
* 11 Durant nos
déscentes à la prison, nous n'y avons trouvé aucun
détenu mineur de sexe féminin.
* 12 Raymond GASSIN, op.cit,
p.417.
* 13 Jean PINATEL, Criminologie
,Traité de droit pénal et de Criminologie, TIII,
Paris, Dalloz,2e édition 1970,p.60.
* 14 J. PINATEL, op. cit,
p.63.
* 15 J. PINATEL, op. cit, p.
65.
* 16 R. GASSIN, op. cit,
p.411.
* 17 R. GASSIN, op. cit,
p.174.
* 18 R. GASSIN, op. cit,
p.429.
* 19 R. GASSIN, op. cit,
p.432.
* 20 Raymond GASSIN, op.cit,
p. 417.
* 21 Raymond GASSIN, op. cit,p.
418.
* 22 Jacques LEAUTE,
Criminologie et sciences pénitentiaires, Paris, PUF 1972, p. 534,
Raymond GASSIN, op. cit, p.420
* 23 J. LEAUTE, op. cit, p.
536
* 24 J. LEAUTE, Ibidem..
* 25 J. LEAUTE, op.cit, p.
537.
* 26 J. LEAUTE, p. 538-539.
* 27 Raymond GASSIN, op. cit,
p. 421.
* 28 Il est constitué
dans un certain nombre de quartiers parmi lesquels, New-Town Foto, Keleng,
Tsinkop, N'gui, Fiala, Mingou, Tswalett et bien d'autres.
* 29 Parmi ces villages on peut
citer Fongo Tongo, Fongo Nden, Fotetsa, Fossong Watsing, Fossong Leng .
* 30 Raymond GASSIN, op.cit, p.
422.
* 31 Raymond GASSIN, op. cit,
p. 423.
* 32 Jacques LEAUTE, op. Cit,
p. 579.
* 33 Jacques LEAUTE, Ibidem.
* 34 Raymond GASSIN, op. Cit,
p.424.
* 35 Jean LARGUIER,
Criminologie et science pénitentiaire, paris, Mementos Dalloz,
6e édition, 1989, p.42.
* 36 Jean LARGUIER, Ibidem.
* 37 Raymond GASSIN, op. cit,
p. 425.
* 38 Raymond GASSIN, op. cit,
p. 425.
* 39 Le savoir juridique,
économique, fiscal et politique, T. III, ed. EDICEF, P. 224.
* 40 Rapportde la visite de la
section camerounaise de l'OIP à la prison de Dschang, 1996,
inédit, p.1.
* 41 Il existe à peine
une centaine de lits dans la prison.
* 42 Les mineurs sont
envoyés chaque matin dans le quartier des détenus adultes de sexe
masculin où ils attendent jusqu'à la distribution de la ration
alimentaire qui n'intervient le plus souvent qu'aux environs de 14heures.
* 43 voir Rapport de l'OIP
précité, P.2.
* 44 Voir Rapport de l'OIP
précité, p.1.
* 45 Au cours de nos visites,
ce nombre tel qu'il ressortait du tableau d'affichage de la prison variait
entre 7 et 10 ( condamnés et prévenus inclus).
* 46 ENAME NKWAME Samuel, La
resocialisation du délinquant au Cameroun, Mémoire de droit
privé, Yaoundé, 1988-1989, p.96 (115 pages)
* 47 La prison principale de
Dschang compte environ 300 détenus pour près d'une quinzaine de
gardiens.
* 48 De tous les
délinquants que nous avons interrogés, la quasi totalité
estime cette ration alimentaire qualitativement et quantitativement
insuffisante.
* 49 V. Rapport, inédit,
P. 2.
* 50 Rapport, ibidem.
* 51 V. Rapport.
* 52 Il ressort de nos
entretiens avec certains détenus qu'une épidémie de
diarrhée rouge a produit au mois de Janvier 1999 environ 17 morts dans
la prison, pour la plupart dus au manque de soins.
* 53 L'article 9 in fine du
règlement intérieur dispose que en dehors des corvéables
connus et figurant sur la liste des corvéables réguliers, en
dehors des cas de maladie grave dûment constatées par l'infirmerie
de la prison, en dehors des cas de force majeure, aucun détenu ne peut
être admis à sortir sans l'avis préalable du
régisseur.
* 54 La jouissance de ces droit
dépend le plus souvent du type de rapport entretenu avec les membres de
l'administration pénitentiaire.
* 55 Mais depuis quelques
années, certaines bonnes volontés en l'occurrence les soeurs de
la mission catholique essaient d'encourager les détenus dans le sens de
l'apprentissage d'un métier en leur fournissant du travail.
* 56 V. Rapport, inédit,
p.3.
* 57 La ville de Dschang ne
dispose que d'une poignée d'assistants sociaux, il n'existe pas un
service rattaché à la prison.
* 58 V. Rapport, P.2.
* 59 Plus
particulièrement la religion catholique et la religion protestante.
* 60 MERLE et VITU,
Traité de droit criminel , Paris, CUJAS, 5e éd.
P.898.
* 61 J. PRADEL, op. Cit,
p.654.
* 62 Voir Jugement n 223/COR du
19-11-93 du Tribunal correctionnel de Dschang.
* 63 Tel est le cas pour la
ville de Dschang, où malgré le fait qu'il soit courant de
retrouver des mineurs assis dans les débits des boissons, parfois en
tenue de classe sans surveillance, nous n'avons pu mettre la main sur aucune
décision réprimant un débitant de boisson.
* 64 Article 4 Loi n 65/LF/24
du 12 Novembre 1965 et l'article 6 de la loi n 67/LF/1 du 12 Juin 1967, toutes
deux portant institution du code pénal.
* 65 Voir jugement n 05/Crim,
T.G.I. de Dschang du 25 Novembre 1996.
* 66 Voir jugement n 452/Cor/
T.P.I. de Dschang du 14 Avril 1998; voir aussi jugement n 524/Cor/ T.P.I. de
Dschang du 04 Juin 1999.
* 67 V. jugement n05/Crim du 25
Novembre 1996 précité.
* 68 V. jugement n 919/Cor/
T.P.I. de Dschang du 23 Septembre 1997.
* 69 V. jugement n 524/Cor
/T.P.I. de Dschang du 04 Juin 1999.
* 70 Article 48
précité.
* 71 J. PRADEL, op cit, p.
659.
* 72 NGONGANG-OUANDJI, Les
mesures de sûreté au Cameroun, édition CEPER, 1969,
p.91.
* 73PINATEL, op. Cit, p.604
à 609.
* 74 Nous n'avons pas pu avoir
des décisions de justice portant application de cette mesure devant les
juridictions de Dschang pour étayer notre travail.
* 75 V. Jugement N1057/COR/ du
T.P.I de Dschang 18 Septembre 1992.
* 76 NGONGANG OUANDJI, op. Cit,
p. 81.
* 77 V. Jugement N738/COR
/T.P.I de Dschang du 27 Mai 1994,.
* 78 V. Jugement N738/COR du 27
Mai 1994 précité.
* 79 Cf. Jugement
N1057/COR/T.P.I de Dschang du 18 Septembre 1992 précité.
* 80 A NGONGANG-OUANDJI, op.
Cit, p.79.
* 81 Jugement N 126/COR du 14
Novembre 1995 et jugement N 131/COR du 15 Décembre 1998.
* 82 Jugement N 715/COR/T.P.I
de Dschang du 7 Septembre 1999.
* 83 Jugement N 33 /crim/T.G.I
de Dschang du 27 Septembre 1999, jugement N 37/crim/T.G.I de Dschang du 26
juillet 1997.
* 84 Jugement N 218/COR/T.P.I
de Dschang du 25 Novembre 1994.
* 85 TCHOUATIEU TCHADJOU (J.C),
« L'action éducative en milieu ouvert, moyen de
prévention et de traitement de la délinquance
juvénile », Rapport du premier colloque national sur
l'éducation en milieu ouvert et la liberté surveillée.
Yaoundé, du 22 au 25 Avril 1987, MINAS, P. 22 et 23.
* 86 FANGA VITUS Junior, Le
concept de milieu : influence sur la criminalité au Cameroun et
réactions camerounaise, Mémoire de maîtrise en droit
privé, 1989-1990, Université de Yaoundé, p.74. (pages).
* 87 Elle est quasi inexistante
car le personnel en place est plus cantonné à des
activités administratives.
* 88 Il n'est pas rare de
retrouver à des heures où ils sont supposés être
à l'école, certains élèves de nos
établissements de la ville à la gare routière, dans les
salles de jeux ou même dans les bars avec leurs tenues de classe.
* 89 Il faut ici
déplorer le fait que, selon certaines autorités scolaires, le
service social dans la ville de Dschang n'est nullement en contact avec les
établissements scolaires, ce qui ôte toute possibilité
à ce dernier de pouvoir se saisir de certains cas patents de
délinquance juvénile.
* 90 Ceci ressort de nos
entretiens avec les élèves de certains établissements de
la ville, particulièrement le lycée de Dschang, Menoua Espoir
College, Ecole publique du centre.
* 91 J. PRADEL : Droit
pénal général Paris CUJAS 9e édition
1994 P.114
* 92 J. PRADEL, op. Cit,
P.740.
* 93 Jusqu'à l'heure
actuelle, le décret d'application devant régir le pécule
n'a pas encore été pris.
* 94 J. PRADEL, Ibidem.
* 95 Il fait ici louer l'apport
des soeurs de la mission catholique qui, non seulement offrent
régulièrement des repas aux détenus, mais aussi mettent
à leur disposition du matériel d'hygiène.
* 96 Les moyens disponibles ne
sont pas du tout négligeables, mais démeurent insuffisants par
rapport à la population de la prison.
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