La Publicité Réalité
Petits rappels...
Dans les années 1950, période où l'on
s'équipait en biens ménagers, la publicité
s'efforçait de démontrer la performance des produits :
« ma lessive lave plus blanc », « mes verres
brillent davantage... » c'était une période dite
«d'apprentissage».
Dans les années 1970 et 1980, la publicité s'est
diversifiée, elle a cherché à incarner des émotions
ou un monde imaginaire, comme celui du cow-boy de Marlboro... A la fin des
années 1980, il s'est produit une rupture totale : on a admis qu'il
y avait une corrélation entre l'impact du message et le plaisir pris
à le regarder, et qu'il fallait donc être à la fois
attirant et efficace. C'est ainsi que l'on est passé à la
publicité aspirationnelle, à l'identité de marque,
à sa construction, à son histoire, à son éthique.
En même temps, on s'est intéressé de plus en plus à
la signification des marques, qui ont pris une valeur propre.
Aujourd'hui, la publicité a deux objectifs :
-à court terme : augmenter les ventes d'un
produit
-à long terme : construire des marques.
La marque désire atteindre l'inconscient du
consommateur, à exploiter le rêve, à accéder
à un idéal, à un monde d'images parfaites,
retouchées pour paraître encore plus parfaites. Une marque est
donc une idée vivante, puisqu'elle a une personnalité, un code ,
des valeurs, un territoire, une signature. Et pour lui donner du poids, il faut
qu'elle incarne des valeurs fortes telle que le dépassement de soi pour
Nike, la confiance pour Darty, ou encore la créativité de
l'esprit pour Apple. Une marque doit donc évoluer et si elle
n'évolue pas, elle meurt.
Introduction :
Plus
près d'une «réalité »
Depuis à peu près trois ans les
publicités dites publicité-réalité ont le vent en
poupe et ont envahies nos petits écrans. Alors que la télé
réalité est connue, la « publicité
réalité » reste méconnue par le grand public.
Ces publicités réalités peuvent
être définies comme un ensemble de procédés qui
mettent en avant Monsieur et Madame Tout Le Monde en contre miroir,
pseudo-réaliste, des mannequins que l'on a l'habitude de côtoyer
au jour le jour derrière nos écrans de télévision.
La publicité réalité est aussi le processus qui permet au
consommateur d'accéder aux coulisses et de le sensibiliser face aux
moyens utilisés par les publicitaires pour sublimer, manipuler afin de
vendre un produit ou un concept. C'est donc mettre en face de consommateurs
d'autres consommateurs qui vantent un produit ou un autre, et non plus des
professionnels de l'image.
Afin de mieux comprendre ce nouveau phénomène,
il est nécessaire d'en chercher les origines.
Il est d'usage de dire que la publicité est le reflet
de la société, l'une influençant l'autre, c'est pourquoi
c'est posé à nous spontanément la question de
savoir si la télé réalité a
influencé les publicitaires qui par ce procédé ont voulu
rompre le rêve et le fantasme crées par la publicité
traditionnelle. En effet, certaines marques comme Ford, lors du lancement de
la Ford S, vont jusqu'à utiliser les mêmes procédés
que la télé réalité en opérant un casting
géant et en demandant aux internautes de voter pour leur candidat
préféré et éliminer ceux qu'ils jugent inefficaces.
Cependant, comme l'affirmait Jean
Mauduit : « les publicitaires sont les banquiers du
rêve ». Aussi c'est au travers de l'imaginaire,
concrétisé en images , sons et odeurs que naît le
désir chez les consommateurs. C'est donc à tout un univers
qu'accède le consommateur, celui du concept de la marque, du produit.
Aujourd'hui l'on consomme aussi une identité, un état d'esprit,
un imaginaire liés à la marque et servis par la
créativité des agences de publicité. Pour ce faire, les
publicitaires ne lésinent pas sur les moyens et n'hésitent pas
à mettre, sur le devant de la scène, de sublimes
créatures, pour vendre de la lessive ou du détergent, servies par
des images parfaites, un monde sans failles ou tout semble possible et facile,
où la beauté est une valeur incontournable. Alors, pourquoi
choisir de troquer les mannequins par Monsieur et Madame Tout Le Monde ?
Pourquoi choisir de briser l'accès au rêve pour donner place une
réalité prosaïque.
L'autre question qui nous était venue
spontanément est de savoir si depuis le scandale de la vache folle et
autres dérives d'ordre alimentaire en sus de la loi sur l'alimentation
n'ont pas influencés cette tendance réaliste ? Ou alors,
aujourd'hui, les consommateurs sont devenus plus méfiants et
blasés, ont plus besoin de label, de transparence, pour pouvoir enfin
consommer. De ce fait, être rassuré est devenu une
nécessité chez les consommateurs qui souhaitent être mis
dans la confidence et ce à tous les niveaux et face à toutes
sortes de services, de produits ou concepts.
Alors les consommateurs boudent ils la
publicité ? En ont-ils assez de tous ces mannequins à la
beauté hygiénique, de ce monde parfait que nous sert la
publicité ? Comment les publicitaires essayent de se
racheter ? En créant une pseudo proximité avec le
consommateur ?
Toutes ces questions nous ont amenées à la
problématique suivante :
Les consommateurs sont ils lassés par la
publicité conventionnelle ?
Une nouvelle forme pour s'adresser au consommateur ?
Ou bien un effet de mode ?
Afin de répondre à cette question il est
nécessaire de nous pencher d'abord sur les raisons de la rupture du
rêve en publicité.
Première partie :
A) Les publicitaires
ces sacrés menteurs....
Le publicitaire est de l'espèce étrange de celle
des princes charmants ou même de celle des merlins enchanteurs, qui
créent un conte de fées empreint de belles images,
d'esthétique où même la laideur est embellie. Il n'a qu'un
seul but séduire le consommateur et il ne se refuse rien. Aussi, pour
draguer en publicité, tous les moyens sont bons. C'est pourquoi le
publicitaire s'avance, par l'intermédiaire de personnages, face au
consommateur avec une image parfaite, dents parfaitement blanches, sourire
irréprochable, maison parfaitement tenue, voiture spacieuse, chaussures
impeccables, vêtements soigneusement lavés, machine à laver
efficace et surtout silencieuse, etc... Chez lui tout est toujours bien
rangé, les draps sentent bon « la fraîcheur
alpine », et lorsqu'il surprend des taches « elles
s'évanouissent tout aussitôt ». Lors de leurs rendez
vous, il sert au consommateur toujours les mêmes phrases, embellissant
sans cesse ses propos.
Le publicitaire est toujours bien accompagné et ne
connaît pas la grisaille des corvées de tous les jours, ni la
laideur d'ailleurs. Et lorsque il sent que sa notoriété est en
baisse il n'hésite pas à tirer la sonnette d'alarme et choque le
consommateur qui, à force d'être sollicité, finit par
être séduit. Seulement le publicitaire à tendance à
aller trop loin, à pousser à bout le consommateur et surtout
à lasser la fameuse ménagère de moins de cinquante ans.
Le monde de la publicité est une monde à
part : c'est celui des taches qui s'évanouissent, des
intérieurs bien tenus, des cuisines parfaitement propres où l'on
nettoie avec plaisir. Bref les publicitaires sont les Don Juan de la
consommation et nous convient à découvrir un monde idéal,
celui qu'ils ont conçu. Ce monde est parfait, sublimé grâce
au concept, au produit que nous sommes censé consommer. Alors amoureux,
transi, le consommateur baisse la garde et s'exécute. On dit souvent que
la publicité est un homme, beau qui aime les bimbos aux corps
irréprochables. C'est la fameuse ménagère de moins de
cinquante ans et qui en réalité a un peu plus de vingt, mince,
belle, parfaite, heureuse et qui aime s'occuper d'elle, de ses enfants, de son
mari et bien sûr de sa maison parfaitement bien tenue. Et puis,
voilà qu'un jour cette ménagère disparaît et devient
active, travaille et passe moins de temps à la maison. C'est ainsi que
cette notion purement marketing a disparu pour laisser place à la CSP+
active qui utilise les produits de beauté « parce qu'elle les
vaut bien », des « parfums qui changent sa vie »
tout en luttant sans cesse contre la vieillesse grâce à des
marques qui « tiennent leurs promesses ». C'est en somme la
super woman.
Et les hommes dans tout ça ?
Après avoir séduit les femmes, le publicitaire
s'est attaqué aux hommes et les dote de petits surnoms auxquels ils ne
comprennent rien dans un premier temps, puis finissent par s'y attacher :
ils sont tantôt métro-sexuels, ou uber- sexuels.
Le deuxième est viril mais n'est pas macho. Il prend
soin de lui sans pour autant être égocentrique. En somme c'est
l'homme d'aujourd'hui. Ce terme purement marketing nous vient de la
célèbre JWT worldwide directrice de planning stratégique
Maria Salzman qui après avoir donné du grain à moudre
à tous les marketers avec le concept du métro-sexuel, revient
avec le terme d'uber-sexuel que l'on pourrait traduire littéralement de
la langue allemande par : le super homme. Malgré cette
dénomination, cette nouvelle catégorie masculine ne
désigne pas un surhomme macho mais plutôt un homme à
l'écoute des femmes et qui assume pleinement sa part de
féminité. (Stratégie 2005). Ainsi, selon Maria Salzman,
celui-ci « se tourne un peu moins vers lui-même et un peu plus
vers les autres. Il en devient plus fort. »,elle ajoute cependant
qu'être uber-sexuel « n'est pas une excuse pour retomber dans
les travers machistes ». Donc l'uber-sexuel est un homme post
féministe, bien dans sa peau et qui a accepté que la femme soit
son alter-ego. Quant au premier, il est apparu pour la première fois en
1994 dans un article du journaliste Mark Simson qui le définit comme
étant « un homme, urbain, de n'importe quelle orientation
sexuelle, ayant un sens développé de l'esthétique et qui
dépense énormément de temps et d'argent dans son apparence
et son style de vie ». D'après L'Express (Express.fr 2004)
c'est un mélange de dandy et de gay, qui redécouvre l'art du
rasage, s'épile, se met des crèmes sur le visage, n'hésite
pas à accentuer son regard par une touche de khôl
spécialement concocté pour lui.
Le dernier né, est ce une rumeur ou une
réalité ? ne serait autre que le HIMBO : tout
simplement l'équivalent masculin de la BIMBO.
Ce HIMBO n'a qu'une obsession : plaire à tout prix
en misant sur son physique. Alors il n'hésite pas à passer sur le
billard pour ressembler le plus possible à un idéal de
beauté, doté de pectoraux irréprochables, d'abdominaux en
béton et exhibe son corps tel un trophée.
Pour le séduire les publicitaires n'hésitent pas
à lui concocter des accroches à consonances
macho-féminines qui fonctionnent parfaitement telle que :
« Nivéa : Que c'est beau d'être un
homme » Il est viril mais assume sa part de
féminité.
Ainsi est crée le couple parfait en publicité
qui serait le métro/uber-sexuel accompagné une fois de plus d'une
femme parfaite, grande, mince, sans cellulite car elle utilise encore une fois
les produits adéquats, ceux qui réduisent miraculeusement la peau
d'orange, que l'on ne voit jamais d'ailleurs.
La publicité conventionnelle c'est aussi un monde
où les banquiers sourient, chantent, dansent et aiment leurs clients,
où les voitures ne polluent pas et roulent souvent sur des routes sans
embouteillages, où lorsqu'on parle d'écologie ou d'environnement,
ce sont des entreprises tel que Total ou Véolia qui montent au
créneau. Sans parler des publicités qui vantent le tourisme et
qui se gardent de signaler qu'il contribue à la pollution de l'air,
puisque le rejet de CO2 d'un avion équivaut au bilan
énergétique d'une maison sur une année. La
publicité conventionnelle c'est surtout le temple du cliché qui
fait vendre. Car ayant peu de temps pour faire passer un message, elle s'appuie
sur des idées reçues, des stéréotypes afin de mieux
marquer les esprits.
Mais il lui arrive aussi d'utiliser des personnages ou des
concepts atypiques pour se faire remarquer, se démarquer et avoir plus
de visibilité. Ainsi les publicitaires par ces moyens traditionnels
souhaitent faire appel à nos instincts ou sentiments fort pour sortir du
lot, Georges Bernanos n' affirmait-t-il pas que la publicité s'appuie
sur les 7 pêchés capitaux ? C'est donc un univers particulier
fait de nos désirs et de nos penchants qui s'offre à nous tous
les jours, c'est celui du rêve, des images épurées de toute
laideur, de toute imperfection : lorsque des insectes font irruption ils
sont immédiatement chassés, lorsque l'on a grossi, l'on maigri en
un temps record, mais encore faut il que ces femmes soi disant grosses, le
soient vraiment ! Lorsque l'on a des rides, elles s'estompent facilement.
C'est le monde de l'instantané, de l'économie du geste et du
temps mais non de l'argent. On voit rarement des femmes de soixante ans nous
vendre des produits anti- rides, elles sont jeunes, ont la peau parfaitement
tendue et n'ont pas de temps à perdre à résoudre de
bêtes problèmes grâce à tous ces produits
miraculeux.
Les images s'éloignent et pourtant les consommateurs
achètent et finissent par y croire, par adhérer à ces
concepts et c'est là toute la magie des publicitaires. La
publicité séduit les consommateurs. Alors pourquoi aujourd'hui
changer son fusil d'épaule et abandonner le rêve, la baguette
magique, pour la triste réalité, remplacer les mannequins par des
simples consommatrices qui ressemblent à tout le monde, banales ?
Que s'est il passé ?
Pour comprendre ce revirement nous avons décidé
de mener une enquête auprès de professionnels de la
publicité (cf : interviews sonores in annexe).
Enquête sur le phénomène :
« la tendance réaliste »
Après plusieurs recherches sur le net et après
avoir interviewer des professionnels de la pub (la directrice marketing de
Vichy et le concepteur rédacteur de l'agence V qui a crée la pub
neuf Télécom) voici ce qu'il en ressort.
Etait il question d'un manque de créativité,
d'économie, de soucis de transparence, de lassitude des consommateurs
face à la publicité dite « classique », ou
même d'un déficit de crédibilité ?
La réponse fut simple et direct et peut être
synthétisée en:
« Les consommateurs en ont marre de nous, ils ont
l'impression qu'on se fout d'eux ! ». Il a fallu, alors, prendre
les choses en main et s'armer contre cette nouvelle menace qui est la
défection du public en adoptant un univers
« uber-pragmatique » dit réalité.
Les publicitaires ont donc opté pour plus de
proximité vis-à-vis de leurs consommateurs, et pour ce faire ils
ont choisi de se rapprocher de la réalité en collant le plus
possible à la vie réelle.
En somme le consommateur n'est plus séduit par cet
univers peuplé de Barbies et de Ken, le charme est rompu, l'enfance est
consommée. C'est ainsi que le publicitaire a compris qu'un nouveau
consommateur est né et qu'il fallait changer les règles des jeux.
Il fallait passer à un autre univers : peuplé d'ados
crédules (ex : Free), de femmes et d'hommes mûrs ayant des
fuites urinaires et des problèmes de dentiers.
Il ne s'agit plus de vendre des rêves mais aussi de se
préoccuper des bobos de tous les jours. Le produit n'est plus le centre
de l'annonce, il est détrôné par le consommateur !
B) Un nouveau consommateur :
Qui est il ?
En effet ce consommateur n'est plus passif et ne se contente
plus d'absorber passivement des messages, des concepts : et ce n'est pas
un problème du au produit mais un problème relationnel entre
l'annonceur et lui. Le consommateur veut participer, élaborer, il
estime que désormais lui aussi a son mot à dire. Il ne veut plus
juste être séduit, il veut être réactif.
En résumé le consommateur ne se contente plus
de consommer; il agit en consommant les mêmes produits mais avec une
autre relation, c'est lui désormais la vedette.
En plus d'une lassitude certaine du discours publicitaire,
d'autres causes sont à l'origine de ce phénomène, entre
autres les différents scandales alimentaires qui ont donné lieu
à la loi sur l'alimentation. Cette loi va déclencher chez le
consommateur une prise de conscience et le désir d'une plus grande
transparence sur ce qu'il consomme.
Plus Citoyen
La loi sur l'alimentation : (en annexe les termes
de la loi et le Nouvel Observateur du 5 juillet 2007.)
Depuis le premier mars 2007, les publicités sur les
produits alimentaires surtout celles diffusées à la
télévision sont suivies d'un message sanitaire conseillant aux
consommateurs de suivre une hygiène de vie saine, afin de limiter les
risques d'obésité et de maladies dues à une mauvaise
alimentation. Cette disposition applique la loi de santé publique
votée en août 2004 et qui donne le choix entre quatre messages
à insérer en bas de l'écran. Elle a pour but de
sensibiliser les spectateurs sur leur façon de se nourrir et de
prévenir les fringales compulsives dues à une surconsommation de
gadgets alimentaires tel que les chips, le ketchup et autres.... En effet de
nombreux abus ont été déplorés à travers
différents pays de l'Europe depuis quelques années concernant la
qualité de l'alimentation. Alerté par les associations de
consommateurs, le gouvernement français a décidé de
réagir à travers la conception d'un appareil législatif
adapté à la protection du jeune consommateur. Ainsi le CIQAJ
(Comité Indépendant de la Qualité Alimentaire de la
Jeunesse) publiera au « Journal Officiel », les normes
quantitatives à respecter, tant en ce qui concerne les calories
apportées aux enfants, que les vitamines, protéines, glucides,
lipides et micro nutriments.
Cette réaction ainsi que cette volonté
préventive est en partie due à la crise de la vache folle, qui a
révélé à l'ensemble des consommateurs, les
dérives de l'agroalimentaire. Ce nouveau consommateur a eut besoin de
plus de transparence, de croire et d'avoir des preuves. En effet, tout comme
l'affirme Christophe Lambert dans son dernier livre « La
société de la peur », le consommateur a besoin,
d'être rassuré, de labels de qualité. Ainsi nous sommes en
prise avec une génération très soucieuse de sa
santé, sensible aux étiquettes, aux composants alimentaires et
qui consomme de plus en plus de la nourriture et des produits naturels sans
additifs chimiques. Aujourd'hui les français se préoccupent de
plus en plus de leur santé et par conséquent de leur
alimentation. Cette tendance serait due en plus des dérives
agroalimentaires à l'augmentation de l'obésité en
France ; puisque 12,6 pour cent des français sont en surpoids. Ce
phénomène de contrôle s'accroît jusque dans les
boissons, où se multiplient les produits light voire zéro (Coca
Cola), ces derniers vont même s'étendre, un comble, aux boissons
énergétiques.
Sensible à l'éthique :
On peut se demander si l'actuelle prise de conscience des
consommateurs, de plus en plus vigilants dans leurs achats, n'annonce pas le
déclin de la publicité conventionnelle, ou en tout cas de la
publicité telle que le RAP (Résistance contre l'agression
publicitaire) la définit : une technique de manipulation, une entreprise
de falsification des émotions. Mais il ne faut pas omettre que pour tous
les observateurs du phénomène publicitaire, il n'y a pas de pire
publicité que celle qui avance masquée et n'admet pas ce qu'elle
est.
La marque est et restera ce qui permet au consommateur de
choisir. Il ne s'agit donc pas de prôner une économie sans marque,
mais au contraire de faire du désir d'éthique du consommateur un
nouveau levier de développement et de différenciation pour les
entreprises qui auront compris l'enjeu. En effet, rare aujourd'hui sont les
entreprises qui ne communiquent pas sur la responsabilité éthique
ou sociale.
Ainsi les consommateurs vont exiger de certaines marques plus
d'éthique et moins de scandales (Total, Lu.) Les consommateurs
s'avèrent, aussi, très sensibles à la communication
éthique qui leur permet de concilier consommation et respect de l'autre.
L'éthique devient alors une assurance de fiabilité. Certaines
entreprises telles que EDF vont même mettre cet impératif au
centre de leur communication via leur site internet. En effet, en 2OO2,
celle-ci active son positionnement stratégique, en vue de la prochaine
ouverture à la concurrence, dans le développement durable :
trois axes de communication portent ce plan :
- Les valeurs de la marque EDF,
- Le modèle social du groupe
- L'innovation technologique.
Pour soutenir ce nouveau positionnement, coiffé sous
l'étiquette de "performance responsable", EDF choisit le 15 avril de la
même année de mettre en place un programme court
télévisé, « Objectif Terre », en
partenariat avec le photographe Yann Arthus Bertrand et France 2.
Ce programme, diffusé sous forme de films quotidiens de
1 minute 30, met en avant des lieux du monde entier à l'équilibre
fragile. Les premiers post-tests sur cette campagne
télévisée révéleront « des impacts
en terme de notoriété et d'agrément de dix points
supérieurs aux standards ». Ainsi trois mois plus tard
l'agence CLM/BBDO en charge du budget EDF décide de créer un mini
site Internet afin d'y décliner ce programme pour asseoir le nouveau
territoire d'expression de la marque. Cela donna naissance à un mini
site : « Objectif Terre » sur le portail -www.edf.fr -
. Lorsqu'on y accède, on découvre la vidéothèque,
la prise de parole interactive, où EDF détaille son engagement au
sujet du développement durable. Dans un souci de proximité avec
les internautes, il propose des e-cards et le téléchargement
sur les portables du générique d'Objectif Terre. En quatre mois,
le mini site a enregistré environ 8 000 visiteurs et plus de 500
téléchargements de sonneries. « Mais l'objectif
principal de ce premier mini site « Objectif Terre » ne se
traduit pas en terme de trafic. EDF, qui agit en qualité de sponsor
mécène sur le programme télévisé, compte
pouvoir développer, via Internet, son propre discours sur le
développement durable. Une volonté qui devrait se traduire,
dès cette année, par une montée en puissance du volet
online d'Objectif Terre. Alors qu'EDF prolonge pour une 2ème
année le programme télévisé, l'équipe
multimédia planche déjà sur la nouvelle version Internet
de l'opération. Le mini site devrait à cette occasion devenir un
site à part entière, avec une stratégie de
référencement spécifique, où la présence
d'EDF sera volontairement placée en filigrane. Le futur site d'Objectif
Terre reprendra ainsi à son compte la démarche initiée par
certaines marques de grande consommation avec leur portail conseil. Des
portails où la marque est mise au second plan afin de tisser avec les
internautes des liens de fidélisation et de confiance en apportant de
façon neutre conseils, informations et interactivité. Tout ceci
montre à quel point aujourd'hui l'éthique est devenue une
priorité chez les consommateurs qui face aux dégradations
climatiques et aux scandales alimentaires sont de plus en plus soucieux de leur
avenir et de celui des générations futures » (Le
Journal Du Net 3 avril 2003).
Si les Français souhaitent que leur environnement soit
protégé des risques, il y a aussi, derrière cette attente,
une aspiration plus large à une meilleure qualité de vie
(qualité de l'air, amélioration des transports, meilleure
articulation des temps sociaux, animation de la ville...),
particulièrement vivace chez les jeunes, les urbains des classes
moyennes et moyennes supérieures. Le label "safe" est plus que jamais
d'actualité. Ainsi les consommateurs ont besoin être
rassurés dans une société qualifiée par Christophe
Lambert « comme étant celle de la peur ». De ce fait
les consommateurs sont très sensibles à l'étiquette mais
aussi aux valeurs véhiculées par la marque si elles rejoignent
les leurs. C'est une interpellation directe des entreprises et des pouvoirs
publics. Vis à vis des marques cette demande de sécurité
est claire et se caractérise par la méfiance vis à vis des
produits dont l'origine et la traçabilité sont douteuses. On
recherche la transparence dans les modes de production, la clarté dans
toute la chaîne de distribution. Il ne s'agit plus d'un paramètre
périphérique dans la démarche du consommateur. Cette
exigence est devenue centrale. Les consommateurs français montrent
une sensibilité croissante aux attitudes " morales ". L'éthique
de la marque est valorisée, la relation de confiance
privilégiée. L'intérêt pour l'origine des produits,
les conditions économiques qui ont participé à leur
production constituent des vecteurs puissants d'image et d'attraction. Cette
exigence est conforme à un phénomène que nous constatons
depuis plusieurs années dans l'évolution des valeurs des
français. La demande d'ordre et de régulation est forte dans le
domaine social. Les Français estiment " qu'il y a des choses à
respecter " et expriment un fort besoin de civisme et d'éthique. C'est
une exigence qui irrigue l'ensemble de la société. Le
consommateur n'est pas un gogo doublé d'un myope, l'oeil rivé sur
le produit, sans libre arbitre tel le lapin pris dans les feux croisés
d'une voiture. Les Français veulent connaître les coulisses du
produit. La transparence que garantit une marque consolide la confiance des
consommateurs.
Les consommateurs expriment une indignation très forte
à l'égard des entreprises qui licencient alors qu'elles annoncent
des bénéfices astronomiques. Cette pratique est absolument
incomprise. Michelin ou Danone ont pu mesurer l'émoi provoqué par
l'annonce de plans sociaux au moment où elles annonçaient des
résultats à la hausse.
Ainsi les français jugent fiables les entreprises
sensibles à l'éthique et blâment celles qui ne le sont
pas : Total. (Voir les scandales en annexe)
Que veut il ?
En somme le consommateur aujourd'hui veut des publicitaires
plus adultes, plus responsables et surtout qui instaurent une relation de
proximité et de confiance. En effet tel que l'affirme l'hebdomadaire
L'Express dans son article du 13/03/07 : « les
consommateurs en ont ras le bol ! Prix, délais,
qualité : les clients sont de plus en plus prompts à
s'insurger devant les abus. On n'est pas encore aux Etats-Unis, mais, dans
certains secteurs, un nouveau pouvoir émerge. » Aujourd'hui le
consommateur est déçu, abusé, lassé d'être
mené en bateau. Aucun secteur n'est à l'abri : assurance,
banque, voyages, transports, et la palme de la grogne est attribuée
à la téléphonie et Internet. Le consommateur se sent
faible face à ces grandes structures qui à coup de messages
publicitaires l'appâtent et ne tiennent pas leurs engagements, l'exemple
récent de Noos ne fait pas entorse à cette constatation. C'est
ainsi que le publicitaire décida de devenir un peu plus raisonnable et
en février 2006, Michel Edouard Leclerc a dégainé le
premier avec son site en ligne « quiestlemoinscher.com ».
Carrefour y rétorque et s'est engagé envers ses clients qui
trouveraient moins cher ailleurs, à baisser leurs tarifs sous vingt
quatre heures et à rembourser la différence.
Résultat : depuis mars 2006, plus de 10000 réajustements de
prix ont été effectués. Pour pousser le concept encore
plus loin, les centres Leclerc décident aujourd'hui de lancer des
comparateurs régionaux. Ainsi pour mettre fin à cette guerre des
étiquettes, les autres enseignes ont appelés à la
création d'un comparateur commun à l'ensemble de la profession.
Cette agitation fait le bonheur des consommateurs, demandeurs de toujours plus
d'informations et de références et surtout grands adeptes du
« bien et moins cher ». Fleurissent les numéros
verts et les lignes «conso».
De la nécessité d'attirer son attention,
puis l'adhésion : le fidéliser en parlant son langage :
En effet tel que l'affirme Nicolas Riou auteur de l'ouvrage
« Peur Sur La Pub », dans le Journal du
Net en mars 2005, « le consommateur a atteint une certaine
maturité médiatique et devient même un expert sur le
marché par sa manière d'analyser et de décortiquer les
discours des produits. Il n'est pas dupe et la publicité sur les marques
ne peut pas tourner à vide, certaines formes publicitaires commencent
à ennuyer le consommateur. » Il ajoute que « la
tendance à la répétition des messages limite la
construction des marques... La répétition néglige la
créativité source de séduction et de divertissement. Les
bonnes vieilles manières génèrent en outre une inflation
des dépenses, mais la répétition des messages
publicitaires lasse le public. A terme la tendance sera
contre-productive. » Ainsi le consommateur prend ses distances avec
la publicité.
Pour attirer son attention, le publicitaire décide de
descendre de son nuage et de revenir sur terre pour se rapprocher de sa cible
en utilisant son langage, son image dans un autre concept nommé :
« la publicité réalité ». Son message
ne se portera plus exclusivement sur le produit mais mettra le consommateur au
centre.
Il nous semblait nécessaire, alors, de comprendre les
mécanismes de ces publicités dites
publicité-réalité.
C) Mécanisme de la publicité
réalité :
Sur le terrain ces pubs dites réalistes
fructifient jusqu'à trois fois plus les ventes des produits.
La disruption :
La Disruption. C'est une méthode, née dans des
agences de publicité, qui permet de créer des campagnes plus
efficaces et incisives en jouant sur la rupture avec les codes et les
conventions existants. Un mode d'action et de stratégie qui peut
s'appliquer au monde des affaires en général. Le repérage
des conventions qui figent la pensée est la première étape
d'une stratégie disruptive. C'est un exercice d'observation et de doute,
utilisé pour remettre en cause certaines visions
stéréotypées d'un produit ou d'une marque afin de
développer une nouvelle approche marketing, surprenante et porteuse
d'avenir. Une grande vision est, la fusion parfaite de ce qu'incarne une
entreprise, un produit ou un service sur le long terme avec les
véritables attentes du public vraie raison d'être du recours
à la disruption, elle donne un nouvel avenir à la marque.
Elle fait partie de la vie de l'entreprise. Nous allons tous devenir des
experts en reconversion permanente. Il en va ainsi de la vie des produits et
des marques. Une bonne campagne doit renouveler la vision du public sur la
marque. Il y a un avant et un après dans son histoire et dans les
ventes. L'économie étant devenue immatérielle, et de plus
en plus interactive, le publicitaire et l'homme de marketing doivent mener le
combat des marques et des produits comme un combat d'idées. Ils sont le
maillon essentiel qui transforme l'idée en valeur ajoutée. Ainsi
ces publicités dites réalistes exposent des personnes ou des
situations que l'on n'a pas l'habitude de voir en publicité. En effet
les publicitaires vont mettre en avant des personnes ordinaires qui pourraient
être nos voisins et vont les supplanter aux mannequins qui nous font
vendre tout et n'importe quo Ainsi l'on ne peut pas parler de disruption sans
évoquer les pionniers de cette méthode : la marque
Benetton
Benetton, les pionniers de la
disruption réaliste /reportage :
La marque est née à Trévise en Italie. La
marque se fera connaître par des campagnes d'affichage tapageuses,
choquantes mais légendaires. Ceux-ci s'approprient le thème de la
multiracialité et présentent aux yeux du monde entier des
affiches colorés d'émotion vives, viscérales qui donneront
une forte notoriété à la marque. Tout d'abord la marque
présente des personnes unies et de toutes les races sous le
slogan : United Color of Benetton (clin d'oeil aux USA et à leur
melting pot). Ainsi cette marque se veut unificatrice, et prône le
mélange des races et va jusqu'à omettre sciemment de
représenter le produit sur ses affiches mais n'oubliant pas tout de
même de les griffer de leur marque.
Les consommateurs se prennent au jeu et jugent ces affiches comme
étant particulières. Ensuite la marque exposera le mélange
des cultures et histoires, ensuite sur la confrontation et l'unicité du
noir et du blanc. Par la suite Benetton plaide plusieurs causes telle que le
sida, la peine de mort, s'allie à des ONG : Reporters Sans
Frontières... fait une campagne d' affichage pour le sommet mondial de
l'alimentation, des causes cruciales certes mais loin du pull le produit
phare de la marque. En effet tel que l'affirme Luciano
Benetton :" La pub n'est pas faite pour vendre plus. Il s'agit de
pub institutionnelle réalisée pour communiquer les valeurs de
l'entreprise. (...) Nous avons besoin d'une image unique qui puisse passer de
la même façon dans le monde entier. " Et Oliviero Toscani
de renchérir " Je ne suis pas là pour vendre des pull-overs,
mais pour promouvoir une image "... Dans cette
même logique il innove et crée la Fabrica en
s'inspirant du principe de la factory Wahrolienne.
La Fabrica est née en 1994 c'est un laboratoire
d'idées, de recherches en communication allant du graphisme au
cinéma, en passant par le design industriel, la musique,
l'édition, les nouveaux médias, et la photographie. Cette
institution originale est dirigée par une équipe internationale
qui encourage la créativité de jeunes professionnels du monde
entier sélectionnés chaque année sur un projet et qui
bénéficient d'une bourse d'un an pour les réaliser. La
Fabrica est à l'origine de nombreuses campagnes de communication
visuelle avec de grandes organisations (reporters sans frontière,
organisation mondiale de la santé...) Ce centre privé de
création favorise l'ouverture sur le monde et la mixité
culturelle dans tous ses domaines d'activité. Dans un but purement
artistique érigeant la publicité au rang d'oeuvre d'art à
part entière. En effet ne sont acceptés dans cette
académie de l'émotion que de jeunes photographes souhaitant
s'épanouir en faisant des photos en dehors de toute contrainte. Ainsi de
cette façon le consommateur n'a plus l'impression de voir une affiche
publicitaire ordinaire et à but purement commercial mais une photo
réaliste, le sensibilisant sur un sujet ou un combat d'actualité.
Ce sont les pionniers et les ancêtres de
ce que l'on appelle la reality pub :
D'autres marques vont s'inspirer de cette tendance via des
créneaux différents et jouent sur différentes
émotions : telles que la marque Comptoir Des Cotonniers avec des
visuels traduisant une complicité Mère/ Fille.
Campagne intergénérationnelle :
L'exemple Comptoir Des Cotonniers.
En effet Comptoir des cotonniers a
«décollé» il y a dix ans grâce à une
communication originale, entièrement basée sur les relations
mère fille de ses clientes .La marque de prêt-à-porter
féminin
Comptoir des cotonniers est
désormais indissociable du concept «mère et fille»
autour duquel l'enseigne a réussi à tisser des contacts
intergénérationnels très forts avec sa clientèle.
« Explications de Marianne Romestain, directrice
générale adjointe en charge des ventes, du marketing et de la
communication. Ainsi Cette manière de
communiquer, différente, a tout de suite séduit. Il y a eu
projection de la consommatrice, qui s'est dit que si elle est assez jolie pour
être l'image de la publicité Comptoir des cotonniers, c'est que
ces vêtements sont faits pour une femme comme elle. La campagne
véhicule aussi le fait qu'un style n'est pas un âge et que quelles
que soient les années, chacune peut trouver son bonheur au
Comptoir ! Le binôme mère/ fille fonctionne parce qu'il
repose sur des choses simples, humaines, naturelles, proches... Les
valeurs véhiculées sont celles que l'on retrouve dans nos
vêtements. Et quand c'est simple et clair, les consommatrices
adhèrent ! À travers toutes ces opérations, la marque
ne recherche pas les retombées média, mais plutôt le
contact réel avec ses clientes. Le fil rouge, c'est de passer un bon
moment avec elles et de savoir ce qu'elles pensent de la marque. On sent bien,
au quotidien, que le concept est très attachant. Beaucoup se disent
très attachées au Comptoir. » Ainsi le Comptoir des
cotonnier pour le casting annuel reçoit plus de 12000 candidatures pour
participer au défilé et à la campagne publicitaire.
(Saga)
Campagne contre les discriminations à
l'embauche : l'exemple ADIA (Startégie 13/03/03)
Adia est le quatrième réseau français de
travail temporaire qui a pour mission de répondre aux besoin des
entreprises, en évaluant les compétences des candidats ne
recherche d'emploi et en présentant ceux d'entre eux qui correspondent
aux postes offerts. Cependant en 2000 Adia sollicité le cabinet copas
pour réaliser un diagnostic sur l'ampleur et les formes des pratiques
discriminatoires en entreprise. Cette étude révélera que
certaines agences d'Adia sont confrontées à des demandes
discriminatoires et que les salariés d'Adia qui en sont victimes sont
souvent démunis, puisqu'ils ne correspondent pas aux critères
physiques classiques de l'entreprises. Face à ce constant l'agence
d'intérim décide de mener un combat en lançant une
campagne publicitaire choc, dénonçant toutes ces formes de
discrimination à l'embauche, au près de ses salariés afin
qu'ils puissent accéder au monde du travail au delà des apparence
Cette agence d'intérim décide de faire face à un
problème de société croissant qui est la discrimination
à l'embauche. Ainsi Adia en tant qu'agence d'intérim est
parfaitement légitimée à s'engager dans ce combat sans
paraître pour autant aux yeux des consommateurs comme étant
opportuniste. Dans une optique disruptive ADIA décide de défier
toutes les entreprises qui croient que « l'habit ou que la couleur de
peau font le moine ». Celle-ci au contraire décide de ne pas
se fier aux apparences. En effet dans sa campagne de 2003 cette agence
décide de monter des personnes handicapées avec comme
accroche : « cette fille ne peut rien faire »
puis ils ajoutent : « Cette fille ne peut rien faire sans passion. Ce
n'est pas ce que vous avez pensé en la regardant ? Pourtant, chez Adia,
nous lui proposons toujours des missions à la mesure de ses ambitions et
de son talent ». Cette agence d'intérim dénonce le dictat de
l'apparence et tout particulièrement dans le monde du travail, ou les
employeurs aspirent à es salariés formatés selon des
critères qu'ils jugent nécessaires et efficaces pour une vie
professionnelle réussie. Les affiches traduisent parfaitement ces
idées reçues et les clichés lorsqu' un candidat
dénote et ne rentre pas dans le moule de l'embauche. Ainsi tout homme
ayant la cinquantaine, avec un peu de ventre et un visage pas très
harmonieux est sans doute « un obsédé » toute
jeunes femme dans un jean moulant, assumant parfaitement sa
féminité est « bonne » tout jeune ayant une
coiffure non ordinaire est forcément un drogué. Tout personne
immigrée habillée d'un jogging à capuche est
évidement un casseur qui ne peut avoir droit à un travail.
Cette campagne publicitaire a été menée
par l'agence Leagas Delauney Paris centre et a été
récompensée lors du dernier grand prix de l'affichage en octobre
2003. Ainsi Adia suite à cette campagne a pu jouir d'une forte
notoriété dans le monde de l'intérim. « En 2003,
nous avons capitalisé sur toutes nos précédentes
communications », analyse Frédéric Girard, directeur
marketing et communication d'Adia, dont la signature proclame : « Ne vous
fiez pas aux apparences, fiez-vous aux compétences ». «
Certaines sagas se bâtissent en accumulant toujours la même
idée. Nous avons préféré construire du
sens ». Ainsi Adia est connue comme étant un agitateur
social qui lutte contre toutes formes de racismes. L'agence d'intérim
n'hésite pas à faire de la lutte contre les discrimination sont
cheval de bataille et se présente en tant qu'entreprise à
démarche responsable et citoyenne. En effet nombreuses discriminations
à l'embauche sont faites en France qui à force de
préjugés à l'égard des candidats d'origines
raciales différentes. Cette campagne se fonde sur la diversité
des candidats à l'embauche qui seront tantôt jugés
« trop vieux, trop handicapés, trop noirs, trop beurs, trop
racaille »
Ainsi cette campagne choc était accompagnée en
plus des visuels de textes tels que : « l'expérience est
formatrice à condition de la rendre possible. » Ce
géant de l'intérim signe ses campagnes en précisant que
l'intérim est un métier.
De ce fait Adia attribue aux intérimaires un statut et
une respectabilité dans le monde du travail. Le premier spot
télévisé apparu en 2001, présentait des
scènes de vie de bureau difficiles puisque empreintes de racisme,
harcèlement, violences verbales, a été critiqué par
le BVP, qui a estimé ces mises en situations comme étant
très violentes. Ainsi Adia relègue l'apparence au second plan et
fait des compétences le critère principal et déterminant
lors d'une candidature à l'embauche. (Voir l'enquête menée
par ADIA).
Les campagnes qui ont choisi de révéler
au grand jour les clichés publicitaires :
L'exemple Neuf Telecom :
En effet l'agence V qui est en charge de la Neuf Box de Neuf
Telecom a choisi d'utiliser le concept de tendance réaliste en
publicité en révélant ainsi les clichés
publicitaires, et ce en toute dérision. « Cette nouvelle
campagne s'inscrit dans une nouvelle façon de communiquer qui est
empreinte d'honnêteté, puisque effectivement le public est
lassé par les campagnes qui ne leurs offrent que des strasses et
paillettes. Nous avons chois choisi cet axe, qui instaure immédiatement
une complicité vis-à-vis du public. D'autant plus que cette
complicité est palpable selon le nombre d'appels effectués suite
à la vue de la publicité. » Pierre Riess
Ces campagnes remettent au goût du jour les sagas
apparues en publicité dans les années quatre vingt, qui sont des
minis séries publicitaires racontant une histoire à travers des
personnages et des situations diverses. Ainsi Neuf telecom nous fait
découvrir Martin : jeune publicitaire, créatif ringard qui
tente de convaincre Bernard le directeur marketing d'accepter son concept
révolutionnaire qui lui permettra de vendre en quantité des Neuf
box. Dans une première série Martin explique les prouesses de la
neuf box et du contrôle du direct et se confie à une star du foot
(Eric Cantonna), et lui exprime son désarroi face à l'agence de
publicité dans laquelle il travaille qui exige une
célébrité avec un chien qui seraient sois disant plus
vendeurs.
Eric Cantona ne semble pas convaincu par ces pratiques
douteuses et révolues. Dans une deuxième série Martin
notre créatif, annonce à Bernard que pour expliquer au public que
la Neuf Box propose aussi le téléphones avec des appels
illimités il est nécessaire de montrer dans le spot
télé une blonde en maillot avec un téléphone et qui
court sur la plage, à la fin du spot un avion passerait avec en
annonçant sur une banderole le numéro de téléphone
à appeler. Et enfin dans une dernière série Martin vante
l'intérêt d'utiliser une fois encore huit blondes en maillot de
bain, pour annoncer l'offre wifi avec évidement à la clé
un jeux de mot : « huit filles ». Ou encore un
bébé « puisque les bébés ça marche
toujours ». « Notre objectif dans cette campagne
était de répondre à deux impératifs : vendre
des neufs box et construire un marque et si possible que le public en est une
image positive, honnête qui correspond à leur attentes tout cela
dans un esprit moderne et complice. » Pierre Riess ajoute
« en fait notre but était aussi de se démarquer d'Alice
(1) en présentant des campagnes anti-Alice, d'où la blonde en
Maillot. » En effet cette campagne très judicieuse permet
d'introduire les spectateurs dans les coulisses d'une agence de
publicité et de tordre le cou à tous les clichés qui ne
font plus vendre aujourd'hui et met en dérision les mécanismes de
la publicité conventionnelle qui utilise des codes classiques qui ont
fini par lasser le consommateur avide de nouveau média et de nouvelle
façon de communiquer.
(1)La campagne promotionnelle d'Alice : la filiale de
Telecom Italia, met en scène une femme blonde, jeune et souriante.
Les campagnes qui ont utilisé ce concept
réaliste en communication interne : l'exemple IBM, CIC. (Le Journal
Du Net septembre 2004)
Les tendances créatives du moment résident dans
le réalisme des propos, des maquettes plus simples. Apparue en 2006 la
tendance réaliste contamine tous les secteurs en publicité et
plus récemment les entreprises. Du rapport annuel, en passant par le
magazine interne, les photos des salariés ne cessent de
s'accroîtrent. Cette tendance met au placard les banques d'images
formatées des agences américaines. Les entreprises se rapprochent
de leurs salariés en leur montrant qu'il est au centre de leurs
préoccupations dans un contexte économique difficile et une vie
en entreprise plutôt froide.
En juillet 2004 Nec constructeur automobile se lance dans
l'aventure de la publicité réalité. Pendant trois jours
une vingtaine de salariés ont été conviés pour des
séances photos pas comme les autres. Cette opération visait
à prendre des clichés qui ensuite seront exploité en
communication interne et externe afin d'en constituer une banque d'images.
Celle ci pourra répondre à toutes les créations de
supports. Cette initiative a eu pour origine la volonté de vouloir
développer une onde positive en interne. Puis séduis par le
concepts les salariés ont tout de suite adhérés et se sont
pris au jeux, goûtant ainsi durant quelques jours à la vie de
mannequins et à la magie des séances photo. Cette
expérience a non été efficace et approuvée par les
salariés qu'elle a d'autant plus permis à NEC de réaliser
des économies et de pouvoir se démarquer des autres entreprises
qui utilisent toutes les mêmes banques d'images. (En effet l'achat
d'image coûte très cher, environ 1500 euros par photo) Ainsi NEC a
obtenu une centaine de clichés pour le prix de quatre ou cinq photos. En
contre partie les participants ont cédés leurs droits et ont
été rémunérés en chèques cadeaux.
Aussi dans un souci et un concept de réalisme, aucun costume n'a
été fourni aux salariés qui ont posés dans leur
tenue de travail. Ainsi cette opération a permis aux modèles
d'évoluer dans un contexte inhabituel.
En participant aux séances photo les salariés et
collègues ce sont investit dans la vie de leur entreprise et ont
jugé cette expérience bénéfique puisque
décrispant la vie quotidienne au travail, l'a rendant ainsi pendant
quelques jours ludique et agréable. « Le tournage a eu lieu
dans un très bel hôtel particulier, très design, se
souvient Corrine Launey informaticienne au sein de NEC. J'ai rencontré
des collègues de travail d'un autre site, dans un cadre convivial. Nous
avons passé beaucoup de temps au maquillage, nous avons
tété impressionnés par le travail d l'agence et celui des
photographes professionnels. Nous avions le sentiment d'être importants
et chaque participant est repartit avec le DVD du tournage. C'était
aussi un challenge, il fallait faire confiance au photographe. Je suis
fière d'avoir participé et j'ai gardé de belles
photos. »
Les campagnes qui se sont inspirées clairement
de la télé réalité : L'exemple Hollywood
Shewing Gum, la campagne anti- tabac, Vogele, Nike, et Ford S
Campagne anti- tabac :
L'annonceur a décidé d'utiliser le journal
télévisé de France 2 et son présentateur David
Pujadas, il a fait appel à de véritables témoins
filmé jour après jour pour sa campagne anti-tabac. Sur nos petits
écran apparaît Anne une jeune femme, qui vient d'arrêter de
fumer et en parle tous les jours à la télé. C'est le
premier jour du traitement de la jeune femme qui, déterminée
parle de jeter les cigarettes à la poubelle. Elle est la première
héroïne de publicité réalité, elle devra
partager son combat avec les spectateurs qui sont priés de la soutenir
en suivant le feuilleton. Cette campagne a marché en Angleterre et elle
a augmenté de 11°/ la vente de patchs anti -tabac. (Article paru
à Média Télé)
Campagne Hollywood Chewing Gum :
(Marketing du 4 septembre 2006 et Stratégie 31 août 2006)
Le 15 septembre 2006 les agences TBWA et Carat France en
charge du budget Hollywood Chewing Gum décide de profiter de cette
recette miracle appelée désormais la publicité
réalité et pousse le concept encore plus loin en osant
créer la première publicité en direct. Au milieu de la
dernière coupure pub juste avant les révélations qui
déterminent les candidats sortants, de la célèbre
émission de télé réalité la Star Ac , les
téléspectateurs ont pu visionner en direct la dernière
publicité de Hollywood Chewing Gum sous une forme d'un nouveau genre.
Des comédiens en direct des studios de TF1 ont été
conviés au casting et ce sera finalement Bruno Salomone l'heureux
gagnant de cette performance (puisqu'il s'est prêté au jeu de
l'improvisation) encore inédite en France. Ainsi cette nouvelle
espèce publicitaire a été l'occasion de créer une
forte connivence avec les téléspectateurs. Cinq autres spots
publicitaires ont été tournés en direct tous les vendredis
soirs. Ces publicités sont les derniers nés de la
révolution de l'ère numérique qui permet de créer
en direct. Avec Hollywood Chewing Gum c'est la première fois qu'un
annonceur accepte l tournage de sa publicité en direct, sans avoir un
droit de regard au préalable quand au résultat final. Le spot a
donc repris les éléments de décor de l'émission
pour que le lien puisse se faire naturellement. Selon Marie-Laure Sauty de
Chalon, présidente de Carat France, cette approche est
révélatrice de la mutation que vivent les marques. « Nous
sortons d'une ère où l'on délivrait un message pour entrer
dans une période où l'on crée de l'accessibilité
24 heures sur 24 et de la relation avec un consommateur méfiant.
» Arthur Sadoun va plus loin en soulignant que les gens jugent de plus en
plus une marque sur son comportement plutôt que sur son discours.
Ford :
La célèbre marque de voiture Ford ne
déroge pas à la règle et se laisse séduire par le
concept en s'alliant à Yahoo Auto pour créer une campagne
publicitaire participative dont les internautes et la voiture sont acteurs
à part entière. Ford propose aux internautes de faire eux
même la publicité de la nouvelle Ford dans le cadre d'un jeu
interactif qui se déroulera sur le net. Suivant le même principe
de la télé réalité, les internautes déposent
leurs candidatures afin de participer à un casting et les personnes
sélectionnées devront ensuite faire leurs preuves auprès
des internautes qui sont invités à voter pour leur candidat
préféré. Les internautes peuvent s'inscrire sur le site de
Yahoo! Auto pour devenir les premiers testeurs du S-Max, avant la
présentation du véhicule à la presse et son lancement
officiel prévu le 17 mai. Après une première
sélection parmi les candidats, les "favoris" - ceux qui correspondent le
mieux à la cible (famille avec enfants) - passeront devant un jury qui
n'en retiendra plus que dix dans le but de devenir les "chroniqueurs" exclusifs
de Ford. Ensuite Ford leur prêtera un S-Max pour qu'ils puissent
communiquer leur expérience sur un blog créé par Yahoo!
Chaque semaine, ils devront mettre le véhicule en situation, de
façon originale, et faire part de leurs impressions au volant du S-Max.
"Pour cela, Yahoo! leur offre un appareil numérique pour faire leurs
photos", précise un communiqué. Après trois semaines les
internautes devront élire le meilleur ambassadeur de la S Max et
l'heureux gagnant remportera le véhicule. Ford a reçu plus de
mille candidatures qui se sont laissé séduire par ce nouveau mode
de communication qui fait des spectateurs des « consommateurs
testeurs ».
Vogele :
Cette fois ci c'est au tour de la marque de vêtement de
se lancer dans l'aventure. Cette tendance s'étend partout en Europe et
la Suisse en est la vedette. Celle-ci organise une émission avec tous
les ingrédients d'une émission de
télé-réalité : un jury, des candidats, des
éliminations... La marque a donc acheté son show
télévisé et les gagnants poseront pour la prochaine
campagne publicitaire et gagneront en prime des vêtements à vie.
C'est finalement une famille d'agriculteurs qui a gagné le concours et
devenu la représentante de la marque, défendant ainsi ses
intérêts, en répondant aux questions des journalistes.
Nike et Migros :
Louisette Monod, secrétaire et Charlotte Quiblier sont
les nouvelles égéries de la dernière campagne Migros.
C'est la nouvelle tendance les gens veulent voir des personne normales, de la
rue. Elles ont toutes deux des kilos en trop et les affichent sans complexes.
Du côté de chez Nike, c'est le même concept qui s'exprime
derrière un slogan très accrocheur : « J'ai un
gros derrière et je l'assume ».
Ainsi aujourd'hui tout le monde peut faire de la
publicité et avoir son temps de gloire (concept cher à Andy
Warhol). Mais la palme d'or revient a la dernière campagne de Dove qui a
initié ce phénomène et l'a étendu à toute
l'Europe. Celle-ci a été primée d'un double grand
prix : du cyber et du film au Festival de la Publicité de cette
année 2007 qui s'est déroulé à Cannes. Le leader
cosmétique a reçu tous les honneurs pour sons spot
« Evolution » qui a circulé comme une
traînée de poudre dans la sphère internet. Ce spot a
été conçu par Ogilvy Toronto et consacre aussi
l'efficacité de la publicité via le Net. Le film a en effet
été vu par pas moins de 6 millions de fois sur You Tube.
Dove : l'instigateur du
phénomène
L'agence Ogilvy et Mather en lançant leur
dernière campagne sur les produits cosmétiques de Dove et
décident de mettre fin au rêve, à l'inaccessible, au conte
de fée pour se mêler à la réalité, en
remplaçant les mannequins tant lointaines par des vraies femmes avec de
vraies rondeurs et des imperfections.
En somme des êtres humains qui ressemblent à
Monsieur et Madame Tout le Monde. Cette campagne a pour accroche :
« Pour toutes les beautés ». Ainsi Dove pour la
première fois décline au pluriel le terme beauté. Pour
Dove il est temps de mettre fin aux stéréotypes et d'accepter la
singularité de chaque femme, en illustrant le propos de Don
juan : « Toutes les femmes sont belles. » La
beauté peut revêtir toutes les formes, toutes les tailles et tous
les âges. Dove nous montre une vision de la beauté plus
démocratique, plus saine. Pour ce faire, Dove décide d'aider les
internautes en leur proposant des forums qui leur permettent de débattre
sur des questions relatives aux critères de beauté. Mais aussi
des ateliers de l'estime de soi, aidant les jeunes femmes à aimer leur
corps, leur apparence et à s'accepter telle qu'elles sont. Cette
campagne intervient à une époque où la minceur est
à la mode, où des mannequins bien trop rachitiques finissent par
mourir de faim. L'anorexie devient de plus en plus répandue et plonge
des familles dans le désarroi. Face à tous ces scandales Dove
décide de réagir et de redonner confiance aux femmes, non pas en
leur proposant de maigrir comme on peut le constater dans tous les magazines
mais en leur conseillant de rester elle-même. Dans leurs
dernières affiches que l'on peut voir sur les murs de Paris, Londres
ou New York, Irène Sainclair est modèle pas comme les
autres. Elle a 96 ans, ridée, a des taches de rousseur. Elle est
souriante, a un foulard sur les cheveux et des créoles aux oreilles.
Elle est l'une des ambassadrices de Dove pour lancer la « Dove
Age ». Sous la photo les passants sont invités à lire
un question : « ridée ou splendide ? ».
« Je me suis impliquée dans cette campagne pour
devenir l'ambassadrice des personnes âgées et montrer que nous
avons beaucoup à donner, que ne sommes pas encore
dépassées », a-t-elle expliqué, et d'ajouter
« De ma vie, je ne me suis jamais trouvé belle, mais je me sens
belle maintenant. Il s'agit de vieillir avec grâce ».
Après avoir afficher des femmes bien en chair Dove
affiche la différence et l'unicité de chaque femme. Cette
campagne a eu comme préalable une enquête sur son site qui
exposait quatre mannequins qui se démarquaient par leur physique
particulier : l'une rousse et pleine de taches de rousseur, une jeune
femme aux cheveux gris, une autre brune avec des rondeurs et Irène. Pour
chacune les votes restent très positifs. Cependant d'après une
enquête de Unilever les mentalités restent aujourd'hui très
stéréotypées lorsqu'il s'agit de beauté. Ainsi plus
de neuf anglaises sur dix âgées de 8 à 13 ans estiment que
les personnes âgées ne peuvent pas être belles. Dove
s'appuie sur une enquête réalisée par la Harvard University
et la London School of economic, qui démontre que soixante huit pour
cent des femmes estiment que tout est à revoir à propos de
l'image des femmes dans la publicité. Elles trouvent les
publicités, et surtout, pour les produits cosmétiques trop
éloignée de la réalité : c'est donc une remise
en question pour les publicitaires, qui doivent à nouveau chercher un
moyen efficace pour séduire leurs cibles. Pour vendre des produits
anti-ride, ce sont presque exclusivement des femmes de trente à trente
cinq ans qui en vantent les mérites. Ainsi par ce nouveau concept
réaliste Dove est devenu l'anti-l'Oréal. En effet dans notre
société le vieillissement est perçu comme étant
tabou, et qu'il devrait être combattu, telle une maladie. Dove innove en
proclamant qu'il est temps de sentir belle et ce à tout
âge, « Parce que la beauté n'a pas
d'âge. » La campagne photo a été
réalisée par la photographe : Annie Leibovitz qui à
travers ces clichés épurés, montre des femmes de plus de
cinquante ans épanouies, bien dans leur peau, sereines. Rassurant ainsi
les consommatrices qui enfin peuvent se projeter en elles et voir à quel
point l'on peut être belle, lorsque l'on est en harmonie avec son
âge et son apparence. « La campagne
« Pro-Age » constitue un prolongement de notre engagement
constant à attirer l'attention sur des femmes naturelles, au rayonnement
tout à fait personnel, et à contribuer ainsi à une plus
large définition de la beauté. Cette fois, nous mettons l'accent
sur la génération des femmes de 50 ans et plus - nous voulons
inciter les femmes à apprécier toutes les facettes de cette
période de leur vie et leur démontrer que la vraie beauté
ne connaît pas d'âge», comme il l'explique dans leur
communication.
Dove va encore plus loin et décide d'organiser une
campagne de buzz en lançant un clip intitulé
« Evolution ».
L'évolution : la révolution d'un
bon buzz
Dans cette publicité ou plutôt ce spot
destiné au buzz marketing, l'on voit une jeune femme ordinaire entrer
dans un studio photo et va faire l'objet de transformations spectaculaires.
Elle est tout de suite prise en charge par des maquilleurs professionnels qui
subliment son grain de peau, lui apportent plus d'éclat, la coiffent.
Petit à petit son visage se transforme, grâce aussi à la
lumière du studio. Ensuite une fois apprêtée et
photographiée c'est autour des créatifs de faire leur
travail : ils s'emparent des outils de photoshop, lui rehaussent le cou,
lui agrandissent les paupières, lui affinent le visage...Ensuite, cette
nouvelle créature qui ne ressemble presque plus à la jeune femme
est exposée sur un panneau publicitaire. Le message, qui en
découle, nous explique que sans aucun doute que la beauté
publicitaire est faussée, truquée, arrangée et Dove, pour
nous, démystifie la magie de la publicité. Ce spot a connu un
succès sans précédent et a réconcilié Dove
avec ses consommatrices qui enfin se reconnaissent dans une campagne de
publicité vantant des produits cosmétiques. Dove a donc
réussi son coup de génie marketing qui repose sur la «
courbe du deuil » mise au point par Elisabeth Kübler-Ross, clé
de compréhension des motivations face à une perte, en
l'occurrence, la jeunesse. Elle permet de construire un autre type de
stratégie créative pour faire passer le message, en particulier
dans le domaine du cosmétique. Cette courbe divise le deuil en cinq
étapes : le refus/négation (« non. Pas moi... »), La
colère (« pourquoi moi ? »), la négociation/marchandage
(oui, mais...bon...) , la dépression (« oui... moi.... ») et
l'acceptation (« moi !.. enfin ! »).
Cette tendance réaliste a été
révélée par Dove, qui a bouleversé le monde
tellement sclérosé de la cosmétique, qui a fait de la
beauté et de la jeunesse des dictats, des valeurs essentielles dans
notre société. Telle que nous l'affirme Laura Kakon Directrice
Marketing chez Vichy : « nous avons fait des études
de fond de marque au près de nos consommatrices et nous nous sommes
rendu compte que le lien entre la consommatrice et la marque s'était
défait. C'est-à-dire qu'elles ne retrouvaient plus cette grande
marque populaire qui était Vichy mais une marque distante. On s'est
rendu compte que les communications des années quatre vingt dix ne
permettaient plus d'interpeller les consommatrices et qu'il fallait changer de
parti pris créatif. Des consommatrices ont été
« castées » et ont testé pendant trois mois
notre produit sous le regard avisé d'un dermatologue. Cela nous a permis
de retranscrire leurs sentiments face au produit à travers leurs propres
mots. Ensuite elles ont été photographiées et ont fait
l'objet de plusieurs articles du magazine. Ceci nous a permis d'avoir une
véritable connivence avec nos consommatrices et ce en parallèle
à une publicité conventionnelle classique. »
2) Seconde partie :
A) Est-ce la fin de la publicité
conventionnelle ?
La télévision est elle en
danger ?
Le publicitaire aurait il perdu son outil de
séduction ? Le consommateur aujourd'hui s'éloigne t il
vraiment de son petit écran ? En France pour la première
fois ce secteur a enregistré une baisse de son activité de 1 pour
cent.
Alors est ce une simple pause ?
Les adolescents délaisseraient de plus en plus la
télé au profit d'Internet ou des jeux vidéo, les adultes
eux sont devenu les as du zapping anti-pub.
Pire, les Américains s'arrachent TiVo
(télévision par Internet), un nouveau lecteur numérique
qui enregistre les programmes avec un léger différé
permettant de sauter les publicités. D'ici 2007, 20% des foyers
outre-atlantique pourraient s'en équiper. En France il n'y aucune
raison de s'alarmer, cependant les annonceurs ne consacrent plus l'essentiel de
leur budget dans les spots télé et le répartissent dans
d'autres média et supports tels : Internet, les SMS, les MMS, les
jeux vidéos...
B) Passage à une communication boule de
neige :
Pourquoi s'intéresser tant à Internet ?
«Parce que aujourd'hui les entreprises ont besoin
de clients. Et dans la majeur partie des cas, les usagers consacrent
l'essentiel de leur communication média à
Internet », affirme Matt Freeman, directeur du réseau
Tribal DDB Worldwide.
D'autant plus que ce médium est flexible, et la
création s'y sent libre. Ainsi l'on est loin des normes conventionnelles
que l'on est obligé de respecter à la télévision
(des spots de 30secondes ou sur les magazines (des pages en forma A4).
Celui-ci ajoute que les média électroniques permettent au
consommateur de participer à la campagne. Le publicitaire sur le Net a
moins de contraintes et n'est pas obligé d'être concis, il peut
enfin prendre du temps et dialoguer avec son consommateur afin de mieux le
comprendre. (Advertising now.on line chez Taschen).
Par conséquent le média le plus performant que
le publicitaire a découvert est le consommateur lui-même.
Les consommateurs aujourd'hui font partie des créatifs,
du monde la communication. Les marques ont compris qu'elles avaient besoin de
travailler en accord avec les consommateurs afin de construire une relation
plus saine et équitable. Le publicitaire assiste donc a un changement de
pouvoir : c'est la revanche du consommateur.
« Ce sont eux qui interagissent avec les
marques. Ils ne sont plus de simples récepteurs.
De plus, lorsqu'ils contactent une marque par
téléphone, par exemple, et qu'ensuite ils s'adressent à
elle via Internet, ils veulent être reconnus. (Interview de Reuben
Hendell, partners worldwilde publiée sur le journal du
net).
C'est ce que l'on appelle le monde multi canal : une
marque doit être partout présente, sur tous les fronts pour
s'adresser à leur cible partout et tout le temps. « Les
consommateurs veulent que l'on se souviennent de leurs interactions avec les
marques, Ils veulent une relation de
proximité. » Reuben Hendell
Il devient donc nécessaire de mieux comprendre ce qu'il
va faire d'un consommateur, un client. Et ce dans un contexte ou les
consommateurs ont plus de contrôle et moins de temps. Il faut donc les
intéresser, les distraire. Pour cela le contenu doit être
captivant, et plus sélectif. Les publicités doivent s'adresser
à une cible précise.
Certaines marques vont intéresser leurs consommateurs
en leur proposant de créer leurs propres spots publicitaires.
Aux Etats Unis la chaîne de télévision
Current a crée les Vcam (viewer created ad message).
Le principe consiste à inciter les spectateurs à créer eux
même leurs propres spots publicitaires destinés à
être diffusé sur la chaîne. Ces spots sont financés
par les annonceurs qui ont été séduit par le concept.
Le New York Time informe que ces vcam
« sont devenues le pire cauchemar des agences de
publicité. »
Cette tendance s'étend sur Internet, et des marques
comme American expres ou encore Converse proposent depuis peu à leurs
Internautes de concevoir leurs propres spots. Chaque
expérience repose sur la même implacable
logique. Le publicitaire entre alors dans l'ère du dialogue, de
l'écoute du consommateur.
« Les fans d'une marque sont les plus aptes
à vanter ses produits - et de communiquer leur passion aux autres
consommateurs. Ce sont donc des publicités moins coûteuses et
surtout très efficaces d'un point de vue marketing. (Article
publié le 26 mai 2006 sur le magazine en ligne ZD Net .fr)
Le but de ces communications est de faire parler
d'elle-même, c'est le principe du bouche à oreille. C'est ce que
l'on nomme en publicité : Le buzz marketing.
b) La buzz communication :
Le buzz marketing consiste à créer une dynamique
conversationnelle autour d'une marque ou d'un produit, en s'appuyant sur un
concept qui implique les personnes visées et qui les valorise.
L'individu ne subit plus la publicité : il devient
acteur dans la communication de la marque.
Ainsi cette communication fait la part belle à ce que
l'on appelle le marketing participatif.
Et ce contrairement à la communication média qui
fonctionnait exclusivement via, la presse, la télévision, la
radio. Aujourd'hui il est nécessaire d'utiliser plusieurs média
et de passer de la culture du « one shot à celle de
l'effet boule de neige » affirme Jacques Séguela qui ajoute
« Les idées qui marchent sont des idées qui créent
une histoire ».
« Le marketing sur Internet ne marche qui si on
lance les germes d'une histoire que les internautes vont se raconter et
transformer. » C'est, selon ce publicitaire avisé,
l'ère du marketing démocratique puisque celui-ci nous explique
que les marques qui disaient hier
« Je vous parle de moi» sont obligées
aujourd'hui de nous dire « je vous parle de vous». Nous serions
passés du « fascisme à la démocratie du marketing
».
Ainsi le publicitaire se voit obligé d'enterrer son ego
et de se monter plus humain.
C'est donc la fin du marketing tranquille, de la
séduction facile. Une question qui se pose, comme l'a souligné
Jean-François Variot fondateur d'image force, est celle de la mesure de
l'efficacité des campagnes : enquêtes, études de
marché, analyse d'audience sont-elles des outils applicables au nouveau
consommateur ? Ce qui est sûr, c'est que les équipes marketing ont
aujourd'hui beaucoup moins de temps et de recul pour préparer et
analyser leurs campagnes.
Aujourd'hui il y'a trois mots d'ordre :
-INTERACTIVITE,
-CIBLAGE,
-MULTICANAL.
« Avant, on mettait tout au point, on se
préparait, on envoyait des signaux. Mais maintenant les internautes
réagissent dès les premiers signaux ».
Ce que Jacques Séguéla formule de
façon plus sommaire en appelant à « Un peu moins de tests et
un peu plus de testicules ».
Les gens veulent trouver ce qu'ils recherchent vraiment.
Dépenser, ne serait-ce qu'un euro sur une campagne de marketing en ligne
sans se poser dès le début la question de la stratégie de
recherche des internautes, c'est jeter de l'argent par la fenêtre.
» Jean-François Variot.
C'est ainsi que l'on est passé d'une
société de masse à une société de
personnes.
Les micros cibles : une technologie de
pointe
Passage d'une société de personnes à une
société de masse Jacques Séguéla annonce :
« La société de masse est
morte, vive la société de personnes »
En effet « Aujourd'hui, les jeunes n'ont plus
confiance dans les médias de masse pour leur donner confiance. Seulement
12 % des jeunes font confiance à la télé, mais ils sont 45
% à faire confiance au bouche à oreille. »
En somme les publicitaires ont désormais affaire
à un consommateur « immuno-résistant ». Le
consommateur est lassé et ne croit plus à toutes les promesses
que lui bassine le publicitaire. L'intrusion publicitaire et les nombreuses
sollicitations quotidiennes qui le poussent à consommer le rendent
agressif. Ceci expliquerait le succès de cette tendance réaliste
qui a pour but de se rapprocher du consommateur et non des consommateurs. Ainsi
grâces aux sites Internet, aux forums de discussion, la marque devient
aussi une confidente, et s'introduit en douceur dans la vie quotidienne du
consommateur. La télévision est le média de masse qui
ensuite est affiné par internet. C'est en effet l'ère des micros
cibles.
Je m'appelle Cécile. J'ai 37 ans. J'apprécie
par-dessus tout la nourriture asiatique et les chansons d'Aznavour." Un
prénom, un âge et deux centres d'intérêt. Quatre
informations qui ont un prix. En les fournissant, Cécile vient de
s'assurer 15 % de réduction sur son voyage en Corse acheté en
ligne. Pour Philippe, qui rajoute "j'ai 3 enfants mineurs et une
résidence secondaire", ce sera encore 10 % de moins. (Le Monde parution
du 7 juillet 2007).
Ces rémunérations insolites dans quelques
années concerneront l'ensemble des consommateurs. C'est ce qu'affirme la
société californienne Agloco fondée il y'a quelques mois.
Le principe est le suivant : en surfant sur Internet,
nous donnons gratuitement une multitude d'informations sur nous-même. Les
entreprises friandes d'information nous concernant et qui cherchent à
cibler efficacement leur publicité, sont prêtes à payer
très cher.
C'est en monnayant ce type de données que des
géants comme Google engrangent des chiffres d'affaires colossaux.
Agloco va plus loin et révolutionne en proposant aux
internautes même, et non plus aux intermédiaires du Net,
d'être payés pour fournir ces données personnelles.
Pour le moment cette expérience ne séduit que
les jeunes internautes avertis. Cependant cette nouvelle tendance pourrait
s'étendre à l'ensemble de la planète Internet.
Le principe est le suivant : ces données sont
recueillies par une barre d'outil greffée sur le navigateur internet.
Elle enregistre chacun des déplacements du consommateur sur la
sphère Internet. Les données seront ensuite utilisées
afin de mieux cibler les communications. En temps réel la même
barre enverra une publicité suivant les penchants de l'utilisateur. Le
système est actuellement en test mais la société
prévoit de reverser une partie de ses recettes aux utilisateurs.
"Les payements à l'utilisateur seront indexés au chiffre
d'affaires généré", explique Alexandre Gourevitch,
promoteur d'Agloco en France.
Prochaine étape envisagée : la
rétribution des internautes par les entreprises pour leur collaboration.
C'est ce que teste, depuis avril, une nouvelle entreprise californienne de
téléphonie mobile, Sonopia, qui propose à tout un chacun
de gagner sa vie en devenant patron d'un mini opérateur
téléphonique. Ainsi le consommateur devient collaborateur
à part entière. Pour atteindre non plus une cible statique mais
plutôt changeante, instable, les publicitaires infiltrent tous les
médias qui sont à la portée du consommateur.
d) Les média de proximité : une
communication en entonnoir.
Les publicitaires pour créer une relation stable,
durable et efficace, vont donc être plus à l'écoute, plus
disponibles et surtout omniprésents dans la vie de leur consommateur.
Pour cela, séducteurs émérites, ils
utilisent tous les média de proximité :
Les téléphones
portables :
Les portables sont devenu un support très efficace pour
faire passer un message bref, et qui est sur d'être lu par les
destinataires. Cependant c'est le MMs qui s'avère être le plus
créatif et le plus séduisant. Le MMS a déjà fait
l'objet de nombreuses campagnes en Asie, au Japon ou encore aux Etats-Unis
ainsi que dans de nombreux pays Européens. Les messages
multimédias n'ont été que 80 millions à
s'échanger l'an dernier en France. Mais le phénomène
commence cette fois à prendre de l'ampleur an France.
Près de 20 millions de terminaux mobiles compatibles
MMS sont aujourd'hui en circulation en France. Ils devraient représenter
la moitié du parc d'ici la fin de l'année. Ainsi des maques
telles que Jean Marie Weston, Noos, ont été séduites par
le concept et n'ont pas hésiter à lancer des campagnes via ce
nouveau support, en utilisant l'image.
"Cette évolution était prévisible,
note Alexandre Mars, le PDG de PhoneValley. Le MMS est utilisé comme un
véritable média, donc avec des budgets plus
importants ».
Le MMs en tant que moyen de communication ouvre de nouvelles
perspectives a l'ensemble du marketing mobile. En effet ce support peut
être complémentaire à une campagne par SMS qui est un outil
de marketing direct qui permet d'avoir des retours rapides. Le MMS est un outil
visuel efficace en communication. Cette possibilité d'intégrer
des images attire aujourd'hui de nouveaux acteurs sur le marché du
marketing mobile. Le secteur du luxe est particulièrement attiré
par ce medium qui est en phase avec sa cible puisqu'il permet d'allier
l'esthétique des images, mettant ainsi en valeur
l'élégance du produit.
Pour aller encore plus loin, Pix Mania, un site marchand, a
lancé début avril une campagne test sur une cible prospect afin
de vérifier la capacité d'assimiler des images dans un message
MMS a été également décisif.
Ce qui va emmener d'autres secteurs à
s'intéresser à ce nouveau type de communication visuelle tel que
celui de l'automobile, ainsi que celui de la musique ou encore de la grande
consommation... Le secteur du cinéma est également séduit
et Gaumont a été l'un des premiers à prendre une
initiative pour la promotion du film « l'empire des
loups ».
C) Collusion entre virtuel et
réalité :
a) Les jeux vidéo :
La publicité dans les jeux vidéo n'apporte
t'elle pas un semblant de réalisme aux joueurs ?
Pourquoi les publicitaires s'intéressent ils autant aux
jeux vidéos ?
D'après une étude du cabinet Parks Associate
, le marché de la publicité dans les jeux vidéo atteindra
200 millions de dollars cette année pour une croissance attendue de 50 %
en 2008. En outre, Nielsen//NetRatings notait récemment le
vieillissement des joueurs et observait qu'un internaute adulte
américain sur trois possédait une console. Parmi eux, 71 % sont
mariés et 66 % ont au moins un enfant. Toujours selon Nielsen, les
hommes américains entre 18 et 34 ans passent 12,5 heures en moyenne par
semaine à jouer contre 9,8 à regarder la
télévision. Régies et annonceurs doivent donc trouver de
nouveaux moyens pour continuer à les toucher. (Le Journal du Net mars
2007). C'est aussi une façon originale et non intrusive pour faire
de la publicité.
C'est donc une cible qui vieilli mais dont les revenus et le
pouvoir d'achat augmentent.
Les hommes ne sont pas les seuls à s'intéresser
aux consoles de jeux, les femmes s'y mettent aussi, elles représentent
40 pour cent de la cible joueurs concernant surtout les jeux sur les
téléphones portables.
La publicité sur les jeux vidéos n'est pourtant
pas une innovation, puisque dans les années quatre vingt, Marlboro
plaçait des encarts virtuels dans les jeux d'arcade automobiles de Sega.
Ce qui a changé depuis, c'est tout simplement le fait que les consoles
de jeux sont aujourd'hui pour la plus part connectées à Internet.
Mais sous quelle forme se présente la
publicité sur jeux vidéo ?
Le plus traditionnel consiste à incorporer des
panneaux/affiches publicitaires aux environnements virtuels créés
par les jeux, (comme une affiche 4 par 3 le long d'une rue).
Cela a mené à une démarche plus
recherchée : le placement de produits. Cette méthode s'inspire de
l'idée d'exposer produits et marques au cinéma ou dans les
séries télévisées. Le jeu vidéo y ajoute une
spécificité parce que le joueur peut interagir avec le produit.
Apparaît alors sur Internet la publicité dynamique : les
annonceurs achètent de l'espace dans un jeu.
Les jeux deviennent de plus en plus réalistes et
séduisent par conséquent le consommateur avide de
réalisme. Les conséquences de la publicité dynamique sont
que les messages peuvent changer avec le temps en fonction de la cible choisie
ou selon les positions géographiques.
Certaines entreprises proposent ces services avec un
véritable réseau permettant aux clients de placer et de modifier
leurs publicités suivant une gamme de jeux et d'espace virtuel. En
France, on peut par exemple trouver trois agences de ce type à Paris :
Massive, Connect'In Advertising et Visibility Report. De telles entreprises
sont les intermédiaires entre les annonceurs, les éditeurs et les
développeurs de jeux vidéo. Elles doivent travailler en
interaction avec ces différents acteurs afin d'être efficaces.
D'après le Yankee Group3, les revenus provenant du in-game
advertising ont augmenté de 300% en 2004 aux Etats-Unis et il est
prévu qu'ils passent de $79M. en 2003 à $260M. en 2008. Certains
sont même encore plus optimistes et prévoient que le marché
atteigne le Milliard de dollars US en 2010.
Un dernier exemple très persuasif montre la richesse et
la puissance de ce nouveau medium. Ainsi les amateurs de Pizza Hut ont la
possibilité de commander leur pizza directement à partir du jeu
vidéo, sans même avoir à décrocher leur
combiné de téléphone.
Ce phénomène a donné naissance à
l'advergaming : c'est-à-dire un jeu vidéo
spécifiquement créé par et autour d'une marque. Cela peut
être un jeu vidéo intégral. La publicité devient un
jeu et non plus un simple message. Le jeu proposé par Chantal Thomas en
est le parfait exemple : il est sous forme de puzzle qui une fois
résolu, laisse apparaître une photo d'un mannequin vêtu de
paire de bas signés Chantal Thomas. Le jeu ne dure qu'une
période limitée durant laquelle les joueurs s'affrontent les uns
avec les autres. Et ceux ayant effectué le "meilleur score" ont le droit
de participer à un tirage au sort dont le prix est : Une paire de
bas Chantal Thomass.
C'est là, une excellente façon de
mémoriser une marque et ce, de façon ludique et non agressive.
"Le site attire 60.000 visiteurs par mois pour plus de 270.000 pages vues,
avec une communication basée initialement sur le
référencement et le bouche à oreille".
Et d'ajouter : "plus de 90% des visiteurs nous
félicitent pour ce concept de communication non intrusif et
n'hésitent pas à le recommander autour d'eux". Ceci
permet via les jeux online d'étendre cette communication aux
communautés virtuelles en offrant un support d'échange à
travers les blogs, forum, chats...
Quelles sont les conséquences des nouvelles
opportunités de la publicité dans les jeux vidéo ?
Tout d'abord, les éditeurs de jeux enregistrent un
profit direct de 2 € sur chaque exemplaire vendu contenant de la
publicité. Ensuite, les joueurs eux-mêmes apprécient
globalement la présence de publicité dans leurs jeux puisque
celle-ci leur apporterait du réalisme. Cependant les créatifs se
doivent de ne pas perturber les joueurs qui pour le moment adhèrent
à ce concept qui ne devrait pas les lasser à force de
sollicitations bien trop directes. Ainsi la présence de la marque
devrait être justifiées et devrait apporter un petit plus au jeu.
L'on ne doit pas s'éloigner du domaine du ludique.
Pour conclure ce marché ne peur que croître en
France bien que la majorité les entreprises considèrent ce medium
comme n'étant pas encore assez efficace et les chiffres concernant ce
marché sont assez marginaux contrairement à la
télévision, radio, affichage...
Mais les jeux vidéo sont incontestablement un nouveau
médium de proximité et sont une nouvelle opportunité
permettant de toucher encore de plus près les consommateurs joueurs.
Les tarifs pratiqués peuvent atteindre des niveaux similaires
à ceux de la télévision et les profits liés
augmentent en conséquence. De ce fait, il convient se s'interroger
sur les bénéficiaires de ces ressources : qui devrait en profiter
? Les créateurs des jeux vidéo ? Les éditeurs qui
investissent des millions dans des jeux toujours plus coûteux à
produire. L'utilisateur final : le joueur ? Dans ce cas, pourquoi ne pas
imaginer un retour sur investissement exclusivement généré
par la publicité et des jeux proposés quasi-gratuitement. Sony
prépare la transition. La firme japonaise a annoncé lundi un
partenariat avec le spécialiste américain de la mesure d'audience
Nielsen. L'institut pourra recueillir et traiter les données
compilées depuis les jeux
Playstation
3 par le Playstation Network, pour "aider à faire du jeu
vidéo une plate-forme publicitaire plus compétitive".
Nielsen va ainsi déterminer quelles sont les publicités les
plus vues par les joueurs et celles qui ont le meilleur retour
d'efficacité, notamment dans l'univers "cliquable" du
Playstation
Home, le Second Life de Sony. Les données seront
combinées à celles déjà obtenues par Nielsen
auprès d'un échantillon de 12.000 foyers américains.
"Les annonceurs et les agences publicitaires pourront calculer les [tarifs
publicitaires] à travers les
Playstation
3 et Playstation Network avec davantage de détail et de
précision", note Sony, qui devrait à terme offrir une plate-forme
en ligne d'achat de publicités, à l'image de ce que propose
Google Adsense (rappelons que Google
a
racheté AdScape, spécialiste de la publicité
dans les jeux vidéo). "Nielsen travaille aussi avec Sony
Computer Entertainment America pour identifier les données et
déterminer les formats de données médias qui vont
grandement améliorer la capacité de SCEA à délivrer
la bonne publicité à la bonne personne au bon moment
à travers le réseau Playstation Network",
précise la firme.
Enfin pour convaincre les annonceurs de s'intéresser
à la publicité dans les jeux, Nielsen publiera à partir de
juillet ses GamePlay Metrics, des données qui permettront de
connaître le nombre des utilisateurs de jeux vidéo, leur position
géographique... autant d'éléments indispensables aux
publicitaires lorsqu'ils investissent dans une campagne.
L'avenir nous dira si les jeux vidéo réussiront
à être considérés comme un médium de
communication puissant. Un medium qui permet de suivre les audiences, de les
mesurer de les tracer grâce à Internet, de s'adapter à des
diversités géographiques, de susciter une grande
interactivité entre la marque et la cible, ou encore de construire une
excellente notoriété.
Un autre phénomène révolutionne le monde
du virtuel et qui est Second Life, notre vie parallèle sur le net.
b) Second life : une vie sur le Net
Second life est un accès à une vie virtuelle via
un programme en trois dimensions. Chaque résident est
appelé : un avatar, qui peut choisir son aspect physique :
couleur de peau, taille, forme des yeux, du corps... habits. Une fois
crée l'avatar découvre ce nouveau monde ou il peut partager des
moments avec les autres avatars, voler dans les cieux, déambuler et voir
même acheter ce dont il semble avoir besoin. C'est donc un monde
préétablit mais qui est complété par les habitants
qui peuvent créer leurs propres maisons, vêtement, magasins,
galléries d'art.... Et ensuite les vendre en Liden dollar. (Monnaie
virtuelle mais qui peut être échangée contre de la monnaie
réelle. Second life n'est pas un jeux puisqu'il n' y'a il n'y a aucun
but, quête, ou mission, mis à part la rencontre entre
résidents par l'intermédiaire de leur avatar. C'est un espace
d'échange, un forum de discussion permettant aux avatars de communiquer
avec des avatars de l'ensemble de la planète, comme dans la vie
réelle. C'est pourquoi il n'est pas surprenant de voir de la
publicité sur second life. Aujourd'hui cette communauté virtuelle
en 3D accueille près d'un million d'utilisateurs aujourd'hui et autant
d'avatars, mais aussi de nombreuses marques, des e-commerçants, des
artistes et des performers en tout genre. La prestigieuse université
américaine Harvard y dispense des cours de droit, CNET Networks (maison
mère de ZDNet.fr) y a construit une réplique à l'identique
de son siège social, la chaîne d'hôtels de luxe Starwood y
teste le nouveau design de ses établissements et le constructeur
automobile Toyota a également choisi ce nouvel Eden virtuel pour
introduire son nouveau modèle Scion xB. Ainsi 237 entreprises
rentables y exerçaient une activité virtuelle en janvier 2004.
Elles étaient 3.259 en janvier 2006, et 12.784 lors du dernier
recensement d'octobre 2006, effectué par Linden Lab, la
société qui a créé le jeu. (Journal du net octobre
2006). Second life est devenu un véritable laboratoire
expérimental qui attire les entreprises qui souhaitent une relation de
proximité avec leurs clients et qui veulent s'aventurer dans ce terrain
virtuel encore vierge au marketing alternatif.
Qu'elles ont ces entreprises qui s'installent sur second
life ?
La Caisse d'Epargne est le premier annonceur sur second life.
En effet celle-ci a profité du lancement de Webia pour réserver
cent panneaux de 4 par 3 et cent colonnes Morris et le réseau Matrix qui
permet de projeter un message lumineux sur le ciel. (Webia n'est autre que le
premier réseau d'affichage sur second life 3 supports de communication
sont proposés : 150 panneaux d'affichage 4x3, 200 colonnes Morris
et enfin l'innovant réseau "Matrix" qui permet de diffuser des messages
lumineux visibles à courte ou longue distance situés dans 30
localités différentes. ) (Culture Buzz. article publié le
29 mai 2007)
Si l'internaute souhaite en savoir plus sur la campagne, il
lui suffit de toucher virtuellement l'un des affichages. Il est alors
redirigé vers l'espace dédié de la Caisse d'Epargne sur
Second Life, qui est une zone d'échanges entre avatars (ou personnages
virtuels). C'est donc l'occasion pour la marque d'interagir avec ses
consommateurs, de leur distribuer des tee-shirts des goodies virtuels aux
couleurs de la dernière campagne de la marque et de diffuser le spot
publicitaire.
Dans un esprit participatif, la caisse d'épargne a mis
en place une boîte à idées pour que les internautes
puissent soumettre leurs propositions pour améliorer la Caisse
d'épargne sur Second Life.
Europe assistance se lance aussi dans l'aventure en proposant
une offre virtuelle d'assistance. Elle propose aux nouveaux inscrits de les
prendre en charge en les assistant afin de les familiariser avec cet univers
virtuel en leur apprenant à se déplacer, à faire des
rencontres ou encore à modifier leur apparence. L'Oréal ne tarde
pas à s'implanter en organisant l'événement tant attendu
qui n'est autre l'élection de miss second life, sous le thème
« glamour naturel » sans mettre en avant la promotion du
produit, qui a eu lieu le 31 mars dernier sur l'île d'Aspire model
agency, une agence de mannequin virtuels.
Pour l'Oréal c'est l'occasion d'ouvrir le dialogue avec
ses consommateurs, tout en étendant son territoire de marque et ce de
façon ludique et sexy.
Sur Second Life, la démarche se voulait avant tout
"exploratoire" : il s'agissait de tester les attentes de la
"communauté", même pas encore créée. L'Oréal
Paris a été aidée en cela par la régie interactive
Andrea Media, spécialisée dans les secteurs du luxe et de l'art
de vivre, ainsi que dans l'accompagnement des annonceurs sur Second Life,
où elle possède des bureaux virtuels. Sa connaissance de Second
Life lui a permis d'organiser rapidement le dispositif de communication autour
de l'opération, en orchestrant le bouche à oreille (relais
d'opinion) et en se servant des outils publicitaires mis à disposition
dans l'univers virtuel (panneaux d'affichages).
Ainsi de plus en plus nombreuses sont les marques à
vouloir ainsi renforcer la fameuse "proximité" avec le consommateur.
Renforcer l'affect à la marque, pour recruter et fidéliser. Et
dans ce but, toutes les expérimentations sont permises.
D) Conclusion :
Les publicitaires l'on bien compris : Internet est un
média qui cible, affine, dévoile les tendances et aspirations des
consommateurs. C'est un journal intime virtuel, une base de donnée
précieuse.
Alors la publicité réalité est
elle un concept ou une tendance ?
« Je pense d'abord que ce n'est pas de la
publicité réalité mais de la publicité de
proximité.
Je considère ce phénomène comme
étant une simple tendance puisque les spectateurs ont besoin du
rêve, de belles images d'univers, d'histoire. Ce n'est en aucun cas un
concept, c'est tout simplement de la disruption. Cette bonne vielle
méthode qui continue à faire réagir et à engendrer
le bouche à oreille. En plus tout dépend du produit ! Le
message diffère selon que l'on veut vendre du parfum ou de la lessive.
Ce n'est en aucun cas la mort de la publicité conventionnelle, c'est
l'ouverture à d'autres horizons. Aujourd'hui le consommateur en assez
« des mauvaises pubs », ou plus exactement des
« pubs produit », il veut de la création, de
l'originalité. Ce vers quoi on tend aujourd'hui c'est de dialoguer,
d'écouter, de chouchouter le consommateur. » M'a confié
lors d'un entretient, Ahmed Kadiri Président directeur
général de EURORSG Casablanca. (Maroc)
Laura Kakon directrice marketing de Vichy de son coté
est ferme : « Ce n'est pas un concept et je ne suis pas d'accord
avec le terme publicité réalité, c'est une tendance
réaliste qui en aucun cas, mettra fin à la publicité
conventionnelle, qui véhicule des émotions. La publicité
aspirationnelle a encore de beaux jours devant elle. Seulement cette tendance
permet d'affiner les spots télévisés et resserre le lien
entre le consommateur et la marque. » (Voir l'interview en annexe)
Pierre Riess concepteur rédacteur au sein de l'agence V
, estime que ce phénomène est bien plus qu'une tendance mais bel
et bien un concept qui a réussi à allier honnêteté
vis-à-vis des consommateurs et efficacité puisque les ventes se
sont accrues et les messages ont été bien accueillis. C'est un
concept qui amuse les spectateurs, sans qu'ils aient l'impression qu'on les
prend pour des idiots. C'est aussi de l'autodérision et une façon
subtile de critiquer la concurrence puisque la pub Neuf Télécom
est l'anti-Alice. (Voir l'interview en annexe)
C'est donc un moyen judicieux qui permet de mettre le
consommateur dans la confidence en lui dévoilant les coulisses de la
pub. (Campagne Dove : l'Evolution)
Nous ne pouvions nous empêcher alors de poser la
question qui nous taraudait depuis le début de nos recherches :
Quel est l'avenir de la création publicitaire après un telle
tendance ? Ce phénomène disruptif marque t il la fin de la
publicité conventionnelle ? Verra t-on désormais que ce type
de publicité ou le consommateur est l'acteur principal ?
Pierre Riess qui reste réservé me répond
alors que pour le moment il ne sait pas quel serait le débouché
d'une telle tendance. « On y réfléchis. »
m'a-t-il dit.
Peut être qu'à l'avenir, ce concept
réaliste influencera désormais la publicité dite classique
à tendre vers un peu plus de réalisme dans ses messages et moins
de chimères.
Cependant en réalité il n'existe pour le
consommateur aucun moyen de distinction et de reconnaissance puisque dans sa
pratique de consommateur il obéit à une production industrielle
de différence stéréotypée. Malgré toutes ces
formes de publicités il finit par tomber dans la spirale de la
consommation de masse.
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