Guérilla et Droit International Humanitaire: cas du conflit armé colombien( Télécharger le fichier original )par Mohamed Youssef LAARISSA Université Cadi Ayyad - Licence 2007 |
Conclusion :La recherche que nous avons mené, nous a montré que la non application du droit humanitaire, en temps de conflit « interne » démontre que le plus important, ce n'est pas l'adoption formelle de règles juridiques, mais la volonté politique de les appliquer (54) . D'autre part nous remarquons l'infériorité juridique du guérillero face aux gouvernements et sa dépendance accrue à la volonté de ces derniers en matière de DIH. Le cas colombien nous montre que rien ne sert d'avoir une constitution contraignante et très exigeante en matière d'application du DIH et qui reconnaisse la supériorité de la CPI sur ses juridictions internes, si les gouvernements trouvent les moyens de contourner ses dispositions. A rien ne sert non plus d'inculquer au « Soldat Colombien » l'Humanitaire (55), si l'Etat confie le travail que ses soldats ne peuvent pas faire, aux paramilitaires. En attendant, la population rurale reste la grande oubliée et la victime principale de ce conflit. L'opinion publique colombienne est lasse de tant de violence - aussi bien celle causée par la Guérilla, que celle perpétrée par les paramilitaires- et des souffrances qu'elle engendre. Les manifestations du 4 février 2008 contre les FARC et celle du 6 mars 2008 contre les crimes d'Etat et le para-militarisme, qui ont eu lieu dans plusieurs villes du pays le démontrent (56). Ces 60 ans de lutte armée n'ont rien changé sur la scène politique colombienne. Leur bilan sur le plan humanitaire et social a été désastreux et catastrophique.
Aussi, sur le plan politique l'oligarchie gouvernante détient toujours les rênes du pouvoir, et la présence des « Gringos » (57) n'a jamais été aussi forte en Colombie, le « Plan Colombie » (58) et le « Plan Patriote »(59) en sont la preuve. Les groupes rebelles quant à eux ont subi au cours de cette année 2008 de sérieux revers, ils ont perdu leur influence dans plusieurs zones du pays, zones qu'ils avaient sous leur contrôle depuis des décennies, les activités exercées par ces derniers et leur violation du droit humanitaire vis-à-vis de la population, ont rendu ces derniers de moins en moins populaires, leur taux de popularité n'a jamais été aussi bas. Les autorités gouvernementales prônent leur fin dans les années à venir, les plus optimistes parlent de la fin des groupes dissidents avant la fin du mandat présidentiel, c'est-à-dire avant 2010. S'il nous est permis de donner notre avis, nous dirions que la solution ne peut pas n'être que militaire, et que le dialogue politique est indispensable. Cependant, avec l'historique de la « violence politique en Colombie » il est difficile de songer dans l'immédiat au dialogue et à une solution pacifique définitive, quand on constate le degré de mauvaise foi de la classe dirigeante et la façon par laquelle ont disparu des formations politiques comme l'Union Patriotique (60) et le nombre de candidats présidentiels sauvagement assassinés. depuis la mort de « Jorge Eliecer Gaitan » en 1948. Il est difficile pour les guérilleros de retrouver la confiance suffisante pour entamer un véritable
(60) L'Union Patriotique, prônait un discours socialiste, ces partisans étaient farouchement opposés à l'oligarchie gouvernante, aux paramilitaires, aux narcotrafiquants et aux multinationales et l'impérialisme américains. Ce parti a participé avec succès aux élections de 1986: 350 conseillers municipaux, 23 députés et 6 sénateurs élus au congrès. Mais des vagues d'assassinat fauchent 4000 dirigeants, cadres et militants. Certains observateurs parlent de génocide politique. Claudia Giron Ortiz et Iván Cepeda Castro, Comment des milliers de militants ont été liquidés en Colombie, le Monde diplomatique, mai 200 processus de paix. Signalons aussi que, si ces derniers sont longtemps apparus comme les défenseurs du peuple, ils sont à l'heure actuelle loin de l'être, leurs actions les ont rendus de plus en plus impopulaire, et la politique de main de fer du président semble donner ses fruits. Avec la montée en force de l'hégémonie socialiste en Amérique latine, la peuple colombien devrait prendre exemple sur ses voisins, les choses doivent changer, l'hégémonie bipartisane lui a fait beaucoup de mal. Mais tant que le sectarisme et la violence politiques, ainsi que le para militarisme resteront enracinés au sein du contexte social et politique colombien, il sera toujours difficile de voir -un jour un « Jorge Eliécer GAITAN » - à la « Casa de Nariño » (61). (61) Siège du président de la République à Bogota. Tableau du peintre colombien « Fernando Botero
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