REPUBLIQUE DU BENIN
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UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI
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FACULTE DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES
HUMAINES
(F L A S H)
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DÉPARTEMENT DES SCIENCES DU LANGAGE
ET DE LA COMMUNICATION
(D S L C)
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MÉMOIRE DE MAÎTRISE
Option : Information -
Communication
THEME
Contribution aux stratégies de communication
pour l'éradication de l'infanticide rituel en milieu baatonu de Bori,
commune de N'Dali
Présenté et soutenu par
Yélognissè Vitalien Raoul
ADOUKONOU
Directeur du mémoire
Dr. Antoine D. DADELE, Ph.D, Msc, DEA
Enseignant au Département
Année académique :
2006-2007
La Vie !
La vie est une chance, saisis-la. La vie est beauté,
admire-la. La vie est béatitude, savoure-la. La vie est un
rêve, fais-en une réalité. La vie est un défi,
fais-lui face. La vie est un devoir, accomplis-le. La vie est un jeu,
joue-le. La vie est précieuse, prends-en soin. La vie est une
richesse, conserve-la. La vie est amour, jouis-en. La vie est un
mystère, perce-le. La vie est promesse, remplis-la. La vie est
tristesse, surmonte-la. La vie est un hymne, chante-le. La vie est un
combat, accepte-le. La vie est une tragédie, prends-la à
bras-le-corps. La vie est une aventure, ose-la. La vie est bonheur,
mérite-le. La vie est la vie, défends-la.
Mère Teresa
D É D I C A C E
A ceux qui sont engagés dans la lutte contre la
violation des droits de l'enfant particulièrement contre la
stigmatisation et l'élimination des `'enfants - sorciers''.
R E M E R C I E M E N T S
À
v Mon maître de mémoire, M. Antoine D. DADELE qui
n'a pas ménagé ses efforts pour m'accompagner dans mes
recherches ;
v Tous les enseignants du Département des Sciences du
Langage et de la Communication (DSLC) pour leur constante disponibilité
à l'écoute des étudiants ;
v Ma tendre mère qui m'a toujours soutenu.
Puisse-t-elle jouir longtemps des fruits de l'arbre qu'elle a
planté ;
v Monsieur Alassane GOBI et à M. Anastase FANDOHAN pour
leur soutien permanent et leurs précieux conseils. Ils m'ont
été d'un appui décisif dans la rédaction de ce
travail ;
v Mes frères et soeurs, cousins et cousines, les
membres de ma famille, particulièrement ma tante Catherine DAKPOGAN
ASSEGBEDE ;
v Mes amis et camarades de classes et d'amphis pour m'avoir
appris à mieux appréhender la vie en communauté.
LISTE DES ABRÉVIATIONS
- APEM : Association pour la Protection
de l'Enfance Malheureuse
- CAEF : Comité d'Arrondissement pour
l'Education des Filles
- CCE : Comité Communal de
l'Education
- CSA : Centre de Santé
d'Arrondissement (CSA)
- DDG : Discussions Dirigées de
Groupe
- DDSP : Direction Départementale
de Santé
- EABMSP : Enfant Ayant Besoin de
Mesures Spéciales de Protection
- ELIB : Espoir Lutte contre
l'Infanticide au Bénin
- ONG : Organisation Non
Gouvernementale
- ESF : Espoir sans Frontières
- UVS : Unité villageoise de
Santé
- UNICEF : Fonds des Nations Unies pour
l'Enfance
- TAR : Théorie de l'Action
Raisonnée
-HBM : Health Belief Model
Sommaire
Pages
Introduction
6
I- Généralités
9
II- Cadre et méthode d'étude
31
III- Présentation des résultats de l'étude
41
IV- Analyse des résultats
53
Conclusion générale
64
Références bibliographiques
70
Annexes.
74
Introduction
Chaque peuple a ses croyances, ses pratiques culturelles et
ses traditions. Chaque communauté a ses spécificités et le
monde trouve son vrai sens dans la diversité des peuples. Cependant, la
nature humaine est unique et tous les êtres humains sont égaux.
Cette conception de la nature humaine est universellement partagée et
des textes juridiques l'établissent. Mais, dans la
réalité, ces principes ne sont pas toujours respectés.
Dans certains pays d'Afrique, et dans bien des pays du monde,
certaines pratiques coutumières violent de façon flagrante des
droits humains pourtant universellement reconnus. Au Bénin, des
communautés, à un moment de leur histoire, ont connu des
pratiques portant atteinte aux droits fondamentaux de l'être humain
(sacrifice humain, mariage forcé, excision, infanticide, etc.).
Certaines de ces pratiques ont disparu avec le temps, mais d'autres continuent
et ont encore, si on y prend garde, de beaux jours devant elles. C'est le cas
de l'infanticide rituel pratiqué dans certaines communautés
béninoises dont les Baatombu et les Boko.
Cette pratique est l'objet de ce mémoire. Notre
étude, entre autres préoccupations, s'interroge sur les raisons
pour lesquelles des communautés continuent d'attacher du prix à
une pratique qui consiste à tuer ou à rejeter des enfants pour le
simple fait qu'ils sont « mal nés » ou qu'ils ont
« mal fait leur dentition ».
Notre travail vise à étudier de façon
critique les actions menées par les uns et les autres afin de proposer
de nouvelles stratégies aux structures engagées dans la lutte
contre l'infanticide dans les communautés baatombu en
général et dans l'arrondissement de Bori, cadre de
l'étude, en particulier.
Ce travail est subdivisé en quatre grandes
parties : la première aborde les généralités.
Si la deuxième partie apporte des éclaircissements sur le cadre
et les méthodes d'étude, la troisième présente les
résultats issus des recherches sur le terrain. La dernière partie
fait une analyse desdits résultats. La conclusion enfin résume
tout le travail et propose de nouvelles stratégies de lutte contre
l'infanticide.
I-
Généralités
I-1- Problématique
Au terme des dispositions de l'article premier de la
Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 « tous
les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en
droits »1(*). La
reconnaissance de la dignité de tous les membres de la famille humaine
et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement
de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde2(*).
Aussi, la convention relative aux droits de l'Enfant
adoptée par la communauté internationale le 20 novembre 1989 et
ratifiée par la République du Bénin le 03 août 1990
confère-t- elle à tout enfant le droit à la vie.
Par ailleurs, dans les communautés africaines en
général et béninoises en particulier, l'enfant est
un être précieux. L'enfant constitue
souvent la clé de réussite du mariage. Il est aussi la plus
grande richesse d'un couple et apporte à toute famille joie et bonheur.
« La stabilité et la solidité de tout couple dépend
intimement de la procréation » Emilie KPADONOU (1997)3(*). L'enfant est donc la valeur
sûre, le bien sublime, l'ultime récompense, le don le plus
précieux de la Nature aux couples.
« Dans nos cultures noires
africaines, l'enfant représente un lien entre les vivants et les
ancêtres, c'est lui qui assure la continuité entre la vie et la
mort »4(*).
Comme on peut le constater, tant
le droit que les traditions africaines s'accordent pour reconnaître
l'importance de l'enfant.
Paradoxalement à leur attachement à la vie,
particulièrement à la vie des enfants, les communautés du
monde ont à un moment de leur évolution porté atteinte aux
droits de ces êtres à la vie et à leur dignité en
raison de croyances qu'elles ont eu à développer. Certaines de
ces pratiques ont disparu avec le temps. Cependant d'autres persistent. Au
Bénin, au nombre de celles-ci, il y a l'élimination des enfants
dits sorciers5(*). Cette
pratique consiste à éliminer ou à rejeter des enfants que
la communauté juge indésirables.
Au Sud et au Centre du Bénin, ces enfants sont
appelés toxosu ou toxolu. Ils sont consacrés
« rois des eaux » et sont jetés à l'eau.
En dehors de ces critères liés au handicap
physique, dans certaines communautés, des critères particuliers
de l'enfant à la naissance peuvent conduire à son
élimination. On parle dans les communautés baatombu, boko et
Fulfulde d'enfants sorciers. Les fulfulde abandonnent les enfants quand leurs
mamans meurent en couche.
En milieu baatonu, il existe au moins une
dizaine de critères empiriques préétablis dont chacun
d'eux suffit pour déterminer la conduite à tenir quant à
l'élimination physique ou le rejet de l'enfant. Ces critères
sont :
« A la naissance :
-Naissance à huit mois (le prématuré de
sept mois est toléré) ;6(*)
-Présentation par le siège ;
-Présentation par la face ;
-Présentation par l'épaule ;
-Naissance avec des germes de dents ;
-Naissance avec présence de malformations
visibles ;
-Naissance entraînant la mort de la
mère ;
-Toute naissance de l'enfant face contre terre (la femme
accouchant traditionnellement accroupie) ;
De la naissance à un an :
-Poussée des incisives à huit mois ;
-Poussée de la première dent à la
mâchoire supérieure »7(*).
En plus de ces critères, il y a le cas où
l'enfant commence à marcher à l'âge de 7 mois.
Les enfants présentant l'un de ces critères ou
malformés sont soit « réparés » par un
bourreau, soit abandonnés chez les peulhs dans le but de les exorciser.
Cette pratique remonte à la nuit des temps dans ces communautés
et est sérieusement ancrée dans la tradition baatonu. Certains
pensent que son éradication est impossible.
Cependant, des ressortissants de ces communautés
s'insurgent depuis plusieurs années contre cette pratique pour la
dénoncer et la combattre afin de susciter une prise de conscience
collective.
Officiellement depuis 1993, des ong et autres structures ont
été créées pour sensibiliser les populations sur le
caractère rétrograde de cette pratique et pour les inviter
à l'abandonner.
Dans cette dynamique, il faut signaler que des
séminaires, des études et des travaux de recherches sont
également consacrés à l'infanticide rituel. Des
recommandations y ont été faites. Malgré tout, la pratique
continue et résiste dans le temps et dans l'espace.
Au vu de tout ce qui précède, la question
fondamentale qu'on est en droit de se poser est de savoir :
« En quoi consistent les
stratégies de communication utilisées par les structures qui
luttent contre l'infanticide rituel en milieu baatonu, plus
particulièrement à Bori, et pourquoi elles ne permettent
pas de réduire substantiellement la pratique?»
«Comment des populations qui attachent autant de prix
à la procréation et à la vie en sont venues à cette
pratique et pourquoi les communautés perpétuent-elles
l'élimination des enfants qui en réalité n'ont aucune
influence sur leur naissance?»
Les réponses à ces questionnements nous
permettront de dégager de nouvelles stratégies de communication
en faveur de la lutte contre l'infanticide rituel en milieu baatonu,
particulièrement à Bori, dans la commune de N'Dali.
I-2- Hypothèses de l'étude
1- La persistance de la pratique de l'infanticide rituel
à Bori est liée à l'incompatibilité entre les
stratégies de communication d'intervention et les facteurs psychosociaux
des communautés.
2- Les croyances et les valeurs de la communauté
baatonu constituent un facteur défavorable à l'éradication
de la pratique de l'infanticide rituel à Bori.
I-3- Objectifs de l'étude
Objectif Général
Etudier les stratégies novatrices pour
l'éradication du rejet et de l'élimination des enfants dits
sorciers en milieu Baatonu particulièrement dans l'arrondissement de
Bori, commune de N'Dali, zone à haut risque de pratique d'infanticide
dans le Borgou.
Objectifs spécifiques
1- Identifier les causes et fondements de la persistance de
l'infanticide rituel en milieu baatonu, particulièrement à Bori
commune de N'Dali ;
2- Analyser les stratégies de communication
utilisées par les structures intervenant dans la lutte contre
l'infanticide rituel à Bori, commune de N'Dali ;
3- Proposer de nouvelles stratégies de communication
sur la base des faiblesses des méthodes d'intervention des structures
engagées dans la lutte contre l'infanticide rituel à Bori,
commune de N'Dali.
I-4 Revue documentaire
Plusieurs documents et auteurs ont abordé d'une
manière ou d'une autre la question de l'infanticide. Nous exposerons ici
les termes reliés au terme et l'essentiel des documents qui l'ont
abordé.
I-4-1 Clarifications conceptuelles
Infanticide rituel
Ce concept révèle deux termes chargés de
douleur, de mystère et de tragédie.8(*)
En effet, l'infanticide est le meurtre ou l'assassinat d'un
nouveau né, au cours du délai imparti pour faire la
déclaration de naissance à l'Etat civil des trois (3) jours qui
suivent l'accouchement9(*).
Au Bénin ce délai est de 10 jours10(*).
Le Code pénal en ses articles 300 et 302 qualifie
exclusivement d'infanticide, le meurtre d'un enfant nouveau né et punit
le coupable de la peine de mort. Il convient de préciser que le meurtre
est un homicide intentionnelle à la vie humaine alors que l'assassinat
est un homicide commis avec préméditation ou guet-apens. Dans le
meurtre ou dans l'assassinat, il y a atteinte à la vie d'une personne
humaine.
Le mot rituel vient ajouter à l'infanticide une
dimension secrète et initiatique à un domaine auquel n'ont
accès que les initiés adultes. Ceci explique l'exécution
secrète des enfants et rend complexe l'évaluation des
responsabilités et l'établissement de la culpabilité d'une
personne ou d'une autre.
Enfant sorcier
La notion d'enfant sorcier est particulière à
certains groupes sociolinguistiques du Bénin dont notamment les Baatombu
et les Boo. Dans ces communautés, est enfant sorcier, tout nouveau
né qui sort du sein maternel par les pieds, qui naît à 8
mois ou qui naît avec des dents et tout enfant qui pousse des dents
à 8 mois ou dont la dentition commence par la mâchoire
supérieure, ou qui commence à marcher à l'âge de
sept mois, les enfants dont les mères meurent en couche11(*). Bref, les enfants qui ne
respectent pas les normes physiques de naissance et d'évolution
prescrites par la société baatonu sont qualifiés de
sorciers.
I-4-2 Les théories de prédiction de
comportement
L'adoption de tout comportement suit un processus
défini. Et lorsqu'une personne a un comportement à risque que
l'on désire changer, il importe de prendre en compte plusieurs
paramètres. En effet, plus l'on en sait sur les facteurs qui
sous-tendent l'adoption ou non d'une pratique, plus l'on est en mesure de
concevoir avec succès une intervention qui puisse influer sur cette
pratique. Plusieurs travaux de recherche ont été consacrés
au changement du comportement et expliquent le processus.
Le fondement théorique de notre étude s'inspire
de quelques théories du comportement dont notamment le Modèle des
Croyances Relatives à la Santé, la Théorie de l'Action
Raisonnée (TAR) et la Théorie Sociale Cognitive. Il est
nécessaire d'associer plusieurs bases théoriques parce qu'aucun
modèle ne s'est, à lui tout seul, avéré être
suffisant pour concevoir et évaluer des programmes de promotion de la
santé12(*). En
effet, il y a eu, depuis quelques années un développement des
connaissances dans l'art de motiver de nouvelles attitudes et de nouvelles
actions tant chez les individus que dans les organisations et au sein des
communautés13(*).
A notre niveau, nous avons regroupé les théories
mettant l'accent sur les déterminants du comportement : (les
bases théoriques citées supra).
Le Modèle des Croyances Relatives à la
santé ou Health Belief Model (HBM), se prête facilement à
une approche résolument directe d'éducation pour la santé
en vue de définir un comportement et une intervention. Comme son nom
l'indique, le modèle des Croyances Relatives à la Santé
est basé sur des variables cognitives. Il suggère que le
comportement sanitaire est fonction de quatre croyances ou facteurs mentaux
clés :
1- le sentiment personnel d'une prédisposition à
une menace de maladie ;
2- la perception de la gravité de son état de
santé ;
3- la perception de l'efficacité d'un comportement
particulier face à l'état de
santé ;
4- la perception des obstacles à ce comportement.
Ensemble, ces facteurs mentaux déterminent le penchant
d'une personne vers une action14(*). Le HBM pose comme prémisse que tout individu
est susceptible d'entreprendre une action pour prévenir une maladie ou
une situation désagréable s'il possède des connaissances
minimales dans ce domaine et s'il considère la résolution de son
problème comme une dimension importante dans sa vie.
La Théorie de l'Action Raisonnée (TAR) s'appuie
sur une approche psychosociale d'explication du comportement. Elle
étudie des rapports entre les croyances, les attitudes, les intentions
et le comportement. Le but ultime de la théorie de l'action
raisonnée (Fishbein et Ajzen 1975) est de prédire, et par ce
fait, de comprendre les comportements sociaux. Elle part de l'hypothèse
que pour modifier une pratique donnée, il faut nécessairement
modifier la structure cognitive qui la sous-tend. Cette théorie est
beaucoup plus perçue comme une série d'hypothèses.
En premier lieu, on suppose qu'un comportement est
essentiellement fonction de l'intention de la personne d'avoir ce comportement.
En second lieu, l'intention d'avoir ce comportement est perçue comme
étant fonction de deux facteurs : un facteur personnel qui est
l'attitude de l'individu par rapport au comportement et un facteur social qui
est l'importance que l'individu accorde à l'opinion des gens qui lui
sont proches. Cette théorie permet de comprendre en partie pourquoi
certaines personnes de ces communautés malgré toute leur bonne
volonté de changer continuent de suivre l'opinion générale
faite sur les enfants sorciers.
Par ailleurs, pour changer, les gens n'ont pas seulement
besoin de modifier leurs pratiques sur le plan sanitaire, mais également
leurs modes de comportement, leurs ressources psychologiques et leurs
repères sociaux. La théorie sociale cognitive (TSC) étudie
de manière très précise les obstacles potentiels aux
changements personnels. Elle est bâtie sur une relation triangulaire
entre la personne, le comportement et l'environnement à travers un
processus de «déterminisme réciproque». En d'autres
termes, bien que l'environnement détermine ou provoque largement le
comportement, une personne utilise des processus cognitifs pour
interpréter aussi bien l'environnement que son comportement, tout comme
il se comporte de manière à changer l'environnement et arriver
à de meilleurs résultats grâce à son comportement.
La théorie sociale cognitive est surtout utile dans le cas de
comportements qui résistent particulièrement aux changements
comme des pratiques coutumières fortement ancrées dans les
moeurs. Ce qui est essentiel pour l'efficacité personnelle, ce n'est pas
seulement le fait d'obtenir une information juste, mais également des
compétences techniques, la confiance en soi, les changements progressifs
d'attitude et la décision d'essayer de nouveaux comportements. La
communication en tête-à-tête est souvent très
efficace lorsqu'il s'agit d'aider des sujets à arriver à des
changements de comportements difficiles à réaliser. Cependant, il
existe des canaux moins personnels qui peuvent également inculquer ces
compétences en utilisant des techniques telles que les
témoignages pour influencer le public et créer les conditions
d'un changement de comportement.
Somme toute, après une analyse approfondie, les trois
théories présentées plus haut se recoupent dans une large
mesure. Les théoriciens ont identifié huit facteurs communs
à ces théories15(*) :
1- Croire que les avantages ou les bénéfices de
l'adoption d'un comportement sont supérieurs aux inconvénients
(croyance en l'efficacité du comportement) ;
2- Avoir l'intention ferme et positive de s'engager à
adopter ce comportement (Intention) ;
3- Avoir les compétences nécessaires pour
l'adopter (compétences techniques) ;
4- Avoir la conviction que ces compétences peuvent vous
permettre de réaliser ce comportement (Efficacité
Personnelle) ;
5- Etre convaincu que ce comportement produira
vraisemblablement un effet tout à fait positif plutôt que
négatif (Emotions) ;
6- Etre persuadé que la réalisation de ce
comportement s'accorde avec son image personnelle (Image Personnelle) ;
7- Sentir plus de pression sociale pour adopter (Normes
Sociales Perçues) ;
8- Sentir moins de contraintes environnementales à
l'adopter qu'à ne pas l'adopter (Inconvénients).
Non seulement ces facteurs sont autant de points de
convergence entre les théories, mais ils ont été
présentés empiriquement comme représentant l'essentiel des
variations dans tout comportement particulier au sein d'une population
donnée. L'association de ces théories permet de mieux cerner les
déterminants d'un comportement afin de l'influencer. Ces bases
théoriques importent dans la proposition de nouvelles stratégies
pour lutter efficacement contre l'infanticide qui est un comportement difficile
à abandonner.
I-4-3- Revue Documentaire
Les documents consultés ont abordé
essentiellement les causes, l'origine, les fondements, les conséquences
de l'infanticide rituel et les mesures entreprises contre la pratique ainsi que
les mesures judiciaires en vigueur. Des recommandations ont été
faites dans la plupart de ces documents pour une lutte efficace contre
l'élimination physique des enfants dits sorciers. Dans l'un ou l'autre
des cas, une impression générale est donnée sur
l'infanticide rituel qui n'est pas que l'apanage des peuples africains.
Dans sa communication lors du séminaire sur
l'infanticide rituel au Bénin tenu à Natitingou les 25, 26 et 27
novembre 1997, le docteur Emilie F. KPADONOU, affirme que l'infanticide est une
réalité universelle. C'est un acte que l'on retrouve dans toutes
les civilisations, du moins à un moment de leur existence. Selon
Alexandre MINKOWSHI repris par Alassane GOBI dans sa communication au cours de
ce même séminaire, « l'infanticide est une pratique
qu'on retrouve dans toutes les civilisations. Même la civilisation
gréco-romaine n'y a pas échappé. » Le droit de
vie et de mort existait en effet dans l'antiquité et jusqu'au Ive
siècle. En Europe, au moyen âge, l'on pensait que les nouveaux
nés étaient le siège de forces obscures, qu'ils
étaient habités par le démon. On se méfiait donc
des enfants nés de façon anormale et de ceux dont l'accouchement
coïncide avec un événement malheureux notamment le
décès de leur mère.
Roger GBEGNONVI affirme que, selon les préceptes
eugéniques de Platon et de Aristote, les enfants débiles ou
disgracieux sont immolés peu de temps après leur naissance en
présence des concepteurs16(*). C'est donc un infanticide approuvé par la
conscience collective.
Chez les juifs, du temps du patriarche Abraham, comme en
témoigne la sainte Bible, le sacrifice des enfants à un
être suprême existait. Le passage où Abraham voulait
sacrifier son fils unique, Isaac, en dit long : « Dieu dit
à Abraham : « Abraham, prends ton fils, ton unique,
que tu chéris, Isaac et va-t-en au pays de Moriyya et là tu
l'offriras en holocauste sur une montagne que je
t'indiquerai »17(*).
Les Perses enterraient vivants des enfants. Chez les Egyptiens
et les Hébreux, l'avortement était interdit, mais seulement deux
enfants au plus étaient sauvegardés pour assurer la
continuité de la lignée. A défaut d'être vendu pour
servir d'esclave, le reste de la fratrie était
éliminé18(*).
Les enfants à croissance défectueuse, les
enfants illégitimes, incestueux, adultérins, les enfants issus
d'un viol, les jumeaux, les filles, en dehors de la première dans
certaines coutumes sont voués à l'infanticide. A cet effet,
Roger GBEGNONVI déclarait : « Tout le monde sait que chez
les Arabes du temps avant le prophète Mohamed, on enterrait vivantes les
petites filles parce qu'elles étaient considérées comme
déshonneur et malheur pour leurs pères. » 19(*)
Aujourd'hui encore, l'infanticide continue dans les pays
européens à travers l'avortement et la mise à mort de
nouveaux nés par leur mère 20(*). En Inde, l'infanticide continue. Les
nouveaux-nés de sexe féminin sont simplement
éliminés dans certaines familles indiennes parce qu'ils sont
jugés de charges inutiles. En effet, dans certaines communautés
indiennes, il revient à la femme de donner la dot à son
époux ; ce que certains parents préfèrent
éviter dès la naissance21(*).
Comme l'Europe, le continent africain regorge de pratiques
coutumières qui portent gravement atteinte aux droits et à
l'intégrité de la personne humaine. Cependant, avec le temps,
certaines de ces traditions ont été abandonnées. D'autres
par contre, persistent et résistent au temps et au brassage des
cultures.
En Cote d'Ivoire, par exemple chez les peuples Agni,
« malgré l'avidité avec laquelle un lignage accueille
toute promesse de vie humaine, les responsables n'acceptent pas la naissance de
n'importe quel bébé. Un tri s'opère pour supprimer
dès son arrivée sur terre, tout enfant non désiré
par le lignage22(*)».
Ainsi, de la grossesse à l'accouchement, les femmes traversent une
épreuve énigmatique qui les traumatise.
Au Bénin des pratiques similaires d'atteinte au droit
de l'enfant à la vie existent. « Diverses sources
concordantes, aussi bien orales qu'écrites, font état des causes
de l'infanticide rituel au Bénin. Mais la cause principale
prédominante qu'on retrouve dans toutes les coutumes béninoises,
du Nord au Sud, est incontestablement celle des malformations
congénitales, à savoir les cas d'imperforation anale, de fistule
ano-vaginale, d'hydrocéphalie, de spina bifida, de bec de lièvre
avec ou sans fente palatine, de cécité congénitale,
d'absence totale ou partielle d'un membre de l'enfant à la naissance
etc. »23(*). Ces
enfants sont considérés comme inutiles et avilissants :
« Tant sur le plan physique, psychologique que social, c'est une
situation pénible pour tous ceux qui a priori peuvent se réclamer
d'un quelconque lien de parenté avec l'enfant. C'est parfois une honte,
et le regard des « autres » est difficile à
supporter. Dans ces circonstances, l'élimination physique de l'enfant
constitue un soulagement pour tous »24(*).
En effet, dans le Centre et le Sud Bénin, l'enfant
pluriformé, l'infirme moteur cérébral appelé
`'toxolu'' ou `'toxosu'' est consacré « roi des
eaux » et jeté dans un cours d'eau. Selon Félix IROKO,
en milieu Kufalo (un groupe socio-culturel de l'Atacora), « Les
enfants nés malingres ou estropiés sont tués, car on
suppose qu'ils ne seront jamais de bons guerriers une fois devenus
grands »25(*).
Dans la partie Nord du Bénin, notamment chez les
Baatombu et les Boko, les enfants dits sorciers sont éliminés. Ce
qui fait dire à Roger GBEGNONVI que: « Tout le monde sait
que chez nous au Bénin, nous tuons certains enfants à leur
naissance pour des raisons qui, au fond, sont étonnantes et
déroutantes par leur simplicité » 26(*).
En effet, « Un enfant sorcier n'est pas ce que nous
nous imaginons. C'est un enfant viable, qui n'est ni un handicapé
physique, ni un handicapé mental. C'est un enfant normal sur tous les
points. Un être humain à part entière [...]le bariba
dénie à ces enfants la qualité d'êtres humains et
leur en inflige une autre qui fait d'eux, dans l'esprit des gens, des
épouvantails, des êtres abjects. » 27(*)
Tout enfant «mal né» ou qui «fait mal
sa dentition» est soit rejeté, soit éliminé dans ces
communautés sans aucune autre forme de procès. Dans ces groupes
socio culturels, tout ce qui ne répond pas aux normes liées
à la naissance et au développement de l'enfant est suspect, et
conformément aux prescriptions des ancêtres, il faut le
réparer. Pour Alassane GOBI, « face à l'anormal il y a
toujours des réactions, et si besoin, des sanctions. Ces faits de
sociétés sont, hélas, transposés sur les
circonstances de naissance et/ou de croissance des bébés dans
certaines sociétés. Le normal et l'anormal sont comme on le sait,
des notions antinomiques, caractérisées par une certaine
relativité, car leur appréciation varie selon les
sociétés et selon les époques. L'infanticide
n'échappe pas à cette logique. [...] Comme la naissance et la
croissance des enfants obéissent habituellement à certains
critères empiriques, tout ce qui est hors de ces critères est
considéré comme anormal dans nos
sociétés. »28(*)
Selon Clément GOUNOU, « le fondement de
l'infanticide peut être situé dans le souci des communautés
de conjurer un mal et d'assurer à la collectivité un bonheur,
une paix ou une quiétude. Ainsi, comme de temps en temps la force du mal
prend chair et s'incarne dans la société avec des signes
particuliers, il faut savoir lire et reconnaître ce mal par les signes
qu'il émet et partout agir conséquemment au risque de courir
à l'autodestruction : voilà la philosophie qui soutient
cette pratique de l'infanticide. A cela il faut prendre en compte la nature
très sélective de la société baatonu. C'est une
société qui a développé un principe sacro-saint du
profil de l'homme qui doit vivre : il doit être d'abord physiquement
irréprochable, sa naissance faite suivant les normes et par la suite il
faut avoir une grandeur d'esprit et une bonne moralité. Tout ce qui ne
répond pas à ces critères, il faut l'éliminer ou
l'exiler. Voilà à la vérité ce qui semble expliquer
l'infanticide. Mais des gens se seraient levés très tôt
contre cet esprit si on ne l'entourait de mythe qui fait planer la mort
collective. 29(*)»
L'origine de la pratique n'est pas clairement
déterminée. Selon des études menées de 1967
à 1970 par une équipe de religieuses et religieux
européens en collaboration avec Clément GOUNOU, l'origine de la
pratique est diverse.
Mohamed ALIDOU reprend la version de Clément GOUNOU.
« L'infanticide est une pratique fondée sur la superstition.
Des informations recueillies après trois années de recherche
auprès d'une centaine de personnes reconnues sensées, seules deux
sont dignes d'intérêt. La première, est celle d'une vieille
de Kali (Bagou), commune de Gogounou qui donnait comme source de la pratique,
la naissance à Nikki d'un nouveau-né venu par les pieds et ayant
en outre commencé la dentition par le haut. Tout le temps qu'a
vécu cet enfant, Nikki a connu des morts inexplicables et
incontrôlables. Alors le roi de Nikki, DEOBIDIA, a demandé
à son devin de consulter les oracles sur les causes de ce
phénomène insolite. Le bébé né par les pieds
fut désigné comme source de tous les maux. Alors le souverain
ordonna la mise à mort de tout enfant qui naîtrait de façon
«anormale» ou commencerait la dentition par le haut. La
deuxième information communicable pour son intérêt a
été recueillie dans la commune de Kandi. Celle-là situe
l'origine de l'infanticide à des temps immémoriaux chez les
Baatombu roturiers, donc avant même l'arrivée des Wassangari.
Selon le vieux Yérima N'GOYE, une consultation annuelle des oracles
aurait révélé la naissance d'un enfant de façon
particulière. Cet enfant qui naîtra sera dur de caractère
et causera des dégâts dans le pays si on ne le retrouvait pas tout
de suite. Après cette prédication, un enfant naquit après
douze (12) mois de grossesse. Quatre mois après sa naissance, il
commença à pousser des dents par le haut. En même temps, il
se mit à marcher. Pendant que ces événements se
déroulaient, l'oncle du bébé (18 ans) mourut, suivi de la
mort d'une femme en état de grossesse et d'un enfant dans la famille.
Alors le devin s'écria : c'est l'enfant annoncé par les
oracles. Il faut l'éliminer pour conjurer le mal sinon, tout le pays
risque de mourir. Et comme l'on ne sait pas expérimenter les
phénomènes chez nous, alors ceux qui naissaient de façon
irrégulière étaient considérés comme venant
pour perpétrer un malaise dont eux-mêmes seraient le
remède. Il faut les éliminer pour conjurer le
mal. » 30(*).
Ces sociétés viennent ainsi de trouver un bouc
émissaire pour expliquer leur malheur. Aucun raisonnement rationnel
n'est mené pour comprendre le phénomène. Des milliers
d'enfants subissent en silence les affres de ce que Isabelle TEVOEDJRE appelle
« une ignorance et un sous développement mental »
d'une société superstitieuse. Isabelle TEVOEDJRE explique que,
« dans ces ethnies, il fut un temps où les jumeaux et les
triplés étaient accueillis par la mort. En effet dans ces
régions, les jumeaux et triplés que l'on rencontre ont à
peine une vingtaine d'années pour les plus âgés.
L'époque de la condamnation à mort brutale de ces enfants semble
révolue pour eux, les chanceux !!! Nous espérons qu'il en
sera de même pour les bébés dits «sorciers»
31(*).».
C'est un voeu noble mais difficile à réaliser.
D'ailleurs Mohamed ALIDOU reconnaît la difficulté de la
tâche. Eradiquer le phénomène de l'infanticide sera
difficile dans la mesure où l'exécution de ces êtres
inoffensifs dits sorciers se fait dans la discrétion.
Par ailleurs, la pratique de l'infanticide est
considérée comme un acte de purification de la lignée, de
la famille victime d'une souillure survenue par la naissance d'un tel enfant.
Cette purification est une réparation, le rétablissement d'un
ordre troublé. Elle est appelée
« sumbu » 32(*) en baatonu. Les populations continuent cette
pratique qui constitue une atteinte sérieuse aux droits des enfants
notamment le droit à la vie.
Malgré le fait que l'infanticide rituel prive les
enfants de leurs droits élémentaires, aucune action d'envergure
n'est engagée contre la pratique. « Les différents
programmes de coopération Bénin-Unicef qui ont permis de lever le
voile sur plusieurs cas de comportements en défaveur des enfants,
malgré leur succès, n'ont pas encore touché toutes les
catégories d'enfants en situation difficile. En effet très peu
d'actions sont menées pour lutter contre le phénomène de
l'infanticide rituel. » 33(*)
Dans le souci de mieux cerner le phénomène de
l'infanticide rituel dans le temps et dans l'espace, le programme de
coopération Bénin-Unicef par le biais du projet Enfant Ayant
Besoin de Mesures Spéciales de Protection (EABMSP) a initié une
étude dans ce sens. Cette étude s'est déroulée du
02 au 16 janvier 2001 et a couvert les départements de l'Alibori, de
l'Atacora, du Borgou, des Collines et de la Donga.
Les résultats de cette étude ont montré
que quelques organisations non gouvernementales, des personnalités
religieuses et spirituelles se sont déjà engagées dans la
lutte contre cette pratique. La première personnalité religieuse
à avoir engagé ce combat est un prêtre Baatonu du nom de
Pierre Bio SANOU. Pendant plus de vingt ans, il a lutté seul contre
cette pratique avant de créer avec d'autres bonnes volontés en
1993 l'ong « Espoir Lutte contre l'Infanticide au
Bénin » (ELIB). Il faut signaler que cette ONG travaille en
étroite collaboration avec l'ong française «Espoir sans
Frontières» (ESF). Aux cotés de l'ELIB, l'Association pour
la Protection de l'Enfance Malheureuse (APEM ong) mène la même
lutte. Les principales activités de ces organisations consistent
essentiellement à sensibiliser les populations. L'APEM ong
« a adopté la méthode de séminaires
itinérants sur les lieux mêmes où ces crimes sont commis.
Ensuite cette ONG a entrepris d'initier sur les antennes des radios rurales,
des débats issus de ces séminaires. »34(*)
L'ELIB de son coté réagit contre la pratique
à travers un certain nombre d'activités classées en
activités préventives et en activités curatives à
travers la sensibilisation des populations et la récupération
d'enfants voués à l'infanticide.
Les responsables de l'ELIB, notamment le père Bio
SANOU, ont récupéré plusieurs dizaines d'enfants
voués à l'infanticide qu'ils ont placés dans des foyers
très loin de leur lieu de naissance. Certains sont envoyés et
adoptés en Europe. Mais le père SANOU ne se fait pas d'illusion
quant à la difficulté de cette lutte. A cet effet, il dit que
« l'infanticide aura de beaux jours devant lui tant que ces enfants
dits sorciers ne seront pas intégrés dans leurs propres
sociétés. ». Mais l'intégration de ces enfants
dans leurs sociétés, en l'occurrence celle des Baatombu semble
être une tâche pratiquement impossible à court terme.
« A un enfant à qui on dénie la nature humaine qu'il
tient de Dieu, à qui on n'accorde même pas le prénom qui
lui revient de droit de par son rang dans l'ordre de la naissance, il n'y a pas
de place dans la société. Pour lui, ou bien la mort ou bien le
rejet, la rupture totale avec la société, la sienne35(*).»
En dehors de ces activités, l'ELIB s'investit dans la
construction de maternités dans les villages à haut risque
d'infanticide. Cette stratégie a fait ses preuves. Des milliers
d'enfants voués à l'infanticide vivent parce que leurs
communautés n'ont pas été informées des conditions
de leur naissance. La construction des maternités est aujourd'hui le
moyen le plus efficace de lutter contre l'infanticide. En témoignent les
données recueillies par certains chercheurs dans SEPD /DDSP Alibori,
Atacora, Borgou, Donga et Collines : annuaire statistique 1999. Selon les
données, mille deux cent trente-six (1236) enfants sont nés dans
des conditions anormales et auraient pu être exécutés si
l'accouchement avait eu lieu à domicile36(*).
Ces chiffres révèlent l'importance des
maternités. Mais le mal est que très peu de femmes
fréquentent ces maternités. Par exemple « sur mille
cent quatre vingt dix huit (1198) grossesses suivies en 1999, seulement quatre
cent quatre vingt douze (492) accouchements sont assistés, soit 41,06%,
six cent quatre vingt dix-neuf (699) cas d'accouchements à domicile. Ce
même constat est fait en 2000 avec mille cent trente (1130) cas
d'accouchements à domicile sur 1599 grossesses suivies, soit seulement
469 accouchements assistés (soit 29,33%) ». Ces données
viennent des statistiques d'accouchements à la maternité de
Kolokondé. 37(*).
Il faut mentionner que plusieurs autres grossesses n'ont pas
du tout été suivies. Avec ce constat, le problème reste
entier. Une chose est donc de construire les maternités, une autre est
de convaincre les femmes de les fréquenter. Pour cela le concours des
chefs traditionnels a été sollicité. Certains soutiennent
déjà la lutte contre l'infanticide. Entre autres, « les
chefs traditionnels, leurs majestés Bagana OROUSOUROU II de
Kouandé et KPKETONI VI de Djougou se sont déclarées contre
cette pratique traditionnelle qu'ils qualifient de
« criminelle »»38(*). Les chefs traditionnels des régions
septentrionales sont de plus en plus instruits et gagnés par les
religions révélées. De ce fait, ils s'opposent aux
pratiques traditionnelles qui ne sont pas conformes aux enseignements religieux
« Tu ne tueras point » prescrit, le 5è
commandement de Dieu. L'engagement de ces chefs traditionnels est important
dans la lutte contre l'infanticide rituel.
Et pourtant, l'infanticide est sanctionné par la
législation en vigueur au Bénin. Mais avant toute sanction, il
faut qu'il soit véritablement établi qu'il y a infanticide.
Maître Mohamed TOKO dans son intervention au séminaire tenu
à Natitingou les 25, 26 et 27 novembre 1997, rappelle que pour
« qu'une personne tombe sous le coup de l'infanticide, il
faut :
- un meurtre ou un assassinat ;
- que la victime soit un enfant nouveau né.»
Ainsi, lorsque les éléments constitutifs du
crime d'infanticide sont réunis, les auteurs doivent être
poursuivis et sanctionnés. Et dans ce cas, l'article 302 du code
pénal dispose que « Tout coupable d'assassinat (...) sera puni
de mort... »
Il ressort de cette disposition que :
- pour la mère de l'enfant du nouveau-né,
lorsqu'elle est auteur principal de l'infanticide de son nouveau-né
intervenu par assassinat, elle sera condamnée aux travaux forcés
à perpétuité, mais lorsqu'elle est complice de
l'infanticide de son nouveau-né, par simple meurtre, elle sera
condamnée aux travaux forcés à temps.
- pour les autres personnes : autres co-auteurs ou
complices, lorsqu'il s'agit d'un assassinat de nouveau-né, ils sont
condamnés à la peine de mort et aux travaux forcés
à perpétuité lorsqu'il s'agit de meurtre de
nouveau-né.
Il y a donc des dispositions qui punissent l'infanticide, mais
il est difficile de les appliquer dans la mesure où la connaissance par
les autorités des faits d'infanticide est rare compte tenu du secret qui
les entoure. C'est pourquoi, il convient de développer l'information et
la sensibilisation des population pour que les faits du genre soient
portés à la connaissance du public et des autorités
publiques aux fins de répression, laquelle doit déboucher sur des
sanctions. » 39(*)
Les différents rapports de séminaires et les
travaux de recherches sur l'infanticide rituel ont fait plusieurs
recommandations pour éradiquer cette pratique de nos
sociétés. Au nombre de ces recommandations, il y a la
construction des maternités et l'institution d'amendes pour les
accouchements à domicile surtout dans les zones à haut risque
d'infanticide, l'insertion dans les programmes d'étude de l'enseignement
officiel des cours sur l'infanticide rituel, l'utilisation de sketchs dans les
séances de sensibilisation, l'association des bourreaux repentis aux
séances de sensibilisation, etc.
Ce qui ressort de cette revue littéraire est que
malgré les séminaires, les études consacrées
à la pratique et les recommandations faites, l'infanticide rituel
persiste. Il ressort également que les actions ne sont menées que
par quelques ONG appuyées par des autorités religieuses dans
certaines régions. Il serait judicieux que l'Etat central s'engage plus
dans cette lutte même.
II-
Cadre et Méthode d'étude
II-1- Cadre de l'étude
Les recherches entrant dans le cadre de ce travail se sont
déroulées dans l'arrondissement de Bori, commune de N'Dali.
II-1-1 Informations générales sur la commune
de N'Dali
Notre recherche s'est déroulée dans la commune
de N'Dali, une des 8 communes que compte le département du Borgou. D'une
superficie totale de 3748 km², soit 3,33 % de la superficie du
Bénin, la commune de N'Dali compte 5 arrondissements : N'Dali,
Bori, Gbégourou, Ouénou, Sirarou. Située à 60 km de
Parakou et à 475 km de Cotonou, elle est limitée au Nord par les
communes de Bembérekè et de Sinendé, au Sud par les
communes de Parakou et de Tchaourou, à l'Est par les communes de Nikki
et de Pèrèrè et à l'Ouest par la commune de
Djougou.40(*)
En 1992 la population totale de la commune de N'Dali
était de 45334 habitants dont 41674 habitants composent la population
rurale, soit 91,90 % de la population totale. En 1999, la population a atteint
60442 habitants avec 83 % de population rurale soit 50260 habitants. Avec le
RGPH3, la population est passée à 67379 habitants,
dont 33895 hommes (enfants et adultes) et 33484 femmes. La taille des
ménages est de 7,9 et compte 6494 ménages. La population rurale
est estimée à 56518 personnes. On dénombre 34215 personnes
de 0-14 ans, 29480 de 15-59 ans et 3360 personnes de plus de 60 ans41(*). La population de N'Dali est
donc jeune.
La croissance de la population est de 4,25 % et de 4,54 %
pour la population rurale. La densité humaine est de 12,1 hab/km².
L'ethnie majoritaire est celle des Baatombu (59,1 %). Suivent les Fulfulde
(22,4 %) les Bètamaribè (5,6 %). Il y a aussi les Yom et les
Lokpa (3,8 %), les Yoruba (2,8 %), les Dendi (1,9 %), les Fon (1,2 %), les Adja
(0,3 %) et autres (2,9 %).
Trois religions sont majoritaires à N'Dali. Les
musulmans représentent 49,5 % de la population, les catholiques 13,7 %,
les religions traditionnelles 14,6 %, les autres 19,2 %42(*).
Les populations de N'Dali vivent essentiellement de
l'agriculture, de l'élevage, de la pêche, du commerce, de
l'artisanat, du transport, de l'exploitation de bois de feu, de la
transformation de produits.
L'agriculture représente 43,86 % des revenus. Les
principales cultures sont : le maïs, le sorgho, le coton, l'igname,
le manioc et le mil. La superficie cultivée est de 3068400 ha (70,05 %).
Le climat est aussi favorable à l'agriculture. Comme dans nombre de
communes du Borgou, le climat est de type soudanien avec une seule saison
pluvieuse. La pluviométrie varie entre 900 et 1300 mm par an. La saison
des pluies commence en Avril et couvre 7 mois environs. La température
moyenne annuelle s'établit autour de 26° C avec un maximum de
32° C en Mars et redescend aux environs de 23° C en
Décembre-Janvier. L'humidité relative varie entre 30 et 70
%43(*). Dans la commune de
N'Dali, les sols ferrugineux tropicaux sont dominants, profonds, non
concrétionnés et soumis au lessivage.
II-1-2- Informations spécifiques sur
l'arrondissement de Bori
Le village de Bori dans l'arrondissement de Bori a servi de
cadre pour nos recherches.
II-1-2-1- Caractéristiques
géographiques
L'arrondissement de Bori est l'un des cinq que compte la
commune de N'Dali. Il est situé à l'Ouest de la commune et
limité au Nord par les communes de Bembérèkè et de
Sinendé, au Sud par l'arrondissement de Sirarou, à l'Est par
l'arrondissement de Ouénou et à l'Ouest par les communes de
Djougou et de Tchaourou.
L'arrondissement de Bori est situé à 36 km de
la ville de N'Dali. Il est traversé par la route non revêtue
N'Dali - Djougou.
Végétation
La végétation à Bori est très
dense parce qu'une grande partie de la forêt classée s'y trouve.
En dehors de cette forêt classée, la végétation est
de type savane - boisée. La végétation offre aux animaux
du fourrage très varié et est d'une grande richesse
médécinale. Elle facilite la fabrication des produits
indispensables à la guérison des enfants sorciers.
Le Relief
Le relief de l'arrondissement de Bori est
particulièrement accidenté par rapport à celui des autres
arrondissements. Dans la région de Témé et de Kori il y a
une bande d'élévation de collines.
Hydraulique
La couverture de l'arrondissement de Bori en eau potable est
très faible. Il n'y a pas encore d'alimentation en eau potable de la
SONEB. Les adductions d'eau sont rares et les puits insuffisants. Par moments
les populations sont contraintes d'utiliser comme eau de boisson les eaux des
marigots. Ceci est à la base des nombreux cas de diarrhée que le
centre de santé de l'arrondissement et les centres villageois de
santé enregistrent.
Environnement
L'environnement est très pollué avec les
insecticides utilisés dans la culture du coton. En saison sèche,
l'environnement est très poussiéreux.
Infrastructures
routières
La seule voie praticable dans l'arrondissement de Bori est la
route non revêtue N'Dali - Djougou. Les voies secondaires Bori -
Maregourou - Teme - Kori - N'Dali sont très dangereuses et impraticables
en saison pluvieuse. Cela ne permet pas un accès facile dans les
villages reculés pour les séances de sensibilisation.
Habitat
Dans les cinq grands villages de l'arrondissement de Bori
(Bori, Maregourou, Kori, Soumon et Teme) l'habitat est de type traditionnel.
Les cases sont construites en bancos. Les populations vivent dans de grandes
agglomérations avec une grande cour commune. Cette situation fait que
les couples ne peuvent garder le secret sur la naissance ou la dentition de
leurs enfants.
Tout autour des agglomérations et les séparant
les unes des autres il y a des touffes d'herbes, nid de moustiques. Aux
alentours des concessions l'on cultive du tabac44(*). A l'intérieur des agglomérations
vivent les moutons, les cabris et la volaille. Derrière chaque
concession sont parqués les boeufs servant à la culture
attelée45(*).
II-1-2-2- Caractéristiques
démographiques
L'arrondissement de Bori est estimé à 18003
habitants dont 9081 hommes et 8922 femmes en l'an 200246(*). La population agricole
représente plus de 94 % de la population avec un effectif de 16966
personnes.
II-1-2-3- Caractéristiques socioculturelles
Le groupe sociolinguistique dominant à Bori est
constitué par les Baatombu qui font plus des 80 % de la population. Il y
a environ 10 % de fulfulde nomades qui vivent dans des camps appelés
«camps peulhs». Il y a aussi les Pila-Pila ou Yom de l'Atacora 5 % et
d'autres communautés minoritaires.
Religion
La religion la plus pratiquée à Bori est la
religion traditionnelle. Il y a aussi les chrétiens et les musulmans.
Dans le village de Marégourou la majorité est musulmane. A Bori,
il y a un grand syncrétisme religieux47(*)et une pacifique cohabitation entre les
différentes religions.
Valeurs
La solidarité et l'hospitalité sont les plus
grandes valeurs des Baatombu. Une grande expression en est faite à Bori.
L'attachement à l'hospitalité est exprimé dans le second
nom du village de Bori : «TOUKOSARI» ce qui veut dire
«personne n'est étranger» ou «nous sommes les
mêmes». Toutes les associations de femmes, de jeunes et d'hommes
portent ce nom «TOUKOSARI». Par ailleurs, dans ces communautés
il y a une grande entraide. Le problème de l'un est celui de toute la
communauté. Aussi la vie en communauté, est-elle prisée.
Organisation sociale
A Bori, les populations vivent dans de grandes concessions.
Tout tourne autour du chef de la concession qui est le plus âgé de
la famille ; tout le monde mange le repas préparé dans la
marmite commune.
Les décisions sont prises par le chef de la famille et
communiquées aux hommes qui informent à leur tour les femmes.
II-1-2-4- Données économiques
Dans l'arrondissement de Bori, il y a trois principales
activités génératrices de revenus : l'agriculture,
l'élevage et le commerce.
L'agriculture occupe plus de 90 % de la population. C'est une
agriculture constituée de deux types de culture : la culture de
rente et la culture vivrière. La principale culture de rente est le
coton. Les cultures vivrières sont : le maïs, l'igname, le
sorgho, le riz, l'arachide, la patate douce, etc. Les boeufs sont
utilisés pour cultiver les champs. Les femmes font du petit commerce.
L'élevage qui est la deuxième plus grande
activité est pratiqué par les Fulfulde. Ils élèvent
les bovins et les caprins prioritairement. L'élevage domestique est
constitué de la volaille.
II-1-2-5- Autres occupations
En dehors de leurs petits commerces, les femmes se regroupent
en association par quartier et village. Elles font de la transformation du
karité en beurre, du manioc en gari. Elles s'occupent aussi du nettoyage
des places publiques.
Les hommes ont aussi leur association mais sont moins
organisés que les femmes. L'association de développement
«TOUKOSARI» est constituée de personnes d'un certain rang.
Tout le monde ne s'y retrouve pas même si c'est ouvert à tous.
Cette association s'occupe du règlement des conflits qui surviennent au
sein de la communauté.
Les jeunes sont en train de se mettre sur la voie des
aînés. Il n'y a pas un cadre qui regroupe tous les jeunes. Les non
scolarisés se retrouvent dans les groupements villageois alors que les
élèves et étudiants ont leur association.
La principale distraction sportive à Bori est le
football. Il regroupe toute la population. La principale activité
culturelle est le bal poussière qui a lieu tous les vendredis. C'est une
occasion de distraction et de communion pour tous les jeunes.
II-1-2-6- Système éducatif
Dans l'arrondissement de Bori, il y a 11 écoles
primaires et un collège d'enseignement général. De nos
jours il y a une relance du système éducatif et les écoles
sont de plus en plus fréquentées. Ceci fait que l'effectif est
pléthorique dans les classes. Au collège, c'est le système
des classes volantes qui prévaut par manque d'infrastructures. Le
principal problème est celui du manque de personnel qualifié dans
l'enseignement secondaire. Au collège de Bori, il y a un seul enseignant
agent permanent de l'Etat et un contractuel de l'Etat sur 17 vacataires sans
grande qualification.
II-1-2-7- Système sanitaire
Dans l'arrondissement de Bori, il y a deux centres de
santé : le centre de santé d'arrondissement (CSA) de Bori et
le centre de santé de Marégourou. Ils sont composés d'un
dispensaire et d'une maternité. Dans les autres villages il y a des UVS
(Unités Villageoises de Santé).
Le taux de fréquentation de la maternité est de
plus de 80 %.
Les principales maladies qu'on rencontre dans les centres de
santé sont : le paludisme, la diarrhée, les infections
respiratoires aiguës.
II-1-2-8- Canaux de communication
La localité n'étant pas
électrifiée, les populations n'ont pas accès à la
télévision. Par contre elles écoutent la radio. La radio
la plus écoutée par les adultes est Radio
Bembérékè et `'Fraternité FM Parakou'' par les
jeunes.
Les canaux traditionnels de communication comme le conte, le
théâtre, la chanson sont donc les plus utilisés.
II-1-2-9- Besoins
Les populations n'ont pas accès à l'eau
potable. Les puits sont insuffisants et les femmes font des heures avant de
prendre de l'eau. D'autres s'approvisionnent dans les marigots ou les
rivières avec tous les risques de maladies que cela comporte. La
principale source d'éclairage est le pétrole. Les routes sont
constituées pour la plupart de pistes en terre rouge et la principale
route n'est pas revêtue. Les routes secondaires sont très
dangereuses et presque impraticables par les véhicules. Les centres de
santé et le personnel sanitaire sont insuffisants.
II-2- Méthode d'étude
II-2-1- Type d'étude
Notre étude est à la fois descriptive et
analytique.
· Descriptive, parce qu'elle décrit à
travers l'étude socio communautaire les causes et les manifestations de
la pratique, de même que les stratégies d'action des structures
qui luttent contre l'infanticide.
· Analytique, parce que l'étude établit des
liens entre plusieurs éléments. D'une part entre les besoins de
la communauté et les actions des structures en charge de la protection
des enfants sorciers ; d'autre part entre les stratégies mises en
oeuvre par les structures luttant contre la pratique et l'impact de ces actions
sur les populations afin d'en dégager les forces et les faiblesses.
II-2-2- Population d'étude
La population de l'étude comporte les responsables de
structures qui interviennent dans la lutte contre l'infanticide à
Bori, et un échantillon des potentiels bénéficiaires
de leurs actions ainsi que les tenants de la tradition à Bori.
Les cibles primaires
Les garants de la tradition (les chefs de famille, les sages
de Bori) et les responsables de structure constituent les cibles primaires de
notre étude.
Les cibles secondaires
Pour mieux appréhender le problème, nous avons
opté pour une recherche qui prenne en compte toute la population. En
dehors des cibles primaires sus citées notre étude a
atteint :
- les femmes ;
- les jeunes de Bori ;
- les élèves et étudiants de
Bori ;
- les religieux ;
- les élus locaux ;
- les enseignants.
II-2-3- Site de l'étude
Notre étude s'est prioritairement
déroulée dans le village de Bori, une zone à haut risque
d'infanticide et à Marégourou un village situé à 7
km de Bori.
II-2-4- Echantillonnage
Le problème de l'infanticide touche toute la population
de Bori. Compte tenu des moyens limités, nous avons interrogé au
total 313 personnes réparties comme suit :
- 10 principaux responsables des structures qui interviennent
contre la pratique à Bori ;
- 15 sages ;
- 45 chefs de ménages ;
- 60 femmes ;
- 60 jeunes élèves et étudiants ;
- 40 jeunes paysans ;
- 12 enseignants (soit 7 au collège et 5
instituteurs) ;
- 5 agents de santé ;
- 2 responsables religieux (le curé de Bori et l'Imam
de Bori) ;
- 4 élus locaux (dont le maire de N'Dali).
En dehors de ces personnes, le fait d'avoir
séjourné dans la localité nous a permis de discuter du
sujet avec beaucoup d'autres personnes sans les soumettre à des
séances de question-réponse.
Tableau 1 : Répartition de
l'échantillon selon les ethnies
Publics
Ethnies
|
Elus locaux
|
Responsables structures de lutte
|
Sages/chefs de ménages
|
Femmes
|
Jeunes élèves
|
Jeunes paysans
|
Autres (agents de santé, enseignants,
religieux)
|
Baatonu
|
3
(75%)
|
8
(80%)
|
40
(88,88%)
|
54
(90%)
|
48 (80%)
|
36
(90%)
|
11
(57,89%)
|
Peulh
|
1
(25%)
|
1
(10%)
|
5
(11,12%)
|
6
(10%)
|
6
(10%)
|
-
|
-
|
Autres
|
-
|
1
(10%)
|
-
|
-
|
6
(10%)
|
4
(10%)
|
8
(42,10%)
|
La majorité des personnes approchées au cours de
cette enquête est baatonu. Cela se justifie par le fait que c'est le
groupe socio linguistique qui est directement concerné par la pratique.
Tableau 2 : Répartition de
l'échantillon selon le niveau d'instruction
Publics
Niveau d'instruction
|
Elus locaux
|
Responsables structures de lutte
|
Sages/chefs de ménages
|
Femmes
|
Jeunes élèves
|
Jeunes paysans
|
Autres (agents de santé, enseignants,
religieux)
|
Supérieur
|
3
(75%)
|
8
(80%)
|
-
|
-
|
6
(10%)
|
-
|
11
(57,89%)
|
Secondaire
|
1
(25%)
|
2
(20%)
|
5
(11,11%)
|
-
|
48
(80%)
|
-
|
5
(36,84%)
|
Primaire
|
-
|
-
|
10
(10,22%)
|
6
(10%)
|
6
(10%)
|
8
(20%)
|
-
|
Aucun
|
-
|
-
|
30
(66,66%)
|
54
(90%)
|
-
|
32
(80%)
|
1
(5,26%)
|
Alphabétisation
|
-
|
-
|
23
(51,11%)
|
35
(58,33%)
|
-
|
16
(40%)
|
-
|
La plupart des enquêtés notamment les sages, les
femmes et les jeunes paysans n'ont pas été à
l'école. Certains parmi eux suivent cependant des cours
d'alphabétisation.
Tableau 3 : Répartition de
l'échantillon selon la religion
Publics
Religion
|
Elus locaux
|
Responsables structures de lutte
|
Sages/chefs de ménages
|
Femmes
|
Jeunes élèves
|
Jeunes paysans
|
Autres (agents de santé, enseignants,
religieux)
|
Traditionnelle
|
0%
|
0%
|
25
(55,55%)
|
7
(11,66%)
|
24
(40%)
|
18
(45%)
|
2
(10,52%)
|
Islam
|
3
(75%)
|
6
(60%)
|
15
(33,33%)
|
30
(50%)
|
18
(30%)
|
10
(25%)
|
6
(31,57%)
|
Christianisme
|
1
(25%)
|
4
(40%)
|
5
(11,11%)
|
17
(28,33%)
|
6
(10%)
|
10
(25%)
|
9
(47,36%)
|
Athée
|
0%
|
0%
|
0%
|
6
(10%)
|
12
(20%)
|
2
(5%)
|
2
(10,52%)
|
La religion la plus pratiquée à Bori est la
religion traditionnelle. Cependant les populations se convertissent aux
religions révélées notamment l'Islam et le Christianisme.
Il faut signaler que ces données sont fidèles aux propos des
enquêtés même si la réalité montre qu'il y a
un fort syncrétisme religieux à tous les niveaux.
II-2-5- Techniques et outils de collecte des
données
Les techniques et les outils utilisés sont propres
à la recherche qualitative.
Technique
L'immersion pour la collecte des données sur le
terrain s'est déroulée du 10 octobre au 08 novembre 2006. Le
sujet étant assez délicat, nous avons utilisé
prioritairement les techniques propres à la recherche qualitative dont
notamment :
- les interviews individuelles approfondies ;
- les discussions dirigées de groupes (DDG) focus
groupe.
Nous avons aussi utilisé à bon escient
l'observation participante et l'exploitation documentaire.
Outils :
Les outils de collecte de données utilisées
dans le cadre de cette étude sont :
- les guides d'entretien ;
- la grille d'observation ;
- les fiches de dépouillement.
II-2-6- Le pré-test
La croyance en la nuisance des enfants - sorciers
étant commune à toutes les communautés baatombu, nous
avons pré testé les outils d'étude à N'Dali centre.
Les suggestions et remarques des cibles nous ont permis de réajuster les
outils.
II-3- Limites de l'étude
La principale difficulté rencontrée lors de
cette étude est relative à la délicatesse du sujet et aux
expériences antérieures des publics cibles. Selon certains, les
données recueillies au cours des précédentes
enquêtes n'ont pas été exploitées objectivement. Les
chercheurs ne prennent qu'une partie de la vérité et dramatisent
la pratique. Les populations, en particulier les femmes se sont gardées
de donner leur point de vue sur la question. Le sujet était tabou pour
les femmes. Au cours des DDG, aucune d'elles n'aborde le sujet. Toutes disent
n'avoir jamais entendu parler de cette pratique et que si cela a existé
ce n'est pas de leur temps. Devant l'échec des DDG avec les femmes sur
la question, nous nous sommes consacrés aux interviews individuelles
approfondies avec elles.
Parce que nous avons vécu parmi elles et mangé
les repas qu'elles nous présentaient, les populations ont fini par nous
faire confiance. Pour aller rencontrer une personne nous prenons pour guide un
de ses enfants ou de ses proches. Un climat de confiance s'est instauré
vers la fin de la recherche et nous a permis d'avoir des informations
indisponibles au départ.
Cependant, certaines personnes ont voulu cacher la
réalité par pudeur. Par ailleurs les moyens mis en oeuvre pour la
réalisation de la présente étude n'ont pas permis de faire
une plus longue immersion afin de comprendre certaines réalités
culturelles de Bori.
III-
Présentation des résultats et
commentaires
Les recherches sur le terrain ont permis d'appréhender
les connaissances des populations (jeunes, vieux, femmes) sur les enfants
sorciers. Les études ont aussi porté sur les actions de lutte
contre l'infanticide à Bori.
III-1- Connaissances des enquêtés des
caractéristiques des enfants sorciers
Publics
Critères
|
Elus locaux
|
Responsables structures de lutte
|
Sages/chefs de ménages
|
Femmes
|
Jeunes élèves
|
Jeunes paysans
|
Autres (agents de santé, enseignants,
religieux)
|
Prématuré (8 mois)
|
4
(100%)
|
10
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
60
(100%)
|
40
(100%)
|
19
(100%)
|
Né avec des dents
|
4
(100%)
|
10
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
60
(100%)
|
40
(100%)
|
19
(100%)
|
Né par le siège
|
4
(100%)
|
10
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
30
(50%)
|
28
(70%)
|
16
(84,21%)
|
Né assis
|
4
(100%)
|
10
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
12
(20%)
|
20
(50%)
|
14
(73,68%)
|
Né face contre terre
|
4
(100%)
|
10
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
6
(10%)
|
8
(20%)
|
14
(73,68%)
|
Poussée premières dents par le
haut
|
4
(100%)
|
10
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
6
(10%)
|
40
(100%)
|
19
(100%)
|
Dentition
à 8 mois
|
4
(100%)
|
10
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
45
(75%)
|
36
(90%)
|
16
(84,21%)
|
Le huitième (8ème) mois en milieu baatonu est
appelé `'suru konso'' c'est-à-dire un mois dangereux. C'est
pourquoi les enfants qui naissent ou font leur dentition à cette
période sont jugés nuisibles. La grande partie des
enquêtés connaissent les principaux critères qui font d'un
enfant un sorcier.
II-2- Appréciation des populations sur les
enfants sorciers
Publics
Appréciations
|
Elus locaux
|
Responsables structures de lutte
|
Sages/chefs de ménages
|
Femmes
|
Jeunes élèves
|
Jeunes paysans
|
Autres (agents de santé, enseignants,
religieux)
|
Enfants porte malheur
|
3
(75%)
|
0
(0%)
|
40
(88,88%)
|
48
(80%)
|
42
(70%)
|
36
(90%)
|
6
(31,57%)
|
Enfants fantômes
|
3
(75%)
|
0
(0%)
|
40
(88,88%)
|
48
(80%)
|
42
(70%)
|
36
(90%)
|
6
(31,57%)
|
Enfants dangereux à sa famille
|
3
(75%)
|
0
(0%)
|
40
(88,88%)
|
48
(80%)
|
42
(70%)
|
36
(90%)
|
6
(31,57%)
|
Enfants normaux à esprit
maléfique
|
3
(75%)
|
0
(0%)
|
40
(88,88%)
|
48
(80%)
|
42
(70%)
|
36
(90%)
|
6
(31,57%)
|
Enfants normaux
|
1
(25%)
|
10
(100%)
|
5
(11,11%)
|
12
(20%)
|
18
(30%)
|
4
(10%)
|
13
(68,42%)
|
Pour la majorité des populations, un
enfant, qui présente les critères anormaux
présentés plus haut, est un enfant dangereux et maléfique.
Même s'il a l'air normal, cet enfant, selon les populations a un esprit
mauvais qu'il ne contrôle pas. C'est cet esprit qui cause les
malheurs.
III-3- Expériences des populations avec des
enfants sorciers
Publics
Expériences
|
Elus locaux
|
Responsables structures de lutte
|
Sages/chefs de ménages
|
Femmes
|
Jeunes élèves
|
Jeunes paysans
|
Autres (agents de santé, enseignants,
religieux)
|
Déjà vu 1 enfant sorcier ou jugé
tel
|
4
(100%)
|
10
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
60
(100%)
|
60
(100%)
|
60
(100%)
|
Déjà vu un enfant sorcier
tué
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
25
(55,55%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
12
(30%)
|
0
(0%)
|
Déjà vu un enfant sorcier dans sa
famille
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
Déjà entendu parler des agissements d'un
enfant sorcier
|
4
(100%)
|
10
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
60
(100%)
|
60
(100%)
|
60
(100%)
|
Aucun enquêté n'a jamais eu dans sa famille des
enfants sorciers, mais tous en ont déjà entendu parler. Elles
ont honte de la pratique et la nie.
III-4- Connaissances des formes d'accueil
réservé
aux enfants sorciers
Publics
Accueil
|
Elus locaux
|
Responsables structures de lutte
|
Sages/chefs de ménages
|
Femmes
|
Jeunes élèves
|
Jeunes paysans
|
Autres (agents de santé, enseignants,
religieux)
|
Abandon chez les peulh
|
4 (100%)
|
16
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
60
(100%)
|
40
(100%)
|
19
(100%)
|
Elimination par noyade
|
4 (100%)
|
16
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
36
(60%)
|
40
(100%)
|
19
(100%)
|
Elimination par asphyxie
|
4 (100%)
|
16
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
36
(60%)
|
40
(100%)
|
19
(100%)
|
Elimination rituelle par les bourreaux
|
4 (100%)
|
16
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
60
(100%)
|
40
(100%)
|
19
(100%)
|
Abandon dans la brousse
|
4 (100%)
|
16
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
60
(100%)
|
40
(100%)
|
19
(100%)
|
Purification
|
4 (100%)
|
5
(50%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
48
(80%)
|
40
(100%)
|
10
(52,63%)
|
Les enquêtés connaissent presque tous, les
différents sorts réservés aux enfants dits sorciers.
Seuls quelques jeunes ne savent pas que l'enfant peut être
réparé par asphyxie ou par noyade.
III-5- Comportements à adopter par les
populations
au cas où elles auraient un enfant
sorcier
Publics
Critères
|
Elus locaux
|
Responsables structures de lutte
|
Sages/chefs de ménages
|
Femmes
|
Jeunes élèves
|
Jeunes paysans
|
Autres (agents de santé, enseignants,
religieux)
|
Le sacrifier
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
Le jeter
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
5
(11,11%)
|
0
(0%)
|
6
(10%)
|
4
(10%)
|
0
(0%)
|
Le garder et le jeter dès un malheur
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
5
(11,11%)
|
0
(0%)
|
6
(10%)
|
4
(10%)
|
0
(0%)
|
Le guérir et le garder
|
2
(50%)
|
0
(0%)
|
30
(66,66%)
|
30
(50%)
|
36
(60%)
|
28
(70%)
|
6
(31,5%)
|
Le garder et ne pas en parler
|
2
(50%)
|
10
(100%)
|
5
(11,11%)
|
6
(10%)
|
6
(10%)
|
4
(10%)
|
13
(68,42)
|
Laisser décider l'entourage
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
24
(40%)
|
6
(10%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
La plupart des enquêtés affirment garder leurs
enfants s'ils étaient nés avec des signes extérieurs de
sorcellerie. ils le feront purifier et ne sont pas prêts à
l'abandonner au début, mais si un malheur survenait, certains avouent
l'abandonner.
III-6- Connaissances des populations sur le niveau
actuel de la pratique
Accueil Publics
réservé à
l'enfant sorcier
|
Elus locaux
|
Responsables structures de lutte
|
Sages/chefs de ménages
|
Femmes
|
Jeunes élèves
|
Jeunes paysans
|
Autres (agents de santé, enseignants,
religieux)
|
On continue de tuer rituellement les enfants mais
clandestinement
|
3
(75%)
|
10
(100%)
|
9
(20%)
|
6
(10%)
|
15
(25%)
|
8
(20%)
|
12
(50%)
|
On ne tue plus aucun enfant sorcier
|
1
(25%)
|
0
(0%)
|
36
(80%)
|
54
(90%)
|
45
(75%)
|
32
(80%)
|
7
(20%)
|
Il n'y a plus de bourreaux
|
3
(75%)
|
1
(10%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
60
(100%)
|
40
(100%)
|
6
(31,57%)
|
Des enfants sont clandestinement
abandonnés
|
3
(75%)
|
10
(100%)
|
30
(66,66%)
|
48
(80%)
|
42
(70%)
|
32
(80%)
|
13
(68,42)
|
On guérit prioritairement les enfants
|
3
(75%)
|
8
(80%)
|
45
(100%)
|
54
(90%)
|
54
(90%)
|
40
(100%)
|
10
(52,63)%
|
Les enfants sorciers ne sont pas totalement
acceptés même après guérison
|
3
(75%)
|
10
(100%)
|
36
(80%)
|
54
(90%)
|
54
(90%)
|
36
(90%)
|
13
(68,42)
|
La pratique a considérablement
diminuée
|
4
(100%)
|
10
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
60
(100%)
|
40
(100%)
|
19
(100%)
|
Certains résistent encore au
changement
|
4
(100%)
|
10
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
60
(100%)
|
40
(100%)
|
19
(100%)
|
Dans l'ensemble, les enquêtés reconnaissent que
la pratique a considérablement diminué. Ils avouent aussi que
tout le monde n'est pas prêt d'abandonner la pratique. La pratique est
héritée des ancêtres et il serait difficile aux populations
de la laisser à court terme. Il faut reconnaître qu'avec l'option
prioritaire de la purification une prise de conscience est en train d'avoir
lieu.
III-7- Appréciation des populations sur les
causes du recul de la pratique
Publics
Causes
|
Elus locaux
|
Responsables structures de lutte
|
Sages/chefs de ménages
|
Femmes
|
Jeunes élèves
|
Jeunes paysans
|
Autres (agents de santé, enseignants,
religieux)
|
Accouchement à la maternité
|
3
(75%)
|
10
(100%)
|
18
(40%)
|
48
(80%)
|
24
(40%)
|
20
(50%)
|
16
(84,21%)
|
Le développe-ment des religions
révélées (islam christianisme)
|
2
(50%)
|
6
(60%)
|
36
(80%)
|
54
(90%)
|
42
(70%)
|
32
(80%)
|
16
(84,21%)
|
Brassage culturel
|
4
(100%)
|
4
(40%)
|
14
(31,11%)
|
30
(50%)
|
48
(80%)
|
20
(50%)
|
16
(84,21%)
|
Développement du système
éducatif
|
4
(100%)
|
4
(40%)
|
36
(80%)
|
60
(100%)
|
56
(90%)
|
32
(80%)
|
17
(89,47%)
|
Le développe-ment des radios
communautaires
|
2
(50%)
|
10
(100%)
|
27
(60%)
|
42
(80%)
|
36
(60%)
|
28
(70%)
|
15
(78,94%)
|
Les dispositions administratives et
judiciaires
|
4
(100%)
|
4
(40%)
|
32
(71,11%)
|
42
(80%)
|
42
(80%)
|
32
(80%)
|
14
(73,68%)
|
Le développement du système éducatif a
impulsé un nouveau souffle dans le cadre de la prise de conscience et de
l'abandon de l'infanticide rituel. La modernisation et le brassage culturel
renforcent cette prise de conscience au sein des populations.
III-8- Appréciation des populations sur les
causes
de survivance de la pratique
Publics
Accueil
|
Elus locaux
|
Responsables structures de lutte
|
Sages/chefs de ménages
|
Femmes
|
Jeunes élèves
|
Jeunes paysans
|
Autres (agents de santé, enseignants,
religieux)
|
Ignorance et analphabétisme
|
4
(100%)
|
10
(100%)
|
20
(44,44%)
|
48
(80%)
|
54
(90%)
|
18
(45%)
|
15
(78,94%)
|
Poids de la tradition
|
4
(100%)
|
10
(100%)
|
45
(100%)
|
60
(100%)
|
60
(100%)
|
40
(100%)
|
19
(100%)
|
Crainte du regard des autres
|
3
(75%)
|
7
(70%)
|
35
(77,77%)
|
50
(83,33%)
|
48
(80%)
|
32
(80%)
|
15
(78,94%)
|
Les pratiques héritées des ancêtres
s'abandonnent difficilement. C'est ce qui justifie la persistance de cette
pratique au sein des populations de Bori. La non scolarisation de la plupart
des enquêtés est un facteur favorisant la persistance de la
pratique.
III-9- Connaissance des structures intervenant
contre la pratique à Bori
Public
Structures
ou personnalités
|
Elus locaux
|
Sages et chefs de ménages
|
Femmes
|
Jeunes élèves
|
Jeunes paysans
|
Enseignants
Religieux
Agents de santé
|
APEM
|
4
(100%)
|
20
(44,44%)
|
20
(33,33%)
|
15
(25%)
|
8
(20%)
|
14
(73,68%)
|
ELIB
|
2
(50%)
|
8
(17,77%)
|
5
(8%)
|
5
(8%)
|
2
(5%)
|
5
(26,31%)
|
Centre de promotion sociale
|
4
(100%)
|
8
(17,77%)
|
5
(8%)
|
5
(8%)
|
2
(5%)
|
5
(26,31%)
|
Farouk kissira
|
4
(100%)
|
36
(80%)
|
45
(75%)
|
20
(33,33%)
|
20
(80%)
|
9
(47,36%)
|
Autorités locales
|
4
(100%)
|
35
(77,77%)
|
40
(46,66%)
|
40
(46,66%)
|
25
(62,5%)
|
13
(68,42%)
|
Autorités religieuses
|
4
(100%)
|
40
(88,88%)
|
45
(75%)
|
45
(75%)
|
33
(82,5%)
|
15
(78,94%)
|
Les populations dans leur grande majorité
reconnaissent l'engagement des autorités municipales, notamment celui du
chef d'arrondissement de Bori et des autorités religieuses dans la lutte
contre l'infanticide. Certaines personnes ont déjà entendu parler
de l'APEM, mais très peu connaissent l'ELIB à Bori. Il faut
reconnaître qu'il leur est difficile de retenir le nom de ces structures
parce que en grande partie analphabètes. Farouk kissira, un sage de
N'Dali est aussi un acteur clé dans la lutte contre l'infanticide
à Bori.
III-10- Implication des populations dans les actions
des structures (APEM, ELIB, Centre de promotion sociale)
Public
Degré d'implication
|
Elus locaux
|
Sages et chefs de ménages
|
Femmes
|
Jeunes élèves
|
Jeunes paysans
|
Enseignants
Religieux
Agents de santé
|
Associé à toutes les actions
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
Associé ponctuellement
|
2
(50%)
|
10
(22,22%)
|
10
(16,66%)
|
0
(0%)
|
0
(0%)
|
8
(42,10%)
|
Pas du tout associé
|
2
(50%)
|
35
(77,77%)
|
50
(83,33%)
|
60
(100%)
|
40
(100%)
|
11
(57,89%)
|
Les populations ne sont pas vraiment impliquées dans
les actions de lutte contre l'infanticide. Les structures prennent les
populations comme des acteurs passifs. Seuls quelques uns sont par moment
impliqués dans l'organisation des actions de sensibilisation.
III-11- Actions des différentes structures,
autorités et personnalités
Actions
Structures
ou personnalités
|
Sensibilisations et information
|
Récupération d'enfants voués
à l'infanticide
|
Menaces, intimidations et répression
|
Alphabétisation
|
Promotion de l'éducation
|
Construction de maternité
|
APEM
|
5
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
ELIB
|
5
|
5
|
3
|
1
|
1
|
5
|
Centre de promotion sociale
|
5
|
3
|
3
|
3
|
3
|
3
|
Farouk kissira
|
5
|
5
|
3
|
1
|
1
|
1
|
Autorités locales
|
5
|
5
|
5
|
3
|
5
|
3
|
Autorités religieuses
|
5
|
5
|
1
|
3
|
3
|
1
|
Légende : 5-
Beaucoup ;
3- Peu ;
1- Très peu ou pas du tout.
L'action prioritaire menée par toutes les structures
est la sensibilisation. Celles qui ont les moyens récupèrent les
enfants destinés à l'infanticide. La promotion de
l'éducation reste difficile.
III-12- Cibles des actions de sensibilisation
Structures Cibles
ou personnalités
|
Tout le monde
|
Sages et chefs de ménages
|
Femmes
|
Jeunes élèves
|
Jeunes paysans
|
Enseignants
|
APEM
|
100%
|
40%
|
20%
|
15%
|
15%
|
10%
|
ELIB
|
100%
|
40%
|
20%
|
15%
|
15%
|
10%
|
Centre de promotion sociale
|
100%
|
65%
|
15%
|
10%
|
10%
|
0%
|
Farouk kissira
|
100%
|
60%
|
20%
|
10%
|
5%
|
5%
|
Autorités locales
|
100%
|
40%
|
30%
|
20%
|
15%
|
5%
|
Autorités religieuses
|
100%
|
30%
|
40%
|
10%
|
20%
|
0%
|
La cible prioritaire des actions de sensibilisation est
constituée par les adultes. Les jeunes sont rarement pris pour cible
importante. Les écoles et collèges ne sont pas pris en compte.
Les actions de sensibilisation ne réunissent que les anciens et les
groupements féminins. Aucune action de sensibilisation n'est faite
à l'endroit des jeunes écoliers et élèves.
III-13- Les canaux de communication utilisés et
types de sensibilisation
Canaux utilisés
Structures
ou personnalités
|
Médias
|
Canaux traditionnels de communication
|
Communication directe
|
Action globalisante
|
Séminaire
|
Causerie débats
|
APEM
|
50%
|
5%
|
25%
|
90%
|
10%
|
5%
|
ELIB
|
25%
|
15%
|
50%
|
50%
|
5%
|
5%
|
Centre de promotion sociale
|
20%
|
5%
|
65%
|
70%
|
5%
|
5%
|
Farouk kissira
|
10%
|
15%
|
75%
|
30%
|
5%
|
5%
|
Autorités locales
|
20%
|
50%
|
20%
|
100%
|
5%
|
5%
|
Autorités religieuses
|
10%
|
10%
|
70%
|
80%
|
5%
|
5%
|
La plupart des actions de sensibilisation s'adressent de la
même manière à toutes les composantes de la population. Les
canaux traditionnels ne sont pas très prisés. Les structures
organisent des séances de sensibilisation au cours desquelles les
mêmes messages sont adressés à toutes les personnes
présentes aux séances.
IV-
Analyse des résultats de l'étude
Les résultats de la recherche sur le terrain font
ressortir quelques unes des raisons pour lesquelles l'éradication de la
croyance en la nuisance des enfants sorciers n'est pas encore une
réalité. Pour mieux cerner ce qui motive les populations baatombu
en général et celles de Bori en particulier à
perpétuer cette croyance, nous approfondirons notre réflexion sur
les points suivants :
- l'atteinte des objectifs et la qualité,
validité des résultats de l'étude ;
- le poids de la tradition ;
- la prise de conscience ;
- la scolarisation des enfants à Bori ;
- les causes liées à la pratique à
Bori ;
- les actions des structures de lutte ;
IV-1- L'atteinte des objectifs de l'étude
Le présent mémoire a pour objectif de contribuer
à l'amélioration des stratégies de communication dans la
lutte contre le rejet des enfants sorciers. Dans cette logique l'étude
sur le terrain visait un double objectif
- étudier les causes de la pratique à
Bori ;
- étudier l'adéquation des stratégies des
structures de lutte contre la pratique et les besoins de la
communauté.
Au terme de notre recherche nous avons pu :
o identifier les facteurs socioculturels liés au rejet
des enfants sorciers
o déterminer les forces et faiblesses des structures
luttant contre la pratique à Bori
o proposer de nouvelles stratégies sur la base des
faiblesses de ces structures.
Les outils de collecte de données que nous avons
utilisés nous ont permis d'atteindre approximativement l'objectif de
notre étude. Les résultats reflètent la
réalité même s'ils peuvent comporter quelques
insuffisances.
IV-2 La force de la tradition
Comme naguère l'excision et le mariage forcé, le
rejet des enfants sorciers est fortement ancré dans les
mentalités des populations baatombu. Depuis des décennies, et de
génération en génération, cette croyance est
transmise. Dès l'enfance, les jeunes sont largement informés sur
la pratique. Cette croyance fait partie intégrante de leur
éducation et de leur culture.
Des exemples mythiques d'enfants sorciers qui ont
massacré leur famille sont trouvés et donnés pour mettre
en garde ceux qui douteraient de leurs forces maléfiques. Le
résultat est bien probant. Tout le monde à Bori, du moins la
grande majorité, croit qu'un enfant qui naît à 8 mois, par
le siège, avec les dents, ou tout enfant qui fait la première
dentition par le haut ou à 8 mois est un enfant dangereux pour sa
famille.
Cependant, de nos jours, les critères les mieux connus
sont : la poussée des premières dents par la mâchoire
supérieure, poussée des premières dents à 8 mois.
La construction des maternités a vraiment contribué à
résoudre une partie du problème.
Pour que les enfants qui ont développé les
critères de sorcellerie soient tolérés, ils doivent subir
un rite de guérison48(*) pour «devenir» humain. C'est seulement
après la guérison qu'un enfant sorcier peut être admis dans
sa propre famille. Cependant, tout le monde n'opte pas pour cette solution. Des
doutes subsistent. Pour cela, certains jettent simplement l'enfant. De toute
façon, celui-ci n'est plus rituellement sacrifié49(*). Le constat sur le terrain et
les témoignages des populations infirment dans une certaine mesure les
affirmations de certains documents qui soutiennent que la pratique persiste
à Bori.
Il faut signaler que l'option de la purification de l'enfant
à Bori est générale. Même ceux qui disent ne pas
croire aux enfants sorciers sont prêts à aller faire soigner leurs
enfants s'ils présentent une des spécificités qui font
d'un enfant, un sorcier. Certains chrétiens catholiques font aussi cette
option, de même que des musulmans pratiquants. Seuls quelques uns surtout
des jeunes élèves et cadres convertis aux religions
révélées, et qui, selon des anciens ne savent pas de quoi
ils parlent, sont contre la purification des enfants parce
qu' « ils ne souffrent d'aucune maladie » selon eux.
Comme on peut le constater une prise de conscience commence.
IV-3 Les causes liées à la persistance de
la pratique.
Malgré les actions des personnes et structures pour
éradiquer le rejet et l'élimination des enfants nés en
contradiction avec les normes sociales, la crainte des enfants sorciers
persiste à Bori et reste vivace dans les mentalités. Elle se
manifeste aussi dans la vie quotidienne des populations.
La recherche sur le terrain et l'analyse des actions des ONG
qui luttent contre la pratique nous ont permis d'identifier les principales
causes liées à la persistance de la croyance.
Pour nombre de personnes, c'est l'analphabétisme qui
est la principale cause de la persistance de la pratique avec ses corollaires
de croyance aveugle en la tradition et d'attachement obstiné à la
coutume.
Les principales causes révélées par
l'étude sur le terrain sont les suivantes :
- fort taux d'analphabétisme ;
- croyance en des forces surnaturelles ;
- non urbanisation de la localité ;
- pratique fortement ancrée dans les
mentalités ;
- méconnaissance d'autres réalités par
les populations ;
- ignorance ;
- incapacité d'expliquer des phénomènes
extraordinaires ;
- pression sociale sur les jeunes couples ;
- indiscrétion des couples ;
- Les populations n'ont pas la preuve de
l'invulnérabilité des enfants sorciers.
A ces causes s'ajoutent les faiblesses décelées
dans les actions des structures :
- les ONG ne sont pas décentralisées ;
- les cibles ne sont pas clairement définies ;
- les actions sont globalisantes ;
- aucune action directe n'est faite vers les jeunes notamment
les élèves ;
- les enseignants ne sont pas impliqués dans la
lutte ;
- les canaux traditionnels de communication ne sont pas
exploités dans la lutte contre la pratique ;
- l'inexistence de partenariat avec les autres structures qui
interviennent à Bori ;
- les actions de sensibilisation sont sporadiques ;
- l'insuffisance des moyens financiers, matériels et
humains ;
- les messages ne sont pas concrets ;
- l'inexistence de matériels éducatifs pour la
sensibilisation ;
- la non utilisation des supports matériels au cours
des séances de sensibilisation.
IV- 4- Fondement de la pratique
L'homme est sûr de l'avènement d'un fait dans sa
vie : sa mort. Cette évidence est ce qui lui fait le plus peur et
son attente crée une profonde anxiété. Paradoxalement
à l'évidence de la mort, la chose à laquelle l'être
humain tient le plus est sa vie. Pour la préserver, il est capable de
tout. S'il lui était possible de la prolonger, sans aucune
hésitation il le ferait. Aussi, est-il capable, pour préserver sa
vie, d'arracher celle de son semblable si la vie de ce dernier menace la
sienne. Les juristes parlent de légitime défense.
C'est pareil en milieu baatonu. L'infanticide rituel est
perçu comme de la légitime défense. C'est en termes
clairs, une élimination préventive. En effet, la plupart des
personnes interrogées, mêmes celles qui luttent contre la
pratique, affirment que c'est dans le souci de préserver des vies
innocentes que les enfants sorciers sont éliminés ou
rejetés. Les tenants de cette pratique croient être en face d'un
dilemme : soit c'est l'enfant dit sorcier qui passe, soit c'est eux. Le
choix est donc très facile à faire. Cette réflexion du
vieux Doko Boumba Kora, l'une des premières personnes à
commencer la lutte à N'DALI est plus qu'édifiante :
« Quand l'on vous assure que le bébé
qui est né avec les caractéristiques d'un enfant sorcier porte
toujours malheur, est-ce que vous avez le choix ? Dans la famille, vous
êtes 20 par exemple. Quand le bébé sorcier naît, on
vous assure que, si vous le laissez en vie sans rien faire, il est capable de
tuer 10 membres de la famille. Si ce `'mangeur d'homme'' tue 10 des
vôtres et vous mettez encore un autre enfant sorcier au monde et qu'il
mange le reste, qu'est-ce qui restera de votre famille ? Est-ce que vous
allez attendre d'avoir la preuve que cet enfant est sorcier avant d'agir ?
Et s'il commençait par vous ? »
Pour la quiétude du clan, il ne faut pas se poser de
questions. Puisque rien ne rassure les membres de la communauté du
caractère inoffensif du bébé, ils se rassurent en
procédant soit à son élimination physique, soit à
son rejet, en l'abandonnant loin du clan. Ainsi tout le monde retrouve la paix
de l'âme. Par ailleurs, les hommes ont plusieurs femmes et plusieurs
enfants. Un de plus ou un de moins, cela ne semble pas avoir vraiment
d'importance. L'essentiel c'est que le clan vive en paix.
IV-5 Le début d'une prise de conscience
Plus des 90% de ceux qui croient que les enfants sorciers sont
des êtres maléfiques à Bori ne sont pas pour leur
élimination physique. Pour certains c'est de la barbarie que de tuer ces
enfants. L'infanticide est donc en train d'être délaissé
lentement mais sûrement.
C'est un grand pas qui est ainsi franchi surtout à
Bori50(*). La mise
à mort d'un enfant est un crime. Beaucoup l'ont compris. Mais peu ont
compris que tout enfant est enfant et qu'un enfant qui naît par le
siège ou pousse les dents par la mâchoire supérieure n'a
rien de plus ni de moins qu'un enfant « normal ».
La plupart des personnes qui se sont engagées dans la
lutte contre l'infanticide l'ont fait par conviction et volontairement. Elles
ont à un moment donné de leur existence compris par
elles-mêmes que ces enfants ne sont nullement dangereux.
Aussi, cela ne les effraie t-elles plus. Pour éradiquer
la pratique, il faudrait que tous ceux qui partagent cette croyance soient
convaincus qu'il n'y a aucune différence entre les enfants. C'est parce
que les actions des structures qui luttent contre la pratique ne convainquent
pas tout le monde qu'il y a des réticences et que la pratique continue.
Les populations n'ont aucune preuve que le bébé qui naît
par le siège est aussi inoffensif que celui qui naît la tête
en avant. Seule l'éducation permettra de susciter une prise de
conscience plus accrue.
En effet, chez les jeunes, surtout scolarisés, l'esprit
critique intervient déjà et ils sont plus réceptifs aux
messages de sensibilisation. Malheureusement, ils ne sont pas suffisamment pris
en compte par les campagnes de sensibilisation. Ceci ne répond
d'ailleurs pas à la stratégie de segmentation du public cible qui
veut que les actions commencent d'abord par les innovateurs précoces qui
sont plus susceptibles au changement. Par ailleurs, il est important de
déterminer le niveau des cibles selon le processus de changement de
comportement proposé par Rogers. Selon ce chercheur, il y a cinq
étapes principales dans l'adoption de tout comportement :
connaissance, persuasion, décision, adoption et confirmation. Il importe
de connaître le niveau auquel se situe chaque cible afin de
déterminer les actions qui conviennent pour plus d'efficacité. La
scolarisation est, dans le cas précis de la lutte contre l'infanticide,
un facteur facilitant.
IV-6- La scolarisation à Bori
De véritables progrès ont été fait
dans l'éducation à Bori. Beaucoup de parents sont en train de
comprendre la nécessité d'envoyer leurs enfants à
l'école. Cependant la scolarisation reste encore très faible
à Bori. Les raisons qui expliquent ce fait sont diverses :
- le besoin de main d'oeuvre dans l'agriculture ;
- la non effectivité de la gratuité de
l'école ;
- le manque d'infrastructures scolaires ;
- le manque de personnels qualifiés ;
- le taux élevé des frais de scolarité au
collège.
Le nombre de filles allant à l'école à
Bori est très faible. Elles s'occupent pour la plupart d'aider leur
maman dans les travaux domestiques. Nombre de celles qui ont la chance
d'être inscrites à l'école n'évoluent pas. La
majorité abandonne pour des raisons de maternité.
En dehors de l'école classique, il faut signaler que
l'alphabétisation est répandue à Bori. Il y a quatre
centres d'alphabétisation dans le village. Les populations
s'intéressent de plus en plus à l'alphabétisation. C'est
surtout pour des raisons économiques, car elles maîtrisent mieux
leurs affaires, la vente de coton par exemple.
IV-7 Les actions des structures de lutte
Plusieurs personnes physiques et morales s'investissent dans
la lutte contre le rejet et l'élimination des enfants sorciers à
Bori. L'analyse socio - communautaire nous a permis d'identifier comme
principale ong intervenant dans le Borgou, donc à N'Dali et à
Bori, l'ong APEM. C'est aussi la principale structure reconnue par les
autorités locales. Farouk KISSIRA, un natif de N'Dali, est aussi connu
pour ses interventions à Bori. Les religieux à travers les cultes
apportent leur contribution à la lutte contre la pratique. Le centre de
promotion sociale représentant le Ministère de la famille
mène aussi des actions dans ce sens.
La principale activité de toutes ces structures est la
sensibilisation. Leurs actions ne s'adressent pas à des cibles
spécifiques et bien identifiées. A toute la population, ces
structures adressent les mêmes messages. De véritables
séances de discussion ne sont pas organisées. Ce sont
plutôt des séances d'information et de sensibilisation sans un
réel suivi. Ces séances ne sont renforcées par aucune
autre action de communication. Ceci réduit la chance de réussite
de ces structures.
Par ailleurs, les femmes et les sages se retrouvent dans les
mêmes lieux face à des messages identiques alors que
l'organisation sociale ne le permet pas. Les femmes devraient avoir leurs
séances indépendamment de celles des hommes. En effet, il est
difficile en milieu baatonu, à la limite impossible, à une femme
d'intervenir dans un débat en présence de son mari et de ses
aînés. De plus ces actions sont rares à Bori51(*). La seule action d'envergure
qui a été menée remonte à la descente de la
ministre de la famille et de la protection sociale, Mme Léa HOUNKPE en
septembre 2004.
Les actions les plus régulières sont les
messages diffusés sur la radio Bembèrèkè pour
sensibiliser les populations. Depuis un certain temps cela ne se fait plus
car le contrat qui liait la radio à l'APEM a pris fin et n'a pas
été renouvelé avant et après notre séjour
dans la localité.
Les actions seront plus efficaces si les cibles sont
clairement définies et sensibilisées en conséquence. En
outre, l'on doit `'tuer'' le mal à la racine. Pour éradiquer
cette croyance, la cible prioritaire doit être les jeunes ; ils sont
plus réceptifs. Les actions doivent être dirigées vers eux
à travers la scolarisation et la sensibilisation dans les
établissements scolaires. Il importe donc de promouvoir à Bori la
scolarisation des enfants et particulièrement la scolarisation des
filles. Tant que la majorité des enfants n'iront pas à
l'école la situation déplorée aujourd'hui n'avancera
véritablement pas demain.
Pour les anciens, la sensibilisation doit porter sur des
supports comme des documentaires en langue baatonu pour leur expliquer le
développement du foetus dans le sein maternel. Ceci aura pour
intérêt de leur montrer que la naissance par le siège est
un phénomène naturel. Ce phénomène est
accepté par les autres peuples. Il faut engager des discussions avec eux
pour recueillir leur inquiétude et y apporter des
éclaircissements.
Par ailleurs, le comité de lutte contre la traite des
enfants mis en place avec le concours de l'UNICEF s'occupe plus du trafic des
enfants52(*) que de
l'infanticide. La plupart des structures font de la lutte contre l'infanticide
une préoccupation subsidiaire dans la mesure où il y a
officiellement des organismes qui les appuient dans les luttes contre
l'excision et le trafic des enfants. Beaucoup de moyens sont consacrés
à ces pratiques. Ce qui n'est pas le cas de l'infanticide. Cette
situation confirme les résultats de l'étude sur l'infanticide au
Bénin commanditée par l'UNICEF en 2001.
La lutte contre le rejet des enfants sorciers est une lourde
mission qui nécessite beaucoup de moyens tant matériels,
financiers, humains qu'institutionnels. Mais les ong n'ont pas les ressources
nécessaires pour mener une lutte efficiente et efficace contre la
pratique. Aucun volet d'aucun programme n'y est consacré. Le service
Protection du Ministère de la Famille, de la Femme et de l'Enfant que
cette pratique interpelle, devrait s'investir plus dans la lutte. L'UNICEF, le
Fonds Mondial consacrent par moment des études à la pratique. Ils
appuient aussi quelques ong qui s'y investissent. Mais cela ne suffit pas.
L'Etat, garant des libertés et droits civiques, devrait
s'intéresser plus à cette pratique qui prive des milliers
d'enfants, même s'il n'y a pas de statistiques l'attestant, de leurs
droits les plus élémentaires. Sans une prise de conscience des
gouvernants, il serait difficile de vaincre cette croyance qui continue de
faire du tort à des être innocents.
De plus, la lutte sera beaucoup plus efficace si les
structures mettent à contribution les canaux traditionnels de
communication existant encore à Bori comme les scénettes, les
chansons et les danses traditionnelles au cours des bals poussières
organisés tous les vendredis soirs. Les groupes folkloriques pourraient
être mis à contribution.
Conclusion générale
C O N C L U S I O N
L'étude socio communautaire nous a montré que
la crainte des enfants sorciers reste toujours vivace dans les
mentalités. Notre étude a révélé
qu'officiellement il y a une seule ONG qui intervient à Bori et
environs. En plus d'elle, il y a le centre de promotion sociale de N'Dali, les
religieux et des personnalités comme Farouk KISSIRA.
Notre étude a constaté l'inadéquation
des ressources de l'APEM-ONG face au grand défi que constitue
l'éradication du rejet des enfants sorciers. Par ailleurs la
sensibilisation tous azimuts est la principale stratégie utilisée
par les structures de lutte contre cette pratique coutumière. Les cibles
ne sont pas clairement déterminées. Les actions sont aussi
sporadiques et l'on ne constate pas encore une réelle implication de
l'Etat central dans la lutte pour l'éradication de cette pratique qui
constitue un problème de développement.
Face à ces constats et sur la base des facteurs
psychosociaux des communautés, nous avons proposé des
stratégies pour :
- renforcer les actions des ONG à Bori ;
- dynamiser la lutte au plan national.
Ces stratégies visent à mettre les
communautés au coeur de la lutte contre la pratique. Sur le plan
national, la mise sur pied d'un comité de chercheurs pour faire
l'état des lieux sur le problème des enfants sorciers est
primordiale. Ceci permettra de situer clairement la pratique et son ampleur
afin de prendre les dispositions opportunes.
SUGGESTIONS
La lutte contre la crainte et le rejet des enfants nés
par le siège, à 8 mois, avec des dents ou des enfants qui font
leur première dentition à 8 mois ou par le haut rencontre
beaucoup de difficultés. Pour que les actions de lutte soient efficaces,
nous faisons les suggestions suivantes :
A l'endroit des enfants et jeunes
scolarisés de Bori
- organiser des séances de discussion avec les
élèves et écoliers sur les enfants sorciers ;
- faire des projections cinématographiques dans les
établissements sur le développement de l'embryon jusqu'au
foetus ;
- inviter un spécialiste en santé pour parler
aux jeunes du phénomène naturel de la dentition ;
- impliquer les cadres dans la lutte et les amener à
faire des discussions avec les jeunes ;
- organiser au niveau de chaque classe des séances de
discussions dirigées par les enseignants sur les enfants
sorciers ;
- organiser avec les élèves et écoliers
des caravanes de sensibilisation sur la protection des enfants
sorciers ;
- organiser des compétitions culturelles interclasses
ayant pour thème les enfants sorciers lors des journées
culturelles du collège de Bori ;
- introduire des cours sur les droits de l'enfant et les
droits humains à tous les niveaux d'enseignement.
A l'endroit des jeunes non
scolarisés
- organiser des séances de sensibilisation sur les
enfants sorciers ;
- faire des projections audiovisuelles sur le
développement du foetus en langue Baatonu suivi de discussions
dirigées par un spécialiste ;
- organiser des discussions sur la dentition des enfants par
un spécialiste en santé ;
- renforcer l'alphabétisation au niveau des jeunes
déscolarisés ou non scolarisés.
A l'endroit de tous les jeunes de
Bori
- organiser des bals poussières avec des chansons sur
la protection des enfants sorciers ;
- organiser des compétitions de football ayant pour
thème «la protection des enfants sorciers» pour clôturer
les caravanes ;
- organiser des séances de discussions entre tous les
jeunes (scolarisés ou non) sur la pratique avec des projections
audiovisuelles.
A l'endroit des personnes qui suivent des cours
d'alphabétisation
- introduire des cours sur les droits humains au niveau des
classes d'alphabétisation ;
- susciter des discussions sur les droits de
l'enfant ;
- susciter des discussions sur les enfants sorciers ;
- organiser des projections audiovisuelles sur le
développement du foetus dans le sein maternel ;
- susciter des discussions dirigées sur la dentition
des enfants sous la direction d'un spécialiste de santé ;
- utiliser des boîtes à image pour sensibiliser
les populations sur l'évolution des enfants et leur dentition ;
- renforcer l'alphabétisation à Bori.
A l'endroit des enseignants et maîtres
alphabétiseurs
- organiser des séminaires de formation sur les droits
humains à l'endroit des enseignants et maîtres
alphabétiseurs ;
- outiller les enseignants et maîtres
alphabétiseurs sur l'évolution du foetus et le mécanisme
de dentition des enfants ;
- amener les enseignants à dégager un laps de
temps dans leurs cours pour parler des enfants sorciers avec leurs
élèves ;
- amener les enseignants à susciter des discussions sur
les enfants sorciers ;
- mettre à la disposition des enseignants des
matériels éducatifs tels les boîtes à image pour
renforcer leurs actions.
A l'endroit des sages et chefs de
ménages
- organiser des séances de discussions avec les anciens
sur les enfants sorciers ;
- organiser des projections audiovisuelles sur le
développement de l'enfant et sur sa dentition suivies de discussions
avec les anciens de Bori ;
- organiser des séances de discussion appuyées
par des matériels éducatifs sur l'évolution des
enfants.
A l'endroit des femmes
- organiser des séances de discussions avec les
groupements féminins dirigées par une femme du milieu ;
- organiser des discussions autour de documentaires
audiovisuels et des matériels éducatifs.
A l'endroit des ONG
- organiser un partenariat avec les autres structures
intervenant à Bori notamment le CAEF de Bori ;
- mettre sur pied un comité dynamique de lutte contre
le rejet des enfants sorciers à Bori ;
- choisir des personnes influentes de Bori pour composer le
comité ;
- concevoir, produire et diffuser largement des
matériels éducatifs ;
- mettre à la disposition des comités ces
matériels éducatifs pour la sensibilisation des
populations ;
- organiser des séances de sensibilisation en
collaboration avec le CAEF de Bori ;
- impliquer dans la lutte, la diaspora de Bori et les leaders
d'opinion de la localité ;
- choisir les mois de février et de mars53(*) pour intensifier la
sensibilisation à l'endroit des paysans ;
- promouvoir la scolarisation à Bori, notamment celle
des filles ;
- décentraliser les structures.
A l'endroit du gouvernement et des Institutions
internationales
- insérer la lutte contre l'infanticide rituel dans
leur plan d'action ;
- mettre sur pied un comité multidisciplinaire pour
faire l'état des lieux et déterminer les dispositions à
prendre pour éradiquer cette pratique ;
- consacrer un volet d'un programme de protection de l'enfance
malheureuse à la lutte contre l'infanticide.
Références bibliographiques
1- Rapports de séminaires et
d'étude
· Actes du séminaire sur l'Infanticide rituel au
Bénin, Natitingou les 25, 26 et 27 novembre 1997
· APEM, Fondation FRIEDRICH NAUMANN, (1994) Rapport
Général des séminaires itinérants sur
l'infanticide, 1994-1995. Parakou.
· Ministère de la Protection Sociale et de la
Famille, Unicef. (2001), Rapport sur l'infanticide au Bénin, janvier
2001
· Rapport final sur le Séminaire National sur les
droits de l'enfant à la vie et à la famille et les pratiques
coutumiers au Bénin, Parakou les 20, 21 et 22 novembre 1995
2- Mémoires
· ADAMOU (I. S.) (1999). Les
fondements socioculturels de l'infanticide rituel en milieu `'Baatonu'' :
à propos des résultats d'une enquête effectuée dans
la sous préfecture de N'Dali, Mémoire de fin de formation
pour l'obtention du diplôme d'Etat d'Assistant Social, ENAS, UNB,
1998-1999
· GOBI, Alassane. (2002). Pratiques
coutumières et droits de l'homme au Bénin, mémoire en
vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies des droits de la
Personne Humaine et de la Démocratie, FASJEP, UAC , Deuxième
promotion (2001-2002)
· VIKOU, Bessan. (2003). Formulation
de stratégies de communication pour réduire la morbidité
palustre infantile à Vodjè (Cotonou) : applicabilité
du modèle de Green, Mémoire de Maîtrise, DSLC,
FLASH, UAC, 2002-2003
3- Ouvrages
spécialisés
· BASICS. (1996) Boîte
à outils pour le renforcement des compétences en matière
de communication, USAID, Healthcom, Dakar
· Children's Vaccine Program at Path.
(2001); Guide d'élaboration de matériels éducatifs
relatifs à la vaccination et à la santé infantile,
Avril 2001
· BOUGNOUX, Daniel. (1998).
Introduction aux sciences de la communication, Ed, Découverte,
Paris
· DADELE, Antoine. (2006).
Méthodologie de planification d'une stratégie de
communication participative pour le développement, une synthèse
documentaire.
· DADELE, Antoine. (2004).
Théories de comportement, SLC204, DSLC FLASH, UAC,
Bénin.
4- Autres
· - Amnesty International, (1991).
« Amnesty International raconte la déclaration
universelle des droits de l'homme », Paris, les éditions
francophones d'Amnesty International
· Centre d'information et de documentation sur
les collectivités locales, (2001). Atlas monographiques des
communes du Bénin
· INSAE, RGPN3 2002, (Mai 2004).
Cahier de villages et quartiers de ville département du Borgou,
Bénin
· Lexique des termes juridiques Dalloz, Edition 1985
· Mairie de N'Dali, PRODECOM, (2005)
Prospectus sur la commune de N'Dali.
· Ministère d'Etat Chargé de la
Coordination de l'Action Gouvernementale, du Développement Economique et
de la Promotion de l'Emploi, UNICEF. (1998), Enfants et Femmes,
Avenir du Bénin, Bénin
ANNEXES
Annexe 1 : TÉMOIGNAGE D'UN HOMME SAUVE DE
L'INFANTICIDE
L'infanticide est le fait de tuer son enfant pour une raison
ou pour une autre. Mais quelle qu'en soit la raison, cet acte est un crime et
de ce fait réprimé par la loi. Depuis des temps très
reculés, chez les Boo et les Baatombu du Bénin, du Nigeria et des
Peulhs du Bénin, l'infanticide a contribué à
décimer un nombre important d'enfants.
Cet acte odieux continue encore de nos jours. Le seul tort de
ces enfants est de sortir du ventre de leur mère à plat ventre ou
de naître avec des dents dans la bouche ou encore de sortir leurs
premières dents par la gencive supérieure.
Pour ces gens qui pratiquent l'infanticide, un enfant
né dans ces conditions est un «démon» qui a pris la
forme humaine pour nuire à la société. Il faut donc
l'éliminer physiquement.
C'est ce que je devais subir, quand Dieu m'a sauvé.
Ce témoignage que vous allez suivre, m'a
été fait par mon propre père et ses proches.
En effet, je suis né chez ma mère à
Kouguizi, dans un petit village de Kayama au Nigeria, vers 1942. De
père, je suis du Canton de Kidaroumpérou, subdivision de Nikki -
Dahomey, sous le drapeau français.
A ma naissance à Kouguizi, je suis sorti à plat
ventre. Les vieilles qui assistaient ma mère se regardèrent et
quittèrent une à une notre case, laissant maman et enfant dans le
sang alors que je criais. Un «sorcier» est né. Après un
temps, informés, des «spécialistes» de l'infanticide
sont arrivés faire certaines cérémonies rituelles et me
prirent. Pendant qu'on me faisait la toilette j'ai commencé par crier,
c'est alors qu'une vieille fut surprise de voir une dent pointée
à ma mâchoire supérieure. Prise de peur, elle me
déposa et alla informer d'autres vieilles.
Les évènements ne tardèrent pas à
se répandre dans la région. N'étant pas paternellement du
Nigeria, mon élimination ne pouvait se faire tout de suite. Il fallait
d'abord informer mon grand-père, chef Canton au Dahomey
(Français). Mais en entendant, on ne cesse de me laver avec des produits
et de m'en en faire boire d'autres. Selon eux, c'était pour
atténuer les effets de malheurs avant le jour de l'opération. Des
mois ont passé. Et comme si ces deux signes de «malheurs» ne
suffisaient pas, une autre dent sortait par la mâchoire
supérieure, secondant celle qui était là au premier jour
de ma naissance.
Face à ce chapelet de mauvais signes que je porte, il
fallait vite agir, avant que le pire n'arriva. Alors, la décision fut
enfin prise pour me «réparer» c'est-à-dire me tuer.
Mais il fallait attendre l'avis de mon grand-père, chef Canton en
territoire français. Un de mes oncles maternels s'était donc
dépêché au Dahomey pour parler à mon grand
père de l'enfant «sorcier» qui est né et avoir son
point de vue sur son élimination.
Par le messager, mon grand-père adresse une lettre au
chef de Kayama, lui confiant ma totale protection. Alors, tous les membres de
ma famille maternelle sont mis en garde contre mon élimination. C'est ce
qui m'a donné la vie sauve.
J'ai actuellement 58 ans après 30 ans de
carrière dans la santé publique ; un foyer heureux, avec de
beaux enfants filles et garçons.
Mon père devenu chef Canton de Kidaroumpérou
à la mort de mon grand père avait pris l'habitude de
récupérer dans sa maison tout enfant traité de
«sorcier» par les leurs. Il les élevait comme ses propres
fils. Dès que l'enfant atteignait un certain âge, il demandait
à la famille de venir reprendre leur progéniture. Il arrivait
même que certains parents venaient reprendre spontanément leurs
enfants. Il ne cesse de donner à qui veut l'entendre l'exemple de son
propre fils pour sensibiliser les gens.
Et pour tous ceux qui veulent savoir son secret
(c'est-à-dire celui de dompter «un sorcier», il leur
répond qu'il n'avait ni feuille ni décoction et que cela
relève d'une pure ignorance.
Comme vous le voyer, la superstition tue notre
société. Il n'y a jamais eu d'enfants «sorciers».
Gardez et élevez tous vos enfants qu'ils soient nés la tête
première ou le tronc à plat ventre ou encore avec 20 dents. Ce
sont des enfants comme les autres et à ce titre ils doivent être
considérés comme des enfants et ont droit à la vie. Celui
ou celle qui tue un enfant né avec ces caractéristiques commet un
homicide et est puni par la loi.
Monsieur Farouk KISSIRA
Correspondant ORTB
N'Dali BORGOU
Résumé du mémoire
La constitution du Bénin prévoit la
liberté et l'égalité en droit de tous les citoyens
béninois. Nos traditions exigent aussi le respect de la dignité
humaine. Le droit coutumier confirme cette préoccupation. Malgré
ces considérations d'ordre statutaire, les droits
élémentaires sont-ils toujours et vraiment respectés chez
nous au Bénin? Ces droits sont-ils défendus par l'Etat
Central ?
Non, hélas. Non quand on sait que l'infanticide, objet
de ce travail de recherche, est toujours une réalité dans
certaines de nos communautés. Nous sommes convaincus que l'infanticide
est un vrai problème de développement. Et c'est dans le but de
proposer des solutions à ce problème de développement que
nous avons retenu de réfléchir sur le sujet en termes de
recherche-action intitulé:
«Contribution aux stratégies de
communication pour l'éradication de l'infanticide rituel en milieu
Baatonu de Bori, commune de N'Dali»
Ce travail de recherche est subdivisé en quatre
parties. Dans les généralités, la problématique est
énoncée et appuyée par une revue de littérature. Si
la deuxième partie apporte des éclaircissements sur le cadre et
les méthodes d'études, la troisième présente les
résultats issus de l'étude sur le terrain. La dernière,
quant à elle, analyse les données.
Par ce travail nous avons voulu contribuer quelque peu
à l'arrêt d'une pratique qui prive des êtres innocents et
inoffensifs de leur droit le plus élémentaire : le droit
à la vie. En effet, des milliers d'enfants meurent chaque jour de par le
monde parce que des adultes en décident ainsi. Si le cas de l'avortement
malheureusement devenu acte banal est le plus connu, dans nos
communautés, des pratiques coutumières amènent les
populations à éliminer physiquement des nouveaux-nés parce
qu'ils sont mal formés ou pluriformes. Au Sud Bénin on les
appelle « toxolu ». Ce critère fait de l'enfant
«un monstre» et est commun à plusieurs communautés
béninoises voire africaines. En dehors de ce critère, des groupes
socio linguistiques, notamment les Baatombu et les Boo réparent des
enfants qu'ils jugent de sorciers.
Comme le disait le père Bio SANOU, le pionnier de la
lutte contre l'infanticide rituel, puisque c'est de cela qu'il s'agit,
« un enfant sorcier » n'est pas ce que nous nous imaginons.
C'est un enfant viable qui n'est ni un handicapé physique, ni un
handicapé mental. C'est un enfant normal sur tous les points. Un
être humain à part entière donc. Mais lorsqu'à sa
naissance ou au cours de son enfance, cet enfant développe certains
critères `'anormaux'', il est dit sorcier en milieu Baatonu. Ces
critères sont :
- la naissance à huit mois (le prématuré
de sept mois est accepté),
- la naissance par le siège, appelé
communément agossu chez les fons,
- la naissance avec des dents,
- la poussée des premières dents par la
mâchoire supérieure,
- La poussée des incisives à huit mois
- La marche à 7 mois.
Tout enfant qui présente l'un ou l'autre de ces
critères ne mérite pas de faire partie de la communauté
Baatonu. Il est, soit physiquement éliminé, soit jeté loin
des siens, soit encore abandonné chez les peulhs : ce sont ces
derniers qui sont appelés les Mare Yo à ne pas confondre avec les
Gando qui sont des Baatombu vendus aux peulhs par les rois Baatombu.
L'enquête socio anthropologique pour vérifier les
informations sur la question a eu lieu à Bori, dans la commune de
N'Dali. Cette zone est, à en croire nombre de documents cet de
témoignages, une zone à haut risque de pratique de
l'infanticide.
L'étude sur le terrain a confirmé que cette
pratique héritée des ancêtres a toujours cours dans ce
village. En effet, plus de 80% des personnes approchées croient qu'un
enfant qui présente l'un des critères précités est
un enfant porte-malheur ; un enfant dangereux et maléfique pour ses
proches parents.
Il est encore des gens aujourd'hui qui continuent
d'éliminer physiquement mais clandestinement ces genres d'enfants dits
`'sorciers''. Et pourtant des dispositions légales punissent les auteurs
d'infanticide. L'infanticide, pour le définir, est l'assassinat d'un
enfant nouveau-né et « tout coupable d'assassinat (...) sera
puni de mort... » Selon l'article 300 du code pénal.
Aujourd'hui, plus de 90% des enquêtées font
recours, selon ce les informations recueillies, à des rites de
purification de ces enfants et ne les tuent plus. Toutefois, ceci ne met pas
ces enfants à l'abri de tout soupçon et au moindre malheur ils
peuvent être exécutés ou abandonnés. Aussi,
malgré sa purification, l'enfant dit `'sorcier `'est-il
stigmatisé et peut être exécuté à tout
moment.
Face à cette pratique qui persiste, des actions de
communication sont menées par des structures et des
personnalités. A Bori l'ONG APEM entendez Association pour la Protection
de l'Enfance Malheureuse, les religieux, le centre social et des
personnalités notamment FAROUK KISSIRA, un sage de N'Dali, luttent
contre l'infanticide. Les actions prioritaires menées sont des
séances de sensibilisation tous azimuts à l'endroit de toutes
les couches sans distinction.
Après analyse des résultats de l'étude,
j'ai relevé comme causes de la persistance de l'infanticide celles qui
suivent :
- le fort taux de personnes non scolarisées (environ
90%). N'Dali est cependant la première commune à adopter
l'alphabétisation au Bénin,
- la forte croyance des populations en des forces
surnaturelles,
- le caractère culturel de la pratique de
l'infanticide,
- la non urbanisation de la zone,
- pression sociale sur les jeunes couples
- le caractère très conservateur des
populations
A ces causes d'ordre comportemental, s'ajoutent des causes
d'ordre organisationnel. Ceci nous amène à relever des faiblesses
dans les stratégies des structures intervenant à Bori. Il s'agit
de :
- l'inexistence de partenariat avec les autres organisations
intervenant dans d'autres domaines comme l'éducation et la
santé,
- l'insuffisance des moyens financiers, matériels et
logistiques,
- la non utilisation des supports matériels et la non
diversification des actions de communication et des médias
utilisés.
Concrètement, il faut reconnaître que l'ampleur
de la pratique de l'infanticide a régressé à Bori. Une
prise de conscience naît au sein des communautés et il importe de
la renforcer.
Aussi, face aux causes signalées de l'infanticide et
sur la base des faiblesses des structures intervenant contre la pratique
à Bori, avons-nous fait quelques suggestions.
Il ensemble important de mettre en place des actions de
communication basées sur les trois principaux axes classiques d'un plan
de communication. Il s'agit de :
- le plaidoyer,
- la mobilisation sociale,
- la communication en appui au programme ou communication pour
un changement de comportement.
Il faut donc qu'un accent soit mis sur la scolarisation
à Bori, notamment celle des filles. Pour cela des actions de plaidoyer
au niveau des dignitaires et des séances de sensibilisation des
populations sont indispensables.
Des actions de sensibilisation avec des supports audiovisuels
en langues locales sont plus convaincantes. Il faudrait donc les utiliser pour
expliquer le phénomène naturel que constitue la naissance par le
siège. Les radios locales devraient aussi être mises à
contribution ainsi que les médias traditionnels. Il importerait aussi de
faire des actions de marketing social afin d'amener les femmes qui continuent
d'accoucher à domicile (plus de 20% des gestantes) à se rendre
à la maternité.
Par ailleurs, des actions de plaidoyer pour une meilleure
implication de l'Etat et des partenaires au développement dont
l'Unicef, Plan Bénin, Social Watch pour ne citer que ceux là,
dans la lutte contre la pratique à travers un volet d'un programme
consacré à la protection de l'enfance malheureuse.
Il est aussi indispensable que les ONG luttant contre
l'infanticide se mettent en réseau avec les autres structures qui ont
déjà une certaine crédibilité dans leur zone
d'intervention pour susciter une mobilisation sociale autour de la question.
L'infanticide reste un problème qui ne fait pas l'objet
de grandes décisions politiques. Des lois claires réprimant
l'infanticide doivent être votées afin de donner conférer
un cadre juridique précis à la lutte contre la pratique.
Ce travail a été réalisé dans le
cadre de la soutenance du mémoire de maîtrise au
département des sciences du langage et de la communication (DSLC)
à l'université d'Abomey-Calavi. Ce mémoire a
été soutenu le vendredi 26 octobre 2007 après quatre
années de formation.
Annexe 2 : TABLEAU à 6
COLONNES
Objectifs
|
Variables
|
Informations
à recueillir
|
Sources
(Lieux Personnes)
|
Technique
|
Outils
|
1- Faire l'analyse de la situation de la commune de N'Dali en
général et de l'arrondissement de Bori en particulier.
|
1- Facteurs géographiques et démographiques
|
Climat - Relief, Hydrographie Sol - Végétation
Habitation Environnement
Démographie
- Nombre de naissances
- Nombre d'habitants
- Nombre de naissances déclarées
- Répartition par âges/sexe
- Ratio homme/femme
- Régime matrimonial
- Tailles et compositions des ménages
- Taux de mortalité
- Taux de natalité
- Taux de mortalité infantile
|
Mairie/ CA/ Service d'information et de documentations
Mairie/ CA
Registre de la Mairie/ CA
Centre de Santé
Ménages
|
- Exploitation documentaire
- Observation
- Entretien
- Exploitation documentaire
- Entretien
- Observation participantes
- Entretien
|
- Fiche de dépouillement
- Grille d'observation
- Guide d'entretien
- Fiche de dépouillement
- Guide d'entretien
- Grille d'observation
- Guide d'entretien
|
2- Facteurs psycho Sociaux
|
- Données linguistiques.
Langues parlées
Langues véhiculaires
Langues/ alphabétisées écrites
Données culturelles
- Religions
- Croyances
- Interdits
- Traditions liées aux enfants et à leur
naissance
- Système d'habitat
- Typologie des canaux traditionnels et modernes de
communication
- Organisation sociale
* Rôles de pouvoir/ de décision (Autorité
dans la famille)
* Mariage (Polygamie/ Lévirat)
Type de famille
Structures sociales locales (ONG et réseaux locaux)
-Leaders d'opinion
Système éducatif
- Nombre d'écoles
- Situation géographique des établissements
- Ratio filles/ garçons
- Taux de réussite/ de redoublement/ d'abandon
Organisation de la jeunesse
- Groupe de sport
- Groupe culturel
Données économiques
- Activités principales
* Pour les hommes
* Pour les femmes
* Pour les jeunes Scolarisés/
déscolarisés
- Ressources
- Besoins (adéquation)
Système politique
- Partis politiques
- Administrations (Gendarmerie/ Justice)
|
- Mairie/ Arrondissement
- Centre d'alphabétisation
- Enseignants
- Chefs traditionnels
- Mairie
Communauté
- Chefs traditionnels
- Mairie
- Médias
Mairie
Chefs de Ménages/ Collectivités
- Chefs traditionnels
- Chefs de Ménages/
Collectivités
- Mairie/ Arrondissement
- Présidents d'associations et de cultes
Communauté
- Mairie (registre de la mairie)
- Ecole/ CEG (registre d'inscription)
- Enseignants
Mairie/ Arrondissement
Mairie/ Arrondissement
Marché
Ménages
Autorités locales
Chefs de collectivités/ Ménages
Mairie
Brigade
|
- Exploitation documentaire
- Entretien
- Entretien
- Observation
- Observation participantes
- Entretien
- Exploitation documentaire
- Entretien
- Entretien
- Observation participantes
- Exploitation documentaire
- Entretien
- Entretien
- Exploitation documentaire
- Entretien
- Exploitation documentaire
- Observation participantes
- Exploitation documentaire
- Observation participantes
- Entretien
- Entretien
- Observation participantes
- Exploitation documentaire
- Entretien
|
- Fiche de dépouillement
- Guide d'entretien
- Guide d'entretien
- Grille d'observation
- Grille d'observation
- Guide d'entretien
- Fiche de dépouillement
- Guide d'entretien
- Guide d'entretien
- Grille d'observation
- Fiche de dépouillement
- Guide d'entretien
- Guide d'entretien
- Fiche de dépouillement
- Guide d'entretien
- Fiche de dépouillement
- Grille d'observation
- Fiche de dépouillement
- Grille d'observation
- Guide d'entretien
- Guide d'entretien
- Grille d'observation
- Fiche de dépouillement
- Guide d'entretien
|
2- Recenser les activités des structures
gouvernementale/ non gouvernementale/ et locales en charges de la lutte contre
le phénomène de l'infanticide rituel.
|
Atouts et faiblesses des structures notamment l'ELIB - ONG
|
- Typologie des activités menées par les
différentes structures.
* Prévention
* Action curative
- Partenaires locaux et externes
- Implication du Ministère de la Famille
|
ELIB - ONG et autre structure
Ministère de la Famille, de la Mère et de
l'enfant (Service Protection)
|
- Entretien
- Exploitation documentaire
- Entretien
|
- Guide d'entretien
- Fiche de dépouillement
- Guide d'entretien
|
* 1 Amnesty International.
(1991) : « Amnesty International raconte la
déclaration universelle des droits de l'homme », Paris, les
éditions francophones d'Amnesty International
* 2 Préambule de la
Déclaration Universelle des droits de l'homme, Idem, Ibidem
* 3 KPADONOU, Emilie.
(1997) : « Quelques contours et
avatars » In Rapport du séminaire sur
l'infanticide rituel au Bénin, Natitingou, 25, 26 et 27 novembre 1997,
pp56-65
* 4 Idem, Ibidem 4
* 5 On parle à ce niveau
d'infanticide rituel (cf. clarification des concepts)f
* 6 Les chiffres pairs (8, 10,
etc.) sont de mauvais mois et selon ces communautés un enfant qui
naît en un mois paire ne peut que apporter du malheur.
* 7 GOBI, Alassane. (2002),
Pratiques coutumières et droits de l'homme au Bénin,
mémoire en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies des
droits de la Personne Humaine et de la Démocratie, FASJEP, UAC ,
Deuxième promotion (2001-2002)
* 8 TEVOEDJRE Isabelle. 1997,
Infanticide rituel au Bénin, Natitingou, 25, 26 et 27 Novembre.
* 9 Lexique des termes
juridiques Dallez, Edition 1985.
* 10 Code des personnes et de
la famille.
* 11 Bio BIGOU Bani
Léon, « Les classes sociales Ganno et Mareyo en milieu
baatonu : comment et pourquoi des enfants sont liquidés ou
exilés ? » Le forum de la semaine hebdomadaire
d'information générale, de publicité et d'annonce
paraissant tous les mercredis, 5è année, n° 209,
mercredi 11 mai 1994, PP8-n
* 12 Ce qui est valable pour la
santé, est valable selon nous pour le changement de n'importe quelle
autre comportement, notamment ceux liés à l'éducation et
au développement.
* 13 BASICS ; USAID,
Healthcom. (1999) Boîte à outils pour le renforcement des
compétences en matière de communication. Ed les presses de
l'imprimerie Saint-Paul, Dakar, Mai 1999, p.205
* 14 DADELE, Antoine. (2004)
Théories de comportement, SLC204, DSLC FLASH, UAC, Bénin.
* 15 BASICS, USAID, Healthcom.
(1999), Boîte à outils pour le renforcement des compétences
en matière de communication, Ed les presses de
l'imprimerie Saint-Paul, Dakar, Mai 1999, p 207
* 16 GBEGNONVI, Roger.
(1995) : Actes du Séminaire National sur les droits des enfants
à la vie et à la famille et les pratiques coutumières au
Bénin, Parakou les 20,21 et 22 novembre 1995
* 17 Genèse, chapitre
22, verset 2.
* 18 GBEGNONVI, Roger.
(1995) : Actes du Séminaire National sur les droits des enfants
à la vie et à la famille et les pratiques coutumières au
Bénin, Parakou les 20,21 et 22 novembre 1995
* 19 Idem, Ibidem
* 20 L'émission
`'envoyé spécial'' du vendredi 8 décembre 2006 sur la
chaîne de télévision France 2 a réalisé un
reportage sur ces femmes qui pour une raison ou une autre tuent leur nouveau
né et les enterrent tout près de chez elles.
* 21 Journal de 23h sur Radio
France Internationale (RFI) le dimanche 22 juillet 2007
* 22 Jean Paul ESCLILIMANN,
dans Naître sur la terre africaine, édition INADES,
Abidjan
* 23 GOBI, Alassane. (1997),
« Infanticide rituel : Ses origines - Ses
causes » In Rapport du séminaire sur l'infanticide
rituel au Bénin, Natitingou, 25, 26 et 27 novembre 1997, pp 19-36
* 24 Idem, Ibidem 6
* 25 GOBI, Alassane. (1997),
« Infanticide rituel : Ses origines - Ses
causes » In Rapport du séminaire sur
l'infanticide rituel au Bénin, Natitingou, 25, 26 et 27 novembre 1997,
pp 19-36
* 26 GBEGNONVI, Roger.
(1995) : Actes du Séminaire National sur les droits des enfants
à la vie et à la famille et les pratiques coutumières au
Bénin tenu à Parakou les 20,21 et 22 novembre 1995
* 27 BIO-SANOU, Pierre. (1997)
« Quelle place dans la société des Baribas pour les
enfants dits sorciers » » In Actes du
séminaire sur l'Infanticide rituel au Bénin, Natitingou les 25,
26 et 27 novembre 1997, pp. 66-74
* 28 GOBI, Alassane. (2002),
Pratiques coutumières et droits de l'homme au Bénin,
mémoire en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies des
droits de la Personne Humaine et de la Démocratie, FASJEP, UAC ,
Deuxième promotion (2001-2002)
* 29APEM, Fondation
FRIEDRICH NAUMANN, (1994) « Infanticide rituel : Origine et
Fondements » In Rapport Général des séminaires
itinérants sur l'infanticide, 1994-1995. Parakou.
* 30ALIDOU, Mohamed. (1997),
« Infanticide rituel : Origines - Causes et
Fondement » In Rapport du séminaire sur
l'infanticide rituel au Bénin, Natitingou, 25, 26 et 27 novembre 1997,
* 31TEVOEDJRE Isabelle. (1997),
« Préface» In Rapport du séminaire sur
l'infanticide rituel au Bénin, Natitingou, 25, 26 et 27 novembre 1997,
* 32 Ce mot baatonu veut dire
`'on va arranger''.
* 33 Ministère de la
Protection Sociale et de la Famille, Unicef. (2001), Rapport sur l'infanticide
au Bénin, janvier 2001
* 34 ALIDOU, Mohamed. Idem,
Ibidem, pp. 37-47 Ministère de la Protection Sociale et de la Famille,
Unicef. (2001), Rapport sur l'infanticide au Bénin,
janvier 2001
* 35 BIO-SANOU, Pierre. (1995),
Rapport final sur le Séminaire National sur les droits de l'enfant
à la vie et à la famille et les pratiques coutumiers au
Bénin, Parakou les 20, 21 et 22 novembre 1995
* 36 Ministère de la
Protection Sociale et de la Famille, Unicef. (2001), Rapport sur l'infanticide
au Bénin, janvier 2001
* 37 Idem, Ibidem
* 38 Idem, Ibidem
* 39 Actes du
séminaire sur l'Infanticide rituel au Bénin, Natitingou les 25,
26 et 27 novembre 1997
* 40 Centre d'information et de
documentation sur les collectivités locales. (2001) Atlas monographiques
des communes du Bénin. p.86
* 41 INSAE,
RGPH32002. (2004), Cahier des villages et quartiers de ville du
département du Borgou, Mai 2004, pp 14-16
* 42 INSAE,
RGPH32002. (2004), Cahier des villages et quartiers de ville du
département du Borgou, Mai 2004, pp 14-16
* 43 INSAE,
RGPH32002. (2004), Cahier des villages et quartiers de ville du
département du Borgou, Mai 2004, pp 14-16
* 44 La majorité de la
population prend du tabac.
* 45 L'odeur des crottes de
boeufs envahit les concessions.
* 46 INSAE, RGPN3
2002, Cahier de villages et quartiers de ville département du Borgou,
Mai 2004 pp- 14-15
* 47 Certains pratiquent les
trois religions.
* 48En réalité il
s'agit d'une cérémonie de purification. Le terme usuel à
Bori est `'guérison''
* 49 Selon les populations,
l'infanticide rituel est un triste passé à Bori. Cependant elle
peut continuer dans d'autres communautés baatombu.
* 50 Bori est une zone à
haut risque d'infanticide dit on souvent. C'est là que les enfants
sorciers de toutes les communautés Baatombu du Borgou venaient faire
exécuter leurs enfants. De nos jours Bori a développé des
mécanismes de guérison de ces enfants. Et c'est une
manière de les sauver.
* 51 Certains habitants de Bori
racontent que depuis environ 15 ans il n'y a eu que deux actions
véritables menées contre la pratique. La dernière remonte
à 2004 où la ministre de la famille et de la
sécurité sociale a organisé une grande séance de
sensibilisation.
* 52 Le trafic des enfants est
présentement un fait récurent à Bori. Les enfants sont
envoyés dans les villes environnent pour y travailler.
* 53 Pendant ces deux mois les
paysans sont plus ou moins libres en attendant les premières pluies
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