Protection juridique de l'information :
Pour pallier à un retard dans le traitement technologique
de la protection du système d'information, une solution juridique peut
être envisagée. De manière générale, la
déontologie des usages des Systèmes d'information repose sur les
constats suivants :
ï L'outil informatique est devenu nécessaire, mais
son utilisation est facteur de risques pour l'entreprise ;
ï La loi évolue vers une responsabilisation
systématique et accrue de l'entreprise et de ses représentants ;
ï La sécurité juridique appelle un
contrôle renforcé de l'usage qui est fait de ces outils ;
ï Le périmètre de ce contrôle
étant juridiquement encadré, il faut trouver un équilibre
entre la nécessité pour l'entreprise de s'assurer du respect des
règles en vigueur et la garantie, pour le personnel, du respect de ses
droits fondamentaux (vie privée, secret des correspondances...).
Figure 16 : la déontologie des usages (source
CIGREF 2006)
En 2006, le CIGREF s'est posé la question de la
déontologie des usages des Systèmes d'information (CIGREF 2006).
Quelles utilisations des outils informatiques de l'entreprise sont conformes
aux règles éthiques, morales et juridiques définies ?
Il s'agissait de réfléchir d'une part, sur la manière dont
les règles existantes sont traduites en termes d'application
concrète et, d'autre part, sur les limites de leur champ d'application.
La déontologie des usages des Systèmes d'information sert ainsi
de maillon fondamental entre l'utilisation régulière des outils
et le comportement des utilisateurs.
Le tableau ci-dessous résume quelques uns des risques
envisagés sur le SI les réponses juridiques et
déontologiques qu'il est possible d'apporter.
Tableau 4 : Risques
juridiques et réponses déontologiques (CIGREF 2006)
Menaces "classiques"
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Dispositions applicables
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Peine maximale
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Quelques règles déontologiques
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Atteinte aux données personnelles
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Art. 226-16 à 226-24 du Code Pénal (voir
Loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, modifiée par la
loi du 6 août 2004)
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Jusqu'à 5 ans de prison et 300.000 euros d'amende
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Déclarer ses traitements ou demander une autorisation et
les limiter à ce qui est déclaré, collecter loyalement les
données et les sécuriser de manière appropriée,
respecter droits des personnes fichées...
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Atteinte aux données financières
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Art. L621-15 du Code Monétaire et Financier
(modifié par Loi de Sécurité Financière du 1
août 2003)
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Jusqu'à 1,5 millions d'euros ou 10x le montant du
profit réalisé
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Gouvernance d'entreprise transparente, sécurisation des
données financières, définition de politiques de
sécurité...
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Atteintes aux Systèmes d'information de tiers
(virus, entraves...)
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Art. 323-1 à 323-7 du Code Pénal
(créés par la loi Godfrain du 5 janvier 1988, modifiée par
la Loi pour la Confiance dans l`Économie Numérique du 21 juin
2004)
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Jusqu'à 5 ans de prison et 75.000 euros d'amende
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Sensibiliser les utilisateurs, interdire l'importation de
fichiers sur les postes utilisateurs, mettre à jour pare-feu et
antivirus, effectuer des tests de vulnérabilité, mettre en place
des pots de miel (pièges à pirates informatiques),
rédiger une charte d'usage...
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Contrefaçon d'oeuvres audiovisuelles ou de
logiciels
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Art. 335-1 et suivants du Code de la PI (peines
aggravées par la Loi Perben II, 9 mars 2004)
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Jusqu'à 3 ans de prison et 300.000 euros d'amende
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Sensibilisation du personnel, restrictions en matière de
sauvegarde de données et d'accès à Internet...
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L'environnement juridique et réglementaire
L'entreprise évolue dans un environnement juridique
qu'elle ne maîtrise pas et auquel elle ne peut pas déroger. En
particulier, l'utilisation des technologies de l'information est un domaine
faisant l'objet de multiples textes juridiques tant nationaux
qu'européens ou internationaux, ainsi que de recommandations de la CNIL
(en France) qui n'ont pas la même portée juridique.
En effet, en France, plusieurs textes ont récemment
modifié l'environnement légal en matière de
Systèmes d'information : la loi pour la confiance dans l'économie
numérique du 21 juin 2004, la nouvelle loi informatique et
libertés du 6 août 2004 complétée par le
décret d'application du 20 octobre 2005 (CNIL 2007). Par ailleurs, le
code du Travail (articles L.120-2 et suivants, puis L 432-2 et L 432-2-1) exige
des entreprises qu'elles informent au préalable les représentants
du personnel avant tout projet important d'introduction de nouvelles
technologies lorsque celles-ci sont susceptibles d'avoir des
conséquences sur l'emploi, la qualification, la
rémunération, la formation ou les conditions de travail du
personnel (CIGREF 2006).
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