Mini-mémoire de
Master 2
Mention « Sciences Politique »
Spécialité « Coopération
Internationale et Développement »
Parcours : Relations Internationales
2007 - 2008
Créer un programme de développement de
l'accès à l'eau et à l'assainissement grâce à
la coopération décentralisée :
Le cas de Villa El Salvador et
Rezé
Claire GAILLARDOU
Sous la direction d'Elisabeth HOFMANN
Responsable du parcours CID Université de Bordeaux
(IATU/ Chaire UNESCO), Réseau Genre en Action, CEAN.
Fonction du directeur du mémoire
Sommaire
AVANT-PROPOS
4
INTRODUCTION
5
1ÈRE PARTIE :
CONTEXTE DE LA NAISSANCE D'UNE VILLE SPONTANÉE ET MODALITÉS DE
JUMELAGE DE DEUX BANLIEUES
7
1. HISTORIQUE DE LA FONDATION DE VILLA EL
SALVADOR DANS LE PÉROU DES 60'S 70'S
7
1.1. Historique et profil de la
croissance : une évolution urbaine et démographique
incontrôlable
7
1.2. Du quartier
spontané à la planification, infrastructures et conditions de vie
d'un « asentamientos humanos »
8
1.3. Le cas particulier de
Villa El Salvador : une idéologie d'autogestion
10
2. AGIR ENSEMBLE : MODALITÉS DE
COOPÉRATION
13
2.1. Cadre législatif
français et péruvien de la coopération
décentralisée
13
2.1.1. En France
13
2.1.2. Au Pérou
14
2.2. La coopération
décentralisée française en Amérique Latine
15
2.3. Modalités de
coopération initiale de Rezé et Villa El Salvador
16
2ÈME PARTIE :
NÉCESSITÉ ET STRATÉGIE DU DÉVELOPPEMENT DE
L'ACCÈS À L'EAU ET À L'ASSAINISSEMENT COMME AXE DE
COOPÉRATION
19
1. UNE VILLE POSÉE SUR UN
DÉSERT : LA PROBLÉMATIQUE DE L'EAU À VILLA EL
SALVADOR
19
1.1. Un site aux conditions
géomorphologiques et climatiques significatives de l'aridité
19
1.2. Croissance
démographique et évolution de la demande face au déficit
des ressources
20
1.3. Les
« asentamientos humanos » : marqueurs des
inégalités
22
1.4. Enjeu politique : la
problématique du manque de concertation intra-sectorielle
22
2. UNE STRATÉGIE CONCERTÉE
D'ACCÈS À L'EAU EN TROIS TEMPS
24
2.1. Quand les usagers du nord
financent l'accès à l'eau au sud
25
2.2. 2004 : Plus de
partenariats pour plus de moyens
27
2.3. Gestion de projet :
Quelle gouvernance de l'eau pour les infrastructures
créées ?
27
CONCLUSION : BILAN DES APPORTS DE LA
COOPÉRATION : QUELS GAINS DE RÉCIPROCITÉ POUR LES
DEUX COMMUNES ?
29
BIBLIOGRAPHIE
31
ANNEXES
33
Avant-propos
Ce mini-mémoire de DESS de Coopération
Internationale et Développement se veut un travail de réflexion
et d'analyse sur la coopération décentralisée et les
mécanismes d'accès à l'eau et à l'assainissement,
basé sur une recherche bibliographique.
N'étant
pas étayé par un stage professionnel ou de recherche sur le
terrain, il apparaît plutôt comme une recherche personnelle visant
à restituer les enseignements de ce DESS tout en s'inscrivant dans un
parcours professionnel propre à l'étudiant.
Ainsi, souhaitant me spécialiser sur les
thématiques de la gestion de la sécurité alimentaire et
particulièrement de l'accès à l'eau potable après
un stage de DEA de géographie au Pérou, ce mémoire me
permet aujourd'hui de lier des enseignements à la fois issus de la
géographie du développement (géologie, systémique,
étude des climats, aménagement du territoire, environnement...)
et des sciences politiques (gestion des organisations, mécanismes
institutionnel de la coopération, méthodologie de gestion de
projet de développement...).
Pour ces raisons, ce travail se veut avant tout une
étude d'un cas concret d'une expérience de coopération
dans le domaine de l'accès à l'eau, de ses
spécificités et de ses enseignements et non une analyse
exhaustive des mécanismes actuels de la coopération
décentralisée ou de l'accès à l'eau potable et
à l'assainissement.
Ce travail a été réalisé avec
l'aide du service de la coopération internationale de la ville de
Rezé et particulièrement de Fabrice Halgand, assistant des
coopérations internationales, que je tiens ici à remercier de son
aide précieuse.
Introduction
« La France et l'Amérique latine - aux
références philosophiques, politiques et culturelles voisines -
entretiennent une relation ancienne et privilégiée fondée
sur une forte confiance. Elles partagent des valeurs communes et la même
vision d'un monde multipolaire. »1(*)
Derrière cette vision policée des relations
entre la France et l'Amérique latine, on ne peut cependant que constater
qu'aujourd'hui, dans le domaine de la coopération
décentralisée, on compte de plus en plus de contrats
initiés entre communes latino-américaines et françaises.
Ainsi, selon le dernier recensement établi par Cités
Unies2(*) en 2000, on
comptait 85 accords de partenariats entre municipalités française
et Latino-Américaine3(*).
La coopération entre l'Amérique latine et
l'Union Européenne s'inscrit dans un espace de diversité dont
témoigne aujourd'hui l'introduction du concept de coopération
décentralisée.
Cette notion de Coopération Décentralisée
(CD) portée par les collectivités locales se veut un outil
susceptible de révolutionner les relations de coopération. Dans
cette perspective, elle ouvre une voie de concertation et de dialogue avec la
population, laquelle est désormais associée à la
détermination des priorités pouvant favoriser son
développement économique et social.
Pourtant, cet instrument est encore trop peu méconnu et
légitimé rencontre des difficultés à s'imposer dans
le milieu de l'aide internationale jusque là monopolisé par les
Etats.
Il apparaît donc aujourd'hui nécessaire, dans le
milieu de la coopération internationale et du développement de
mener une réflexion étayée sur l'efficacité d'un
tel mécanisme au travers d'exemples concrets de développement
efficace menés grâce à la CD.
C'est le cas de Villa El Salvador, municipalité de la
périphérie de Lima (Pérou) et Rezé, commune de
Nantes Métropole dont la coopération évolutive et
novatrice, à l'échelle nationale, constituera ici notre
référence.
Suite à un colloque sur l'eau en Amérique Latine
organisé par Cités Unie France en 1986, Jacques Floch de
Rezé et Michel Ascueta de Villa El Salvador, les maires de
l'époque, ont décidé de proposer à leurs conseils
municipaux de mettre en place un protocole de jumelage-coopération qui
sera signé en 1991. Parti du constat de la nécessité
d'investir les efforts de coopération sur la thématique cruciale
de l'accès à l'eau et à l'assainissement, dans une zone
désertique marginale, les deux municipalités ont, depuis les
premières expériences du jumelage, beaucoup évolués
à la fois dans l'institutionnalisation de leur rapports que dans
l'efficacité de leur actions.
Ce sont ces évolutions décisives qui peuvent
aujourd'hui faire figure d'exemple dans le milieu encore balbutiant de la
coopération décentralisée, que nous avons souhaité
analyser dans ce travail. Cette étude du cas concret de la
coopération entre Villa El Salvador et Rezé va ainsi nous
permettre d'essayer d'approfondir les problématiques suivantes :
Dans le cadre de la coopération
décentralisée, comment peut-on aujourd'hui apporter des
réponses durables à la problématique de l'accès
à l'eau ? Avec quels outils politiques ? Grâce à
quels moyens techniques et financiers ? Et plus largement, la
coopération décentralisée constitue t'elle une
stratégie politique pertinente de développement ? Enfin,
peut-on envisager la coopération décentralisée comme un
outil de développement réciproque Nord/Sud mais aussi
sud/nord ? Et ainsi, le cas de Rezé et Villa el Salvador ne
constitue t'il pas un exemple de réciprocité et de partenariat
tant institutionnel que civil dans le partage des compétences actuelles
en matières de développement ?
Nous allons ainsi essayer d'apporter des réponses
à ces questions, en étudiant tout d'abord le contexte de la
naissance d'une ville spontanée et les modalités de jumelage de
deux banlieues, puis la nécessité et la stratégie de
l'accès à l'eau et à l'assainissement comme axe de
coopération avant d'aborder en guise de conclusion le bilan des apports
de la coopération entre Villa El Salvador et Rezé.
1ère Partie :
Contexte de la naissance d'une ville spontanée et modalités de
jumelage de deux banlieues
1. Historique de la fondation de Villa El
Salvador dans le Pérou des 60's 70's
Villa El Salvador est un bidonville satellite de Lima qui,
pour le meilleur et pour le pire, lui doit son existence.
L'agglomération de Lima est un cas particulier au Pérou. Elle en
est la plus grande ville et dépasse de dix fois Arequipa,
deuxième ville du pays. Cette hypertrophie est due principalement
à une évolution démographique et urbaine spontanée,
déséquilibrée et surprenante que les pouvoirs publics
n'ont pas pu contrôler. La ville s'est donc développée de
manière anarchique sans aucune planification, menaçant la
qualité de vie de ses habitants.
En 1993, Lima comptait 6 221 000 habitants.
Aujourd'hui, avec plus de 7 200 000 habitants, soit près d'un
tiers de la population nationale (29% de la population totale du Pérou)
elle est à la proue des politiques démographiques
péruviennes.
1.1. Historique et profil de la croissance : une
évolution urbaine et démographique incontrôlable
La croissance de la périphérie liméenne
s'est faite lentement jusqu'aux années 1940, lorsque la population a
atteint 300 000 personnes. Depuis lors, elle s'est
accélérée et, aujourd'hui, la population du Lima
métropolitain est bien près d'atteindre les 8 millions
d'habitants. Selon Olivera (1991), Lima abrite à présent 28 % de
la population du Pérou (45 % de la population urbaine)4(*).
La migration interne est continue, principalement en
provenance des Andes. La ville et le mode de vie urbain de la capitale
séduisent les populations rurales en situation de paupérisation.
En milieu urbain tout parait plus simple (santé, emploi, logement,
éducation).
Or, la tendance est avant tout à la constitution de
mégapoles fortement dualisées entre des quartiers à fort
pouvoir d'achat et des zones sous-intégrées aux infrastructures
publiques urbaines. De toute part des périphéries urbaines dites
« spontanées 5(*)» surgissent du désert souvent selon un
processus invasif désordonné. Au Pérou, les
résultats de ces invasions donnent lieux à des quartiers
périphériques pauvres présentant des logements familiaux
allant du simple abri fait
d' « esteras »6(*), à de minuscules maisons individuelles de
briques ou de parpaings, en dur, mais sans « confort
moderne » (connexion au réseau d'eau, d'assainissement,
d'électricité..). D'abord qualifiés de Barriadas
(quartiers) puis de Pueblos Jovenes (quartiers jeunes) ces
appellations ont étés abandonnées par soucis de
partialité et on les appelle aujourd'hui plus simplement
« Asentamientos Humanos »
(littéralement : établissements humains).
Ces villes non officielles dans la ville, installées
dans les espaces délaissés (notamment sur les
cerros7(*)ceinturant Lima comme ce fut le cas pour Villa El
Salvador), parfois en une nuit, s'opposent au centre d'affaires, et les
problèmes urbains y sont légions.
Comme le souligne Florence Tourette :
« Promiscuité et grande pauvreté se mêlent
à une violence endémique dans des villes géantes qui ont
du mal à digérer ce trop plein de tout »8(*). En même temps, les
conditions de vie dans ces quartiers spontanés sont supérieures
à celles du milieu rural abandonné. On y retrouve une prise
d'assaut de chaque zone laissée pour compte par la ville, pour
s'installer et y tirer profit. Peu importe s'il s'agit d'un habitat
spontané et précaire qui finit par s'inscrire dans la
durée.
Marginalisés et rejetés aux
périphéries de la ville, ces habitats sont aussi des marqueurs de
ségrégation et des inégalités urbaines à
l'échelle de l'agglomération.
1.2. Du quartier spontané à la planification,
infrastructures et conditions de vie d'un « asentamientos
humanos »
Le schéma le plus classique de la création des
« asentamientos humanos » est donc celui des
invasions massives autour de Lima à la fin des années 40 et au
début des années 50. Ces invasions étaient soigneusement
préparées, presque planifiées, avec parfois la
complicité d'étudiants et d'ingénieurs pour établir
la taille des parcelles, l'alignement des rues et l'esquisse sommaire d'un plan
masse. Une zone particulière était choisie à l'avance
parmi les terrains publics puis l'invasion se produisait durant la nuit puisque
le jour les forces de l'ordre s'y seraient opposées. Le lendemain, les
autorités ne peuvent que constater le fait accompli, l'éviction
ne pouvant se faire que dans un bain de sang.
Cette croissance urbaine désordonnée et
persistante est la raison d'un ensemble de déficiences, et avant tout
dans le secteur des services vitaux.
Le lot commun de toutes les zones d'habitats spontanés
est la pauvreté, le manque d'hygiène, un toit fragile, une
surpopulation, bref des conditions de vie extrêmement difficiles. 64% de
la population de Lima Métropolitaine bénéficie de
l'accès à l'eau potable personnel et seulement 60%, de services
hygiéniques basiques.
Néanmoins il semble que l'on peut distinguer deux
types de regroupement d'habitats précaires. Le premier que l'on nommera
« taudis » est un lieu de décrépitude
où les désoeuvrés s'entassent sans une réelle
conscience de groupe et sans beaucoup d'espoir. La misère y est d'autant
plus grande qu'un laisser-aller règne partout.
Le deuxième type d'habitat précaire est celui de
Villa El Salvador ; habité par une population qui a une conscience
de groupe, qui a la volonté de vivre et d'améliorer son
quotidien. L'homme du bidonville s'insère dans une certaine dynamique
sociale, avec la conscience d'appartenir à une culture, à un
mouvement. Il sera par conséquent bien plus facile d'engager des
relations de coopération et des projets de développement dans ce
cas car la population peut fournir un engagement bien plus important.
Ce qui différencie beaucoup les quartiers d'habitat
spontané de la ville, c'est qu'ils ne sont pas, ou peu, dotés
d'équipements et services urbains qui permettent à la ville
d'être un lieu confortable. Pas d'égout, pas de raccordement
à l'eau, pas d'électricité, pas de voie carrossable, pas
de ramassage d'ordures, pas de police, pas d'équipements sanitaires, pas
d'équipement éducatif, etc.... Ce sont pourtant des
équipements élémentaires.
Ces carences font du bidonville un lieu inconfortable au
quotidien, et le rendent de jour en jour, de plus en plus insalubre. Les
barrières qui séparent le bidonville de la ville sont de
plusieurs types mais toutes participent à l'isolement des habitants des
bidonvilles.
On trouve tout d'abord des limites physiques telles qu'une
autoroute, une voie ferrée, une rivière ou même un mur.
Elles sont rendues d'autant plus pénalisantes par le fait qu'il n'existe
pas d'infrastructure permettant de les franchir. Il n'y a pas de pont ni de
passerelle suffisamment nombreux pour permettre un lien entre bidonville et
ville. En fait, réseaux et infrastructures ne desservent pas le
bidonville, ce qui isole ce dernier de son environnement.
Les habitants des bidonvilles, qui doivent se rendre en ville
pour le travail, souffrent aussi d'un manque de transports en commun. En effet,
les zones d'habitat spontané sont toujours peu ou très mal
desservies, éloignant encore plus le bidonville des centres
d'activités.
D'autre part, le bidonville est psychologiquement
écarté de la ville dans la mesure où il n'a pas du tout le
même langage qu'elle.
Même s'il se situe contre la ville, il n'est pas
construit avec la même logique, le tissu urbain est extrêmement
différent, les équipements et le mobilier urbain sont
inexistants, il y a peu d'éclairage la nuit, etc. Le bidonville se
démarque visuellement9(*), on sait immédiatement lorsqu'on s'y trouve et
ses frontières sont très nettes. La société qui y
vit ne peut donc que se sentir marginalisée, le bidonville étant
à la fois placé "loin" de la ville et stigmatisé.
Les conséquences urbaines sont très nettes. Le
bidonville est devenu un îlot dans la ville et pourtant il semble
complètement hors de la ville, il ne peut plus s'accroître, il est
comme enkysté dans le tissu urbain.
Cette zone très défavorisée concentre une
grande part des problèmes que connaît l'agglomération de
Lima.
1.3. Le cas particulier de Villa El Salvador : une
idéologie d'autogestion
Pour de nombreux analystes comme Thierry BRUN10(*), l'histoire de Villa el
Salvador se confond avec celle d'un professeur d'histoire et de
géographie, Miguel Azcueta, qui, il y a trente ans, se lance dans une
aventure peu banale avec une quinzaine d'autres enseignants de
l'Université Catholique de Lima.
Miguel a en effet participé à son
émergence en plein désert, au sud de Lima. " On a profité
que c'était le désert pour planifier une ville différente,
avec surtout la participation de tous les habitants de cette ville,
explique-t-il. Dans les années 70, après le tremblement de terre,
en un mois, ont afflué dans le désert pas moins de 90 000
personnes de toutes les provinces du Pérou "11(*).
L'organisation du bidonville est vite devenue une
nécessité pour attribuer des lots à toutes les familles,
planifier l'utilisation des terrains destinés aux écoles, postes,
commerces et micro-entreprises. " L'idée principale, c'est que nous
voulions que dans les premiers jours de l'histoire de Villa el Salvador, cette
ville ne devienne pas une ville mouroir. Nous voulions montrer aussi que
valoriser le travail productif des hommes, des femmes et des jeunes
était la meilleure manière de sortir de la pauvreté
extrême et de commencer à progresser "12(*).
L'aventure commence en 1971, quand Miguel Azcueta
achève ses études à l'Université Catholique de Lima
et décide, avec un groupe de professeurs, de rejoindre le bidonville
naissant de Villa el Salvador. Leur objectif est de faire de cette ville une
expérience pédagogique s'appuyant sur la participation active de
la population. Ces bénévoles se lancent donc dans une grande
réforme de l'éducation, avec notamment les parents et les
étudiants, et débattent du développement d'une ville
nouvelle.
" Moi-même je suis devenu le premier maire de Villa el
Salvador et j'ai fondé 25 écoles qui accueillent des milliers
d'élèves et étudiants, la population étant
très jeune "13(*).
Si aujourd'hui quelque 2 500 professeurs dispensent leurs cours aux 100 000
élèves et étudiants du primaire et du secondaire, l'ancien
professeur d'histoire et géographie a connu des hauts et des bas. Ainsi,
dans les années 90, Miguel Azcueta est la cible de trois attentats du
« Sentier lumineux »14(*). " Le dernier était terrible parce qu'il a eu
lieu à l'école lorsque j'enseignais en même temps que
j'exerçais mon mandat de maire "15(*).
L'expérience de Villa el Salvador, apprentissage
démocratique et populaire, se veut en effet " différente de celle
de l'Etat, de l'armée, de Fujimori, du « Sentier
lumineux ». Le « Sentier lumineux » ne pouvait
pas permettre le développement de Villa el Salvador, alors que la lutte
politique dans les années 90 était à Villa el Salvador,
contre les militaires, contre le Sentier". Etre élu fait partie de cette
expérience "un peu bizarre de Villa el Salvador "16(*), ironise Miguel.
Dans les années 80 commence une nouvelle étape
démocratique au Pérou avec les premières élections
municipales. En 1983, Villa el Salvador devient une municipalité du
district de Lima. Miguel, un des dirigeants de la communauté
jusqu'à la formation du district municipal, se présente aux
élections. Elu, il a depuis exercé la fonction de maire durant
trois mandats (un maire est aujourd'hui élu pour quatre ans).
« Nous avons donc continué
l'expérience communautaire. C'est une chose très rare en
Amérique latine. Généralement, les municipalités
dirigent la communauté. A Villa el Salvador, au contraire, c'est la
communauté qui a créé la municipalité. On a suivi
les expériences d'autogestion avec seulement 120 personnes,
employés et ouvriers compris. Tous les objectifs de développement
sont organisés avec les groupes sociaux. Si nous voulons un centre
industriel, cela sera décidé avec les petits entrepreneurs. S'il
y a des travaux des femmes, c'est la fédération des femmes de
Villa el Salvador qui dirigent le tout "17(*). Il existe des commissions mixtes et municipales qui
associent élus et dirigeants de la communauté. Les commissions
mixtes sont des groupes de travail qui fonctionnent avec des budgets propres.
A Villa el Salvador, on l'a compris, la communauté est
autogérée. La gestion participative commence au niveau des "
blocs " qui regroupent 24 familles, lesquels sont au nombre de 16 par quartier.
La ville est ainsi construite avec plus de 200 blocs parfaitement
alignés18(*). " Il
existe des organisations au niveau des blocs, des quartiers et au niveau
communautaire. Ce que nous avons appris depuis les années 70, c'est que
l'on pouvait approuver différents plans de développement avec la
participation de tous. Il y a des objectifs de travail pour toute la
communauté, des programmes pour le service de l'eau, de
l'électricité, les méthodes d'éducation, les
marchés coopératifs, etc. Une famille peut intervenir, donner son
avis. Chaque quartier à ses services et participe directement à
la gestion de ces services mais aussi dans l'approbation des objectifs de
développement de l'ensemble de la ville "19(*). Comment cela est-il
perçu par le pouvoir ? " Ces dix dernières années,
nous avons connu des moments très difficiles, surtout politiques avec le
gouvernement central, des militaires, Fujimori ".
Et des crises économiques profondes pendant lesquelles
Villa el Salvador s'est organisée pour aider des milliers de personnes
sans travail et sous-alimentés. 700 cantines populaires ont
été mises en place, y compris dans les écoles. Quant aux
problèmes de chômage, Villa a créé sa propre
économie avec 3 000 petites entreprises industrielles, 10 000 commerces,
1 000 entreprises de service. Cela signifie que 70 % de la population adulte
travaille à Villa el Salvador. Surtout, " Le niveau de scolarisation est
le plus élevé du Pérou ", dit fièrement
Miguel20(*).
Aujourd'hui, Villa el Salvador est une ville urbanisée
de 400 000 habitants, avec une zone industrielle de 2 000 micro-entreprises,
une zone agricole aménagée en plein désert qui utilise les
eaux usées traitées (Cf. deuxième partie) et une zone
touristique au bord du Pacifique. Là où il n'y avait que du
sable, des objectifs de développement durable ont été
fixés. " Nous avons lancé le défi de transformer le
désert qui est aussi la propriété de l'Etat. Il s'agit
pourtant du cinquième plus grand désert du monde ".
Mais la ville autogérée à un autre
défi à relever. Comme nous venons de le voir
précédemment, chaque année, près de 200 000
personnes arrivent à Lima. " C'est une nouvelle ville chaque
année. Il y a presque 8 millions d'habitants à Lima pour 25
millions d'habitants au Pérou 21(*)". La dure réalité péruvienne est
qu'on naît plus souvent dans la misère, dans de vastes zones
insalubres. Les quartiers urbanisés et bien desservis des villes
occidentales ne sont que des clichés de cartes postales. Mais Villa el
Salvador sort de tous les clichés. Sous le sable du désert, il y
a sa démocratie participative.
En 1973 naît la Communauté urbaine
autogérée de Villa El Salvador 22(*)(CUAVES), organisation qui, à travers un
système de représentation territoriale et sectorielle, a
mobilisé la population autour des grands enjeux de développement
de base. Il y avait tout à faire, car tout manquait : l'eau,
l'électricité, la collecte des ordures, les moyens de transport,
etc. La CUAVES devint l'âme du développement et l'expression de la
société civile. On comptait sur la CUAVES pour le droit de
parole, la mobilisation collective et la planification urbaine : une
véritable expérience d'organisation populaire.
En juin 1983, un décret fait de Villa El Salvador un
district et des élections municipales sont organisées. Le
professeur devint le premier maire de Villa El Salvador de 1983 à 1989.
Durant cette période la tension sociale a monté
d'un cran au pays. La violence politique, faite de terrorisme et de
répression, a marqué l'histoire péruvienne. Les familles
et les jeunes ont été marqués. Villa El Salvador n'y a pas
échappé Miguel Acquêta a lui-même été
la cible de trois attentats23(*). Pourtant la communauté a toujours su
résister.
L'expérience de Villa El Salvador fait ainsi la
démonstration que « la valorisation du travail productif des
hommes, des femmes et des jeunes est la meilleure manière de sortir de
la pauvreté et de progresser ».24(*)
2. Agir ensemble : modalités
de coopération
La Municipalité de Rezé et la
Municipalité de Villa El Salvador ont signé un acte de jumelage
et de coopération en 1990, avec comme principal objectif de
réduire le déséquilibre entre pays industrialisés
et pays en voie de développement.
Sur la base de cette relation de jumelage, se sont
établis des contacts entre associations de Rezé et de Villa El
Salvador. Nous allons à présent voir quel est le cadre
institutionnel qui prévaut pour la coopération en France et au
Pérou ainsi que le cadre particulier des relations entre les deux pays,
puis plus précisément nous aborderons les modalités de
coopération propres à Villa El Salvador et Rezé.
2.1. Cadre législatif français et
péruvien de la coopération décentralisée
2.1.1. En France
Des premiers jumelages franco-allemands à la loi de
1992 qui légitime enfin la coopération
décentralisée, d'une époque de tutelle à une
décentralisation qui devient la règle : l'ouverture et
l'échange économiques et culturels comme nécessités
pour le développement local et régional priment aujourd'hui dans
les exigences françaises de la coopération
décentralisée.
La pratique des jumelages, dès les premières
années qui ont suivi la Libération, fait des communes les
pionnières de la coopération décentralisée.
Cette phase fondatrice, portée par les communes, est
suivie dans les années 70 par l'entrée en jeu des régions
à travers la coopération transfrontalière. Acteurs de la
construction européenne, les communes, les départements et les
établissements publics régionaux développent dès le
début des années 70 des relations directes avec les institutions
européennes.
La solidarité avec le Sud sert aussi de moteur à
la coopération décentralisée, relayée par la
volonté des collectivités locales de situer leur
développement dans un contexte européen et international.
Alors que la loi du 2 mars 198225(*) ne faisait mention, dans son
article 65, que de la coopération transfrontalière, la notion
d'action extérieure des collectivités territoriales a
été reconnue un an plus tard, par la circulaire du Premier
ministre du 26 mai 1983 qui créé le délégué
pour l'action extérieure des collectivités locales.
Quant à la coopération
décentralisée, elle a obtenu sa consécration
législative avec la Loi d'orientation du 6 février 1992 relative
à l'administration territoriale de la République qui entoure
cette coopération dans la limite des compétences des
collectivités locales et dans le respect des engagements internationaux
de la France, et créé la Commission nationale de la
coopération décentralisée (CNCD).
La Commission nationale de la coopération
décentralisée a été réformée par
Décret
le 9 mai 2006. Celui-ci a modifié la composition de cette commission
présidée par le premier ministre et, en son absence, par la
ministre chargée de la coopération. Avec un nombre réduit
de membres mais une composition désormais ouverte, l'objectif est de
faire de la CNCD l'instrument privilégié du dialogue entre
l'État et les collectivités locales dans le sens d'une meilleure
coordination et d'une plus grande complémentarité sur le plan
international.
2.1.2. Au Pérou
L'Agencia Peruana de Cooperaciòn International (APCI)
est l'organe principal de la coopération technique internationale, et a
la responsabilité de conduire, programmer, organiser et superviser la
coopération internationale. L'APCI26(*) agit en fonction de la politique nationale de
développement, dans le cadre des dispositions légales qui
règlent la coopération technique internationale.
Elle accomplit ses fonctions en privilégiant
l'efficience, la transparence et la concertation entre les acteurs publics et
la société civile, tant ressortissants qu'internationaux. Le
contrôle, la supervision de la Coopération Internationale et
l'utilisation correcte des ressources que reçoivent les ONG de
développement domiciliées dans le pays, est à charge du
Directeur Exécutif de l'APCI. Il est effectué en accord avec les
dispositions légales et conventionnelles qui règlent la
coopération internationale et sur la base de l'information à
laquelle se réfèrent l'article 14 du Décret
Législatif N° 719 et les articles 74 et 75.27(*)
Les priorités pour la Coopération Internationale
non remboursable que reçoit le pays se détachent de la politique
nationale de développement. Cette politique est exprimé tant dans
des documents nationaux que dans des accords internationaux auxquels le
Pérou a adhéré.
L'analyse de la Politique Nationale de Développement
permet de montrer que, bien que les documents ne présentent pas
généralement un ordre explicite de priorités, ils
partagent une vision commune en ce qui concerne les principales lignes
d'intervention pour le développement au Pérou.
Ainsi, on se rend compte en analysant ces différents
documents que le nombre et la portée des objectifs et des politiques
identifiés par chaque document diffère significativement.
Quelques documents présentent des objectifs extrêmement larges et
vagues, qui empêcheraient d'obtenir une concentration efficace de la
coopération. D'autres suggèrent de nombreuses politiques
considérablement détaillées, qui compliqueraient les
principales lignes thématiques desquelles peut s'occuper la
coopération.
À la lumière de ce diagnostic, les objectifs
exprimés dans la politique nationale de développement ont
été groupés dans quatre axes stratégiques,
décomposés dans douze objectifs qui systématisent les
secteurs où la Coopération Internationale non remboursable peut
compléter les tâches de l'État. Chacun d'eux a
été détaillé dans des objectifs spécifiques
articulés, en totalisant quatre-vingt-six objectifs spécifiques.
Un de ces objectifs est d'assurer l'accès universel
à l'eau potable, à l'assainissement et aux services et
infrastructures basiques, ce qui s'articule parfaitement avec la
thématique choisie par Villa El Salvador et Rezé comme nous
allons le voir dans le paragraphe 2.3.
2.2. La coopération décentralisée
française en Amérique Latine
D'après un recensement de la coopération
décentralisée française en Amérique Latine,
réalisé par Cités Unies en 200028(*), le profil des acteurs
français de la coopération décentralisée est
plutôt varié. Le recensement avance un total approximatif, et non
exhaustif, de 75 collectivités impliquées en Amérique
latine. Certaines maintiennent des partenariats avec différents pays et
villes en Amérique latine, d'où un total de 85 partenariats.
La motivation générale, celle qui est à
la base même de l'ouverture de ces collectivités à
l'étranger est : favoriser les échanges Nord-Sud par une relation
plus directe, du « local » au « local ».
Il s'agit de développer au sein des populations une
plus grande conscience de l'importance de l'autre (Comme c'est le cas selon
Cités unies pour Champigny-sur- Marne et Rezé).
Une des motivations le plus évoquée est l'appui
au processus de développement et de renforcement de la démocratie
en Amérique latine, et souvent dans les pays où la
démocratie est encore balbutiante (Nicaragua, Guatemala, Haïti,
Pérou).
Toujours selon l'enquête de Citées Unies, c'est
au développement politique des communautés que les
collectivités françaises souhaitent et espèrent
participer. Dans cette perspective, un des buts fixés est l'essor de la
démocratie participative. L'échange de savoir-faire et
d'expérience ainsi que le transfert de compétences semblent
être des caractéristiques très importantes dans certaines
coopérations, comme nous le verrons plus précisément dans
le cas de Villa El Salvador et Rezé.
La création de nouveaux intermédiaires est un
processus marquant de ces dernières années. Ainsi, les
régions travaillent avec des agences de coopération locales et
régionales, créées pour travailler dans la
coopération internationale. L'origine des liens établis trouve
ses racines dans différents aspects.
Souvent, il s'agit de liens anciens développés
entre deux politiques, comme peut l'illustrer la encore le cas de Rezé
et Villa El Salvador.
Les rencontres ou colloques internationaux sont
également des moments privilégiés pour la
découverte de nouvelles relations de territoire à territoire,
comme le montre l'exemple du colloque Ciudagua à Montevideo en 1988, ou
encore en 1990 à Quito.
La place des associations et des communautés
d'habitants n'est pas à négliger. Il existe également des
possibilités de partenariat passant par des coopérations
déjà existantes, et reprise par d'autres collectivités
(c'est le cas pour Rezé relayé par Nantes Métropole).
Les pays les plus concernés, ainsi que les secteurs
sont plutôt variés. Le domaine de l'eau, assainissement et voirie
continue à concerner un nombre considérable de partenariats. Ce
type de coopération suppose un niveau de technicité
élevé, et les projets comportent des aspects matériels,
mais aussi organisationnels et de formation. Il est important de remarquer
avec le cas de Rezé que même les villes plus petites s'y
intéressent désormais. L'environnement fait son apparition
à la fin des années 90, les collectivités souhaitent
intégrer de plus en plus la notion de développement durable
à leurs projets.
Un terme qui revient assez souvent dans l'enquête de
Cités Unies29(*),
quelque que soit le secteur, est celui de « démocratie
participative ». Il s'agit de trouver les moyens de faire participer la
population à tous les domaines susceptibles de favoriser l'essor de la
démocratie.
La difficulté la plus évoquée est celle
du financement des partenariats. Les collectivités qui n'arrivent pas
à avoir l'aide du MAE30(*) ont d'autant plus de mal à mettre en place
leur coopération, ne disposant que de très faibles moyens.
Par ailleurs, c'est l'instabilité politique qui
apparaît comme un handicap important ; cette instabilité engendre
la non-régularité des relations, de la communication, le
changement trop rapide d'interlocuteurs. Tout cela ne peut être que
mauvais pour le renforcement des liens et de la coopération. Par
ailleurs, les mandats politiques latino-américains sont bien plus courts
(4 ou 5 ans) que les mandats français ; ce renouvellement
fréquent des équipes est la conséquence de cette courte
durée des mandats.
En conclusion pour Cités Unies : « Pour
trouver des solutions à certains obstacles, il faut déjà
les connaître. Ensuite, essayer de réfléchir ensemble, avec
les collectivités travaillant sur les mêmes pays ou les
mêmes thématiques, ainsi qu'avec les partenaires techniques et
financiers ».
L'enjeu est ainsi de surmonter ensemble les difficultés
rencontrées, ce que nous allons constater à présent en
étudiant plus précisément les modalités de
coopération entre Rezé et Villa El Salvador.
2.3. Modalités de coopération initiale de
Rezé et Villa El Salvador
Les maires de 1986, l'époque des premiers
rapprochements, Jacques Floch de Rezé et Michel Ascueta de Villa El
Salvador, ont décidé de proposer à leurs conseils
municipaux de signer un protocole de jumelage-coopération en 1991.
« Notre relation avec Villa El Salvador est
née en 1986. Rezé voulait alors valoriser l'action des villes de
banlieue. L'eau fut notre premier chantier » raconte Gilles
Retière, maire de Rezé, vice-président de Nantes
Métropole en charge de l'urbanisme et de l'habitat31(*).
« Notre deuxième axe fut l'habitat.
Rezé a garanti des emprunts et fourni un apport de compétences en
ingénierie pour que les gens de Villa El Salvador érigent leurs
maisons. Cette opération fut citée en modèle à
l'ONU lors de la conférence sur l'habitat de 1995. Par ailleurs, nous
avons formé des animateurs socioculturels avec le concours de l'ARPEJ,
association rezéenne. »32(*) Aujourd'hui, la majorité de ces jeunes a
des responsabilités municipales, électives ou administratives.
« Enfin, avec Amstelveen, près
d'Amsterdam, et Santa Coloma, près de Barcelone, nous avons
travaillé sur un réseau d'eau recyclée pour permettre le
verdissement de la ville »33(*).
« De nombreuses coopérations se tissent
avec des villes d'Europe et d'Afrique, mais, il y a aussi
énormément à faire avec les Latino-
Américains. »
Il s'avère très important pour Rezé et
Villa El Salvador d'institutionnaliser régulièrement leurs
relations de jumelage et de coopération. C'est-à-dire, faire en
sorte que s'établissent des relations de coopération entre les
deux municipalités.
Cette volonté fut exprimée formellement par
Monsieur André MARTI, Conseiller municipal délégué
à la coopération à la municipalité de Rezé,
ainsi que par Mesdames Carol Narbey et Marie Isabelle YAPO lors d'une entrevue
avec le nouveau maire élu récemment, Jaime ZEA, à
l'occasion de leur visite à Villa El Salvador en décembre 2002.
Cette volonté partagée par Monsieur Jaime ZEA fut ratifié
par Monsieur Gilles RETIERE, Maire de Rezé.
Ainsi, d'après l'acte d'engagement qui en a
découlé34(*), il résulte de cette volonté les
objectifs suivants pour les prochaines années :
-réaliser un travail en direction de la jeunesse de
Villa El Salvador ;
-appuyer la promotion des femmes ;
-assurer un appui technique de la part de Rezé pour le
renforcement institutionnel de la Municipalité de Villa El
Salvador ;
-Développer un programme d'échange
d'expériences entre les deux municipalités dans les domaines
suivants :
-renforcement de la bonne gouvernance locale,
-gestion administrative,
-planification urbaine et habitat,
-démocratie participative,
-espaces verts et réseaux d'arrosages
Dans le domaine de l'eau et l'assainissement, un appui
logistique et financier a été apporté pour l'extension
d'un réseau d'adduction d'eau potable et d'assainissement dans un
quartier de Villa El Salvador. Rezé a financé cette action par un
prélèvement opéré sur les factures d'eau des
usagers du syndicat d'alimentation en eau de Rezé, Bouguenais, la
Montagne, les Sorinières, préfigurant en cela la loi du 9
février 2005 (loi Oudin).
De 1989 à 1996, un programme de densification de
l'habitat a permis à plusieurs centaines de familles d'agrandir leur
habitation en hauteur afin de mieux maîtriser l'espace foncier. La
conception, le suivi et le montage financier ont été
assurés par la Ville de Rezé, des partenaires institutionnels,
des ONG et une banque péruvienne. Ce programme a eu un grand
retentissement au Pérou, au point que le gouvernement péruvien le
présente comme projet pilote lors de l'assemblée de l'ONU
"HABITAT II" en 1995 à Istanbul.
Dans le domaine de la jeunesse, différents programmes
se sont succédés avec les associations locales péruviennes
(Casa Alternativa Joven, Arenan y Esteras et
Quipus35(*)) en
vue du développement d'un centre de communication, de la mise en place
d'une bibliothèque, de la formation d'animateurs, de la construction
d'un bâtiment avec de jeunes Rezéens, d'un travail avec des
associations autour des problématiques de la jeunesse.
Ces programmes ont conduit à l'échange de
compétences et de savoir-faire entre les responsables des associations
de Villa El Salvador et l'Arpej (Association rezéenne pour les loisirs
de l'enfance et la jeunesse). Depuis 2003, à la demande de la ville de
Villa El Salvador, confrontée à une problématique de
désoeuvrement et de chômage de sa jeunesse, exacerbée par
des facteurs de drogue, de violence, etc...., la Ville de Rezé
coopère à l'équipement de cinq " maisons de
jeunes " et à la formation des animateurs dans différents
quartiers de la ville. L'Arpej assure la formation des animateurs
péruviens par l'organisation de stages au Pérou ou à
Rezé.
En 2007, deux projets sont en cours : Villa verde et
la 5e maison des jeunes. En ce qui concerne les projets pour l'année
2008, nous ne pourrons ici pas en parler ceux-ci n'ayant pas encore
été abordés par le conseil municipal de
Rezé36(*).
Cependant, le projet Villa Verde est actuellement toujours en
cours.
Après avoir contextualisé la naissance de
Villa El Salvador et étudié les relations de coopération
entre Rezé et Villa El Salvador, de l'échelle municipale à
transnationale, nous allons maintenant aborder dans une seconde partie la
stratégie du développement de l'accès à l'eau et
à l'assainissement comme axe de coopération.
2ème partie :
Nécessité et stratégie du développement de
l'accès à l'eau et à l'assainissement comme axe de
coopération
1. Une ville posée sur un
désert : la problématique de l'eau à Villa El
Salvador
Comme nous l'avons vu dans notre première partie, Villa
El Salvador est une périphérie urbaine de Lima, capitale du
Pérou, située dans le désert côtier brumeux de la
façade du Pacifique de l'Amérique du Sud à une latitude de
11°S. Or, avec une superficie de 2 664,67 km², Lima est
considérée comme étant la ville la plus étendue sur
un désert, avant
Le Caire. Dans ces
conditions de site et de situation extrêmement prégnantes, tout
travail de recherche en développement ayant trait à la question
de l'accès à l'eau doit au préalable se baser sur une
étude géomorphologique et climatique de la zone afin de mettre en
exergue les ressources en présence, les risques et les enjeux d'un
développement humain, en particulier pour ce qui se rattache à la
ressource vitale qu'est l'eau potable.
1.1. Un site aux conditions
géomorphologiques et climatiques significatives de l'aridité
-Données
climatiques
Le désert péruano-chilien sur lequel est
implanté la ville, est caractérisé par la présence
quasi permanente d'une couverture nébuleuse de stratocumulus,
formée lorsque les couches inférieures de l'atmosphère se
rafraîchissent au contact des eaux froides du Pacifique. La
température de l'océan le long de la côte, du Chili au
Pérou, subit la puissante influence du courant froid de
Humboldt37(*) et de la
remontée vers la surface des eaux plus froides des profondeurs. En
conséquence de ces phénomènes, le climat de Lima est plus
frais que celui de villes sises à la même latitude et à la
même altitude dans d'autres parties du monde. Son régime
pluviométrique est également l'un des plus faibles du continent
(environ 10 mm par an).
Ces données climatiques sont caractéristiques de
l'aridité, définie comme une « situation
résultant du manque d'eau par suite de l'insuffisance des
précipitations »38(*). En effet, même si la ville est souvent
baignée par la brume, qui crée une condensation non
négligeable, la notion d'humidité est très
différente de celle d'apport en eau dans le cas du désert
côtier aride liméen.
-Etude
géologique
Les particularités géologiques propres au site
entraînent à Villa El Salvador des risques importants
d'érosion et de friabilité des falaises ou des pentes, notamment
dans les « cerros », nom donné aux reliefs
collinaires où se situe la ville. De plus Villa est située dans
la zone d'affrontement des plaques tectoniques du pacifique et de
l'Amérique du Sud donc en zone sismique forte. Ces facteurs de risques
jouent un rôle prépondérant au coeur de la
problématique de croissance urbaine de la ville.
Les études géologiques et géo
environnementales sont donc aujourd'hui par leurs particularités, plus
que nécessaires à la planification du développement et en particulier de l'accès à l'eau.
1.2. Croissance démographique et évolution de la
demande face au déficit des ressources
-L'aquifère
La zone aquifère de Lima couvre 390 km2, y
compris les bassins alluviaux inférieurs du Rímac et du
Chillón et les dépôts côtiers connexes. Le pompage
excessif a fait en sorte que les niveaux de l'eau dans la plupart des puits ont
chuté de 1 à 2 m/an. Un certain nombre de puits près de la
côte ont dû être condamnés à cause de la
salinité élevée ; d'autres, plus loin dans les terres, ont
cessé de produire. Afin de compenser la diminution de l'eau disponible,
de nouveaux puits ont dû être forés et les taux de pompage
ont augmenté dans un certain nombre de puits existants. Entre 1969 et
1985, les niveaux de l'eau souterraine dans la zone côtière ont
chuté d'au moins 10 m et jusqu'à 30 ou 40 m dans la plaine
élevée près des contreforts39(*).
Parmi les problèmes opérationnels qu'implique
l'exploitation de l'eau de l'aquifère de Lima (Binnie and Partners,
1987), mentionnons que :
· Les coûts de pompage ont augmenté du fait
de la chute des rendements des puits ;
· Les puits sont taris ou sont en cours de tarissement,
même si le forage atteint la roche de fond ;
· La salinité de l'eau souterraine augmente
près de la côte à cause de la chute des niveaux de l'eau,
et de l'intrusion d'eaux saumâtres du Pacifique.
· Les pompes sont trop grandes pour les rendements
actuels (ou le sont devenues), ainsi leur coût d'exploitation est plus
élevé qu'il serait nécessaire ;
· Les niveaux dynamiques de l'eau ont chuté en
dessous de la limite supérieure des tubages des puits filtrants, ce qui
occasionne un encroûtement de ces tubages et réduit ainsi le
rendement des puits.
Le taux de renouvellement de l'aquifère est
considérablement inférieur au rythme auquel l'eau est en train
d'être prélevée."Nous sommes la seule ville en
Amérique du Sud avec tellement peu de réserve, moins d'une
année d'approvisionnement. Nous sommes très
vulnérables", indique Carlos Silvestri, l'ex-président de la
compagnie des eaux de la ville, la SEDAPAL40(*).
Il ne se produit presque plus de recharge directe, que ce soit
du fait de la pluie ou du ruissellement local et ce, à cause du faible
régime pluviométrique dans la région de Lima (10 mm/an) et
du type de précipitations dont il s'agit (bruine et rosée). Le
ruissellement le long des pentes, qui entourent la ville, et l'infiltration
dans les contreforts et dans les formations locales en éventail sont
extrêmement rares.
Plusieurs de ces sources de réalimentation sont
actuellement menacées par la croissance urbaine. Nombre de fermes et de
parcs irrigués dans les environs de la ville ont été
déplacés. Si la tendance actuelle se poursuit, la recharge
à partir de ces sources pourrait être réduite de
moitié au cours des 20 prochaines années. La ville est
également en train d'empiéter sur les lits de cours d'eau
où a lieu une appréciable proportion de l'infiltration. Par
exemple, une nouvelle route est en train d'être construite le long du
Rímac, ce qui rendra imperméables plusieurs dizaines d'hectares
de la surface de la vallée.
Actuellement, le solde hydrologique de l'aquifère est
négatif ; au moins 1 m3/seconde de plus est
prélevé ou est perdu au profit de la mer en raison de
l'écoulement souterrain . Le taux d'extraction n'a pas été
réduit en dépit de la diminution du volume de recharge. À
mesure que les niveaux de l'eau continuent à baisser et que l'intrusion
saline se poursuit, les coûts du pompage vont augmenter et de nombreux
puits plus anciens deviendront secs ou salins.
Concernant un aspect positif, un projet est actuellement en
cours en vue d'injecter artificiellement de l'eau dans l'aquifère pour
rétablir l'équilibre.
-Sources de surface
L'eau de surface répond à 55 % des besoins
urbains dans la région de Lima. Cependant, le régime des sources
de surface est fortement tributaire de l'aspect temporel, les régimes
des rivières étant caractérisés par leur
irrégularité ; présentant de courtes périodes
d'abondances (3 à 5 mois), suivies par des périodes
d'étiage de 7 à 9 mois. Sur des périodes plus
brèves, les rivières peuvent également accuser des
périodes de sécheresse pouvant s'éterniser dans le pire
des cas à plus de deux années consécutives. Il faut donc
également tenir compte de ces irrégularités de
régime dans la gestion des ressources en eau.
Le risque de contamination, tant de l'eau de surface que
souterraine, représente un problème croissant. L'activité
humaine dans le bassin moyen et supérieur du Rímac41(*) a des incidences sur la
qualité de l'eau. Toutes les eaux usées provenant des
collectivités et des villes situées en amont de Lima finissent
dans le cours d'eau.
De plus, les effluents des mines et de l'industrie sont aussi
déversés dans la rivière et la pollution du cours d'eau
s'amplifie à cause de l'absence de contrôles sur la manière
de disposer des déchets. Par conséquent, la concentration des
métaux lourds et d'autres substances toxiques constitue
déjà un danger potentiel pour l'approvisionnement en eau de la
ville. L'aquifère de Lima est également menacé. Les
alluvions sont perméables sur toute leur profondeur et des
déchets dangereux pourraient s'infiltrer dans les réservoirs
souterrains.
1.3. Les
« asentamientos humanos » : marqueurs des
inégalités
« La situation d'accès à l'eau et
à l'assainissement dans le pays continue à être une
barrière fondamentale à la réduction de la pauvreté
et des inégalités, même si les chiffres officiels indiquent
une couverture intégrale » (Agence Canadienne pour le
Développement International).
Comme nous l'avons vu dans l'étude de la croissance
urbaine liméenne, les « asentamientos
humanos » sont des espaces de promiscuité, de grande
pauvreté et qui manquent cruellement d'infrastructures pour leur
développement. Cependant, nous sommes venus à la conclusion que
dans ces espaces le manque d'eau potable et d'assainissement pouvait
également être un facteur aggravant des inégalités
sociales. En effet, les « asentamientos
humanos » ne bénéficient pas des mêmes
conditions d'accès à l'eau. Tout d'abord, d'un point de vue
financier, l'eau potable est parfois payée jusqu'à 10 fois plus
cher dans les périphéries que dans les quartiers à fort
pouvoir d'achat du centre comme Miraflores ou Surco. De plus, la qualité
de cette eau est bien moindre puisqu'elle est tributaire bien souvent d'un
réseau de camions citernes qui ne respecte guère en pratique les
contrôles d'hygiène imposés pour le nettoiement des
cuves42(*).
De même, la situation à risque des asentamientos
humanos dans des lieux ne bénéficiant pas d'un système de
voierie adéquat et parfois même perchés à flanc de
cerros, implique un difficile acheminement de la ressource, donc un temps et
des efforts précieux nécessaires qui occupent une place
importante dans le quotidien des habitants.
Enfin, la faible qualité de l'eau et le manque de
services d'hygiène spécifiques sont responsables de taux de
maladies importants, stigmates des pays du sud comme le choléra. A la
fois cause et conséquence des inégalités, la recherche en
eau est donc un enjeu crucial dans la lutte contre la pauvreté
lancée par l'Etat péruvien.
1.4. Enjeu politique : la
problématique du manque de concertation intra-sectorielle
Durant la décennie 90, le Pérou a
appliqué un programme d'ajustement structurel basé sur la
croissance macroéconomique et la compensation sociale, orientée
vers la stabilité du pays.
Cependant, malgré certaines améliorations
ciblées, les problèmes de la pauvreté, du manque d'emplois
et du chômage persistent. Avec la mise en place du nouveau régime,
l'agenda du pays aborde entre autre dans ses thèmes d'attentions
prioritaires la lutte contre la pauvreté, la décentralisation, la
génération d'emplois de qualité et le renforcement des
institutions.
Dans ce cadre, les secteurs de l'accès à l'eau
et à l'assainissement peuvent être des clefs de lutte contre la
pauvreté et de consolidation du processus de décentralisation,
avec la participation des municipalités des districts et des
municipalités provinciales dans l'organisation et l'application auto
soutenue de ces services.
Face à la lenteur et à l'ingérence du
système politique, d'autres acteurs tentent aujourd'hui d'apporter des
solutions au problème de l'eau et de l'assainissement liméen.
Il s'agit sur le terrain des Organisations Non
Gouvernementales, quelles soient nationales ou internationales, ainsi que de
l'action de certaines municipalités locales comme Villa El Salvador qui
devant l'ingérence étatique décident de prendre les
devants de l'action de développement, et enfin, à une
échelle encore plus grande, de l'action de comités de quartiers,
rassemblant des riverains des quartiers spontanés dans une
démarche d'aménagement participatif du territoire.
Notre travail de recherche nous a très vite permis de
comprendre qu'il était difficile de concilier les attentes et les modes
d'opération de chacun de ces acteurs. Ces mésententes sont
souvent liées du coté des ONG à un refus en bloc de toute
action étatique car celle-ci serait assimilée à
l'acceptation du gouvernement d'Alan Garcia, toujours responsable dans les
esprits de la grave crise économique qui a touché le Pérou
à la fin des années 80.
D'autre part, les municipalités locales et les
comités de quartiers à l'origine de projets de
développement appartiennent majoritairement à une population de
migrants, responsable historiquement des invasions des années 70 et 80,
et par la même ne recevant à la base aucune
légitimité de la part de la Municipalité liméenne.
Dans cette optique, ces groupes ont lancés des projets extrêmement
locaux de développement, comme ce fut le cas à Villa El Salvador,
dans le cône sud de Lima, qui ont souvent connus de très bons
résultats puisque réalisés en concertation et avec l'aide
de la population.
Enfin, il faut relever que toutes les concurrences ne sont pas
originaires des oppositions formulées à l'encontre de l'Etat ou
de sa politiques. Il existe aussi de manière pernicieuse et sous forme
de non-dit, un certain rapport concurrentiel avec les techniques de
développement sur le terrain entre les différentes ONG ou au
travers des entreprises privées lors des offres de projets, afin de
gagner les subventions qui leur seront nécessaires. Ce rapport est
évidement légitime dans le cadre d'un effort de
rentabilité et de fonctionnalité technique, cependant il est
souvent ici faussé à cause de la corruption du système
décisionnel péruvien, encore bien trop souvent à la main
de quelques puissants et des entreprises dont ils sont actionnaires.
Un effort de concertation et d'échange des
connaissances et des données techniques est aujourd'hui
nécessaire à la réalisation des projets de
développement sur le terrain.
La croissance continue de la ville de Lima et le manque de
ressources financières pour mettre en oeuvre des mesures de
contrôle environnemental contribuent à la dégradation de la
qualité de l'eau. La ville est en croissance
accélérée et les ressources en eau sont fragiles et
restreintes43(*). Si la
croissance actuelle se poursuit, Lima aura une population de plus de 10
millions d'habitants d'ici à l'an 2000 et de près de 15 millions
d'ici à 2010. Alors, le Rímac et le Chillón, ainsi que
l'aquifère, ne seront plus en mesure de répondre aux besoins
domestiques, industriels et environnementaux de la région urbaine.
Il est difficile de trouver d'autres sources d'eau. Les
meilleures options sont probablement dans la région montagneuse, surtout
au-delà de la ligne de partage des eaux, dans les cours
supérieurs des tributaires de l'Amazone. Toutefois, tout projet qui
aurait pour but d'acheminer de l'eau sur de telles distances et à partir
de lieux aussi inaccessibles sera extrêmement coûteux, de l'ordre
de plusieurs centaines de millions de dollars.
La dette nationale du Pérou est importante et sa
côte de crédit est faible dans le système financier
international. Le niveau d'investissements requis pour exploiter de nouvelles
sources d'eau n'est sans doute pas réalisable dans un avenir
prévisible. Par conséquent, la solution immédiate au
problème doit comporter une meilleure gestion et la protection des
bassins du Rímac et du Chillón ainsi que de l'aquifère de
Lima, la réutilisation des eaux usées (du moins aux fins de
l'irrigation et de l'industrie) et un effort de rénovation du
réseau de distribution pour limiter les pertes d'eau. C'est d'un tel
projet d'assainissement qu'il est question avec Villa verde, comme
nous allons le détailler plus amplement par la suite.
La solution définitive consisterait à
réévaluer le potentiel environnemental de croissance de la ville
de Lima en l'intégrant dans une politique nationale démographique
et économique. Le milieu ambiant est fragile et il y a une limite au
degré d'urbanisation qui serait supportable. Il y a déjà
longtemps que cette limite a été dépassée. La
plaine côtière ne peut pas supporter une population de 7 millions
d'habitants (encore moins une population de 10 millions comme l'indiquent les
projections pour la prochaine décennie) sans subir des effets
préjudiciables irréversibles. Cependant, aujourd'hui il est plus
raisonnable de se baser sur une trame de projets de développement des
infrastructures au niveau local pour faire face à l'urgence sans
aggraver les processus actuels de dégradation de la qualité de
l'eau.
2. Une stratégie concertée
d'accès à l'eau en trois temps
Dès le démarrage des relations entre Rezé
et Villa El Salvador, plusieurs actions ont été entreprises avec
de nombreux partenaires (programme de densification de l'habitat, actions dans
le domaine de la jeunesse, de l'eau).
Dans le domaine de l'eau et de l'assainissement, un appui
logistique et financier a été apporté pour l'extension
d'un réseau d'adduction d'eau potable et d'assainissement d'un quartier.
Rezé a financé cette action sur un prélèvement
opéré sur les factures d'eau des usagers du syndicat
d'alimentation en eau de Rezé, Bouguenais, la Montagne; Les
Sorinières, préfigurant ainsi les modalités de la Loi du 9
février 2006 (Loi Oudin).
En 2004, à l'initiative de la Ville de Rezé,
trois villes européennes se sont réunies à Villa El
Salvador pour donner de la cohérence à leurs projets dans le
cadre d'une démarche de développement durable. Elles ont pu
étudier les modalités d'un projet conjoint portant sur la
récupération des eaux "recyclées" et l'installation de
canalisations pour irriguer les espaces verts de Villa El Salvador.
L'objectif du projet soutenu par la commune de Rezé est
d'accompagner la municipalité de Villa El Salvador dans le renforcement
de la salubrité, l'hygiène et la santé publique,
conformément aux recommandations de l'Organisation Mondiale de la
Santé (OMS). Concrètement, il s'agit d'arborer les dix avenues
principales de la ville, d'utiliser les eaux résiduelles
retraitées pour l'arrosage des espaces verts, et de sensibiliser les
populations afin de réduire la pollution de l'environnement.
Ce projet qui a débuté en 2006 se déroule
en deux étapes sur trois ans.
La première étape a
été mise en place et s'est traduit par la construction de la
station de pompage, l'installation de la conduite et du système
d'arrosage ainsi que l'arborisation de l'avenue M. P. Séville.
Pour
la réalisation du projet, la commune de Villa El Salvador, en accord
avec ses partenaires, a engagé une entreprise privée
spécialisée qui doit, en contrepartie, faire appel à une
main d'oeuvre locale non qualifiée.
Nantes métropole délègue des
techniciens de la Direction de l'eau en lien avec des techniciens des espaces
verts pour finaliser et expertiser le projet.
2.1. Quand les usagers du nord financent l'accès
à l'eau au sud44(*)
Dans les communes de l'agglomération nantaise,
0,5 % de la facture d'eau des citoyens est prélevé pour
l'aide aux populations du Sud.
La commune de Rezé possède un savoir-faire en
matière de gestion de l'eau puisqu'en France, cette compétence
est du ressort des municipalités. La première réalisation
du projet de coopération entre Rezé et Villa El Salvador a
été l'alimentation en eau potable de plusieurs quartiers de Villa
El Salvador. "Pour la financer, nous avons prélevé sur la facture
des habitants de Rezé deux centimes de francs par mètre cube
d'eau consommée", se souvient Caroline Narbey, responsable de la
coopération à Rezé45(*). Cela fut voté au conseil municipal."
Les usagers du Nord finançant directement
l'accès à l'eau des usagers du Sud ? Cette idée
novatrice, promue par les ministres de l'Environnement européens
dès les années 1980, vise à accroître la
coopération européenne dans le domaine de l'eau.
Sensibilisées par le programme Solidarité Eau né dans la
foulée46(*),
plusieurs collectivités locales y trouvent des moyens d'actions de
coopération sans susciter l'opposition des usagers, tant les sommes
individuelles prélevées sont minimes. Rezé mais aussi
Lille ou encore le Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif) se mobilisent
alors.
Mais ces opérations se déroulent dans un flou
juridique. La loi de 1992 sur la coopération décentralisée
autorise les collectivités territoriales à financer des actions
de coopération internationale à partir de leur budget
général, mais non avec les fonds dits annexes, tels ceux
alimentés par la facture d'eau, qui ne peuvent servir qu'à des
actions sur le territoire. Pourtant, les collectivités maintiennent
leurs coopérations, à l'image du Sedif47(*), organisme pionnier de la
coopération décentralisée liée à l'eau qui,
flirtant avec l'illégalité, veille à ne pas trop attirer
l'attention sur ses projets...
Ce problème juridique a été résolu
en février 2005 avec la loi Oudin48(*), présentée à l'Assemblée
nationale par André Santini, président du Sedif. Ce texte
autorise les communes, mais aussi les syndicats et les agences de l'eau,
à consacrer jusqu'à 1 % de leurs ressources eau et
assainissement à des actions de coopération
décentralisée. A Nantes Métropole, on s'en réjouit.
Créée en 2001, la communauté des 24 communes de
l'agglomération nantaise gère désormais les services de
l'eau et de l'assainissement et donc, les projets de coopération dans ce
domaine.
Nantes Métropole participe ainsi à la mise en
oeuvre des Objectifs du millénaire pour le développement de
l'ONU, dont l'un vise à réduire de moitié le nombre de
personnes n'ayant pas accès à l'eau potable dans le monde d'ici
2015. "Nous avons voté un budget pour la solidarité liée
à l'eau alimenté par un prélèvement de 0,5 %
sur la facture d'eau", explique Camille Durand, premier vice-président
de Nantes Métropole. Pourquoi pas 1 %, comme l'autorise la
loi ? "49(*)Il y a eu
débat, certains élus ne voulaient pas augmenter le prix de
l'eau." Alors que Nantes Métropole venait d'harmoniser le prix de l'eau
de ses 24 communes, alourdissant la facture de certains usagers, une nouvelle
augmentation aurait pu être électoralement risquée... Les
0,5 % sont donc prélevés sur les économies
générées par des gains de productivité.
Résultat ? Un prix de l'eau stable et 300 000 euros
dégagés, soit presque la moitié du budget de
coopération de Nantes Métropole et le troisième budget de
solidarité internationale pour l'eau des communautés de communes
françaises, après Paris et le Grand Lyon.
Un montant néanmoins insignifiant face à
l'ampleur des défis: pour que 2 000 ruraux bénéficient
d'un système d'adduction d'eau au Sud, il faut débourser 120 000
euros... Mais pour Pierre-Marie Grondin, directeur du programme
Solidarité Eau, la coopération décentralisée est
tout sauf dérisoire. "La loi Oudin mobilise aujourd'hui 8 millions
d'euros. Si elle était mise en oeuvre partout à hauteur de
1 %, on atteindrait environ 100 millions. En comparaison, l'aide
bilatérale de l'Etat dans le domaine de l'eau et de l'assainissement
n'est "que" de 165 millions d'euros....".
Sur le terrain, l'action de Nantes Métropole a un
impact certain. Au Sénégal, un équipement hydraulique
alimente en eau potable 25 000 habitants en zone rurale. La collaboration avec
Villa El Salvador, elle, se poursuit avec la création d'espaces verts
qui réutilisent des eaux usées pour l'irrigation de milliers
d'arbres, contribuant ainsi à la dépollution et à
l'amélioration de la santé des habitants50(*).
2.2. 2004 : Plus de partenariats pour plus de moyens
En
juillet 2004, à l'initiative de Rezé, Amstelveen, près
d'Amsterdam, et Santa Coloma, près de Barcelone, se sont réunie
avec Rezé à Villa El Salvador pour mener une coopération
conjointe. Ces trois villes européennes ont ainsi souhaité donner
de la cohérence à leurs projets dans le cadre d'un
développement durable en appuyant un programme commun. Elles ont pu
étudier les modalités d'un projet conjoint portant sur la
récupération des eaux « recyclées » et
l'installation de canalisations pour irriguer les futurs espaces verts de Villa
El Salvador.
Le conseil communautaire de Nantes
Métropole, dans sa séance du 14 octobre 2005, a
décidé de créer un « fonds solidarité eau
assainissement », alimenté comme nous venons de le voir sur les
ressources des directions de l'eau et de l'assainissement, et dont l'usage est
à destination des villes de Nantes Métropole assurant
déjà des actions de coopération
décentralisée.
Dans le cadre de la coopération
décentralisée avec Villa El Salvador au Pérou, la ville de
Rezé et Nantes Métropole ont donc décidé de
s'associer pour mutualiser leurs moyens et mettre en oeuvre un programme
pluriannuel d'arrosage des espaces verts, intitulé « Villa Verde
».
Une convention qui définit les conditions
d'exécution et les modalités financières dans lesquelles
la Direction de l'eau de Nantes Métropole participera au projet "Villa
Verde", pour la seconde tranche est soumise à l'approbation du Conseil
Municipal.
La convention précise les participations de Nantes
Métropole à hauteur de 50 000 € et de la ville de
Rezé, à hauteur de 15 000 € pour la seconde tranche du
projet.
Cette convention a été adoptée à
l'unanimité51(*).
2.3. Gestion de projet : Quelle gouvernance de l'eau
pour les infrastructures créées ?
Mais à côté de ces coopérations
réussies, d'autres projets n'évitent pas les écueils. Au
Mali, par exemple, un projet, au budget quinze fois supérieur à
celui de la commune partenaire, qui se trouve incapable de l'absorber, a
échoué52(*).
En Guinée, des pompes à eau sont ainsi laissées à
l'abandon.
Pour qu'une coopération se pérennise, il semble
donc qu'il faille sortir d'une vision purement technique et matérielle,
miser sur le renforcement des capacités locales et la
professionnalisation des gestionnaires de l'eau sur place.
A Nantes Métropole, chaque projet est accompagné
de sessions de formation: des techniciens et ingénieurs sont
envoyés sur place. Villa El Salvador a ainsi accueilli un technicien des
espaces verts de Rezé pour aider ses homologues à maîtriser
l'arrosage au goutte à goutte. Des stages sont aussi organisés en
France.
Mais le renforcement des capacités locales va bien
au-delà. L'Institut des métiers de la ville, centre de ressources
pour le développement urbain créé au Cameroun dans le
cadre d'une coopération avec Nantes, par exemple forme élus et
techniciens locaux à la maîtrise d'ouvrage et à l'analyse
globale d'un projet urbain.
L'idée est de permettre aux municipalités de
penser « planification urbaine » pour mettre en place les
capacités de développement.
"Au Sud, les besoins sont tels que les élus parent
souvent au plus pressé, or il faut hiérarchiser les
priorités, ne pas se limiter à l'investissement mais penser
fonctionnement, entretien et comptes d'exploitation", constate Daniel Prin,
chef du service coopération décentralisée de Nantes
Métropole53(*). Une
révolution des pratiques et des mentalités pour les usagers du
Sud, parfois enclins au gaspillage ou rétifs à l'idée de
payer un service de l'eau.
La question de la gouvernance de l'eau est donc au coeur de
ces enjeux de coopération cruciale pour la réussite des projets.
Le cas de Rezé et Vila El Salvador, fort de ces expériences
évolutives parallèlement aux lois de coopération
décentralisée (dont l'amélioration va sans cesse vers une
plus grande responsabilité des municipalité en matière de
développement depuis une dizaine d'années), en est ici donc un
exemple fortement positif.
Au cours de cette seconde partie nous avons ainsi vu
comment face au problème majeur de l'accès à l'eau et
à l'assainissement, les deux municipalités ont su tirer parti de
la coopération décentralisée pour mettre en oeuvre des
projets de développement. Il convient à présent de tirer
un bilan de cette coopération par une conclusion sur les gains
décisionnels et structuraux acquis au cours de 20 ans de
partenariat.
Conclusion : Bilan des apports de la
coopération : quels gains de réciprocité pour les
deux communes ?
Au cours de notre recherche pour parvenir à la
rédaction de ce mini-mémoire, il a souvent été
question par des témoignages ou des articles, d'une
réciprocité de coopération entre Villa El Salvador et
Rezé. Nous avons donc souhaité en guise de conclusion de cette
étude de cas concret, faire le bilan des apports de la
coopération entre les deux villes en termes de
réciprocité.
Cependant, au terme de cette étude, il apparaît
difficile de parler de réciprocité dans le seul cadre du
développement de l'accès à l'eau ou à
l'assainissement. En effet, aucune action visant le développement de
l'accès à l'eau ou à l'assainissement n'a
été à l'ordre du jour pour la seule commune de Rezé
ou même pour Nantes Métropole. Les échanges ont
existé certes en termes d'apport pour les deux communes mais pas sur la
thématique propre que nous avions initialement choisie pour
l'élaboration de ce mini-mémoire. Ainsi, en termes de bilan, les
rapports de coopération se sont à la fois consolidés et
diversifiés entre Rezé et Villa El Salvador. Comme nous l'avons
vu, il s'agit d'une coopération technique et financière au
départ classique, où cependant la ville de Rezé n'est pas
l'acteur principal mais assume un rôle de bailleur de fonds et
d'accompagnateur.
Cette coopération a évolué pour
répondre de plus en plus à des préoccupations sociales.
Les projets sont le fruit d'une longue concertation et d'une préparation
très poussée. Ils émanent d'une demande locale bien
précise et sont conçus pour permettre aux acteurs locaux de
devenir autonomes.
Le besoin de suivi, mal soupesé au départ, tout
comme une contractualisation formelle des liens, est néanmoins fortement
ressenti pour garantir la réussite des projets. La présence d'un
coopérant français permet d'assurer un lien plus suivi
malgré la distance. Celle-ci est en effet un handicap dans la
coopération avec l'Amérique latine car elle engendre un
coût important et un problème de communication.
Comme nous l'avons compris, notamment par les
témoignages des autorités de Villa El Salvador, c'est par
ailleurs une coopération délicate dans le contexte politique
péruvien des années 1980 et 1990, entre la violence du Sentier
lumineux et l'autoritarisme d'un gouvernement soucieux de privatiser chaque
maillon de l'économie, tolérant mal les initiatives populaires et
associatives.
Le comité VES54(*) de Rezé a été de plus en plus
impliqué dans le projet, établissant des liens moins formels,
basés sur la confiance et l'amitié, entre les deux populations.
Les contacts se font au travers du journal municipal, de fêtes,
d'échanges scolaires, et des liens se créent de personne à
personne.
Mais cependant l'international n'est guère au coeur des
préoccupations majeures des habitants, même si au travers de ces
courts échanges, il y a une plus grande ouverture sur d'autres cultures
et d'autres modes de vie. Le dernier projet55(*), par exemple, était plus facilement abordable
car les problèmes rencontrés par les jeunes Péruviens sont
proches de ceux des jeunes Français (drogue, scolarité,
emploi...). Néanmoins en ce qui concerne l'accès à l'eau
et à l'assainissement, il est clairement difficile de mettre sur un pied
d'égalité deux métropoles du Sud et du Nord et impossible
de corréler leurs besoins actuels respectifs.
Ainsi, ce qu'on reçoit n'est pas de même nature
que ce que l'on apporte. Les liens créés entre les deux
populations contribuent à nourrir le tissu social de Rezé, et le
dynamisme des habitants de Villa El Salvador offre un exemple idéal de
mobilisation et de solidarité pouvant inspirer le développement
local en France; exemple cependant difficilement reproductible à
Rezé, où les services ont une longue existence56(*). Il est intéressant de
noter les effets de cette élaboration des services à Villa El
Salvador qui, au fur et à mesure qu'ils se mettent en place, peuvent en
venir à démobiliser une population qui se replie sur
elle-même. D'un autre côté, l'absence de suivi et de
professionnalisme techniques rigoureux dans le premier projet en a
limité le succès. Cette recherche d'un équilibre de part
et d'autre constitue peut-être bien un enjeu commun.
Le cas extrêmement positif de la coopération
décentralisée initiée entre Villa El Salvador et
Rezé n'est pas une exception mais pourtant des actions comme celle la
sont encore trop peu valorisées.
Atteindre les objectifs du millénaire sur l'eau,
nécessiterait un investissement de 180 milliards de dollars par an. La
coopération décentralisée peut-elle changer la
donne ? Non, au regard des faibles budgets mobilisés aujourd'hui
par les collectivités locales. Oui, pourtant, au regard de leurs
compétences techniques et administratives. Fortes de leurs bilans, elles
font pression sur les Etats du Nord pour qu'ils mettent la main au
portefeuille. Sans grand succès jusqu'à présent. Mais au
moins, lors du Forum mondial de l'eau, à Mexico57(*), les villes et gouvernements
locaux se sont-ils vu reconnaître par les gouvernements centraux comme
des acteurs incontournables.
De même, la loi Thiollière de
2007, qui conforte et élargit la loi de 1992, a fait de
l'action internationale une compétence à part entière des
collectivités territoriales et permet une grande liberté
d'initiative, y compris dans les cas d'urgence.
Comme le souligne Miguel Azcueta :
« Le développement intégral passe par la
solidarité, par le lien entre les différentes sphères de
développement58(*) », accepter de confier le
développement à des acteurs diversifiés qui font gage
comme Rezé de compétences techniques et financières de
plus en plus assuré n'est donc aujourd'hui plus un acte anecdotique
d'échange culturel mais bien une coopération
décentralisée efficiente.
Plus qu'un espoir, en 2008, l'ancien Secrétaire
général des Nations Unies, M. Koffi Annan, soulignait,
auprès d'une délégation d'élus de Cités et
Gouvernements locaux unis, que la réussite des OMD dépendrait
pour 70 % des collectivités territoriales.
Bibliographie
Actes :
Acte d'Engagement Municipalité de
Rezé-Municipalité de Villa El Salvador, signé
officiellement à Villa El Salvador le 2 avril 2004 par Gilles RETIERE,
Maire de Rezé et vice-président de Nantes Métropole et
Jaime ZEA USCA, Maire de Villa El Salvador.
Convention Nantes Métropoles- Rezé relative
à l'arrosage des espaces verts de Villa El Salvador (Pérou)
adopté lors du conseil municipal du 11 avril 2008.
Articles :
BAIL Raphaële, juin 2007, Nantes métropole :
Quand les usagers du nord financent l'accès à l'eau, article
tiré du dossier « Du nord au sud, des communes
solidaires », Alternatives Internationales numéro 35.
BOUGUERRA Larbi, 22 avril 2007, Gouvernance de l'eau :
l'urgence de changer de regard et de pratiques, article publié sur le
site du dph, Paris.
BRUN Thierry (Politis), 12/10/2001, Villa El Salvador,
autogestion à tous les quartiers, article publié sur le site de
Mediasol.
FRECHETTE Lucie, 2001, Quand la jeunesse est conviée
à venir bâtir la cité, entrevue avec Michel Azcueta, NPS
volume 14, numéro 2.
DE RAVIGNAN Antoine, juin 2007, Du nord au sud, des communes
solidaires, Alternatives Internationales numéro 35.
Ministère des affaires étrangères et
européennes, La France et l'Amérique Latine, article
publié sur le site du Ministère des affaires
étrangères et européennes dans la rubrique
France-diplomatie, mis à jour le 14/08/2007.
PS-Eau, 2006, Partenariat Villa El Salvador-Rezé pour
la gestion et la récupération des eaux, communication
publiée sur le site du Programme Solidarité Eau (PS-Eau).
TROUVILLE Béatrice, 12/1998, Jumelage de la ville de
Rezé (France) et Villa El Salvador (Pérou), article publié
sur le site de DPH,
CEDAL
FRANCE (Centre d'Etude du Développement en Amérique Latine),
Paris.
Ouvrages :
Cités-Unies France, octobre 2000, La coopération
décentralisée en Amérique latine, Paris, 37 pages.
FAVREAU Louis, FRECHETTE Lucie (avec la coopération de
Manon BOULIANNE et Solange VAN KEMENADE, Mai 2002, Développement local
et économie populaire en Amérique Latine :
l'expérience de Villa El Salvador, Université du Québec en
Outaouais : Chaire de recherche du Canada en développement des
collectivités : série rapport de recherche numéro
1.
LABORDE, Pierre, 2001 (2ème Edition), Les
espaces urbains dans le monde, Pour mieux comprendre en quoi le
développement des villes est un des faits les plus marquants du
XXème siècle, Paris : Editions Nathan Universités,
collection Géographie, 239 pages.
GEORGES, Pierre, VERGER, Fernand, 2000, Dictionnaire de la
géographie, Paris : Presses Universitaires de France, 500 pages.
SOLON David, 1998, Villa El Salvador : la vile née
du désert, Paris : Editions de l'Atelier, collections les Acteurs
du Développement, 157 pages.
TOURETTE, Florence, 2005, Développement social urbain
et politique de la ville, Pour comprendre le malaise urbain et pour mieux
appréhender la politique de la ville, Paris : Gualino Editeur, 167
pages.
Sites internet :
www.pseau.org : Site du
Programme Solidarité Eau (PS-Eau), association française qui
encourage et facilite la concertation entre les acteurs de la
coopération internationale dans le domaine de l'eau.
www.diplomatie.gouv.fr :
Commission nationale de la coopération décentralisée
(CNCD); (voir les sites des dispositifs régionaux de la
coopération décentralisée: Résacoop, Ircod...).
www.cites-unies-france.org. :
Site internet de Cités Unies France, portail web de la
coopération décentralisée et de l'action des
collectivités territoriales françaises.
www.ciedel.org. : Site
internet du Centre international d'études pour le développement
local (Ciedel).
www.d-p-h.info : Site internet
du DPH : Dialogues, Propositions, Histoires pour une citoyenneté
mondiale.
www.mairie-reze.fr : Site
Internet de la Mairie de Rezé.
Annexes
Carte 1 : Processus d'expansion de la ville de
Lima entre 1981 et 2000 :
Source : Atlas Environnemental de Lima.
Photo 1 et 2 : première étape
d'invasion au bord de la Panaméricaine Sud, abris d'esteras59(*) et de
tôle:
Source : Claire Gaillardou.
Photo 3 et 4 : De la cuve du camion-citerne
aux bidons personnels de conservation, un manque d'hygiène
flagrant.
Source : Claire Gaillardou.
Carte 2 : Couverture du service d'eau
selon les chiffres actuels donnés par la SEDAPAL:
Source :
SEDAPAL.
Photo 5 : Quartier
« invasif » de Villa El Salvador :
Source : ING Villa El Salvador.
Carte 3 : Plan de Villa El
Salvador :
* 1 D'après le
Ministère des affaires étrangères et européennes,
« La France et l'Amérique Latine », article
publié sur le site du Ministère des affaires
étrangères et européennes dans la rubrique
France-diplomatie, mis à jour le 14/08/2007.
* 2 Portail web de la
coopération décentralisée.
* 3 D'après les
chiffres publiés par Cités-Unies France, octobre 2000, La
coopération décentralisée en Amérique latine,
Paris, 37 pages.
* 4 Cf. Annexe :
Carte 1 : Processus d'expansion de la ville de Lima entre 1981 et
2000.
* 5 La plupart de ces
périphéries ont pu être qualifiées de
« spontanées », car elles sont construites sans
planification de l'espace, ni aménagements (sans viabilisation, sans
infrastructures d'adduction d'eau ou d'électricité, par exemple),
parfois en toute illégalité sur des terres
périurbaines.
* 6 Mur de palmes
végétales tressées.
* 7 Collines sablonneuses
à forte déclivité et en perpétuelle érosion,
rendant l'habitat précaire et insécuritaire.
* 8 TOURETTE, Florence, 2005,
Développement social urbain et politique de la ville, Pour comprendre le
malaise urbain et pour mieux appréhender la politique de la ville,
Paris : Gualino Editeur, 167 pages.
* 9 Cf. en annexe les photos 1
et 2 : première étape d'invasion au bord de la
Panaméricaine Sud, abris d'esteras et de tôle.
* 10 BRUN Thierry (Politis),
12/10/2001, Villa El Salvador, autogestion à tous les quartiers, article
publié sur le site de Mediasol.
* 11 D'après
l'interview tirée de : BRUN Thierry (Politis), 12/10/2001, Villa El
Salvador, autogestion à tous les quartiers, article publié sur le
site de Mediasol.
* 12 Idem.
* 13 Idem.
* 14 Le « Sentier
Lumineux », Sendero Luminoso en péruvien, appartient
aux groupes terroristes les plus meurtriers du globe. Mouvement essentiellement
rural, il s'est acquis un soutien relativement large, en conservant un langage
simple et des symboles traditionnels péruviens.
* 15 D'après
l'interview tirée de : BRUN Thierry (Politis), 12/10/2001, Villa El
Salvador, autogestion à tous les quartiers, article publié sur le
site de Mediasol.
* 16 Idem.
* 17 Idem.
* 18 Cf. Carte de Villa el
Salvador en annexe.
* 19 D'après
l'interview tirée de : BRUN Thierry (Politis), 12/10/2001, Villa El
Salvador, autogestion à tous les quartiers, article publié sur le
site de Mediasol.
* 20 D'après
l'interview tirée de : BRUN Thierry (Politis), 12/10/2001, Villa El
Salvador, autogestion à tous les quartiers, article publié sur le
site de Mediasol.
* 21 Idem.
* 22 Communauté
urbaine autogérée de Villa El Salvador
* 23 D'après :
SOLON David, 1998, Villa El Salvador : la vile née du
désert, Paris : Editions de l'Atelier, collections les Acteurs du
Développement, 157 pages.
* 24 D'après :
FRECHETTE Lucie, 2001, Quand la jeunesse est conviée à venir
bâtir la cité, entrevue avec Michel Azcueta, NPS volume 14,
numéro 2.
* 25 La loi du 2 mars 1982
relative aux droits et libertés des communes, des départements et
des régions ouvre la voie à un profond bouleversement de la
répartition des pouvoirs au profit des acteurs locaux.
Considérée comme la loi fondamentale de la
décentralisation, elle consacre essentiellement trois
évolutions : la suppression de la tutelle
administrative et financière a priori exercée par le
préfet, le transfert de l'exécutif départemental et
régional au profit d'un élu local, le changement de statut de la
région qui devient une collectivité territoriale de plein
exercice.
* 26 Agencia Peruana de
Cooperacion International =APCI.
* 27 Numéral
incorporé par l'Article 2 de la Loi N° 28386, publié le
13-11-2004.
* 28 Cités-Unies
France, octobre 2000, La coopération décentralisée en
Amérique latine, Paris, 37 pages.
* 29 D'après
Cités-Unies France, octobre 2000, La coopération
décentralisée en Amérique latine, Paris, 37 pages.
* 30 MAE :
Ministère des Affaires Etrangères.
* 31 Interview tirée
d'une brochure publiée par Nantes Métropole sur la
coopération en Amérique Latine, diffusée dur le site
internet de Nantes métropolitaine en 2004.
* 32 Idem.
* 33 Comme nous allons le
voir dans notre seconde partie (2.3) avec le projet « Villa
Verde ».
* 34 Acte d'Engagement
Municipalité de Rezé-Municipalité de Villa El Salvador,
signé officiellement à Villa El Salvador le 2 avril 2004 par
Gilles RETIERE, Maire de Rezé et vice-président de Nantes
Métropole et Jaime ZEA USCA, Maire de Villa El Salvador.
* 35 Projets
mentionnés sur le site de la mairie de Rezé, Cf.
Bibliographie.
* 36 Renseignements pris
auprès de Christophe Halgand, assistant à la coopération
à la Mairie de Rezé.
* 37
Courant marin de
surface, parcourant l'océan
Pacifique. Prenant
naissance près de l'
Antarctique, il est
froid, environ 7 à 8 degrés inférieur à la
température moyenne de la mer à la même latitude; il longe
les côtes du
Chili et du
Pérou et, riches
en
plancton, ses eaux sont
très poissonneuses.
* 38 GEORGES, Pierre,
VERGER, Fernand, 2000, Dictionnaire de la géographie, Paris :
Presses Universitaires de France, 500 pages.
* 39 Cf. en annexe :
Carte 2 : Couverture du service d'eau selon les chiffres actuels
donnés par la SEDAPAL.
* 40 SEDAPAL : Servicio
de Agua Potable y Alcantarillado de Lima (Service d'Eau Potable et d'Egout de
Lima), Compagnie des eaux de la métropole de Lima.
* 41 Lima utilise la majeure
partie de l'eau disponible dans ses deux cours d'eau le Rímac et le
Chillón.
* 42Cf. Annexes : Photo
3 et 4 : De la cuve du camion-citerne aux bidons personnels de
conservation, un manque d'hygiène flagrant.
* 43 Cf. en annexe :
Carte 2 : Couverture du service d'eau selon les chiffres actuels
donnés par la SEDAPAL.
* 44Titre inspiré de
l'article de BAIL Raphaële, juin 2007, Nantes métropole :
Quand les usagers du nord financent l'accès à l'eau, article
tiré du dossier « Du nord au sud, des communes
solidaires », Alternatives Internationales numéro 35.
* 45 D'après une
enquête de BAIL Raphaële, juin 2007, Nantes métropole :
Quand les usagers du nord financent l'accès à l'eau, article
tiré du dossier « Du nord au sud, des communes
solidaires », Alternatives Internationales numéro 35.
* 46 Créé en
1984, le programme Solidarité Eau (PS-Eau) est une association
française qui encourage et facilite la concertation entre les acteurs de
la coopération internationale dans le domaine de l'eau.
www.pseau.org
* 47 Sedif = Syndicat des
Eaux d'Ile de France.
* 48 La loi Oudin comporte 2
articles modifiant respectivement le code général des
collectivités territoriales et celui de l'environnement.
Cette loi autorise les collectivités locales
françaises, les établissements publics intercommunaux et les
syndicats des eaux et/ou d'assainissement à mobiliser pour des actions
de coopération de nouvelles sources de financement qui peuvent venir
compléter les opportunités déjà existantes. Elle
autorise également les Agences de l'Eau à mener des actions de
coopération internationale.
* 49 Propos tirés de
l'enquête de BAIL Raphaële, juin 2007, Nantes
métropole : Quand les usagers du nord financent l'accès
à l'eau, article tiré du dossier « Du nord au sud,
des communes solidaires », Alternatives Internationales numéro
35.
* 50 C'est le programme
« Villa Verde ».
* 51 D'après la
Convention Nantes Métropoles- Rezé relative à l'arrosage
des espaces verts de Villa El Salvador (Pérou) adopté lors du
conseil municipal du 11 avril 2008.
* 52 D'après le
PS-Eau, 2006, Partenariat Villa El Salvador-Rezé pour la gestion et la
récupération des eaux, communication publiée sur le site
du Programme Solidarité Eau (PS-Eau).
* 53 TROUVILLE
Béatrice, 12/1998, Jumelage de la ville de Rezé (France) et Villa
El Salvador (Pérou), article publié sur le site de DPH,
CEDAL
FRANCE (Centre d'Etude du Développement en Amérique Latine),
Paris.
* 54 Le comité VES
est le comité propre à la coopération de Rezé avec
Villa El Salvador.
* 55 Cf. première
partie, le dernier projet social est celui de la Casa Alternativa Joven.
* 56 Il serait aujourd'hui
intéressant de mesurer les apports de réciprocité en
termes d'enjeux sociaux et notamment de transfert de mécanismes de
démocratie participative.
* 57 Le 4ème forum
mondial de l'eau, organisé tous les 3 ans par le Conseil mondial de
l'eau, réunit l'ensemble des acteurs impliqués dans le domaine de
l'eau et de l'assainissement. Il constitue l'occasion unique de partager
expériences et réflexions afin d'influencer les politiques de
l'eau. Il s'est tenu en 2006 à Mexico.
* 58 FRECHETTE Lucie, 2001,
Quand la jeunesse est conviée à venir bâtir la cité,
entrevue avec Michel Azcueta, NPS volume 14, numéro 2.
* 59 Abris rudimentaires
faits de palmes tressées.