1.2.2. Les mesures indirectes.
Un progrès considérable a été
réalisé dans les études académiques et des
organisations internationales consistant à déplacer le centre
d'intérêt du volume des ressources utilisées par un
ministère ou un programme (inputs) vers les services
délivrés (outputs). Plusieurs mesures d'efficience de type input/
output ont été développées. L'approche retenue par
Afonso, Schuknecht et Tanzi (2003) consiste à construire un indice
composite de performance du secteur public qui permette de mesurer le rendement
de l'administration en tenant compte du fonctionnement des marchés et de
l'égalité des opportunités pour les personnes, de
l'éducation, de la santé et de l'infrastructure publique. Ces
auteurs ont utilisé cet indicateur, pour effectuer des comparaisons
internationales d'efficience et ont abouti à la conclusion que les pays
à faible niveau des dépenses publiques par rapport au PIB ont
tendance à atteindre une meilleure efficience.
L'analyse de la productivité et de l'efficience est
généralement effectuée en utilisant des approches non
paramétriques telles que la Free Disposable Hull « FDH » ou la
Data Envelopment Analysis « DEA ». Afonso et all (2003) ont
montré, sur la base de la méthode DEA, que les pays
européens dépensent en moyenne 30% plus que les autres pays de
l'OCDE les plus performants pour obtenir la même performance.
Dans une étude sur les dépenses
d'éducation et de santé, Afonso et St. Aubyn (2004) ont
utilisé une approche non paramétrique et ont montré
certaines limites de ce type d'approches. Ils ont évalué
l'efficience de l'éducation secondaire et de la santé dans les
pays de l'OCDE en 2000. Pour l'éducation, ils ont retenu les indicateurs
PISA comme Output et deux mesures quantitatives sont utilisées en tant
qu'input : le nombre d'heures par année passée à
l'école et le nombre d'enseignants par étudiant. Pour la
santé, la mesure quantitative de l'input est le nombre de docteurs,
d'infirmières et de lits d'hôpitaux, les outputs sont le taux de
mortalité infantile et l'espérance de vie.
En ce qui concerne les pays africains, Gupta et al. (1997) ont
cherché à déterminer la relation entre les dépenses
publiques d'éducation et de santé et les indicateurs sociaux
(scolarisation primaire, secondaire, taux d'alphabétisation,
espérance de vie, taux de mortalité infantile, etc....). Ensuite
ils ont estimé des scores d'efficience des dépenses publiques,
pour un échantillon de 38 pays africains, sur la période
1984-1995, en se basant sur l'approche FDH. Ces indicateurs d'efficience ont
été enfin comparés entre eux et avec ceux des pays de
l'Asie et de l'Hémisphère occidental. Les résultats de ces
travaux montrent que les dépenses du gouvernement n'ont pas le
même effet sur la production des services d'éducation et de
santé. En effet, les comparaisons entre les pays africains et les pays
de l'Asie et du Western Hémisphère indiquent que les
dépenses publiques en Gambie, Guinée, Ethiopie et Lesotho sont
plus efficientes que dans d'autres pays tels que la Botswana, le Cameroun, la
Côte d'Ivoire et le Kenya.
Ces résultats montrent en outre que les pays asiatiques
sont les plus efficients et que les pays africains sont les moins performants
dans la production des services d'éducation et de santé. Ceci est
expliqué par les salaires relativement élevés, en
particulier pour le secteur de l'éducation, et la mauvaise allocation
intra- sectorielle des ressources dans les pays africains. De même, les
résultats ne dégagent aucune relation directe entre les
indicateurs sociaux, considérés comme inputs, et les ratios de
dépenses publiques par rapport au PIB. Néanmoins, les auteurs
constatent une amélioration du niveau de la productivité des
dépenses publiques en éducation et santé depuis le milieu
des années 80, ce qui les amène à avancer
l'hypothèse que l'inefficience des dépenses publiques
enregistrée dans les pays africains est due à la mauvaise
allocation des dépenses antérieures. L'analyse FDH
révèle des résultats similaires. Elle stipule que
l'augmentation du volume des dépenses publiques aura pour effet de
réduire leur efficacité.
Romdhane (2006) arrive alors à la conclusion qu'il ne
suffit pas d'augmenter le volume des dépenses pour améliorer
l'efficience mais au contraire il faut être prudent lors de la prise de
décisions d'expansion des dépenses, surtout lorsque ces
dernières sont déjà élevées dès le
départ.
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