Université Lumière-Lyon
2
Faculté de Géographie, Histoire, Histoire de l'Art
et Tourisme
Master Sciences des Sociétés et de leur
environnement
Mention Interface nature-sociétés
LES OBSTACLES A LA BONNE QUALITE DE L'EAU
DANS LES RIVIERES PERI-URBAINES.
L'EXEMPLE DU BASSIN VERSANT DE L'AZERGUES
(Rhône)
Mémoire de maîtrise de géographie
Présenté par : Nicolas TALASKA
Directeur de recherches : Mme Anne RIVIERE HONEGGER, UMR
5600 CNRS EVS
Date de soutenance : 10 Juillet 2007
Membres du jury :
Anne RIVIERE HONEGGER, Chargée de recherches, UMR 5600
CNRS EVS
Norbert LANDON, Maître de conférences,
université Lyon 2
Pierre GADIOLET, Chargé de mission contrat de
rivière Azergues
« La vérité est un grand miroir
tombé du ciel qui s'est brisé en mille morceaux. Chacun en
possède un tout petit morceau et croit détenir toute la
vérité. »
Djalal Al-dîn Rûmi, écrivain et poète
mystique persan (1207-1273)
Remerciements
Ce travail a été réalisé avec un
grand intérêt. Ce fut l'occasion de prendre le temps de
réfléchir sur des sujets complexes et d'approfondir mes
connaissances sur la gestion de l'eau. Ce fut enfin une très bonne
expérience que de développer des méthodes pour
connaître un terrain totalement inconnu au départ.
Je remercie particulièrement Anne Honegger pour ses
relectures attentives, ses conseils bibliographiques, et sa
disponibilité.
Je remercie chaleureusement Pierre Gadiolet (chargé de
mission du contrat de rivière Azergues) qui m'a toujours accueillit pour
des discussions très enrichissantes mais toujours trop courtes. Sa
très bonne connaissance du terrain et sa passion ont beaucoup
alimenté mes réflexions.
Je tiens également à remercier toutes les
personnes qui ont accepté de me recevoir dans le cadre des entretiens.
Je remercie Laëtitia dont l'aide a été
précieuse lors de la passation des questionnaires.
Enfin, je remercie beaucoup ma famille grâce à
laquelle j'ai réalisé ce travail dans de bonnes conditions. La
confiance qu'elle m'a accordée a renforcé mes motivations. Et
merci à Laurent pour ses conseils.
Sommaire
Sommaire
3
Introduction
4
PARTIE 1. Les évolutions de la
qualité de l'eau
9
Chapitre 1 . Peut-on définir la
qualité de l'eau ?
9
Chapitre 2 . Postures scientifiques et
méthodologie utilisée
23
Chapitre 3 . Présentation du terrain
d'étude
29
Conclusion de la partie 1
62
PARTIE 2. L'ubiquité de la qualite
de l'eau
63
Chapitre 1 . A chacun sa qualité, ou
les divergences de perceptions de la qualité de l'eau
63
Chapitre 2 . Les obstacles à la
bonne qualité de l'eau
83
Conclusion
109
Bibliographie
113
Annexes
121
Liste des figures
141
Liste des tableaux
141
Table des matières
142
Introduction
Selon une enquête de l'Ifen, réalisée en
2003, la qualité de l'eau des milieux aquatiques (rivières, lacs,
nappes souterraines, mers et océans) serait la deuxième
préoccupation environnementale des français après la
qualité de l'air.
Le parti pris par l'Ifen de considérer l'eau de la
`nature' et non pas l'eau du robinet, comme c'est souvent le cas, sous
tend un point essentiel. L'eau n'est pas seulement une ressource pour fabriquer
de l'eau potable ou pour produire de l'électricité, elle est
aussi un milieu de vie pour les végétaux et les animaux
aquatiques ainsi qu'un support d'activités humaines non extractives
(loisirs, agrément paysager). La prise en compte de cette double
dimension de l'eau est le résultat d'un changement de paradigme quant
à la représentation de cet élément.
Si l'origine de ce changement est multiforme, l'adoption en
France de la première loi sur l'eau en 1964 marque au moins son
institutionnalisation. Cette loi prend acte des multiples dégradations
de l'eau et des risques que cela fait peser sur la pérennisation de ses
usages, au premier rang desquels la production d'eau potable. Elle crée
également les conditions institutionnelles, financières et
techniques d'une gestion globale et décentralisée de la ressource
en eau. Pour y parvenir, la loi instaure la création d'administrations
spécifiques : les agences financières de bassin, devenues
Agences de l'Eau depuis. Elles ont pour objectif d'impulser les politiques de
gestion de l'eau à l'échelle de territoires dont la
cohérence ne repose pas sur le traditionnel maillage administratif
français, mais sur l'aire d'alimentation des grands cours d'eau :
les bassins hydrographiques.
Dans le fond, ces dispositions instituent la volonté
d'utiliser l'eau autrement que ce qui prévalait jusqu'ici. L'eau
conçue essentiellement comme une ressource illimitée au service
des usages anthropiques est un élément
« corvéable et malléable à
merci » (Aspe, 1999, 10). L'eau est endiguée pour
favoriser le transport fluvial ou pour se protéger des crues, elle est
stockée pour produire de l'électricité, elle est
drainée des terres qu'il faut cultiver. Elle est enfin l'exutoire de
tous les rejets, qu'ils soient domestiques ou industriels. Cette intense
exploitation de l'eau a été favorisée par les
progrès techniques d'après guerre mais elle était surtout
nécessaire pour répondre aux besoins croissants engendrés
par le développement économique, agricole, démographique
et urbain des Trente Glorieuses. Ce mode d'utilisation de l'eau aboutit
à une dégradation tellement avancée de la ressource qu'il
met en péril les usages de l'eau.
Il faut donc utiliser l'eau autrement pour pérenniser
les exigences des besoins humains. C'est bien l'objectif principal de la loi de
1964 qui stipule dans son article 1er que « la lutte
contre la pollution des eaux et leur
régénération » a pour « but
de satisfaire ou de concilier les exigences : de l'alimentation en eau
potable des populations et de la santé publique ; de l'agriculture, de
l'industrie, des transports et de toutes autres activités humaines
d'intérêt général ». Mais
au-delà des efforts de lutte contre la pollution pour mieux satisfaire
les besoins humains, la loi indique aussi que ces efforts doivent permettrent
« la vie biologique du milieu récepteur et
spécialement de la faune piscicole ainsi que des loisirs, des sports
nautiques et de la protection des sites ». D'une manière
explicite la loi de 1964 instaure le principe de la conciliation. Tous les
usages de l'eau doivent être réalisables sans pour autant
détruire les conditions naturelles qui les permettent. L'attention porte
alors essentiellement sur les pollutions de l'eau. Pour en réduire les
conséquences négatives sur les usages de l'eau et sur la vie
aquatique (les poissons essentiellement), la loi réglemente les rejets
dans le milieu en assignant des objectifs de qualité pour
chaque rivière en fonction des usages qu'elles permettent. Cette
volonté d'action se double de l'élaboration d'outils et de
méthodes scientifiques pour évaluer la qualité de l'eau.
Le principe de conciliation est accentué dans la
deuxième loi sur l'eau de 1992 puisque l'eau devient un
« patrimoine commun de la nation ». A travers
cette expression se trouve affirmé le principe selon lequel tout
individu a le droit de disposer d'eau à sa convenance pour satisfaire
ses besoins quels qu'ils soient. Par exemple, la pratique du kayak doit pouvoir
s'accorder avec celle du pêcheur à la ligne, et ces deux là
ne doivent pas être entravées par la production
hydroélectrique ou l'irrigation agricole. Tous les usagers deviennent
également les titulaires du patrimoine-eau et en sont à
ce titre responsables.
La notion de patrimoine est fondamentale en cela
qu'elle modifie durablement la manière de concevoir et de gérer
l'eau. On retiendra la définition de Montgolfier (1987, 241) pour qui le
patrimoine est un « ensemble d'éléments
susceptibles, moyennant une gestion adéquate, de conserver dans le futur
des potentialités d'adaptation à des usages non
prévisibles aujourd'hui ». Cette définition
implique donc une vision sur le long terme et la prise en compte des
générations futures. Cette position éthique est
proche de la notion de « développement durable ».
Malgré l'utilisation abusive de cette notion, nous nous placerons dans
cette position car elle est au coeur des politiques environnementales
actuelles. La définition de Montgolfier sous tend également
l'idée de déterminer un certain état du patrimoine pour
qu'il soit pérenne. Quelles sont alors les caractéristiques du
patrimoine-eau qui permettront de satisfaire aux usages futurs ?
Quelle qualité de l'eau permet de satisfaire tous les usages y compris
ceux qui n'existent pas encore tout en conservant les fonctionnalités
naturelles qui les permettent ?
La détermination de la qualité de l'eau et plus
encore la définition d'une « bonne qualité »,
c'est-à-dire celle qui permet de pérenniser les
potentialités d'usages du patrimoine en permettant sa
régénération, est donc un préalable essentiel
à toutes politiques de gestion de l'eau. Mais la conception de la
« bonne qualité » a évolué puisque
l'eau n'est plus seulement ressource mais aussi milieu. Or ce milieu ne
concerne plus seulement les poissons mais toutes les formes de vies aquatiques
(formes biotiques) ainsi que l'état du milieu physique qui les supporte
(formes abiotiques). Il ne s'agit plus de considérer les seules
pollutions du fluide comme le faisait la loi de 1964, mais de prendre en compte
tous les compartiments de l'hydrosystème, car de leurs interactions
dépend la qualité globale de l'eau. Cette approche
systémique modifie donc sensiblement la manière d'évaluer
la qualité de l'eau. Elle étend considérablement l'espace
à considérer pour comprendre les tenants et les aboutissants de
la qualité. La qualité du fluide dépend des milieux
aquatiques et plus largement des activités du bassin versant. Or,
considérer un espace toujours élargi pour comprendre ce qui fait
la qualité de l'eau implique de prendre en considération un
nombre important d'acteurs. Toutefois, la complexité de l'approche
systémique semble n'être à la portée que d'experts
ou de scientifiques alors que toutes personnes agit plus ou moins directement
sur la qualité de l'eau sans forcément connaître ou
admettre l'impact potentiellement négatif de son action sur la
qualité de l'eau. Il semble donc qu'il y ait ici un contexte propice
à des divergences de perceptions de la qualité de l'eau. D'un
côté, des experts produisent un savoir `objectif ' de la
qualité, et de l'autre, des `profanes' utilisent des critères
différents pour évaluer la qualité de l'eau.
Pour autant, la « bonne qualité »
de l'eau devient un objectif ultime qui s'inscrit autant dans un souci
utilitariste (limiter les dégradations des milieux aquatiques pour
garantir les usages humains) que naturaliste (limiter les dégradations
des milieux aquatiques pour préserver leur valeur écologique en
soi). Cet objectif prend même un caractère réglementaire
avec l'adoption, en 2000, de la Directive Cadre européenne sur l'Eau
(DCE). Elle fixe comme objectif aux Etats Membres d'atteindre à
l'horizon 2015 un « bon état » des eaux. Si
ce « bon état » doit permettre de
satisfaire les usages actuels et futurs de l'eau, il est évalué
à partir de l'état des fonctionnalités naturelles des
milieux aquatiques. Cette définition du « bon
état » postule qu'un fonctionnement optimal des
écosystèmes aquatiques permet de pérenniser le
patrimoine-eau. Cet état optimal correspond à un
fonctionnement des écosystèmes dans un contexte pas ou
très peu perturbé par l'homme. Ainsi, cette manière
d'évaluer la qualité de l'eau, à partir de ses
fonctionnalités naturelles, affirme nettement la conception de
l'eau-milieu et tend à primer, en apparence, sur
l'eau-ressource.
En moins de 50 ans, la manière de concevoir l'eau a
donc profondément changé, et cela bouleverse le rapport des
sociétés avec l'eau. De fait, elle bouleverse aussi les
représentations de la « bonne qualité » de
l'eau. Alors qu'une rivière qui « coule
bien », c'est-à-dire non entravée par des bois
morts ou des bancs de graviers, est considérée par beaucoup de
personnes comme un gage de bonne qualité, cette représentation
est fortement remise en cause par les progrès de la recherche qui
démontrent au contraire que le bois mort et les bancs de graviers sont
des éléments indispensables au bon fonctionnement des milieux
aquatiques et donc à la « bonne qualité » de
l'eau. Alors comment parvenir à une « bonne
qualité » de l'eau si tous les acteurs ne partagent pas la
même représentation de cette « bonne
qualité » ? Quand bien même tous les acteurs
s'accordent sur une qualité à atteindre, la poursuite de cet
objectif n'est pas toujours effective (Mermet, 2000) ou les résultats ne
sont pas à la hauteur de ceux attendus (Salles, 2006). Quels sont alors
les obstacles à la « bonne qualité » de
l'eau ?
Cette question est pertinente sur le terrain d'étude
retenu et pour le type d'eau concernée. Sont considérées
de manière privilégiée, les eaux de surfaces courantes.
Dans le bassin versant de l'Azergues, une rivière au sud du Beaujolais
dont la partie aval est relativement proche de l'agglomération
lyonnaise, quatre des cinq masses d'eau risquent de ne pas atteindre les
objectifs de la DCE pour 2015, et pour les deux masses d'eau aval, ce risque
est estimé comme fort. Le bassin versant de l'Azergues est
concerné par un contrat de rivière mis en oeuvre depuis 2003.
La question des obstacles à la « bonne
qualité » de l'eau est au coeur de la recherche
présente, toutefois ses angles d'approche sont nombreux. Cette question
de la « bonne qualité » est d'abord abordée
comme un axe fondamental des politiques actuelles de gestion de l'eau (objectif
DCE). A ce titre on postule que la gestion de l'eau relève d'une
gestion patrimoniale, c'est-à-dire une gestion qui vise
à pérenniser les potentialités du patrimoine-eau tel que
cela a été définie plus haut. En reprenant les principes
de la gestion patrimoniale de Montgolfier, on peut dire que
s'intéresser à la qualité de l'eau nécessite de
considérer trois démarches. La première est celle de
l'analyse systémique du milieu aquatique. Elle vise à comprendre
le fonctionnement de l'hydrosystème. La deuxième est relative aux
« méthodes multicritères d'aide à la
décision ». Elle vise à guider l'action sur
l'hydrosystème. La troisième est celle de l'analyse du
système- acteurs appliquée à la gestion de la
qualité. Elle s'intéresse aux relations que les acteurs
entretiennent avec le patrimoine, ici la rivière et plus
précisément sa qualité.
La démarche adoptée pour ce mémoire
s'inscrit dans cette troisième dimension de la gestion
patrimoniale. Il ne s'agit pas de faire un diagnostic environnemental,
celui-ci a déjà été réalisé dans le
cadre des études du contrat de rivière. Il ne s'agit pas non plus
de proposer des outils d'aide à la décision puisque les
décisions ont déjà été prises et
actées dans les engagements et les objectifs du contrat de
rivière. Nous nous intéresserons à la relation que les
différents acteurs entretiennent avec la notion de « bonne
qualité » de l'eau des rivières. Il s'agit de voir si
une conception de la « bonne qualité » est
partagée par tous les acteurs et dans le cas contraire si des
conceptions divergentes peuvent représenter des obstacles pour parvenir
à la « bonne qualité » telle qu'elle est
demandée par la DCE. Cette démarche repose donc largement sur des
enquêtes de terrains auprès des différents acteurs
impliqués dans la gestion de l'eau mais également auprès
des simples usagers de la rivière.
Cette étude s'inscrit enfin dans un espace particulier
puisque le bassin versant de l'Azergues, de par sa proximité de
l'agglomération lyonnaise, est soumis à des dynamiques
périurbaines qui modifient plus ou moins profondément les
territoires du bassin versant. Ces dynamiques socio-spatiales (fort
accroissement démographique, extension urbaine et pression
foncière, diversification des activités économiques) sont
susceptibles d'interférer avec les politiques de gestion de l'eau.
Dans la première partie, il s'agira de définir
ce qu'est la qualité de l'eau. Nous verrons alors que la manière
de définir la qualité de l'eau a évolué au cours du
temps et que ces évolutions sont liées à des conceptions
changeantes de l'eau et des milieux aquatiques (chapitre 1 et 2). Une
description du bassin versant de l'Azergues permettra ensuite de mieux saisir
les contrastes socio-spatiaux de ce « territoire de
l'eau » (chapitre 3).
La deuxième partie reviendra sur les objectifs de la
recherche et sur les méthodes utilisées pour y parvenir. Il
s'agit d'identifier les obstacles aux objectifs de bonne qualité de
l'eau à partir d'enquêtes de terrains. Celles-ci mettent en
évidence les divergences de perceptions de la qualité de l'eau
ainsi que les représentations qui leurs sont sous-jacentes (chapitre 1).
Ces divergences sont approchées au sein de quelques politiques de
gestion de l'eau mises en oeuvre dans le bassin versant de l'Azergues (chapitre
2).
PARTIE 1. LES ÉVOLUTIONS DE LA QUALITÉ DE
L'EAU
Cette partie vise à approfondir la notion centrale du
sujet de recherche : la qualité de l'eau (des rivières). Il sera
démontré que la définition de la qualité a beaucoup
évolué au cours des cinquante dernières années.
Cette évolution est liée à des conceptions changeantes de
l'eau. Considérée comme un bien dont la finalité
essentielle était de servir les usages anthropiques, elle est devenue un
patrimoine naturel, un milieu de vie pour les êtres aquatiques qu'il
convient de préserver. Cette conception est aujourd'hui
institutionnalisée dans la DCE qui fait de la biologie l'indicateur
phare de la qualité de l'eau. Ces conceptions de la qualité de
l'eau ne sont pourtant pas partagées par tous les individus (qu'ils
soient impliqués dans les politiques de gestion de l'eau, ou qu'ils
soient de simples usagers), et les perceptions que chacun se fait de la
qualité et de son évolution divergent. Ces divergences peuvent
être à l'origine de certains obstacles pour parvenir à une
`bonne qualité' de l'eau (chapitre 1).
Après avoir définit les hypothèses et la
méthodologie générale de la recherche (chapitre 2), le
terrain d'étude sera présenté (chapitre 3). La description
du bassin versant de l'Azergues visera à mettre en évidence les
contrastes socio-spatiaux de ce territoire, ainsi que ses transformations par
les dynamiques périurbaines depuis l'agglomération lyonnaise.
Chapitre 1 . Peut-on
définir la qualité de l'eau ?
1. La qualité de l'eau, une notion relative et
évolutive
La définition de la qualité de l'eau est
relative car elle se base sur des indicateurs dont le choix dépend des
représentations que les hommes ont de l'eau. L'évolution des
outils d'évaluation de la qualité traduit le passage d'une eau
considérée comme un outil de production, à une eau
conçue aussi comme un patrimoine naturel qu'il convient de
protéger.
1.1.
La qualité, une notion polysémique et relative
Qualité est une notion polysémique.
D'après le Petit Robert, il est possible de distinguer trois sens. Dans
son acception originelle qualité désigne la
« manière d'être d'une personne ou d'une
chose». Cette notion est neutre, elle désigne le
caractère, l'attribut. Dans une seconde acception,
qualité correspond à une connotation faisant
référence à « un degré plus ou moins
élevé d'une échelle de valeurs ». On parle
alors de bonne ou de mauvaise qualité, de ce qui est recommandable ou
pas. Enfin, qualité prend un sens absolu pour désigner
l'excellence d'une chose ou d'une personne. Hormis ce dernier sens, la
qualité est donc une notion relative qui ne s'apprécie qu'en
fonction de critères auxquels peuvent être attribuées des
valeurs dans l'objectif d'une connotation. D'un point de vue sémantique,
la qualité n'existe donc pas en soi. Ce caractère relatif de la
qualité amène à s'interroger sur l'existence même
d'une définition scientifique de la qualité de l'eau.
« Le glissement depuis une signification neutre, la
qualité attribut, vers une signification empreinte d'un jugement de
valeur, la mauvaise ou la bonne qualité, et plus encore vers la
qualité synonyme d'excellence, pose un problème délicat
dans une approche scientifique de la question »1(*).
Malgré tout, scientifiques, politiques, et
professionnels de toutes branches cherchent à définir des
`qualités absolues', pour l'édification de normes
notamment2(*). Dans le
domaine de l'eau, la production d'eau potable est ainsi soumise à de
nombreuses normes qui définissent les caractéristiques que l'eau
doit avoir, ou pas, pour être autorisée à la consommation.
A ce titre, B.Barraqué souligne l'exigence de plus en plus grande des
normes de qualité de l'eau potable. Alors que six paramètres
suffisaient à définir l'eau potable en France au début du
XXème siècle, il en existe 63 aujourd'hui et plus de
100 aux Etats-Unis. Cette profusion de paramètres rend quasiment
impossible le respect permanent des normes ou bien les coûts de
traitements de l'eau seraient tellement élevés que le prix de la
facture d'eau s'envolerait3(*).
Donc, malgré le caractère relatif de la
qualité, la définition de qualités absolues apparaît
nécessaire d'un point de vue pratique, que ce soit pour définir
une façon de faire (normes ISO) ou pour définir l'état
d'une chose , comme l'eau, en vue d'un usage particulier.
La recherche d'une définition objective de la
qualité de l'eau s'effectue à partir d'une évaluation qui
fixe au préalable des indicateurs à évaluer (biologiques,
physico-chimiques, organoleptiques...), et les valeurs que les variables qui
les composent devront prendre ou ne pas prendre pour que la qualité soit
dite bonne ou mauvaise. Des valeurs-seuils déterminent des
références. Dans le système d'évaluation de la
qualité de l'eau en France4(*), il existe plusieurs classes de qualités de
très mauvaise à très bonne. Ce classement permet de juger
de la capacité de l'eau à satisfaire à tel usage ou
fonction. Les valeurs-seuils déterminent le passage d'une classe
à une autre.
La qualité de l'eau ne s'apprécie qu'en
comparaison à des indicateurs et des valeurs-seuils pré
déterminées. Mais le choix de ces indicateurs et des
valeurs-seuils est aussi un facteur de relativité. Les valeurs des
variables de l'eau ne sont appréciées qu'en rapport aux fonctions
qu'il est souhaité qu'elles satisfassent. La qualité de l'eau
d'une rivière nécessaire à la vie et au
développement des truites n'est pas la même que celle requise pour
la production d'eau potable. De même, la qualité de l'eau d'une
rivière requise pour la baignade n'est pas la même que celle
attendue pour la réalisation d'un process industriel.
Donc la qualité de l'eau dépend de la valeur que
prennent les variables des indicateurs choisis pour son appréciation. Le
choix des indicateurs et des valeurs auxquels ils doivent répondre
dépend des fonctionnalités attendues de l'eau. Ces
fonctionnalités peuvent être distinguées en deux grandes
catégories. Soit elles concernent le fonctionnement des milieux
aquatiques, soit elles permettent la réalisation d'usages humains. Le
Centre National Français des Sciences Hydrologiques (CNSH) prend en
compte toutes ces dimensions et définit la qualité de l'eau comme
étant « l'aptitude de l'eau, déterminée par ses
caractéristiques physiques, chimiques, biotiques ou organoleptiques,
à servir à un usage défini ou à permettre le
fonctionnement d'un milieu aquatique donné »5(*). Le fait de préciser
« un usage défini » et « un
milieu donné » en les opposant par la conjonction
« ou » sous tend l'idée qu'il existe autant
de qualités d'eau que d'usages et de milieux. Chaque milieu ou usage
requiert une qualité qui n'est pas la même. Le CNSH
préconise d'ailleurs de parler de qualités (au pluriel).
Conscient de la qualité relative d'un milieu
donné, car inscrit dans un tout alliant la complexité du
fonctionnement des `milieux naturels' et les divers groupes sociaux qui
en usent, H. Ollagnon définit la qualité d'un milieu
(« naturel ») comme « une
propriété globale émergente d'un ensemble
d'éléments physiques et biologiques et d'acteurs en
relation ». La définition de la qualité est
indissociable d'un ensemble d'acteurs qui sont concernés par la
qualité d'un milieu, mais qui en ont aussi chacun une vision qui leur
est propre en fonction de leurs objectifs et de leurs représentations du
réel. Donc la qualité « engage
l'observateur » mais sa définition pour un milieu
donné doit « intégrer et dépasser les
représentations partielles qu'en ont tous les acteurs
concernés »6(*).
On voit bien que la définition de la qualité
implique le choix d'une grille d'analyse qui dépend largement des
acteurs humains. La qualité de l'eau n'est évaluée
qu'à travers le prisme des besoins anthropiques. Ces besoins sont aussi
bien de s'assurer de la pérennité des usages de la ressource que
vouloir préserver le milieu même de cette ressource dans une
optique naturaliste. Ainsi l'eau doit être considérée dans
sa double dimension : l'eau de la nature comme élément des
écosystèmes, et l'eau des hommes comme
élément des sociosystèmes. Ces deux dimensions
n'ont pas toujours été considérées ensemble et
l'une prend parfois l'ascendant sur l'autre. Privilégier l'une ou
l'autre des dimensions de l'eau implique des manières différentes
d'apprécier ses qualités. Dans tous les cas cela dépend de
la conception que les hommes ont de l'eau.
1.2 De la qualité de l'eau
à celle des milieux aquatiques
L'évaluation de la qualité de l'eau a
sensiblement évolué au cours des cinquante dernières
années. Cette évolution peut être vue comme le
résultat des transformations des représentations sociales de
l'eau. D'une eau conçue uniquement en termes de ressource pour
satisfaire aux usages anthropiques, on est passé à une eau
conçue aussi comme milieu de vie des êtres vivants aquatiques.
Les avancées de la recherche scientifique et la mise au
point de nouvelles techniques permettent sans cesse d'affiner
l'évaluation des multiples caractéristiques de l'eau7(*). Toutefois, ces
évolutions sont à replacer dans un contexte sociopolitique qui
favorise leur émergence. La prise en compte de nouveaux indicateurs,
pour évaluer la qualité de l'eau, résulte de
l'évolution des représentations sociales de l'eau. Ch. Aspe
distingue deux représentations de la nature (que l'on peut appliquer
à l'eau) en fonction des attentes sociales qui lui sont liées.
Cette analyse est valable pour les pays industrialisés8(*).
Depuis la révolution industrielle et jusque dans les
années 1960, l'eau est considérée comme un outil de
production au service de la croissance économique et
démographique. L'eau est endiguée (pour se protéger des
crues), canalisée (pour développer le transport fluvial),
accumulée (pour la production hydroélectrique),
éliminée là où elle est indésirable
(drainages agricoles). Elle est en outre l'exutoire de nombreux rejets produits
par les activités économiques et domestiques. L'eau est un
élément au service de l'homme, on parle alors de
« l'eau ressource ».
Parallèlement à cette exploitation de la
ressource-eau, des mouvements sociaux, inscrits dans la mouvance
écologiste internationale, contestent ce mode de rapport à la
nature dès les années 1960. « L'eau n'est pas
seulement une ressource potentielle pour servir les intérêts des
êtres humains, elle est aussi milieu de vie, biotope, pour les poissons,
et support d'activités humaines non extractives » (Aspe,
1999, 11). On parle alors de « l'eau milieu ».
Cette nouvelle représentation de l'eau fut
institutionnalisée dans la première loi sur l'eau de 19649(*). Elle stipule dans son titre
1er qu'il convient de satisfaire, après les usages
économiques et domestiques de l'eau, aux « exigences de la
vie biologique du milieu récepteur et spécialement de la faune
piscicole ainsi que des loisirs, des sports nautiques et de la protection des
sites ». L'attention portée à la faune piscicole
est fortement liée à l'importance de ce loisir dans la
société française de l'époque. En 1964, près
de 10 % de la population pratique la pêche de loisir10(*). Les pêcheurs
représentent donc une catégorie sociale qu'il n'est pas possible
d'ignorer. Or, les multiples pollutions de l'eau générées
par l'industrie et les collectivités ont beaucoup contribué
à la dégradation des populations piscicoles. Les
mortalités de poissons ou leurs comportements anormaux sont
décelés en premier lieu par les pêcheurs. Cette situation a
entraîné de nombreux conflits opposant les pêcheurs aux
industriels et aux collectivités11(*). Ces conflits avaient une dimension juridique puisque
les pêcheurs ont souvent eu recours à un article de la
législation sur la pêche qui réprime, en vue de la
protection du poisson, tout déversement dans les eaux de substances
susceptibles de nuire à sa vie, à sa nutrition, à sa
reproduction ou à sa qualité12(*).
Ces revendications, conjuguées à la forte
volonté de la loi de 1964 de réduire les pollutions de
l'eau13(*), vont aboutir
à la création d'outils d'évaluation de la qualité
de l'eau : préliminaire indispensable à la mise en oeuvre de
politiques de gestion.
Pour satisfaire aux demandes des pêcheurs, la
construction d'outils d'évaluation de la qualité de l'eau va
prendre en compte les exigences de la vie du milieu aquatique. Des
hydrobiologistes sont sollicités pour mettre au point ces outils. Ainsi
le premier système d'évaluation de la qualité de l'eau est
officialisé en 197114(*). Il intègre quelques indicateurs biologiques,
mais surtout des indicateurs physico-chimiques explicitement liés
à la vie du milieu aquatique. A titre d'exemple, la DCO et de la
DBO15(*) permettent de
quantifier l'impact des rejets dans le milieu aquatique en terme de
quantité d'oxygène consommée pour la dégradation
des polluants. Sous entendu, la quantité d'oxygène
nécessaire pour la dégradation des polluants est autant
d'oxygène en moins pour les êtres vivants du milieu aquatique. Il
y a donc bien, derrière l'utilisation de ce type de paramètre, la
volonté de quantifier les pollutions par rapport aux effets
néfastes qu'elles peuvent avoir sur les organismes vivants du milieu
aquatique. Qui plus est, sur des organismes à haute valeur
sociale : les poissons des pêcheurs à la ligne.
La deuxième loi sur l'eau de 1992 va sensiblement faire
évoluer l'évaluation de la qualité des milieux aquatiques
pour deux raisons.
D'abord, elle accentue encore la prise en compte de
l'eau-milieu. Dans son article premier, la loi stipule que
« le développement de la ressource utilisable dans le
respect des équilibres naturels est d'intérêt
général ». La gestion de l'eau devra être
« équilibrée » et dans la
définition des équilibres à assurer, la loi place en
premier « la préservation des écosystèmes
aquatiques, des sites et des zones humides »16(*). L'accentuation de la prise en
compte du milieu s'inscrit dans la profusion réglementaire concernant la
protection de la nature depuis 1964. Sans être exhaustif, on peut citer
la création des Parcs Naturels Régionaux en 1967, du
Conservatoire du littoral et des rivages lacustres en 1975. La promulgation de
la Loi relative à la protection de la nature en 1976 instaure les
Réserves Naturelles et rend obligatoire la réalisation
d'études d'impacts environnementaux pour les aménagements
nouveaux. Les arrêtés de biotope créés en 1977
reprennent le principe des Réserves naturelles sur un mode moins
contraignant, et la Loi sur la pêche de 1984 renforce la protection des
ressources piscicoles. Enfin, il faut mentionner la création du
Ministère de l'environnement en France en 1971. Au niveau
européen, les directives Oiseaux Sauvages (1979) et Habitats (1992)
s'inscrivent dans le réseau Natura 2000. La convention internationale de
RAMSAR en 1971 vise la protection des zones humides. Cette forte prise en
compte institutionnelle de la nature illustre la montée en puissance des
préoccupations environnementales qui trouvent leur fondement dans la
rupture avec la croissance économique que prônent les travaux du
Club de Rome à la fin des années 1960. Ces travaux participeront
à la formalisation de la désormais fameuse notion de
« développement durable » apparue en 1987 dans le
rapport Brundtland17(*)
Ensuite, la création des Schémas Directeurs
d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) donne aux Comités
de Bassins la responsabilité de définir des programmes de gestion
de l'eau à l'échelle des grands bassins hydrographiques
français (article 3 : « Un ou des schémas
directeurs d'aménagement et de gestion des eaux fixent pour chaque
bassin ou groupement de bassins les orientations fondamentales d'une gestion
équilibrée de la ressource en eau »).
Dans ce contexte la « grille
Multi-usages » apparaît peu adaptée à la
compréhension des multiples dégradations qui affectent les cours
d'eau18(*). Dès le
début des années 1990 des recherches sont menées pour
construire un nouvel outil d'évaluation de la qualité. Le
Système d'Evaluation de la Qualité de l'eau (SEQ-Eau) est
officialisé en 1999. Il remplace depuis cette date la grille
Multi-usages. Ce nouveau système d'évaluation a les mêmes
finalités que l'ancien (analyser la qualité physico-chimique de
l'eau pour évaluer ses aptitudes d'usages et de fonctionnalités
naturelles) mais il est plus précis. Alors que 28 paramètres
étaient analysés dans la grille de 1971, 156 le sont dans le
SEQ-Eau, dont les ¾ concernent des substances toxiques (pesticides et
micropolluants organiques). En outre, le SEQ-Eau prend en compte cinq
fonctionnalités ou usages de l'eau contre trois dans l'ancien
système.
Mais l'approfondissement de l'évaluation de la
qualité va bien au-delà des seuls paramètres
physico-chimiques. Le SEQ-Eau n'est que le premier volet, actuellement le seul
opérationnel, d'un trio de trois grands indicateurs que sont la
physico-chimie (SEQ-Eau), la biologie (SEQ-Bio), et le fonctionnement physique
(SEQ-Physique).
Cette évaluation de la qualité intègre
ainsi le fonctionnement systémique des cours d'eau. La qualité de
l'eau n'est plus seulement appréciée à partir des
caractéristiques du fluide mais aussi à partir de la vie animale
et végétale qu'elle contient, et du fonctionnement physique du
cours d'eau. Le cours d'eau est considéré comme un
hydrosystème19(*), et chacun des compartiments qui le composent sont en
interaction. Ainsi la qualité biologique du cours d'eau est
dépendante de la composition physico-chimique de l'eau mais aussi de la
morphologie de son lit. La biologie devient par ailleurs l'indicateur
privilégié de la qualité des cours d'eau puisque son
état est lié à la qualité des autres compartiments
de l'hydrosystème. La figure 1 schématise cette conception de la
qualité de l'eau.
Figure 1. Les trois grands indicateurs de
l'évaluation globale des cours d'eau du SEQ. (L'architecture du
graphique est reprise des Agences de l'Eau, et les commentaires de BRUN, 2003).
Nicolas Talaska, 2007. Université Lyon 2.
L'utilisation d'un indicateur phare pour évaluer la
qualité de l'eau n'est donc pas étrangère à des
revendications sociales reprises par la suite dans le champ politique. La
montée en puissance des préoccupations environnementales depuis
les années 1960 est portée par les classes moyennes aspirant
à un meilleur cadre de vie, et par l'écologie scientifique (Aspe,
1991). Les nombreux programmes de recherches scientifiques, initiés dans
le sillage des grands sommets internationaux à thématiques
environnementales, ont permis de mieux connaître la diversité des
milieux naturels et leur vulnérabilité face aux activités
humaines. Les acteurs de `l'écologie citoyenne' reprennent à leur
compte ces connaissances. Les associations de protection de la nature sont
d'autant plus écoutées par les responsables politiques qu'elles
répondent aux revendications sociales des classes moyennes. La forte
médiatisation du « Pacte écologique » de
Nicolas Hulot au début de la campagne présidentielle
française de 2007 et la volonté politique de donner une certaine
puissance au « Ministère de l'écologie, du
développement et de l'aménagement durables » en
attestent. « Cette dynamique permet d'expliquer
l'institutionnalisation de la notion d'écosystème aquatique en
France puis au niveau européen avec notamment la Directive Cadre sur
l'Eau »20(*).
2. Les enjeux de la Directive
Cadre Européenne sur l'Eau
L'entrée en vigueur de la Directive Cadre sur l'Eau
(DCE) en 2000 constitue l'évolution la plus récente quant
à la représentation de la qualité des milieux aquatiques.
Elle induit de nouvelles manières d'évaluer la qualité qui
bouleversent les conceptions admises jusqu'ici.
2.1 Un nouveau
référentiel pour définir la qualité des cours
d'eau
La DCE réaffirme avant tout les principes de la loi sur
l'eau de 1992 sur le caractère patrimoniale de l'eau21(*). La notion de
patrimoine est au coeur des politiques environnementales. On peut
retenir pour l'eau la définition du patrimoine donnée par
Montgolfier (1987, 241). « Un patrimoine est un ensemble de biens
susceptibles de conserver dans le futur, moyennant une gestion adéquate,
des potentialités d'adaptation à des usages non
prévisibles dans le présent ». Cette
définition considère donc l'eau comme une source d'usages
anthropiques, dont la pérennité ou l'apparition repose sur le
maintien de fonctions de l'eau qui les permettent. La DCE est
élaborée dans cet esprit : les usages de l'eau pourront
être préservés si la qualité des milieux aquatiques
reste bonne (« Une bonne qualité de l'eau garantira
l'approvisionnement de la population en eau potable » (DCE,
considération 24)).
Ainsi, la DCE est entièrement vouée à
créer les conditions (institutionnelles, techniques et
réglementaires) pour conserver ou retrouver une bonne qualité des
milieux aquatiques afin de garantir les usages actuels et futurs de l'eau. Cet
objectif prend un aspect réglementaire. La DCE rend obligatoire
l'atteinte du « bon état » dans des
délais temporels fixés sous peine de sanctions (article 23). En
outre le « bon état » est un objectif de
résultat et non plus un objectif de moyens comme pouvait l'être,
par exemple, la directive sur les Eaux Résiduaires Urbaines (1991) qui
imposait une mise en conformité technique des systèmes de
traitement des eaux usées. En ce sens la directive
« impose des objectifs ambitieux aux Etats membres mais leur
laisse le choix des moyens pour y parvenir »22(*).
La protection environnementale stricte est un objectif
à part entière, mais elle doit surtout servir aux usages. En
effet, la DCE vise à protéger toutes les eaux de surfaces,
souterraines et côtières sur le territoire de l'Union
Européenne pour répondre à quatre objectifs
principaux : l'approvisionnement en eau potable des populations,
l'approvisionnement en eau des usages marchands, la protection des milieux
aquatiques, la réduction des conséquences des inondations et
sécheresses23(*).
La protection des usages de l'eau est donc au coeur de la DCE, en revanche la
définition de la qualité des milieux aquatiques est
profondément basée sur une approche écosystémique,
et les « indicateurs biologiques deviennent les juges de paix de
l'évaluation de la qualité des milieux »24(*).
Voyons plus en détail les nouvelles conceptions de la
« bonne qualité » des milieux aquatiques induites
par la DCE.
La DCE demande aux Etats Membres d'atteindre le
« bon état » des eaux pour 2015. Des
délais de temps et des objectifs moins forts sont possibles pour les
eaux trop dégradées. Pour ces eaux fortement
modifiées25(*)
l'atteinte d'un « bon potentiel » est alors
fixée comme objectif. L'état des eaux est apprécié
selon deux grands indicateurs : l'état écologique et
l'état chimique. Le « bon état » est
atteint lorsque les états écologiques et chimiques sont bons.
Pour les eaux de surfaces courantes, les états sont
évalués sur des segments de cours d'eau homogènes par
leurs caractéristiques écologiques. Ce sont les
« masses d'eau », elles constituent l'unité
d'évaluation de base. Un seul cours d'eau peut être divisé
en plusieurs masses d'eau26(*).
« L'état chimique » est
apprécié en mesurant la teneur, dans le milieu (eau ou
sédiments), de différentes substances chimiques. Il s'agit de 41
substances dont les concentrations dans les milieux aquatiques font
déjà l'objet de seuils réglementaires fixés par
différentes directives européennes. Le « bon
état chimique » est atteint si les normes sont
respectées. L'état chimique ne peut prendre que deux valeurs
(respect ou non respect).
« L'état
écologique » est plus complexe à définir et
comporte deux innovations. D'abord, il donne une part
prépondérante à la biologie. Si la méthode
d'évaluation de la qualité écologique prend en compte des
paramètres physico-chimique et physique (comme le SEQ-Eau), ils ne
doivent être considérés que par les liens qui les unissent
à la biologie. « En fait, la physico-chimie et
l'hydromorphologie interviendront plutôt comme facteur explicatif
à l'évaluation de l'état donnée par la biologie. Le
préalable est donc de construire le dispositif biologique pour
l'évaluation de l'état écologique et, ensuite, les
éléments physico-chimiques sont calés en fonction de ce
dispositif »27(*).
La seconde innovation du « bon
état » est la notion d'écart à une
référence. En effet, « l'état
écologique » mesuré sur une masse d'eau sera
comparé à un état dit de référence. La
référence, le « très bon état
écologique », correspond à un état de
fonctionnement du milieu aquatique dans un contexte pas ou très peu
perturbé par l'homme. Il est définit par l'annexe V de la DCE
comme un état comportant« Pas ou très peu
d'altérations anthropogéniques des valeurs des
éléments de qualité physico-chimiques et
hydromorphologiques applicables au type de masse d'eau de surface par rapport
aux valeurs normalement associées à ce type dans des conditions
non perturbées. Les valeurs des éléments de qualité
biologique pour la masse d'eau de surface correspondent à celles
normalement associées à ce type dans des conditions non
perturbées et n'indiquent pas ou très peu de distorsions. Il
s'agit des conditions et communautés
caractéristiques ». L'état de
référence sera fixé pour des types de masses d'eau. Cette
typologie est basée sur l'homogénéité
écologique des cours d'eau et des régions dans lesquelles ils
s'écoulent. Elle prend acte de la diversité des `milieux
naturels' et donc de la diversité des états de
références. Autrement dit, « les cours d'eau ont
une chimie et une biologie qui leur sont propres ou typiques. Pour un type
donné, un tronçon de cours d'eau sans impact dû à
l'activité humaine, constitue une
référence »28(*). Il existe 123 types de masses d'eau en France, dont
50 représentent 80 % du linéaire des cours d'eau. La
qualité d'une masse d'eau sera définie en fonction de
l'écart de qualité quelle présente par rapport à la
situation de référence (le « très bon
état »). La qualité écologique peut prendre
plusieurs valeurs en fonction du degré d'écart à la
référence. A l'instar du SEQ-Eau, l'état écologique
s'apprécie sur une échelle à cinq niveaux. En attendant la
définition précise du « bon état
écologique » au niveau européen, la
référence correspond à la classe verte du SEQ-Eau29(*).
Cette notion d'écart à une
référence est déjà utilisée par les
différents outils d'évaluation existants en France (SEQ-Eau,
IBGN, IBD...) mais leur référence n'est pas établie selon
une typologie des cours d'eau, comme le demande la DCE. Le milieu de
référence des outils français correspond à une
petite rivière de montagne. « Or, dans le domaine de la
biologie, avant d'être influencée par des éléments
polluants ou des problèmes d'habitats, la répartition naturelle
des organismes aquatiques est guidée par des critères plus
généraux (géologie, climat, altitude, ...). D'où la
nécessité de prendre en compte la typologie. Compte tenu de la
construction de nos outils d'évaluation actuels qui ne tient pas compte
de cette typologie, certains milieux aquatiques, même exempt de pressions
anthropiques, ne peuvent être classés en très bonne
qualité ou en bonne qualité. Aussi, pour ces cas-là, dans
les SDAGE et dans les SAGE, l'objectif peut être seulement une
qualité moyenne. Pour la mise en oeuvre de la DCE, cette façon de
raisonner n'est plus possible puisque l'objectif principal est le « bon
état » pour toutes les eaux (ou le bon potentiel pour les masses
d'eau fortement modifiées) »30(*).
La DCE marque ainsi l'apogée de la
représentation eau milieu. Cette conception se retrouve dans la
méthode d'évaluation de la qualité de l'eau. Elle
intègre le fonctionnement systémique des milieux aquatiques, et
place l'indicateur biologique au centre de l'évaluation de la
qualité `écologique' de l'eau. Enfin, la qualité vers
laquelle doivent tendre les milieux aquatiques est proche d'une situation non
perturbée par l'homme, sous entendu `naturelle'. Cette situation, le
« bon état écologique », est
considérée comme la mieux à même de conserver les
aptitudes de l'eau nécessaire à la réalisation d'un
maximum d'usages anthropiques.
2.2.
Les enjeux de la notion « d'état de
référence »
La définition de « l'état de
référence » revêt une importance capitale
car c'est en fonction de lui que sera évaluée la qualité
des milieux aquatiques et donc les mesures à mettre en oeuvre pour
atteindre le « bon état écologique».
Pourtant la définition de cette référence pose quelques
problèmes techniques et suscite des interrogations quant à la
notion même de référence, autrement dit de
normalité.
Un rapide passage en revue de la bibliographie permet de
rendre compte des nombreuses difficultés techniques que pose la
définition de l'état de référence. Une bonne partie
des données est à collecter, et des méthodes
d'évaluation appréciant la qualité biologique en fonction
des facteurs physiques et physico-chimique restent à
élaborer31(*). Se
posent ensuite des problèmes d'ordres spatiaux et temporels. Sur le plan
spatial, on peut s'interroger sur l'existence même de sites de
références pour mesurer l'ensemble des paramètres relatifs
aussi bien à la composition et la pollution de l'eau, l'hydrobiologie et
l'hydromorphologie (Perreira-Ramos). Sur le plan temporel, l'époque
qu'il convient de considérer pour définir l'état de
« non perturbation anthropogénique », en
fonction des différents paramètres à mesurer, ne fait pas
l'unanimité. Des travaux associant plusieurs disciplines pour
définir l'état de référence de l'estuaire de la
Seine le démontrent. « Pour un sédimentologiste,
l'état de référence se trouve vers 1850, avant la
Révolution industrielle, avant que l'homme ne modifie la morphologie du
lit du fleuve ; pour ceux qui étudient les poissons, l'état de
référence se trouve il y a deux mille ans, avant que nos
ancêtres n'introduisent des carpes et autres poissons dans la Seine ;
pour la pollution chimique, l'état de référence
était moins lointain, tandis que pour la pollution microbienne,
l'état de référence se trouve avant le Moyen Age, qui
était très pollué »32(*). Ces considérations
laissent à penser, comme la qualité, que l'état
de référence n'existe pas en soi. L'état de
référence est relatif et non absolu.
Finalement ces problèmes techniques sont liés
à une conception particulière de la nature, sous jacente à
la notion d'état de référence. Le
« très bon état écologique »,
défini comme un état non perturbé par l'homme, semble
correspondre à l'idée de la nature sauvage, la
wilderness des Anglo-Saxons, une nature idéale et
idéalisée préexistante à l'humanité
(Larrère, 1997). Cette vision de la nature est culturelle, et souvent
liée au mythe d'une nature idéale toujours plus ancienne à
celle existante. Par exemple, les principes de la gestion patrimoniale
des tourbières visent à retrouver un état de
fonctionnement écologique définit comme idéal. Mais au
fond cet état correspond aux paysages idéalisés du
XIXème siècle, « celui qui fut
façonné par une paysannerie avec laquelle notre
société a rompu au nom du
progrès »33(*). Il est aujourd'hui admis, au moins par la
communauté scientifique, que la wilderness n'existe pas en
Europe. Les paysages naturels actuels sont le fruit d'aménagements de
l'homme depuis plusieurs siècles. Or la définition du
« très bon état écologique »
donnée dans l'annexe de la directive reste assez floue et ne
précise pas s'il s'agit, par exemple, de revenir un état
pré-anthropique, ou seulement préindustriel (Perreira-Ramos).
En outre, choisir une référence comme objectif
à atteindre à l'horizon de plusieurs dizaines d'années,
sous-tend l'idée de stabilité. Or cette conception proche du
concept de climax est aujourd'hui fortement remise en cause par les
scientifiques (Veyret, 2004. Larrère, 1997). L'équilibre des
écosystèmes n'est que temporaire. Par exemple, des travaux
récents ont mis en évidence la variabilité sur des temps
très courts, parfois de l'ordre de la décade, de la morphologie
de cours d'eau de têtes de bassins dans des environnements très
sensibles à l'érosion des versants34(*). J.P. Bravard (2003) souligne
ainsi que « les recherches sur l'histoire de l'environnement,
couplant archives naturelles et culturelles, ne font qu'étendre les
limites de la variabilité connue ».
L'état de référence est donc bien
relatif, et définir cet état relève, comme pour la
qualité, d'un choix quant aux critères à prendre en
compte. Choisir un état de référence revient à
poser la question : « quelle nature voulons
nous ? » (Lévèque, 2003). Sans oublier
l'interrogation de Morand (1971) : « faut-il conserver la
nature ou la nature des hommes ? ». On peut émettre
comme hypothèse que le « bon état
écologique » vise à conserver la nature puisque
les critères retenus pour le définir relève d'une
conception biocentrique de l'environnement. Mais au fond il s'agit bien de
conserver la nature des hommes puisque le retour à un état de
référence est en quelques sortes l'institutionnalisation de
plusieurs décennies de revendications environnementales et aussi un
moyen de pérenniser des usages anthropiques.
Bref, fixer comme référence un état des
milieux aquatiques non perturbé par l'homme reste difficile à
définir sur des sites qui restent à trouver. N'est-ce pas ici une
« double utopie » ? F. Schmitt parle
d'ailleurs, non sans ironie, de « l'utopie environnementale de la
bureaucratie européenne ».
On peut toutefois constater le pragmatisme de la DCE qui admet
que certains milieux ne peuvent revenir à un état non
perturbé. Les MEFM ont pour objectif un « bon
potentiel ». En revanche la question reste posée pour tous les
autres cours d'eau.
Pour pallier aux difficultés d'atteindre un
état écologique utopique, J.P. Bravard (2003) propose
d'adopter une « démarche d'écologie
prospective » capable de rendre compte et d'intégrer les
évolutions conjointes des écosystèmes et des
sociosystèmes. Cette démarche s'écarte de la
définition d'un stade idéal et ultime de la `bonne
qualité' en optant plutôt pour l'intégration, dans les
politiques de gestion, des formes de variabilité. Les bases
théoriques de cette démarche font appel au concept
d'anthroposystème.
Chapitre 2 . Postures scientifiques et
méthodologie utilisée
1.
L'anthroposystème, un concept opérationnel pour approcher les
problématiques de la gestion de l'eau
Le concept d'anthroposystème a été
formulé dans le cadre du Programme Environnement Vie et
Sociétés (PEVS) du CNRS afin de fédérer des champs
disciplinaires différents et éclatés sur un objet de
recherche commun : l'environnement. Mais « au delà du
discours quelque peu incantatoire sur
l'interdisciplinarité », ce concept à une vocation
opérationnelle pour étudier l'interaction
sociétés-milieux à l'échelle
(privilégiée) régionale. Les Zones Ateliers ont clairement
été créées dans cette optique. Le Bassin du
Rhône a obtenu le label « Zone Atelier » en 2001, il
s'agit de la Zone Atelier Bassin Rhône (ZABR).
L'anthroposystème se définit comme un
« système interactif entre deux ensembles
constitués par un (ou des) sociosystème(s) et un (ou des)
écosystème(s) naturels et/ou artificialisé(s) s'inscrivant
dans un espace géographique donné et évoluant dans le
temps. Ces écosystèmes sont occupés,
aménagés, et utilisés par les sociétés, ou
bien s'ils ne le sont pas, leur existence est nécessaire à leur
vie et à leur développement social. Les sociétés
qui vivent ou utilisent cet espace sont constituées de groupes sociaux
ayant des intérêts et des jeux propres ».35(*)
Le concept d'anthroposystème est très
récent dans le champ scientifique. Il a été formulé
par LEVEQUE en 2003. Il s'inspire d'autres concepts (l'écosystème
de Tansley (1935), le Géosystème de Bertrand (1978, 1982),
l'éco-socio-système de Montgolfier (1987)) et fait ainsi partie
d'une lignée de concepts qui ont cherché à intégrer
dans une analyse globale, dite environnementale, l'interdépendance et
l'interaction des systèmes sociaux et naturels. En revanche
l'anthroposystème se démarque des autres concepts qui donnent
chacun une importance plus grande soit aux systèmes naturels
(écosystème et dans une moindre mesure Géosystème),
soit aux systèmes sociaux (Sociosystèmes). Les concepteurs de
l'anthroposystème se targuent ainsi de considérer le naturel et
le culturel sur le même plan d'égalité. « Ces
derniers forment un tout du point de vue structurel et sont indissociables dans
leurs relations imbriquées, ce qui implique la coévolution
fonctionnelle des sous-systèmes naturels et sociaux au fil du
temps. »36(*)
Beaucoup de travaux réalisés à partir du
concept d'anthroposystème ont concernés, et concernent encore,
les systèmes fluviaux. Les Zones Ateliers sont largement vouées
à ce type d'approche. Dans le cadre de la ZABR, les travaux de la Maison
du fleuve Rhône sur « l'observation sociale du
fleuve » optent pour une entrée par les
sociosystèmes, mais ils s'intègrent toujours dans des politiques
de gestion de l'eau. Une étude anthropologique sur les
représentations de la rivière Drôme, par les
différents usagers, a permis une gestion éclairée des flux
sédimentaire dans le cadre du volet restauration physique du SAGE
Drôme37(*). Cette
entrée par les sociosystèmes dans le cadre de la gestion de l'eau
est devenue nécessaire tant les usages des milieux aquatiques sont
multiples et parfois générateurs de conflits. La prise en compte
de tous les usages de l'eau est par ailleurs clairement énoncée
depuis la loi sur l'eau de 1992 et réaffirmée dans la loi sur
l'eau et les milieux aquatiques de 200638(*). La considération du facteur humain dans la
gestion de l'eau est aujourd'hui essentielle.
A ce titre, on peut citer les travaux du Groupe de Recherche
Rhône-Alpes sur les Infrastructures et l'Eau (GRAIE) qui
s'intéressent à « la demande sociale » dans
leur programme « aménagement des rivières urbaines et
demande sociale »39(*). Des enquêtes sur les pratiques et les
perceptions des rivières par les usagers et les propriétaires
riverains ont été réalisées dans le cadre de
programmes de gestion de l'eau (SAGE et Contrats de Rivières). Cuaz,
Meuret, Piégay (1996) en démontrent l'utilité40(*).
2. La prise en compte des
perceptions et des représentations pour mettre en lumière les
`qualités subjectives' de l'eau
Pour reprendre l'expression de S. Allain (2001),
« s'intéresser à la gestion du domaine de l'eau,
c'est s'intéresser à la gestion d'un
anthroposystème ». Une des portes d'entrée de
l'étude de l'anthroposystème-Eau peut être celle
qui s'intéresse aux représentations sociales de l'eau. Ce domaine
de recherches à été investit par les travaux du GIP
Hydrosystèmes dans le cadre de son axe « Hydrosystèmes
et sociétés »41(*). Par représentations sociales on entendra
« toutes créations sociales ou individuelles de
schémas pertinents du réel » (Guérin,
1989). Ch. Aspe explique que les représentations sont des
systèmes explicatifs construits par les individus pour comprendre et
agir malgré l'incertitude et la complexité des interactions
homme-nature dans le cas des problématiques environnementales. Ces
construits dépendent des connaissances scientifiques existantes et de
leur diffusion mais aussi de la culture des individus.
La prise en compte de ces représentations est
essentielle pour comprendre les stratégies que les acteurs mettent en
place pour agir sur l'espace, et dans notre cas sur la qualité de l'eau
des rivières. D'une manière générale cette posture
implique de considérer l'espace géographique dans ses deux
dimensions42(*). La
première est celle des formes concrètes de l'espace
(l'organisation spatiale du bassin versant, les aménagements de la
rivière et du lit majeur, etc.), la seconde est le sens de ces formes
(les perceptions qu'en ont les individus, les idéologies sous jacentes
à la construction des formes spatiales). Prendre en considération
le sens de l'espace, c'est donc s'intéresser aux acteurs qui en sont
à l'origine. Appliqué à notre sujet de recherche, l'espace
considéré est la rivière mais aussi son bassin versant et
ce toujours à travers le prisme de la qualité de l'eau. Les
acteurs considérés sont des personnes concernées ou
impliquées dans la gestion de la qualité de l'eau des
rivières (élus locaux, agriculteurs, pêcheurs,
techniciens...).
L'analyse des perceptions est elle aussi riche
d'enseignements. H. Piégay (2007) souligne le rôle des perceptions
négatives du bois mort en rivière dans les difficultés de
gestion écologique du fonctionnement physique des cours d'eau. Dans sa
thèse sur les contrats de rivières dans le bassin versant de la
Saône, A. Brun fait part des divergences de perception de la
qualité de l'eau des rivières et de son évolution entre
les acteurs de la gestion de l'eau en fonction de leur aire géographique
d'intervention43(*).
Enfin, une enquête de l'Ifen démontre qu'il existe aussi des
divergences de perceptions de la qualité de l'eau des rivières en
fonction des catégories socioprofessionnelles44(*).
Ces deux dernières citations démontrent
qu'au-delà d'une définition « objective » et
scientifique de la qualité de l'eau, il existe des qualités
« subjectives » de l'eau portée par des individus ou
groupes d'individus. Cette divergence reflète des représentations
différentes de ce qui fait la bonne qualité de l'eau d'une
rivière. C'est ici une de nos hypothèses. Or ces divergences de
représentations peuvent être des obstacles à la
réussite d'une politique de gestion de l'eau qui se fixe comme objectif
d'atteindre une « bonne qualité » de l'eau
déterminée objectivement. En effet comment atteindre un objectif
si les acteurs concernés ont une conception différente du contenu
de cet objectif ?
Postuler ici qu'il n'existe pas de réel objectif en
dehors de nos représentations n'est pas nouveau. Cette conception
platonicienne est affirmée chez KANT qui montre que les sciences
n'accèdent pas aux objets qu'elles souhaitent étudier, mais
à certaines de ses qualités (Bailly, 2001). On l'a vu à
travers la définition de la « bonne qualité »
de l'eau. Elle ne se définit qu'en ne tenant compte que de certaines
caractéristiques de l'eau. Ces réductions pragmatiques du
réel, pour établir des normes ou des seuils de qualité en
vue d'une politique de gestion, sont liées à des
représentations particulières de l'eau non sans rapport avec des
contextes sociopolitiques favorables soit à l'exploitation de la
ressource en eau, soit à la conservation des milieux aquatiques.
Il importe donc de s'intéresser d'une part aux
perceptions de la qualité de l'eau, pour voir si elles divergent des
définitions objectives de la qualité élaborées
selon des méthodes scientifiques et admises comme
références, préalables à toutes actions de gestion
de l'eau. D'autre part il faut s'intéresser aux représentations
de la bonne qualité de l'eau d'une rivière pour comprendre le
sens des actions engagées dans le cadre des politiques de protection ou
de reconquête de la « bonne qualité » de l'eau
des rivières. Là encore, il s'agit de confronter les
représentations des acteurs locaux (agissant dans le bassin versant de
l'Azergues) avec les représentations sous jacentes de la DCE, pour la
plupart retranscrites dans le SDAGE.
3. Hypothèses et
méthodologie générale
Les deux hypothèses de travail sont les
suivantes :
1/
Malgré l'existence de méthodes scientifiques et de techniques qui
permettent de définir objectivement la qualité de l'eau des
rivières et donc la « bonne qualité », les
acteurs ont des perceptions divergentes qui s'écartent plus ou moins
fortement de la « qualité objective ».
2/ Ces divergences sont liées à des
représentations différentes de ce qui fait la « bonne
qualité » de l'eau des rivières. Ces divergences sont
verticales (entre les acteurs de bassin et les acteurs locaux) et horizontales
(entre les acteurs locaux). Elles peuvent être des obstacles pour
parvenir à la « bonne qualité » de l'eau
telle qu'elle est formulée par la DCE.
Pour rendre compte de ces divergences un constant aller-retour
est réalisé entre, d'une part, les définitions objectives
de la bonne qualité de l'eau et les perceptions subjectives qu'en ont
les différents acteurs, et d'autre part, entre les
représentations de la bonne qualité induites par la DCE et les
représentations des acteurs locaux.
La méthodologie générale adoptée
se compose de deux grandes phases.
La première a consisté à connaître
le terrain d'étude. Le bassin versant de l'Azergues a été
approché en fonction d'une de ses spécificités: sa
proximité avec l'agglomération lyonnaise. Les dynamiques
démographiques, urbaines et agricoles ont été
privilégiées pour caractériser le phénomène
de périurbanisation.
Pour ce travail j'ai d'abord fait l'acquisition des cinq
cartes topographiques au 1/25 000ème de l'IGN pour couvrir l'ensemble du
bassin versant. L'analyse globale de l'espace, à partir de croquis
d'interprétation, m'a permis de décomposer le bassin versant en
trois zones. Ce découpage spatial sur des critères naturels
(formes du relief, géologie, agencement du réseau hydrographique,
couverture végétale) et humains (zones et taille de peuplement,
activités agricoles et économiques, réseaux de
communications) s'est doublé d'une approche statistique. Le traitement
de données brutes issues du recensement général de la
population et du recensement général agricole a confirmé
la pertinence de ce découpage spatial. Plusieurs randonnées dans
chacun des trois secteurs m'ont permis de mieux saisir les contrastes du
territoire du bassin versant de l'Azergues. Enfin j'ai rencontré
dès le début de mon travail (janvier) le chargé de mission
du contrat de rivière Azergues.
Parallèlement à la caractérisation
socio-spatiale du bassin versant, j'ai rassemblé des données
techniques sur la qualité de l'eau de l'Azergues pour définir son
état et son évolution. Les sources disponibles ne m'ont pas
permis de connaître l'évolution de la qualité de l'eau de
l'ensemble de l'Azergues sur plusieurs décennies. Seul un point de
mesure du Réseau National de Bassin, situé dans la partie aval de
l'Azergues, permet de retracer une évolution de la qualité depuis
1987. Les sources les plus utilisées furent les données issues
des trois campagnes de surveillance de la qualité de l'eau de l'Azergues
(1994, 1999, 2004) commandées par le Conseil Général du
Rhône dans le cadre de sa politique de surveillance de la qualité
des cours d'eau du département. Ces études
générales ont été complétées par
d'autres études thématiques (suivi de la pollution par les
pesticides des rivières du Beaujolais viticoles, plusieurs études
dans le cadre des différents volets du contrat de rivières
(étude morphodynamique, étude paysagère de la
vallée, étude piscicole et astacicole)). Des données du
SDAGE 1996 et de l'Agence de l'Eau RMC dans le cadre de l'état des lieux
pour la DCE ont aussi été utilisées.
La deuxième phase concernait les enquêtes de
terrain ainsi que leur analyse.
Le recours aux enquêtes de terrains permet de recueillir
la perception de la qualité de l'eau des différents acteurs et
aussi leurs représentations quant à ce qui fait la
« bonne qualité d'une rivière ».
Dans un premier temps seize entretiens semi directifs ont
été réalisés auprès de différents
acteurs concernés par la gestion de l'eau (élus, agriculteurs,
techniciens). Les résultats des entretiens ont permis la
réalisation d'un questionnaire destiné aux simples usagers de la
rivière (essentiellement des promeneurs et des pêcheurs)
interrogés au « fil de l'eau » dans les trois
secteurs du bassin versant. La passation des questionnaires s'est parfois
accompagnée de discussions plus ou moins longues. Les entretiens, pris
sur rendez vous, m'ont également permis de connaître les
politiques de protection de la ressource engagées sur le bassin versant.
L'analyse des enquêtes visait à confronter les
discours des différents acteurs sur la qualité de l'eau de
l'Azergues.
Chapitre 3 . Présentation du
terrain d'étude
Affluent de la Saône, l'Azergues s'écoule dans le
sud du Beaujolais entre la bordure orientale du Massif Central et la
vallée de la Saône. C'est le plus important affluent de la
Saône dans le département du Rhône. Depuis ses sources, dans
les montagnes Beaujolaises, l'Azergues parcourt un peu plus de 60
kilomètres à travers les collines du Bas Beaujolais puis la
plaine de la Saône avant de rejoindre l'affluent du Rhône à
quelques kilomètres au sud de Villefranche-sur-Saône. Deux
principaux affluents gonflent le débit de l'Azergues autant qu'ils
augmentent la superficie de son bassin versant : Le Soanan et la
Brévenne. Le Soanan rejoint l'Azergues dans la partie médiane du
bassin versant après un parcours de 18 kilomètres au nord des
Monts de Tarare. La Brévenne, gonflée dans sa partie aval par les
eaux Tararoise de la Turdine, s'écoule dans les Monts du Lyonnais et
conflue avec l'Azergues à l'amont de Lozanne. Ce réseau
hydrographique en `Y', dont les branches très ouvertes sont
orientées nord nord-ouest sud sud-est pour l'Azergues et sud-ouest
nord-est pour la Brévenne, confère à l'Azergues un vaste
bassin versant étendu sur 875 km², soit le quart de la superficie
du département du Rhône.
Le terrain d'étude retenue ici est le bassin versant de
l'Azergues sans le sous-bassin Brévenne-Turdine. Ce choix s'est fait
pour des raisons pratiques afin de limiter un terrain d'étude sinon trop
étendu, mais aussi et surtout parce que le bassin versant de l'Azergues
est concerné par un contrat de rivière engagé depuis 2003.
Cet instrument donne ainsi un cadre cohérent pour la gestion de l'eau en
fédérant un certain nombre d'acteurs sur des objectifs communs.
Le bassin de l'Azergues est aussi un territoire particulier par sa
proximité avec l'agglomération lyonnaise. Soumis plus ou moins
fortement à un processus de périurbanisation (l'aval beaucoup
plus que l'amont), la question de la qualité de l'eau ne se pose pas de
la même manière selon les territoires du bassin versant.
Le secteur ainsi délimité s'étend sur 450
km² et comprend une cinquantaine de communes pour une population d'environ
50 000 habitants. La limite ouest du bassin versant jouxte la ligne de
partage des eaux des bassins rhodanien et ligérien. La Saône
marque la limite est du bassin. La limite sud correspond à la
vallée de la Turdine, axe de transition entre le Beaujolais et le
Lyonnais. Au nord, la limite correspond aux têtes de bassins versant de
quatre autres rivières du Beaujolais : l'Ardières, la
Vauxonne, le Nizerand, le Mérioux.
Figure 2. Localisation du bassin versant de
l'Azergues dans la région lyonnaise. Source : Région
Urbaine de Lyon. Auteur : N. Talaska, 2007
Le réseau hydrographique du bassin versant de
l'Azergues se caractérise par la forte densité du chevelu (voir
la carte à l'annexe n° 2). Une cinquantaine de petits ruisseaux,
à écoulement pérenne ou pas, drainent des bassins de
taille réduite. Les plus importants d'entre eux n'excèdent pas 18
km². Ce réseau de petit chevelu constitue 70 % des 260
kilomètres du linéaire total des cours d'eau du bassin versant de
l'Azergues. Ces affluents sont beaucoup plus nombreux dans la partie amont et
médiane du bassin versant. Le substrat géologique cristallin
imperméable favorise l'écoulement de surface. Les affluents sont
assez rares dans la partie aval du bassin versant de nature
sédimentaire. Il faut enfin rajouter à ce linéaire
`naturel' une vingtaine de biefs encore en eau hérités de
l'important usage hydraulique de l'Azergues jusqu'au milieu du
XXème siècle.
Tout au long de son parcours l'Azergues traverse des
territoires très diversifiés. Le bassin versant peut se
différencier en trois entités géographiques distinctes se
succédant de l'amont vers l'aval (figure 3) :
Les Monts du Beaujolais forestier et faiblement
peuplés
Les collines viticoles du bas Beaujolais très
peuplées
La vallée de la Saône agricole et densément
peuplée
Figure 3. Occupation des sols et relief du
bassin versant de l'Azergues. Un territoire contrasté de l'amont
à l'aval
Avant de présenter chaque secteur du bassin versant de
l'Azergues, il est nécessaire de replacer ce territoire dans le cadre de
l'aire urbaine lyonnaise. La deuxième agglomération de France
joue un rôle important dans les dynamiques qui affectent le sud du
Beaujolais.
1. Le bassin versant de
l'Azergues un territoire contrasté sous l'influence de
l'agglomération lyonnaise.
L'Azergues et ses affluents constituent un territoire à
la cohérence naturelle qui sert d'espace d'intervention pour la gestion
de l'eau dans le cadre d'un contrat de rivière. Ce territoire
cohérent par son fonctionnement hydrologique se montre très
contrasté dans son organisation socio spatiale. L'influence des
dynamiques périurbaines émises par la deuxième
agglomération de France est le principal facteur de cette distinction.
L'observation de quelques indicateurs socio-économiques
(tableau 1) révèle une différenciation spatiale plus ou
moins importante du bassin versant de l'Azergues. La croissance
démographique par apport migratoire est plus importante de l'amont vers
l'aval, les populations sont plus âgées de l'amont vers l'aval,
elles sont aussi plus riches à l'aval qu'à l'amont, et la
Basse-Azergues concentre 65 % des établissements économiques du
bassin versant. A cela s'ajoute la spécialisation agricole de chaque
secteur (carte de l'annexe 3). Le décalage temporel et spatial de la
dynamique périurbaine est à l'origine de la
différenciation socio-spatiale du bassin versant
Tableau 1.
Exemples des contrastes socio-démographiques des territoires du
bassin versant de l'Azergues. Source : Insee RGP 1999, Géoclip.
Auteur : N. Talaska, 2007. (La distinction du BV par secteurs est
présentée dans la figure 20)
Depuis le début des années 1970, la population
du bassin versant connaît un très fort accroissement
démographique. La population a doublé en 40 ans, passant de
32 000 habitants en 1962 à plus de 63 600 en 1999. Ce constat
général est très contrasté en fonction de chaque
secteur. Alors que la Basse-Azergues a connu une explosion démographique
dès la fin des années 1960, la Haute-Azergues a continué
de perdre des habitants jusqu'au début des années 1980. La
Moyenne-Azergues se place en position intermédiaire avec un gain
démographique constant depuis 1962 mais inférieur à celui
de la Basse-Azergues. On observe ainsi un gradient d'accroissement
démographique aval-amont. Mais la tendance la plus singulière est
la diffusion de cet accroissement depuis l'aval vers l'amont.
La figure 4, montre bien une concentration spatiale de
`l'explosion démographique' dans la Basse-Azergues au cours de la
période 1962-1999. On voit aussi nettement l'opposition entre l'amont
qui perd des habitants et l'aval qui en gagne beaucoup. Mais la tendance
récente (1990-1999) met en lumière une baisse relative de
l'accroissement démographique dans la Basse-Azergues au profit de la
Moyenne-Azergues et secondairement de la Haute-Azergues. Cette diffusion
démographique vers l'amont du bassin versant est le résultat de
la constitution d'une deuxième couronne périurbaine autour de
l'agglomération lyonnaise (Charmes, 2007).
Les grandes métropoles françaises sont
entourées d'une couronne périurbaine non homogène dans
leurs dynamiques d'urbanisation. Les espaces ruraux les plus proches de
l'agglomération ont accueilli les premières grandes vagues
d'urbanisation périurbaine. L'important mouvement de construction
résidentielle génère, à un moment donné, une
dénaturation du cadre de vie rural que recherchaient les populations qui
s'y sont installées. Ces nouvelles populations s'intègrent petit
à petit dans la vie locale et prennent une place de plus en plus
importante dans les conseils municipaux. Elles font alors prévaloir
leurs attentes et notamment celles ayant trait à la conservation de leur
cadre de vie qu'ils voient menacé par l'urbanisation croissante. Les
volontés de restreindre l'urbanisation se traduisent alors dans les Plan
Locaux d'Urbanisme (PLU) et, à une échelle plus large, dans les
Schémas de Cohérence Territorial (SCOT). Ce
« malthusianisme foncier » contraint donc la
construction résidentielle dans ces espaces alors que les désirs
d'habitat à la campagne proche de la ville ne diminuent pas. Le
résultat est un report de la périurbanisation dans des espaces de
plus en plus éloignés de la ville : c'est la deuxième
couronne périurbaine45(*).
La diffusion de l'urbanisation de l'aval vers l'amont du
bassin versant de l'Azergues peut être interprétée selon ce
schéma. A l'échelle de l'aire urbaine de Lyon (figure 5), et en
ne considérant que l'ouest lyonnais, on remarque que pour la
période 1962-1999, les communes qui ont enregistré les taux
d'évolution annuel moyen les plus forts forment un arc proche de Lyon
d'une dizaine de kilomètres de large allant des communes de la
Basse-Azergues au sud de Vienne. Sur la période 1990-1999, cet arc est
encore perceptible mais il a sensiblement changé de forme. Il s'est
écarté de Lyon et sa partie nord présente une excroissance
orientée vers l'ouest. Cette excroissance concerne amplement les
communes de la Moyenne-Azergues. On voit donc bien que la diffusion
démographique, et donc de l'urbanisation, de l'aval vers l'amont du
bassin versant de l'Azergues est liée à la dynamique
périurbaine de l'agglomération lyonnaise d'une part, et
probablement liée au « malthusianisme
foncier » des communes de l'ouest lyonnais46(*) qui génère un
transfert de l'urbanisation dans la Moyenne-Azergues, d'autre part.
Figure 4. Evolution de la population des
communes du bassin versant de l'Azergues
Figure 5. Evolution de la population des
communes de l'aire urbaine de Lyon
Donc on retrouve dans le bassin versant de l'Azergues une
distinction démographique et urbaine entre trois secteurs sous le
contrôle de la dynamique périurbaine de l'agglomération
lyonnaise. La Basse-Azergues a très tôt enregistré les
fortes évolutions démographiques dues aux premières
grandes vagues de périurbanisation au début des années
1970. Le mouvement de périurbanisation continuant, et sous l'effet d'une
saturation foncière, les nouvelles populations s'installent dans la
Moyenne-Azergues et secondairement dans la Haute-Azergues. Il y a donc dans le
bassin versant de l'Azergues un décalage spatial et temporel du
mouvement de périurbanisation. Ce décalage explique la
différenciation socio-spatiale du bassin versant. Cette distinction se
retrouve assez bien dans les récents regroupements intercommunaux. La
Communauté de Communes de la Haute Vallée de d'Azergues regroupe
une bonne partie des communes du secteur de la Haute-Azergues. La
Communauté de Communes des Pays du Bois d'Oingt regroupe
presque toutes les communes de la Moyenne-Azergues. Le secteur de la
Basse-Azergues est concerné par la Communauté de Communes du
Beaujolais Saône Pierres Dorées et une autre comprend trois
communes autour de Lozanne (annexe n°4).
Ces dynamiques démographiques et urbaines contribuent
à l'intégration de certains territoires du bassin versant de
l'Azergues à l'agglomération lyonnaise. Ainsi, selon la
classification de l'Insee, plus des trois quarts des communes du bassin versant
font partie de l'aire urbaine de Lyon. Celle-ci regroupe l'unité urbaine
lyonnaise et sa couronne périurbaine47(*). Toutes les communes de la Basse-Azergues font partie
de l'unité urbaine de Lyon et les autres communes de la Moyenne-Azergues
font partie de la couronne périurbaine. Les communes de la
Haute-Azergues restent des communes rurales. En terme de politique
d'aménagement du territoire toute la Basse-Azergues et une partie de la
Moyenne-Azergues sont concernées par la Directive Territoriale
d'Aménagement (DTA) de l'aire métropolitaine lyonnaise. Enfin un
débat illustre bien l'intégration progressive de la
Basse-Azergues à l'agglomération Lyonnaise. Lors d'un entretien
dans la presse régionale avec Dominique Perben (ancien ministre des
transports, vice président du Conseil Général du
Rhône et candidat aux élections municipale de Lyon) un journaliste
l'interrogeait ainsi : « Vous êtes candidat à
la mairie de Lyon (en 2008), en cas de victoire quelle sera votre attitude par
rapport au Beaujolais ? La plaine des Chères va-t-elle conserver son
rôle de "zone tampon" ? Ou bien, l'incorporation au Grand Lyon du
sud Beaujolais est-elle inéluctable comme pour Givors
? »48(*).
Et celui-ci de répondre : « Ce débat est
largement aujourd'hui dans les mains des élus du sud Beaujolais qui
doivent l'aborder clairement avec les populations qu'ils représentent,
s'ils le souhaitent ». A travers cette question resurgit un
débat récurrent : celui du désajustement entre les
territoires institutionnels de l'agglomération Lyonnaise et les espaces
fonctionnels dépendant de l'agglomération mais dépassant
largement ses cadres administratifs. En clair, les dynamiques
démographiques, urbaines et économiques du sud du Beaujolais sont
largement liées à l'agglomération lyonnaise, mais ces
territoires restent gérés selon des logiques institutionnelles
`Beaujolaises' et non Lyonnaises.
Figure 6. Le bassin versant de l'Azergues
dans l'aire urbaine de Lyon
2. La Haute-Azergues, les Monts
du Beaujolais forestier et faiblement peuplés
Constituant la bordure orientale du Massif Central, les
moyennes montagnes du Beaujolais, (900 mètres en moyenne), forment une
barrière aux formes trapues orientée nord sud sur près de
90 kilomètres de long depuis les confins du Mâconnais, au nord,
jusqu'au Massif du Pilat au sud. La ligne de crête de ces montagnes
constitue la ligne de partage des eaux entre les bassins ligérien et
rhodanien. Le haut bassin de l'Azergues fait partie de la montagne Beaujolaise
à dominante cristalline. L'altitude moyenne est de 700 m et la
particularité du relief réside dans l'opposition entre les formes
sommitales adoucies et les entailles du réseau hydrographique.
L'Azergues s'encaisse ici dans la masse rocheuse et sa vallée se
réduit à un étroit sillon. La multitude de ruisseaux
affluents, aux régimes torrentiels, forme autant de valons qui
dissèquent le relief perpendiculairement à l'exutoire.
2.1 De la polyculture
élevage à la sylviculture : les conséquences sociales
et environnementales du passage d'une agriculture de subsistance à une
culture à forte rentabilité économique
Le haut bassin de l'Azergues ainsi que la partie amont du
bassin du Soanan sont marqués par l'importance du couvert forestier.
Dans le cadre du Pays Beaujolais, ce secteur du bassin fait partie de
l'appellation touristique « Beaujolais Vert ».
Couleur donnée pour l'omniprésence de la forêt mais aussi
des prairies. Le taux de boisement dépasse parfois 60 % de la surface
communale (Claveisolles, Saint-Nizier-d'Azergues, Valsonne) et
s'élève à 51 % pour les 10 communes du canton de
Lamure-sur-Azergues. Les surfaces non boisées sont des prairies servant
de pâtures aux troupeaux de bovins, ovins et caprins. Elles occupent de
manière privilégiée les fonds de vallées humides.
Quelques surfaces cultivées assurent essentiellement du fourrage pour le
bétail.
La forêt majoritairement privée est une source
d'activité économique industrielle et agricole (exploitation
forestière, sciage et transformations du bois). On peut citer, à
titre d'exemple, la société Provvedi dont le
siège se situe à Saint-Nizier-d'Azergues. Cette
société emploi 79 salariés au sein de 5
sociétés dont l'ensemble constitue une filière bois
intégré verticalement allant de la préparation des sols
forestiers à la vente de maisons en bois. La société
possède 2 scieries parmi les 15 réparties dans la haute
vallée de l'Azergues49(*).
La sylviculture n'a pas toujours été un marqueur
du paysage comme elle l'est aujourd'hui. Les surfaces boisées ont pris
de l'importance au fur et à mesure de l'exode rural qui a fortement
touché les monts du Beaujolais. La sylviculture a peu a peu
remplacée un système de polyculture-élevage voué
à une agriculture de subsistance. Le Douglas est l'essence majoritaire
des plantations. Importé d'Amérique au milieu du
XIXème siècle, le Douglas trouve dans les petites
montagnes Beaujolaise des conditions écologiques idéales. Cette
essence à la croissance rapide est bien adaptée à
l'exploitation forestière. L'arbre fournit des fûts exploitables
en 60 ans. La production de bois ne cesse de gagner en surfaces plantées
et les essences résineuses composent les ¾ des surfaces
boisées aujourd'hui. Ces changements de boisements reflètent la
forte rentabilité de la filière bois au détriment des
chênaies mixtes et hêtraies autrefois intégrées aux
terroirs agricoles des sociétés locales.
Le passage d'une agriculture de subsistance à la
domination d'une culture à forte rentabilité économique
illustre la mutation des territoires des montagnes Beaujolaise. Dans une
monographie géo-historique de la commune de Valsonne, l'auteur50(*) décrit avec une
certaine amertume la mutation, au cours du XXème
siècle, des sociétés rurales traditionnelles fortement
attachées à leur territoire. L'essor de la sylviculture est tout
autant la cause que la conséquence des ces changements. En 80 ans les
surfaces boisées ont triplé, passant de 20 % de la surface
communale au début du XXème siècle à 65
% au milieu des années 1980. L'essor des boisements de résineux
fait non seulement disparaître les espaces agricoles qui faisaient vivre
les familles au prix d'un travail ardu de la terre, mais il modifie aussi
profondément la structure de la propriété foncière.
Alors que les espaces agricoles `traditionnels' appartenaient aux familles du
village, aujourd'hui 60 % des propriétaires forestiers sont
extérieurs à la commune. Le Douglas incarne cette mutation des
territoires. Cette critique de la sylviculture se retrouve dans le discours
d'un homme de 80 ans lors d'une discussion sur la qualité de l'eau de
l'Azergues. Pour lui le débit de la rivière est un facteur
important de la bonne qualité de l'eau. Or, aujourd'hui, le débit
lui semble moindre et il l'explique en partie à cause de la culture du
Douglas. Pour lui, cette essence assèche les sources dans les montagnes.
« Le Douglas pompe l'eau des sources ». Par
ailleurs le remplacement des boisements de feuillus par les résineux a
réduit les possibilités de cueillette de champignons. Le
débit des rivières et les possibilités de pêche
ainsi que l'abondance de champignons dans les forêts sont des indicateurs
de la qualité environnementale plusieurs fois cités lors de
discussions avec des personnes de plus de 60 ans.
Enfin la sylviculture est identifiée comme une source
de « pression importante » dans l'état des
lieux des milieux aquatiques du bassin Rhône Méditerranée
Corse (RMC)51(*). La
sylviculture est considérée comme une espèce invasive au
même titre que la Renouée du Japon. L'extension sylvicole est
également considérée comme un facteur de
« fermeture du paysage » dans l'étude des
milieux terrestres du contrat de rivière52(*).
Malgré l'omniprésence de la sylviculture,
l'élevage reste important. Il représente un cheptel de
18 000 têtes soit 80 % du cheptel total du bassin versant. Les
bovins sont les plus nombreux avec 9 500 têtes devant les ovins,
6 000 têtes, et les caprins, 2 500 têtes. Dans toutes les
communes de la Haute-Azergues l'élevage est l'orientation
technico-économique dominante53(*).
2.2. Des faibles densités
de populations dans un environnement d'une grande valeur écologique
Les densités de populations sont faibles dans la
Haute-Azergues, elles dépassent rarement 50 habitants/km² par
communes et la moyenne dans le haut bassin est de 34 habitants/km², soit
presque 5 fois moins que celle du bassin versant. Contrairement au reste du
bassin versant de l'Azergues, la population du haut bassin a continué de
régresser jusqu'au début des années 1980. Depuis cette
date la population augmente mais à des taux largement plus faible que
dans les secteurs aval, et entre 1990 et 1999 trois communes enregistraient
encore un taux d'évolution négatif. Dans les communes
bénéficiaires entre 1990 et 1999, l'augmentation de la population
est uniquement due au solde migratoire qui a permis de compenser un solde
naturel déficitaire. La population est relativement plus
âgée que dans les autres secteurs puisque la proportion de
personnes de plus de 60 ans est plus élevée et celle de moins de
59 ans plus faible (tableau 1). Cette situation démographique est due au
fort exode rural qui a touché ces territoires de moyennes montagnes.
L'augmentation démographique générée par les
dynamiques périurbaines, à l'oeuvre dans les parties moyenne et
aval du bassin versant, n'a pas encore permis de compenser les pertes
démographiques passées de ces territoires de la Haute-Azergues.
Hormis une dispersion de l'habitat sur le plateau de Poule les Echarmeaux, la
population se regroupe dans les villages et hameaux dont une bonne partie se
situe dans la vallée de l'Azergues. La taille des villages
n'excède pas 1 000 habitants.
Figure 7.
Chamelet. Au second plan, toute une partie du versant est voué
à l'exploitation forestière. Il est possible que la tempête
de 1999 ait accrue l'importance de la coupe. L'autre partie du versant est
dominée par les prairies. Traversé par l'Azergues, le fond de
vallée est occupé par le village. Les bords de la rivière
sont banalisés par le parking. Les vestiges d'un ancien lavoir
témoignent de l'accès quotidien à la rivière
aujourd'hui difficile par les aménagements de protection des berges
(enrochements).
(Source : Nicolas Talaska, 2007)
|
Ce territoire peu aménagé par des
activités non agricoles, a une grande valeur écologique au regard
de l'importante surface classée au titre des Zones Naturelles
d'Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) 54(*)(figure 8). Par exemple sur la
commune de Poule les Echarmeaux, une ZNIEFF de type 1 délimite une
tourbière de 2 hectares de part et d'autre d'un petit affluent de
l'Azergues. Cette tourbière constitue l'habitat de deux espèces
végétales très rares dans le département du
Rhône. Une ZNIEFF de type 2 concerne tout le Haut bassin versant de
l'Azergues et du Soanan. Cet espace constitue l'habitat de plusieurs
espèces protégés et exigeantes quant à la
qualité du milieu. Ce milieu abrite notamment l'Ecrevisse à
pattes blanches et la Lamproie de Planer, espèces
protégées par de nombreuses réglementations
(Arrêté du 21/07/1983 visant la protection des écrevisses
autochtones et arrêté du 08/12/1998 fixant la liste des
espèces de poissons protégés en France, Directive Habitat
qui les désignent comme espèces d'intérêt
communautaire et dont la conservation nécessite la désignation de
Zones Spéciales de Conservation, la Convention de Berne qui
réglemente leur exploitation, la Liste Rouge Monde établie par
l'Union Internationale de Conservation de la Nature et les désignant
comme espèce vulnérable pour l'Ecrevisse et espèce
menacée pour la Lamproie).
Les cours d'eau de la Haute-Azergues sont tous classés
en ZNIEFF de type 1 et leur bassin versant en ZNIEFF de type 2.
En outre deux tourbières situées au niveau des
sources de l'Aze et de l'Ergues sont recensées dans l'inventaire de la
DIREN Rhône Alpes. Ce sont les seules tourbières recensées
dans le département du Rhône. Enfin le SDAGE RMC 1996 identifie
toute la partie amont de l'Azergues et du Soanan comme « milieux
remarquables » pour ses eaux courantes. Six des sept
frayères du bassin versant sont localisées dans ce secteur. La
truite est l'espèce majoritaire des cours d'eau.
Figure 8. Zonages ZNIEFF dans le bassin
versant de l'Azergues
2.3. La qualité des
milieux aquatiques est bonne malgré la persistance de pressions
ponctuelles
Dans le secteur de la Haute-Azergues, la qualité
globale de l'eau (physico-chimie et biologie) de l'Azergues et des affluents
est bonne à excellente malgré l'apport de rejets polluants
ponctuellement importants. Les eaux usées domestiques sont le principal
facteur de dégradation de la qualité de l'eau. Sur les 14
communes de la Haute-Azergues, six ne disposent d'aucun traitement des eaux
usées domestiques et pour cinq autres les STEP présentent des
dysfonctionnements (situation en 2003). Les effluents d'élevage
participent également à la pollution azotée. La bonne
capacité d'auto-épuration du milieu permet de ne pas trop
altérer la qualité mais deux secteurs présentent toutefois
une dégradation sensible. Sur le ruisseau du Ry, à l'aval de la
station d'épuration du village de Grandris la qualité est
médiocre et à l'aval de Chambost-Allières la
qualité est moyenne. Les pollutions phosphorées et azotées
sont les principales causes de dégradation. La pollution
phosphorée contribue fortement à l'eutrophisation qui touche
l'ensemble des cours d'eau à des degrés plus ou moins
prononcés. Les industries de traitement du bois sont aussi à
l'origine de rejets polluants. En outre des aménagements du lit mineur
(remblais, enrochements), essentiellement dans les villages de la
vallée, modifient le fonctionnement physique de la rivière.
Les trois campagnes d'analyses de la qualité
commandées par le Conseil Général montrent une
stabilité, entre 1993 et 2004, des tronçons de bonne
qualité mais aussi des tronçons de qualité moyenne ou
médiocre. En 2004 sur neuf points de mesures de la qualité
hydrobiologique, trois présentaient une « qualité
moyenne » (pour les autres : « bonne
qualité »). Par ailleurs la présence de métaux
comme l'arsenic est détectée en quantités non
négligeables. Enfin les quelques dysfonctionnements des cours d'eau de
la Haute-Azergues révèlent une qualité des eaux en
deçà de ce qu'il peut être attendu d'une rivière de
tête de bassin.
Dans le cadre du contrat de rivière, les actions de
réduction de la pollution visent uniquement les rejets domestiques.
Ainsi le secteur de la Haute-Azergues capte 18 % du budget total destiné
à l'assainissement (volet A), soit près de 1 900 000
euros dont le financeur principal est le Département (45 %) suivi par la
Région (22 %). Les actions portent sur 5 communes55(*). D'autres actions
prévues sont réalisées dans le cadre des
compétences des communautés de communes. C'est le cas pour la
Communauté de Commune de la Haute Vallée de l'Azergues qui a mis
en place son schéma d'assainissement. Toutes les zones en assainissement
collectif font l'objet d'actions de traitement des eaux usées.
Toutefois, ces actions n'en sont en 2007 qu'à la phase des
études56(*) alors
que la directive ERU fixait comme délai ultime la date du 31
décembre 2005 pour effectuer les travaux nécessaire à la
réduction des flux polluants domestiques. L'assainissement de la
Haute-Azergues est donc en retard au regard des obligations fixées par
l'Union Européenne. Ce point sera développé dans la
deuxième partie.
La masse d'eau DCE correspondant à ce secteur
présente un doute quant à l'atteinte du bon état pour
2015. La présence de métaux, pesticides et micropolluants
organiques est la cause de ce doute. L'autre masse d'eau concernée par
ce secteur, correspondant au Soanan, ne présente qu'un faible risque de
non atteinte du bon état. Toutefois, de récents
prélèvements sur sédiments ont
révélés la présence de teneur en métaux qui
pourrait conduire à revoir les estimations réalisées
jusqu'ici57(*).
3. Les
coteaux viticoles de la Moyenne-Azergues, ou le Bas-Beaujolais
Au droit de Létra (figure 9), la vallée de
l'Azergues tend à s'élargir pour atteindre à certains
endroits 400 à 500 m de large (Le Breuil, Châtillon-d'Azergues).
Les fonds de vallée sont occupés par des cultures de
céréales, des prairies, des jachères, des jardins ouvriers
et quelques zones d'activités économiques. Ici l'urbanisation
s'est essentiellement développée sur les versants pour fuir la
vallée inondable. Ce secteur du bassin versant compris entre 500 et 300
mètres d'altitude est le domaine de la vigne : c'est le
« Beaujolais Rouge ». Pour l'ensemble des
communes, la viticulture est l'orientation technico-économique dominante
des exploitations agricoles. Cette spécificité agricole doit
être replacée à l'échelle du vignoble du Beaujolais.
L'activité viticole dans le bassin versant de l'Azergues participe pour
une part non négligeable à la production viticole du vignoble
Beaujolais.
Figure 9. De
l'Azergues des montagnes à celle des coteaux. A partir de Létra,
les versants boisés font placent à la vigne. (Source :
Nicolas Talaska, 2007)
3.1. L'activité viticole
de la Moyenne Azergues dans le vignoble du Beaujolais
Depuis le sud du Mâconnais et jusqu'aux Monts du
Lyonnais, le vignoble du Beaujolais occupe les paysages de coteaux entre les
Monts du Beaujolais et la plaine de la Saône. A l'échelle du Pays
Beaujolais, le vignoble occupe un espace relativement faible (à peine 15
% du territoire, voir la figure 10) mais confère une identité
forte à cette région grâce à la renommée
mondiale du vin Beaujolais acquise notamment par le Beaujolais Nouveau depuis
1975.
Le vignoble se compose de trois régions d'appellations
dont la différence tient à la nature de leurs sols et à la
qualité des vins qui y sont produits. Schématiquement le nord du
Beaujolais de nature granitique s'oppose au sud à dominante
argilo-calcaire. Dans le Haut-Beaujolais, au nord de Villefranche, le
modelé doux s'abaissant progressivement vers la plaine alluviale de la
Saône correspond à des sols siliceux de texture sableuse sur
arène granitique. Ces terrains conviennent très bien au Gamay. Le
cépage roi du Beaujolais donne dans ces terroirs des produits d'une
grande finesse. A l'inverse les sols argilo-calcaires du Bas-Beaujolais
« donne des vins d'une moins grande finesse et d'une
qualité plus ordinaire »58(*).
Ces différences pédologiques influant sur la
qualité des vins produits ont donné naissance entre 1935 et 1950
à trois régions d'appellations hiérarchisées. Les
vins les plus renommés sont « les Crus ».
Dix appellations communales occupent la partie nord du vignoble sur 6 300
hectares, soit moins de 30% du vignoble du Beaujolais, et participent pour 26 %
à la production totale du vignoble. Dans le secteur des Crus la vigne
occupe la quasi-totalité de l'espace entre 200 et 450 mètres
d'altitude. L'appellation sous-régionale « Beaujolais
Villages » se situe essentiellement dans la partie médiane du
vignoble. Elle occupe un peu plus de 6 000 hectares et produit la
même quantité de vin que les crus, soit environ 360 000
hectolitres (2001). Enfin l'appellation régionale
« Beaujolais » est la plus répandue puisqu'elle
concerne 46 % de la surface du vignoble et constitue près de la
moitié de la production vinicole Beaujolaise. Les surfaces viticoles en
appellation Beaujolais se situent majoritairement dans le sud du vignoble. Les
surfaces en vigne alternent ici avec des prairies, des bois et quelques
vergers. Presque la moitié de la surface viticole en
« Beaujolais » se situe dans le bassin versant de
l'Azergues sur 4 700 hectares. Si les surfaces en vigne du bassin versant
ne représentent que 21 % de la SAU du bassin, elles constituent une part
non négligeable dans le vignoble Beaujolais et encore plus dans la
production de vin d'appellation Beaujolais. La viticulture du bassin versant de
l'Azergues contribue pour 20 % à la production viticole en appellation
Beaujolais et pour 19 % à la production totale du vignoble59(*).
Figure 10. Les régions d'appellations
du vignoble du Beaujolais
|
Figure 11. Part des surfaces viticoles du
bassin versant de l'Azergues dans le vignoble du Beaujolais. Source des
données : Inter Beaujolais.
|
Dans le Bas-Beaujolais, la vigne est présente de
manière moins hégémonique que dans le Haut-Beaujolais.
L'importance des surfaces toujours en herbe et la part non négligeable
de cultures sur terres labourables, dont 90 % servent à produire du
fourrage, révèle un système de polyculture-élevage.
La vigne ne constitue qu'un élément parmi une agriculture
relativement diversifiée. Toutefois il faut noter que les surfaces en
vigne n'ont cessé de progresser depuis 1979 alors que tous les autres
types de surfaces agricoles diminuaient dans le même temps. En 2000 la
vigne était la principale surface agricole dans la moyenne Azergues
alors qu'elle était deuxième en 1979 avec un écart de
près de 2 000 hectares avec la première surface agricole :
les prairies permanentes (figure 12). Cette évolution reflète une
tendance à la spécialisation viticole au dépend de
l'élevage. Dans le canton du Bois d'Oingt, il reste 27 exploitations
laitières alors qu'elles étaient 250 en 198060(*).
|
Figure 12. Evolution des surfaces agricoles
en Moyenne-Azergues entre 1979 et 2000. Source des données : RGA
2000. Auteur : N. Talaska, 2007.
|
Il convient toutefois de nuancer ce constat puisque la
tendance présentée ici renvoie aux meilleures années du
vignoble et ne révèle pas les conséquences de la crise
actuelle. Depuis le milieu des années 1970, les ventes du Beaujolais
sont largement tirées par le désormais traditionnel
« Beaujolais Nouveau ». Le succès de ce vin primeur
est attribué au « roman de René Fallet Le
Beaujolais Nouveau est arrivé et à la consécration
officielle du nouveau millésime par un baptême à
l'Assemblée Nationale »61(*). Or l'essentiel de ce vin primeur est produit
à partir des vignobles du Bas-Beaujolais. Entre 1961 et 1985 la
production du Beaujolais primeur à été multiplié
par 12. Ces bonnes années du Beaujolais ont mécaniquement
incité à augmenter la production et donc les surfaces viticoles
car les débouchés économiques étaient bien
réels. De là s'est opéré une spécialisation
relative des coteaux du bassin versant de l'Azergues. Mais depuis 1999,
l'ensemble de la production Beaujolaise subit une baisse continue du chiffre
d'affaire.
3.2. Les conséquences de
la crise viticole dans un contexte de pressions foncières
périurbain
A l'instar du vignoble français, le Beaujolais
connaît une crise économique durable. La production de vin
excède la demande. Chaque année les ventes diminuent et les
stocks augmentent. Alors que la part de marché pour les vins du
Beaujolais est estimée à un million d'hectolitre par an, le
vignoble produisait en 2005, 1 111 444 hectolitres et plus de
1 300 000 en 2004. Depuis 1994, huit campagnes ont été
marquées par une production supérieure aux ventes62(*). La crise se traduit par une
baisse du chiffre d'affaire, et par une baisse des cours du vin. Même les
ventes de « Beaujolais Nouveau » connaissent la crise.
« Le marché du beaujolais primeur d'octobre-novembre
dernier (2005) s'est beaucoup dégradé, les prix chutant, pour
certaines ventes, à 110 euros l'hectolitre, voire 100 et même 80
euros dans les derniers jours, alors que le prix d'équilibre pour
l'exploitant est entre 150 et 160 euros »63(*).
Derrière cette crise générale, les
appellations régionales sont les plus touchées et
particulièrement celle du Beaujolais. Afin de remédier à
la crise, la profession aidée financièrement par le
département et l'Etat s'oriente vers deux voies principales. La
première vise à rétablir des niveaux de ventes acceptables
en travaillant sur le marketing. La seconde vise à équilibrer la
production à la capacité d'absorption du marché en
réduisant les surfaces viticoles. Entre 2006 et 2009, 3 000
hectares de vignes doivent être arrachés dans le seul vignoble du
Beaujolais. En 2006 sur les 300 hectares arrachés, près de la
moitié le furent dans le bassin versant de l'Azergues64(*).
Dans un contexte de forte pression foncière à
l'urbanisation, la disparition de surfaces viticoles suscite la convoitise des
bâtisseurs tout en offrant aux viticulteurs des possibilités
financières attrayantes pour se décharger d'une activité
de moins en moins rentable. Alors que le mètre carré de vigne
coûte 3 euros dans le secteur d'Anse, destiné à une
vocation constructible, il se vend 120 euros à un bâtisseur et 150
euros à un particulier65(*). Le terrain de vigne, s'il est situé dans une
zone constructible, peut donc être vendu 50 fois plus cher en terrain
à bâtir qu'en terrain agricole. La crise du vignoble devient alors
un facteur potentiel d'urbanisation (figure 13). Certaines parcelles sont
d'ores et déjà vouées à de futures constructions.
Figure 13. Une
parcelle de vigne fraîchement arrachée et vouée à la
construction résidentielle sur la commune de Chessy-les-Mines en marge
du village. (Source : Nicolas Talaska, 2007)
|
Cette situation est à replacer dans le contexte de
forte augmentation démographique dans cette partie du bassin versant.
Depuis 1962 la Moyenne Azergues a gagné près de 9 000
habitants, soit presque un doublement de la population. Si la croissance
démographique a diminué dans l'ensemble du bassin versant depuis
1975, elle continue d'augmenter dans la Moyenne-Azergues alors qu'elle diminue
fortement dans la Basse-Azergues. Cette tendance semble révéler
une extension de la dynamique périurbaine vers l'amont du bassin versant
et plus spécifiquement dans la Moyenne-Azergues. Un habitant de Lozanne
depuis 25 ans illustre ce constat : « Quand je me suis
installé à Lozanne alors que je travaillais à Lyon,
c'était le bout du monde. Aujourd'hui les gens viennent habiter de plus
en plus haut ». (Discussion pendant la passation des
questionnaires, avril 2007).
Figure 14.
Paysages de la Moyenne-Azergues. Au troisième plan, les
versants boisés alternent avec les parties viticoles. Le village de
Châtillon s'est installé à distance de l'Azergues. Le fond
de vallée est occupé par des parcelles agricoles, des jardins
ouvriers et le complexe sportif du village. (Source : Nicolas Talaska,
2007).
3.3. La qualité de
l'Azergues s'est améliorée mais certains affluents sont
très dégradés
Dans le secteur de la Moyenne-Azergues, la qualité de
l'eau est moins bonne que dans le secteur amont, mais elle reste bonne (classe
verte du SEQ-Eau). Elle s'est sensiblement améliorer depuis 1993. Les
travaux d'assainissement des rejets industriels, domestiques et vinicoles sont
probablement à l'origine de cette amélioration. Les pollutions
phosphorées restent le principal facteur d'altération. La
sensibilité des cours d'eau à l'eutrophisation est
confirmée. Un problème de pollution reste insoluble : la
coloration de l'eau par les rejets d'une teinturerie. La coloration de l'eau
participe fortement à l'image d'un cours d'eau très
pollué. Quelques anecdotes relevées au cours de discussions lors
de la passation des questionnaires sont emblématiques.
« Depuis qu'un enfant est ressorti de l'eau avec des boutons je
ne me baigne plus », « alors que nous nous baignions en
tee-shirt, nos vêtements ont changé de couleur ».
La teinturerie est aussi à l'origine de plusieurs pollutions
ponctuelles. La dernière date de 2006. Plusieurs centaines de litres de
fioul lourd se sont déversés dans l'Azergues. Après les
inondations de 2003, plusieurs dizaine de fûts de 200 litres de produits
chimiques ont été retrouvés dispersés au long des
berges. Malgré l'impossibilité de connaître la provenance
des fûts non marqués, la teinturerie était visée
à demi-mots lors de plusieurs entretiens.
Quelques secteurs présentent une forte contamination
métallique (cuivre, cadmium, zinc) non sans rapport avec l'ancien site
minier de Chessy-les-Mines. La présence de cuivre est aussi le
résultat d'une importante utilisation de la bouillie bordelaise en
viticulture. L'érosion des versants viticoles apporte en outre
d'importantes quantités de matières en suspension dans la
rivière. La viticulture est également à l'origine d'une
forte contamination de l'eau par les pesticides. Ce point sera
développé dans la deuxième partie.
Certains affluents subissent de fortes pressions dues en
partie aux rejets domestiques alors que les débits de ces affluents sont
faibles. En outre plusieurs retenues d'eau ont été
créées directement en travers du lit de certains de ses
affluents. Ces retenues servent d'étang pour la pêche. Ils
contribuent à dégrader la qualité physico-chimique de
l'eau à l'aval (augmentation de la température en
été, charge importante en matières organiques...) mais
participent aussi à la déstabilisation des peuplements piscicoles
et astacicoles. La qualité plus mauvaise à l'aval de
l'étang a fait disparaître l'Ecrevisse à pattes blanches au
profit de l'écrevisse américaine, plus résistante aux
mauvaises qualités d'eau. La prolifération de cette espèce
pourrait faire disparaître l'espèce autochtone.
Approchée par des critères biologiques
(essentiellement piscicole et astacicole), la qualité de l'eau dans la
Moyenne Azergues est fragile. L'étude piscicole et astacicole parle d'un
« état de fonctionnement
inquiétant ». Cette situation est due à la
mauvaise qualité des affluents mais aussi à cause de leur
déconnexion à l'Azergues. Ces ruisseaux affluents sont les lieux
privilégiés pour la reproduction des espèces de poissons
comme la truite.
Donc le cours principal (l'Azergues) est plutôt de bonne
qualité et s'est même amélioré grâce aux
actions de traitements des rejets. Toutefois la prise en compte des indicateurs
biologiques révèle une qualité moins bonne en partie
à cause de la mauvaise qualité des affluents ou à cause de
leur mauvaise connexion à l'exutoire.
L'état des lieux des milieux aquatiques dans le cadre
de la DCE identifie la masse d'eau concernée par ce secteur comme
présentant un risque fort de non atteinte du bon état pour 2015.
Les pollutions aux métaux et pesticides sont identifiées comme la
cause de non atteinte.
Figure 15.
À partir de Lozanne l'Azergues sort du verrou rocheux de la
vallée avant de parcourir ses dix derniers kilomètres dans la
Plaine des Chères. (Source : Nicolas Talaska, 2007)
|
4. La Basse Azergues : un
territoire agricole profondément transformé et
stratégique
Gonflée par les apports de la Brévenne,
l'Azergues s'extrait de son verrou rocheux à partir de Lozanne pour
prendre l'allure d'une large rivière de plaine. Après une
série de méandres dans un contexte paysager encore un peu
marqué par une vallée aux formes adoucies entre Lozanne et
Chazay-d'Azergues, la rivière traverse la Plaine des Chères en
suivant un tracé quasi rectiligne jusqu'à la confluence avec la
Saône à Anse. A l'exception d'une partie des Monts d'Or sur
lesquels s'écoulent quelques affluents de l'Azergues, les paysages
vallonnés des secteurs amont font place à la plénitude du
val de Saône. Ici tout est différent. La proximité de
l'agglomération lyonnaise conjuguée aux influences de
« l'axe de civilisation » qu'est la Saône,
confère à cette partie du bassin versant de l'Azergues un
caractère nettement périurbain. Malgré
l'omniprésence de l'agriculture, les densités de populations, de
grands équipements de communications et d'activités sont
très fortes. La Plaine des Chères est ce dernier territoire
traversé par l'Azergues avant sa confluence avec la Saône.
4.1 La Plaine des Chères,
un territoire soumis aux pressions périurbaines
Schématiquement, la Plaine des Chères, forme un
triangle d'une vingtaine de kilomètres carré
délimité au sud par les Monts d'Or, à l'ouest par les
premiers coteaux du Beaujolais viticole et à l'est par la Saône.
Cette entité géographique appartient à la vallée de
la Saône et correspond à « un bassin tertiaire dans
lequel se sont accumulées au Quaternaire des alluvions d'origine
fluvio-glaciaire remaniées plus récemment par la Saône et
ses affluents, dont l'Azergues. Ces cours d'eau ont développé un
ensemble de terrasses alluviales plus ou moins
emboîtées ». Les terres limoneuses et fertiles de
la Plaine des Chères sont propices à l'agriculture (grandes
cultures de céréales et de maïs, maraîchage,
horticulture et arboriculture) mais une pression d'urbanisation s'y exerce avec
force. Les grands équipements de communications segmentent le territoire
(figure 16). La DIREN identifie d'ailleurs la basse Azergues comme un
« paysage marqué par de grands
équipements ». Deux autoroutes (A6 et A46), une route
Nationale et trois routes départementales au trafic important traversent
la plaine. Deux projets autoroutiers viendront s'ajouter d'ici 2020. Il s'agit
de l'extrémité est de l'A89, qui relie Bordeaux à Lyon,
ainsi que le projet de contournement ouest de l'agglomération lyonnaise
(COL). Enfin un barreau autoroutier doit relier l'A6 à l'A46 au niveau
d'Ambérieux-d'Azergues. On peut ajouter à ces axes routiers le
passage de quatre voies ferrées ainsi que plusieurs lignes
électriques à haute tension dont l'une d'elle passe au dessus de
l'Azergues entre Lozanne et Chazay. La seconde source de pression est
exercée par l'extension de l'urbanisation liée au très
fort accroissement démographique. En 40 ans la population de la
Basse-Azergues a plus que doublé, passant de 12.600 habitants en 1962
à 35.800 en 1999. L'accroissement démographique se ralentit
depuis le début des années 1980 mais il reste le plus fort du
bassin versant66(*).
L'augmentation de la population se traduit par une extension spatiale des
villages sous la forme de quartiers pavillonnaires. Le nombre important de
villas avec piscine dans certains quartiers révèle la richesse
des populations. Les revenus imposables moyens de plus de 90 % des communes de
la Basse-Azergues sont égaux ou supérieur à 18 000
euros67(*).
Malgré tout le faciès paysager de la Plaine des
Chères reste très agricole. Considérant son site et sa
situation le caractère stratégique de ce territoire est
évident. Espace plat agricole, très bien desservie par les voies
communications et disposant d'un potentiel constructible important, la Plaine
des Chères apparaît comme une poche urbanisable convoitée
à proximité d'une agglomération millionnaire qui ne cesse
de s'étaler depuis 40 ans. C'est précisément contre cette
potentielle vocation que la Directive Territoriale d'Aménagement
(DTA)68(*) de l'aire
métropolitaine lyonnaise préconise une restriction de
l'urbanisation dans la Plaine des Chères. Cette préconisation
spécifique s'intègre dans la volonté plus
générale de la DTA à limiter la forte consommation, depuis
plusieurs décennies, d'espaces naturels et agricoles en
périphérie de l'agglomération lyonnaise. Elle satisfait
ainsi aux orientations de la Loi SRU. Mais derrière cette
préoccupation environnementale, c'est bien plus la volonté de
limiter un développement résidentiel et économique
périphérique concurrent de Lyon qui motive les restrictions de la
DTA. « La poursuite des tendances démographiques
conduirait à accueillir, sur le périmètre de la DTA, 250
000 habitants supplémentaires d'ici 2020. Sans action régulatrice
forte, cette croissance fabriquera une conurbation inorganisée et
dispendieuse et non une métropole ; elle menace dans ces conditions
l'attractivité et la compétitivité de la métropole
à l'échelle européenne. »69(*)
Suivant les orientations de la DTA, un Projet
d'Intérêt Général (PIG) restreint d'ores et
déjà l'urbanisation dans la Plaine des Chères et vise
à conforter les activités agricoles en créant des
conditions économiques et sociales favorables à la reprise des
exploitations. La DTA comme le PIG sont des instruments imposés par
l'Etat aux collectivités locales : les Schémas de
Cohérence territoriale (SCOT) doivent être compatibles avec les
objectifs de la DTA, et les Plan Locaux d'Urbanisme (PLU) doivent
intégrer les préconisations du PIG et du SCOT. Or les objectifs
de ces deux instruments sont critiqués par les élus de la
Basse-Azergues car ils limitent leurs possibilités de
développement. On peut citer le discours du Maire d'Ambérieux
d'Azergues qui ne cache pas son mécontentement lors d'une réunion
publique consacrée aux projets autoroutiers : « [...]
Et pour en terminer avec les contraintes subies par les habitants
d'Amberieux-d'Azergues, le Sud de la commune, seule perspective d'extension du
village est limité dans ses aménagements par le Plan
d'intérêt général mis en place par l'Etat, pour
protéger les terres agricoles de la plaine des
Chères ». Ces instruments d'aménagements sont
d'autant plus mal acceptés que la DTA prévoit de faire passer sur
ce territoire deux projets autoroutiers (le barreau A6-A46 et le COL). Ces
projets sont critiqués par les élus dans le sens ou ils vont
augmenter les pollutions atmosphériques et sonores mais aussi supprimer
des terres agricoles alors même qu'elles sont protégées
dans le cadre du PIG. Et de surcroît le barreau autoroutier doit
être construit dans une zone soumise à une double
réglementation très restrictive. Il passera sur le champ captant
d'Ambérieux qui sert à l'alimentation en eau potable de plus de
100 000 personnes dont une bonne partie aux habitants du bassin versant de
l'Azergues, et dans une zone inondable classée rouge dans le Plan de
Prévention des Risques d'Inondations (PPRI) de la Saône. Les
élus dénoncent donc un manque de cohérence des projets et
cette amertume se répercute sur la gestion locale de l'eau. Ainsi dans
le cadre de l'élaboration du futur SDAGE, l'Agence de l'Eau demande aux
responsables des programmes de gestion locaux (ici le contrat de rivière
Azergues) de faire part de leurs remarques quant à la définition
du programme de mesure pour atteindre le bon état des masses d'eau
demandé par la DCE. Le président du Syndicat porteur du contrat
de rivière (également maire d'Ambérieux d'Azergues)
émet la remarque suivante : « l'attention est
attirée sur la nécessaire cohérence du programme de
mesures proposé avec les procédures d'aménagement du
territoire (DTA, PIG, SCOT,...) et autres projets de grandes infrastructures en
cours (autoroutes). ».
On voit bien ici comment des conflits liés aux
répercussions locales d'aménagements du territoire national et
régional (l'aire métropolitaine lyonnaise) interfèrent
avec la gestion de l'eau dans le cadre du contrat de rivière. Mais
derrière ces remarques d'élus locaux se dessine peut être
aussi la critique d'une perte de souveraineté des décisions
communales qui va à l'encontre des intérêts de la commune.
Les différents outils de planification (DTA, PIG), dont les
prescriptions s'appliquent aux communes, émanent d'un processus de
décisions qui lui dépasse largement l'échelle communale.
Ici les intérêts de la commune passent bien après les
intérêts de la métropole lyonnaise. Les
intérêts de la métropole lyonnaise ne sont pas ceux des
communes de la Basse-Azergues.
Figure 16. Les axes de communication dans le
bassin versant de l'Azergues
|
|
Figure 17. Au
troisième plan, les premiers coteaux viticoles marquent le passage de la
Basse à la Moyenne-Azergues. Ce chaînon régulier constitue
une ligne de relief régulière formée par les calcaires du
Jurassique moyen. Il est séparé des autres collines plus
élevées de la Moyenne Azergues par une puissante faille. Au pied
du Coteaux s'étale le village de Lucenay dont la population a
doublé en 40 ans. Au premier plan, les cultures maraîchères
et horticoles de la Plaine des Chères. (Source : Nicolas Talaska,
2007)
|
4.2 Une rivière
très dégradée
Dans la Basse-Azergues la rivière présente
d'importantes altérations. L'Azergues aval cumule non seulement les
rejets de l'amont mais également les pollutions importantes de la
Brévenne. Les rejets sont par ailleurs très importants dans cette
partie du bassin versant. Sur les 26 points de rejets identifiés dans
l'ensemble du bassin versant, par la dernière campagne d'analyse de la
qualité (2004), 10 se situent dans la Basse-Azergues. La qualité
globale de l'eau est médiocre en situation d'étiage (SEQ-Eau). La
pollution phosphorée est le facteur d'altération principal. La
contamination de l'eau par les pesticides est très forte et suscite des
inquiétudes quant à la qualité sanitaires des poissons
susceptibles d'être consommés. Plusieurs ruisseaux affluents sont
de très mauvaises qualités (Sémanet, ruisseau des Gorges)
et les rejets des stations d'épuration sont parfois les seuls apports
hydriques des ruisseaux. Les phénomènes d'eutrophisation sont
prononcés. Les pollutions excessives limitent les potentialités
biologiques. L'état des fonctionnalités des cours d'eau de ce
secteur est jugé « catastrophique » pour
les peuplements piscicoles. L'importance des particules en suspension et des
micro-organismes rend l'Azergues impropre à la pratique des loisirs
aquatiques.
Cette partie de l'Azergues est en outre très
dégradée physiquement comme en témoigne le tracé
étrangement rectiligne de la rivière entre Chazay d'Azergues et
la confluence avec la Saône. Le tracé a sensiblement
été modifié au XVIIIème. Pour limiter
les conséquences des inondations sur les terres agricoles le
tracé de l'Azergues fut modifié dans les années 1780 entre
Lucenay et la confluence avec la Saône. Avant ces travaux l'Azergues
rejoignait la Saône en passant par Ambérieux d'Azergues. Des
extractions de matériaux dans le lit de la rivière dans les
années 1960 et 1970 ont profondément modifié le profil en
long, entraînant des incisons importantes du lit et des érosions
de berges. Ces perturbations physiques ont déstructuré les
habitats piscicoles comme en témoigne la disparition du Brochet qui
devrait normalement trouver des conditions idéales en Basse-Azergues.
La masse d'eau de ce secteur présente un risque fort de
non atteinte du bon état pour 2015, elle est
pré-identifiée comme une MEFM.
5. La vallée de
l'Azergues, axe structurant de l'urbanisation du bassin versant
A l'instar de nombreuses vallées, les surfaces planes
des fonds de la vallée de l'Azergues ont permis le développement
d'axes de communications et ont offert les sites de plusieurs villes et
villages qui se succèdent tout au long de l'Azergues.
La vallée de l'Azergues ouvre un axe de passage
transversal dans le sud du Beaujolais entre le val de Saône et le bassin
ligérien. Une route départementale et une voie
ferrée empruntent la vallée sur toute sa longueur. Les emprises
routières et ferroviaires occupent dans la Moyenne et la Haute-Azergues
une part non négligeable de l'espace du fond de vallée et tendent
par ailleurs à limiter les champs d'expansions de crues. A l'image de
l'Azergues, la départementale reçoit (et irrigue) tout un
réseau de routes secondaires donnant accès aux lieux de
peuplements de la vallée et des hauteurs. Cet axe de communication, s'il
enregistre un trafic relativement important, a une vocation essentiellement
locale. C'est la vallée de la Turdine empruntée par la N7, qui
est l'axe privilégié pour passer de la vallée de la Loire
au couloir Rhodanien. Cet axe va être renforcé avec la
construction d'ici 2012 de la dernière section de l'A89. Cette
transversale autoroutière revêt une importance nationale et
européenne : l'A 89 relie Bordeaux à Lyon, la façade
atlantique à l'Europe du sud et de l'est. Le passage de l'A89 en bordure
du bassin versant de l'Azergues donnera accès aux territoires du bassin
puisque un échangeur doit être construit au sud de
Châtillon.
A partir de Lozanne, le sillon de la vallée
s'élargit pour faire place à des paysages de plaine. Le passage
de la vallée à la plaine est également le site d'un
carrefour routier d'importance. Un axe mène à la vallée de
la Turdine et de la Brévenne et deux autres axes conduisent à la
vallée de la Saône : l'un vers le nord en direction de
Villefranche, via la Plaine des Chères, et l'autre vers le sud en
direction de Lyon, via les Monts d'Or. Ce deuxième axe est très
fréquenté. Lozanne apparaît comme un point de passage
obligatoire pour entrer ou sortir de la vallée de l'Azergues. Cette
situation de noeud routier n'est pas sans apporter de nombreuses nuisances pour
Lozanne mais aussi pour le trafic vers la Haute vallée de l'Azergues.
L'engorgement fréquent du trafic aux heures de pointes
génère un flux de véhicules ininterrompu dans le centre du
village tout en rendant difficile l'accès à la Haute-Azergues.
Plus de 21 000 véhicules traversent chaque jour le seul pont au
dessus de l'Azergues à Lozanne70(*). Des embouteillages se créent parfois sur plusieurs
kilomètres en amont de Lozanne. Afin de fluidifier le trafic, le Conseil
Général du Rhône a lancé en 2004 un projet routier
visant à répartir la circulation à Lozanne grâce
à la construction de deux nouveaux points de passage sur l'Azergues.
Cette solution est vivement contestée par une association de Lozanne qui
souhaite un contournement total afin de réduire la circulation dans le
village71(*). Derrière ce
projet du Conseil Général et l'opposition qu'il
génère de la part des habitants (via l'association)
apparaît la complexité des problèmes liés à
la périurbanisation du bassin versant de l'Azergues. Le fort
accroissement démographique dans la Moyenne-Azergues s'est traduit par
une saturation du trafic routier puisque la majorité des populations
nouvelles travaillent dans l'aire urbaine lyonnaise. Ces nouvelles populations
ont fait le choix de s'installer en dehors de l'agglomération lyonnaise
pour bénéficier d'un cadre de vie rural aux qualités
recherchées à travers tout un ensemble de valeur ayant trait
à la nature. Or la saturation du trafic tend à dégrader
les qualités de ce cadre de vie et les populations contestent cette
altération. Donc les nouvelles populations sont dans le même temps
génératrices de la saturation du trafic routier et demandeuse de
solutions pour réduire les impacts de cette saturation sur leur cadre de
vie. Le réseau routier, son extension et sa réorganisation
cristallise les contestations autant qu'il reste l'élément
structurant du développement des villes de la vallée de
l'Azergues.
Plusieurs villes et villages se succèdent en
chapelet tout au long de l'Azergues. Neuf se sont installés et
développés dans le lit majeur de l'Azergues. La forte
urbanisation dans le bassin versant se traduit par de nombreuses constructions
en fond de vallée. On y retrouve souvent des équipements
collectifs (terrains de sport, salles des fêtes, parking). C'est aussi
dans la vallée que se concentrent les activités industrielles.
Bien que le bassin de l'Azergues ne soit pas qualifié d'industriel par
la DRIRE, quelques unités existent et pour l'essentiel
concentrées dans la vallée. Parmi les plus importantes on peut
citer la teinturerie Mathelin et la cimenterie Lafarge, toutes deux
situés dans la partie aval de la vallée. Si ces deux
unités marquent le paysage « naturel » et
socio-économique de la Moyenne-Azergues, la plupart des unités
industrielles et artisanales de la vallée et du bassin versant sont de
petites tailles. Elles forment de petites grappes tout au long de la
vallée. Le lit majeur de l'Azergues continue d'être le lieu
privilégié de localisation des activités
économiques. Une dizaine de zones d'activités artisanales ou
industrielles sont en projet dans la vallée de l'Azergues. Une zone
d'activité intercommunale de plus de 20 000 m² vient de voir
le jour dans un fond de vallée au lieu-dit Les Plaines sur la commune de
Saint-Laurent d'Oingt. Les extensions urbaines et industrielles, voies de
communications comprises, dans le lit majeur se font aux dépend des
milieux terrestres connexes à la rivière, comme les prairies
humides. Au final la rivière devient étrangère au
développement économique et industriel de la vallée. Elle
tend à être considérée comme un obstacle au
développement, puisque les extensions urbaines et les zones
d'activités y sont contraintes par les risques d'inondation72(*).
Ces villes de la vallée et les axes de communication
qui les desservent sont les éléments structurants de
l'urbanisation actuelle et future telle qu'elle est envisagée dans le
cadre du SCOT Beaujolais. Conformément à la Loi SRU et aux
prescriptions de la DTA de l'aire métropolitaine lyonnaise, le SCOT
Beaujolais entend limiter la consommation diffuse d'espaces naturels et
agricoles pour l'urbanisation dans le Beaujolais alors même que la
pression foncière s'annonce très importante. Selon les
estimations des études préliminaires à
l'élaboration du SCOT, le Beaujolais devrait accueillir 40 000
habitants supplémentaires d'ici 203073(*). L'atteinte de cet objectif passe par la volonté de
densifier les pôles urbains et ruraux existants, d'une part, et de
limiter l'urbanisation ailleurs, d'autre part. Cette orientation pose
clairement les bases d'un territoire aux dynamiques divergentes. Certains
espaces concentreront les populations et les zones d'activités
économiques alors que d'autres auront pour vocation de préserver
des espaces ruraux « patrimoniaux » pour le
développement touristique. Le bassin versant de l'Azergues
présente ce type d'opposition. Ainsi la grande majorité des
pôles retenus pour accueillir populations et activités sont
situés dans la Basse-Azergues. Toutefois le caractère structurant
de la vallée de l'Azergues réapparaît ici puisque quatre
villes de la Moyenne et Haute-Azergues sont identifiées comme pôle
d'accueil. A l'opposé dans les territoires hors vallée de la
Moyenne et de la Haute-Azergues l'urbanisation sera restreinte pour conserver
des espaces à forte valeur environnementale et architecturale. Les
espaces classées en ZNIEFF occupent de grandes surfaces exclusivement
situées dans la Haute et Moyenne-Azergues, avec une
surreprésentation dans la Haute-Azergues. Sur le plan architectural, un
mouvement d'embellissement des villages est remarquable dans le secteur des
Pierres Dorées (Oingt, Bagnols).
Figure 18. Aux
marges nord du bassin versant, le village de Oingt illustre le mouvement de
valorisation architecturale des coeurs de village dans le beaujolais des
Pierres Dorées. Le revers de cette patrimonialisation architecturale
est l'augmentation des prix de l'immobilier qui rendent l'accès
difficile aux jeunes. La population à plus que doublée en 40 ans,
passant de 200 à plus de 500 habitants, mais ce ne sont pas les
mêmes populations que dans la vallée. Beaucoup de retraités
viennent s'installer, ce sont des personnes plus aisées que les actifs
qui travaillent sur Lyon et qui s'installent dans la vallée.
« La parcelle à bâtir est deux fois plus
chère dans les pierres dorées que dans la vallée et le
Beaujolais vert » (entretien avec le Maire de Oingt). (Source
photo :
www.oingt.com )
Figure 19.
Châtillon d'Azergues. Cette commune de moins de 2 000
habitants en Moyenne vallée de l'Azergues a gagné 800 habitants
en 40 ans. La Commune fait partie des pôles d'accueils prévus par
le SCOT. Une liaison avec l'A89 est qualifiée
« d'indispensable ». Au premier plan le village originel,
au second plan sur les versants opposés les extensions récentes
du village sous formes de quartiers pavillonnaires. Entre le vieux village et
le neuf, le fond de vallée traversé par la D385, la voie
ferrée et l'Azergues. (Source : Nicolas Talaska, 2007).
Conclusion de la partie 1
Le bassin versant de l'Azergues est donc un territoire
contrasté. Ce contraste est largement généré par
les dynamiques périurbaines et leur décalage spatio-temporel.
Tous les territoires du bassin versant enregistrent malgré tout des
transformations plus ou moins fortes mais différentes. La Basse Azergues
et une partie de la Moyenne Azergues accueillent les développements
périurbains résidentiels et économiques qui se verront
favorisés dans le futur par les orientations du SCOT Beaujolais. La
vallée est l'axe structurant de cette urbanisation. D'autres secteurs de
la Moyenne Azergues et la Haute-Azergues sont quant à eux voué
à une conservation et une valorisation de leur patrimoine agricole,
environnemental et architectural à des fins de loisirs et de tourisme
notamment pour les populations urbaines lyonnaise. Au dynamisme
démographique et économique de la Moyenne et Basse Azergues
s'oppose la relative inertie de la Haute-Azergues et sa vocation à
conserver un environnement patrimonial. Ce contraste vaut également pour
la qualité de l'eau de la rivière qui se dégrade de
l'amont vers l'aval, des territoires ruraux aux territoires périurbains.
La qualité de l'eau la moins bonne correspond aux
territoires qui ont connu et qui connaîtront à l'avenir les
dynamiques périurbaines les plus fortes. La périurbanisation
serait-elle un facteur participant à la dégradation de la
qualité de l'eau ?
Dans tous les cas les enjeux sont forts dans ce type d'espace
car les politiques d'aménagement du territoire, liées à
l'accroissement démographique et à l'urbanisation d'espaces
ruraux, doivent être compatibles avec les objectifs de la DCE pour
parvenir au bon état des rivières.
PARTIE 2. L'UBIQUITÉ DE LA QUALITE DE L'EAU
Cette partie revient en premier lieu sur les objectifs de la
recherche et sur la méthodologie pour y parvenir. Il s'agit de chercher
les obstacles aux objectifs de bonne qualité l'eau à partir
d'enquêtes de terrains. Celles-ci mettent en évidence les
divergences de perceptions de la qualité de l'eau ainsi que les
représentations qui leurs sont sous-jacentes (chapitre 1).
Ces divergences sont approchées au sein de quelques
politiques de gestion de l'eau mises en oeuvre dans le bassin versant de
l'Azergues (chapitre 2).
Chapitre 1 . A chacun sa qualité,
ou les divergences de perceptions de la qualité de l'eau
1. Rappel des
objectifs et méthodologie
Il s'agit de rappeler ici, les objectifs de la recherche ainsi
que la méthodologie utilisée pour y parvenir.
1.1 Objectifs
Dans la recherche des obstacles à la bonne
qualité de l'eau, une des hypothèses est l'existence de
perceptions différentes qui rendent difficile un accord, et
au-delà l'action nécessaire pour parvenir à la
« bonne qualité » de l'eau. L'angle d'entrée
choisi est de mettre en évidence ces perceptions de la qualité de
l'eau, et les représentations qu'elles véhiculent, par les
différents acteurs de l'eau et des usagers dans le bassin versant de
l'Azergues. Il s'agit de confronter ces perceptions entre les acteurs et
toujours par rapport aux données « objectives » de
la qualité de l'eau. Un deuxième niveau d'analyse consiste
à comparer nos résultats avec ceux issus de la thèse de
géographie d'Alexandre Brun (2001).
Le recueil de ces perceptions a pris en considération
trois éléments principaux :
· La perception stricte de la qualité de l'eau de
la rivière. Comment les individus évaluent-ils la qualité
sur une échelle allant de « mauvaise » à
« bonne » qualité. Cette question a
été abordée dans ses dimensions spatiales et temporelles.
Spatiales, car le recueil des perceptions a pris en considération la
localisation des personnes interrogées (secteur amont, médian,
aval du bassin versant). Temporelles, car en plus de faire le point sur les
perceptions actuelles, il était demandé aux personnes
interrogées de donner leur avis sur l'évolution passée et
future de la qualité de l'eau de l'Azergues.
· les critères utilisés pour évaluer
la qualité de l'eau.
· Les éléments qui font obstacle à
l'atteinte d'une « bonne » qualité de l'eau de la
rivière.
Le recueil des perceptions s'est effectué auprès
de divers acteurs. Ces acteurs sont impliqués dans la gestion de l'eau,
et plus particulièrement de la qualité, ou bien ils sont de
simples usagers de l'eau dans le bassin versant de l'Azergues.
Il est possible de distinguer trois grandes catégories
d'acteurs selon leur espace d'intervention et leur fonction :
· Les acteurs
« régionaux ». Il s'agit des acteurs dont
l'espace d'intervention n'est pas exclusivement celui du bassin versant de
l'Azergues. Ils sont concernés par l'Azergues dans le cadre de leurs
actions mais interviennent également dans d'autres bassins versants. Ce
sont, par exemple, les personnels des services déconcentrés de
l'Etat (DDAF, DIREN, CSP), d'établissements publics (Agence de l'Eau,
Chambre d'Agriculture), et d'organismes divers (Fédération
Départementale de Pêche, Syndicats mixte).
· Les acteurs « locaux ».
Leur espace d'intervention est essentiellement limité au bassin versant
de l'Azergues, ou à une partie. Ce sont les élus des communes et
des structures intercommunales (Communautés de Communes, Syndicats
mixtes...), les techniciens, les chargés de missions de structures de
gestion de l'eau (Syndicat porteur des contrats de rivières), des
représentants d'associations (pêche, protection de la nature), des
agents économiques (industriels, agriculteurs).
Toutes les personnes dénommées
« acteurs », avec lesquelles des entretiens ont
été réalisés, font partie du comité de
rivière du contrat de rivière Azergues.
· Les usagers. Inclus dans la catégorie
des « locaux » par l'inscription locale de leurs actions,
ils seront dénommés « usagers » pour les
distinguer des acteurs. Les usagers ne sont pas directement impliqués
dans des actions de gestion de l'eau, mais ils utilisent la rivière. Ce
sont les promeneurs, les habitants des communes riveraines de l'Azergues, les
pêcheurs.
1.2 Une démarche
hypothético-déductive à partir des résultats d'une
thèse
Pour parvenir à l'objectif énoncé au
dessus, une démarche hypothético-déductive a
été adoptée à partir des résultats de la
thèse de géographie d'Alexandre BRUN (2001). Dans le cadre de sa
thèse sur les contrats de rivières dans le bassin de la
Saône, il a mené une enquête sur la perception de la
qualité de l'eau auprès de différents acteurs de la
gestion de l'eau. L'objectif était « d'analyser la
manière dont les acteurs de l'eau définissent et
perçoivent l'évolution de la qualité de l'eau et des
milieux aquatiques dans le bassin versant de la Saône en fonction de leur
niveau géographique d'intervention et du groupe social auquel ils
appartiennent ».
A. Brun distingue deux groupes d'acteurs. Les
« acteurs de bassins » et les
« acteurs locaux », auxquels il faut ajouter les
« riverains ». Les acteurs de bassins sont des
personnes en charge de la politique de l'eau à l'échelle du
bassin de la Saône (Agence de l'eau, services déconcentrés
de l'Etat...). Les acteurs locaux sont des personnes agissant localement,
à l'échelle des sous bassins versants (élus locaux,
techniciens de rivières, représentants d'associations
locales...). Enfin les riverains ont été interrogés afin
de mettre en perspective leur discours avec ceux des acteurs locaux.
Au total 180 entretiens ont été
réalisés entre 2000 et 2002. La répartition des entretiens
en fonction des acteurs est la suivante : 20 entretiens semi-directifs
approfondis auprès des acteurs de bassins et 84 auprès des
acteurs locaux. 71 entretiens simples (sans prise de rendez-vous) au
« fil de l'eau » avec des riverains des cours
d'eau74(*).
Parmi les résultats, on peut citer ceux qui
intéressent les objectifs de la recherche présente75(*).
La qualité de l'eau est perçue
différemment par les acteurs de bassins et les acteurs locaux.
Pour les acteurs de bassins la qualité est
définie comme une « combinaison de normes »
qu'il convient de respecter pour satisfaire aux exigences réglementaires
mais aussi sociales. Par ailleurs, ces normes sont de plus en plus exigeantes
et cette évolution est à l'origine de dysfonctionnements dans la
mise en oeuvre des politiques de gestion de l'eau. La plus grande exposition
aux risques de poursuites, liés aux difficultés d'atteindre les
objectifs sans cesse plus exigeants, favorise un phénomène de
« déresponsabilisation vers le haut ».
« Une partie des administrations et des collectivités
aurait tendance à s'engager "à reculons" dans des
démarches contractuelles tout en cherchant à obtenir des
garanties des niveaux hiérarchiques supérieurs ».
L'évaluation de la qualité de l'eau, par les
acteurs de bassins, est technique et basée sur des expertises diverses
menées par des bureaux d'études ou des universitaires. Les
acteurs de bassins n'évaluent pas la qualité
écologique des cours d'eau in situ car ils trouvent cette
démarche « démagogique ». Ils
préfèrent travailler à partir de données globales
plutôt que de montrer un intérêt superficiel à des
données empiriques difficilement exploitables dans le cadre de leur
mission.
A l'inverse, les acteurs locaux évaluent la
qualité des milieux aquatiques davantage sur des critères de
perceptions directes (aspects visuels de la rivière par exemple). Les
critères sont toutefois « variables et à l'origine
d'une information erronée ». Brun cite par exemple le cas
de la couleur de l'eau. Pour certains la transparence est synonyme d'une bonne
qualité de l'eau alors que d'autres l'interprètent au contraire
comme un « signe inquiétant lié à une
diminution du plancton ».
La perception de l'évolution de la
qualité diverge fortement entre les acteurs de bassin d'une part, et
entre les acteurs de bassins et les acteurs locaux, d'autre part.
Globalement Brun oppose la vision plutôt optimiste des
acteurs de bassins à la vision pessimiste des acteurs locaux sur
l'évolution passée (de 1960 à nos jours) de la
qualité des cours d'eau.
Toutefois au sein des acteurs de bassins des divergences de
vues existent aussi. Deux grandes catégories sont identifiables. Elles
sont présentées de manière synthétique dans le
tableau suivant :
Les « optimistes raisonnables »
|
Personnels des DDAF et des DDE, des collectivités, des
entreprises et de l'Agence de l'eau.
|
Les actions prioritaires sont mises en oeuvre (assainissement
des secteurs déficients, pollution diffuse agricole) mais la
reconquête de la bonne qualité est une mission ambitieuse et de
longue haleine
|
Les « pessimistes logiques »
|
Représentants du CSP, de la DIREN, du
SATESE et du milieu associatif
|
La réglementation va dans le bon sens mais elle parvient
peu à modifier le comportement des agents économiques. Il
faudrait un fort encadrement technique et financier.
|
Tableau 2.
Positionnement des acteurs de bassin sur l'évolution de la
qualité de l'eau. (Source : Brun, op. cit. Mise en
forme : Nicolas Talaska, 2007)
Les acteurs locaux ont, en revanche, une vision
majoritairement pessimiste sur l'évolution de la qualité. Pour
eux elle était meilleure il y'a dix ans ou plus. Sur les 53 personnes
ayant émis un avis quant à l'évolution de la
qualité, 41 pensent qu'elle s'est dégradée (31 personnes
ne se prononcent pas).
1.3 Le recours aux enquêtes
de terrain
Comme pour Brun, le recours aux enquêtes de terrain est
apparu nécessaire. Deux types d'enquêtes ont été
utilisés en fonction des personnes interrogées : entretien
semi-directif pour les acteurs régionaux et locaux, questionnaire pour
les usagers.
Les acteurs régionaux et locaux ont été
interrogés aux cours d'entretiens semi-directifs. Tous les entretiens
ont fait l'objet de rendez-vous. Quinze ont été
réalisés entre janvier et mai 2007, leur durée moyenne
était d'une heure. Certains n'ont duré que trente minutes et
d'autres deux heures. Quelques entretiens ont été
enregistrés avec un dictaphone mais la majorité d'entre eux s'est
réalisé sans. Tous les entretiens ont fait l'objet d'une
retranscription sélective et organisée76(*) visant à mettre en
évidence les réponses aux questions initiales de la recherche.
Ces entretiens ont également permis de mieux connaître les
différentes politiques de gestion de l'eau à l'oeuvre dans le
bassin versant de l'Azergues, ainsi que les difficultés auxquelles elles
se confrontaient dans leur phase opérationnelle.
Pour des raisons de temps, seuls quinze entretiens ont
été réalisés. Les résultats peuvent
être affinés en menant d'autres entretiens. Par exemple, aucun
élu de la Haute-Azergues n'a été interrogé, de la
même manière les questions concernant l'agriculture peuvent
être approfondies en interviewant des viticulteurs et des horticulteurs,
pour ne citer qu'eux. La question de la pêche n'a été
abordée qu'au travers des représentants au niveau
départemental (Fédération de Pêche) dont les
discours sont parfois éloignés des présidents
d'associations locales (AAPPMA). Ce ne sont ici que des exemples, il resterait
beaucoup d'autres entretiens à mener.
Afin de comparer nos résultats avec ceux de Brun, la
grille d'entretien que nous avons utilisée reprend dans les grandes
lignes celle de Brun. Les questions visant à diriger les entretiens
étaient structurées en deux grandes parties :
Perceptions et représentations de la
qualité de l'eau des rivières
· Représentations de la qualité de l'eau des
rivières
· Bilan général de la qualité de
l'eau de l'Azergues, ou du secteur le plus familier (perception de la
qualité)
· Indicateurs pris en considération pour
évaluer la qualité
· Evolution passée et future de la
qualité
· Facteurs responsables de l'évolution
Mise en oeuvre des politiques de protection ou de
reconquête de la qualité des milieux aquatiques
· Quelles actions et politiques engagées dans le
domaine de l'eau, et concernant particulièrement la qualité des
milieux aquatiques
· Articulation avec les autres domaines d'actions
· Les difficultés rencontrées lors de la
mise en oeuvre des politiques de l'eau
Les usagers ont été interrogés par le
biais d'un questionnaire. Cet outil a été
privilégié pour obtenir des données quantitatives. En
outre l'intérêt du questionnaire est de mettre en perspective le
discours des acteurs de la gestion de l'eau avec la perception que les usagers
de la rivière ont de la qualité de l'eau et de ses obstacles.
La différenciation spatiale, en trois secteurs, du
bassin versant de l'Azergues tant du point de vue de la qualité de l'eau
que des activités qui s'y développent, conduit à formuler
l'hypothèse suivante. La perception de la qualité de l'eau de
l'Azergues et des obstacles à la bonne qualité diffère en
fonction du secteur considéré.
La passation des questionnaires s'est donc
déroulée dans les communes riveraines de l'Azergues des trois
secteurs du bassin versant. L'enquête a eu lieu entre 1er et
le 15 avril 2007 auprès de 92 personnes (27 dans la Haute-Azergues, 26
dans la Moyenne-Azergues et 40 dans la Basse-Azergues)77(*). Compte tenu de
l'hétérogénéité et de la taille importante
de la population concernée (les usagers de la rivière), la
construction d'un échantillon s'est avéré difficile et peu
scientifique. La population étudiée n'est donc pas
représentative. Il s'agit plutôt d'un panel permettant de donner
quelques tendances. La population enquêtée est
présentée à l'annexe n°6.
Les personnes interrogées étaient
majoritairement des promeneurs ainsi que quelques pêcheurs. Il est
dommage de ne pas avoir rencontré d'agriculteurs. La passation des
questionnaires s'est parfois poursuivie par des discussions. Une dizaine
d'entretiens `improvisés' d'environ une heure ont permis d'approfondir
certaines questions particulières (les pollutions industrielles de la
teinturerie, l'évolution des pratiques récréatives de la
rivière au cours des trente dernières années,
l'évolution des populations piscicoles, l'entretien et la
propreté de la rivière, l'évolution de l'urbanisation dans
le bassin versant de l'Azergues, la gestion de l'eau en France). Certaines des
informations recueillies lors de ces entretiens ont été
utilisées dans l'argumentaire développé au cours des
chapitres suivants.
Pour des raisons de temps le nombre de questionnaires
traités est relativement faible. Les résultats
présentés ici ne doivent pas être considérés
comme représentatifs. Ils n'indiquent que des tendances que seule une
enquête plus large permettrait de confirmer ou d'infirmer.
Figure 20. Localisation des enquêtes de
terrain
La surreprésentation des entretiens dans la partie
médiane et aval du bassin versant est volontaire et liée à
l'énoncé du sujet qui porte sur les
« rivières périurbaines ». La
Moyenne et Basse-Azergues sont les parties les plus concernées par les
dynamiques périurbaines.
SECTEURS
(ME : Masse d'eau)
|
QUALITE « objective »
|
Nombre de questionnaires
|
ENTRETIENS
|
200478(*)
|
Evolution 1994-200479(*)
|
Risque NABE80(*)
|
Etat de fonctionnalité piscicole81(*)
|
Acteurs locaux82(*)
|
Acteurs régionaux
|
AMONT
|
|
|
|
|
27
|
Pascal GIRIN, éleveur à Grandris,
représentant FDSEA 69 pour l'élevage en haut Beaujolais secteur
Amplepuis
|
Michel SENELET, Chef de projet SCOT Beaujolais
|
Azergues amont ME : R 572
|
Bonne
|
Amélioration
|
Doute
|
Satisfaisant
|
Soanan ME : R571
|
Bonne à Moyenne
|
Dégradation
|
Faible
|
Satisfaisant
|
Jean Pierre FAURE, Technicien Fédération de
Pêche du Rhône
|
MEDIAN
|
|
|
|
|
26
|
Antoine DUPERRAY, Maire de Oingt, vice président SMEPST
|
Moyenne Azergues ME : R568a
|
Bonne, affluents médiocres à mauvais
|
Amélioration mais persistance des dégradations
sur affluents
|
Fort
|
Inquiétant
|
Alain LAGARDE, Président Fédération de
Pêche du Rhône
|
Bruno CHARVET, Maire du Bois d'Oingt, Président CCPBO,
président du comité de rivière
|
Gérard GUNTHER, vice président du SAVA, vice
président CCPBO
|
Daniel DANCETTE, Police de l'eau DDAF 69
|
Robert ABBAMONTE, président ACSE
|
Claire NIVON, Chargé de mission Programme QEBV
|
AVAL
|
|
|
|
|
40
|
Mrs ECOCHARD et DESSAINJEAN
|
Azergues aval ME : R568b
|
Moyenne à médiocre, affluents mauvais
|
Amélioration, mais persistance de points noirs
|
Fort (pré-identifiée MEFM)
|
Catastrophique
|
Betty CACHOT, Chargé de mission contrat de
rivière Brévenne-Turdine
|
Alain PERSIN, Maire d'Ambérieux d'Azergues,
président SMPRCA
|
Laurent BOURDIN, Ingénieur hydromorphologue
Direction Planification et Programmation,
Agence de l'Eau RMC
|
Pierre GADIOLET, chargé de mission contrat de
rivière Azergues
|
Tableau 3. Liste des
entretiens réalisés entre janvier et avril 2007, et
caractérisation de la qualité de l'Azergues par masse d'eau, N.
Talaska, 2007
2. Perception des usagers
Les différences géographiques de la
qualité de l'eau de l'Azergues sont plutôt bien perçues par
les usagers, malgré des critères d'appréciations
très éloignés de ceux utilisés pour définir
la qualité « objective ».
2.1 Les usagers utilisent des
critères visuels pour évaluer la qualité de l'eau de la
rivière
Avant de s'intéresser à la perception que les
personnes interrogées ont de la qualité de l'eau de l'Azergues,
il convient de connaître à partir de quels critères se base
cette perception. Le recueil de cette information s'est fait par
l'intermédiaire d'une question ouverte dans le questionnaire. Les
différents éléments cités ont été
regroupés en six catégories. Dans la catégorie
« couleur », a été regroupé tout ce
qui concerne l'aspect visuel de l'eau (couleur, clarté,
visibilité du fond de la rivière). La catégorie
« propreté des abords » concerne la présence
de détritus sur/ou dans l'eau et les berges, ainsi que l'entretien du
lit de la rivière et de ses abords (essentiellement la
végétation). Par exemple, les bois morts dans le lit de la
rivière font partie de cette catégorie. La catégorie
« faune et flore du milieu aquatique » regroupe toutes les
réponses qui citent la présence ou l'absence de poissons et/ou de
certains types de poissons comme indicateurs de qualité. Par exemple, la
truite est toujours citée comme un indicateur de bonne qualité et
la diminution des populations de vairons reflète une dégradation
de la qualité. Les réponses concernant la flore font
référence au type de végétation dans la
rivière. L'aspect des cailloux est aussi intégré dans
cette catégorie. Le cas le plus fréquent concerne la
présence de mousses sur les cailloux ou d'algues filandreuses. Enfin, il
faut citer le cas de certains pêcheurs qui évaluent la
qualité de la rivière à « la
vie sous les cailloux » dans le lit. La
présence de « vers de vase » et de larves
d'éphémères est toujours un indicateur de bonne
qualité pour eux. Pour finir, la catégorie
« atterrissements » regroupe toutes les réponses qui
citent la présence de vase, de bancs de sable ou de graviers dans le lit
de la rivière. Ces derniers étaient souvent cités pour
leur mauvaise image et comme facteur de « mort de la
rivière ». Il est à noter que beaucoup de
personnes citant cet élément se prononcent fermement pour un
« curage de la rivière ».
Considérant les résultats, trois
éléments se détachent nettement. La couleur, la
propreté des abords et l'observation faunistique et floristique de la
rivière et de ses abords. Trois autres éléments (l'odeur,
le débit et la présence d'atterrissements) sont beaucoup moins
cités. Cette répartition des réponses est similaire aux
trois secteurs du bassin versant (tableau 4).
Tableau 4.
Critères d'évaluation de la qualité de l'eau de
l'Azergues. N. Talaska, enquêtes de terrain, avril 2007
2.2 Les contrastes de perceptions
reflètent assez bien les différences
« objectives » de la qualité
Deux questions étaient posées pour
apprécier la perception de la qualité de l'eau de la
rivière, d'une part, et son évolution, d'autre part. La
première question portait sur le secteur où la personne
était interrogée, et la deuxième sur l'ensemble de
l'Azergues. Pour les deux questions, il était demandé d'attribuer
une note à la qualité de l'eau de la rivière entre 0 et 10
(0 étant mauvais et 10 excellent). Les notes ont ensuite
été regroupées en trois classes de qualité :
de 0 à 4 (qualité mauvaise), de 5 à 6 (qualité
moyenne) et de 7 à 10 (qualité bonne). Une option
« sans avis » était possible.
Globalement les personnes interrogées ont une image
relativement négative de la qualité de l'Azergues (tableau 5).
Près de ¾ des personnes ayant un avis se prononcent pour une
qualité moyenne ou mauvaise avec une majorité d'avis pour la
classe « moyenne ». Le sentiment de « bonne
qualité » arrive en dernière position. Il faut
toutefois remarquer que la moitié des personnes invitées à
se prononcer sur la qualité de l'ensemble de la rivière
n'expriment pas d'avis. Cette forte proportion semble révéler la
méconnaissance de la rivière sur la totalité de son cours,
ou peut être aussi le fait que les personnes n'avaient pas vraiment
réfléchi à cette question.
Tableau 5.
Perception globale de la qualité de l'Azergues et de son
évolution par les usagers. N. Talaska, enquêtes de terrain, avril
2007
Tableau 6.
Perception de la qualité de l'eau de l'Azergues par les usagers
des trois secteurs du bassin versant. [NB : les barres en
pointillées représentent la perception pour l'ensemble de
l'Azergues, les barres hachurées représentent l'évolution
future. NSP : Ne se prononce pas]. N. Talaska, enquêtes de terrain,
avril 2007.
Dans la Haute-Azergues, la qualité de l'eau de la
rivière est perçue de manière plutôt positive. Plus
de 90 % des personnes ayant un avis ont donné une note entre 5 et 10.
Dans la Moyenne-Azergues, la tendance est inversée. La qualité
est perçue de manière plutôt négative puisque 90%
des personnes ayant un avis ont attribué une note entre 0 et 6. Si les
avis optant pour une qualité mauvaise sont supérieurs de 20
points à ceux exprimés dans la Haute-Azergues, c'est la classe de
qualité moyenne qui arrive en tête. Enfin dans la Basse-Azergues,
le sentiment d'une qualité mauvaise est largement supérieur
à tous les autres avis. Toutefois les avis sont plus divergents que dans
les autres secteurs. La classe moyenne est largement moins choisie et la
perception de bonne qualité est supérieure de 15 points à
la Moyenne-Azergues mais le sentiment de mauvaise qualité est
majoritaire en Basse-Azergues.
L'enquête révèle un sentiment de
dégradation de la qualité de l'amont vers l'aval. Cette
divergence de perception de la qualité, selon que les usagers habitent
à l'amont ou à l'aval, vérifie donc l'hypothèse de
départ. La perception de la qualité de l'eau de l'Azergues n'est
pas uniforme tout au long de la rivière. Cette divergence de perception
reflète assez bien la différenciation spatiale de la
qualité de l'Azergues telle qu'elle est identifiée par les
analyses scientifiques83(*). Toutefois, la perception globale tend
majoritairement pour une qualité moyenne alors que la
représentation dominante par les institutions (Conseil
Général du Rhône, Agence de l'Eau) de la qualité de
l'Azergues penche pour une bonne qualité. « La
qualité physico-chimique et biologique de l'Azergues est bonne dans
l'ensemble »84(*)
2.3 L'évolution de la
qualité : un sentiment de dégradation partagé par
tous, mais des perceptions contrastées sur l'évolution future
Concernant l'évolution de la qualité, un peu
moins de la moitié des personnes interrogées pensent qu'elle
s'est dégradée au cours des deux dernières
décennies. Ce sentiment est largement majoritaire chez les personnes qui
se sont prononcées. Là encore, la forte proportion de personnes
sans avis révèle la méconnaissance de la rivière et
de son évolution, ou encore un faible intéressement à la
question. En revanche « les sans avis » sont beaucoup moins
nombreux lorsqu'il s'agit de faire un `pronostic' sur l'évolution future
de la qualité. Globalement les personnes interrogées sont plus
optimistes sur l'évolution future de la qualité, mais près
de 40 % pensent qu'elle va se dégrader.
Si on peut relever un certain consensus sur la
dégradation de la qualité dans le passé jusqu'à nos
jours, l'évolution future fait l'objet de perceptions
contrastées.
D'une manière générale, les personnes
interrogées dans les secteurs où la perception de la
qualité est plutôt négative, sont les plus optimistes quant
à l'évolution future. C'est l'inverse dans les secteurs
relativement protégés. Dans les secteurs où le sentiment
d'une qualité mauvaise à moyenne domine, les personnes ayant
données leur avis, pensent majoritairement que la qualité va
s'améliorer dans le futur. Si ce constat est fragile pour la
Moyenne-Azergues, il est plus net dans la Basse-Azergues puisque plus de la
moitié des personnes interrogées pensent que la qualité va
s'améliorer alors qu'un peu plus de 30 % pensent le contraire. A
l'inverse dans la Haute-Azergues, les personnes interrogées sont
plutôt pessimistes alors même qu'elles ont le sentiment que la
rivière est de bonne qualité. La justification de cette vision
pessimiste se base assez souvent sur l'urbanisation de nouveaux espaces. Dans
cette partie du bassin, l'urbanisation est citée comme facteur
dégradant la qualité, et ce largement plus que dans les autres
secteurs du bassin versant (tableau 7).
2.4 Pour les usagers, ce n'est
pas tant la qualité de l'eau de la rivière qui compte que le
« paysage » de la rivière
A l'exception de certains pêcheurs qui utilisent des
indicateurs biologiques pour évaluer la qualité du milieu
aquatique, la qualité intrinsèque de l'eau de la rivière
est difficile à évaluer pour les simples usagers. De fait ils
prennent en considération des critères visuels (couleur de l'eau,
présence de détritus, etc.). A ce titre la coloration de l'eau
par les rejets des teintureries (celle de la Moyenne-Azergues, mais surtout
celles présentent sur la Turdine) était très souvent
citée dans la Basse et la Moyenne-Azergues comme un facteur
dégradant la qualité de l'eau. Or il est largement admis par les
élus locaux et les techniciens de rivière que la coloration de
l'eau participe peu à la dégradation de la qualité
physico-chimique et biologique. Cette représentation dominante est
toutefois remise en cause par un technicien de la Fédération de
pêche qui précise que si la coloration de l'eau impacte peu la
qualité du milieu85(*), comparé aux rejets domestiques par exemple,
il n'en reste pas moins que les rejets de teinturerie sont également
composés de substances toxiques. Le technicien cite une campagne de
mesure de la qualité de l'eau dans la Turdine qui avait
révélée des concentrations non négligeables dans
l'eau de substances utilisées dans le process industriel des
teintureries.
Le recours aux critères visuels pour évaluer la
qualité de l'eau des rivières est nettement perceptible lorsque
qu'on demande aux usagers de définir les éléments qui
participent à la dégradation de la qualité de l'eau
(tableau 7).
Tableau 7. Les
facteurs dégradant la qualité de l'eau86(*) par secteurs selon les
usagers. N. Talaska, enquêtes de terrain, avril 2007
La présence de détritus en bord de
rivière arrive en tête des éléments participant
à la dégradation de la rivière, et ce pour tous les
secteurs du bassin versant. De la même manière, les eaux
industrielles, dans la Moyenne et Basse Azergues, sont beaucoup citées.
Par ce facteur les personnes interrogées citaient souvent les rejets de
teintureries et donc la coloration des eaux. Or ces types de
« pollutions » sont très éloignés des
critères d'évaluation de la qualité
« objective ».
En bref, les usagers ne disposent pas des outils et des
savoirs utilisés pour évaluer la qualité
« objective » de l'eau. L'évaluation de la
qualité de l'eau par les usagers se base sur le domaine du visible. Or
presque tous les critères d'évaluation
« objectifs » sont de l'ordre de l'invisible
(température de l'eau, concentration de micropolluants, Demande
Biologique en Oxygène...). Les seuls critères communs sont
utilisés par certains pêcheurs qui se font une idée de la
qualité en observant les populations d'invertébrés, et de
poissons dans le cours d'eau. Il faut préciser que tous les
pêcheurs n'observent pas la qualité de l'eau, et certains n'en ont
que faire. Pour certains pêcheurs, la qualité de l'eau de la
rivière passe bien après le prix de leur carte de pêche au
nom de laquelle ils demandent que soient lâchés plus de truites
dans la rivière. Ici l'essentiel n'est pas la qualité de l'eau
mais le nombre de truites que l'on pourra pêcher87(*).
Finalement, plus que la qualité de l'eau, c'est le
paysage de la rivière qui compte pour les usagers. Ce constat est
peut-être aussi un biais de l'enquête qui n'a porté presque
entièrement que sur des promeneurs. Toutefois cette importance
accordée au paysage de la rivière, faute de disposer de savoirs
et d'informations suffisantes pour que les usagers se préoccupent de la
qualité de l'eau, s'illustre à travers les préoccupations
d'une association locale dans la Moyenne-Azergues. L'Association
Châtillon Sécurité Environnement (ASCE) à
été crée après la crue de 2003. Si le but
fondamental de cette association est de limiter les risques d'inondations, elle
est porteuse d'une certaine représentation de la bonne qualité
d'une rivière. Pour le président de l'association les
dépôts de détritus végétaux et autres en bord
de rivière constituent des facteurs importants de la dégradation
de la qualité du cours d'eau. La présence de bois morts dans le
lit de la rivière est placée sur le même plan. Les
adhérents de l'association réalisent quelques fois dans
l'année un reportage photographique visant à un inventaire
exhaustif des « dégradations » de la
rivière. Y sont photographiés des décharges sauvages et
des amas de bois morts dans la rivière88(*). Le bois mort en rivière est accusé
à double titre. D'une part il est susceptible d'accentuer les crues et
les érosions de berges dans certains secteurs, et d'autre part, il
dégrade l'image de qualité de la rivière. Lors de
l'entretien, le président attirait mon attention sur des photos
où l'on voyait bien les détritus accrochés aux branches
des bois morts en rivière. Cette représentation de la bonne
qualité de la rivière aboutit à la formulation,
auprès des élus locaux, de demandes d'entretien de la
rivière. Dans cette logique les travaux des « brigades de
rivières »89(*) sont très bien perçus.
3. Perception des acteurs
Les acteurs rencontrés font partie du Comité de
Rivière du contrat de rivière Azergues. Nous partons donc du
postulat que toutes ces personnes possèdent les mêmes informations
sur la qualité de la rivière. Pourtant les critères pris
en considération pour évaluer la qualité de l'eau
divergent, tout autant que les perceptions de l'évolution de la
qualité.
3.1 Des critères
d'évaluation proches des critères objectifs, mais des
utilisations restrictives au domaine de compétences des acteurs
Pour les acteurs impliqués dans la gestion de l'eau,
les critères pris en considération pour évaluer la
qualité de l'eau sont limités à leur domaine de
compétence.
D'une manière générale, les élus
locaux connaissent la technicité de l'évaluation de la
qualité de l'eau et précisent à ce titre qu'ils se
réfèrent aux « statistiques » pour
connaître les évolutions de la qualité.
« Nous ne sommes que des élus, pas des
techniciens »90(*). Cette conception fait référence
à la qualité physico-chimique puisqu'elle était souvent
associée aux questions d'assainissement. L'assainissement étant
de la compétence et de la responsabilité des communes ou de leurs
regroupements, la focalisation des élus sur cet aspect de la
qualité n'est donc pas surprenant. L'entretien des cours d'eau
(enlèvement des végétaux morts, contrôle de la
végétation riveraine) et leur propreté (pas de
décharges sauvages sur les berges) sont également des
éléments cités comme facteurs de la bonne qualité
de l'eau de l'Azergues. En ce sens les élus sont assez proches des
préoccupations des usagers. En outre, les élus ont
systématiquement cités des indicateurs biologiques, au premier
rang desquels, l'Ecrevisse à pattes blanches. L'évocation de
cette espèce n'était le fait que des élus ou des
spécialistes (techniciens de rivière) et jamais des usagers,
à quelques exceptions près. Selon eux, la présence de
cette espèce témoigne de la bonne qualité des cours d'eau.
Il est vrai que cette espèce, très sensible à la
qualité des milieux aquatiques, est présente dans certains
affluents. C'est d'ailleurs ce qui fait la `renommée environnementale'
de certains ruisseaux de l'Azergues. Mais les élus n'ont jamais
évoqué la disparition de l'espèce sur certains cours d'eau
suite à des aménagements ou à des rejets domestiques pas
encore traités91(*). L'évocation de cette espèce
emblématique92(*)
par les élus, sans faire référence aux
spécificités de ses conditions de vie ou de mort selon les
espaces du bassin versant, ne véhicule t'elle pas une
représentation excessivement positive de la qualité globale des
milieux aquatiques ?
Contrairement aux élus locaux qui prennent
essentiellement en considération la qualité physico-chimique,
à l'exception des citations quasi anecdotiques de certaines
espèces animales aquatiques, les acteurs de la pêche (ici la
Fédération de Pêche du Rhône) abordent la
qualité des milieux aquatiques par le prisme de la biologie. Pour eux
les populations piscicoles, mais aussi toute la microfaune
(invertébrés, diatomées) sont des indicateurs bien plus
efficaces que les analyses physico-chimiques pour évaluer la
qualité des cours d'eau. Toutefois le technicien interrogé
souligne les limites des investigations biologiques. La faible fréquence
des campagnes d'analyses et le nombre restreint de stations de mesures ne
permet pas de comprendre l'évolution de la qualité sur le long
terme. Ainsi, sur l'Azergues, les premières campagnes de mesures datent
de 1985 sur huit stations. « C'est ridicule (le nombre de
stations de mesures) vu la taille du bassin versant »93(*). Les dernières
campagnes remontent à 1997 et 2005 et ces fois-ci, sur un nombre de
stations encore plus faible (5). Entre des pas de temps aussi longs il est
possible de ne pas prendre la mesure d'évènements exceptionnels.
Par exemple, la sécheresse de 2003 a fortement réduit les
populations piscicoles. Si un relevé est effectué en 2004, il est
facile d'attribuer à une dégradation de l'eau la forte diminution
des populations. De la même manière, et c'est là une
question plus compliquée, comment faire la part des conséquences
de la sécheresse ou de la qualité physico-chimique de l'eau sur
la modification des peuplements ?
Enfin le technicien précise que la prise en compte de
l'état physique des cours d'eau est capitale pour espérer
retrouver une bonne qualité de l'eau des rivières. Or les
élus sont peu sensibles à ce sujet. Il y'a même parfois des
incohérences. Des efforts importants peuvent être faits pour
traiter plus efficacement les rejets domestiques, mais ils peuvent rester sans
effets sur la biologie si, à côté de ces actions, des plans
d'eau sont créés sur les cours d'eau en têtes de bassins ou
si la construction d'une route entraîne le busage d'une partie d'un
ruisseau. Ces aménagements assez banals sont fréquents, et ce
d'autant plus dans des espaces périurbains comme la Basse-Azergues.
Les préoccupations des acteurs départementaux de
la pêche sont finalement assez proches des conceptions de la DCE. Leur
approche de la qualité est basée sur la biologie et la prise en
considération de l'état du milieu physique est forte.
Dans cette conception se retrouvent les missions de la Police
de l'eau94(*) dont une
grande partie concerne l'examen de dossiers de demandes de travaux en
rivière95(*). A la
DDAF, les critères de qualité de l'eau font
référence à des normes et à des
réglementations bien définies par le législateur. Les
travaux en rivière, ou tout aménagement susceptible de perturber
le milieu aquatique, sont fortement encadrés par la législation.
Les agents de la DDAF sont ainsi tenus de faire respecter la
réglementation. S'ils disposent des outils juridiques, la faiblesse des
moyens humains sur le terrain rend parfois la tâche difficile. En
comptant les personnels de l'ONEMA et de la DDAF, dix agents sont
chargés de la surveillance des milieux aquatiques dans le
département du Rhône. La conception très
réglementaire de la qualité de l'eau par la DDAF et L'ONEMA est
vivement contestée par les acteurs locaux. Le cadre réglementaire
s'opposerait au pragmatisme nécessaire des actions de terrain. Beaucoup
d'élus dénoncent la lourdeur administrative et technique des
dossiers ainsi que la lenteur d'examen alors que les travaux sont parfois
urgents. Certaines personnes ayant déjà fait l'objet de
procès verbaux n'hésitent pas à parler des
« cow-boys de la Police de l'eau ». Les tensions
sont vives entre les acteurs locaux et la Police de l'Eau. Ce point est
approfondi dans le chapitre suivant.
Ce tour d'horizon, aussi limité soit il, permet
toutefois de mettre en lumière les visions assez différentes de
ce qui fait la bonne qualité de l'eau chez les acteurs impliqués
dans la gestion de l'eau. Ces divergences se retrouvent dans la perception de
l'évolution de la qualité.
3.2 Les perceptions divergentes
de l'évolution de la qualité
Pour tous les élus rencontrés, la qualité
de l'eau de l'Azergues est meilleure aujourd'hui qu'avant. Cette perception est
donc toute à l'opposé du sentiment dominant chez les usagers.
Elle est aussi contraire aux résultats de Brun. Rappelons que sur les 53
« acteurs locaux » se prononçant sur la
question de l'évolution de la qualité de l'eau d'hier à
aujourd'hui, dans le bassin de la Saône, 41 optaient pour une
dégradation96(*).
A. Brun soulignait que ce sentiment portait en lui la mise en cause
d'activités polluantes ne relevant pas de la responsabilité des
personnes interrogées. Il citait, par exemple, les remarques
d'interviewés dénonçant le rôle de l'administration
ou d'un pollueur bien identifié dans la dégradation des cours
d'eau, alors même que des actions à la portée des personnes
interrogées ne faisaient pas vraiment l'objet de priorité
(assainissement des communes rurales, par exemple). Dans notre cas c'est
plutôt l'inverse, mais ce constat n'est pas sans
ambiguïté.
Les élus justifient leur perception de
l'amélioration de la qualité de la rivière par les efforts
qu'ils consentent à faire pour traiter les rejets domestiques
(construction de réseaux et de stations d'épuration,
perfectionnement des systèmes de traitement, mise en oeuvre des
SPANC97(*)). Pour appuyer
leur vision, ils citaient tous la présence de la fameuse Ecrevisse
à pattes blanches et parfois le retour du Brochet dans la
Basse-Azergues. Selon eux, la mise en place dans la plupart des
communautés de communes de filières de collectes des
déchets (construction de déchetterie, mise en place du tri
sélectif) a également permis de réduire les
décharges sauvages en bords de cours d'eau, et donc d'améliorer
la qualité des rivières. Par ces discours les élus
assument bien leurs responsabilités, mais le feraient-ils s'ils
n'avaient pas engagé les actions précitées ?
Il est indéniable que les travaux d'assainissement ou
de traitement des déchets ménagers participent à
l'amélioration de la qualité de l'Azergues et de ses paysages.
Ces actions, aujourd'hui bien identifiées par les citoyens comme
bénéfiques à l'amélioration de la qualité de
la rivière, permettent aussi aux élus de montrer leur engagement
dans la démarche, désormais dogmatique, du
« développement durable »98(*). Dans cette logique, les
élus rencontrés se montrent très optimistes sur
l'évolution future de la qualité. « On va de
l'avant donc ça ne peut que s'améliorer » disait
ainsi un élu de la Basse-Azergues à propos des travaux
d'assainissement. De même la sensibilisation croissante des jeunes
générations aux problèmes environnementaux serait un
facteur positif. Un élu faisait référence aux actions dans
le milieu scolaire, « On leur apprend ce qu'est la
nature ». Sur ce sujet on pourrait d'ailleurs s'interroger sur
la conception de la nature sous-jacente à l'éducation à
l'environnement99(*).
Toutefois le discours des élus sur la qualité de
l'eau est restreint aux seules problématiques d'assainissement. Les
perturbations physiques de la rivière et de ses affluents ont toujours
été absentes des entretiens. Ce que dénonce le
président et un technicien de la Fédération de Pêche
qui soulignent que l'Azergues est très impactée par les
perturbations physiques, et notamment la Basse-Azergues. Selon eux, les travaux
d'assainissement sont nécessaires mais pas suffisants pour atteindre les
objectifs de la DCE. Les seuls points qui avaient trait aux
problématiques de l'hydromorphologie concernaient les atterrissements.
Il en était question car ils posent des problèmes
d'érosions de berges avec parfois des risques de déstabilisation
d'ouvrages, et peuvent accroître les risques d'inondations dans les
secteurs urbanisés. Les atterrissements ne sont perçus que comme
des problèmes mais leurs enlèvements sont à l'origine de
conflits récurrents avec la Police de l'eau. D'un côté, les
élus veulent pouvoir intervenir vite en rivière pour enlever les
atterrissements afin de limiter les risques qu'il font peser sur les biens
publics et privés mais aussi sur la responsabilité juridique des
élus100(*), de
l'autre, les agents de la DDAF demandent la construction de dossiers
administratifs lourds exigeants une perturbation minimale de la rivière
conformément à la réglementation en vigueur. Ce point sera
approfondi dans le chapitre suivant.
A l'optimisme des élus, s'oppose le pessimisme des
divers techniciens (Fédération de pêche, Chargé de
mission contrat de rivière Azergues et Brévenne-Turdine,
chargé de mission du Programme Qualité des Eaux dans le
Beaujolais Viticole) sur l'évolution de la qualité des eaux de
l'Azergues. A titre d'exemple, alors que les élus parlent d'une
amélioration depuis une dizaine d'année, les acteurs de la
pêche constatent plutôt l'inverse.
Sur l'évolution future l'optimisme des élus est
partagé par la majorité des usagers enquêtés, mais
les techniciens rencontrés font part de leurs inquiétudes. Les
raisons ne sont pas les mêmes, toutefois le réchauffement
climatique est cité comme un des facteurs fondamentaux de la non
atteinte du « bon état écologique »
par le technicien de la Fédération de pêche et par la
chargée de mission du contrat de rivière Brévenne-Turdine.
Pour la chargée de mission du programme QEBV, c'est plutôt la
crise économique du vignoble du Beaujolais qui est avancée comme
facteur limitant la réduction de la contamination des eaux par les
pesticides. De la même manière le chargé de mission du
contrat de rivière Azergues fait part de nombreuses interrogations sur
les possibilités d'atteindre le bon état pour 2015.
Enfin, on peut souligner des représentations
divergentes entre les analyses de la qualité menées par le
Conseil Général et les récentes études pour
définir les potentialités d'atteinte du « bon
état » des eaux dans le cadre de la DCE. Alors que les
analyses du Conseil Général donnent une image de la
qualité de l'Azergues plutôt bonne dans son ensemble,
l'état des lieux DCE identifie, sur les cinq masses d'eau du bassin
versant de l'Azergues, deux masses d'eau présentant un risque fort de
non atteinte du « bon état », et une autre masse
d'eau pour laquelle il existe des doutes. Cette divergence n'est-elle pas
liée à une conception différente de la
qualité ? Les analyses du Conseil Général sont
historiquement orientées vers des problématiques
d'assainissement, elles privilégient donc la qualité
physico-chimique de l'eau. A l'inverse la DCE pointe son attention sur la
biologie. Or, la considération des indicateurs biologiques rend bien
mieux compte des dégradations de l'eau car elles n'enregistrent pas des
situations ponctuelles (comme les analyses physico-chimique) mais elles
révèlent des situations sur des temps longs enregistrés
par les êtres vivants. Généralement, la
considération des indicateurs biologiques révèle des
situations de qualité moins bonnes que les seuls indicateurs
physico-chimiques.
Chapitre 2 . Les obstacles à la bonne qualité
de l'eau
Dans ce chapitre il s'agit de mettre en perspective les
divergences les plus significatives de perceptions de la qualité de
l'eau au sein des politiques de protection de la ressource mises en oeuvre sur
le territoire du bassin versant de l'Azergues. C'est en effet lors de la mise
en oeuvre des actions que les divergences de perceptions s'expriment avec
force. Elles peuvent en outre aboutir à certains obstacles pour parvenir
à la « bonne qualité » de l'eau.
Le bassin versant de l'Azergues est concerné par
plusieurs politiques de protections de la ressource. Trois sont
examinées ici. Ce choix résulte de l'importance des perturbations
de la qualité qui sont à l'origine des politiques mises en
oeuvre. Les trois types d'actions engagées et examinées ici sont
l'assainissement des eaux usées domestiques, la restauration physique
des cours d'eau, la réduction des pollutions par la viticulture.
1. Le traitement des rejets
domestiques, une exigence réglementaire plus qu'une préoccupation
environnementale
1.1 Les
bénéfices environnementaux du traitement des rejets
domestiques
Pour les élus locaux, la qualité de l'eau des
rivières dépend essentiellement du degré de traitement des
eaux usées domestiques. La focalisation sur ce facteur est
cohérente avec les compétences et les responsabilités des
élus en matière d'assainissement d'une part, et avec les
orientations du contrat de rivière, d'autre part. Le volet du contrat
consacré à l'assainissement capte 73 % du budget total soit plus
de 10 millions d'euros. Ces investissements importants se justifient par le
fait que « la pollution domestique directe et diffuse est sur le
bassin versant la principale source d'apports en phosphore aux cours d'eau
(environ 60 % de la pollution nette) ». La pollution
phosphorée accentue les phénomènes d'eutrophisation et
contribue fortement à altérer la qualité biologique de la
rivière. « Cette pollution est notamment favorisée
par les rejets non ou insuffisamment traités et la faible
efficacité des stations d'épuration sur l'élimination de
cet élément ».De plus le bassin versant de
l'Azergues fait partie d'une « Zone Sensible »
à l'eutrophisation. La prise en compte de ce facteur est donc
obligatoire.
En effet, sur les 29 stations d'épuration qui traitent
les eaux usées des collectivités du bassin versant, 1/3
n'assurent pas un niveau de rejet satisfaisant et 14 communes ne disposent
d'aucun traitement des eaux usées. La Haute-Azergues est largement
concernée par le manque d'épuration des rejets domestiques et
globalement les systèmes de collectes et de traitements dans le bassin
versant nécessitent de sérieuses remises à
niveau101(*). Plusieurs
opérations ont déjà été
réalisées et ont permis d'améliorer la qualité de
l'eau dans certains secteurs, surtout dans la Moyenne et Basse Azergues. Ainsi
le gros travail sur l'assainissement fait dire aux élus que la
qualité de l'eau est meilleure qu'il y a 20 ans, et qu'elle sera encore
meilleure à l'avenir. « On va de l'avant, donc la
qualité ne peut que s'améliorer »102(*).
Pour le moment, les efforts d'assainissement ont surtout
concerné la partie aval de la Moyenne-Azergues et la Basse-Azergues,
mais les mises en conformité plus lentes dans la Haute-Azergues
créent une certaine amertume de la part d'élus de l'aval qui
critiquent les collectivités de la Haute-Azergues. « Dans
la campagne, chez les paysans de l'amont, ils ne jouent pas le jeu alors qu'on
reçoit leurs pollutions. A l'aval on est cerné, toutes les
attentions sont portées sur nous car la qualité de l'eau n'est
pas très bonne »103(*). Cette remarque vaut aussi pour les
aménagements en lit majeur qui tendent à accentuer les
inondations que l'aval subit plus que l'amont.
1.2 Les enjeux de
l'assainissement révèlent l'ubiquité de la qualité
de l'eau
La primauté accordée aux travaux
d'assainissement dans le cadre du contrat de rivière peut s'expliquer
pour plusieurs raisons.
La première tient à la compétence
historique des contrats de rivière. « Conçus,
à l'origine comme des outils pour la mise en oeuvre des cartes
d'objectifs de qualité » 104(*) issus de la loi de 1964, les
contrats de rivière ont largement gardés ce champ d'action,
même si leurs missions se sont élargies aux milieux aquatiques, en
relation avec leurs bassins versants, et non plus exclusivement à la
rivière105(*). Le
volet A des contrats de rivière (réduction des pollutions) capte
toujours la plus grosse part du budget. Le contrat de rivière Azergues
le démontre.
La seconde raison tient au problème
général de l'assainissement en France. La mise en
conformité des systèmes de traitements des eaux usées au
titre de la directive européenne Eaux Résiduaires Urbaines (ERU)
de 1991 accuse un sérieux retard en France106(*). Cette directive fixait des
objectifs de moyens pour réduire les flux de substances polluantes par
les eaux de rejets domestiques107(*). Le retard français a déjà
conduit à une condamnation par la Cour de Justice des Communautés
Européennes (CJCE), en 2004, pour la mauvaise application de la
directive. Cette condamnation visait les agglomérations
concernées par l'échéance du 31/12/1998, mais la
commission européenne a poursuivi son analyse de l'application de la
directive pour les agglomérations concernées par
l'échéance du 31/12/2000. Cette situation a abouti, le 13
décembre 2005, à deux mises en demeure qui demandent des
précisions pour les agglomérations posant problèmes. Or,
en 2007, le problème n'est toujours pas réglé puisque 20 %
des collectivités ne seraient pas à jour au vu des obligations de
traitements imposées par les directives européennes108(*).
C'est dans ce contexte que l'Etat tente
d'accélérer la mise aux normes des traitements des eaux
usées pour ne pas avoir à payer les fortes amendes prévues
par l'Europe en cas de non respect des directives. Une circulaire
publiée en janvier 2007 prévoit ainsi des mesures exceptionnelles
pour parvenir aux mises aux normes, préalables indispensables à
l'atteinte des objectifs de la DCE sur la qualité des eaux. Par exemple,
les préfets pourront utiliser la procédure de
« travaux d'office » prévu par le Code de
l'environnement. Ce type de circulaire n'est qu'une version plus
sévère d'une précédente datée de 2002.
Les collectivités compétentes et responsables de
l'assainissement, et derrière elles les élus locaux, n'ayant pas
encore satisfait aux exigences de la directive ERU n'ont donc plus le choix. La
DIREN Rhône-Alpes abonde dans ce sens en précisant
qu'« Actuellement une deuxième condamnation de la France
(avec amende et astreintes journalières) paraît hautement
probable. La mise en conformité des systèmes d'assainissement est
donc une priorité, et tous les efforts qui seront engagés dans ce
sens contribueront à réduire l'importance de cette
condamnation » 109(*).
Si aucune agglomération du bassin de l'Azergues n'est
concernée par la mise en demeure de 2005, certaines collectivités
n'auraient pu poursuivre leur urbanisation si elles n'avaient pas engagé
la mise aux nomes de leur dispositif de traitement des eaux usées. Par
ailleurs, les agglomérations de Anse et de la Basse-Azergues sont
soumises à des échéanciers plus stricts car leurs tailles
dépassent 10 000 EH110(*), et elles sont situées dans une
« Zone Sensible »111(*). Elles devaient donc
être aux normes avant le 31 décembre 1998. Ces
échéances étaient déjà
dépassées lors de la mise en oeuvre du contrat de rivière
en 2003.
On comprend alors mieux l'enjeu que représente
l'assainissement des collectivités du bassin de l'Azergues.
Au-delà de la réduction des pollutions des cours d'eau, il s'agit
bien de permettre aux communes de poursuivre leur urbanisation dans un contexte
géographique et historique qui y est très favorable. Cette mise
en perspective permet de relativiser le discours des élus sur la
qualité de l'eau. En réalité le traitement des eaux
usées vise moins à protéger l'Ecrevisse à pattes
blanches, même si cela y contribue, qu'à respecter les exigences
réglementaires, et ainsi permettre le légitime
développement démographique, urbain et économique des
territoires du bassin versant. On peut alors s'interroger sur la réelle
finalité environnementale d'un contrat de rivière dont 75 % du
budget est consacré à l'assainissement. Dans la première
version du contrat de rivière, l'assainissement représentait
même 90 % du budget. Ce à quoi les financeurs se sont
refusés en expliquant qu'un contrat de rivière devait programmer
d'autres types d'actions, plus orientées vers la protection des milieux
aquatiques.
Si le gain environnemental des travaux d'assainissement, en
termes d'amélioration de la qualité physico-chimique et
biologique de l'eau n'est pas contestable, la récupération d'un
discours à tendance environnementaliste par les élus l'est plus.
Quelques personnes rencontrées lors des entretiens pensent ainsi que le
contrat de rivière est considéré par les élus comme
« une pompe à fric » pour financer
des solutions à des problèmes d'urbanisation.
En outre, d'autres acteurs font remarquer que la focalisation
sur l'assainissement tend à diminuer l'attention sur d'autres
compartiments de l'hydrosystème tout aussi importants, comme les milieux
physiques. Or la dégradation physique des cours d'eau contribue à
l'altération des qualités biologiques. Cette remarque
émane des gestionnaires de rivières (Contrat de rivière et
Fédération de Pêche), mais aussi des acteurs
régionaux comme ceux de l'Agence de l'Eau. « La prise de
conscience de l'intérêt d'agir plus nettement sur le volet de la
restauration physique, se heurte trop souvent à une conception de la
gestion environnementale encore très axée sur la maîtrise
des pollutions. Les rejets sont ressentis comme le facteur essentiel de la
dégradation des milieux, celui sur lequel les capacités
techniques d'interventions sont bien
« rodées » »112(*).
Enfin, si l'amélioration de l'assainissement est
nécessaire, ses conséquences en terme d'extension urbaine peuvent
avoir des effets indirects négatifs sur la qualité de l'eau. Par
exemple, la création de plans d'eau de loisirs peut engendrer de
nouvelles perturbations des milieux aquatiques. Parfois situés en
tête de bassin de petits cours d'eau, les plans d'eau submergent des
zones humides qui font, par ailleurs, l'objet de mesures de protection. Il faut
également citer la perturbation des conditions écologiques des
cours d'eau à l'aval des retenues qui sont néfastes pour les
populations piscicoles et astacicoles.
On voit donc bien toute l'ubiquité de la question de la
qualité de l'eau. L'assainissement est une réponse à un
problème donné (la qualité physico-chimique de l'eau),
à un endroit donné (un cours d'eau ou un tronçon de cours
d'eau), à un moment donné (échéance
réglementaire). Mais cette réponse peut amener d'autres types de
problèmes en d'autres lieux à des moments différents.
Cette ubiquité est d'autant plus complexe qu'elle fait intervenir
différents acteurs ayant chacun une représentation
différente de la qualité de l'eau. La qualité
paysagère ou piscicole du plan d'eau vu par le riverain ou le
pêcheur s'oppose à la représentation de la qualité
du technicien de la fédération de pêche qui verra dans le
plan d'eau une disparition des zones de fraies du poisson et une perturbation
des conditions écologiques du cours d'eau à l'aval. Or, si ce
dernier type de représentation est proche des préoccupations de
la DCE, elle l'est beaucoup moins de celle des élus ou des riverains
dont la perception de la qualité se base plus sur des critères
paysagers. Les élus souhaitent le bien-être de leurs
administrés, lesquels ne disposent pas des mêmes critères
d'appréciation de la qualité que ceux utilisés dans le
cadre de la DCE. Comment dans ce cas parvenir à une « bonne
qualité » de l'eau telle qu'elle est définie par la
DCE, alors que les prescriptions pour y arriver semblent entrer en
contradiction avec les demandes des « profanes » ?
C'est en cela que Treyer remet en cause l'approche
écologique et écosystémique de la DCE qui devrait primer
à l'avenir sur une approche par les usages113(*). En effet, une partie de la
communauté scientifique tend à remettre en question cette
approche spécifique de la DCE. Un programme de recherche initié
par l'Inra et le Cemagref114(*), dans le but de « doter ces organismes
d'un outil d'appui à une réflexion stratégique pour
piloter la recherche » dans le cadre des nouveaux objectifs de
la DCE, a donné lieu à des analyses du système eau et
milieu aquatique plus centrée sur l'eau comme ressource que sur
l'eau comme milieu. Par exemple, « la prise en compte de
l'ensemble des acteurs et des relations de pouvoir sous-jacentes à toute
situation de gestion de l'eau » a été
considérée de manière approfondie et pas seulement en
terme « d'analyses géopolitiques sur le partage des
ressources transfrontalières ».
2. Le décalage des
discours sur la gestion des milieux physiques
2.1 Entre
postures théoriques de l'Agence de l'eau et difficile application
à l'Azergues dans le cadre du contrat de rivière. La restauration
physique en question
Les progrès de la recherche scientifique sur les
hydrosystèmes démontrent de plus en plus le rôle primordial
de l'état physique des cours d'eau dans leur fonctionnement
général et notamment vis-à-vis de la qualité
physico-chimique et biologique. Du fonctionnement hydromorphologique des cours
d'eau dépendent la qualité des habitats des communautés
vivantes aquatiques, et donc son « bon état
écologique » au sens de la DCE. « La
présence d'habitats favorables et des processus qui sous tendent leur
existence et leur renouvellement (tels que les crues justes débordantes,
les capacités de déplacement du lit des cours d'eau dans leur
espace de liberté) conditionnent le fonctionnement physico-chimique et
biologique des milieux aquatiques, et par conséquent, les
possibilités d'atteinte du bon état écologique des
eaux »115(*). L'utilisation récente du
concept d'« espace de liberté »116(*) des cours d'eau dans les
réflexions autour des politiques de gestion de l'eau est
révélatrice de l'importance accordée aux
caractéristiques physiques comme facteurs essentiels de la
qualité des milieux aquatiques. Ce concept sera largement repris dans le
futur SDAGE RMC qui prévoit, parmi ces orientations fondamentales,
d'« agir sur la morphologie, le décloisonnement et
l'hydrologie des milieux aquatiques »117(*). Dans la même
lignée, les travaux de H.Piégay démontrent le rôle
bénéfique du bois mort en rivière sur la qualité
biologique des cours d'eau118(*).
Dans le bassin de l'Azergues, la question des milieux
physiques prend une importance particulière. Les deux masses d'eau aval
de l'Azergues sont identifiées comme fortement impactées quant
à leur fonctionnement physique. La partie aval est en outre
pré-identifiée comme une masse d'eau fortement modifiée
(MEFM)119(*). Ces
dégradations du fonctionnement physique sont héritées des
usages passés de la rivière, mais sont aussi le résultat
d'aménagements contemporains. Ces dégradations sont en partie
responsables des risques de non-atteinte du « bon état
écologique ». Le tableau 8 présente les
principales altérations physiques de l'Azergues ainsi que les mesures
prévues pour réduire leurs impacts sur le « bon
état écologique ».
Tableau 8.
Inventaire des pressions physiques de l'Azergues et mesures
prévues (Source : DDAF du Rhône, cellule Eau, 2003)
Problèmes du bassin
|
Objectifs à atteindre
|
Mesures à mettre en oeuvre
|
Masse d'Eau
|
Commentaires sur les mesures
|
Commentaires sur les problèmes
|
Dégradations
physiques
(artificialisation et
ouvrages
transversaux)
|
Restaurer la morphologie et les liens avec les milieux
connexes
|
Restaurer la morphologie du lit mineur pour
restaurer les habitats aquatiques (population
animale et végétale)
|
568B ; 568A
|
Il s'agit de mesures diverses en zone agricole : suppression de
l'enrochement, acquisitions foncières,
|
|
Restaurer la morphologie et les liens
avec les milieux connexes
|
Restaurer et entretenir les berges
|
568B ; 568A
|
|
|
Restaurer la morphologie et les liens
avec les milieux connexes
|
Favoriser la dynamique de "reprise/dépôt" des
matériaux dans le lit mineur et/ou majeur
|
568B ; 568A
|
Au-delà du plan de gestion du transport
sédimentaire en cours (qui "limitera" le problème des curages
d'atterrissements en réinjectant les matériaux à l'aval.
(coût C = coût /6ans)), il serait nécessaire de revenir
à une restauration naturelle du transport solide.
|
|
Préserver et restaurer la continuité biologique
amont aval
|
Rendre franchissable ou améliorer la
franchissabilité des ouvrages existants à la montaison
|
568B ; 568A ; 572
; 571
|
Il y a 61 ouvrages infranchissables sur le BV : il s'agira
dans l'avenir de déterminer si l'atteinte du bon état
nécessite de travailler sur seulement une dizaine de seuils ou plus. La
franchissabilité de certains ouvrages peut être
économiquement difficile.
|
Secteur fortement impacté : dynamique en cours et
poursuite du contrat envisageable
|
La prise en compte des problèmes liés au
fonctionnement physique est assez faible dans le contrat de rivière. Les
actions de « restauration physique » captent moins
de 11,5 % du budget. Toutefois, ces opérations sont globalement moins
coûteuses que celles liées à l'assainissement. Elles sont
donc plus nombreuses malgré un budget qui leur est consacré assez
faible. Certaines actions programmées vont entièrement dans le
sens des préconisations du SDAGE et de la DCE. A titre d'exemple, deux
opérations visent à
« renaturaliser » deux affluents de la Moyenne
Azergues fortement dégradés (busage, requalibrage,
déconnexion à l'exutoire). En revanche certains acteurs
émettent quelques nuances en précisant que la plupart des actions
de restauration physique ont été rajoutées au contrat pour
satisfaire les financeurs qui avaient demandés de diminuer l'ampleur, en
nombre et en coûts, des seules opérations d'assainissement. Or,
aux dires de certains acteurs interviewés, ce sont ces actions
rajoutées qui risquent le plus de ne pas être
réalisées. « Les élus n'ont pas vraiment la
fibre écologique ». Les raisons explicites de
l'émergence du contrat de rivière n'étaient d'ailleurs pas
tant la reconquête des milieux aquatiques que la résolution des
problèmes d'urbanisation liée à la rivière. A
savoir, l'assainissement (cela permet bien sur de réduire les
dégradations de la qualité de la rivière, par ailleurs
identifiées comme un des problèmes principaux par le contrat de
rivière, mais s'il n'était pas aux normes, il interdisait les
possibilités d'urbanisation) et la lutte contre les inondations qui
limitait dans certains secteurs les possibilités d'extension urbaine.
A l'intérêt plutôt faible des élus
pour les questions de restauration physique, peut aussi s'ajouter leur relative
inexpérience en la matière.
La majorité des opérations de restauration
physique sont des `actions communes'. C'est-à-dire que la structure
porteuse du contrat de rivière (le SMRPCA compétence contrat de
rivière) en est le maître d'ouvrage. Les actions
programmées sont ainsi financées par l'ensemble des
collectivités du bassin versant, et la préparation des travaux
incombe aux gestionnaires de rivière du Syndicat contrat de
rivière. D'autres opérations relèvent de la maîtrise
d'ouvrage de certaines communautés de communes (CC) qui n'ont pas
souhaitées déléguer leurs
`compétences-eau-rivière' au syndicat. Ces compétences
historiques sont en réalité plus liées à des
actions hydrauliques, dont le technicien de la Fédération de
Pêche souligne leur relative incompatibilité avec de
véritables opérations de restauration physique. Alors que les
actions de restauration physique ont une réelle finalité
environnementale, les actions hydrauliques visent plutôt la protection
des secteurs urbanisés par le recours à des techniques parfois
peu en phase avec le milieu (canalisation, busage, requalibrage). Sur les cinq
actions de restauration physique prise en charge par les CC, aucune n'est
réalisée en 2007. A l'inverse, trois opérations sur trois
programmées en protections hydrauliques sont
réalisées120(*). Si les CC semblent plus à l'aise avec les
techniques de protection hydrauliques, elles sont peut-être moins
`armées' sur les dossiers plus complexes de restauration physique. Le
chargé de mission souligne à ce titre le choix peu judicieux
d'une CC pour un bureau d'étude dans le cadre d'une opération
visant la reconnexion d'un ruisseau à l'Azergues. La CC a confié
l'étude à un bureau très performant mais aussi très
cher. Le résultat est que l'étude a capté une bonne partie
du budget total de l'opération prévue initialement. Au final, le
projet est en attente.
Ces quelques considérations ont permis de mieux
connaître les problèmes de qualité liés aux milieux
physiques de la rivière, et leur mode de prises en charge dans le cadre
du contrat de rivière. Voyons maintenant plus en détail deux
types de problèmes de gestion liés aux perturbations physiques de
l'Azergues : la rupture de la « continuité
écologique » par les seuils, et la gestion de la charge
sédimentaire dans la basse Azergues. Les solutions esquissées
à ces problèmes révèlent des oppositions nettes
entres différents acteurs ayant chacun une représentation
différente de la qualité de l'eau.
2.2 La dégradation
physique des milieux aquatiques : entre problèmes
hérités d'usages passés de la rivière, et
développement contemporain contre la rivière
2.2.1 Les seuils,
problèmes actuels hérités d'usages passés de la
rivière
A l'instar de toutes les rivières de France, avant
l'entrée dans l'ère industrielle et urbaine d'après la
seconde guerre mondiale, l'Azergues faisait entièrement partie de la vie
quotidienne et économique des sociétés locales. Avant que
l'eau courante n'arrive dans les foyers, la rivière était
utilisée pour y laver le linge. La présence de lavoirs encore
visibles au bord de la rivière en témoigne. Dans la basse
Azergues, des professionnelles (« les laveuses »)
se chargeaient de laver les vêtements après les gros travaux
agricoles annuels : les moissons en été et les vendanges en
automne. Le sable et les graviers de la rivière étaient
utilisés par les maçons pour la construction et jusqu'à
récemment pour les remblais des chemins. Les bois morts dans le lit de
la rivière et à ses abords étaient ramassés et
servaient aux usages domestiques comme `bois de chauffe'. Enfin la
rivière servait surtout d'exutoire aux eaux usées et divers
déchets.
Figure 21.
« Les Laveuses » à Anse sur les
bords de l'Azergues au début du XXème siècle.
Source : Géo-Anse.com
Au-delà de ces usages anecdotiques, bien que
nécessaires, la rivière avait une importance bien plus grande
pour diverses activités économiques. La multitude de seuils et de
moulins tout au long de l'Azergues, encore visibles aujourd'hui,
témoigne du fort usage de la fonction hydromotrice de la rivière.
Cet usage de l'eau est ancien puisque certaines prises d'eau sont
mentionnées dans un document datant de 1321. Ces dérivations
avaient de multiples finalités. Certaines faisaient tourner des moulins
à blé ou à huile, d'autres des battoirs à chanvre
ou des martinets à minerai, des tissages et des scieries. Certaines
dérivations servaient aussi à irriguer des prairies. Un
inventaire des dérivations de l'Azergues réalisé en 1854
par un ingénieur des Ponts et Chaussées faisait état de 36
dérivations faisant fonctionner 45 usines hydrauliques uniquement sur
l'Azergues121(*). Un
conflit qui opposa plusieurs communes de la vallée à une
compagnie privée dans le cadre d'un projet de captage des eaux de
l'Azergues révèle l'importance de la rivière pour les
activités économiques de la haute et moyenne vallée. En
1899 le Maire de Chénellette est informé qu'une compagnie
privée souhaite capter une partie des eaux de l'Azergues à sa
source pour alimenter les communes de Beaujeu et Belleville (respectivement
situées à l'extrême amont et aval d'une rivière du
nord Beaujolais : l'Ardières). Cette proposition suscita une vive
opposition des élus des communes des cantons de Lamure-sur-Azergues et
du Bois d'Oingt durant deux années au cours desquelles l'affaire fut
portée jusqu'au Conseil d'Etat. L'argumentaire de la contestation
portait sur le risque de voir disparaître de nombreuses activités
économiques d'importance pour toute la vie de la vallée mais
dépendantes des débits de l'Azergues pour faire tourner les
outils de production. L'extrait du délibéré d'un conseil
municipal de Lamure-sur-Azergues témoigne de la situation conflictuelle.
« Un spéculateur, le sieur Perret, voudrait dériver
une partie de la source de l'Azergues dans la vallée de
l'Ardières, et ce au détriment des nombreux usiniers comprenant
les moulins, scieries, féculeries et huileries que cette eau fait
mouvoir dans tout le parcours de la vallée d'Azergues qu'elle traverse,
pour en tirer son profit et son intérêt personnel. Le Conseil
Municipal [...] considérant que la captation, dont voudrait
s'emparer le sieur Perret, de cette source, serait [...] une perte
irréparable qui aboutirait d'une façon évidente à
la ruine complète du Pays, attendu que cette source n'est pas assez
suffisante et surtout que pendant quatre ou cinq mois de l'été
elle est presque tarie dans la vallée de l'Azergues. [...]
Espérant que MM. Les Membres du Conseil d'Etat ne voudront pas sacrifier
au profit d'une seule personne les intérêts de plusieurs
cantons. »122(*). Dans sa partie amont et médiane, l'Azergues
avait donc une très grande importance pour les activités
industrielles, artisanales et agricoles nécessaires à la vie des
populations des territoires que la rivière traversait.
Ces usages de la rivière ont aujourd'hui disparu.
Quelques prises d'eau comportent encore un enjeu économique123(*) mais pour la grande
majorité d'entre elles, la disparition des usages qui leur
étaient associés conduit à l'abandon de ces
aménagements hydrauliques. Bien qu'ils n'aient plus d'usages, ces
aménagements existent toujours. C'est justement leur présence et
parfois leur ruine qui contribuent aujourd'hui aux dégradations
physiques des milieux aquatiques des rivières du bassin versant de
l'Azergues.
Pour les seuils encore existants, dans le cadre de la DCE,
leur présence est identifiée comme un obstacle à la
« continuité écologique » des cours
d'eau. Cette notion renvoie à l'idée d'une circulation des
éléments de la rivière (eau, êtres vivants,
sédiments) non entravée par des obstacles (seuils, par exemple,
photo 10). Cette libre circulation doit être longitudinale (de l'amont
vers l'aval) et transversale (de l'exutoire vers les affluents). La DCE place
cet élément comme une condition hydromorphologique participant au
« bon état écologique ». Le
« très bon état » de la
qualité hydromorphologique sur l'élément
« continuité de la rivière » est
défini comme suit : « La continuité de la
rivière n'est pas perturbée par des activités
anthropogéniques et permet une migration non perturbée des
organismes aquatiques et le transport de
sédiments »124(*).
Cette préoccupation pour la continuité est assez
ancienne en France. En 1865, une loi avait soumis certains cours d'eau à
des obligations d'aménagements pour faciliter la circulation des
poissons dans le but de garantir l'alimentation de populations rurales. La Loi
de 1919 relative à l'utilisation de l'énergie
hydroélectrique instaure dans son article 2 que sur des rivières
dites « réservées », au titre de
l'intérêt de certains poissons migrateurs, aucune autorisation
d'exploitations hydroélectriques nouvelles ne sera accordée afin
de limiter la segmentation des rivières par l'édification de
barrages. De la même manière un article du Code de
l'environnement, issue de la Loi Pêche de 1986, impose aux exploitants
d'ouvrages hydrauliques de rendre franchissable les ouvrages sur les
rivières classées au titre de cet article.
L'Azergues n'est pas classée au titre de ces deux lois,
cependant le SDAGE RMC de 1996 identifie, dans une note technique,
d'après les conclusions du Schéma Départemental de
Vocation Piscicole, certains secteurs de l'Azergues comme prioritaires à
« décloisonner » pour permettre la
reproduction de la truite et du brochet, mais aussi pour faciliter le transit
sédimentaire.
Figure 22. Un
exemple de seuil infranchissable. Source : Nicolas Talaska, 2007.
Ce type d'action vise à pérenniser l'existence
d'espèces de « poissons nobles », par
ailleurs très appréciées des pêcheurs (Truite,
Brochet). Toutefois certains pêcheurs sont farouchement opposés
à l'idée de franchissabilité des seuils. En effet, les
seuils sont assez appréciés des pêcheurs car les poissons,
bloqués dans leur circulation, se concentrent au pied des seuils. Ces
lieux sont ainsi propices à de bonnes pêches125(*). Ce point de vue fut
exprimé explicitement en réunion publique par le président
d'une association locale qui disait que « les passes à
poissons c'est cher et ça ne sert à
rien »126(*). Ce discours est par ailleurs assez
éloigné de celui des acteurs de la pêche au niveau de la
Fédération. De la même manière les plans de gestion
piscicole des Associations Agrées de Pêche et de Protection des
Milieux Aquatiques (AAPPMA) sont critiqués au niveau de la
Fédération pour leur incohérence. En effet, alors que les
AAPPMA ont pour mission la restauration, sinon l'entretien des milieux
aquatiques, leurs actions se résument la plupart du temps à des
empoissonnements de la rivière. Certains empoissonnements sont par
ailleurs peu en phase avec les conditions écologiques des cours d'eau.
Des lâchés de truites sont fréquents dans des cours d'eau
de 2ème catégorie, c'est-à-dire ceux qui ne
présentent pas les conditions « naturelles »
propices à la reproduction de la truite. Des études menées
par la Fédération de Pêche démontrent bien le
caractère conjoncturel des lâchés qui servent plus à
satisfaire une demande temporaire de pêche qu'à repeupler les
milieux127(*). Non
seulement les poissons lâchés sont pêchés très
rapidement mais en plus leur survie est limitée dans des milieux
auxquels ils ne sont pas adaptés. Ces modes d'actions sont
dénoncés par les acteurs de la Fédération de
pêche, mais ils précisent que ces façons de faire sont
difficiles à faire évoluer car elles s'inscrivent bien souvent
dans des « traditions », « ça fait
partie du folklore local ». Les empoissonnements sont des temps
forts de la saison de pêche. Ils marquent l'ouverture de la pêche,
et sont l'occasion de moments sociaux conviviaux.
On voit donc bien le décalage des discours entre les
acteurs régionaux, impliqués dans les orientations de la DCE, et
les acteurs locaux dont les représentations de la qualité de
l'eau des rivières sont assez éloignées des premiers.
Figure 23. Les
seuils, aujourd'hui identifiés comme des obstacles à la
« continuité écologique », sont
très appréciés des pêcheurs justement pour leurs
rôles d'obstacles car le poisson se concentre au pied du seuil. Cet usage
des seuils a donné lieu, dans ce cas présent, au surnom d'un
seuil en « barrage de la truite ».
Source : BERGERON (A.), 1989, Lamure-sur-Azergues au fil du
temps. (La photo date du début du XXème
siècle mais cette pratique est également visible sur une photo en
page 5 de la plaquette de présentation nationale de la DCE,
élaborée par le MEDD et consultable sur le site Internet du
Ministère)
2.2.2 Dimension sociale du
transit sédimentaire : La gestion conflictuelle des
atterrissements
Si les seuils représentent un obstacle à la
circulation des poissons, leurs ruines éliminent cet obstacle mais
créent de nouveaux problèmes.
La présence d'un seuil dans le lit d'une rivière
perturbe le transit sédimentaire et devient donc un
élément de l'évolution du profil en long et en plan du
cours d'eau. En interrompant le transit sédimentaire, les alluvions
s'accumulent à l'amont des seuils et déterminent de nouvelles
valeurs de pentes du lit. Les seuils, ayant perdu leurs usages initiaux, ne
sont plus entretenus et ils se dégradent lentement. La rupture d'un
seuil, lors d'une crue par exemple, remobilise les alluvions et en quelques
années la masse accumulée transite vers l'aval jusqu'à des
zones de dépôts généralement situées à
l'amont d'un autre seuil. Ces augmentations du volume de matériaux dans
le lit de la rivière sont perçues négativement par les
riverains et les élus car ils sont susceptibles d'accroître les
risques d'inondations (« ça fait sortir la rivière
de son lit »). Pour cette raison, l'augmentation de la charge
sédimentaire dans le lit de la rivière s'est presque toujours
conclue par des curages qui en retour ont activé une érosion des
berges. Ces érosions qui menaçaient les terrains riverains ont
été traitées par des techniques lourdes de protection de
berges : des enrochements. Ces aménagements n'ont fait
qu'accroître la capacité érosive du cours d'eau et sont par
ailleurs identifiés comme des éléments de la
dégradation physique de la rivière (figure 24). Ils figent ses
capacités d'évolution en plan. Ce schéma a
été très fréquent dans la moyenne
Azergues128(*) et est
à cet effet critiqué par le président de la
fédération de pêche « Y a 40 ans en
arrière la rivière méandrait aujourd'hui elle passe tout
droit. C'est ça le problème ».
Figure 24.
L'Azergues à l'aval de Lozanne. Ce tronçon
enroché est un exemple des « interventions lourdes »
et systématiques jusqu'au début des années 1990. Sur la
berge de gauche la Renouée du Japon colonise la ripisylve.
L'accès à la rivière est difficile et dangereux.
(Source : Nicolas Talaska, 2007).
Le contexte physique le plus dégradé de la
rivière se situe dans sa partie aval. Les extractions de
matériaux dans le lit de rivière au cours des années
1960-1970 ont profondément et durablement modifié la dynamique
morphologique du cours d'eau. Le déficit sédimentaire a
provoqué un enfoncement du lit de plusieurs mètres (figure 25).
Ces activités sont pour partie responsables de la disparition du brochet
qui ne trouve plus, dans cette partie de la rivière, ses conditions de
reproduction. Par ailleurs, les aménagements du lit mineur
(enrochements, remblais) ont favorisé le développement de la
Renouée du Japon. Cette espèce, considérée comme
invasive, a la particularité de s'installer sur des terrains
physiquement dégradés. Sa prolifération,
écologiquement et esthétiquement problématique, en Basse
et Moyenne Azergues témoigne donc des perturbations physiques de la
rivière. « L'invasion des renouées peut
être considérée comme un signal d'alarme. Elle
témoigne d'une altération du fonctionnement naturel
entièrement dû aux surexploitations
humaines »129(*). Les extractions ont également
entraîné la déstabilisation de certains ouvrages. Pour ces
raisons les communes de la Basse-Azergues ont créé le Syndicat
Mixte de Réaménagement de la Plaine des Chères (SMRPC) en
1983 pour remettre la rivière en état.
Les perturbations engendrées par les extractions seront
très longues à réparer. Les souilles ne sont toujours pas
comblées et ce processus sera lent car le transit sédimentaire
est assez faible dans cette partie de la rivière. Pourtant la
rivière commence à reprendre un fonctionnement naturel. Cela se
traduit par une reprise des érosions de berges et par des engraissements
du lit en certains endroits. Ces nouveaux dépôts de
matériaux augmentent à leur tour les érosions
latérales par reprise d'un méandrement du cours d'eau (figure
25).
Figure 25.
L'Azergues à l'amont d'Anse. L'incision du lit est importante
comme en témoigne la hauteur de la berge de droite. Sur la partie gauche
de la photo, l'atterrissement contribue au re-méandrement de la
rivière et aussi à l'érosion latérale.
Jusqu'à Anse, des jardins particuliers occupent une bande d'une
vingtaine de mètres sur la rive gauche. (Source : Nicolas Talaska,
2007)
Bien que ces dépôts (atterrissements) soient un
signe encourageant de restauration de la rivière, ils posent des
problèmes car certains d'entre eux se situent dans des secteurs
urbanisés. Les élus comme les riverains souhaitent enlever ces
atterrissements qu'ils considèrent comme des éléments
augmentant les risques d'inondations. Ces craintes sont par ailleurs assez
vives après d'importantes inondations en 2003, et pour un élu de
la Basse-Azergues « La qualité c'est aussi les
inondations ».
Toutefois les interventions de type curage,
systématique jusqu'au début des années 1990, sont
aujourd'hui fortement réglementées à cause de leurs
conséquences écologiques et socio-économique
négatives lorsque ce type d'intervention est pratiquée de
manière abusive. C'est ainsi que les demandes de travaux des
élus sont rejetées ou fortement contraintes par la DDAF (Police
de l'eau). Une solution pragmatique fut alors élaborée par le
chargé de mission du contrat de rivière. Le principe est le
suivant : puisque un excès de sédiments pose problème
en certains endroits, il faut alors les enlever et les réinjecter
là ou leur déficit est problématique (dans les anciennes
souilles d'extraction). Cette solution avait donc un double objectif :
prévenir les risques d'inondations dans les secteurs urbanisés et
contribuer à restaurer le fonctionnement écologique des secteurs
perturbés.
La Police de l'eau rejette cette solution et demande
d'établir un « plan de gestion des
atterrissement ». Concrètement il s'agit d'un document,
basé sur une étude hydromorphologique la plus complète
possible, visant à planifier l'entretien de la rivière en tenant
compte des impératifs de non dégradation physique de la
rivière. Cette exigence de la DDAF n'est que l'application
réglementaire du principe « comprendre et connaître
avant d'agir » du SDAGE.
Cette réglementation est perçue comme trop
contraignante par les élus car elles les empêchent de mener
à bien leur mission. A l'inverse la Police de l'eau estime que les
travaux entrepris par les syndicats sont susceptibles de dégrader la
rivière. Or la Basse-Azergues est déjà identifiée
comme fortement perturbée.
Derrière ce conflit transparaît les
représentations fort divergentes des acteurs sur ce qui fait la bonne
qualité de l'eau. La forte volonté de protection globale des
milieux aquatiques, exprimée par la DCE et appliquée strictement
par les acteurs régionaux de l'eau, s'oppose à des situations
locales dont les acteurs demandent des ajustements pragmatiques pour effectuer
leurs missions d'entretien de la rivière.
Cette situation est du même ordre pour les
éleveurs de la Haute-Azergues. Ils exploitent les zones humides de fond
de vallée pour faire paître leurs troupeaux ou pour cultiver des
plantes fourragères. Ils disent par ailleurs contribuer à
entretenir ces espaces dont la fermeture est inéluctable sans
intervention humaine. Toutefois leurs pratiques d'exploitation et d'entretien
s'opposent aux réglementations actuelles. Le drainage des zones humides,
strictement interdit dans ce type d'espaces, est la condition première
pour leurs pratiques. Le drainage est même la condition sine qua
non d'une prairie de bonne qualité. « Depuis que je
suis tout petit j'ai toujours entendu les anciens dire qu'il faut enlever l'eau
dans les joncs, évacuer les surplus d'eau. A l'école on a appris
à faire ça aussi »130(*). Certains éleveurs
ont déjà fait l'objet de procès verbaux pour leurs
pratiques en fond de vallée. La situation est là aussi
très tendue entre les agriculteurs et la Police de l'eau. La
réalisation d'un inventaire des zones humides à l'échelle
du département du Rhône est d'ailleurs perçue assez
négativement. Les agriculteurs voient dans cet inventaire un outil
réglementaire pour réprimander leurs activités dans les
fonds de vallées.
3. La politique de
réduction des pollutions des eaux par les pesticides utilisés
dans la viticulture se heurte à la crise économique de la
filière viticole Beaujolaise
La viticulture est à l'origine de deux types de
pollution de l'eau. L'activité viticole génère des
pollutions indirectes par l'utilisation diffuse de pesticides.
L'activité vinicole produit des rejets directs dans le milieu aquatique
issus des déchets de la transformation du raisin en vin. Ces deux
sources de dégradation de la qualité des cours d'eau font l'objet
de programmes d'actions visant à réduire les pollutions des eaux
de surface à l'échelle du vignoble du Beaujolais. La mise en
oeuvre des programmes se heurte au contexte économique difficile et
durable de la viticulture Beaujolaise mais aussi à la difficile
acceptation de la remise en cause des pratiques viticoles telles qu'elles
existent depuis plusieurs décennies.
3.1. La vigne, forte
consommatrice de produits phytosanitaires
Comme toutes les productions végétales, la vigne
est vulnérable aux maladies, aux insectes ravageurs et aux adventices
(`mauvaises herbes'). Parmi les plus répandues on peut citer huit
maladies et une dizaine d'insectes néfastes à la vigne. Pour
limiter la vulnérabilité de la vigne, les viticulteurs utilisent
trois types de pesticides : les fongicides contre les champignons
représentent 80 % de la consommation totale, les herbicides contre les
mauvaises herbes et les insecticides contre les insectes. La vigne est une
grosse consommatrice de pesticides. Alors qu'elle représente 3 % de la
SAU nationale elle capte 20 % de la consommation totale de pesticides. Une
vingtaine de traitements sont effectués chaque année. Ils
s'étalent généralement entre le mois d'avril et le mois
d'Août131(*).
Si l'utilisation de pesticides vise à protéger
les vignes, la migration des molécules dans le milieu naturel
génère des effets néfastes pour l'homme et les
écosystèmes et notamment les écosystèmes
aquatiques. Les substances actives des pesticides ainsi que leurs
métabolites migrent vers les cours d'eau par ruissellement lors des
épisodes pluvieux et contribuent à la dégradation de la
qualité des eaux de surfaces. Les pesticides altèrent la
qualité de l'eau en soi, par une dégradation physico chimique, et
contribue aussi à l'altération de l'écosystème
aquatique via les effets toxiques sur les organismes vivants. Enfin, et c'est
sans doute un des points les plus importants, la pollution toxique par les
pesticides peut remettre en cause des usages non agricoles de l'eau et
notamment la production d'eau potable. Les propos alarmistes du MEDD
révèlent sans ambiguïté la problématique
liée aux pesticides. Le MEDD parle de « la contamination
préoccupante des eaux de surfaces ainsi que des eaux
souterraines » par les pesticides. La question apparaît
d'autant plus préoccupante que la France est une grosse consommatrice de
pesticides. Alors que l'Europe est le premier acheteur mondial de pesticides
(29 % du marché mondial), la France consomme à elle seule 1/3 des
pesticides vendus dans tous les pays européens, soit une moyenne de
100 000 tonnes par an. Cette quantité fait de la France le
troisième consommateur mondial de pesticides. Cette utilisation massive
entraîne une pollution des cours d'eau plus ou moins fortes selon les
aires géographiques, mais globalement elles sont
généralisées et importantes. En 2004, sur 607 stations
mesurant la teneur en pesticides des cours d'eau, la moitié
présentait une qualité moyenne à mauvaise et 10 % une
qualité impropre à la production d'eau potable et pouvant
affecter de manière importante les équilibres écologiques.
Cette contamination remet en cause l'atteinte du « bon
état » demandée par la DCE. A titre d'exemple, le
diuron132(*) fait
partie de la liste des 41 substances prioritaires entrant dans
l'évaluation de l'état chimique des eaux. L'état chimique
est mauvais si la moyenne de concentration d'une seule des substances
analysées dépasse la valeur seuil fixée par la DCE. Pour
le diuron cette valeur seuil est fixée à 0.2ug/l d'eau. Or lors
d'une campagne d'analyse des pesticides dans les rivières du Beaujolais
menée mensuellement en 2002 et 2003 la concentration moyenne du diuron
était de 1.079ug/l. La concentration moyenne du diuron dans les eaux
superficielles du Beaujolais est donc 5 fois supérieure au seuil maximum
fixé par la DCE pour atteindre le bon état chimique. Ce seul
paramètre peut aboutir à la non atteinte du « bon
état » général des masses d'eau
concernées.
La publication d'études sur les effets sanitaires et
environnementaux néfastes des pesticides, ainsi que l'inquiétude
croissante des consommateurs sur les risques alimentaires, ont favorisé
la mobilisation des pouvoirs publics européens et français.
Depuis 1980, l'Union Européenne a élaboré plusieurs
directives concernant les pesticides, et la préparation d'une directive
cadre sur les pesticides (DCP) témoigne de l'attention croissante
portée à cette question. En France, la prise de conscience est
plus récente comme en témoigne la retranscription tardive en 1989
d'une directive européenne datant de 1980 établissant des
concentrations maximales en pesticides pour la production d'eau potable.
Toutefois le début des années 1990 marque un engagement plus
fort. Depuis 1996, des groupes régionaux
« phyto » coordonnent des actions de lutte contre
la pollution des eaux par les pesticides sous la responsabilité des
services régionaux déconcentrés de l'Etat (DIREN, SRPV).
Ces groupes identifient des secteurs très impactés dans la
région et animent des actions de lutte contre les pollutions
phytosanitaires sur des « bassins versants pilotes». Depuis
1998, le MEDD mandate l'IFEN pour réaliser un suivi annuel de la
contamination des eaux par les pesticides. Les résultats assez
préoccupants ont donné lieu dès 2000 au lancement,
à l'échelle nationale, du « plan
phyto », poursuivi depuis 2006 par le Plan
Interministériel de Réduction des Risques liés aux
Pesticides. Ce deuxième plan semble révéler une
montée en puissance du dispositif puisqu'il associe 4 ministères
contre 2 pour le premier plan. Ces deux programmes visent à
réduire l'utilisation des pesticides les plus dangereux et les
pollutions qu'ils génèrent. A côté des mesures
nationales, les actions régionales sont renforcées. Ces actions
ciblées sur des « bassins versants prioritaires »
doivent être largement basées sur le volontariat, et depuis 2004
les ministères de l'environnement et de l'agriculture demandent
expressément que ces actions recouvrent un caractère très
opérationnel orienté vers la modification des pratiques agricoles
et non agricoles.
En Rhône-Alpes, les actions sont mises en oeuvre sous
l'égide de la Cellule Régionale d'Observation et de
Prévention des Pollutions par les Pesticides (CROPPP). La
« labellisation CROPPP » des actions proposées
permet de bénéficier de financements. Jusqu'en 2004 le financeur
principal était l'Etat mais, depuis 2005, c'est l'Agence de l'Eau RMC.
Les études de l'IFEN et le travail de la CROPPP ont
identifié le Beaujolais comme très impacté par les
pesticides. L'ensemble du Beaujolais viticole fait partie des 26 bassins
versants prioritaires en Rhône-Alpes. Il est concerné depuis 2002
par le programme Qualité des Eaux dans le Beaujolais Viticole (QEBV)
mené par la Chambre d'Agriculture du Rhône. Ce programme se
compose de trois volets. Un premier volet, important par les crédits
qu'il mobilise, consiste à suivre la contamination de 12 rivières
du Beaujolais par des analyses mensuelles. Prévues initialement sur
toute la durée du programme (5 ans), elles n'ont couvert que deux
années suite à l'arrêt du financement par l'Etat. Une
campagne de mesures sera menée à la fin du programme pour
évaluer son efficacité. Un second volet consiste à mettre
en oeuvre des actions tests sur des petits bassins versants afin
d'évaluer leur efficacité et leur capacité à
être généralisées à l'ensemble du Beaujolais
viticole. Ces actions sont essentiellement orientées vers la
création de « zones tampons » permettant de
réduire la migration des pesticides dans les cours d'eau par
ruissellement. L'enherbement des chemins d'exploitation, et des rangs de vigne
est largement privilégié par l'Agence de l'Eau. Enfin un
important travail de sensibilisation à destination des professionnels de
la viticulture vise à faire changer les pratiques actuelles quant
à l'utilisation des pesticides. Cette action se double d'une large
communication sur les possibilités de subventionnement pour la
réalisation de travaux de mise aux normes devenus nécessaire au
gré d'une réglementation en évolution rapide.
Le suivi de la contamination de l'eau par les pesticides est
allé bien au-delà des analyses de l'IFEN et a mis en
évidence la forte pollution des rivières du Beaujolais133(*). Si la contamination
apparaît moins forte dans le sud du Beaujolais que dans le nord, elle
reste très importante dans l'Azergues. A Lucenay (Azergues aval), le
suivi mensuel sur deux années met en lumière une qualité
de l'eau très altérée par les pesticides. Sur 24 meures
mensuelles, 11 présentent une qualité très mauvaise
(figure 13). La viticulture n'est pas seule en cause dans cette contamination,
mais le graphique montre bien la corrélation entre les pics de
pollutions et les périodes de traitements.
Figure 26. Pour réaliser ce graphique,
les données issues de la campagne de mesures mensuelles sont
comparées aux classes de qualités par altérations aux
pesticides du SEQ-Eau (version 2, 2003). Il est à noter que les seuils
par altérations aux pesticides correspondent à ceux
utilisés pour les classes d'aptitudes à la production d'eau
potable.
3.2. La vinification à
l'origine d'importants rejets de matière organique
La seconde source de pollution des cours d'eau liée
à la viticulture provient de l'activité vinicole. Cette
activité concerne toutes les opérations de vinification,
c'est-à-dire de transformation du raisin en vin. La vinification
génère des eaux usées issues des opérations de
lavage des cuves. Les effluents vinicoles se composent de déchets
organiques insolubles (pépins de raisins, fragments de rafles, peaux) et
de matières solubles (sucres, acides organiques, alcool, composés
phénoliques) qui sont les constituants naturels du raisin. Les effluents
comportent également des résidus des produits de nettoyage des
cuves. Le risque environnemental des effluents vinicoles tient à leur
importante teneur en matière organique. Leur dégradation dans le
milieu aquatique nécessite de grandes quantités d'oxygène
dissous. Cet élément vient à manquer dans l'eau et peut
parfois atteindre des valeurs nulles et ainsi entraîner une forte
mortalité des organismes aquatiques. Ce risque est d'autant plus fort
que les rejets sont concentrés sur de courtes périodes de
l'année correspondant aux périodes d'étiages des cours
d'eau. Les rejets connaissent une période de pointe lors des vendanges
avec une activité soutenue jusqu'en janvier février. Dans le
bassin versant de l'Azergues et pour les seules caves particulières, la
pollution produite est proche de 450 000 EH, soit presque
l'équivalent des rejets produits par la ville de Lyon134(*).
La pollution par les effluents vinicoles est bien connue mais
« leur charge polluante est restée longtemps
sous-estimée avec un taux de redevance aux agences de l'eau ne
traduisant pas la pollution réelle »135(*). La prise en
considération de ce type de pollution est relativement récente,
mais la réglementation la concernant s'est progressivement durcie.
Depuis 1993 les établissements vinicoles dont la production est
supérieure à 500 hl/l de vin par an sont concernés par la
réglementation sur les installations classées (ICPE) et depuis
2006 tous les cuvages de France sont tenus de traités leurs effluents.
Dans le bassin versant de l'Azergues on peut distinguer deux types de
cuvages : les caves coopératives et les caves particulières.
Les premières produisent la moitié de la production totale de vin
du bassin versant de l'Azergues. Elles sont au nombre de six. Elles
génèrent de grosses quantités d'effluents qui sont
aujourd'hui traités conformément à la
réglementation sur les ICPE. Cette mise aux normes a sensiblement
contribué à améliorer la qualité des cours d'eau.
Les cuvages particuliers représentent la seconde moitié de la
production totale de vin du bassin versant. La charge polluante qu'ils
génèrent est donc équivalente aux caves
coopératives, mais comme leur production n'excède pas 500hl/ an
pour la grande majorité d'entre eux, ils ne sont donc pas soumis
à la réglementation sur le ICPE. Autrement dit, rien n'oblige les
petits cuvages à traiter leurs effluents. Ils doivent juste respecter
l'interdiction de rejets dans le milieu naturel inscrite dans le code de
l'environnement. C'est pour pallier au risque de pollution par les caves
particulières que la circulaire d'octobre 2006 oblige tous les cuvages
à traiter leurs effluents. Cette mise aux normes est financée
à hauteur de 40 % dans le département du Rhône. L'Agence de
l'Eau est le principal financeur (25 %) devant le département (8 %) et
la région (7 %). A priori ce programme de financement portera ses effets
puisque plus de 90 % des volumes d'effluents du bassin versant de l'Azergues
devrait être traités d'ici 2009 (Chambre d'agriculture du
Rhône).
3.3. Les obstacles à la
mise en oeuvre des actions environnementales
La dégradation durable des milieux aquatiques par
l'agriculture intensive, alors que la DCE demande d'atteindre le
« bon état » des cours d'eau pour 2015, a
contribué au renforcement de la réglementation environnementale
française sur les pratiques agricoles. La viticulture est
concernée à double titre par l'utilisation importante de
pesticides d'une part, et la production de gros volumes d'effluents issus des
différentes étapes de la vinification, d'autre part. Les
rivières du Beaujolais sont particulièrement
altérées par les pollutions viti-vinicoles. Prises en
considération par les pouvoirs publics, ces pollutions Beaujolaises sont
aussi dénoncées par les écologistes136(*). Dans le Beaujolais la
réduction des pollutions liées à la viticulture fait
l'objet de deux programmes concernant chacun des deux types de pollutions. La
prise en considération des pollutions viti-vinicoles se traduit donc par
la mise en oeuvre d'actions opérationnelles de nature correctives et
préventives. Mais dans la pratique, des entretiens avec les
chargés de missions des deux programmes et un viticulteur se
dégage un constat. La volonté accrue et récente de
réduire la dégradation des milieux aquatiques pour satisfaire aux
exigences de la DCE se traduit par une réglementation environnementale
exigeant des viticulteurs une rapide modification de leurs pratiques qu'ils
sont peu enclins à réaliser pour plusieurs raisons.
Les pratiques agricoles mises en cause aujourd'hui ont
été érigées au sommet du progrès technique
durant 40 ans. L'utilisation massive des fongicides dans la viticulture depuis
les années 1970 a effectivement permis d'améliorer la
sécurité des récoltes, mais leurs effets néfastes
sur l'environnement et la santé n'émeuvent les pouvoirs publics
que depuis peu et les pratiques effectives aujourd'hui remises en cause ne
changent que lentement. Une enquête de l'ISARA137(*) menée en 2004
auprès des viticulteurs du Beaujolais sur leurs pratiques
phytosanitaires fait ressortir que plus de la moitié des viticulteurs
ont « moyennement ou pas conscience » de la
dégradation des eaux par les pesticides. Cette méconnaissance se
répercute sur les pratiques. A titre d'exemple, la même
enquête montre que presque 20 % des viticulteurs déversent leurs
reliquats de traitements soit dans la nature soit au tout à
l'égout. Ces pratiques sont à l'origine de pollutions ponctuelles
plus ou moins importantes alors même que les connaissances sur les
risques de ces pratiques ne sont plus ignorées. L'enquête s'est
déroulée deux ans après la mise en oeuvre du programme
QEBV, et quatre ans après la mise en oeuvre à l'échelle
nationale du « plan phyto ». Ceci montre bien que
les temporalités sont diverses entre la formalisation de la connaissance
scientifique, l'institutionnalisation des volontés de changements de
pratiques et les changements effectifs sur le terrain. Ce décalage de
transmission du savoir scientifique à destination des `profanes' conduit
à la difficile acceptation des réglementations qui se situent,
elles, entre la formalisation du savoir scientifique et sa diffusion
auprès des profanes. Prenons le cas du traitement des effluents
vinicoles des caves particulières. L'obligation de traitement n'a pu
être légitimé auprès des viticulteurs que par un
important travail de « communication » de la chambre
d'agriculture. Il s'agissait en réalité de transmettre aux
viticulteurs un savoir scientifique leur permettant de connaître l'impact
réel de leurs effluents sur la qualité des cours d'eau. Les
viticulteurs ne comprenaient pas l'obligation qui leur était faite de
traiter leurs effluents. Pour eux, les rejets qu'ils génèrent
sont faibles et la composition des effluents est organique, donc
« biodégradable ». Les techniciens de la
chambre d'agriculture ont donc expliqué aux viticulteurs le processus
d'auto-épuration des rivières et en quoi les rejets vinicoles
contribuent à perturber ce processus.
Au-delà des obstacles liés à la
communication d'un savoir scientifique pour faire changer les comportements, la
crise économique actuelle du vignoble du Beaujolais est aussi un facteur
limitant les changements de pratiques.
La volonté récente de limiter les risques de
pollutions des eaux par les effluents viti-vinicoles s'impose aux viticulteurs
du Beaujolais dans un contexte économique et social difficile. Il est
demandé aux viticulteurs d'investir dans des équipements à
plus value environnementale alors que « le litre de Beaujolais ne
vaut pas plus cher qu'un timbre ». Un arrêté du
ministère de l'agriculture datant du 12 septembre 2006138(*), impose de nouvelles mesures
réglementaires concernant l'utilisation des pesticides en vue de
réduire les pollutions diffuses et ponctuelles ayant des impacts sur la
qualité des eaux. Avec cet arrêté, des pratiques
favorisées sous la forme du volontariat deviennent obligatoires. Cet
arrêté impose notamment la mise aux normes des lieux de stockages
des produits phytosanitaires ainsi que l'aménagement d'aires
conçues pour le remplissage et le nettoyage des appareils de
pulvérisations. Ces aménagements nécessitent des
investissements relativement importants alors même que certains
viticulteurs travaillent aujourd'hui à perte. Toutes les aides publics
possibles pour faciliter la réalisation des travaux sont
regroupés au sein d'un plan unique dont la vocation explicite est
« la reconquête de la qualité des
eaux » dans le cadre de la DCE. Le Plan Végétal
pour l'Environnement139(*) peut apporter des subventions pouvant atteindre 40 %
des investissements réalisés. Le taux de subventionnement est
donc assez élevé mais le montant minimal d'investissement est lui
aussi très élevé (4 000 euros) et peu adapté
aux difficultés économiques que connaissent un nombre important
de viticulteurs dans le Beaujolais et particulièrement dans le sud du
vignoble. Cet obstacle économique se retrouve aussi dans les
opérations d'enherbement du vignoble puisqu'elles nécessitent
l'achat de machines spécifiques. En outre ces nouvelles
réglementations entraînent de nouvelles pratiques qui augmentent
la charge de travail. A titre d'exemple, dans le cadre du traitement des
effluents vinicoles plusieurs techniques sont possibles dont la création
d'une cuve souterraine pour récupérer les effluents et les
épandre ensuite sur les parcelles en herbe ou dans la vigne. Cette
technique demande donc une vidange régulière de la cuve pendant
la période très chargée des vendanges. En ce qui concerne
l'entretien de l'enherbement dans les vignes, certains viticulteurs y voient
une régression technique. Alors que les herbicides ont permis d'abolir
le désherbage mécanique pratiqué dans le passé,
« on nous (les viticulteurs) demande aujourd'hui de revenir
à l'époque de nos grands-parents »140(*).
Les obstacles que rencontrent les programmes de
réduction des pollutions viti-vinicoles sont donc liés à
la conjonction des contraintes économiques et environnementales que
subit le vignoble du Beaujolais. D'un côté la crise de
méventes génère des problèmes de trésorerie
pour les exploitations qui sont accentués d'un autre côté
par l'obligation d'investissements liés aux injonctions
environnementales. Ces investissements sont d'autant plus mal acceptés
par les viticulteurs qu'ils ne créent pas de plus value
économique pour l'exploitation d'une part, et qu'ils augmentent la
charge de travail d'autre part. Les viticulteurs ont ainsi le sentiment que
« tout leur tombe sur la tête » en
même temps. Ce sentiment risque de ne pas favoriser les objectifs
affichés par la DTA et le SCOT, mais aussi ceux de la DCE. Conserver une
agriculture garante de « paysages
ruraux-patrimoniaux »141(*) contre un processus accentué d'urbanisation
dans le sud du Beaujolais ne se fera pas sans les agriculteurs. Ce constat vaut
aussi pour la réduction des pollutions. « La
reconquête de la qualité de l'eau se fera avec les agriculteurs et
grâce à eux, ou ne se fera pas »142(*).
Conclusion
La qualité de l'eau et plus largement celle des milieux
aquatiques est évaluée de manière scientifique et cette
méthode experte sert à définir une « bonne
qualité » qui devient un objectif réglementaire dans le
cadre de la DCE. Considérer ainsi, la « bonne
qualité » tend à prendre un caractère absolu
alors que la manière de la déterminer est bien relative. Elle
relève de choix sociaux qui dépendent des fonctions et des usages
attendus de l'eau par les hommes. Et même si le « bon
état » vise à garantir une fonctionnalité
naturelle des milieux aquatiques propre à conserver une certaine
diversité biologique, les caractéristiques écologiques qui
permettent cet état sont définies par les hommes. Autrement dit,
ce qui semble être bon pour la nature est déterminé par les
hommes. Dans le cadre de la DCE, bon état de la nature et bien
être des hommes sont liés puisque un fonctionnement des milieux
aquatiques pas ou très peu perturbé par l'homme (le
« bon état ») devrait garantir aussi bien
la diversité biologique que la satisfaction des usages anthropiques de
l'eau.
Cette conception de l'eau est relativement récente, au
moins en France, puisqu'elle n'apparaît politiquement qu'avec la
première loi sur l'eau de 1964. La loi préconise d'utiliser l'eau
avec précaution, sans quoi sa dégradation met en péril les
usages nécessaires que les hommes en ont. Depuis la révolution
industrielle l'eau était essentiellement considérée comme
une ressource qu'il fallait maîtriser par tous les moyens pour le
développement industriel, agricole et urbain. Cette conception
utilitariste de l'eau a conduit à d'importantes dégradations de
la ressource qui menaçaient certains usages de l'eau et donc le
développement.
Peu à peu, et parallèlement à la
montée sociale et politique des préoccupations environnementales,
les milieux aquatiques font l'objet de politiques de protection qui ont autant
un objectif utilitariste (protéger les milieux aquatiques pour garantir
les usages de l'eau) que naturaliste (protéger les milieux aquatiques
pour leur valeur écologique en soi). Toutefois la DCE franchit un pas
supplémentaire en fixant des objectifs de qualité des milieux
aquatiques ambitieux, et de surcroît basés sur la satisfaction des
fonctionnalités naturelles du milieu avant les usages anthropiques de
l'eau. Dans la philosophie de la DCE, la première condition garantira la
seconde. « Du bon usage de la nature »143(*) dépendra les usages
de l'eau.
Dans le bassin versant de l'Azergues, plusieurs masses d'eau
risquent de ne pas atteindre le « bon
état » dans les délais impartis par la DCE. Les
obstacles pour parvenir au « bon état »
sont identifiés par les responsables des politiques de l'eau, mais leurs
résolutions rencontrent d'autres obstacles qui relèvent, selon
notre hypothèse de départ, de représentations sociales
différentes de ce qui fait la bonne qualité de l'eau des
rivières.
Les enquêtes de terrain ont mis en évidence les
divergences de perception de la qualité de l'eau de l'Azergues et de son
évolution entre les acteurs impliqués dans la gestion de l'eau et
aussi entre ces acteurs et les simples usagers. Ces divergences sont
liées à l'utilisation de critères différents pour
apprécier la qualité. Les élus considèrent
essentiellement les caractéristiques physico-chimiques de l'eau, les
riverains sont plus sensibles aux qualités esthétiques des
paysages de la rivière, les acteurs de la pêche
privilégient une approche biologique et physique des milieux aquatiques,
et les responsables de la Police de l'eau s'attachent uniquement au respect de
la réglementation quant aux interventions sur la rivière.
Si ces divergences de perceptions ne sont pas en soi des
obstacles à la bonne qualité, ce sont plutôt les
représentations, de ce qui fait la « bonne
qualité » sous jacentes à ces perceptions, qui semblent
créer certains problèmes. Ainsi la vision plutôt optimiste
de la qualité de l'eau pour les élus fait écho aux efforts
qu'ils consentent à faire sur l'assainissement. Pour eux la
qualité de l'eau dépend essentiellement de la qualité
physico-chimique, et la mise aux normes des systèmes d'assainissement
permettra d'améliorer la qualité de l'eau. Si les rejets
domestiques sont bien identifiés comme un problème majeur dans le
bassin versant de l'Azergues, il existe d'autres types de dégradations
auxquels les élus semblent beaucoup moins sensibles. C'est le cas pour
les perturbations physiques de la rivière dont une partie est due aux
aménagements contemporains en lit mineur et majeur pour faciliter les
développements (péri-)urbains (remblais en lit mineur pour
l'aménagement d'équipements sportifs, curage abusif de la
rivière, enrochement de berges pour la protection des secteurs
urbanisés). Les vifs conflits qui opposent les élus et certains
agriculteurs à la Police de l'Eau quant aux techniques d'entretien de la
rivière, pour les uns, et aux pratiques agricoles dans les zones humides
alluviales, pour les autres, sont assez révélateurs des
représentations divergentes sur la bonne qualité d'une
rivière.
Il y a ainsi un décalage des représentations de
la bonne qualité des milieux aquatiques entre les acteurs
régionaux (Agence de l'eau, Police de l'eau, Fédération de
pêche) et les acteurs locaux (élus, agriculteurs, pêcheurs).
Les premiers s'inscrivent entièrement dans la conception de la DCE et
oeuvrent pour parvenir aux objectifs de qualités qu'elle a fixé.
Les seconds, sans remettre en cause le « bon
sens » de la DCE144(*), critiquent les contraintes que ces objectifs
imposent aux pratiques locales.
Ne faudrait-il pas voir ici un décalage temporel et
spatial entre d'un côté l'adoption, par les acteurs
régionaux, des conceptions naturalistes relativement récentes de
la qualité des milieux aquatiques et d'un autre côté une
conception des rivières plus en phase avec des logiques utilitaristes au
niveau local ? L'approche écosystémique prônée
par la DCE et reprise par les acteurs régionaux de la politique de l'eau
entre t'elle en contradiction avec l'approche pragmatique que demandent les
acteurs locaux pour ne pas faire peser trop de contraintes sur les usages de
l'eau et les pratiques sur les milieux aquatiques ?
Ce décalage semble s'exprimer chez les acteurs locaux
par une expression souvent citée : le passage « d'un
extrême à l'autre ».
En moins de 50 ans, on est passé d'une eau qu'il
fallait mettre au service de l'homme par tous les moyens (« avant
on faisait tout et n'importe quoi, il y a eu des abus »),
à une eau conçue comme un milieu de vie dont le
« bon état » est un objectif éthique
aussi bien qu'une nécessité pour garantir les usages anthropiques
de l'eau. Cette conception des milieux aquatiques bouleverse les pratiques
(« aujourd'hui on ne peut plus rien faire dans la rivière.
On risque une amende si on écrase un poisson »).
Encouragées jusqu'à récemment, certaines pratiques sont
aujourd'hui bannies pour leurs impacts négatifs sur la qualité
des milieux aquatiques. C'est le cas des zones humides alluviales dont le
drainage à des fins agricoles a longtemps été
subventionné par l'Etat alors que désormais cette pratique est
strictement interdite. Ce constat pourrait aussi s'appliquer à
l'utilisation des pesticides en agriculture, ou encore aux pratiques
d'entretiens des rivières.
Ces approches divergentes entre les acteurs régionaux
et locaux pourraient aboutir au réajustement des moyens, pour atteindre
la bonne qualité, à la demande des acteurs locaux. C'est par
exemple le cas, dans le bassin versant de l'Azergues, pour les programmes
d'entretien de la rivière dont les conflits qui opposent les
responsables des syndicats de rivières à la Police de l'eau sont
susceptibles d'aboutir au tribunal administratif, et font d'ores et
déjà l'objet de revendications auprès des
députés. C'est aussi le cas pour les agriculteurs dont les
revendications aboutissent à des discussions entre la FDSEA du
Rhône et la DDAF (Police de l'eau) pour assouplir les conditions
d'utilisation des zones humides alluviales (voir à l'annexe
n°7).
Les analyses présentées ici doivent être
considérées comme de nouvelles hypothèses car il serait
nécessaire de mener plus d'enquêtes et sur des terrains
différents pour les infirmer ou les confirmer.
De futures
recherches, sur la thématique particulière de la restauration
où la protection physique des cours d'eau, pourraient être
très intéressantes car ce domaine d'action est susceptible de
révéler avec force toutes les représentations divergentes
sur la qualité d'une rivière. En effet le traitement des
pollutions, s'il reste encore un pan important de la gestion de la
qualité de l'eau, entre aujourd'hui dans une certaine routine car les
réglementations et les techniques sont anciennes et rodées. En
outre ce domaine très technique et relativement peu visible reste
investi des experts mais peu des usagers-citoyens, hormis pour les pollutions
ponctuellement importantes et visibles, ou temporairement catastrophiques. A
l'inverse, l'action physique sur les cours d'eau, de par sa visibilité,
mais aussi parce qu'elle concerne directement le patrimoine foncier
privé et le domaine public, peut mobiliser de nombreux acteurs avec des
conceptions diverses. Or l'intérêt croissant porté sur ce
compartiment de l'hydrosystème fait l'objet de principes de gestion
susceptibles de se heurter à des conceptions fort divergentes de la part
de nombreux acteurs locaux.
La géographie a bien évidement toute sa place
dans l'approche de cette question car elle est dotée d'une certaine
ouverture disciplinaire pour aborder une problématique à quatre
dimensions. La gestion physique des cours d'eau relève de
l'hydromorphologie et de l'écologie des milieux aquatiques (le
naturel) mais aussi de la sociologie et de l'économie (le
culturel). En outre, la gestion physique intervient sur du
matériel (la rivière) mais elle mobilise aussi
l'idéel (les représentations). Toutes ces dimensions se
situent dans des contextes géographiques particuliers qu'il est
nécessaire d'expliciter. C'est peut-être sur la capacité
à faire un constant aller-retour entre ces dimensions que la
géographie pourrait révéler tous les enjeux et les
potentiels obstacles aux politiques de gestion physique des cours d'eau.
* * *
Bibliographie
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Office National de l'Eau et des Milieux Aquatiques :
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Pays Beaujolais :
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Portail de l'Observatoire des Territoires :
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Préfecture de Région Rhône-Alpes :
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Région Urbaine de Lyon :
http://www.regionurbainedelyon.fr
Système d'Information sur l'Eau RMC :
http://www.rhone-mediterranee.eaufrance.fr
Vie publique :
http://www.vie-publique.fr
Conférences et séminaires
suivis
25/10/2006 : Dynamiques naturelles,
adaptations sociétales, culture du risque, développement durable
des fonds de vallées : exemples rhodanien et alpins (par
Jean-Paul BRAVARD)
26/10/2006 : conférences à l'ENS,
La naissance et le développement des aquacultures en France au
XIXème siècle et L'eau : De la richesse
naturelle à la ressource.
15/11/2006 : La gestion durable et
raisonnée des ressources piscicoles (par la
Fédération de pêche du Rhône)
17/11/2006 : Vigne et biodiversité
(par la Fédération des Chasseurs du Rhône)
29/11/2006 : Observation sociale du
fleuve (par André VINCENT) et étude de cas sur l'Yzeron (par
Karine TROGGER) dans le cadre des séminaires du Master 2 Connaissance,
gestion, mise en valeur des espaces aquatiques continentaux.
13/12/2006 : Impact des retenues collinaires
(par la Fédération de pêche du Rhône)
25/01/2007 : OTHU, séminaire Zone Atelier
Bassin Rhône, Lyon, Les petites rivières
périurbaines : connaissances des risques, évaluation de la
qualité, aide à la décision.
14/03/2007 : Sociétés urbaines et
culture du risque. Les inondations dans la France d'Ancien Régime. Par
René FAVIER
25/04/2007 : Les programmes d'actions et de
préventions des inondations (PAPI). Nouveaux cadres de la gestion
intégrée de risque inondation. Par Bruno LEDOUX
Annexes
Annexe 1 : Masse d'eau du bassin versant de l'Azergues
Annexe 2 : Réseau hydrographique du bassin versant
de l'Azergues et villes ou villages cités dans le texte
Annexe 3 : Orientation technico-économique
dominante des exploitations agricoles par communes dans le bassin versant de
l'Azergues
Annexe 4: Zonages technico-administratif du bassin versant de
l'Azergues
Annexe 5 : Questionnaire
Annexe 6 : Présentation de la population
enquêtée
Annexe 7 : Exemple d'une fiche d'entretien. Un agriculteur
de la Haute-Azergues
Annexe 8 : Exemple d'une fiche d'entretien. Un agent de la
Police de l'Eau
Annexe 1 : Masses d'eau du bassin
versant de l'Azergues
Annexe 2 : Réseau hydrographique
du bassin versant de l'Azergues et villes et villages cités dans le
texte.
.
Annexe 3 : Orientation
technico-économique dominante des exploitations agricoles par communes
dans le bassin versant de l'Azergues
Annexe 4 : Zonages
technico-administratifs du bassin versant de l'Azergues
Annexe 5 : Questionnaire usagers
Numéro du questionnaire :
Date de l'enquête :
Heure :
Lieu de l'enquête (commune, lieu-dit) :
1) Fréquentation de la rivière :
· 1.1) Dans quelles circonstances fréquentez vous la
rivière ?
Travail (préciser)
...........................................................................................................................
Loisir (préciser. Entourer vos choix ci-dessous)
Sport Pêche Promenade
Flânerie Pique-nique Baignade
Riverain
Autre (préciser)
...................................................................................................................................................................
· 1.2) Dans quel(s) secteur(s) principalement ?
Haute Azergues (entre Poule-les-Echarmeaux et Chamelet)
Moyenne Azergues (entre Chamelet et Lozanne)
Basse Azergues (entre Lozanne et Anse)
Quel site en particulier ?
...................................................................................................
· 1.3) A quelle fréquence ?
Tous les jours
Une ou plusieurs fois par semaine
Une à plusieurs fois par mois
Quelques fois dans l'année
· 1.4) Plutôt le week-end ou la semaine ?
Week-end Semaine
· 1.5) A quelle(s) période(s) de l'année
principalement ?
Printemps Eté Automne
Hiver
· 1.6) Connaissez vous l'Azergues sur l'ensemble de son
cours depuis Poule-les -Echarmeaux à Anse ?
OUI NON
· 1.7) Quel(s) secteur(s) de la rivière connaissez
vous le mieux ?
Haute Azergues (entre
Poule-les-Echarmeaux et Chamelet)
Moyenne Azergues (entre Chamelet et Lozanne)
Basse Azergues (entre Lozanne et Anse)
Aucun
2) Perception de la qualité, de son
évolution, des critères pris en considération
· 2.1) Sur une échelle de 0 à 10, (0
étant mauvais et 10 excellent), comment évaluez vous la
qualité de l'eau de l'Azergues dans le secteur que vous connaissez le
mieux ?
................ Sans
avis
· 2.2) Sur une échelle de 0 à 10, (0
étant mauvais et 10 excellent), comment évaluez vous la
qualité de l'eau de l'Azergues sur l'ensemble de son cours ?
................. Sans avis
· 2.2) Quels sont les indicateurs que vous prenez en
considération pour évaluer la qualité de l'eau de la
rivière ? citez deux ou trois éléments importants
pour vous
......................................................................................................................................................................................................................................................
· 2.3) Selon vous comment la qualité de l'Azergues a
t'elle évoluée au cours des 30 (pour les anciens) 10
dernières années ?
Amélioration Dégradation
Sans avis
· 2.4) Selon vous comment va-t-elle évoluer au cours
des 10 prochaines années ?
Amélioration Dégradation
Sans avis
3) Facteurs dégradant la
qualité :
· 3.1) Selon vous qu'est ce qui contribue à
dégrader la qualité de l'eau ? Trois réponses
possibles
Les crues Les eaux usées
industrielles
L'agriculture (si cocher se reporter
à 3.2) Les petits barrages sur l'Azergues
Les eaux usées domestiques
Les plans d'eau
Les détritus en bord de
rivières Les enrochements
L'urbanisation
Autres (préciser)...........................
...............................................
................................................
La nature géologique du sous-sol
.................................................
· 3.2) Pour l'agriculture classer par ordre croissant les
types d'agricultures les plus impactantes : (1 le plus impactant, 2 un peu
moins, etc.)
Elevage Viticulture
Céréaliculture
Maraîchage/ horticulture Sylviculture
· 3.3) Selon vous quelles actions prioritaires seraient
à mettre en oeuvre concernant la rivière ? Choisir par ordre
d'importance parmi les options suivantes
Gérer les inondations et les
érosions de berges
Améliorer et protéger la
qualité des eaux de surfaces et souterraines
Mener des actions de sensibilisation à
l'environnement
Restaurer et mettre en valeur la
rivière et ses abords
Autres (préciser)
............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
· 3.4) Connaissez vous les actions du Contrat de
Rivière Azergues ?
OUI NON
· 3.5) Selon vous quels sont les obstacles à la bonne
qualité de l'eau de la rivière ? (trois choix possibles
à classer par ordre croissant. 1 : obstacle majeur, 2 :
obstacle moins important...)
Les coûts économiques
Le manque de volonté politique
Les objectifs de qualité sont trop exigeants
Les objectifs de qualité ne sont pas assez exigeants
Les pratiques agricoles
Les rejets industriels
Les rejets domestiques
Les pratiques individuelles domestiques
L'urbanisation
Les phénomènes naturels
Autres ( préciser)
..........................................................................
3.6) Avez-vous d'autres remarques concernant les questions de la
qualité de l'eau des rivières de l'Azergues ?
.....................................................................................................................
4) Connaissance de l'interviewé :
· 4.1) Lieu de résidence ?
Grand Lyon Val de Saône (hors Grand Lyon)
Monts du Lyonnais Commune riveraine
de l'Azergues
Beaujolais
Autres (préciser).....................................
· 4.2) Depuis combien de temps résidez vous dans
cette région ?
Moins de 5 ans entre 5 et 10 ans entre 10 et 20 ans
Plus de 20 ans
· 4.3) Ou passer vous l'essentiel de votre temps ?
Milieu rural Milieu périurbain Milieu urbain
· 4.4) Âge ?
Sexe ?
- - 20 40-49
M
- 20-29 50-59
F
- 30-39 + 59
· 4.5) Profession ?
Agriculteurs exploitants
Employés
Artisans, commerçants, chefs d'entreprise Ouvriers
Cadres et professions intellectuelles supérieurs
Retraités
Professions intermédiaires
Sans activités professionnelles
Annexe 6 : Présentation de la
population enquêtée.
Les personnes interrogées étaient majoritairement
des promeneurs ainsi que quelques pêcheurs. L'enquête à eu
lieu entre 1er et le 15 avril 2007 auprès de 92 personnes (27
dans la Haute-Azergues, 25 dans la Moyenne-Azergues et 40 dans la
Basse-Azergues). Les hommes sont majoritaires, 54 personnes contre 38 pour les
femmes.
Annexe 7 : Un exemple d'une fiche
d'entretien. Un agriculteur
Compte rendu entretien n° 3
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Mercredi 21 mars 2007, Pascal G., (45-50ans), éleveur
à Grandris, représentant FDSEA 69 plus comité de
développement des hauts du Beaujolais (haute Azergues, et Monts de
Tarare) au Comité de Rivière depuis 2004. Rencontré
à son domicile à Grandris.
Durée de l'entretien : 1h 15
Au comité de rivière depuis 2 ans. C'est suite
aux actions zones humides que les agriculteurs sont intégrés au
Comité. Pour PG, le CR a été mis en place au départ
pour récupérer des subventions de l'Etat dans le but d'entretenir
le lit de la rivière. Au départ la qualité de l'eau pas
vraiment prise en compte. Les agriculteurs n'ont pas été
associés à la démarche CR. Même en y étant
associé, ce n'est pas facile de faire valoir son point de vue par
rapport aux élus qui ont beaucoup plus de pouvoir.
Exploitation : 160 ha en GAEC avec son fils, 180
têtes. Vache laitière et vache à viande
(« uniquement pour occuper le territoire, faire manger l'herbe,
pas beaucoup d'aide dessus »), surfaces céréales
et maïs pour nourrir les animaux. Achat en externe du tourteau de soja.
Dans la haute Azergues, l'évolution des exploitations
est allée à l'agrandissement (déprise agricole). Donc les
exploitations dispose de grandes surfaces pour pouvoir cultiver la nourriture
pour les bêtes tout en ayant assez de place pour les faire
paître.
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Qualité de l'eau : qu'est ce que
c'est ? Comment la définissez vous ?
Deux types de qualité en fonction du type d'eau
considérée : l'eau de consommation humaine et l'eau des
rivières.
La qualité de l'eau de consommation est
approchée comme une combinaison de normes strictes impulsées par
l'Union Européenne et dont le respect est obligatoire. Cette situation
garantit une eau pour la consommation humaine de bonne qualité.
Pour les rivières, pas de définition de la
qualité mais des idées sur ce qui fait la qualité
(l'entretien des paysages en bords de rivières ainsi que le lit de la
rivière) ou ce qui ne la fait pas (les pollutions et les déchets
qui y sont déversées). La qualité des rivières
n'est possible que grâce à la main de l'homme et surtout
grâce aux agriculteurs. « La nature à besoin de nous
pour la conserver un peu jolie ».
Les prairies en bord de rivière doivent être
entretenues. La végétation ne doit pas y proliférer. Le
lit doit être nettoyé. Enlèvement des arbres morts ou
branches, enlèvement des bans de sable qui contribuent à
« faire sortir la rivière du lit ». Les
gravières autrefois exploitées, par les maçons, par
exemple, qui y puisaient leur sable de construction, permettaient à la
rivière d'être entretenu. « Quand les anciennes
gravières étaient exploitées, l'Azergues s'en portait pas
plus mal. Elle restait dans son lit alors qu'aujourd'hui elle creuse la
berge d'en face »
Concernant la qualité des rivières PG
dit : « on est passé d'un extrême à
l'autre ». « Y a encore 10 ans tout le monde
faisait n'importe quoi, la rivière c'était le dépotoir,
tout le monde balançait ses égouts, ses déchets dedans
[dans l'Azergues] et puis aujourd'hui suite à ces abus des lois
interdisent tout. Même nous en tant qu'agriculteurs on peut plus
entretenir les rivières sous peine d'amende ». Pour
« aller dans l'eau » PG dit qu'il faut faire des
demandes au Contrat de rivière qui les transmet ensuite à la
police de l'eau. Une entreprise spécialisée est
sollicitée. Cela peut prendre parfois beaucoup de temps, et d'autant
plus que cela coûte de l'argent. « C'est l'agriculture qui
à toujours entretenu les cours d'eau, aujourd'hui y a une branche qui
tombe dedans on ne peut plus la sortir ». Il est fait
référence ici à la police de l'eau qui a souvent
verbalisé des agriculteurs pour leurs pratiques en fond de
vallée.
Les critères pris en
considération :
· Les paysages de la rivière.
· Les peuplement piscicoles et astacicoles (Truite Fario,
écrevisse à pattes blanches)
· Les connaissances sommaires des études du
contrat de rivière
La qualité de l'Azergues :
· Soucis d'azote à certaines périodes de
l'année. PG l'explique comme étant un phénomène
naturel. La décomposition des feuilles mortes lors de l'augmentation des
températures génère un phénomène de
nitrification en quantité excédant les possibilités
d'absorption du milieu. « Ça ne vient pas de
l'agriculture ». Sous entendu : il y a peu d'agriculture
sur le bassin versant, mais aussi l'agriculture est propre aujourd'hui.
· Les affluents « très
propres ». Le Ry par exemple présence de Truite Fario et
écrevisse à pattes blanches.
· Le bas de l'Azergues, n'est pas propre à cause
des industriels. (Tarare)
· Problèmes des phosphates qui viennent des
lessives. Le problème vient des fabricants de lessive,
« mais ils emploient du monde ».
Son évolution
· Plus mauvaise avant. La présence
d'écrevisses aujourd'hui le prouve. Qualité pas aussi bonne il y
a 10-15 ans.
· Dans le futur, si tout est mis en oeuvre (traitement
des eaux usées) la qualité va vite se rétablir.
Les facteurs responsables de la
qualité
D'une manière générale PG dit que
l'agriculture a fait de gros efforts pour réduire les pollutions alors
que l'industrie et l'assainissement en font beaucoup moins.
· (-) L'assainissement et l'industrie sont responsables
de la mauvaise qualité alors que l'agriculture a fait de gros efforts.
La loi européenne fait bouger les choses actuellement car c'est
obligatoire (pour l'industrie et l'assainissement). « Si tout le
monde fait ce que l'agriculture a fait », dans 10 ans la
qualité sera bonne.
· (-) L'industrie pollue plus que l'agriculture. Les
industriels ne jouent pas le jeu. Ils font pression via l'emploi. Si trop de
contraintes s'exercent sur eux ils menacent de fermer l'usine.
· (-) L'assainissement est très en retard sur le
bassin. Sur la haute Azergues beaucoup de villages rejettent encore leurs eaux
directement dans la rivière sans traitement préalable. Les choses
tendent à s'améliorer mais y'a du retard. PG reste sceptique sur
l'assainissement individuel. « Ça marche bien quelques
années et après le sol sature ».
· (-) Les zones tampons préconisées par
l'Agence de l'Eau autour des rivières sont des « nids
à merde » (les branches accrochent les sacs plastiques
lors des crues), les arbres pompent l'eau. PG n'est pas d'accord selon
l'idée qu'il faille mettre tous les bords de rivières
« en friche ». « il faut être
là pour l'entretenir »
· (-) Les investissements de plus en plus lourds
demandés aux agriculteurs (local phyto, sous cuve sous les
stockages...). Le problème c'est que ce sont des investissements
« à fond perdus » qui profitent peut
être à l'environnement mais qui contraignent financièrement
les agriculteurs. Si la conquête de la qualité de l'eau veut
être rapide il faudra « arroser de
subventions »
· (+) La réduction des pollutions agricoles s'est
fait par des changements de pratiques rendues obligatoires. « y a
quelques années tout le monde avait son purin qui coulait dans la
descente du pré et ça allait à la rivière.
Aujourd'hui y'a des fosses. Tout le monde l'épand (le fumier) à
des doses bien prescrites ». De plus les contrôles sont
tellement importants qu'il est difficile de polluer. « je
considère qu'on a fait un réel effort alors que les autres ont
continué à balancer pendant des années. Y a juste une
prise de conscience maintenant ».
· (+) Une bonne partie des exploitations d'élevage
du haut bassin n'ont pu bénéficier du PMPOA car elles n'avaient
pas un nombre de bêtes suffisant par rapport aux critères
d'attribution des subventions. Je demande alors à PG si cela n'a pas
d'effet sur la réduction des pollutions par les effluents
d'élevage dans le sens ou sans subventions les agriculteurs ne se
lancent pas dans des changements de pratiques à finalité
environnementales. PG affirme qu'à partir du moment où un certain
nombre d'exploitants modifie leur pratique les autres suivent. C'est d'autant
plus le cas lorsque les agriculteurs travaillent en groupes. L'achat d'une
machine pour épandre le fumier se fait en commun et ceux qui achetaient
avant de l'engrais préfèrent aujourd'hui épandre du fumier
produit gratuitement par leur troupeau. Ce n'est pas une
généralité mais ça se fait. « y'a un
effet boule de neige ».
La protection des cours d'eau et des milieux
connexes contre les pratiques agricoles traditionnelles ?
L'entretien des cours d'eau à toujours
été fait par les agriculteurs mais aujourd'hui il n'est plus
possible d' « aller dans l'eau » sous peine
d'amende.
« La rivière fait partie de mon
patrimoine, les berges... tout ». Suivant cette logique PG
affirme que c'est à l'agriculture d'entretenir les cours d'eau comme
cela se fait depuis toujours et au même titre que les paysages. Mais
aujourd'hui la réglementation sur les travaux en rivière conduit
à ôter aux agriculteurs le rôle qu'ils jouaient dans
l'entretien des cours d'eau.
A ce sujet PG dit apprécier le travail des brigades de
rivières, mais il campe sur l'idée d'un entretien par les
agriculteurs. Il suggère même, implicitement, que cela puisse se
faire par le biais d'une rémunération qui pourrait de tout
façon être moins élevé que ce que coûtent les
brigades de rivières.
PG critique que la réglementation sur les cours d'eau
s'applique même à « des choses qui sont plus
des fossés que des cours d'eau ». « Si on
peut plus traverser la rigole pour aller entretenir le champ à
côté ça va plus ». La FDSEA est en
discussion avec la DDAF pour que la réglementation sur les cours d'eau
ne contraigne pas le travail des agriculteurs.
Le paradoxe c'est que les réglementations
émanent du ministère de l'agriculture. Les agriculteurs ont le
sentiment de « se faire taper sur la tête par ceux qui
devrait les aider ». Mauvaise relation avec la Police de l'Eau
(DDAF).
La protection des prairies humides se fait dans le dos des
agriculteurs
Dans le cadre du contrat de rivière et plus
généralement depuis les conventions sur la protection des zones
humides, les prairies humides font l'objet d'une attention toute
particulière. L'expertise et les propositions relatives aux milieux
naturels terrestres identifient les prairies humides et para-tourbeuses comme
des milieux remarquables qu'ils convient de protéger par la mise en
oeuvre de mesures agri-environnementales. Le département du Rhône
a lancé un inventaire des zones humides afin de mieux les
connaître, pour mieux les conserver. L'inventaire n'est pas
destiné au public et les agriculteurs ont peur qu'il soit utilisé
par la Police de l'eau pour mieux les verbaliser. Des zones de prairies humides
à protéger sont délimitées et des
réglementations s'y applique.
PG dit avoir appris l'existence de réglementation sur
les zones humides au moment ou il fut verbalisé par la police de l'eau
suite à des travaux qu'il avait réalisé sur une prairie
humide.
« J'ai repris une parcelle qui était en
mauvais état. J'ai fait faire des rigoles pour remettre la parcelle en
état » sous entendu la parcelle à
été drainée. Ce sont les gardes pêche qui ont dit
à PG qu'il n'avait pas le droit de faire ce genre de travaux. Quelques
mois après la Police de l'eau a dressé un procès verbal
à l'encontre de PG. Lui, dit qu'il ne voit pas ce qu'il faisait de mal
car il avait réalisé ce qui s'est toujours fait.
« Depuis que je suis tout petit j'ai toujours entendu les anciens
dire qu'il faut enlever l'eau dans les joncs, évacuer les surplus d'eau.
A l'école on a appris à faire ça aussi ».
PG déplore le fait de ne pas être au courant des
réglementations qui s'appliquent aux zones humides alors qu'il les
exploite. Il dit que les propriétaires et les exploitants ne savent pas
ou se situent ces zones à protéger alors que tout le monde les
exploite. La relation avec la Police de l'eau passe d'autant plus mal que
selon lui elle « laisse faire les choses et elle verbalise
après ».
Il cite l'exemple d'un autre agriculteur situé sur une
commune hors BV Azergues.
A Monsol un agriculteur a rehaussé d'un mètre
« une parcelle pleine
d'eau inexploitable » avec de la terre afin d'y
planter de la prairie. « Ça a bien
assainit ». Les travaux furent réalisés
après accord des riverains et de la commune. La police de l'eau ne s'est
pas manifestée et a laisser faire le chantier pendant 2 ans tout en
prenant des photos. Aujourd'hui elle demande à l'agriculteur d'enlever
tout le remblai. L'agriculteur n'était pas au courant et aujourd'hui
l'affaire est au tribunal. Cette situation a envenimé les relations
entre la FDSEA et la Police de l'eau.
PG se dit sensible aux zones humides. A cet effet il rappelle
que si elles existent c'est grâce aux agriculteurs qui les ont toujours
entretenues. Toutefois on peut noter que les pratiques actuelles dans les
prairies humides (drainage principalement) sont en contradiction avec les
actions préconisées pour les conserver. L'exemple de
l'agriculteur de Monsol est révélateur. Pour les agriculteurs les
prairies humides sont une contrainte à l'agriculture. La mise en herbe
de la parcelle rehaussée s'est apparemment accompagnée d'une
utilisation d'engrais. Donc le drainage et l'introduction d'engrais dans les
prairies humides sont les pratiques traditionnelles des agriculteurs d'une
part, mais les pratiques identifiées comme néfastes à la
protection des « milieux
connexes remarquables » par le SDAGE d'autre part.
Les actions de réduction des pollutions
agricoles : La modification des pratiques
Depuis une dizaine d'années les diverses politiques
mises en oeuvre ont progressivement modifié les pratiques. Le couvert
végétal, les plans de fumures.
Plans de fumures, organisés par la chambre
d'agriculture. 1 fois par an les techniciens calculent les doses de fumier ou
d'engrais minéral à apporter aux cultures pour que celles-ci
absorbent la totalité des apports. Le but est de limiter le lessivage
d'excédents. Reste toutefois le problème
météorologique. Si une période de grosse pluie intervient
après l'épandage, il y a ruissellement quand même.
L'avantage dans le basin de la haute Azergues c'est que les
exploitations ont de grandes surfaces. Mode d'élevage extensif donc les
apports d'engrais sont limités et l'épandage des cultures peut se
faire sur de grandes surfaces. Cette politique a sensiblement modifiée
les pratiques quant à l'utilisation d'engrais « Avant
d'être en plan de fumure j'en mettais beaucoup plus à
l'hectare ». De plus certains y voient des avantages. Etaler le
fumier produit par les bêtes coûte beaucoup moins cher que
d'épandre des engrais minéraux qu'il faut acheter.
Le couvert végétal hivernal.
Encouragé à la base par les CTE, cette pratique vise à ne
pas laisser les terres à nues pendant l'hiver et ainsi limiter le
lessivage. Au départ cette pratique a bénéficiée de
subventions et aujourd'hui la pratique continue même sans les aides car
les agriculteurs y trouvent des avantages. « Les sols sont
légers au printemps alors qu'ils sont durs sans
couvert ». Cela rend les cultures plus faciles. Cette action
est bien appréciée des promeneurs (des citadins). Quand des
promeneurs s'interrogent sur les agriculteurs qui font des semis à
l'automne, PG leur explique que c'est pour limiter les nitrates dans l'eau.
Toutefois l'épandage des fumures reste le catalyseur des critiques des
riverains qui ne supportent pas les odeurs.
Le Plan Végétal pour
l'Environnement : Plan national subventionné par l'Etat et l'UE
pour l'achat d'agroéquipements environnementaux.
« C'était pour faire une préfosse et limiter les
effluents lors du remplissage des pulvérisateurs ».
L'info est passée trop vite. En quinze jours il fallait constituer un
dossier. « On a pas eu le temps de fournir les
devis ». Aucun agriculteur n'est passé sur la haute
Azergues. 40 dossiers acceptés sur le département.
Les pratiques agricoles respectueuses de l'environnement sont
les seules qui pourront s'en sortir vu les orientations actuelles.
Toutefois, les changements de pratiques sont durs à
faire passer car le contexte a changé rapidement. « On a
gravi une montagne ». Sous entendu ici que les pratiques
polluantes aujourd'hui remises en causes était pendant longtemps la
référence et le symbole d'une agriculture performante.
Les pratiques culturales :
Dans le haut bassin. Elevage extensif sur prairie ainsi que
quelques parcelles de cultures en maïs pour la nourriture du
bétail.
La prairie n'est que très peu subventionnée par
la PAC comparée aux céréales. Il y a un mauvais
équilibre des primes. « Les gens ont tendance à
vouloir semer des céréales car on touche plus de
primes ». Dans le haut bassin se constat ne se vérifie
pas tellement car le relief très accidenté ne permet pas de faire
facilement des céréales, mais « en plaine tous les
ans des prairies sont retournées pour faire des
céréales »
La pression urbaine :
(L'urbanisation) « C'est en train de monter sur
la haute Azergues, ça pose des problèmes. On fait un
PLU ». Lamure à 1 000 habitants et compte passer
à 1 500 en 5 ans. Grandris 60 demande de constructions en 2007. L'A89
fait bouger les choses en terme de pression urbaine. Grandris à 20
minutes de l'autoroute.
Les terrains à construire se feront sur des terrains
vendus par des propriétaires. Les agriculteurs ne revendent pas car les
nouveaux habitants sont sources de contraintes (se plaignent des mauvaises
odeurs du fumier).
« On nous oblige à planter des fosses et
côté de ça les nouveaux habitants seront
équipés en assainissement individuel » qui selon
PG sont des source de pollutions.
Les points importants :
La qualité de l'Azergues est meilleure aujourd'hui
qu'il y a 10-15 ans. Elle sera encore meilleure à l'avenir si
l'industrie et l'assainissement polluent moins.
L'agriculture a fait beaucoup d'effort pour réduire les
pollutions alors que l'assainissement et les industries polluent encore
beaucoup.
La réglementation sur les travaux en rivière ne
permet plus aux agriculteurs de remplir leur rôle traditionnel dans
l'entretien des cours d'eau.
Les pratiques des agriculteurs sur les prairies humides sont
en contradiction avec les mesures préconisées pour les
protéger dans le cadre de la valorisation écologique des
« milieux connexes ».
Sentiments d'injustice de la part des agriculteurs. Alors
qu'ils consentent à faire des efforts pour réduire les
pollutions, la Police de l'eau les sanctionnent beaucoup.
Concentration des exploitations à Grandris.
Source : RGA.
Annexe 8 : Un exemple d'une fiche
d'entretien. Un agent de la Police de l'Eau.
Compte rendu entretien n° 11
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Mardi 3 avril 2007, Lyon, Daniel D. (+50ans), DDAF cellule
police de l'eau.
Durée de l'entretien : 1h30
Ambiance d'entretien : L'accueil est bon mais DD
ne semblait toujours bien renseigné sur les thèmes
abordés. La référence est constamment
réglementaire.
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La qualité de l'eau qu'est ce que
c'est ?
C'est en premier lieu un objectif à atteindre depuis
l'adoption de la DCE.
Les objectifs de « bon état » de la
DCE ont sensiblement modifiés la manière d'apprécier la
qualité des milieux aquatiques. Les cartes d'objectifs de qualité
élaborés depuis 1971 à l'échelle des
départements se basaient sur la qualité physico-chimique.
« A chaque classe de qualité correspondait des seuils de
normes physico-chimique ». Les objectifs de qualité
visaient donc à améliorer la qualité physico-chimique en
adaptant notamment des moyens sur l'assainissement. Avec la DCE l'objectif du
« bon état » est surtout biologique. La
qualité physico-chimique n'est qu'un aspect de la qualité au
même titre que la qualité physique des milieux. La qualité
biologique dépend de la qualité physico-chimique et physique.
Les rivières du Rhône sont très
impactées par les interventions permanentes en lit mineur. Les
rivières sont très artificialisées. Pour l'Azergues c'est
ce qui s'est passé. Les travaux qui ont eu lieu dans le passé ont
fortement altérés les milieux physiques « Les
milieux sont très artificialisés, y'a des enrochements partout,
des seuils, un tas d'intervention qui font que le milieu n'a plus rien de
naturel et les espèces aquatiques ont du mal à se
développer. Les écrevisses disparaissent, les poissons ne
remontent pas ».
Pour atteindre le bon état en 2015, il faut mettre en
oeuvre les bonnes pratiques dès maintenant.
Pour la pollution agricole, c'est le domaine ou la DDAF a le
moins d'outils. Pour l'assainissement les collectivité sont bien
organisées « on sait comment
progressé » c'est une affaire de temps et d'argent. La
réduction des pollutions agricoles passera par les changements de
pratiques agricoles. La loi sur l'eau n'a pas de portée
réglementaire sur les pollutions diffuses. La police de l'eau n'est pas
équipée pour veiller à l'application des bonnes pratiques.
« On ne peut faire que de la bonne parole »
« Concevoir son projet pour minimiser
les incidences. C'est ça l'esprit de la loi sur
l'eau »
J'aborde le sentiment des agriculteurs et des élus sur
ce qu'ils ressentent comme l'interdiction d'entretenir les rivières.
L'entretien de la rivière n'est pas interdit, « il est
encadré ». Les travaux en rivière sont soumis
à la réglementation pour ne pas porter atteinte à
l'écosystème. DD fait référence à un article
du code de l'environnement qui précise que toutes
« installations, ouvrages, travaux ou activités, dans le
lit mineur d'un cours d'eau, étant de nature à détruire
les frayères, les zones de croissance ou les zones d'alimentation de la
faune piscicole, des crustacés et des batraciens » doit
faire l'objet d'une demande auprès de la police de l'eau. La
manière de faire les travaux en rivière est soumise à
l'autorisation de la DDAF et du CSP. La qualité de l'eau sera
atteinte ou préservé en limitant les impacts des travaux par
l'application stricte de la réglementation.
On passe d'une période ou les personnes qui voulaient
faire des travaux en rivière appelaient l'administration qui lui disait
ce qu'il fallait faire. Ça a déresponsabilisé les
personnes et l'imposition de prescription passait un peu mal car la DDAF
basée à Lyon ne connaissait pas les conditions locales.
Aujourd'hui le demandeur doit analyser les incidences de ses actions. Il doit
alors prendre des mesures pour limiter les incidences ou alors faire des
mesures compensatoires. La pollution du Rhône au PCB pourrait affermir
les positions de la DDAF (en ce qui concerne la mobilisation de
sédiments) sur les analyses de sédiments car la pollution serait
due à la mobilisation de sédiments contaminés.
« Ça prouve que c'est pas du
théorique ».
Les gens doivent passer d'une pratique ou dès qu'il
fait beau je prend la pelle faire mon trou dans la rivière, à
quelque chose de prévu à l'avance. Il faut donc faire un dossier.
Les dossiers à monter (pour intervenir en
rivière) sont très compliqués. DD dit que pour cette
raison il faut faire appel aux bureaux d'études. DD justifie toutes ces
réglementations par le principe de précaution. Il faut mieux
prendre toutes les précautions aujourd'hui plutôt que de devoir
réparer les dégradations futures qui coûteront beaucoup
plus chères.
Le problème de l'environnement c'est que c'est la
collectivité qui supporte la charge des coûts environnementaux
générés par des activités individuelles.
Les zones humides : protection de
l'environnement contre pratiques agricoles traditionnelles.
Les pratiques traditionnelles des agriculteurs sur les zones
humides se heurtent aux orientations de la loi sur l'eau. Les pratiques
« ancestrales » agricoles ont toujours
cherché à assécher les zones humides. Ces espaces
étaient considérés comme non productif et impropre. L'Etat
finançait il y encore peu le drainage. Le code de l'environnement
définit ce qu'il est possible de faire ou pas dans des zones humides. Le
drainage ou le remblais de ces zones sont aujourd'hui très
encadré dans le but de limiter ce type d'opération.
« Les agriculteurs disent que la
réglementation est mal connue mais ils ne veulent pas trop la
connaître ». La DDAF a chargé l' ONEMA (ex CSP)
d'être vigilant sur les interventions en zones humides. Ils ont plus
d'agents de terrain (7 contre 3 à la DDAF).
L'inventaire des zones humides réalisé par le
Conseil Général du Rhône à pour objectif de porter
un effort particulier de gestion sur ces milieux. DC dit que le CG
hésite à donner à la DDAF cet inventaire par peur qu'elle
s'en serve pour faire la police de l'eau. Or le CG ne veut pas
apparaître, auprès des agriculteurs, comme un sbire de l'Etat pour
faire appliquer la police de l'eau.
Liste des figures
Figure 1. Les trois grands indicateurs de l'évaluation
globale des cours d'eau du SEQ.
16
Figure 2. Localisation du bassin versant de l'Azergues dans
la région lyonnaise.
30
Figure 3. Occupation des sols et relief du bassin versant de
l'Azergues
31
Figure 4. Evolution de la population des communes du bassin
versant de l'Azergues
35
Figure 5. Evolution de la population des communes de l'aire
urbaine de Lyon
35
Figure 6. Le bassin versant de l'Azergues dans l'aire urbaine
de Lyon
37
Figure 7. La Haute-Azergues. Chambost-Allières
(photo).
41
Figure 8. Zonages ZNIEFF dans le bassin versant de l'Azergues
42
Figure 9. De l'Azergues des montagnes à celle des
coteaux. Létra (photo)
45
Figure 10. Les régions d'appellations du vignoble du
Beaujolais
46
Figure 11. Part des surfaces viticoles du bassin versant de
l'Azergues dans le vignoble du Beaujolais.
46
Figure 12. Evolution des surfaces agricoles en
Moyenne-Azergues entre 1979 et 2000.
47
Figure 13. Une parcelle de vigne fraîchement
arrachée. Chessy-les-Mines (photo)
49
Figure 14. Paysages de la Moyenne-Azergues. Châtillon
d'Azergues (photo).
50
Figure 15. À partir de Lozanne l'Azergues sort du
verrou rocheux de la vallée (photo)
52
Figure 16. Les axes de communication dans le bassin versant
de l'Azergues
56
Figure 17. La Plaine des Chères (photo)
56
Figure 18. Patrimonialisation architecturale dans le
Beaujolais des Pierres Dorées. Oingt (photo)
61
Figure 19.Village originel et extrensions
résidentielles contemporaines Châtillon d'Azergues (photo).
61
Figure 20. Localisation des enquêtes de terrain
69
Figure 21. « Les Laveuses » à Anse
sur les bords de l'Azergues au début du XXème
siècle (photo)
92
Figure 22. Un exemple de seuil infranchissable (photo).
94
Figure 23. Usages des seuils pour la pêche à la
ligne (photo)
96
Figure 24. Enrochement en basse Azergues (photo)
97
Figure 25. Incision de l'Azergues à l'amont de Anse
(photo)
98
Figure 26. Teneurs de l'Azergues en pesticides
103
Liste des tableaux
Tableau 1. Exemples des contrastes
socio-démographiques des territoires du bassin versant de l'Azergues
33
Tableau 2. Positionnement des acteurs de bassin sur
l'évolution de la qualité de l'eau dans le bassin de la
Saône
66
Tableau 3. Liste des entretiens et caractérisation
de la qualité de l'Azergues par masse d'eau
70
Tableau 4. Critères d'évaluation de la
qualité de l'eau de l'Azergues
72
Tableau 5. Perception globale de la qualité de
l'Azergues et de son évolution par les usagers
72
Tableau 6. Perception de la qualité de l'eau de
l'Azergues par les usagers des trois secteurs du bassin versant.
73
Tableau 7. Les facteurs dégradant la qualité
de l'eau par secteurs et par les
usagers...............................................
76
Tableau 8. Inventaires des pressions physiques de
l'Azergues et mesures prévues
89
Table des matières
Remerciements
2
Sommaire
3
Introduction
4
PARTIE 1. Les évolutions de la
qualité de l'eau
9
Chapitre 1 . Peut-on définir la
qualité de l'eau ?
9
1. La qualité de l'eau, une notion relative
et évolutive
9
1.1. La qualité, une notion
polysémique et relative
9
1.2 De la qualité de l'eau à celle
des milieux aquatiques
12
2. Les enjeux de la Directive Cadre
Européenne sur l'Eau
17
2.1 Un nouveau référentiel pour
définir la qualité des cours d'eau
17
2.2. Les enjeux de la notion
« d'état de référence »
20
Chapitre 2 . Postures scientifiques et
méthodologie utilisée
23
1. L'anthroposystème, un concept
opérationnel pour approcher les problématiques de la gestion de
l'eau
23
2. La prise en compte des perceptions et des
représentations pour mettre en lumière les `qualités
subjectives' de l'eau
24
3. Hypothèses et méthodologie
générale
26
Chapitre 3 . Présentation du terrain
d'étude
29
1. Le bassin versant de l'Azergues un territoire
contrasté sous l'influence de l'agglomération lyonnaise.
32
2. La Haute-Azergues, les Monts du
Beaujolais forestier et faiblement peuplés
38
2.1 De la polyculture élevage à la
sylviculture : les conséquences sociales et environnementales du
passage d'une agriculture de subsistance à une culture à forte
rentabilité économique
38
2.2. Des faibles densités de populations
dans un environnement d'une grande valeur écologique
40
2.3. La qualité des milieux aquatiques est
bonne malgré la persistance de pressions ponctuelles
43
3. Les coteaux viticoles de la
Moyenne-Azergues, ou le Bas-Beaujolais
44
3.1. L'activité viticole de la Moyenne
Azergues dans le vignoble du Beaujolais
45
3.2. Les conséquences de la crise viticole
dans un contexte de pressions foncières périurbain
48
3.3. La qualité de l'Azergues s'est
améliorée mais certains affluents sont très
dégradés
50
4. La Basse Azergues : un territoire agricole
profondément transformé et stratégique
52
4.1 La Plaine des Chères, un territoire
soumis aux pressions périurbaines
53
4.2 Une rivière très
dégradée
57
5. La vallée de l'Azergues, axe structurant
de l'urbanisation du bassin versant
58
Conclusion de la partie 1
62
PARTIE 2. L'ubiquité de la qualite
de l'eau
63
Chapitre 1 . A chacun sa qualité, ou
les divergences de perceptions de la qualité de l'eau
63
1. Rappel des objectifs et méthodologie
63
1.1 Objectifs
63
1.2 Une démarche
hypothético-déductive à partir des résultats d'une
thèse
64
1.3 Le recours aux enquêtes de terrain
66
2. Perception des usagers
71
2.1 Les usagers utilisent des critères
visuels pour évaluer la qualité de l'eau de la rivière
71
2.2 Les contrastes de perceptions reflètent
assez bien les différences « objectives » de la
qualité
72
2.3 L'évolution de la qualité :
un sentiment de dégradation partagé par tous, mais des
perceptions contrastées sur l'évolution future
74
2.4 Pour les usagers, ce n'est pas tant la
qualité de l'eau de la rivière qui compte que le
« paysage » de la rivière
75
3. Perception des acteurs
78
3.1 Des critères d'évaluation proches
des critères objectifs, mais des utilisations restrictives au domaine de
compétences des acteurs
78
3.2 Les perceptions divergentes de
l'évolution de la qualité
80
Chapitre 2 . Les obstacles à la
bonne qualité de l'eau
83
1. Le traitement des rejets domestiques, une
exigence réglementaire plus qu'une préoccupation
environnementale
83
1.1 Les bénéfices environnementaux du
traitement des rejets domestiques
83
1.2 Les enjeux de l'assainissement
révèlent l'ubiquité de la qualité de l'eau
84
2. Le décalage des discours sur la gestion
des milieux physiques
88
2.1 Entre postures théoriques de l'Agence de
l'eau et difficile application à l'Azergues dans le cadre du contrat de
rivière. La restauration physique en question
88
2.2 La dégradation physique des milieux
aquatiques : entre problèmes hérités d'usages
passés de la rivière, et développement contemporain contre
la rivière
91
2.2.1 Les seuils, problèmes actuels
hérités d'usages passés de la
rivière..............................91
2.2.2 Dimension sociale du transit
sédimentaire : La gestion conflictuelle des atterrissements
96
3. La politique de réduction des pollutions
des eaux par les pesticides utilisés dans la viticulture se heurte
à la crise économique de la filière viticole
Beaujolaise
100
3.1. La vigne, forte consommatrice de produits
phytosanitaires
100
3.2. La vinification à l'origine
d'importants rejets de matière organique
104
3.3. Les obstacles à la mise en oeuvre des
actions environnementales
105
Conclusion
109
Bibliographie
113
Annexes
121
Liste des figures
141
Liste des tableaux
141
Table des matières
142
* 1 BRUN (A.), 2003, Les
politiques territoriales de l'eau en France : le cas des contrats de
rivières dans le bassin versant de la Saône. Thèse de
Géographie, Institut national agronomique Paris-Grignon, 376 p.
* 2 C'est par exemple le cas
des normes internationales ISO.
* 3 BARRAQUE (B.). (Page
consultée le 10 février 2007). Cinq paradoxes dans la
politique de l'eau. [En ligne]. Adresse URL :
http://www.cnrs.fr
* 4 SEQ-Eau. Son
fonctionnement est détaillé plus loin.
* 5 Comité
National Français des Sciences Hydrologiques. (Page consultée le
5 février 2007). Dictionnaire français d'hydrologie. [En
ligne]. Adresse URL :
http://www.cig.ensmp.fr
* 6 OLLAGNON (H.), 1984,
« Acteurs et patrimoine dans la gestion de la qualité des
milieux naturels », Aménagement et Nature, n°
74, pp. 1-4.
* 7 A titre d'exemple il
suffit de se référer aux travaux de l'Observatoire de Terrain en
Hydrologie Urbaine (OTHU) qui cherche à opérationnaliser des
techniques et des méthodes très pointues pour l'évaluation
de la qualité des milieux aquatiques. OTHU, séminaire Zone
Atelier Bassin Rhône, Lyon, janvier 2007, Les petites rivières
périurbaines : connaissances des risques, évaluation de la
qualité, aide à la décision.
* 8 ASPE (C.), POINT
(P.), (Coord), 1999, L'eau en représentations : gestion des
milieux aquatiques et représentations sociales, Gip
Hydrosystèmes, Cemagref, 101 p.
* 9 Loi n° 64-1245
du 16 décembre 1964 relative au régime et à la
répartition des eaux et à la lutte contre leur pollution
* 10 LEYNAUD, 1987,
« L'eau et le milieu naturel : gestion des milieux et ressources
aquatiques » ; pp. 439-480 in : 40 ans de politique de
l'eau en France, 1987, sous la direction de LORIFERNE, Economica, 521
p.
* 11 Voir sur ce sujet
l'article de GRAMAGLIA (C.), 2007, « De la passion de la pêche
à la dénonciation des pollutions. Mise en forme d'une
revendication (1958-1978) », Responsabilités et
environnement, annales des Mines, n° 46, pp. 53-59.
* 12 LEYNAUD, ibid.
* 13 L'article 3 de la loi
précise que la réduction de la pollution des eaux sera une
exigence réglementaire puisque « des décrets
fixeront, d'une part, les spécifications techniques et les
critères physiques, chimiques, biologiques et bactériologiques
auxquels les cours d'eau [...] devront répondre, notamment pour les
prises d'eau assurant l'alimentation des populations, et, d'autre part, le
délai dans lequel la qualité de chaque milieu récepteur
devra être améliorée pour satisfaire ou concilier les
intérêts définis à l'article
1er ».
* 14 Il s'agit de la
« grille Multi-usages ». Ce système consiste
à évaluer la qualité des cours d'eau à partir d'une
« grille qui associe, pour une série de paramètres
principalement physico-chimiques, des valeurs seuils à 5 classes de
qualité. Cette grille permet une évaluation sommaire de
l'aptitude de l'eau aux principaux usagers anthropiques ».
Source :
http://www.eau-artois-picardie.fr
* 15 DCO : Demande
Chimique en Oxygène ; quantité d'oxygène
nécessaire à la transformation par voie chimique des
matières organiques. DBO : Demande Biologique en
Oxygène ; quantité d'oxygène consommée par
l'effluent, principalement pour la biodégradation des matières
organiques.
* 16 Loi no 92-3 du 3
janvier 1992 sur l'eau.
* 17 Une description
synthétique des ces différentes législations est
présentée dans l'ouvrage de VEYRET (Y.), 2004,
Géo-environnement, Armand Colin, coll. Campus, 186 p.
* 18 « Il
apparaît en effet essentiel de mieux prendre en compte la
diversité des types de pollutions (micropolluants notamment), les
atteintes à la structure et au fonctionnement physique, jusque là
très largement ignorées, et mieux apprécier la
qualité biologique des cours d'eau ». (Source :
Agence de l'Eau RMC, 1999, Les outils d'évaluation de la
qualité des cours d'eau (SEQ), Etudes des Agences de l'Eau,
n°72, 12 p.)
* 19
Hydrosystème : « Système composé de
l'eau et des milieux aquatiques associés dans un secteur
géographique délimité, notamment un bassin versant. Le
concept d'hydrosystème insiste sur la notion de système et sur
son fonctionnement hydraulique et biologique qui peuvent être
modifiés par les actions de l'homme. Un hydrosystème peut
comprendre un écosystème ou plusieurs
écosystèmes ». Glossaire National des SDAGE,
O.I.E., 1995.
* 20 BOULEAU (G.),
2006, « Le débat sur la qualité de l'eau. Comment des
données peuvent devenir des indicateurs ? »,
Ingénieries, n° 47, pp. 29-36.
* 21 DIRECTIVE
2000/60/CE DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL du 23 octobre 2000
établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de
l'eau, considération (1) : « L'eau n'est pas un bien
marchand comme les autres mais un patrimoine qu'il faut protéger,
défendre et traiter comme tel. »
* 22 PEREIRA-RAMOS (L.).
(Page consultée le 20 mai 2007). Que signifie la qualité
écologique de l'eau en Europe ?, [En ligne]. Adresse
URL :
http://www.annales.org
* 23 Conseil Economique et
Social, avis, Paris, Novembre 2000, La réforme de la politique de
l'eau, Paris, éditions des Journaux officiels, 172 p.
* 24 BOULEAU (G.),
ibid.
* 25 Il s'agit des Masse
d'Eau Fortement Modifiée (MEFM)
* 26 Le bassin versant de
l'Azergues comporte cinq masses d'eau. Une carte les identifie dans l'annexe
n°1.
* 27 Ministère de
l'Ecologie et du Développement Durable (MEDD), Circulaire DCE 2005/12
relative à la définition du « bon état » et
à la constitution des référentiels pour les eaux douces de
surface (cours d'eau, plans d'eau), en application de la directive
européenne 2000/60/DCE du 23 octobre 2000, ainsi qu'à la
démarche à adopter pendant la phase transitoire (2005-2007).
* 28 PEREIRA-RAMOS (L.),
ibid.
* 29 MEDD, Circulaire
DCE 2005/12, ibid.
* 30 MEDD, Circulaire
DCE 2005/12, ibid.
* 31 « Les
difficultés de mise en oeuvre [de la définition du
« état écologique »] sont liées au
manque de données de terrain ainsi qu'au manque d'outils
scientifiques ». GUERIN (N). (Page consultée le 27 mai
2007). Directive cadre européenne sur l'eau : qu'est ce que le
bon état écologique, [En ligne, résumé].
Adresse URL :
http://www.aquadoc.fr
* 32 SCHMITT (F.). (Page
consultée le 27 mai 2007). L'homme cet intrus, [En
ligne].
Adresse URL :
http://www.larevuedesressources.org
* 33 BRAVARD (J.P.),
2003, « Dynamiques à long terme des systèmes
écologiques ou de l'Eden impossible à la gestion de la
variabilité » ; pp. 133-139 in : Quelles natures
voulons nous ? : Sous la direction de LEVEQUE (C.) et VAN DER
LEEUW (S.), Paris, Elsevier, 2003, 324 p.
* 34 BRAVARD (J.P.),
LANDON (N.), 2003, « Les ajustements du Bez, un torrent du Diois
(Alpes du Sud). Essai de micro-histoire géomorphologique. »
Colloque d'Hammamet (Tunisie) du 13 au 16 novembre 1998 "Eau et environnement -
Tunisie et milieux méditerranéens", Ed. Presses
ENS-Fontenay-St-Cloud, Coll. Sociétés Espaces Temps, 2003.
*
35 LÉVÊQUE (Ch.), MUXART (T.), ABBADIE (L.), WEIL
(A.), van der LEEUW (S.), 2003, « L'anthroposystème :
entité structurelle et fonctionnelle des interactions
sociétés-milieux » ; pp 110-129 in Quelles
natures voulons-nous ? : LÉVÊQUE (Ch.) et van der LEEUW
(S.), (Eds.), 2003, Paris, Elsevier, 324 p.
*
36 LÉVÊQUE (Ch.), MUXART (T.), ABBADIE (L.), WEIL
(A.), van der LEEUW (S.), ibid.
* 37 Paradoxes,
obstacles et enjeux de la restauration physique de la rivière
Drôme. Volet anthropologique du programme « Sciences,
transformations de l'action publique et prospective : la gouvernance de
l'eau en question dans le bassin de la Drôme ». Programme de
recherche EVS-CNRS, dans le cadre du site atelier Drôme de la ZABR.
(juin 2005).
* 38 « Dans le
cadre des lois et règlements ainsi que des droits antérieurement
établis, l'usage de l'eau appartient à tous et chaque personne
physique, pour son alimentation et son hygiène, a le droit
d'accéder à l'eau potable dans des conditions
économiquement acceptables par tous. ». Article
1er.
* 39 Frédéric
RICHARD
* 40 CUAZ (M.), MEURET (B.),
PIEGAY (H.), 1996, « L'enquête auprès des usagers et
des propriétaires riverains, quel intérêt pour la gestion
des rivières ? », Revue de Géographie de
Lyon, Vol 71, n°4, pp. 353-362.
* 41 ASPE (C), POINT (P).
(Coord), op.cit.
* 42 GUMUCHIAN (H.), GRASSET
(E.), LAJARGE (R.), ROUX (E.), 2003, Les acteurs ces oubliés du
territoire, Paris, Anthropos Economica, 186 p.
* 43 BRUN (A.), op. cit.
* 44 ROY (A.), 2004, La
qualité de l'eau une préoccupation environnementale forte,
Institut Français de l'Environnement, les données de
l'environnement, N° 91, 4 p.
* 45 CHARMES (E.), 2007,
« Le malthusianisme foncier », Etudes
foncières, n°125, pp. 12-16
* 46 « Le Scot
Ouest Beaujolais prévoit de maintenir une bande non construite d'au
moins 600 mètres entre chaque commune. De même, il affirme la
nécessité de préserver l'activité agricole afin de
dresser un obstacle supplémentaire à l'encontre de
l'urbanisation ». CHARMES (E.), ibid.
* 47 L'aire urbaine comprend
le pôle urbain de Lyon (unité urbaine de plus de 5 000
emplois) et les communes de la couronne périurbaine (40% des actifs
travaillent dans le pôle urbain contiguë à la couronne
périurbaine).
* 48 Le patriote Beaujolais.
(Page consultée le 10 février 2007). Projets
autoroutiers : le Beaujolais ne veut pas être une voie de
secours, [En ligne]. Adresse URL :
http://www.lepatriote.com
* 49 Société
Provvedi. (Page consultée le 20 février 2007).
François Provvedi : scierie Douglas, [En ligne]. Adresse
URL :
http://www.provvedi.fr
* 50 RENDU (G.), 1987,
Valsonne en 80 ans ou la grande mutation du 20ème
siècle à l'échelon d'un village des Monts du
Beaujolais, 286 p.
* 51 Agence de l'Eau
Rhône Méditerranée Corse, 2005, Etat des lieux :
Bassin du Rhône et des cours d'eau côtiers
méditerranéens, caractérisation du district et registre
des zones protégées, annexe géographique, territoire
Bourgogne et Beaujolais.
* 52 ACER CAMPESTRE, 2001,
expertise et propositions relatives aux milieux naturels terrestres, Etude
volet B contrat de rivière Azergues.
* 53 AGRESTE, Recensement
Agricole 2000.
* 54 Les ZNIEFF sont des
aires géographiques plus ou moins étendues et
délimitées dans le cadre de l'inventaire du patrimoine naturel
institué par la Loi sur la protection de la nature de 1976. Les ZNIEFF
recensent, pour contribuer à mieux les protéger, des
espèces végétales et animales ainsi que leurs habitats en
raison de leur rareté ou de leur intérêt pour le bon
fonctionnement des écosystèmes. Il existe deux types de ZNIEFF.
Les ZNIEFF de type 1 concernent généralement des petites surfaces
et elles visent une ou plusieurs espèces. Les ZNIEFF de type 2 sont plus
étendues. Elles prennent en compte les fonctionnalités
écologiques de certains milieux à des échelles assez
larges (couloir de circulation de la faune, bassin versant...). Les ZNIEFF
n'ont aucune portée réglementaire mais elles intègrent
bien souvent des espèces qui elles sont protégées par la
législation.
* 55 Syndicat Mixte pour le
Réaménagement de la Plaine des Chères et de l'Azergues,
Contrat de Rivière Azergues, 2006.
* 56 Communauté de
communes de la Haute-Azergues, bulletin d'information, janvier 2007.
* 57 Entretien avec Pierre
Gadiolet, chargé de mission du Contrat de Rivière Azergues, mars
2007.
* 58 SCEAU (R.), 1995,
Lyon et ses campagnes : héritages historiques et mutations
contemporaines, Presse Universitaire de Lyon, 375 p.
* 59 Inter Beaujolais. (Page
consultée le 10 avril 2007). Beaujolais, données
d'économie 2006, [En ligne]. Adresse URL :
http://www.beaujolais.com
* 60 SCEAU (R.), 2005,
« De la polyculture à la viticulture » in Le Bois
d'Oingt et sa région, Actes des journées d'études 2005,
Union des Sociétés Historiques du Rhône, pp 143-151.
* 61 SCEAU (R.), ibid.
* 62 Inter Beaujolais,
ibid.
* 63 Direction
Générale des Services Départementaux du Rhône. (Page
consulté le 10 avril 2007). Politique départementale d'aide
au Beaujolais, [En ligne]. Adresse URL :
http://www.rhone.fr
* 64 Source des
données : Conseil Général du Rhône
* 65 DEPROST (M.), 2004,
Beaujolais, vendanges amères, Golias, 235 p.
* 66 Source des
données : Insee, RGP 1999.
* 67 Direction
Générale des Impôts - Ircom 2004
* 68 La DTA est un outils
d'aménagement du territoire à l'échelle d'une
région dominée par un grande agglomération. La DTA
planifie les orientations d'aménagement en veillant à un
équilibre entre perspectives de développement d'une part et
protection et mise en valeur des territoires d'autre part. La DTA fixe les
objectifs de l'Etat quant à la localisation des grandes infrastructures,
d'équipements et de protection des milieux naturels. La DTA est
élaborée par l'Etat en association avec les collectivités
locales, elle est approuvée par décret. La DTA s'impose aux
documents d'urbanisme (SCOT, PLU) qui doivent lui être compatibles.
(Source : Agence de l'eau RMC. - Guide technique n°8 : eau et
aménagement du territoire en RMC. - 2003).
* 69 Préfecture de
Région Rhône-Alpes. (Page consultée le 20 avril 2007).
Directive Territoriale d'Aménagement de l'aire métropolitaine
lyonnaise, [En ligne]. Adresse URL :
http://www.rhone.pref.gouv.fr
* 70 Source des
données : Comptages routiers, DDE du Rhône.
* 71 Association
« Oxygénons Lozanne ». (Page consultée le 2
mai 2007). Oxygénons Lozanne avec un vrai contournement, [En
ligne]. Adresse URL :
http://oxygenons.lozanne.free.fr
* 72 GEO SCOP, étude
pour la valorisation paysagère et touristique. Contrat de rivière
Azergues, 2006.
* 73 SCOT Beaujolais, Avant
projet de Projet d'Aménagement et Développement Durable, non
publié, 2006
* 74 Vingt deux entretiens
(onze auprès de riverains et dix auprès d'acteurs locaux) ont
été réalisés dans le bassin versant de l'Azergues
en septembre 2001. Le compte rendu de ces entretiens aurait été
utile à prendre en compte pour comparer nos résultats avec ceux
de Brun. Après contact avec Alexandre Brun, il était
matériellement compliqué d'accéder à ces
données.
* 75 Le détail des
analyses se trouve dans le chapitre 9, pp. 324-338. La thèse est
téléchargeable sur
http://pastel.paristech.org/554/
* 76 Chaque entretien a
été retranscrit sur une fiche individuelle dans les heures
suivant l'interview. Les discours n'ont pas été retranscrits
intégralement puisqu'il ne s'agissait pas de faire une analyse de
discours mais bien de repérer les perceptions et les arguments qui les
expliquent. Les fiches d'entretiens ne suivent pas la logique du discours mais
sont organisées par type d'argumentaire en fonction des objectifs de la
recherche. Deux exemples de fiches d'entretien sont présentés en
annexe 6 et 7.
* 77 Un exemplaire du
questionnaire est à l'annexe n°5
* 78 Source : campagnes
d'analyse du Conseil Général du Rhône
* 79 Source : campagnes
d'analyse du Conseil Général du Rhône et Contrat de
rivière Azergues
* 80 Source : Agence de
l'Eau RMC. NABE (Risque de Non Atteinte du Bon Etat)
* 81 Source :
Fédération de Pêche du Rhône, 2001, étude
piscicole et astacicole pour le Contrat de rivière Azergues
* 82 Abréviations.
Fédération
Départementale des Syndicats
d'Exploitants Agricoles,
Syndicat Mixte Eau
Potable Saône Turdine,
Communauté de Communes des
Pays du Bois d'Oingt,
Association Châtillon
Sécurité Environnement,
Syndicat Mixte pour le
Réaménagement de la Plaine des
Chères et de l'Azergues,
Qualité des Eaux dans le
Beaujolais Viticole
* 83 Campagnes d'analyses du
Conseil Général du Rhône de 2004.
* 84 Conseil
Général du Rhône, juillet 1999, Mieux connaître
les rivières du département du Rhône :
l'Azergues, dépliant, 1 p.
* 85 On pourrait même
oser un raisonnement absurde. La coloration de l'eau, en limitant
considérablement l'apport de lumière dans le milieu, serait
susceptible de limiter les phénomènes d'eutrophisation en
stoppant le processus de photosynthèse qui permet le
développement des végétaux aquatiques.
* 86 Dans le questionnaire
il était demandé aux personnes interrogées d'indiquer
trois éléments contribuant, selon eux, à dégrader
la qualité de l'eau de la rivière dans une liste qui en
comprenait dix. Pour le traitement de cette variable, seul les taux de
réponses supérieur à 10 % on été retenu.
* 87 Propos extrait de
discussions différentes avec deux pêcheurs dans la Basse-Azergues.
* 88 Entretien avec le
président de l'association.
* 89 Les brigades de
rivières font partie du dispositif « brigades
vertes » mis en place par le Conseil Général du
Rhône en 1992 pour entretenir les chemins de promenade dans le
département. Depuis 1997 le dispositif « brigades de
rivières » vient en complément des
« brigades vertes », et intervient
spécifiquement pour l'entretien des rivières (lit, berges et
zones humides). Ce dispositif à finalité `environnementale'
à une importante dimension sociale puisque les agents des brigades sont
des personnes en réinsertion professionnelle. Ce dispositif est
largement financé par le département (87 %) essentiellement sur
le budget « insertion ». L'Agence de l'Eau
subventionne à hauteur de 14 %. Les communes ou leurs groupements,
à qui bénéficient les travaux, ne participent qu'à
hauteur de 4 %. C'est une association (Rhône Insertion Environnement) qui
gère le dispositif pour le département depuis 2000.
Source : Conseil Général du Rhône. (Page
consultée le 04 juin 2007). Dispositif des brigades vertes
(rapport au Conseil Général dans le cadre de la dotation
financière 2007), [En ligne]. Adresse URL :
http://www.rhone.fr
* 90 Entretien avec un
élu de la Basse Azergues, avril 2007.
* 91 Fédération
de Pêche du Rhône, 2001, Etude piscicole et astacicole
pour le volet B du contrat de rivière Azergues
* 92 L'Ecrevisse à
pattes blanches est une espèce à forte valeur environnementale.
Elle est sous la protection de législations nationale, européenne
et mondiale.
* 93 Entretien avec un
technicien de la Fédération de Pêche du Rhône
* 94 Dans le
département du Rhône la Police de l'Eau est assurée par la
Direction Départementale de l'Agriculture et de la Forêt (DDAF)
pour le volet administratif et par les agents de l'Office National de l'Eau et
des Milieux Aquatiques (ONEMA), ex-Conseil Supérieur de la Pêche
(CSP), sur le terrain.
* 95 Entretien avec un agent
de la DDAF, service Police de l'Eau. La fiche de cet entretien est en annexe.
* 96 BRUN (A), op.
cit. pp. 329-330
* 97 Service Public
d'Assainissement Non Collectif.
* 98 Un élu
« multi-casquettes » de la Moyenne Azergues fait
même de ce thème une obligation en faisant référence
à l'ampleur médiatique qu'il a pris au début de la
campagne présidentielle de 2007 : « Nous devons faire
du développement durable ».
* 99 Pour ne citer qu'un
exemple, ce sujet fait l'objet d'une recherche par Caroline
LEININGER-FRÉZAL (thèse en cours de géographie sous la
direction de Isabelle LEFORT) L'éducation à l'environnement
et au développement durable : analyse de discours, de pratiques
et des stratégies d'acteurs, Université Lyon 2.
* 100 Les maires sont
responsables de la sécurité de leurs administrés
* 101 Toutes les
données et les citations utilisées avant cette note sont
extraites du Contrat de Rivière Azergues, et décrivent la
situation en 2003, c'est-à-dire lors de l'engagement du contrat.
* 102 Entretien avec
plusieurs élus, avril 2007
* 103 Entretien avec des
élus de la Basse Azergues, avril 2007
* 104 DUPORT (L.),
1991, « De l'aménagement intégré à la
gestion globale des rivières : Les contrats de rivière ont
10 ans », La houille Blanche, n° 7, pp. 549-552.
*
105 « Depuis la loi sur l'eau du 3 janvier 1992,
la loi paysage du 8 janvier 1993 et le plan risque de 1994, le contrat de
rivière intègre l'approche globale de la gestion de l'eau et des
milieux aquatiques à l'échelle d'un bassin
versant » (SALLES D., 2006, 99).
* 106 « C'est
un fait, depuis une quinzaine d'années la France est à la
traîne en ce qui concerne la mise en oeuvre de la
directive
européenne du 21 mai 1991 relative au traitement des eaux urbaines
résiduaires ». Source : Cartel Eau. (Page
consultée le 10 mai 2007). Communes : nouvelle circulaire sur
la mise en conformité de la collecte et du traitement des eaux
usées. [En ligne]. Adresse URL :
http://www.carteleau.org
* 107 Les articles 3 et 5 de
la directive ERU prévoyaient des échéances
échelonnées ;
- au 31 décembre 1998 pour les
agglomérations dont les EH sont supérieurs à 10 000
et qui rejettent leurs eaux résiduaires dans un milieu récepteur
considéré comme "zone sensible" ;
- au 31 décembre 2000 pour les agglomérations dont
les EH sont supérieurs à 15 000 et ;
- au 31 décembre
2005 pour les agglomérations dont les EH sont compris entre 2 000 et
15 000.
Les agglomérations ne correspondent pas à la
définition « géographique » commune mais sont
définies comme des « Zones dans lesquelles la population
ou les activités économiques sont suffisamment concentrées
pour qu'il soit possible de collecter les eaux pour les acheminer vers un
système d'épuration unique » (Décret du 3
juin 1994 relatif à la collecte et au traitement des eaux
usées)
* 108 Cartel Eau, ibid.
* 109 DIREN
Rhône-Alpes. (Page consultée le 10 mai 2007). Contentieux
Directive ERU pour les échéances 1998 et 2000 - Situation en
Rhône-Alpes, [En ligne]. Adresse URL :
http://www.rhone-alpes.ecologie.gouv.fr
* 110 EH : Equivalent
Habitant. Unité de mesure permettant d'évaluer la capacité
d'une station d'épuration. Cette unité de mesure se base sur la
quantité de pollution émise par personne et par jour. La
directive européenne ERU du 21 mai 1991 définit
l'équivalent-habitant comme la charge organique biodégradable
ayant une demande biochimique d'oxygène en cinq jours (DBO5) de 60
grammes d'oxygène par jour. 1 EH = 60 g de DBO5/jour soit 21,6 kg de
DBO5/an. (Source :
http://www.actu-environnement.com
)
* 111 Les Zones
sensibles ont été délimitées par
arrêtés dans le cadre de la directive ERU. Elles identifient des
espaces sensibles à l'eutrophisation des cours d'eau. Les délais
de mises aux normes, dans ces espaces, sont plus stricts et les systèmes
de traitements doivent mieux éliminés le phosphore,
élément responsable de l'eutrophisation.
* 112 Comité de
bassin Rhône Méditerranée, 2005, Etat des lieux bassin
du Rhône et des cours d'eau côtiers
méditerranéens : Caractérisation du district et
registre des zones protégées, p 187.
* 113 TREYER (S.), 2006,
« L'eau et les milieux aquatiques : enjeux de
société et défis pour la recherche. Un exercice de
prospective. Compte rendu d'une recherche », Nature Sciences
Sociétés, n° 14, pp. 91-93.
* 114 SEBILLOTE (M.),
HOLFLACK (P.), LECLERC (L.A.), SEBILLOTTE (C.), 2003, Prospective: L'eau et
les milieux aquatiques. Enjeux de société et défis pour la
recherche, Paris, INRA éditions / Anthony, Cemagref
éditions.
* 115 Comité de bassin
RMC, 2005, ibid. p. 181.
*
116 « Cette notion est apparue en 1990 aux
Assises nationales de l'eau (Protection des milieux naturels aquatiques,
Ministère de l'environnement, 1990); elle a été reprise
par le groupe de travail "Protection et gestion des plaines alluviales" de
l'Agence de l'Eau Rhône-Méditerranée-Corse
(1996) ». Source : Comité Nationale Français
des Sciences Hydrologiques (Page consultée le 15 mai 2007).
Dictionnaire français d'hydrologie, [En ligne]. Adresse
URL :
http://www.cig.ensmp.fr
* 117 Comité de
bassin Rhône Méditerranée. (Page consultée le 15 mai
2007). Préparation de l'avant projet de SDAGE, [En ligne].
Adresse URL :
http://www.rhone-mediterranee.eaufrance.fr
* 118 PIEGAY (H.), LE LAY
(Y.F.), 2007, « Le bois mort dans les paysages fluviaux
français : éléments pour une gestion
renouvelée », L'espace géographique, n°1, pp.
51-64.
* 119 Comité de
bassin Rhône Méditerranée, mars 2005, Etat des lieux
bassin du Rhône et des cours d'eau côtiers
méditerranéens : Caractérisation du district et
registre des zones protégées, 330 p.
* 120 Tableau de bord Contrat
de Rivière, 2007.
* 121 GADIOLET (P.), 2000,
étude des biefs et des droits d'eau, Communauté de
communes des Pays du Bois d'Oingt, Contrat de Rivière Azergues, Contrat
de rivière, 24 p.
* 122 BERGERON (A.), 1989,
Lamure-sur-Azergues au fil du temps
* 123 C'est le cas de l'eau
d'un bief utilisée dans le process industriel de la teinturerie des
établissements Mathelin. C'est la seule prise d'eau à usage
industriel sur tout le bassin versant. Une prise d'eau sur le Soanan alimente
une microcentrale électrique à usage domestique ainsi qu'un
moulin à céréales travaillant pour de petites demandes.
Dans la haute et la moyenne vallée les biefs traversant des
pâturages servent à l'abreuvage du bétail. Dans la Basse
Azergues l'eau du Béal et du bief d'Ambérieux servent
ponctuellement à l'arrosage des plantations maraîchères et
horticoles. Ces ponctions tendent à disparaître au profit de
captages d'eaux souterraines. Source : GADIOLET (P.), ibid.
* 124 DCE, annexe V,
1.2.1
* 125 La figure 23 illustre
cette pratique ancienne
* 126 Entretien avec Pierre
Gadiolet, janvier 2007.
* 127 FAURE (J.P.),
(Fédération de Pêche du Rhône), La gestion
durable et raisonnée des ressources piscicoles, conférence
donnée à la Maison Rhodanienne de l'Environnement le 15 novembre
2006.
* 128 Source :
SOGREAH, 2001, étude morphodynamique de l'Azergues pour le
volet B du contrat de rivière Azergues.
* 129 BRUN (A.), p 207,
op. cit.
* 130 Entretien avec un
éleveur de la Haute-Azergues. Le compte rendu d'entretien est en annexe.
* 131 Aubertot (J.N).,
Barbier (J.M), Carpentier (A), Gril (J.J), Guichard (L) , Lucas (P), Savary
(S), Savini (I), Voltz (M), (éditeurs), 2005, Pesticides,
agriculture et environnement. Réduire l'utilisation des pesticides et
limiter leurs impacts environnementaux, Expertise scientifique
collective, synthèse du rapport, INRA et Cemagref (France), 64 p.
(Document consulté et téléchargeable sur le site Internet
de l'INRA :
http://www.inra.fr )
* 132 Cette substance entre
dans la composition de nombreux herbicides utilisés en viticulture mais
aussi pour des usages non agricoles (jardins, voiries, etc.)
* 133 Chambre
d'Agriculture du Rhône, mars 2005, Caractérisation et suivi de
la qualité des eaux en Beaujolais viticole, année 2.
* 134 Syndicat Mixte
pour le Réaménagement de la Plaine des Chères et de
l'Azergues, 2006, Contrat de Rivière Azergues.
* 135 Racault (Y.),
Stricker (A.E.), Vedrenne (J.), 2002, « Les effluents vinicoles :
problématique du traitement et premier bilan sur la conception et le
fonctionnement des procédés
biologiques », Ingénieries,
N°32, pp. 13-26.
* 136 Dans un article
de novembre 2003, l'association écologiste Robin des Bois
écrivait : « dans le Beaujolais, on produit plus
d'eau polluée que de vin » et « les
rivières qui traversent le vignoble sont sinistrés par les
pesticides ». La très forte concentration d'arsenic dans
les sédiments de l'Azergues est également attribuée
à l'utilisation de l'arsénite de soude comme fongicide dans la
viticulture.
* 137 ISARA Lyon,
travail de fin d'étude, 2004, Les pratiques phytosanitaires dans le
Beaujolais viticole.
* 138 Arrêté
du 12 septembre 2006 relatif à la mise sur le marché et à
l'utilisation des produits visés à l'article L.253-1 du code
rural.
* 139 Circulaire
DGFAR/SDEA/C2006-5047/DE/SDMAGE/BPREA/ 2006, définissant les conditions
de mise en oeuvre du Plan Végétal pour l'Environnent.
* 140 Discussion avec un
viticulteur à Bagnols, avril 2007.
* 141 Classification
paysagère du Beaujolais viticole, DIREN Rhône-Alpes, Cartes, (Page
consulté le 02 mai 2007) [En ligne]. Adresse URL :
http://www.rhone-alpes.ecologie.gouv.fr
* 142 MIQEL Gérard.
(Page consultée le 10 mai 2007). La qualité de l'eau et de
l'assainissement en France (Rapport de l'Office Parlementaire d'Evaluation
des Choix Scientifiques et Techniques, 2003), [En ligne].
Adresse URL :
http://www.senat.fr
* 143 En
référence au titre de l'ouvrage de Catherine et Raphaël
LARRERE, op. cit.
* 144 Les acteurs locaux ont
presque toujours fait référence au
« développement durable » en précisant que
c'était aujourd'hui une démarche nécessaire.