3. Hypothèses et
méthodologie générale
Les deux hypothèses de travail sont les
suivantes :
1/
Malgré l'existence de méthodes scientifiques et de techniques qui
permettent de définir objectivement la qualité de l'eau des
rivières et donc la « bonne qualité », les
acteurs ont des perceptions divergentes qui s'écartent plus ou moins
fortement de la « qualité objective ».
2/ Ces divergences sont liées à des
représentations différentes de ce qui fait la « bonne
qualité » de l'eau des rivières. Ces divergences sont
verticales (entre les acteurs de bassin et les acteurs locaux) et horizontales
(entre les acteurs locaux). Elles peuvent être des obstacles pour
parvenir à la « bonne qualité » de l'eau
telle qu'elle est formulée par la DCE.
Pour rendre compte de ces divergences un constant aller-retour
est réalisé entre, d'une part, les définitions objectives
de la bonne qualité de l'eau et les perceptions subjectives qu'en ont
les différents acteurs, et d'autre part, entre les
représentations de la bonne qualité induites par la DCE et les
représentations des acteurs locaux.
La méthodologie générale adoptée
se compose de deux grandes phases.
La première a consisté à connaître
le terrain d'étude. Le bassin versant de l'Azergues a été
approché en fonction d'une de ses spécificités: sa
proximité avec l'agglomération lyonnaise. Les dynamiques
démographiques, urbaines et agricoles ont été
privilégiées pour caractériser le phénomène
de périurbanisation.
Pour ce travail j'ai d'abord fait l'acquisition des cinq
cartes topographiques au 1/25 000ème de l'IGN pour couvrir l'ensemble du
bassin versant. L'analyse globale de l'espace, à partir de croquis
d'interprétation, m'a permis de décomposer le bassin versant en
trois zones. Ce découpage spatial sur des critères naturels
(formes du relief, géologie, agencement du réseau hydrographique,
couverture végétale) et humains (zones et taille de peuplement,
activités agricoles et économiques, réseaux de
communications) s'est doublé d'une approche statistique. Le traitement
de données brutes issues du recensement général de la
population et du recensement général agricole a confirmé
la pertinence de ce découpage spatial. Plusieurs randonnées dans
chacun des trois secteurs m'ont permis de mieux saisir les contrastes du
territoire du bassin versant de l'Azergues. Enfin j'ai rencontré
dès le début de mon travail (janvier) le chargé de mission
du contrat de rivière Azergues.
Parallèlement à la caractérisation
socio-spatiale du bassin versant, j'ai rassemblé des données
techniques sur la qualité de l'eau de l'Azergues pour définir son
état et son évolution. Les sources disponibles ne m'ont pas
permis de connaître l'évolution de la qualité de l'eau de
l'ensemble de l'Azergues sur plusieurs décennies. Seul un point de
mesure du Réseau National de Bassin, situé dans la partie aval de
l'Azergues, permet de retracer une évolution de la qualité depuis
1987. Les sources les plus utilisées furent les données issues
des trois campagnes de surveillance de la qualité de l'eau de l'Azergues
(1994, 1999, 2004) commandées par le Conseil Général du
Rhône dans le cadre de sa politique de surveillance de la qualité
des cours d'eau du département. Ces études
générales ont été complétées par
d'autres études thématiques (suivi de la pollution par les
pesticides des rivières du Beaujolais viticoles, plusieurs études
dans le cadre des différents volets du contrat de rivières
(étude morphodynamique, étude paysagère de la
vallée, étude piscicole et astacicole)). Des données du
SDAGE 1996 et de l'Agence de l'Eau RMC dans le cadre de l'état des lieux
pour la DCE ont aussi été utilisées.
La deuxième phase concernait les enquêtes de
terrain ainsi que leur analyse.
Le recours aux enquêtes de terrains permet de recueillir
la perception de la qualité de l'eau des différents acteurs et
aussi leurs représentations quant à ce qui fait la
« bonne qualité d'une rivière ».
Dans un premier temps seize entretiens semi directifs ont
été réalisés auprès de différents
acteurs concernés par la gestion de l'eau (élus, agriculteurs,
techniciens). Les résultats des entretiens ont permis la
réalisation d'un questionnaire destiné aux simples usagers de la
rivière (essentiellement des promeneurs et des pêcheurs)
interrogés au « fil de l'eau » dans les trois
secteurs du bassin versant. La passation des questionnaires s'est parfois
accompagnée de discussions plus ou moins longues. Les entretiens, pris
sur rendez vous, m'ont également permis de connaître les
politiques de protection de la ressource engagées sur le bassin versant.
L'analyse des enquêtes visait à confronter les
discours des différents acteurs sur la qualité de l'eau de
l'Azergues.
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