1.2. Le robot ou l'homme
artificiel, les créatures virtuelles :
Le thème des créatures artificielles construites
par l'homme à son image est porté par un ensemble de
récits, empruntant aussi bien au langage de la littérature, de la
religion ou de l'art, qu'à celui des sciences et des techniques.
Sur douze mille ans, une douzaine de grands textes, Pygmalion, le
Golem, les automates de Jacques Vaucanson, la créature du Dr
Frankenstein, les robots de science-fiction ou l'ordinateur incarne la
modernité à partir de la magie, la mécanique,
l'automatique, l'informatique, la biologie. La deuxième moitié du
XX ème siècle est littéralement peuplée
de créatures artificielles issues des sciences de l'informatique et de
l'intelligence artificielle. Au centre du dispositif, le cerveau
électronique.
Passons brièvement en revue :
- Les créatures virtuelles : le mathématicien John
Von Neumann décrit en juin 1945 l'architecture logique d'une nouvelle
machine, l'Edvac, base de l'ordinateur moderne, tandis que l'américain
Norbert Wiener (1894-1964) invente "la cybernétique", matrice de
l'intelligence artificielle, et l'anglais Alan Turing (1912-1954) recherche le
mécanisme de la pensée et les ressorts de la vie ;
- L'ordinateur et le cerveau artificiel ;
- Les animaux synthétiques ;
- Les robots de science-fiction ;
- L'inscription dans une tradition ancienne : la
cybernétique créée par Norbert Wiener entre 1942 et 1948
unit l'ordinateur, les animaux artificiels et les robots de science-fiction.
Von Neumann montre que l'ordinateur moderne est le produit d'un
système de représentation du monde et des valeurs qui en
découlent. Il dénote l'obsession de comprendre le fonctionnement
du cerveau humain, d'en faire une cartographie, au travers de la
description/création de l'architecture logique de la nouvelle machine.
Les trois parties essentielles de la machine comparées aux neurones
associatifs du cerveau humain, sont l'unité de calcul, l'unité de
contrôle logique et la mémoire (véritable siège du
raisonnement). Cette dernière est vaste et conçue comme un organe
englobant les données calculées ainsi que les programmes servant
au calcul et à l'organisation interne de la machine.
L'ordinateur va penser, il s'agit d'une question de temps. Le
corps dans sa dimension biologique est évacué. L'humanité
peut se déplacer dans un autre support, et l'électronique, dont
les composants sont un peu l'argile des temps modernes, est la candidate
idéale au XX ème siècle pour la recevoir...
Et petit à petit, avec les développements des
réseaux avec ou sans fil et le culte qui leur est voué, les
robots deviennent, au moins dans notre imaginaire et donc dans notre futur et
notre culture, non seulement les personnages indispensables que l'on peut
commander à distance et qui seront les plus fidèles des
serviteurs, mais également des créatures réellement
douées des possibilités humaines qui leur ont été
transférées, et dont nous croyons qu'elles finiront par penser,
même si elles n'atteignent pas forcément les mêmes modes de
raisonnement que l'humain.
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