Chapitre
8 : RECOMMANDATIONS
Nos recommandations concerneront la Gestion Actif/Passif et
le séjour du stagiaire au sein de la BOAD.
8.1/- La Gestion Actif/Passif
Pour parfaire la Gestion Actif/Passif de la BOAD, il serait
souhaitable :
- d'accroître l'effectif de la DGR car
nous trouvons que l'ALM repose sur deux (2) personnes uniquement. Leur absence
simultanée, surtout si elle est imprévue, pourrait paralyser
cette division.
- d'améliorer le système
d'informations pour disposer en temps réel des informations
nécessaires aux simulations : courbe des taux, cours de change,
alimentation de APS, ordinateurs lents.
- d'améliorer l'outil de simulation de
sorte à fournir des résultats comme l'incidence des risques
financiers sur la valeur patrimoniale de la Banque, la position ouverte par
devise, la devise où la Banque est la plus exposée et sa
volatilité.
- d'accélérer le projet de mise en
oeuvre d'une comptabilité de gestion et d'un contrôle de
gestion débouchant sur l'éclatement notionnel de la
Banque en centres de responsabilités. Ceci favoriserait la prise en
compte des taux de cessions internes dans la tarification, l'allocation des
fonds propres aux différents centres de responsabilité et la
mesure de leurs performances.
- de réétudier l'idée d'un
transfert du risque de change aux clients par indexation des prêts sur le
panier des devises d'emprunt de la Banque. Nous estimons que ces
clients sont moins aptes à gérer efficacement ce risque que la
BOAD qui détient, vis-à-vis desdits clients, un avantage
comparatif en terme de compétences humaines, de ressources
financières et matérielles. En appliquant une telle mesure, la
BOAD court le risque de fragiliser ces opérateurs économiques et
d'hypothéquer le remboursement des prêts qu'elle leur a consenti.
Avec des opérateurs économiques fragilisés, c'est
l'économie de la zone UEMOA dans son ensemble qui en pâtira.
Par ailleurs, le fait d'envisager des swaps de devises pour
convertir en Euro la dette de la Banque libellée dans d'autres devises
ramenant ainsi le panier des monnaies à deux seulement, le franc CFA et
l'Euro, n'est pas exempte de risque. En effet, désormais la Banque
empruntera en Euro et prêtera en franc CFA ce qui donne une illusion de
bonne couverture du risque de change pour autant qu'il y ait un adossement
parfait en taux d'intérêt et en maturités. En effet un
changement adverse de parité entre le franc CFA et l'Euro ou un
décrochage du premier par rapport au dernier cité est source de
pertes de change éventuelles. La crise argentine de la première
moitié des années 90 a révélé cette illusion
qui poussait les banques à croire que leur position de change
était nulle car elles empruntaient en USD et prêtaient
également en USD. Mais la faiblesse du peso face au dollar
américain a fini par fragiliser les clients qui n'arrivaient plus
à rembourser leurs emprunts libellés en dollar. C'est donc une
illusion de couverture du risque de change car ce dernier se dissimule
derrière un risque de contrepartie en USD.
En outre, le client qui sait qu'il supporte contre son
gré un risque de change, pourrait se tourner vers d'autres sources
alternatives de financement s'il sent que la solution de la BOAD lui revient
plus cher. Il y a donc là un risque commercial de perte de part de
marché. Au total, un effet de boomerang est à craindre avec
l'entrée en vigueur futur du transfert du risque de change aux
clients.
- de mettre en place un comité de
réflexion pour la mise en oeuvre de la mesure de valeur du risque de
taux d'intérêt et de faire des propositions à la haute
direction de la Banque. Dans un premier temps, ce comité
pourrait étudier les conditions d'établissement du bilan en
valeur de marché et de proposer une méthode de calcul des VAN,
duration et convexité pour que la mesure du risque soit plus
précise.
- de réévaluer la pertinence des seuils
d'intervention pour la couverture des risques de taux d'intérêt et
de change. Nous avons constaté qu'ils n'ont jamais
été atteints voire dépassés depuis qu'ils ont
été fixés. Est-ce le signe d'une bonne gestion ou d'une
mauvaise évaluation de ces seuils? En réponse aux questions que
nous avons posées autour de nous sur le sujet, leur calcul daterait du
début des années 80. Si tel est vraiment le cas, leur pertinence
à ce jour est alors sujette à caution. L'avantage de leur
réévaluation est de contribuer à une saine
appréciation de l'exposition de la Banque aux risques. En outre, les
taux clients incluant une prime de risque, des seuils d'intervention
élevés signifient un renchérissement des taux client ce
qui entame la compétitivité des prix de la Banque et fait courir
un risque de perte de part de marché.
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