La gestion des risques de taux d'intérêt et de change par l'approche ALM: Le cas de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD)par Arouna Soro CESAG - Master en Banque et Finance 2006 |
Chapitre 3 :
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Actif |
Passif |
Existence du risque de taux |
Exposition |
Taux fixe |
Taux fixe |
Si actif et passif sont de durées différentes |
Gap de durée |
Taux fixe |
Taux variable |
Oui |
Totalité des encours |
Taux variable (*) |
Taux fixe |
Oui |
Totalité des encours |
Taux variable |
Taux variable |
Si actif et passif sont de durées différentes |
Gap de durée |
(*) En considérant à taux variable les placements à court terme à renouveler fréquemment au cours d'une année.
Selon ce tableau, dans le cas d'actifs à taux fixes (variables) adossés à des passifs à taux variables (fixes), l'exposition au risque de taux est certaine et porte sur la totalité des encours concernés. Alors que dans le cas où l'on a des actifs à taux fixes (variables) adossés à des passifs à taux fixes (variables), l'exposition au risque n'existe que si les durées respectives des actifs et passifs mis en cause sont différentes, sinon, elle est nulle. Il s'agit là de cas de gaps de durée. En somme, le risque de taux n'est manifeste que lorsque des actifs d'une durée et d'un taux déterminés seraient adossés à des passifs d'une durée et/ou d'un type de taux différents.
- le risque lié à la courbe des taux d'intérêt tant au niveau de sa pente que de sa forme : toute modification de la courbe des taux à toujours une incidence, positive ou négative, sur les résultats ou la valeur des instruments financiers de la banque. Les variations négatives de la gamme des taux traduisent le risque lié à la courbe des taux. Trois (3) facteurs peuvent être en théorie à l'origine de telles modifications : les anticipations du marché sur les taux futurs, la préférence des agents économiques pour la liquidité ou théorie de la prime de risque et enfin les tranches de maturité des actifs, encore appelés segments ou habitat préférés, dans lesquels ces agents désirent investir63(*).
- le risque de base ou basis risk encore appelé risque de spread : il est manifeste lorsque la banque a recourt à des indices de taux ou courbes de rendement non identiques pour évaluer ses actifs et ses passifs. Il traduit un décalage qui peut exister dans l'adossement d'emplois et de ressources à taux variables indexés sur des taux de marché différents (Euribor 3 mois contre Libor 3 mois) ou sur le même taux, mais avec une date de repricing différente (Euribor 3mois contre Euribor 6 mois)64(*). Les évolutions adverses de ces indices et par conséquent l'écart défavorable qui se creuse entre eux impacte négativement sur le profit et les valeurs de marché de la banque.
- le risque optionnel : l'exercice de certaines options « cachées » ou « implicites » du fait des clients modifie le profil des encours affectant ainsi l'assiette de risque de la banque de même que son exposition. Il peut s'agir d'options sur produits dérivés comme, par exemple, l'achat ou la vente d'un put ou d'un call ; d'options sur les divers types d'obligations comme les obligations convertibles ; de remboursements anticipés ou encore de transferts des dépôts à vue vers d'autres types de placements plus rémunérateurs. Dans le cas particulier des remboursements anticipés, ils se présentent sous deux (2) formes. Il y a d'abord les remboursements anticipés « taux » qui sont dits marchands parce qu'ils sont faits par les clients pour récolter un profit dans un contexte de taux baissiers. Ensuite il y a les remboursements anticipés statiques, dits non marchands. Ces derniers naissent des accidents de la vie tels que le chômage ou le divorce. Ils ne sont donc pas réalisés dans un souci d'arbitrage financier65(*).
Les sources du risque de taux étant précisées, intéressons nous à l'objet des mesures de ce risque.
* 62 Hennie van Greuning et Sonja Brajovic Bratanovic, op. cité, p.250
* 63 Jean-Pierre Patat , op. cité, p.463
* 64 Banque de France, Revue de la Stabilité Financière, N°6, Juin 2005, p. 89
* 65 Michel Dubernet, op. cité, p. 76