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Approche pour une valorisation culturelle du patrimoine audiovisuel au Bénin: les archives audiovisuelles des chaà®nes nationales publiques

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par Godefroy Macaire CHABI
Université Senghor d'Alexandrie en Egypte - DEA 2005
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE INTERNATIONALE DE LANGUE FRANCAISE AU SERVICE DU DEVELOPPEMENT AFRICAIN A ALEXANDRIE D'EGYPTE

MEMOIRE DE FIN D'ETUDES PROFESSIONNELLES APPROFONDIES

Promotion 2003-2005

Présenté et soutenu le 25 avril 2005 par : Godefroy Macaire CHABI

Jury : Jean Yves MARIN Vincent NEGRI Caroline GAULTIER

EPIGRAPHE

« S'il y a une raison de forme, de contenu ou d'association extérieure pour que la perte d'un document particulier soit regrettée dans le futur, la question de sa conservation doit être posée »

Principe de perte, Ernest Lindgren

Ce travail fruit de plusieurs mois de réflexion est dédié :

¾ A Dieu le Père pour m'avoir gardé et inspiré pendant tout le processus de rédaction. Eternel est son nom !

¾ A vous, Béatrice et André, qui m'avez donné la vie et permis d'être à la hauteur de mes ambitions. Tenez ceci comme le symbole de ma redevabilité envers vous.

¾ A toi que je porte si tant dans mon coeur

¾ A vous, mes soeurs et frères pour votre soutien inlassable et appréciable

Mes remerciements vont à l'endroit de :

. La Directrice du Département Gestion du Patrimoine Culturel de l'Université Senghor, Mme Caroline Kurhan-Gaultier pour ses compétences à notre service, son dynamisme et le soin mis à assurer à la promotion une formation de qualité.

.L'ensemble des Professeurs qui sont intervenus au Département Gestion du Patrimoine Culturel au titre de la promotion 2003-2005 .L'ex Recteur de l'Université Senghor, M. Fred Constant pour les multiples actions

entreprises au bénéfice de toute la promotion avant son départ de l'Université .Professeur Fernand Texier, Recteur de l'Université Senghor d'Alexandrie .L'ensemble du personnel administratif et d'exécution de l'Université Senghor

d'Alexandrie pour sa disponibilité constante et son volontarisme à nos côtés. .Mme Rania Adel, Secrétaire du Département Gestion du Patrimoine Culturel .Jeanne Azer, Assistante du Recteur de l'Université SENGHOR .L'ensemble des Directeurs de département de l'Université Senghor .Monsieur Emmanuel Hoog, Président- Directeur Général de l'Institut National de

l'Audiovisuel, INA, pour avoir autorisé et assuré notre stage de mise en situation professionnelle au sein de son institution

.Mon encadreur de stage M. Patrick Montigon, Directeur Adjoint de la formation à l'INA pour l'excellence de ses contacts à mon profit pendant toute la durée de mon stage..L'équipe de la FIAT (Fédération Internationale des Archives de télévision) représentée

à l'INA : Dominique Saintville et Violaine Fenestre, Grégoire Cairole Brihaye .Toute l'équipe de la Direction des Archives de l'INA, notamment Anne Lefort, Maic Chomel, .Sophie Bachmann, Responsable du secteur éducatif et culturel ; Sylvie Richard, Responsable Manifestation et partenariat à l'INA .Catherine Sournin, Responsable Documentation- Archives à RFI

. L'ensemble des journalistes de la Rédaction Afrique de RFI, notamment Vincent Garrigues, Dalila Berritane, Helena Naah pour leur disponibilité à mon égard lors du stage complémentaire à RFI

. Tous ceux qui de près ou de loin ont contribué au succès de notre mémoire par des conseils et suggestions de toutes natures.

. L'ensemble du personnel de l'Office de Radiodiffusion et télévision du Bénin (ORTB)

. Fidèle Ayikoué et Julien Akpaki, respectivement Directeur Général et Secrétaire Général de l'ORTB

. Ephrem Quenum, journaliste-Producteur de magazines radio pour la qualité des informations fournies lors de l'enquête

. Janvier Ballè pour son remarquable et indéfectible soutien tout au long de ce parcours

. L'ensemble de la 9ème promotion de l'Université Senghor, notamment mes collègues du Département Gestion du Patrimoine Culturel

. La petite famille béninoise de la 9ème promotion de l'Université Senghor d'Alexandrie AMIA: Association des archivistes des images en mouvements BBC: British Broadcasting Corporation BETA SP : Betacam Superior Professional BVU : Broadcast Video U-Matic BVU : Broadcast Video U-Matic CD: Compact Disc CD ROM : Compact Disc Read Only Memory CIA: Conseil International des Archives DAT : Digital Audio Tape DLT: Digital Linear Tape DV CAM: Disc Video Camera DVD: Digital Versatile Video EPIC : Etablissement Public à caractère Industriel FIAF : Fédération Internationale des Archives du film FIAT : Fédération Internationale des Archives de Télévision HAAC : Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication IASA : Association Internationale des Archives audiovisuelles et sonores INA : Institut National de l'Audiovisuel ISO: International Organization for standardization MBC : Mauritius Broadcasting Corporation ORTB : Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin ORTF : Office de Radio et Télévision de France PRESTOSPACE: Preservation towards Storage and acess. Standardised Practices for Audiovisual Contents in Europe PSN : Plan de sauvegarde et de numérisation RAI : Chaîne publique italienne de radio et de télévision RFI : Radio France Internationale SCAM : Société Civile des Auteurs Multimédias SEAPAVAA : Association des Archives Audiovisuelles pour l'Asie du Sud-Est Pacifique SFP : Société Française de Production SMPTE: Society of Motion Picture and Television Engineers SNC : Sauvegarde, Numérisation, Communication SORAFOM: Société de Radiodiffusion de la France d'Outre Mer SDEC : Service de Développement Educatif et Culturel TDF : Télédiffusion de France TF1 : Télévision France 1 UER: Union Européenne de Radio Télévision UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest africaine UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture VHS: Video Home System Patrimoine audiovisuel : patrimoine destiné à être vu et entendu qui consiste en une série d'images apparentées et de sons les accompagnant ou indépendants

Conservation : ensemble des opérations nécessaires pour assurer l'accessibilité permanente pour une perte de qualité minimale du contenu visuel ou sonore ou d'autres attributs essentiels d'une oeuvre. Elle couvre des aspects comme le contrôle des retours, l'inspection, la protection, la réparation, la restauration, la copie, la surveillance, les systèmes de gestion des fonds et les environnements et méthodes de stockage.

Collecte : processus de sélection et d'acquisition des matériels.

Supports individuels : toute unité physique distincte (bobine de bande magnétique, bobine de film, cassette etc.) Plusieurs supports individuels forment une oeuvre

Fonds : ensemble de documents de toute nature produits ou reçus par une personne physique ou morale dans l'exercice de ses activités.

Thématisation : Constitution de corpus de documents (sonores ou audiovisuels pour le cas qui nous concerne) afin de les réunir dans un catalogue thématique. Elle peut être simplement définie comme le regroupement par thèmes.

Sauvegarde : opération de copie d'un document original vers d'autres supports afin de garantir la pérennité de l'oeuvre.

Préservation : elle représente comme la conservation une manière de limiter les atteintes aux documents en les isolant de toutes sortes agressions externes.

Inamédia : Interface de visionnage des images par les clients agréés de l'Institut National de l'Audiovisuel en vue de leur commande ultérieure.

Photos

Photo 1 : Des boîtes de bandes magnétiques audio stockées à l'ancienne maison de la radio.....................................................................................................................................25

Photo 2 : Les conditions de stockage de bandes audio à l'ancienne Maison de la radio.....................................................................................................................................25

Photo 3 : Les bureaux servent de lieux de stockage de supports télévisuels à défaut d'espace................................................................................................................................26

Photo 4 : Des rayons de bandes visuelles à la vidéothèque de la télévision nationale du Bénin : un mélange des différents types de supports.....................................................................................................26

Photo 5 : Etat délabré de conservation des fiches d'émissions.................................................................28

Photo 6 : Archivage désinvolte des fiches documentaires manuelles à l'ancienne Maison de la Radio....................................................................................................................................28

Tableau

Tableau 1 : Etat des archives dans les chaînes nationales publiques au Bénin.........................................16 Tableau 2 : Fonds d'archivage professionnel et Dépôt légal en 2003........................................................47 Tableau 3 : Bilan de sauvegarde numérique à l'INA..................................................................................49 Tableau 4 : Evaluation du nombre annuel de nouveautés : publications, produits sonores, vidéos

interactifs à l'INA............................................................................................................................................55 Tableau 5 : Diffusion des archives dans les réseaux culturels et éducatifs.............................................55 Tableau 6 : Conditions de température et d'hygrométrie pour la conservation des supports

audiovisuels.................................................................................................................................................64

Tableau 7 : Critères de sauvegarde des archives audiovisuelles au Bénin.........................................70 Tableau 8 : Type de supports de sauvegarde selon les médias.......................................................74

Figure

Figure 1 : Offres culturelles aux publics.......................................................................................................81

Figure 2 : La politique des publics dans la valorisation culturelle des archives............................................84

Figure 3 : Diagramme des relations entre le futur Centre Culturel Audiovisuel et les autres structures........................................................................................................................................................90 Figure 4 : Carte de la République du Bénin décrivant les liens géographiques avec ses voisins............................................................................................................................................................94

Annexe I : Termes de référence : Sélection d'un cabinet en vue de l'étude relative à la mise en place d'un

système d'archivage audiovisuel au Bénin.....................................................................................i Annexe II : Tableau comparatif : archives audiovisuelles, archives générales, bibliothèques et musées..................................................................................................................................vi

Annexe III : Evolution des techniques et obsolescence des supports audiovisuels................................vii

Annexe IV : Fédérations, associations, ONG et autres organismes d'archivage audiovisuel.............................................................................................................................. ix Annexe V : Recommandation pour la sauvegarde et la conservation des images en mouvement.............xi Annexe VI : Appel de Paris pour la sauvegarde du patrimoine audiovisuel...........................................xx Annexe VII : Questionnaire d'enquête indirecte..............................................................................xxii

DEDICACES ................................................................................................................................IREMERCIEMENTS .................................................................................................................II LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS....................................................................... IV GLOSSAIRE.............................................................................................................................. VI LISTE DES PHOTOS, TABLEAUX ET FIGURES ............................................................VII LISTE DES ANNEXES .......................................................................................................... IX TABLE DES MATIERES.........................................................................................................X AVANT PROPOS...................................................................................................................XIV INTRODUCTIONGENERALE..............................................................................................1

Problématique ...........................................................................................................................3Hypothèses de travail ................................................................................................................5Objectifs....................................................................................................................................6Justification du choix du sujet...................................................................................................6Méthodologie de travail .............................................................................................................8Difficultés rencontrées et opportunités......................................................................................9

PREMIERE PARTIE : LE BENIN FACE A LA CONSERVATION ET LA VALORISATION CULTURELLE DES ARCHIVES DE RADIO ET DE TELEVISION........................................................................................10

CHAPITRE I-LES ARCHIVES DANS LES MEDIAS DE MASSE...................................................12

I-LES ARCHIVES DE RADIOS PUBLIQUES: 50 ANS D'ARCHIVES RADIOPHONIQUES.............................................12 1-Débuts et évolution de la radio ....................................................................................122-L'histoire des supports .................................................................................................133- Contenu des supports....................................................................................................14

II-LES FONDS DE TELEVISION PUBLIQUE: UN QUART DE SIECLE D'HISTOIRE DE LA TELEVISION ...........................14 1- Le phénomène télévision au Bénin ..............................................................................142- Histoire des supports visuels.......................................................................................153- Contenu des supports....................................................................................................154-Les archives dans les médias audiovisuels privés : une histoire récente .............165- Regard sur les archives du cinéma .............................................................................17

CHAPITRE II LA PROBLEMATIQUE DES ARCHIVES EN DEHORS DES MEDIAS: ETAT DE LA QUESTION AU NIVEAU INSTITUTIONNEL ..................................................................................19

I-LA HAUTE AUTORITE DE L'AUDIOVISUEL ET DE LA COMMUNICATION (HAAC) DANS LA PROBLEMATIQUE DE

L'ARCHIVAGE ......................................................................................................................................19 1- Les problèmes identifiés................................................................................................192- Les types d'émissions enregistrées et archivées.......................................................20

II-LES ARCHIVES NATIONALES DU BENIN : UN MANQUE DE COORDINATION AVEC L'ORGANE PUBLIC DE VERSEMENT DES ARCHIVES AUDIOVISUELLES .............................................................................................................20

CHAPITRE III LA MAUVAISE CONSERVATION DES ARCHIVES DE RADIO ET DE TELEVISION : FACTEURS EXPLICATIFS ET CONSEQUENCES ........................................................................22

I-PRESENTATION DES FACTEURS ...........................................................................................................22 1- Les facteurs historiques ................................................................................................222-Les conditions naturelles .............................................................................................233- La nature des supports .................................................................................................234- Un stockage éparpillé et désinvolte .............................................................................235- L'inexistence d'une culture de conservation ..............................................................266-Des archives non documentées...................................................................................277- Le manque de professionnalisme et de formation .....................................................288- L'absence d'une politique nationale en matière de conservation du patrimoine audiovisuel...........................................................................................................................289- La diffusion, premier souci, la conservation en simultané, dernière préoccupation...............................................................................................................................................29

II-LES CONSEQUENCES DIRECTES : LA DISPARITION DU PATRIMOINE AUDIOVISUEL...........................................29

CHAPITRE IV-LA PROMOTION CULTURELLE DES ARCHIVES AUDIOVISUELLES AU BENIN : ETAT DE LA QUESTION............................................................................................................30

I-DE LA NOTION GENERALE DES ARCHIVES ..............................................................................................30 1- Définition..........................................................................................................................302-Les archives écrites ......................................................................................................323- Les archives audiovisuelles ..........................................................................................324- Les qualités des archives audiovisuelles : éléments de démonstration ................344-1 Les archives audiovisuelles comme nouvel élément du patrimoine culturel national à conserver ........................................................................................................................34 4-2 Les archives audiovisuelles comme source d'analyse scientifique............................35 4-3 Le rôle pédagogique des archives ............................................................................35

II LES ARCHIVES AUDIOVISUELLES DANS LES PROGRAMMES CULTURELS DE MASSE AU BENIN...........................36 1- Les archives en général dans les systèmes des valeurs...........................................372-Les archives audiovisuelles dans les calendriers culturels au Bénin ....................38

III-LE PATRIMOINE AUDIOVISUEL DANS LA POLITIQUE CULTURELLE DU BENIN .................................................38 1- Archives audiovisuelles au Bénin et culture : La place de la diversité culturelle dans la réflexion..................................................................................................................39 2- La place du patrimoine audiovisuel dans les préoccupations des institutions culturelles étatiques : exemple du ministère béninois de la culture ............................40 3- Les archives audiovisuelles dans les textes nationaux sur le patrimoine culturel 41

DEUXIEME PARTIE : LES PERSPECTIVES SYSTEMIQUES POUR UNE VALORISATION CULTURELLE DU PATRIMOINE AUDIOVISUEL AU BENIN ......................................................................43

CHAPITRE I LE PATRIMOINE AUDIOVISUEL : CONSERVATION, SAUVEGARDE ET VALORISATION CULTURELLE DANS UN CONTEXTE ORGANISE...............................................45

I-L'INSTITUT NATIONAL DE L'AUDIOVISUEL, UN POLE IMPORTANT DE GESTION ET DE VALORISATION CULTURELLE

DES ARCHIVES DE RADIO ET DE TELEVISION ..............................................................................................45 1-Une structure aux missions patrimoniales.................................................................46

2- La Direction des archives de l'INA................................................................................47

II-LE PLAN PATRIMOINE DE L'INA, UN VASTE PROGRAMME AUX OBJECTIFS IMPLICITEMENT CULTURELS...............48 1- Les mobiles du plan .......................................................................................................482- Le plan de sauvegarde et de numérisation.................................................................483- La sauvegarde, numérisation et communication.......................................................484- Les résultats...................................................................................................................495- Poursuivre et accélérer les processus de sauvegarde et de numérisation.............50

III-INAMEDIA, UN CHANTIER EN PLEINE EVOLUTION....................................................................................50

IV LES ASPECTS CULTURELS DE GESTION DES ARCHIVES DE L'INA ..............................................................51 1- Les archives dans le patrimoine culturel français.....................................................51 2- La communication culturelle et pédagogique des archives.....................................52 3- Un attachement aux questions de droit dans la valorisation culturelle des archives................................................................................................................................55 4- La thématisation et la mise en ligne des fonds radio et télévision au service des actions culturelles...............................................................................................................55

V-LA POLITIQUE CULTURELLE DES ARCHIVES A L'ECHELLE REDUITE D'UNE CHAINE DE RADIO ET DE TELEVISION...57 1- La sonothèque de RFI ...................................................................................................57 2- L'archivage audiovisuel à TF1 .....................................................................................57 3- De la valorisation culturelle des archives sur les deux chaînes...............................58

CHAPITRE II DE LA CONSERVATION ET DE LA SAUVEGARDE DES ARCHIVES AUDIOVISUELLES : LES ELEMENTS DE GESTION PROFESSIONNELLE POUR UNE VALORISATION CULTURELLE DES ARCHIVES AU BENIN.........................................................60

I-LES ACTIONS URGENTES A METTRE EN PLACE ........................................................................................60 1- L'inventaire des archives audiovisuelles, premier élément de la démarche ..........602- Le classement .................................................................................................................613- La conservation en question.........................................................................................623-1 Les locaux et la gestion de stockage .........................................................................63 3-2 Le conditionnement des supports.............................................................................65 3-3 Le rangement des matériels.......................................................................................65 3-4 L'exploitation.............................................................................................................66 4- La restauration des matériels........................................................................................665- La thématisation, un aspect-clé de gestion.................................................................676- Vers une gestion documentaire informatique.............................................................67

II MISE EN OEUVRE D'UNE CRITERIOLOGIE DE SAUVEGARDE DES ARCHIVES EN SITUATION D'URGENCE : UN PLAN DE

SAUVEGARDE DES ARCHIVES DU BENIN....................................................................................................68

III-LA SAUVEGARDE A L'HEURE DU NUMERIQUE: LES CHOIX POSSIBLES .........................................................70 1- Les supports possibles à la radio.................................................................................712- Le cas de la télévision....................................................................................................723- La mise en ligne des archives : un objectif à atteindre..............................................73

CHAPITRE III DE LA NECESSITE DE CREATION D'UN CENTRE CULTUREL DES ARCHIVES DE L'AUDIOVISUEL .......................................................................................................................75

I-PERTINENCE DE LA PROPOSITION PAR RAPPORT A L'EXISTANT : LES ARCHIVES NATIONALES..........................75 II-PRESENTATION DU CENTRE................................................................................................................76 III-LES PROGRAMMES DU CENTRE CULTUREL DES ARCHIVES AUDIOVISUELLES..............................................77 IV-OUTILS MAJEURS DE VALORISATION CULTURELLE DES ARCHIVES AUDIOVISUELLES PUBLIQUES AU BENIN .......81

1- L'objectivisme et le subjectivisme du choix...............................................................812- La politique des publics face aux engagements culturels des archivesaudiovisuelles .....................................................................................................................822-1 L'offre tout - public ....................................................................................................82 2-2 L'offre aux étudiants ..................................................................................................83 2-3 L'offre aux jeunes et scolaires ...................................................................................83 3- Archives audiovisuelles, valorisation culturelle et communication culturelle........843-1 Les services de communication culturelle proposés.................................................84 3-2 Les produits de communication culturelle ................................................................85 3-3- L'animation d'émissions s'inspirant des archives audiovisuelles .............................85 3-4 L'initiation des entretiens du patrimoine, comme complément d'actions culturelles..863-4-1 Dans les médias publics ........................................................................................87 3-4-2 Hors des médias ....................................................................................................87 4- La valorisation culturelle des archives, un nouvel axe de développement national...............................................................................................................................................88V-AUTORITE DE COORDINATION ET DE SURVEILLANCE ...............................................................................89 VI-DE LA PROTECTION JURIDIQUE DES DOCUMENTS AUDIOVISUELS ..............................................................90 VII LE ROLE DE L'ETAT DANS LE MOUVEMENT..........................................................................................91 1- La mise en oeuvre d'un cadre juridique ......................................................................912- La mise à disposition de moyens ................................................................................923- Nécessité de mise en oeuvre de programmes de formation et de renforcement des capacités en gestion et promotion culturelle des archives audiovisuelles .................92

CHAPITRE IV PERSPECTIVES POUR LE BENIN DANS L'ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL DES ARCHIVES AUDIOVISUELLES ...........................................................................................93

I-UTILISATION ET RENFORCEMENT DES OUTILS DE PARTENARIAT REGIONAL ET INTERNATIONAL .........................93 II-EXPLOITATION DE L'EXPERTISE NATIONALE ET INTERNATIONALE ...............................................................96 CONCLUSION GENERALE ............................................................................................................98 BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................100

ANNEXE I............................................................................................................................iANNEXE II........................................................................................................................viANNEXE III.....................................................................................................................viiANNEXE IV.......................................................................................................................ixANNEXE V .........................................................................................................................xiANNEXE VI......................................................................................................................xxANNEXE VII..................................................................................................................xxii

RESUME ......................................................................................................A

MOT CLES ...................................................................................................B

Dans le cadre de notre formation de Troisième cycle en Gestion du Patrimoine culturel à l'Université Senghor d'Alexandrie, nous avons opté pour le patrimoine audiovisuel. A cet effet, nous avons effectué un stage de trois mois à l'Institut National de l'Audiovisuel en France, puis au sein de certains médias français (RFI, TF1). Ce stage est destiné à nous donner les outils et à faciliter notre réflexion sur la gestion des archives de radio et de télévision en vue de leur valorisation culturelle. Au terme dudit stage, nous avons décidé de porter la réflexion sur le Bénin. Dans ce pays, les archives de radio et de télévision ne sont pas dans un état de confort. Oubliées et reléguées au second plan des préoccupations, elles ne font pas malheureusement l'objet d'une démarche professionnelle de gestion. La conséquence qui en découle est celle de leur disparition progressive en dépit de leurs contenus qui doivent faire l'objet d'une diffusion culturelle.

Dans un contexte mondial fortement influencé par le numérique, ce mémoire apporte une contribution à toute action culturelle à mener autour des archives audiovisuelles au Bénin en s'appuyant sur une démarche intégrée et plurielle.

INTRODUCTION GENERALE

Comme le déclare Abdou Diouf, Ancien Président de la République du Sénégal et Secrétaire Général de l'Organisation Internationale de la Francophonie, « la sauvegarde des archives de radio et de télévision est un enjeu mondial. Cette mémoire audiovisuelle accumulée au cours de soixante ans d'histoire de la radio et cinquante ans d'histoire de la télévision est devenue un élément majeur du patrimoine culturel de l'humanité »1. Gérard de Nerval avait déjà rappelé « qu'une passion qui remonte à l'enfance a quelque chose de sacré ». D'où l'intérêt mondial qui se manifeste autour de la question de la sauvegarde, la conservation, la préservation et la protection des archives audiovisuelles.

Dans le préambule de son Appel mondial pour la sauvegarde des archives audiovisuelles lancé à l'occasion de sa 27éme conférence annuelle, la Fédération Internationale des archives de télévision considère que « le patrimoine est menacé du fait de la fragilité des supports et de l'obsolescence des machines permettant de relire les enregistrements, et que des collections complètes de programmes sur film, bandes magnétiques et disques risquent d'être perdues ».

Selon l'UNESCO, ce patrimoine mondial audiovisuel, hors cinéma, est évalué à 200 millions d'heures dont 80 % se trouve en danger. La mise en place, entre autres, du programme Mémoire du Monde2 depuis 1992 par l'UNESCO résulte de cette prise de conscience croissante de l'état de préservation alarmant du patrimoine documentaire dans son ensemble et de la précarité de son accès dans différentes régions du monde. Le constat laisse apparaître que la grande majorité de ces archives se trouvent dans les pays du Sud, dont l'Afrique. A échéance rapide, c'est-à-dire au plus tard d'ici 10 ans, si rien n'est fait, la mémoire sera irrémédiablement frappée d'amnésie. C'est pour cette raison que l'importance qui est accordée à la question ne cesse de grandir au sein des Etats, des ensembles et des regroupements. Les nombreuses solutions techniques se déploient dans plusieurs pays pour s'ajouter à des élans de coopération entre Etats afin de faciliter la mise en oeuvre de solutions communes de sauvegarde, de préservation ou de numérisation. La tendance qui s'observe aujourd'hui laisse espérer que l'intérêt qui leur sera porté dans les prochaines années sera plus manifeste. En Afrique et dans plusieurs

1 Discours de Abdou Diouf, Secrétaire Général de la Francophonie à l'ouverture de la 27eme Conférence annuelle de la Fédération Internationale des Archives de Télévision du 15 au 19 octobre 2004 à Paris 2 Le programme Mémoire du Monde de l'UNESCO repose sur l'idée selon laquelle certains documents, collections ou fonds du patrimoine documentaire appartiennent au patrimoine commun de l'humanité, à l'instar des sites présentant un intérêt universel exceptionnel qui sont inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial. Ce programme lance des campagnes de sensibilisation afin d'alerter les gouvernements, le grand public et les milieux d'affaires sur la nécessité de préserver le patrimoine documentaire et de collecter les fonds en sa faveur. Il facilite l'accès sans discrimination à ce patrimoine chaque fois que cela est possible.

pays du Sud, cette nécessité de conservation et de sauvegarde apparaît plus dans les discours que dans la réalité. Plusieurs années de radio et de télévision s'effacent à un rythme effréné en raison d'une insouciance manifeste vis-à-vis des archives qui, elles, devaient immortaliser et fixer les aspects de la vie en société. Même si en général, la question du patrimoine culturel reste marginale dans l'ensemble des préoccupations, il est néanmoins à signaler qu'on est plus sensible sur le continent à un temple qui se détériore, un monument dont des pans tombent qu'à une archive de radio ou de télévision, en état avancé de dégradation parce que mal conservée. Contrairement à d'autres patrimoines, comme le patrimoine monumental, « les agressions ne sont pas immédiatement perceptibles par le public et cette absence de sentiment physique et immédiat de la perte contribue à freiner la prise de conscience et la mobilisation »3.

Les professionnels des médias et autres spécialistes des métiers de l'audiovisuel, corps d'archivistes audiovisuels y compris évoquent l'importance de la question de l'archivage soit au coin des discussions « d'amis », soit à des rencontres internationales, soit lorsqu' apparaît de façon circonstancielle l'urgence d'une exploitation des archives.

Dans certains pays, il faudra le reconnaître, des programmes sont déjà développés dans ce sens, tandis que dans d'autres, il y a souvent deux tendances, soit rien n'est fait, soit des projets voient timidement le jour et illustrent, dans ce cas, un tant soit peu l'importance du débat. Mais la constante reste que la question ne fait pas le plus souvent l'objet d'une préoccupation sérieuse au niveau des pays du Sud, contrairement à plusieurs pays du nord qui ont déjà compris la nécessité de se mettre en ordre de bataille face à la menace de la constante dégradation des archives. Pour les pays du Sud, c'est maintenant un défi auquel il faut d'ores et déjà faire face, car il ne fait pas l'ombre d'aucun doute que les archives audiovisuelles restent un élément qui prend solidement pied dans la structure de réflexion sur le patrimoine. La radio et la télévision occupent une place centrale dans l'histoire contemporaine de nos sociétés et les archives constituent une part essentielle de la mémoire collective du 20ème siècle. Les archives nourrissent la mémoire. Elles portent, aussi bien que les masques, statuaires et autres objets des collections de musées classiques, le passé et ont besoin d'être conservées. En tant que tel elles s'imposent comme des éléments clés du développement national. « Vouloir que ces documents passent le temps, c'est vouloir aider nos enfants non à savoir mais à comprendre »4. D'où l'urgence des actions pertinentes pour parvenir à leur sauvegarde et leur valorisation culturelle afin que les archives puissent servir la société et lui fournir des arguments pour son développement. Notre étude s'inscrit dans ce cadre et nous permettra d'analyser

3 Préambule Appel mondial de la FIAT pour la sauvegarde des archives audiovisuelles 4 HOOG Emmanuel, Tout Garder? Les dilemmes de la mémoire à l'âge médiatique in Le débat125, mai-août 2003

au mieux le cas de la République du Bénin en sertissant la réflexion sur notamment les archives de radio et de télévision nationales publiques.

Problématique

Depuis 1953, le Bénin alors qu'il était Dahomey, donc sous l'emprise coloniale faisait sa première expérience en matière de radio. Les premiers sons arrivent à cette date grâce à la mise en place d'une chaîne de radio reliée à la métropole. De cette période à ce jour, il y a eu une certaine évolution non seulement dans le domaine de la radio mais aussi dans celui de la télévision, puisque vers la fin des années 70, une première chaîne de télévision a vu le jour, celle qui va être la télévision nationale du Bénin et s'ajouter à la Radio nationale. L'existence de ces médias publics permet déjà d'avoir aussi bien du son que de l'image jusqu'à l'apparition vers la fin des années 90 des médias libres qui renforcent l'environnement audiovisuel. Mais aujourd'hui avec un sérieux recul rien ou pas grand'chose ne donne l'espoir ou la garantie de l'existence de tous les documents témoins de l'histoire politique, sociale, culturelle, économique puis de celle de la radio et de la télévision au Bénin. Les archives des premières années d'indépendance n'existent pratiquement plus sur support magnétique dans les médias publics. Les sons et images de la toute récente conférence nationale des forces vives de la Nation de Février 1990 s'effritent et menacent de disparaître. Beaucoup de documents retraçant des événements nationaux à caractère culturel, politique, économique sont sortis de la mémoire des médias, puisqu'ils se sont raréfiés sous l'effet de plusieurs facteurs. Dans les nouveaux médias libres qui ont vu le jour juste après le processus de démonopolisation de l'espace audiovisuel, la tendance est demeurée la même à des nuances près.

Bref, au Bénin, la question de l'archivage des oeuvres de l'audiovisuel n'est pas une préoccupation nationale et ne fait pas l'objet d'une politique. La culture de l'archivage même reste à construire. Seules de timides initiatives sectorielles s'observent et se mesurent à l'aune des vidéothèques, bandothèques, discothèques au sein des différentes chaînes de radio et de télévision. Or l'article 14 de la Charte culturelle de la République du Bénin du 25 février 1991 dispose « l'Etat béninois s'engage à protéger la totalité de la production nationale scripto-audio-visuelle. Il en assure l'acquisition, la conservation et la circulation par tous les moyens. »

Les archives nationales du Bénin qui sont l'organe officiel d'archivage des archives aussi bien écrites qu'audiovisuelles du pays restent amorphes dans leurs démarches. L'archivage audiovisuel à ce niveau reste quasiment nul. Quelque 150 bandes magnétiques de la période révolutionnaire sont seulement

conservées par cette structure. Une malformation lorsque l'on sait que l'article 16 de la charte culturelle ci-dessus citée stipule « l'Etat béninois s'engage à faciliter au Centre des Archives nationales, par toutes les dispositions légales, l'accomplissement de sa mission, notamment la création de dépôt d'archives dans toutes les administrations et la collecte des archives publiques et privées et des organes de presse ».

Si il y a ce constat évident, cela est dû à l'inexistence d'une politique clairement définie autour de l'archivage audiovisuel. Les discours officiels farcis de proclamations de foi tranchent nettement avec la réalité. Or les défis de la société de l'information en relation avec les impératifs culturels n'autorisent guère l'indolence et l'indifférence affichée au Bénin vis-à-vis des archives. L'indifférence est d'autant plus grande qu'hormis le Conseil International des Archives (CIA) auquel il appartient, le Bénin n'est affiliée à aucune autre structure ou Fédération internationale d'archives audiovisuelles et sonores bien que cela ne suppose dans bien des cas aucune contrainte financière insurmontable. Or, l'adhésion aux Associations ou Fédération Internationales d'archives audiovisuelles et sonores5 donne l'occasion d'un renouvellement des connaissances et d'actualisation des perceptions des Etats et structures affiliés sur les méthodes nouvelles de conservation et de sauvegarde.

La Radiodiffusion et la Télévision nationales publiques du Bénin sont les seuls à posséder le stock le plus ancien de document audiovisuel. Ces documents sont uniques et fragiles.

La mémoire nationale ne se construira pas tant que ces archives poursuivront leur itinéraire dans l'abîme irréversible, et que le tout dernier document enregistré n'a de durée de vie que le temps de sa diffusion. Il faut non seulement sauvegarder ce qui se meurt, mais il devient aussi important de conserver et de préserver ce qui est nouveau afin qu'il ne subisse pas le sort de l'effritement. Les perspectives sont souriantes dans un contexte mondial caractérisé par des choix technologiques les uns aussi pertinents que les autres, les uns aussi financièrement abordables que les autres.

Nombreux sont les défis qui se rattachent à ce jour aux archives audiovisuelles. Aux impératifs économiques se joignent les nécessités de productions dans les médias. Mais il y a aussi la densité culturelle des documents d'archives audiovisuelles. Le programme de leur gestion doit prendre en compte un chapitre de mise en valeur, d'accès au public voire de communication. Cela paraît relever davantage d'un impératif que d'un simple choix. Or au Bénin, étant donné que l'archivage audiovisuel a toujours été

5 Il s'agit principalement de la FIAT, la Fédération Internationale des Archives de télévision, la FIAF, la Fédération Internationale des Archives de Film, l'IASA, l'Association Internationale des Archives Audiovisuelles et Sonores, l'AMIA, l'Association des archivistes des images en mouvement. Toutes ces fédérations et associations jouent un rôle important d'information voire de formation sur les enjeux actuels des archives et réunissent les organismes et professionnels du monde

une préoccupation marginale, rien n'est entrepris dans le cadre de la valorisation culturelle des archives. Les lieux de culture ne profitent pas encore des vertus culturelles des archives audiovisuelles. Or les archives sont destinées à l'information et à la formation du public et doivent, par conséquent, être communiquées. De ce point de vue il y a, au regard du constat, beaucoup d'efforts à consentir pour la promotion culturelle des archives. Et cela passe par des approches intégrées.

Pourquoi est-il si nécessaire voire indispensable de valoriser culturellement les archives de radio et de télévision au Bénin ? Par quoi passe une politique de promotion culturelle de ces archives ? Quels sont les différents éléments qui interviennent dans un tel mouvement ? Comment peut on profiter de la révolution technologique en cours dans le monde, en clair, la numérisation dans cette dynamique de valorisation culturelle des archives de radio et de télévision ? Quelles peuvent être les solutions pertinentes qui permettront de replacer les archives au coeur de la réflexion générale sur le patrimoine ? De quelle façon, nécessités de valorisation culturelle et impératifs de développement se réconcilient-ils ? Autant de questions qui serviront de toile de fond à cette étude en deux parties et auxquelles nous répondront à travers plusieurs points dans ce développement.

Dans une première partie, nous ferons un état des lieux de la situation des archives audiovisuelles au Bénin à travers l'ensemble des structures qui les détiennent notamment les chaînes nationales publiques de radio et de télévision. Une analyse de leur état de conservation et de valorisation culturelle sera menée et permettra d'appréhender les défis à relever.

Dans une seconde et dernière partie, nous émettrons des propositions claires susceptibles de contribuer à inverser la tendance au regard de notre expérience acquise en stage professionnel à l'INA. Nous y développerons notre projet de création au Bénin d'un Centre Culturel des Archives Audiovisuelles.

Hypothèses de travail

1 Si nous partons du principe que les archives de radio et de télévision portent la mémoire et l'histoire d'un peuple, les sauvegarder, conserver et protéger reviendrait à sauver une grande partie du patrimoine national.

2 Si la politique de promotion et d'utilisation à des fins culturels des archives est réussie, elle peut stimuler une politique durable de conservation et de sauvegarde du patrimoine audiovisuel au Bénin. Plus clairement si l'accès permanent est le but de la conservation,

garantir le contact entre le public et les documents d'archives permettrait de mettre en

oeuvre des opérations de préservation et de sauvegarde.

3. Au constat que ces archives revêtent une grande importance pour les pays développés, y font l'objet d'une préoccupation constante et constituent des points d'appui au développement, la sérieuse conservation, la protection et la sauvegarde des archives pourraient donner au Bénin des arguments pour son développement.

Objectifs

Objectif général

Notre travail soutenu par le stage professionnel vise principalement à sortir le patrimoine audiovisuel au Bénin- notamment les archives de radio et de télévision publiques - de l'ornière en le mettant au coeur des préoccupations d'ordre culturel.

Objectifs spécifiques

Pour atteindre cet objectif principal nous partirons des objectifs spécifiques :

¾ Faire le point sur la situation générale des archives de radio et de télévision au Bénin

¾ Amener le secteur du patrimoine audiovisuel à profiter de la révolution technologique qui s'organise autour du numérique.

¾ Permettre de réunir les éléments qui feront naître au Bénin une culture professionnelle de conservation et de sauvegarde des archives audiovisuelles.

¾ Pouvoir convaincre la communauté nationale dans ses composantes sur les différents enjeux rattachés aux archives audiovisuelles

¾ Garantir l'accès du plus large public aux archives audiovisuelles

Justification du choix du sujet

Plusieurs raisons nous ont amené à porter la réflexion sur ce type de sujet. Ces raisons sont aussi pertinentes les unes que les autres.

D'abord, notre démarche nous est suggérée par une insuffisance de travail sur la question des archives de l'audiovisuel au Bénin. Pis encore, on en rencontre très peu qui présentent l'enjeu de promotion culturelle de ces archives de radio et de télévision. De ce point de vue, nous pensons combler un grand fossé en fléchant selon notre vision des pistes de sortie.

Ensuite, le constat laisse apparaître que les archives audiovisuelles renferment une mine importante d'informations et que paradoxalement, elles restent à l'écart du public. La question de l'accès du public aux archives n'est pas encore une réalité au Bénin.

Par ailleurs, notre double casquette de communicateur et de futur gestionnaire du patrimoine culturel, nous renvoie à ce devoir de conscience vis-à-vis des archives. En effet en tant que professionnel des médias, elles revêtent pour nous un intérêt de poids et sont constamment sollicitées à plusieurs étapes de nos activités. L'importance de ces archives est si forte qu'à défaut d'en avoir sur place, concernant le plus souvent notre propre histoire, le Bénin est parfois obligé de faire la quête auprès d'autres institutions comme l'INA (Institut national de l'audiovisuel) qui les conservent mieux. Aujourd'hui, il est plus que jamais nécessaire d'inverser la tendance en trouvant les méthodes pour conserver nos propres archives et en nous mettant dans une position centrale face à des exploitants de toutes natures. Notre conscience de futur gestionnaire du patrimoine culturel recommande que l'on pense d'ores et déjà à imaginer des actions de promotion culturelle de ces documents. Les archives pour servir la société qui les a produites doivent, entre autres, faire l'objet d'une communication culturelle qui vient en appui à des actions culturelles concrètes si elle ne les complète pas.

En outre, nous avons choisi de camper l'analyse sur les archives audiovisuelles des chaînes nationales publiques parce qu'à côté des chaînes privées de radio et de télévision, elles sont incontestablement au Bénin les seules à disposer dans leurs magasins des archives très anciennes. Très grossièrement, les archives « les plus significatives » du Bénin sont détenues par elles. Les chaînes libres ayant vu le jour après 1997, suite à la libéralisation de l'espace audiovisuel, n'ont en leur possession que des documents récents. Le recul temporel qu'exige l'appréhension du patrimoine culturel nous oblige de ce point de vue à nous appuyer sur les archives publiques. D'un autre côté, les archives audiovisuelles de ces chaînes sont perçues comme une propriété publique. Compris ainsi, la démarche d'une valorisation des archives audiovisuelles des chaînes privées se révélera moins facile que dans le cadre des chaînes publiques (comme le démontre notre projet de création d'un Centre Culturel des Archives Audiovisuelles plus loin) et fera appel dans le premier cas à des procédures de droit assez bien compliquées que nous avons voulu éviter. Ceci n'exclut en revanche pas les chaînes privées de l'ensemble de la problématique

de l'archivage audiovisuel. Les principes de conservation et de mise en valeur avancés dans ce travail sont

également applicables à ces médias alternatifs. Enfin, nous pensons qu'un tel sujet peut servir de déclic au niveau des décideurs afin qu'ils aident à

faire de la question de l'archivage audiovisuel une préoccupation nationale à travers l'édiction de politiques

claires à l'instar de celles concernant les autres aspects de la vie nationale.

Tous ces éléments vont justifier les choix contenus dans cette étude qui sera un écot au débat sur le

développement national au Bénin.

Méthodologie de travail

Pour conduire ce travail, nous avons privilégié quatre principales pistes.

1-Les enquêtes indirectes : Un questionnaire a été adressé aux professionnels des médias -radio et télévision) du Bénin sur la question. Ceux-ci devaient répondre à des questions sur les stratégies de sauvegarde, de conservation et de protection des archives dans leurs différents organes de presse.

2-Des entretiens directs : Nous nous sommes enquis du niveau d'appréhension et d'application de la question de la valorisation culturelle au niveau des Archives Nationales du Bénin et des médias aussi bien publics que privés, puis nous avons cherché à savoir la politique mise en oeuvre par les musées et autres endroits du patrimoine pour intégrer les archives dans leur vision culturelle.

3-L'expérience personnelle et les observations directes : En tant que professionnel de média et au fait de la question, nous nous sommes appuyé sur notre propre connaissance du sujet. Notre perception des choses nous a permis de faire des recoupements avec les résultats de l'enquête indirecte dans bien des cas.

4-La recherche documentaire : Elle s'est effectuée dans les centres de documentation généraux ou spécialisés. Elle a porté sur la consultation des documents en version papier (revues, livres, essais, mémoires, articles) et version électronique (Internet). Elle a offert l'occasion d'une recension de données déterminantes pour la construction de plusieurs analyses contenues dans ce travail.

Difficultés rencontrées et opportunités

La première difficulté a trait à la documentation spécialisée. Dans les bibliothèques et centres de documentations qui nous ont été accessibles, très peu d'ouvrages spécifiques ont abordé la question avec précision, à savoir l'archivistique audiovisuelle. La documentation que nous avons pu rencontrer et qui portait sur les archives était plus en rapport avec les archives écrites. Ce qui nous a contraint à beaucoup plus aller vers les revues, les publications afférentes à l'objet de notre étude.

Au Bénin, en dehors de quelques travaux de fin d'études universitaires qui se penchent sur la question, il n'en est pas resté d'autres. Le manque de documentation est criant et explique le fait que nous ayons privilégié les contacts directs sur le terrain, les enquêtes indirectes. Et à ce niveau, les embûches n'ont pas manqué : Rendez-vous manqués, promesses non tenues. Les informateurs n'ont toujours pas été à la hauteur de l'exercice. Une dizaine se sont soumis à l'exercice en nous aménageant un espace d'échanges et de discussions utile. Sur vingt formulaires de questionnaires envoyés dans le cadre de l'enquête indirecte, seuls quatre (4) nous ont été répondus. Cependant cela n'a pas empêché qu'on ait disposé d'éléments forts et déterminants pour illustrer l'analyse.

Notre stage à l'INA s'est passé dans de très bonnes conditions. Bénéfique et instructif, il nous a permis de saisir les enjeux multiples liés au patrimoine audiovisuel, notamment sous l'angle du culturel. Des contacts ont été pris avec diverses compétences techniques en rapport avec le secteur des archives audiovisuelles. Les aspects capitalisés ont permis d'enrichir notre réflexion dans le cadre de ce mémoire.

PREMIERE PARTIE : LE BENIN FACE A LA CONSERVATION ET LA VALORISATION CULTURELLE DES ARCHIVES DE RADIO ET DE TELEVISION

Il ne fait plus l'ombre d'aucun doute que les archives audiovisuelles ont une valeur patrimoniale incontestable. Mais le constat révèle qu'au Bénin elles connaissent un mauvais traitement. Plusieurs décennies de pratique radiophonique et télévisuelle n'ont pas permis d'intégrer réellement dans les habitudes la question de la gestion sérieuse du patrimoine audiovisuel. Le tableau qui se dégage à l'analyse de la réalité est quasiment sombre. Des problèmes de conservation doublés d'une absence criarde de politique de conservation en cette matière ont eu pour conséquences un délaissement des archives audiovisuelles. En dépit de cette situation qui confine bien à une catastrophe culturelle, aucune réflexion sérieuse n'est engagée pour inverser résolument la tendance. Ce qui explique l'état de péril continu dans lequel s'enfonce chaque jour le patrimoine audiovisuel du Bénin qui ne connaît aucune esquisse de valorisation culturelle. Dans cette étude, nous montrerons l'état défectueux de conservation des archives de radio et de télévision en prenant appui sur les structures qui s'en occupent notamment les médias publics.

CHAPITRE I-LES ARCHIVES DANS LES MEDIAS DE MASSE

En l'absence d'une forte pratique cinématographique (même si le peu de documents existants doit faire l'objet d'une bonne conservation), la radio et la télévision constituent les exemples de média de masse où se posent d'importants problèmes de gestion d'archives. Après plus de 5 décennies de pratique radiophonique et plus d'un quart de siècle de télévision, il y a matière à inquiétude en raison de l'indifférence totale qui frappent les documents sonores et visuels produits. Nous ferons dans cette partie le point sur l'histoire et la nature de ces différents documents selon les supports de médias qui les ont produits avec un rapide coup d'oeil sur le cinéma.

I- Les archives de radios publiques: 50 ans d'archives radiophoniques

L'histoire de la radio au Bénin est longue. Elle permet de mieux cerner celle des archives qui en découlent.

1-Débuts et évolution de la radio

Le Bénin, Dahomey d'alors est l'un des pays africains où le phénomène radio a pris corps très tôt. La radio a une longue histoire et a connu des évolutions importantes. Au début des années 50, le 07 mars 1953 plus précisément, les premières émissions de radio ont commencé alors que le pays était encore sous tutelle coloniale. Radio Cotonou à cette époque, elle émettait à partir d'un petit local de l'hôtel des Postes à Cotonou. En mai 1957, intègre ses propres locaux, l'annexe I dite « Ancienne Maison de la radio » grâce à l'appui de la SORAFOM (Société de Radiodiffusion de la France d'outre-mer). Le 1er octobre 1958, Radio Cotonou devient Radio Dahomey après le référendum gaulliste de 1958. La révolution du 26 Octobre 1972 va constituer un tournant dans l'évolution de la radiodiffusion nationale. Elle prendra l'appellation « Voix de la Révolution » avec une influence réelle du pouvoir politique. Une nouvelle maison de la radio construite grâce à la coopération entre la République fédérale d'Allemagne et le Bénin a été construite sur la route de l'aéroport. Cette même coopération va donner naissance à la station régionale de Radiodiffusion de Parakou le 1er avril 19836. A la faveur du Renouveau démocratique, la « Voix de la Révolution » devient

6 Radio Parakou est la station régionale publique située à plus de 400 km de Cotonou. Elle présente les mêmes caractéristiques en matière d'archivage que la radio nationale localisée à Cotonou. Elle est confrontée aux mêmes

« Radio Bénin ». Ayant suivi toutes les modulations du temps, la radio publique a été de ce point de vue un témoin chaud de la mémoire du peuple à travers ses différentes productions.

2-L'histoire des supports

Les supports de radio présentent une diversité en rapport avec le temps et les évolutions technologiques. Un découpage permet de retenir les périodisations suivantes sur les archives disponibles : les documents de 1958 à 1960 ; 1960 à 1963 ; octobre 1963 à décembre 1963 ; janvier 1964 à décembre 1965 ; décembre 1965 à décembre 1967 ; janvier 1968 à juin 1968 ; juillet 1968 à décembre 1969 ; janvier 1970 à mai 1970 ; mai 1970 à octobre 1972 ; 1972 à 1990 ; 1990 à ce jour. Tous ces documents se retrouvent sur supports bandes magnétiques et sont stockés à deux endroits différents : la phonothèque de l'ancienne Maison de la radio et la Régie générale des programmes de la Nouvelle Maison de la radio. Un disque qui revisite l'histoire politique, culturelle et sociale du Bénin de 1958 à 1988 fait également partie des documents encore conservés à la radio.

En général, le fonds est constitué de bandes magnétiques de 60 mn, 30mn et 15 mn complétées ces dernières années par des DAT7. Dégager leur nombre peut apparaître aujourd'hui comme une gageure. Sans forcément exagérer le raisonnement, la situation des archives empire chaque jour. En 1987, 2000 bandes magnétiques ont été dénombrées à la phonothèque de l'Ancienne Maison de la Radio Nationale et 3000 autres bandes à la Régie générale des programmes de la Nouvelle Maison de la Radio pour une période s'étalant sur onze (11) ans. A cette date, aucune estimation n'est possible tant un désordre caractérise la tenue des archives. Cette inorganisation explique que des documents se retrouvent dans un bric-à-brac dans les différents services et les casiers des journalistes. C'est ainsi qu'en 1987 déjà, on a pu recenser au Journal parlé près de 1399 bandes magnétiques dont le dossier sonore de l'agression du Bénin par les mercenaires le 16 janvier 1977 gardé dans des caisses8. A ces fonds radiophoniques sont rattachés les fonds de la discothèque, riche de 10 000 disques environ et faits de dons et des bandes reçues dans le cadre de la coopération. Le mode de constitution de ces

difficultés. Il faut souligner le caractère identique, sinon pire de l'archivage à celui qui s'observe à Cotonou. Elle ne fait pas l'objet de notre étude pour des raisons de réduction du champ géographique d'étude. 7 Support audionumérique 8 Whannou Samuel Stanislas, Les archives audiovisuelles de l'Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin, Mémoire de fin de formation Abomey Calavi (ENA), 1987, P.33

documents n'en fait pas des documents d'archives. Mais par extension, il y a bien des raisons de les intégrer au fonds d'archives sonores. Réunis dans le cadre du fonctionnement de l'Office, ils sont diffusés sur les antennes de la radio. Mieux que cela, en l'absence d'un dépôt légal efficace, le rôle est revenu de facto à l'Office de les conserver.

3- Contenu des supports

Les contenus des supports respectent les modulations de chacune des périodes définies. Les émissions portent la philosophie des différents pouvoirs correspondants aux différentes périodes. Il s'agit en règle générale d'émissions politiques, culturelles et sociales ; contes et musiques traditionnelles et modernes ; d'interviews d'hommes politiques ; de discours prononcés lors de grands événements. Par exemple, on y retrouve les discours d'indépendance du premier président du Dahomey, actuel Bénin, Hubert Koutoukou Maga le 1er août 1960. Un document qui retrace la cérémonie d'intronisation de Mgr Bernardin Gantin, premier archevêque africain le 17 mars 1960 avec la lecture des bulles pontificales a été conservé. En outre, toujours à titre indicatif, sont conservés la plupart des documents sur la période du pouvoir Emile Derlin Zinsou, le discours de son investiture le 17 juillet 1968, la conférence économique dont il a pris l'initiative, son interview à son retour du voyage officiel à Paris9.

Des documentaires historiques, culturels ou de variétés musicales, scientifiques reçus dans le cadre de la coopération et ayant fait l'objet de diffusion ou d'exploitation se retrouvent également dans le fonds.

II- Les fonds de télévision publique: un quart de siècle d'histoire de la télévision

1- Le phénomène télévision au Bénin

L'histoire de la télévision au Bénin remonte à 1978. Les premiers signaux hertziens sont reçus dans les domiciles à cette époque, soit 25 années après l'arrivée de la radio. La télévision nationale est née au Bénin dans un contexte politique caractérisé par la doctrine marxiste léniniste et un pouvoir révolutionnaire centralisateur. Dans ces conditions les premières heures de la télévision étaient sous contrôle vigilant des

9 Il a dirigé le Bénin jusqu'en 1969. Porté au pouvoir par les jeunes cadres de l'armée, il a été démis par les mêmes militaires. Sa politique d'impôt capital a été impopulaire.

autorités.

Déjà l'ordonnance 75-43 du 21 juillet 1975 créait l'Office de Radiodiffusion et télévision du Dahomey. Encore embryonnaire à l'époque, la télévision n'était pas une réalité palpable. Le 10 Octobre 1981, la loi 81-012 crée l'Office de Radiodiffusion et télévision du Bénin. La construction de la maison de la télévision a débuté en 1971, mais les émissions n'ont démarré qu'en 1978. En 1971 lorsque sa construction fut mise en route, l'objectif était d'assurer la couverture télévisuelle de la visite du Président Georges Pompidou au Dahomey10 en 1972. Des premières heures de son apparition jusqu'en 1989, la télévision est demeurée l'appendice du pouvoir révolutionnaire, au regard de ses productions. La tendance sera inversée plusieurs années après, notamment lorsque le vent du renouveau démocratique va confier un certain exercice des libertés au peuple, la presse comme axe d'expérimentation de cette évolution.

2- Histoire des supports visuels

La télévision ayant démarré effectivement en 1978 au Bénin aux grandes heures du pouvoir révolutionnaire, l'histoire des supports remonte à cette période. L'ensemble des documents peut être compartimenté en deux périodes essentielles : de 1978 à 1990 puis de 1990 à ce jour.

Les supports usités dans l'ensemble sont des cassettes BVU, des BETACAM, BETA SP, VHS et depuis quelques années des Béta numériques et des mini DV CAM suite à l'intégration de caméras numériques dans l'appareil de production de la télévision nationale du Bénin.

La division thèque de la télévision nationale est chargée de la gestion de l'ensemble des documents. Mais en raison de la mauvaise organisation déjà constatée à la radio, les documents connaissent aussi un éparpillement rendant difficile leur nombre. En 1987 déjà on dénombrait au total au niveau de la Documentation pour une période de neuf (9) ans un total de 8000 documents vidéocassettes et bandes films de programmes produits par la Télévision Nationale ou émanant de l'extérieur, sans compter les autres documents détenus arbitrairement par les autres sections.

3- Contenu des supports

Comme en radio, il s'agit essentiellement d'émissions politiques de la période révolutionnaire, de productions culturelles et sociales. Une part importante d'émissions de divertissement est également à

10 L'actuel Bénin s'appelait encore Dahomey en 1972. Il faut attendre jusqu'au 30 Novembre 1975 pour le voir changer de nom et devenir la République Populaire du Bénin

retrouver dans le patrimoine visuel de la télévision nationale du Bénin. Par ailleurs, des interviews de personnalités nationales et étrangères, des journaux télévisés, des événements nationaux retransmis en direct en leur temps (défilé du 1er août) pour ne citer que ceux-là sont autant de documents épars qui sont conservés d'une manière ou d'une autre. A défaut d'avoir l'ensemble des productions télévisuelles de la Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation de Février 1990, la Télévision Nationale en conserve encore quelques unes.

Tableau 1 : Etat des archives audiovisuelles dans les chaînes nationales publiques au Bénin

Médias

Supports

Nombre

Contenus

Télévision

-BVU -BETA SP -BETACAM -VHS -BETA NUM (récemment)

8000 vidéocassettes en 1987. Pas de chiffres disponibles ces dernières années

1-Emissions - politiques - culturelles - sociales -événements nationaux retransmis en directs -journaux télévisés - jeux 2-Documentaires issus de la coopération

Radio

-Bande magnétique 15mn, 30 mn, 60mn -DAT -Disque vinyle

- Environ 7000 bandes magnétiques en 1987 - Pas de chiffres disponibles ces dernières années - 10 000 disques vinyle en 1987

1- Emissions - politiques, - culturelles - sociales - contes -musiques traditionnelles - Interviews de politiques -discours 2- Documentaires reçus dans le cadre de la coopération

Source : Notre propre enquête 4- Les archives dans les médias audiovisuels privés : une histoire récente

L'histoire des médias audiovisuels privés au Bénin est récente. Elle remonte à la fin des années 90 avec la mise en application de la loi sur la libéralisation de l'espace audiovisuel issue des résolutions de la conférence nationale des forces vives de la Nation de février 199011. En d'autres termes, l'arrivée des chaînes de radio et de télévision est une volonté de la Conférence nationale de libérer la parole et de créer un environnement de liberté d'expression à l'échelle du pays.

Depuis lors un nombre indéchiffrable de radios ont vu le jour aussi bien en zones urbaines qu'en zones péri urbaines et à l'intérieur du pays. A cela s'ajoute deux (2) chaînes de télévisions privées. D'autres attendent encore d'obtenir l'autorisation Ce nouvel environnement médiatique suppose un accroissement de la production au sein des médias nouveaux. Le jeu de la concurrence et de la conquête d'auditoire devant engendrer un nouvel enthousiasme et réveiller les chaînes publiques qui étaient jusque là les seuls maîtres à bord. De ce point de vue, on estime raisonnablement qu'il y aura davantage d'archives à gérer, les productions augmentant. Les médias libres présentent des fonds qui n'ont pas encore une décennie d'âge. Les supports sont souvent constitués pour les radios de cassettes audio, de mini disques et pour rares d'entre elles de bandes magnétiques. En ce qui concerne les télévisions, elles ont vu le jour dans un contexte d'avancée numérique. D'où l'utilisation rapide de supports numériques, tels les Beta numériques et les DV CAM.

5- Regard sur les archives du cinéma

Le Bénin n'a pas une forte pratique cinématographique. S'il est vrai que le pays a vu naître des professionnels du cinéma, il n'en demeure pas moins que ceux-ci n'ont pas produit grand' chose. Soumis pour la grande majorité d'entre eux à des moyens vidéo, leurs productions à quelque différence près se retrouvent au fond de leurs tiroirs comme lieu d'archivage. Au mieux des cas, elles sont conservées dans les rayons de la télévision nationale, étant donné que beaucoup de réalisateurs ont travaillé en coproduction avec cette dernière. Une partie des archives du cinéma sont conservées à la Direction de la cinématographie dans leur corps originel. Mais le flux de ces archives du cinéma est quantité négligeable par rapport aux archives de radio et de télévision. En réalité, comme un peu partout en Afrique de l'Ouest, les archives du cinéma ne posent pas grand

11 Après plusieurs années de monopolisation de l'espace audiovisuel par les seuls médias publics, la Conférence Nationale de février 1990 qui ouvrait l'ère démocratique au Bénin a suggéré l'ouverture de l'espace audiovisuel à des promoteurs privés en vue de favoriser la liberté d'expression dans le pays. C'est dans ce cade que la loi 097-010 du 29 août 1997 a été votée et promulguée. Au terme de cette législation, plusieurs chaînes de radios et de télévisions privées ont alors vu le jour au Bénin.

problème au Bénin en raison de leur nombre réduit12.

12 Seul le Burkina Faso fait exception à ce constat, car ayant une certaine pratique cinématographique. En témoigne, la création d'une cinémathèque à Ouagadougou.

CHAPITRE II LA PROBLEMATIQUE DES ARCHIVES EN DEHORS DES MEDIAS: ETAT DE LA QUESTION AU NIVEAU INSTITUTIONNEL

La problématique de l'archivage audiovisuel public ne s'observe pas qu'au niveau des médias de masse. Au niveau institutionnel, c'est aussi une préoccupation, quoique timide dans l'exécution. Dans cette partie, notre analyse prendra exemple sur deux institutions. Il s'agit de la HAAC, la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication et des Archives nationales.

I- La Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la communication (HAAC) dans la problématique de l'archivage

A côté des médias, la Haute Autorité de l'audiovisuel et de la communication au terme de la loi sur la libéralisation de l'espace audiovisuel s'investit par conviction propre dans l'archivage audiovisuel. Bien que cette tâche ne relève pas de sa mission principale qu'est la régulation des médias, la HAAC s'investit depuis 1994 dans ce mouvement d'archivage, même si la conduite du travail permet de constater des imperfections. Le soin dû aux archives a varié dans le temps. Au cours de la première mandature de l'institution (1994-1999), un travail rigoureux d'archivage s'est observé. Ces dernières années, la tendance s'est inversée résolument.

1- Les problèmes identifiés

L'observation et l'analyse révèlent que l'archivage n'est pas des plus aisés à la HAAC. Les conditions de stockage pose le plus grand problème. Les programmes journaliers enregistrés sur support K7 AUDIO pour la radio et VHS pour la télévision ne sont pas bien conservés. Les supports se dégradent constamment. En l'absence d'une gestion professionnelle indispensable, se déclinent du coup des difficultés diverses. Si les fiches d'émissions existent avec des numéros correspondants, rien ne garantit l'identification physique des matériels, faute d'un stockage sérieux. Mieux, la documentation écrite qui devrait accompagner les matériels est éparpillée. L'absence d'une structure de documentation centrale crée une promiscuité permanente entre la paperasse et les agents de la HAAC qui se disputent les bureaux déjà exigus. Du coup, on perd parfois toute idée de la situation spatiale des fiches d'émissions, avec pour conséquences directes l'impossibilité d'avoir une statistique correcte sur le nombre de matériels et de fiches archivés.

L'autre difficulté saisissante de la gestion des matériels d'archives est celle du classement. C'est la conséquence directe d'un défaut de stockage professionnel. La HAAC, en raison de son travail de suivi de l'ensemble des médias devait mettre en place un mode de classement d'émissions par médias. Au regard de l'état actuel de conservation des matériels, ceci peut ressembler à une prétention. L'exiguïté du local qui fait actuellement office de magasin et le manque de personnel de conservation constitue le talon d'Achille de l'institution qui peine à bien rationner dans l'espace ses documents d'archives audiovisuelles.

2- Les types d'émissions enregistrées et archivées

La HAAC porte une attention particulière sur -les émissions à caractère politique -les émissions culturelles -les émissions interactives -les émissions à polémiques (notamment celles sur lesquelles, il y a eu des dérapages) -En période électorale, les interventions des hommes politiques à la radio et la télévision -Toute la couverture médiatique est suivie, enregistrée et stockée

Dans les simultanés (programmes quotidiens) enregistrés, ces émissions sus décrites font l'objet d'un traitement particulier en vue des soins d'archivage. Le travail d'enregistrement et de stockage de la HAAC ne se limite donc pas aux seuls documents politiques des périodes électorales, mais à toutes les productions présentant un intérêt national avéré.

II- Les archives nationales du Bénin : un manque de coordination avec l'organe public de versement des archives audiovisuelles

La conservation de la mémoire écrite et audiovisuelle béninoise est du vrai ressort des Archives Nationales du Bénin13. En ce sens, les services publics doivent lui verser leurs documents en vue de l'archivage définitif. C'est ainsi que dans le cadre de ses attributions de conservation des documents

13 Les archives nationales du Bénin sont à Porto Novo, la capitale du Bénin à environ 35 km de Cotonou. Voir plus de développement sur les Archives Nationales en deuxième partie au chapitre III .

audiovisuels, les Archives nationales du Bénin devaient hériter par moments des supports du service de pré archivage de l'ORTB, en tant que service public de l'information. Mais ceci est demeuré une simple proclamation de foi, car dans les faits l'ORTB n'a jamais versé aux Archives Nationales du Bénin. Cette situation souligne l'incohérence caractéristique de la gestion des archives audiovisuelles en général et celles publiques en particulier.

Aux Archives nationales du Bénin à Porto novo la capitale, où existe un magasin de conservation de documents de 1000 m linéaire réunissant les conditions normales de température et d'hygrométrie, sont stockée et conservées seulement 150 bandes magnétiques des débats à l'Assemblée nationale révolutionnaire14, neuf (9) bobines de chansons traditionnelles populaires du Bénin et les bandes de la Conférence nationale des forces vives de la Nation de février 1990 versées aux Archives à partir d'initiatives indirectes émanant du Ministère du plan de l'époque. Au-delà de ce portrait des archives dans leur milieu de conservation, il est cohérent dans cette étude de porter le regard sur les éléments qui expliquent les insuffisances de leur préservation.

14 Entre 1975 et 1989, nom donné à l'Assemblée Nationale du Bénin

CHAPITRE III LA MAUVAISE CONSERVATION DES ARCHIVES DE RADIO ET DE TELEVISION : FACTEURS EXPLICATIFS ET CONSEQUENCES

Le patrimoine audiovisuel est mal conservé au Bénin. Une situation qui fait craindre des risques de disparition de la mémoire du peuple. Plusieurs facteurs se mettent ensemble pour expliquer ce tableau peu reluisant.

I- Présentation des facteurs

La conjonction de plusieurs facteurs explique l'état des archives audiovisuelles au Bénin. Ces facteurs les uns aussi marquants que les autres ont jusque là constitué un blocage à l'épanouissement du patrimoine audiovisuel.

1- Les facteurs historiques

Dans la plupart des pays africains le patrimoine documentaire dans son ensemble a connu le chemin du péril parce que pendant longtemps soumis à divers ennemis : dispersion, spoliation, déplacements volontaires ou délibérés de fonds et de collections, exactions à l'occasion de guerre ou de circonstances historiques, obstacles politiques. Au Bénin, tout ceci n'est pas vérifiable. Si les archives des premières années de radio au Bénin ne sont plus identifiables sur place, c'est notamment parce que ces archives allaient enrichir les fonds coloniaux au niveau de la métropole. Après des campagnes de retour menées par des africains, beaucoup de pays ont pu retrouver leurs archives qui ont tôt fait de disparaître en raison de négligences de conservation. Il faudra aussi mentionner que du fait que l'histoire de ces documents correspondait au début de la radiodiffusion au Bénin, aucun véritable travail de radiodiffusion ne se faisait pas. Mieux, les opérations de déménagements des installations de la radio de son local originel vers l'Ancienne Maison ont occasionné des pertes énormes. Nombre de documents ont disparu dans ces conditions15.

Si des contraintes économiques ont expliqué très souvent la réutilisation ou la destruction des supports, il ne faudra pas perdre de vue les mobiles politiques qui sous-tendaient les opérations de

15 La Radio a commencé dans un petit local des postes en 1953. Par la suite elle a déménagé en 1957 pour s'installer dans un nouveau local appelé aujourd'hui l'Ancienne Maison. Cette appellation arrive en comparaison à la Nouvelle Maison de la Radio de construction récente d'où émet actuellement la Radio

destruction de bandes. Ainsi il est rapporté que des documents qui gênaient les régimes furent détruits sans autres formes de procès. Mais sur cette question, aucune espèce d'unanimité n'est pour l'heure établie.

2-Les conditions naturelles

Au Bénin, nombre de documents audiovisuels ont disparu sous l'effet de plusieurs facteurs naturels. Au nombre de ceux-ci les conditions climatiques semblent porter la plus lourde responsabilité. Le Bénin en effet étant situé en zone intertropicale est influencée par le climat qui lui est rattaché. Cela dégage un surplus de chaleur et d'humidité qui produit des effets nocifs sur la vie des matériels audiovisuels.

A défaut de disposer de conditions naturelles favorables, le conditionnement par la climatisation est un succédané dans toutes activités de conservation du patrimoine mobile. Mais au Bénin, la problématique des moyens a engendré un délaissement des archives dans la chaleur. Les supports à défaut de bénéficier des conditions de température et d'hygrométrie favorables sont abandonnés dans des boîtiers en métal qui chauffent dans des locaux non climatisés.

3- La nature des supports

Certains supports, notamment ceux radiophoniques ne garantissent pas une longue conservation. Des bandes fines résistent très peu aux intempéries. Elles ne présentent pas une longévité souhaitée. La bonne conservation des documents audiovisuels tient largement compte de la nature des supports.

4- Un stockage éparpillé et désinvolte

L'état de stockage du patrimoine audiovisuel à l'ORTB révèle un gros malaise. Il est à mentionner la diversification des lieux de stockage des supports. Trois endroits se partagent sans aucune coordination les archives audiovisuelles publiques de l'ORTB : l'ancienne maison de la radio, la nouvelle maison de la radio puis la télévision nationale. Il existe à côté de cela les archives de Radio Parakou qui est le sous embryon régional de la chaîne publique radiophonique nationale. Mais notre étude ne la prend pas en compte. Toutefois, il faut souligner le caractère identique, sinon pire, de l'archivage à celui qui s'observe à Cotonou. La fragilité des supports audiovisuels n'a pas induit à leur égard une attitude conforme et de nature à les préserver. Un document audiovisuel n'a longue vie que si les conditions de son stockage sont réunies. Au Bénin, les éléments de stockage sont inadéquats. Si les matériels audiovisuels stockés à l'ancienne maison de la radio bénéficient d'une organisation qui a besoin d'être relevée par des conditions normales de température et d'hygrométrie, les autres documents se trouvant à la Nouvelle Maison de la radio et les autres supports télévision sont en piteux état pour la grande majorité d'entre eux. Cela peut entraîner que certains documents des débats de l'historique Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation de février 1990 ne soient plus disponibles à l'ORTB sans que l'on sache ce qui explique cette « catastrophe »16.

En général, les bandes pour ce qui concerne la radio parce que ne bénéficiant d'aucun suivi sont très souvent empilées par terre, sans boîtiers de rangement, sans aucune identification préalable. Une situation qui ne favorise guère la reconnaissance du contenu du matériel et pose d'ores et déjà un véritable problème réel de conservation. Les archives de la Nation sont par terre, à moitié déroulées dans la poussière et la chaleur. La rareté des bandes vierges amène les professionnels à puiser en cas de besoin dans cet amas confus de bandes. Du coup, les originaux sont parfois effacés pour une réutilisation du support. Aucun système de consignation des prêts n'existe. D'où l'imbroglio généralisé dans les sorties et les entrées des matériels. Un matériel prêté ne revient que si la partie emprunteuse fait diligence. Autrement, aucune imposition ne lui est faite formellement.

Du côté des supports télé, il n'est nullement question d'amélioration. La mémoire disparaît là aussi à une vitesse effroyable. En dehors de quelques documents récents qui bénéficient encore d'une attention primaire, les plus anciens subissent le coup d'une gestion dévergondée. Contraintes à la cohabitation avec les bus de reportage de la télévision, les archives ont les garages comme magasins de leurs stockages. Ce qui les expose à des moisissures et à des décompositions chimiques, c'est-à-dire au « syndrome de vinaigre »17. Si les précieux documents de la conférence nationale ont presque disparu au niveau de la radio, il en est de même au niveau de la télévision. Même s'il est possible d'en retrouver des traces, c'est souvent à travers des émissions consacrées à l'événement, dans les premières années qui l'ont suivi.

Une analyse restrictive peut conduire à affirmer que le fait que l'on n'ait pas retrouvé ces documents et plusieurs autres ne signifie pas forcément qu'ils aient disparu. Mais le manque de soin et l'absence de catalogage et d'identification au moment de l'entrée du matériel peuvent en être les facteurs

16 La Conférence Nationale des Forces vives de la Nation de Février 1990 a eu un écho retentissant aussi bien en Afrique que dans le reste du monde. Cela a réussi à donner au Bénin un éclat sur la scène internationale. Face à une telle réalité, il est presque inadmissible de constater que les archives de cet événement ne fassent pas l'objet d'une meilleure conservation. Ceci peut s'assimiler à une catastrophe, car c'est toute une mémoire nationale qui disparaît. 17 Décomposition chimique des supports bandes magnétiques et qui a pour résultat de produire une odeur qui s'assimile à du vinaigre

explicatifs.

Il y a une autre forme de stockage du matériel née de la jalousie des producteurs face à leurs productions. Ce qui rend les journalistes propriétaires directs de leurs réalisations. Quoiqu'on puisse en dire, il s'agit d'une forme qui vient pallier un manque en matière de conservation structurée. C'est ainsi que les casiers et placards des journalistes deviennent des « magasins de stockage » dans l'ignorance totale des conditions de conservation. Des productions et émissions à valeur patrimoniale (culture, interviews inédites d'hommes politiques, émissions d'ordre artistique etc) au lieu d'échouer dans un magasin pour une exploitation générale vivotent, comme c'est souvent la règle, dans les débarras des rédactions et bureaux.

Photo 1 : Des boîtes de bandes magnétiques audio stockées à l'ancienne maison de la radio

Photo2 : Les conditions de stockage de bandes audio à l'ancienne Maison de la radio

Photo3 : Les bureaux servent de lieux de stockage de supports télévisuels à défaut d'espace

Photo 4 : Des rayons de bandes visuelles à la vidéothèque de la télévision nationale du Bénin : un mélange des différents types de supports

5- L'inexistence d'une culture de conservation

La conservation n'est pas encore une préoccupation passionnante au Bénin. Seule la prétention constitue l'élément moteur qui pousse des professionnels à s'y intéresser. Conscients que les archives audiovisuelles appartiennent au patrimoine culturel d'un peuple et représente incontestablement la mémoire, ils mènent compte tenu de leurs sensibilités des actions isolées pour sauver le patrimoine audiovisuel. A côté de cela, rien n'est entrepris de façon soutenue. A l'origine de toute action, règne une ambition. L'absence d'ambition et le manque de culture d'archivage expliquent une telle indifférence vis-àvis des documents audiovisuels de la Nation. Faire de l'archivage en général au Bénin relève encore de « vieilleries ». Une telle conception bloque résolument la mise en oeuvre d'initiatives ambitieuses susceptibles d'induire l'épanouissement du secteur de la conservation des archives audiovisuelles.

6-Des archives non documentées

Pour beaucoup d'émissions et de matériels rattachés, il n'existe plus les notices documentaires. La question des fiches est une véritable problématique dans la réflexion autour de l'archivage au Bénin. Beaucoup de documents n'ont plus la chance d'être identifiés physiquement en l'absence de fiches et d'identifications claires. Dans ces conditions, on recourt tout simplement à leur audition pour accéder aux contenus. La conséquence immédiate est la lenteur observée dans leur exploitation. Car si les informations documentaires étaient existantes, elles permettraient un gain formidable de temps et donneraient incontestablement une identité claire à ces documents.

Photo 5 : Etat délabré de conservation des fiches d'émissions

Photo 6 : Archivage désinvolte des fiches documentaires manuelles à l'ancienne Maison de la radio

7- Le manque de professionnalisme et de formation

Pendant longtemps, le volontariat, la passion et l'engagement personnel ont été à la source de la gestion du secteur de l'archivage audiovisuel. Peu de gens sont formés à l'archivistique audiovisuelle. Les rares personnes qui s'y connaissent ne bénéficient pas du recyclage approprié. Les conséquences sur le secteur d'archivage n'ont pas alors tardé et expliquent qu'aujourd'hui le patrimoine audiovisuel végète dans une situation de désespoir incommensurable.

8- L'absence d'une politique nationale en matière de conservation du patrimoine audiovisuel

A l'échelle d'un pays toute action est dictée et soutenue par l'instauration d'une politique publique qui fixe les pratiques et garantit la pérennité des actions. Nous savons ainsi qu'il y a une politique publique en matière d'information, de gestion de l'environnement, des finances publiques, du tourisme etc. La mise en oeuvre d'une ligne directrice donne le fil d'Ariane et permet d'engager en constance des efforts. En matière d'archivage audiovisuel, on a assisté jusque là au Bénin à l'inexistence d'une politique. Il aurait fallu cela pour permettre de sauver plusieurs heures d'archives audiovisuelles. La torpeur enregistrée n'a pas arrangé la situation. A ce jour, le Bénin éprouve du mal à rattraper ses retards et assiste encore avec indolence à la disparition et la dégradation des documents de son passé.

9- La diffusion, premier souci, la conservation en simultané, dernière préoccupation

Dans la plupart des pays, les médias ont une forte propension à la diffusion. Mais la nuance réside dans le fait que beaucoup prévoient un système d'archivage d'actualité qui appuie les productions quotidiennes, comme c'est le cas de Radio Finlande et de Radio France Internationale. Au Bénin, les contraintes évidentes de moyens limitent encore ce type d'archivage. Les émissions diffusées ont tôt fait de passer dans l'oubli total. Rien ou presque n'est entrepris pour immortaliser les journées d'émissions. Il n'existe pas encore des enregistrements simultanés (enregistrement d'une journée entière de programme), parce que coûteux. En définitive, au Bénin, les médias n'ont pas encore acquis la culture et la mentalité de la conservation en simultané.

II- Les conséquences directes : la disparition du patrimoine audiovisuel

Le patrimoine audiovisuel du Bénin est en net recul. Les pages de la mémoire audiovisuelle nationale s'effacent à un rythme incontrôlé. Chaque jour voit les documents audiovisuels sombrer, devant le mûr d'indifférence des professionnels et de l'ensemble des acteurs potentiellement chargés d'y veiller. Les facteurs énumérés ci haut représentent de véritables épines aux pieds du patrimoine audiovisuel national. Face à cette situation, s'il est inutile d'affirmer que la mémoire disparaît progressivement, il n'est en revanche pas superflu de rappeler la perte que cela représentera pour les générations à venir. Si rien n'est fait d'ici quelques années, le Bénin ne devra plus compter sur les services que peuvent lui rendre les archives audiovisuelles.

Le patrimoine n'est appelé à se perpétuer que si un minimum de soins lui est apporté. C'est la seule caution à son développement et sa transmission. Car un patrimoine soumis à des facteurs nuisibles à son épanouissement est un candidat potentiel à la disparition.

CHAPITRE IV-LA PROMOTION CULTURELLE DES ARCHIVES AUDIOVISUELLES AU BENIN : ETAT DE LA QUESTION

Les facteurs énumérés ci-dessus s'expliquent en grande partie par le manque originel de volonté politique et de vision sur la valorisation culturelle des archives. Une attention rigoureuse à ces documents du passé dans le cadre de leur intégration réelle aux aspects du déroulement de la vie culturelle aurait commandé leur gestion scientifique et ordonnée. Dans l'analyse qui va suivre, nous porterons la réflexion sur l'indifférence qui a caractérisé les actions politiques et les programmes culturels de masse à l'égard des archives.

I-De la notion générale des archives

La notion d'archive est vaste et très étendue. Elle ne saurait se limiter à celle d'archives audiovisuelles et recouvrirait une très grande complexité.

1- Définition

La notion d'archives semble un concept banal et bien connu de tous. Car dans notre existence quotidienne, on en fait usage dans les discussions et les débats. Mais la compréhension réelle que chacun en a n'est toujours pas la plus correcte et ne cadre souvent pas avec les réalités que recouvre la notion. On confond facilement les archives avec les cercles de vieilleries et les éléments abandonnés. Dire qu'on travaille dans les archives s'assimile aisément à un garage et ne confère aucun prestige. D'où le nombre littéralement bas des personnes s'intéressant au domaine des archives. Ray Edmonston, expert de l'UNESCO sur le patrimoine documentaire fait remarquer que « le mot archives, d'emploi courant est lui-même problématique en raison des nombreuses associations dont il fait l'objet. Dans le langage populaire, il draine une connotation générique de dépôt de matériels vieux ou obsolètes. Sous l'image de la poussière, des toiles d'araignée et de la décrépitude, de matériel oublié, mis sous clé et pratiquement inaccessible, le terme est souvent un handicap vis-à-vis du public. Parler du matériel découvert ou déterré aux archives, c'est oublier la précision, l'accueil des visiteurs et le dynamisme d'archives bien tenues. »18 Lorsque l'on aborde la question des archives en ces termes, le paradoxe est donc frappant quand juste

18 Ray Edmonston, Une philosophie de l'archivistique audiovisuelle, UNESCO, Paris, Juin 1998, pp. 7-8

après l'on se rend compte de leur importance dans la mémoire individuelle et collective. Nul n'ignore le rôle prégnant des documents d'archives dans le déroulement des activités administratives, scientifiques,culturelles etc. Les archives sont les documents de mémoire et de recul temporel. Les documents nous enseignent que la notion d'archives aurait pour point de départ l'antiquité quand leshommes ont décidé de conserver des traces de leurs activités par les arts pariétaux, les peinturesrupestres, les premières écritures comme le cunéiforme, les idéogrammes, les phonogrammes etc.

Jusqu'au 12ème siècle, la notion est restée vague et très peu répandue. Les rares documents à savoir : peaux d'animaux, rouleaux, papyrus, pierres étaient peu organisés. A la faveur de l'évolution et de certains événements, la notion d'archives se précise et s'universalise. Chez les peuples qui ont connu la civilisation de l'Ecriture, les archives occupaient une position centrale. Elles étaient des éléments de preuves et de renseignements « sur lesquels pouvaient se fonder tout droit et toute obligation de leur détenteur ». Chez les Romains au 12ème siècle, les archives constituaient « un réservoir de preuves, de titres, un arsenal d'armes juridiques servant à protéger droits et privilèges des rois, princes et autres grands de ce monde »

Les archives prennent du sens partout où s'organisent les activités humaines. Car, elles sont des éléments qui fournissent des informations inestimables sur les actes pris.

Pour un auteur français comme Jean Favier qui a jeté la réflexion sur les archives, elles «sont l'ensemble de documents reçus ou constitués par une personne physique ou morale, ou par un organisme privé ou public, résultant de son activité, organisés en conséquence de celle-ci et conservés en vue d'une utilisation éventuelle »19

Le décret 90-384 du 4 décembre 1990, portant attributions, organisation et fonctionnement des Archives Nationales du Bénin, en son article 2 définit les archives comme « l'ensemble des documents, quels qu'en soient la nature, la date, la forme et le support matériel, élaborés ou reçus par une personne physique ou morale, ou par un organisme public ou privé, dans le cadre de son activité, documents organisés en fonction de celle-ci et conservés à des fins d'administration, culturelle et scientifique »

Cette perception des archives s'observe sous leur prisme d'élément matériel. Mais les archives peuvent être aussi définies par rapport à leur aspect institutionnel. Elles désignent alors un établissement ou un service d'un établissement consacré à la collecte, la gestion, la conservation, et à la consultation ou l'utilisation d'une collection de documents.

Pour mieux cerner la notion d'archives sans confusion, il convient de définir ce qu'elle n'est pas. En

19 Favier Jean, Les archives, PUF, Paris, 1975, p. 25

effet, « si une bibliothèque conserve la mémoire du savoir de l'homme et un centre de documentation, les documents utiles dans l'activité de l'homme, le centre d'archives lui, conserve la mémoire de l'activité de l'homme ».20 Comme elle garde trace des actes individuels, sociaux ou institutionnels, on en voit l'image d'une « conserve culturelle ou d'une boîte culturelle »21.

On distingue de façon détaillée plusieurs catégories d'archives : les archives écrites, les archives visuelles, les archives sonores et les archives audiovisuelles. Mais, nous évoquerons les deux grands ensembles qui, à notre avis, semblent traduire les réalités des autres types d'archives.

2-Les archives écrites

Ce type d'archives regroupe tout document écrit réalisé à la main, par dactylographie ou par l'imprimerie. La civilisation de l'écriture qui a vu naître la notion d'archives fait que ces dernières sont facilement assimilées à tout document écrit à la main. Les données de la connaissance à conserver étaient écrites sur des supports tels, les peaux, la pierre, le parchemin, le papyrus, le papier etc pour inverser la précarité de la parole, auparavant, seul mode de communication. Les documents écrits sont demeurés alors les premières formes d'archives. Ils occupent la grande partie du fonds archivistique des personnes physiques ou morales. Car leur élaboration ne nécessite pas autant de moyens que les autres formes d'archives.

Les archives écrites font l'objet aujourd'hui, à la faveur de l'essor technologique, d'un traitement informatisé ou électronique qui ne leur enlève pas leur valeur écrite. Leur prise en charge numérique permet de régler entre autres des problèmes d'espace et d'adaptation à la modernité.

3-Les archives audiovisuelles

Prosaïquement, il s'agit des archives non écrites par opposition aux archives écrites. Il n'existe pas aujourd'hui de définition succincte et généralement admise des archives audiovisuelles. Les statuts de la FIAT (Fédération internationale des Archives de télévision), de la FIAF (Fédération internationale des

20 Davakan Brice Armand, Archives et pesanteurs sociologiques en République du Bénin : Etude pour la promotion culturelle des Archives, Mémoire de fin de formation, Abomey Calavi (ENA), 1997, p. 9 21 Ceci montre tout simplement que les archives ont pour but d'emmagasiner et de capter des informations importantes qu'elles livrent ultérieurement dès qu'elles sont questionnées. L'expression renvoie à l'image d'une boîte dont on cerne le contenu une fois qu'on l'ouvre. La conserve ou la boîte dont il est question ici n'est qu'une image choisie pour expliquer la force de conservation et de mémorisation des documents d'archives. Ceux-ci portent en eux les éléments qui se rapportent aux manifestations culturelles d'un peuple. Ces éléments ont justement besoin d'être interrogés et consultés afin de livrer les informations qu'ils renferment.

archives de film) et de l'IASA (Association internationale des archives audiovisuelles et sonores) exposent de nombreuses caractéristiques et attentes, mais ne donnent pas de définition précise. Les statuts de la SEAPAVAA (Association des institutions d'archives audiovisuelles de l'Asie du Sud Est Pacifique) définissent tant le terme d'audiovisuel que d'archives par rapport aux compétences de ses propres membres. L'article 1,b desdits statuts indique que l'audiovisuel s'applique aux images en mouvement et/ou aux sons enregistrés sur film, bande magnétique, disque ou tout autre support. L'article 1,c définit les archives comme un établissement ou un service d'un établissement consacré à la collecte, à la gestion, à la conservation et à la consultation ou l'utilisation d'une collection de documents audiovisuels et de matériels liés à ceux-ci. Il y a de nombreuses définitions et hypothèses concernant ce terme auquel on fait recouvrir en

combinaisons variées :

a) les images en mouvement, tant sur film qu'électroniques b) la projection sonorisée de diapositives c) les images en mouvement et /ou les sons enregistrés sous différentes formes d) la radio et la télévision e) les photographies et graphiques fixes f) les jeux vidéos g) les CD-ROM multimédias h) tout ce qui est projeté sur écran i) tout ce qui est précède

Dans Questions juridiques relatives aux archives audiovisuelles, Kofler Birgit, Expert de l'UNESCO définit les documents audiovisuels comme « les enregistrements visuels (avec ou sans bande son), indépendamment de leur support physique et du procédé d'enregistrement utilisé, tels que les films, les projections fixes, les microfilms, les diapositives, les bandes magnétiques, les téléenregistrements, les vidéogrammes (bande vidéo, vidéodisques), les disques laser à lecture optique destinés à être reçus par le public, soit par la télévision, soit par le biais d'une projection sur un écran ou par tout autre moyen ; destinés à être mis à la disposition du public. Les enregistrements sonores indépendamment de leur support physique et du procédé d'enregistrement utilisé, tels que les bandes magnétiques, les disques, les bandes sons d'enregistrements audiovisuels, les disques laser à lecture optique destinés à être reçus par le public par la radiodiffusion ou par tout autre moyen ; destinés à être mis à la disposition du public. »

Les documents n'ont leur valeur archivistique que s'il y a un recul temporel. Mieux, les critères culturels, historiques, artistiques etc doivent être réunis.

Les documents audiovisuels quelle qu'en soit la nature sont des documents culturels car ayant des actions sur le public et véhiculant des messages sociaux de taille.

4- Les qualités des archives audiovisuelles : éléments de démonstration

La valeur et le rôle des archives dans les différents pans de la vie sociale ne sont plus à démontrer. Elles sont partout présentes et donnent toujours la preuve de leur utilité sociale.

4-1 Les archives audiovisuelles comme nouvel élément du patrimoine culturel national à conserver

Quand on évoque les musées, les anciens palais et temples royaux, les biens laissés par un personnage célèbre de l'histoire, les sites archéologiques et les spécimens architecturaux, leur portée culturelle ne fait l'objet d'aucun doute et est facilement admise. Mais quand il s'agit des archives en général et des documents audiovisuels en particulier, on observe quelques réactions de réserves. Or il est clair qu'à l'instar de la science, l'art et la religion qui laissent toujours des supports matériels témoins de leur évolution, les archives ont le mérite de faire des témoignages verbaux et même en images. A ce propos d'ailleurs, Max QUERRIER faisait remarquer dans Esprit que « les archives devront un jour, tout comme les collections des musées, faire l'objet d'une lecture populaire qui sera par elle-même créative, créatrice d'un nouveau rapport entre la population et ses propres traces, créative quant au mode de pensée qui imprégnera l'interprétation des traces laissées par les générations précédentes» La culture, assure indéniablement la double fonction matérielle et morale. Les archives en général s'y retrouvent.

Parlant des archives audiovisuelles, le Président de l'INA, Emmanuel Hoog affirmait qu'« après le papier, la pierre, les archives audiovisuelles s'imposent comme un élément du patrimoine culturel ». Ce n'est pas qu'une phrase, car son contenu illustre bien la réalité des archives à travers leur fonction culturelle. Les archives audiovisuelles portent la mémoire profonde d'un peuple, rendent compte de son histoire, de son évolution. Elles exposent la somme des actions des hommes à un moment donné de leur histoire.

Les archives audiovisuelles en retenant par l'image, le son, la photographie et autres méthodes audiovisuelles les traces des activités du passé lointain ou récent des hommes entretiennent de ce fait des relations sociales avec les hommes. L'homme développe des relations particulières avec ces documents qui lui font voir ce qu'il a été, ce qu'il est et lui fournit des indications sur son éventuel devenir. Si le patrimoine culturel est défini comme tout ce qui est légué par les hommes à leur postérité comme héritage, les archives audiovisuelles entrent parfaitement dans cet espace de définition.

Les archives audiovisuelles ont une fonction intergénérationnelle. Ce d'autant plus qu'en les consultant les générations sont dotés d'outils d'analyse et de repère pour leurs entreprises personnelles. Dans un pays comme la France, l'expérience de l'INA révèle à merveille la teneur de la valeur patrimoniale des archives. Elles portent avec foi la pensée de l'histoire de la radio et de la télévision de France en permettant au peuple de redécouvrir les discours politiques de Charles de Gaules, les documents des débuts de la radio et de la télévision en France. Le rôle irréversible de témoin actif de l'histoire et d'élément de mémoire collective, sociale joué de tout temps par les archives en général et celles audiovisuelles en particulier sont autant de mobiles de conviction ou de prétexte de mise en routes d'idées claires et positives autour d'une politique d'intérêt pour leur épanouissement à l'instar des autres formes du patrimoine culturel.

4-2 Les archives audiovisuelles comme source d'analyse scientifique

En fournissant des éléments de comparaison et en ramenant dans les pages d'histoire leurs contenus, les archives audiovisuelles, se posent comme des éléments de connaissances sérieuses. Il n'est peut être pas superflu dans cette étude de rappeler leur partition et leur niveau de contribution aux entreprises scientifiques qui mesurent la justesse de leur rôle.

Sources favorables à l'avancement des démarches, les archives audiovisuelles représentent dans un pays comme la France, pour quantités de chercheurs un lieu de référence incontournable. Les contenus permettent en effet d'étayer, de clarifier, de confirmer ou d'infirmer les hypothèses de travail et contribuent à l'évolution des réflexions scientifiques sur la base de l'existant.

4-3 Le rôle pédagogique des archives

L'enjeu pédagogique des archives n'est plus à démontrer. De par leur nature et les opportunités didactiques qu'elles offrent, les archives représentent des outils pédagogiques d'importance. Leurs actions sur la psychologie des groupes d'apprenants et leur force de conviction leur confèrent une pertinence inestimable.

A partir des archives, quantités d'enseignements peuvent être développés pour interagir avec les scolaires. L'expérience mise en route par l'INA représente un vrai cas d'école. Grâce au service de développement éducatif et culturel de l'INA, les archives sont portées au niveau des scolaires et commandent des analyses de contenus. Du discours politique au contexte formel de l'image, les archives ont la propriété d'accompagner la réflexion pour forger chez l'enfant un raisonnement et un apprentissage personnels.

Les archives grâce au constat de leur prépondérance en matière d'information et d'encadrement offre l'occasion de concevoir et de développer des offres de programmes spécifiques, permettant de mettre à la disposition du secteur éducatif des émissions de télévision et de radio à titre de support ou d'illustration au service d'une discipline ou comme objet de l'enseignement dans le cadre de l'éducation aux médias. La politique pédagogique développée autour des archives peuvent permettre de mettre à la disposition des établissements scolaires des vidéocassettes et des bandes sonores sur des thématiques traitées à la télévision et à la radio (histoire, littérature, théâtre, jeunesse, sciences, société) sous des formes variées (documentaires, fictions, adaptations, portraits, entretiens).

L'importance des archives audiovisuelles telle que déclinée commande de la part de la société leur bonne conservation. Seule une gestion dans de bonnes conditions et selon les normes permettront aux archives d'être présente dans leur fonction et de recouvrir le même intérêt social.

II Les archives audiovisuelles dans les programmes culturels de masse au Bénin

Au Bénin, les archives audiovisuelles, bien que revêtant une importance indémontrable dans le fonctionnement des médias et nourrissant les attentes des téléspectateurs ne sont pas promues jusqu'ici à leur juste valeur. Or, il n'est un secret pour personne que les médias ont de par leur philosophie et leur nature un rôle culturel de taille. Perçus ainsi, les aspects qu'ils secrètent doivent tenir des fonctions similaires, même en dehors de la radio, de la télévision et du cinéma.

Si la réalité culturelle des archives au Bénin adopte une lenteur, c'est qu'il y a des facteurs sociologiques qui constituent un sérieux handicap.

1- Les archives en général dans les systèmes des valeurs

Une question cruciale qu'on est en droit de se poser est de savoir : pourquoi au Bénin aime t-on le son et l'image, la radio et la télévision et qu'au même moment l'indifférence affichée face aux archives audiovisuelles est frappante ? La réponse ne serait pas aisée, mais les repères sociologiques des groupes et les mentalités héritées de la tradition et de l'histoire peuvent permettre des approches.

D'une manière générale, la société a une mauvaise perception des archives. Elles sont souvent définies comme des vieilleries et ne méritent pas de ce fait l'intérêt social. En outre, ce n'est pas un secret pour personne que l'Afrique a hérité de l'Ecriture et que pour ce faire, toute mémoire consignée sur papier n'a pas drainé pendant longtemps l'assentiment des peuples. On préfère se mettre à l'écoute de la tradition orale pour visiter les pages du passé que de se référer aux archives. Dans cette mouvance, l'oralité magnétisée à travers le son et l'image a aussi été confondue à tort et à travers au papier. D'où son rejet, probablement inconscient par la majorité des composantes sociales. De façon sérieuse, on peut se demander ce que valent sérieusement une pièce historique, une bande sonore ancienne et une circulaire de l'époque coloniale dans notre système social.

Le système de valeur peut être défini comme un ensemble cohérent ou une hiérarchisation des priorités. C'est une vision du monde présente dans l'inconscient des pensées les plus rationnelles. A l'évidence, on ne devient pas fonctionnaire pour sauver la mémoire collective, mais l'idée première est de gagner sa vie. Les sociologues ont démontré que les valeurs s'organisent autour d'un ensemble d'idéaux caractérisés par des objectifs de grandeur personnelle et de réussite individuelle. On a ainsi envie de devenir une célébrité ou un haut cadre. Le plus souvent cette vision que l'on se fait de soi n'est pas cristallisée dans les rayons d'archives.

Les tendances lourdes de la société, l'essor des priorités de groupes et la mauvaise lecture du bien fondé et de la philosophie interne des archives en général expliquent qu'au Bénin, des années se soient passées laissant « la mémoire audiovisuelle dans l'oubli » hormis l'exploitation épisodique qu'en font les hommes de médias. Les archives audiovisuelles qui font l'objet de cette étude n'ont alors ou souvent pas constitué un pôle capital d'intérêt dans les programmes culturels et autres manifestations susceptibles de magnifier pourtant leur concours culturel

2-Les archives audiovisuelles dans les calendriers culturels au Bénin

Les archives audiovisuelles sont des témoins dynamiques et mouvants du passé. Grâce à elles, le passé se vit au présent avec une mobilité passionnante. Dans plusieurs pays où l'on est convaincu de leurs forces sociales et de leurs impacts dans la formation de l'homme et du citoyen, des actions culturelles d'envergure les associent fréquemment. Si elles ne commandent pas à elles seules la mise en route de programmes, elles sont alors rattachées à d'autres calendriers dans le dessein de démontrer leur valeur culturelle. Le constat au Bénin révèle une torpeur de ce point de vue. Les 50 ans de radio et le quart de siècle de télévision ne sont pas encore exploités par la société culturelle béninoise.

Si des efforts isolés sont quelque peu perceptibles sur la mise en valeur du patrimoine photographique du Bénin à travers des expositions fréquentes, c'est un silence du côté des archives de radio et de télévision. Dans les autres domaines artistiques et culturels, il est courant d'observer l'organisation des vernissages d'expositions divers, des foires culturelles, des colloques de tous genres. Mais rarement l'occasion de ces manifestations culturelles est saisie pour sortir les documents audiovisuels anciens de leur mutisme.

Plus au-delà de ce constat, il est à remarquer que le milieu de la création et de la culture n'est pas dans l'économie des archives audiovisuelles. Or on peut s'imaginer les riches enseignements que créateurs, artistes de tous ordres et opérateurs culturels sont amenés à tirer de ces documents pour alimenter et nourrir les réflexions actuelles.

En général, si les archives sont sous-exploitées notamment d'un point de vue culturel, la raison est à chercher dans la politique culturelle engagée par l'Etat.

III- Le patrimoine audiovisuel dans la politique culturelle du Bénin

C'est la politique culturelle conduite par l'Etat qui définit les grandes priorités en matière de développement culturel au Bénin. Elle fixe les grandes directives qui doivent être encadrées, évaluées par les services techniques du ministère de la culture compétents en la matière. Ces services veillent à prendre en compte tous les domaines de la vie culturelle tels les Lettres, les différentes disciplines des Sciences humaines, les Arts scéniques, plastiques, musicaux, cinématographiques. Comme on le constate, la politique culturelle du Bénin prend en compte toutes les industries culturelles du Bénin. Les archives audiovisuelles en sont à notre sens un élément clé. Mais quel est leur niveau de prise en compte dans la politique de développement culturel national?

1- Archives audiovisuelles au Bénin et culture : La place de la diversité culturelle dans la réflexion

« Source d'échanges, d'innovation et de créativité, la diversité culturelle est, pour le genre humain aussi nécessaire qu'est la biodiversité dans l'ordre du vivant. En ce sens, elle constitue le patrimoine commun de l'humanité et doit être reconnue et affirmée au bénéfice des générations présentes et des générations futures.»22

Le débat sur la diversité culturelle prend de l'ampleur ces cinq dernières années. Son intérêt ne se limite pas qu'aux milieux culturels mais pénètre dans tous les cercles d'acteurs motivés par les questions de développement. La diversité culturelle apparaissant comme une affirmation de l'identité culturelle du groupe, de la communauté dans un esprit de partage et de rencontre est apparue comme une recette puissante dans la recherche de la paix mondiale et du dialogue. L'UNESCO a fait de la diversité culturelle le coeur de son projet « Décennie mondiale de développement culturel ». La Francophonie a entrepris ces dernières années des échanges entre ses Etats membres sur le sujet. L'Union Européenne s'est également saisie de la question. Le Réseau International de la Politique Culturelle créé en 1998 sur l'initiative du Canada a reconnu la nécessité de la protection et de la promotion de la diversité culturelle. Autant d'exemples qui montrent l'actualité du débat sur la diversité culturelle.

A un moment où les risques d'uniformisation sont réels dans la mouvance de la mondialisation qui transforme non seulement les bases traditionnelles des échanges économiques mais également des autres dimensions de la vie en société, la campagne pour la reconnaissance de la diversité culturelle a tout son sens. Le Bénin n'est pas en marge de cette lutte. En accueillant en 2001, la 3ème Conférence ministérielle sur la Culturelle, le Bénin était des pays qui ont reconnu l'impérieuse nécessité de la défense de la diversité culturelle comme cadre de développement.

Le pluralisme médiatique au Bénin, l'aide aux artistes, l'encouragement de manifestations culturelles diverses sont autant de repères certes encore parcellaires, mais témoins de la présence du Bénin dans le débat sur la diversité culturelle. Membre de la Francophonie et ayant exprimé son accord aux diverses propositions faites jusque là dans ce sillage, la position du Bénin ne surprend guère.

L'intérêt affiché par le Bénin pour l'enjeu de la diversité doit s'étendre au patrimoine audiovisuel produit par les médias. Les médias ont permis grâce à leurs productions de fixer les réalités culturelles, historiques

22 Déclaration Universelle de l'UNESCO sur la diversité culturelle, UNESCO, Paris, Novembre 2001. Une convention sur la diversité culturelle est en ce moment en préparation.

du pays donnant lieu à un nouveau genre d'héritage. Cet héritage audiovisuel est un élément d'identification du peuple béninois et marque ses différences culturelles, ses particularités, en tant que richesse et contribution au dialogue avec les autres peuples. C'est pour cette raison que la réflexion sur la diversité culturelle doit s'appuyer sérieusement sur la défense des archives audiovisuelles qui sont des puissants vecteurs d'identité.

2- La place du patrimoine audiovisuel dans les préoccupations des institutions culturelles étatiques : exemple du ministère béninois de la culture

C'est le Ministère de la culture qui est chargé au Bénin de mettre en oeuvre la politique culturelle du Bénin. Les services techniques rattachés à ce ministère « veilleront à intégrer à leurs activités l'héritage du passé et les apports nouveaux issus du génie créateur du peuple et du contact avec l'extérieur » ainsi que dispose l'acte de déclaration de la politique culturelle du Bénin. Le même texte dispose que « la politique culturelle du Bénin mettra un accent particulier sur la sauvegarde et la restauration du patrimoine en péril dans le souci d'enrichir l'héritage culturel pour les générations futures» C'est pourquoi, il est indiqué que l'État béninois procédera au recensement, l'inventaire, la protection de l'ensemble du patrimoine culturel béninois par des actions concrètes et le renforcement des instruments juridiques. Nulle part on ne voit transparaître clairement la place accordée au patrimoine audiovisuel en péril, à savoir les archives qui souffrent d'un manque de conservation, entre la vie et la mort. Le point 6.3. de la politique culturelle qui aborde le domaine de l'audiovisuel énonce simplement sans aller en profondeur que « l'État favorisera les initiatives privées qui voudront installer des studios d'enregistrement, de pressage de disques et de duplication de cassettes. Il veillera à réduire les taxes d'importation des phonographes, des vidéo-cassettes et des magnétoscopes qui ne doivent plus être considérés comme des produits de luxe mais plutôt comme des produits de consommation courante».

A l'analyse, il semble que la base soit faussée à ce niveau, d'autant plus que le Ministère de la culture ne met en application et n'intègre dans ses actions que les points contenus dans la politique générale. Les discours officiels, les programmes initiés par les pouvoirs publics en faveur des milieux culturels n'ont jamais évoqué avec netteté le poids des archives et les urgences de leur conservation pérenne. Les relations sociales qu'entretiennent ces archives avec les hommes n'ont curieusement pas suggéré des initiatives courageuses allant dans le sens d'une gestion scientifique des archives audiovisuelles pour leur exploitation culturelle. La déclaration de politique culturelle nationale proclame la nécessité d'équiper « les archives nationales en matériels techniques pouvant permettre leur bonne conservation ». Et s'il est vrai que les Archives nationales ont bénéficié depuis les années 90 d'une relative modernisation, il est encore précipité de croire que cela s'est joué au profit des documents. Les Archives nationales qui doivent recevoir pour l'archivage définitif les supports attendent depuis le début du Renouveau démocratique les stocks que doivent lui envoyer la radiodiffusion et télévision béninoises.

Le ministère de la culture ne pouvant exercer aucune autorité sur les Archives nationales, celles-ci déférant aux injonctions de la Présidence de la République, il s'en suit un problème d'attribution, ce qui n'est pas de nature à permettre au Ministère de la culture d'intégrer réellement dans son agenda la question des archives audiovisuelles. Cette absence criarde de la question des archives audiovisuelles dans les préoccupations des institutions culturelles publiques comme le ministère de la culture est aussi perceptible au niveau des instruments juridiques

3- Les archives audiovisuelles dans les textes nationaux sur le patrimoine culturel

Les textes juridiques ont toujours servi dans tout domaine de l'activité humaine d'outils d'accompagnement des actions de toutes natures. En matière d'environnement, la lutte contre la pollution est régie et soutenue par des textes ; la lutte contre le trafic des enfants s'adosse à des instruments répressifs. De la même façon, l'éducation à la pratique de la bonne gouvernance s'appuie sur des arsenaux qui fixent les lignes d'action. La promotion du tourisme national ne devient une réalité que si un code de tourisme vient en appoint. Dans le même ordre d'idées, le domaine de la culture ne doit pas échapper à cette logique. Au Bénin, où il existe une cadre relatif à la protection du patrimoine culturel, le constat révèle la non prise en compte totale du patrimoine audiovisuel. Aucune allusion aux archives en général n'est faite.23 La loi relative à la protection des droits d'auteurs fait brièvement référence en son article 2 à l'impérieuse nécessité d'intégrer dans les démarches de production audiovisuelle, la conservation et la sauvegarde des documents.

Ce dernier exemple est un cas isolé si l'on sait que plus aucun texte et instrument ne vient prêcher nettement dans le même sillage. La déclaration de politique culturelle d'Avril 1990, bien qu'affirmant la nécessité pour la législation culturelle d'embrasser tous les domaines culturels ne cite pas dans les formes juridiques énoncées l'urgence d'une loi sur les archives en général. Ceci ne devait pourtant pas être marchandé lorsque l'on sait, d'une part, toutes les atteintes qui frappent les archives audiovisuelles par défaut de conservation, d'autre part, les questions de droits d'auteurs qui s'y rattachent.

23 L'Ordonnance No 35/PR/MENJS du 1er Juin 1968 relative à la protection du patrimoine culturel

Si au Bénin, des tendances lourdes sont perceptibles, dans d'autres pays par contre, le patrimoine audiovisuel fait l'objet d'un travail sérieux de valorisation culturelle. C'est le cas de la France, à travers l'Institut National de l'audiovisuel qui est l'autorité publique de conservation et de mise en valeur des archives audiovisuelles qui représentent la mémoire de la radio et de la télévision française.

DEUXIEME PARTIE : LES PERSPECTIVES SYSTEMIQUES POUR UNE VALORISATION CULTURELLE DU PATRIMOINE AUDIOVISUEL AU BENIN

La question des archives audiovisuelles au Bénin et de leur mise en valeur doit nécessiter dans les prochaines années des actions de taille pour produire des résultats convaincants. C'est pour cette raison qu'il faut initier des approches multidisciplinaires faisant appel à des compétences et des domaines divers.

La gestion des archives audiovisuelles, parce qu'elle implique aussi bien la conservation, la sauvegarde que la valorisation, doit, dans sa mise en oeuvre, être la traduction de plusieurs efforts. Il est impératif dans l'environnement international actuel des archives de s'inspirer dans cette voie de l'expérience des autres et de leurs succès tout en tirant le meilleur parti.

CHAPITRE I LE PATRIMOINE AUDIOVISUEL : CONSERVATION, SAUVEGARDE ET VALORISATION CULTURELLE DANS UN CONTEXTE ORGANISE

A l'inverse de la situation inconfortable constatée au Bénin sur le plan de la gestion physique des archives audiovisuelles et de leur valorisation culturelle, l'état des lieux à la date d'aujourd'hui en France révèle un sérieux manifeste face à la question. Les archives de radio et de télévision sont traitées avec beaucoup d'égards et font l'objet d'une mise en valeur culturelle permanente à travers des programmes spécialement élaborés. Au regard du constat, ce ne serait que réalisme d'affirmer que le secteur des archives audiovisuelles constitue une industrie qui doit se développer et prendre constamment de l'ampleur. L'INA, l'Institut National de l'Audiovisuel met en oeuvre cette politique publique de prise en charge et de valorisation des archives audiovisuelles en France. Son expérience en cette matière laisse transparaître une gestion professionnelle à laquelle il importe pour un pays en voie de développement comme le Bénin de se référer. C'est fort de cela que notre stage en entreprise s'y est déroulé.

I- L'Institut national de l'Audiovisuel, un pôle important de gestion et de valorisation culturelle des archives de radio et de télévision

Au coeur du paysage audiovisuel français, l'INA s'occupe depuis 1975 de la gestion des fonds d'archives de radio et de télévision. Son rôle en fait un organe public de sauvegarde de la mémoire audiovisuelle française. Le dynamisme de son travail, sa volonté constante de ne pas voir périr une grande frange du patrimoine culturel national se manifeste au travers de la collecte, la sauvegarde, la numérisation, la restauration et la communication des documents d'archives soit plus de 60 ans de programmes radio et 50 ans de télévision.

L'Institut national de l'audiovisuel est un Etablissement Public à caractère Industriel et commercial (EPIC), mis en place le 06 janvier 1975 au terme de la réforme de l'audiovisuel menée en 1974. L'INA est né de l'éclatement de l'ORTF (Office de radio et télévision de France). Il doit assumer dès sa naissance les missions transversales jusque là dévolues à l'ORTF. C'est la structure française de gestion des archives audiovisuelles publiques. L'INA a des délégations régionales qui au titre des obligations légales collectent, conservent, gèrent et exploitent les programmes (Actualités et émissions de production) provenant des radios et des télévisions publiques régionales : Radio France et France 3. En sauvegardant la mémoire des régions de France, ces délégations remplissent localement les missions de l'INA et relaient dans leur zone d'influence les opérations menées par l'INA au niveau national. Ces délégations régionales sont présentes à Rennes, Lille, Lyon, Strasbourg, Marseille, Toulouse.

1- Une structure aux missions patrimoniales

Les missions de l'INA sont segmentées en trois principaux axes :


· La conservation du patrimoine audiovisuel national

Assurer la collecte des programmes audiovisuels

Préserver, sauvegarder et restaurer les fonds

Offrir des services documentaires renouvelés et efficaces

Renforcer l'accessibilité aux images et aux sons dans l'environnement Internet.


· L'exploitation et la mise à disposition de ce patrimoine

Développer l'exploitation commerciale des fonds,

Valoriser les archives à des fins scientifiques, éducatives et culturelles.


· L'accompagnement des évolutions du secteur audiovisuel à travers ses activités de recherche, de production et de formation

Renforcer la convergence des activités de recherche et expérimentation vers la mission patrimoniale,

Accroître le caractère innovant de la production de création et de recherche,

Orienter la formation professionnelle vers les technologies numériques. : Depuis 1992, l'INA se voit confier en plus de cette mission originelle celle du dépôt légal de la radiotélévision française. Ainsi donc, l'Inathèque de France collecte, au titre du dépôt légal, l'ensemble des archives des programmes français de radio et de télévision postérieures à 1995 à des fins de recherche. Le dépôt légal vient tout simplement en rajouter d'une certaine manière à la fonction patrimoniale de l'INA. En

clair, avec plus de 2 millions d'heures de radio et de télévision, près de 3 millions de documents répartis sur près de 110 kilomètres de rayonnages, l'INA représente une source exceptionnelle d'archives où tous les programmes de télévision et de radio sont présents. Deux types de gestions se complémentent à l'INA : la gestion au titre de l'archivage professionnelle (par les chaînes publiques de radio et de télévision), puis la gestion au titre du dépôt légal (étendue à l'ensemble des chaînes hertzienne, du câble et du satellite). L'INA procède chaque année à la collecte d'environ 220 000 heures d'archives dont plus des ¾ au titre du dépôt légal. Dans le cadre de l'automatisation de la chaîne de production, il a mis en place une politique de captation numérique des images et des sons.

Tableau 2 : Fonds d'archivage professionnel et dépôt légal en 2003

Indicateurs stratégiques

Archivage professionnel

Archivage Dépôt légal

Heures de TV

535 000

430 000

Heures de Radio

575 000

500 000

Total

1 100 000

930 000

Source : INA

2-La Direction des archives de l'INA

Située à Bry-sur-Marne en région Est parisienne, la Direction des archives de l'INA est l'axe majeur de démonstration de la mission patrimoniale de l'Institut national de l'audiovisuel. Sa démarche donne à l'INA toute sa raison d'être. Structurée en six délégations régionales chargées de la collecte, la préservation, la mise en valeur et la communication des programmes d'archives, la Direction des archives possède également trois théques nationales (vidéothèque, phonothèque, photothèque). Elle gère en outre le centre des Essarts dans les Yvelines (banlieue parisienne) qui, lui, concentre l'essentiel des matériels radio et télévision issus des antennes nationales et s'occupe de la préparation et du transfert des films pour la sauvegarde. Au sein de la même Direction, on retrouve un service technique chargé du stockage, de la numérisation et de la mise en ligne des documents. Un service du développement éducatif et culturel trouve également sa place dans l'organigramme de cette direction. Ce service met en oeuvre la politique de valorisation des archives à des fins culturelles et éducatives. La direction des ressources humaines et de la formation joue pour sa part une partition de choix dans cet environnement général.

Implantée dans cet environnement, la Direction des archives, à travers ses différents secteurs d'activités peut alors se fixer comme objectifs: -la sauvegarde et la numérisation des fonds afin de garantir leur pérennité et d'accroître l'accessibilité aux contenus -l'amélioration de la maîtrise des fonds grâce à un programme d'inventaires documentaires et

physiques, et la mise en oeuvre de procédures de contrôle de la qualité des données qui référencent les documents et les matériels d'archives. Dans cette analyse, nous nous intéresserons plus loin au Service du développement éducatif et culturel (SDEC)

II- Le plan patrimoine de l'INA, un vaste programme aux objectifs implicitement culturels

1- Les mobiles du plan

Pour l'INA, c'est l'avenir des archives qui se joue. Le constat révèle la fragilité de certains supports parfois uniques. Mieux avec l'évolution technologique, se pose le problème de l'obsolescence des machines de lecture. Avec quelque deux millions et demi de supports, l'INA détient l'une des plus importantes collections du monde, avec celles de la BBC24 et de la RAI25. Ces supports, notamment les bandes magnétiques sont atteintes par ce que les spécialistes appellent « le syndrome du vinaigre » évoqué plus haut. Résultat, plus de 20% du fonds film est dans un état critique. En 1999, 300 000 heures de radio et 200 000 heures de télévision étaient en état de dégradation. En 2002, ces chiffres ont été revus à la hausse et portés à 500 000 heures de radio et 335 000 heures de télévision.

2- Le plan de sauvegarde et de numérisation

Il a été initié en 1999 avec pour objectif de sauver au plus vite 300 000 heures de radio et 200 000 heures de télévision provenant des fonds nationaux et de fonds régionaux. L'opération vise à recopier les programmes sur des supports numériques pour assurer la conservation pérenne du fonds et améliorer son exploitation.

3- La sauvegarde, numérisation et communication

L'état inquiétant de certains documents a orienté la réflexion vers la mise en oeuvre du plan de sauvegarde et de numérisation auquel s'ajoute une chaîne interne de sauvegarde liée spécifiquement à la communication des archives. Il s'agit de la SNC (sauvegarde-numérisation-communication). C'est une autre

24 Chaîne britannique de radio et de télévision 25 Radio et Télévision italienne

filière de sauvegarde et de numérisation. La particularité repose ici dans le fait qu'elle ne se met en route qu'à la suite de commandes en urgence et ne concerne que la communication des extraits d'images et de sons pour les diffuseurs. La SNC ne se situe pas dans la logique d'une systématisation de la sauvegarde. C'est un mode opératoire qui est rythmé selon les besoins. Elle permet de sauvegarder les fonds avant communication sans détérioration du support. Elle a été mise en place en 2001 et propose un visionnage et une livraison sous trois jours des archives commandées. Auparavant, il fallait trois semaines. Comme il ne s'agit ici que d'extraits, un travail de repérage et de description est fait par les documentalistes grâce à des outils informatiques développés en interne.

4- Les résultats

Plusieurs critères techniques et de contenu ont présidé au choix des supports qui font l'objet de sauvegarde comme l'état de dégradation, la difficulté d'exploitation, la valeur patrimoniale, de rareté, artistique, professionnelle et commerciale. Selon les chiffres publiés disponibles en 2004, le PSN a permis à l'INA de numériser près de 150 000 heures de programmes télévision dont 97 000 étaient menacées de disparition. Par ailleurs, l'INA a également dépassé en 2005 les 80 000 heures pour ce qui est de la numérisation radio. Ces programmes sont aujourd'hui accessibles en ligne. Le rythme de sauvegarde numérique est de 19.450 heures par an pour les programmes de télévision et de 8 800 heures par an pour la radio. A ce rythme et à financement stable, il faudra 60 ans pour sauvegarder les 500 000 heures de radio et la même durée temporelle pour les 335 000 heures de télévision encore menacées. Or pour sauvegarder l'intégralité des fonds menacés, toutes les opérations devraient être réalisées d'ici 2015. En poursuivant au rythme actuel, l'INA serait en mesure de garantir la sauvegarde de 60% des fonds menacés.

Tableau 3 : Bilan de sauvegarde en numérique à l'INA

Indicateurs stratégiques

1999

2000

2001

2002

2003

2004

Nombre d'heures TV sauvegardées (cumul)

12 070

33 970

64 770

95 670

126 870

150 000

Nombre d'heures Radio sauvegardées (cumul)

6100

14 900

23 700

32 500

41 300

80 000

Source : Contrat d'objectifs et de moyens entre l'Etat français et l'INA et Site Internet INA

5- Poursuivre et accélérer les processus de sauvegarde et de numérisation

L'INA, en raison de l'avantage qu'induit l'opération de numérisation, doit pouvoir continuer dans la même cordée avec le déploiement d'efforts supplémentaires pour accélérer le processus. Le volume du fonds menacé est très important. Il y a donc à la base un enjeu de sauvetage. Le volume sauvegardé jusque là a obéi à des critères qui ne sont pas forcément les plus objectifs. D'où l'impérieuse nécessité de mobiliser les énergies et les moyens correspondants en vue de sauver le reste du fonds. Car des fonds restants, l'on ne sait lesquels peut revêtir une importance pour la postérité.

L'opération de numérisation qui accompagne selon le schéma de l'INA la sauvegarde est à promouvoir sérieusement dans les années à venir de façon à banaliser la mise en ligne des images et des sons. Pour cela, les ressources mobilisées par les activités économiques découlant de la communication des archives doivent être fortement appuyées par une augmentation des redevances. Car, l'INA à travers ses activités est au coeur d'une problématique qui exige un choix rigoureux irréversible.

III- Inamédia, un chantier en pleine évolution

La numérisation apporte une révolution car elle permet au client de consulter à distance et en ligne les archives avant d'en lancer la commande. Ceci se traduit à travers Inamédia qui héberge en ligne les archives de presse filmée et de télévision de l'INA. On y retrouve les émissions diffusées par les chaînes de télévisions publiques françaises de 1949 à nos jours ainsi que le fonds de presse filmée des Actualités Françaises qui va de 1940 à 1969. Cet instrument développé par l'INA présente des avantages pluriels. Il permet d'effectuer des recherches de toutes sortes dans la base de données documentaires. En même temps, c'est un espace de visionnage des archives numérisées. Grâce à une visionneuse, le client est en mesure de créer des extraits au cours du visionnage et de verser dans un panier les archives retenues avant d'en transmettre le contenu à l'équipe commerciale. Le client peut également s'offrir la possibilité de demander aux documentalistes d'effectuer une recherche documentaire initiale ou complémentaire de celle qu'il a réalisée.

La recherche en effet s'effectue sur l'ensemble des notices documentaires des fonds télévision et de presse filmée y compris les fonds thématisés. A ce jour, il est possible de visionner l'ensemble du fonds de télévision numérisé de l'INA soit environ 150 000 heures. Le format de visionnage est le Mpeg 1, à 1,2 mégabits/ secondes, au moyen d'un lecteur Quick Time version 6,2 ou ultérieure. Le format de livraison par contre est le Mpeg 2, à 8,5 mégabits/ secondes. On livre les documents sur des supports professionnels tel le Béta Numérique.

La cession des archives de la base de données Inamédia obéit à un long processus d'analyse juridique, de libération éventuelle des droits et une évaluation de la qualité du matériel (matériel à restaurer ou pas) avant toute livraison définitive. Tout document qui intéresse le client n'est donc pas systématiquement livré. N'accède pas à Inamédia qui veut. Ceci tient au fait que l'INA n'est pas actuellement dimensionné pour répondre directement aux demandes des particuliers, ni en mesure de leur faire visionner des archives en ligne. Car pour la plupart, ces archives ne sont pas libres de droit. D'où tout le système de filtrage afin quel seuls les professionnels puissent utiliser le service.

IV Les aspects culturels de gestion des archives de l'INA

L'élément culturel explique entre autres la position et la démarche de l'INA face à la question des archives. La culture étant par définition ce qui reste lorsque l'on a tout perdu, les efforts de l'INA ont été longtemps déterminés par cet aspect. La fonction culturelle des archives commande les opérations de conservation et de sauvegarde.

Implanté au coeur de la Direction de archives, le Service du développement éducatif et culturel (SDEC) coordonne la politique de valorisation patrimoniale de l'INA. Ce service accompagne la politique de restitution des archives conservées par l'INA vers tous ses publics, notamment éducatifs et culturels.

Le SDEC a pour vocation centrale de diffuser le patrimoine et la mémoire de la Radio et de la Télévision sous des formes diversifiées en fonction des publics. Le grand public n'a pas directement accès aux archives, mais il peut toutefois retrouver toutes les richesses du patrimoine audiovisuel français au travers des collections sonores et vidéo. Ce travail est conduit par le SDEC qui invente les schémas de faisabilité et met en place des stratégies de concrétisation.

1- Les archives dans le patrimoine culturel français

S'il y a encore quelques années dans l'imaginaire collectif des français, la définition du patrimoine culturel ne prenait qu'en compte les musées, les sites archéologiques, les monuments et autres places rattachées à l'histoire, la mentalité a sérieusement connu une évolution sur la définition du patrimoine culturel dans son ensemble. L'importance à la fois artistique, esthétique, la valeur permanente des documents audiovisuels réunis donne à ces derniers leur valeur patrimoniale. Depuis sa création en 1975, l'INA joue un rôle patrimonial certain. Comme l'indique le slogan principal qui barre ses documents officiels, il construit l'avenir de la mémoire par la collecte, la conservation, la sauvegarde et la communication des documents audiovisuels français. En ramenant sur son territoire les images des débuts de la télévision, du cinéma et de la radio en France, il s'impose comme un élément de reflet identitaire réel, car au travers de ses activités, c'est à une rencontre de générations qu'on assiste. La démarche de l'Ina est fortement marquée par un souci de prise en compte permanente du passé, du présent et du futur. En mettant au coeur de ses préoccupations les documents du passé, l'INA se met constamment dans la dynamique de leur insertion dans une approche intergénérationnelle. Même si la logique commerciale est présente, les archives ne sauraient en effet se réduire à un centre de ressources pour les producteurs et les diffuseurs ou à un « capital » à exploiter à des fins strictement commerciales. Elles sont avant tout un lieu de la mémoire collective et plus encore un patrimoine historique et culturel.

L'INA à sa naissance est ainsi chargé de préserver la mémoire audiovisuelle de la France. Pour les français, les archives portent les traces du passé de la France et donnent aux générations qui se succèdent des repères dans le processus de leur auto prise en charge et du développement. Dans les faits, les archives audiovisuelles représentent la sève de laquelle les français tirent des éléments de leur existence. Les enseignements issus de ces documents dynamiques et actuels malgré leur vieillesse sont gage d'avancée incontestable.

Par définition, les archives font partie intégrante du patrimoine culturel mobilier. De ce point de vue, elles sont progressivement traitées en France avec soin et intérêt. Il est vrai qu'il reste encore dans cet environnement déjà amélioré des renforcements d'actions à mettre en oeuvre pour que les archives audiovisuelles soient littéralement perçues par l'ensemble des français comme un élément fort du patrimoine culturel. Cette tacite méconnaissance de la conscience patrimoniale des archives s'observe plus au niveau de la libération des moyens consacrés à la réalisation des objectifs patrimoniaux que dans la vraie perception idéelle de la fonction culturelle des archives.

2- La communication culturelle et pédagogique des archives

Les archives n'ont de valeur que si elles servent aux besoins du public. L'une des questions qui taraudent l'INA est de savoir comment on peut conserver sans communiquer. La gestion méthodique et professionnelle des archives en général, celles audiovisuelles en particulier exige que l'on détermine cette fonction ultime qui constitue au même moment le début d'un autre cycle de gestion. La communication emprunte diverses voies à l'aune des consultations scientifiques, des activités culturelles et pédagogiques sans occulter les nécessités professionnelles incarnées par les demandes des chaînes publiques de radio et de télévision.

Autour de ses archives, l'INA crée un centre d'intérêt culturel et éducatif. Si la fonctionnalité scientifique est incarnée par l'inathèque de la Bibliothèque Nationale de France qui offre aux chercheurs un cadre convivial de travail et de découverte, le but pour l'INA est d'atteindre le plus large public et de donner aux archives conservées leur valeur culturelle. C'est ainsi que le service du Développement Educatif et culturel est investi de la mission de diffuser le patrimoine et la mémoire de la radio et de la télévision sous des formes diversifiées en fonction des publics.

La politique culturelle de l'INA s'exerce en direction des milieux de la création, de la culture et de l'éducation de commun effort avec les professionnels de ces milieux. Cette politique se traduit par quatre orientations :

Développer les offres de contenus et de services ciblés

Favoriser l'intégration des documents audiovisuels dans la pédagogie

Favoriser le patrimoine dans sa dimension historique et esthétique et comme vecteur de connaissances

Favoriser la présence des archives dans la mise en oeuvre des projets innovants en s'appuyant sur les technologies de l'information et de la communication On note alors des programmations et mise à disposition des corpus thématiques lors des grandes

manifestions culturelles ; l'accompagnement de l'intégration de l'image dans les pratiques culturelles. L'INA affiche alors sa présence dans les festivals, colloques, expositions, musées, médiathèques. La signature de conventions avec des institutions de renom comme la Comédie française ou l'Office National du film canadien sont autant d'exemples qui témoignent de la présence de l'INA aux côtés d'institutions culturelles pour la valorisation de son patrimoine. Les chiffres annoncent que l'INA met chaque année ses archives à la disposition de plus de 200 expositions culturelles et événementielles en France et à l'étranger. En 2000, il a participé à 200 manifestations culturelles contre 280 en 2002. Parmi les partenaires de l'INA se déclinent l'Auditorium du Louvre, le Forum des images, la cinémathèque de la Danse, la Mairie de Paris et la Société civile des auteurs multimédia (SCAM).

D'un autre point de vue, l'INA développe des programmes en relation avec les acteurs de l'éducation, car les archives en raison de leur contenu et des enseignements qu'elles diffusent sont des outils pédagogiques. Des émissions de télévision, sont mises à la disposition du secteur éducatif à titre de support et d'illustration au service d'une discipline, ou comme objet d'enseignement dans le cadre de l'éducation aux médias. Une collection « Vidéothèque pour l'enseignement » riche de 300 titres explore toutes les thématiques traitées à la télévision comme l'histoire, la jeunesse, la littérature, le théâtre, les sciences, la société sous formes de documentaires, fictions, adaptations, portraits, entretiens. Les documents proposés sur vidéo cassettes sont mis à la disposition des établissements culturels et scolaires que sont les bibliothèques, musées, théâtres, lycées et collèges, centres de formation. Dans cette mouvance, les collections « Voir et Lire » et « Voir et savoir » constituées à partir de programmes d'archives de l'INA sont proposées dans les établissements scolaires et universitaires ainsi que dans les médiathèques. Un exemple remarquable de l'impact positif des actions de l'INA au côté de la cause pédagogique, le site Ina - edu et le premier DVD-Rom de la collection « Apprendre à la télé » qui aident à n'en point douter les élèves à mieux comprendre l'actualité à travers l'analyse des images.

En outre, un catalogue vidéo Education et Culture composé de 300 titres destiné aux Etablissements d'enseignement et aux acteurs de la vie culturelle est mis en ligne sur le site internet de l'INA et porte sur divers aspects de l'histoire, la vie artistique et culturelle de la France. Les thématiques explorées sont en effet : la science, les questions de société, la jeunesse, le théâtre, la littérature, le théâtre, les portraits etc.

Les occasions de découverte par le grand public du patrimoine audiovisuel français mis à disposition par l'INA sont nombreuses. Il arrive parfois que les archives les plus insolites investissent des lieux de spectacle. En 2002, la première édition des « 24 heures de la télé » a eu lieu au Zénith de Paris et dans six (6) villes de province à l'occasion des journées européennes du Patrimoine. Elle a rassemblé 11 000 spectateurs autour d'un programme de 6 heures d'archives réalisé à partir de 265 extraits. Toutes les générations sont séduites par la collection « INA mémoire vive » qui remémore des oeuvres ou interprétations musicales et le DVD « Au théâtre ce soir ».

Les archives n'ont pas de sens si elles ne touchent pas le public pour jouer auprès de lui leur fonction culturelle. Les archives sont des éléments culturels qui surgissent de la culture des peuples et c'est dans ce même peuple qu'elles peuvent retrouver leur plein épanouissement. Cette interaction entre la société et les archives constitue un élément de poids dans l'explication de la valeur culturelle des archives audiovisuelles

Tableau 4 : Evolution du nombre annuel de nouveautés : publications, produits sonores, vidéos et interactifs à l'INA

Indicateurs

Réalisé en 2000

Réalisé en 2002

publications

12

23

Editions sonores

58

60

Editions vidéo

45

62

Editions vidéo Circuits éducatifs et culturels

0

20

Editions CD-ROM et DVD-ROM

2

3

Source : INA Tableau 5 : Diffusion des archives dans les réseaux culturels et éducatifs

Indicateurs

2000

2002

Nombre d'heures d'extraits de télévision

0

08h36

Nombre de programmes de télévision

200

564

Nombre de K7 vidéo

2000

3300

Source : INA

3- Un attachement aux questions de droit dans la valorisation culturelle des archives

Les archives audiovisuelles parce qu'elles ont parfois un lien avec la création ont un statut juridique réel. De ce fait, l'INA, confronté à leur exploitation est très regardant sur les questions de droits d'auteurs. Il existe un cadre normatif qui régit le fonctionnement des archives de l'INA et implique les différents interlocuteurs et partenaires de l'institution.

4- La thématisation et la mise en ligne des fonds radio et télévision au service des actions culturelles

La thématisation engagée depuis la mise en route de la numérisation contribue à donner à l'INA plus d'efficacité dans la gestion de l'ensemble de son fonds radio et télé. C'est par définition le traitement par thèmes du fonds ou précisément un regroupement par centres d'intérêt, corpus ou rubriques du fonds. La documentation est à l'avant-garde de la mise en oeuvre de cette innovation. Ainsi, retrouve t-on par exemple les rubriques personnalités, économie, société, divers etc. Dans le cadre de cette thématisation, un travail de fond a été fait sur le Président Charles de Gaulle dont les discours ont été regroupés selon les circonstances et sphères d'intervention. Désormais par un seul clic, il est possible de retrouver en même temps une rafale de documents sur la personnalité ou le thème recherché dans la base.

En définitive, la thématisation permet une recherche rapide dans la base et constitue un vrai prétexte à l'accélération de la politique de numérisation. Grâce à son outil privilégié, Totem, elle constitue aujourd'hui pour l'INA une voie efficace de gestion archivistique.

En juin 2004, 292 heures de radio contre 11 200 heures de télévision sont thématisés. L'importance de la thématisation et de la numérisation dans l'opération finale de mise en ligne n'est plus à démontrer. De ce point de vue, il importe que l'INA mette les bouchées doubles pour densifier ses actions sur ce fonds.

La thématisation lancée en 2001 simplifie les recherches documentaires dans la base et permet d'accéder aux archives numérisées, structurées et valorisées par corpus thématiques. Pour que la thématisation puissent montrer son efficacité, il faudra notamment poursuivre le travail de traitement documentaire

Le traitement documentaire, un élément important de la thématisation et de la gestion : Pendant longtemps, on a constitué des archives sans un véritable travail documentaire. Dans la pratique, on s'est contenté d'une gestion approximative des stocks, ce qui n'est pas sans marquer négativement les documents qui s'ils ne sont pas encore jetés ne doivent plus servir à grand'chose. Depuis quelques années déjà, on commence par se faire une idée positive de la documentation dans toute la chaîne d'archivage des documents audiovisuels. Archivage et documentation vont de pair. Les matériels audiovisuels, sonores et cinématographiques n'ont d'importance à l'INA que dans la mesure où ils font l'objet d'un traitement documentaire qui leur donne vie, sens et identité. Une équipe de documentalistes qualifiés s'attèlent à faire face quotidiennement aux enjeux de la description et de la constitution de notices documentaires. Les documents et les matériels qui par le passé ont fait l'objet d'une identification sommaire sont actualisés de ce point de vue. Ce qui représente une forme de sauvetage et remet en vie les éléments concernés. Les documents récents et nouveaux font quant à eux l'objet d'une attention soutenue car ils sont décrits selon les principes modernes de gestion documentaires. Si le fond télévision de l'INA n'est pas parfait en matière documentaire, celui de la radio ne se porte pas moins mal. Il présente en effet beaucoup d'insuffisances. Les efforts engagés depuis plusieurs années pour y faire face produisent des résultats faibles. Le fonds radio parce qu'il est hautement hétéroclite a posé un sérieux problème documentaire. La base de données de la phonothèque est constituée de plus de 775 000 notices identifiant émissions ou sujets. Plusieurs documents et matériels demeurent sans notices jusqu'à ce jour, ce qui ne facilite pas leur accessibilité. Dans le meilleur des cas, on se résout à un traitement minimaliste. 3/5 seulement du fonds est analysé, indexé ou catalogué soit dans la base de données informatiques INA-SON sous logiciel documentaire BASIS, soit dans un fichier manuel. Il devient important dans le cadre de la numérisation à terme du fonds de consacrer davantage d'efforts à la fabrication de notices documentaires aux documents qui en manquent. Les fichiers manuels ont besoin d'être versés dans la base informatique.

V-La politique culturelle des archives à l'échelle réduite d'une chaîne de radio et de télévision

Une partie de notre stage professionnel s'est déroulée à la sonothèque de Radio France Internationale et à la vidéothèque de TF1 sous l'égide de l'INA. Cette étape nous a permis d'observer de près la gestion du patrimoine sonore à l'échelle réduite d'un média et d'observer le degré de communication et de valorisation culturelles des archives.

1- La sonothèque de RFI

La sonothèque de RFI possède globalement un fonds hérité de Radio France et qui date des années 70. Le magasin situé au 15è étage de la Maison de Radio France possède dans ses rayons environ 45 000 bandes analogiques, essentiellement de la production maison soit 1 km linéaire d `archives sonores.

La sonothèque conserve en effet depuis 1975 ses propres archives et est investie essentiellement d'une double mission : l'appui à la production et la conservation du patrimoine sonore de RFI.

En effet, elle a reçu carte blanche pour archiver les productions de la chaîne, notamment les productions en langue française qui seront réutilisées par les producteurs.

En dehors de ceci, elle joue un rôle patrimonial de taille. Car à l'origine de sa création se greffe l'idée de la création d'une structure de centralisation des archives des émissions disséminées ici et là dans les tiroirs de leurs producteurs. Partant de là, RFI pourra disposer d'un grand réceptacle de ses archives exploitables par elle en temps réel. Le souci est notamment de ne pas voir ces documents sombrer dans l'oubli et la perte.

2- L'archivage audiovisuel à TF1

Chaîne privée française de télévision, TF1 démarre son propre archivage en 1989, soit 7 années après sa privatisation en 1982. Avant cette date, elle était encore une chaîne publique et en tant que tel, ses archives étaient récupérées par l'INA au titre de l'archivage officiel. Avec le démarrage de son archivage en interne, TF1 a récupéré une grande partie de ses archives. Mais à la différence de l'INA, TF1 n'est pas mue par des préoccupations de gestion patrimoniale. Deux types d'archivages cohabitent.

Archivage d'information, premier souci

Le but de l'archivage à TF1 est d'alimenter les journaux d'information avec les images d'archives. Le premier critère d'archivage comme on peut le constater est la fabrication. On archive des documents en vue de leur réutilisation pour des productions. Les éléments conservés sont les journaux, les magazines, les images d'agences. Une politique de double spécialité conduit à conserver aussi bien les rushes que les diffusés. Le magasin de l'archivage d'information comporte 150 000 cassettes soit un total de 30 000 heures.

Archivage de production

L'archivage d'antenne porte sur les lourdes productions de la chaîne à savoir les documentaires de création, les émissions de jeux, les actualités musicales, les émissions culturelles etc. Une partie de ces productions sont conservées à des fins patrimoniales dans le magasin annexe de la chaîne et l'autre est aux mains des sous-traitants extérieurs. Le fonds est constitué de 160 000 supports soit environ 32 000 heures.

3- De la valorisation culturelle des archives sur les deux chaînes

On ne peut pas dire que les deux chaînes de radio et de télévision mises à l'étude ont au coeur de leur pratique un souci de valorisation culturelle des archives. Jalouses de leur production, généralistes dans la démarche et dans les choix, il y a plus pour elles nécessité de production pour les besoins stricts de l'actualité que pour des préoccupations d'ordre culturel. Les archives communiquées sont destinées à des fins professionnelles et servent journalistes, producteurs, réalisateurs et autres professionnels dans leur travail quotidien.

Si au niveau de TFI, aucune restriction n'est possible au regard du développement fait plus haut, du côté de Radio France Internationale par contre, il y a des efforts qui s'opèrent par moments grâce à la coopération avec l'INA pour l'édition de supports qui s'inspirent des archives des deux structures au service des initiatives scientifiques, culturelles et pédagogiques. C'est le cas des CD sur la vie et l'oeuvre de Léopold Sédar Senghor, Cheikh Anta Diop, Amadou Ampaté Ba. On peut également citer le coffret « Afrique, une histoire sonore » qui retrace avec attention et suite la longue marche de l'histoire pré-décolonisation et post-indépendance de l'Afrique à travers les faits et les grands hommes. Ces supports édités servent souvent d'appui aux programmes pédagogiques et culturels.

CHAPITRE II DE LA CONSERVATION ET DE LA SAUVEGARDE DES ARCHIVES AUDIOVISUELLES : LES ELEMENTS DE GESTION PROFESSIONNELLE POUR UNE VALORISATION CULTURELLE DES ARCHIVES AU BENIN

Depuis toujours les secteurs de pré archivage et d'archivage audiovisuel ont toujours été gérés avec une indifférence caractérisée. L'impact négatif sur la vie des documents ne s'est pas fait attendre. Le Bénin dispose aujourd'hui de 50 ans d'archives de radio et 25 ans d'archives de télévision. Et, paradoxalement, il se passe comme si la mémoire audiovisuelle est inexistante. Si ce constat est évident, il s'explique par des facteurs divers et variés26. Face au défi réel des archives audiovisuelles, leur action sociale et à la nécessité de leur valorisation culturelle, il devient indispensable de prendre au sérieux la question de leur préservation en associant à la démarche les approches modernes et scientifiques de gestion. Un processus d'archivage se décompose en plusieurs étapes et répond à des approches, des enjeux de toutes sortes et des logiques différentes. Pour le cas du Bénin, l'objectivité découlant de l'observation permet d'envisager les actions qui vont suivre.

I- Les actions urgentes à mettre en place

Plusieurs pistes s'ouvrent au Bénin dans le cadre de la sauvegarde et de la conservation de ses archives. Selon leur utilité, leur degré de dégradation et le constat de leur mauvaise conservation, différents types d'initiatives sont à mettre en oeuvre

1- L'inventaire des archives audiovisuelles, premier élément de la démarche

Au Bénin, il est impossible de connaître le nombre exact d'archives de radio et de télévision dans les médias publics, objet de notre étude. Les seuls chiffres récents mais encore provisoires dont on dispose émanent de la Direction des archives nationales (150 bandes magnétiques sonores)27.

Aucun effort de catalogage n'est entrepris pour recenser avec exactitude l'ensemble des

26 Les facteurs ont été cités dans la première partie chapitre III 27 Enquête aux Archives Nationales à Porto Novo au Bénin, Août 2004

documents audiovisuels anciens que possède le pays28. Les chiffres avancés parfois ne sont que des évaluations dont il faut se méfier. Le mode de constitution des fonds d'archives a suivi des principes dont on a perdu mémoire. C'est fort de cela qu'il importe de procéder à une opération rigoureuse d'inventaire.

L'inventaire est entendu comme une combinaison d'informations physiques et d'informations documentaires. C'est le recensement des matériels audiovisuels et des fiches afférentes. Cela devrait permettre d'avoir une vue claire sur le nombre de matériels que possèdent aussi bien les médias publics que les Archives nationales. L'inventaire est en archivistique, l'élément de base de la démarche de gestion. L'inventaire qui doit s'étendre sur une longue période en vue de permettre de bien cerner les fonds doit être appuyé par un projet d'informatisation documentaire.

L'inventaire est conduit avec une perspective de mise en ligne professionnelle. C'est pour cette raison que sa conduite doit prendre en compte des critères professionnels précis. Pour être utile et moins éreintant, le recensement peut porter dans le cas du Bénin sur les documents anciens qui ont fait l'objet d'une identification minimaliste. Autrement l'inventaire dans un contexte de massification d'archives peu identifiables doit cheminer avec un mode de sélection rigoureuse.

2- Le classement

Le classement est par définition l'opération qui permet de regrouper par catégories les collections des fonds archivistiques. Le classement facilite la célérité dans la recherche et la communication des documents. L'exploitation des archives est fortement tributaire de ce préalable de gestion.

En réalité, plusieurs systèmes de classement sont applicables aux services d'archives. Nous évoquons dans cette étude quelques-uns. -Un classement personnalité, par ordre alphabétique, chaque élément étant précédé du numéro de la bande, de l'horaire exact de sa diffusion et de sa date -Un classement chronologique qui tient compte de l'évolution temporelle de production des documents. -Un classement systématique par numéro de bande ; le contenu intégral de la bande est répertorié ; ce système s'applique aussi aux originaux. -Un classement par support, qui permet de disposer les documents selon les supports qui

28 Lorsqu'on parle des archives du pays, on fait référence notamment aux archives détenues par les médias publics et aux Archives Nationales.

les portent. Les bandes 9,5 cm/s seront rangées d'un côté par exemple et de l'autre les bandes 18cm/s, puis suivront les cassettes audio etc. -Un classement thématique : ce type de classement ne prend en compte les documents sujets que par centre d'intérêts ou par thèmes abordés. -Un classement par producteur ou par journaliste29.

Ces énumérations ne sont en aucun cas exhaustives et réductrices. D'autres formes peuvent surgir selon les besoins propres à chaque service d'archives. De la même façon, un service d'archive peut choisir d'expérimenter tous les types de classement évoqués. Dans ce dernier cas, il est à faire remarquer que les fichiers doivent se recouper et que des renvois sont faits de l'un à l'autre.

3- La conservation en question

La tension entre conservation et consultation existe dans la plupart des institutions ayant à gérer des collections. La consultation comporte des risques et des coûts, petits ou grands, mais la conservation hors de cette perspective serait sans objet. Les oeuvres audiovisuelles parce qu'elles sont basées sur la technologie, les réalités de la préservation imprègnent de façon spécifique l'ensemble des activités du service d'archives. La conservation ne constitue pas une activité complémentaire, mais fait partie intégrante du fonctionnement quotidien.

La préservation de l'information sonore et audiovisuelle passe encore et en grande partie par la conservation des supports classés en trois grands types : mécanique (disques noirs uniquement), magnétique (bandes et cassettes pour le son et l'image vidéo) et optique (disque pour le son, l'image fixe et vidéo)30

La conservation modèle les perceptions du service d'archives : la consultation du matériel a toujours des conséquences plus ou moins importantes sur le plan technologique et financier. Les modalités d'accès sont nombreuses, depuis la cassette accessible sur une étagère jusqu'à la réalisation d'une copie neuve d'un film et à la réservation d'une salle de cinéma durant plusieurs heures pour la projeter. Quel que soit le choix, le mode de consultation ne doit pas courir à l'oeuvre un risque inacceptable31.

29 Rodes Jean Michel, les archives de la radio in Les dossiers de l'Audiovisuel, , sept-oct 1986, p.23

30 Fontaine Jean Marc Conservation des documents sonores et audiovisuels in Conservation audiovisuelle, BNF, 2004, p.7831 Edmondson Ray, Une philosophie de l'archivistique audiovisuel, UNESCO, Juin 1998, p.23

La conservation est définie comme l'ensemble des tâches nécessaires pour assurer l'accessibilité permanente, pour une perte de qualité minimale, du contenu visuel ou sonore ou d'autres attributs essentiels d'une oeuvre donnée. Elle couvre ainsi des aspects comme le contrôle des retours, l'inspection, la protection, la réparation, la restauration, la copie, la surveillance, les systèmes de gestion des fonds et les environnements et méthodes de stockage.

La durée de vie des matériaux est largement déterminée au moment de la fabrication, mais les facteurs d'environnement tels que les conditions de stockage, la température, l'humidité et les conditions de manipulations contribuent à la tenue à long terme des documents.

La technologie consubstantielle aux archives audiovisuelles en fait des centres d'expertise et de matériel technique où l'on doit entretenir et sauvegarder des technologies et des procédés obsolètes.

La conservation des matériels audiovisuels a toujours fait défaut au Bénin. Les nouveaux enjeux de la gestion du patrimoine audiovisuel exigent un changement d'attitude et de méthodes pour y intégrer des actions de conservation préventive et curative qui doivent aller de la préservation des supports à celle des machines de lecture.

L'évolution technologique présente en effet le risque d'une obsolescence des technologies anciennes. Si il n'y a pas un effort de conservation de celles-ci, il y a le risque d'inaccessibilité aux supports anciens.

Que l'on se trouve en présence de supports mécaniques (cylindres, disques de laques, disques microsillons ou vinyles), magnétiques et optiques, les procédures et principes de conservation se recoupent à bien des égards et prennent en comptent un maximum de compromis développés ci-dessus.

3-1 Les locaux et la gestion de stockage

Il est nécessaire de contrôler l'humidité et la température de l'environnement dans lequel sont stockés les supports. De par la nature, de nombreux matériels audiovisuels sont à la fois chers et sensibles à l'environnement. Dans la mesure où leurs ressources le permettent, les services d'archives audiovisuelles utilisent divers systèmes de stockage à hygrométrie et température contrôlées et des procédures de vérification de l'état des documents. Un excès d'humidité peut accélérer les réactions chimiques de décomposition des supports polyester (comme le syndrome du vinaigre), favoriser le développement des moisissures et décomposer les adhésifs des collants de montage. A l'inverse un taux d'humidité trop bas durcit le support, le rend cassant et entraîne des déformations du ruban. La température doit aussi être contrôlée. Une température excessive peut accélérer des phénomènes de décomposition, favoriser l'apparition d'échos entre spires de la bande magnétique et déformer les supports (disques gondolés). Il n'est pas nécessaire de maintenir la température à une valeur très basse, le choix d'une valeur proche de la température des cellules techniques de production est un bon compromis.

Les locaux de conservation doivent être conçus pour maintenir un environnement favorable à la conservation à long terme en suivant les exigences des collections. En règles générales les normes dans lesquelles se retrouvent les documents sonores et audiovisuels sont les suivantes :


· Température comprise entre 16° C et 20°C ;


· Humidité relative ou hygrométrie comprise entre 40% et 50% ;


· Climatisation comportant un filtrage de l'air admis afin d'éviter l'admission de poussières ;


· Légère surpression à l'intérieur des bâtiments ;


· Revêtements internes anti-poussières.

L'utilisation d'équipements électriques de grande puissance à l'intérieur des zones de stocks sera évitée afin de ne pas créer de champs magnétiques. Il convient toutefois de ne pas exagérer les dangers d'effacements accidentels dus aux champs magnétiques. L'expérience a révélé qu'un champ inférieur à 800 ampères par mètre était sans effet (dix fois la valeur du champ magnétique terrestre).

Les disque optiques CD-R (enregistrable une fois) sont particulièrement sensible à la température et à la lumière et ne doivent jamais être exposés aux rayons du soleil.

Quel que soit le type de support, une chose s'impose : le contrôle régulier de l'état des collections. Une inspection sur un échantillonnage est souhaitable tous les 5 ans, moins si les conditions climatiques et d'empoussièrement ne sont pas comprises dans les limites fixées.

Tableau 6 : Conditions de température et d'hygrométrie pour la conservation des supports audiovisuels

Température et degré hygrométrique recommandés pour l'accès des documents

 

température

#177;/24h

#177;/an

humidité relative

#177;/24h

#177;/an

Tous supports

autour de 20°C

#177;1°C

#177;3°C

40%

#177;5°C

#177;5°C

Source : CD-ROM Conservation préventive du patrimoine documentaire, UNESCO, 2002

3-2 Le conditionnement des supports

Poussières et salissures empêchent une bonne lecture de l'information enregistrée. La fumée de cigarette s'accumule sur la surface des supports (bandes, disques) et peut dissimuler de l'information. Là aussi, les CD, bandes, cassettes libres sont plus exposées aux risques que celles protégées par une cartouche. Les supports audiovisuels sont toujours rangés dans des pochettes, coffrets ou boîtes en carton qui les protègent de la lumière, de la poussière, de la salissure et des dommages mécaniques que pourrait apporter un contact ou un frottement avec d'autres matériaux. Ces précautions garantissent une longévité des matériels. L'utilisation de boîtiers en métal est déconseillée, en particulier pour les boîtes anciennes en acétate de cellulose. Ceci peut entraîner une accélération de la décomposition chimique32 .

Pour les disques optiques, l'usage des seules pochettes en plastique n'est pas recommandé. Car elles offrent une protection insuffisante sur le plan mécanique et aléatoire sur un plan chimique.

3-3 Le rangement des matériels

Le rangement des supports garantit leur bonne conservation. Cette opération permet d'établir des liens directs entre les collections et de contrôler les niveaux d'entrée et de sortie des matériels. Le système de rangement moderne prend en compte les locaux, les travées, les armoires, les étagères et les rayons. Il existe entre ces différents éléments des relations pénétrables garantissant le suivi réel et efficace des matériels. Les matériels doivent être rangés et disposés verticalement. Même pour les disques optiques, des meubles sont conçus pour recevoir directement des boîtiers verticaux selon différentes configurations.

Les étagères de rangement s'alignent dans les normes modernes sur cinq (5) niveaux de 40 cm de hauteur environ. Elles sont découpées en modules de 100 ou 120 cm. Chaque module contient un certain nombre de matériels. Deux systèmes de rayonnages peuvent être utilisés :


· Armoires pivotantes. On accède aux faces cachées en faisant pivoter les armoires autour

d'un mât fixé sur les poutres du plancher et du plafond. Les mâts de fixation des armoires

font partie de l'ossature.


· Armoires mobiles montées sur chariots roulants. Les rangées d'armoires dont la longueur

peut atteindre 12 à 15 mètres se déplacent sur rails afin de créer une allée d'accès aux

32 Fontaine Jean Marc Conservation des documents sonores et audiovisuels in Conservation audiovisuelle, BNF, Paris,2004, p 83

rayonnages à l'endroit souhaité. Une seule allée d'accès peut être conservée pour dix à

vingt chariots.

3-4 L'exploitation

C'est le paramètre le plus difficile à maîtriser. Les supports en raison de leur fragilité ne doivent pas subir de variations trop brusques de température et d'humidité entre les magasins de stockage et les locaux d'exploitation. Pour les archives sonores par exemple, une condensation d'eau sur le support occasionnerait des adhérences entre la bande et les galets du magnétophone lors du défilement. Toute opération de lecture provoque une usure et parfois des déformations du support. En particulier la tension de bande sur les magnétophones doit être contrôlée. Un enroulement à faible tension de bande forme une bobine lâche, provoquant des frictions entre spires lors de la manipulation et pendant le stockage, si les conditions d'environnement changent. Une tension de bande trop forte risque de provoquer des déformations longitudinales et transversales du ruban qui deviendront irréversibles après une longue période de stockage. Une méthode préventive consiste à stocker les bandes après lecture complète sans rembobinages33.

4- La restauration des matériels

Que ce soit la sauvegarde sur support numérique physique ou la mise en ligne de corpus d'archives, il est indispensable que les documents soient de bonne qualité. Contraint à la dégradation physique du fait de l'âge et du défaut de conservation, les documents audiovisuels ne présentent plus leur fraîcheur originelle. L'opération de sauvegarde si elle est envisagée ne consiste pas à faire une copie pour de la copie. Une action de nettoyage du support originel doit être engagée pour redonner vie au document destiné à la sauvegarde. Certains supports se sont dégradés chimiquement ou physiquement dans le fonds d'archives audiovisuelles du Bénin et exigent de ce fait une restauration mécanique, préalable à la sauvegarde. L'exigence accrue de qualité, notamment pour la diffusion ou l'édition, rend souvent nécessaire une restauration des images et sons avant leur mise à disposition. En dehors de la restauration physique, les efforts prennent aujourd'hui en considération la question d'une restauration numérique en temps réel des documents.

33 Les archives de la radio in Les dossiers de l'audiovisuel, sept-oct 1986 p.32

L'aspect restauration est un chapitre de taille dans toute entreprise archivistique. Il doit être fortement intégré dans les actions. D'une certaine manière, la restauration règle l'équation importante du rafraîchissement physique des documents audiovisuels. En redonnant peau neuve aux matériels, leur contenu reprennent vie et s'intègre fortement au vécu social.

5- La thématisation, un aspect-clé de gestion

La thématisation est un regroupement de documents par centres d'intérêt, catégories etc. C'est la constitution de corpus de documents afin de les réunir dans un catalogue thématique. La thématisation peut concerner par exemple les discours du Président Mathieu Kérékou, actuel chef de l'Etat béninois. Si on en décide, on devra alors rechercher les discours prononcés par ce dernier depuis son accession au pouvoir, les circonstances des discours en vue d'en faire un catalogue complet. La thématisation peut également porter sur les personnalités tous domaines confondus en suivant un ordre alphabétique. Par ailleurs un projet de thématisation peut concerner les jeunes en politique, le football au Bénin, la sécurité au Bénin, les danses traditionnelles du Bénin, les chansons traditionnelles du Bénin etc. Ce modèle de gestion et de traitement offre diverses possibilités de manoeuvres. La thématisation donne un sérieux poids à l'imagination aussi bien du corps de documentalistes que des gestionnaires des archives audiovisuelles. Elle réduit considérablement le temps de communication des documents et facilite la célérité dans les recherches. La thématisation est une démarche récente dans l'archivistique audiovisuelle. A l'avenir plus qu'aujourd'hui, elle jouera un rôle majeur dans le processus irréversible de mise en valeur des archives audiovisuelles. Plus nettement dans le cadre d'une mise en valeur culturelle d'archives audiovisuelles au Bénin, les propositions pour l'avenir devront prendre en considération cet aspect.

6- Vers une gestion documentaire informatique

L'informatique est un aspect clé dans la gestion documentaire des archives en général. Ses fonctions d'anticipation s'ajoutent à ses qualités de surveillance des documents. L'informatique est un instrument de traçabilité incontestable. Pour les cas des documents audiovisuels, une gestion documentaire informatique s'impose à ce jour dans le contexte national du Bénin. Pendant longtemps, le travail s'est fait manuellement avec son train d'incohérences, d'imprécisions, d'imperfections notables. Les fiches ou notices documentaires sont introuvables dans moult cas. Les matériels existent sans les supports de renseignement. Or l'archivage est un tout. Lorsque disparaît un élément de l'ensemble, tout est à refaire.

L'une des difficultés de sauvegarde des documents audiovisuels va se situer à ce niveau. Car l'impossibilité de retrouver quantités d'éléments de renseignement va créer des difficultés par endroits insurmontables dans le processus. On sera obligé pour certains documents d'avoir les oreilles fines pour pouvoir conclure ; pour d'autres, des hypothèses sont attendues ; et pour d'autres encore, on sera amené à s'en séparer malgré soi. La gestion documentaire informatisée concernera aussi bien les notices documentaires et les matériels.

Dans le premier cas, cela est indispensable dans le sens où une gestion informatisée donnera du crédit à toute opération de mise en ligne. Il est inimaginable de croire qu'il est possible de mettre en ligne un document qui est peu renseigné. Mieux, la thématisation se nourrit entre autres des indexations, descriptions et identifications de documents. L'outil informatique permet de capitaliser et de mémoriser en lieux sûrs ces données contrairement au support manuscrit en danger permanent de disparition.

Quant au second cas, la gestion informatisée des matériels offre l'occasion de suivre le matériel, de son entrée jusqu'à sa sortie. Elle crée un contexte de filiation entre les matériels en élaborant les liens qui existent entre eux. C'est le compagnon sûr du magasinier, car lui permettant de repérer les positions du matériel en magasin.

II Mise en oeuvre d'une critériologie de sauvegarde des archives en situation d'urgence : Un plan de sauvegarde des archives du Bénin

La sauvegarde est perçue comme à la fois une opération de sauvetage et d'anticipation sur le sort des documents audiovisuels. Elle permet d'assurer la permanence de ces documents qui sont très souvent soumis aux caprices du temps et à la mobilité due à leur fort degré de consultation. Pour le Bénin, la question de la sauvegarde urgente des archives découle de leur mauvaise condition. Elle apparaît en effet comme une véritable course contre la montre face à l'état piteux d'existence des archives. Les bandes sont atteintes du syndrome du vinaigre. Beaucoup d'entre elles se cassent facilement sous l'effet d'une forte température et d'une hygrométrie inconvenable. La sauvegarde constitue dans ces conditions la voie de l'espoir.

Mais en raison du nombre considérable des documents frappés par le phénomène, il importera d'instaurer un tableau critériologique dans le processus de sauvegarde. Tous les documents en péril sont potentiellement des éléments à sauvegarder. Mais les contingences de moyens notamment limiteront tous les efforts et toutes les volontés. La question est alors de savoir, qu'est ce qu'on peut sauvegarder en rapport avec les moyens dont on dispose ? Quels sont les critères et les priorités de sauvegarde au Bénin? Le patrimoine culturel s'apprécie dans une position de recul temporel. De ce point de vue, les archives audiovisuelles du Bénin qui devront faire l'objet d'une attention soutenue de sauvegarde doivent être sélectionnés sur la base de leur ancienneté, de leur degré de dégradation, de leur valeur de contenu et de la demande des utilisateurs.

Le facteur temporel : Les supports d'émissions qui précèdent de peu l'indépendance du Bénin, celles qui vont du 1er août 1960 à la conférence nationale des forces vives de la Nation de février 1990. Les efforts de sélection pour sauvegarder peuvent circonscrire cette portion temporelle pour sauver les contenus des supports les plus anciens.

Ces documents doivent être sauvés et intégrés dans le cadre d'un plan urgent de sauvegarde.

L'historicité : Il s'agit des documents correspondant à des phases historiques importantes de l'histoire nationale du Bénin. A titre indicatif, les archives de l'Agression mercenaire du 16 janvier 1977 et celles de la Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation de Février 1990

La demande des utilisateurs : Les supports moins demandés ou sollicités ne sont pas aussi exposés que ceux qui font l'objet d'une forte demande. Tout programme de sauvegarde doit tenir compte de cette donne. Car chaque fois qu'un document sort du magasin pour exploitation professionnelle, il perd déjà un aspect de sa jeunesse. Et l'on doit penser à assurer sa continuité.

La nature des supports : Certains supports se détériorent facilement, notamment les bandes magnétiques fines. Celles-ci doivent faire l'objet d'attention dans le cadre d'un plan de sauvegarde.

Le contenu et la valeur des émissions : La valeur patrimoniale et permanente des émissions doit être le critère déterminant dans le choix des contenus à sauvegarder. C'est pour cette raison que les efforts doivent être portés sur :


· Les déclarations politiques


· Les émissions politiques


· Les reportages d'événements nationaux -Les discours


· Les documentaires


· Les émissions de fiction


· Les émissions de musique et de divertissement


· Les émissions culturelles et artistiques


· Les émissions littéraires


· Les émissions destinées à la jeunesse


· Les émissions de fiction


· Les émissions de contes et d'histoires

Tableau 7 : Critères de sauvegarde des archives audiovisuelles au Bénin

Le facteur temporel L'historicité La nature et la fragilité des supports La demande Le contenu des supports

III- La sauvegarde à l'heure du numérique: les choix possibles

Le numérique a profondément bouleversé les habitudes dans tous les domaines d'activité. Il ne se passe aucune discipline, aucune action qui n'ait reçu dans le contexte technologique actuel les influences du numérique. Ce choix indispensable et incontournable s'explique par les avantages qui y sont reliés. En effet on y gagne en performances, en facteur temps et en célérité dans l'exécution des tâches quotidiennes d'archivage. Les capacités de stockage des archives peuvent être multipliées à l'infini avec les NTIC. En tout cas, c'est dans l'air du temps et cela paraît relever d'un impératif que d'un simple choix.

Dans le domaine des industries audiovisuelles en général et des archives audiovisuelles en particulier, l'extrême utilité de ce corps de technologie n'est plus sujette à discussion. Certains supports sont difficilement exploitables car techniquement obsolètes. D'autres se dégradent chimiquement ou physiquement avec le temps ou en raison de mauvaises conditions de conservation. Beaucoup sont uniques et donc particulièrement fragiles. Leur transfert vers d'autres supports est nécessaire. La numérisation de l'image et du son, transforme très en profondeur le statut de l'archive audiovisuelle. C'est un troisième mode dans l'histoire de la reproduction. Nous avons connu longtemps la reproduction de main d'homme, puis la reproduction technique analogique, depuis quelques années s'est ouverte l'ère de la reproduction numérique34. C'est un facteur réel d'avancement qui demande de la patience et exige les investissements tous azimuts en vue de l'atteinte des objectifs escomptés. La numérisation permet une gestion plus souple, plus efficace du travail d'archivage. Elle ouvre également la porte aux éventuels actes de piratage susceptibles de gêner la bonne exploitation des contenus numérisés dès lors que ceux-ci sont accessibles sur la toile mondiale créant ainsi le besoin de les protéger par des techniques de cryptage à la source ou de détection biométrique lors de leur utilisation35.

L'un des apports de la numérisation est également de permettre d'éviter les dégradations ou l'altération des images et des sons et de consulter des oeuvres devenues inaccessibles par la disparition des moyens de lecture.

Pour être plus accessibles et mieux exploitées, les oeuvres originales doivent être numérisées sur des supports vidéo et audio plus récents voire sur des supports informatiques

1- Les supports possibles à la radio

Le CD ou Disque Compact devait apparaître ici comme le choix le plus pertinent. Même s'il est appelé à vieillir, les études et projections techniques permettent d'espérer que la durée de vie d'un CD est d'au moins 100 ans. De ce point de vue, il constituerait la réponse adéquate aux nécessités de sauvegarde des contenus d'archives. La capacité de mémoire d'un CD de 12 cm est d'environ 650 Mo, soit 74 mn d'écoute. Le temps d'accès moyen est d'environ 300 ms avec un lecteur à double vitesse, 250 avec un lecteur quadruple vitesse et 130 avec un lecteur sextuple vitesse. Le CD-R est le modèle le plus récent et le plus courant de la famille des disques dits WORM (Write Once, Read Many) qui sont utilisés en informatique depuis déjà quelques temps. La bande magnétique n'a pas encore prouvé son obsolescence totale. Lorsqu'elle est conservée et préservée dans de meilleures conditions, elle peut bel et bien braver le temps.

En dehors de ces supports physiques, le choix peut aussi concerner l'usage de l'archivage numérique. Comme nombre d'autres pays, le Bénin est confronté, au niveau de ses principaux médias radiophoniques, notamment la Radiodiffusion Nationale, au problème de l'accroissement du volume de ses

34 Rodes Jean Michel, Le corps de l'archivage à l'heure du numérique in Médiamorphoses, Novembre 2002, p.45 35 Dubois William, Télévision, La restauration du patrimoine, Octobre 2003, p.41

archives sonores notamment enregistrées sur bandes analogiques. Désormais, les jours de la bande magnétiques sont comptés. Une chaîne de radio comme Yleisradio36 n'en achète plus.

La réflexion doit maintenant prendre la direction d'une possibilité de numérisation du système d'archivage des stations de radio au Bénin.37 Plusieurs stations privées de radio ont déjà créé cet environnement en disposant d'équipements entièrement numérisés.

Dans ce type de système, toutes les composantes sont prises en compte : depuis la collecte de l'information jusqu'à sa diffusion. Un système de production devra être mis en place grâce auquel les journalistes saisissent leurs reportages, éditent leurs interviews et enregistrent leurs propres commentaires directement sur leur poste de travail. C'est un système qui demande qu'un réseau local soit institué pour permettre à tous les producteurs d'accéder aux mêmes informations. Le système enregistre par exemple, les bulletins d'information, les journaux, les émissions. Dans ce type de système, il devient quasiment inutile de recourir à l'enregistrement sur bande du texte et du son des bulletins, ils sont directement enregistrés sur le disque dur de l'ordinateur.

Même si beaucoup d'archivistes audiovisuels estiment qu'il s'agit d'un système qui souffre d'énormes lacunes en raison des difficultés liées à la capacité de stockage limitée, des solutions de contournement existent. En dehors des opérations de copie sur supports physiques sus énumérées, on peut choisir d'augmenter la mémoire du système en achetant des disques durs supplémentaires. Il faudra pour cela estimer les archives, leur nombre, leur rythme d'augmentation annuelle. Si nous estimons que les archives d'une chaîne augmentent de cinq à dix mille heures par an, les dix mille heures de son (en stéréo) linéaire occupent environ 7 téraoctets de mémoire38. Ceci revient nettement moins cher que l'archivage sur bande analogique.

2- Le cas de la télévision

Le DVD (Digital Versatile Disc ou Digital Video Disc) mis sur le marché en 1997 a le même diamètre que le CD audio (12 cm), mais grâce à l'utilisation d'un laser à longueur d'onde réduite et à une augmentation de la densité d'inscription des données, sa capacité de mémoire sur une couche est

36 Radio Finlande Internationale 37 Un projet de numérisation des installations de la Radio Nationale du Bénin est en cours. En dehors de l'antenne, il permettra progressivement de prendre en compte la chaîne de production et la Rédaction du Journal Parlé. 38 Gronow (P), Petäjä (M) Archives sonores numériques YLE, 1998, p.2

multipliée par 7 et portée à 4,7 Go. En outre, on pourra fabriquer des disques DVD à structure bi-couche, chaque couche étant lue par un faisceau laser de longueur d'onde différente, ce qui portera la capacité de mémoire à 9 Go. En principe, en collant ensemble deux de ces disques à double couche comme on le fait avec le Laser Vision, on atteindrait une capacité totale de 18 Go. Ce disque est destiné à l'enregistrement de films vidéos avec compression de données ou à celui de textes et de données multimédias, comme le CD-ROM, mais dans ce cas avec des capacités de mémoire nettement supérieures.

Les organismes de normalisation internationales (SMPTE, UER........) tendent à faire converger les initiatives des uns et des autres vers des systèmes de stockage pour la sauvegarde et la conservation utilisant des standards de fait et des systèmes dits propriétaires hors course. Les choix opérés par les principaux détenteurs d'archives audiovisuelles consistent à transférer les contenus des supports les plus anciens, 2 pouces, 1 pouce, Umatic et Umatic H (BVU) vers un format générique, par exemple Betacam numérique et DLT. Ce clone numérique est ensuite mis sous la forme de deux fichiers numériques, l'un équivalent à la qualité de l'original « diffusable » compressé en Mpeg2 entre 8 et 12 Mbits et l'autre pour une future consultation en basse qualité (proche du VHS pour la vidéo) compressé en Mpeg1. Ce format n'est pas très convivial pour une bonne consultation d'archives en ligne bien qu'offrant un bon compromis poids/qualité. La norme Mpeg4 qui compresse la vidéo et le son permettra de véhiculer sur le réseau mondial des images et des sons de qualité.

De la même façon que pour la radio nous avons évoqué la possibilité d'un usage de disques durs et de cartouches de sauvegarde, la démarche professionnelle au niveau des supports de télévision intègre également ces éléments précités.

3- La mise en ligne des archives : un objectif à atteindre

Dans le contexte mondial des archives, la numérisation permet de tirer des bénéfices énormes. Entre autres la conservation en ligne de documents. La pratique moderne de l'archivage prend sérieusement en compte cet aspect.

Les avantages sont liés à la modernité de la pratique, le gain d'espace et la rapidité dans l'exécution des tâches. Dans cette organisation idéale, l'information est au bout de quelques clics de souris.

Dans nombre des cas, rien ne remplace l'accès au site même où se trouve le patrimoine documentaire lorsqu'il est essentiel d'accéder au support, ainsi qu'à son contenu. Cet accès reste toutefois souvent impossible en raison plus peut être des distances géographiques que des contraintes liées à la conservation. La numérisation du contenu s'avère être une stratégie d'accès efficace à de nombreux égards : elle est parfois relativement abordable et peut être offerte gratuitement à l'utilisateur via Internet.

L'évolution des outils documentaires, en particulier la gestion électronique de documents, et les capacités de stockage permettent l'accès on-line aux documents primaires. La mise en ligne d'archives audiovisuelles est une passerelle de sauvegarde et de conservation de la mémoire. Elle doit pouvoir être saisie par le Bénin comme une solution parmi tant d'autres dans la dynamique mondiale actuelle.

Tableau 8 : Type de supports de sauvegarde selon les médias

Médias

Supports

TV

DVD, CD, CD-WORM, BETA NUM, INTERNET

Radio

CD, CD-WORM, CD-R, INTERNET

CHAPITRE III DE LA NECESSITE DE CREATION D'UN CENTRE CULTUREL DES ARCHIVES DE L'AUDIOVISUEL

Dans un projet de réorganisation générale du secteur des archives audiovisuelles au Bénin, la réflexion doit être intégrale. Ceci suppose une prise en compte globale des actions susceptibles d'impulser le secteur. Au Bénin, il importe de repenser la question de l'archivage audiovisuel. Jusqu'ici, l'état des lieux souffle un constat d'insatisfaction totale. Il se pose aujourd'hui la nécessité d'un nouveau départ tant dans les politiques qui indiquent le chemin que dans la mise en oeuvre structurelle. Nous pensons aujourd'hui qu'il urge que naisse une structure nationale ayant plus à coeur la problématique de l'archivage au Bénin dans une perspective culturelle. Ceci va sonner une aube nouvelle dans le processus de prise en compte culturelle du patrimoine audiovisuel au Bénin.

I- Pertinence de la proposition par rapport à l'existant : les Archives nationales

Rattachées à la Présidence de la République depuis 1990 et relevant du secrétariat général du Gouvernement, les Archives Nationales représentent l'organe de l'Etat compétent pour toutes les questions d'archives au terme du décret numéro 380 du 04 décembre 1990 relatif aux Archives. Les archives nationales ont pour missions de :


· collecter, conserver et communiquer l'ensemble des documents qui procèdent de l'activitéde l'Etat, des collectivités locales, des entreprises et Etablissements publics et Semipublics


· contrôler la gestion des archives publiques détenues par les institutions de l'Etat, les ministères, les entreprises et établissement publics et semi-publics, les collectivités locales et les organismes privés chargés de la gestion d'un service public


· mettre à la disposition des utilisateurs les archives publiques dans les limites des délais decommunication ; -oeuvrer à la sauvegarde des archives privées

En dehors des microfilms, documents historiques et autres documents contemporains importants, les archives nationales hébergent seulement 150 bandes magnétiques, vidéo et disques (comme nous le mentionnons en première partie). En matière de conservation des archives audiovisuelles, elles n'ont jamais reçu les versements des chaînes publiques de radio et de télévision. Les Archives

nationales n'ont pas une grande audience et ne sont pas un endroit fréquenté39.

L'autorité des Archives Nationales ne s'est nullement affirmée sur l'audiovisuel. Le besoin de valorisation des archives amène à repenser leur cadre structurel. Ce qui explique la proposition de création d'un Centre Culturel des Archives audiovisuelles. Il n'est pas question ici d'un dépôt légal, mais d'une structure qui va mettre en valeur grâce à des opérations de sauvegarde ou de recopie les documents d'archives de l'ORTB (Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin).

II- Présentation du centre

Le Centre Culturel des Archives Audiovisuelles sera un espace de mobilisation des archives audiovisuelles sauvegardées. Elle hébergera à des fins de conservation les copies sauvegardées des documents les plus importants de l'histoire, la politique, l'économie et la culture du Bénin. Grâce à la collaboration avec l'Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin, les documents sonores et télévisuels d'importance, selon les critères d'ancienneté, de valeur, de degré de dégradation, seront recherchés dans les magasins et retrouvés. Ceux- ci feront l'objet d'un programme de sauvegarde (recopie) sur de supports nouveaux (CD, DVD). L'ensemble des supports issus de cette opération seront stockés dans ce centre. Au-delà du stockage des documents sauvegardés, ledit centre peut exceptionnellement accueillir des originaux restaurés émanant des médias publics, en vue de les sécuriser.

Le Centre Culturel des Archives Audiovisuelles (CCA) ne va pas se substituer aux activités de conservation qui reviennent de droit aux médias qui ont un pouvoir sur leur fond. Mais grâce à son existence, les pratiques en matière de conservation et de préservation d'archives seront maintenant assainies et facilitées au niveau des médias publics.

Sa particularité réside dans le fait qu'il n'accueillira que des documents sur lesquels des critères d'historicité, d'ancienneté vont être définis. Mieux, il jouera un rôle culturel auprès de la population et de l'ensemble des acteurs culturels. D'où les activités que nous lui concédons à titre expérimental.

Ce centre sera implanté à Cotonou, capitale économique du Bénin dans un cadre réglementaire en terme de dimension. Le bâtiment que nous voulons moderne doit être équipé d'outils adéquats tels que les matériels de conservation préventive (mobiliers, matériaux scénographiques, contrôle d'environnement climatique etc), les matériels de fonctionnement (visionnage, matériels audio et de

39 Les raisons sont évoquées dans la Première Partie chapitre IV, II-1 Les archives dans les systèmes de valeurs

projection etc).

III- Les programmes du Centre Culturel des Archives Audiovisuelles

S'il est vrai que l'accès permanent aux archives constitue le but de la conservation, le CCA sera l'élément matériel, témoin de tous les efforts consentis en vue de la sauvegarde du riche patrimoine audiovisuel du Bénin, avec pour objectif induit la valorisation culturelle des archives. Plus explicitement, il va secréter une horde d'activités qui lui donneront son cachet culturel.

Le facteur culturel est le pilier dorsal de la proposition. Le centre parce qu'il comportera, moins les originaux que les copies sauvegardées de documents permettra d'organiser tout autour des programmes culturels importants. La vocation première de ce lieu est d'être un repère culturel où toutes les générations pourront prendre langue avec leur mémoire collective. Il sera un haut lieu d'enseignement sur le contenu historique et culturel des archives en démocratisant l'accès à certains documents tenus trop secrets. C'est une vitrine qui s'ouvre sur quantités de programmes, l'ensemble concourant à la valorisation culturelle des archives audiovisuelles40.


· Mise à dispositions de festivals de corpus d'archives

Le Bénin abrite une multitude d'événements culturels populaires, notamment les festivals (films, théâtres, danses etc). La faible connaissance par les populations de leur histoire peut être comblée à la faveur de ces manifestations. C'est pour cela qu'en communiquant à ces événements culturels une partie du patrimoine audiovisuel du pays, on peut relever le niveau de connaissance des populations sur leur histoire. Les promoteurs de festivals et autres événements culturels pourront puiser dans le potentiel que leur offrira ce centre en se procurant les copies d'archives thématiques.

La valorisation culturelle des archives audiovisuelles dans les festivals loin d'être un choix est un impératif. Les services d'archives du monde sortent leurs archives à ces occasions. La puissance de pénétration des festivals dans la conscience populaire est un volet qui milite en faveur du choix. Le caractère direct, populaire des festivals est une constante universelle. C'est pour cette raison qu'une structure comme l'INA a toujours marqué sa présence dans les festivals par la mise à disposition de

40 Les points les plus importants de ce programme seront développés dans la suite de notre analyse.

corpus d'archives.

Pour le Bénin, le jeu en vaut la chandelle. Le contexte est largement propice à la faisabilité d'une telle action. En effet, le Bénin compte plusieurs festivals culturels qui peuvent servir de canaux de diffusion aux archives. En fait de festivals, ceux qui portent sur le cinéma doivent être les meilleurs relais des archives dans le cadre de leur valorisation culturelle. Le Bénin abrite à la date d'aujourd'hui trois festivals de cinéma qui, à chaque édition et en fonction des thématiques, doivent cibler les archives correspondantes pour appuyer les programmations.

Les activités complémentaires rattachées à l'agenda de ces festivals doivent prendre en considération les archives.


· Accueil et conservation des documents audiovisuels importants d'institutions culturelles ou non

Des institutions culturelles ou non capitalisent des trésors d'archives audiovisuelles propres qui se détériorent par manque de conservation. Elles pourront se rabattre sur ce centre pour la sauvegarde et la conservation de leur patrimoine audiovisuel institutionnel. Ce dernier après accords avec les déposants peut exploiter leurs archives.


· Communication des documents d'archives aux milieux culturels et de création

Les milieux culturels (artistes de la chanson, réalisateurs de cinéma à titre illustratif) sont des consommateurs d'archives audiovisuelles. Si celles-ci ne nourrissent pas leur inspiration, elles leur permettent d'illustrer leurs oeuvres. Le plus souvent par manque de référents institutionnels, ils abandonnent quantité de leur projet ou de leur message (dans leurs oeuvres). Ce centre leur apportera la solution. Car ils auront la possibilité, sauf cas de consultation simple, de se procurer des extraits spécifiques au terme de certaines exigences en matière de droits.


· La découverte de la mémoire audiovisuelle du Bénin par le tourisme culturel

Le type de centre que nous projetons peut être visité par des touristes à qui l'on proposera au cours de leur visite des séances de visionnage des documents d'archives qui leur donneront

l'occasion de traverser l'histoire du Bénin dans ses différentes composantes. Le tourisme culturel est la forme touristique qui s'appuie sur la culture, les contenus et les événements culturels. Même si d'autres formes plus ou moins controversées se développent dans ses périmètres ces dernières années, il reste un genre tout à fait mobilisateur.

De ce point de vue, le dynamisme et le caractère humain des archives audiovisuelles peuvent y contribuer durement. Un touriste étranger peut approfondir ses connaissances du Bénin lorsqu'il lui est offert de visiter des documents radio et télévision qui retracent les activités des hommes plusieurs années auparavant. Ceci lui confère des outils ou des éléments de comparaison, d'analyse, de partage, de dialogue et de connaissance de l'autre dans ses différences.

Le patrimoine audiovisuel du Bénin en raison de son contenu riche, varié mais inexploitable jusqu'alors doit être résolument mis au service du tourisme culturel. On doit pouvoir observer une halte après plusieurs heures de visites de monuments, de musées, de sites archéologiques pour feuilleter l'inestimable mémoire de la radio et de la télévision. Un modèle de faisabilité peut consister, s'il existe une organisation sérieuse, à projeter dans les bus touristiques lors des voyages non des films d'action mais des documents audiovisuels anciens sur les faits, événements et personnalités qui ont marqué le déroulement historique du Bénin. Un programme qui pour être porteur doit être intégré à un processus d'explications des contenus par des animateurs formés à cet effet.

Une telle démarche donnera l'occasion d'associer puis de renforcer le couple archive-tourisme


· La programmation de projection gratuite et commentée de documents d'archives

Une grande salle de projection et de conférence aménagée va accueillir des séances de projection de documents d'archives à l'occasion de commémorations ou d'anniversaires d'événements nationaux importants. Des programmations hebdomadaires seront également prévues sur différentes thématiques. L'entrée à ces programmations seront gratuites, le but étant de permettre au public le plus large d'y participer et de s'y retrouver.


· L'édition de supports d'archives

Des supports CD, DVD à partir de sources d'archives copiées seront édités. Cette technologie permet de rassembler des collections dispersées sous une forme aisément accessible. Une fois le disque original créé, les copies peuvent être fabriquées à grande échelle ou reproduites l'une après l'autre. Les supports produits pourront être destinées aux institutions culturelles, médias, représentations diplomatiques, centres d'enseignements scolaires t universitaires etc.


· La mise en ligne de corpus d'archives

Au fur et à mesure de son développement, Internet constitue un outil d'accès novateur aux images, sons, textes et graphiques numérisés. Dans le monde entier, un nombre croissant de collections, tant publiques que privées, sont numérisées et nombreuses sont celles qui sont accessibles gratuitement à tous ceux qui disposent d'un terminal et de moyens de connexion. Internet abolit les distances et constitue un outil toujours plus puissant, au service de l'accès au patrimoine documentaire, précisément audiovisuel.

Le centre culturel des archives audiovisuelles sera alors doté d'un site Internet qui hébergera des corpus d'archives représentatives de la culture nationale.


· Les expositions permanentes ou temporaires dans l'enceinte du centre

Pour permettre au public de profiter des archives et de leur enseignement, un autre moyen didactique passe par les expositions qui mêleront des images et des voix avec une scénographie adaptée à la thématique choisie.


· Les colloques et conférences autour de documents d'archives

Ces rencontres donneront l'occasion aux chercheurs, universitaires, étudiants, fonctionnaires de tous ordres et tous autres publics intéressés de croiser les réflexions sur des thématiques précises qui se dégageront des archives. Des discussions porteront sur des aspects prégnants de l'histoire nationale captés par les documents d'archives.

Figure 1 : Offres culturelles aux publics

IV- Outils majeurs de valorisation culturelle des archives audiovisuelles publiques au Bénin

Lorsque l'on évoque la question de la mise en valeur d'archives, plusieurs idées parviennent à l'esprit. Dans ce fourmillement de réflexions, l'aspect culturel semble le premier élément d'analyse. Les archives ont d'abord de par leur contenu une densité culturelle. Leur application économique et tutti quanti n'arrivent qu'en seconde zone. C'est fort de cela que l'analyse de leur valorisation culturelle doit être une préoccupation quasi-permanente. L'analyse des publics à atteindre et les vertus de la communication sont des éléments qui entrent en ligne de compte dans la démarche.

1- L'objectivisme et le subjectivisme du choix

Le choix de la valorisation culturelle des archives audiovisuelles reste et demeure ces dernières années dans la conscience des pays qui en ont compris la nécessité un programme patrimonial d'importance. Parler de la valorisation culturelle des archives, c'est penser à leur rôle dans la société, leur interaction sociale. Les archives, parce qu'elles sont destinées à la bonne information et la formation de la société doivent faire l'objet d'une communication et d'une diffusion. La valorisation culturelle des archives audiovisuelles évite leur fossilisation. Les archives ne sont pas destinées à être mises sous cape. Leur intérêt provient de leur degré de fréquentation. Et le facteur qui garantit le fort taux d'accessibilité reste indubitablement le facteur culturel. Toute politique centrée sur le culturel a de fortes chances d'atteindre ses objectifs de départ.

Mais il faudra reconnaître que la solution de la mise en valeur ne passe pas forcément par les programmes culturels. Les nouveaux enjeux en matière de gestion des archives font appel à des formes qui contournent des choix culturels. C'est par exemple, le choix de la valorisation commerciale pour lequel l'INA a opté ces dernières années, et qui à notre avis ne viendrait qu'en dernier ressort de toute action globale de valorisation.

2- La politique des publics face aux engagements culturels des archives audiovisuelles

Quels sont les publics auxquels s'adresse en priorité le calendrier des archives audiovisuelles ? En quels termes se pose la question de l'offre ? Pas de réponses univoques face à cet ensemble de questionnements. L'importance des chapitres de valorisation culturelle du patrimoine audiovisuel se mesure à l'aune d'un bon ciblage des publics dans des circonstances bien identifiées. En définitive, la politique des publics chemine avec les défis culturels qui se posent aux archives en général, aux documents audiovisuels en particulier.

L'offre aux publics est entendue comme l'ensemble des actions produites par les services culturels en direction des publics. Trois catégories de publics nous intéressent dans le cadre de cette étude. Elles nous permettrons de cerner la particularité des types d'activités adaptées à chaque cible.

2-1 L'offre tout - public

L'action est orientée ici vers un public non spécialisé. Son caractère composite et divers doit guider des actions plus généralistes. La diffusion ou la popularisation des archives ne seront efficientes que si elles empruntent le canal des visites portes ouvertes, les expositions (temporaires et hors les murs), les visites thématiques, les cycles de conférences, les colloques, les visites touristiques et les niches culturelles.

2-2 L'offre aux étudiants

En dehors des mobiles de recherche qui entrent dans un cadre strictement scientifique, les offres dans ce cas peuvent prendre la forme de visites conférences destinées à confronter les mentalités parfois rénovées des étudiants avec les vraies réalités des contenus archivistiques. Ces visites conférences peuvent être complétées par des programmes de colloques sur des thématiques bien spécifiques (périodes, personnalités, événements, etc).

2-3 L'offre aux jeunes et scolaires

C'est d'un point de vue strictement subjectif, la population sociale sur laquelle, il importe aujourd'hui de concentrer et de reporter le clair des actions. Les efforts de rattrapage que nous imposent la méconnaissance des archives audiovisuelles doivent aller en direction de cette couche juvénile en mal de repères. Les archives de radio et de télévision doivent pouvoir les situer sur des antériorités politiques, historiques, sociales et culturelles, dans le pur dessein de leur permettre de forger leur auto réflexion sur l'avenir.

L'offre culturelle nécessite à cet effet une densification correcte allant d'ateliers pédagogiques à des visites conférences en passant par les classes patrimoine ou culture, les itinéraires patrimoniaux sur les archives audiovisuelles, les visites d'exposition, les activités pédagogiques avec les musées comme par exemple la mise à disposition de dossiers pédagogiques, les visionnages et les auditions, l'édition de médias interactifs comme les CD-ROM sur les contenus des archives audiovisuelles, les vidéodisques, les jeux interactifs.

Figure 2 : La politique des publics dans la valorisation culturelle des archives

Tout public

Public étudiant

3- Archives audiovisuelles, valorisation culturelle et communication culturelle

La communication est l'un des éléments essentiels de la valorisation des archives et de leurs services éducatifs. Il existe incontestablement un lien fort entre archives et communication. Les archives sont faites pour être communiquées. Sans la communication, les archives se fossiliseront dans le réduit des locaux de conservation. Et lorsqu'on parle de communication dans le cadre des archives audiovisuelles, on est dans le cadre d'une communication culturelle de masse. Cette dernière passe par une pluralité de points et d'actions. Outre l'information par des moyens de communication externe, les agents culturels doivent pouvoir offrir au public des documents d'appel ou de présentation qui permettent de renseigner et de proposer les services adaptés à la demande

3-1 Les services de communication culturelle proposés

Les différentes structures impliquées de quelque manière que ce soit dans les archives doivent mener des actions de communication culturelle qui portent en minorité sur les services qu'elles doivent offrir traditionnellement au public à savoir : accueil, aide et orientation. En revanche, leurs actions doivent pointer les moyens avec lesquels ces services informent sur leurs activités.

La communication culturelle sur les archives suppose que les structures impliquées dans

la valorisation culturelle, comme le Centre Culturel des archives audiovisuelles en projet, informent sur les

activités qu'elles mènent et les manifestations qu'elles organisent par l'entremise des supports que sont la

radio, la télévision la presse écrite et l'Internet. Dans cet ordre d'idées, l'on retrouve les médias spécialisés

voire généralistes, les médias associatifs et les revues scientifiques.

L'Internet évoqué ci-dessus doit être intégré radicalement dans les pratiques de communication des

services concernés.

Dans le même sillage, la politique de communication culturelle est perçue comme le rôle

des services d'archives de programmer et mettre à disposition des festivals, expositions, institutions

culturelles, opérateurs culturels des corpus et extraits thématiques dans le cadre des grandes

manifestation culturelles. L'accompagnement de l'intégration de l'image dans les pratiques par une

politique active de communication de programmes entiers vers le secteur institutionnel.

3-2 Les produits de communication culturelle

Ce sont les documents papier, brochures ou dépliants de présentation, programme des activités, plan du service, aide à la visite, catalogues, dossiers de presse et autres communiqués qui servent d'éléments de visibilité des actions entreprises par les services d'archives. Les produits de communication sus indiqués ont le devoir d'aller aussi bien vers les médias que vers le grand public. Les documents de présentation sont les produits les plus utilisés en communication culturelle. A cela s'ajoutent d'autres documents comme les affiches, les marque-pages, les signets, les feuilles ponctuelles sur les événements, les plaquettes produites à l'occasion d'une manifestation, les lettres d'information, les guides pratiques pour l'utilisation des archives, les prospectus d'information pédagogique. Le dispositif de communication doit prévoir également des documents en écriture braille à mettre à la disposition des aveugles et autres malvoyants : textes en braille, maquette tactile.

3-3-L'animation d'émissions s'inspirant des archives audiovisuelles

Dans le cadre de ce projet, une autre manière de redonner vie aux archives en les mettant au service d'objectifs culturels serait de les intégrer dans des programmes de radio et de télévision. C'est une façon toute simple de les rendre vivantes. Ainsi donc, des émissions peuvent constamment puiser dans les fonds archivistiques à l'instar de l'émission « Archives d'Afrique »41 de Radio France Internationale. L'avantage est double dans ce cas. Il se situe dans le fait pour les archives de sortir du risque de fossilisation et d'être utile à l'ensemble de la communauté. Ensuite, c'est une façon induite d'encourager l'archivage des documents. Les efforts s'intensifieront ainsi autour du projet d'archivage pour être mis au service des émissions qui se nourrissent de ces archives.

Mieux, des fonds d'émissions culturelles seront constituées à travers des productions radiophoniques et télévisuelles sur le patrimoine culturel dans son ensemble. Des émissions entières porteront sur les danses, les rituels, les sites, les pratiques culturelles. Tout ceci va accroître le capital voire le potentiel documentaire béninois en matière culturelle.

3-4 L'initiation des entretiens du patrimoine, comme complément d'actions culturelles

La question de l'accroissement, l'enrichissement des collections est un chapitre clé de toute action de gestion d'un fonds. Il n'y a pas de collections définitives, pas plus qu'un fonds ne se limite à ses premières acquisitions. C'est un processus sans fin, qui se nourrit d'expériences complémentaires et utiles. C'est à cette seule condition qu'une institution culturelle peut varier les possibilités offertes au public et remplir au mieux sa fonction culturelle. Les archives en général, aussi bien que les musées et les bibliothèques s'inscrivent dans une logique transversale de ce point de vue. Un conservateur de musée doit sans cesse par don, achat, prêt, dépôt veiller à l'accroissement de ses collections. Cette préoccupation de chasse à l'oeuvre taraude également le conservateur d'archives audiovisuelles. Ceci lui permet de combler les trous observés et de racheter la société face à son histoire. Entendu ainsi, il est possible pour des sujets sur lesquels on dispose de très peu d'éléments, et dont les acteurs ou les protagonistes sont encore en vie d'entreprendre l'oeuvre de recueil de leurs témoignages. Hamadou Ampaté Ba avait déjà compris cela lorsqu'il écrit qu'en Afrique lorsqu'un vieillard meurt c'est une bibliothèque qui brûle. La proposition des « entretiens du patrimoine » permettra de vite éteindre le feu qui risque de consumer la bibliothèque que constituent ces mémoires encore vivantes. La démarche a pour but de sauver ce qui peut l'être pour éviter que ne s'éteigne sous nos yeux notre histoire. Au Bénin, où beaucoup de documents ont dû disparaître sous l'effet de plusieurs facteurs sus énumérés, il

41 Il s'agit d'une production de Radio France Internationale réalisée par le franco-camerounais Alain Foka. Elle s'appuie sur les documents d'archives pour livrer une grande page de l'histoire africaine à travers ses grands hommes.

urge alors de sauter sur les acteurs de certains faits prégnants encore en vie pour reconstituer des faits42. L'initiative doit être conduite aussi bien dans les médias publics que dans des lieux du patrimoine garant de la mémoire du peuple.

3-4-1 Dans les médias publics

Les médias publics dans le cadre de leur mission culturelle au service du développement

national doivent mobiliser les efforts et apporter leur écot à l'aboutissement correct des entreprises de

valorisation culturelle des archives. Pour provoquer le rendez vous entre les générations actuelles et

celles à venir, il faut présenter à ces dernières toute leur histoire.

La mémoire d'un peuple ne peut pas lui être présentée par morceaux. Or aujourd'hui,

face à l'évidence d'un mauvais traitement des archives et à l'indifférence affichée vis-à-vis de leur

conservation, le risque de perte de quantités de documents importants est présent. Mieux que cela, les

archives ignorent certaines figures qui ont marqué leur temps parce qu'on n'a pas eu le bon flair de les

immortaliser pour les générations. Les médias doivent corriger leurs tares, rattraper leurs retards. Car,

nombre de ces figures sont encore vivantes. Des campagnes d'enregistrements patrimoniaux doivent

alors être initiées dans le cadre d'un programme spécial initié par ces médias. Des figures politiques,

culturelles, littéraires doivent être interviewées sur des sujets précis dans le cadre de dossiers prégnants

pour lesquels les livres et autres imprimés restent parfois muets. Des témoignages de leurs congénères

encore vivants, d'historiens seront recueillis à l'appui pour produire in fine des supports complets qui

pourront être absorbés par les lieux de culture (bibliothèques, centres d'archives, musées etc).

3-4-2 Hors des médias

L'initiative des entretiens du patrimoine ne doit pas être laissée aux seuls médias. Les impératifs d'actualité et autres contraintes peuvent retarder leurs actions. C'est pour cela que les bibliothèques, musées, centres culturels ont aussi le devoir de commander ce type d'enregistrement qui enrichira leurs collections et programmes d'activités.

42 Ici apparaît le lien avec le programme de l'UNESCO sur la sauvegarde du patrimoine immatériel et des Trésors humains vivants.

4- La valorisation culturelle des archives, un nouvel axe de développement national

Les archives audiovisuelles ne doivent plus être considérées aujourd'hui comme il y a une vingtaine d'années. Le changement d'attitude de la société vis-à-vis d'elles est à fortement rechercher. Continuatrices positives de la conscience des groupes sociaux, les archives sont des canaux de formation intergénérationnelle. L'observation des archives, leur position sociale et le rôle pédagogiques qu'elles jouent sont autant de facteurs qui peuvent induire le développement.

L'enjeu économique des archives est indémontrable. Elles sont au confluent des activités d'éditeurs, de producteurs, d'opérateurs culturels pour ne citer que ceux-là. Par conséquent, les incidences financières sont énormes pour les services de communication d'archives.

La promotion culturelle des archives est un chapitre entier d'enseignement. La lecture des archives, leur interprétation suggère des idées nouvelles s'inspirant du passé. Le niveau d'observation des contenus permet d'analyser les échecs, d'en détecter les mobiles, de les éviter dans les expériences nouvelles et de tirer bénéfices des succès.

Il ne sert à rien de regarder platement dans les contenus des archives. Elles sont une mine de renseignements pouvant aider les responsables à divers niveaux dans les stratégies d'actions et dans la mise en oeuvre de politique. Ce sont des outils d'aide à la décision.

La valorisation culturelle des archives audiovisuelles, comme nous le démontrions plus haut peut être mis au service du tourisme culturel. Et dans ce cas, les bénéfices et les profits qui en découleront sont insoupçonnables, à l'aune des activités directes et indirectes qui y sont rattachées.

Dans un contexte de mondialisation où tout peut et doit contribuer au développement, les archives audiovisuelles sont un bout majeur à tenir. La culture étant un élément de poids dans l'exercice des capacités, la mise en valeur culturelle des archives doit permettre de ratisser large par l'invention de schémas diversifiés autour de la philosophie du développement. Le préambule du site Internet du Conseil International des Archives tout en reconnaissant d'ailleurs que les archives sont un élément clé de la société de l'information, ajoute « qu'en témoignant des activités menées et des décisions prises, elles assurent à la fois la continuité des organismes et la justification de leurs droits, ainsi que de ceux des individus et des États. Parce qu'elles garantissent l'accès des citoyens à l'information administrative et le droit des peuples à connaître leur histoire, les archives sont essentielles à l'exercice de la démocratie, à la responsabilisation des pouvoirs publics et à la bonne gouvernance »

V- Autorité de coordination et de surveillance

Le Centre culturel des Archives audiovisuelles pour rester efficace et servir de pôle de mobilisation sociale autour de la question des archives doit connaître une orientation qui le distingue des Archives nationales et des vidéothèques des médias publics. Un tel centre ne vient aucunement se substituer à ces derniers. Mieux, sa survenue ne les dépouille pas de leurs nombreuses applications. Le centre apparaît plutôt comme un élément d'appui aux archives nationales et aux médias dans leur volet conservation audiovisuelle en servant en même temps de pôle de valorisation culturelle.

Pour donner une visibilité et une lisibilité aux activités du centre et atteindre l'objectif désiré, la stratégie consistera à lui conférer une autonomie complète. La structure d'appui incontournable dans cette organisation doit être l'organe public de médias qu'est l'ORTB, l'Office de Radiodiffusion et télévision du Bénin. Ceci s'explique par le fait que l'ORTB en tant que service public est le seul à disposer dans ses magasins d'un stock important d'archives audiovisuelles publiques. La traversée de la culture et l'histoire nationale du Bénin à travers la mémoire audiovisuelle passe forcément par les magasins de l'Office.

Autorité publique de coordination et de surveillance, l'organe public de médias mutualisera ses efforts avec la Direction dudit centre dans le cadre de sa gestion en vue de l'édiction des programmes culturels qui concordent avec l'esprit du centre.

Les Archives Nationales ne seront point laissées en marge dans le cadre de la recherche de partenariat. Leur rôle et place resteront déterminants dans cette mouvance, car elles disposent d'un minimum de collections pouvant être valablement exploitées.

Ce centre est également amené à recevoir les documents émanant des médias privés dans le cadre d'un dépôt volontaire qui obéira néanmoins à des accords précis. L'objectif d'ensemble est de s'assurer au mieux de documents de mémoire représentatifs du paysage national.

Figure 3 : Diagramme de relations entre le futur Centre Culturel des Archives Audiovisuelles (CCA) et les autres structures

Chaînes Archives

privées Nationales (relations possibles)

VI- De la protection juridique des documents audiovisuels

La gestion juridique des archives audiovisuelles s'intègre toujours à la conception globale de leur conservation. Dans les services d'archives du monde, une attention particulière est accordée aux aspects de droit.

L'appréciation des questions juridiques oriente les programmes de sauvegarde et autres choix mis en route par les centres de conservation des archives. Il peut arriver qu'un document audiovisuel soit en même temps une oeuvre créatrice importante qui démontre les capacités de création de ses auteurs. A partir de ce moment, il est utile de penser dans la dynamique de son exploitation aux droits d'auteurs et autres droits voisins43. Les archives audiovisuelles sont des produits de création. Elles mettent en commun les efforts d'auteurs, de producteurs, de réalisateurs etc. Cela va au-delà des corps de compétences participant à l'oeuvre pour toucher les ayant droits et ayant droits voisins. Autrement dit, les obligations

43 Ceci est d'une importance capitale surtout dans le cadre de la communication des corpus d'archives aux milieux de création. Des précisions juridiques sont incontournables dans de telles opérations.

contractuelles, la loi sur les droits d'auteurs, les droits moraux, les accords et les liens entre donateurs, les dépositaires ou les clients doivent être constamment respectés et préservés dans l'intégrité et la transparence, tant il est vrai que la confiance peut être facilement brisée dès lors que l'on en abuse. C'est pour cette raison qu'il est important dans le cadre du projet de création d'un tel centre de promotion culturelle des archives de mettre un accent particulier sur le volet juridique.

Nous proposons d'ailleurs la mise sur pied d'un cadre juridique spécifique qui réglemente la gestion des archives. Si à première vue, les archives audiovisuelles qui entreront dans le cadre de ce projet sont publiques, il est en revanche clair que la collecte est appelée à s'étendre aux autres médias privés. Et bien qu'il ne soit question à cette phase que des archives de médias publics, il ne faut pas oublier que les documents audiovisuels comme tous autres documents portent la marque d'une création de leurs auteurs. Autant de points sur lesquels des réflexions approfondies doivent être menées pour aboutir à des propositions juridiques sérieuses.

VII Le rôle de l'Etat dans le mouvement

En raison de l'absence du sentiment physique face à la question de la dégradation des archives, c'est au niveau de l'Etat que les grandes décisions se prennent pour leur sauvegarde et leur valorisation. En France, la question est devenue un choix politique majeur et fait l'objet d'une préoccupation au sommet. Dans cette mouvance qu'on est amené à créer à partir des archives audiovisuelles, l'Etat doit être le premier partenaire. Au Bénin, où les dangers de l'inaction seront suicidaires pour l'avenir du patrimoine audiovisuel, il est quasiment indispensable que les décideurs s'investissent à fond pour impulser les efforts qui seront entrepris dans ce sillage.

1- La mise en oeuvre d'un cadre juridique

Il urge d'encadrer les actions à engager en les inscrivant dans une démarche juridique qui en fixe les bases. Cela permettra par exemple dans le cadre du réchauffement des attributions des Archives Nationales et de la mise en route d'un centre culturel des Archives Nationales de clarifier les démarches. Car, il n'est pas superflu de rappeler que le droit est intimement lié à la question de l'audiovisuel. La pratique de l'INA prend fermement en compte cet aspect juridique44.

44 Voir au Chapitre IV (V- De la protection juridique des documents audiovisuels), p.90

2- La mise à disposition de moyens

Les aspects liés à la conservation, la sauvegarde, la mise en valeur du patrimoine audiovisuel au Bénin font inéluctablement appel à un débat sur l'investissement. Autrement, la réalisation des objectifs nécessite de la part de l'Etat un appui aux initiatives. Au regard des urgences, il lui revient de donner l'exemple avant que les autres partenaires plausibles (collectivités, fondations culturelles, mécènes etc) n'apportent leur contribution. C'est une dynamique qui s'ouvre aux moyens et il est extrêmement important d'y prendre soin.

3- Nécessité de mise en oeuvre de programmes de formation et de renforcement des capacités en gestion et promotion culturelle des archives audiovisuelles

Si l'archivage audiovisuel au Bénin a toujours du plomb dans l'aile, cela s'explique entre autres par des questions de formation. Les compétences dans les secteurs de la conservation, de la valorisation et de la communication d'archives sont rares. Un secteur d'activité ne se sent mieux que s'il compte des gens formés, qualifiés bénéficiant des atouts techniques sérieux. La formation doit être aussi appuyée par des programmes périodiques de renforcement de capacités. Car toute connaissance a besoin d'être renouvelée et remise en cause en permanence. Dans le domaine des archives ni la formation, ni les renforcements de capacité ne sont pris au sérieux. Dans un contexte de nécessité de valorisation culturelle des archives, la question est à prendre au sérieux. Les efforts au plan national doivent intégrer fortement cet aspect. Des programmes de formation appuyés par l'Etat doivent être fréquemment initiés tant au plan national qu'international. Des sessions de formation initiale ou continue permettront d'avoir un corps élevé de spécialistes dans tous les métiers de l'archivistique audiovisuelle.

Les enjeux actuels et modernes que suppose l'archivage audiovisuel exigent que les professionnels anciens actualisent les connaissances grâce à l'engagement de l'Etat qui indique la dynamique à mettre en oeuvre.

CHAPITRE IV PERSPECTIVES POUR LE BENIN DANS L'ENVIRONNEMENT

INTERNATIONAL DES ARCHIVES AUDIOVISUELLES

Dans un contexte en pleine révolution caractérisé par des opportunités de tous genres, plusieurs voies s'offrent pour le Bénin quant à l'avenir de son patrimoine audiovisuel

I- Utilisation et renforcement des outils de partenariat régional et international

A l'instar du Bénin, nombre de pays africains sont confrontés au problème d'archivage audiovisuel. Aucun pays ne se détache réellement de la liste sombre. Ces dernières années, certains ont pris conscience de la situation et mettent en route avec balbutiements des actions. Au constat que les réalités sont similaires, des actions groupées sur des aspects bien déterminés de la question pourront être envisageables. A l'échelle africaine, des pays peuvent mettre en commun les efforts pour initier des politiques dans le style PRESTOSPACE45. Sur le plan régional, des actions communes sectorialisées pourront ainsi être envisagées entre le Bénin, le Togo, le Burkina Faso, le Niger46. A l'échelle de l'UEMOA, il existe déjà un programme d'actions communes pour la production, la circulation et la conservation de l'image au sein des Etats membres47. Ce programme constate à juste titre qu'il n'y a actuellement dans aucun des Etats membres, un dispositif de conservation et de protection des images télévisuelles. Face aux nécessités de sauvegarde des archives audiovisuelles dans l'espace UEMOA et à la densité du travail à abattre, le programme reconnaît qu'il est clair que l'effort ne prendra en compte qu'une partie du patrimoine. Il précise en outre que les critères et ordres de priorités doivent être fixés, avec

45 Projet européen d'archivage audiovisuel regroupant principalement la France, l'Italie, l'Angleterre, l'Autriche, la Hollande et des partenaires. Ce projet financé par l'Union européenne met l'accent sur la mise en commun des efforts pour la sauvegarde commune des archives des différents pays. L'objectif est de fournir des systèmes intégrés et des solutions techniques pour la sauvegarde en numérique de tous types de collections audiovisuelles. Le projet prévoit de fournir des résultats tangibles dans le domaine de la sauvegarde, de la restauration, de la gestion du stockage et des archives, de la description des contenus, de la livraison et de l'accès aux contenus. Le but principal est d'aider à construire des usines de sauvegarde permettant de fournir des services accessibles à tous conservateurs d'archives afin de gérer et de donner accès à leurs collections. L'engagement des principaux partenaires du consortium PrestoSpace à utiliser les services de sauvegarde est un engagement économique fort pour la pérennité du fonctionnement des usines de sauvegarde. 46 La proximité avec ces pays est un facteur favorable à toute initiative comme on peut le constater sur la figure 4 à la page suivante 47 Le document a été amendé suite à la réunion sectorielle des Experts et des Ministres de la Culture et de la Communication à Bamako au Mali du 1er au 5 juin 2004.

objectivité et indépendance, et de manière cohérente entre les Etats membres. Le programme dont la phase de réflexion s'étend jusqu'en 2008, année projetée des premières actions concrètes est déjà un

Figure 4 : Carte de la République du Bénin décrivant les liens géographiques avec ses voisins

Source : www.beninensis.net

prétexte d'espoir. Les pays concernés, notamment le Bénin, doivent agréger leurs efforts là-dessus dans la dynamique de la sauvegarde du patrimoine audiovisuel.

Un partenariat dirigé vers l'UNESCO est à explorer irréversiblement. Ceci a du sens lorsqu'on s'aperçoit que depuis plusieurs années dans le cadre de son programme « Mémoire du monde » l'UNESCO bat campagne pour la sauvegarde et la valorisation des archives en général. Le Bénin peut de ce fait se greffer sur une telle opportunité en cultivant des liens forts avec cette structure internationale à laquelle il est régulièrement affilié.

Le projet du réseau Capmed représente aussi une piste d'opportunités et de coopération pour les pays africains en général et le Bénin en particulier.48 En effet, les Pays du pourtour méditerranéen qui constituent ledit projet vivent les réalités similaires aux pays africains en matière d'archivage de leurs documents audiovisuels. Mais aujourd'hui grâce à ce projet, les pays s'organisent à leur manière tout en récoltant des succès acceptables. C'est une expérience de réussite qui pourraient servir de modèle aux pays africains et leur montrer la nécessité d'un regroupement autour des enjeux liés au patrimoine audiovisuel.

Par ailleurs le CIRTEF49 peut être pour le Bénin un partenaire privilégié dans cette dynamique voulue autour des archives audiovisuelles. Présent dans le domaine audiovisuel à travers la production notamment, le CIRTEF a développé ces dernières années un logiciel dédié au traitement des archives audiovisuelles témoignant ainsi son intérêt pour le numérique dans la gestion du patrimoine audiovisuel.50 Le Bénin qui abrite à Cotonou l'un des bureaux du CIRTEF à la pleine possibilité d'exploiter à son bénéfice une telle opportunité.

Mieux que ceci, les diverses opportunités d'affiliation aux Associations et Fédérations d'archives audiovisuelles et sonores offertes à l'ensemble des pays confrontés à des problèmes d'archivage doivent être saisies par le Bénin. Ces tribunes sont des moments de rencontres, d'échanges qui permettent de dégager des solutions applicables à chaque contexte. Face à ces opportunités, la distanciation ne serait pas la solution idéale. En dehors des initiatives sous régionales indispensables, l'interpénétration des pays à ressources limitées comme le Bénin et les pays riches confrontés aux mêmes problèmes peut être bénéfiques aux premiers.

48 Le projet Capmed regroupe les télévisions publiques du pourtour méditerranéen enrichi de quelques partenaires universitaires régionaux travaillant sur les médias. Capmed offre un programme d'actions visant à améliorer la préservation des collections, à valoriser les contenus et faciliter leur circulation. Les télévisions du pourtour méditerranéen détiennent un patrimoine qui se chiffre en plusieurs millions d'heures de programmes. Elles rencontrent les mêmes problèmes et sont confrontées aux mêmes enjeux. De plus, la situation est aggravée par des conditions économiques difficiles ou l'inégal intérêt que portent les décideurs au sort de leurs archives, ce qui se traduit par la faiblesse des moyens humains, techniques et financiers mobilisés. Capmed offre une sélection d'archives des télévisions du Bassin Méditerranéen sur Internet en proposant un florilège d'images d'archives riches de quelque 2500 documents issus de leurs collections. 49 Conseil International des Radios et Télévisions d'expression française. Une structure internationale née le 21 juin 1978 à Montréal de la volonté de plusieurs radiodiffuseurs et télédiffuseurs utilisant entièrement ou partiellement la langue française dans leurs programmes nationaux et régionaux. 50 Il s'agit en effet du logiciel AIME qui gère les acquisitions d'émissions conservées sur support analogique en numérique, les étiquetages, l'indexation, la validation d'une émission indexée, la gravure d'exportation d'une émission indexée, la recherche. Grâce à ce logiciel 7 DVD constitués d'archives de référence ont pu être réalisés en 2004 au cours de sa phase test à Maurice. Ce pays a pu donc recevoir par l'entremise de la MBC (Mauritius Broadcasting Corporation) un logiciel et une station avec un poste client d'indexation, de recherche et de gravure.

II- Exploitation de l'expertise nationale et internationale

Dans l'environnement international des archives, l'expertise est un élément majeur, indispensable à l'aboutissement de tout projet. Pour permettre au Bénin de se positionner définitivement sur ce marché et profiter des possibilités qu'offrent les outils techniques et technologiques modernes de gestion, l'expertise et la technicité sont à explorer sérieusement. Elles donneront au Bénin les habilitations nécessaires à toute action. L'expertise nationale à ce jour n'est pas assez élevée et ne permettra pas au Bénin de s'imposer et d'occuper une place de choix dans l'environnement. Le renfort décisif de l'expertise internationale est d'une extrême nécessité.

Poursuivre les efforts d'appui aux pays africains en matière de gestion des archives

Pendant longtemps, l'INA s'est engagé aux côtés des pays africains à la préservation et à la conservation de leurs archives. Les archives pré indépendance et post-indépendance de nombre de pays africains ont pour la plupart traversé les magasins de l'INA avant de revenir à la faveur de moult revendications à plusieurs pays dans le cadre d'un considérable mouvement de retour. En dépit de cela, des archives des pays africains sont encore détenues par l'INA, notamment dans le fonds radio. Quels que soient les avis réprobateurs de l'époque et les contradictions qui ont encore cours par rapport à cette position occupée par l'INA vis-à-vis des archives audiovisuelles d'Afrique, il reste une lapalissade que cela a permis dans certains d'espérer encore. Car n'eût été cette récupération momentanée, ces archives en raison de l'indifférence affichée par les pays à leur égard seraient passées dans l'oubli complet.

Aujourd'hui, l'expertise de l'INA en matière de l'archivage audiovisuel dans le monde est un élément indémontrable qui doit profiter aux pays qui ont encore des difficultés à mettre en place des structures idoines. C'est pour cette raison que les pays africains doivent renforcer leur partenariat avec l'institution. Le choix des partenariats dépendra des pays en fonction de leurs priorités en matière d'archivage audiovisuel.

Aujourd'hui, c'est l'histoire des peuples africains qui s'écroulent par défaut de conservation de leurs archives. Si la tendance n'est pas rapidement inversée, c'est une partie de la mémoire des pays qui finira pas disparaître. Avec cette donne peu reluisante, l'INA à l'instar du programme « Afghanistan »51 peut impulser des actions dans les pays africains par l'encouragement des programmes ou des projets d'archivages dans les médias aussi bien publics que privés.

51 Le programme « Afghanistan » a permis de sauver une partie considérable des archives afghanes après la guerre entre 2001 et 2002. Des actions de taille ont été menées grâce à l'expertise de l'INA surtout en matière de conservation, sauvegarde et valorisation du patrimoine afghane qui était voué à un programme de disparition.

CONCLUSION GENERALE

Les défis de notre époque imposent que rien ne soit négligé. Tout élément contribue au développement. Dans un contexte mondial fortement marqué par la mondialisation et la globalisation des échanges, l'information et la culture doivent servir d'éléments de renforcement des démarches et d'affirmation des différences.

L'information prépare la circulation des idées, active et appuie les modèles de développement. Les archives audiovisuelles en raison de leur nature, de leur mode de fabrication sont déjà des éléments d'information et de culture.

Nous l'avons montré, les archives audiovisuelles font partie du patrimoine culturel d'un peuple. Elles s'inscrivent dans une logique intergénérationnelle et ont besoin d'être traitées avec dignité pour servir la postérité. En tant que tel, leurs contenus doivent faire l'objet d'un programme d'apprentissage en vue d'une auto- lecture par chaque composante sociale. D'où la nécessité de leur conservation et de leur sauvegarde afin d'éviter leur marche résolue vers la disparition. Toute archive qui disparaît est une trace importance de l'histoire d'un peuple qui s'efface. La mémoire est une donnée inhérente à la continuité des peuples. D'où l'impérieuse nécessité de sa conservation pour l'information et la formation des hommes. C'est pour cette raison qu'il est aujourd'hui très important de penser pour le cas du Bénin à une politique de valorisation culturelle du patrimoine audiovisuel ( radio et télé) qui constitue le point de départ de toute autres actions scientifiques, économiques autour de ces mêmes documents. Jusqu'à ce jour, rien n'est fait de ce point de vue en raison d'un vide institutionnel, de la non intégration de ces archives dans la politique culturelle, d'un manque de volonté et d'une indifférence face à ces archives qui sont perçues «comme une caverne de vieux documents peu fonctionnels et couverts de poussières ». C'est une caricature sociale au terme de laquelle la société foule aux pieds sa propre mémoire. Or les archives en général, celles audiovisuelles en particulier du fait de leur rôle socioculturel ont pour mission d'ouvrir le passé aux hommes, de leur rappeler les échecs et les succès du passé ainsi que les contextes de leur apparition pour mieux les préparer à affronter les défis nouveaux.

Dans le contexte mondial actuel des archives, le réalisme amène à opter pour leur exploitation culturelle. Combien ne sont-ils pas, ces adolescents et jeunes de la dernière génération à être totalement ignorants de certains faits et événements de la période révolutionnaire ? Mieux, ils ont besoin d'être plus informés sur la récente Conférence Nationale de février 1990. « La politique culturelle, comprise comme

l'organisation au niveau institutionnel des ensembles de règles sociales, de comportement et de manifestations culturelles doit constamment s'adapter à l'évolution de la société et tenir compte de ses transformations, de ses mutations, des crises qui la secouent et des changements qu'elles entraînent »52

La culture de l'oralité propre à l'Afrique en général et au Bénin en particulier est un prétexte heureux pour la valorisation culturelle du patrimoine audiovisuel au Bénin. Les actions doivent être inscrites dans une approche intégrée qui concilient diverses stratégies concourant au même objectif.

La communication culturelle, les offres culturelles, les disciplines culturelles sont la passerelle à toute oeuvre de valorisation culturelle des archives audiovisuelles au Bénin. Le préalable à toute action culturelle étant inévitablement la délicate mais indispensable question de la gestion des archives. Ceci prend pied dans les mécanismes modernes de conservation, de sauvegarde, de restauration et de diffusion des documents.

Tout ce corps d'éléments de gestion trouve aujourd'hui un contexte mondial d'essor technologique marqué par la numérisation. En quelque sorte, la technologie favorise pleinement tout type d'action autour des archives audiovisuelles et ne doit pas être mise en marge des démarches à entreprendre.

L'approche systémique que requiert le processus à engager sur les archives passe également par un vrai partenariat entre la Nord et le Sud, mais aussi par une mutualisation des efforts au plan africain. Le Bénin doit profiter des appuis extérieurs pour sauver et valoriser ses archives audiovisuelles. Dans cette volonté les partenariats avec les Etats, regroupements d'Etats, institutions sont à encourager. En fait d'institutions, il faut pointer entre autres l'INA, le CIRTEF et l'UNESCO. La première a déjà fait ses preuves en redonnant vie à la mémoire de la radio et de télévision de la France. Elle s'impose aujourd'hui comme le premier centre européen en matière d'archivage. Le CIRTEF joue depuis des années un rôle clé aux côtés des pays africains. Le partenariat doit pouvoir profiter au secteur de l'archivage. L'UNESCO quant à elle encourage grâce à son volet culturel des actions patrimoniales. En dessous des partenariats à cultiver et à renforcer, se cache la nécessité de l'exploitation des expertises nationales et internationales.

L'engagement national autour des archives de radio et de télévision en vue de leur promotion culturelle doit être densifié au Bénin et faire l'objet d'actions transversales au niveau des structures étatiques de communication et de gestion de la culture. Et c'est dans cet ordre d'idées qu'il est important qu'au niveau de l'appareil exécutif le même ministère puisse avoir la gestion de la communication et de la culture, dans la continuité.

52 Préambule de la Politique culturelle du Bénin

1-Ouvrages

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Rodes Jean Michel, Le corps de l'archive à l'heure du numérique in Médiamorphoses, numéro 6, Novembre 2002, pp 45-49

Rodes Jean Michel, Les archives de la radio in Dossiers de l'audiovisuel, numéro 9, Sept-Oct 1986, pp 13-15

Rodes Jean Michel, Cazin Sylvie Afrique francophone : la demande de mémoire in Dossiers de l'audiovisuel, numéro 9, Sept-Oct 1986, pp 20-21

Roger Philippe, Sereau Michel, Les archives du cinéma et de la télévision in CinemAction, n°57, Octobre 2000

Saintville Dominique, Les archives de la télévision : quand le passé se conjugue au futur in Problèmes audiovisuels, n° 23, INA, Nov-Dec 1984

3-Textes

Charte Culturelle du Bénin, Février 1991

Déclaration Universelle de l'UNESCO sur la diversité culturelle, UNESCO, Paris, Novembre 2001

Ordonnance No 35/PR/MENJS du 1er Juin 1968 sur la protection du patrimoine culturel au Bénin

Convention de l'UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, 2003

4-Mémoires

Chabi Godefroy, La radiodiffusion dans le processus de développement au Bénin : des origines à nos jours, Mémoire de maîtrise d'histoire, Abomey Calavi, 2002, 85 p

Davakan Brice Armand, Archives et pesanteurs sociologiques en République du Bénin : Etude pour la promotion culturelle des Archives, Mémoire de fin de formation, ENA, Abomey Calavi, 1997, 52 p

Gueye Omar, Pour une nouvelle approche de la question de la collecte et de la conservation du patrimoine oral en Afrique : exemple du Sénégal, Mémoire de fin d'études Professionnelles Approfondies (DEPA), Université Senghor d'Alexandrie, 2003, 93 p

Mégbémado Honoré, Contribution à la sauvegarde et à la promotion du patrimoine oral en République du Bénin, Mémoire de fin d'études Professionnelles Approfondies (DEPA), Université Senghor d'Alexandrie, 1995, 76 p

Soumah Abou, Les bibliothèques publiques : un outil de sauvegarde du patrimoine immatériel en Guinée, Mémoire de fin d'études professionnelles Approfondies (DEPA), Université Senghor d'Alexandrie, 2003, 81p

Whannou Samuel Stanislas, Les archives audiovisuelles de l'Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin, Mémoire de fin de formation, ENA, Abomey Calavi, 1987, 60 p

5-Autres sources

CD-ROM, Conservation préventive du patrimoine documentaire, UNESCO, 2002

CD-ROM, Patrimoine documentaire des peuples du monde, Mémoire du Monde, UNESCO

CD-ROM, Preserving documentary heritage a tutorial, Memory of the world, UNESCO, 2004

CD-ROM, Parchment's Digital Images Archive, The library of the Lithuanian Academy of Sciences, UNESCO, 2003

6-Sites Internet

www.bnf.fr www.cirtef.org www.iasa-web.orgwww.ina.fr www.fiatifta.org www.memoriav.ch www.unesco.org www.francophonie.orgwww.gouv.bj

TERMES DE REFERENCE

SELECTION D'UN CABINET EN VUE DE L'ETUDE RELATIVE A LA MISE EN PLACE D'UN SYSTEME D'ARCHIVAGE AUDIOVISUEL AU BENIN

A-Contexte

Le Bénin demeure un pays où le taux d'analphabétisme, quoique à la baisse, est encore aujourd'hui très élevé. Ce qui fait des médias audiovisuels, des moyens audiovisuels, des moyens essentiels dans la communication avec la majorité des béninois. Ces médias du son et de l'image portent, alimentent et vivifient la parole et l'expression libre du grand nombre, sans lesquels il n'y a point de démocratie. Avec la libéralisation de l'espace audiovisuel en 1997, le paysage audiovisuel du Bénin s'est énormément enrichi. On compte aujourd'hui une quarantaine de chaînes de radiodiffusions sonores, commerciales, communautaires, rurales locales, confessionnelles et deux chaînes de télévision dont une de service public et une de service privé. La production audiovisuelle qui s'enrichit sans cesse est un patrimoine national dont la gestion scientifique et la conservation s'imposent dans des structures appropriées comme des unités de documentation audiovisuelle. Tel est d'ailleurs l'objectif du projet PIP 2003 « création d'unités de documentation audiovisuelle au CDSI »

B-Justification

Les programmes diffusés par ces chaînes sont des émissions à caractère scientifique, économique et socio-culturel d'une qualité et d'une pertinence qui méritent qu'on y accorde une attention particulière.

Aussi est-il indiqué de procéder à une collecte exhaustive puis à une sélection desdites émissions au niveau de chacun de ces organes en vue de réaliser un répertoire ou un catalogue des meilleures productions à conserver. La République du Bénin pourra se doter d'une médiathèque, c'est-à-dire d'un Centre de Documentation audiovisuelle.

Les différentes émissions collectées en constitueront le début du fonds documentaire.

Ces unités de documentation sont conçues pour donner naissance à un centre de référence à multiples

fonctions : -Le centre assure la conservation de la production audiovisuelle nationale sur des supports adéquats -Le centre offre une porte d'accès facile aux sources d'information et de savoir pour ses usagers. -Le centre constitue un cadre propice, pour promouvoir les échanges de programmes, dans le cadre d'une coopération entre différents organes de presse, au plan national et international

Il convint de ne pas perdre de vue la dimension « mémoire audiovisuelle nationale » qui constitue une

préoccupation du projet PIP 2003 « création d'unités de documentation audiovisuelle au CDSI »

C-Objectifs

Le projet de création d'unités de documentation audiovisuelle au CDSI a trois objectifs : -la sauvegarde et la conservation de la production nationale des organes de presse de services public et privé. -La constitution d'une banque de données audiovisuelles destinées à diverses consultations -La mise en ligne d'archives audiovisuelles pour consultation à distance

D-Caractéristique de la base de données audiovisuelles

1-Genres d'émissions à collecter

Les éléments audiovisuels à recueillir portent sur des émissions radiophoniques et télévisuellesdiffusées par les médias du Bénin, de service public et de service privé. Les éléments audiovisuels à recueillir concernent les types d'émissions ci-après : 1-1 les émissions de grande audience dans tous les domaines notamment politique,

économique, socioculturel, éducatif, musical et sportif. Remarque : le consultant doit se faire identifier les émissions dites de grande audience par chacun des organes de presse concernés.

1-2 Les documentaires sur le Bénin 1-3 Les thèmes de recherche et des mémoires de fin de formation sur le Bénin

NB : D'autres émissions d'intérêt non citées peuvent être proposées pour être intégrées au champ des émissions à archiver

2-Période

Les éléments audiovisuels concernent stricto sensu la période de 1989 à 2003.

E-Mission du bureau d'étude

La prestation de service du bureau d'étude a pour but de : E.1- Proposer un système informatique performant et opérationnel de gestion électronique des archives et de la documentation des médias électroniques ; E.2- Elaborer un cahier des charges pour la mise en place du système et pour l'organisation de la collecte de données conformément à la réglementation en vigueur en matière d'archivage et d'échange de données audiovisuelles

Ledit cahier des charges comporte entre autres points, les volets relatifs aux clauses administratives particulières et aux clauses techniques particulières

E.2.1 Les clauses administratives particulières doivent spécifier :


· l'indication générale et la description des travaux


· La définition et l'interprétation des termes et expression technique,

- les documents contractuels,

- les obligations générales,

E.2.2 Les clauses techniques particulières doivent indiquer :


· les spécifications des équipements avec précision des conditions techniques générales et des conditions techniques particulières -l'installation

E.3- contrôler la mise en place du système. E.4-proposer le ou les types de formation appropriée au profit du personnel du CDSI, dans le cadre del'exploitation et de la maintenance du système.

F-Résultats attendus


· Etude de faisabilité : disponibilité d'un document qui répond aux différents points énumérés dans la mission,


· Coûts prévisionnels,


· Définition du système à mettre en place et des modalités de collecte de données,


· Cahier des charges techniques indiquant entre autres les clauses administratives particulières et les clauses techniques particulières

G-Profil ou compétence du bureau d'étude


· maîtrise des réseaux informatiques et intranet sécurisé ;


· maîtrise de la documentation radiophonique et télévisuelle et autres logiciels du traitement du son et de l'image


· maîtrise des logiciels documentaires : Winisis et autres


· maîtrise des questions des droits d'auteurs, de propriété intellectuelle dans le domaine des médias et de l'audiovisuel.

H-Composition indicative de l'équipe du consultant

Le bureau d'étude soumissionnaire doit disposer au sein de l'équipe affectée aux travaux :


· Un informaticien ayant des expériences confirmées en réseau informatique ;


· Un documentaliste


· Un journaliste de l'audiovisuel ayant au moins dix ans d'expérience ;


· Un technicien de l'audiovisuel ayant au moins cinq ans d'expérience


· Un juriste conseil spécialiste des questions des droits d'auteur, de propriété intellectuelle dans le domaine des médias et de l'audiovisuel

-

1-Coûts de l'opération

Les soumissionnaires devront préciser les coûts de l'opération, par lots ci-après :


· Lot 1 relatif :

Au système informatique performant et opérationnel de gestion électronique des archives et de la documentation des médias électroniques,A l'organisation de la collecte de données conformément à la réglementation en vigueur en matière d'archivage et d'échange de donnes audiovisuelles.


· Lot 2 relatif : A la collecte et à l'archivage des émissions de grande audience dans tous les domaines, notammentpolitique, économique, socioculturel, éducatif, musical et sportif.


· Lot 3 relatif :

A la collecte et à l'archivage des documentaires sur le Bénin.A la collecte et à l'archivage des thèmes de recherche et des mémoires de fin de formation sur leBénin.

Tableau comparatif : archives audiovisuelles, archives générales, bibliothèques et musées

Le tableau ci-dessous établit, sous une forme très simplifiée, quelques comparaisons entre les quatre types d'institutions. Dans la pratique, bien entendu, une institution donnée peut présenter des caractéristiques liées à un autre type d'institution ou à plusieurs, ou même n'entrer dans aucune catégorie. Le but recherché est d'illustrer à gros traits le type d'institution lié à chaque profession.

Remerciements : la conception de ce tableau et une partie de son contenu sont tirés de J. Ellis, dir. publ., Keeping archives (2ème éd.), D. W. Thorpe/Australian Society of Archivists, 1993.

Evolution des techniques et obsolescence des supports audiovisuels : quelques exemples

Technique Période de production

Situation

Film

 

1980-aujourd'hui

Actuel

70 mm Imax polyester

 

1891-1951

Obsolète

35 mm nitrate

 

1910-aujourd'hui

Actuel

35 mm acétate

 

1955-aujourd'hui

Actuel

35 mm polyester

 

1912-années 20

Obsolète

28 mm acétate

 

vers 1912

Obsolète

22 mm acétate

 

1898-début des années 20

Obsolète

17,5 mm nitrate

 

1923-aujourd'hui

Sur le déclin

16 mm acétate

 

1921-années 70

Obsolète

9,5 mm acétate

 

années 70

Obsolète

8,75 mm EVR

 

1932-années 70

Obsolète

8 mm standard acétate

 

1965-aujourd'hui

Obsolescent

8 mm super acétate

 

Supports sonores mécaniques

 

1876-1929

Obsolète

Cylindres (empreinte en cire ou moulé)

 

1876-années 50

Obsolète

Cylindres (instantané/dictaphone)

 

1888-vers 1960

Obsolète

Disque à gravure en profondeur (78 tours et

 

similaires) années 30-années 50

Obsolète

Disque pressé années 30-années 60

Obsolète

Disque instantané en gamme-laque 1950-aujourd'hui

Obsolescent

Microsillon

 

Supports sonores numériques Disque compact (CD) Cylindre de piano (88 notes)

1980-aujourd'hui 1902-aujourd'hui

Actuel Sur le déclin

Supports sonores magnétiques Télégraphe Bobine de bande magnétique Cassette Cartouche Bande audionumérique (DAT)

1930-fin des années 50 1935-aujourd'hui 1960-aujourd'hui 1960-aujourd'hui 1980-aujourd'hui

Obsolète Actuel Actuel Sur le déclin Actuel

Vidéo Bande quadruple 2 pouces Format Philips (bobine ½ pouce) U-matic Betemax VHS Betacam 1 pouce A, B, C, D Vidéo 8 Disque laser analogique Vidéodisque DVD

 

1956-années 80 années 60 1971-aujourd'hui 1975-années 80 années 70-aujourd'hui 1984-aujourd'hui années 70-aujourd'hui 1984-aujourd'hui années 80-aujourd'hui années 90 1997

Obsolète Obsolète Obsolescent Obsolète Actuel Actuel Sur le déclin Actuel Actuel Actuel Actuel

Fédérations, associations, ONG et autres organismes d'archivage audiovisuel

On trouvera ci-dessous la liste de plusieurs organisations mentionnées dans le présent document. Le lecteur pourra les contacter pour de plus amples informations.

AMIA - Association of Moving Image Archivists

Association professionnelle, à l'origine nord-américaine mais de plus en plus internationale, créée dans le but de faciliter la coopération entre personnes concernées par la collecte, la conservation, la présentation et l'utilisation d'images en mouvement. Parmi ses objectifs figurent l'échange régulier d'information, d'idées et d'assistance, l'adoption de positions réfléchies sur les questions archivistiques relatives aux images en mouvement, la sensibilisation du public et la promotion de la préservation et de l'utilisation du film et de la vidéo en tant que ressources éducatives, historiques et culturelles, ainsi que la défense des normes et pratiques professionnelles dans le domaine des images en mouvement.

Site web : http://www.amianet.org/

ARSC - Association of Recorded Sound Collections

Organisation ayant pour objet de développer et de diffuser l'information dans tous les domaines de l'enregistrement et du support sonore. Elle soutient les intérêts des archivistes du son, des discographes, des musiciens, des ingénieurs du son, des historiens, des collectionneurs, etc. Elle oeuvre pour la préservation des enregistrements sonores historiques et encourage l'échange d'information et la sensibilisation à l'importance culturelle du son enregistré.

Site web : http://www.arsc-audio.org/

CIA - Conseil international des archives

Le principal forum international des archives générales. Le CIA possède plusieurs organes, dont un Comité des archives audiovisuelles, et est en train de mettre sur pied une section entièrement consacrée à ce type d'archives.

Site web : www.ica.org

FIAF - Fédération internationale des archives du film

Association d'archives du film (« film » désignant tout type d'image en mouvement). Elle s'attache à promouvoir la collecte et la préservation des films et des documents liés, à encourager les pays à créer des archives dans ce domaine, à développer la coopération parmi ses membres, à promouvoir l'art et la culture cinématographique et à favoriser la recherche historique sur tous les aspects du cinéma.

Site web : www.fiafnet.org

FIAT - Fédération internationale des archives de télévision

Ses objectifs sont les suivants : encourager la coopération entre ses membres, promouvoir la compatibilité des systèmes de documentation audiovisuelle et l'échange de documentation, favoriser la conservation du matériel audiovisuel, son évaluation et sa diffusion.

Site web : www.fiatifta.org

IASA - Association internationale d'archives sonores et audiovisuelles

L'IASA a été créée pour renforcer la coopération entre les archives et les autres institutions collectant des documents sonores et audiovisuels, afin de favoriser l'échange, la conservation, la documentation et la diffusion de l'information et du matériel collecté.

Site web : www.iasa-web.org

IFLA - Fédération internationale des associations de bibliothécaires et des bibliothèques

La plus grande organisation internationale de bibliothèques, qui y sont représentées par leurs associations de bibliothèques nationales. Parmi ses nombreux départements et commissions figure une Table ronde sur l'audiovisuel.

Site web : www.ifla.org

SEAPAVAA - South East Asia/Pacific Audio Visual Archive Association

Forum régional axé sur les questions et préoccupations communes en matière de conservation et d'accessibilité du patrimoine audiovisuel des pays membres. La SEAPAVAA s'est donnée pour buts de promouvoir le développement de l'archivistique audiovisuelle et la sensibilisation à la discipline, de renforcer les capacités nationales dans les compétences pertinentes, d'instaurer des normes régionales, de soutenir le développement et la reconnaissance professionnels des archivistes audiovisuels et d'encourager la communication et l'assistance mutuelle dans la profession.

Site web : http://membres.xoom.com/archives

RECOMMANDATION POUR LA SAUVEGARDE ET LA CONSERVATION DES IMAGES EN MOUVEMENT

La Conférence générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, réunie à Belgrade du 23 septembre au 28 octobre 1980, en sa vingt et unième session,

Considérant que les images en mouvement sont une expression de l'identité culturelle des peuples et qu'en raison de leur valeur éducative, culturelle, artistique, scientifique et historique, elles font partie intégrante du patrimoine culturel d'une nation,

Considérant que les images en mouvement sont des formes d'expression nouvelles' particulièrement représentatives de la société actuelle, dans lesquelles se reflète une part importante et toujours croissante de la culture contemporaine,

Considérant que les images en mouvement sont aussi un moyen fondamental d'enregistrer les événements à mesure qu'ils se déroulent et qu'à ce titre elles constituent, de par la nouvelle dimension qu'elles apportent, des témoignages importants et souvent irremplaçables de l'histoire, du mode de vie et de la culture des peuples ainsi que de l'évolution de l'univers,

Notant que les images en mouvement ont un rôle de plus en plus important à jouer en tant que moyens de communication et de compréhension mutuelle entre tous les peuples du monde,

Notant en outre qu'en diffusant la connaissance et la culture de par le monde les images en mouvement apportent une contribution importante à l'éducation et à l'enrichissement de l'être humain,

Considérant toutefois que, vu la nature de leurs supports matériels et les diverses méthodes par lesquelles elles sont fixées, les images en mouvement sont extrêmement vulnérables et devraient être conservées dans des conditions techniques particulières, Sauvegarde et conservation des images en mouvement

Notant en outre que de nombreux éléments du patrimoine d'images en mouvement ont disparu parce qu'ils se sont détériorés, victimes d'accidents ou mis inconsidérément au rebut, ce qui constitue un appauvrissement irréversible de ce patrimoine,

Consciente des résultats auxquels ont abouti les efforts accomplis par les organismes spécialisés pour préserver les images en mouvement des dangers auxquels elles sont exposées,

Considérant qu'il est nécessaire que chaque État prenne les mesures complémentaires appropriées en vue d'assurer la sauvegardé et la conservation pour la postérité de cette partie particulièrement fragile de son patrimoine culturel, de la même façon qu'il sauvegarde et conserve d'autres formes de biens culturels en tant que sources d'enrichissement pour les générations présentes et à venir,

Considérant en même temps que les mesures voulues pour assurer la sauvegarde et la conservation des images en mouvement devraient être prises en tenant dûment compte de la liberté d'opinion, d'expression et d'information, reconnue comme un élément essentiel des droits de l'homme et des libertés fondamentales inhérents à la dignité de la `personne humaine, et de la nécessité de renforcer la, paix et la coopération internationale ainsi que de la position légitime des titulaires de droits d'auteur et de tous les autres ayants droit sur les images en mouvement,

Reconnaissant également le droit des États de prendre des mesures appropriées pour assurer la sauvegarde et la conservation des images en mouvement, compte tenu des obligations que leur impose le droit international,

Considérant que les images en mouvement créées par les peuples du monde font aussi partie du patrimoine de l'humanité dans son ensemble et qu'en conséquence il convient de favoriser un resserrement des liens de coopération internationale afin de sauvegarder et de conserver ces témoignages irremplaçables de l'activité humaine, et ce, en particulier, au bénéfice des pays qui disposent de ressources limitées,

Considérant en outre qu'en raison du développement de la coopération internationale, les images en mouvement importées jouent un rôle important dans la vie culturelle de la plupart des pays,

Considérant que des aspects importants de l'histoire et de la culture de certains pays, en particulier des pays anciennement colonisés, ont été enregistrés sous forme d'images en mouvement qui ne sont pas toujours accessibles à ces pays,

Notant que la Conférence générale a déjà adopté des instruments internationaux relatifs à la protection du patrimoine culturel mobilier, et en particulier la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé (1954), le Recommandation concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'exportation, l'importation et le transfert de propriété illicites des biens culturels (1964), la Convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels (1970), la Recommandation concernant l'échange international de biens culturels (1976) et la Recommandation pour la protection des biens culturels mobiliers (1978),

Désirant compléter les normes et principes énoncés dans ces conventions et recommandations et en étendre l'application,

Ayant présents à l'esprit les termes de la Convention universelle sur le droit d'auteur, de la Convention de Berne pour la protection des oeuvres littéraires et artistiques et de la Convention sur la protection des artistes interprètes ou exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion,

Étant saisie de propositions concernant la sauvegarde et la conservation des images en mouvement,

Après avoir décidé, lors de sa vingtième session, que cette question ferait l'objet d'une recommandationaux États membres,

Adopte, ce vingt-septième jour d'octobre 1980, la présente Recommandation:

La Conférence générale recommande aux États membres d'appliquer les dispositions ci-après en adoptant, sous forme de loi nationale ou autrement, et conformément au système où à la pratique constitutionnels de chaque État, des mesures en vue « de donner effet, dans les territoires sous leur juridiction, aux principes et

aux normes formulés dans la présente Recommandation.

La Conférence générale recommande aux États membres de porter la présente Recommandation à la connaissance des autorités et organismes appropriés.

La Conférence générale recommande aux États membres de lui présenter, aux dates et sous la forme qu'elle déterminera, des rapports concernant la suite donnée par eux à la présente Recommandation.

I. Définitions

1. Aux fins de la présente Recommandation:

(a) On entend par « images en mouvement » toute série d'images fixées sur un support (quelles que soient la méthode de captation et la nature du support - notamment film, bande, disque, etc. - utilisées initialement ou ultérieurement pour les fixer), accompagnées ou non d'une sonorisation qui, lorsqu'elles sont projetées, donnent une impression de mouvement et qui ont pour objet la communication ou la distribution ou public ou ont été réalisées à des fins de documentation; elles seront présumées comprendre notamment les éléments appartenant aux catégories suivantes :

(i) Productions cinématographiques (telles que longs métrages, courts métrages, films de vulgarisation scientifique, bandes d'actualité et documentaires, films d'animation et films didactiques);

(ii) Productions télévisuelles réalisées par ou pour les organismes de radio diffusion;

(iii) Productions vidéographiques (contenues dans les vidéogrammes) autres que celles dont il est question aux alinéas (i) et (ii) ci-dessus;

(b) On entend par « élément de tirage » tout support matériel des images en mouvement constitué, dans le cas du film cinématographique, d'un négatif ou d'un internégatif ou d'un interpositif et, dans le cas d'un vidéogramme, d'une matrice, ces éléments de tirage étant destinés à l'obtention de copies ;

(c) On entend par «copie de projection » tout support matériel des images en mouvement destiné en propre à la vision et/ou à la diffusion de ces images.

2. Aux fins de la présente Recommandation, on entend par « production nationale », les images en mouvement dont le producteur ou l'un au moins des coproducteurs a son siège ou sa résidence habituelle sur le territoire de l'État intéressé.

II. Principes généraux

3. Toutes les images en mouvement de production nationale devraient être considérées par les États membres comme partie intégrante de leur « patrimoine d'images en mouvement». Pourraient compléter ce patrimoine culturel d'un pays, des images en mouvement de production originale étrangère lorsqu'elles revêtent une importance nationale particulière du point de vue de la culture ou de l'histoire du pays en question. Si la transmission de la totalité de ce patrimoine aux générations futures n'était pas possible pour des raisons techniques ou financières, une part aussi importante que possible devrait être sauvegardée et conservée. Les dispositions nécessaires devraient être prises pour que tous les organismes publics et privés intéressés engagent une action concertée afin d'élaborer et d'appliquer une politique active à cette fin.

1 Les mesures appropriées devraient être prises pour veiller à ce que le patrimoine d'images en mouvement bénéficie d'une protection matérielle satisfaisante contre les atteintes du temps et de l'environnement. Étant donné que de mauvaises conditions de stockage accélèrent le processus de dégrada tion auquel les supports sont en permanence soumis et peuvent même conduire à leur destruction totale, les images en mouvement devraient être conservées dans des archives du film ou de la télévision officiellement reconnues et traitées selon les normes archivistiques les plus rigoureuses. En outre, des recherches devraient être spécifiquement consacrées à la mise au point de supports de qualité et durables pour la sauvegarde et la conservation appropriées des images en mouvement.

5. Des mesures devraient être prises pour éviter la perte, la mise au rebut inconsidérée ou la détérioration de tout élément de la production nationale. Des dispositions devraient être prises dans chaque pays afin de permettre à des organismes d'archives publics ou privés, à but non lucratif, d'obtenir, de sauvegarder et de

conserver systématiquement des éléments de tirage ou des copies de qualité archivistique des images en mouvement.

2 L'accès aux oeuvres et aux sources d'information. que représentent lés images en mouvement, qui sont obtenues, sauvegardées et conservées par des organismes d'archives publics ou privés à but non lucratif, devrait être facilité autant que possible. Leur utilisation ne devrait porter atteinte ni aux droits ni aux intérêts légitimes de ceux qui ont contribué à leur réalisation et de ceux qui les exploitent, conformément aux dispositions de la Convention universelle sur le droit d'auteur, de la Convention de Berne pour la protection des oeuvres littéraires et artistiques et de la Convention sur la protection des artistes interprètes ou exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion ainsi qu'à celles des législations nationales.

7. Afin de mener à bien un programme de sauvegarde et de conservation véritablement efficace, il conviendrait de s'assurer la coopération de tous ceux qui participent à la production, à la distribution, à la sauvegarde et à la conservation des images en mouvement. Des activités d'information du public devraient donc être organisées, afin notamment de sensibiliser les milieux professionnels intéressés à l'importance des images en mouvement pour le patrimoine d'un pays et à la nécessité de les sauvegarder et de les conserver en tant que témoignages de la vie de la société contemporaine.

III. Mesures recommandées

3 En application des principes énoncés ci-dessus, et conformément à leur pratique constitutionnelle normale, les États membres sont invités à prendre toutes les dispositions requises, y compris la fourniture aux archives officiellement reconnues de ressources appropriées en personnel, en matériel et en moyens financiers, pour la sauvegarde et la conservation efficaces de leur patrimoine d'images en mouvement, conformément aux principes directeurs suivants

4 Pour que les images en mouvement faisant partie du patrimoine culturel des pays soient systématiquement conservées, les États membres sont invités à prendre des mesures permettant aux organismes d'archives officiellement reconnues de disposer, aux fins de la sauvegarde et de la conservation, de tout ou partie de la production nationale de leur pays. Ces mesures pourraient

comprendre, par exemple, des arrangements volontaires avec les titulaires de droits pour le dépôt des images en mouvement, l'obtention des images en mouvement par achat ou donation ou l'institution de systèmes de dépôt légal au moyen d'une législation appropriée ou de mesures administratives. De tels systèmes compléteraient les dispositions existantes relatives à l'archivage des images en mouvement appartenant à l'État et coexisteraient avec elles. Les mesures prises devraient être compatibles avec les dispositions s'appliquant aux images en mouvement de la législation nationale et des instruments internationaux en matière de protection des droits de l'homme, du droit d'auteur et des artistes interprètes ou exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion, et devraient tenir compte des conditions particulières accordées aux pays en développement dans certains de ces instruments. Lorsque des systèmes de dépôt légal sont adoptés, il devrait y être prévu que :

(a) Les images en mouvement de production nationale, quels que soient la nature de leur support ou le but dans lequel elles ont été réalisées, devraient être déposées en au moins un exemplaire complet de la meilleure qualité archivistique, comprenant de préférence les éléments de tirage ;

(b) Les éléments devraient être déposés par le producteur - tel que le définit la législation nationale - ayant son siège ou sa résidence habituelle sur le territoire de l'État intéressé, indépendamment de tout accord de coproduction conclu avec un producteur étranger;

(c) Les éléments déposés devraient être conservés dans des archives du film ou de la télévision officiellement reconnues; là où de telles institutions n'existent pas, il conviendrait d'en créer au niveau national et/ou régional; en attendant la création d'archives officiellement reconnues, les éléments déposés devraient être provisoirement conservés dans des locaux convenablement équipés;

(d) Le dépôt devrait être effectué dès que possible dans un délai maximal fixé par la réglementation nationale;

(e) Le déposant devrait avoir un accès contrôlé aux éléments déposés chaque fois qu'il en aurait besoin pour faire établir de nouveaux tirages, à condition que ces éléments ne subissent de ce fait aucune détérioration ni aucun dommage;

(f) Les archives officiellement reconnues devraient être autorisées, sous réserve des dispositions pertinentes des conventions internationales et de la législation nationale en matière de droit d'auteur et de protection des artistes interprètes ou exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion, à :

(i) Prendre toutes les mesures nécessaires afin de sauvegarder et de conserver le patrimoine d'images en mouvement et, dans la mesure du possible, d'en améliorer la qualité technique; en cas de reproduction d'images en mouvement, il devrait être dûment tenu compte de tous les droits auxquels les images visées sont assujetties;

(ii) Permettre, dans un but strictement non lucratif, à un nombre limité de spectateurs de visionner dans leurs locaux une copie de projection, à des fins d'enseignement, d'étude ou de recherche, sous réserve que cette utilisation ne porte pas atteinte à l'exploitation normale de ces oeuvres et à condition que les éléments déposés ne subissent de ce fait aucune détérioration ni aucun dommage;

(g) Les éléments déposés et les reproductions qui en seront faites ne devraient être utilisés à aucune autre

fin ni leur contenu modifié;(h) Les archives officiellement reconnues devraient être autorisées à demander aux utilisateurs uneparticipation raisonnable au coût des services fournis.

1 La sauvegarde et la conservation de toutes les images en mouvement de production nationale devraient être l'objectif le plus élevé. Toutefois, tant que les progrès de la technologie ne l'auront pas rendu possible partout, dans les cas où l'on ne peut, pour des raisons de coût ou d'espace, enregistrer la totalité des images en mouvement publiquement diffusées ni sauvegarder et conserver à long terme la totalité des éléments déposés, chaque État membre est invité à établir les principes permettant de déterminer quelles sont celles qui devraient être enregistrées et/ou déposées pour la postérité, y compris les « enregistrements éphémères » ayant un caractère exceptionnel de documentation. La priorité devrait être accordée aux images en mouvement qui; du fait de leur valeur, éducative, culturelle, artistique, scientifique et historique, font partie du patrimoine culturel d'une nation. Tout système créé à cette fin devrait prendre en considération le fait que le choix devrait se fonder sur un consensus aussi large que possible de la part des milieux informés et tenir particulièrement compte des critères d'évaluation définis par les archivistes. D'autre part, il conviendrait de veiller à ce que l'élimination d'éléments soit évitée avant qu'un laps de temps suffisant pour permettre le recul nécessaire se soit écoulé. Les éléments ainsi éliminés devraient être rendus au déposant.

2 Les producteurs étrangers et les responsables de la distribution publique des images en mouvement réalisées à l'étranger devraient être encouragés, conformément à l'esprit de la présente Recommandation et sans préjudice de la libre circulation des images en mouvement à travers les frontières nationales, à déposer volontairement dans les archives officiellement reconnues des pays où elles sont diffusées un exemplaire de la meilleure qualité archivistique des images en mouvement, sous réserve de tous les droits relatifs à ces images. En particulier, les responsables de la distribution des images en mouvement, doublées ou sous-titrées dans la ou les langues du pays où elles sont diffusées, qui sont considérées comme partie intégrante du patrimoine d'images en mouvement du pays en question ou qui présentent une valeur importante pour les besoins culturels d'enseignement ou de recherche, devraient être invités instamment à déposer les éléments relatifs à ces images, dans un esprit de coopération internationale. Les archives officiellement reconnues devraient s'efforcer d'obtenir l'instauration de tels systèmes de dépôt et, en outre, d'obtenir, sous réserve de tous les droits relatifs à ces images, des exemplaires des images en mouvement ayant une valeur universelle exceptionnelle, même si elles n'ont pas été publiquement distribuées dans le pays intéressé. Le contrôle de ces éléments et l'accès à ces éléments devraient être régis par les dispositions des alinéas (e), (f), (g) et (h) du paragraphe 9 ci-dessus.

3 Les États membres sont invités à mener des études pour vérifier l'efficacité des mesures proposées au paragraphe 11. Si, après un délai d'expérimentation raisonnable, la forme de dépôt volontaire suggérée ne pouvait garantir la sauvegarde et la conservation des images en mouvement adaptées qui revêtent une importance nationale particulière du point de vue de la culture ou de l'histoire d'un État, il appartiendrait à celui-ci, dans le cadre de sa législation nationale, de définir les mesures propres à empêcher la disparition, notamment par destruction, des copies d'images en mouvement adaptées, dans le respect des droits qu'ont les ayants droit légitimes sur les images en mouvement en question qui revêtent ce caractère particulier d'importance nationale.

4 Les États membres sont invités, en outre, compte tenu des conventions internationales relatives au droit d'auteur et à la protection des artistes interprètes ou exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion, à étudier la possibilité de permettre aux archives officiellement reconnues

d'utiliser les éléments déposés à des fins de recherché et d'enseignement proprement dit, sous réserve que

cette utilisation ne porte pas atteinte à l'exploitation normale de ces oeuvres.

Mesures techniques

1 Les États membres sont invités à accorder l'attention voulue aux normes archivistiques relatives au stockage et au traitement des images en mouvement recommandées par les organisations internationales compétentes dans le domaine de la sauvegarde et de la conservation des images en mouvement.

2 De plus, les États membres sont invités à prendre les dispositions nécessaires pour veiller à ce que les institutions_ chargées de la sauvegarde et de la conservation du patrimoine d'images en mouvement prennent les mesures suivantes :

(a) Établir et diffuser des filmographies et catalogues nationaux de toutes les catégories d'images en mouvement et des descriptions de leurs stocks, en recherchant chaque fois que cela est possible l'harmonisation des systèmes de catalogage; ces matériels documentaires formeraient ensemble un inventaire du patrimoine d'images en mouvement du pays;

(b) Rassembler, conserver et rendre accessibles aux chercheurs les archives d'institutions, papiers personnels et autres documents renseignant sur l'origine, la production, la distribution et la projection d'images en mouvement, sous réserve de l'accord des intéressés;

(c) Conserver en bon état les équipements dont certains ne sont parfois plus utilisés couramment mais qui peuvent être nécessaires pour la reproduction et la projection des éléments conservés ou, si cela s'avérait impossible, veiller à ce que les images en mouvement intéressées soient transférées sur un autre support permettant leur reproduction et leur projection;

(d) Veiller à ce que les normes applicables en matière de stockage, de sauvegarde et de conservation, de restauration et de reproduction soient respectées rigoureusement;

(e) Dans la mesure du possible, améliorer la qualité technique des images en mouvement à sauvegarder et à conserver, et les traiter de façon qu'elles se prêtent à un stockage et à une utilisation prolongés et efficaces; dans le cas où le traitement nécessite une reproduction des images en mouvement, il devrait être dûment tenu compte de tous les droits auxquels les images visees sont assujetties.

16. Les États membres sont invités à encourager les organismes privés et les particuliers détenteurs d'images en mouvement à prendre les mesures requises pour assurer la sauvegarde et la conservation de ces images dans de bonnes conditions techniques. Ces organismes et ces particuliers devraient être encouragés à confier aux archives officiellement reconnues les éléments de tirage, s'il en existe, ou, à défaut, une copie des images en mouvement réalisées avant l'introduction du système de dépôt.

Mesures complémentaires

17. Les États membres sont invités à encourager les autorités compétentes et les autres organismes s'occupant de la sauvegarde et de la conservation des images en mouvement à organiser des activités d'information du public, afin de :

(a) Faire prendre conscience à toutes les personnes intervenant dans la réalisation et la distribution des images en mouvement de la valeur durable de ces images du point de vue éducatif, culturel, artistique, scientifique et historique, et les sensibiliser à la nécessité de collaborer de ce fait à leur sauvegarde et à leur conservation;

(b) Attirer l'attention du public dans son ensemble sur l'importance éducative, culturelle, artistique, scientifique et historique des images en mouvement et sur les mesures à prendre en vue de leur sauvegarde et de leur conservation.

1 Des mesures devraient être prises au niveau national afin de coordonner les recherches dans les domaines relatifs à la sauvegarde et à la conservation des images en mouvement, et d'encourager les recherches qui sont spécifiquement destinées à permettre de les conserver longtemps à un coût raisonnable. Des informations sur les méthodes et techniques permettant de sauvegarder et de conserver les images en mouvement, y compris les résultats des recherches pertinentes, devraient être diffusées à tous les intéressés.

19. Des programmes de formation en matière de sauvegarde et de restauration des images en mouvement devraient être organisés; ils devraient porter sur les méthodes et les techniques les plus récentes.

IV. Coopération internationale

2 Les États membres sont invités à conjuguer leurs efforts afin de favoriser la sauvegarde et la conservation des images en mouvement qui font partie du patrimoine culturel des nations. Cette coopération devrait être stimulée par les organisations internationales, gouvernementales et non

gouvernementales, compétentes et devrait se traduire notamment par les mesures suivantes :

(a) Participation à des programmes internationaux en vue de créer l'infrastructure requise, au niveau régional ou national, pour sauvegarder et conserver le patrimoine d'images en mouvement des pays qui ne disposent pas d'installations appropriées ou de ressources suffisantes;

(b) Échange d'informations sur les méthodes et techniques de sauvegarde et de conservation des images en mouvement, en particulier sur les résultats des recherches récentes ;

(c) Organisation de cours de formation sur le plan national et international dans les domaines intéressés, à l'intention notamment des ressortissants des pays en développement;

(d) Action commune en vue de l'harmonisation des méthodes de catalogage spéciales pour les archives d'images en mouvement;

(e) Autorisation, sous réserve des dispositions pertinentes des conventions internationales et de la législation nationale en matière de droits d'auteur et de protection des artistes interprètes ou exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion, du prêt de copies d'images en mouvement à d'autres archives officiellement reconnues, exclusivement à des fins d'enseignement, d'étude ou de recherche, à condition que l'accord des ayants droit et des archives concernés par de tels prêts soit obtenu et que les éléments prêtés ne subissent de ce fait aucune détérioration ni aucun dommage.

21. Une coopération technique devrait être fournie, en particulier aux pays en développement, afin

xix

d'assurer ou de faciliter la sauvegarde et la conservation adéquates de leur patrimoine d'images en mouvement.

22. Une collaboration entre les États membres devrait s'instaurer de façon que tout État puisse avoir accès aux images en mouvement ayant trait à son histoire ou à sa culture dont il ne détient ni éléments de tirage ni copies de projection. A cette fin, tout État membre est invité à :

(a) Faciliter, dans le cas des images en mouvement qu'il détient en dépôt dans ses archives officiellement reconnues et qui ont trait à l'histoire ou à la culture d'un autre pays, l'obtention par les archives officiellement reconnues de ce pays d'un élément de tirage ou d'une copie de projection de ces images ;

(b) Encourager les organismes ou institutions privés situés sur son territoire, qui détiennent ce type d'images, à en déposer volontairement un élément de tirage ou une copie de projection auprès des archives officiellement reconnues du pays intéressé. Le cas échéant, les éléments fournis en application des alinéas (a) et (b) ci dessus devraient être mis à la disposition de l'organisme qui les demande à ses frais. Toutefois, compte tenu du coût à prévoir, les éléments de tirage oü les copies de projection des images en mouvement détenus par des Etats membres en tant que bien public et qui ont trait à l'histoire et à la culture de pays en développement devraient être mis à la disposition des archives officiellement reconnues de ces pays à des conditions particulièrement favorables. Tout élément fourni en application du présent paragraphe le serait sous réserve des droits d'auteur et des droits des artistes interprètes ou exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion auxquels il pourrait être assujetti.

23. Lorsque des images en mouvement relevant du patrimoine culturel ou historique d'un pays ont été perdues par celui-ci, en quelque circonstance que ce soit, notamment du fait d'une occupation coloniale ou étrangère, les États membres devraient, en cas de demande de ces images, coopérer dans l'esprit de la résolution 5110.111, III, adoptée par la Conférence générale à sa vingtième session.

APPEL MONDIAL POUR LA SAUVEGARDE DES ARCHIVES AUDIOVISUELLES

Considérant qu'il est universellement admis, au côté du cinéma, que la radio et la télévision occupent désormais une place centrale dans l'histoire contemporaine de nos sociétés et que les archives constituent une part essentielle de la mémoire collective du 20ème siècle ;

Considérant l'importance des volumes en jeu, estimés à 200 millions d'heures ;

Considérant que les archives audiovisuelles sont riches d'oeuvres, de documents et detrésors inestimables pour le patrimoine culturel mondial et qu'ils sont la garantie du maintien de la diversité et des identités culturelles ;

Considérant que ce patrimoine est menacé du fait de la fragilité des supports et de l'obsolescence des machines permettant de relire les enregistrements, et que des collections complètes de programmes sur film, bandes magnétiques et disques risquent d'être perdues ;

Considérant qu'à échéance rapide, c'est à dire au plus tard d'ici 10 ans, la mémoire sera irrémédiablement frappé d'amnésie et que l'inégalité des pays devant cette menace creusera davantage le « fossé numérique » entre les pays pauvres et les pays riches, entre le Nord et le Sud et entraînera, à court terme et de manière plus profonde encore, une inégalité d'accès à la mémoire collective des peuples ;

Considérant que l'urgence est ici d'autant plus grande que les agressions ne sont, contrairement à d'autres patrimoines (comme le patrimoine monumental), pas immédiatement perceptibles par le public et que c'est précisément cette absence de sentiment physique et immédiat de la perte qui contribue à freiner la prise de conscience et la mobilisation ;

Considérant par ailleurs qu'il existe désormais des solutions techniques garantissant la préservation à long terme, l'accès, la réutilisation des documents d'archives, parmi lesquelles le transfert des enregistrements vers des formats numériques, et que cette migration vers le numérique suppose le recours urgent à des ressources humaines et financières adéquates.

Dans le prolongement des actions menées par l'UNESCO et le Conseil de l'Europe (1), en association avec les organisations soeurs -IASA (International Association of Sound and Audiovisual Archives ), ICA (Conseil International des Archives ), IFLA (International Federation of Library Associations and Institutions), FIAF (Fédération Internationale des Archives du Film), SEAPAVAA (Southeast Asia Pacific Audiovisual Archive Association), la Fédération Internationale des Archives de Télévision (FIAT) en appelle, à l'occasion de sa 27ème Conférence annuelle, à l'attention et à la vigilance de tous pour :

Alerter, mobiliser et inciter les autorités compétentes à prendre la mesure de la gravité et de l'urgence des menaces qui pèsent sur les patrimoines nationaux audiovisuels ;

Mettre en oeuvre des politiques de préservation et des plans de migration de ces archives ;

Définir les critères de priorité suivant lesquels les actions de préservation doivent être engagées ;

Développer la coopération entre Etats afin de faciliter la mise en oeuvre de solutions communes de sauvegarde et de numérisation ;

Favoriser les transferts de savoir faire par le biais de missions d'expertise et d'actionsde formation ;

Appliquer sans attendre les mesures de première urgence recommandées par la FIAT et les ONG et encourager les opérations de soutien aux pays les moins avancés.

(1) Recommandation pour la sauvegarde des images en mouvement, 1980 Programme Mémoire du monde, initié en 1992 Convention européenne relative à la protection du patrimoine audiovisuel, adoptée à Strasbourg le 9 novembre 2001

C'est à l'occasion de sa 27ème conférence annuelle qui s'est tenue à Paris du 15 au 19 octobre 2004, que la FIAT a lancé l'Appel de Paris.

Cet Appel a pour objectif de mobiliser tous les professionnels concernés par la sauvegarde des archives audiovisuelles, de sensibiliser les autorités compétentes, nationales et internationales, aux menaces qui pèsent sur le patrimoine audiovisuel mondial, en particulier dans les pays du Sud, et à la nécessité de prendre des mesures pour assurer sa survie.

L'ambition est de recueillir 100.000 signatures d'ici le 16 septembre 2005, lorsque s'ouvrira à New-York la 28ème conférence annuelle de la FIAT. La pétition sera alors solennellement remise au Secrétaire des Nations Unies.

Tout le monde est concerné : ceux qui travaillent dans les archives, ceux qui utilisent les archives, et au delà, tous les citoyens qui sont attachés à la préservation de la mémoire nationale.

Merci de signer l'Appel et de le transmettre à vos collaborateurs et à vos amis. Merci aussi de veiller à ce qu'il soit fait mention de l'Appel lors de toutes les manifestations professionnelles auxquelles vous pourriez participer

QUESTIONNAIRE D'ENQUETE INDIRECTE

Quand on parle d'archives audiovisuelles, à quoi pensez vous? ...........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Pensez vous au regard de l'expérience que la question de l'archivage des oeuvres audiovisuelles fait l'objet d'une préoccupation au Bénin ? ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................... ............................................................................................Quelle est pour vous l'utilité des archives ? .................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................Dans votre carrière comment avez-vous côtoyé de près la question de l'archivage? .......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................Quelle(s) exploitation(s) faites vous ou avez vous faites de ces archives dans votre carrière ? .............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................L'archivage est il pour vous un aspect capital dans la gestion générale d'un organe ou juste un élément accessoire ? ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

En quoi pour vous les nouvelles technologies peuvent être mises à contribution dans le débat surl'archivage de l'audiovisuel ? ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Quelles doivent être à votre avis les conditions de conservation des archives ? ......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

........................................................................................................................................................................... ........................................................................... Quelles archives à votre sens sont aujourd'hui en péril et qu'il faille sauver ? ............................................................................................................................................. ......................................................................................................................................................... Comment peut on, à votre avis, sauvegarder les documents menacés de disparition et conserver ceux récents? ........................................................................................................................................................................... ........................................................................................................................................................................... ........................................................................................................................................................................... Quelles actions faut il entreprendre pour donner au secteur des archives de votre organe toute sa signification ? ........................................................................................................................................................................... ........................................................................................................................................................................... ........................................................................................................................................................................... A votre avis, quels sont les acteurs dont l'intervention est indispensable dans cette mouvance ? ........................................................................................................................................................................... ........................................................................................................................................................................... ........................................................................................................................................................................... Quel peut être le rôle des pouvoirs publics ? ........................................................................................................................................................................... ........................................................................................................................................................................... ........................................................................................................................................................................... Pensez vous que les archives sont largement accessibles au public béninois ? ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ................................................................................................................................................................. . Lorsqu'on parle de la valorisation culturelle des archives audiovisuelles, à quoi pensez vous ? ............................................................................................................................................. ............................................................................................................................................. ............................................................................................................................................................... Croyez vous à la création d'une Centre culturel national des archives audiovisuelles au Bénin ? ............................................................................................................................................. ............................................................................................................................................. ........................................................................................................................................................... En quels termes percevez vous son rôle? ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... .............................................................................................................................................................. Dans quelles mesures cela est il possible ? .............................................................................................................................................. .............................................................................................................................................. .................................................................................................................................................................

Quels acteurs à votre connaissance sollicitent les archives et à quelles fins ? ............................................................................................................................................. .............................................................................................................................................

A

Après 50 ans de radio et 25 ans de télévision, le Bénin a ses archives audiovisuelles en mauvais état, car mal conservées dans les médias publics qui les ont produites. Depuis longtemps, aucune action sérieuse n'est menée pour assurer leur bonne préservation. La situation est d'autant plus inquiétante que les documents de l'historique conférence nationale des Forces vives de la Nation de février 1990 végètent et sont menacés de disparition. Parce qu'elles ne bénéficient d'aucune attention, les archives sont en nombre inconnu et les conditions de stockage insuffisantes dans les médias publics. Autant d'éléments qui révèlent l'absence d'une politique nationale d'archivage audiovisuel. La conséquence directe est la disparition progressive de ces documents qui constituent pourtant des éléments de mémoire et de diversité culturelle.

Pour que les archives de radio et de télévision puissent faire l'objet d'une attention de sauvegarde, de conservation et de préservation, la question de leur valorisation culturelle doit être essentiellement posée. Car les archives audiovisuelles sont destinées à l'information du public. Il faut alors réfléchir aux conditions de leur communication aux différents publics.

Plusieurs pistes et approches sont à explorer pour inverser la tendance. Il s'agit dans les années à venir : -De mettre en place un plan d'urgence de sauvegarde des archives audiovisuelles significatives dans les médias publics -D'inciter les médias publics notamment, à mettre en oeuvre des actions plus cohérentes d'archivage de leurs documents


· De convaincre par des actions de lobbying les pouvoirs publics à initier une politique d'archivage audiovisuel qui mette l'accent sur la Conservation, la préservation, la sauvegarde des archives de radio et de télévision


· De permettre par une politique de communication culturelle l'introduction des archives dans les manifestations culturelles, les milieux culturels et de création au Bénin


· D'introduire les archives dans le calendrier des musées et autres lieux du patrimoine-De susciter des activités pédagogiques et culturelles en direction de divers groupes cibles (scolaires ou non) -De créer un Centre Culturel national des archives audiovisuelles en vue du large accès du public aux archives.

B

Dans un monde actuellement dominé par le débat sur la société de l'information, les aspects abordés dans ce mémoire se veulent un condensé de propositions utilitaires susceptibles d'être expérimentées pour modifier la tendance actuelle dans un sens positif pour la société.

MOT CLES

Radio, Télévision, Archives, Culture, Thématisation, Conservation, Conservation préventive, Sauvegarde, Valorisation, Collection, Fonds, Communication culturelle, Systémique, Enregistrement en simultané.






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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon