UNIVERSITE INTERNATIONALE DE LANGUE FRANCAISE AU SERVICE DU
DEVELOPPEMENT AFRICAIN A ALEXANDRIE D'EGYPTE
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES PROFESSIONNELLES
APPROFONDIES
Promotion 2003-2005
Présenté et soutenu le 25 avril 2005 par :
Godefroy Macaire CHABI
Jury : Jean Yves MARIN Vincent NEGRI Caroline
GAULTIER
EPIGRAPHE
« S'il y a une raison de forme, de contenu ou
d'association extérieure pour que la perte d'un document particulier
soit regrettée dans le futur, la question de sa conservation doit
être posée »
Principe de perte, Ernest Lindgren
Ce travail fruit de plusieurs mois de réflexion
est dédié :
¾ A Dieu le Père pour m'avoir
gardé et inspiré pendant tout le processus de rédaction.
Eternel est son nom !
¾ A vous, Béatrice et André, qui m'avez
donné la vie et permis d'être à la hauteur de mes
ambitions. Tenez ceci comme le symbole de ma redevabilité envers
vous.
¾ A toi que je porte si tant dans mon coeur
¾ A vous, mes soeurs et frères pour votre
soutien inlassable et appréciable
Mes remerciements vont à l'endroit de :
. La Directrice du Département Gestion du Patrimoine
Culturel de l'Université Senghor, Mme Caroline Kurhan-Gaultier pour ses
compétences à notre service, son dynamisme et le soin mis
à assurer à la promotion une formation de qualité.
.L'ensemble des Professeurs qui sont intervenus au
Département Gestion du Patrimoine Culturel au titre de la promotion
2003-2005 .L'ex Recteur de l'Université Senghor, M. Fred Constant pour
les multiples actions
entreprises au bénéfice de toute la promotion
avant son départ de l'Université .Professeur Fernand Texier,
Recteur de l'Université Senghor d'Alexandrie .L'ensemble du personnel
administratif et d'exécution de l'Université Senghor
d'Alexandrie pour sa disponibilité constante et son
volontarisme à nos côtés. .Mme Rania Adel,
Secrétaire du Département Gestion du Patrimoine Culturel .Jeanne
Azer, Assistante du Recteur de l'Université SENGHOR .L'ensemble des
Directeurs de département de l'Université Senghor .Monsieur
Emmanuel Hoog, Président- Directeur Général de l'Institut
National de
l'Audiovisuel, INA, pour avoir autorisé et assuré
notre stage de mise en situation professionnelle au sein de son institution
.Mon encadreur de stage M. Patrick Montigon, Directeur Adjoint
de la formation à l'INA pour l'excellence de ses contacts à mon
profit pendant toute la durée de mon stage..L'équipe de la FIAT
(Fédération Internationale des Archives de
télévision) représentée
à l'INA : Dominique Saintville et Violaine Fenestre,
Grégoire Cairole Brihaye .Toute l'équipe de la Direction des
Archives de l'INA, notamment Anne Lefort, Maic Chomel, .Sophie Bachmann,
Responsable du secteur éducatif et culturel ; Sylvie Richard,
Responsable Manifestation et partenariat à l'INA .Catherine Sournin,
Responsable Documentation- Archives à RFI
. L'ensemble des journalistes de la Rédaction Afrique de
RFI, notamment Vincent Garrigues, Dalila Berritane, Helena Naah pour leur
disponibilité à mon égard lors du stage
complémentaire à RFI
. Tous ceux qui de près ou de loin ont contribué
au succès de notre mémoire par des conseils et suggestions de
toutes natures.
. L'ensemble du personnel de l'Office de Radiodiffusion et
télévision du Bénin (ORTB)
. Fidèle Ayikoué et Julien Akpaki, respectivement
Directeur Général et Secrétaire Général de
l'ORTB
. Ephrem Quenum, journaliste-Producteur de magazines radio pour
la qualité des informations fournies lors de l'enquête
. Janvier Ballè pour son remarquable et
indéfectible soutien tout au long de ce parcours
. L'ensemble de la 9ème promotion de
l'Université Senghor, notamment mes collègues du
Département Gestion du Patrimoine Culturel
. La petite famille béninoise de la
9ème promotion de l'Université Senghor d'Alexandrie
AMIA: Association des archivistes des images en mouvements
BBC: British Broadcasting Corporation BETA SP
: Betacam Superior Professional BVU : Broadcast Video U-Matic
BVU : Broadcast Video U-Matic CD: Compact
Disc CD ROM : Compact Disc Read Only Memory
CIA: Conseil International des Archives DAT :
Digital Audio Tape DLT: Digital Linear Tape DV
CAM: Disc Video Camera DVD: Digital Versatile Video
EPIC : Etablissement Public à caractère
Industriel FIAF : Fédération Internationale des
Archives du film FIAT : Fédération
Internationale des Archives de Télévision HAAC :
Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication
IASA : Association Internationale des Archives audiovisuelles
et sonores INA : Institut National de l'Audiovisuel
ISO: International Organization for standardization
MBC : Mauritius Broadcasting Corporation ORTB
: Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin
ORTF : Office de Radio et Télévision de France
PRESTOSPACE: Preservation towards Storage and
acess. Standardised Practices for
Audiovisual Contents in
Europe PSN : Plan de sauvegarde et de
numérisation RAI : Chaîne publique italienne de
radio et de télévision RFI : Radio France
Internationale SCAM : Société Civile des Auteurs
Multimédias SEAPAVAA : Association des Archives
Audiovisuelles pour l'Asie du Sud-Est Pacifique SFP :
Société Française de Production SMPTE:
Society of Motion Picture and Television Engineers SNC
: Sauvegarde, Numérisation, Communication SORAFOM:
Société de Radiodiffusion de la France d'Outre Mer
SDEC : Service de Développement Educatif et Culturel
TDF : Télédiffusion de France TF1
: Télévision France 1 UER: Union
Européenne de Radio Télévision UEMOA :
Union Economique et Monétaire Ouest africaine UNESCO :
Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture
VHS: Video Home System Patrimoine audiovisuel :
patrimoine destiné à être vu et entendu qui
consiste en une série d'images apparentées et de sons les
accompagnant ou indépendants
Conservation : ensemble des opérations
nécessaires pour assurer l'accessibilité permanente pour une
perte de qualité minimale du contenu visuel ou sonore ou d'autres
attributs essentiels d'une oeuvre. Elle couvre des aspects comme le
contrôle des retours, l'inspection, la protection, la réparation,
la restauration, la copie, la surveillance, les systèmes de gestion des
fonds et les environnements et méthodes de stockage.
Collecte : processus de sélection et
d'acquisition des matériels.
Supports individuels : toute unité
physique distincte (bobine de bande magnétique, bobine de film, cassette
etc.) Plusieurs supports individuels forment une oeuvre
Fonds : ensemble de documents de toute nature
produits ou reçus par une personne physique ou morale dans l'exercice de
ses activités.
Thématisation : Constitution de corpus
de documents (sonores ou audiovisuels pour le cas qui nous concerne) afin de
les réunir dans un catalogue thématique. Elle peut être
simplement définie comme le regroupement par thèmes.
Sauvegarde : opération de copie d'un
document original vers d'autres supports afin de garantir la
pérennité de l'oeuvre.
Préservation : elle représente
comme la conservation une manière de limiter les atteintes aux documents
en les isolant de toutes sortes agressions externes.
Inamédia : Interface de visionnage des
images par les clients agréés de l'Institut National de
l'Audiovisuel en vue de leur commande ultérieure.
Photos
Photo 1 : Des boîtes de bandes
magnétiques audio stockées à l'ancienne maison de la
radio.....................................................................................................................................25
Photo 2 : Les conditions de stockage de bandes
audio à l'ancienne Maison de la
radio.....................................................................................................................................25
Photo 3 : Les bureaux servent de lieux de
stockage de supports télévisuels à défaut
d'espace................................................................................................................................26
Photo 4 : Des rayons de bandes visuelles
à la vidéothèque de la télévision nationale
du Bénin : un mélange des différents types de
supports.....................................................................................................26
Photo 5 : Etat délabré de
conservation des fiches
d'émissions.................................................................28
Photo 6 : Archivage désinvolte des
fiches documentaires manuelles à l'ancienne Maison de la
Radio....................................................................................................................................28
Tableau
Tableau 1 : Etat des archives dans les
chaînes nationales publiques au
Bénin.........................................16 Tableau 2 :
Fonds d'archivage professionnel et Dépôt légal en
2003........................................................47 Tableau
3 : Bilan de sauvegarde numérique à
l'INA..................................................................................49
Tableau 4 : Evaluation du nombre annuel de nouveautés
: publications, produits sonores, vidéos
interactifs à
l'INA............................................................................................................................................55
Tableau 5 : Diffusion des archives dans les réseaux
culturels et éducatifs.............................................55
Tableau 6 : Conditions de température et
d'hygrométrie pour la conservation des supports
audiovisuels.................................................................................................................................................64
Tableau 7 : Critères de sauvegarde des
archives audiovisuelles au
Bénin.........................................70 Tableau
8 : Type de supports de sauvegarde selon les
médias.......................................................74
Figure
Figure 1 : Offres culturelles aux
publics.......................................................................................................81
Figure 2 : La politique des publics dans la
valorisation culturelle des
archives............................................84
Figure 3 : Diagramme des relations entre le
futur Centre Culturel Audiovisuel et les autres
structures........................................................................................................................................................90
Figure 4 : Carte de la République du Bénin
décrivant les liens géographiques avec ses
voisins............................................................................................................................................................94
Annexe I : Termes de référence :
Sélection d'un cabinet en vue de l'étude relative à la
mise en place d'un
système d'archivage audiovisuel au
Bénin.....................................................................................i
Annexe II : Tableau comparatif : archives audiovisuelles,
archives générales, bibliothèques et
musées..................................................................................................................................vi
Annexe III : Evolution des techniques et
obsolescence des supports audiovisuels................................vii
Annexe IV : Fédérations,
associations, ONG et autres organismes d'archivage
audiovisuel..............................................................................................................................
ix Annexe V : Recommandation pour la sauvegarde et la
conservation des images en mouvement.............xi Annexe VI
: Appel de Paris pour la sauvegarde du patrimoine
audiovisuel...........................................xx Annexe VII
: Questionnaire d'enquête
indirecte..............................................................................xxii
DEDICACES
................................................................................................................................IREMERCIEMENTS
.................................................................................................................II
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS.......................................................................
IV
GLOSSAIRE..............................................................................................................................
VI LISTE DES PHOTOS, TABLEAUX ET FIGURES
............................................................VII
LISTE DES ANNEXES
..........................................................................................................
IX TABLE DES
MATIERES.........................................................................................................X
AVANT
PROPOS...................................................................................................................XIV
INTRODUCTIONGENERALE..............................................................................................1
Problématique
...........................................................................................................................3Hypothèses
de travail
................................................................................................................5Objectifs....................................................................................................................................6Justification
du choix du
sujet...................................................................................................6Méthodologie
de travail
.............................................................................................................8Difficultés
rencontrées et
opportunités......................................................................................9
PREMIERE PARTIE : LE BENIN FACE A LA CONSERVATION ET LA
VALORISATION CULTURELLE DES ARCHIVES DE RADIO ET DE
TELEVISION........................................................................................10
CHAPITRE I-LES ARCHIVES DANS LES MEDIAS DE
MASSE...................................................12
I-LES ARCHIVES DE RADIOS PUBLIQUES: 50 ANS D'ARCHIVES
RADIOPHONIQUES.............................................12
1-Débuts et évolution de la radio
....................................................................................122-L'histoire
des supports
.................................................................................................133-
Contenu des
supports....................................................................................................14
II-LES FONDS DE TELEVISION PUBLIQUE: UN QUART DE SIECLE
D'HISTOIRE DE LA TELEVISION ...........................14 1-
Le phénomène télévision au Bénin
..............................................................................142-
Histoire des supports
visuels.......................................................................................153-
Contenu des
supports....................................................................................................154-Les
archives dans les médias audiovisuels privés : une histoire
récente .............165- Regard sur les archives du cinéma
.............................................................................17
CHAPITRE II LA PROBLEMATIQUE DES ARCHIVES EN DEHORS
DES MEDIAS: ETAT DE LA QUESTION AU NIVEAU INSTITUTIONNEL
..................................................................................19
I-LA HAUTE AUTORITE DE L'AUDIOVISUEL ET DE LA
COMMUNICATION (HAAC) DANS LA PROBLEMATIQUE DE
L'ARCHIVAGE
......................................................................................................................................19
1- Les problèmes
identifiés................................................................................................192-
Les types d'émissions enregistrées et
archivées.......................................................20
II-LES ARCHIVES NATIONALES DU BENIN : UN MANQUE DE
COORDINATION AVEC L'ORGANE PUBLIC DE VERSEMENT DES ARCHIVES AUDIOVISUELLES
.............................................................................................................20
CHAPITRE III LA MAUVAISE CONSERVATION DES ARCHIVES
DE RADIO ET DE TELEVISION : FACTEURS EXPLICATIFS ET CONSEQUENCES
........................................................................22
I-PRESENTATION DES FACTEURS
...........................................................................................................22
1- Les facteurs historiques
................................................................................................222-Les
conditions naturelles
.............................................................................................233-
La nature des supports
.................................................................................................234-
Un stockage éparpillé et désinvolte
.............................................................................235-
L'inexistence d'une culture de conservation
..............................................................266-Des archives
non
documentées...................................................................................277-
Le manque de professionnalisme et de formation
.....................................................288- L'absence d'une
politique nationale en matière de conservation du patrimoine
audiovisuel...........................................................................................................................289-
La diffusion, premier souci, la conservation en simultané,
dernière
préoccupation...............................................................................................................................................29
II-LES CONSEQUENCES DIRECTES : LA DISPARITION DU
PATRIMOINE AUDIOVISUEL...........................................29
CHAPITRE IV-LA PROMOTION CULTURELLE DES ARCHIVES
AUDIOVISUELLES AU BENIN : ETAT DE LA
QUESTION............................................................................................................30
I-DE LA NOTION GENERALE DES ARCHIVES
..............................................................................................30
1-
Définition..........................................................................................................................302-Les
archives écrites
......................................................................................................323-
Les archives audiovisuelles
..........................................................................................324-
Les qualités des archives audiovisuelles : éléments de
démonstration ................344-1 Les archives audiovisuelles comme
nouvel élément du patrimoine culturel national à conserver
........................................................................................................................34
4-2 Les archives audiovisuelles comme source d'analyse
scientifique............................35 4-3 Le rôle
pédagogique des archives
............................................................................35
II LES ARCHIVES AUDIOVISUELLES DANS LES PROGRAMMES
CULTURELS DE MASSE AU BENIN...........................36 1-
Les archives en général dans les systèmes des
valeurs...........................................372-Les archives
audiovisuelles dans les calendriers culturels au Bénin
....................38
III-LE PATRIMOINE AUDIOVISUEL DANS LA POLITIQUE
CULTURELLE DU BENIN
.................................................38 1-
Archives audiovisuelles au Bénin et culture : La place de la
diversité culturelle dans la
réflexion..................................................................................................................39
2- La place du patrimoine audiovisuel dans les préoccupations des
institutions culturelles étatiques : exemple du ministère
béninois de la culture ............................40 3- Les archives
audiovisuelles dans les textes nationaux sur le patrimoine culturel
41
DEUXIEME PARTIE : LES PERSPECTIVES SYSTEMIQUES POUR UNE
VALORISATION CULTURELLE DU PATRIMOINE AUDIOVISUEL AU BENIN
......................................................................43
CHAPITRE I LE PATRIMOINE AUDIOVISUEL :
CONSERVATION, SAUVEGARDE ET VALORISATION CULTURELLE DANS UN CONTEXTE
ORGANISE...............................................45
I-L'INSTITUT NATIONAL DE L'AUDIOVISUEL, UN POLE
IMPORTANT DE GESTION ET DE VALORISATION CULTURELLE
DES ARCHIVES DE RADIO ET DE TELEVISION
..............................................................................................45
1-Une structure aux missions
patrimoniales.................................................................46
2- La Direction des archives de
l'INA................................................................................47
II-LE PLAN PATRIMOINE DE L'INA, UN VASTE PROGRAMME AUX
OBJECTIFS IMPLICITEMENT CULTURELS...............48 1- Les
mobiles du plan
.......................................................................................................482-
Le plan de sauvegarde et de
numérisation.................................................................483-
La sauvegarde, numérisation et
communication.......................................................484- Les
résultats...................................................................................................................495-
Poursuivre et accélérer les processus de sauvegarde et de
numérisation.............50
III-INAMEDIA, UN CHANTIER EN PLEINE
EVOLUTION....................................................................................50
IV LES ASPECTS CULTURELS DE GESTION DES ARCHIVES DE
L'INA ..............................................................51
1- Les archives dans le patrimoine culturel
français.....................................................51 2- La
communication culturelle et pédagogique des
archives.....................................52 3- Un attachement aux questions
de droit dans la valorisation culturelle des
archives................................................................................................................................55
4- La thématisation et la mise en ligne des fonds radio et
télévision au service des actions
culturelles...............................................................................................................55
V-LA POLITIQUE CULTURELLE DES ARCHIVES A L'ECHELLE
REDUITE D'UNE CHAINE DE RADIO ET DE TELEVISION...57 1- La
sonothèque de RFI
...................................................................................................57
2- L'archivage audiovisuel à TF1
.....................................................................................57
3- De la valorisation culturelle des archives sur les deux
chaînes...............................58
CHAPITRE II DE LA CONSERVATION ET DE LA SAUVEGARDE
DES ARCHIVES AUDIOVISUELLES : LES ELEMENTS DE GESTION PROFESSIONNELLE POUR UNE
VALORISATION CULTURELLE DES ARCHIVES AU
BENIN.........................................................60
I-LES ACTIONS URGENTES A METTRE EN PLACE
........................................................................................60
1- L'inventaire des archives audiovisuelles, premier
élément de la démarche ..........602- Le classement
.................................................................................................................613-
La conservation en
question.........................................................................................623-1
Les locaux et la gestion de stockage
.........................................................................63
3-2 Le conditionnement des
supports.............................................................................65
3-3 Le rangement des
matériels.......................................................................................65
3-4
L'exploitation.............................................................................................................66
4- La restauration des
matériels........................................................................................665-
La thématisation, un aspect-clé de
gestion.................................................................676-
Vers une gestion documentaire
informatique.............................................................67
II MISE EN OEUVRE D'UNE CRITERIOLOGIE DE SAUVEGARDE DES
ARCHIVES EN SITUATION D'URGENCE : UN PLAN DE
SAUVEGARDE DES ARCHIVES DU
BENIN....................................................................................................68
III-LA SAUVEGARDE A L'HEURE DU NUMERIQUE: LES CHOIX
POSSIBLES .........................................................70
1- Les supports possibles à la
radio.................................................................................712-
Le cas de la
télévision....................................................................................................723-
La mise en ligne des archives : un objectif à
atteindre..............................................73
CHAPITRE III DE LA NECESSITE DE CREATION D'UN
CENTRE CULTUREL DES ARCHIVES DE L'AUDIOVISUEL
.......................................................................................................................75
I-PERTINENCE DE LA PROPOSITION PAR RAPPORT A L'EXISTANT
: LES ARCHIVES NATIONALES..........................75
II-PRESENTATION DU
CENTRE................................................................................................................76
III-LES PROGRAMMES DU CENTRE CULTUREL DES ARCHIVES
AUDIOVISUELLES..............................................77
IV-OUTILS MAJEURS DE VALORISATION CULTURELLE DES ARCHIVES
AUDIOVISUELLES PUBLIQUES AU BENIN .......81
1- L'objectivisme et le subjectivisme du
choix...............................................................812- La
politique des publics face aux engagements culturels des archivesaudiovisuelles
.....................................................................................................................822-1
L'offre tout - public
....................................................................................................82
2-2 L'offre aux étudiants
..................................................................................................83
2-3 L'offre aux jeunes et scolaires
...................................................................................83
3- Archives audiovisuelles, valorisation culturelle et communication
culturelle........843-1 Les services de communication culturelle
proposés.................................................84
3-2 Les produits de communication culturelle
................................................................85
3-3- L'animation d'émissions s'inspirant des archives
audiovisuelles .............................85 3-4
L'initiation des entretiens du patrimoine, comme complément d'actions
culturelles..863-4-1 Dans les médias publics
........................................................................................87
3-4-2 Hors des médias
....................................................................................................87
4- La valorisation culturelle des archives, un nouvel axe de
développement
national...............................................................................................................................................88V-AUTORITE
DE COORDINATION ET DE SURVEILLANCE
...............................................................................89
VI-DE LA PROTECTION JURIDIQUE DES DOCUMENTS AUDIOVISUELS
..............................................................90
VII LE ROLE DE L'ETAT DANS LE
MOUVEMENT..........................................................................................91
1- La mise en oeuvre d'un cadre juridique
......................................................................912- La
mise à disposition de moyens
................................................................................923-
Nécessité de mise en oeuvre de programmes de formation et de
renforcement des capacités en gestion et promotion culturelle des
archives audiovisuelles .................92
CHAPITRE IV PERSPECTIVES POUR LE BENIN DANS
L'ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL DES ARCHIVES AUDIOVISUELLES
...........................................................................................93
I-UTILISATION ET RENFORCEMENT DES OUTILS DE PARTENARIAT
REGIONAL ET INTERNATIONAL .........................93
II-EXPLOITATION DE L'EXPERTISE NATIONALE ET INTERNATIONALE
...............................................................96
CONCLUSION GENERALE
............................................................................................................98
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................100
ANNEXE
I............................................................................................................................iANNEXE
II........................................................................................................................viANNEXE
III.....................................................................................................................viiANNEXE
IV.......................................................................................................................ixANNEXE
V
.........................................................................................................................xiANNEXE
VI......................................................................................................................xxANNEXE
VII..................................................................................................................xxii
RESUME
......................................................................................................A
MOT CLES
...................................................................................................B
Dans le cadre de notre formation de Troisième cycle en
Gestion du Patrimoine culturel à l'Université Senghor
d'Alexandrie, nous avons opté pour le patrimoine audiovisuel. A cet
effet, nous avons effectué un stage de trois mois à l'Institut
National de l'Audiovisuel en France, puis au sein de certains médias
français (RFI, TF1). Ce stage est destiné à nous donner
les outils et à faciliter notre réflexion sur la gestion des
archives de radio et de télévision en vue de leur valorisation
culturelle. Au terme dudit stage, nous avons décidé de porter la
réflexion sur le Bénin. Dans ce pays, les archives de radio et de
télévision ne sont pas dans un état de confort.
Oubliées et reléguées au second plan des
préoccupations, elles ne font pas malheureusement l'objet d'une
démarche professionnelle de gestion. La conséquence qui en
découle est celle de leur disparition progressive en dépit de
leurs contenus qui doivent faire l'objet d'une diffusion culturelle.
Dans un contexte mondial fortement influencé par le
numérique, ce mémoire apporte une contribution à toute
action culturelle à mener autour des archives audiovisuelles au
Bénin en s'appuyant sur une démarche intégrée et
plurielle.
INTRODUCTION GENERALE
Comme le déclare Abdou Diouf, Ancien Président de
la République du Sénégal et Secrétaire
Général de l'Organisation Internationale de la Francophonie,
« la sauvegarde des archives de radio et de télévision
est un enjeu mondial. Cette mémoire audiovisuelle accumulée au
cours de soixante ans d'histoire de la radio et cinquante ans d'histoire de la
télévision est devenue un élément majeur du
patrimoine culturel de l'humanité »1. Gérard
de Nerval avait déjà rappelé « qu'une passion qui
remonte à l'enfance a quelque chose de sacré ».
D'où l'intérêt mondial qui se manifeste autour de la
question de la sauvegarde, la conservation, la préservation et la
protection des archives audiovisuelles.
Dans le préambule de son Appel mondial pour la
sauvegarde des archives audiovisuelles lancé à l'occasion de
sa 27éme conférence annuelle, la Fédération
Internationale des archives de télévision considère que
« le patrimoine est menacé du fait de la fragilité des
supports et de l'obsolescence des machines permettant de relire les
enregistrements, et que des collections complètes de programmes sur
film, bandes magnétiques et disques risquent d'être perdues
».
Selon l'UNESCO, ce patrimoine mondial audiovisuel, hors
cinéma, est évalué à 200 millions d'heures dont 80
% se trouve en danger. La mise en place, entre autres, du programme
Mémoire du Monde2 depuis 1992 par l'UNESCO résulte de
cette prise de conscience croissante de l'état de préservation
alarmant du patrimoine documentaire dans son ensemble et de la
précarité de son accès dans différentes
régions du monde. Le constat laisse apparaître que la grande
majorité de ces archives se trouvent dans les pays du Sud, dont
l'Afrique. A échéance rapide, c'est-à-dire au plus tard
d'ici 10 ans, si rien n'est fait, la mémoire sera
irrémédiablement frappée d'amnésie. C'est pour
cette raison que l'importance qui est accordée à la question ne
cesse de grandir au sein des Etats, des ensembles et des regroupements. Les
nombreuses solutions techniques se déploient dans plusieurs pays pour
s'ajouter à des élans de coopération entre Etats afin de
faciliter la mise en oeuvre de solutions communes de sauvegarde, de
préservation ou de numérisation. La tendance qui s'observe
aujourd'hui laisse espérer que l'intérêt qui leur sera
porté dans les prochaines années sera plus manifeste. En Afrique
et dans plusieurs
1 Discours de Abdou Diouf, Secrétaire
Général de la Francophonie à l'ouverture de la 27eme
Conférence annuelle de la Fédération Internationale des
Archives de Télévision du 15 au 19 octobre 2004 à Paris
2 Le programme Mémoire du Monde de l'UNESCO repose sur
l'idée selon laquelle certains documents, collections ou fonds du
patrimoine documentaire appartiennent au patrimoine commun de
l'humanité, à l'instar des sites présentant un
intérêt universel exceptionnel qui sont inscrits sur la liste du
Patrimoine Mondial. Ce programme lance des campagnes de sensibilisation afin
d'alerter les gouvernements, le grand public et les milieux d'affaires sur la
nécessité de préserver le patrimoine documentaire et de
collecter les fonds en sa faveur. Il facilite l'accès sans
discrimination à ce patrimoine chaque fois que cela est possible.
pays du Sud, cette nécessité de conservation et
de sauvegarde apparaît plus dans les discours que dans la
réalité. Plusieurs années de radio et de
télévision s'effacent à un rythme effréné en
raison d'une insouciance manifeste vis-à-vis des archives qui, elles,
devaient immortaliser et fixer les aspects de la vie en société.
Même si en général, la question du patrimoine culturel
reste marginale dans l'ensemble des préoccupations, il est
néanmoins à signaler qu'on est plus sensible sur le continent
à un temple qui se détériore, un monument dont des pans
tombent qu'à une archive de radio ou de télévision, en
état avancé de dégradation parce que mal conservée.
Contrairement à d'autres patrimoines, comme le patrimoine monumental,
« les agressions ne sont pas immédiatement perceptibles par le
public et cette absence de sentiment physique et immédiat de la perte
contribue à freiner la prise de conscience et la mobilisation
»3.
Les professionnels des médias et autres
spécialistes des métiers de l'audiovisuel, corps d'archivistes
audiovisuels y compris évoquent l'importance de la question de
l'archivage soit au coin des discussions « d'amis », soit à
des rencontres internationales, soit lorsqu' apparaît de façon
circonstancielle l'urgence d'une exploitation des archives.
Dans certains pays, il faudra le reconnaître, des
programmes sont déjà développés dans ce sens,
tandis que dans d'autres, il y a souvent deux tendances, soit rien n'est fait,
soit des projets voient timidement le jour et illustrent, dans ce cas, un tant
soit peu l'importance du débat. Mais la constante reste que la question
ne fait pas le plus souvent l'objet d'une préoccupation sérieuse
au niveau des pays du Sud, contrairement à plusieurs pays du nord qui
ont déjà compris la nécessité de se mettre en ordre
de bataille face à la menace de la constante dégradation des
archives. Pour les pays du Sud, c'est maintenant un défi auquel il faut
d'ores et déjà faire face, car il ne fait pas l'ombre d'aucun
doute que les archives audiovisuelles restent un élément qui
prend solidement pied dans la structure de réflexion sur le patrimoine.
La radio et la télévision occupent une place centrale dans
l'histoire contemporaine de nos sociétés et les archives
constituent une part essentielle de la mémoire collective du
20ème siècle. Les archives nourrissent la
mémoire. Elles portent, aussi bien que les masques, statuaires et autres
objets des collections de musées classiques, le passé et ont
besoin d'être conservées. En tant que tel elles s'imposent comme
des éléments clés du développement national.
« Vouloir que ces documents passent le temps, c'est vouloir aider nos
enfants non à savoir mais à comprendre »4.
D'où l'urgence des actions pertinentes pour parvenir à leur
sauvegarde et leur valorisation culturelle afin que les archives puissent
servir la société et lui fournir des arguments pour son
développement. Notre étude s'inscrit dans ce cadre et nous
permettra d'analyser
3 Préambule Appel mondial de la FIAT pour la
sauvegarde des archives audiovisuelles 4 HOOG Emmanuel, Tout
Garder? Les dilemmes de la mémoire à l'âge
médiatique in Le débat N° 125, mai-août
2003
au mieux le cas de la République du Bénin en
sertissant la réflexion sur notamment les archives de radio et de
télévision nationales publiques.
Problématique
Depuis 1953, le Bénin alors qu'il était Dahomey,
donc sous l'emprise coloniale faisait sa première expérience en
matière de radio. Les premiers sons arrivent à cette date
grâce à la mise en place d'une chaîne de radio reliée
à la métropole. De cette période à ce jour, il y a
eu une certaine évolution non seulement dans le domaine de la radio mais
aussi dans celui de la télévision, puisque vers la fin des
années 70, une première chaîne de télévision
a vu le jour, celle qui va être la télévision nationale du
Bénin et s'ajouter à la Radio nationale. L'existence de ces
médias publics permet déjà d'avoir aussi bien du son que
de l'image jusqu'à l'apparition vers la fin des années 90 des
médias libres qui renforcent l'environnement audiovisuel. Mais
aujourd'hui avec un sérieux recul rien ou pas grand'chose ne donne
l'espoir ou la garantie de l'existence de tous les documents témoins de
l'histoire politique, sociale, culturelle, économique puis de celle de
la radio et de la télévision au Bénin. Les archives des
premières années d'indépendance n'existent pratiquement
plus sur support magnétique dans les médias publics. Les sons et
images de la toute récente conférence nationale des forces vives
de la Nation de Février 1990 s'effritent et menacent de
disparaître. Beaucoup de documents retraçant des
événements nationaux à caractère culturel,
politique, économique sont sortis de la mémoire des
médias, puisqu'ils se sont raréfiés sous l'effet de
plusieurs facteurs. Dans les nouveaux médias libres qui ont vu le jour
juste après le processus de démonopolisation de l'espace
audiovisuel, la tendance est demeurée la même à des nuances
près.
Bref, au Bénin, la question de l'archivage des oeuvres
de l'audiovisuel n'est pas une préoccupation nationale et ne fait pas
l'objet d'une politique. La culture de l'archivage même reste à
construire. Seules de timides initiatives sectorielles s'observent et se
mesurent à l'aune des vidéothèques, bandothèques,
discothèques au sein des différentes chaînes de radio et de
télévision. Or l'article 14 de la Charte culturelle de la
République du Bénin du 25 février 1991 dispose «
l'Etat béninois s'engage à protéger la totalité de
la production nationale scripto-audio-visuelle. Il en assure l'acquisition, la
conservation et la circulation par tous les moyens. »
Les archives nationales du Bénin qui sont l'organe
officiel d'archivage des archives aussi bien écrites qu'audiovisuelles
du pays restent amorphes dans leurs démarches. L'archivage audiovisuel
à ce niveau reste quasiment nul. Quelque 150 bandes magnétiques
de la période révolutionnaire sont seulement
conservées par cette structure. Une malformation lorsque
l'on sait que l'article 16 de la charte culturelle ci-dessus citée
stipule « l'Etat béninois s'engage à faciliter au Centre
des Archives nationales, par toutes les dispositions légales,
l'accomplissement de sa mission, notamment la création de
dépôt d'archives dans toutes les administrations et la collecte
des archives publiques et privées et des organes de presse
».
Si il y a ce constat évident, cela est dû à
l'inexistence d'une politique clairement définie autour de l'archivage
audiovisuel. Les discours officiels farcis de proclamations de foi tranchent
nettement avec la réalité. Or les défis de la
société de l'information en relation avec les impératifs
culturels n'autorisent guère l'indolence et l'indifférence
affichée au Bénin vis-à-vis des archives.
L'indifférence est d'autant plus grande qu'hormis le Conseil
International des Archives (CIA) auquel il appartient, le Bénin n'est
affiliée à aucune autre structure ou Fédération
internationale d'archives audiovisuelles et sonores bien que cela ne suppose
dans bien des cas aucune contrainte financière insurmontable. Or,
l'adhésion aux Associations ou Fédération Internationales
d'archives audiovisuelles et sonores5 donne l'occasion d'un
renouvellement des connaissances et d'actualisation des perceptions des Etats
et structures affiliés sur les méthodes nouvelles de conservation
et de sauvegarde.
La Radiodiffusion et la Télévision nationales
publiques du Bénin sont les seuls à posséder le stock le
plus ancien de document audiovisuel. Ces documents sont uniques et fragiles.
La mémoire nationale ne se construira pas tant que ces
archives poursuivront leur itinéraire dans l'abîme
irréversible, et que le tout dernier document enregistré n'a de
durée de vie que le temps de sa diffusion. Il faut non seulement
sauvegarder ce qui se meurt, mais il devient aussi important de conserver et de
préserver ce qui est nouveau afin qu'il ne subisse pas le sort de
l'effritement. Les perspectives sont souriantes dans un contexte mondial
caractérisé par des choix technologiques les uns aussi pertinents
que les autres, les uns aussi financièrement abordables que les
autres.
Nombreux sont les défis qui se rattachent à ce
jour aux archives audiovisuelles. Aux impératifs économiques se
joignent les nécessités de productions dans les médias.
Mais il y a aussi la densité culturelle des documents d'archives
audiovisuelles. Le programme de leur gestion doit prendre en compte un chapitre
de mise en valeur, d'accès au public voire de communication. Cela
paraît relever davantage d'un impératif que d'un simple choix. Or
au Bénin, étant donné que l'archivage audiovisuel a
toujours été
5 Il s'agit principalement de la FIAT, la
Fédération Internationale des Archives de
télévision, la FIAF, la Fédération Internationale
des Archives de Film, l'IASA, l'Association Internationale des Archives
Audiovisuelles et Sonores, l'AMIA, l'Association des archivistes des images en
mouvement. Toutes ces fédérations et associations jouent un
rôle important d'information voire de formation sur les enjeux actuels
des archives et réunissent les organismes et professionnels du monde
une préoccupation marginale, rien n'est entrepris dans
le cadre de la valorisation culturelle des archives. Les lieux de culture ne
profitent pas encore des vertus culturelles des archives audiovisuelles. Or les
archives sont destinées à l'information et à la formation
du public et doivent, par conséquent, être communiquées. De
ce point de vue il y a, au regard du constat, beaucoup d'efforts à
consentir pour la promotion culturelle des archives. Et cela passe par des
approches intégrées.
Pourquoi est-il si nécessaire voire indispensable de
valoriser culturellement les archives de radio et de télévision
au Bénin ? Par quoi passe une politique de promotion culturelle de ces
archives ? Quels sont les différents éléments qui
interviennent dans un tel mouvement ? Comment peut on profiter de la
révolution technologique en cours dans le monde, en clair, la
numérisation dans cette dynamique de valorisation culturelle des
archives de radio et de télévision ? Quelles peuvent être
les solutions pertinentes qui permettront de replacer les archives au coeur de
la réflexion générale sur le patrimoine ? De quelle
façon, nécessités de valorisation culturelle et
impératifs de développement se réconcilient-ils ? Autant
de questions qui serviront de toile de fond à cette étude en
deux parties et auxquelles nous répondront à travers plusieurs
points dans ce développement.
Dans une première partie, nous ferons un état des
lieux de la situation des archives audiovisuelles au Bénin à
travers l'ensemble des structures qui les détiennent notamment les
chaînes nationales publiques de radio et de télévision. Une
analyse de leur état de conservation et de valorisation culturelle sera
menée et permettra d'appréhender les défis à
relever.
Dans une seconde et dernière partie, nous
émettrons des propositions claires susceptibles de contribuer à
inverser la tendance au regard de notre expérience acquise en stage
professionnel à l'INA. Nous y développerons notre projet de
création au Bénin d'un Centre Culturel des Archives
Audiovisuelles.
Hypothèses de travail
1 Si nous partons du principe que les archives de radio et de
télévision portent la mémoire et l'histoire d'un peuple,
les sauvegarder, conserver et protéger reviendrait à sauver une
grande partie du patrimoine national.
2 Si la politique de promotion et d'utilisation à des
fins culturels des archives est réussie, elle peut stimuler une
politique durable de conservation et de sauvegarde du patrimoine audiovisuel au
Bénin. Plus clairement si l'accès permanent est le but de la
conservation,
garantir le contact entre le public et les documents d'archives
permettrait de mettre en
oeuvre des opérations de préservation et de
sauvegarde.
3. Au constat que ces archives revêtent
une grande importance pour les pays développés, y font l'objet
d'une préoccupation constante et constituent des points d'appui au
développement, la sérieuse conservation, la protection et la
sauvegarde des archives pourraient donner au Bénin des arguments pour
son développement.
Objectifs
Objectif général
Notre travail soutenu par le stage professionnel vise
principalement à sortir le patrimoine audiovisuel au Bénin-
notamment les archives de radio et de télévision publiques - de
l'ornière en le mettant au coeur des préoccupations d'ordre
culturel.
Objectifs spécifiques
Pour atteindre cet objectif principal nous partirons des
objectifs spécifiques :
¾ Faire le point sur la situation générale
des archives de radio et de télévision au Bénin
¾ Amener le secteur du patrimoine audiovisuel à
profiter de la révolution technologique qui s'organise autour du
numérique.
¾ Permettre de réunir les éléments
qui feront naître au Bénin une culture professionnelle de
conservation et de sauvegarde des archives audiovisuelles.
¾ Pouvoir convaincre la communauté nationale dans
ses composantes sur les différents enjeux rattachés aux archives
audiovisuelles
¾ Garantir l'accès du plus large public aux
archives audiovisuelles
Justification du choix du sujet
Plusieurs raisons nous ont amené à porter la
réflexion sur ce type de sujet. Ces raisons sont aussi pertinentes les
unes que les autres.
D'abord, notre démarche nous est suggérée
par une insuffisance de travail sur la question des archives de l'audiovisuel
au Bénin. Pis encore, on en rencontre très peu qui
présentent l'enjeu de promotion culturelle de ces archives de radio et
de télévision. De ce point de vue, nous pensons combler un grand
fossé en fléchant selon notre vision des pistes de sortie.
Ensuite, le constat laisse apparaître que les archives
audiovisuelles renferment une mine importante d'informations et que
paradoxalement, elles restent à l'écart du public. La question de
l'accès du public aux archives n'est pas encore une
réalité au Bénin.
Par ailleurs, notre double casquette de communicateur et de
futur gestionnaire du patrimoine culturel, nous renvoie à ce devoir de
conscience vis-à-vis des archives. En effet en tant que professionnel
des médias, elles revêtent pour nous un intérêt de
poids et sont constamment sollicitées à plusieurs étapes
de nos activités. L'importance de ces archives est si forte qu'à
défaut d'en avoir sur place, concernant le plus souvent notre propre
histoire, le Bénin est parfois obligé de faire la quête
auprès d'autres institutions comme l'INA (Institut national de
l'audiovisuel) qui les conservent mieux. Aujourd'hui, il est plus que jamais
nécessaire d'inverser la tendance en trouvant les méthodes pour
conserver nos propres archives et en nous mettant dans une position centrale
face à des exploitants de toutes natures. Notre conscience de futur
gestionnaire du patrimoine culturel recommande que l'on pense d'ores et
déjà à imaginer des actions de promotion culturelle de ces
documents. Les archives pour servir la société qui les a
produites doivent, entre autres, faire l'objet d'une communication culturelle
qui vient en appui à des actions culturelles concrètes si elle ne
les complète pas.
En outre, nous avons choisi de camper l'analyse sur les
archives audiovisuelles des chaînes nationales publiques parce
qu'à côté des chaînes privées de radio et de
télévision, elles sont incontestablement au Bénin les
seules à disposer dans leurs magasins des archives très
anciennes. Très grossièrement, les archives « les plus
significatives » du Bénin sont détenues par elles. Les
chaînes libres ayant vu le jour après 1997, suite à la
libéralisation de l'espace audiovisuel, n'ont en leur possession que des
documents récents. Le recul temporel qu'exige l'appréhension du
patrimoine culturel nous oblige de ce point de vue à nous appuyer sur
les archives publiques. D'un autre côté, les archives
audiovisuelles de ces chaînes sont perçues comme une
propriété publique. Compris ainsi, la démarche d'une
valorisation des archives audiovisuelles des chaînes privées se
révélera moins facile que dans le cadre des chaînes
publiques (comme le démontre notre projet de création d'un Centre
Culturel des Archives Audiovisuelles plus loin) et fera appel dans le premier
cas à des procédures de droit assez bien compliquées que
nous avons voulu éviter. Ceci n'exclut en revanche pas les chaînes
privées de l'ensemble de la problématique
de l'archivage audiovisuel. Les principes de conservation et de
mise en valeur avancés dans ce travail sont
également applicables à ces médias
alternatifs. Enfin, nous pensons qu'un tel sujet peut servir de déclic
au niveau des décideurs afin qu'ils aident à
faire de la question de l'archivage audiovisuel une
préoccupation nationale à travers l'édiction de
politiques
claires à l'instar de celles concernant les autres
aspects de la vie nationale.
Tous ces éléments vont justifier les choix
contenus dans cette étude qui sera un écot au débat sur
le
développement national au Bénin.
Méthodologie de travail
Pour conduire ce travail, nous avons privilégié
quatre principales pistes.
1-Les enquêtes indirectes : Un questionnaire a
été adressé aux professionnels des médias -radio et
télévision) du Bénin sur la question. Ceux-ci devaient
répondre à des questions sur les stratégies de sauvegarde,
de conservation et de protection des archives dans leurs différents
organes de presse.
2-Des entretiens directs : Nous nous sommes enquis du niveau
d'appréhension et d'application de la question de la valorisation
culturelle au niveau des Archives Nationales du Bénin et des
médias aussi bien publics que privés, puis nous avons
cherché à savoir la politique mise en oeuvre par les
musées et autres endroits du patrimoine pour intégrer les
archives dans leur vision culturelle.
3-L'expérience personnelle et les observations directes
: En tant que professionnel de média et au fait de la question, nous
nous sommes appuyé sur notre propre connaissance du sujet. Notre
perception des choses nous a permis de faire des recoupements avec les
résultats de l'enquête indirecte dans bien des cas.
4-La recherche documentaire : Elle s'est effectuée dans
les centres de documentation généraux ou
spécialisés. Elle a porté sur la consultation des
documents en version papier (revues, livres, essais, mémoires, articles)
et version électronique (Internet). Elle a offert l'occasion d'une
recension de données déterminantes pour la construction de
plusieurs analyses contenues dans ce travail.
Difficultés rencontrées et
opportunités
La première difficulté a trait à la
documentation spécialisée. Dans les bibliothèques et
centres de documentations qui nous ont été accessibles,
très peu d'ouvrages spécifiques ont abordé la question
avec précision, à savoir l'archivistique audiovisuelle. La
documentation que nous avons pu rencontrer et qui portait sur les archives
était plus en rapport avec les archives écrites. Ce qui nous a
contraint à beaucoup plus aller vers les revues, les publications
afférentes à l'objet de notre étude.
Au Bénin, en dehors de quelques travaux de fin
d'études universitaires qui se penchent sur la question, il n'en est pas
resté d'autres. Le manque de documentation est criant et explique le
fait que nous ayons privilégié les contacts directs sur le
terrain, les enquêtes indirectes. Et à ce niveau, les
embûches n'ont pas manqué : Rendez-vous manqués, promesses
non tenues. Les informateurs n'ont toujours pas été à la
hauteur de l'exercice. Une dizaine se sont soumis à l'exercice en nous
aménageant un espace d'échanges et de discussions utile. Sur
vingt formulaires de questionnaires envoyés dans le cadre de
l'enquête indirecte, seuls quatre (4) nous ont été
répondus. Cependant cela n'a pas empêché qu'on ait
disposé d'éléments forts et déterminants pour
illustrer l'analyse.
Notre stage à l'INA s'est passé dans de
très bonnes conditions. Bénéfique et instructif, il nous a
permis de saisir les enjeux multiples liés au patrimoine audiovisuel,
notamment sous l'angle du culturel. Des contacts ont été pris
avec diverses compétences techniques en rapport avec le secteur des
archives audiovisuelles. Les aspects capitalisés ont permis d'enrichir
notre réflexion dans le cadre de ce mémoire.
PREMIERE PARTIE : LE BENIN FACE A LA CONSERVATION ET LA
VALORISATION CULTURELLE DES ARCHIVES DE RADIO ET DE TELEVISION
Il ne fait plus l'ombre d'aucun doute que les archives
audiovisuelles ont une valeur patrimoniale incontestable. Mais le constat
révèle qu'au Bénin elles connaissent un mauvais
traitement. Plusieurs décennies de pratique radiophonique et
télévisuelle n'ont pas permis d'intégrer réellement
dans les habitudes la question de la gestion sérieuse du patrimoine
audiovisuel. Le tableau qui se dégage à l'analyse de la
réalité est quasiment sombre. Des problèmes de
conservation doublés d'une absence criarde de politique de conservation
en cette matière ont eu pour conséquences un délaissement
des archives audiovisuelles. En dépit de cette situation qui confine
bien à une catastrophe culturelle, aucune réflexion
sérieuse n'est engagée pour inverser résolument la
tendance. Ce qui explique l'état de péril continu dans lequel
s'enfonce chaque jour le patrimoine audiovisuel du Bénin qui ne
connaît aucune esquisse de valorisation culturelle. Dans cette
étude, nous montrerons l'état défectueux de conservation
des archives de radio et de télévision en prenant appui sur les
structures qui s'en occupent notamment les médias publics.
CHAPITRE I-LES ARCHIVES DANS LES MEDIAS DE MASSE
En l'absence d'une forte pratique cinématographique
(même si le peu de documents existants doit faire l'objet d'une bonne
conservation), la radio et la télévision constituent les exemples
de média de masse où se posent d'importants problèmes de
gestion d'archives. Après plus de 5 décennies de pratique
radiophonique et plus d'un quart de siècle de télévision,
il y a matière à inquiétude en raison de
l'indifférence totale qui frappent les documents sonores et visuels
produits. Nous ferons dans cette partie le point sur l'histoire et la nature de
ces différents documents selon les supports de médias qui les ont
produits avec un rapide coup d'oeil sur le cinéma.
I- Les archives de radios publiques: 50 ans d'archives
radiophoniques
L'histoire de la radio au Bénin est longue. Elle permet
de mieux cerner celle des archives qui en découlent.
1-Débuts et évolution de la radio
Le Bénin, Dahomey d'alors est l'un des pays africains
où le phénomène radio a pris corps très tôt.
La radio a une longue histoire et a connu des évolutions importantes. Au
début des années 50, le 07 mars 1953 plus
précisément, les premières émissions de radio ont
commencé alors que le pays était encore sous tutelle coloniale.
Radio Cotonou à cette époque, elle émettait à
partir d'un petit local de l'hôtel des Postes à Cotonou. En mai
1957, intègre ses propres locaux, l'annexe I dite « Ancienne Maison
de la radio » grâce à l'appui de la SORAFOM
(Société de Radiodiffusion de la France d'outre-mer). Le
1er octobre 1958, Radio Cotonou devient Radio Dahomey après
le référendum gaulliste de 1958. La révolution du 26
Octobre 1972 va constituer un tournant dans l'évolution de la
radiodiffusion nationale. Elle prendra l'appellation « Voix de la
Révolution » avec une influence réelle du pouvoir politique.
Une nouvelle maison de la radio construite grâce à la
coopération entre la République fédérale
d'Allemagne et le Bénin a été construite sur la route de
l'aéroport. Cette même coopération va donner naissance
à la station régionale de Radiodiffusion de Parakou le
1er avril 19836. A la faveur du Renouveau
démocratique, la « Voix de la Révolution » devient
6 Radio Parakou est la station régionale
publique située à plus de 400 km de Cotonou. Elle présente
les mêmes caractéristiques en matière d'archivage que la
radio nationale localisée à Cotonou. Elle est confrontée
aux mêmes
« Radio Bénin ». Ayant suivi toutes les
modulations du temps, la radio publique a été de ce point de vue
un témoin chaud de la mémoire du peuple à travers ses
différentes productions.
2-L'histoire des supports
Les supports de radio présentent une diversité en
rapport avec le temps et les évolutions technologiques. Un
découpage permet de retenir les périodisations suivantes sur les
archives disponibles : les documents de 1958 à 1960 ; 1960 à 1963
; octobre 1963 à décembre 1963 ; janvier 1964 à
décembre 1965 ; décembre 1965 à décembre 1967 ;
janvier 1968 à juin 1968 ; juillet 1968 à décembre 1969 ;
janvier 1970 à mai 1970 ; mai 1970 à octobre 1972 ; 1972 à
1990 ; 1990 à ce jour. Tous ces documents se retrouvent sur supports
bandes magnétiques et sont stockés à deux endroits
différents : la phonothèque de l'ancienne Maison de la radio et
la Régie générale des programmes de la Nouvelle Maison de
la radio. Un disque qui revisite l'histoire politique, culturelle et sociale du
Bénin de 1958 à 1988 fait également partie des documents
encore conservés à la radio.
En général, le fonds est constitué de
bandes magnétiques de 60 mn, 30mn et 15 mn complétées ces
dernières années par des DAT7. Dégager leur
nombre peut apparaître aujourd'hui comme une gageure. Sans
forcément exagérer le raisonnement, la situation des archives
empire chaque jour. En 1987, 2000 bandes magnétiques ont
été dénombrées à la phonothèque de
l'Ancienne Maison de la Radio Nationale et 3000 autres bandes à la
Régie générale des programmes de la Nouvelle Maison de la
Radio pour une période s'étalant sur onze (11) ans. A cette date,
aucune estimation n'est possible tant un désordre caractérise la
tenue des archives. Cette inorganisation explique que des documents se
retrouvent dans un bric-à-brac dans les différents services et
les casiers des journalistes. C'est ainsi qu'en 1987 déjà, on a
pu recenser au Journal parlé près de 1399 bandes
magnétiques dont le dossier sonore de l'agression du Bénin par
les mercenaires le 16 janvier 1977 gardé dans des caisses8. A
ces fonds radiophoniques sont rattachés les fonds de la
discothèque, riche de 10 000 disques environ et faits de dons et des
bandes reçues dans le cadre de la coopération. Le mode de
constitution de ces
difficultés. Il faut souligner le caractère
identique, sinon pire de l'archivage à celui qui s'observe à
Cotonou. Elle ne fait pas l'objet de notre étude pour des raisons de
réduction du champ géographique d'étude. 7
Support audionumérique 8 Whannou Samuel Stanislas, Les
archives audiovisuelles de l'Office de Radiodiffusion et
Télévision du Bénin, Mémoire de fin de
formation Abomey Calavi (ENA), 1987, P.33
documents n'en fait pas des documents d'archives. Mais par
extension, il y a bien des raisons de les intégrer au fonds d'archives
sonores. Réunis dans le cadre du fonctionnement de l'Office, ils sont
diffusés sur les antennes de la radio. Mieux que cela, en l'absence d'un
dépôt légal efficace, le rôle est revenu de facto
à l'Office de les conserver.
3- Contenu des supports
Les contenus des supports respectent les modulations de chacune
des périodes définies. Les émissions portent la
philosophie des différents pouvoirs correspondants aux
différentes périodes. Il s'agit en règle
générale d'émissions politiques, culturelles et sociales ;
contes et musiques traditionnelles et modernes ; d'interviews d'hommes
politiques ; de discours prononcés lors de grands
événements. Par exemple, on y retrouve les discours
d'indépendance du premier président du Dahomey, actuel
Bénin, Hubert Koutoukou Maga le 1er août 1960. Un
document qui retrace la cérémonie d'intronisation de Mgr
Bernardin Gantin, premier archevêque africain le 17 mars 1960 avec la
lecture des bulles pontificales a été conservé. En outre,
toujours à titre indicatif, sont conservés la plupart des
documents sur la période du pouvoir Emile Derlin Zinsou, le discours de
son investiture le 17 juillet 1968, la conférence économique dont
il a pris l'initiative, son interview à son retour du voyage officiel
à Paris9.
Des documentaires historiques, culturels ou de
variétés musicales, scientifiques reçus dans le cadre de
la coopération et ayant fait l'objet de diffusion ou d'exploitation se
retrouvent également dans le fonds.
II- Les fonds de télévision publique: un
quart de siècle d'histoire de la télévision
1- Le phénomène télévision au
Bénin
L'histoire de la télévision au Bénin
remonte à 1978. Les premiers signaux hertziens sont reçus dans
les domiciles à cette époque, soit 25 années après
l'arrivée de la radio. La télévision nationale est
née au Bénin dans un contexte politique caractérisé
par la doctrine marxiste léniniste et un pouvoir révolutionnaire
centralisateur. Dans ces conditions les premières heures de la
télévision étaient sous contrôle vigilant des
9 Il a dirigé le Bénin jusqu'en 1969.
Porté au pouvoir par les jeunes cadres de l'armée, il a
été démis par les mêmes militaires. Sa politique
d'impôt capital a été impopulaire.
autorités.
Déjà l'ordonnance 75-43 du 21 juillet 1975
créait l'Office de Radiodiffusion et télévision du
Dahomey. Encore embryonnaire à l'époque, la
télévision n'était pas une réalité palpable.
Le 10 Octobre 1981, la loi 81-012 crée l'Office de Radiodiffusion et
télévision du Bénin. La construction de la maison de la
télévision a débuté en 1971, mais les
émissions n'ont démarré qu'en 1978. En 1971 lorsque sa
construction fut mise en route, l'objectif était d'assurer la couverture
télévisuelle de la visite du Président Georges Pompidou au
Dahomey10 en 1972. Des premières heures de son apparition
jusqu'en 1989, la télévision est demeurée l'appendice du
pouvoir révolutionnaire, au regard de ses productions. La tendance sera
inversée plusieurs années après, notamment lorsque le vent
du renouveau démocratique va confier un certain exercice des
libertés au peuple, la presse comme axe d'expérimentation de
cette évolution.
2- Histoire des supports visuels
La télévision ayant démarré
effectivement en 1978 au Bénin aux grandes heures du pouvoir
révolutionnaire, l'histoire des supports remonte à cette
période. L'ensemble des documents peut être compartimenté
en deux périodes essentielles : de 1978 à 1990 puis de 1990
à ce jour.
Les supports usités dans l'ensemble sont des cassettes
BVU, des BETACAM, BETA SP, VHS et depuis quelques années des Béta
numériques et des mini DV CAM suite à l'intégration de
caméras numériques dans l'appareil de production de la
télévision nationale du Bénin.
La division thèque de la télévision
nationale est chargée de la gestion de l'ensemble des documents. Mais en
raison de la mauvaise organisation déjà constatée à
la radio, les documents connaissent aussi un éparpillement rendant
difficile leur nombre. En 1987 déjà on dénombrait au total
au niveau de la Documentation pour une période de neuf (9) ans un total
de 8000 documents vidéocassettes et bandes films de programmes produits
par la Télévision Nationale ou émanant de
l'extérieur, sans compter les autres documents détenus
arbitrairement par les autres sections.
3- Contenu des supports
Comme en radio, il s'agit essentiellement d'émissions
politiques de la période révolutionnaire, de productions
culturelles et sociales. Une part importante d'émissions de
divertissement est également à
10 L'actuel Bénin s'appelait encore Dahomey
en 1972. Il faut attendre jusqu'au 30 Novembre 1975 pour le voir changer de nom
et devenir la République Populaire du Bénin
retrouver dans le patrimoine visuel de la
télévision nationale du Bénin. Par ailleurs, des
interviews de personnalités nationales et étrangères, des
journaux télévisés, des événements nationaux
retransmis en direct en leur temps (défilé du 1er
août) pour ne citer que ceux-là sont autant de documents
épars qui sont conservés d'une manière ou d'une autre. A
défaut d'avoir l'ensemble des productions télévisuelles de
la Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation de Février
1990, la Télévision Nationale en conserve encore quelques
unes.
Tableau 1 : Etat des archives audiovisuelles
dans les chaînes nationales publiques au Bénin
Médias
|
Supports
|
Nombre
|
Contenus
|
Télévision
|
-BVU -BETA SP
-BETACAM -VHS -BETA NUM
(récemment)
|
8000 vidéocassettes en 1987. Pas de chiffres
disponibles ces dernières années
|
1-Emissions - politiques - culturelles - sociales
-événements nationaux retransmis en directs -journaux
télévisés - jeux 2-Documentaires issus de la
coopération
|
Radio
|
-Bande magnétique 15mn, 30 mn, 60mn
-DAT -Disque vinyle
|
- Environ 7000 bandes magnétiques en 1987 - Pas
de chiffres disponibles ces dernières années - 10 000 disques
vinyle en 1987
|
1- Emissions - politiques, - culturelles - sociales -
contes -musiques traditionnelles - Interviews de politiques -discours 2-
Documentaires reçus dans le cadre de la coopération
|
Source : Notre propre enquête 4- Les
archives dans les médias audiovisuels privés : une histoire
récente
L'histoire des médias audiovisuels privés au
Bénin est récente. Elle remonte à la fin des années
90 avec la mise en application de la loi sur la libéralisation de
l'espace audiovisuel issue des résolutions de la conférence
nationale des forces vives de la Nation de février 199011. En
d'autres termes, l'arrivée des chaînes de radio et de
télévision est une volonté de la Conférence
nationale de libérer la parole et de créer un environnement de
liberté d'expression à l'échelle du pays.
Depuis lors un nombre indéchiffrable de radios ont vu le
jour aussi bien en zones urbaines qu'en zones péri urbaines et à
l'intérieur du pays. A cela s'ajoute deux (2) chaînes de
télévisions privées. D'autres attendent encore d'obtenir
l'autorisation Ce nouvel environnement médiatique suppose un
accroissement de la production au sein des médias nouveaux. Le jeu de la
concurrence et de la conquête d'auditoire devant engendrer un nouvel
enthousiasme et réveiller les chaînes publiques qui étaient
jusque là les seuls maîtres à bord. De ce point de vue, on
estime raisonnablement qu'il y aura davantage d'archives à gérer,
les productions augmentant. Les médias libres présentent des
fonds qui n'ont pas encore une décennie d'âge. Les supports sont
souvent constitués pour les radios de cassettes audio, de mini disques
et pour rares d'entre elles de bandes magnétiques. En ce qui concerne
les télévisions, elles ont vu le jour dans un contexte
d'avancée numérique. D'où l'utilisation rapide de supports
numériques, tels les Beta numériques et les
DV CAM.
5- Regard sur les archives du cinéma
Le Bénin n'a pas une forte pratique
cinématographique. S'il est vrai que le pays a vu naître des
professionnels du cinéma, il n'en demeure pas moins que ceux-ci n'ont
pas produit grand' chose. Soumis pour la grande majorité d'entre eux
à des moyens vidéo, leurs productions à quelque
différence près se retrouvent au fond de leurs tiroirs comme lieu
d'archivage. Au mieux des cas, elles sont conservées dans les rayons de
la télévision nationale, étant donné que beaucoup
de réalisateurs ont travaillé en coproduction avec cette
dernière. Une partie des archives du cinéma sont
conservées à la Direction de la cinématographie dans leur
corps originel. Mais le flux de ces archives du cinéma est
quantité négligeable par rapport aux archives de radio et de
télévision. En réalité, comme un peu partout en
Afrique de l'Ouest, les archives du cinéma ne posent pas grand
11 Après plusieurs années de
monopolisation de l'espace audiovisuel par les seuls médias publics, la
Conférence Nationale de février 1990 qui ouvrait l'ère
démocratique au Bénin a suggéré l'ouverture de
l'espace audiovisuel à des promoteurs privés en vue de favoriser
la liberté d'expression dans le pays. C'est dans ce cade que la loi
097-010 du 29 août 1997 a été votée et
promulguée. Au terme de cette législation, plusieurs
chaînes de radios et de télévisions privées ont
alors vu le jour au Bénin.
problème au Bénin en raison de leur nombre
réduit12.
12 Seul le Burkina Faso fait exception à ce
constat, car ayant une certaine pratique cinématographique. En
témoigne, la création d'une cinémathèque à
Ouagadougou.
CHAPITRE II LA PROBLEMATIQUE DES ARCHIVES EN DEHORS DES
MEDIAS: ETAT DE LA QUESTION AU NIVEAU INSTITUTIONNEL
La problématique de l'archivage audiovisuel public ne
s'observe pas qu'au niveau des médias de masse. Au niveau
institutionnel, c'est aussi une préoccupation, quoique timide dans
l'exécution. Dans cette partie, notre analyse prendra exemple sur deux
institutions. Il s'agit de la HAAC, la Haute Autorité de l'Audiovisuel
et de la Communication et des Archives nationales.
I- La Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la
communication (HAAC) dans la problématique de l'archivage
A côté des médias, la Haute Autorité
de l'audiovisuel et de la communication au terme de la loi sur la
libéralisation de l'espace audiovisuel s'investit par conviction propre
dans l'archivage audiovisuel. Bien que cette tâche ne relève pas
de sa mission principale qu'est la régulation des médias, la HAAC
s'investit depuis 1994 dans ce mouvement d'archivage, même si la conduite
du travail permet de constater des imperfections. Le soin dû aux archives
a varié dans le temps. Au cours de la première mandature de
l'institution (1994-1999), un travail rigoureux d'archivage s'est
observé. Ces dernières années, la tendance s'est
inversée résolument.
1- Les problèmes identifiés
L'observation et l'analyse révèlent que
l'archivage n'est pas des plus aisés à la HAAC. Les conditions de
stockage pose le plus grand problème. Les programmes journaliers
enregistrés sur support K7 AUDIO pour la radio et VHS pour la
télévision ne sont pas bien conservés. Les supports se
dégradent constamment. En l'absence d'une gestion professionnelle
indispensable, se déclinent du coup des difficultés diverses. Si
les fiches d'émissions existent avec des numéros correspondants,
rien ne garantit l'identification physique des matériels, faute d'un
stockage sérieux. Mieux, la documentation écrite qui devrait
accompagner les matériels est éparpillée. L'absence d'une
structure de documentation centrale crée une promiscuité
permanente entre la paperasse et les agents de la HAAC qui se disputent les
bureaux déjà exigus. Du coup, on perd parfois toute idée
de la situation spatiale des fiches d'émissions, avec pour
conséquences directes l'impossibilité d'avoir une statistique
correcte sur le nombre de matériels et de fiches archivés.
L'autre difficulté saisissante de la gestion des
matériels d'archives est celle du classement. C'est la
conséquence directe d'un défaut de stockage professionnel. La
HAAC, en raison de son travail de suivi de l'ensemble des médias devait
mettre en place un mode de classement d'émissions par médias. Au
regard de l'état actuel de conservation des matériels, ceci peut
ressembler à une prétention. L'exiguïté du local qui
fait actuellement office de magasin et le manque de personnel de conservation
constitue le talon d'Achille de l'institution qui peine à bien rationner
dans l'espace ses documents d'archives audiovisuelles.
2- Les types d'émissions enregistrées et
archivées
La HAAC porte une attention particulière sur -les
émissions à caractère politique -les émissions
culturelles -les émissions interactives -les émissions à
polémiques (notamment celles sur lesquelles, il y a eu des
dérapages) -En période électorale, les interventions des
hommes politiques à la radio et la télévision -Toute la
couverture médiatique est suivie, enregistrée et
stockée
Dans les simultanés (programmes quotidiens)
enregistrés, ces émissions sus décrites font l'objet d'un
traitement particulier en vue des soins d'archivage. Le travail
d'enregistrement et de stockage de la HAAC ne se limite donc pas aux seuls
documents politiques des périodes électorales, mais à
toutes les productions présentant un intérêt national
avéré.
II- Les archives nationales du Bénin : un manque de
coordination avec l'organe public de versement des archives audiovisuelles
La conservation de la mémoire écrite et
audiovisuelle béninoise est du vrai ressort des Archives Nationales du
Bénin13. En ce sens, les services publics doivent lui verser
leurs documents en vue de l'archivage définitif. C'est ainsi que dans le
cadre de ses attributions de conservation des documents
13 Les archives nationales du Bénin sont
à Porto Novo, la capitale du Bénin à environ 35 km de
Cotonou. Voir plus de développement sur les Archives Nationales en
deuxième partie au chapitre III .
audiovisuels, les Archives nationales du Bénin devaient
hériter par moments des supports du service de pré archivage de
l'ORTB, en tant que service public de l'information. Mais ceci est
demeuré une simple proclamation de foi, car dans les faits l'ORTB n'a
jamais versé aux Archives Nationales du Bénin. Cette situation
souligne l'incohérence caractéristique de la gestion des archives
audiovisuelles en général et celles publiques en particulier.
Aux Archives nationales du Bénin à Porto novo la
capitale, où existe un magasin de conservation de documents de 1000 m
linéaire réunissant les conditions normales de température
et d'hygrométrie, sont stockée et conservées seulement 150
bandes magnétiques des débats à l'Assemblée
nationale révolutionnaire14, neuf (9) bobines de chansons
traditionnelles populaires du Bénin et les bandes de la
Conférence nationale des forces vives de la Nation de février
1990 versées aux Archives à partir d'initiatives indirectes
émanant du Ministère du plan de l'époque. Au-delà
de ce portrait des archives dans leur milieu de conservation, il est
cohérent dans cette étude de porter le regard sur les
éléments qui expliquent les insuffisances de leur
préservation.
14 Entre 1975 et 1989, nom donné à
l'Assemblée Nationale du Bénin
CHAPITRE III LA MAUVAISE CONSERVATION DES ARCHIVES DE
RADIO ET DE TELEVISION : FACTEURS EXPLICATIFS ET CONSEQUENCES
Le patrimoine audiovisuel est mal conservé au
Bénin. Une situation qui fait craindre des risques de disparition de la
mémoire du peuple. Plusieurs facteurs se mettent ensemble pour expliquer
ce tableau peu reluisant.
I- Présentation des facteurs
La conjonction de plusieurs facteurs explique l'état des
archives audiovisuelles au Bénin. Ces facteurs les uns aussi marquants
que les autres ont jusque là constitué un blocage à
l'épanouissement du patrimoine audiovisuel.
1- Les facteurs historiques
Dans la plupart des pays africains le patrimoine documentaire
dans son ensemble a connu le chemin du péril parce que pendant longtemps
soumis à divers ennemis : dispersion, spoliation, déplacements
volontaires ou délibérés de fonds et de collections,
exactions à l'occasion de guerre ou de circonstances historiques,
obstacles politiques. Au Bénin, tout ceci n'est pas vérifiable.
Si les archives des premières années de radio au Bénin ne
sont plus identifiables sur place, c'est notamment parce que ces archives
allaient enrichir les fonds coloniaux au niveau de la métropole.
Après des campagnes de retour menées par des africains, beaucoup
de pays ont pu retrouver leurs archives qui ont tôt fait de
disparaître en raison de négligences de conservation. Il faudra
aussi mentionner que du fait que l'histoire de ces documents correspondait au
début de la radiodiffusion au Bénin, aucun véritable
travail de radiodiffusion ne se faisait pas. Mieux, les opérations de
déménagements des installations de la radio de son local originel
vers l'Ancienne Maison ont occasionné des pertes énormes. Nombre
de documents ont disparu dans ces conditions15.
Si des contraintes économiques ont expliqué
très souvent la réutilisation ou la destruction des supports, il
ne faudra pas perdre de vue les mobiles politiques qui sous-tendaient les
opérations de
15 La Radio a commencé dans un petit local
des postes en 1953. Par la suite elle a déménagé en 1957
pour s'installer dans un nouveau local appelé aujourd'hui l'Ancienne
Maison. Cette appellation arrive en comparaison à la Nouvelle Maison de
la Radio de construction récente d'où émet actuellement la
Radio
destruction de bandes. Ainsi il est rapporté que des
documents qui gênaient les régimes furent détruits sans
autres formes de procès. Mais sur cette question, aucune espèce
d'unanimité n'est pour l'heure établie.
2-Les conditions naturelles
Au Bénin, nombre de documents audiovisuels ont disparu
sous l'effet de plusieurs facteurs naturels. Au nombre de ceux-ci les
conditions climatiques semblent porter la plus lourde responsabilité. Le
Bénin en effet étant situé en zone intertropicale est
influencée par le climat qui lui est rattaché. Cela dégage
un surplus de chaleur et d'humidité qui produit des effets nocifs sur la
vie des matériels audiovisuels.
A défaut de disposer de conditions naturelles
favorables, le conditionnement par la climatisation est un
succédané dans toutes activités de conservation du
patrimoine mobile. Mais au Bénin, la problématique des moyens a
engendré un délaissement des archives dans la chaleur. Les
supports à défaut de bénéficier des conditions de
température et d'hygrométrie favorables sont abandonnés
dans des boîtiers en métal qui chauffent dans des locaux non
climatisés.
3- La nature des supports
Certains supports, notamment ceux radiophoniques ne
garantissent pas une longue conservation. Des bandes fines résistent
très peu aux intempéries. Elles ne présentent pas une
longévité souhaitée. La bonne conservation des documents
audiovisuels tient largement compte de la nature des supports.
4- Un stockage éparpillé et
désinvolte
L'état de stockage du patrimoine audiovisuel à
l'ORTB révèle un gros malaise. Il est à mentionner la
diversification des lieux de stockage des supports. Trois endroits se partagent
sans aucune coordination les archives audiovisuelles publiques de l'ORTB :
l'ancienne maison de la radio, la nouvelle maison de la radio puis la
télévision nationale. Il existe à côté de
cela les archives de Radio Parakou qui est le sous embryon régional de
la chaîne publique radiophonique nationale. Mais notre étude ne la
prend pas en compte. Toutefois, il faut souligner le caractère
identique, sinon pire, de l'archivage à celui qui s'observe à
Cotonou. La fragilité des supports audiovisuels n'a pas induit à
leur égard une attitude conforme et de nature à les
préserver. Un document audiovisuel n'a longue vie que si les conditions
de son stockage sont réunies. Au Bénin, les
éléments de stockage sont inadéquats. Si les
matériels audiovisuels stockés à l'ancienne maison de la
radio bénéficient d'une organisation qui a besoin d'être
relevée par des conditions normales de température et
d'hygrométrie, les autres documents se trouvant à la Nouvelle
Maison de la radio et les autres supports télévision sont en
piteux état pour la grande majorité d'entre eux. Cela peut
entraîner que certains documents des débats de l'historique
Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation de février
1990 ne soient plus disponibles à l'ORTB sans que l'on sache ce qui
explique cette « catastrophe »16.
En général, les bandes pour ce qui concerne la
radio parce que ne bénéficiant d'aucun suivi sont très
souvent empilées par terre, sans boîtiers de rangement, sans
aucune identification préalable. Une situation qui ne favorise
guère la reconnaissance du contenu du matériel et pose d'ores et
déjà un véritable problème réel de
conservation. Les archives de la Nation sont par terre, à moitié
déroulées dans la poussière et la chaleur. La
rareté des bandes vierges amène les professionnels à
puiser en cas de besoin dans cet amas confus de bandes. Du coup, les originaux
sont parfois effacés pour une réutilisation du support. Aucun
système de consignation des prêts n'existe. D'où
l'imbroglio généralisé dans les sorties et les
entrées des matériels. Un matériel prêté ne
revient que si la partie emprunteuse fait diligence. Autrement, aucune
imposition ne lui est faite formellement.
Du côté des supports télé, il n'est
nullement question d'amélioration. La mémoire disparaît
là aussi à une vitesse effroyable. En dehors de quelques
documents récents qui bénéficient encore d'une attention
primaire, les plus anciens subissent le coup d'une gestion
dévergondée. Contraintes à la cohabitation avec les bus de
reportage de la télévision, les archives ont les garages comme
magasins de leurs stockages. Ce qui les expose à des moisissures et
à des décompositions chimiques, c'est-à-dire au «
syndrome de vinaigre »17. Si les précieux documents de
la conférence nationale ont presque disparu au niveau de la radio, il en
est de même au niveau de la télévision. Même s'il est
possible d'en retrouver des traces, c'est souvent à travers des
émissions consacrées à l'événement, dans les
premières années qui l'ont suivi.
Une analyse restrictive peut conduire à affirmer que le
fait que l'on n'ait pas retrouvé ces documents et plusieurs autres ne
signifie pas forcément qu'ils aient disparu. Mais le manque de soin et
l'absence de catalogage et d'identification au moment de l'entrée du
matériel peuvent en être les facteurs
16 La Conférence Nationale des Forces vives
de la Nation de Février 1990 a eu un écho retentissant aussi bien
en Afrique que dans le reste du monde. Cela a réussi à donner au
Bénin un éclat sur la scène internationale. Face à
une telle réalité, il est presque inadmissible de constater que
les archives de cet événement ne fassent pas l'objet d'une
meilleure conservation. Ceci peut s'assimiler à une catastrophe, car
c'est toute une mémoire nationale qui disparaît. 17
Décomposition chimique des supports bandes magnétiques et
qui a pour résultat de produire une odeur qui s'assimile à du
vinaigre
explicatifs.
Il y a une autre forme de stockage du matériel
née de la jalousie des producteurs face à leurs productions. Ce
qui rend les journalistes propriétaires directs de leurs
réalisations. Quoiqu'on puisse en dire, il s'agit d'une forme qui vient
pallier un manque en matière de conservation structurée. C'est
ainsi que les casiers et placards des journalistes deviennent des «
magasins de stockage » dans l'ignorance totale des conditions de
conservation. Des productions et émissions à valeur patrimoniale
(culture, interviews inédites d'hommes politiques, émissions
d'ordre artistique etc) au lieu d'échouer dans un magasin pour une
exploitation générale vivotent, comme c'est souvent la
règle, dans les débarras des rédactions et bureaux.
Photo 1 : Des boîtes de bandes magnétiques
audio stockées à l'ancienne maison de la radio
Photo2 : Les conditions de stockage de bandes audio
à l'ancienne Maison de la radio
Photo3 : Les bureaux servent de lieux de stockage de
supports télévisuels à défaut d'espace
Photo 4 : Des rayons de bandes visuelles à la
vidéothèque de la télévision nationale du
Bénin : un mélange des différents types de
supports
5- L'inexistence d'une culture de
conservation
La conservation n'est pas encore une préoccupation
passionnante au Bénin. Seule la prétention constitue
l'élément moteur qui pousse des professionnels à s'y
intéresser. Conscients que les archives audiovisuelles appartiennent au
patrimoine culturel d'un peuple et représente incontestablement la
mémoire, ils mènent compte tenu de leurs sensibilités des
actions isolées pour sauver le patrimoine audiovisuel. A
côté de cela, rien n'est entrepris de façon soutenue. A
l'origine de toute action, règne une ambition. L'absence d'ambition et
le manque de culture d'archivage expliquent une telle indifférence
vis-àvis des documents audiovisuels de la Nation. Faire de l'archivage
en général au Bénin relève encore de «
vieilleries ». Une telle conception bloque résolument la mise en
oeuvre d'initiatives ambitieuses susceptibles d'induire l'épanouissement
du secteur de la conservation des archives audiovisuelles.
6-Des archives non documentées
Pour beaucoup d'émissions et de matériels
rattachés, il n'existe plus les notices documentaires. La question des
fiches est une véritable problématique dans la réflexion
autour de l'archivage au Bénin. Beaucoup de documents n'ont plus la
chance d'être identifiés physiquement en l'absence de fiches et
d'identifications claires. Dans ces conditions, on recourt tout simplement
à leur audition pour accéder aux contenus. La conséquence
immédiate est la lenteur observée dans leur exploitation. Car si
les informations documentaires étaient existantes, elles permettraient
un gain formidable de temps et donneraient incontestablement une
identité claire à ces documents.
Photo 5 : Etat délabré de conservation
des fiches d'émissions
Photo 6 : Archivage désinvolte des fiches
documentaires manuelles à l'ancienne Maison de la radio
7- Le manque de professionnalisme et de
formation
Pendant longtemps, le volontariat, la passion et l'engagement
personnel ont été à la source de la gestion du secteur de
l'archivage audiovisuel. Peu de gens sont formés à
l'archivistique audiovisuelle. Les rares personnes qui s'y connaissent ne
bénéficient pas du recyclage approprié. Les
conséquences sur le secteur d'archivage n'ont pas alors tardé et
expliquent qu'aujourd'hui le patrimoine audiovisuel végète dans
une situation de désespoir incommensurable.
8- L'absence d'une politique nationale en
matière de conservation du patrimoine audiovisuel
A l'échelle d'un pays toute action est dictée et
soutenue par l'instauration d'une politique publique qui fixe les pratiques et
garantit la pérennité des actions. Nous savons ainsi qu'il y a
une politique publique en matière d'information, de gestion de
l'environnement, des finances publiques, du tourisme etc. La mise en oeuvre
d'une ligne directrice donne le fil d'Ariane et permet d'engager en constance
des efforts. En matière d'archivage audiovisuel, on a assisté
jusque là au Bénin à l'inexistence d'une politique. Il
aurait fallu cela pour permettre de sauver plusieurs heures d'archives
audiovisuelles. La torpeur enregistrée n'a pas arrangé la
situation. A ce jour, le Bénin éprouve du mal à rattraper
ses retards et assiste encore avec indolence à la disparition et la
dégradation des documents de son passé.
9- La diffusion, premier souci, la conservation en
simultané, dernière préoccupation
Dans la plupart des pays, les médias ont une forte
propension à la diffusion. Mais la nuance réside dans le fait que
beaucoup prévoient un système d'archivage d'actualité qui
appuie les productions quotidiennes, comme c'est le cas de Radio Finlande et de
Radio France Internationale. Au Bénin, les contraintes évidentes
de moyens limitent encore ce type d'archivage. Les émissions
diffusées ont tôt fait de passer dans l'oubli total. Rien ou
presque n'est entrepris pour immortaliser les journées
d'émissions. Il n'existe pas encore des enregistrements
simultanés (enregistrement d'une journée entière de
programme), parce que coûteux. En définitive, au Bénin, les
médias n'ont pas encore acquis la culture et la mentalité de la
conservation en simultané.
II- Les conséquences directes : la disparition du
patrimoine audiovisuel
Le patrimoine audiovisuel du Bénin est en net recul. Les
pages de la mémoire audiovisuelle nationale s'effacent à un
rythme incontrôlé. Chaque jour voit les documents audiovisuels
sombrer, devant le mûr d'indifférence des professionnels et de
l'ensemble des acteurs potentiellement chargés d'y veiller. Les facteurs
énumérés ci haut représentent de véritables
épines aux pieds du patrimoine audiovisuel national. Face à cette
situation, s'il est inutile d'affirmer que la mémoire disparaît
progressivement, il n'est en revanche pas superflu de rappeler la perte que
cela représentera pour les générations à venir. Si
rien n'est fait d'ici quelques années, le Bénin ne devra plus
compter sur les services que peuvent lui rendre les archives audiovisuelles.
Le patrimoine n'est appelé à se perpétuer
que si un minimum de soins lui est apporté. C'est la seule caution
à son développement et sa transmission. Car un patrimoine soumis
à des facteurs nuisibles à son épanouissement est un
candidat potentiel à la disparition.
CHAPITRE IV-LA PROMOTION CULTURELLE DES ARCHIVES
AUDIOVISUELLES AU BENIN : ETAT DE LA QUESTION
Les facteurs énumérés ci-dessus
s'expliquent en grande partie par le manque originel de volonté
politique et de vision sur la valorisation culturelle des archives. Une
attention rigoureuse à ces documents du passé dans le cadre de
leur intégration réelle aux aspects du déroulement de la
vie culturelle aurait commandé leur gestion scientifique et
ordonnée. Dans l'analyse qui va suivre, nous porterons la
réflexion sur l'indifférence qui a caractérisé les
actions politiques et les programmes culturels de masse à l'égard
des archives.
I-De la notion générale des archives
La notion d'archive est vaste et très étendue.
Elle ne saurait se limiter à celle d'archives audiovisuelles et
recouvrirait une très grande complexité.
1- Définition
La notion d'archives semble un concept banal et bien connu de
tous. Car dans notre existence quotidienne, on en fait usage dans les
discussions et les débats. Mais la compréhension réelle
que chacun en a n'est toujours pas la plus correcte et ne cadre souvent pas
avec les réalités que recouvre la notion. On confond facilement
les archives avec les cercles de vieilleries et les éléments
abandonnés. Dire qu'on travaille dans les archives s'assimile
aisément à un garage et ne confère aucun prestige.
D'où le nombre littéralement bas des personnes
s'intéressant au domaine des archives. Ray Edmonston, expert de l'UNESCO
sur le patrimoine documentaire fait remarquer que « le mot archives,
d'emploi courant est lui-même problématique en raison des
nombreuses associations dont il fait l'objet. Dans le langage populaire, il
draine une connotation générique de dépôt de
matériels vieux ou obsolètes. Sous l'image de la
poussière, des toiles d'araignée et de la
décrépitude, de matériel oublié, mis sous
clé et pratiquement inaccessible, le terme est souvent un handicap
vis-à-vis du public. Parler du matériel découvert ou
déterré aux archives, c'est oublier la précision,
l'accueil des visiteurs et le dynamisme d'archives bien tenues. »18
Lorsque l'on aborde la question des archives en ces termes, le
paradoxe est donc frappant quand juste
18 Ray Edmonston, Une philosophie de l'archivistique
audiovisuelle, UNESCO, Paris, Juin 1998, pp. 7-8
après l'on se rend compte de leur importance dans la
mémoire individuelle et collective. Nul n'ignore le rôle
prégnant des documents d'archives dans le déroulement des
activités administratives, scientifiques,culturelles etc. Les archives
sont les documents de mémoire et de recul temporel. Les documents nous
enseignent que la notion d'archives aurait pour point de départ
l'antiquité quand leshommes ont décidé de conserver des
traces de leurs activités par les arts pariétaux, les
peinturesrupestres, les premières écritures comme le
cunéiforme, les idéogrammes, les phonogrammes etc.
Jusqu'au 12ème siècle, la notion est
restée vague et très peu répandue. Les rares documents
à savoir : peaux d'animaux, rouleaux, papyrus, pierres étaient
peu organisés. A la faveur de l'évolution et de certains
événements, la notion d'archives se précise et
s'universalise. Chez les peuples qui ont connu la civilisation de l'Ecriture,
les archives occupaient une position centrale. Elles étaient des
éléments de preuves et de renseignements « sur lesquels
pouvaient se fonder tout droit et toute obligation de leur détenteur
». Chez les Romains au 12ème siècle, les archives
constituaient « un réservoir de preuves, de titres, un arsenal
d'armes juridiques servant à protéger droits et privilèges
des rois, princes et autres grands de ce monde »
Les archives prennent du sens partout où s'organisent
les activités humaines. Car, elles sont des éléments qui
fournissent des informations inestimables sur les actes pris.
Pour un auteur français comme Jean Favier qui a
jeté la réflexion sur les archives, elles «sont
l'ensemble de documents reçus ou constitués par une personne
physique ou morale, ou par un organisme privé ou public,
résultant de son activité, organisés en conséquence
de celle-ci et conservés en vue d'une utilisation éventuelle
»19
Le décret 90-384 du 4 décembre 1990, portant
attributions, organisation et fonctionnement des Archives Nationales du
Bénin, en son article 2 définit les archives comme «
l'ensemble des documents, quels qu'en soient la nature, la date, la forme et le
support matériel, élaborés ou reçus par une
personne physique ou morale, ou par un organisme public ou privé, dans
le cadre de son activité, documents organisés en fonction de
celle-ci et conservés à des fins d'administration, culturelle et
scientifique »
Cette perception des archives s'observe sous leur prisme
d'élément matériel. Mais les archives peuvent être
aussi définies par rapport à leur aspect institutionnel. Elles
désignent alors un établissement ou un service d'un
établissement consacré à la collecte, la gestion, la
conservation, et à la consultation ou l'utilisation d'une collection de
documents.
Pour mieux cerner la notion d'archives sans confusion, il
convient de définir ce qu'elle n'est pas. En
19 Favier Jean, Les archives, PUF, Paris,
1975, p. 25
effet, « si une bibliothèque conserve la
mémoire du savoir de l'homme et un centre de documentation, les
documents utiles dans l'activité de l'homme, le centre d'archives lui,
conserve la mémoire de l'activité de l'homme
».20 Comme elle garde trace des actes individuels, sociaux
ou institutionnels, on en voit l'image d'une « conserve culturelle ou
d'une boîte culturelle »21.
On distingue de façon détaillée plusieurs
catégories d'archives : les archives écrites, les archives
visuelles, les archives sonores et les archives audiovisuelles. Mais, nous
évoquerons les deux grands ensembles qui, à notre avis, semblent
traduire les réalités des autres types d'archives.
2-Les archives écrites
Ce type d'archives regroupe tout document écrit
réalisé à la main, par dactylographie ou par l'imprimerie.
La civilisation de l'écriture qui a vu naître la notion d'archives
fait que ces dernières sont facilement assimilées à tout
document écrit à la main. Les données de la connaissance
à conserver étaient écrites sur des supports tels, les
peaux, la pierre, le parchemin, le papyrus, le papier etc pour inverser la
précarité de la parole, auparavant, seul mode de communication.
Les documents écrits sont demeurés alors les premières
formes d'archives. Ils occupent la grande partie du fonds archivistique des
personnes physiques ou morales. Car leur élaboration ne nécessite
pas autant de moyens que les autres formes d'archives.
Les archives écrites font l'objet aujourd'hui, à
la faveur de l'essor technologique, d'un traitement informatisé ou
électronique qui ne leur enlève pas leur valeur écrite.
Leur prise en charge numérique permet de régler entre autres des
problèmes d'espace et d'adaptation à la modernité.
3-Les archives audiovisuelles
Prosaïquement, il s'agit des archives non écrites
par opposition aux archives écrites. Il n'existe pas aujourd'hui de
définition succincte et généralement admise des archives
audiovisuelles. Les statuts de la FIAT (Fédération internationale
des Archives de télévision), de la FIAF (Fédération
internationale des
20 Davakan Brice Armand, Archives et pesanteurs
sociologiques en République du Bénin : Etude pour la promotion
culturelle des Archives, Mémoire de fin de formation, Abomey Calavi
(ENA), 1997, p. 9 21 Ceci montre tout simplement que les archives
ont pour but d'emmagasiner et de capter des informations importantes qu'elles
livrent ultérieurement dès qu'elles sont questionnées.
L'expression renvoie à l'image d'une boîte dont on cerne le
contenu une fois qu'on l'ouvre. La conserve ou la boîte dont il est
question ici n'est qu'une image choisie pour expliquer la force de conservation
et de mémorisation des documents d'archives. Ceux-ci portent en eux les
éléments qui se rapportent aux manifestations culturelles d'un
peuple. Ces éléments ont justement besoin d'être
interrogés et consultés afin de livrer les informations qu'ils
renferment.
archives de film) et de l'IASA (Association internationale des
archives audiovisuelles et sonores) exposent de nombreuses
caractéristiques et attentes, mais ne donnent pas de définition
précise. Les statuts de la SEAPAVAA (Association des institutions
d'archives audiovisuelles de l'Asie du Sud Est Pacifique) définissent
tant le terme d'audiovisuel que d'archives par rapport aux compétences
de ses propres membres. L'article 1,b desdits statuts indique que l'audiovisuel
s'applique aux images en mouvement et/ou aux sons enregistrés sur film,
bande magnétique, disque ou tout autre support. L'article 1,c
définit les archives comme un établissement ou un service d'un
établissement consacré à la collecte, à la gestion,
à la conservation et à la consultation ou l'utilisation d'une
collection de documents audiovisuels et de matériels liés
à ceux-ci. Il y a de nombreuses définitions et hypothèses
concernant ce terme auquel on fait recouvrir en
combinaisons variées :
a) les images en mouvement, tant sur film
qu'électroniques b) la projection sonorisée de diapositives c)
les images en mouvement et /ou les sons enregistrés sous
différentes formes d) la radio et la télévision e) les
photographies et graphiques fixes f) les jeux vidéos g) les CD-ROM
multimédias h) tout ce qui est projeté sur écran i) tout
ce qui est précède
Dans Questions juridiques relatives aux archives
audiovisuelles, Kofler Birgit, Expert de l'UNESCO définit les
documents audiovisuels comme « les enregistrements visuels (avec ou
sans bande son), indépendamment de leur support physique et du
procédé d'enregistrement utilisé, tels que les films, les
projections fixes, les microfilms, les diapositives, les bandes
magnétiques, les téléenregistrements, les
vidéogrammes (bande vidéo, vidéodisques), les disques
laser à lecture optique destinés à être reçus
par le public, soit par la télévision, soit par le biais d'une
projection sur un écran ou par tout autre moyen ; destinés
à être mis à la disposition du public. Les enregistrements
sonores indépendamment de leur support physique et du
procédé d'enregistrement utilisé, tels que les bandes
magnétiques, les disques, les bandes sons d'enregistrements
audiovisuels, les disques laser à lecture optique destinés
à être reçus par le public par la radiodiffusion ou par
tout autre moyen ; destinés à être mis à la
disposition du public. »
Les documents n'ont leur valeur archivistique que s'il y a un
recul temporel. Mieux, les critères culturels, historiques, artistiques
etc doivent être réunis.
Les documents audiovisuels quelle qu'en soit la nature sont des
documents culturels car ayant des actions sur le public et véhiculant
des messages sociaux de taille.
4- Les qualités des archives audiovisuelles :
éléments de démonstration
La valeur et le rôle des archives dans les
différents pans de la vie sociale ne sont plus à
démontrer. Elles sont partout présentes et donnent toujours la
preuve de leur utilité sociale.
4-1 Les archives audiovisuelles comme nouvel
élément du patrimoine culturel national à
conserver
Quand on évoque les musées, les anciens palais et
temples royaux, les biens laissés par un personnage
célèbre de l'histoire, les sites archéologiques et les
spécimens architecturaux, leur portée culturelle ne fait l'objet
d'aucun doute et est facilement admise. Mais quand il s'agit des archives en
général et des documents audiovisuels en particulier, on observe
quelques réactions de réserves. Or il est clair qu'à
l'instar de la science, l'art et la religion qui laissent toujours des supports
matériels témoins de leur évolution, les archives ont le
mérite de faire des témoignages verbaux et même en images.
A ce propos d'ailleurs, Max QUERRIER faisait remarquer dans Esprit que
« les archives devront un jour, tout comme les collections des
musées, faire l'objet d'une lecture populaire qui sera par
elle-même créative, créatrice d'un nouveau rapport entre la
population et ses propres traces, créative quant au mode de
pensée qui imprégnera l'interprétation des traces
laissées par les générations
précédentes» La culture, assure indéniablement
la double fonction matérielle et morale. Les archives en
général s'y retrouvent.
Parlant des archives audiovisuelles, le Président de
l'INA, Emmanuel Hoog affirmait qu'« après le papier, la
pierre, les archives audiovisuelles s'imposent comme un élément
du patrimoine culturel ». Ce n'est pas qu'une phrase, car son contenu
illustre bien la réalité des archives à travers leur
fonction culturelle. Les archives audiovisuelles portent la mémoire
profonde d'un peuple, rendent compte de son histoire, de son évolution.
Elles exposent la somme des actions des hommes à un moment donné
de leur histoire.
Les archives audiovisuelles en retenant par l'image, le son, la
photographie et autres méthodes audiovisuelles les traces des
activités du passé lointain ou récent des hommes
entretiennent de ce fait des relations sociales avec les hommes. L'homme
développe des relations particulières avec ces documents qui lui
font voir ce qu'il a été, ce qu'il est et lui fournit des
indications sur son éventuel devenir. Si le patrimoine culturel est
défini comme tout ce qui est légué par les hommes
à leur postérité comme héritage, les archives
audiovisuelles entrent parfaitement dans cet espace de définition.
Les archives audiovisuelles ont une fonction
intergénérationnelle. Ce d'autant plus qu'en les consultant les
générations sont dotés d'outils d'analyse et de
repère pour leurs entreprises personnelles. Dans un pays comme la
France, l'expérience de l'INA révèle à merveille la
teneur de la valeur patrimoniale des archives. Elles portent avec foi la
pensée de l'histoire de la radio et de la télévision de
France en permettant au peuple de redécouvrir les discours politiques de
Charles de Gaules, les documents des débuts de la radio et de la
télévision en France. Le rôle irréversible de
témoin actif de l'histoire et d'élément de mémoire
collective, sociale joué de tout temps par les archives en
général et celles audiovisuelles en particulier sont autant de
mobiles de conviction ou de prétexte de mise en routes d'idées
claires et positives autour d'une politique d'intérêt pour leur
épanouissement à l'instar des autres formes du patrimoine
culturel.
4-2 Les archives audiovisuelles comme source d'analyse
scientifique
En fournissant des éléments de comparaison et en
ramenant dans les pages d'histoire leurs contenus, les archives audiovisuelles,
se posent comme des éléments de connaissances sérieuses.
Il n'est peut être pas superflu dans cette étude de rappeler leur
partition et leur niveau de contribution aux entreprises scientifiques qui
mesurent la justesse de leur rôle.
Sources favorables à l'avancement des démarches,
les archives audiovisuelles représentent dans un pays comme la France,
pour quantités de chercheurs un lieu de référence
incontournable. Les contenus permettent en effet d'étayer, de clarifier,
de confirmer ou d'infirmer les hypothèses de travail et contribuent
à l'évolution des réflexions scientifiques sur la base de
l'existant.
4-3 Le rôle pédagogique des
archives
L'enjeu pédagogique des archives n'est plus à
démontrer. De par leur nature et les opportunités didactiques
qu'elles offrent, les archives représentent des outils
pédagogiques d'importance. Leurs actions sur la psychologie des groupes
d'apprenants et leur force de conviction leur confèrent une pertinence
inestimable.
A partir des archives, quantités d'enseignements peuvent
être développés pour interagir avec les scolaires.
L'expérience mise en route par l'INA représente un vrai cas
d'école. Grâce au service de développement éducatif
et culturel de l'INA, les archives sont portées au niveau des scolaires
et commandent des analyses de contenus. Du discours politique au contexte
formel de l'image, les archives ont la propriété d'accompagner la
réflexion pour forger chez l'enfant un raisonnement et un apprentissage
personnels.
Les archives grâce au constat de leur
prépondérance en matière d'information et d'encadrement
offre l'occasion de concevoir et de développer des offres de programmes
spécifiques, permettant de mettre à la disposition du secteur
éducatif des émissions de télévision et de radio
à titre de support ou d'illustration au service d'une discipline ou
comme objet de l'enseignement dans le cadre de l'éducation aux
médias. La politique pédagogique développée autour
des archives peuvent permettre de mettre à la disposition des
établissements scolaires des vidéocassettes et des bandes sonores
sur des thématiques traitées à la télévision
et à la radio (histoire, littérature, théâtre,
jeunesse, sciences, société) sous des formes variées
(documentaires, fictions, adaptations, portraits, entretiens).
L'importance des archives audiovisuelles telle que
déclinée commande de la part de la société leur
bonne conservation. Seule une gestion dans de bonnes conditions et selon les
normes permettront aux archives d'être présente dans leur fonction
et de recouvrir le même intérêt social.
II Les archives audiovisuelles dans les programmes
culturels de masse au Bénin
Au Bénin, les archives audiovisuelles, bien que
revêtant une importance indémontrable dans le fonctionnement des
médias et nourrissant les attentes des téléspectateurs ne
sont pas promues jusqu'ici à leur juste valeur. Or, il n'est un secret
pour personne que les médias ont de par leur philosophie et leur nature
un rôle culturel de taille. Perçus ainsi, les aspects qu'ils
secrètent doivent tenir des fonctions similaires, même en dehors
de la radio, de la télévision et du cinéma.
Si la réalité culturelle des archives au
Bénin adopte une lenteur, c'est qu'il y a des facteurs sociologiques qui
constituent un sérieux handicap.
1- Les archives en général dans les
systèmes des valeurs
Une question cruciale qu'on est en droit de se poser est de
savoir : pourquoi au Bénin aime t-on le son et l'image, la radio et la
télévision et qu'au même moment l'indifférence
affichée face aux archives audiovisuelles est frappante ? La
réponse ne serait pas aisée, mais les repères
sociologiques des groupes et les mentalités héritées de la
tradition et de l'histoire peuvent permettre des approches.
D'une manière générale, la
société a une mauvaise perception des archives. Elles sont
souvent définies comme des vieilleries et ne méritent pas de ce
fait l'intérêt social. En outre, ce n'est pas un secret pour
personne que l'Afrique a hérité de l'Ecriture et que pour ce
faire, toute mémoire consignée sur papier n'a pas drainé
pendant longtemps l'assentiment des peuples. On préfère se mettre
à l'écoute de la tradition orale pour visiter les pages du
passé que de se référer aux archives. Dans cette mouvance,
l'oralité magnétisée à travers le son et l'image a
aussi été confondue à tort et à travers au papier.
D'où son rejet, probablement inconscient par la majorité des
composantes sociales. De façon sérieuse, on peut se demander ce
que valent sérieusement une pièce historique, une bande sonore
ancienne et une circulaire de l'époque coloniale dans notre
système social.
Le système de valeur peut être défini comme
un ensemble cohérent ou une hiérarchisation des priorités.
C'est une vision du monde présente dans l'inconscient des pensées
les plus rationnelles. A l'évidence, on ne devient pas fonctionnaire
pour sauver la mémoire collective, mais l'idée première
est de gagner sa vie. Les sociologues ont démontré que les
valeurs s'organisent autour d'un ensemble d'idéaux
caractérisés par des objectifs de grandeur personnelle et de
réussite individuelle. On a ainsi envie de devenir une
célébrité ou un haut cadre. Le plus souvent cette vision
que l'on se fait de soi n'est pas cristallisée dans les rayons
d'archives.
Les tendances lourdes de la société, l'essor des
priorités de groupes et la mauvaise lecture du bien fondé et de
la philosophie interne des archives en général expliquent qu'au
Bénin, des années se soient passées laissant « la
mémoire audiovisuelle dans l'oubli » hormis l'exploitation
épisodique qu'en font les hommes de médias. Les archives
audiovisuelles qui font l'objet de cette étude n'ont alors ou souvent
pas constitué un pôle capital d'intérêt dans les
programmes culturels et autres manifestations susceptibles de magnifier
pourtant leur concours culturel
2-Les archives audiovisuelles dans les calendriers
culturels au Bénin
Les archives audiovisuelles sont des témoins dynamiques
et mouvants du passé. Grâce à elles, le passé se vit
au présent avec une mobilité passionnante. Dans plusieurs pays
où l'on est convaincu de leurs forces sociales et de leurs impacts dans
la formation de l'homme et du citoyen, des actions culturelles d'envergure les
associent fréquemment. Si elles ne commandent pas à elles seules
la mise en route de programmes, elles sont alors rattachées à
d'autres calendriers dans le dessein de démontrer leur valeur
culturelle. Le constat au Bénin révèle une torpeur de ce
point de vue. Les 50 ans de radio et le quart de siècle de
télévision ne sont pas encore exploités par la
société culturelle béninoise.
Si des efforts isolés sont quelque peu perceptibles sur
la mise en valeur du patrimoine photographique du Bénin à travers
des expositions fréquentes, c'est un silence du côté des
archives de radio et de télévision. Dans les autres domaines
artistiques et culturels, il est courant d'observer l'organisation des
vernissages d'expositions divers, des foires culturelles, des colloques de tous
genres. Mais rarement l'occasion de ces manifestations culturelles est saisie
pour sortir les documents audiovisuels anciens de leur mutisme.
Plus au-delà de ce constat, il est à remarquer
que le milieu de la création et de la culture n'est pas dans
l'économie des archives audiovisuelles. Or on peut s'imaginer les riches
enseignements que créateurs, artistes de tous ordres et
opérateurs culturels sont amenés à tirer de ces documents
pour alimenter et nourrir les réflexions actuelles.
En général, si les archives sont
sous-exploitées notamment d'un point de vue culturel, la raison est
à chercher dans la politique culturelle engagée par l'Etat.
III- Le patrimoine audiovisuel dans la politique culturelle
du Bénin
C'est la politique culturelle conduite par l'Etat qui
définit les grandes priorités en matière de
développement culturel au Bénin. Elle fixe les grandes directives
qui doivent être encadrées, évaluées par les
services techniques du ministère de la culture compétents en la
matière. Ces services veillent à prendre en compte tous les
domaines de la vie culturelle tels les Lettres, les différentes
disciplines des Sciences humaines, les Arts scéniques, plastiques,
musicaux, cinématographiques. Comme on le constate, la politique
culturelle du Bénin prend en compte toutes les industries culturelles du
Bénin. Les archives audiovisuelles en sont à notre sens un
élément clé. Mais quel est leur niveau de prise en compte
dans la politique de développement culturel national?
1- Archives audiovisuelles au Bénin et culture :
La place de la diversité culturelle dans la réflexion
« Source d'échanges, d'innovation et de
créativité, la diversité culturelle est, pour le genre
humain aussi nécessaire qu'est la biodiversité dans l'ordre du
vivant. En ce sens, elle constitue le patrimoine commun de l'humanité et
doit être reconnue et affirmée au bénéfice des
générations présentes et des générations
futures.»22
Le débat sur la diversité culturelle prend de
l'ampleur ces cinq dernières années. Son intérêt ne
se limite pas qu'aux milieux culturels mais pénètre dans tous les
cercles d'acteurs motivés par les questions de développement. La
diversité culturelle apparaissant comme une affirmation de
l'identité culturelle du groupe, de la communauté dans un esprit
de partage et de rencontre est apparue comme une recette puissante dans la
recherche de la paix mondiale et du dialogue. L'UNESCO a fait de la
diversité culturelle le coeur de son projet « Décennie
mondiale de développement culturel ». La Francophonie a entrepris
ces dernières années des échanges entre ses Etats membres
sur le sujet. L'Union Européenne s'est également saisie de la
question. Le Réseau International de la Politique Culturelle
créé en 1998 sur l'initiative du Canada a reconnu la
nécessité de la protection et de la promotion de la
diversité culturelle. Autant d'exemples qui montrent l'actualité
du débat sur la diversité culturelle.
A un moment où les risques d'uniformisation sont
réels dans la mouvance de la mondialisation qui transforme non seulement
les bases traditionnelles des échanges économiques mais
également des autres dimensions de la vie en société, la
campagne pour la reconnaissance de la diversité culturelle a tout son
sens. Le Bénin n'est pas en marge de cette lutte. En accueillant en
2001, la 3ème Conférence ministérielle sur la
Culturelle, le Bénin était des pays qui ont reconnu
l'impérieuse nécessité de la défense de la
diversité culturelle comme cadre de développement.
Le pluralisme médiatique au Bénin, l'aide aux
artistes, l'encouragement de manifestations culturelles diverses sont autant de
repères certes encore parcellaires, mais témoins de la
présence du Bénin dans le débat sur la diversité
culturelle. Membre de la Francophonie et ayant exprimé son accord aux
diverses propositions faites jusque là dans ce sillage, la position du
Bénin ne surprend guère.
L'intérêt affiché par le Bénin pour
l'enjeu de la diversité doit s'étendre au patrimoine audiovisuel
produit par les médias. Les médias ont permis grâce
à leurs productions de fixer les réalités culturelles,
historiques
22 Déclaration Universelle de l'UNESCO sur la
diversité culturelle, UNESCO, Paris, Novembre 2001. Une convention sur
la diversité culturelle est en ce moment en préparation.
du pays donnant lieu à un nouveau genre
d'héritage. Cet héritage audiovisuel est un élément
d'identification du peuple béninois et marque ses différences
culturelles, ses particularités, en tant que richesse et contribution au
dialogue avec les autres peuples. C'est pour cette raison que la
réflexion sur la diversité culturelle doit s'appuyer
sérieusement sur la défense des archives audiovisuelles qui sont
des puissants vecteurs d'identité.
2- La place du patrimoine audiovisuel dans les
préoccupations des institutions culturelles étatiques : exemple
du ministère béninois de la culture
C'est le Ministère de la culture qui est chargé
au Bénin de mettre en oeuvre la politique culturelle du Bénin.
Les services techniques rattachés à ce ministère
« veilleront à intégrer à leurs activités
l'héritage du passé et les apports nouveaux issus du génie
créateur du peuple et du contact avec l'extérieur »
ainsi que dispose l'acte de déclaration de la politique culturelle du
Bénin. Le même texte dispose que « la politique
culturelle du Bénin mettra un accent particulier sur la sauvegarde et la
restauration du patrimoine en péril dans le souci d'enrichir
l'héritage culturel pour les générations
futures» C'est pourquoi, il est indiqué que l'État
béninois procédera au recensement, l'inventaire, la protection de
l'ensemble du patrimoine culturel béninois par des actions
concrètes et le renforcement des instruments juridiques. Nulle part on
ne voit transparaître clairement la place accordée au patrimoine
audiovisuel en péril, à savoir les archives qui souffrent d'un
manque de conservation, entre la vie et la mort. Le point 6.3. de la politique
culturelle qui aborde le domaine de l'audiovisuel énonce simplement sans
aller en profondeur que « l'État favorisera les initiatives
privées qui voudront installer des studios d'enregistrement, de pressage
de disques et de duplication de cassettes. Il veillera à réduire
les taxes d'importation des phonographes, des vidéo-cassettes et des
magnétoscopes qui ne doivent plus être considérés
comme des produits de luxe mais plutôt comme des produits de consommation
courante».
A l'analyse, il semble que la base soit faussée à
ce niveau, d'autant plus que le Ministère de la culture ne met en
application et n'intègre dans ses actions que les points contenus dans
la politique générale. Les discours officiels, les programmes
initiés par les pouvoirs publics en faveur des milieux culturels n'ont
jamais évoqué avec netteté le poids des archives et les
urgences de leur conservation pérenne. Les relations sociales
qu'entretiennent ces archives avec les hommes n'ont curieusement pas
suggéré des initiatives courageuses allant dans le sens d'une
gestion scientifique des archives audiovisuelles pour leur exploitation
culturelle. La déclaration de politique culturelle nationale proclame la
nécessité d'équiper « les archives nationales en
matériels techniques pouvant permettre leur bonne conservation
». Et s'il est vrai que les Archives nationales ont
bénéficié depuis les années 90 d'une relative
modernisation, il est encore précipité de croire que cela s'est
joué au profit des documents. Les Archives nationales qui doivent
recevoir pour l'archivage définitif les supports attendent depuis le
début du Renouveau démocratique les stocks que doivent lui
envoyer la radiodiffusion et télévision béninoises.
Le ministère de la culture ne pouvant exercer aucune
autorité sur les Archives nationales, celles-ci déférant
aux injonctions de la Présidence de la République, il s'en suit
un problème d'attribution, ce qui n'est pas de nature à permettre
au Ministère de la culture d'intégrer réellement dans son
agenda la question des archives audiovisuelles. Cette absence criarde de la
question des archives audiovisuelles dans les préoccupations des
institutions culturelles publiques comme le ministère de la culture est
aussi perceptible au niveau des instruments juridiques
3- Les archives audiovisuelles dans les textes
nationaux sur le patrimoine culturel
Les textes juridiques ont toujours servi dans tout domaine de
l'activité humaine d'outils d'accompagnement des actions de toutes
natures. En matière d'environnement, la lutte contre la pollution est
régie et soutenue par des textes ; la lutte contre le trafic des enfants
s'adosse à des instruments répressifs. De la même
façon, l'éducation à la pratique de la bonne gouvernance
s'appuie sur des arsenaux qui fixent les lignes d'action. La promotion du
tourisme national ne devient une réalité que si un code de
tourisme vient en appoint. Dans le même ordre d'idées, le domaine
de la culture ne doit pas échapper à cette logique. Au
Bénin, où il existe une cadre relatif à la protection du
patrimoine culturel, le constat révèle la non prise en compte
totale du patrimoine audiovisuel. Aucune allusion aux archives en
général n'est faite.23 La loi relative à la
protection des droits d'auteurs fait brièvement référence
en son article 2 à l'impérieuse nécessité
d'intégrer dans les démarches de production audiovisuelle, la
conservation et la sauvegarde des documents.
Ce dernier exemple est un cas isolé si l'on sait que
plus aucun texte et instrument ne vient prêcher nettement dans le
même sillage. La déclaration de politique culturelle d'Avril 1990,
bien qu'affirmant la nécessité pour la législation
culturelle d'embrasser tous les domaines culturels ne cite pas dans les formes
juridiques énoncées l'urgence d'une loi sur les archives en
général. Ceci ne devait pourtant pas être marchandé
lorsque l'on sait, d'une part, toutes les atteintes qui frappent les archives
audiovisuelles par défaut de conservation, d'autre part, les questions
de droits d'auteurs qui s'y rattachent.
23 L'Ordonnance No 35/PR/MENJS du 1er
Juin 1968 relative à la protection du patrimoine culturel
Si au Bénin, des tendances lourdes sont perceptibles,
dans d'autres pays par contre, le patrimoine audiovisuel fait l'objet d'un
travail sérieux de valorisation culturelle. C'est le cas de la France,
à travers l'Institut National de l'audiovisuel qui est l'autorité
publique de conservation et de mise en valeur des archives audiovisuelles qui
représentent la mémoire de la radio et de la
télévision française.
DEUXIEME PARTIE : LES PERSPECTIVES SYSTEMIQUES POUR UNE
VALORISATION CULTURELLE DU PATRIMOINE AUDIOVISUEL AU BENIN
La question des archives audiovisuelles au Bénin et de
leur mise en valeur doit nécessiter dans les prochaines années
des actions de taille pour produire des résultats convaincants. C'est
pour cette raison qu'il faut initier des approches multidisciplinaires faisant
appel à des compétences et des domaines divers.
La gestion des archives audiovisuelles, parce qu'elle implique
aussi bien la conservation, la sauvegarde que la valorisation, doit, dans sa
mise en oeuvre, être la traduction de plusieurs efforts. Il est
impératif dans l'environnement international actuel des archives de
s'inspirer dans cette voie de l'expérience des autres et de leurs
succès tout en tirant le meilleur parti.
CHAPITRE I LE PATRIMOINE AUDIOVISUEL : CONSERVATION,
SAUVEGARDE ET VALORISATION CULTURELLE DANS UN CONTEXTE ORGANISE
A l'inverse de la situation inconfortable constatée au
Bénin sur le plan de la gestion physique des archives audiovisuelles et
de leur valorisation culturelle, l'état des lieux à la date
d'aujourd'hui en France révèle un sérieux manifeste face
à la question. Les archives de radio et de télévision sont
traitées avec beaucoup d'égards et font l'objet d'une mise en
valeur culturelle permanente à travers des programmes
spécialement élaborés. Au regard du constat, ce ne serait
que réalisme d'affirmer que le secteur des archives audiovisuelles
constitue une industrie qui doit se développer et prendre constamment de
l'ampleur. L'INA, l'Institut National de l'Audiovisuel met en oeuvre cette
politique publique de prise en charge et de valorisation des archives
audiovisuelles en France. Son expérience en cette matière laisse
transparaître une gestion professionnelle à laquelle il importe
pour un pays en voie de développement comme le Bénin de se
référer. C'est fort de cela que notre stage en entreprise s'y est
déroulé.
I- L'Institut national de l'Audiovisuel, un pôle
important de gestion et de valorisation culturelle des archives de radio et de
télévision
Au coeur du paysage audiovisuel français, l'INA s'occupe
depuis 1975 de la gestion des fonds d'archives de radio et de
télévision. Son rôle en fait un organe public de sauvegarde
de la mémoire audiovisuelle française. Le dynamisme de son
travail, sa volonté constante de ne pas voir périr une grande
frange du patrimoine culturel national se manifeste au travers de la collecte,
la sauvegarde, la numérisation, la restauration et la communication des
documents d'archives soit plus de 60 ans de programmes radio et 50 ans de
télévision.
L'Institut national de l'audiovisuel est un Etablissement
Public à caractère Industriel et commercial (EPIC), mis en place
le 06 janvier 1975 au terme de la réforme de l'audiovisuel menée
en 1974. L'INA est né de l'éclatement de l'ORTF (Office de radio
et télévision de France). Il doit assumer dès sa naissance
les missions transversales jusque là dévolues à l'ORTF.
C'est la structure française de gestion des archives audiovisuelles
publiques. L'INA a des délégations régionales qui au titre
des obligations légales collectent, conservent, gèrent et
exploitent les programmes (Actualités et émissions de production)
provenant des radios et des télévisions publiques
régionales : Radio France et France 3. En sauvegardant la mémoire
des régions de France, ces délégations remplissent
localement les missions de l'INA et relaient dans leur zone d'influence les
opérations menées par l'INA au niveau national. Ces
délégations régionales sont présentes à
Rennes, Lille, Lyon, Strasbourg, Marseille, Toulouse.
1- Une structure aux missions patrimoniales
Les missions de l'INA sont segmentées en trois
principaux axes :
· La conservation du patrimoine audiovisuel
national
Assurer la collecte des programmes audiovisuels
Préserver, sauvegarder et restaurer les fonds
Offrir des services documentaires renouvelés et
efficaces
Renforcer l'accessibilité aux images et aux sons dans
l'environnement Internet.
· L'exploitation et la mise à
disposition de ce patrimoine
Développer l'exploitation commerciale des fonds,
Valoriser les archives à des fins scientifiques,
éducatives et culturelles.
· L'accompagnement des évolutions du
secteur audiovisuel à travers ses activités de recherche, de
production et de formation
Renforcer la convergence des activités de recherche et
expérimentation vers la mission patrimoniale,
Accroître le caractère innovant de la production
de création et de recherche,
Orienter la formation professionnelle vers les technologies
numériques. : Depuis 1992, l'INA se voit confier en plus de cette
mission originelle celle du dépôt légal de la
radiotélévision française. Ainsi donc, l'Inathèque
de France collecte, au titre du dépôt légal, l'ensemble des
archives des programmes français de radio et de télévision
postérieures à 1995 à des fins de recherche. Le
dépôt légal vient tout simplement en rajouter d'une
certaine manière à la fonction patrimoniale de l'INA. En
clair, avec plus de 2 millions d'heures de radio et de
télévision, près de 3 millions de documents
répartis sur près de 110 kilomètres de rayonnages, l'INA
représente une source exceptionnelle d'archives où tous les
programmes de télévision et de radio sont présents. Deux
types de gestions se complémentent à l'INA : la gestion au titre
de l'archivage professionnelle (par les chaînes publiques de radio et de
télévision), puis la gestion au titre du dépôt
légal (étendue à l'ensemble des chaînes hertzienne,
du câble et du satellite). L'INA procède chaque année
à la collecte d'environ 220 000 heures d'archives dont plus des ¾
au titre du dépôt légal. Dans le cadre de l'automatisation
de la chaîne de production, il a mis en place une politique de captation
numérique des images et des sons.
Tableau 2 : Fonds d'archivage professionnel et
dépôt légal en 2003
Indicateurs stratégiques
|
Archivage professionnel
|
Archivage Dépôt légal
|
Heures de TV
|
535 000
|
430 000
|
Heures de Radio
|
575 000
|
500 000
|
Total
|
1 100 000
|
930 000
|
Source : INA
2-La Direction des archives de l'INA
Située à Bry-sur-Marne en région Est
parisienne, la Direction des archives de l'INA est l'axe majeur de
démonstration de la mission patrimoniale de l'Institut national de
l'audiovisuel. Sa démarche donne à l'INA toute sa raison
d'être. Structurée en six délégations
régionales chargées de la collecte, la préservation, la
mise en valeur et la communication des programmes d'archives, la Direction des
archives possède également trois théques nationales
(vidéothèque, phonothèque, photothèque). Elle
gère en outre le centre des Essarts dans les Yvelines (banlieue
parisienne) qui, lui, concentre l'essentiel des matériels radio et
télévision issus des antennes nationales et s'occupe de la
préparation et du transfert des films pour la sauvegarde. Au sein de la
même Direction, on retrouve un service technique chargé du
stockage, de la numérisation et de la mise en ligne des documents. Un
service du développement éducatif et culturel trouve
également sa place dans l'organigramme de cette direction. Ce service
met en oeuvre la politique de valorisation des archives à des fins
culturelles et éducatives. La direction des ressources humaines et de la
formation joue pour sa part une partition de choix dans cet environnement
général.
Implantée dans cet environnement, la Direction des
archives, à travers ses différents secteurs d'activités
peut alors se fixer comme objectifs: -la sauvegarde et la numérisation
des fonds afin de garantir leur pérennité et d'accroître
l'accessibilité aux contenus -l'amélioration de la maîtrise
des fonds grâce à un programme d'inventaires documentaires et
physiques, et la mise en oeuvre de procédures de
contrôle de la qualité des données qui
référencent les documents et les matériels d'archives.
Dans cette analyse, nous nous intéresserons plus loin au Service du
développement éducatif et culturel (SDEC)
II- Le plan patrimoine de l'INA, un vaste programme aux
objectifs implicitement culturels
1- Les mobiles du plan
Pour l'INA, c'est l'avenir des archives qui se joue. Le constat
révèle la fragilité de certains supports parfois uniques.
Mieux avec l'évolution technologique, se pose le problème de
l'obsolescence des machines de lecture. Avec quelque deux millions et demi de
supports, l'INA détient l'une des plus importantes collections du monde,
avec celles de la BBC24 et de la RAI25. Ces supports,
notamment les bandes magnétiques sont atteintes par ce que les
spécialistes appellent « le syndrome du vinaigre »
évoqué plus haut. Résultat, plus de 20% du fonds film est
dans un état critique. En 1999, 300 000 heures de radio et 200 000
heures de télévision étaient en état de
dégradation. En 2002, ces chiffres ont été revus à
la hausse et portés à 500 000 heures de radio et 335 000 heures
de télévision.
2- Le plan de sauvegarde et de
numérisation
Il a été initié en 1999 avec pour objectif
de sauver au plus vite 300 000 heures de radio et 200 000 heures de
télévision provenant des fonds nationaux et de fonds
régionaux. L'opération vise à recopier les programmes sur
des supports numériques pour assurer la conservation pérenne du
fonds et améliorer son exploitation.
3- La sauvegarde, numérisation et
communication
L'état inquiétant de certains documents a
orienté la réflexion vers la mise en oeuvre du plan de sauvegarde
et de numérisation auquel s'ajoute une chaîne interne de
sauvegarde liée spécifiquement à la communication des
archives. Il s'agit de la SNC (sauvegarde-numérisation-communication).
C'est une autre
24 Chaîne britannique de radio et de
télévision 25 Radio et Télévision
italienne
filière de sauvegarde et de numérisation. La
particularité repose ici dans le fait qu'elle ne se met en route
qu'à la suite de commandes en urgence et ne concerne que la
communication des extraits d'images et de sons pour les diffuseurs. La SNC ne
se situe pas dans la logique d'une systématisation de la sauvegarde.
C'est un mode opératoire qui est rythmé selon les besoins. Elle
permet de sauvegarder les fonds avant communication sans
détérioration du support. Elle a été mise en place
en 2001 et propose un visionnage et une livraison sous trois jours des archives
commandées. Auparavant, il fallait trois semaines. Comme il ne s'agit
ici que d'extraits, un travail de repérage et de description est fait
par les documentalistes grâce à des outils informatiques
développés en interne.
4- Les résultats
Plusieurs critères techniques et de contenu ont
présidé au choix des supports qui font l'objet de sauvegarde
comme l'état de dégradation, la difficulté d'exploitation,
la valeur patrimoniale, de rareté, artistique, professionnelle et
commerciale. Selon les chiffres publiés disponibles en 2004, le PSN a
permis à l'INA de numériser près de 150 000 heures de
programmes télévision dont 97 000 étaient menacées
de disparition. Par ailleurs, l'INA a également dépassé en
2005 les 80 000 heures pour ce qui est de la numérisation radio. Ces
programmes sont aujourd'hui accessibles en ligne. Le rythme de sauvegarde
numérique est de 19.450 heures par an pour les programmes de
télévision et de 8 800 heures par an pour la radio. A ce rythme
et à financement stable, il faudra 60 ans pour sauvegarder les 500 000
heures de radio et la même durée temporelle pour les 335 000
heures de télévision encore menacées. Or pour sauvegarder
l'intégralité des fonds menacés, toutes les
opérations devraient être réalisées d'ici 2015. En
poursuivant au rythme actuel, l'INA serait en mesure de garantir la sauvegarde
de 60% des fonds menacés.
Tableau 3 : Bilan de sauvegarde en
numérique à l'INA
Indicateurs stratégiques
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Nombre d'heures TV sauvegardées
(cumul)
|
12 070
|
33 970
|
64 770
|
95 670
|
126 870
|
150 000
|
Nombre d'heures Radio sauvegardées
(cumul)
|
6100
|
14 900
|
23 700
|
32 500
|
41 300
|
80 000
|
Source : Contrat d'objectifs et de moyens entre
l'Etat français et l'INA et Site Internet INA
5- Poursuivre et accélérer les processus
de sauvegarde et de numérisation
L'INA, en raison de l'avantage qu'induit l'opération de
numérisation, doit pouvoir continuer dans la même cordée
avec le déploiement d'efforts supplémentaires pour
accélérer le processus. Le volume du fonds menacé est
très important. Il y a donc à la base un enjeu de sauvetage. Le
volume sauvegardé jusque là a obéi à des
critères qui ne sont pas forcément les plus objectifs.
D'où l'impérieuse nécessité de mobiliser les
énergies et les moyens correspondants en vue de sauver le reste du
fonds. Car des fonds restants, l'on ne sait lesquels peut revêtir une
importance pour la postérité.
L'opération de numérisation qui accompagne selon
le schéma de l'INA la sauvegarde est à promouvoir
sérieusement dans les années à venir de façon
à banaliser la mise en ligne des images et des sons. Pour cela, les
ressources mobilisées par les activités économiques
découlant de la communication des archives doivent être fortement
appuyées par une augmentation des redevances. Car, l'INA à
travers ses activités est au coeur d'une problématique qui exige
un choix rigoureux irréversible.
III- Inamédia, un chantier en pleine
évolution
La numérisation apporte une révolution car elle
permet au client de consulter à distance et en ligne les archives avant
d'en lancer la commande. Ceci se traduit à travers Inamédia qui
héberge en ligne les archives de presse filmée et de
télévision de l'INA. On y retrouve les émissions
diffusées par les chaînes de télévisions publiques
françaises de 1949 à nos jours ainsi que le fonds de presse
filmée des Actualités Françaises qui va de 1940 à
1969. Cet instrument développé par l'INA présente des
avantages pluriels. Il permet d'effectuer des recherches de toutes sortes dans
la base de données documentaires. En même temps, c'est un espace
de visionnage des archives numérisées. Grâce à une
visionneuse, le client est en mesure de créer des extraits au cours du
visionnage et de verser dans un panier les archives retenues avant d'en
transmettre le contenu à l'équipe commerciale. Le client peut
également s'offrir la possibilité de demander aux documentalistes
d'effectuer une recherche documentaire initiale ou complémentaire de
celle qu'il a réalisée.
La recherche en effet s'effectue sur l'ensemble des notices
documentaires des fonds télévision et de presse filmée y
compris les fonds thématisés. A ce jour, il est possible de
visionner l'ensemble du fonds de télévision
numérisé de l'INA soit environ 150 000 heures. Le format de
visionnage est le Mpeg 1, à 1,2 mégabits/ secondes, au moyen d'un
lecteur Quick Time version 6,2 ou ultérieure. Le format de livraison par
contre est le Mpeg 2, à 8,5 mégabits/ secondes. On livre les
documents sur des supports professionnels tel le Béta
Numérique.
La cession des archives de la base de données
Inamédia obéit à un long processus d'analyse juridique, de
libération éventuelle des droits et une évaluation de la
qualité du matériel (matériel à restaurer ou pas)
avant toute livraison définitive. Tout document qui intéresse le
client n'est donc pas systématiquement livré. N'accède pas
à Inamédia qui veut. Ceci tient au fait que l'INA n'est pas
actuellement dimensionné pour répondre directement aux demandes
des particuliers, ni en mesure de leur faire visionner des archives en ligne.
Car pour la plupart, ces archives ne sont pas libres de droit. D'où tout
le système de filtrage afin quel seuls les professionnels puissent
utiliser le service.
IV Les aspects culturels de gestion des archives de
l'INA
L'élément culturel explique entre autres la
position et la démarche de l'INA face à la question des archives.
La culture étant par définition ce qui reste lorsque l'on a tout
perdu, les efforts de l'INA ont été longtemps
déterminés par cet aspect. La fonction culturelle des archives
commande les opérations de conservation et de sauvegarde.
Implanté au coeur de la Direction de archives, le
Service du développement éducatif et culturel (SDEC) coordonne la
politique de valorisation patrimoniale de l'INA. Ce service accompagne la
politique de restitution des archives conservées par l'INA vers tous ses
publics, notamment éducatifs et culturels.
Le SDEC a pour vocation centrale de diffuser le patrimoine et
la mémoire de la Radio et de la Télévision sous des formes
diversifiées en fonction des publics. Le grand public n'a pas
directement accès aux archives, mais il peut toutefois retrouver toutes
les richesses du patrimoine audiovisuel français au travers des
collections sonores et vidéo. Ce travail est conduit par le SDEC qui
invente les schémas de faisabilité et met en place des
stratégies de concrétisation.
1- Les archives dans le patrimoine culturel
français
S'il y a encore quelques années dans l'imaginaire
collectif des français, la définition du patrimoine culturel ne
prenait qu'en compte les musées, les sites archéologiques, les
monuments et autres places rattachées à l'histoire, la
mentalité a sérieusement connu une évolution sur la
définition du patrimoine culturel dans son ensemble. L'importance
à la fois artistique, esthétique, la valeur permanente des
documents audiovisuels réunis donne à ces derniers leur valeur
patrimoniale. Depuis sa création en 1975, l'INA joue un rôle
patrimonial certain. Comme l'indique le slogan principal qui barre ses
documents officiels, il construit l'avenir de la mémoire par la
collecte, la conservation, la sauvegarde et la communication des documents
audiovisuels français. En ramenant sur son territoire les images des
débuts de la télévision, du cinéma et de la radio
en France, il s'impose comme un élément de reflet identitaire
réel, car au travers de ses activités, c'est à une
rencontre de générations qu'on assiste. La démarche de
l'Ina est fortement marquée par un souci de prise en compte permanente
du passé, du présent et du futur. En mettant au coeur de ses
préoccupations les documents du passé, l'INA se met constamment
dans la dynamique de leur insertion dans une approche
intergénérationnelle. Même si la logique commerciale est
présente, les archives ne sauraient en effet se réduire à
un centre de ressources pour les producteurs et les diffuseurs ou à un
« capital » à exploiter à des fins
strictement commerciales. Elles sont avant tout un lieu de la mémoire
collective et plus encore un patrimoine historique et culturel.
L'INA à sa naissance est ainsi chargé de
préserver la mémoire audiovisuelle de la France. Pour les
français, les archives portent les traces du passé de la France
et donnent aux générations qui se succèdent des
repères dans le processus de leur auto prise en charge et du
développement. Dans les faits, les archives audiovisuelles
représentent la sève de laquelle les français tirent des
éléments de leur existence. Les enseignements issus de ces
documents dynamiques et actuels malgré leur vieillesse sont gage
d'avancée incontestable.
Par définition, les archives font partie
intégrante du patrimoine culturel mobilier. De ce point de vue, elles
sont progressivement traitées en France avec soin et
intérêt. Il est vrai qu'il reste encore dans cet environnement
déjà amélioré des renforcements d'actions à
mettre en oeuvre pour que les archives audiovisuelles soient
littéralement perçues par l'ensemble des français comme un
élément fort du patrimoine culturel. Cette tacite
méconnaissance de la conscience patrimoniale des archives s'observe plus
au niveau de la libération des moyens consacrés à la
réalisation des objectifs patrimoniaux que dans la vraie perception
idéelle de la fonction culturelle des archives.
2- La communication culturelle et pédagogique
des archives
Les archives n'ont de valeur que si elles servent aux besoins
du public. L'une des questions qui taraudent l'INA est de savoir comment on
peut conserver sans communiquer. La gestion méthodique et
professionnelle des archives en général, celles audiovisuelles en
particulier exige que l'on détermine cette fonction ultime qui constitue
au même moment le début d'un autre cycle de gestion. La
communication emprunte diverses voies à l'aune des consultations
scientifiques, des activités culturelles et pédagogiques sans
occulter les nécessités professionnelles incarnées par les
demandes des chaînes publiques de radio et de
télévision.
Autour de ses archives, l'INA crée un centre
d'intérêt culturel et éducatif. Si la fonctionnalité
scientifique est incarnée par l'inathèque de la
Bibliothèque Nationale de France qui offre aux chercheurs un cadre
convivial de travail et de découverte, le but pour l'INA est d'atteindre
le plus large public et de donner aux archives conservées leur valeur
culturelle. C'est ainsi que le service du Développement Educatif et
culturel est investi de la mission de diffuser le patrimoine et la
mémoire de la radio et de la télévision sous des formes
diversifiées en fonction des publics.
La politique culturelle de l'INA s'exerce en direction des
milieux de la création, de la culture et de l'éducation de commun
effort avec les professionnels de ces milieux. Cette politique se traduit par
quatre orientations :
Développer les offres de contenus et de services
ciblés
Favoriser l'intégration des documents audiovisuels dans
la pédagogie
Favoriser le patrimoine dans sa dimension historique et
esthétique et comme vecteur de connaissances
Favoriser la présence des archives dans la mise en
oeuvre des projets innovants en s'appuyant sur les technologies de
l'information et de la communication On note alors des programmations et mise
à disposition des corpus thématiques lors des grandes
manifestions culturelles ; l'accompagnement de
l'intégration de l'image dans les pratiques culturelles. L'INA affiche
alors sa présence dans les festivals, colloques, expositions,
musées, médiathèques. La signature de conventions avec des
institutions de renom comme la Comédie française ou l'Office
National du film canadien sont autant d'exemples qui témoignent de la
présence de l'INA aux côtés d'institutions culturelles pour
la valorisation de son patrimoine. Les chiffres annoncent que l'INA met chaque
année ses archives à la disposition de plus de 200 expositions
culturelles et événementielles en France et à
l'étranger. En 2000, il a participé à 200 manifestations
culturelles contre 280 en 2002. Parmi les partenaires de l'INA se
déclinent l'Auditorium du Louvre, le Forum des images, la
cinémathèque de la Danse, la Mairie de Paris et la
Société civile des auteurs multimédia (SCAM).
D'un autre point de vue, l'INA développe des programmes
en relation avec les acteurs de l'éducation, car les archives en raison
de leur contenu et des enseignements qu'elles diffusent sont des outils
pédagogiques. Des émissions de télévision, sont
mises à la disposition du secteur éducatif à titre de
support et d'illustration au service d'une discipline, ou comme objet
d'enseignement dans le cadre de l'éducation aux médias. Une
collection « Vidéothèque pour l'enseignement
» riche de 300 titres explore toutes les thématiques
traitées à la télévision comme l'histoire, la
jeunesse, la littérature, le théâtre, les sciences, la
société sous formes de documentaires, fictions, adaptations,
portraits, entretiens. Les documents proposés sur vidéo cassettes
sont mis à la disposition des établissements culturels et
scolaires que sont les bibliothèques, musées,
théâtres, lycées et collèges, centres de formation.
Dans cette mouvance, les collections « Voir et Lire
» et « Voir et savoir »
constituées à partir de programmes d'archives de l'INA
sont proposées dans les établissements scolaires et
universitaires ainsi que dans les médiathèques. Un exemple
remarquable de l'impact positif des actions de l'INA au côté de la
cause pédagogique, le site Ina - edu et le premier
DVD-Rom de la collection « Apprendre à la
télé » qui aident à n'en point douter les
élèves à mieux comprendre l'actualité à
travers l'analyse des images.
En outre, un catalogue vidéo Education et
Culture composé de 300 titres destiné aux Etablissements
d'enseignement et aux acteurs de la vie culturelle est mis en ligne sur le site
internet de l'INA et porte sur divers aspects de l'histoire, la vie artistique
et culturelle de la France. Les thématiques explorées sont en
effet : la science, les questions de société, la jeunesse, le
théâtre, la littérature, le théâtre, les
portraits etc.
Les occasions de découverte par le grand public du
patrimoine audiovisuel français mis à disposition par l'INA sont
nombreuses. Il arrive parfois que les archives les plus insolites investissent
des lieux de spectacle. En 2002, la première édition des
« 24 heures de la télé » a eu lieu au
Zénith de Paris et dans six (6) villes de province à l'occasion
des journées européennes du Patrimoine. Elle a rassemblé
11 000 spectateurs autour d'un programme de 6 heures d'archives
réalisé à partir de 265 extraits. Toutes les
générations sont séduites par la collection «
INA mémoire vive » qui remémore des oeuvres ou
interprétations musicales et le DVD « Au
théâtre ce soir ».
Les archives n'ont pas de sens si elles ne touchent pas le
public pour jouer auprès de lui leur fonction culturelle. Les archives
sont des éléments culturels qui surgissent de la culture des
peuples et c'est dans ce même peuple qu'elles peuvent retrouver leur
plein épanouissement. Cette interaction entre la société
et les archives constitue un élément de poids dans l'explication
de la valeur culturelle des archives audiovisuelles
Tableau 4 : Evolution du nombre annuel de
nouveautés : publications, produits sonores, vidéos et
interactifs à l'INA
Indicateurs
|
Réalisé en 2000
|
Réalisé en 2002
|
publications
|
12
|
23
|
Editions sonores
|
58
|
60
|
Editions vidéo
|
45
|
62
|
Editions vidéo Circuits éducatifs et
culturels
|
0
|
20
|
Editions CD-ROM et DVD-ROM
|
2
|
3
|
Source : INA Tableau 5 : Diffusion des archives
dans les réseaux culturels et éducatifs
Indicateurs
|
2000
|
2002
|
Nombre d'heures d'extraits de
télévision
|
0
|
08h36
|
Nombre de programmes de
télévision
|
200
|
564
|
Nombre de K7 vidéo
|
2000
|
3300
|
Source : INA
3- Un attachement aux questions de droit dans la
valorisation culturelle des archives
Les archives audiovisuelles parce qu'elles ont parfois un lien
avec la création ont un statut juridique réel. De ce fait, l'INA,
confronté à leur exploitation est très regardant sur les
questions de droits d'auteurs. Il existe un cadre normatif qui régit le
fonctionnement des archives de l'INA et implique les différents
interlocuteurs et partenaires de l'institution.
4- La thématisation et la mise en ligne des
fonds radio et télévision au service des actions
culturelles
La thématisation engagée depuis la mise en route
de la numérisation contribue à donner à l'INA plus
d'efficacité dans la gestion de l'ensemble de son fonds radio et
télé. C'est par définition le traitement par thèmes
du fonds ou précisément un regroupement par centres
d'intérêt, corpus ou rubriques du fonds. La documentation est
à l'avant-garde de la mise en oeuvre de cette innovation. Ainsi,
retrouve t-on par exemple les rubriques personnalités, économie,
société, divers etc. Dans le cadre de cette
thématisation, un travail de fond a été fait sur le
Président Charles de Gaulle dont les discours ont été
regroupés selon les circonstances et sphères d'intervention.
Désormais par un seul clic, il est possible de retrouver en même
temps une rafale de documents sur la personnalité ou le thème
recherché dans la base.
En définitive, la thématisation permet une
recherche rapide dans la base et constitue un vrai prétexte à
l'accélération de la politique de numérisation.
Grâce à son outil privilégié, Totem, elle constitue
aujourd'hui pour l'INA une voie efficace de gestion archivistique.
En juin 2004, 292 heures de radio contre 11 200 heures de
télévision sont thématisés. L'importance de la
thématisation et de la numérisation dans l'opération
finale de mise en ligne n'est plus à démontrer. De ce point de
vue, il importe que l'INA mette les bouchées doubles pour densifier ses
actions sur ce fonds.
La thématisation lancée en 2001 simplifie les
recherches documentaires dans la base et permet d'accéder aux archives
numérisées, structurées et valorisées par corpus
thématiques. Pour que la thématisation puissent montrer son
efficacité, il faudra notamment poursuivre le travail de traitement
documentaire
Le traitement documentaire, un
élément important de la thématisation et de la gestion
: Pendant longtemps, on a constitué des archives sans un
véritable travail documentaire. Dans la pratique, on s'est
contenté d'une gestion approximative des stocks, ce qui n'est pas sans
marquer négativement les documents qui s'ils ne sont pas encore
jetés ne doivent plus servir à grand'chose. Depuis quelques
années déjà, on commence par se faire une idée
positive de la documentation dans toute la chaîne d'archivage des
documents audiovisuels. Archivage et documentation vont de pair. Les
matériels audiovisuels, sonores et cinématographiques n'ont
d'importance à l'INA que dans la mesure où ils font l'objet d'un
traitement documentaire qui leur donne vie, sens et identité. Une
équipe de documentalistes qualifiés s'attèlent à
faire face quotidiennement aux enjeux de la description et de la constitution
de notices documentaires. Les documents et les matériels qui par le
passé ont fait l'objet d'une identification sommaire sont
actualisés de ce point de vue. Ce qui représente une forme de
sauvetage et remet en vie les éléments concernés. Les
documents récents et nouveaux font quant à eux l'objet d'une
attention soutenue car ils sont décrits selon les principes modernes de
gestion documentaires. Si le fond télévision de l'INA n'est pas
parfait en matière documentaire, celui de la radio ne se porte pas
moins mal. Il présente en effet beaucoup d'insuffisances. Les efforts
engagés depuis plusieurs années pour y faire face produisent des
résultats faibles. Le fonds radio parce qu'il est hautement
hétéroclite a posé un sérieux problème
documentaire. La base de données de la phonothèque est
constituée de plus de 775 000 notices identifiant émissions ou
sujets. Plusieurs documents et matériels demeurent sans notices
jusqu'à ce jour, ce qui ne facilite pas leur accessibilité. Dans
le meilleur des cas, on se résout à un traitement minimaliste.
3/5 seulement du fonds est analysé, indexé ou catalogué
soit dans la base de données informatiques INA-SON sous logiciel
documentaire BASIS, soit dans un fichier manuel. Il devient important dans le
cadre de la numérisation à terme du fonds de consacrer davantage
d'efforts à la fabrication de notices documentaires aux documents qui en
manquent. Les fichiers manuels ont besoin d'être versés dans la
base informatique.
V-La politique culturelle des archives à
l'échelle réduite d'une chaîne de radio et de
télévision
Une partie de notre stage professionnel s'est
déroulée à la sonothèque de Radio France
Internationale et à la vidéothèque de TF1 sous
l'égide de l'INA. Cette étape nous a permis d'observer de
près la gestion du patrimoine sonore à l'échelle
réduite d'un média et d'observer le degré de communication
et de valorisation culturelles des archives.
1- La sonothèque de RFI
La sonothèque de RFI possède globalement un fonds
hérité de Radio France et qui date des années 70. Le
magasin situé au 15è étage de la Maison de Radio France
possède dans ses rayons environ 45 000 bandes analogiques,
essentiellement de la production maison soit 1 km linéaire d `archives
sonores.
La sonothèque conserve en effet depuis 1975 ses propres
archives et est investie essentiellement d'une double mission : l'appui
à la production et la conservation du patrimoine sonore de RFI.
En effet, elle a reçu carte blanche pour archiver les
productions de la chaîne, notamment les productions en langue
française qui seront réutilisées par les producteurs.
En dehors de ceci, elle joue un rôle patrimonial de
taille. Car à l'origine de sa création se greffe l'idée de
la création d'une structure de centralisation des archives des
émissions disséminées ici et là dans les tiroirs de
leurs producteurs. Partant de là, RFI pourra disposer d'un grand
réceptacle de ses archives exploitables par elle en temps réel.
Le souci est notamment de ne pas voir ces documents sombrer dans l'oubli et la
perte.
2- L'archivage audiovisuel à TF1
Chaîne privée française de
télévision, TF1 démarre son propre archivage en 1989, soit
7 années après sa privatisation en 1982. Avant cette date, elle
était encore une chaîne publique et en tant que tel, ses archives
étaient récupérées par l'INA au titre de
l'archivage officiel. Avec le démarrage de son archivage en interne, TF1
a récupéré une grande partie de ses archives. Mais
à la différence de l'INA, TF1 n'est pas mue par des
préoccupations de gestion patrimoniale. Deux types d'archivages
cohabitent.
Archivage d'information, premier
souci
Le but de l'archivage à TF1 est d'alimenter les journaux
d'information avec les images d'archives. Le premier critère d'archivage
comme on peut le constater est la fabrication. On archive des documents en vue
de leur réutilisation pour des productions. Les éléments
conservés sont les journaux, les magazines, les images d'agences. Une
politique de double spécialité conduit à conserver aussi
bien les rushes que les diffusés. Le magasin de l'archivage
d'information comporte 150 000 cassettes soit un total de 30 000 heures.
Archivage de production
L'archivage d'antenne porte sur les lourdes productions de la
chaîne à savoir les documentaires de création, les
émissions de jeux, les actualités musicales, les émissions
culturelles etc. Une partie de ces productions sont conservées à
des fins patrimoniales dans le magasin annexe de la chaîne et l'autre est
aux mains des sous-traitants extérieurs. Le fonds est constitué
de 160 000 supports soit environ 32 000 heures.
3- De la valorisation culturelle des archives sur les
deux chaînes
On ne peut pas dire que les deux chaînes de radio et de
télévision mises à l'étude ont au coeur de leur
pratique un souci de valorisation culturelle des archives. Jalouses de leur
production, généralistes dans la démarche et dans les
choix, il y a plus pour elles nécessité de production pour les
besoins stricts de l'actualité que pour des préoccupations
d'ordre culturel. Les archives communiquées sont destinées
à des fins professionnelles et servent journalistes, producteurs,
réalisateurs et autres professionnels dans leur travail quotidien.
Si au niveau de TFI, aucune restriction n'est possible au
regard du développement fait plus haut, du côté de Radio
France Internationale par contre, il y a des efforts qui s'opèrent par
moments grâce à la coopération avec l'INA pour
l'édition de supports qui s'inspirent des archives des deux structures
au service des initiatives scientifiques, culturelles et pédagogiques.
C'est le cas des CD sur la vie et l'oeuvre de Léopold Sédar
Senghor, Cheikh Anta Diop, Amadou Ampaté Ba. On peut également
citer le coffret « Afrique, une histoire sonore »
qui retrace avec attention et suite la longue marche de l'histoire
pré-décolonisation et post-indépendance de l'Afrique
à travers les faits et les grands hommes. Ces supports
édités servent souvent d'appui aux programmes pédagogiques
et culturels.
CHAPITRE II DE LA CONSERVATION ET DE LA SAUVEGARDE DES
ARCHIVES AUDIOVISUELLES : LES ELEMENTS DE GESTION PROFESSIONNELLE POUR UNE
VALORISATION CULTURELLE DES ARCHIVES AU BENIN
Depuis toujours les secteurs de pré archivage et
d'archivage audiovisuel ont toujours été gérés avec
une indifférence caractérisée. L'impact négatif sur
la vie des documents ne s'est pas fait attendre. Le Bénin dispose
aujourd'hui de 50 ans d'archives de radio et 25 ans d'archives de
télévision. Et, paradoxalement, il se passe comme si la
mémoire audiovisuelle est inexistante. Si ce constat est évident,
il s'explique par des facteurs divers et variés26. Face au
défi réel des archives audiovisuelles, leur action sociale et
à la nécessité de leur valorisation culturelle, il devient
indispensable de prendre au sérieux la question de leur
préservation en associant à la démarche les approches
modernes et scientifiques de gestion. Un processus d'archivage se
décompose en plusieurs étapes et répond à des
approches, des enjeux de toutes sortes et des logiques différentes. Pour
le cas du Bénin, l'objectivité découlant de l'observation
permet d'envisager les actions qui vont suivre.
I- Les actions urgentes à mettre en place
Plusieurs pistes s'ouvrent au Bénin dans le cadre de la
sauvegarde et de la conservation de ses archives. Selon leur utilité,
leur degré de dégradation et le constat de leur mauvaise
conservation, différents types d'initiatives sont à mettre en
oeuvre
1- L'inventaire des archives audiovisuelles, premier
élément de la démarche
Au Bénin, il est impossible de connaître le nombre
exact d'archives de radio et de télévision dans les médias
publics, objet de notre étude. Les seuls chiffres récents mais
encore provisoires dont on dispose émanent de la Direction des archives
nationales (150 bandes magnétiques sonores)27.
Aucun effort de catalogage n'est entrepris pour recenser avec
exactitude l'ensemble des
26 Les facteurs ont été cités
dans la première partie chapitre III 27 Enquête aux
Archives Nationales à Porto Novo au Bénin, Août 2004
documents audiovisuels anciens que possède le
pays28. Les chiffres avancés parfois ne sont que des
évaluations dont il faut se méfier. Le mode de constitution des
fonds d'archives a suivi des principes dont on a perdu mémoire. C'est
fort de cela qu'il importe de procéder à une opération
rigoureuse d'inventaire.
L'inventaire est entendu comme une combinaison d'informations
physiques et d'informations documentaires. C'est le recensement des
matériels audiovisuels et des fiches afférentes. Cela devrait
permettre d'avoir une vue claire sur le nombre de matériels que
possèdent aussi bien les médias publics que les Archives
nationales. L'inventaire est en archivistique, l'élément de base
de la démarche de gestion. L'inventaire qui doit s'étendre sur
une longue période en vue de permettre de bien cerner les fonds doit
être appuyé par un projet d'informatisation documentaire.
L'inventaire est conduit avec une perspective de mise en ligne
professionnelle. C'est pour cette raison que sa conduite doit prendre en compte
des critères professionnels précis. Pour être utile et
moins éreintant, le recensement peut porter dans le cas du Bénin
sur les documents anciens qui ont fait l'objet d'une identification
minimaliste. Autrement l'inventaire dans un contexte de massification
d'archives peu identifiables doit cheminer avec un mode de sélection
rigoureuse.
2- Le classement
Le classement est par définition l'opération qui
permet de regrouper par catégories les collections des fonds
archivistiques. Le classement facilite la célérité dans la
recherche et la communication des documents. L'exploitation des archives est
fortement tributaire de ce préalable de gestion.
En réalité, plusieurs systèmes de
classement sont applicables aux services d'archives. Nous évoquons dans
cette étude quelques-uns. -Un classement personnalité, par ordre
alphabétique, chaque élément étant
précédé du numéro de la bande, de l'horaire exact
de sa diffusion et de sa date -Un classement chronologique qui tient compte de
l'évolution temporelle de production des documents. -Un classement
systématique par numéro de bande ; le contenu intégral de
la bande est répertorié ; ce système s'applique aussi aux
originaux. -Un classement par support, qui permet de disposer les documents
selon les supports qui
28 Lorsqu'on parle des archives du pays, on fait
référence notamment aux archives détenues par les
médias publics et aux Archives Nationales.
les portent. Les bandes 9,5 cm/s seront rangées d'un
côté par exemple et de l'autre les bandes 18cm/s, puis suivront
les cassettes audio etc. -Un classement thématique : ce type de
classement ne prend en compte les documents sujets que par centre
d'intérêts ou par thèmes abordés. -Un classement par
producteur ou par journaliste29.
Ces énumérations ne sont en aucun cas exhaustives
et réductrices. D'autres formes peuvent surgir selon les besoins propres
à chaque service d'archives. De la même façon, un service
d'archive peut choisir d'expérimenter tous les types de classement
évoqués. Dans ce dernier cas, il est à faire remarquer que
les fichiers doivent se recouper et que des renvois sont faits de l'un à
l'autre.
3- La conservation en question
La tension entre conservation et consultation existe dans la
plupart des institutions ayant à gérer des collections. La
consultation comporte des risques et des coûts, petits ou grands, mais la
conservation hors de cette perspective serait sans objet. Les oeuvres
audiovisuelles parce qu'elles sont basées sur la technologie, les
réalités de la préservation imprègnent de
façon spécifique l'ensemble des activités du service
d'archives. La conservation ne constitue pas une activité
complémentaire, mais fait partie intégrante du fonctionnement
quotidien.
La préservation de l'information sonore et audiovisuelle
passe encore et en grande partie par la conservation des supports
classés en trois grands types : mécanique (disques noirs
uniquement), magnétique (bandes et cassettes pour le son et l'image
vidéo) et optique (disque pour le son, l'image fixe et
vidéo)30
La conservation modèle les perceptions du service
d'archives : la consultation du matériel a toujours des
conséquences plus ou moins importantes sur le plan technologique et
financier. Les modalités d'accès sont nombreuses, depuis la
cassette accessible sur une étagère jusqu'à la
réalisation d'une copie neuve d'un film et à la
réservation d'une salle de cinéma durant plusieurs heures pour la
projeter. Quel que soit le choix, le mode de consultation ne doit pas courir
à l'oeuvre un risque inacceptable31.
29 Rodes Jean Michel, les archives de la
radio in Les dossiers de l'Audiovisuel, , sept-oct 1986, p.23
30 Fontaine Jean Marc Conservation des documents
sonores et audiovisuels in Conservation audiovisuelle, BNF, 2004,
p.7831 Edmondson Ray, Une philosophie de l'archivistique
audiovisuel, UNESCO, Juin 1998, p.23
La conservation est définie comme l'ensemble des
tâches nécessaires pour assurer l'accessibilité permanente,
pour une perte de qualité minimale, du contenu visuel ou sonore ou
d'autres attributs essentiels d'une oeuvre donnée. Elle couvre ainsi des
aspects comme le contrôle des retours, l'inspection, la protection, la
réparation, la restauration, la copie, la surveillance, les
systèmes de gestion des fonds et les environnements et méthodes
de stockage.
La durée de vie des matériaux est largement
déterminée au moment de la fabrication, mais les facteurs
d'environnement tels que les conditions de stockage, la température,
l'humidité et les conditions de manipulations contribuent à la
tenue à long terme des documents.
La technologie consubstantielle aux archives audiovisuelles en
fait des centres d'expertise et de matériel technique où l'on
doit entretenir et sauvegarder des technologies et des procédés
obsolètes.
La conservation des matériels audiovisuels a toujours
fait défaut au Bénin. Les nouveaux enjeux de la gestion du
patrimoine audiovisuel exigent un changement d'attitude et de méthodes
pour y intégrer des actions de conservation préventive et
curative qui doivent aller de la préservation des supports à
celle des machines de lecture.
L'évolution technologique présente en effet le
risque d'une obsolescence des technologies anciennes. Si il n'y a pas un effort
de conservation de celles-ci, il y a le risque d'inaccessibilité aux
supports anciens.
Que l'on se trouve en présence de supports
mécaniques (cylindres, disques de laques, disques microsillons ou
vinyles), magnétiques et optiques, les procédures et principes de
conservation se recoupent à bien des égards et prennent en
comptent un maximum de compromis développés ci-dessus.
3-1 Les locaux et la gestion de stockage
Il est nécessaire de contrôler l'humidité
et la température de l'environnement dans lequel sont stockés les
supports. De par la nature, de nombreux matériels audiovisuels sont
à la fois chers et sensibles à l'environnement. Dans la mesure
où leurs ressources le permettent, les services d'archives
audiovisuelles utilisent divers systèmes de stockage à
hygrométrie et température contrôlées et des
procédures de vérification de l'état des documents. Un
excès d'humidité peut accélérer les
réactions chimiques de décomposition des supports polyester
(comme le syndrome du vinaigre), favoriser le développement des
moisissures et décomposer les adhésifs des collants de montage. A
l'inverse un taux d'humidité trop bas durcit le support, le rend cassant
et entraîne des déformations du ruban. La température doit
aussi être contrôlée. Une température excessive peut
accélérer des phénomènes de décomposition,
favoriser l'apparition d'échos entre spires de la bande
magnétique et déformer les supports (disques gondolés). Il
n'est pas nécessaire de maintenir la température à une
valeur très basse, le choix d'une valeur proche de la température
des cellules techniques de production est un bon compromis.
Les locaux de conservation doivent être conçus
pour maintenir un environnement favorable à la conservation à
long terme en suivant les exigences des collections. En règles
générales les normes dans lesquelles se retrouvent les documents
sonores et audiovisuels sont les suivantes :
· Température comprise entre 16° C et
20°C ;
· Humidité relative ou hygrométrie
comprise entre 40% et 50% ;
· Climatisation comportant un filtrage de l'air admis
afin d'éviter l'admission de poussières ;
· Légère surpression à
l'intérieur des bâtiments ;
· Revêtements internes
anti-poussières.
L'utilisation d'équipements électriques de grande
puissance à l'intérieur des zones de stocks sera
évitée afin de ne pas créer de champs magnétiques.
Il convient toutefois de ne pas exagérer les dangers d'effacements
accidentels dus aux champs magnétiques. L'expérience a
révélé qu'un champ inférieur à 800
ampères par mètre était sans effet (dix fois la valeur du
champ magnétique terrestre).
Les disque optiques CD-R (enregistrable une fois) sont
particulièrement sensible à la température et à la
lumière et ne doivent jamais être exposés aux rayons du
soleil.
Quel que soit le type de support, une chose s'impose : le
contrôle régulier de l'état des collections. Une inspection
sur un échantillonnage est souhaitable tous les 5 ans, moins si les
conditions climatiques et d'empoussièrement ne sont pas comprises dans
les limites fixées.
Tableau 6 : Conditions de température et
d'hygrométrie pour la conservation des supports audiovisuels
Température et degré hygrométrique
recommandés pour l'accès des documents
|
|
température
|
#177;/24h
|
#177;/an
|
humidité relative
|
#177;/24h
|
#177;/an
|
Tous supports
|
autour de 20°C
|
#177;1°C
|
#177;3°C
|
40%
|
#177;5°C
|
#177;5°C
|
Source : CD-ROM Conservation préventive
du patrimoine documentaire, UNESCO, 2002
3-2 Le conditionnement des supports
Poussières et salissures empêchent une bonne
lecture de l'information enregistrée. La fumée de cigarette
s'accumule sur la surface des supports (bandes, disques) et peut dissimuler de
l'information. Là aussi, les CD, bandes, cassettes libres sont plus
exposées aux risques que celles protégées par une
cartouche. Les supports audiovisuels sont toujours rangés dans des
pochettes, coffrets ou boîtes en carton qui les protègent de la
lumière, de la poussière, de la salissure et des dommages
mécaniques que pourrait apporter un contact ou un frottement avec
d'autres matériaux. Ces précautions garantissent une
longévité des matériels. L'utilisation de boîtiers
en métal est déconseillée, en particulier pour les
boîtes anciennes en acétate de cellulose. Ceci peut
entraîner une accélération de la décomposition
chimique32 .
Pour les disques optiques, l'usage des seules pochettes en
plastique n'est pas recommandé. Car elles offrent une protection
insuffisante sur le plan mécanique et aléatoire sur un plan
chimique.
3-3 Le rangement des matériels
Le rangement des supports garantit leur bonne conservation.
Cette opération permet d'établir des liens directs entre les
collections et de contrôler les niveaux d'entrée et de sortie des
matériels. Le système de rangement moderne prend en compte les
locaux, les travées, les armoires, les étagères et les
rayons. Il existe entre ces différents éléments des
relations pénétrables garantissant le suivi réel et
efficace des matériels. Les matériels doivent être
rangés et disposés verticalement. Même pour les disques
optiques, des meubles sont conçus pour recevoir directement des
boîtiers verticaux selon différentes configurations.
Les étagères de rangement s'alignent dans les
normes modernes sur cinq (5) niveaux de 40 cm de hauteur environ. Elles sont
découpées en modules de 100 ou 120 cm. Chaque module contient un
certain nombre de matériels. Deux systèmes de rayonnages peuvent
être utilisés :
· Armoires pivotantes. On accède aux faces
cachées en faisant pivoter les armoires autour
d'un mât fixé sur les poutres du plancher et du
plafond. Les mâts de fixation des armoires
font partie de l'ossature.
· Armoires mobiles montées sur chariots
roulants. Les rangées d'armoires dont la longueur
peut atteindre 12 à 15 mètres se déplacent
sur rails afin de créer une allée d'accès aux
32 Fontaine Jean Marc Conservation des documents
sonores et audiovisuels in Conservation audiovisuelle, BNF, Paris,2004, p
83
rayonnages à l'endroit souhaité. Une seule
allée d'accès peut être conservée pour dix
à
vingt chariots.
3-4 L'exploitation
C'est le paramètre le plus difficile à
maîtriser. Les supports en raison de leur fragilité ne doivent pas
subir de variations trop brusques de température et d'humidité
entre les magasins de stockage et les locaux d'exploitation. Pour les archives
sonores par exemple, une condensation d'eau sur le support occasionnerait des
adhérences entre la bande et les galets du magnétophone lors du
défilement. Toute opération de lecture provoque une usure et
parfois des déformations du support. En particulier la tension de bande
sur les magnétophones doit être contrôlée. Un
enroulement à faible tension de bande forme une bobine lâche,
provoquant des frictions entre spires lors de la manipulation et pendant le
stockage, si les conditions d'environnement changent. Une tension de bande trop
forte risque de provoquer des déformations longitudinales et
transversales du ruban qui deviendront irréversibles après une
longue période de stockage. Une méthode préventive
consiste à stocker les bandes après lecture complète sans
rembobinages33.
4- La restauration des matériels
Que ce soit la sauvegarde sur support numérique physique
ou la mise en ligne de corpus d'archives, il est indispensable que les
documents soient de bonne qualité. Contraint à la
dégradation physique du fait de l'âge et du défaut de
conservation, les documents audiovisuels ne présentent plus leur
fraîcheur originelle. L'opération de sauvegarde si elle est
envisagée ne consiste pas à faire une copie pour de la copie. Une
action de nettoyage du support originel doit être engagée pour
redonner vie au document destiné à la sauvegarde. Certains
supports se sont dégradés chimiquement ou physiquement dans le
fonds d'archives audiovisuelles du Bénin et exigent de ce fait une
restauration mécanique, préalable à la sauvegarde.
L'exigence accrue de qualité, notamment pour la diffusion ou
l'édition, rend souvent nécessaire une restauration des images et
sons avant leur mise à disposition. En dehors de la restauration
physique, les efforts prennent aujourd'hui en considération la question
d'une restauration numérique en temps réel des documents.
33 Les archives de la radio in Les dossiers
de l'audiovisuel, sept-oct 1986 p.32
L'aspect restauration est un chapitre de taille dans toute
entreprise archivistique. Il doit être fortement intégré
dans les actions. D'une certaine manière, la restauration règle
l'équation importante du rafraîchissement physique des documents
audiovisuels. En redonnant peau neuve aux matériels, leur contenu
reprennent vie et s'intègre fortement au vécu social.
5- La thématisation, un aspect-clé de
gestion
La thématisation est un regroupement de documents par
centres d'intérêt, catégories etc. C'est la constitution de
corpus de documents afin de les réunir dans un catalogue
thématique. La thématisation peut concerner par exemple les
discours du Président Mathieu Kérékou, actuel chef de
l'Etat béninois. Si on en décide, on devra alors rechercher les
discours prononcés par ce dernier depuis son accession au pouvoir, les
circonstances des discours en vue d'en faire un catalogue complet. La
thématisation peut également porter sur les personnalités
tous domaines confondus en suivant un ordre alphabétique. Par ailleurs
un projet de thématisation peut concerner les jeunes en politique, le
football au Bénin, la sécurité au Bénin, les danses
traditionnelles du Bénin, les chansons traditionnelles du Bénin
etc. Ce modèle de gestion et de traitement offre diverses
possibilités de manoeuvres. La thématisation donne un
sérieux poids à l'imagination aussi bien du corps de
documentalistes que des gestionnaires des archives audiovisuelles. Elle
réduit considérablement le temps de communication des documents
et facilite la célérité dans les recherches. La
thématisation est une démarche récente dans
l'archivistique audiovisuelle. A l'avenir plus qu'aujourd'hui, elle jouera un
rôle majeur dans le processus irréversible de mise en valeur des
archives audiovisuelles. Plus nettement dans le cadre d'une mise en valeur
culturelle d'archives audiovisuelles au Bénin, les propositions pour
l'avenir devront prendre en considération cet aspect.
6- Vers une gestion documentaire
informatique
L'informatique est un aspect clé dans la gestion
documentaire des archives en général. Ses fonctions
d'anticipation s'ajoutent à ses qualités de surveillance des
documents. L'informatique est un instrument de traçabilité
incontestable. Pour les cas des documents audiovisuels, une gestion
documentaire informatique s'impose à ce jour dans le contexte national
du Bénin. Pendant longtemps, le travail s'est fait manuellement avec son
train d'incohérences, d'imprécisions, d'imperfections notables.
Les fiches ou notices documentaires sont introuvables dans moult cas. Les
matériels existent sans les supports de renseignement. Or l'archivage
est un tout. Lorsque disparaît un élément de l'ensemble,
tout est à refaire.
L'une des difficultés de sauvegarde des documents
audiovisuels va se situer à ce niveau. Car l'impossibilité de
retrouver quantités d'éléments de renseignement va
créer des difficultés par endroits insurmontables dans le
processus. On sera obligé pour certains documents d'avoir les oreilles
fines pour pouvoir conclure ; pour d'autres, des hypothèses sont
attendues ; et pour d'autres encore, on sera amené à s'en
séparer malgré soi. La gestion documentaire informatisée
concernera aussi bien les notices documentaires et les matériels.
Dans le premier cas, cela est indispensable dans le sens
où une gestion informatisée donnera du crédit à
toute opération de mise en ligne. Il est inimaginable de croire qu'il
est possible de mettre en ligne un document qui est peu renseigné.
Mieux, la thématisation se nourrit entre autres des indexations,
descriptions et identifications de documents. L'outil informatique permet de
capitaliser et de mémoriser en lieux sûrs ces données
contrairement au support manuscrit en danger permanent de disparition.
Quant au second cas, la gestion informatisée des
matériels offre l'occasion de suivre le matériel, de son
entrée jusqu'à sa sortie. Elle crée un contexte de
filiation entre les matériels en élaborant les liens qui existent
entre eux. C'est le compagnon sûr du magasinier, car lui permettant de
repérer les positions du matériel en magasin.
II Mise en oeuvre d'une critériologie de sauvegarde
des archives en situation d'urgence : Un plan de sauvegarde des archives du
Bénin
La sauvegarde est perçue comme à la fois une
opération de sauvetage et d'anticipation sur le sort des documents
audiovisuels. Elle permet d'assurer la permanence de ces documents qui sont
très souvent soumis aux caprices du temps et à la mobilité
due à leur fort degré de consultation. Pour le Bénin, la
question de la sauvegarde urgente des archives découle de leur mauvaise
condition. Elle apparaît en effet comme une véritable course
contre la montre face à l'état piteux d'existence des archives.
Les bandes sont atteintes du syndrome du vinaigre. Beaucoup d'entre elles se
cassent facilement sous l'effet d'une forte température et d'une
hygrométrie inconvenable. La sauvegarde constitue dans ces conditions la
voie de l'espoir.
Mais en raison du nombre considérable des documents
frappés par le phénomène, il importera d'instaurer un
tableau critériologique dans le processus de sauvegarde. Tous les
documents en péril sont potentiellement des éléments
à sauvegarder. Mais les contingences de moyens notamment limiteront tous
les efforts et toutes les volontés. La question est alors de savoir,
qu'est ce qu'on peut sauvegarder en rapport avec les moyens dont on dispose ?
Quels sont les critères et les priorités de sauvegarde au
Bénin? Le patrimoine culturel s'apprécie dans une position de
recul temporel. De ce point de vue, les archives audiovisuelles du Bénin
qui devront faire l'objet d'une attention soutenue de sauvegarde doivent
être sélectionnés sur la base de leur ancienneté, de
leur degré de dégradation, de leur valeur de contenu et de la
demande des utilisateurs.
Le facteur temporel : Les supports
d'émissions qui précèdent de peu l'indépendance du
Bénin, celles qui vont du 1er août 1960 à la
conférence nationale des forces vives de la Nation de février
1990. Les efforts de sélection pour sauvegarder peuvent circonscrire
cette portion temporelle pour sauver les contenus des supports les plus
anciens.
Ces documents doivent être sauvés et
intégrés dans le cadre d'un plan urgent de sauvegarde.
L'historicité : Il s'agit des
documents correspondant à des phases historiques importantes de
l'histoire nationale du Bénin. A titre indicatif, les archives de
l'Agression mercenaire du 16 janvier 1977 et celles de la Conférence
Nationale des Forces Vives de la Nation de Février 1990
La demande des utilisateurs : Les
supports moins demandés ou sollicités ne sont pas aussi
exposés que ceux qui font l'objet d'une forte demande. Tout programme de
sauvegarde doit tenir compte de cette donne. Car chaque fois qu'un document
sort du magasin pour exploitation professionnelle, il perd déjà
un aspect de sa jeunesse. Et l'on doit penser à assurer sa
continuité.
La nature des supports : Certains
supports se détériorent facilement, notamment les bandes
magnétiques fines. Celles-ci doivent faire l'objet d'attention dans le
cadre d'un plan de sauvegarde.
Le contenu et la valeur des émissions
: La valeur patrimoniale et permanente des émissions doit
être le critère déterminant dans le choix des contenus
à sauvegarder. C'est pour cette raison que les efforts doivent
être portés sur :
· Les déclarations politiques
· Les émissions politiques
· Les reportages d'événements nationaux
-Les discours
· Les documentaires
· Les émissions de fiction
· Les émissions de musique et de
divertissement
· Les émissions culturelles et artistiques
· Les émissions littéraires
· Les émissions destinées à la
jeunesse
· Les émissions de fiction
· Les émissions de contes et d'histoires
Tableau 7 : Critères de sauvegarde des archives
audiovisuelles au Bénin
Le facteur temporel L'historicité La nature et
la fragilité des supports La demande Le contenu des supports
III- La sauvegarde à l'heure du numérique:
les choix possibles
Le numérique a profondément bouleversé les
habitudes dans tous les domaines d'activité. Il ne se passe aucune
discipline, aucune action qui n'ait reçu dans le contexte technologique
actuel les influences du numérique. Ce choix indispensable et
incontournable s'explique par les avantages qui y sont reliés. En effet
on y gagne en performances, en facteur temps et en
célérité dans l'exécution des tâches
quotidiennes d'archivage. Les capacités de stockage des archives peuvent
être multipliées à l'infini avec les NTIC. En tout cas,
c'est dans l'air du temps et cela paraît relever d'un impératif
que d'un simple choix.
Dans le domaine des industries audiovisuelles en
général et des archives audiovisuelles en particulier,
l'extrême utilité de ce corps de technologie n'est plus sujette
à discussion. Certains supports sont difficilement exploitables car
techniquement obsolètes. D'autres se dégradent chimiquement ou
physiquement avec le temps ou en raison de mauvaises conditions de
conservation. Beaucoup sont uniques et donc particulièrement fragiles.
Leur transfert vers d'autres supports est nécessaire. La
numérisation de l'image et du son, transforme très en profondeur
le statut de l'archive audiovisuelle. C'est un troisième mode dans
l'histoire de la reproduction. Nous avons connu longtemps la reproduction de
main d'homme, puis la reproduction technique analogique, depuis quelques
années s'est ouverte l'ère de la reproduction
numérique34. C'est un facteur réel d'avancement qui
demande de la patience et exige les investissements tous azimuts en vue de
l'atteinte des objectifs escomptés. La numérisation permet une
gestion plus souple, plus efficace du travail d'archivage. Elle ouvre
également la porte aux éventuels actes de piratage susceptibles
de gêner la bonne exploitation des contenus numérisés
dès lors que ceux-ci sont accessibles sur la toile mondiale
créant ainsi le besoin de les protéger par des techniques de
cryptage à la source ou de détection biométrique lors de
leur utilisation35.
L'un des apports de la numérisation est également
de permettre d'éviter les dégradations ou l'altération des
images et des sons et de consulter des oeuvres devenues inaccessibles par la
disparition des moyens de lecture.
Pour être plus accessibles et mieux exploitées,
les oeuvres originales doivent être numérisées sur des
supports vidéo et audio plus récents voire sur des supports
informatiques
1- Les supports possibles à la radio
Le CD ou Disque Compact devait apparaître ici comme le
choix le plus pertinent. Même s'il est appelé à vieillir,
les études et projections techniques permettent d'espérer que la
durée de vie d'un CD est d'au moins 100 ans. De ce point de vue, il
constituerait la réponse adéquate aux nécessités de
sauvegarde des contenus d'archives. La capacité de mémoire d'un
CD de 12 cm est d'environ 650 Mo, soit 74 mn d'écoute. Le temps
d'accès moyen est d'environ 300 ms avec un lecteur à double
vitesse, 250 avec un lecteur quadruple vitesse et 130 avec un lecteur sextuple
vitesse. Le CD-R est le modèle le plus récent et le plus courant
de la famille des disques dits WORM (Write Once, Read Many) qui sont
utilisés en informatique depuis déjà quelques temps. La
bande magnétique n'a pas encore prouvé son obsolescence totale.
Lorsqu'elle est conservée et préservée dans de meilleures
conditions, elle peut bel et bien braver le temps.
En dehors de ces supports physiques, le choix peut aussi
concerner l'usage de l'archivage numérique. Comme nombre d'autres pays,
le Bénin est confronté, au niveau de ses principaux médias
radiophoniques, notamment la Radiodiffusion Nationale, au problème de
l'accroissement du volume de ses
34 Rodes Jean Michel, Le corps de l'archivage
à l'heure du numérique in Médiamorphoses, Novembre
2002, p.45 35 Dubois William, Télévision, La
restauration du patrimoine, Octobre 2003, p.41
archives sonores notamment enregistrées sur bandes
analogiques. Désormais, les jours de la bande magnétiques sont
comptés. Une chaîne de radio comme Yleisradio36
n'en achète plus.
La réflexion doit maintenant prendre la direction d'une
possibilité de numérisation du système d'archivage des
stations de radio au Bénin.37 Plusieurs stations
privées de radio ont déjà créé cet
environnement en disposant d'équipements entièrement
numérisés.
Dans ce type de système, toutes les composantes sont
prises en compte : depuis la collecte de l'information jusqu'à sa
diffusion. Un système de production devra être mis en place
grâce auquel les journalistes saisissent leurs reportages, éditent
leurs interviews et enregistrent leurs propres commentaires directement sur
leur poste de travail. C'est un système qui demande qu'un réseau
local soit institué pour permettre à tous les producteurs
d'accéder aux mêmes informations. Le système enregistre par
exemple, les bulletins d'information, les journaux, les émissions. Dans
ce type de système, il devient quasiment inutile de recourir à
l'enregistrement sur bande du texte et du son des bulletins, ils sont
directement enregistrés sur le disque dur de l'ordinateur.
Même si beaucoup d'archivistes audiovisuels estiment
qu'il s'agit d'un système qui souffre d'énormes lacunes en raison
des difficultés liées à la capacité de stockage
limitée, des solutions de contournement existent. En dehors des
opérations de copie sur supports physiques sus
énumérées, on peut choisir d'augmenter la mémoire
du système en achetant des disques durs supplémentaires. Il
faudra pour cela estimer les archives, leur nombre, leur rythme d'augmentation
annuelle. Si nous estimons que les archives d'une chaîne augmentent de
cinq à dix mille heures par an, les dix mille heures de son (en
stéréo) linéaire occupent environ 7 téraoctets de
mémoire38. Ceci revient nettement moins cher que l'archivage
sur bande analogique.
2- Le cas de la télévision
Le DVD (Digital Versatile Disc ou Digital Video Disc) mis sur
le marché en 1997 a le même diamètre que le CD audio (12
cm), mais grâce à l'utilisation d'un laser à longueur
d'onde réduite et à une augmentation de la densité
d'inscription des données, sa capacité de mémoire sur une
couche est
36 Radio Finlande Internationale 37 Un
projet de numérisation des installations de la Radio Nationale du
Bénin est en cours. En dehors de l'antenne, il permettra progressivement
de prendre en compte la chaîne de production et la Rédaction du
Journal Parlé. 38 Gronow (P), Petäjä (M)
Archives sonores numériques YLE, 1998, p.2
multipliée par 7 et portée à 4,7 Go. En
outre, on pourra fabriquer des disques DVD à structure bi-couche, chaque
couche étant lue par un faisceau laser de longueur d'onde
différente, ce qui portera la capacité de mémoire à
9 Go. En principe, en collant ensemble deux de ces disques à double
couche comme on le fait avec le Laser Vision, on atteindrait une
capacité totale de 18 Go. Ce disque est destiné à
l'enregistrement de films vidéos avec compression de données ou
à celui de textes et de données multimédias, comme le
CD-ROM, mais dans ce cas avec des capacités de mémoire nettement
supérieures.
Les organismes de normalisation internationales (SMPTE,
UER........) tendent à faire converger les initiatives des uns et des
autres vers des systèmes de stockage pour la sauvegarde et la
conservation utilisant des standards de fait et des systèmes dits
propriétaires hors course. Les choix opérés par les
principaux détenteurs d'archives audiovisuelles consistent à
transférer les contenus des supports les plus anciens, 2 pouces, 1
pouce, Umatic et Umatic H (BVU) vers un format générique, par
exemple Betacam numérique et DLT. Ce clone numérique est ensuite
mis sous la forme de deux fichiers numériques, l'un équivalent
à la qualité de l'original « diffusable »
compressé en Mpeg2 entre 8 et 12 Mbits et l'autre pour une future
consultation en basse qualité (proche du VHS pour la vidéo)
compressé en Mpeg1. Ce format n'est pas très convivial pour une
bonne consultation d'archives en ligne bien qu'offrant un bon compromis
poids/qualité. La norme Mpeg4 qui compresse la vidéo et le son
permettra de véhiculer sur le réseau mondial des images et des
sons de qualité.
De la même façon que pour la radio nous avons
évoqué la possibilité d'un usage de disques durs et de
cartouches de sauvegarde, la démarche professionnelle au niveau des
supports de télévision intègre également ces
éléments précités.
3- La mise en ligne des archives : un objectif à
atteindre
Dans le contexte mondial des archives, la numérisation
permet de tirer des bénéfices énormes. Entre autres la
conservation en ligne de documents. La pratique moderne de l'archivage prend
sérieusement en compte cet aspect.
Les avantages sont liés à la modernité de
la pratique, le gain d'espace et la rapidité dans l'exécution des
tâches. Dans cette organisation idéale, l'information est au bout
de quelques clics de souris.
Dans nombre des cas, rien ne remplace l'accès au site
même où se trouve le patrimoine documentaire lorsqu'il est
essentiel d'accéder au support, ainsi qu'à son contenu. Cet
accès reste toutefois souvent impossible en raison plus peut être
des distances géographiques que des contraintes liées à la
conservation. La numérisation du contenu s'avère être une
stratégie d'accès efficace à de nombreux égards :
elle est parfois relativement abordable et peut être offerte gratuitement
à l'utilisateur via Internet.
L'évolution des outils documentaires, en particulier la
gestion électronique de documents, et les capacités de stockage
permettent l'accès on-line aux documents primaires. La mise en ligne
d'archives audiovisuelles est une passerelle de sauvegarde et de conservation
de la mémoire. Elle doit pouvoir être saisie par le Bénin
comme une solution parmi tant d'autres dans la dynamique mondiale actuelle.
Tableau 8 : Type de supports de sauvegarde
selon les médias
Médias
|
Supports
|
TV
|
DVD, CD, CD-WORM, BETA NUM, INTERNET
|
Radio
|
CD, CD-WORM, CD-R, INTERNET
|
CHAPITRE III DE LA NECESSITE DE CREATION D'UN CENTRE
CULTUREL DES ARCHIVES DE L'AUDIOVISUEL
Dans un projet de réorganisation générale
du secteur des archives audiovisuelles au Bénin, la réflexion
doit être intégrale. Ceci suppose une prise en compte globale des
actions susceptibles d'impulser le secteur. Au Bénin, il importe de
repenser la question de l'archivage audiovisuel. Jusqu'ici, l'état des
lieux souffle un constat d'insatisfaction totale. Il se pose aujourd'hui la
nécessité d'un nouveau départ tant dans les politiques qui
indiquent le chemin que dans la mise en oeuvre structurelle. Nous pensons
aujourd'hui qu'il urge que naisse une structure nationale ayant plus à
coeur la problématique de l'archivage au Bénin dans une
perspective culturelle. Ceci va sonner une aube nouvelle dans le processus de
prise en compte culturelle du patrimoine audiovisuel au Bénin.
I- Pertinence de la proposition par rapport à
l'existant : les Archives nationales
Rattachées à la Présidence de la
République depuis 1990 et relevant du secrétariat
général du Gouvernement, les Archives Nationales
représentent l'organe de l'Etat compétent pour toutes les
questions d'archives au terme du décret numéro 380 du 04
décembre 1990 relatif aux Archives. Les archives nationales ont pour
missions de :
· collecter, conserver et communiquer l'ensemble des
documents qui procèdent de l'activitéde l'Etat, des
collectivités locales, des entreprises et Etablissements publics et
Semipublics
· contrôler la gestion des archives publiques
détenues par les institutions de l'Etat, les ministères, les
entreprises et établissement publics et semi-publics, les
collectivités locales et les organismes privés chargés de
la gestion d'un service public
· mettre à la disposition des utilisateurs les
archives publiques dans les limites des délais decommunication ;
-oeuvrer à la sauvegarde des archives privées
En dehors des microfilms, documents historiques et autres
documents contemporains importants, les archives nationales hébergent
seulement 150 bandes magnétiques, vidéo et disques (comme nous le
mentionnons en première partie). En matière de conservation des
archives audiovisuelles, elles n'ont jamais reçu les versements des
chaînes publiques de radio et de télévision. Les
Archives
nationales n'ont pas une grande audience et ne sont pas un
endroit fréquenté39.
L'autorité des Archives Nationales ne s'est nullement
affirmée sur l'audiovisuel. Le besoin de valorisation des archives
amène à repenser leur cadre structurel. Ce qui explique la
proposition de création d'un Centre Culturel des Archives
audiovisuelles. Il n'est pas question ici d'un dépôt légal,
mais d'une structure qui va mettre en valeur grâce à des
opérations de sauvegarde ou de recopie les documents d'archives de
l'ORTB (Office de Radiodiffusion et Télévision du
Bénin).
II- Présentation du centre
Le Centre Culturel des Archives Audiovisuelles sera un espace
de mobilisation des archives audiovisuelles sauvegardées. Elle
hébergera à des fins de conservation les copies
sauvegardées des documents les plus importants de l'histoire, la
politique, l'économie et la culture du Bénin. Grâce
à la collaboration avec l'Office de Radiodiffusion et
Télévision du Bénin, les documents sonores et
télévisuels d'importance, selon les critères
d'ancienneté, de valeur, de degré de dégradation, seront
recherchés dans les magasins et retrouvés. Ceux- ci feront
l'objet d'un programme de sauvegarde (recopie) sur de supports nouveaux (CD,
DVD). L'ensemble des supports issus de cette opération seront
stockés dans ce centre. Au-delà du stockage des documents
sauvegardés, ledit centre peut exceptionnellement accueillir des
originaux restaurés émanant des médias publics, en vue de
les sécuriser.
Le Centre Culturel des Archives Audiovisuelles (CCA) ne va pas
se substituer aux activités de conservation qui reviennent de droit aux
médias qui ont un pouvoir sur leur fond. Mais grâce à son
existence, les pratiques en matière de conservation et de
préservation d'archives seront maintenant assainies et facilitées
au niveau des médias publics.
Sa particularité réside dans le fait qu'il
n'accueillira que des documents sur lesquels des critères
d'historicité, d'ancienneté vont être définis.
Mieux, il jouera un rôle culturel auprès de la population et de
l'ensemble des acteurs culturels. D'où les activités que nous lui
concédons à titre expérimental.
Ce centre sera implanté à Cotonou, capitale
économique du Bénin dans un cadre réglementaire en terme
de dimension. Le bâtiment que nous voulons moderne doit être
équipé d'outils adéquats tels que les matériels de
conservation préventive (mobiliers, matériaux
scénographiques, contrôle d'environnement climatique etc), les
matériels de fonctionnement (visionnage, matériels audio et de
39 Les raisons sont évoquées dans la
Première Partie chapitre IV, II-1 Les archives dans les
systèmes de valeurs
projection etc).
III- Les programmes du Centre Culturel des Archives
Audiovisuelles
S'il est vrai que l'accès permanent aux archives
constitue le but de la conservation, le CCA sera l'élément
matériel, témoin de tous les efforts consentis en vue de la
sauvegarde du riche patrimoine audiovisuel du Bénin, avec pour objectif
induit la valorisation culturelle des archives. Plus explicitement, il va
secréter une horde d'activités qui lui donneront son cachet
culturel.
Le facteur culturel est le pilier dorsal de la proposition. Le
centre parce qu'il comportera, moins les originaux que les copies
sauvegardées de documents permettra d'organiser tout autour des
programmes culturels importants. La vocation première de ce lieu est
d'être un repère culturel où toutes les
générations pourront prendre langue avec leur mémoire
collective. Il sera un haut lieu d'enseignement sur le contenu historique et
culturel des archives en démocratisant l'accès à certains
documents tenus trop secrets. C'est une vitrine qui s'ouvre sur
quantités de programmes, l'ensemble concourant à la valorisation
culturelle des archives audiovisuelles40.
· Mise à dispositions de festivals de
corpus d'archives
Le Bénin abrite une multitude d'événements
culturels populaires, notamment les festivals (films, théâtres,
danses etc). La faible connaissance par les populations de leur histoire peut
être comblée à la faveur de ces manifestations. C'est pour
cela qu'en communiquant à ces événements culturels une
partie du patrimoine audiovisuel du pays, on peut relever le niveau de
connaissance des populations sur leur histoire. Les promoteurs de festivals et
autres événements culturels pourront puiser dans le potentiel que
leur offrira ce centre en se procurant les copies d'archives
thématiques.
La valorisation culturelle des archives audiovisuelles dans les
festivals loin d'être un choix est un impératif. Les services
d'archives du monde sortent leurs archives à ces occasions. La puissance
de pénétration des festivals dans la conscience populaire est un
volet qui milite en faveur du choix. Le caractère direct, populaire des
festivals est une constante universelle. C'est pour cette raison qu'une
structure comme l'INA a toujours marqué sa présence dans les
festivals par la mise à disposition de
40 Les points les plus importants de ce programme
seront développés dans la suite de notre analyse.
corpus d'archives.
Pour le Bénin, le jeu en vaut la chandelle. Le contexte
est largement propice à la faisabilité d'une telle action. En
effet, le Bénin compte plusieurs festivals culturels qui peuvent servir
de canaux de diffusion aux archives. En fait de festivals, ceux qui portent sur
le cinéma doivent être les meilleurs relais des archives dans le
cadre de leur valorisation culturelle. Le Bénin abrite à la date
d'aujourd'hui trois festivals de cinéma qui, à chaque
édition et en fonction des thématiques, doivent cibler les
archives correspondantes pour appuyer les programmations.
Les activités complémentaires rattachées
à l'agenda de ces festivals doivent prendre en considération les
archives.
· Accueil et conservation des documents
audiovisuels importants d'institutions culturelles ou non
Des institutions culturelles ou non capitalisent des
trésors d'archives audiovisuelles propres qui se
détériorent par manque de conservation. Elles pourront se
rabattre sur ce centre pour la sauvegarde et la conservation de leur patrimoine
audiovisuel institutionnel. Ce dernier après accords avec les
déposants peut exploiter leurs archives.
· Communication des documents d'archives aux
milieux culturels et de création
Les milieux culturels (artistes de la chanson,
réalisateurs de cinéma à titre illustratif) sont des
consommateurs d'archives audiovisuelles. Si celles-ci ne nourrissent pas leur
inspiration, elles leur permettent d'illustrer leurs oeuvres. Le plus souvent
par manque de référents institutionnels, ils abandonnent
quantité de leur projet ou de leur message (dans leurs oeuvres). Ce
centre leur apportera la solution. Car ils auront la possibilité, sauf
cas de consultation simple, de se procurer des extraits spécifiques au
terme de certaines exigences en matière de droits.
· La découverte de la mémoire
audiovisuelle du Bénin par le tourisme culturel
Le type de centre que nous projetons peut être
visité par des touristes à qui l'on proposera au cours de leur
visite des séances de visionnage des documents d'archives qui leur
donneront
l'occasion de traverser l'histoire du Bénin dans ses
différentes composantes. Le tourisme culturel est la forme touristique
qui s'appuie sur la culture, les contenus et les événements
culturels. Même si d'autres formes plus ou moins controversées se
développent dans ses périmètres ces dernières
années, il reste un genre tout à fait mobilisateur.
De ce point de vue, le dynamisme et le caractère humain
des archives audiovisuelles peuvent y contribuer durement. Un touriste
étranger peut approfondir ses connaissances du Bénin lorsqu'il
lui est offert de visiter des documents radio et télévision qui
retracent les activités des hommes plusieurs années auparavant.
Ceci lui confère des outils ou des éléments de
comparaison, d'analyse, de partage, de dialogue et de connaissance de l'autre
dans ses différences.
Le patrimoine audiovisuel du Bénin en raison de son
contenu riche, varié mais inexploitable jusqu'alors doit être
résolument mis au service du tourisme culturel. On doit pouvoir observer
une halte après plusieurs heures de visites de monuments, de
musées, de sites archéologiques pour feuilleter l'inestimable
mémoire de la radio et de la télévision. Un modèle
de faisabilité peut consister, s'il existe une organisation
sérieuse, à projeter dans les bus touristiques lors des voyages
non des films d'action mais des documents audiovisuels anciens sur les faits,
événements et personnalités qui ont marqué le
déroulement historique du Bénin. Un programme qui pour être
porteur doit être intégré à un processus
d'explications des contenus par des animateurs formés à cet
effet.
Une telle démarche donnera l'occasion d'associer puis de
renforcer le couple archive-tourisme
· La programmation de projection gratuite et
commentée de documents d'archives
Une grande salle de projection et de conférence
aménagée va accueillir des séances de projection de
documents d'archives à l'occasion de commémorations ou
d'anniversaires d'événements nationaux importants. Des
programmations hebdomadaires seront également prévues sur
différentes thématiques. L'entrée à ces
programmations seront gratuites, le but étant de permettre au public le
plus large d'y participer et de s'y retrouver.
· L'édition de supports
d'archives
Des supports CD, DVD à partir de sources d'archives
copiées seront édités. Cette technologie permet de
rassembler des collections dispersées sous une forme aisément
accessible. Une fois le disque original créé, les copies peuvent
être fabriquées à grande échelle ou reproduites
l'une après l'autre. Les supports produits pourront être
destinées aux institutions culturelles, médias,
représentations diplomatiques, centres d'enseignements scolaires t
universitaires etc.
· La mise en ligne de corpus
d'archives
Au fur et à mesure de son développement, Internet
constitue un outil d'accès novateur aux images, sons, textes et
graphiques numérisés. Dans le monde entier, un nombre croissant
de collections, tant publiques que privées, sont
numérisées et nombreuses sont celles qui sont accessibles
gratuitement à tous ceux qui disposent d'un terminal et de moyens de
connexion. Internet abolit les distances et constitue un outil toujours plus
puissant, au service de l'accès au patrimoine documentaire,
précisément audiovisuel.
Le centre culturel des archives audiovisuelles sera alors
doté d'un site Internet qui hébergera des corpus d'archives
représentatives de la culture nationale.
· Les expositions permanentes ou temporaires
dans l'enceinte du centre
Pour permettre au public de profiter des archives et de leur
enseignement, un autre moyen didactique passe par les expositions qui
mêleront des images et des voix avec une scénographie
adaptée à la thématique choisie.
· Les colloques et conférences autour
de documents d'archives
Ces rencontres donneront l'occasion aux chercheurs,
universitaires, étudiants, fonctionnaires de tous ordres et tous autres
publics intéressés de croiser les réflexions sur des
thématiques précises qui se dégageront des archives. Des
discussions porteront sur des aspects prégnants de l'histoire nationale
captés par les documents d'archives.
Figure 1 : Offres culturelles aux
publics
IV- Outils majeurs de valorisation culturelle des archives
audiovisuelles publiques au Bénin
Lorsque l'on évoque la question de la mise en valeur
d'archives, plusieurs idées parviennent à l'esprit. Dans ce
fourmillement de réflexions, l'aspect culturel semble le premier
élément d'analyse. Les archives ont d'abord de par leur contenu
une densité culturelle. Leur application économique et tutti
quanti n'arrivent qu'en seconde zone. C'est fort de cela que l'analyse de leur
valorisation culturelle doit être une préoccupation
quasi-permanente. L'analyse des publics à atteindre et les vertus de la
communication sont des éléments qui entrent en ligne de compte
dans la démarche.
1- L'objectivisme et le subjectivisme du
choix
Le choix de la valorisation culturelle des archives
audiovisuelles reste et demeure ces dernières années dans la
conscience des pays qui en ont compris la nécessité un programme
patrimonial d'importance. Parler de la valorisation culturelle des archives,
c'est penser à leur rôle dans la société, leur
interaction sociale. Les archives, parce qu'elles sont destinées
à la bonne information et la formation de la société
doivent faire l'objet d'une communication et d'une diffusion. La valorisation
culturelle des archives audiovisuelles évite leur fossilisation. Les
archives ne sont pas destinées à être mises sous cape. Leur
intérêt provient de leur degré de fréquentation. Et
le facteur qui garantit le fort taux d'accessibilité reste
indubitablement le facteur culturel. Toute politique centrée sur le
culturel a de fortes chances d'atteindre ses objectifs de départ.
Mais il faudra reconnaître que la solution de la mise en
valeur ne passe pas forcément par les programmes culturels. Les nouveaux
enjeux en matière de gestion des archives font appel à des formes
qui contournent des choix culturels. C'est par exemple, le choix de la
valorisation commerciale pour lequel l'INA a opté ces dernières
années, et qui à notre avis ne viendrait qu'en dernier ressort de
toute action globale de valorisation.
2- La politique des publics face aux engagements
culturels des archives audiovisuelles
Quels sont les publics auxquels s'adresse en priorité le
calendrier des archives audiovisuelles ? En quels termes se pose la question de
l'offre ? Pas de réponses univoques face à cet ensemble de
questionnements. L'importance des chapitres de valorisation culturelle du
patrimoine audiovisuel se mesure à l'aune d'un bon ciblage des publics
dans des circonstances bien identifiées. En définitive, la
politique des publics chemine avec les défis culturels qui se posent aux
archives en général, aux documents audiovisuels en
particulier.
L'offre aux publics est entendue comme l'ensemble des actions
produites par les services culturels en direction des publics. Trois
catégories de publics nous intéressent dans le cadre de cette
étude. Elles nous permettrons de cerner la particularité des
types d'activités adaptées à chaque cible.
2-1 L'offre tout - public
L'action est orientée ici vers un public non
spécialisé. Son caractère composite et divers doit guider
des actions plus généralistes. La diffusion ou la popularisation
des archives ne seront efficientes que si elles empruntent le canal des visites
portes ouvertes, les expositions (temporaires et hors les murs), les visites
thématiques, les cycles de conférences, les colloques, les
visites touristiques et les niches culturelles.
2-2 L'offre aux étudiants
En dehors des mobiles de recherche qui entrent dans un cadre
strictement scientifique, les offres dans ce cas peuvent prendre la forme de
visites conférences destinées à confronter les
mentalités parfois rénovées des étudiants avec les
vraies réalités des contenus archivistiques. Ces visites
conférences peuvent être complétées par des
programmes de colloques sur des thématiques bien spécifiques
(périodes, personnalités, événements, etc).
2-3 L'offre aux jeunes et scolaires
C'est d'un point de vue strictement subjectif, la population
sociale sur laquelle, il importe aujourd'hui de concentrer et de reporter le
clair des actions. Les efforts de rattrapage que nous imposent la
méconnaissance des archives audiovisuelles doivent aller en direction de
cette couche juvénile en mal de repères. Les archives de radio et
de télévision doivent pouvoir les situer sur des
antériorités politiques, historiques, sociales et culturelles,
dans le pur dessein de leur permettre de forger leur auto réflexion sur
l'avenir.
L'offre culturelle nécessite à cet effet une
densification correcte allant d'ateliers pédagogiques à des
visites conférences en passant par les classes patrimoine ou culture,
les itinéraires patrimoniaux sur les archives audiovisuelles, les
visites d'exposition, les activités pédagogiques avec les
musées comme par exemple la mise à disposition de dossiers
pédagogiques, les visionnages et les auditions, l'édition de
médias interactifs comme les CD-ROM sur les contenus des archives
audiovisuelles, les vidéodisques, les jeux interactifs.
Figure 2 : La politique des publics dans la
valorisation culturelle des archives
Tout public
Public étudiant
3- Archives audiovisuelles, valorisation culturelle et
communication culturelle
La communication est l'un des éléments essentiels
de la valorisation des archives et de leurs services éducatifs. Il
existe incontestablement un lien fort entre archives et communication. Les
archives sont faites pour être communiquées. Sans la
communication, les archives se fossiliseront dans le réduit des locaux
de conservation. Et lorsqu'on parle de communication dans le cadre des archives
audiovisuelles, on est dans le cadre d'une communication culturelle de masse.
Cette dernière passe par une pluralité de points et d'actions.
Outre l'information par des moyens de communication externe, les agents
culturels doivent pouvoir offrir au public des documents d'appel ou de
présentation qui permettent de renseigner et de proposer les services
adaptés à la demande
3-1 Les services de communication culturelle
proposés
Les différentes structures impliquées de quelque
manière que ce soit dans les archives doivent mener des actions de
communication culturelle qui portent en minorité sur les services
qu'elles doivent offrir traditionnellement au public à savoir : accueil,
aide et orientation. En revanche, leurs actions doivent pointer les moyens avec
lesquels ces services informent sur leurs activités.
La communication culturelle sur les archives suppose que les
structures impliquées dans
la valorisation culturelle, comme le Centre Culturel des
archives audiovisuelles en projet, informent sur les
activités qu'elles mènent et les manifestations
qu'elles organisent par l'entremise des supports que sont la
radio, la télévision la presse écrite et
l'Internet. Dans cet ordre d'idées, l'on retrouve les médias
spécialisés
voire généralistes, les médias associatifs
et les revues scientifiques.
L'Internet évoqué ci-dessus doit être
intégré radicalement dans les pratiques de communication des
services concernés.
Dans le même sillage, la politique de communication
culturelle est perçue comme le rôle
des services d'archives de programmer et mettre à
disposition des festivals, expositions, institutions
culturelles, opérateurs culturels des corpus et extraits
thématiques dans le cadre des grandes
manifestation culturelles. L'accompagnement de
l'intégration de l'image dans les pratiques par une
politique active de communication de programmes entiers vers le
secteur institutionnel.
3-2 Les produits de communication
culturelle
Ce sont les documents papier, brochures ou dépliants de
présentation, programme des activités, plan du service, aide
à la visite, catalogues, dossiers de presse et autres communiqués
qui servent d'éléments de visibilité des actions
entreprises par les services d'archives. Les produits de communication sus
indiqués ont le devoir d'aller aussi bien vers les médias que
vers le grand public. Les documents de présentation sont les produits
les plus utilisés en communication culturelle. A cela s'ajoutent
d'autres documents comme les affiches, les marque-pages, les signets, les
feuilles ponctuelles sur les événements, les plaquettes produites
à l'occasion d'une manifestation, les lettres d'information, les guides
pratiques pour l'utilisation des archives, les prospectus d'information
pédagogique. Le dispositif de communication doit prévoir
également des documents en écriture braille à mettre
à la disposition des aveugles et autres malvoyants : textes en braille,
maquette tactile.
3-3-L'animation d'émissions s'inspirant des
archives audiovisuelles
Dans le cadre de ce projet, une autre manière de
redonner vie aux archives en les mettant au service d'objectifs culturels
serait de les intégrer dans des programmes de radio et de
télévision. C'est une façon toute simple de les rendre
vivantes. Ainsi donc, des émissions peuvent constamment puiser dans les
fonds archivistiques à l'instar de l'émission «
Archives d'Afrique »41 de Radio France Internationale.
L'avantage est double dans ce cas. Il se situe dans le fait pour les archives
de sortir du risque de fossilisation et d'être utile à l'ensemble
de la communauté. Ensuite, c'est une façon induite d'encourager
l'archivage des documents. Les efforts s'intensifieront ainsi autour du projet
d'archivage pour être mis au service des émissions qui se
nourrissent de ces archives.
Mieux, des fonds d'émissions culturelles seront
constituées à travers des productions radiophoniques et
télévisuelles sur le patrimoine culturel dans son ensemble. Des
émissions entières porteront sur les danses, les rituels, les
sites, les pratiques culturelles. Tout ceci va accroître le capital voire
le potentiel documentaire béninois en matière culturelle.
3-4 L'initiation des entretiens du patrimoine, comme
complément d'actions culturelles
La question de l'accroissement, l'enrichissement des
collections est un chapitre clé de toute action de gestion d'un fonds.
Il n'y a pas de collections définitives, pas plus qu'un fonds ne se
limite à ses premières acquisitions. C'est un processus sans fin,
qui se nourrit d'expériences complémentaires et utiles. C'est
à cette seule condition qu'une institution culturelle peut varier les
possibilités offertes au public et remplir au mieux sa fonction
culturelle. Les archives en général, aussi bien que les
musées et les bibliothèques s'inscrivent dans une logique
transversale de ce point de vue. Un conservateur de musée doit sans
cesse par don, achat, prêt, dépôt veiller à
l'accroissement de ses collections. Cette préoccupation de chasse
à l'oeuvre taraude également le conservateur d'archives
audiovisuelles. Ceci lui permet de combler les trous observés et de
racheter la société face à son histoire. Entendu ainsi, il
est possible pour des sujets sur lesquels on dispose de très peu
d'éléments, et dont les acteurs ou les protagonistes sont encore
en vie d'entreprendre l'oeuvre de recueil de leurs témoignages. Hamadou
Ampaté Ba avait déjà compris cela lorsqu'il écrit
qu'en Afrique lorsqu'un vieillard meurt c'est une bibliothèque qui
brûle. La proposition des « entretiens du patrimoine »
permettra de vite éteindre le feu qui risque de consumer la
bibliothèque que constituent ces mémoires encore vivantes. La
démarche a pour but de sauver ce qui peut l'être pour
éviter que ne s'éteigne sous nos yeux notre histoire. Au
Bénin, où beaucoup de documents ont dû disparaître
sous l'effet de plusieurs facteurs sus énumérés, il
41 Il s'agit d'une production de Radio France
Internationale réalisée par le franco-camerounais Alain Foka.
Elle s'appuie sur les documents d'archives pour livrer une grande page de
l'histoire africaine à travers ses grands hommes.
urge alors de sauter sur les acteurs de certains faits
prégnants encore en vie pour reconstituer des faits42.
L'initiative doit être conduite aussi bien dans les médias publics
que dans des lieux du patrimoine garant de la mémoire du peuple.
3-4-1 Dans les médias publics
Les médias publics dans le cadre de leur mission
culturelle au service du développement
national doivent mobiliser les efforts et apporter leur
écot à l'aboutissement correct des entreprises de
valorisation culturelle des archives. Pour provoquer le rendez
vous entre les générations actuelles et
celles à venir, il faut présenter à ces
dernières toute leur histoire.
La mémoire d'un peuple ne peut pas lui être
présentée par morceaux. Or aujourd'hui,
face à l'évidence d'un mauvais traitement des
archives et à l'indifférence affichée vis-à-vis de
leur
conservation, le risque de perte de quantités de
documents importants est présent. Mieux que cela, les
archives ignorent certaines figures qui ont marqué leur
temps parce qu'on n'a pas eu le bon flair de les
immortaliser pour les générations. Les
médias doivent corriger leurs tares, rattraper leurs retards. Car,
nombre de ces figures sont encore vivantes. Des campagnes
d'enregistrements patrimoniaux doivent
alors être initiées dans le cadre d'un programme
spécial initié par ces médias. Des figures politiques,
culturelles, littéraires doivent être
interviewées sur des sujets précis dans le cadre de dossiers
prégnants
pour lesquels les livres et autres imprimés restent
parfois muets. Des témoignages de leurs congénères
encore vivants, d'historiens seront recueillis à l'appui
pour produire in fine des supports complets qui
pourront être absorbés par les lieux de culture
(bibliothèques, centres d'archives, musées etc).
3-4-2 Hors des médias
L'initiative des entretiens du patrimoine ne doit pas
être laissée aux seuls médias. Les impératifs
d'actualité et autres contraintes peuvent retarder leurs actions. C'est
pour cela que les bibliothèques, musées, centres culturels ont
aussi le devoir de commander ce type d'enregistrement qui enrichira leurs
collections et programmes d'activités.
42 Ici apparaît le lien avec le programme de
l'UNESCO sur la sauvegarde du patrimoine immatériel et des
Trésors humains vivants.
4- La valorisation culturelle des archives, un nouvel
axe de développement national
Les archives audiovisuelles ne doivent plus être
considérées aujourd'hui comme il y a une vingtaine
d'années. Le changement d'attitude de la société
vis-à-vis d'elles est à fortement rechercher. Continuatrices
positives de la conscience des groupes sociaux, les archives sont des canaux de
formation intergénérationnelle. L'observation des archives, leur
position sociale et le rôle pédagogiques qu'elles jouent sont
autant de facteurs qui peuvent induire le développement.
L'enjeu économique des archives est
indémontrable. Elles sont au confluent des activités
d'éditeurs, de producteurs, d'opérateurs culturels pour ne citer
que ceux-là. Par conséquent, les incidences financières
sont énormes pour les services de communication d'archives.
La promotion culturelle des archives est un chapitre entier
d'enseignement. La lecture des archives, leur interprétation
suggère des idées nouvelles s'inspirant du passé. Le
niveau d'observation des contenus permet d'analyser les échecs, d'en
détecter les mobiles, de les éviter dans les expériences
nouvelles et de tirer bénéfices des succès.
Il ne sert à rien de regarder platement dans les
contenus des archives. Elles sont une mine de renseignements pouvant aider les
responsables à divers niveaux dans les stratégies d'actions et
dans la mise en oeuvre de politique. Ce sont des outils d'aide à la
décision.
La valorisation culturelle des archives audiovisuelles, comme
nous le démontrions plus haut peut être mis au service du tourisme
culturel. Et dans ce cas, les bénéfices et les profits qui en
découleront sont insoupçonnables, à l'aune des
activités directes et indirectes qui y sont rattachées.
Dans un contexte de mondialisation où tout peut et doit
contribuer au développement, les archives audiovisuelles sont un bout
majeur à tenir. La culture étant un élément de
poids dans l'exercice des capacités, la mise en valeur culturelle des
archives doit permettre de ratisser large par l'invention de schémas
diversifiés autour de la philosophie du développement. Le
préambule du site Internet du Conseil International des Archives tout en
reconnaissant d'ailleurs que les archives sont un élément
clé de la société de l'information, ajoute «
qu'en témoignant des activités menées et des
décisions prises, elles assurent à la fois la continuité
des organismes et la justification de leurs droits, ainsi que de ceux des
individus et des États. Parce qu'elles garantissent l'accès des
citoyens à l'information administrative et le droit des peuples à
connaître leur histoire, les archives sont essentielles à
l'exercice de la démocratie, à la responsabilisation des pouvoirs
publics et à la bonne gouvernance »
V- Autorité de coordination et de surveillance
Le Centre culturel des Archives audiovisuelles pour rester
efficace et servir de pôle de mobilisation sociale autour de la question
des archives doit connaître une orientation qui le distingue des Archives
nationales et des vidéothèques des médias publics. Un tel
centre ne vient aucunement se substituer à ces derniers. Mieux, sa
survenue ne les dépouille pas de leurs nombreuses applications. Le
centre apparaît plutôt comme un élément d'appui aux
archives nationales et aux médias dans leur volet conservation
audiovisuelle en servant en même temps de pôle de valorisation
culturelle.
Pour donner une visibilité et une lisibilité aux
activités du centre et atteindre l'objectif désiré, la
stratégie consistera à lui conférer une autonomie
complète. La structure d'appui incontournable dans cette organisation
doit être l'organe public de médias qu'est l'ORTB, l'Office de
Radiodiffusion et télévision du Bénin. Ceci s'explique par
le fait que l'ORTB en tant que service public est le seul à disposer
dans ses magasins d'un stock important d'archives audiovisuelles publiques. La
traversée de la culture et l'histoire nationale du Bénin à
travers la mémoire audiovisuelle passe forcément par les magasins
de l'Office.
Autorité publique de coordination et de surveillance,
l'organe public de médias mutualisera ses efforts avec la Direction
dudit centre dans le cadre de sa gestion en vue de l'édiction des
programmes culturels qui concordent avec l'esprit du centre.
Les Archives Nationales ne seront point laissées en
marge dans le cadre de la recherche de partenariat. Leur rôle et place
resteront déterminants dans cette mouvance, car elles disposent d'un
minimum de collections pouvant être valablement exploitées.
Ce centre est également amené à recevoir
les documents émanant des médias privés dans le cadre d'un
dépôt volontaire qui obéira néanmoins à des
accords précis. L'objectif d'ensemble est de s'assurer au mieux de
documents de mémoire représentatifs du paysage national.
Figure 3 : Diagramme de relations entre le futur
Centre Culturel des Archives Audiovisuelles (CCA) et les autres
structures
Chaînes Archives
privées Nationales (relations
possibles)
VI- De la protection juridique des documents
audiovisuels
La gestion juridique des archives audiovisuelles
s'intègre toujours à la conception globale de leur conservation.
Dans les services d'archives du monde, une attention particulière est
accordée aux aspects de droit.
L'appréciation des questions juridiques oriente les
programmes de sauvegarde et autres choix mis en route par les centres de
conservation des archives. Il peut arriver qu'un document audiovisuel soit en
même temps une oeuvre créatrice importante qui démontre les
capacités de création de ses auteurs. A partir de ce moment, il
est utile de penser dans la dynamique de son exploitation aux droits d'auteurs
et autres droits voisins43. Les archives audiovisuelles sont des
produits de création. Elles mettent en commun les efforts d'auteurs, de
producteurs, de réalisateurs etc. Cela va au-delà des corps de
compétences participant à l'oeuvre pour toucher les ayant droits
et ayant droits voisins. Autrement dit, les obligations
43 Ceci est d'une importance capitale surtout dans
le cadre de la communication des corpus d'archives aux milieux de
création. Des précisions juridiques sont incontournables dans de
telles opérations.
contractuelles, la loi sur les droits d'auteurs, les droits
moraux, les accords et les liens entre donateurs, les dépositaires ou
les clients doivent être constamment respectés et
préservés dans l'intégrité et la transparence, tant
il est vrai que la confiance peut être facilement brisée
dès lors que l'on en abuse. C'est pour cette raison qu'il est important
dans le cadre du projet de création d'un tel centre de promotion
culturelle des archives de mettre un accent particulier sur le volet
juridique.
Nous proposons d'ailleurs la mise sur pied d'un cadre juridique
spécifique qui réglemente la gestion des archives. Si à
première vue, les archives audiovisuelles qui entreront dans le cadre de
ce projet sont publiques, il est en revanche clair que la collecte est
appelée à s'étendre aux autres médias
privés. Et bien qu'il ne soit question à cette phase que des
archives de médias publics, il ne faut pas oublier que les documents
audiovisuels comme tous autres documents portent la marque d'une
création de leurs auteurs. Autant de points sur lesquels des
réflexions approfondies doivent être menées pour aboutir
à des propositions juridiques sérieuses.
VII Le rôle de l'Etat dans le mouvement
En raison de l'absence du sentiment physique face à la
question de la dégradation des archives, c'est au niveau de l'Etat que
les grandes décisions se prennent pour leur sauvegarde et leur
valorisation. En France, la question est devenue un choix politique majeur et
fait l'objet d'une préoccupation au sommet. Dans cette mouvance qu'on
est amené à créer à partir des archives
audiovisuelles, l'Etat doit être le premier partenaire. Au Bénin,
où les dangers de l'inaction seront suicidaires pour l'avenir du
patrimoine audiovisuel, il est quasiment indispensable que les décideurs
s'investissent à fond pour impulser les efforts qui seront entrepris
dans ce sillage.
1- La mise en oeuvre d'un cadre juridique
Il urge d'encadrer les actions à engager en les
inscrivant dans une démarche juridique qui en fixe les bases. Cela
permettra par exemple dans le cadre du réchauffement des attributions
des Archives Nationales et de la mise en route d'un centre culturel des
Archives Nationales de clarifier les démarches. Car, il n'est pas
superflu de rappeler que le droit est intimement lié à la
question de l'audiovisuel. La pratique de l'INA prend fermement en compte cet
aspect juridique44.
44 Voir au Chapitre IV (V- De la protection
juridique des documents audiovisuels), p.90
2- La mise à disposition de moyens
Les aspects liés à la conservation, la
sauvegarde, la mise en valeur du patrimoine audiovisuel au Bénin font
inéluctablement appel à un débat sur l'investissement.
Autrement, la réalisation des objectifs nécessite de la part de
l'Etat un appui aux initiatives. Au regard des urgences, il lui revient de
donner l'exemple avant que les autres partenaires plausibles
(collectivités, fondations culturelles, mécènes etc)
n'apportent leur contribution. C'est une dynamique qui s'ouvre aux moyens et il
est extrêmement important d'y prendre soin.
3- Nécessité de mise en oeuvre de
programmes de formation et de renforcement des capacités en gestion et
promotion culturelle des archives audiovisuelles
Si l'archivage audiovisuel au Bénin a toujours du plomb
dans l'aile, cela s'explique entre autres par des questions de formation. Les
compétences dans les secteurs de la conservation, de la valorisation et
de la communication d'archives sont rares. Un secteur d'activité ne se
sent mieux que s'il compte des gens formés, qualifiés
bénéficiant des atouts techniques sérieux. La formation
doit être aussi appuyée par des programmes périodiques de
renforcement de capacités. Car toute connaissance a besoin d'être
renouvelée et remise en cause en permanence. Dans le domaine des
archives ni la formation, ni les renforcements de capacité ne sont pris
au sérieux. Dans un contexte de nécessité de valorisation
culturelle des archives, la question est à prendre au sérieux.
Les efforts au plan national doivent intégrer fortement cet aspect. Des
programmes de formation appuyés par l'Etat doivent être
fréquemment initiés tant au plan national qu'international. Des
sessions de formation initiale ou continue permettront d'avoir un corps
élevé de spécialistes dans tous les métiers de
l'archivistique audiovisuelle.
Les enjeux actuels et modernes que suppose l'archivage
audiovisuel exigent que les professionnels anciens actualisent les
connaissances grâce à l'engagement de l'Etat qui indique la
dynamique à mettre en oeuvre.
CHAPITRE IV PERSPECTIVES POUR LE BENIN DANS
L'ENVIRONNEMENT
INTERNATIONAL DES ARCHIVES AUDIOVISUELLES
Dans un contexte en pleine révolution
caractérisé par des opportunités de tous genres, plusieurs
voies s'offrent pour le Bénin quant à l'avenir de son patrimoine
audiovisuel
I- Utilisation et renforcement des outils de partenariat
régional et international
A l'instar du Bénin, nombre de pays africains sont
confrontés au problème d'archivage audiovisuel. Aucun pays ne se
détache réellement de la liste sombre. Ces dernières
années, certains ont pris conscience de la situation et mettent en route
avec balbutiements des actions. Au constat que les réalités sont
similaires, des actions groupées sur des aspects bien
déterminés de la question pourront être envisageables. A
l'échelle africaine, des pays peuvent mettre en commun les efforts pour
initier des politiques dans le style PRESTOSPACE45. Sur le plan
régional, des actions communes sectorialisées pourront ainsi
être envisagées entre le Bénin, le Togo, le Burkina Faso,
le Niger46. A l'échelle de l'UEMOA, il existe
déjà un programme d'actions communes pour la production,
la circulation et la conservation de l'image au sein des Etats
membres47. Ce programme constate à juste titre qu'il
n'y a actuellement dans aucun des Etats membres, un dispositif de conservation
et de protection des images télévisuelles. Face aux
nécessités de sauvegarde des archives audiovisuelles dans
l'espace UEMOA et à la densité du travail à abattre, le
programme reconnaît qu'il est clair que l'effort ne prendra en compte
qu'une partie du patrimoine. Il précise en outre que les critères
et ordres de priorités doivent être fixés, avec
45 Projet européen d'archivage audiovisuel
regroupant principalement la France, l'Italie, l'Angleterre, l'Autriche, la
Hollande et des partenaires. Ce projet financé par l'Union
européenne met l'accent sur la mise en commun des efforts pour la
sauvegarde commune des archives des différents pays. L'objectif est de
fournir des systèmes intégrés et des solutions techniques
pour la sauvegarde en numérique de tous types de collections
audiovisuelles. Le projet prévoit de fournir des résultats
tangibles dans le domaine de la sauvegarde, de la restauration, de la gestion
du stockage et des archives, de la description des contenus, de la livraison et
de l'accès aux contenus. Le but principal est d'aider à
construire des usines de sauvegarde permettant de fournir des services
accessibles à tous conservateurs d'archives afin de gérer et de
donner accès à leurs collections. L'engagement des principaux
partenaires du consortium PrestoSpace à utiliser les services de
sauvegarde est un engagement économique fort pour la
pérennité du fonctionnement des usines de sauvegarde. 46
La proximité avec ces pays est un facteur favorable à toute
initiative comme on peut le constater sur la figure 4 à la page suivante
47 Le document a été amendé suite à la
réunion sectorielle des Experts et des Ministres de la Culture et de la
Communication à Bamako au Mali du 1er au 5 juin 2004.
objectivité et indépendance, et de manière
cohérente entre les Etats membres. Le programme dont la phase de
réflexion s'étend jusqu'en 2008, année projetée des
premières actions concrètes est déjà un
Figure 4 : Carte de la République du
Bénin décrivant les liens géographiques avec ses
voisins
Source :
www.beninensis.net
prétexte d'espoir. Les pays concernés, notamment
le Bénin, doivent agréger leurs efforts là-dessus dans la
dynamique de la sauvegarde du patrimoine audiovisuel.
Un partenariat dirigé vers l'UNESCO est à
explorer irréversiblement. Ceci a du sens lorsqu'on s'aperçoit
que depuis plusieurs années dans le cadre de son programme
« Mémoire du monde » l'UNESCO bat campagne
pour la sauvegarde et la valorisation des archives en général. Le
Bénin peut de ce fait se greffer sur une telle opportunité en
cultivant des liens forts avec cette structure internationale à laquelle
il est régulièrement affilié.
Le projet du réseau Capmed représente aussi une
piste d'opportunités et de coopération pour les pays africains en
général et le Bénin en particulier.48 En effet,
les Pays du pourtour méditerranéen qui constituent ledit projet
vivent les réalités similaires aux pays africains en
matière d'archivage de leurs documents audiovisuels. Mais aujourd'hui
grâce à ce projet, les pays s'organisent à leur
manière tout en récoltant des succès acceptables. C'est
une expérience de réussite qui pourraient servir de modèle
aux pays africains et leur montrer la nécessité d'un regroupement
autour des enjeux liés au patrimoine audiovisuel.
Par ailleurs le CIRTEF49 peut être pour le
Bénin un partenaire privilégié dans cette dynamique voulue
autour des archives audiovisuelles. Présent dans le domaine audiovisuel
à travers la production notamment, le CIRTEF a développé
ces dernières années un logiciel dédié au
traitement des archives audiovisuelles témoignant ainsi son
intérêt pour le numérique dans la gestion du patrimoine
audiovisuel.50 Le Bénin qui abrite à Cotonou l'un des
bureaux du CIRTEF à la pleine possibilité d'exploiter à
son bénéfice une telle opportunité.
Mieux que ceci, les diverses opportunités d'affiliation
aux Associations et Fédérations d'archives audiovisuelles et
sonores offertes à l'ensemble des pays confrontés à des
problèmes d'archivage doivent être saisies par le Bénin.
Ces tribunes sont des moments de rencontres, d'échanges qui permettent
de dégager des solutions applicables à chaque contexte. Face
à ces opportunités, la distanciation ne serait pas la solution
idéale. En dehors des initiatives sous régionales indispensables,
l'interpénétration des pays à ressources limitées
comme le Bénin et les pays riches confrontés aux mêmes
problèmes peut être bénéfiques aux premiers.
48 Le projet Capmed regroupe les
télévisions publiques du pourtour méditerranéen
enrichi de quelques partenaires universitaires régionaux travaillant sur
les médias. Capmed offre un programme d'actions visant à
améliorer la préservation des collections, à valoriser les
contenus et faciliter leur circulation. Les télévisions du
pourtour méditerranéen détiennent un patrimoine qui se
chiffre en plusieurs millions d'heures de programmes. Elles rencontrent les
mêmes problèmes et sont confrontées aux mêmes enjeux.
De plus, la situation est aggravée par des conditions économiques
difficiles ou l'inégal intérêt que portent les
décideurs au sort de leurs archives, ce qui se traduit par la faiblesse
des moyens humains, techniques et financiers mobilisés. Capmed offre une
sélection d'archives des télévisions du Bassin
Méditerranéen sur Internet en proposant un florilège
d'images d'archives riches de quelque 2500 documents issus de leurs
collections. 49 Conseil International des Radios et
Télévisions d'expression française. Une structure
internationale née le 21 juin 1978 à Montréal de la
volonté de plusieurs radiodiffuseurs et télédiffuseurs
utilisant entièrement ou partiellement la langue française dans
leurs programmes nationaux et régionaux. 50 Il s'agit en
effet du logiciel AIME qui gère les acquisitions d'émissions
conservées sur support analogique en numérique, les
étiquetages, l'indexation, la validation d'une émission
indexée, la gravure d'exportation d'une émission indexée,
la recherche. Grâce à ce logiciel 7 DVD constitués
d'archives de référence ont pu être réalisés
en 2004 au cours de sa phase test à Maurice. Ce pays a pu donc recevoir
par l'entremise de la MBC (Mauritius Broadcasting Corporation) un logiciel et
une station avec un poste client d'indexation, de recherche et de gravure.
II- Exploitation de l'expertise nationale et
internationale
Dans l'environnement international des archives, l'expertise
est un élément majeur, indispensable à l'aboutissement de
tout projet. Pour permettre au Bénin de se positionner
définitivement sur ce marché et profiter des possibilités
qu'offrent les outils techniques et technologiques modernes de gestion,
l'expertise et la technicité sont à explorer sérieusement.
Elles donneront au Bénin les habilitations nécessaires à
toute action. L'expertise nationale à ce jour n'est pas assez
élevée et ne permettra pas au Bénin de s'imposer et
d'occuper une place de choix dans l'environnement. Le renfort décisif de
l'expertise internationale est d'une extrême nécessité.
Poursuivre les efforts d'appui aux pays africains
en matière de gestion des archives
Pendant longtemps, l'INA s'est engagé aux
côtés des pays africains à la préservation et
à la conservation de leurs archives. Les archives pré
indépendance et post-indépendance de nombre de pays africains ont
pour la plupart traversé les magasins de l'INA avant de revenir à
la faveur de moult revendications à plusieurs pays dans le cadre d'un
considérable mouvement de retour. En dépit de cela, des archives
des pays africains sont encore détenues par l'INA, notamment dans le
fonds radio. Quels que soient les avis réprobateurs de l'époque
et les contradictions qui ont encore cours par rapport à cette position
occupée par l'INA vis-à-vis des archives audiovisuelles
d'Afrique, il reste une lapalissade que cela a permis dans certains
d'espérer encore. Car n'eût été cette
récupération momentanée, ces archives en raison de
l'indifférence affichée par les pays à leur égard
seraient passées dans l'oubli complet.
Aujourd'hui, l'expertise de l'INA en matière de
l'archivage audiovisuel dans le monde est un élément
indémontrable qui doit profiter aux pays qui ont encore des
difficultés à mettre en place des structures idoines. C'est pour
cette raison que les pays africains doivent renforcer leur partenariat avec
l'institution. Le choix des partenariats dépendra des pays en fonction
de leurs priorités en matière d'archivage audiovisuel.
Aujourd'hui, c'est l'histoire des peuples africains qui
s'écroulent par défaut de conservation de leurs archives. Si la
tendance n'est pas rapidement inversée, c'est une partie de la
mémoire des pays qui finira pas disparaître. Avec cette donne peu
reluisante, l'INA à l'instar du programme « Afghanistan
»51 peut impulser des actions dans les pays africains
par l'encouragement des programmes ou des projets d'archivages dans les
médias aussi bien publics que privés.
51 Le programme « Afghanistan » a permis
de sauver une partie considérable des archives afghanes après la
guerre entre 2001 et 2002. Des actions de taille ont été
menées grâce à l'expertise de l'INA surtout en
matière de conservation, sauvegarde et valorisation du patrimoine
afghane qui était voué à un programme de disparition.
CONCLUSION GENERALE
Les défis de notre époque imposent que rien ne
soit négligé. Tout élément contribue au
développement. Dans un contexte mondial fortement marqué par la
mondialisation et la globalisation des échanges, l'information et la
culture doivent servir d'éléments de renforcement des
démarches et d'affirmation des différences.
L'information prépare la circulation des idées,
active et appuie les modèles de développement. Les archives
audiovisuelles en raison de leur nature, de leur mode de fabrication sont
déjà des éléments d'information et de culture.
Nous l'avons montré, les archives audiovisuelles font
partie du patrimoine culturel d'un peuple. Elles s'inscrivent dans une logique
intergénérationnelle et ont besoin d'être traitées
avec dignité pour servir la postérité. En tant que tel,
leurs contenus doivent faire l'objet d'un programme d'apprentissage en vue
d'une auto- lecture par chaque composante sociale. D'où la
nécessité de leur conservation et de leur sauvegarde afin
d'éviter leur marche résolue vers la disparition. Toute archive
qui disparaît est une trace importance de l'histoire d'un peuple qui
s'efface. La mémoire est une donnée inhérente à la
continuité des peuples. D'où l'impérieuse
nécessité de sa conservation pour l'information et la formation
des hommes. C'est pour cette raison qu'il est aujourd'hui très
important de penser pour le cas du Bénin à une politique de
valorisation culturelle du patrimoine audiovisuel ( radio et
télé) qui constitue le point de départ de toute autres
actions scientifiques, économiques autour de ces mêmes documents.
Jusqu'à ce jour, rien n'est fait de ce point de vue en raison d'un vide
institutionnel, de la non intégration de ces archives dans la politique
culturelle, d'un manque de volonté et d'une indifférence face
à ces archives qui sont perçues «comme une caverne de
vieux documents peu fonctionnels et couverts de poussières ».
C'est une caricature sociale au terme de laquelle la société
foule aux pieds sa propre mémoire. Or les archives en
général, celles audiovisuelles en particulier du fait de leur
rôle socioculturel ont pour mission d'ouvrir le passé aux hommes,
de leur rappeler les échecs et les succès du passé ainsi
que les contextes de leur apparition pour mieux les préparer à
affronter les défis nouveaux.
Dans le contexte mondial actuel des archives, le
réalisme amène à opter pour leur exploitation culturelle.
Combien ne sont-ils pas, ces adolescents et jeunes de la dernière
génération à être totalement ignorants de certains
faits et événements de la période révolutionnaire ?
Mieux, ils ont besoin d'être plus informés sur la récente
Conférence Nationale de février 1990. « La politique
culturelle, comprise comme
l'organisation au niveau institutionnel des ensembles de
règles sociales, de comportement et de manifestations culturelles doit
constamment s'adapter à l'évolution de la société
et tenir compte de ses transformations, de ses mutations, des crises qui la
secouent et des changements qu'elles entraînent
»52
La culture de l'oralité propre à l'Afrique en
général et au Bénin en particulier est un prétexte
heureux pour la valorisation culturelle du patrimoine audiovisuel au
Bénin. Les actions doivent être inscrites dans une approche
intégrée qui concilient diverses stratégies concourant au
même objectif.
La communication culturelle, les offres culturelles, les
disciplines culturelles sont la passerelle à toute oeuvre de
valorisation culturelle des archives audiovisuelles au Bénin. Le
préalable à toute action culturelle étant
inévitablement la délicate mais indispensable question de la
gestion des archives. Ceci prend pied dans les mécanismes modernes de
conservation, de sauvegarde, de restauration et de diffusion des documents.
Tout ce corps d'éléments de gestion trouve
aujourd'hui un contexte mondial d'essor technologique marqué par la
numérisation. En quelque sorte, la technologie favorise pleinement tout
type d'action autour des archives audiovisuelles et ne doit pas être mise
en marge des démarches à entreprendre.
L'approche systémique que requiert le processus à
engager sur les archives passe également par un vrai partenariat entre
la Nord et le Sud, mais aussi par une mutualisation des efforts au plan
africain. Le Bénin doit profiter des appuis extérieurs pour
sauver et valoriser ses archives audiovisuelles. Dans cette volonté les
partenariats avec les Etats, regroupements d'Etats, institutions sont à
encourager. En fait d'institutions, il faut pointer entre autres l'INA, le
CIRTEF et l'UNESCO. La première a déjà fait ses preuves en
redonnant vie à la mémoire de la radio et de
télévision de la France. Elle s'impose aujourd'hui comme le
premier centre européen en matière d'archivage. Le CIRTEF joue
depuis des années un rôle clé aux côtés des
pays africains. Le partenariat doit pouvoir profiter au secteur de l'archivage.
L'UNESCO quant à elle encourage grâce à son volet culturel
des actions patrimoniales. En dessous des partenariats à cultiver et
à renforcer, se cache la nécessité de l'exploitation des
expertises nationales et internationales.
L'engagement national autour des archives de radio et de
télévision en vue de leur promotion culturelle doit être
densifié au Bénin et faire l'objet d'actions transversales au
niveau des structures étatiques de communication et de gestion de la
culture. Et c'est dans cet ordre d'idées qu'il est important qu'au
niveau de l'appareil exécutif le même ministère puisse
avoir la gestion de la communication et de la culture, dans la
continuité.
52 Préambule de la Politique culturelle du
Bénin
1-Ouvrages
Balle Francis, Dictionnaire des medias, Larousse, Paris,
1998 Boyle Deidre, Video preservation: securing the future of the past,
Media Alliance, New York, 1993, 67 p Calas Marie-France, Fontaine Jean-Marc,
La conservation des documents sonores, CNRS Edition, Paris,
1996
Couture Carol, L'archivistique : une science de
l'information en plein essor, Ecole de bibliothéconomie et des
sciences de l'information, Université de Montréal, 1985, 104 p
Descamps Florence, L'historien, l'archiviste et le magnétophone : de
la constitution de la source orale à son
exploitation, CHEFF, Paris, 2001, 863 p
Edmondson Ray, Principes Directeurs pour la sauvegarde du
patrimoine documentaire, Mémoire du Monde, UNESCO, Paris,
février 2002, 72 p Edmondson Ray, Une philosophie de l'archivistique
audiovisuelle, UNESCO, Paris Juin 1998, 64 p Ermisse Gérard, Les
services de communication des archives au public, KG Saur Munchen- New
Providence London- Paris, 1994, 306 p Favier Jean, Les
archives, PUF, Paris 1975, 124 p Favier Jean, La pratique archivistique
française, Direction des Archives de France, Paris, 1993, 630 p
Guerin-Brot Isabelle, Les archives des entreprises : conseils pratiques
d'organisation, Archives Nationales
2eme édition, Paris, 1989, 87 p
Karl Emmanuel, Traditions orales au Dahomey- Bénin,
Niamey, Centre régional de documentation pour la tradition orale,
420 p Perrot (C.H.) Sources orales de l'histoire de l'Afrique, CNRS,
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français-anglais / anglais-français cinéma,
audiovisuel, multimédia, réseaux Dixit,
Paris, 1997, 451 p.
Pithon Remy (dir), Cinéma suisse muet.
Lumières et ombres, Ed Antipodes et cinémathèque
suisse, 2002, 228 p Walne Peter, Techniques modernes d'administration des
Archives et de gestion des documents, Recueils
des textes, UNESCO, Paris, 1985, 614 p
2-Publications, articles et revues
Actes du symposium Technique Mixte-JTS, Archiver et
communiquer l'image et le son : les enjeux du 3ème
millénaire, CNC, Paris, 2000, 313 p
Barbier-Bouvet Christine, Buily Yves, Robert Charlotte, Teilou Catherine,
Quelles perspectives pour la thématisation des fonds?, INA,
Paris, Juin 2004, 20 p
Boston Georges, Archiving the audiovisual heritage: third
joint technical symposium, Ottawa, Canada, May
3-5, 1990, technical coordinating committee and UNESCO, 1992
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l'audiovisuel, numéro 9, Sept-Oct 1986, pp 38-39 Frambourt Dénis,
la conservation des supports d'archives radiophoniques in Dossiers de
l'audiovisuel, numéro 9, octobre 1986
Fontaine Jean Marc Conservation des documents sonores et
audiovisuels in Conservation audiovisuelle, BNF, Paris, 2004, p. 83
Gronow (P), Petäjä (M) Archives sonores
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Tout garder ? Les dilemmes de la mémoire à l'âge
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s'estompe en silence in Le Monde diplomatique, Octobre 2004 INA,
Nouveaux médias et droits d'auteurs in Dossiers de
l'audiovisuel, numéro 88, Nov-Dec 1999, 67 p
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de l'audiovisuel, numéro 37, Mai-Juin 1991, 79 p INA, Panorama des
archives audiovisuelles : contribution à la mise en oeuvre d'une
archivistique internationale, Paris, 1986, 298 p
La conservation des archives audio-visuelles: enjeux et
débats. in: Schweizerische Zeitschrift für Geschichte, Vol.
45, 1995, Nr. 4, p. 513-532 Magazine Phosphore, Spécial La
mémoire de l'audiovisuel, numéro 266, août 2003,
Mascolo Claire, Richard Sylvie, Définir les
modalités d'enrichissement des fonds, INA, Paris, Mai 2004, 13 p
Mbaye Saliou, La situation des archives africaines in Les actes de la
Conférence annuelle de la Fédération internationale des
archives de télévision (21-26 septembre 1996), Paris, 1996, pp
69-82
Programme d'actions communes pour la production, la
circulation et la conservation de l'image au sein des Etats membres de
l'UEMOA, Ouagadougou, juin 2004, 87p
Rodes Jean Michel, Le corps de l'archive à l'heure
du numérique in Médiamorphoses, numéro 6, Novembre
2002, pp 45-49
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Dossiers de l'audiovisuel, numéro 9, Sept-Oct 1986, pp 13-15
Rodes Jean Michel, Cazin Sylvie Afrique francophone : la
demande de mémoire in Dossiers de l'audiovisuel, numéro 9,
Sept-Oct 1986, pp 20-21
Roger Philippe, Sereau Michel, Les archives du
cinéma et de la télévision in CinemAction, n°57,
Octobre 2000
Saintville Dominique, Les archives de la
télévision : quand le passé se conjugue au futur in
Problèmes audiovisuels, n° 23, INA, Nov-Dec 1984
3-Textes
Charte Culturelle du Bénin, Février 1991
Déclaration Universelle de l'UNESCO sur la
diversité culturelle, UNESCO, Paris, Novembre 2001
Ordonnance No 35/PR/MENJS du 1er Juin 1968 sur la
protection du patrimoine culturel au Bénin
Convention de l'UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine
culturel immatériel, 2003
4-Mémoires
Chabi Godefroy, La radiodiffusion dans le processus de
développement au Bénin : des origines à nos jours,
Mémoire de maîtrise d'histoire, Abomey Calavi, 2002, 85 p
Davakan Brice Armand, Archives et pesanteurs sociologiques
en République du Bénin : Etude pour la promotion culturelle des
Archives, Mémoire de fin de formation, ENA, Abomey Calavi, 1997, 52
p
Gueye Omar, Pour une nouvelle approche de la question de la
collecte et de la conservation du patrimoine oral en Afrique : exemple du
Sénégal, Mémoire de fin d'études
Professionnelles Approfondies (DEPA), Université Senghor d'Alexandrie,
2003, 93 p
Mégbémado Honoré, Contribution à
la sauvegarde et à la promotion du patrimoine oral en République
du Bénin, Mémoire de fin d'études Professionnelles
Approfondies (DEPA), Université Senghor d'Alexandrie, 1995, 76 p
Soumah Abou, Les bibliothèques publiques : un outil
de sauvegarde du patrimoine immatériel en Guinée,
Mémoire de fin d'études professionnelles Approfondies (DEPA),
Université Senghor d'Alexandrie, 2003, 81p
Whannou Samuel Stanislas, Les archives audiovisuelles de
l'Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin,
Mémoire de fin de formation, ENA, Abomey Calavi, 1987, 60 p
5-Autres sources
CD-ROM, Conservation préventive du patrimoine
documentaire, UNESCO, 2002
CD-ROM, Patrimoine documentaire des peuples du monde,
Mémoire du Monde, UNESCO
CD-ROM, Preserving documentary heritage a tutorial,
Memory of the world, UNESCO, 2004
CD-ROM, Parchment's Digital Images Archive, The library
of the Lithuanian Academy of Sciences, UNESCO, 2003
6-Sites Internet
www.bnf.fr
www.cirtef.org
www.iasa-web.orgwww.ina.fr
www.fiatifta.org
www.memoriav.ch
www.unesco.org
www.francophonie.orgwww.gouv.bj
TERMES DE REFERENCE
SELECTION D'UN CABINET EN VUE DE L'ETUDE RELATIVE A LA
MISE EN PLACE D'UN SYSTEME D'ARCHIVAGE AUDIOVISUEL AU BENIN
A-Contexte
Le Bénin demeure un pays où le taux
d'analphabétisme, quoique à la baisse, est encore aujourd'hui
très élevé. Ce qui fait des médias audiovisuels,
des moyens audiovisuels, des moyens essentiels dans la communication avec la
majorité des béninois. Ces médias du son et de l'image
portent, alimentent et vivifient la parole et l'expression libre du grand
nombre, sans lesquels il n'y a point de démocratie. Avec la
libéralisation de l'espace audiovisuel en 1997, le paysage audiovisuel
du Bénin s'est énormément enrichi. On compte aujourd'hui
une quarantaine de chaînes de radiodiffusions sonores, commerciales,
communautaires, rurales locales, confessionnelles et deux chaînes de
télévision dont une de service public et une de service
privé. La production audiovisuelle qui s'enrichit sans cesse est un
patrimoine national dont la gestion scientifique et la conservation s'imposent
dans des structures appropriées comme des unités de documentation
audiovisuelle. Tel est d'ailleurs l'objectif du projet PIP 2003 «
création d'unités de documentation audiovisuelle au CDSI
»
B-Justification
Les programmes diffusés par ces chaînes sont des
émissions à caractère scientifique, économique et
socio-culturel d'une qualité et d'une pertinence qui méritent
qu'on y accorde une attention particulière.
Aussi est-il indiqué de procéder à une
collecte exhaustive puis à une sélection desdites
émissions au niveau de chacun de ces organes en vue de réaliser
un répertoire ou un catalogue des meilleures productions à
conserver. La République du Bénin pourra se doter d'une
médiathèque, c'est-à-dire d'un Centre de Documentation
audiovisuelle.
Les différentes émissions collectées en
constitueront le début du fonds documentaire.
Ces unités de documentation sont conçues pour
donner naissance à un centre de référence à
multiples
fonctions : -Le centre assure la conservation de la production
audiovisuelle nationale sur des supports adéquats -Le centre offre une
porte d'accès facile aux sources d'information et de savoir pour ses
usagers. -Le centre constitue un cadre propice, pour promouvoir les
échanges de programmes, dans le cadre d'une coopération entre
différents organes de presse, au plan national et international
Il convint de ne pas perdre de vue la dimension «
mémoire audiovisuelle nationale » qui constitue une
préoccupation du projet PIP 2003 « création
d'unités de documentation audiovisuelle au CDSI »
C-Objectifs
Le projet de création d'unités de documentation
audiovisuelle au CDSI a trois objectifs : -la sauvegarde et la conservation de
la production nationale des organes de presse de services public et
privé. -La constitution d'une banque de données audiovisuelles
destinées à diverses consultations -La mise en ligne d'archives
audiovisuelles pour consultation à distance
D-Caractéristique de la base de données
audiovisuelles
1-Genres d'émissions à
collecter
Les éléments audiovisuels à recueillir
portent sur des émissions radiophoniques et
télévisuellesdiffusées par les médias du
Bénin, de service public et de service privé. Les
éléments audiovisuels à recueillir concernent les types
d'émissions ci-après : 1-1 les émissions de grande
audience dans tous les domaines notamment politique,
économique, socioculturel, éducatif, musical et
sportif. Remarque : le consultant doit se faire identifier les émissions
dites de grande audience par chacun des organes de presse concernés.
1-2 Les documentaires sur le Bénin 1-3 Les thèmes
de recherche et des mémoires de fin de formation sur le Bénin
NB : D'autres émissions d'intérêt non
citées peuvent être proposées pour être
intégrées au champ des émissions à archiver
2-Période
Les éléments audiovisuels concernent stricto
sensu la période de 1989 à 2003.
E-Mission du bureau d'étude
La prestation de service du bureau d'étude a pour but de
: E.1- Proposer un système informatique performant et
opérationnel de gestion électronique des archives et de la
documentation des médias électroniques ; E.2- Elaborer un cahier
des charges pour la mise en place du système et pour l'organisation de
la collecte de données conformément à la
réglementation en vigueur en matière d'archivage et
d'échange de données audiovisuelles
Ledit cahier des charges comporte entre autres points, les
volets relatifs aux clauses administratives particulières et aux clauses
techniques particulières
E.2.1 Les clauses administratives particulières doivent
spécifier :
· l'indication générale et la
description des travaux
· La définition et l'interprétation des
termes et expression technique,
- les documents contractuels,
- les obligations générales,
E.2.2 Les clauses techniques particulières doivent
indiquer :
· les spécifications des équipements
avec précision des conditions techniques générales et des
conditions techniques particulières -l'installation
E.3- contrôler la mise en place du système.
E.4-proposer le ou les types de formation appropriée au profit du
personnel du CDSI, dans le cadre del'exploitation et de la maintenance du
système.
F-Résultats attendus
· Etude de faisabilité : disponibilité
d'un document qui répond aux différents points
énumérés dans la mission,
· Coûts prévisionnels,
· Définition du système à mettre
en place et des modalités de collecte de données,
· Cahier des charges techniques indiquant entre autres
les clauses administratives particulières et les clauses techniques
particulières
G-Profil ou compétence du bureau
d'étude
· maîtrise des réseaux informatiques et
intranet sécurisé ;
· maîtrise de la documentation radiophonique et
télévisuelle et autres logiciels du traitement du son et de
l'image
· maîtrise des logiciels documentaires : Winisis
et autres
· maîtrise des questions des droits d'auteurs,
de propriété intellectuelle dans le domaine des médias et
de l'audiovisuel.
H-Composition indicative de l'équipe du
consultant
Le bureau d'étude soumissionnaire doit disposer au sein
de l'équipe affectée aux travaux :
· Un informaticien ayant des expériences
confirmées en réseau informatique ;
· Un documentaliste
· Un journaliste de l'audiovisuel ayant au moins dix
ans d'expérience ;
· Un technicien de l'audiovisuel ayant au moins cinq
ans d'expérience
· Un juriste conseil spécialiste des questions
des droits d'auteur, de propriété intellectuelle dans le domaine
des médias et de l'audiovisuel
-
1-Coûts de l'opération
Les soumissionnaires devront préciser les coûts de
l'opération, par lots ci-après :
· Lot 1 relatif :
Au système informatique performant et
opérationnel de gestion électronique des archives et de la
documentation des médias électroniques,A l'organisation de la
collecte de données conformément à la
réglementation en vigueur en matière d'archivage et
d'échange de donnes audiovisuelles.
· Lot 2 relatif : A la collecte et
à l'archivage des émissions de grande audience dans tous les
domaines, notammentpolitique, économique, socioculturel,
éducatif, musical et sportif.
· Lot 3 relatif :
A la collecte et à l'archivage des documentaires sur le
Bénin.A la collecte et à l'archivage des thèmes de
recherche et des mémoires de fin de formation sur leBénin.
Tableau comparatif : archives audiovisuelles, archives
générales, bibliothèques et musées
Le tableau ci-dessous établit, sous une forme
très simplifiée, quelques comparaisons entre les quatre
types d'institutions. Dans la pratique, bien entendu, une institution
donnée peut présenter des caractéristiques liées
à un autre type d'institution ou à plusieurs, ou même
n'entrer dans aucune catégorie. Le but recherché est d'illustrer
à gros traits le type d'institution lié à chaque
profession.
Remerciements : la conception de ce tableau et une
partie de son contenu sont tirés de J. Ellis, dir. publ., Keeping
archives (2ème éd.), D. W. Thorpe/Australian
Society of Archivists, 1993.
Evolution des techniques et obsolescence des supports
audiovisuels : quelques exemples
Technique Période de production
|
Situation
|
Film
|
|
1980-aujourd'hui
|
Actuel
|
70 mm Imax polyester
|
|
1891-1951
|
Obsolète
|
35 mm nitrate
|
|
1910-aujourd'hui
|
Actuel
|
35 mm acétate
|
|
1955-aujourd'hui
|
Actuel
|
35 mm polyester
|
|
1912-années 20
|
Obsolète
|
28 mm acétate
|
|
vers 1912
|
Obsolète
|
22 mm acétate
|
|
1898-début des années 20
|
Obsolète
|
17,5 mm nitrate
|
|
1923-aujourd'hui
|
Sur le déclin
|
16 mm acétate
|
|
1921-années 70
|
Obsolète
|
9,5 mm acétate
|
|
années 70
|
Obsolète
|
8,75 mm EVR
|
|
1932-années 70
|
Obsolète
|
8 mm standard acétate
|
|
1965-aujourd'hui
|
Obsolescent
|
8 mm super acétate
|
|
Supports sonores mécaniques
|
|
1876-1929
|
Obsolète
|
Cylindres (empreinte en cire ou moulé)
|
|
1876-années 50
|
Obsolète
|
Cylindres (instantané/dictaphone)
|
|
1888-vers 1960
|
Obsolète
|
Disque à gravure en profondeur (78 tours et
|
|
similaires) années 30-années 50
|
Obsolète
|
Disque pressé années 30-années 60
|
Obsolète
|
Disque instantané en gamme-laque 1950-aujourd'hui
|
Obsolescent
|
Microsillon
|
|
Supports sonores numériques Disque compact (CD)
Cylindre de piano (88 notes)
|
1980-aujourd'hui 1902-aujourd'hui
|
Actuel Sur le déclin
|
Supports sonores magnétiques
Télégraphe Bobine de bande magnétique Cassette
Cartouche Bande audionumérique (DAT)
|
1930-fin des années 50 1935-aujourd'hui 1960-aujourd'hui
1960-aujourd'hui 1980-aujourd'hui
|
Obsolète Actuel Actuel Sur le déclin Actuel
|
Vidéo Bande quadruple 2 pouces Format Philips
(bobine ½ pouce) U-matic Betemax VHS Betacam 1 pouce A, B, C, D
Vidéo 8 Disque laser analogique Vidéodisque DVD
|
|
1956-années 80 années 60 1971-aujourd'hui
1975-années 80 années 70-aujourd'hui 1984-aujourd'hui
années 70-aujourd'hui 1984-aujourd'hui années 80-aujourd'hui
années 90 1997
|
Obsolète Obsolète Obsolescent Obsolète
Actuel Actuel Sur le déclin Actuel Actuel Actuel Actuel
|
Fédérations, associations, ONG et autres
organismes d'archivage audiovisuel
On trouvera ci-dessous la liste de plusieurs organisations
mentionnées dans le présent document. Le lecteur pourra les
contacter pour de plus amples informations.
AMIA - Association of Moving Image
Archivists
Association professionnelle, à l'origine
nord-américaine mais de plus en plus internationale, créée
dans le but de faciliter la coopération entre personnes
concernées par la collecte, la conservation, la présentation et
l'utilisation d'images en mouvement. Parmi ses objectifs figurent
l'échange régulier d'information, d'idées et d'assistance,
l'adoption de positions réfléchies sur les questions
archivistiques relatives aux images en mouvement, la sensibilisation du public
et la promotion de la préservation et de l'utilisation du film et de la
vidéo en tant que ressources éducatives, historiques et
culturelles, ainsi que la défense des normes et pratiques
professionnelles dans le domaine des images en mouvement.
Site web :
http://www.amianet.org/
ARSC - Association of Recorded Sound
Collections
Organisation ayant pour objet de développer et de
diffuser l'information dans tous les domaines de l'enregistrement et du support
sonore. Elle soutient les intérêts des archivistes du son, des
discographes, des musiciens, des ingénieurs du son, des historiens, des
collectionneurs, etc. Elle oeuvre pour la préservation des
enregistrements sonores historiques et encourage l'échange d'information
et la sensibilisation à l'importance culturelle du son
enregistré.
Site web :
http://www.arsc-audio.org/
CIA - Conseil international des archives
Le principal forum international des archives
générales. Le CIA possède plusieurs organes, dont un
Comité des archives audiovisuelles, et est en train de mettre sur pied
une section entièrement consacrée à ce type d'archives.
Site web :
www.ica.org
FIAF - Fédération internationale des
archives du film
Association d'archives du film (« film »
désignant tout type d'image en mouvement). Elle s'attache à
promouvoir la collecte et la préservation des films et des documents
liés, à encourager les pays à créer des archives
dans ce domaine, à développer la coopération parmi ses
membres, à promouvoir l'art et la culture cinématographique et
à favoriser la recherche historique sur tous les aspects du
cinéma.
Site web :
www.fiafnet.org
FIAT - Fédération internationale des
archives de télévision
Ses objectifs sont les suivants : encourager la
coopération entre ses membres, promouvoir la compatibilité des
systèmes de documentation audiovisuelle et l'échange de
documentation, favoriser la conservation du matériel audiovisuel, son
évaluation et sa diffusion.
Site web :
www.fiatifta.org
IASA - Association internationale d'archives sonores et
audiovisuelles
L'IASA a été créée pour renforcer
la coopération entre les archives et les autres institutions collectant
des documents sonores et audiovisuels, afin de favoriser l'échange, la
conservation, la documentation et la diffusion de l'information et du
matériel collecté.
Site web :
www.iasa-web.org
IFLA - Fédération internationale des
associations de bibliothécaires et des bibliothèques
La plus grande organisation internationale de
bibliothèques, qui y sont représentées par leurs
associations de bibliothèques nationales. Parmi ses nombreux
départements et commissions figure une Table ronde sur l'audiovisuel.
Site web :
www.ifla.org
SEAPAVAA - South East Asia/Pacific Audio Visual Archive
Association
Forum régional axé sur les questions et
préoccupations communes en matière de conservation et
d'accessibilité du patrimoine audiovisuel des pays membres. La SEAPAVAA
s'est donnée pour buts de promouvoir le développement de
l'archivistique audiovisuelle et la sensibilisation à la discipline, de
renforcer les capacités nationales dans les compétences
pertinentes, d'instaurer des normes régionales, de soutenir le
développement et la reconnaissance professionnels des archivistes
audiovisuels et d'encourager la communication et l'assistance mutuelle dans la
profession.
Site web :
http://membres.xoom.com/archives
RECOMMANDATION POUR LA SAUVEGARDE ET LA CONSERVATION
DES IMAGES EN MOUVEMENT
La Conférence générale de l'Organisation
des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture,
réunie à Belgrade du 23 septembre au 28 octobre 1980, en sa vingt
et unième session,
Considérant que les images en mouvement
sont une expression de l'identité culturelle des peuples et qu'en raison
de leur valeur éducative, culturelle, artistique, scientifique et
historique, elles font partie intégrante du patrimoine culturel d'une
nation,
Considérant que les images en mouvement
sont des formes d'expression nouvelles' particulièrement
représentatives de la société actuelle, dans lesquelles se
reflète une part importante et toujours croissante de la culture
contemporaine,
Considérant que les images en mouvement
sont aussi un moyen fondamental d'enregistrer les événements
à mesure qu'ils se déroulent et qu'à ce titre elles
constituent, de par la nouvelle dimension qu'elles apportent, des
témoignages importants et souvent irremplaçables de l'histoire,
du mode de vie et de la culture des peuples ainsi que de l'évolution de
l'univers,
Notant que les images en mouvement ont un
rôle de plus en plus important à jouer en tant que moyens de
communication et de compréhension mutuelle entre tous les peuples du
monde,
Notant en outre qu'en diffusant la
connaissance et la culture de par le monde les images en mouvement apportent
une contribution importante à l'éducation et à
l'enrichissement de l'être humain,
Considérant toutefois que, vu la nature
de leurs supports matériels et les diverses méthodes par
lesquelles elles sont fixées, les images en mouvement sont
extrêmement vulnérables et devraient être conservées
dans des conditions techniques particulières, Sauvegarde et conservation
des images en mouvement
Notant en outre que de nombreux
éléments du patrimoine d'images en mouvement ont disparu parce
qu'ils se sont détériorés, victimes d'accidents ou mis
inconsidérément au rebut, ce qui constitue un appauvrissement
irréversible de ce patrimoine,
Consciente des résultats auxquels ont
abouti les efforts accomplis par les organismes spécialisés pour
préserver les images en mouvement des dangers auxquels elles sont
exposées,
Considérant qu'il est nécessaire
que chaque État prenne les mesures complémentaires
appropriées en vue d'assurer la sauvegardé et la conservation
pour la postérité de cette partie particulièrement fragile
de son patrimoine culturel, de la même façon qu'il sauvegarde et
conserve d'autres formes de biens culturels en tant que sources
d'enrichissement pour les générations présentes et
à venir,
Considérant en même temps que les
mesures voulues pour assurer la sauvegarde et la conservation des images en
mouvement devraient être prises en tenant dûment compte de la
liberté d'opinion, d'expression et d'information, reconnue comme un
élément essentiel des droits de l'homme et des libertés
fondamentales inhérents à la dignité de la `personne
humaine, et de la nécessité de renforcer la, paix et la
coopération internationale ainsi que de la position légitime des
titulaires de droits d'auteur et de tous les autres ayants droit sur les images
en mouvement,
Reconnaissant également le droit des
États de prendre des mesures appropriées pour assurer la
sauvegarde et la conservation des images en mouvement, compte tenu des
obligations que leur impose le droit international,
Considérant que les images en mouvement
créées par les peuples du monde font aussi partie du patrimoine
de l'humanité dans son ensemble et qu'en conséquence il convient
de favoriser un resserrement des liens de coopération internationale
afin de sauvegarder et de conserver ces témoignages
irremplaçables de l'activité humaine, et ce, en particulier, au
bénéfice des pays qui disposent de ressources limitées,
Considérant en outre qu'en raison du
développement de la coopération internationale, les images en
mouvement importées jouent un rôle important dans la vie
culturelle de la plupart des pays,
Considérant que des aspects importants
de l'histoire et de la culture de certains pays, en particulier des pays
anciennement colonisés, ont été enregistrés sous
forme d'images en mouvement qui ne sont pas toujours accessibles à ces
pays,
Notant que la Conférence
générale a déjà adopté des instruments
internationaux relatifs à la protection du patrimoine culturel mobilier,
et en particulier la Convention pour la protection des biens culturels en cas
de conflit armé (1954), le Recommandation concernant les mesures
à prendre pour interdire et empêcher l'exportation, l'importation
et le transfert de propriété illicites des biens culturels
(1964), la Convention concernant les mesures à prendre pour interdire et
empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de
propriété illicites des biens culturels (1970), la Recommandation
concernant l'échange international de biens culturels (1976) et la
Recommandation pour la protection des biens culturels mobiliers (1978),
Désirant compléter les normes et
principes énoncés dans ces conventions et recommandations et en
étendre l'application,
Ayant présents à l'esprit les
termes de la Convention universelle sur le droit d'auteur, de la Convention de
Berne pour la protection des oeuvres littéraires et artistiques et de la
Convention sur la protection des artistes interprètes ou
exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de
radiodiffusion,
Étant saisie de propositions concernant
la sauvegarde et la conservation des images en mouvement,
Après avoir décidé, lors
de sa vingtième session, que cette question ferait l'objet d'une
recommandationaux États membres,
Adopte, ce vingt-septième jour
d'octobre 1980, la présente Recommandation:
La Conférence générale recommande aux
États membres d'appliquer les dispositions ci-après en adoptant,
sous forme de loi nationale ou autrement, et conformément au
système où à la pratique constitutionnels de chaque
État, des mesures en vue « de donner effet, dans les
territoires sous leur juridiction, aux principes et
aux normes formulés dans la présente
Recommandation.
La Conférence générale recommande aux
États membres de porter la présente Recommandation à la
connaissance des autorités et organismes appropriés.
La Conférence générale recommande aux
États membres de lui présenter, aux dates et sous la forme
qu'elle déterminera, des rapports concernant la suite donnée par
eux à la présente Recommandation.
I. Définitions
1. Aux fins de la présente Recommandation:
(a) On entend par « images en mouvement » toute
série d'images fixées sur un support (quelles que soient la
méthode de captation et la nature du support - notamment film, bande,
disque, etc. - utilisées initialement ou ultérieurement pour les
fixer), accompagnées ou non d'une sonorisation qui, lorsqu'elles sont
projetées, donnent une impression de mouvement et qui ont pour objet la
communication ou la distribution ou public ou ont été
réalisées à des fins de documentation; elles seront
présumées comprendre notamment les éléments
appartenant aux catégories suivantes :
(i) Productions cinématographiques (telles que longs
métrages, courts métrages, films de vulgarisation scientifique,
bandes d'actualité et documentaires, films d'animation et films
didactiques);
(ii) Productions télévisuelles
réalisées par ou pour les organismes de radio diffusion;
(iii) Productions vidéographiques (contenues dans les
vidéogrammes) autres que celles dont il est question aux alinéas
(i) et (ii) ci-dessus;
(b) On entend par « élément de tirage
» tout support matériel des images en mouvement constitué,
dans le cas du film cinématographique, d'un négatif ou d'un
internégatif ou d'un interpositif et, dans le cas d'un
vidéogramme, d'une matrice, ces éléments de tirage
étant destinés à l'obtention de copies ;
(c) On entend par «copie de projection » tout
support matériel des images en mouvement destiné en propre
à la vision et/ou à la diffusion de ces images.
2. Aux fins de la présente Recommandation, on entend par
« production nationale », les images en mouvement dont le producteur
ou l'un au moins des coproducteurs a son siège ou sa résidence
habituelle sur le territoire de l'État intéressé.
II. Principes généraux
3. Toutes les images en mouvement de production nationale
devraient être considérées par les États membres
comme partie intégrante de leur « patrimoine d'images en
mouvement». Pourraient compléter ce patrimoine culturel d'un pays,
des images en mouvement de production originale étrangère
lorsqu'elles revêtent une importance nationale particulière du
point de vue de la culture ou de l'histoire du pays en question. Si la
transmission de la totalité de ce patrimoine aux
générations futures n'était pas possible pour des raisons
techniques ou financières, une part aussi importante que possible
devrait être sauvegardée et conservée. Les dispositions
nécessaires devraient être prises pour que tous les organismes
publics et privés intéressés engagent une action
concertée afin d'élaborer et d'appliquer une politique active
à cette fin.
1 Les mesures appropriées devraient être prises
pour veiller à ce que le patrimoine d'images en mouvement
bénéficie d'une protection matérielle satisfaisante contre
les atteintes du temps et de l'environnement. Étant donné que de
mauvaises conditions de stockage accélèrent le processus de
dégrada tion auquel les supports sont en permanence soumis et peuvent
même conduire à leur destruction totale, les images en mouvement
devraient être conservées dans des archives du film ou de la
télévision officiellement reconnues et traitées selon les
normes archivistiques les plus rigoureuses. En outre, des recherches devraient
être spécifiquement consacrées à la mise au point de
supports de qualité et durables pour la sauvegarde et la conservation
appropriées des images en mouvement.
5. Des mesures devraient être prises pour éviter
la perte, la mise au rebut inconsidérée ou la
détérioration de tout élément de la production
nationale. Des dispositions devraient être prises dans chaque pays afin
de permettre à des organismes d'archives publics ou privés,
à but non lucratif, d'obtenir, de sauvegarder et de
conserver systématiquement des éléments
de tirage ou des copies de qualité archivistique des images en
mouvement.
2 L'accès aux oeuvres et aux sources d'information. que
représentent lés images en mouvement, qui sont obtenues,
sauvegardées et conservées par des organismes d'archives publics
ou privés à but non lucratif, devrait être facilité
autant que possible. Leur utilisation ne devrait porter atteinte ni aux droits
ni aux intérêts légitimes de ceux qui ont contribué
à leur réalisation et de ceux qui les exploitent,
conformément aux dispositions de la Convention universelle sur le droit
d'auteur, de la Convention de Berne pour la protection des oeuvres
littéraires et artistiques et de la Convention sur la protection des
artistes interprètes ou exécutants, des producteurs de
phonogrammes et des organismes de radiodiffusion ainsi qu'à celles des
législations nationales.
7. Afin de mener à bien un programme de sauvegarde et
de conservation véritablement efficace, il conviendrait de s'assurer la
coopération de tous ceux qui participent à la production,
à la distribution, à la sauvegarde et à la conservation
des images en mouvement. Des activités d'information du public devraient
donc être organisées, afin notamment de sensibiliser les milieux
professionnels intéressés à l'importance des images en
mouvement pour le patrimoine d'un pays et à la nécessité
de les sauvegarder et de les conserver en tant que témoignages de la vie
de la société contemporaine.
III. Mesures recommandées
3 En application des principes énoncés ci-dessus,
et conformément à leur pratique constitutionnelle normale, les
États membres sont invités à prendre toutes les
dispositions requises, y compris la fourniture aux archives officiellement
reconnues de ressources appropriées en personnel, en matériel et
en moyens financiers, pour la sauvegarde et la conservation efficaces de leur
patrimoine d'images en mouvement, conformément aux principes directeurs
suivants
4 Pour que les images en mouvement faisant partie du patrimoine
culturel des pays soient systématiquement conservées, les
États membres sont invités à prendre des mesures
permettant aux organismes d'archives officiellement reconnues de disposer, aux
fins de la sauvegarde et de la conservation, de tout ou partie de la production
nationale de leur pays. Ces mesures pourraient
comprendre, par exemple, des arrangements volontaires avec les
titulaires de droits pour le dépôt des images en mouvement,
l'obtention des images en mouvement par achat ou donation ou l'institution de
systèmes de dépôt légal au moyen d'une
législation appropriée ou de mesures administratives. De tels
systèmes compléteraient les dispositions existantes relatives
à l'archivage des images en mouvement appartenant à l'État
et coexisteraient avec elles. Les mesures prises devraient être
compatibles avec les dispositions s'appliquant aux images en mouvement de la
législation nationale et des instruments internationaux en
matière de protection des droits de l'homme, du droit d'auteur et des
artistes interprètes ou exécutants, des producteurs de
phonogrammes et des organismes de radiodiffusion, et devraient tenir compte des
conditions particulières accordées aux pays en
développement dans certains de ces instruments. Lorsque des
systèmes de dépôt légal sont adoptés, il
devrait y être prévu que :
(a) Les images en mouvement de production nationale, quels que
soient la nature de leur support ou le but dans lequel elles ont
été réalisées, devraient être
déposées en au moins un exemplaire complet de la meilleure
qualité archivistique, comprenant de préférence les
éléments de tirage ;
(b) Les éléments devraient être
déposés par le producteur - tel que le définit la
législation nationale - ayant son siège ou sa résidence
habituelle sur le territoire de l'État intéressé,
indépendamment de tout accord de coproduction conclu avec un producteur
étranger;
(c) Les éléments déposés devraient
être conservés dans des archives du film ou de la
télévision officiellement reconnues; là où de
telles institutions n'existent pas, il conviendrait d'en créer au niveau
national et/ou régional; en attendant la création d'archives
officiellement reconnues, les éléments déposés
devraient être provisoirement conservés dans des locaux
convenablement équipés;
(d) Le dépôt devrait être effectué
dès que possible dans un délai maximal fixé par la
réglementation nationale;
(e) Le déposant devrait avoir un accès
contrôlé aux éléments déposés chaque
fois qu'il en aurait besoin pour faire établir de nouveaux tirages,
à condition que ces éléments ne subissent de ce fait
aucune détérioration ni aucun dommage;
(f) Les archives officiellement reconnues devraient être
autorisées, sous réserve des dispositions pertinentes des
conventions internationales et de la législation nationale en
matière de droit d'auteur et de protection des artistes
interprètes ou exécutants, des producteurs de phonogrammes et des
organismes de radiodiffusion, à :
(i) Prendre toutes les mesures nécessaires afin de
sauvegarder et de conserver le patrimoine d'images en mouvement et, dans la
mesure du possible, d'en améliorer la qualité technique; en cas
de reproduction d'images en mouvement, il devrait être dûment tenu
compte de tous les droits auxquels les images visées sont
assujetties;
(ii) Permettre, dans un but strictement non lucratif, à
un nombre limité de spectateurs de visionner dans leurs locaux une copie
de projection, à des fins d'enseignement, d'étude ou de
recherche, sous réserve que cette utilisation ne porte pas atteinte
à l'exploitation normale de ces oeuvres et à condition que les
éléments déposés ne subissent de ce fait aucune
détérioration ni aucun dommage;
(g) Les éléments déposés et les
reproductions qui en seront faites ne devraient être utilisés
à aucune autre
fin ni leur contenu modifié;(h) Les archives
officiellement reconnues devraient être autorisées à
demander aux utilisateurs uneparticipation raisonnable au coût des
services fournis.
1 La sauvegarde et la conservation de toutes les images en
mouvement de production nationale devraient être l'objectif le plus
élevé. Toutefois, tant que les progrès de la technologie
ne l'auront pas rendu possible partout, dans les cas où l'on ne peut,
pour des raisons de coût ou d'espace, enregistrer la totalité des
images en mouvement publiquement diffusées ni sauvegarder et conserver
à long terme la totalité des éléments
déposés, chaque État membre est invité à
établir les principes permettant de déterminer quelles sont
celles qui devraient être enregistrées et/ou
déposées pour la postérité, y compris les «
enregistrements éphémères » ayant un caractère
exceptionnel de documentation. La priorité devrait être
accordée aux images en mouvement qui; du fait de leur valeur,
éducative, culturelle, artistique, scientifique et historique, font
partie du patrimoine culturel d'une nation. Tout système
créé à cette fin devrait prendre en considération
le fait que le choix devrait se fonder sur un consensus aussi large que
possible de la part des milieux informés et tenir
particulièrement compte des critères d'évaluation
définis par les archivistes. D'autre part, il conviendrait de veiller
à ce que l'élimination d'éléments soit
évitée avant qu'un laps de temps suffisant pour permettre le
recul nécessaire se soit écoulé. Les
éléments ainsi éliminés devraient être rendus
au déposant.
2 Les producteurs étrangers et les responsables de la
distribution publique des images en mouvement réalisées à
l'étranger devraient être encouragés, conformément
à l'esprit de la présente Recommandation et sans préjudice
de la libre circulation des images en mouvement à travers les
frontières nationales, à déposer volontairement dans les
archives officiellement reconnues des pays où elles sont
diffusées un exemplaire de la meilleure qualité archivistique des
images en mouvement, sous réserve de tous les droits relatifs à
ces images. En particulier, les responsables de la distribution des images en
mouvement, doublées ou sous-titrées dans la ou les langues du
pays où elles sont diffusées, qui sont considérées
comme partie intégrante du patrimoine d'images en mouvement du pays en
question ou qui présentent une valeur importante pour les besoins
culturels d'enseignement ou de recherche, devraient être invités
instamment à déposer les éléments relatifs à
ces images, dans un esprit de coopération internationale. Les archives
officiellement reconnues devraient s'efforcer d'obtenir l'instauration de tels
systèmes de dépôt et, en outre, d'obtenir, sous
réserve de tous les droits relatifs à ces images, des exemplaires
des images en mouvement ayant une valeur universelle exceptionnelle, même
si elles n'ont pas été publiquement distribuées dans le
pays intéressé. Le contrôle de ces éléments
et l'accès à ces éléments devraient être
régis par les dispositions des alinéas (e), (f), (g) et (h) du
paragraphe 9 ci-dessus.
3 Les États membres sont invités à mener
des études pour vérifier l'efficacité des mesures
proposées au paragraphe 11. Si, après un délai
d'expérimentation raisonnable, la forme de dépôt volontaire
suggérée ne pouvait garantir la sauvegarde et la conservation des
images en mouvement adaptées qui revêtent une importance nationale
particulière du point de vue de la culture ou de l'histoire d'un
État, il appartiendrait à celui-ci, dans le cadre de sa
législation nationale, de définir les mesures propres à
empêcher la disparition, notamment par destruction, des copies d'images
en mouvement adaptées, dans le respect des droits qu'ont les ayants
droit légitimes sur les images en mouvement en question qui
revêtent ce caractère particulier d'importance nationale.
4 Les États membres sont invités, en outre,
compte tenu des conventions internationales relatives au droit d'auteur et
à la protection des artistes interprètes ou exécutants,
des producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion, à
étudier la possibilité de permettre aux archives officiellement
reconnues
d'utiliser les éléments déposés
à des fins de recherché et d'enseignement proprement dit, sous
réserve que
cette utilisation ne porte pas atteinte à l'exploitation
normale de ces oeuvres.
Mesures techniques
1 Les États membres sont invités à
accorder l'attention voulue aux normes archivistiques relatives au stockage et
au traitement des images en mouvement recommandées par les organisations
internationales compétentes dans le domaine de la sauvegarde et de la
conservation des images en mouvement.
2 De plus, les États membres sont invités
à prendre les dispositions nécessaires pour veiller à ce
que les institutions_ chargées de la sauvegarde et de la conservation du
patrimoine d'images en mouvement prennent les mesures suivantes :
(a) Établir et diffuser des filmographies et catalogues
nationaux de toutes les catégories d'images en mouvement et des
descriptions de leurs stocks, en recherchant chaque fois que cela est possible
l'harmonisation des systèmes de catalogage; ces matériels
documentaires formeraient ensemble un inventaire du patrimoine d'images en
mouvement du pays;
(b) Rassembler, conserver et rendre accessibles aux chercheurs
les archives d'institutions, papiers personnels et autres documents renseignant
sur l'origine, la production, la distribution et la projection d'images en
mouvement, sous réserve de l'accord des intéressés;
(c) Conserver en bon état les équipements dont
certains ne sont parfois plus utilisés couramment mais qui peuvent
être nécessaires pour la reproduction et la projection des
éléments conservés ou, si cela s'avérait
impossible, veiller à ce que les images en mouvement
intéressées soient transférées sur un autre support
permettant leur reproduction et leur projection;
(d) Veiller à ce que les normes applicables en
matière de stockage, de sauvegarde et de conservation, de restauration
et de reproduction soient respectées rigoureusement;
(e) Dans la mesure du possible, améliorer la
qualité technique des images en mouvement à sauvegarder et
à conserver, et les traiter de façon qu'elles se prêtent
à un stockage et à une utilisation prolongés et efficaces;
dans le cas où le traitement nécessite une reproduction des
images en mouvement, il devrait être dûment tenu compte de tous les
droits auxquels les images visees sont assujetties.
16. Les États membres sont invités à
encourager les organismes privés et les particuliers détenteurs
d'images en mouvement à prendre les mesures requises pour assurer la
sauvegarde et la conservation de ces images dans de bonnes conditions
techniques. Ces organismes et ces particuliers devraient être
encouragés à confier aux archives officiellement reconnues les
éléments de tirage, s'il en existe, ou, à défaut,
une copie des images en mouvement réalisées avant l'introduction
du système de dépôt.
Mesures complémentaires
17. Les États membres sont invités à
encourager les autorités compétentes et les autres organismes
s'occupant de la sauvegarde et de la conservation des images en mouvement
à organiser des activités d'information du public, afin de :
(a) Faire prendre conscience à toutes les personnes
intervenant dans la réalisation et la distribution des images en
mouvement de la valeur durable de ces images du point de vue éducatif,
culturel, artistique, scientifique et historique, et les sensibiliser à
la nécessité de collaborer de ce fait à leur sauvegarde et
à leur conservation;
(b) Attirer l'attention du public dans son ensemble sur
l'importance éducative, culturelle, artistique, scientifique et
historique des images en mouvement et sur les mesures à prendre en vue
de leur sauvegarde et de leur conservation.
1 Des mesures devraient être prises au niveau national
afin de coordonner les recherches dans les domaines relatifs à la
sauvegarde et à la conservation des images en mouvement, et d'encourager
les recherches qui sont spécifiquement destinées à
permettre de les conserver longtemps à un coût raisonnable. Des
informations sur les méthodes et techniques permettant de sauvegarder et
de conserver les images en mouvement, y compris les résultats des
recherches pertinentes, devraient être diffusées à tous les
intéressés.
19. Des programmes de formation en matière de
sauvegarde et de restauration des images en mouvement devraient être
organisés; ils devraient porter sur les méthodes et les
techniques les plus récentes.
IV. Coopération internationale
2 Les États membres sont invités à
conjuguer leurs efforts afin de favoriser la sauvegarde et la conservation des
images en mouvement qui font partie du patrimoine culturel des nations. Cette
coopération devrait être stimulée par les organisations
internationales, gouvernementales et non
gouvernementales, compétentes et devrait se traduire
notamment par les mesures suivantes :
(a) Participation à des programmes internationaux en
vue de créer l'infrastructure requise, au niveau régional ou
national, pour sauvegarder et conserver le patrimoine d'images en mouvement des
pays qui ne disposent pas d'installations appropriées ou de ressources
suffisantes;
(b) Échange d'informations sur les méthodes et
techniques de sauvegarde et de conservation des images en mouvement, en
particulier sur les résultats des recherches récentes ;
(c) Organisation de cours de formation sur le plan national et
international dans les domaines intéressés, à l'intention
notamment des ressortissants des pays en développement;
(d) Action commune en vue de l'harmonisation des
méthodes de catalogage spéciales pour les archives d'images en
mouvement;
(e) Autorisation, sous réserve des dispositions
pertinentes des conventions internationales et de la législation
nationale en matière de droits d'auteur et de protection des artistes
interprètes ou exécutants, des producteurs de phonogrammes et des
organismes de radiodiffusion, du prêt de copies d'images en mouvement
à d'autres archives officiellement reconnues, exclusivement à des
fins d'enseignement, d'étude ou de recherche, à condition que
l'accord des ayants droit et des archives concernés par de tels
prêts soit obtenu et que les éléments prêtés
ne subissent de ce fait aucune détérioration ni aucun dommage.
21. Une coopération technique devrait être
fournie, en particulier aux pays en développement, afin
xix
d'assurer ou de faciliter la sauvegarde et la conservation
adéquates de leur patrimoine d'images en mouvement.
22. Une collaboration entre les États membres devrait
s'instaurer de façon que tout État puisse avoir accès aux
images en mouvement ayant trait à son histoire ou à sa culture
dont il ne détient ni éléments de tirage ni copies de
projection. A cette fin, tout État membre est invité à
:
(a) Faciliter, dans le cas des images en mouvement qu'il
détient en dépôt dans ses archives officiellement reconnues
et qui ont trait à l'histoire ou à la culture d'un autre pays,
l'obtention par les archives officiellement reconnues de ce pays d'un
élément de tirage ou d'une copie de projection de ces images ;
(b) Encourager les organismes ou institutions privés
situés sur son territoire, qui détiennent ce type d'images,
à en déposer volontairement un élément de tirage ou
une copie de projection auprès des archives officiellement reconnues du
pays intéressé. Le cas échéant, les
éléments fournis en application des alinéas (a) et (b) ci
dessus devraient être mis à la disposition de l'organisme qui les
demande à ses frais. Toutefois, compte tenu du coût à
prévoir, les éléments de tirage oü les copies de
projection des images en mouvement détenus par des Etats membres en tant
que bien public et qui ont trait à l'histoire et à la culture de
pays en développement devraient être mis à la disposition
des archives officiellement reconnues de ces pays à des conditions
particulièrement favorables. Tout élément fourni en
application du présent paragraphe le serait sous réserve des
droits d'auteur et des droits des artistes interprètes ou
exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de
radiodiffusion auxquels il pourrait être assujetti.
23. Lorsque des images en mouvement relevant du patrimoine
culturel ou historique d'un pays ont été perdues par celui-ci, en
quelque circonstance que ce soit, notamment du fait d'une occupation coloniale
ou étrangère, les États membres devraient, en cas de
demande de ces images, coopérer dans l'esprit de la résolution
5110.111, III, adoptée par la Conférence générale
à sa vingtième session.
APPEL MONDIAL POUR LA SAUVEGARDE DES ARCHIVES AUDIOVISUELLES
Considérant qu'il est universellement admis, au
côté du cinéma, que la
radio et la télévision occupent
désormais une place centrale dans l'histoire contemporaine de nos
sociétés et que les archives constituent une part essentielle de
la mémoire collective du 20ème siècle ;
Considérant l'importance des volumes en jeu,
estimés à 200 millions d'heures ;
Considérant que les archives audiovisuelles sont
riches d'oeuvres, de documents et
detrésors inestimables pour le patrimoine
culturel mondial et qu'ils sont la garantie du maintien de la
diversité et des identités
culturelles ;
Considérant que ce patrimoine est menacé du
fait de la fragilité des supports et de
l'obsolescence des machines permettant de relire les
enregistrements, et que des collections complètes de programmes sur
film, bandes magnétiques et disques risquent d'être perdues
;
Considérant qu'à échéance
rapide, c'est à dire au plus tard d'ici 10 ans, la
mémoire sera irrémédiablement frappé
d'amnésie et que l'inégalité des pays devant cette menace
creusera davantage le « fossé
numérique » entre les pays pauvres et les pays
riches, entre le Nord et le Sud et entraînera, à court terme et de
manière plus profonde encore, une inégalité d'accès
à la mémoire collective des peuples ;
Considérant que l'urgence est ici d'autant plus
grande que les agressions ne sont, contrairement à
d'autres patrimoines (comme le patrimoine monumental), pas
immédiatement perceptibles par le public et que c'est
précisément cette absence de sentiment physique et
immédiat de la perte qui contribue à freiner la prise de
conscience et la mobilisation ;
Considérant par ailleurs qu'il existe
désormais des solutions techniques garantissant la
préservation à long terme, l'accès, la
réutilisation des documents d'archives, parmi lesquelles le transfert
des enregistrements vers des formats numériques, et que cette migration
vers le numérique suppose le recours urgent à des ressources
humaines et financières adéquates.
Dans le prolongement des actions menées par
l'UNESCO et le Conseil de l'Europe (1), en
association avec les organisations soeurs -IASA (International
Association of Sound and Audiovisual Archives ), ICA (Conseil
International des Archives ), IFLA (International Federation
of Library Associations and Institutions), FIAF
(Fédération Internationale des Archives du Film),
SEAPAVAA (Southeast Asia Pacific Audiovisual Archive
Association), la Fédération Internationale des Archives
de Télévision (FIAT) en appelle, à l'occasion de
sa 27ème Conférence annuelle, à l'attention et
à la vigilance de tous pour :
Alerter, mobiliser et inciter les
autorités compétentes à prendre la
mesure de la gravité et de l'urgence des menaces qui pèsent sur
les patrimoines nationaux audiovisuels ;
Mettre en oeuvre des politiques de
préservation et des plans de migration de ces archives
;
Définir les critères de
priorité suivant lesquels les actions de
préservation doivent être engagées ;
Développer la coopération
entre Etats afin de faciliter la mise en oeuvre de solutions
communes de sauvegarde et de numérisation ;
Favoriser les transferts de savoir faire
par le biais de missions d'expertise et d'actionsde formation
;
Appliquer sans attendre les mesures de
première urgence recommandées par la FIAT et
les ONG et encourager les opérations de soutien aux pays les moins
avancés.
(1) Recommandation pour la sauvegarde des images en
mouvement, 1980 Programme Mémoire du monde, initié en 1992
Convention européenne relative à la protection du patrimoine
audiovisuel, adoptée à Strasbourg le 9 novembre 2001
C'est à l'occasion de sa 27ème
conférence annuelle qui s'est tenue à Paris du 15 au 19 octobre
2004, que la FIAT a lancé l'Appel de Paris.
Cet Appel a pour objectif de mobiliser tous les professionnels
concernés par la sauvegarde des archives audiovisuelles, de sensibiliser
les autorités compétentes, nationales et internationales, aux
menaces qui pèsent sur le patrimoine audiovisuel mondial, en particulier
dans les pays du Sud, et à la nécessité de prendre des
mesures pour assurer sa survie.
L'ambition est de recueillir 100.000 signatures d'ici
le 16 septembre 2005, lorsque s'ouvrira à New-York la
28ème conférence annuelle de la FIAT. La
pétition sera alors solennellement remise au Secrétaire des
Nations Unies.
Tout le monde est concerné : ceux qui
travaillent dans les archives, ceux qui utilisent les archives, et au
delà, tous les citoyens qui sont attachés à la
préservation de la mémoire nationale.
Merci de signer l'Appel et de le transmettre à
vos collaborateurs et à vos amis. Merci aussi de veiller à ce
qu'il soit fait mention de l'Appel lors de toutes les manifestations
professionnelles auxquelles vous pourriez participer
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE INDIRECTE
Quand on parle d'archives audiovisuelles, à quoi pensez
vous?
...........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Pensez vous au regard de l'expérience que la question de
l'archivage des oeuvres audiovisuelles fait l'objet d'une préoccupation
au Bénin ?
...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
............................................................................................Quelle
est pour vous l'utilité des archives ?
.................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................Dans
votre carrière comment avez-vous côtoyé de près la
question de l'archivage?
.......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................Quelle(s)
exploitation(s) faites vous ou avez vous faites de ces archives dans votre
carrière ?
.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................L'archivage
est il pour vous un aspect capital dans la gestion générale d'un
organe ou juste un élément accessoire ?
........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
En quoi pour vous les nouvelles technologies peuvent être
mises à contribution dans le débat surl'archivage de
l'audiovisuel ?
............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Quelles doivent être à votre avis les conditions de conservation
des archives ?
......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
...........................................................................................................................................................................
...........................................................................
Quelles archives à votre sens sont aujourd'hui en péril et qu'il
faille sauver ?
.............................................................................................................................................
.........................................................................................................................................................
Comment peut on, à votre avis, sauvegarder les documents menacés
de disparition et conserver ceux récents?
...........................................................................................................................................................................
...........................................................................................................................................................................
...........................................................................................................................................................................
Quelles actions faut il entreprendre pour donner au secteur des archives de
votre organe toute sa signification ?
...........................................................................................................................................................................
...........................................................................................................................................................................
...........................................................................................................................................................................
A votre avis, quels sont les acteurs dont l'intervention est indispensable dans
cette mouvance ?
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...........................................................................................................................................................................
...........................................................................................................................................................................
Quel peut être le rôle des pouvoirs publics ?
...........................................................................................................................................................................
...........................................................................................................................................................................
...........................................................................................................................................................................
Pensez vous que les archives sont largement accessibles au public
béninois ?
...............................................................................................................................................
...............................................................................................................................................
.................................................................................................................................................................
. Lorsqu'on parle de la valorisation culturelle des archives audiovisuelles,
à quoi pensez vous ?
.............................................................................................................................................
.............................................................................................................................................
...............................................................................................................................................................
Croyez vous à la création d'une Centre culturel national des
archives audiovisuelles au Bénin ?
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.............................................................................................................................................
...........................................................................................................................................................
En quels termes percevez vous son rôle?
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Dans quelles mesures cela est il possible ?
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..............................................................................................................................................
.................................................................................................................................................................
Quels acteurs à votre connaissance sollicitent les
archives et à quelles fins ?
.............................................................................................................................................
.............................................................................................................................................
A
Après 50 ans de radio et 25 ans de
télévision, le Bénin a ses archives audiovisuelles en
mauvais état, car mal conservées dans les médias publics
qui les ont produites. Depuis longtemps, aucune action sérieuse n'est
menée pour assurer leur bonne préservation. La situation est
d'autant plus inquiétante que les documents de l'historique
conférence nationale des Forces vives de la Nation de février
1990 végètent et sont menacés de disparition. Parce
qu'elles ne bénéficient d'aucune attention, les archives sont en
nombre inconnu et les conditions de stockage insuffisantes dans les
médias publics. Autant d'éléments qui
révèlent l'absence d'une politique nationale d'archivage
audiovisuel. La conséquence directe est la disparition progressive de
ces documents qui constituent pourtant des éléments de
mémoire et de diversité culturelle.
Pour que les archives de radio et de télévision
puissent faire l'objet d'une attention de sauvegarde, de conservation et de
préservation, la question de leur valorisation culturelle doit
être essentiellement posée. Car les archives audiovisuelles sont
destinées à l'information du public. Il faut alors
réfléchir aux conditions de leur communication aux
différents publics.
Plusieurs pistes et approches sont à explorer pour
inverser la tendance. Il s'agit dans les années à venir : -De
mettre en place un plan d'urgence de sauvegarde des archives audiovisuelles
significatives dans les médias publics -D'inciter les médias
publics notamment, à mettre en oeuvre des actions plus cohérentes
d'archivage de leurs documents
· De convaincre par des actions de lobbying les
pouvoirs publics à initier une politique d'archivage audiovisuel
qui mette l'accent sur la Conservation, la préservation, la
sauvegarde des archives de radio et de télévision
· De permettre par une politique de
communication culturelle l'introduction des archives dans les
manifestations culturelles, les milieux culturels et de création au
Bénin
· D'introduire les archives dans le calendrier des
musées et autres lieux du patrimoine-De susciter des
activités pédagogiques et culturelles en
direction de divers groupes cibles (scolaires ou non) -De créer un
Centre Culturel national des archives audiovisuelles en vue du
large accès du public aux archives.
B
Dans un monde actuellement dominé par le débat
sur la société de l'information, les aspects abordés dans
ce mémoire se veulent un condensé de propositions utilitaires
susceptibles d'être expérimentées pour modifier la tendance
actuelle dans un sens positif pour la société.
MOT CLES
Radio, Télévision, Archives, Culture,
Thématisation, Conservation, Conservation préventive, Sauvegarde,
Valorisation, Collection, Fonds, Communication culturelle, Systémique,
Enregistrement en simultané.
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