ANNEE UNIVERSITAIRE : 2022-2023
MEMOIRE DE RECHERCHE -MASTER 2 DIDACTIQUE DE L'HISTOIRE
ET DE LA GEOGRAPHIE
LA PLACE DES CONCEPTS DANS LA GEOGRAPHIE
SCOLAIRE IVOIRIENNE : ANALYSE DES PRATIQUES ENSEIGNANTES DANS LA
CONSTRUCTION DU CONCEPT D'ESPACE URBAIN EN CLASSE DE PREMIERE
Présenté par
Armand Emmanuel Bohoussou
Sous la direction de Pascal Clerc
Professeur des Universités en
géographie
1
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier les enseignants de
l'Université de Paris Cité qui ont contribué à ma
formation. Je remercie particulièrement la responsable du MASTER,
Caroline Leininger-Frezal , Maitre de conférence HDR qui a bien voulu
m'accepter dans ce master de recherche. j'exprime également ma profonde
gratitude à Monsieur Pascal Clerc, Professeur des universités,
pour sa patience, sa disponibilié, ses conseils et d'avoir dirigé
ce travail de recherche.
Je remercie Boly Doba Yves qui m'a encouragé à
faire ce Master et pour ses conseils avisés.
A tous mes camarades de la promotion avec qui nous avons
partagé tous ces moments, je vous remercie : Thiaré, Aude, Fanny,
Stéphanie, Sophie, Alice, Tidiane Bâ...
A tous mes collègues en Côte d'Ivoire qui ont
donné de leur temps pour me permettre de faire mes recherches , je tiens
à vous dire merci.
Je remercie mon épouse et mes enfants pour leur soutien
moral.
2
«La plupart des savoirs qu'on apprend à
l'école sont des concepts, il faudrait donc
également les apprendre en les conceptualisant afin
de leur donner sens »(Barth, 2012a, p. 19)
3
Introduction
Selon la Banque Mondiale1, le taux d'urbanisation
de la Côte d'Ivoire est passée de 17,7 % en 1960 à plus de
52 % en 2023. Et la capitale Abidjan abrite plus de 6 321 017 habitants sur 28
millions que compte le pays. L'urbanisation est un phénomène
global et ce processus n'est pas prêt à s'estomper. La question
urbaine est un sujet d'actualité tant ce phénomène est
devenu général et touche tous les espaces géographiques.
À Agboville, ville située à moins de 60 km de la capitale
économique ivoirienne, les changements de tous ordres liés
à l'urbanisation de la ville d'Abidjan sont perceptibles sur le
quotidien de la population de la ville et des élèves en
particulier (augmentation des loyers, étalement urbain,
développement du transport...). Enseignant d'histoire-géographie
dans cette ville depuis plus de sept ans, cette réalité
m'interpelle, car comprendre la ville permettrait de « comprendre la
société dans toutes ses dimensions, y compris affective et
idéologique. »(Louiset, 2011, p. 9). En effet, Pour Racine «
le phénomène urbain est l'un des traits les plus frappants de
notre civilisation contemporaine, dont la ville est le creuset. Son importance
est telle qu'il devrait être au premier plan des préoccupations de
la géographie humaine » (2005, p. 247). À cet égard,
j'ai décidé de mener une réflexion sur le sujet suivant :
« la place des concepts dans la géographie scolaire ivoirienne :
analyse des pratiques enseignantes dans la construction du concept d'espace
urbain ». Le concept d'espace urbain apparait au début des
années 1970. Pour Nédélec (2018), le passage de
l'étude de la ville à l'urbain s'explique par les
difficultés des géographes à appréhender et
à donner une définition de la ville dont les critères
varient dans le temps et l'espace du fait de l'augmentation rapide de la
population urbaine et de la généralisation de l'urbanisation
à l'échelle mondiale. La ville est un terme courant et
générique alors que l'urbain traduit une
généralisation des modes d'habiter urbain sur les
sociétés (Nédélec, 2018). La ville est
définie par « une association du couple densité (de
population et de bâti)/diversité (de population et de fonction)
sur une portion restreinte de l'espace (Nédélec, 2018, p. 23).
Stébé souscrit à la définition de
Nédélec et soutient que ces critères quantitatifs de
population varient dans le temps et selon les pays. Il ajoute qu'à
l'échelle mondiale parler d'une définition de la ville
relève d'une gageure puisqu'en plus de seuils quantitatifs de
populations, des pays
1
https://www.banquemondiale.org/fr/country/cotedivoire/publication/cote-divoire-economic-outlook-understanding-the-challenges-of-urbanization-in-height-charts
4
intègrent d'autres critères d'ordre historique,
administratif, honorifique...(Stébé, 2022). Ces
définitions de la ville centrées sur les formes spatiales et la
densité de la population sont restrictives et n'intègrent pas les
modes d'habiter urbain aujourd'hui essentiel dans la géographie
contemporaine pour appréhender la complexité du monde (Lussault,
2017a).
Un premier constat qui a motivé le choix de ce sujet
s'explique par ma pratique professionnelle. Enseignant
d'histoire-géographie, le curriculum est un élément
essentiel de la préparation des cours. Pourtant, une lecture du
programme de géographie montre qu'il ne permet pas de saisir en
profondeur les questions liées à la ville pourtant essentielles
aujourd'hui.
Ce sujet est également motivé par un second
constat après mon inscription en Master qui m'a permis d'avoir un regard
renouvelé sur mes pratiques et de l'intérêt pour les
pratiques innovantes. Un regard porté sur le curriculum de
géographie montre que les approches pédagogiques
présentées dans le curriculum mettent en avant le
développement des compétences des élèves en
géographie :
« Comprendre un document.
Manipuler des données statistiques.
S'orienter dans l'espace et dans le temps.
Relever des informations dans des textes et des cartes.
Représenter sur un axe chronologique, des faits et des
évènements.
Construire des cartes et des graphiques.
Expliquer des textes, des représentations graphiques, des
faits cartographiques.
Critiquer des opinions relatives à des faits historiques
et/ou géographiques »2
Le curriculum prescrit est, cependant, peu explicite sur la
manière dont les enseignants doivent faire acquérir ces
compétences aux élèves. Les habilités (manipuler,
définir, comprendre...) sont des compétences transversales donc
non spécifiques à la discipline scolaire en géographie. En
outre, les premiers travaux menés en didactique de la géographie
en Côte d'Ivoire par Doba(2021) et Oussou(2022) sur les pratiques
enseignantes ont montré qu'il existe des tensions entre les instructions
officielles et les pratiques ordinaires des enseignants. Alors que les
instructions officielles prônent une pédagogie active, les
pratiques sont, quant à elle, tournées vers un modèle
transmissif des savoirs pour plusieurs raisons : manque de matériels
didactiques, insuffisance de la formation continue, effectifs
pléthoriques dans les salles de classe... Dans ce contexte, les
pratiques enseignantes en géographie sont dominées par les
descriptions, des
2 Programmes éducatifs et
guide d'exécution histoire géographie 2012, p. 6.
5
nomenclatures, les connaissances factuelles qui ne font pas
sens auprès des élèves. Les connaissances factuelles sont
celles qui « conduisent à devoir mémoriser de longues listes
de notions plus ou moins abstraites et dont le sens ou l'intérêt
ne sont pas toujours évidents » (Hertig, 2012, p. 6). Ces travaux
ont peu abordé la question de la conceptualisation en géographie
et particulièrement le modèle que je présente dans cette
recherche. Or, selon Jean Jacques Bavoux (2016, p. 387), « la
géographie est devenue de plus en plus abstraite parce que l'abstraction
est indispensable pour la compréhension de la complexité du monde
». Selon le dictionnaire Larousse3, l'abstraction est une
opération intellectuelle qui consiste à isoler par la
pensée l'un des caractères de quelque chose et à le
considérer indépendamment des autres caractères de
l'objet. L'objet ici s'entend par le concept, c'est donc une opération
mentale qui consiste à distinguer les attributs essentiels d'un concept
des attributs secondaires. Dans son dictionnaire de pédagogie,
Buisson(2017) affirme que le rôle pédagogique de l'abstraction est
controversé. Dans l'ancienne pédagogie, l'abstraction partait
d'une démarche déductive, c'est-à-dire de règle
générale, d'idées abstraites. Cet enseignement
était commun à toutes les disciplines (grammaire,
arithmétiques, géographie ...). Concernant la géographie,
il fait le constat suivant :
« La géographie elle-même débute par
une suite de notions préliminaires qui bien que s'appliquant à
des objets matériels, se déroulent aussi sous forme abstraite, en
une série de définitions et de généralités,
d'autant plus
difficiles à faire entrer dans l'esprit de l'enfant qu'il
est ici impossible d'en appeler à son expérience, il n'a pas
le
secours des sens pour s'assurer de la rotondité de la
terre, pour entendre la définition de l'axe, de l'équateur, de la
révolution ou de la rotation » (Buisson et al., 2017, p. 129)
Cela consistait pour les enseignants à transmettre des
connaissances factuelles. Cette tendance primitive de la pédagogie
s'inscrit dans la logique du maître contrairement à celle de
l'élève qui s'appuie sur une démarche inductive, la
nouvelle méthode. Car même si les enseignants enseignent,
l'apprentissage est dévolu à l'élève. Piaget
reconnait à l'enfant des capacités cognitives internes
d'organisation du monde. Piaget s'appuie, dans sa théorie, sur les
travaux de Kant, précisément sur son ouvrage, la critique de la
raison pure. En effet, pour Kant, la raison pure ou la connaissance a priori
stipule que notre esprit ou entendement contient des concepts a priori qui
précède notre expérience avec le monde. C'est en adaptant
notre expérience des objets que l'esprit intériorise les
connaissances (Kant et al., 2012). Cette logique de l'élève dans
la construction de ses connaissances nécessite, selon Vygotski la
médiation d'un tiers. Pour
3
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/abstraction/298
6
Britt-Mari Barth, le rôle de l'enseignant est d'aider
les élèves à passer des concepts spontanés aux
concepts scientifiques. En effet, pour cette dernière, « pour
comprendre un domaine disciplinaire, les élèves ont besoin
d'élaborer les concepts qui la fondent »4. Elle
définit les concepts comme des outils de pensée. À ce
propos, Hertig a proposé les concepts intégrateurs comme outils
opératoires de la pensée en géographie. Cette recherche
s'inscrit dans la même veine que les travaux de didactiques de la
géographie, mettant l'accent sur des outils innovants pouvant permettre
aux enseignants d'amener les élèves à donner du sens
à leur savoir. Elle s'appuie sur le socioconstructivisme
développé par Vygotski. Et plus particulièrement sur le
modèle opératoire du concept de Britt-Mari Barth.
De ces constats, surgi la question suivante : quelle est la
place des concepts dans la géographie scolaire ivoirienne ?
De cette question principale découlent les questions
secondaires suivantes :
- Dans quelle mesure le curriculum prescrit prend-il en compte
les concepts géographiques ?
- Que représente les concepts pour les enseignants en
géographie ?
- Quelle place occupe les concepts dans les pratiques
enseignantes ?
Pour répondre à ces questions, j'analyserai le
curriculum prescrit à l'aide du logiciel iramuteq pour y dégager
les occurrences des concepts géographiques, puis je mènerai une
observation structurée ou systématique des pratiques ordinaires
de quatre enseignants de géographie.
Cette recherche qualitative vise à analyser la place
des concepts dans la géographie scolaire puis à proposer un
modèle innovant pour la conceptualisation en géographie.
À cet effet, je présenterai mon travail de
recherche en quatre chapitres. Dans le premier chapitre, je
m'intéresserai aux fondements épistémologiques du fait
urbain, dans le second chapitre, je présenterai les cadres
théoriques qui soutiennent cette recherche et la méthodologie de
recherche. Quant au troisième chapitre, il portera sur les
résultats de cette recherche. Finalement, le chapitre quatre sera
consacré à la proposition de séance de cours selon le
modèle opératoire du concept.
4
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/06/19062014Article635387595496180425.aspx
7
Chapitre 1 : Epistémologie de la géographie et
savoirs sur l'espace urbain
Notre recherche porte sur les pratiques enseignantes dans la
construction du concept d'espace urbain. Pour Caroline Leininger-Frézal
(2019), l'analyse des pratiques enseignantes, doit prendre en compte le
questionnement lié au fondement épistémologique de la
science de référence. Ce sont sur ces fondements que sont
construits les instructions officielles à l'endroit des enseignants. Le
concept d'espace urbain s'est construit au fil de l'évolution de la
géographie. Ce concept s'est inscrit progressivement à travers
l'histoire de la géographie ainsi que des grands courants de la
géographie. Pour comprendre ce concept, il faut étudier
l'épistémologie de la géographie.
L'épistémologie est l'étude critique d'une science, de ses
théories, de ces concepts fondamentaux, de ses objets d'étude et
de ses méthodes (Bailly et al., 2018). Ce chapitre vise à montrer
l'émergence du concept d'espace urbain dans la géographie
française à travers son histoire et les paradigmes, puis son
influence sur la géographie ivoirienne ainsi que son enseignement.
Ce chapitre est fort utile pour notre recherche qui porte sur
la place des concepts dans la géographie scolaire ivoirienne, car il
permettra de comprendre le positionnement épistémologique de la
géographie urbaine ivoirienne et de comprendre les concepts qui fondent
son enseignement. Il est utile de préciser que des liens forts existent
entre la géographie française et la géographie ivoirienne.
Cette dernière est héritière de la géographie
française. Ce sont ces paradigmes hérités de la
géographie française qui influencent en partie la construction de
la géographie scolaire ivoirienne. Ainsi, il s'agira d'analyser d'abord
la construction de la géographie urbaine française et ensuite son
influence sur la construction de la géographie urbaine ivoirienne.
1- La géographie urbaine française
1.1- La géographie classique et la naissance de la
géographie urbaine
Le précurseur de cette géographie est Vidal de
La Blache. Il s'inspire des travaux des géographes allemands5
pour construire une géographie française moderne (Scheibling,
2011). S'interrogeant sur les rapports entre l'homme et le milieu, « Il
conclut que l'interaction entre
5 Ritter et Ratzel
8
l'homme et le milieu conduisent à une adaptation des
sociétés propres à chaque type de milieu » (Ciattoni
& Veyret-Medkjian, 2018, p. 19). Ce rapport de l'adaptation des
espèces au milieu est appelé le possibilisme. Les
sociétés développent des « genres vie » en
fonction des milieux où elles vivent. Les concepts fondamentaux de cette
géographie classique sont le milieu et le genre de vie. Cette
géographie fait des lieux des singularités qu'il faut
étudier. Vidal de La Blache dresse alors lui et ses héritiers des
monographies des régions de la France. L'outil d'analyse est le paysage.
L'analyse des paysages permet de mettre en avant et d'expliquer les
particularités d'une région. C'est une discipline idiographique
qui accumule les connaissances sur le monde. Pour Vidal, la géographie
est une science humaine, car elle étudie par essence l'homme (Robic,
1976) dans ces rapports avec son milieu. Cette géographie va
s'intéresser à la ville et au fait urbain (Clerc, 2012a). Selon
Marie Claire Robic(2003), l'étude de la ville et de l'urbain remonte
à la fin du XIXe siècle, contrairement aux
idées avancées par certains géographes, notamment Paul
Claval (1970), Jean-Bernard Racine et Antoine Bailly qui soutiennent une
naissance tardive de la géographie urbaine à la fin de la
deuxième guerre mondiale. Anne Hertzog et Alexis Sierra (2010)
souscrivent au point de vue de ces derniers. En effet, pour eux, l'espace
étant dominé, avant 1950, par des paysages ruraux, les
géographes français ont fait le choix
épistémologique d'étudier les paysages ruraux et de
campagne. Pour Allemand et al.(2005), il ne pouvait en être autrement,
d'autant plus que l'école française de géographie s'est
constituée au moment où la France était en majorité
rurale, à la fin du XIXe siècle avec Vidal de la
Blache. La ville est restée donc un objet d'étude secondaire pour
les géographes avant les années 1950 et le paradigme
géographique des relations homme milieu ne facilitait pas une
étude de la ville. Ainsi, les nouvelles orientations de la
géographie étrangère dans les années 1930,
notamment les approches statistiques, les approches spatialistes et
modélisatrices de l'école de Chicago, intéressent les
géographes français bien plus tard autour des années 1960
dans l'étude de la ville6(Hertzog & Sierra, 2010).
Cependant, la ville n'est pas totalement absente des travaux des
géographes classiques. Et Vidal de la Blache le confirme en affirmant
son intérêt pour cet
objet : « un géographe a toujours
considéré comme une des questions les plus capitales de la
science qu'il cultive l'étude des villes ; et cela avec
raison, car ce sont les villes qui ont été les foyers de
civilisation, les points de départ de nos organisations politiques,
historiques (...). » Vidal de la Blache, cité par Robic (2003, p.
109). Dans le sillage de Vidal, de nombreux géographes vont
s'intéresser à la ville. De nombreux ouvrages et articles ainsi
que des
6 Ces approches sont explicitées dans le point
suivant.
9
conférences de géographie sont publiées
à ce sujet : « Reclus, 1895, The Evolution of Cities ;
Brunhes, 1900, le boulevard comme fait de géographie urbaine ;
Vacher, 1904, Montluçon. Essai de géographie urbaine ;
Clerget, 1910, L'urbanisme. Étude historique, géographique et
économique»(Ciattoni & Veyret-Medkjian, 2018, p. 76).
Cette géographie urbaine évolue en même que l'urbanisme et
se consacre aux monographies des villes, à souligner leur rôle
essentiel dans l'organisation des régions et le progrès des
sociétés. Toutefois, l'étude de la ville n'est pas
l'apanage des géographes. La ville intéresse de nombreux
chercheurs dans différents domaines : « les
historiens-géographes (Pasquet, 1899, le développement de
Londres), mais aussi les statisticiens (Levasseur et Meuriot, 1897, Des
agglomérations urbaines dans l'Europe contemporaine. Essai sur les
causes, les conditions, les conséquences de leur
développement), l'urbanisme (Pierre Lavedan, la
Géographie des villes publiée en 1936), les sociologues
(Maunier, 1910, L'origine et la fonction économique des villes en
1910) et même les biologistes-urbanistes (Geddes, 1904, City
Development) » (Ciattoni & Veyret-Medkjian, 2018, p. 76). C'est
à la fin du XIXe siècle que les géographes
revendiquent l'interdisciplinarité de la géographie et
l'étude de la ville comme objet de la géographie. Ainsi, c'est
sous la plume de Brunhes qu'apparait pour la première fois l'expression
géographie urbaine (Robic, 2003). Il étaye sa position lors de sa
communication au congrès de l'Association pour l'avancement des
sciences, en 1900 : « Les villes sont de plus en plus
étudiées comme des faits géographiques : parmi les
phénomènes qui affectent la surface du sol, ne sont-ils pas des
plus caractéristiques et aussi des plus variés ? » (Robic,
2003, p. 110). Cette géographie urbaine précède la
sociologie urbaine apparue en 1930 et la géographie rurale apparue dans
les 1960 (Ciattoni & Veyret-Medkjian, 2018). Pour Claval, l'étude de
la ville menée par Brunhes se limite au tracé des routes et au
mode d'occupation improductive du sol et à la description du Bâti.
Il oppose cette géographie qu'il qualifie d'appauvrie à une
analyse urbaine plus riche de Blanchard. Raoul Blanchard étudie la ville
sous le prisme de deux concepts clés : le site et la situation. Il
explicite et donne l'importance de ces deux concepts :
« Pour comprendre la ville, il convient de prendre de la
hauteur et de la saisir dans ses rapports avec le voisinage. La démarche
se fait en deux temps. La première fait découvrir le site, les
traits topographiques singuliers, un méandre, le rebord d'une terrasse
fluviale, une butte isolée et facile à défendre, une anse
profonde et bien abritée au bord de la mer, qui ont fixé la ville
ici plutôt qu'un peu plus loin. Vue de plus haut, c'est la situation du
centre urbain, l'ensemble des relations qu'il entretient avec le monde
extérieur que l'on découvre, les routes qui convergent vers lui,
les cols qu'il commande, les cours d'eau qui portent ses nefs loin en amont ou
en aval, et les vaisseaux qui lient le port à d'autres rivages. »
(Claval, 2017,
p. 37).
10
En ce sens, le site désigne la position absolue de la
ville dans un espace donné. Les géographes s'attellent à
décrire les propriétés physiques qui ont conduit à
l'implantation de la ville dans ce lieu. La situation désigne
plutôt sa position relative dans un espace donné. La
démarche privilégie la description des relations que la ville
entretient avec les autres territoires, soient un carrefour, soit une situation
de frontière, soit une situation de centralité
géométrique (Nédélec, 2018). Cette analyse, bien
qu'importante, n'analyse pas leur impact sur les villes. En outre, Chabot va
proposer une typologie des villes et des fonctions urbaines. Il n'étudie
guère le fonctionnement des villes (Claval, 2017). Cette
géographie classique a, tout de même, le mérite d'aborder
la question urbaine et d'en revendiquer l'étude. Elle essaie
également de se forger un vocabulaire spécifique (Hoyaux, 2010).
Ainsi, l'usage du terme urbanisme est remplacé par « fait urbain
» et après par « l'urbanisation ». Le fait urbain est
défini comme une concentration humaine dans les groupes urbains et
l'urbanisme comme la transformation de la physionomie des villes sur le plan de
l'art et de l'hygiène (Ciattoni & Veyret-Medkjian, 2018).
Le paradigme dominant des relations homme milieu a
entrainé une étude assez faible de la ville par les
géographes classiques. La ville est étudiée par la
géographie classique de manière empirique. Une approche par
l'observation puis la description qui se termine par une classification des
villes en fonctions de leur rôle. Les concepts mis en avant, sont
relatifs aux paysages urbains. Cette approche montre le manque d'outils
adéquats pour les géographes classiques pour aborder la question
de la ville. Ce qui domine, c'est une analyse morphologique de la ville
à travers les monographies des villes et du bâti au lieu d'une
analyse socio-spatiale de la ville (Bouchut, 2003). Cela est illustré
par « l'approche écologique et monographique de Raoul Blanchard ;
l'approche par la morphologie et les paysages de Jean Bruhnes qui utilise une
abondante iconographie ; ou encore l'approche régionale et plutôt
économiste, avec la description des fonctions urbaines et des relations
ville/ campagne, dès Vidal de la Blache et plus fortement chez ses
successeurs dans les années trente. » (Hertzog & Sierra, 2010,
p. 3).
1.2- La nouvelle géographie et le fait urbain
La nouvelle géographie est née aux
États-Unis dans les années 1960 avant de toucher la France dans
les années 1970(Ciattoni & Veyret-Medkjian, 2018). La
géographie rompt avec le paradigme vidalien des sciences naturelles.
Pour Allemand et al. (2005), l'objectif de la
11
nouvelle géographie n'est plus de décrire le
monde mais plutôt de « déchiffrer le monde »7
c'est-à-dire de rechercher des lois et des
régularités dans l'organisation de l'espace. La géographie
devient une science sociale (Scheibling, 2011) et a pour concept central
l'espace. L'espace n'est plus envisagé comme support des
activités humaines, mais il en devient la
matérialisation(Ciattoni & Veyret-Medkjian, 2018). Les
géographes s'appuient sur des outils mathématiques et des
modèles de l'économie spatiale en vue de donner un statut
scientifique à leur discipline. Les précurseurs de cette
géographie en France sont Pinchemel, P. Claval, A. Bailly... C'est une
géographie quantitative qui cherche à établir des lois
d'organisations de l'espace. C'est une science nomothétique.
Elle fonde son analyse sur des modèles théoriques :
théories des lieux centraux, théorie de Von Thünen sur les
marchés, le modèle gravitaire... À l'opposé de la
géographie classique qui est inductive, la nouvelle géographie
s'appuie sur une démarche hypothético-déductive. Cette
nouvelle géographie s'apparente à un renouvellement
théorique de la géographie, mais elle est fortement
critiquée par P. Georges et Ph. Pinchemel qui dénoncent un
déterminisme des mathématiques dans l'explication des
phénomènes humains ou sociaux (Scheibling, 2011). La nouvelle
géographie s'intéresse à la ville également. Elle
s'appuie sur l'analyse spatiale pour expliquer l'organisation des villes. Pour
Denise Pumain, l'analyse spatiale permet de comprendre les
régularités et les ruptures dans l'espace. La géographie
urbaine a mis l'accent sur « la hiérarchie urbaine, les
réseaux urbains et les systèmes des villes, les rapports entre
polarisation et régionalisation, laissant à la sociologie
l'étude du fonctionnement interne des villes » (Scheibling, 2011,
p. 103). Pour Claval, les logiques d'agglomérations sont liées
aux besoins d'interaction sociale. Il définit, à cet effet, la
ville comme « une organisation destinée à maximiser
l'interaction sociale » Claval cité par Scheibling (2011, p. 103).
La ville est un espace structuré, c'est un carrefour dominé par
un centre attractif et des réseaux pour faciliter les interactions
sociales (Claval, 2017). Ainsi, Claval s'oppose à une approche
monographique de la ville et tente d'expliquer les logiques en oeuvre dans le
développement des villes.
Avec la nouvelle géographique, on rentre dans une
approche systémique de la ville, les villes ne sont plus
étudiées de manière singulière comme dans la
géographie classique, mais de manière globale en recherchant
à construire des théories pour expliquer l'organisation de
l'espace. Les géographes expliquent l'organisation de l'espace urbain
à travers les concepts de distance, de polarisation, de
centralité, d'interaction spatiale... (Hoyaux, 2010). Toutefois,
7 Expression de Brunet, le
déchiffrement du Monde, 2017
12
Cette approche reste encore limitée pour
appréhender le fait urbain, car elle occulte les représentations
des citadins et d'autres acteurs dans la construction et dans la production de
l'espace.
1.3- La géographie contemporaine centrée sur les
modes d'habiter
Cette géographie contemporaine a pour concept principal
le territoire. Elle analyse les mobilités et les temporalités de
l'espace vécu, perçu et conçu par les
sociétés. Elle cherche à comprendre comment les
sociétés produisent l'espace, se l'approprient et se le
représentent. Paul Claval est plus explicite sur le tournant culturel
qu'aborde la géographie avec ce nouveau paradigme. Car la
géographie urbaine « s'attache désormais au citadin,
à la manière dont il s'insère dans l'environnement urbain,
vit la ville, s'y fait une place, s'y aménage une niche qu'il aimerait
durable et donne, individuellement ou collectivement, un sens à
l'existence qu'il y mène. Pour remplir un tel programme, force est de se
tourner vers les individus, de les observer, de les interroger et de prendre en
compte les imaginaires qui pèsent sur leur choix » (Claval, 2017,
p. 58). Ainsi, cette géographie postule pour une approche
pluridisciplinaire de l'espace urbain (Allemand et al., 2005). Pour M.
Lussault, c'est cette géographie qui s'intéresse à
l'invisible des représentations sociales, des idéologies et des
sentiments à l'oeuvre dans un espace donné. Elle prend en compte
l'invisible et le visible. Elle s'intéresse aux modes d'habiter,
à l'espace approprié par des individus et des
sociétés. Le concept urbain, à partir de 1970, remplace la
notion de ville chez les géographes en raison de l'urbanisation
généralisée et accélérée (Lussault,
2017b). Une distinction s'opère entre l'urbain et la ville. Pour Henri
Lefebvre cité par Ciattoni et Veyret (2018) « L'urbain
désigne un mode de vie et non la forme spatiale de la ville »p.187.
L'espace urbain est alors une construction et une production sociale avec
divers acteurs, aux intentionnalités variées.
Ces trois paradigmes de la géographie correspondent aux
trois manières de penser le monde et de concevoir la géographie
de Retaillé.
13
Tableau 1 : les trois manières de pensée le
monde selon Retaillé.
Source : (Hertig, 2012)
Ces trois manières de penser le monde ne sont pas
contradictoires, mais se complètent pour enrichir la science
géographique. Selon Thémines (2006), elles permettent
également d'analyser le discours géographique des professeurs. En
effet, pour Jacques Levy cité par Allemand et al.(2005, p. 42), il
importe de comprendre que « chaque science sociale est à la fois
globale dans son champ et partielle dans son objet. Chaque science sociale
s'intéresse à tous les phénomènes, mais selon un
angle particulier. En géographie, cet angle, c'est l'espace, car la
géographie est la science de la dimension spatiale des
sociétés ». Hertig abonde dans le même sens et
souligne l'importance de ne pas réduire ou simplifier le savoir
géographique à des données factuelles. Il affirme à
ce propos : « les innombrables interactions qui régissent les
relations entre les sociétés humaines et l'espace ou à
travers l'espace, font de la géographie une science du complexe »
(Hertig, 2012, p. 80). C'est à cette conception du monde de la
géographie que nous souscrivons dans le cadre de notre recherche. Le
concept d'espace urbain tel que le
14
conçoit la géographie contemporaine, est celui
que nous adoptons dans cette recherche, car il répond à notre
conception épistémologique de la géographie. Ce concept
s'inscrit dans le paradigme herméneutique de la géographie des
processus. C'est cette géographie qui est à même de donner
du sens aux savoirs géographiques et de permettre aux
élèves de « penser la complexité » (Morin, 2014,
p. 97). C'est-à-dire une manière de penser qui refuse le
cloisonnement disciplinaire, mais qui se situe aux frontières des
disciplines et qui amène à une pensée systémique
(Cunha & Matthey, 2007). La géographie contemporaine répond
aux exigences de la pensée complexe (Hertig, 2018), car elle est «
une invitation récurrente à une pensée complexe et
apparait résolument polyscopique dans le sens où il s'y agit de
décentrer en permanence son point de vue. Ainsi, la géographie se
pose comme une discipline non pas de carrefour, mais de frontières,
déjouant constamment les cloisonnements disciplinaires établis
» (Cunha & Matthey, 2007, p. 11). Pour Edgar Morin (2014), Cette
pensée complexe repose sur les concepts qui sont des instruments
permettant de relier les connaissances. Le concept d'espace urbain est un
concept fondamental et un outil de pensée (Hertig, 2012). Il
s'intègre aisément dans le modèle pédagogique
présenté dans cette recherche qui permet de conceptualiser.
Notre recherche porte sur la géographie scolaire
ivoirienne. En raison des liens qui existent entre géographie
française et la géographie ivoirienne, nous sommes tentés
de nous demander comment la géographie scientifique ivoirienne aborde la
question de l'espace urbain ?
2- La géographie urbaine ivoirienne
héritière de la géographie urbaine française
La géographie urbaine ivoirienne s'est construite
autour des chercheurs français de l'ORSTOM8. La
géographie ivoirienne est une géographie tropicale dès
1930, après la deuxième guerre mondiale, elle est marquée
par la géographie du développement.
2.1- Une géographie tropicale urbaine à
tonalité rurale
La géographie ivoirienne est d'abord une
géographie tropicale héritière de la géographie
coloniale française (Doba, 2021). Alain DURAND-LASSERVE situe la
géographie tropicale précisément avant la deuxième
guerre mondiale et immédiatement après celle-ci. Claval est
encore plus précis et indique que ce courant de la géographie
française s'impose à partir de
8 Office de la recherche scientifique et technique
outre-mer, organisme aujourd'hui remplacé par l'IRD (Institut de
recherche pour le développement).
15
1930 et s'estompe en 1950. Ce courant regroupe des chercheurs
africanistes français qui s'intéressent au monde tropical. La
géographie tropicale est précédée de la
géographie coloniale à laquelle elle s'oppose. Cette
dernière a été fondée par Marcel Dubois. Elle a
contribué à fournir des données essentielles pour
l'exploitation des ressources des territoires colonisés. C'est une
géographie économique qui s'est intéressée à
la production et à la fourniture des matières premières
des colonies à la Métropole. Quant à la géographie
tropicale, elle s'est plutôt intéressée aux conditions de
vie des indigènes et à la consommation locale des productions
agricoles. Pour Claval, la géographie tropicale marque une rupture avec
la géographie coloniale, car elle va privilégier une
amélioration des conditions de vie en zone rurale en essayant de «
comprendre la vie des populations indigènes, de décrire leurs
activités et d'expliquer les difficultés auxquelles elles se
heurtent » (Claval, 2019, p. 17). Selon Odette Louiset, Pierre Gourou,
initiateur de la géographie tropicale, s'est peu intéressé
à la ville dans ses travaux. Pour Mainet et Salem(1993),
également, peu de géographes français
s'intéressaient à la ville avant 1980. Ils ajoutent que les
recherches menées sur la ville sont dominées par une
tonalité rurale. Fournet-Guérin explique cela par la faible
urbanisation de l'Afrique en général. En effet, la ville est
perçue comme un objet spécifique aux régions
modernisées, notamment l'Europe puis l'Amérique (Louiset, 2019).
Pour Odette Louisset, avant 1960, la ville tropicale a été
ignorée par les géographes africanistes français, car la
géographie vidalienne, elle-même, avait fait de la ville un objet
d'étude secondaire. Fournet-Guérin abonde dans le même sens
que Louisset et explique cela par l'intérêt et la fascination que
suscitent les paysages ruraux pour les géographes tropicalistes à
l'instar des géographes classiques français. Le Paradigme des
relations homme milieu de la géographie classique dominé par
l'étude des paysages surtout des paysages ruraux et de campagne a
éludé la ville tropicale et s'est plutôt orienté
vers l'étude des zones rurales. Pour Fournet-Guérin, cela
était d'autant plus clair, car l'administration coloniale avait
refoulé les populations indigènes dans les zones rurales de
manière stratégique et la ville tropicale était alors une
ville blanche, des « villes coloniales sur le continent noir »selon
P. George, cité par Fournet-Guérin (2011, p. 52). Ce sont, alors,
les zones rurales qui étaient à même de rendre compte des
relations homme milieu et des genres de vie, mais aussi de
l'authenticité de l'Afrique. En outre, selon D'Alessandro-Scarpari, les
géographes français s'intéressant à l'Afrique, ont
tous travaillé en géographie rurale au début de leur
carrière ; il s'agit notamment de « Jean Gallais, Paul
Pélissier, Louis Papy, Gilles Sautter, Jean Tricart, plus
récemment Jean-Luc Piermay ou Jean-Pierre Raison »
(Fournet-Guérin, 2011, p. 51). Toutefois, la ville tropicale
était évoquée dans les travaux des géographes
tropicalistes. En effet,
16
avec Pierre Gourou, la ville y est étudiée
(localisation et description) dans un cadre régional à dominance
rurale comme dans la géographie classique et non pour elle-même en
tant qu'objet d'étude (Durand-Lasserve et al., 1984).
Au total, la géographie tropicale est une
géographie rurale qui a centré son analyse sur les paysages
ruraux à l'instar de la géographie vidalienne. Quand elle parlait
des villes dans le monde tropical, elle les assimilait à des «
villages urbains » qu'elle localisait et décrivait. C'est pourquoi
pour Odette Louisset : « la « ville tropicale » n'existe donc
pas... car la géographie tropicale s'est d'abord attachée
à comprendre les paysanneries du monde tropical et lorsque la ville est
devenue son « terrain », c'est le tableau du
sous-développement qui a pris le pas sur la tropicalité
»(Louiset, 2019, p. 89).
2.2- la géographie du développement et le
développement de la géographie urbaine ivoirienne
Après la deuxième guerre mondiale, un nouveau
courant de géographie voit le jour : c'est la géographie du
développement. Pour Claval, la géographie du développement
nait à la suite d'une remise en cause des approches menées en
sciences sociales et plus particulièrement en géographie face
à l'inégal développement dans le monde et à la
pauvreté grandissante dans les pays tropicaux. Irène Kassi estime
que le but de la géographie du développement est d'apporter des
solutions aux problèmes de développement en analysant « les
relations économiques et politiques entre pays pauvres et pays riches
»(2019, p. 76). Elle ajoute que la géographie ivoirienne a
adhéré à ce courant. Pour Béatrice Collignon, les
géographes tropicalistes, avant tout ruralistes, manquent d'outils
conceptuels pour appréhender la question du développement et les
questions économiques. Elle ajoute que Pierre Gourou perçoit le
développement comme une impulsion venant de la zone rurale par une
amélioration des rendements agricoles. Pierre Gourou et ses
collègues portent un regard négatif sur les villes tropicales.
Ils analysent les villes sous le prisme de la pauvreté en les
considérant comme des foyers de problèmes à l'origine du
sous-développement (pauvreté, sous équipement). Cette
géographie tropicale axée sur un découpage du monde en
zone géographique empêche les géographes tropicalistes de
sortir des approches empiriques ou de terrain pour une réflexion plus
théorique en géographie (Collignon, 2019). À cet effet,
elle propose « que l'on donne davantage de place aux échanges et
aux activités humaines plutôt qu'aux conditions naturelles, aux
sociétés plutôt qu'aux milieux »(Collignon, 2019, p.
18). Pour Odette Louiset, c'est à partir de 1960 et 1970 que les
géographes tropicalistes manifestent un intérêt croissant
pour la ville. Ils intègrent dans leur
17
analyse l'économie et un modèle s'impose dans
les travaux de recherche à toutes les échelles : c'est le
modèle centre périphérie. En Côte d'Ivoire cette
période correspond à l'ouverture de l'université
d'Abidjan, les pionniers de la géographie urbaine sont Anne Marie Cotten
et Ph HAERINGER. Ils ont réalisé les premières
monographies des villes ivoiriennes. Leurs études portaient sur les
relations villes-campagne. Parallèlement, de nombreuses recherches ont
été menées en géographie urbaine, notamment par les
chercheurs de l'ORSTOM. Elles vont porter sur les monographies des petites
villes de Côte d'Ivoire, particulièrement avec les travaux de
« Anne Marie Cotten, introduction à l'étude des petites
villes de Côte d'Ivoire, J·P. DUCHEMIN et J·P. TROUCHAUD,
données démographiques sur la croissance des villes de
Côte d'Ivoire, M. Vernière, Anyama : étude de la
population et du commerce colatier, J-l. BOUTIlLlER Notes
préliminaires à l'étude de la ville de BOUNA, A.
SCHWARTZ ; TOULEPLEU ; Etude socio-économlque d'un centre
semi-urbain de l'Ouest, J. de BETTIGNIES, TOUMODI; Eléments
pour l'étude d'un centre semi-urbain de moyenne Côte d'Ivoire
» (Cotten, 1968, p. 58). À suite de ces travaux, des
chercheurs français vont encadrer des travaux de thèses et de
mémoires d'étudiants ivoiriens. En témoignent la
thèse de Atta Koffi soutenue en 1978 sous la direction de Gilles
Sautter, intitulé Dynamique de l'occupation de l'espace urbain et
péri-urbain de Bouaké, Thèse de Yapi Diahou sous la
direction de Michel Coquery en 1994, intitulé les politiques
urbaines en Côte d'Ivoire et leurs impacts sur l'habitat non
planifié précaire : l'exemple de l'agglomération
d'Abidjan. Les travaux de ces géographes portent sur : la
hiérarchie urbaine, les fonctions et typologies des villes, les
réseaux de communications, les relations villes-campagne, à la
description des activités économiques et à de nombreuses
monographies des villes régionales, l'occupation du sol et à
l'étude de l'habitat. À partir des années 1990, des
thématiques liées à la géographie urbaine sont
d'actualités dans la géographie scientifique ivoirienne.
Au-delà des monographies, les villes sont étudiées sous
d'autres thématiques : « les conditions de la vie urbaine, les
services publics, la pauvreté, l'analyse de l'impact de la dynamique
démographique et spatiale sur le devenir des villes,
l'aménagement et la gestion des cadres de vie, les services collectifs
et la qualité de vie, les emplois et les activités informelles,
etc. »(Kassi, 2019, p. 80).
Des travaux de recherches scientifiques sont nombreux en
géographie urbaine en Côte d'Ivoire et intègrent tous les
champs de recherche en géographie. Des monographies, à
l'étude de l'organisation des villes avec les modèles urbains
puis le rôle des acteurs dans la production de l'espace urbain. En
témoigne l'article publié dans la revue ivoirienne de la
géographie des savanes, intitulé urbanisation de la
périphérie sud-est d'Abidjan : quand un roi impose sa
18
volonté a l'Etat coécrit par Estelle
ZUO-DIATE, Dominique COURET, Directrice de Recherche en Géographie,
Institut Français de Recherche pour le Développement (IRD), et
Ousmane DEMBELE. Pour Thémines, ces travaux de recherche produisent un
discours géographique sur le monde qui traduisent une appropriation de
l'espace terrestre. C'est ce qu'il nomme la géographicité. Cette
notion est importante, car elle est « adaptée à la
description et à l'interprétation des discours de
géographie scolaire » (Thémines, 2006, p. 2). Pour analyser
l'écho de ces savoirs sur l'espace urbain dans la géographie
scolaire, notre recherche va s'appuyer sur un cadre théorique et une
méthodologie.
19
CHAPITRE 2 : LE CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
Cette recherche s'intéresse aux pratiques enseignantes
en classe de géographie. Pour analyser les pratiques enseignantes,
Robert et Rogalski cité par Choquet(2021, p. 2) proposent la prise en
compte de cinq composantes importantes :
· « les composantes sociale et institutionnelle
permettent de définir les contraintes liées à la
profession ;
· la composante personnelle renseigne sur les propres
représentations de l'enseignant sur la tâche qu'il a à
accomplir, sur, par exemple, l'enseignement des mathématiques ou les
mathématiques en général ;
· la composante médiative concerne l'ensemble des
choix de l'enseignant faits avant la séance concernant les contenus, les
progressions à adopter, le déroulement à prévoir
;
· la composante cognitive s'intéresse aux choix
faits pendant la séance pour orienter le travail des
élèves et faire avancer cette séance vers un objectif
d'apprentissage. »
Leurs propositions, explicites, rejoint celle de Paun. Il
résume ces propositions en deux aspects. En effet, l'étude des
pratiques enseignantes requiert la prise en compte de deux aspects importants
auxquels sont confrontés les enseignants au quotidien dans leur classe.
Il s'agit de la gestion de la classe et la gestion du curriculum (Paun, 2006).
Pour Paun, la gestion de la classe s'entend par la discipline des
élèves. Et quant à la gestion du curriculum, elle part de
la construction du savoir scientifique aux connaissances acquises par
l'élève. Cette dernière s'inscrit dans le cadre
théorique de la transposition didactique. Mais l'enseignant doit se
référer à une approche pédagogique pour conduire
les élèves à l'apprentissage. Ce chapitre vise à
présenter d'une part les cadres théoriques de cette recherche et
d'autre part la méthodologie.
1.Le cadre théorique
1.1- La transposition didactique
Le concept de transposition didactique, utilisée dans
de nombreux travaux de recherche en didactique, est évoqué pour
la première fois par le sociologue Michel Verret en 1975 dans son
ouvrage intitulé le temps des études. Pour Verret, toute action
humaine, au-delà de l'école, qui vise la transmission d'un
savoir, doit d'abord les transformer en vue de les rendre enseignables et
faciliter leur apprentissage (Perrenoud, 2007). Ce concept est repris dans les
travaux en didactique des mathématiques par Yves Chevallard en 1985. Ce
concept a émergé après les
20
interrogations suscitées par l'apparition
régulière des nouveaux savoirs dans l'enseignement des
mathématiques. Chevallard s'interroge sur l'origine et le processus
d'intégration de ces savoirs. Le titre de son ouvrage répond
succinctement à cette interrogation à travers son intitulé
« du savoir savant au savoir enseigné »(Chevallard, 1991, p.
1). Pour Chevallard (1991, p. 39), la transposition didactique désigne
« le travail qui d'un objet de savoir à enseigner, fait un objet
d'enseignement ». En effet, pour ce dernier, « un contenu de savoir
ayant été désigné comme savoir à enseigner
subit...un ensemble de transformations adaptatives qui vont le rendre apte
à prendre place parmi les objets d'enseignements » (Chevallard,
1991, p. 39). Les savoirs scientifiques issus des recherches ne peuvent
être enseignés directement dans un cadre scolaire. Ils doivent
subir des transformations avant de devenir des savoirs enseignables et
d'être intégré dans un cadre scolaire. Il existe deux
niveaux de transposition didactique : un premier qui part des savoirs savants
aux savoirs à enseigner dénommé la transposition
didactique externe et un second, la transposition didactique interne qui part
des savoirs à enseigner aux savoirs enseignés (Develay, 1992).
La transposition didactique externe « représente
le processus de transformation, d'interprétation et de
ré-élaboration didactique du savoir scientifique constitué
dans de différents domaines de connaissance » (Paun, 2006, p. 4).
La transposition didactique externe est la première transformation que
subissent les savoirs savants pour devenir des savoirs à enseigner. Ces
savoirs à enseigner présentent les caractéristiques
distinctes des savoirs savants dont ils sont issus. Pour Verret, cité
par Bronckart et Plazaola Giger (1998, p. 36), ce savoir didactisé se
caractérise par :
« - la désyncrétisation,
c'est-à-dire le découpage des savoirs émanant de la «
pratique théorique » en « champs de savoirs
délimités, donnant lieu à des pratiques d'apprentissages
spécialisées » ;
- la dépersonnalisation, c'est-à-dire « la
séparation du savoir et de la personne »;
- la programmabilité, ou organisation des savoirs en
« séquences raisonnées permettant une acquisition
progressive
».
-la publicité du savoir à transmettre,
c'est-à-dire par sa « définition explicite, en
compréhension et en extension », et elle requiert d'autre part un
processus de contrôle social des apprentissages. »
Le résultat de ces transformations est contenu dans les
programmes, les manuels, les textes officiels et les guides d'exécution
des programmes. Cette première réélaboration est le fait
de la « noosphère » constituée par les universitaires,
les acteurs divers intervenants dans la construction des programmes scolaires.
Ces savoirs constituent le curriculum formel ou
21
prescrit. Cette sélection des contenus à
enseigner est appelée la transposition curriculaire externe. C'est une
sélection rigoureuse qui tient compte des finalités
assignées au domaine concerné et au niveau cognitif des
élèves. Astolfi citant les travaux de Yves Chevallard et
Marie-Alberte Johsua, des didacticiens de mathématiques, définit
cinq (5) règles de la transposition didactique dans l'enseignement des
mathématiques, dont deux essentielles dans le cadre de notre recherche.
La première est relative à la modernisation nécessaire du
savoir scolaire. En effet, « dans différentes disciplines, il
apparait, périodiquement nécessaire, aux spécialistes de
mettre à jour les contenus d'enseignement pour les rapprocher de
l'état des connaissances universitaires. Il se crée,
fréquemment dans ces cas, des commissions qui prennent pour base de
travail divers travaux et propositions antérieures diffusées dans
la noosphère » (Astolfi et al., 2008, p. 182). Il affirme qu'il
faut un regard constant et une collaboration entre la science de
référence et la discipline scolaire en vue de tenir compte des
évolutions des savoirs savants dans la construction des savoirs à
enseigner. En plus de la modernisation des savoirs, la seconde règle est
relative à la nécessité d'un renouvellement curriculaire
de la discipline scolaire. Cette règle permet d'éviter
d'éloigner le savoir scolaire du savoir savant posant un problème
de légitimité de ce savoir scolaire. Elle permet également
de garder une distance entre le savoir scolaire et les savoirs du sens communs
(Astolfi et al., 2008). Doba souscrit à la proposition de Astolfi, et
constate que la construction du curriculum de géographie en Côte
d'Ivoire est influencée par de nombreux partenaires nationaux et des
institutions internationales. Son travail a porté sur la diffusion des
savoirs de la géographie des risques dans l'enseignement secondaire
ivoirien. Il soutient que les choix des savoirs à enseigner contenus
dans les documents officiels, les programmes scolaires et les guides
d'exécution des programmes éducatifs sont faits par une
commission constituée d'enseignants chercheurs de l'ENS et d'inspecteurs
généraux de l'éducation nationale. De ces entretiens avec
les différents acteurs intervenant dans la chaine curriculaire
ivoirienne, il révèle une faible collaboration entre
l'enseignement supérieur et l'enseignement scolaire. Il a
démontré que la présence d'un concept dans les curricula,
notamment le concept des risques, était marginal, surtout à cause
du paradigme disciplinaire dominant de la géographie ivoirienne, mais
aussi du fonctionnement en vase clos de ces deux institutions. Ce qui a une
incidence sur les savoirs scolaires à enseigner en géographie qui
sont obsolètes (Doba, 2021). Par ailleurs, le curriculum prescrit ou
formel est présenté comme une norme et influence fortement les
savoirs enseignés (Paun, 2006). Dans l'enseignement du français,
par exemple Dolz et al. (2006, p. 144) ont remarqué que « le
curriculum recommandé est organisé sous forme de prescriptions
qui sont
22
souvent dans un rapport complexe avec le curriculum
enseigné. Les travaux sur ce dernier ont généralement une
vision descendante qui va du curriculum officiel (plans d'études) au
curriculum acquis (évaluations des apprenants) ». Dans sa
thèse sur l'enseignement des EDD en classe de géographie, Oussou
n'hésite pas à pointer ce premier niveau institutionnel de
construction des programmes qui peinent à prendre en compte des
problématiques actuelles et importantes de la géographie. Cette
posture beaucoup plus dirigiste des programmes entraine une rupture entre les
textes officiels et les pratiques enseignantes (Oussou, 2022). La transposition
didactique externe est un concept important dans le cadre de notre recherche,
car il permet de questionner la nature et le sens des concepts
géographiques présents dans le curriculum prescrit, mais
également les modalités d'intégrations des concepts
géographiques. En outre, ce concept permettra de comprendre les
fonctions assignées à la géographie scolaire à
travers les concepts géographiques présents dans les
programmes.
La transposition didactique interne est le second niveau de la
transposition didactique. Selon Paun (2006, p. 7) « elle représente
l'ensemble des transformations successives et négociées subies
par le curriculum formel dans le cadre du processus d'enseignement et
d'apprentissage, tout au long du parcours professeur-élève
». La transposition didactique interne se déroule dans la classe.
C'est le passage du savoir à enseigner au savoir enseigné. C'est
une réappropriation du curriculum formel par l'enseignant. La
transposition didactique interne selon Hertig (2012, p. 25) est un «
processus ...pour l'essentiel sous le contrôle de l'enseignant ».
Antibi André et Guy Brousseau donnent plus de précision sur la
place de l'enseignant dans ce processus. À cet effet, ils soulignent
qu'« une institution, dite «enseignante», se voit confier le
projet de modifier l'univers culturel d'une autre institution, dite
«élève», jugée hors d'état d'effectuer
cette modification motu proprio, et qui, le plus souvent, ne ressent a priori
aucun besoin ni aucune raison spécifique de cette modification »
(Antibi & Brousseau, 2002, p. 48). Le résultat de cette
réappropriation du curriculum prescrit par l'enseignant se
décline en deux curricula : le curriculum enseigné ou réel
et le curriculum réalisé ou appris (Chevallard, 1991). Philippe
Perrenoud dans un article dévoile la part de subjectivité du
professeur dans l'interprétation du curriculum prescrit. Il
décrit de nombreux facteurs susceptibles d'influencer les contenus
d'enseignements (Perrenoud, 1993). Paun abonde dans le même sens. Pour ce
dernier, cette interprétation du curriculum par le professeur se
réalise sous de nombreuses contraintes :
« telles que sa formation initiale, son habitus
professionnel, son rapport personnel et spécifique avec la science et la
culture scolaire, les sens et les significations qu'il confère aux
finalités de l'éducation (la définition qu'il donne de
celles-ci), ses représentations à l'égard des
élèves, en général, et à l'égard
de
23
ceux avec lesquels il travaille, en particulier, les opinions de
ses collègues de la salle des professeurs et
non seulement, sa propre vision concernant le parcours
scolaire des élèves, leurs préférences et leurs
résistances » (Paun, 2006, p. 8)
Le curriculum enseigné devient ainsi un outil de
différenciation des pratiques enseignantes puisque c'est une
réélaboration personnelle du curriculum prescrit. Ce concept est
important pour notre recherche, car il permettra de distinguer les pratiques
enseignantes qui sont à même de donner du sens aux savoirs et de
susciter une appropriation des concepts géographiques par les
élèves.
Le curriculum réalisé désigne les
connaissances acquises par l'élève dans un processus
d'enseignement apprentissage. C'est « le résultat des
réinterprétations et des négociations que celui-ci
développe au cours de son interaction avec le professeur »(Paun,
2006, p. 9). Il révèle le niveau d'appropriation d'un objet
d'enseignement réélaboré en connaissances par un
élève. Il permet au professeur de réinterroger ces
pratiques. Guy Brousseau cité par Astolfi et al. (2008) ne nie pas les
avantages de la transposition didactique, mais insiste également pour
une mise sous surveillance de la transposition didactique. En effet, il importe
de faire attention aux transformations épistémologiques que
peuvent subir le savoir au cours du processus de transposition didactique.
Gibert Arsac cité par Astolfi et al. (2008) avance même
l'idée d'une rupture épistémologique entre le savoir
savant et le savoir scolaire. Ainsi, il précise que «
l'étude de la transposition amène à exercer une vigilance
épistémologique, c'est-à-dire à examiner si la
distance, la déformation, entre l'objet de savoir et l'objet
d'enseignement n'est pas telle qu'il ne reste en commun qu'une nomenclature et,
dans le pire des cas, un langage pseudo-savant. On pourra parler dans les cas
extrêmes de rupture épistémologique ; il conviendra de
s'interroger sur les motifs de ces ruptures » Gilbert Arsac cité
par Astolfi et al.(2008, p. 181). Cette citation permet de questionner, dans le
cadre de cette recherche, le sens que les enseignants et les
élèves donnent aux concepts dans la géographie scolaire
ivoirienne.
1.2- Le modèle opératoire du concept
1.2.1- Un élargissement des théories de
Vygotski et de Bruner
Vygotski, dans sa théorie socio-constructiviste met
l'accent sur l'environnement culturel et social dans le développement de
l'enfant. Cette théorie s'inscrit dans le paradigme constructiviste.
Pour Vygotski, l'outil fondamental d'interaction sociale est le langage qui
permet la construction de la pensée, donc le développement de
l'intelligence chez l'enfant. Pour Saussez, « Vygotski ne fait donc pas du
social un facteur parmi d'autres du développement de
24
ces capacités, mais sa source »(2019, p. 6). En
effet, c'est l'apprentissage avec l'aide d'un tiers qui précède
le développement de l'enfant. Vygotski souligne, à cet effet,
l'importance d'un tiers (enseignant, parent) dans le processus d'apprentissage
à travers la théorie de la zone proximale ou prochaine de
développement (ZPD) qui est la distance à parcourir entre ce que
l'enfant sait et son niveau de développement potentiel, accessible
grâce à l'interaction avec ses pairs. Par exemple, « prenons
le cas de deux enfants possédant un âge mental équivalant
à 8 ans. Avec l'aide d'un adulte, l'un résout des
problèmes correspondant à l'âge de 12 ans, tandis que
l'autre ne peut résoudre que des problèmes correspondant à
l'âge de 9 ans » (Lecomte, 2016, p. 78). Le concept de ZPD est
important, car il permet à l'enseignant de faire progresser les
élèves dans les apprentissages. Dans le cadre d'un enseignement
basé sur les concepts, il permet de passer des concepts spontanés
acquis de manière empirique vers des concepts scientifiques acquis dans
un cadre scolaire. Il est évident que l'élève ne peut pas
tout redécouvrir lui seul. Il a besoin, dans les situations
d'enseignement-apprentissage, de rentrer en interaction avec ses pairs et de
l'enseignant médiateur pour l'aider à progresser dans ses
apprentissages. Le modèle socio-constructiviste répond aux
conditions pour faciliter les apprentissages. C'est sur cette théorie
que s'appuie le modèle pédagogique présenté cette
recherche.
Le modèle opératoire du concept s'appuie sur la
théorie socioconstructiviste de Vygotski. Britt Mari Barth est la
conceptrice de ce modèle pédagogique. La théorie
socioconstructiviste de Vygotski et les lectures de l'oeuvre de Bruner ont
permis de définir ce modèle pour apprendre et comprendre (Barth,
2015). Britt-Mari Barth est enseignante chercheuse en éducation. Elle
s'est beaucoup intéressée aux questions éducatives,
surtout aux difficultés des élèves qui conduisent à
l'échec scolaire, voire au décrochage scolaire. Elle s'appuie sur
les travaux de J. Bruner. Bruner dans son ouvrage study of thinking
qui montre que tout individu cherche indépendamment de son âge,
à organiser le monde qui l'entoure en construisant des catégories
ou des concepts (Barth, 2013). Cette formation de concept est inhérente
à l'activité cognitive et débute dès la petite
enfance. Chaque individu forme des concepts en fonction de ses connaissances,
son expérience et sa culture. Ces concepts spontanés ou
empiriques se fondent sur l'organisation des connaissances acquises d'un
individu ; c'est ce que Bruner nomme cadre de référence ou
structure cognitive. C'est lui qui permet à l'individu d'organiser sa
pensée. Ce mode d`organisation des connaissances est inconscient et
instable. Cependant, le modèle proposé par Britt-Mari Barth vise
à faire acquérir des concepts scientifiques et à
développer chez chaque individu une compréhension et une prise de
conscience de son processus de conceptualisation : c'est la
métacognition (Barth, 2015). Le titre du dernier ouvrage de Britt-
25
Mari Barth résume bien le modèle
pédagogique qu'elle propose : élève chercheur,
enseignant médiateur, donner du sens au savoir. Ce modèle
pédagogique est aussi appelé la médiation sociocognitive
des apprentissages. Cette médiation sociocognitive considère le
savoir comme une construction sociale, culturelle et historique (Barth, 2012a).
À ce sujet, selon Britt-Mari Barth : « deux
présupposés issus de la théorie du développement de
Vygotski étayent cette perspective : celle de l'origine culturelle
de la pensée et de l'apprentissage, d'une part ; celle de la
nécessaire médiation, d'autre part. Cette
médiation est à comprendre dans le sens à la fois
d'accompagnement (socio-) et d'instrumentation d'outils de
pensée (cognitive) » (2012a, p. 14). Ce modèle
pédagogique utilise le concept comme outil opératoire de la
pensée et s'appuie sur le rôle médiateur de l'enseignant
pour déclencher des démarches intellectuelles de
l'élève en vue de l'abstraction. La culture représente
à la fois une boîte à outil et le monde auquel nous devons
nous adapter. C'est cette « boite à outil », selon Bruner qui
permet à l'élève « de donner un sens à la
réalité » Bruner cité par Barth (2013, p. 200). Ces
outils peuvent être assimilés à des concepts (Barth, 2013).
Il revient à l'enseignant de faire émerger ces concepts pour que
les élèves donnent un sens au savoir. Pour ce faire, l'enseignant
doit préalablement rendre le savoir accessible aux élèves.
Cette figure illustre bien le rôle médiateur de l'enseignant :
26
Figure 1 : le rôle médiateur de l'enseignant
dans le modèle opératoire du concept
Source : d'après Barth (2013)
1.2.2- le concept outil de pensée
Le savoir désigne les connaissances acquises par
l'apprentissage ou par l'expérience. Dans un cadre scolaire, le savoir
est varié en fonction des disciplines. Cependant, pour Britt-Mari Barth,
toute connaissance, y compris les programmes scolaires, sont structurés
comme des concepts. À cet effet, « quel que soit le niveau de
complexité d'un contenu, on peut le traiter comme un concept et
l'apprendre »(Barth, 2013, p. 37). Les concepts scientifiques sont des
produits de la science, de la recherche et sont des outils pour comprendre
(Mérenne-Schoumaker, 2017). Leur définition reste universelle. Ce
qui importe, c'est que l'élève arrive à construire son
savoir. Toutefois, le savoir transmis et à mémoriser fait souvent
l'objet de fausse compréhension de l'élève : les
confusions entre le mot et le sens, entre les éléments pertinents
et non pertinents par rapport à un problème donné et la
confusion dans le mode de raisonnement (Barth, 2015). Toutes ces
difficultés représentent autant d'obstacles à donner du
sens au savoir et à comprendre. Pour Britt-Mari Barth, Comprendre
renvoie ici « à une norme, implicite ou
27
explicite, celle qu'on impose soi-même ou qui est
imposée par un interlocuteur ou par la situation dans laquelle on se
trouve »(Barth, 2015, p. 25). Les interactions et la structuration du
savoir permettent d'arriver à une compréhension commune en
donnant un sens au savoir ainsi élaboré. Le savoir ne se
réduit pas à un contenu disciplinaire à acquérir,
mais il comprend également les ressources matérielles, les
stratégies d'apprentissage et les ressources humaines propres à
chaque discipline. Pour acquérir ces connaissances disciplinaires, il
faut connaitre les concepts qui fondent cette discipline. Les stratégies
d'apprentissages communes à toutes les disciplines et qui donnent un
sens au savoir relèvent de la conceptualisation (Barth, 2012a). En ce
sens, « Le concept pourrait donc servir de modèle du savoir afin de
réfléchir à sa signification et à son enseignement
»(Barth, 2013, p. 34).
Ce modèle pédagogique est axé sur le
concept comme outil opératoire de la pensée. Chaque individu
organise le monde qui l'entoure en fonction de sa structure cognitive et c'est
cette dernière qui permet la formation spontanée de concept. Ce
concept spontané pourrait dans le cadre d'un apprentissage scolaire
devenir un concept scientifique. Selon le dictionnaire Larousse, un concept est
une « idée générale et abstraite que se fait l'esprit
humain d'un objet de pensée concret ou abstrait, et qui lui permet de
rattacher à ce même objet les diverses perceptions qu'il en a, et
d'en organiser les connaissances... »9. Le concept permet
d'organiser la pensée, de la structurer et donner un sens aux
différents objets qui nous entoure. En logique, un concept est un
contenu de pensée, qui, lorsqu'il est appliqué à un objet,
peut former une proposition10. Il recouvre ici le statut
d'hypothèse ou d'idées qui doivent être confrontées
à des faits par la recherche, puis, une fois validée, deviennent
des lois ou des concepts scientifiques, sinon elles sont abandonnées. En
linguistique, le concept représente le signifié,
c'est-à-dire le sens du mot, tandis que le mot lui-même constitue
son signifiant. Le concept est un terme abstrait qui se distingue donc de la
chose désignée par ce concept.11 Un concept
scientifique est un outil de pensée ou un savoir outil. Au-delà
de ses fonctions de discriminations, d'interprétation des
phénomènes, il permet également de les expliquer. C'est
pourquoi, selon jean pierre Astolfi (2008, p. 26) « Un concept est un
point de départ pour l'activité intellectuelle, car il
confère un pouvoir explicatif nouveau pour celui qui en
maîtrise
9
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/concept/17875
10
https://fr.wikipedia.org/wiki/Concept_(philosophie
11
https://fr.wikipedia.org/wiki/Concept_(philosophie)
l'usage ». Cette dernière définition qui
permet de donner une définition opératoire du concept. Selon
Britt-Mari Barth, le concept est défini par trois éléments
:
- Une étiquette qui désigne le concept
- Les attributs qui sont des caractéristiques
pertinentes permettant de distinguer une idée d'une autre
- Et des exemples qui sont des extensions du concept. Cette
figure présente la définition opératoire du concept :
Figure 2: définition opératoire du
concept
28
Source : d'après Barth (2013)
A ce niveau, elle insiste sur le fait de distinguer ce qui est
pertinent de ce qui ne l'est pas dans une situation d'apprentissage. C'est
cette capacité à distinguer que recouvre le sens de apprendre
(Barth, 2013). Apprendre désigne alors la capacité de distinguer
des attributs essentiels des attributs non essentiels. Par exemple, dans le
cadre de la définition d'un rectangle, les attributs suivants peuvent
être jugés essentiels ou pertinents : quatre angles droits, deux
côtés opposés de même mesure...par contre la couleur
ou l'orientation du rectangle ne sont pas des attributs essentiels (Barth,
2013).
29
Le concept outil opératoire de la pensée, ainsi
défini, le rôle médiateur de l'enseignant doit permettre la
construction des concepts par les élèves.
1.2.3- l'enseignant médiateur du savoir et de sa
transmission
Le rôle de l'enseignant dans ce modèle est
essentiel. Pour Britt -Mari Barth, il ne s'agit plus de transmission de savoir,
mais plutôt de transaction qui doit permettre la construction de savoir
par l'élève. Elle affirme : « c'est en aidant
l'élève à structurer les éléments, pour
qu'ils prennent du sens, que l'enseignant lui est le plus utile. L'interaction
verbale avec les camarades, le « conflit cognitif » est
également un instrument qui permet, par la confrontation des
représentations, d'approfondir la compréhension. Le langage ne
rend pas seulement compte de la pensée, il participe à son
élaboration même » (Barth, 2013, p. 186). L'enseignant doit
alors structurer le savoir en tenant compte de deux aspects importants afin de
réduire les situations qui pourraient induire les élèves
en erreur. Car la façon dont le contenu est structuré par
l'enseignant va influer sur la compréhension des élèves
(Barth, 2013). Ainsi, l'enseignant doit être capable de distinguer les
relations entre les concepts. Les concepts, selon Bruner cité par
Britt-Mari Barth(2013) présentent trois types de relations :
- Les concepts conjonctifs se distinguent par la
présence d'un exemple d'attributs qui sont tous présents dans
chaque exemple ils sont une conjonction d'attributs donc reliés par les
relations et/et
- Les concepts disjonctifs, sont eux définis par un
ensemble d'attributs qui ne sont pas
nécessairement présents dans chaque exemple donc
identifiables par la relation soit /soit - Les concepts de relations qui ne se
définissent que par rapport à un autre élément.
Elle
en donne un exemple avec le concept de petit ou grand.
A côté des relations entre les concepts, un autre
aspect semble tout aussi important. Il se décline en quatre :
- le niveau de complexité du concept s'entend par le
nombre d'attributs que comprend un concept, plus ce nombre est grand ainsi que
les valeurs des attributs plus le concept devient complexe et peut accentuer
les difficultés de compréhension
-le niveau d'abstraction est le niveau de compréhension
recherché par l'enseignant en fonction du niveau cognitif des
élèves. Il est important pour l'enseignant de revenir à un
niveau de base qui permet de représenter le concept de manière
riche et ses attributs essentiels en réduisant des
30
éléments complexes qui peuvent constituer des
difficultés de compréhension mais cela n'implique pas une
simplification des démarches mentales de l'élève.
-le niveau de validité s'entend par le but,
l'utilité de ce concept et son domaine d'application. - le niveau
d'interrelation qui précise la relation entre les attributs qui
définissent le concept
Pour Britt-Mari Barth: « le rôle de l'enseignant
est donc d'abord d'assister l'élève dans la construction de son
savoir, tâche que personne ne peut exécuter à sa place.
Cette assistance consisterait à analyser avec lui le savoir à
acquérir et les opérations mentales à mettre en oeuvre.
Ayant appris ce qui est généralisable, l'élève
pourrait à l'avenir agir de façon plus autonome dans toute
situation d'apprentissage » (Barth, 2013, p. 31). Cette figure illustre
bien ce modèle pédagogique :
Figure 3: le modèle opératoire du
concept
Source : d'après Barth (2013)
L'enseignant doit d'abord rendre le savoir accessible en
tenant compte des aspects définis plus haut. Il doit, en outre,
négocier le sens12 et guider l'élève dans son
processus de construction de savoir en déclenchant les processus mentaux
de ce dernier pour le guider vers l'abstraction. Elle précise les cinq
conditions pour mener une situation de médiation sociocognitive :
1- Définir le savoir à enseigner en fonction du
transfert recherché ;
2- Exprimer le sens dans des formes concrètes ;
3- Engager les apprenants dans un processus d'élaboration
de sens ;
12 Cette expression est définie dans le point
suivant
4-
31
Guider le processus de co-construction de sens
5- Préparer au transfert des connaissances et à
la capacité d'abstraction par la métacognition.
Elles peuvent servir de grille d'analyse d'une situation de
médiation sociocognitive des apprentissages. Les deux premières
conditions se déroulent avant la situation d'apprentissage et
constituent la phase préparatoire de la séance. Elles se
résument d'une part à rendre le savoir accessible en tenant
compte des aspects définis plus haut et d'autre part à
réaliser un choix judicieux des exemples pour exprimer le savoir. Quant
aux trois dernières conditions, elles sont effectives pendant la
situation d'apprentissage. Elles sont relatives au processus de
négociation de sens. D'abord, l'enseignant établit une relation
de confiance entre lui et les élèves. C'est ce que Britt-Mari
Barth nomme contrat d'intersubjectivité qui décrit les attentes
mutuelles exprimées de l'enseignant aux élèves et celles
que les élèves doivent attendre de lui. Elle comprend trois
dimensions :
- le cognitif qui renvoie aux tâches à mener pour
acquérir les connaissances ;
- l'affectif qui exprime l'assurance d'aide et
d'accompagnement de l'enseignant. L'erreur est permise et permet de
préciser la compréhension. Ce qui rassure l'élève
;
- le social est défini par la place que chacun peut
avoir dans ce scénario, le relationnel et les structures
d'interaction.
La médiation sociocognitive des apprentissages est
présentée par la figure ci-dessous :
32
Figure 4: la médiation sociocognitive des
apprentissages
Source : d'après Barth (2012)
Ces trois dimensions doivent impérativement être
prises en compte dans l'élaboration de la consigne afin faciliter
l'adhésion de l'élève et son engagement (Barth, 2012a). La
consigne qu'il donne en début de séance permet d'établir
un climat affectif rassurant pour les apprenants et favorise une
disponibilité intellectuelle de ces derniers. L'organisation des
exemples et de la situation d'apprentissage sous la forme d'un jeu ou d'un
défi est propre à faire adhérer les élèves
au projet. En effet, selon Britt-Mari Barth : « le cerveau fonctionne
mieux quand il s'attend à une activité complexe et
agréable comme le jeu, il se met alors en éveil, prêt
à enregistrer » (2013, p. 192). Cette consigne13 invite
les élèves à s'impliquer dans la tâche. Britt-Mari
Barth est plus explicite sur le but de cette consigne :
« Elle a pour but de structurer la tâche et de
motiver l'élève en montrant qu'il y a un problème à
résoudre, et en donnant les règles du « jeu ». Quand
l'élève a bien compris le problème qu'on lui pose, cela
suffit en général pour lui donner envie de le résoudre ;
ceci est d'autant plus vrai qu'on lui assure une aide si
13 Cette consigne est présentée, dans le
dernier chapitre du mémoire, dans la mise oeuvre de notre séance
sur le concept d'espace urbain
33
nécessaire. Le défi qui lui est proposé
éveille son désir de chercher. Au lieu d'écouter un
discours, il peut entreprendre quelque chose et peut-être réussir.
Il participera activement à l'élaboration de la réponse,
il aura l'occasion de confronter en classe sa vision des choses. Il pourra
exposer ce qu'il découvre. Ce n'est pas la récompense sous forme
d'une bonne note éventuelle qui l'attire, mais plutôt le plaisir
de l'action elle-même »(2013, p. 65).
L'élève est motivé non pas par des
stimuli extérieurs, mais c'est une motivation intrinsèque
liée à son désir d'apprendre et cela se manifeste par son
engagement. Les discussions sur la pertinence ou non d'un attribut permettent
de créer des conditions de co-constructions de savoir et d'interaction
entre les élèves. Les élèves sont, en effet,
engagés dans un conflit cognitif permettant d'arriver à une
définition commune du savoir (Barth, 2012a). Il est également
essentiel pour l'enseignant de déterminer des moments de formalisation
ou d'institutionnalisation des savoirs. Ce sont des moments où
l'enseignant donne une définition au concept construit qui peut
être appris ou mémorisé par les élèves.
Britt-Mari Barth(2013) propose ainsi de présenter la définition
en un schéma avec des interrelations des attributs essentiels en vue de
faciliter l'acquisition du concept et sa généralisation. Puis,
l'évaluation proposée par l'enseignant doit informer
l'élève sur son niveau de compréhension. Elle doit
être en rapport avec le niveau de compréhension visé par
l'enseignant. C'est elle qui permet à l'enseignant d'apprécier
l'acquisition du concept par l'élève et le transfert de ce
dernier dans un autre contexte. À ce niveau, Britt-Mari Barth s'oppose
à une évaluation notée, mais privilégie celle qui
vise à évaluer le niveau de compréhension du concept par
l'élève. Elle propose trois niveaux de compréhension pour
l'évaluation :
1- La reproduction : c'est savoir reconnaitre le concept et
le nommer ; ici l'élève peut restituer le contenu qu'il à
mémoriser.
2- Abstraction ou la conceptualisation : c'est savoir
justifier cette reconnaissance en nommant les attributs essentiels ;
3- La généralisation et le transfert : consiste
pour l'élève à savoir générer ses propres
exemples du concept tout en les justifiant. Il a également la
capacité d'utiliser le concept dans un autre contexte.
L'évaluation peut être formative et se
dérouler au cours de l'apprentissage. Elle consiste à
vérifier auprès des élèves la distinction entre
exemple oui ou non et à justifier leur réponse. Elle peut se
dérouler autrement dans un délai de 15 jours après la
situation d'apprentissage. Ces modes d'évaluation sont
intéressants dans la mesure où ils s'intéressent plus au
processus de construction du savoir qu'au contenu. L'enseignant change son
rapport au
34
savoir. Le savoir n'est plus immuable, mais est dynamique. La
médiation de l'enseignant est d'ordre social et cognitif, car il
négocie le sens et il structure le savoir pour le rendre accessible
à l'élève. Il joue également un rôle
affectif, car il crée un climat de confiance dans la classe qui est
source de motivation et d'engagement de l'élève dans les
tâches. C'est dans ces interactions verbales que s'élabore le sens
(Barth, 2012a).
1.2.4- Un modèle pédagogique de construction de
sens pour l'élève
Les stratégies pédagogiques
développées dans ce modèle visent la construction de sens.
Dans cette perspective vygotskienne, le sens est une construction en
interaction avec un tiers (enseignant et élève) avant de devenir
une construction individuelle. Selon Britt-Mari Barth, : « C'est dans
l'espace même des activités et du dialogue que le sens
s'élabore, y compris le sens de l'activité elle-même. Pour
que ce dialogue puisse s'instaurer dans une classe ou un groupe, il faut qu'il
y ait une attention conjointe, rendue possible par une action conjointe qui
porte sur un objet commun d'attention. L'action conjointe est initiée et
structurée par l'enseignant qui offre un cadre de
référence et un accompagnement pour que les élèves
puissent avoir accès au sens » (Barth, 2012a, p. 26?27). Pour ce
faire, l'enseignant doit guider l'élève dans cette
élaboration de sens, il a un rôle essentiel dans ce processus. Le
but visé est de permettre à l'élève d'atteindre
l'abstraction, mais plus encore de prendre conscience des processus mentaux ou
des méthodes de pensée qui lui ont permis de comprendre la
situation d'apprentissage en vue d'un transfert dans un autre contexte ou dans
d'autres situations d'apprentissages. L'acte pédagogique de l'enseignant
est appelé la métacognition (Barth, 2013). Cependant, Britt-Mari
Barth invite l'enseignant à une plus grande vigilance dans
l'accompagnement de l'élève en vue d'atteindre la
conceptualisation, car « On peut abstraire sans généraliser,
mais pas généraliser sans abstraire »(Barth, 2013, p. 126).
Les processus mentaux déclenchés par les activités de
l'enseignant permettent l'élaboration de sens chez
l'élève. La démarche cognitive de l'élève
est présentée dans la figure suivante :
35
Figure 5: Démarche cognitive de l'élève
vers la conceptualisation
Source : d'après Barth (2013)
La perception est la première démarche cognitive
réalisée par l'élève. Elle est commune à
tout individu, mais reste différente en fonction des structures
cognitives de chacun. Selon Bruner, il existe trois modes d'appréhension
de la réalité (ici des exemples proposés par
l'enseignant). Un mode sensori moteur ou enactif lié à la
manipulation de l'objet à travers les sens. Ce type d'apprentissage est
dit psychomoteur. Un second mode dit iconique ou visuel, lié à la
représentation que l'élève se fait de l'objet sans
toutefois pouvoir en expliquer les caractéristiques essentielles. Le
savoir se résume donc à la représentation limitée
de l'objet. Le dernier mode cognitif, plus complet, est dit symbolique. Il va
au-delà des deux premiers. L'élève exprime ici sa
pensée. Il arrive à exprimer et à expliquer ses actions et
sa pensée. C'est l'évolution de l'élève vers ce
mode de perception qui permet de donner un sens à la
réalité
36
(Barth, 2013). La deuxième étape est la
comparaison. Selon le dictionnaire Larousse en ligne14, comparer
consiste à donner les différences et les ressemblances d'un
objet. Pour Britt-mari Barth, la comparaison est bien plus que cela. Car «
la comparaison est une pensée analytique par laquelle il faut
séparer une entité en ses composantes et reconnaitre les
relations qui les lient »(Barth, 2013, p. 118). L'élève doit
alors choisir, en fonction de ses structures cognitives, les attributs
essentiels pour catégoriser. Il doit arriver à une classification
complexe en distinguant plusieurs attributs ou critères de
classification. La troisième étape est l'inférence qui
permet de tirer une conclusion provisoire à partir des deux
premières étapes. En effet, selon Britt-Mari Barth, « pour
l'apprentissage d'un concept, l'inférence permet, à partir de
plusieurs exemples, de tirer la conclusion que telle combinaison d'attributs
pourrait être pertinente. Vérification : est-elle présente
dans tous les exemples ? En cas d'erreur, on fait une autre inférence et
on vérifie à nouveau ». (2013, p. 119). Phillipe Meirieu,
souscrit parfaitement au rôle de l'enseignant décrit par
Britt-Mari Barth dans ce processus d'élaboration de sens. Pour ce
dernier : « la tâche du pédagogue, c'est de construire du
sens, de donner du sens aux savoirs, de ne pas réduire le sens à
l'utile et au fonctionnel. C'est de penser le sens dans sa dimension
symbolique, de relier l'intime et l'universel et de faire place à la
dialectique entre le sujet et l'objet, c'est-à-dire entre le discutable
et l'indiscutable, entre la vérité et l'opinion. L'école
est le lieu spécifique pour cet apprentissage-là » (Meirieu,
2003, p. 8). C'est à juste titre que Britt-Mari Barth rappelle que le
modèle opératoire, au-delà de structurer le savoir, a
besoin de « ces trois éléments pour lui donner sens »
(Barth, 2012a, p. 22). Ces trois démarches cognitives sont essentielles
pour conduire l'élève à l'abstraction, mais en
évoluant vers le transfert des concepts acquis dans un autre contexte,
l'élève atteint la conceptualisation.
1.2.5- Un modèle en phase avec les finalités de
la géographie
ü Des finalités intellectuelles
La conceptualisation est un processus cognitif qui part de
l'abstraction à la généralisation. Elle se décline
en deux étapes : la formation des concepts et l'acquisition des concepts
(Barth, 2012a). La formation des concepts est un processus inné et
inhérent à toute activité cognitive. Indépendamment
de l'âge, tout individu acquiert avec son expérience et ses
connaissances des structures mentales lui permettant d'appréhender la
réalité. Le modèle opératoire du concept poursuit
ce processus en faisant acquérir à l'élève en
situation d'apprentissage des concepts
14
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/comparer/17611
37
scientifiques. Ce modèle pédagogique
répond aux finalités de la formation intellectuelle des
élèves. La finalité intellectuelle implique l'acquisition
d'outil pour lire le monde. Pour Yves Lacoste(2013), la géographie doit
permettre aux élèves de savoir penser l'espace. Elle permet aux
élèves de développer une pensée systémique
avec une capacité à lire et à interpréter une
diversité de documents et à établir des liens entre les
différents documents proposés lors des séances de cours
avec le modèle opératoire du concept.
Par la formation de concept, l'élève acquiert
des outils pour lire le monde, car les concepts sont les outils de
pensée. Ce modèle permet l'acquisition d'un vocabulaire
spécifique à la géographie et d'acquérir une
éducation géographique en pensant avec les concepts de la
discipline. À ce propos, Britt-Mari Barth soutient :
« pour acquérir des connaissances disciplinaires
approfondies, il faut pouvoir « participer » à la culture de
la discipline concernée et comprendre comment on y pense, ce qu'on y
fait et dans quel but. Il faut pouvoir penser avec les concepts principaux de
la discipline, comprendre comment ceux-ci sont reliés entre eux,
comprendre le type d'activités et de stratégies qu'on y emploie,
le type de problèmes qu'on cherche à y résoudre. Il faut
donc apprendre à utiliser les outils spécifiques à chaque
discipline, mais également les modes de pensée qui traversent
toutes les disciplines, comme la
conceptualisation »(Barth, 2012a, p. 19).
L'objectif de l'enseignement de la géographie n'est
pas « apprendre le monde, mais apprendre à penser le monde »
Nicole Tutiaux-Guillon cité par Jean Jacques Bavoux (2016, p. 291). Ce
qui suppose de sortir d'une logique de mémoire pour une logique
cognitive en dépassant les connaissances factuelles pour des
connaissances conceptuelles (Bavoux, 2016). Ainsi, selon Hertig(2012, p. 47)
« L'élément structurant qui va permettre cette
opération d'organisation et de réorganisation des connaissances
est le concept, conçu comme un outil opératoire de la
pensée ». Le modèle opératoire du concept permet aux
élèves de donner un sens aux savoirs géographiques. Il
permet de s'approprier les outils de pensée de la géographie
à travers les différentes démarches cognitives de
l'élève. En géographie, une liste de sept concepts
intégrateurs qui représentent des outils de pensée sont
présentés ici :
38
Tableau 2 : listes des concepts intégrateurs en
géographie et des questions associées
Source : d'après (Hertig, 2012)
Ces concepts ne suffisent pas à eux seuls pour
acquérir une éducation géographique. Ils doivent
être mis en relation à l'aide d'une démarche
scientifique.
ü Des finalités scientifiques
Le modèle opératoire du concept permet aux
élèves d'acquérir une démarche scientifique. Cette
démarche scientifique est essentielle pour le raisonnement
géographique. Car l'apprentissage de la géographie ne se limite
pas seulement à l'appropriation des concepts et des outils de la
géographie mais implique la maîtrise du raisonnement
géographique (Mérenne-Schoumaker, 2017). Le raisonnement
géographique est un mode de raisonnement propre à la
géographie. Pour Pierre Colin et al., il « est centré sur
l'espace, son organisation et ses composantes ou sur la répartition
spatiale d'un phénomène. »(Colin et al., 2019). Pour
Mérenne-Schoumaker, le raisonnement géographique comprend trois
principales étapes : « l'observation des faits et le
questionnement, l'analyse du problème et la construction d'une
explication, ces phases pouvant parfois aboutir à une application ou une
action »(Mérenne-Schoumaker, 2017, p. 187). Dans le modèle
opératoire du concept, les démarches cognitives de
l'élève vers la conceptualisation sont : la perception, la
comparaison, l'inférence, la vérification et la
généralisation15. Les étapes
15 Ces étapes ont été
expliquées dans la section 1.2.4-
39
du modèle opératoire du concept peuvent
être assimilées aux étapes du raisonnement
géographique, notamment : la perception qui implique l'observation et le
questionnement, la comparaison implique l'analyse du problème et la
construction d'une explication, l'inférence et la
généralisation s'entendent par une application ou une action. Le
modèle opératoire du concept répond aux finalités
scientifiques de la géographie, car il permet de maîtriser le
raisonnement géographique.
ü Des finalités pratiques et civiques
La géographie est perçue comme une discipline
axée sur des contenus denses et factuels (Clerc, 2012b). Pour
certains, elle enseigne des savoirs morts (Meirieu et al., 2015). Ce sont des
savoirs utiles seulement dans un cadre scolaire pour résoudre des
exercices scolaires et passer des examens scolaires puis transformées en
« archives oubliées »(Meirieu et al., 2015, p. 31). Le
modèle opératoire du concept permet de donner vie au savoir. Il
permet à l'enseignant d'innover et de donner un sens au savoir en
changeant son rapport au savoir. Le savoir est perçu comme dynamique et
non statique. L'élève devient acteur de son savoir et de sa
construction. Il est impliqué dans la construction de sens. Les exemples
proposés lors de l'application de ce modèle pédagogique
permettent d'exprimer le savoir sous une forme concrète. Le contrat
d'intersubjectivité a une dimension affective qui engage l'apprenant
dans l'apprentissage. Ce qui permet de donner une utilité aux savoirs.
Ce modèle répond aux finalités pratiques et civiques de la
géographie. car la géographie permet également aux
élèves de prendre conscience des conséquences de leurs
actions spatiales sur l'environnement et d'agir en citoyens libres et
responsables (Clerc, 2012b).Le roux souscrit à cette finalité de
la géographie. Pour cette dernière, il faut leur permettre de
« savoir penser l'espace pour mieux le comprendre, agir dedans, et agir
sur lui » Bavoux(2016, p. 289). Cela se perçoit lors de la
co-construction du savoir où l'élève exprime ses opinions
et argumente. Il développe son esprit critique
(Mérenne-Schoumaker, 2019).
40
2- La méthodologie de recherche
2.1- La collecte des données relatives au curriculum
prescrit
Pour analyser les pratiques enseignantes, il serait important
de s'intéresser aux prescriptions qui orientent ces pratiques. L'analyse
des pratiques enseignantes est indissociable de l'analyse du curriculum
prescrit. Ces documents servent de bréviaires à la
préparation des cours des enseignants. Ils contiennent également
les suggestions relatives aux activités, aux techniques
pédagogiques, aux outils et aux contenus pour développer les
compétences des élèves. Nous sommes dans un modèle
dirigiste où les contenus d'enseignements et les stratégies sont
dictés par les prescripteurs des programmes (Doba, 2020 ; Oussou, 2018).
Par ailleurs, les manuels ne feront pas l'objet d'analyse, car pour le
lycée en Côte d'Ivoire, il n'existe pas de manuel au programme en
géographie. Des manuels existent seulement pour le collège. Mon
analyse portera sur le programme éducatif et le guide d'exécution
des programmes fournis par la DPFC16 aux enseignants pour toutes les
classes (de la 6e à la terminale) et ensuite sur la
leçon concernée17 par notre recherche pour la classe
de première. Cette collecte de données s'inscrit dans le cadre
théorique de la transposition didactique. Cette étape vise
à rechercher les concepts géographiques présents dans le
curriculum prescrit. Nous nous referons aux travaux de phillipe Hertig sur les
concepts intégrateurs. Les concepts intégrateurs sont des
concepts opératoires propres à la géographie. Une liste de
sept (7) concepts intégrateurs ont été définis par
Hertig. Les données sur le curriculum prescrit subiront une analyse
lexicométrique avec le logiciel Iramuteq pour dégager les
occurrences relatives aux concepts géographiques. Puis, nous ferons un
encodage prenant en compte les différents concepts géographiques
liés au fait urbain. Il s'agira d'une analyse quantitative.
2.2-La collecte de données relatives aux pratiques
enseignantes 2.2.1- L'observation de classe
Il s'agira de mener une observation structurée ou
systématique auprès de quatre (4) enseignants du secondaire qui
tiennent les classes de Première. Les séances d'observation se
dérouleront avec une grille d'observation. C'est un échantillon
par choix raisonné. Le choix s'est porté sur cet
échantillon, car la demande introduite auprès des professeurs de
lycées des huit (8) établissements concernés par la
recherche a eu un avis favorable auprès de quatre (4)
16 Direction de la Pédagogie et de la Formation
Continue
17 Leçon 1 : l'urbanisation dans les pays en
voie de développement : exemple de la Côte d'Ivoire.
41
enseignants. Ces établissements ont été
choisis du fait de leur proximité par rapport à notre lieu de
travail et de l'autorisation obtenue auprès des chefs
d'établissements, notamment les trois (3) établissements publics
de la ville. Les établissements privés ont manifesté un
refus, car ils assimilent cela à une inspection et une évaluation
de la qualité de leur enseignement. Il faut rappeler que les enseignants
des établissements privés sont autorisés à
enseigner après l'obtention d'une autorisation d'enseigner, suite
à une formation deux semaines, délivrée par la
DPFC18. Contrairement à ceux des établissements
publics qui sont formés à l'ENS pendant deux ans. Cela constitue
l'un des biais de cette recherche, car les profils de formation des enseignants
ne sont pas pris en compte. Un autre biais de cette observation est l'effet de
Hawthorne19. Il s'agit des modifications du comportement de
l'enseignant à notre présence lors de l'observation avec la
volonté de mieux faire en donnant bonne impression. Ainsi, un entretien
s'avère nécessaire pour avoir des informations
supplémentaires.
En outre, l'observation de classe permettra de comprendre les
pratiques des enseignants. Elle s'appuie sur la théorie
socioconstructiviste de Vygotski. Cette théorie place
l'élève au centre de l'apprentissage, l'enseignant n'est qu'un
médiateur du savoir (Barth, 2012b). Cette observation s'appuiera sur la
grille d'observation, selon le modèle opératoire du concept de
Britt Mari Barth20. Les enseignants sont observés dans leurs
pratiques ordinaires. Dans les pratiques ordinaires en Côte d'Ivoire, le
cours débute par un rappel de la séance précédente,
ensuite, l'enseignant interroge les élèves pour faire
émerger le titre de la leçon qu'il inscrit au tableau. Puis, il
fait lire la situation d'apprentissage qui est un texte permettant d'identifier
les habiletés et contenus de la séance du jour. Ces
habilités et contenus à installer sont censés
développer les compétences des élèves. Il
déroule finalement la séance de cours par une série de
boucles didactique en s'appuyant sur un document (carte, texte, graphique)
distribué aux
18 La Direction de la Pédagogie et de la
Formation Continue est une structure du ministère de l'éducation
chargée de l'encadrement et de la formation continue des enseignants.
Elle est composée d'inspecteur pédagogique.
19 'effet Hawthorne, ou expérience Hawthorne,
décrit la situation dans laquelle les résultats d'une
expérience ne sont pas dus aux facteurs expérimentaux mais au
fait que les sujets ont conscience de participer à une expérience
dans laquelle ils sont testés, ce qui se traduit
généralement par une plus grande motivation. Cet effet tire son
nom des études de sociologie du travail menées par Elton Mayo,
Fritz Roethlisberger et William Dickson dans l'usine Western Electric de
Cicero, la Hawthorne Works, près de Chicago de 1924 à 1932. Cette
enquête est considérée comme le point de départ
d'une nouvelle technique d'étude en sociologie
20 La grille est en annexe
42
élèves. À la fin de la séance, il
mène une évaluation formative dénommée
activité d'application d'une durée de 10 minutes pour
vérifier l'installation des habiletés. Notre observation
permettra de voir comment les enseignants se réapproprient le curriculum
prescrit afin de distinguer les pratiques ordinaires des pratiques
innovantes.
2.2.2- L'entretien semi-directif
L'entretien semi-directif permettra de mieux
appréhender les représentations sur la géographie, puis de
compléter l'observation de la séance de cours qui peut contenir
certains biais. Notre présence en observation de cours, l'effectif de la
classe, le manque de matériel didactique peuvent perturber la
séance de cours. L'entretien s'est déroulé
immédiatement dans la salle des professeurs. Le guide d'entretien est en
annexe. C'est une approche qualitative de la recherche. Les entretiens sont
retranscrits à l'aide du logiciel Sonal et amberscript. Les
données seront analysées avec le logiciel Iramuteq.
Voici le profil des enseignants enquêtés :
Tableau 3 : profil des enseignants interviewés
Enseignants
|
Etablissement d'origine
|
Fonction
|
Diplôme
|
Ancienneté
|
E1
|
Lycée moderne 1 Agboville
|
Professeur de
lycée
|
Maitrise
|
9 ans
|
E2
|
Lycée moderne 2 Agboville
|
Professeur de
Lycée
|
Maitrise
|
16 ans
|
E3
|
Lycée moderne 2 Agboville
|
Professeur de
lycée
|
Licence
|
13 ans
|
E4
|
Lycée moderne 3 Agboville
|
Professeur de
lycée
|
Maitrise
|
4 ans
|
43
À la suite des observations des pratiques des
enseignants, j'expérimenterai une séance de cours, selon le
modèle opératoire du concept dans ma classe. Cette séance
de cours a pour objectif d'expérimenter un modèle innovant pour
permettre aux élèves de construire les concepts. Le choix du
modèle opératoire du concept s'explique par la question du
sens21 au coeur de cette pédagogie. Le modèle
opératoire du concept permet de donner du sens au concept d'espace
urbain. Par ailleurs, le concept est un outil permettant de lire le monde.
À la suite de cette expérimentation, une seconde
expérimentation sera menée dans la classe d'une collègue.
Cette deuxième expérimentation s'explique par ma posture de
praticien chercheur qui peut entrainer de nombreux biais. Ma distance par
rapport à mon objet de recherche permettra de mieux confronter les
résultats. Enfin, une évaluation sera proposée aux
élèves.
2.3- Bilan de savoirs
Il se présente sous la forme d'une évaluation
adressée aux élèves des classes observées par
l'enseignant et des élèves ayant participé aux cours que
j'aurai à présenter, selon le modèle opératoire du
concept. Le corpus sera composé des copies des élèves des
quatre (4) classes observées et des élèves ayant
participé au cours, selon le modèle opératoire du concept.
C'est environ 300 copies en tenant compte de la moyenne d'élève
par classe d'environ soixante élèves. Ce bilan permettra de
comprendre l'acquisition et le transfert des connaissances, notamment les
concepts par les élèves, selon le modèle opératoire
du concept de Britt-Mari Barth. C'est une approche quantitative et qualitative
à la fois. Cette évaluation ne sera pas notée. Mais elle
servira à évaluer dans une certaine mesure, le niveau
d'appropriation du concept, selon la grille proposée par Britt-Mari
Barth. Cette grille nous servira à établir des idéaux-type
correspondants aux divers niveaux d'acquisition des concepts par les
élèves.
Voici un exemple de grille :
21 La question du sens sera développée
dans la suite du mémoire
Vérifier le transfert ou la généralisation
auprès des élèves
44
Tableau 4 : grille d'évaluation de l'appropriation
d'un concept
Figure 6 : schéma explicatif du processus de
recherche
Etapes
Observation de classe
Entretien semi
directif
Analyse du curriculum
Expérimentation du modèle opératoire du
Bilan des
savoirs avec les élèves
Vérifier la prise en compte des
Objectifs concepts
géographiques dans le curriculum prescrit
|
Comprendre les pratiques et la réaction des
élèves lors du cours de géographie
Comprendre les représentations des enseignants de la
géographie
Et la place des concepts dans leurs pratiques
|
Expérimente r une pédagogie innovante pour la
construction des
concepts
|
45
CHAPITRE 3 : UNE FAIBLE PRESENCE DES CONCEPTS INTEGRATEURS DANS
LA GEOGRAPHIE SCOLAIRE IVOIRIENNE ?
Ce chapitre vise à analyser le curriculum prescrit
ainsi que les pratiques des enseignants pour comprendre la place des concepts
dans la géographie scolaire ivoirienne. Dans ce chapitre, je vais
d'abord analyser les thématiques abordées par la
géographie scolaire ivoirienne afin de déterminer son
positionnement épistémologique puis j'analyserai à nouveau
le corpus pour déterminer les concepts ou notion étudiés
dans la géographie scolaire ivoirienne. L'analyse de ces concepts
permettra de savoir à quel mode de pensée se réfère
la géographie ivoirienne que je mettrai en rapport avec le mode de
pensée herméneutique propre aux concepts intégrateurs.
Ainsi, j'en déduirai, la présence ou non des concepts
intégrateurs dans la géographie scolaire ivoirienne. En outre,
à partir de l'observation des pratiques et de l'entretien avec les
enseignants sur le cours sur l'urbanisation, je pourrai appréhender la
place de la conceptualisation dans les pratiques enseignantes.
1- Un curriculum prescrit peu construit autour des concepts
intégrateurs en géographie
Le corpus analysé comprend le guide d'exécution
des programmes et les programmes. À l'aide du logiciel iramuteq, j'ai
effectué d'abord une classification hiérarchique descendante pour
voir quels sont les thèmes généraux abordés par la
géographie scolaire ivoirienne et les liens ou rapports entre ces
thèmes avant de mener une analyse sur l'occurrence des concepts. Le
résultat de cette analyse est présenté dans la figure
ci-dessous :
Figure 7 : classification hiérarchique descendante du
curriculum prescrit ivoirien
46
|
|
|
|
Géographie économique
|
|
|
Organisation régionale
|
|
Géographie humaine
|
|
|
|
|
|
|
Géographie physique
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
La classification hiérarchique descendante menée
sur les données du curriculum prescrit révèle quatre
grandes thématiques : la classe 1 concerne la géographie humaine
ou la population associée à la classe 3 intégrant les
aspects économiques. Ensuite, la classe 2 s'attachant au milieu
physique, opposée à la classe 4 relative aux espaces
régionaux et organisation régionale. À l'analyse, la
géographie scolaire ivoirienne est dominée par la
géographie humaine et physique. L'analyse nous montre également
un cloisonnement des différents domaines de la géographie. Ce
cloisonnement des différents champs de la géographie est
confirmé par l'analyse factorielle des correspondances
présentées dans la figure ci-dessous
47
Figure 8 : analyse factorielle des correspondances du
curriculum prescrit ivoirien
Ce cloisonnement des différents domaines de la
géographie ne permet pas de tisser les liens et d'expliquer
l'organisation de l'espace au-delà du déterminant physique (Doba,
2021). Cette géographie scolaire ne permet pas de développer une
pensée systémique.
J'ai mené par la suite une analyse avec le logiciel
iramuteq pour déterminer les principaux concepts et notions de la
géographie scolaire ivoirienne. J'ai sélectionné en
fonction de leur occurrence les concepts et notions qui étaient les plus
présents dans les prescriptions officielles. Le graphique ci-dessous
nous présente ces principaux concepts et notions :
Figure 9 : les principaux concepts et notions de la
géographie scolaire ivoirienne
48
Le graphique ci-dessous montre les principaux concepts et
notions abordés par la géographie scolaire ivoirienne par niveau
d'étude. Les concepts et notions les plus usités sont : le
milieu, naturel, environnement, climat, subéquatorial, relief,
région, territoire22 et subéquatorial, ensuite
l'économie, la population puis la mondialisation et l'urbain.
Selon R.Brunet (2017) le milieu et l'environnement recouvre le
même sens, car ils désignent tout ce qui entoure un lieu, une
activité ou une personne et un groupe social. Il estime que ces deux
concepts n'existent pas en soi, mais font toujours référence
à un lieu ou à une personne. Pour ce dernier, le milieu
géographique se compose des éléments naturels tels que le
relief, le climat, la végétation et les sols, des constructions
et des transformations humaines du milieu (habitat, activités
économiques, routes, usines...) mais encore des organisations
politiques, administratives et des systèmes religieux. Or les concepts
et notions abordées par le curriculum prescrit de géographie
ivoirienne sont relatifs à ces éléments tels
qu'indiqué dans le graphique
22 La présence du terme territoire dans les
programmes ne fait pas référence au concept territoire de la
géographie. Le territoire est utilisé ici pour désigner
une portion de l'espace terrestre, une entité administrative et
politique faisant souvent référence à la région
dont on décrit les acteurs politiques sans indiquer leurs actions
spatiales
49
ci-dessus. Ainsi, la géographie scolaire ivoirienne est
dominée par le concept de milieu géographique.
Pour D.Pumain et T. Saint Julien, deux types de relations
interactions ont été privilégiés par la
géographie : d'abord les relations verticales dont s'est
intéressée la géographie classique. Dans ces relations
verticales, l'explication des faits géographiques observés
dépend fortement du milieu naturel. Ils donnent l'exemple du climat dans
la répartition des cultures. Ensuite, les relations horizontales
privilégiée par la nouvelle géographie qui
s'intéresse au modèle géographique pour expliquer les
faits géographiques. Les notions de distance et de situation occupent
une place centrale dans cette analyse. La démarche
privilégiée est l'analyse spatiale. C'est l'exemple de la plupart
des modèles urbains. Ils soutiennent par ailleurs que la
géographie contemporaine, de son côté, essaye de combiner
ces deux types de relations tout en ouvrant son analyse à d'autres
domaines dont la psychologie et la sociologie (Mérenne-Schoumaker,
2017). Selon Brunet, le concept de milieu privilégie une analyse qui met
« l'accent...sur les relations verticales des sociétés
à leur environnement naturel »(Mérenne-Schoumaker, 2017, p.
83). Dans la géographie scolaire ivoirienne, le concept de milieu est
déterminant dans l'explication de l'installation des populations et des
activités économiques. C'est donc une géographie classique
qui prédomine dans les programmes scolaires ivoiriens avec le concept de
milieu. Cette géographie appartient à un mode de pensée
idiographique.
Pour Develay(1992), les concepts intégrateurs sont des
savoirs structurants d'une discipline qui permettent de les distinguer des
savoirs factuels. Les savoirs factuels autrement dit des faits ou des savoirs
relevant de définition, de l'évidence, du réel et qui
n'invitent pas à l'analyse ni à l'interprétation. Pour
lui, les concepts intégrateurs, dans une perspective
épistémologique, sont sélectionnés par une
communauté scientifique et relatifs à un mode de pensée
partagée par cette communauté. Les concepts intégrateurs
sont les « noyaux durs d'une discipline »(Roure, 2013, p. 171). Roure
est plus explicite sur la place des concepts intégrateurs :
« Les concepts conditionnent les individus à
sélectionner certains savoirs, qui en retour influencent la formation de
concepts. Enfin, les concepts construits par les individus permettent de
structurer les savoirs scientifiques, c'est-à-dire leur donner une
cohérence d'ensemble. Ce versant de l'épistémologie peut
être mis en relation avec les concepts intégrateurs ...au sens
où ceux-ci interviennent dans la structuration des savoirs scolaires. De
plus, cette approche de l'épistémologie postule que les matrices
disciplinaires constituent des modèles de pensée, des
façons de voir les choses, partagées par les chercheurs d'un
domaine, qui fondent l'unité d'une communauté.
Autrement dit, une matrice disciplinaire »(Roure, 2013, p. 170).
50
Dans l'enseignement de la géographie, ces concepts
intégrateurs proposés par Hertig font partie de la
troisième manière de penser le monde défini par
Retaillé. Les concepts intégrateurs en géographie
s'inscrivent dans le paradigme herméneutique de la géographie.
Alors que le concept de milieu de la géographie ivoirienne appartient
à un mode de pensée idiographique. Ainsi, le curriculum prescrit
de géographie ne fait pas référence aux concepts
intégrateurs.
En m'appuyant sur le cadre théorique de la
transposition didactique, deux règles importantes de la transposition
didactique externes pourraient expliquer cette absence de concepts
intégrateurs dans la géographie scolaire ivoirienne. D'abord,
cela est lié à la non modernisation du savoir. La transposition
didactique externe étant dévolue à la noosphère,
celle-ci doit se réunir périodiquement pour mettre à jour
les contenus d'enseignement en phase avec l'évolution des connaissances
dans la science de référence. Et ensuite, à un
déficit de renouvellement curriculaire, cela doit se comprendre par une
attention particulière vis-à-vis de la science de
référence en vue de rapprocher les savoirs scolaires de la
science de référence et de l'éloigner du sens commun. En
Côte d'Ivoire, depuis de nombreuses années, les programmes
scolaires n'ont pas suivi de modifications majeures pour la rapprocher de la
science de référence. Les savoirs scolaires sont
éloignés de la science de référence et n'ont pas
évolués en même temps que cette dernière.
Malgré l'évolution de la géographie, la géographie
ivoirienne est restée idiographique. Les constructeurs de programmes
travaillent en vase clos et n'intègrent pas les nouveaux savoirs issus
de la science de référence dans les programmes.
Le cours sur l'urbanisation montre bien ce problème de
non modernisation des savoirs et de renouvellement curriculaire. En dehors de
l'approche pédagogique qui a changé, les contenus sont
restés les mêmes. Ce même cours est enseigné depuis
les années 2000. Avec les mêmes contenus à dispenser aux
élèves selon le prescrit. Il n'y a donc pas eu un renouvellement
des savoirs depuis plus de 20 ans alors que les travaux sur le fait urbain en
Côte d'Ivoire ont évolué et sont nombreux. En
témoigne, les instructions officielles de 2013 insistant sur les
contenus inchangés des programmes en géographie depuis 2000 (voir
annexe). Dans ce cas, Comment les enseignants amènent-ils leurs
élèves à conceptualiser ?
2- Des pratiques ordinaires en classe de géographie en
côte d'ivoire peu fondées sur la conceptualisation
51
Pour analyser les pratiques des enseignants, j'ai d'abord
cherché à dégager les occurrences du fait urbain dans le
curriculum prescrit, car les enseignants interrogés affirment tous
s'appuyer sur le curriculum prescrit pour construire le cours à
dispenser.
À l'aide du logiciel Iramuteq, j'ai isolé le
concept d'urbain et j'ai réalisé un graphique sur les occurrences
de ce concept dans les programmes scolaires de géographie en Côte
d'Ivoire.
Graphique 1 : le fait urbain dans le curriculum prescrit
ivoirien
L'analyse de ce graphique montre que le fait urbain est
abordé particulièrement dans les programmes de première et
de seconde en Côte d'Ivoire que dans les autres classes. En classe de
première, le fait urbain est beaucoup plus abordé. En classe de
première, l'outil concordancier23 révèle que ce
concept est associé à celui du paysage (paysage urbain) et en
classe de seconde au concept de milieu (milieu urbain). Ma recherche s'est
intéressée à la classe de première, car c'est en
classe de première qu'un thème 24 porte
essentiellement sur l'urbanisation. L'observation a porté sur la
leçon 1 au programme de géographie en Côte d'Ivoire dont
voici les instructions officielles à l'endroit des enseignants :
COMPETENCE 2 : Traiter des situations relatives
à l'urbanisation dans le monde THEME 2 : L'URBANISATION
DANS LE MONDE
Leçon 1: L'urbanisation dans les pays en
développement: l'exemple de la Côte d'Ivoire.
23 Chemin qui permet d'accéder au segment de
texte où apparait la forme
24 Thème ici doit être compris comme
chapitre contenant deux ou trois leçons du programme
52
Durée: 04 heures
Exemple de situation d'apprentissage :
Au cours d'une exposition de photographies aériennes
sur des villes de Côte d'Ivoire au Centre Culturel Jacques Aka, les
élèves de 1ère A4 du lycée municipal
Djibo Sounkalo découvrent sur une des images la ville de Bouaké
en 1934.Emerveillés par cette découverte, l'un d'entre vous
affirme: « Mais Bouaké en 1934 a la même étendue que
mon village aujourd'hui. Donc mon village sera une grande ville plus tard
». De retour au lycée, vous entreprenez de faire des recherches au
CDI de l'établissement pour connaître le fait urbain, analyser
l'urbanisation en Côte d'Ivoire afin de déceler les
problèmes urbains et proposer des solutions.
Tableau 5 : tableau des habilités et contenus de la
leçon de géographie sur l'urbanisation en Côte
d'Ivoire
HABILETES
|
CONTENUS
|
Définir
|
L'urbanisation
|
Décrire
|
Les caractéristiques de l'urbanisation en Côte
d'Ivoire
|
Montrer
|
La place de la ville d'Abidjan dans le paysage urbain de la
Côte d'Ivoire
|
Expliquer
|
Le processus de l'urbanisation en Côte d'Ivoire
|
Analyser
|
Les problèmes de l'urbanisation en Côte d'Ivoire
|
Proposer
|
Des solutions aux problèmes urbains en Côte
d'Ivoire
|
Apprécier
|
Le rôle des impôts dans la résolution des
problèmes urbains
|
Exploiter
|
Des documents relatifs à l'urbanisation de la Côte
d'Ivoire.
|
La présence du concept de paysage urbain est
révélatrice de l'absence de modernisation du savoir et un
déficit de renouvellement curriculaire de la géographie scolaire
ivoirienne. Pour Brunet cité par Allemand et al. « le paysage est
un piège où se prennent les imprudents » (Allemand et al.,
2005, p. 43). En effet, le paysage, un concept essentiel de la
géographie classique, a su être réinventé pour
devenir un concept de la géographie contemporaine. Ce même concept
appartient à des paradigmes différents de la géographie.
Un paysage de la
53
géographie classique avec une conception radicalement
opposée au paysage tel que le conçoit la géographie
contemporaine. Max Sorre, disciple de Vidal, affirme : « toute la
géographie est dans l'analyse du paysage » (Simon, 2015, p. 3).
L'analyse paysagère permet de rendre compte de la singularité des
lieux. Elle s'attache à décrire les différents paysages,
les formes et les activités et les transformations humaines d'un lieu.
Elle s'intéresse à la description des sociétés. Le
paysage permet de rendre compte des genres de vie (Simon, 2015). Pour Robic,
l'analyse paysagère s'intéresse au visible. À ce propos,
Isabelle le Fort, estime que la vue est l'organe par excellence de la science
géographique (Simon, 2015). C'est une démarche empirique
fondée sur l'observation et la description des contrées. La
géographie devient une science de synthèse rendant compte de la
particularité de chaque lieu. À cette conception du paysage
s'oppose celle de Augustin Berque. Pour ce dernier, l'analyse paysagère
permet de rendre compte des « dimensions esthétiques, mentales et
sociales de l'espace »(Allemand et al., 2005, p. 46). En effet, l'analyse
paysagère s'intéresse à l'invisible, aux
représentations des sociétés sur leur espace porteur de
valeurs et de sentiments. Anne Cauquelin souscrit à l'analyse de Berque
en affirmant : « Il s'agit bien ici, avec le paysage, d'un a priori (la
forme symbolique qui filtre et cadre nos perceptions du paysage) [et] cet a
priori est inclus dans un système d'orientation et de valeurs
accordées, produit d'une genèse »(Allemand et al., 2005, p.
45). En ce sens, le paysage n'est plus seulement un objet réel mais une
fabrication et production. C'est à ce paysage que s'intéresse la
géographie contemporaine. La géographie scolaire ivoirienne,
invitant une description du paysage s'inscrit dans la géographie
classique car elle renvoie à la morphologie de la ville, à la
description et à la typologie des villes. Cette approche est analogue
à celle prônée par la géographie tropicale qui s'est
intéressée à la localisation, aux monographies des villes
et à décrire leur fonction. Cette analyse confirme l'absence de
modernisation du savoir et un déficit de renouvellement curriculaire de
la géographie scolaire ivoirienne.
Les observations ont porté sur la leçon 1 de
géographie en classe de première sur l'urbanisation. J'ai
observé quatre enseignants de lycée, selon une grille
d'observation construite à partir de la médiation sociocognitive
des apprentissages de Britt-Mari Barth (en annexe). Les résultats de ces
observations sont présentés dans le tableau suivant :
54
Tableau 6 : démarche méthodologique des
enseignants observés
Démarche méthodologique
|
E1
|
E2
|
E3
|
E4
|
Définit les objectifs de la séance
|
X
|
X
|
X
|
X
|
L'enseignant part des représentations des
élèves sur les villes
|
|
|
|
|
L'enseignant amène les élèves à
identifier les attributs essentiels de l'espace urbain
|
|
|
|
|
L'enseignant définit les relations entre les concepts sur
les espaces urbains
|
|
|
|
|
L'enseignant prend en charge la conceptualisation
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Utilise un modèle transmissif
|
X
|
X
|
X
|
|
Utilise un modèle socioconstructiviste des savoirs pour
faire émerger les concepts
|
|
|
|
X
|
L'analyse du tableau montre que les enseignants ont
utilisé une approche pédagogique différente. E1, E2, E3
ont utilisé un modèle transmissif des savoirs pendant que E4 a
utilisé un modèle socioconstructiviste des savoirs. E1, E2, E3
n'ont pas utilisé de support de cours. Au niveau de l'approche
pédagogique, E1, E2, E3 ont dicté le cours. Mais E4 a
exploité le texte avec ses élèves par un cours
dialogué. En effet, après chaque question posée aux
élèves, ils valident la réponse et demande aux
élèves de noter les informations (le cours) puis il les
complète. Les élèves de E4 sont placés en
activité de recherche d'informations dans le texte. E4 utilise la boucle
didactique. Seul E4 a essayé de solliciter les élèves
pendant la séance de cours. Il a déroulé son cours, selon
la boucle didactique.
E1, E2, E3 ont utilisé un modèle transmissif du
savoir, car ils estiment qu'il est difficile d'appliquer la méthode
active au regard du manque de matériel didactique et de la
nécessité de terminer les cours. E1 affirme à ce propos :
« c'est l'APC que je fais, mais on ne tire pas les documents, je ne me
peux pas prendre mon argent pour tirer pour les élèves, bon je
fais un peu d'effort pour expliquer, c'est ça ». E4 a
privilégié un cours dialogué. Ce type d'enseignement
s'inscrit dans une succession de boucle didactique. L'enseignant pose des
questions à partir d'un document, l'élève y répond,
l'enseignant par la suite valide puis complète les informations.
55
Les réponses sont tirées du texte et ne
favorisent pas un réel apprentissage des élèves, car les
savoirs produits sont des savoirs factuels ou des savoirs de « basse
tension intellectuelle »(Thémines, 2016, p. 129). Ainsi, pour
Lautier et Allieu-Mary, cela suppose que « l'enseignant contrôle de
fait l'argumentation didactique en disant le «vrai» et assoit, par
son propos, l'«autorité» des savoirs comme la sienne ;
l'élève, le plus souvent privé de réelle prise en
charge énonciative, est invité à
l'«adhésion» d'un «texte» à apprendre
»(Doussot, 2014, p. 580). Dans les deux cas présentés, les
enseignants prennent en charge la conceptualisation. Le savoir est construit
par les enseignants et transmis aux élèves. L'absence de support
pour les cours de E1, E2, E3 montre la prise en charge de la conceptualisation
par l'enseignant. En ce qui concerne E4, même s'il a utilisé un
texte, il n'a permis la construction du savoir, car le texte n'est qu'un
prétexte pour justifier la mise en oeuvre d'une méthode active,
mais finalement, c'est l'enseignant qui a transmis les savoirs
déjà construits aux élèves.
Au niveau des ressources pédagogiques utilisés
par les enseignants, l'analyse de la grille d'observation a montré que
seul E4 a utilisé un texte. Et aucun enseignant n'a utilisé de
carte comme proposé dans les instructions officielles. Alors que la
carte est un outil important pour le géographe, elle permet d'exprimer
le savoir sous une forme concrète.
Les enseignants ont utilisé de nombreux concepts :
hiérarchie urbaine, réseau urbain, ville géante et
multifonctionnelle, armature urbaine, ville macrocéphalie.
Malheureusement, les concepts ne sont pas mis en relation et leurs attributs ne
sont pas définis. Il faut rappeler que ces enseignants ont
dispensé à quelques mots près les mêmes contenus.
Quand l'enseignant évoque un concept, il en donne la définition
aux élèves qui doivent la noter. Pour ces enseignants, les
concepts ne sont pas perçus comme des éléments
structurants du savoir. Ils les évoquent sommairement. Pourtant, les
réponses de E2 et E4 relatives à la question de qu'est-ce qu'un
concept pour vous ? montrent que ces enseignants ne savent pas l'utilité
d'un concept E4 : « j'ai pas tout de suite chercher le mot ou concept,
mais je pense que c'est c'est le mot sur lequel tout le Monde se met d'accord
sur le sens voilà. » E2 : « le concept. C'est on m'a
dit. Un mot important qu'on va utiliser, qui englobe plusieurs
caractéristiques relatives à un phénomène
donné, un phénomène géographique. ». Les
réponses de E1 et E2 sont restées assez évasives sur cette
question, par exemple pour E3 : « on parle d'un concept, je pense
qu'on fait allusion à une création, faire une
création»
56
Cette définition assez évasive du concept montre
que les enseignants ont également du mal à définir le
savoir à enseigner et à le structurer autour des concepts. Ils
sont cependant unanimes sur la pertinence de la structuration des
apprentissages autour des concepts.
57
CHAPITRE 4 : LE MODELE OPERATOIRE DU CONCEPT, UN OUTIL INNOVANT
POUR LA CONCEPTUALISATION
Le modèle opératoire du concept,
explicité dans le chapitre 2, a été
expérimenté dans le cadre de cette recherche dans deux classes de
première. Une expérimentation que j'ai menée dans ma
classe et une autre menée par une collègue avec ses
élèves. Mon expérimentation me met dans la posture du
praticien chercheur. Un praticien chercheur est un professionnel qui
mène des recherches sur son terrain et sur ses propres pratiques
d'enseignement. Cette posture exige de mettre à distance sa propre
pratique pour en faire un objet de recherche (Gaujal, 2022). Au-delà de
ma pratique, il fallait expérimenter le modèle avec un autre
collègue pour lever les biais importants liés à ma propre
pratique. Ces séances de cours s'appuient sur la médiation
sociocognitive des apprentissages de Britt-Mari Barth explicité dans le
chapitre 2. Pour Britt-Mari Barth, elle se décline en deux phases
capitales : la phase préparatoire et la mise oeuvre. Après avoir
présenté ces deux phases, nous ferons une analyse des
séances puis le bilan de ces deux séances.
1- Phase préparatoire de l'expérimentation du
modèle
La phase préparatoire est relative aux activités
menées par l'enseignant en dehors de la classe. Son but est de rendre le
savoir accessible pour l'élève. L'outil indispensable pour cette
phase est le modèle opératoire du concept (Barth, 2012a).
C'est-à-dire l'étiquette, les attributs et les exemples. Pour ce
faire, il faudra d'une part définir le savoir à enseigner en
fonction du niveau d'abstraction recherché et d'autre part l'exprimer
sous une forme concrète à travers le choix des exemples.
1.1- Définir le savoir à enseigner
La ville et l'urbain n'ont jamais fait l'objet d'un
apprentissage explicite. Ce que les élèves gardent
généralement à l'esprit, ce sont les architectures
urbaines du nord et du sud. À travers l'étude de l'urbanisation
des pays en voie de développement : l'exemple de la Côte d'Ivoire
d'une part et des pays développés avec la France25
d'autre part, ils se construisent « une carte mentale du monde qui exprime
un modèle culturel implicite » (Clerc, 2001, p. 34). Cette
25 Respectivement leçon 1 et Leçon 2 du
thème 2 du programme de géographie première
prégnance des représentations du monde fait
perdre de vue, l'élément central de ce chapitre sur
l'urbanisation dans le monde. Des définitions nombreuses sont
données à la ville.
Ces critères qui varient d'un espace
géographique à un autre et ne permettent pas de saisir pleinement
le concept d'espace urbain. Ainsi, pour permettre aux élèves
d'acquérir des connaissances stables et structurées, il importe
de définir le concept d'espace urbain. Pour commencer, Britt-Mari Barth
propose de situer le concept dans le programme scolaire concerné. Notre
activité porte, à cet effet, sur le programme de la classe de
première sur le thème 2 : l'urbanisation dans le monde.
Ce programme en géographie est axé sur des compétences
à développer chez les élèves, mais aussi sur des
savoirs géographiques. Pour Hertig « les savoirs
géographiques combinent de manière dynamique les
éléments qui relèvent des connaissances « factuelles
» (notions, compréhension de processus), la maîtrise des
outils de la discipline, qu'ils lui soient spécifiques ou non (cartes,
images, données statistiques, etc.) ». Les habiletés sont
des compétences transversales. Elles se retrouvent dans toutes les
autres disciplines scolaires. À ce sujet, Hertig propose que ces trois
éléments, c'est-à-dire les notions, les outils et les
capacités transversales soient articulés autour des concepts
intégrateurs qui sont des outils de pensée en
géographie.
Pour permettre aux élèves d'appréhender
sur le plan géographique ce processus global et de pouvoir lire et
analyser tout espace géographique, selon les finalités de la
géographie, j'ai porté mon attention sur le concept d'espace
urbain.
Figure 10 : hiérarchisation des concepts
|
Urbanisation Espace urbain Ville
|
58
Source : d'après (Barth, 2012b)
59
Quels attributs semblent essentiels pour le concept d'espace
urbain ? d'après M. Lussault, l'espace urbain est
caractérisé par de nombreux concepts. Mais en fonction du niveau
de complexité, de validité, d'interrelation, niveau d'abstraction
recherché, j'ai retenu quatre attributs :
V' Agglomération
V' Mobilité
V' Urbanité
V' Fonctions
Le concept d'espace urbain est un concept conjonctif. L'espace
urbain est défini par cet
ensemble d'attributs.
Cette carte mentale permet de mettre en avant les attributs du
concept et inscrit le concept dans un réseau de concepts. Par exemple,
le concept d'agglomération est un attribut du concept d'espace urbain et
possède lui-même ses propres attributs. Il en est de même
pour les utres attributs du concept d'espace urbain. Le plus important pour les
élèves est de tisser les liens entre ces différents
attributs et de comprendre leur sens.
60
Figure 11 : carte mentale du concept d'espace urbain
et
et
et
1.2- Le choix des exemples
Le choix des exemples représente une étape
importante dans la mise en oeuvre de ce modèle. L'exemple permet
d'exprimer le savoir sous une forme concrète. Il existe deux types
d'exemples : les exemples oui et les exemples non. Les exemples oui contiennent
les attributs du concept. Les exemples non ne contiennent aucun attribut du
concept, mais ils permettent de préciser le sens du concept. Selon
Britt-Mari Barth, il faut privilégier les documents visuels notamment
les photographies, car ils sont porteurs de sens pour les élèves
et permettent de susciter leur attention. Mais il faut également varier
les supports.
61
Figure 12 : exemple oui 1
Tableau 7 : exemple oui 2 composition de la population de
Londres (8 millions en 2020)
Nationalités
|
Pourcentage dans la population totale
|
Anglais
|
60%
|
Europe
|
20%
|
Moyen orient
|
14%
|
Afrique
|
12%
|
Amérique
|
4%
|
Total
|
100%
|
62
Figure 13 : exemple oui 3 croquis de la Côte
d'Ivoire
Figure 14 : exemple non 1 récolte de cacao à
l'ouest de la Côte d'Ivoire
63
Figure 15 : exemple oui 4 photographie d'une commune
d'Abidjan
64
Figure 16 : exemple non 2 photographie aérienne d'un
village au sud-ouest de la Côte d'Ivoire
65
Figure 17 : carte de la France
66
Figure 18 : une sous-préfecture au Nord de la
Côte d'Ivoire
67
2- Mise oeuvre du modèle dans deux classes de
première
La leçon a été présentée
dans deux classes différentes. Ma classe de première A 2 au
lycée moderne 2 Agboville puis par une collègue dans sa classe de
Première A 2 au lycée moderne 1 Agboville. Nous avons choisi les
exemples et conçu une fiche de leçon à mettre en oeuvre
dans les deux classes. Elle a suivi la séance que j'ai menée avec
mes élèves avant qu'elle ne fasse le même cours dans sa
classe. Le cours sera présenté sous forme d'une fiche de
leçon. La séance commence avec une consigne qui représente
un contrat d'intersubjectivité, selon Britt-Mari Barth. Pour elle, le
contrat d'intersubjectivité « vise à créer la
confiance nécessaire pour s'engager dans le processus
enseigner/apprendre. Il permet aux élèves et à
l'enseignant d'avoir des présupposés communs quant au sens de
l'activité qu'ils vont entreprendre ensemble »(Barth, 2012b, p.
228).
ETIQUETTE ESPACE URBAIN
ATTRIBUTS AGGLOMERATION
URBANITE
TYPE DE CONCEPT CONCEPT CONJONCTIF (RELATION ET
)
FICHE DE LECON
Notre séance de ce jour va porter sur un espace
géographique particulier. Vous serez invités à partir des
attributs et propriétés présentés dans les exemples
à l'identifier.
Cette séance se présentera comme un jeu, je vous
proposerai des exemples de deux types. Des exemples contenant les attributs de
ces espaces qu'on nommera exemple oui puis des exemples ne contenant aucun
attribut qu'on nommera exemple non. N'hésitez pas à prendre la
parole et à faire des propositions. L'erreur est admise et peut nous
permettre de progresser. Notre objectif est de parvenir à une
définition ou une compréhension commune. Vos réponses
seront notées au tableau puis celles jugées par vous non
pertinentes au regard
68
des autres exemples seront retirées et les autres
gardés afin de nous permettre de construire notre concept.
69
Supports
|
Activités de
l'enseignant
|
Activités de
l'élève
|
Réponses attendues ou à noter au tableau/
supprimer
|
Exemple positif 1
Image 1 : marché d'une ville
Tableau de la
population de Londres
Exemple positif 3
|
Exemple oui 2
Observez cette
image, quelle
analyse faites-vous de cette image ?
N'oubliez pas que nous recherchons à
travers ces attributs un espace géographique
Lisez le tableau
Devenons nous
compléter les
informations ou
barrer d' autres
informations
Observez le
croquis d'Abidjan
Médiation du prof/
négociation du sens
|
Observation, discussion et proposition de réponse
Lecture
Observation et lecture de la légende
|
des embouteillages
une population nombreuse *densité de population
Grande ville
Population nombreuse p
Population venant d'horizon divers
Nombreuses villes reliées entre elles
Toutes les routes convergent vers
Abidjan
Ces routes facilitent le déplacement des personnes et
des biens
Des ports
Ville centre économique et centre
politique
Agriculture et la production de cacao
|
70
Exemple non
Image d'une
plantation de
cacao
|
Observez l'image
Pensez-vous que
nous devrions
garder ou
supprimer certaines
informations au tableau
|
Observation
|
Production de cacao Activités agricoles Agriculture
|
|
|
|
*plusieurs types de quartiers
|
Exemple positif 4
|
|
|
|
|
|
|
*quartiers résidentiels
|
Photo a hie
~P
|
Observez l'image
|
|
|
habitat moderne et spontané
|
|
Observation et discussion
|
*quartiers précaires
|
|
|
|
Oui
|
|
|
|
Habitat moderne et habitat précaire
|
Exemple non
Image d'un
centre rural
|
Observez la
photographie,
A quoi cela vous fait penser ?
|
|
Un village
Les maisons sont séparées
|
|
Quelle différence
faites-vous entre ces
maisons et l'habitat précaire ?
|
|
Les maisons traditionnelles
|
71
|
De quel espace s'agit- il dans notre travail
|
Observation
|
Des villes, d'un espace urbain
|
|
Les élèves ont nommé
le concept. On va passer à la vérification
en présentant deux exemples : un exemple oui et un
exemple non
|
|
|
|
|
|
C'est un exemple oui car nous avons de
|
Carte de la France
|
Observez cette carte
dites-moi si c'est un exemple oui
|
Observation et lecture de la carte puis réponses
|
nombreuses villes reliées entre elles par des routes ;
elles forment un réseau...
Les villes sont organisées selon leur taille
|
|
Expliquez votre
réponse
|
|
|
Photographie d'un
centre rural
|
Rappelez vous des
attributs des exemples oui
|
Exemple non
|
Des habitats séparés, il n'y a pas de routes,
les maisons sont du même type...
|
|
Observez cette
dernière image
|
|
|
|
Cela vous fait penser à quel type d'exemple
|
|
|
|
Pourquoi dites vous
cela
|
|
|
72
Cette fiche de leçon est à titre indicatif, car
les réponses des apprenants ne peuvent pas être connues d'avance
et sont susceptibles de varier. Mais elle permet à l'enseignant d'avoir
un guide afin de conduire la séance. Cette fiche de leçon
à garder le même format que celle utilisée habituellement
par les enseignants. Ce qui reste important, c'est d'inviter les
élèves à expliquer leurs réponses. Il revient
également à l'enseignant de savoir négocier le sens pour
parvenir à une définition commune du concept. Les
élèves ont été mis en groupe pour faciliter les
interactions entre eux puis entre eux et l'enseignant.
Après cette étape, il est important de passer
à la phase d'institutionnalisation pour formaliser le savoir construit
avec les élèves. À ce propos, Britt-Mari Barth recommande
de faire une carte mentale pour favoriser l'apprentissage et la
mémorisation par les élèves. Une carte mentale
simplifiée a été proposée aux élèves
en s'appuyant sur celle présentée plus haut.
3- Analyse des séances de cours
Cette démarche vers l'abstraction proposée dans
la fiche de leçon a été présentée dans le
cadre théorique. Elle a été simplifiée par
Britt-Mari Barth dans son ouvrage26. E5 correspond à ma
classe et E6 à la classe de ma collègue ayant participé
à l'expérience. J'ai mené la première séance
de cours en présence de ma collègue pour lui permettre de
comprendre le modèle à mettre en oeuvre dans sa classe. Elle a
mené une seconde séance de cours. L'analyse de ces séances
s'appuie sur la grille d'observation de cours présentée plus
haut. Elle a pour but de voir si les enseignants innovent et conduisent les
élèves vers la conceptualisation.
Tableau 8 : démarche méthodologique de E5 et
E6
|
CRITERES
|
E5
|
E6
|
OBSERVATIONS
|
|
Définit les objectifs de la séance
|
X
|
X
|
|
L'enseignant part des représentations des
élèves sur les villes
|
X
|
X
|
|
L'enseignant amène les élèves à
identifier les attributs essentiels de l'espace urbain
|
X
|
X
|
|
L'enseignant met les élèves dans une
démarche de recherche des attributs des concepts sur les espaces
urbains
|
X
|
X
|
|
26 Voir annexe
73
DEMARCHE
METHODOLOGIQUE DE L'ENSEIGNANT
|
L'enseignant amène les élèves à
expliquer la place de la ville d'Abidjan dans l'espace urbain
|
X
|
X
|
|
L'enseignant amène les élèves à
conceptualiser
|
X
|
X
|
|
L'enseignant définit les relations entre les concepts sur
les espaces urbains
|
X
|
X
|
|
L'enseignant prend en charge la conceptualisation
|
|
|
|
Utilise un modèle transmissif
|
|
|
|
Utilise un modèle socioconstructiviste des savoirs pour
faire émerger les concepts
|
X
|
X
|
|
L'analyse de la grille d'observation montre que les deux
enseignants ont utilisé les mêmes démarches
méthodologiques. À travers la lecture du contrat
d'intersubjectivité les enseignants ont défini les objectifs de
la séance. Les enseignants ont pris en compte les représentations
et les perceptions des élèves sur la ville lorsqu'ils ont
noté de manière progressive leurs différentes
réponses au tableau à partir des supports distribués.
Voici une liste d'informations données par les élèves que
j'ai notés au tableau lors de ma séance de cours :
Figure 19 : les notes au tableau de ma séance de
cours
74
En outre, les élèves ont été
regroupés pour faciliter d'une part les interactions entre eux puis
entre eux et l'enseignant. Les élèves étaient dans une
posture de recherche et de co-construction du savoir. Il faut préciser
que dans les séances de E1, E2, E3, E4, les élèves
travaillaient de manière individuelle. La photo ci-dessous, montre
l'organisation des élèves en groupe de travail lors de ma
séance de cours.
Figure 20 : groupe d'élève participant à
la séance de cours
La place de l'enseignant est primordiale dans ce
modèle. Il négocie le sens, il accompagne les
élèves dans leur processus de recherche. La négociation de
sens est primordiale pour rassurer l'élève et lui faire
comprendre pourquoi on ne partage pas son idée ou pourquoi il est
important d'être encore plus explicite avec ses réponses. Ainsi,
les élèves expliquent et argumentent leurs réponses. Pour
faciliter la recherche des attributs, nous avons proposé des documents
variés (exemple oui) qui peuvent contenir un ou deux attributs du
concept. Les exemples non ont été introduits pour permettre aux
élèves de préciser le sens du concept en écartant
des idées qui ne
75
sont pas des attributs du concept. Les explications des
élèves étaient très importantes dans ce processus,
car elles témoignent de leur implication dans le cours. Le rôle de
l'enseignant est donc essentiel pour permettre aux élèves de
donner du sens au savoir. Dans la mesure où, il guide le processus de
construction du savoir vers une définition commune. La photo ci-dessous
montre l'enseignant E 6 dans une négociation de sens :
Figure 21 : séance d'expérimentation du
modèle d'une collègue avec ses élèves
Les enseignants E5 et E6 par leur démarche
méthodologique ont amené les élèves à
conceptualiser. Ils ont été également mis en relation les
différents attributs du concept présentés dans la carte
mentale. Ces enseignants ont innové et ont proposé des pratiques
pédagogiques opposées à celles de E1, E2, E3, E4. Un bilan
des savoirs s'avère nécessaire pour vérifier
l'appropriation du concept par les élèves.
4- Bilan de savoir
Cette évaluation porte sur un autre espace
géographique pour vérifier la capacité de transfert et
de généralisation du concept par les
élèves.
Evaluation adressée aux élèves
pour vérifier la conceptualisation ou l'appropriation du concept de
« ville » ou espace urbain.
DAKAR : UNE ABERRATION DE LA DÉCENTRALISATION
SENEGALAISE*
Si l'un des objectifs assignés à la
décentralisation sénégalaise était de favoriser une
meilleure distribution des hommes et des biens et services sur l'ensemble du
territoire national, tel n'est pas le cas au vu de la configuration actuelle et
du rôle que Dakar joue et continuera de jouer dans le tissu
socio-économique du pays(...). On observe aussi que 70 % de la
population vivent dans le tiers occidental du pays, dont 39 % résident
dans les 36 communes que compte cette partie du territoire. En ajoutant
à ce sous-ensemble, la région de Ziguinchor, les
départements de Sédhiou, Kébémer, Louga et Dagana,
sa population représente 82,6 % sur 33,5 % du territoirenational.
Ce déséquilibre devient encore plus flagrant si
l'on compare Dakar au reste du pays. La région de Dakar, avec seulement
0,3 % du territoire, concentre à elle seule plus de 22 % de la
population totale, soit un Sénégalais sur cinq. C'est aussi la
région la plus densément peuplée avec 4147 habitants au
km2 contre seulement 11 habitants au km2 pour la région de Tambacounda.
En effet, sur ce plan, la région de Dakar concentre aussi plus de 50 %
des artisans, 95 % des entreprises industrielles et commerciales, (...) Tout
ceci encourage les gens à venir à Dakar parce qu'en dehors de
Dakar, il n'y a rien (...).
Cette partie de la ville concentre aussi le siège des
20 établissements d'assurance du pays, ainsi que le siège social
des neuf plus grandes banques du Sénégal Tout cela fait que plus
de 95 % du tissu productif du pays soit concentré à Dakar et dans
les régions adjacentes. Cette situation a amené certains auteurs
à parler de « Sénégal utile » ou de «
Sénégal utilisé » ou encore de «
Sénégal structuré » par opposition à la partie
« désertique » du pays (...).
Djibril DIOP,
https://www.faireensemble.info/DAKAR-UNE-ABERRATION-DE-LA-DECENTRALISATION-SENEGALAISE
a1058.html consulté le 26/12/2022 à 18H 15
|
77
Document 2
A partir des documents, expliquez pourquoi Dakar est
une macrocéphalie ?
Quel est l'objectif de cette évaluation ?
Un concept scientifique est un outil de pensée ou un
savoir outil. Au-delà de ses fonctions de discriminations,
d'interprétation des phénomènes, il permet, par ailleurs,
de les expliquer. C'est pourquoi, selon Astolfi(2008, p. 26) « Un concept
est un point de départ pour l'activité intellectuelle, car il
confère un pouvoir explicatif nouveau pour celui qui en maîtrise
l'usage ».
Ainsi, pour cette évaluation, j'attends que les
élèves mettent en relation dans leurs explications les attributs
du concept de « macrocéphalie ».
Cette évaluation ne sera pas notée, mais elle
sera évaluée, selon la grille d'évaluation proposée
par Britt-Mari Barth. Cette grille décrit trois niveaux d'acquisitions
des concepts :
- La reproduction : c'est savoir reconnaitre le concept et le
nommer. Ici, nous concevons la reproduction comme reproduction des idées
du texte.
- Abstraction : c'est savoir justifier cette reconnaissance en
en nommant les attributs
essentiels. Ce sont des élèves qui ont pu citer
des attributs du concept en les expliquant. - La généralisation
ou le transfert : c'est savoir générer ses propres exemples du
concept
en les justifiant.(Barth, 2013).
Ce tableau présente les différents effectifs des
classes évaluées.
Tableau 9 : effectifs des classes
évalués
Classes des enseignants
|
Effectifs
|
Nombre de copies
|
E1
|
58
|
58
|
E2
|
64
|
64
|
E3
|
62
|
62
|
E4
|
61
|
61
|
E5
|
47
|
47
|
E6
|
63
|
63
|
Total
|
355
|
355
|
Tous les élèves ont participé à
l'évaluation proposée à des moments différents.
Cette présence s'explique par l'administration de ces évaluations
par leurs professeurs lors de leurs séances de cours avec leurs
élèves.
Tableau 10 : résultats de l'évaluation
Niveau
d'acquisition
|
E1
|
E2
|
E3
|
E4
|
E5
|
E6
|
Effectif
|
Reproduction
|
54
|
56
|
55
|
53
|
35
|
52
|
295
|
Abstraction
|
4
|
8
|
7
|
8
|
12
|
11
|
60
|
Généralisation
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
78
J'ai réalisé un graphique pour mieux visualiser les
résultats.
Répartition des élèves par niveau
d'appropriation du concept de "macrocéphalie urbaine"
70 60 50 40 30 20 10 0
|
|
|
1 2 3 4 5 6
reproduction abstraction conceptualisation
|
|
COPIE 1
|
79
Graphique 2 : répartition des élèves par
niveau d'appropriation du concept de « macrocéphalie urbaine
»
Le graphique montre que les élèves qui sont
restés au niveau de la reproduction sont les plus nombreux et que peu
d'élèves sont arrivés à l'abstraction, notamment
15%. Aucun élève n'est parvenu à la conceptualisation. Les
élèves de E5 et E6 sont plus nombreux à avoir atteint
l'abstraction que ceux des autres.
Les réponses des élèves pouvant
être assimilées à une reproduction sont celles qui sont
fondées sur un vocabulaire concret et une reproduction des idées
du texte. Voici trois exemples de copies :
80
COPIE 2
COPIE 3
81
Ces élèves ont reproduit les idées du texte
et n'ont pas définis les attributs du concept. Ces élèves
n'ont pas conceptualisé.
Les élèves ayant atteint le niveau d'abstraction
sont ceux ayant utilisé un vocabulaire abstrait et définis les
attributs du concept de « macrocéphalie urbaine ». Voici deux
exemples de productions d'élèves :
82
COPIE 4
83
COPIE 5
5- Bilan de l'expérimentation
5.1- Bilan de l'expérimentation du modèle
opératoire des concepts
Cette expérimentation a permis aux élèves
de s'approprier un nouvel outil de pensée. Elle a permis
également de motiver ces derniers quant à une nouvelle
façon de voir le savoir. Même si le modèle semble parfait,
force est de constater des difficultés d'ordre financier et
matériel dans l'administration du modèle. La première
provient de la production des supports, qui a un coût de revient assez
élevé pour les enseignants. Pour une séance, les images et
les photographies à produire sont à la charge de l'enseignant. La
photocopie couleur d'un document revient à 200FCFA l'unité. Pour
un effectif moyen de 60 élèves, il faut débourser 8000FCFA
même si l'organisation de la classe en petit groupe permet de
réduire les coûts. Au niveau pédagogique, il faut relever
l'importance du contrat d'intersubjectivité qui permet une
adhésion des élèves au modèle et une rupture avec
les pratiques ordinaires, mais aussi que par moment l'enseignante avait
tendance à expliquer longuement certaines réponses alors que cela
relevait de la compétence des élèves à argumenter.
Au début de mon cours, j'ai également sous-estimé la
capacité de perception des élèves ce qui a entrainé
de nombreuses hésitations dans l'exploitation du document, mais la
motivation des élèves et leur adhésion a permis de
produire une séance de cours animé et dense en échange.
84
5.2- Bilan de l'évaluation
Cette évaluation ne saurait rendre compte objectivement
du niveau d'acquisition des concepts par les élèves. En effet, un
biais important est à relever dans l'administration de
l'évaluation. La séance de cours a porté sur le concept
d'espace urbain alors que l'évaluation a porté sur la notion de
macrocéphalie urbaine. Même si cette notion a été
abordée lors de la séance, elle n'a pas fait l'objet d'un
apprentissage explicite ou de conceptualisation. Ma volonté de voir les
élèves construire eux-mêmes les concepts, a peut-être
été une demande d'un niveau cognitif un peu élevé.
Néanmoins, les élèves ayant assisté au cours, selon
le modèle opératoire du concept ont adhéré au
modèle.
Conclusion
La ville et l'urbain constituent des objets de la
géographie. L'étude de ces espaces géographiques est
importante pour saisir les réalités sociales actuelles. La
géographie scientifique ivoirienne a abordé largement cette
question. Quant à la géographie scolaire, l'analyse
lexicométrique menée sur le curriculum prescrit a montré
que cette question est très peu abordée et que les concepts
intégrateurs sont très peu pris en compte par les programmes. Ces
programmes sont en déphasage avec l'évolution des savoirs
scientifiques sur le fait urbain en raison d'une absence de modernisation de
ces savoirs et un déficit de renouvellement curriculaire. L'observation
des pratiques enseignantes à montrer que les enseignants
privilégient un modèle transmissif des savoirs, ce qui ne permet
pas aux élèves de construire des concepts, car l'enseignant
lui-même prend en charge toutes les opérations liées
à la conceptualisation. Le modèle opératoire du concept
est un modèle innovant qui a permis aux élèves de
construire des concepts. Ils se sont impliqués dans les séances
de cours proposés et ont adhéré au modèle.
Néanmoins, des problèmes d'ordre matériel et financier
liés surtout aux coûts de productions de supports de
qualités ont été révélés lors de
l'expérimentation. Cette recherche mérite finalement d'être
étendu à d'autres enseignants du fait de sa pertinence sur le
plan didactique, mais aussi d'être approfondie en prenant en compte les
origines sociales des élèves qui peuvent représenter un
obstacle à l'apprentissage tel que théorisé par Elisabeth
Bautier.
85
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89
Table des matières
REMERCIEMENTS 1
Introduction 3
Chapitre 1 : Epistémologie de la géographie et
savoirs sur l'espace urbain 7
1- La géographie urbaine française 7
1.1- La géographie classique et la naissance de la
géographie urbaine 7
1.2- La nouvelle géographie et le fait urbain 10
1.3- La géographie contemporaine centrée sur les
modes d'habiter 12
2- La géographie urbaine ivoirienne
héritière de la géographie urbaine française 14
2.1- Une géographie tropicale urbaine à
tonalité rurale 14
2.2- la géographie du développement et le
développement de la géographie urbaine ivoirienne
16
CHAPITRE 2 : LE CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE 19
1.Le cadre théorique 19
1.1- La transposition didactique 19
1.2- Le modèle opératoire du concept 23
2- La méthodologie de recherche 40
2.1- La collecte des données relatives au curriculum
prescrit 40
2.2-La collecte de données relatives aux pratiques
enseignantes 40
2.3- Bilan de savoirs 43
CHAPITRE 3 : UNE FAIBLE PRESENCE DES CONCEPTS
INTEGRATEURS DANS LA GEOGRAPHIE SCOLAIRE
IVOIRIENNE ? 45
1- Un curriculum prescrit peu construit autour des concepts
intégrateurs en géographie 45
2- Des pratiques ordinaires en classe de géographie en
côte d'ivoire peu fondées sur la
conceptualisation 50
CHAPITRE 4 : LE MODELE OPERATOIRE DU CONCEPT, UN OUTIL INNOVANT
POUR LA
CONCEPTUALISATION 57
1- Phase préparatoire de l'expérimentation du
modèle 57
1.1- Définir le savoir à enseigner 57
1.2- Le choix des exemples 60
2- Mise oeuvre du modèle dans deux classes de
première 67
3- Analyse des séances de cours 72
4- Bilan de savoir 75
5- Bilan de l'expérimentation 83
5.1- Bilan de l'expérimentation du modèle
opératoire des concepts 83
5.2- Bilan de l'évaluation 84
Conclusion 84
90
BIBLIOGRAPHIE 85
Tableau 1 : les trois manières de pensée le
monde selon Retaillé. 13
Tableau 2 : listes des concepts intégrateurs en
géographie et des questions associées 38
Tableau 3 : profil des enseignants interviewés 42
Tableau 4 : grille d'évaluation de l'appropriation d'un
concept 44
Tableau 5 : tableau des habilités et contenus de la
leçon de géographie sur l'urbanisation en Côte
d'Ivoire 52
Tableau 6 : démarche méthodologique des
enseignants observés 54
Tableau 7 : exemple oui 2 composition de la population de
londres (8 millions en 2020) 61
Tableau 8 : démarche méthodologique de E5 et E6
72
Tableau 9 : effectifs des classes évalués 78
Tableau 10 : résultats de l'évaluation 78
TABLE DES FIGURES
Figure 1 : le rôle médiateur de l'enseignant dans
le modèle opératoire du concept 26
Figure 2: définition opératoire du concept
28
Figure 3: le modèle opératoire du concept
30
Figure 4: la médiation sociocognitive des
apprentissages 32
Figure 5: Démarche cognitive de
l'élève vers la conceptualisation 35
Figure 6 : schéma explicatif du processus de recherche
44
Figure 7 : classification hiérarchique descendante du
curriculum prescrit ivoirien 46
Figure 8 : analyse factorielle des correspondances du
curriculum prescrit ivoirien 47
Figure 9 : les principaux concepts et notions de la
géographie scolaire ivoirienne 48
Figure 11 : hiérarchisation des concepts 58
Figure 12 : carte mentale du concept d'espace urbain 60
Figure 13 : exemple oui 1 61
Figure 14 : exemple oui 3 croquis de la Côte d'Ivoire
62
Figure 15 : exemple non 1 récolte DE CACAO à
l'ouest de la Côte d'Ivoire 62
Figure 16 : exemple oui 4 photographie d'une commune d'Abidjan
63
Figure 17 : exemple non 2 photographie aérienne d'un
village au sud-ouest de la Côte d'Ivoire 64
Figure 18 : carte de la France 65
Figure 19 : une sous-préfecture au Nord de la
Côte d'Ivoire 66
Figure 20 : les notes au tableau de ma séance de cours
73
Figure 21 : groupe d'élève participant à
la séance de cours 74
Figure 22 : séance d'expérimentation du
modèle d'une collègue avec ses élèves 75
TABLE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : le fait urbain dans le curriculum prescrit
ivoirien 51
Graphique 2 : répartition des élèves par
niveau d'appropriation du concept de « macrocéphalie
urbaine » 79
91
TABLE DES ANNEXES
Annexe 1 : grille d'observation 92
Annexe 2 : guide d'entretien 93
Annexe 3 : programme de géographie de la Côte
d'Ivoire 94
Annexe 4 : Instructions officielles de 2013 96
Annexe 5 : Retranscription des entretiens 98
ANNEXE
92
Annexe 1 : grille d'observation
|
CRITERES
|
OUI
|
NON
|
OBSERVATIONS
|
DEMARCHE
METHODOLOGIQUE DE L'ENSEIGNANT
|
Définit les objectifs de la séance
|
|
|
|
L'enseignant part des représentations des
élèves sur les villes
|
|
|
|
L'enseignant amène les élèves à
identifier les attributs essentiels de l'espace urbain
|
|
|
|
L'enseignant met les élèves dans une
démarche de recherche des attributs des concepts sur les espaces
urbains
|
|
|
|
L'enseignant amène les élèves à
expliquer la place de la ville d'Abidjan dans l'espace urbain
|
|
|
|
L'enseignant amène les élèves à
conceptualiser
|
|
|
|
L'enseignant définit les relations entre les concepts sur
les espaces urbains
|
|
|
|
L'enseignant prend en charge la conceptualisation
|
|
|
|
Utilise un modèle transmissif
|
|
|
|
Utilise un modèle socioconstructiviste des savoirs pour
faire émerger les concepts
|
|
|
|
Ressources pédagogiques
|
Carte
|
|
|
|
Tableau statistique
|
|
|
|
Image
|
|
|
|
Photographie
|
|
|
|
Documents textuels
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
Activités de l'élève
|
Développe de stratégies d'apprentissages
|
|
|
|
Dans une démarche de recherche
|
|
|
|
Réponds aux questions et argumente
|
|
|
|
Les concepts suivants sont mis en relations
|
La distance
|
|
|
|
La hiérarchie urbaine
|
|
|
|
Métropole
|
|
|
|
Territoire
|
|
|
|
La polarisation
|
|
|
|
Les flux
|
|
|
|
Centralité
|
|
|
|
Centre et Périphérie
|
|
|
|
Mobilité
|
|
|
|
Facteurs de localisation
|
|
|
|
Urbanité
|
|
|
|
Culture urbaine
|
|
|
|
Autres notions /concepts
|
|
|
|
93
Annexe 2 : guide d'entretien Profil de
l'enseignant
1- Depuis combien d'années enseignez-vous ?
2- Décrivez votre formation académique ?
Pratiques enseignantes
1- Comment préparez-vous vos séances de cours ?
2- Quelles ressources pédagogiques vous semblent
adaptées pour un cours sur l'urbanisation ?
3- Pour ce cours avez-vous consulté des ressources
pédagogiques autres que celles que vous utilisez habituellement ?
4- Décrivez-moi votre approche pédagogique ?
5- Pourquoi utilisez-vous cette approche pédagogique ?
6- Comment réagissent généralement les
élèves à votre cours ?
7- Quels moyens utilisez-vous pour vérifier l'acquisition
de connaissances après votre cours ?
Représentation de la géographie
1- Que pensez-vous de l'enseignement de la géographie aux
élèves ?
2- Dans quel domaine des sciences situez-vous la
géographie ?
3- Quels sont les mots clés que vous souhaiteriez que vos
élèves retiennent après ce cours sur l'urbanisation en
Côte d'Ivoire ?
4- Quel sens donnez-vous aux concepts géographiques ?
5- Pouvez-vous énumérez quelques concepts
géographiques relatifs au cours sur l'urbanisation que vous venez de
dispenser ?
6- Pensez-vous que la conceptualisation peut être un outil
important pour faciliter les apprentissages en cours de géographie ?
94
Annexe 3 : programme de géographie de la Côte
d'Ivoire
95
|
|
L'impôt et l'aménagement du territoire ivoirien
|
2H
|
Q
U A
T
R
I E
M
E
|
Thème 1 :
Organisation administrative dams le development de la Côte
d'Ivoire
|
La déconcentration administrative en Côte
d'Ivoire
|
4 H
|
La décentralisation administrative en Côte
d'Ivoire
|
4 H
|
Les insuffisances de l'organisation administrative dans le
développement de la Côte d'Ivoire
|
4 H
|
Theme 2:
les regroupements économiques en Afrique de l'ouest et en
Europe: exemples de la CEDEAO et de l'Union Europeenne (U.E)
|
La Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest
(CEDEAO) : succès et limites
|
4 H
|
L'Union Européenne (U.E) : un exemple d'intégration
régionale
|
4 H
|
T
R
O
I
S
I
E
M
E
|
THEME 1 :
Etude économique de la Côte d'Ivoire
|
Les atouts naturels et humains du développement
économique de la Côte d'Ivoire
|
3 H
|
Les secteurs d'activités économiques de la
Côte d'Ivoire
|
5 H
|
Les problèmes du développement économique de
la Côte d'Ivoire
|
4 H
|
THEME 2 : L'Afrique face â la mondialisation
|
Etude Economique de l'Afrique
|
4 H
|
La place de l'Afrique dans la mondialisation
|
4 H
|
S E
C
0 N
D
E
|
THEME 1 :
La terre domaine de la géographie
|
La géographie : objet, intérêt et
démarche
|
2 H
|
La planète Terre
|
4 H
|
Les techniques de représentation de la terre
|
4 H
|
THEME 2 :
L'homme et son milieu en Côte d'Ivoire
|
Le milieu subéquatorial ivoirien
|
3 H
|
Le milieu tropical ivoirien
|
3 H
|
L'espace ivoirien : un environnement menacé
|
4 H
|
THEME 3 : L'ingéniosité de l'homme dans la
réalisation du développement durable et la préservation de
l'espace mondial
|
Les grands milieux biogéographiques dans le monde
|
3 H
|
Les problèmes
environnementaux actuels
|
2 H
|
P R E M
I E R E
|
THEME 1 : Dynamisme démographique de la côte
d'ivoire et dans le monde
|
Dynamisme démographique et qualité de la vie en
Côte d'Ivoire
|
bH
|
La croissance démographique mondiale et ses
problèmes
|
4 H
|
THEME 2 : L'urbanisation Dans le monde
|
L'urbanisation dans les pays en développement : l'exemple
de la Côte d'Ivoire
|
4 H
|
L'urbanisation dans les pays développés : L'Exemple
de la France
|
3 H
|
THEME 3 : L'administration et l'aménagement du territoire
ivoirien
|
L'organisation administrative de la Côte d'Ivoire
|
3 H
|
L'aménagement du territoire ivoirien
|
4 H
|
96
Annexe 4 : Instructions officielles de 2013
97
98
Annexe 5 : Retranscription des entretiens
En bleu, les questions adressées aux enseignants. En
italique leurs réponses.
ENTRETIEN AVEC E1 MOI : Bonjour Professeur
E1 : Bonjour cher prof.
MOI : Donc nous sommes ici dans le cadre d'un entretien
concernant l'apprentissage des élèves en géographie, donc
j'aurai quelques questions à vous poser. Comment préparez-vous
vos séances de cours ?
E1: Euh bon, pour la séance de cours, je me
réfère au manuel, au manuel et les habiletés. Voilà
les habiletés qui. Qu'on nous demande de développer. Et puis.
Avec quelques informations que je récupère à partir du
manuel. Et puis je monte le le cours.
MOI: Vous avez fait un cours sur l'urbanisation, donc notre
entretien va mettre l'accent surtout sur l'urbanisation. Quelles ressources
pédagogiques vous semble adaptées pour un cours sur
l'urbanisation ?
E1 : Ah bah euh. Vous voulez parler de documents ? MOI:
oui oui
E1 : Selon moi, le manuel de première, dans lequel
l'on retrouve plus ou moins les informations qui permettent aux enfants de
mieux comprendre vraiment le contenu du cours qu'on aura à leur
véhiculé.
MOI : pour ce cours sur l'urbanisation en dehors du manuel ou
bien des fongibles que vous avez consultés. Est ce qu'il y a d'autres
ressources pédagogiques que vous avez consultés et que vous
utilisez habituellement pour faciliter les apprentissages des
élèves ?
E1 : Euh oui. Bon, en dehors du manuel, je me sers un peu
souvent des informations sur le net. Voilà, je vais sur Google et puis
quand j'ai besoin d'une information, je peux et je fais la demande. Et puis
bon, toutes les informations qui ont un lien avec le cours que je veux
développer, voilà, c'est de ces informations là que je me
sers.
MOI : Maintenant, aujourd'hui, j'ai assisté à
votre cours. Voilà Quelles approches pédagogiques vous utilisez
pour faciliter cet apprentissage ?
99
E1 : Hum. J'utilise le système bon APC comme
ça a été recommandé lors de la formation. Mais il
faut reconnaître que ce n'est pas vraiment évident. Deux de. De
l'adapter au cours parce qu'il y a tellement d'informations que les enfants
n'ont pas et ça facilite. Enfin, ça, ça rend quand
même assez difficile l'application de cette approche pédagogique.
C'est l'APC que je fais, mais on ne tire pas les documents, je ne me peux pas
prendre mon argent pour tirer pour les élèves, bon je fais un peu
d'effort pour expliquer, c'est ça.
MOI: Ok, donc Comment réagissent
généralement les élèves à votre cours ?
E1 : Peut être aujourd'hui par exemple aujourd'hui,
je les ai sentis quand même assez assez timides pour cet
évènement parce que mine de rien, la leçon sur
l'urbanisation, moi même quand je la préparais, je l'ai
trouvée quand même assez complexe. Voilà, c'est une notion
qui dont ils ont entendu parler, mais ils n'ont pas grande information. Donc je
les ai sentis quand même assez timide.
MOI: Bon maintenant, au niveau de la géographie d'une
manière générale, que pensez-vous de l'enseignement de la
géographie aux élèves en Côte d'Ivoire?
E1: Bon, les enfants, sincèrement, euh. Ils
s'intéressent à la géographie que lorsque ce sont des
thèmes qu'ils ont déjà vus par le passé.
Voilà comment ce sont des thèmes qui leur sont comme un peu
nouveaux. Voilà, c'est ça. C'est un peu compliqué pour
eux, comme je le disais, vraiment y accorder une certaine attention. Mais quand
ce sont des thèmes qui ont été déjà
développés dans les classes intérieures, voilà, on
les sent vraiment motivés à à participer aux cours. Et
puis bon, voilà, à donner cet intérêt à ceux
qu'on a, aux leçons que l'enseignant est sur le point de leur
donner
MOI : euh. Une question un peu générale à
vous poser dans quel domaine des sciences, en tant qu'enseignant, vous situez
la géographie ?
E1 : Bon. Dans quel domaine de science ? Je dirai l'action
sociale. Oui, forcément sociale, mais surtout dans le domaine des
sciences sociales.
MOI: Quel sens donnez-vous au concept en tant qu'enseignant?
E1 : Bon, bon, bon, bon, bon, bon.
MOI: Est-ce que vous avez eu à faire à certains
concepts géographiques dans votre parcours?
100
E1 : peut-être : Qu'ils ont parlé de concept
géographique ? Oui oui, je dirais oui Ça dépend quel
concept géographique Bon, le concept. Mine de rien. Ok, bon.
MOI : Bien, vous avez vous avez une idée, certains
concepts que vous voyez et qui nous viennent à l'esprit comme ça
?
E1 : Bon. Séance tenante ? Pas vraiment en ce
moment.
MOI: Alors bon, maintenant, après votre leçon,
après votre leçon, , pensez-vous que les élèves en
classe ont retenu les concepts que vous voulez qu'ils retiennent à la
fin de ce cours sur l'urbanisation?
E1 : Bon ok. Oui bon Il y a déjà le mot
ville, mais je sais pas si on doit considérer l'urbanisation comme un
concept déjà. Je voudrais qu'ils sachent ce que c'est qu'une
urbanisation. Voilà mais dans le cours au niveau des habiletés,
ils ont demandé qu'on définisse l'urbanisation et voilà
que je voudrais quand même qu'ils sachent définir. Connaitre des
critères d'urbanisation pour ça, ce n'est pas un concept, mais au
moins qu'il sache au moins quels sont les critères d'urbanisation. Et
puis les différentes caractéristiques d'une ville en quelque
sorte.
MOI : pensez-vous la conceptualisation peut permettre, peut
permettre de faciliter les apprentissages ?
E1: Par rapport à cette question-là, je ne
saurais vraiment répondre parce que. Je pense je pense que oui. Bon,
aujourd'hui les leçons sont sont bâties autour de
différents concepts je pense. Voilà, en fait je pense que
oui.
MOI : depuis combien d'années enseignez-vous ?
E1 : humm, 9 ans, oui c'est ça
MOI : décrivez votre formation universitaire ?
E1 : j'ai fait l'ENS, PL après ma maitrise en
géographie à l'université.
MOI : encore merci beaucoup pour ça d'avoir pris le temps
de répondre à mes questions.
101
ENTRETIEN AVEC E2
MOI : Bonjour professeur, je vais vous interroger par rapport
à votre cours. D'abord, depuis combien d'années enseignez-vous
?
E2 : Depuis depuis 1996 jusqu'à maintenant.
MOI: ça fait 17 ans.
E2 : non, jusqu'en 2006 ça fait dix ans.
MOI: on est en 2023.
E2 : Donc, attends 1996, mais plus 2006. Ça fait dix
ans.
MOI: 27 ans, 27 ans. Décrivez moi votre formation
académique ?
E2: Moi, j'ai fait d'abord une formation, au cafop
supérieur. On est sorti en 1995, on a fait le stage en 1996 a
commencé. puis je suis parti en 2004, 2005 à l'ENS pour devenir
professeur de collège c'est là je suis arrivé au
collège moderne, en 2006, je suis retourné à l'ENS pour
revenir comme professeur de lycée en 2007.
MOI : Maintenant, au niveau de vos pratiques en tant que
enseignant du secondaire, comment préparez-vous vos cours?
E2: La séance de cours se prépare avec le
guide d'exécution guide d'exécution et puis, il y a les supports,
les supports de cours, les tests, les cartes aussi de tout, moins documents,
élèves, les ouvrages apprendre par les. Ça, il y a aussi
les manuels agrées.
MOI : Maintenant d'accord. Quelles ressources vous semble
adaptées pour un cours sur l'urbanisation ?
E2: Le premier document, c'est le guide, le guide
d'exécution c'est le guide qui nous permet de voir, d'avoir le type de
la leçon, les habiletés, et c'est en fonction des
habiletés, là aussi, qu'on va choisir les textes, les supports.
C'est ça.
MOI : Décrivez-moi votre approche pédagogique ?
E2: bon les Approches sont multiples: les approches sont
variuées. Souvent, on parle de la PPO et puis maintenant, c'est l'APC.,
souvent, c'est alterné. C'est l'APC, ce qu'ils demandent. Voilà,
c'est ce qui est demandé
102
MOI : pendant les séances de cours, comment
réagissent les élèves ?
E2 : Quand, quand il y a le document, quand il y a les
supports, ils réagissent mieux, chaque fois qu'il y a des supports,
qu'ils réagissent mieux parce que ça leur permet de participer
activement au cours, à l'élaboration de la trace
écrite.
MOI : Maintenant au niveau de la discipline que vous enseignez
la géographie. Que pensez vous de l'enseignement de la géographie
aux élèves ?
E2: C'est la géographie, seulement
géographie. Au niveau de la géographie, je pense que ça
devait être quand même plus que c'est tiré de
l'environnement des élèves. Ça devait être plus
facile que l'histoire parce que l'histoire c'est tout ce qui passe, tout
ça, la géographie, ça devait plus motiver.
MOI : dans quel domaine des sciences vous placer la
géographie ?
E2 : C'est humm je crois, que c'est les sciences humaines,
les sciences humaines, dans les sciences humaines.
MOI : Maintenant, si on revient sur le cours que vous avez
fait, bien, quels sont les mots-clés sur lesquels vous voulez mettre
l'accent ?
E2 : Il y a d'abord le mot urbanisation, urbanisation, et
puis, peut être les différentes étapes, et puis le mot
Côte d'ivoire parce que ça, c'est il y a d'abord le territoire,
c'est la Cote d'ivoire, il y a le mot urbanisation qui doivent arriver à
définir.
MOI : Donc quel sens vous, donnez au concept géographique
?
E2: J'ai pas tout de suite chercher le mot ou concept,
mais je pense que c'est c'est le mot sur lequel tout le Monde se met d'accord
sur le sens voilà. Peut-être en Côte d'Ivoire, c'est
différent. Bon, Ça peut être différent quand on
parle de cette ville, en Côte d'Ivoire, ça peut être
différent quand on parle de ville en France, et tout ça, parce
que si, peut être, on se met d'accord pour une certaine taille et puis,
un certain nombre d'activités mais peut être en France, c'est
différent, tout ça.
MOI :que pensez-vous que si on structure l'enseignement en
géographie autour des concepts ? E2: je pense bien, je pense bien
que ça peut améliorer l'apprentissage au niveau des
élèves.
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ENTRETIEN AVEC E3 MOI: Bonjour Monsieur K
E3: Bonjour prof
MOI: J'ai suivi votre cours sur l'urbanisation en Côte
d'Ivoire dans votre classe de première donc j'ai quelques questions
à vous poser par rapport à cette séance.
Déjà, depuis combien d'années enseignez-vous ?
E3: 13 ans
MOI: Ok, décrivez votre formation académique?
E3: Déjà, à l'université
j'étais au département de géographie de Cocody.
Là-bas, moi, j'ai obtenu la maîtrise et après ça,
j'ai passé le concours d'entrée à l'ENS, l'école
normale supérieure pour le cycle de professeur de Lycée.
MOI: généralement comment vous préparez
vos séances de cours
E3: Normalement avant, avant d'aller en classe
déjà, une semaine avant, je commence à préparer les
cours.
MOI :Donc, sur quelles ressources pédagogiques vous
vous appuyez pour préparer vos cours?
E3 : La première ressource, on a le guide
d'exécution et puis le programme éducatif. C'est les deux
là d'abord que je prends, avec ça, je fais le schéma, les
grandes parties du cours et puis avec les manuels maintenant et les livres pour
les informations. Voilà.
MOI: bon si je reviens sur le cours sur l'urbanisation,
quelles ressources pédagogiques vous semble adaptées pour ce
cours ?
E3: Ici, je suis allé sur sur le site pour aller
prendre le cours là-bas, et puis, en fonction des MOI: C'est le
site du ministère ?
E3 : oui je pense que c'est numérique, c'est
l'école numérique, c'est là-bas que j'ai pris le cours
maintenant en fonction de ça, j'ai essayé d'adapter avec les
documents, du moins les informations que j'avais déjà.
MOI : quelles sont les autres ressources que vous utilisez en
dehors de ceux que vous avez cité ? E3: Ici, on a des textes, des
cartes
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MOI : Donc quelle méthode pédagogique vous
utilisez pour mener, vos cours ? E3 : l'APC, l'approche par
compétence
MOI: D'accord comment réagissent les élèves
généralement à votre cours?
E3: Oui, ils sont là, ils réagissent
bien.parmi eux Il y a d'autres qui réagissent bien. ils prennent la
parole. C'est un cours un peu plus technique, parce qu'il y a certains
éléments, mais qui ne sont pas habitués à entendre.
à part même le titre de la leçon sur l'urbanisation. Ils
entendent parler de l'urbanisation urbanisation mais ils ne savent pas de quoi
il s'agit.
MOI: Donc, que pensez-vous de l'enseignement de la
géographie aux élèves ?.
E3: c'est bien. La géographie, c'est bon, mais
c'est l'histoire là, il y a quelques appréhensions, parce que,
ils supposent que l'histoire on parle des choses qui sont vraiment
passées. Je ne vois pas l'intérêt direct de ces choses avec
la réalité centrée. Par contre-la, géographie,
c'est un peu le quotidien et c'est ce qu'on vit, quand tu quittes à la
maison pour aller à l'école déjà, tous les
éléments de l'environnement que tu rencontres,
déjà, c'est la géographie.
MOI: Oui donc, dans quel domaine des sciences vous situez la
géographie?
E3: la géographie, on peut dire que c'est une
science qui englobe tout c'est une science transversale. On voit la
géographie un peu partout hein. C'est une science humaine.
MOI: Maintenant, si par rapport au cours, si on revient au
cours sur l'urbanisation, quels sont les mots-clés que vous
souhaiteriez, que les élèves retiennent après ce cours?
E3: bon il y a d'abord l'urbanisation, il y a les villes.
Ville vraiment on va définir, et donner tous les paramètres de la
ville parce qu'ils ont tendance à confondre. Ok, donc, on a parlé
aussi des villes précoloniales puis des villes coloniales, à ce
niveau, il y a certaines confusions
MOI: Quel sens vous donnez au mot concept géographique
?
E3: Je dirai comment, comment expliquer ça ? tous
les mots qui sont.., on parle d'un concept je pense qu'on fait allusion
à une création, faire une création.
MOI: que pensez-vous de l'enseignement par le concept pour les
élèves? E3: je pense que ça peut aider, c'est bon.
C'est possible.
MOI : D'accord donc vraiment ! Merci beaucoup, monsieur K.
pour le temps que vous me consacrez.
105
106
ENTRETIEN AVEC E4 MOI : Bonjour professeur
E4 : Bonjour
MOI: vous avez fait un cours sur le thème de
l'urbanisation, je vais vous posez des questions à ce sujet.
Déjà depuis combien d'années enseignez-vous ?
E4: On va dire si on compte l'année de stage trois
ans, non quatre ans. MOI: décrivez votre formation
académique.
E4: je suis géographe de formation,
spécialité géographie humaine, sous
spécialité géographie sociale. Voilà.
MOI: Donc pour ce cours sur l'urbanisation, Comment avez vous
préparer votre séance?
E4: Bon, comme les autres cours hein on se
réfère au programme éducatif, au guide d'exécution,
on va rechercher les documents pour pouvoir faire la leçon.
MOI: Donc quelles ressources pédagogiques. Avez-vous
utilisé pour cette leçon ?
E4: Notamment des textes dans les deux cas pour les deux
leçons, notamment des textes que j'ai utilisés.
MOI: Avez-vous utilisé particulièrement certaines
ressources pédagogiques autres que celles que vous utilisez
habituellement?
E4: Non, non, rien d'inhabituel.
MOI:Ok, Donc décrivez moi un peu votre approche
pédagogique ?
E4: Hum. Je comprends pas bien
MOI : C'est-à-dire à partir de quelle
démarche pédagogique vous menez le cours?
E4: pour cette leçon là? sur les pays en voie
de.développement?
MOI : oui et les autres leçons
E4 : La leçon sur les pays en voie de
développement. Bon, on va dire que comme on est en première et
qu'on sait que c'est c'est un peu difficile. Dans la pratique, c'est un peu
difficile de suivre textuellement l'approche pédagogique par
compétences. On utilise le texte et j'ai utilisé
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le texte d'abord pour l'introduction. Introduction.
Ensuite, je me suis basé sur les prérequis des
élèves que j'ai complété puisqu'on sait qu'en
seconde on fait un peu un clin d'oeil à l'urbanisation. Et puis
après l'exploitation des textes, en tout cas, je les ai mis en
contribution. Ça n'a pas été un monologue, mais
voilà.
MOI: Voilà, à la fin de la leçon sur
l'urbanisation, quels mots clés est ce que vous avez voulu que les
élèves retiennent sur l'urbanisation en Côte d'Ivoire?
E4: humm On va dire dire les villes ou alors le
développement des villes.
MOI : C'est seulement ce mot là ou il y a d'autres mots
ou expressions qu'ils doivent retenir.? E4: Pour ce cours là. Quel
autre mot? Non, je crois que c'est ça.
MOI : Et. Même après le cours, vous pouvez citer
quelques concepts qui vous viennent directement à l'esprit sur
l'urbanisation ?
E4: Parler de concept Bon, si ç'est sur
l'urbanisation de façon générale, on peut peut être
parler du concept de la périurbanisation, la hiérarchie. Ou alors
On va dire la trame urbaine, le concept de trame urbaine. Bon voilà
c'est ce qui me vient voilà.
MOI: quel sens donnez-vous au mot concept géographique?
E4: concept?
MOI: oui oui concept géographique?
E4: Le concept. C'est on va dire un mot important qu'on va
utiliser, qui englobe plusieurs caractéristiques relatives à un
phénomène donné, un phénomène
géographique.
MOI : dans quel domaine des sciences situez-vous la
géographie?
E4: La géographie? C'est un peu difficile hein ,
mais on a l'habitude de dire que c'est dans le domaine des sciences Humaines et
sociales. Sauf que parfois, il y a aussi la géographie pour certains
cas, s'apparente souvent aux sciences exactes. Donc c'est un peu. C'est un peu
compliqué. On va dire que c'est une discipline qui est au carrefour de
plusieurs sciences.
MOI : Que pensez-vous de l'enseignement de la géographie
?
108
E4: donc franchement On ne va pas les prendre
séparément. Et non la discipline scolaire. Histoire
géographie Là, les élèves n'aiment pas la
discipline. Ils n'aiment pas la discipline.. Ils pensent que, comme là
c'est dans le cadre de la géographie. pour eux, en fait, la conception
qu'ils ont toujours eu de l'histoire géographie là, c'est que
c'est une discipline de mémoire. En fait, on écrit, on fait comme
dans il est dit dans le jargon, on fait le Boileau et puis on vient. Mais le
véritable problème, c'est que nos élèves
n'apprennent pas pour retenir, ils apprennent que pour avoir les notes. Et donc
ce problème là n'est pas spécifique seulement à la
géographie. Mais je pense aussi que il y a souvent peut être la
manière dont les enseignants dispensent le cours. On n'en parle pas
très souvent, mais si on mène une enquête approfondie,
ça peut peut être paraître comme une des raisons, même
si c'est insignifiant.
MOI: avec ce que vous venez de dire, j'aimerais bien revenir
sur une autre question. Pensez-vous que la conceptualisation peut être un
outil important pour faciliter les apprentissages en cours de géographie
?
E4: Et oui, oui, ça pourrait faciliter les
apprentissages, ça pourrait faire en sorte que les élèves
s'intéressent beaucoup plus à la discipline. Parce que là,
ce qu'on donne comme c'est trop de manière générale,
là, finalement, ils savent pas trop à quoi est ce que ça
leur sert dans bien des cas de façon pratique. Alors que si les choses
sont conceptualisées, on est à même, on sera obligé
en tout cas de leur dire voilà, voilà, voilà, même
si on le fait déjà. Mais c'est vague comme ça, ça
semble difficile donc la conceptualisation ça sera
intéressant..
MOI: Ah ok, merci beaucoup, merci d'avoir accepté de
participer à cet entretien et bonne journée.
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