INTRODUCTION GENERALE
Les problèmes monétaires et financiers ne
cessent d'attirer l'attention des observateurs de la science économique
nationale congolaise et d'inquiéter les agents et opérateurs
économiques du pays. Paraphrasant cette idée, nous sommes
tentés de remarquer que d'un jour à l'autre, les cours de la
monnaie congolaise, le franc congolais ne cesse de se déprécier,
dépassant des seuils jamais soupçonnés face aux devises
étrangères, le dollar américain notamment.
Il est clair que la monnaie joue un rôle essentiel dans
une économie donnée et affecte aussi la vie quotidienne des
peuples. Ainsi, il n'est pas possible d'organiser l'économie nationale
sans toucher à la monnaie nationale car la monnaie est dans
l'économie d'un pays ce que le sang est au corps humain ; si le
corps se porte bien, le sang sera aussi bon, par contre si le corps est malade,
le sang ne pourra pas être indifférent (Suila, 2001).
A cet effet, si l'économie va bien, la monnaie sera
nécessairement aussi forte, au contraire, si l'économie
s'affaiblit, la monnaie sera dans la chute. L'objectif de notre
réflexion est de mettre en évidence l'incidence de la
dépréciation du franc congolais sur la consommation des
ménages de la ville de Lubumbashi.
S'il est certain qu'une étude des questions
économiques doit s'appuyer sur la connaissance des conditions
générales de la vie humaine, il saute aux yeux que les domaines
économiques sont immenses et englobant dans le temps et dans l'espace
mais indispensables à l'économiste. Nul ne pourra
prétendre les connaître tous en détail. En sens inverse,
les problèmes économiques influent sur le développement
politique et social.
Or nous connaissons que lorsqu'une population n'a plus
confiance dans le principal instrument de paiement de son propre pays, elle va
rechercher à transférer sa confiance un étalon de valeur
de substitution. C'est justement le comportement adopté par la
population de la ville de Lubumbashi ; qui a choisi le dollar américain
comme monnaie de substitution. Cette dernière devra désormais
exercer à la fois, les fonctions d'unité de compte, de moyen
d'échange et de réserve de valeur, fonctions dévolues
traditionnellement à la monnaie nationale, en l'occurrence le franc
congolais.
Il est à noter que, depuis bientôt plusieurs
années, toutes les transactions commerciales et financières entre
les différents agents économiques se font en observant le
comportement de la monnaie nationale face au dollar américain,
même si les revenus des salariés continuent à être
versés en monnaie locale.
En réalité, la dépréciation du
franc congolais a une influence néfaste surla consommation des
ménages, et, qui est souvent remarqué par la diminution de la
demande de certains ménages suite à la perte du pouvoir d'achat
de la monnaie locale.
Le franc congolais fort ? C'est une histoire qui date
très longtemps à son émission, pour le moment le franc
congolais a perdu presque toute sa valeur par rapport au dollar. La
flambée des cours du brut ? Idem. Depuis 2010, le franc congolais
s'est déprécié face au dollar, passant 0.00111 USD pour 1
CDF à 0.00059 USD pour 1 CDF en 2019, ce qui représente une
baisse du franc congolais de 46,26% au 31 décembre 2019. Sur la
même période, les prix des produits pétroliers ont
également fortement augmenté, passant de 1020 CDF/litre à
1690 CDF/litre en 2019 pour le pétrole soit une hausse moyenne de 58,91%
atteignant ainsi son plus haut niveau depuis décembre 2019 et de 1120
CDF/litre à 1840 CDF/litre pour ce qui est de l'essence atteignant
également son plus haut niveau et en moyenne une hausse 57,05% en 2019.
Est-ce que les tendances de la dépréciation du franc congolais
peuvent-elles se prolonger ?
Cependant la baisse du franc congolais, engendre à
moyen terme un effet positif sur l'activité. En effet, la
dépréciation d'une monnaie agit directement sur le prix des biens
échangés et indirectement sur la consommation des biens :
elle renchérit les importations tandis qu'elle améliore la
compétitive des exportations pour un pays exportateur de ces produits.
La dépréciation d'une monnaie devrait nécessairement peser
sur les volumes d'importations et soutenir les volumes d'exportations (INSSE,
2010).
En revanche, l'effet sur les prix est plus ambigu. Une
dépréciation d'une monnaie renchérit les importations, ce
qui provoque une hausse de l'inflation d'ensemble. A l'inverse, une hausse
prononcée du prix de litre entraine une hausse de l'inflation
énergétique à court terme et à plus long terme, de
l'ensemble des prix à la consommation, les entreprises
pétrolières réajustent leurs prix de vente à la
hausse à chaque dépréciation du franc congolais.
|