
UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT
DE GEOGRAPHIE Mémoire Master II Option : Espaces,
Sociétés et Développement (ESD) Parcours :
Aménagement et Gestion Urbaine en Afrique (AGUA) THEME
:

La coopération intercommunale, le nouvel
dispositif de mise en oeuvre de la
territorialisation des politiques publiques axée
sur la stratégie de
développement agricole : cas de l'Agropole de
l'Ouest (Malicounda-

Nguéniène-Sandiara)
Présenté par : Sous la direction
de:
Anne Marie GUEYE Dr. Mame Cheikh NGOM:
(Maître de conférences Titulaire) Sous la
supervision de : Papa SAKHO
(Professeur assimilé)

1
Sommaire :
INTRODUCTION GENERALE : 7
PREMIERE PARTIE : La coopération intercommunale,
une panacée pour développement territorial.
27
INTRODUCTION : 28
Chapitre 1 : Le territoire intercommunale, une entité
rurale tendant vers l'émergence 29
CHAPITRE 2 : La gestion municipale des communes de la zone
intercommunale 44
Chapitre 3 : L'Entente intercommunale de
Malicounda-Nguéniène-Sandiara, une structure bien
élaborée 48
Deuxième partie : La mise en oeuvre d'un projet
agricole socle de l'intercommunalité de l'Agropole
de l'Ouest. 55
Introduction : 56
Chapitre 1 : Le secteur agricole ; un domaine
privilégié dans la zone intercommunale 57
Chapitre 2 : Les collectivités de l'Entente, trois
municipalités soucieuses du développement
agricole 69
Chapitre 3 : L'Agropole de l'Ouest, un projet agricole
innovant en appoint aux initiatives de
développement du secteur agricole 72
Troisième partie : De l'entame à la
finalisation, quelle analyse faire du projet de l'Agropole de
l'Ouest ? 79
Introduction : 80
Chapitre 1 : Une phase de vulgarisation parsemée de
manquements. 81
Chapitre 2 : Analyse des impacts potentiellement positifs
induits par l'Agropole de l'Ouest. 91
Chapitre 3 : Analyse des impacts potentiellement
négatifs induits par le projet de l'Agropole de
l'Ouest : 95
CONCLUSION GENERALE : 104
2
Liste des sigles et abréviations
:
ANAT : Agence Nationale de
l'Aménagement du territoire
ANSD : Agence Nationale de la Statistique et
de la Démographie
APRODAK : Agence pour la Propreté de
Dakar
BAD : Banque Africaine de
Développement
BFS : Bassin du Fleuve
Sénégal
BM : Banque Mondiale
CADAK : Communauté des
Agglomérations Dakaroise
CAR : Communauté
d'Agglomération de Rufisque
CGCT : Code Général des
Collectivités Territoriales
CUD : Communauté Urbaine de Dakar
EMNS : Entente
Malicounda-Nguéniène-Sandiara
GIC : Groupement d'Intérêt
Communautaire
GOANA : Grande Offensive Agricole pour la
Nourriture et l'Abondance
GRDR : Groupe de Recherche et de
réalisation pour le Développement Rural
IMEK : Institut Mère-Enfant de
Kaolack
IPAR : Initiative Prospective Agricole et
Rurale
MIPMI : Ministère des Industries et
des Petites et Moyennes Industries
NPA : Nouvelle Politique Agricole
OGM : Organisme Génétiquement
Modifié
OP : Organisation de Producteurs
PASA : Programme d'Ajustement du Secteur
Agricole
PDC : Plan de Développement
Communal
3
PDU : Plan Directeur d'Urbanisme
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PMI : Petites et Moyennes Industries
PRACAS : Programme
d'Accélération de la Cadence de l'Agriculture
Sénégalaise
PSE : Plan Sénégal Emergent
PV : Procès-Verbal
REVA : Retour Vers l'Agriculture
RGPHAE : Recensement Général de
la Population et de l'Habitat, de l'Agriculture et de
l'Elevage
RN1 : Route Nationale 1
RSE : Responsabilité Sociétale
des Entreprises
RTM : Ration Totalement
Mélangée
SRDR : Sociétés
Régionales de Développement Rural
ZES : Zone Economique Spéciale
4
Avant-propos :
Ce travail cherche à apporter une contribution nouvelle
aux études menées préalablement sur les stratégies
de développement agricole mais aussi une analyse du rôle de
l'intercommunalité dans sa mise en oeuvre en s'appuyant sur les
potentialités des communes de l'Entente intercommunale
Malicounda-Nguéniène-Sandiara.
L'étude s'appuie sur une analyse des diverses
politiques de développement agricole entamées au
Sénégal, qui ne sont toujours pas parvenues à
régler le problème du manque d'efficience du secteur agricole,
pour comprendre la cause des réformes entreprises dans ce dernier. Les
restrictions engagées au cours de la pandémie de Covid-19
notamment la fermeture des frontières pour endiguer la propagation du
virus ont démontré la fragilité du pays en ce qui concerne
l'assurance de sa sécurité alimentaire, du fait qu'elle est
fortement tributaire des importations pour l'assurance nutritionnelle des
populations. En outre, la guerre russo-ukrainienne dont les conséquences
sont tout aussi ressenties au Sénégal, avec la hausse du niveau
général des prix, sont autant de facteurs qui conduisent à
réorienter les stratégies de développement agricole.
La stratégie de développement agricole s'axe
dorénavant vers une industrialisation du secteur agricole afin de
promouvoir son émergence. Cette innovation se concrétisant dans
la plupart des pays africains par le développement d'agropoles est tout
aussi entamée au Sénégal. Initiative portée par
l'État, à travers un objectif de création de cinq (5)
agropoles intégrés, elle tend à se concrétiser avec
l'ingérence du niveau local. Les collectivités locales en font
ainsi un moyen de pratique de la coopération intercommunale à
l'égard de l'Entente intercommunale de l'Agropole de l'Ouest.
5
Remerciements :
Tout d'abord, je rends grâce à Dieu de m'avoir
permis d'achever ce travail de recherche en vue d'obtenir mon diplôme de
fin de cycle de Master.
Mes vifs remerciements vont à l'endroit de mon
regretté papa Edouard GUEYE, ce papa qui a guidé mes premiers pas
à l'école ainsi qu'à ma chère, tendre et brave
maman Cécile YADE ce travail vous est entièrement
dédié.
Je voudrais ainsi, à travers les lignes qui suivent,
exprimer ma reconnaissance et ma gratitude à toutes ces personnes qui,
de près ou de loin, n'ont ménagé aucun effort pour me
soutenir au cours de l'élaboration de ce travail.
Sur ce je veux nommer :
Mon encadreur, Dr Mame Cheikh NGOM je vous exprime ma
sincère gratitude et mes remerciements pour avoir accepté
d'encadrer ce travail de recherche, mais aussi pour tous les conseils,
recommandations et prières.
Mes soeurs Jeanne d'arc, Monique, Madeleine,
Hélène et Joséphine ; à mon oncle Blaise YADE; mon
cousin Pierre YADE et Eric Pacôme TAGO que je considère comme
membre de ma famille, vous avez été un soutien inconditionnel,
merci pour vos prières et votre soutien, que le seigneur vous
bénissent abondamment.
Mes très chers guides Henry PREIRA et Philippe Malick
DIONE, vraiment merci pour tout, car peu importe l'heure, la situation ou les
activités, vous avez toujours trouvé du temps à m'accorder
et me mettre sur le droit chemin. Je prie pour que vous puissiez toujours
prospérer et que grâces et bénédictions surabondent
dans vos vies.
Bernard Ndour, mon cher oncle et maître de la classe de
CM2 qui a participé significativement à mon éducation,
mais surtout m'a transmis l'amour pour les études. Toutes tes actions
ont porté leurs fruits car elles sont le socle de ma
persévérance dans les études. Merci infiniment.
Pathé KONTEYE et Boubacar BA, grâce à
votre soutien, j'ai pu mener ce travail avec beaucoup de facilité. Avoir
partagé avec moi votre expertise m'a beaucoup aidé pour mener
à bien mon travail de terrain, merci infiniment.
La famille SARR à Sandiara, SECK à
Mbodiène, DIOUF et KAMA à Mbour et NDONG de Sinthiou Keita, merci
de m'avoir accueilli chaleureusement au sein de vos foyers et de m'avoir
guidé au cours de mes enquêtes que le seigneur vous
rendent au centuple tout le bien que vous m'avez fait.
L'ensemble des agents municipaux et intercommunaux du territoire
intercommunal en particulier Gaïky FAYE, Martine DIOME, Abdoulaye SENE et
Mor Fassé NDIAYE, merci pour le temps et les informations fournies.
Tous les chefs de villages des localités ciblés
sans exception ainsi que toute la population du territoire sans me connaitre,
vous m'avez accueillie et guidée sans aucun problème, je vous
suis très reconnaissante.
6
Tous mes amis (es) de la promo 2021-2022, merci pour tout.
7
INTRODUCTION GENERALE :
Aménager le territoire, c'est favoriser l'impulsion
économique et l'amélioration des conditions de vie au niveau des
territoires en passant nécessairement par la valorisation des ressources
endogènes. Les lois de décentralisation offrent un cadre parfait
à travers une mutualisation des forces dans l'optique de gérer au
mieux les services publics et une coordination pour la réalisation
d'équipements locaux en vue d'actionner le développement à
partir du bas.
La balkanisation faite des territoires au cours de la
période coloniale laisse des séquelles qui impactent
considérablement sur l'émergence des territoires. De ce fait,
pour tenter de corriger cette incohérence territoriale dans une mesure
d'aménagement du territoire, les États ont entrepris de nouvelles
initiatives à travers des coopérations désignées
« d'intercommunalités » en vue de rendre les communes viables
et compétitives. Ainsi, pour mettre en marche le développement,
les acteurs publics optent pour une priorisation des ressources
endogènes à travers la territorialisation des politiques
publiques. Ce croisement entre mutualisation des forces et territorialisation
des politiques publiques abouti au sein des communes de Malicounda,
Nguéniène et Sandiara à
l'établissement d'une structure intercommunale pour l'entame du projet
de développement agricole : l'Agropole de l'Ouest.
L'institution de ce projet, s'accompagnant d'un financement de
l'État et du secteur privé, met en avant un appui sur les
potentialités terriennes de cette zone qui faisait déjà
objet d'exploitation par les populations. Le projet se constitue ainsi en
exemple à suivre par les autres communes, car porté par une
structure intercommunale gérant dorénavant une compétence
ne lui étant pas attribuée. Toutefois, en dépit de sa
présentation comme levier de développement agricole concourant
à l'amélioration des conditions de vie des populations et
d'atteinte à la souveraineté alimentaire, le projet enregistre de
nombreuses failles et pourrait n'avoir d'intérêts que pour les
agro-industries.
Grâce à une revue de la littérature, des
entretiens avec 10 personnes-ressources ainsi qu'une
enquête auprès de 156 chefs de ménages
résidant au sein de douze villages des trois collectivités qui
structurent l'Entente intercommunale, ce présent mémoire se
propose d'analyser l'importance de la coopération intercommunale entre
les communes de Malicounda, Nguéniène et Sandiara pour entamer ce
projet agricole.
L'hypothèse centrale de cette recherche, portant sur le
fait que l'intercommunalité de l'Entente
Malicounda-Nguéniène-Sandiara se fonde sur l'établissement
du projet de l'Agropole de l'Ouest qui est parsemé de manquements mais
aussi sujet à des impacts potentiellement positifs
8
comme négatifs, est vérifiée et
validée dans cette étude. Les enquêtes et entretiens
réalisés pour l'étude, complétés par une
littérature par la consultation d'ouvrages, de documents et d'articles
se rapportant à notre objet d'étude, ont ainsi été
les facteurs ayant concouru à l'élaboration de ce
mémoire.
Les résultats de cette étude, par la formulation
d'un questionnement sur l'objet d'étude, établissent la relation
existante entre la coopération intercommunale qui s'appuie sur les
potentialités des territoires et la mise en oeuvre d'une
stratégie de développement agricole par l'érection d'un
agropole. Ils invitent à un examen portant sur l'utilité de la
coopération intercommunale dans la mise en oeuvre d'un projet de
développement axé sur l'érection d'un agropole ainsi
qu'une analyse du projet, de l'entame à la finalisation, pour en faire
ressortir les impacts potentiels.
Pour répondre à cette question centrale, ce
mémoire est subdivisé en trois parties. La première porte
sur la présentation du territoire intercommunale comme une entité
rurale en émergence ; la deuxième partie est consacrée
à l'étude du soubassement de la coopération entre les
trois collectivités ; la troisième partie aborde l'analyse du
projet, de la phase de vulgarisation à son adoption par les acteurs
locaux.
9
I- PROBLEMATIQUE :
Le secteur agricole couvre une part importante de la
population active des pays africains. Le sous-secteur de l'agriculture emploie
près des deux tiers de la population active africaine, qui travaille
essentiellement sur des petites exploitations qui assurent actuellement environ
90 % de la production totale1. Son importance est grandement
affichée en milieu rural où elle constitue la principale
activité des habitants de ces terroirs.
Cependant, malgré son envergure, l'efficience du
secteur agricole est aujourd'hui au coeur de nombreuses controverses. Domaine
privilégié dans la mise en oeuvre de stratégies de
développement, part importante dans la production totale des pays,
secteur clé pour l'assurance de la sécurité alimentaire et
l'amélioration du revenu des populations dans un contexte
d'urbanisation, la problématique de l'optimisation de la
compétitivité du secteur agricole est sujet à des
controverses.
Le Sénégal est passé par plusieurs
ères marquées par une succession de politiques agricole. Ces
différentes réformes de politique agricoles passent
successivement d'une politique participative à une politique
totalement libéralisée de l'Etat (A. Dieng et A. Gueye, 2005. P.
5)2. Simultanément, les objectifs visés
évoluent d'une recherche d'autosuffisance alimentaire à celle de
sécurité alimentaire. Au lendemain des indépendances, le
régime présidentiel socialiste d'à l'époque
affichait d'emblée la ferme volonté du gouvernement
sénégalais de se détacher de l'économie de traite
qui ne servait qu'à l'enrichissement des traitants au détriment
des producteurs. Ce fut, de fait, l'avènement de l'instauration de
stratégies de développement axées sur la
productivité agricole afin de reconstruire l'économie du nouvel
État. Cette ère de réformes agricoles a permis
d'engranger quelques acquis, à travers : un début de
modernisation des techniques et pratiques agricoles (mécanisation) ; la
diffusion d'un matériel végétal de qualité
(variétés améliorées et même des hybrides) ;
et l'utilisation de la fumure minérale (C. Oya et C.O. Ba,
2013.P.3)3. Cette volonté de restructuration du secteur
agricole s'est poursuivie durant les différents régimes
présidentiels et devient une condition sine qua non à la mise en
oeuvre de politiques de développement agricole qui demeurent un secteur
important notamment
1Agriculture en Afrique 2019 : Rapport Spécial
sur le site
https://oxfordbusinessgroup.com/reports/agriculture-en-afrique-2019-rapport-special-focus-report,
consulté le 19 février 2023.
2 Dieng Alioune et Gueye Adama, 2005, « REVUE DES
POLITIQUES AGRICOLES AU SÉNÉGAL : BILAN CRITIQUE DE QUARANTE
ANNÉES DE POLITIQUE CEREALIERE », 25 pages.
3 Oya Carlos et Ba Cheikh Oumar, 2013, « Les
politiques agricoles 2000-2012 : entre volontarisme et incohérence
».
10
pour le monde rural et émergent dans un contexte
politique de réformes de l'administration territoriale porté par
la succession de lois de décentralisation.
Les lois de la décentralisation du
Sénégal ont entamé différentes réformes
pesant sur l'architecture territoriale avec notamment des redécoupages
administratives cause de l'émiettement territorial. Face à cette
prolifération de communes sans viabilité, il s'avère
dès à présent opportun de réfléchir sur les
voies et moyens pour renforcer la dynamique de collaboration entre les
collectivités territoriales4. L'intercommunalité se
retrouve alors au coeur de l'action publique locale et modifie l'architecture
traditionnelle du secteur public local5. L'adoption de la
vision stratégique de territorialisation des politiques publiques
à travers une valorisation des ressources territoriales afin de produire
du développement intervient en outre avec l'avènement de
l'émergence encore timide de l'intercommunalité. Les trois
communes du département de Mbour, à savoir celles de
Malicounda, Nguéniène et Sandiara
conscientes qu'une action publique localisée doit
être fondée sur ces spécificités locales ainsi que
le réseautage des acteurs pris dans leurs relations de proximité
dans un souci d'identification des besoins collectifs et de définition
des réponses appropriées6, entame,
conformément aux possibilités accordées par le
CGCT, un projet de développement agricole :
l'Agropole de l'Ouest.
Le projet de l'Agropole de l'Ouest intervient
dans le contexte marqué par une nouvelle dynamique de
développement territoriale à travers la mise en oeuvre de
programmes nationaux axés sur l'émergence du secteur agricole.
« Si tout le monde s'y met, d'ici peu, nous allons changer
radicalement le visage du Sénégal grâce à
l'agriculture7», cette déclaration
du président de la République montre la ferme ardeur du
gouvernement à la propulsion du secteur agricole traduite dans le Plan
Sénégal Émergent8 (PSE) qui
vise la création de « cinq agropoles intégrées
».
Prévu sur une étendue forestière de
1160 ha, la mise en oeuvre de ce projet requiert le
déclassement de ladite surface forestière qui s'érigeait
en véritable régulateur social pour les éleveurs et
agriculteurs du département. Emergeant dans un contexte marqué
par un manque
4 Voir préface d'Oumar Sylla dans le guide
l'intercommunalité au Sénégal, un outil de
coopération et de développement territorial.
5 Thioune Awa Gueye 2021, «
L'intercommunalité au Sénégal, un outil de
coopération et de développement territorial »,
88pages
6 Voir document de l'association Asaadic-Taataan
« la territorialisation des politiques publiques au Sénégal
»
7 Voir document portant sur la
Programme d'accélération de la cadence de l'Agriculture
Sénégalaise (PRACAS)
8 Nouveau cadre de référence de la
politique de gouvernance du président Macky Sall qui s'étend sur
l'intervalle 2014-2035.
11
d'efficience du secteur agricole de la zone à travers
une situation de production essentiellement destinée à
l'autoconsommation, une perte accrue de zones de pâturages dans un
contexte de changements climatiques ; l'atteinte des ambitions du projet fait
planer l'incertitude. Promouvant l'atteinte de la sécurité
alimentaire et l'amélioration des conditions de vie des populations,
l'action publique semble beaucoup plus tournée vers le ciblage des
agrobusiness dont la promotion rapide est perçue comme une
véritable opportunité et une nécessaire rupture avec
les formes d'agriculture traditionnelles jusque là (sic) soutenues en
vain (F. BRONDEAU, 2009. P.5)9.Face à cela survient un
questionnement sur comment rendre efficiente le secteur agricole dans un
contexte marqué par l'émergence de nouveaux acteurs dans la
gestion territoriale tout en respectant la procédure de mise en oeuvre
d'un projet de développement territorial?
De cette question centrale émergent les questions
suivantes :
Comment l'intercommunalité oeuvre dans
l'élaboration d'une stratégie de développement agricole
?
Pourquoi le choix de la stratégie de
développement par les agropoles pour le développement territorial
?
Quelle étude faire du projet de l'Agropole de l'entame
à la finalisation?
Devant de tels questionnements, ce présent
mémoire, à travers des hypothèses émises avant la
collecte des données, aura pour but d'apporter des
éléments de réponses dans l'optique d'apporter des
vérifications à ces dernières.
9 Florence Brondeau. « Agrobusiness et
développement agricole. Quels enjeux pour quelles perspectives? »
Le cas de la zone Office du Niger. Mali. Agrobusiness et développement
agricole. Quels enjeux pour quelles perspectives? Le cas de la zone Office du
Niger. Mali, 2009, Côte d'Ivoire. ffhal-00740812f
12
II- Clarification conceptuelle : V'
Accaparement des terres:
Ce terme, plus souvent usité dans les discussions
concernant les problèmes fonciers survenant en milieu rural,
mérite élucidation en vue de comprendre son enjeu ainsi que son
utilisation dans le cadre de ce mémoire. Renvoyant fréquemment
à l'acquisition d'un droit foncier aux dépends des
populations paysannes dont la sécurité foncière est peu
garantie (Ndour, 2020), l'accaparement des terres est un
problème récurrent dans les zones de terroirs et concerne pour
l'essentiel les terres qui se situent dans les zones les plus fertiles
(IPAR, 2015)10.
L'accaparement des terres s'est d'autant plus amplifié
avec la crise alimentaire qui a secoué le monde en 2008. Les regards se
sont ainsi tournés vers les pays en voie de développement,
conduisant à une « ruée vers les terres agricoles » qui
cible en particulier les pays africains, qui ouvre la voie aux investisseurs
à travers leurs programmes de développement agricole.
V' Agrobusiness :
Défini comme une entreprise privée,
nationale ou multinationale, dotée de moyen de production à fort
contenu en capital, et intégrée aux marchés, qui met en
place une agriculture productiviste et qui peut intégrer les
activités d'agrofourniture, de transformation et de commerce
(Tyrou, 2018), le terme agrobusiness prend un essor
fulgurant depuis l'incitation des institutions internationales à la
promotion de l'intégration du secteur privé dans le secteur
agricole.
Florence BRONDEAU (2009) constate que de
l'intérêt accordé aux agrobusiness qui se présente
comme palliatif au manque d'efficience des agricultures familiales,
réside dans sa perception comme une véritable
opportunité et une nécessaire rupture avec les formes
d'agriculture traditionnelles jusque là (sic) soutenues en vain.
Autour des perceptions de ce qu'est l'agrobusiness par ces
auteurs, nous la considérons dans le cadre de notre étude comme
moyens promu par les acteurs de la gouvernance territoriale pour soutenir le
secteur agricole. L'agrobusiness vise ainsi l'amélioration des
productions agricoles avec des rendements significatifs à travers
l'introduction de semences certifiées et de technologies de pointe.
10 Ce passage est tiré de l'article de
l'Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR) intitulé « Chut!
Circulez, ici, on se partage les terres », publié le 7 JUILLET 2015
sur le site :
https://www.ipar.sn/Chut-Circulez-ici-on-se-partage-les-terres.html,
consulté le 09 août 2023 à 18h 20mn.
13
V' Agropole:
Initiative de développement spatial axée sur
l'agriculture ayant pour objectif de concentrer les initiatives de
développement spatial axées sur l'agriculture, ayant pour
objectif de concentrer les activités agro-industrielles dans les zones
à fort potentiels agricole, afin d'accroitre la productivité et
d'intégrer la production, la transformation et la consommation de
certains produits (BAD11, 2018), les agropoles
sont l'un des projets phares du nouveau modèle économique et
social de développement du Sénégal : le PSE
qui vise la création de 5 agropoles intégrés.
Ils sont tout aussi présentés comme une
stratégie territoriale pour l'industrialisation d'un secteur, une
stratégie qui répond avant tout à l'objectif d'attirer des
fonds privés sans creuser les dépenses publiques
(BM, 2018)12.
Nous avons donc compris que l'Agropole de l'ouest est une
structure innovante qui permet, non seulement, la modernisation de
l'agriculture dans les trois communes, mais aussi de l'élevage et bien
d'autres filières jugées prioritaires. Il permettrait d'asseoir
la territorialisation des politiques publiques dans ce territoire par le
concours d'une meilleure exploitation des ressources endogènes
améliorant la production agricole. L'Agropole apporte une innovation par
l'intervention du secteur privé qui est priorisé par les
politiques publiques.
V' Aménagement du territoire
:
Aménager le territoire, c'est mettre en place une
politique cohérente, transversale, et très habile d'organisation
de l'espace. Il s'agit de constituer un ensemble de dispositifs, de techniques,
d'actions, et d'interventions qui visent à assurer une
répartition adéquate de la population, des constructions, des
activités économiques, des équipements et des
infrastructures, tout en tenant compte des contraintes naturelles et
anthropiques à leurs établissements. Il permet de
déterminer où l'on construira des maisons, des usines, des routes
et des rails, des ports et des aéroports, des barrages et des
écoles et où seront offerts les services essentiels de la
collectivité comme les hôpitaux, les écoles... il consiste
aussi à exploiter judicieusement les terres et les richesses naturelles
(ANAT). Cette définition donnée à
l'aménagement du territoire montre la dimension architecturale de cette
dernière. D'autres aspects peuvent conforter la promotion de
11 Banque Africaine de Développement
12 Cette définition des agropoles donnée aux
agropoles par la Banque Mondiale a été reprise dans le
mémoire d'Emma Tyrou page 52
14
la justice spatiale en raison de son influence étant
donné qu'on a pu considérer que l'aménagement du
territoire et la justice spatiale sont étroitement liées
(Lipietz, 1999).
Olivier Guichard13
définissant l'aménagement du territoire comme « action
réalisée par une collectivité qui pense son organisation
générale en fonction d'une ressource nationale. Son ambition est
de faire que la richesse nationale soit mieux répartie, que l'expansion
profite autant au citadin qu'au rural, à l'ouvrier qu'au paysan, aux
habitants d'une région qu'à ceux d'une autre», met en
synthèse les deux définitions données
précédemment sur l'aménagement.
L'aménagement du territoire a pour objectif de juger
l'organisation spatiale, non seulement en proposant l'implantation
d'équipements, mais aussi par l'exigence d'une équité
territoriale pour faire en sorte que tous aient les moyens nécessaires
pour entreprendre leur développement et aussi assurer l'implication de
tous les acteurs dans l'élaboration d'un projet car comme le souligne
Gottmann (1966)14 « en géographie,
l'équité socio spatiale constitue le fondement de
l'aménagement de l'espace ».
? La décentralisation :
La décentralisation correspond à un
transfert de compétences du gouvernement central ou de ses agences
gouvernementaux locaux (Piveteau, 2005)15.
Elle est une politique ancienne menée depuis la période
coloniale, la décentralisation constitue aujourd'hui un
référentiel dans la gouvernance de tous les pays, notamment ceux
en développement. Son importance est telle que tout gouvernement veille
à son renforcement pour mener à bien sa politique de
développement. Devant la montée en puissance de la
décentralisation dans de nombreux États, on se pose la question
de savoir pourquoi celle-ci est d'autant plus convoitée par les pays
africains.
La réponse à cette question ne saurait
être ardue, nous appuyant sur les propos de Patrick Hubert
dans : Décentralisation : les objectifs du
gouvernement, communication 5, qui, par l'explication de la nouvelle
politique de régionalisation entamée à cette
époque, affirmait que »
13 Cité par Juillard Etienne dans Une
discipline d'action : l'aménagement du territoire. In: Annales.
Economies, sociétés, civilisations. 22? année, N. 2,
1967, consulté sur le site
https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1967_num_22_2_876,
page. 412-418
14 Repris par Sène, A. M. & Codjia, C.
(2016). Dynamiques de l'aménagement du territoire et
inégalités sociospatiales au Sénégal. Cahiers de
géographie du Québec, 60(169), sur le site
https://doi.org/10.7202/1038663ar,
page 11 à27.
15 Décentralisation et développement
local au Sénégal. Chronique d'un couple Hypothétique,
consulté sur le site Cairn.info le 12 février 2021 à 20h
18mn
15
la décentralisation, disais-je a d'abord pour but
d'atténuer les défauts de l'État centralisé dont le
Sénégal s'est doté depuis son indépendance
».
Ainsi, la compréhension de la décentralisation
devient plus aisée, car elle serait de ce fait une nouvelle
démarche politique entreprise par les États non seulement dans le
but de doter les collectivités de tâches nouvelles, mais aussi de
redéfinir les échelles de gouvernance par une responsabilisation
beaucoup plus marquée des collectivités les incitant, par la
promotion du développement des territoires sous leurs contrôles,
à casser le « clivage » territoriale parsemant l'architecture
spatiale à travers la mise en valeur des territoires outre d'impulser
l'émergence réelle des pays.
? Intercommunalité
Nous pouvons lire dans le livre de Awa Gueye Thioune :
l'intercommunalité au Sénégal Un outil de
coopération et de développement territorial (2021) que :
l'émiettement des territoires pose un problème majeur de mise
en cohérence de leurs existence et de leurs développement. Face
à cette situation, il est important de mutualiser les capacités
d'actions des collectivités territoriales pour leurs permettre
d'atteindre des objectifs d'intérêts général
difficile à faire supporter par une collectivité territoriale
individuellement prise.
Cette assertion montre d'emblée l'importance de
l'intercommunalité dans l'impulsion des collectivités
territoriales qui dispose en sus de droit de gestion et d'autonomie
financière aux collectivités territoriales.
« L'intercommunalité s'articule sur une notion
différente de la commune, le bassin de vie que l'on peut définir
comme un espace dans lequel on trouve plus ou moins les mêmes conditions
socio-économiques et où on peut supposer que les populations
rencontrent les mêmes difficultés, partagent les mêmes
préoccupations et qu'il peut être opportun dans ce cas de
rechercher des solutions communes » (GRDR).
En effet, le découpage territorial du
Sénégal qui a fini de créer des territoires disparates
sans viabilité pose un problème majeur pour l'émergence de
ces derniers. La balkanisation faite du territoire depuis la période
coloniale et pour la plupart à des fins politiques conduit ainsi
l'État vers la restructuration de l'architecture territoriale avec
l'option d'un rassemblement à travers des coopérations
intercommunales. Ceux-ci permettront non seulement une cohérence
territoriale, mais assurerait de surcroît la viabilité des
territoires et la facilitation du mécanisme de financement État
/collectivités. L'intercommunalité favorise de fait la promotion
de la
16
territorialisation des politiques publiques par la mise en
valeur des ressources endogènes des terroirs à travers des
projets de territoire.
? Partenariat public-privé
Solutions contractuelles associant secteur public et
acteurs privés autour de la réalisation d'une mission de service
public (Tyrou, 2018), le partenariat public privé est aujourd'hui
au coeur du processus de mise en oeuvre des projets territoriaux. Ces
partenariats ont ainsi pour visée de faciliter l'accès aux
financements en vue d'atteindre les objectifs souhaités pour mettre en
place un projet.
Dans sa définition la plus large, le terme «
partenariat public-privé » couvre toutes les formes d'association
du secteur public et du secteur privé destinées à mettre
en oeuvre tout ou partie d'un service public. Ces relations s'inscrivent dans
le cadre de contrats de long terme : elles se distinguent en cela des
privatisations et de la sous-traitance. Les investissements (infrastructures,
matériel, immeuble, logiciels...) nécessaires à la
fourniture du service sont financés pour tout ou partie par le
prestataire privé. Le paiement, assuré par les usagers ou par une
collectivité publique, permet de couvrir l'amortissement de ces
investissements et leur exploitation (Marty et al, 2006).16
En somme, le partenariat public-privé est
dorénavant une nouvelle alternative visée par les pouvoirs
publics pour faciliter le financement de leurs projets de développement.
L'implication du secteur privé dans le projet de l'Agropole de l'Ouest
à travers un partenariat visera, selon notre compréhension,
l'injection de fonds, par des partenaires techniques et financiers, pour la
mise en oeuvre du projet. Cependant, ces partenaires pourraient recevoir en
contrepartie certaines attributions ou disposer de terres au sein des espaces
privés aménagés pour la mise en oeuvre d'une
activité agricole
16Frédéric Marty, Sylvie Trosa,
Arnaud Voisin : Dans Les partenariats public-privé (2006),
consulté sur le site
https://www.cairn.info/les-partenariats-public-prive--9782707146552-page-3.htm,
pages 3 à 6
17
III- Objectifs et hypothèses :
Le mémoire se base sur des objectifs et
hypothèses veillant à l'éclaircissement de
l'étude
III-1- Objectifs :
III-1-1- Objectif général
:
L'objectif général de cette étude vise
à démontrer, en dépit des avancées pouvant
découler du
projet, les failles constatées dans les
différentes phases d'élaboration de la stratégie de
développement agricole de l'Agropole de l'Ouest portée par
l'Entente.
III-1-2 - Objectifs spécifiques :
· Démontrer la singularité de la structure
intercommunale de l'Entente au regard des
différentes structures intercommunales qui la
précèdent.
· Identifier les causes de l'entame du projet de l'Agropole
de l'Ouest.
· Présenter les failles identifiées au cours
de la phase de vulgarisation du projet puis analyser ce dernier de l'entame
à la finalisation pour décliner les impacts potentiels.
III-2-Hypothèses :
III-2-1- Hypothèse
générale :
L'intercommunalité de l'Entente
Malicounda-Nguéniène-Sandiara se fonde sur
l'établissement du projet de l'Agropole de l'Ouest qui
est parsemé de manquements mais aussi sujet à des impacts
potentiellement positifs comme négatifs.
III-2-2- Hypothèses spécifiques :
· La coopération intercommunale de l'Entente
Malicounda-Nguéniène-Sandiara est
une porte d'entrée vers le développement
territorial.
· La restructuration du secteur agricole du territoire
intercommunale est le socle de l'intercommunalité de l'Agropole de
l'Ouest.
· Le projet de l'Agropole de l'Ouest présente des
failles au cours de la phase de vulgarisation et des aspects paradoxaux
liés à sa conception.
18
IV- Méthodologie de recherche :
Pour tester les hypothèses émises dans le cadre
de ce mémoire, notre étude est dirigée vers une
étude des relations entre intercommunalité et mise en oeuvre
d'une stratégie de développement agricole ainsi qu'une analyse
des impacts potentiels du projet qui y est porté. L'entrée en
matière est focalisée sur une étude de la
coopération intercommunale comme une panacée pour le
développement territorial (première partie). La
recherche du soubassement de l'intercommunalité qui s'est
avéré être la mise en oeuvre d'un projet agricole en
appoint aux initiatives de développement du secteur agricole
(deuxième partie) suppose une analyse du projet de
l'entame à la finalisation pour en faire ressortir les impacts
potentiels (troisième partie).
L'élaboration de ce travail s'est fait à travers
plusieurs phases se déclinant comme suit :
- Une revue documentaire à travers le
ciblage d'ouvrages et d'articles se rapportant à notre objet
d'étude,
- Une collecte de données
(qualitatives et quantitatives) pour l'éclairage des
hypothèses émises,
- Une analyse et traitement des données
pour la structuration des données recueillies au cours de nos
enquêtes.
IV-1- Revue documentaire :
Le guide méthodologique du GRDR
Migration-Citoyenneté-Développement intitulé
« L'intercommunalité, une réponse aux enjeux du
développement local dans le bassin du fleuve Sénégal
», 98 pages, nous a permis de comprendre au mieux les liens entre
intercommunalité et mise en oeuvre d'un projet de développement
territoriale. En effet, il est question dans ce guide de l'étude de
l'évolution de l'intercommunalité dans le bassin du fleuve
Sénégal. Fruit d'une longue analyse, passant en revue le
cheminement de l'intercommunalité, ce guide nous a permis de comprendre
le contexte d'évolution des structures intercommunales dans cette
entité géographique, mais aussi ses enjeux. La recherche du
désengorgement de l'État des multiples fonctions qui lui
était conférée a concouru à la création de
nouvelles entités territoriales sans viabilité ni
efficacité économique dans les pays du bassin du fleuve
Sénégal (Mali, Mauritanie,
Sénégal). Ainsi, profitant d'un cadre
réglementaire et institutionnel favorable à une
réunification de ces nouvelles entités grâce à
l'évolution des lois de décentralisations qui tentent de statuer
les modes de coopérations entre collectivités, on assiste
à une évolution progressive des structures intercommunales.
Émergeant selon un objectif précis
19
lié soit à la gestion d'un service, soit
à l'élaboration d'un projet de territoire, «
l'expérience du GRDR auprès des collectivités du BFS
montre que la pérennité et l'efficience de la collaboration
intercommunale tient à l'effectivité d'une vision et d'un projet
partagés et d'une stratégie de développement collective
». Face à un contexte d'évolution des structures
intercommunales dans ces trois pays, portées pour l'essentiel à
la mise en oeuvre d'un projet, il convient d'identifier les techniques à
déployer pour asseoir des structures efficaces et capables d'attirer
l'attention au niveau internationale, mais aussi promouvoir la participation
citoyenne à toutes les étapes du processus d'élaboration
des structures pour engranger le développement territorial.
Le mémoire d'Emma TYROU : Les politiques
publiques en Afrique de l'Ouest : le cas des agropoles, 111 pages a
sans doute été l'élément le plus marquant de notre
recherche documentaire. L'étude menée par cette dernière
est axée sur la recherche des actions mise en place par les politiques
publiques pour soutenir le développement des agropoles autour
d'études de cas dans trois pays de l'Afrique de l'Ouest (Burkina,
Côte d'Ivoire et Sénégal). Par une analyse des initiatives
de développement par les agropoles les États misent sur
l'établissement d'un cadre propice capable d'attirer les agrobusiness
à travers un partenariat public-privé et qui impacteront
considérablement la production agricole à travers leurs
investissements. Les besoins en investissement identifiés au lendemain
de la crise alimentaire et nutritionnelle de 2008 passe dans ces trois pays par
la mise à contribution du secteur privé dans le secteur agricole.
L'action publique est ainsi essentiellement tournée vers les
agrobusiness sans mesures exactes prises pour l'agriculture familiale
trouvée sur place. Ces actions sont pour l'essentiel axées sur
des exonérations fiscales et des services de soutien aux intrants. Cette
forte concentration des politiques publiques sur l'agrobusiness est cependant
mise en rapport par l'auteure avec le contexte économique mondiale
tendant vers une libéralisation qui prend plus en compte la
productivité et l'industrialisation du secteur agricole. Les
agrobusiness assureront de fait la compétitivité et
l'accès au marché. Bien vrai que les politiques publiques ciblent
quelques pistes pour les agricultures familiales (incitation de création
d'emploi, exonérations des matières premières, des
transferts monétaires, une contractualisation entre agrobusiness et
agricultures familiales pas totalement éclaircie) elles restent
insuffisantes et floues et doivent être repensées pour
accéder à l'inclusion des populations. De fait, la formalisation
des relations entre ces deux intervenants dans le secteur agricole doit passer
par la concrétisation des relations contractuelles éclaircies
dont les effets pourront avoir une portée nationale en plus de
l'augmentation des revenus des populations.
20
L'article de Florence BRONDEAU : Agrobusiness et
développement agricole. Quels enjeux pour quelles perspectives ? Le cas
de la zone office du Niger. Mali, 19 pages a été pour
nous un référentiel important dans la compréhension des
enjeux liés à l'installation des agrobusiness dans les anciennes
zones destinés aux agriculteurs familiaux. L'auteure, à travers
ce document, montre la mutation des initiatives de développement
agricole initié au Mali d'un soutien aux agricultures familiales avec la
révolution verte à une exacerbation de la promotion des
agrobusiness identifiés comme nouveaux acteurs d'impulsion du secteur
agricole. Le manque d'efficience des agricultures familiales qui ont
été soutenus en vain pousse la tournure des actions publiques
vers l'agrobusiness, occupant de vastes espaces qui était pour
l'essentiel des territoires pastoraux et introduisant en sus de nouvelles
pratiques agricoles. Ceci soulève des questionnements quant à
l'exacerbation du phénomène d'accaparement des terres sous
prétexte par les agrobusiness de recours à l'atteinte de la
souveraineté alimentaire tout en visant un marché
extérieur, mais aussi des conflits futurs entre populations autochtones
et nouveaux arrivants émanant du déplacement et
réinstallation des populations dans ces zones. Cependant, l'une des
questions cruciales soulevées demeure celle du futur du pastoralisme et
la prise en compte des populations dans le projet. En outre, la mesure des
enjeux liés notamment aux activités du projet, avec l'utilisation
des ressources hydriques de la zone, mais aussi de la dépendance
technologique dans un contexte de montée en puissance des OGM,
fait planer des craintes de l'introduction de semences
génétiquement modifiées.
Le document de Carlos OYA et Cheikh Oumar BA : Les
politiques agricoles 2000-2012 entre volontarisme et incohérence,
30 pages a joué un rôle considérable à la
compréhension des nouvelles stratégies du gouvernement vers une
politique agricole tournée vers l'industrialisation du secteur. Ils
montrent à travers une analyse des politiques agricoles menées au
cours des magistères qui se sont succédé au
Sénégal depuis son accession à l'indépendance en
1960. Le fort attachement de la nouvelle alternance sous le régime du
président Wade à renforcer le secteur agricole par la mise en
oeuvre de plusieurs politiques agricoles telles que la GOANA
ou encore la REVA. Néanmoins, malgré
les quelques avancées notées, on note que ces politiques
agricoles manquent d'efficacité au regard des objectifs
déclinés. Cela serait dû à la priorisation des
actions vers d'autres secteurs. Cependant, l'étude des options du
gouvernement avant le régime de la première alternance au
Sénégal a été ainsi mené par les auteurs
pour contextualiser l'émergence des nouvelles politiques du
gouvernement. Les politiques agricoles du régime postcolonial prouvaient
la forte volonté du pouvoir étatique de se détacher de
l'économie de traite, ne profitant alors qu'aux traitants, laissant en
rade les
21
producteurs. L'identification des actions menée au
cours des régimes socialistes basées sur l'instauration de
stratégies de développement passe par la prise de mesures sur la
production agricole avec la modernisation des pratiques agricoles à
l'entame de programme d'ajustement structurel et une libéralisation des
filières agricoles. L'avènement du régime du
président Wade marqua la fin des programmes d'ajustement structurels et
le début du libéralisme économique avec des efforts
d'institutionnalisation, de la concertation avec les OP et une
orientation du secteur centré quasi exclusivement sur l'augmentation de
la production nationale.
Le document principal du Ministère de l'Agriculture et
de l'Équipement Rural « Programme
d'Accélération de la Cadence de l'Agriculture
Sénégalaise : PRACAS », 112 pages, nous a permis de
comprendre l'importance du secteur agricole dans la mise en oeuvre de
stratégies de développement. Ce document traduit la vision du
gouvernement de Macky Sall de faire de l'agriculture sénégalaise
un levier de développement sur l'intervalle 2014-2017. Le PRACAS est
basé sur le référentiel de la politique du gouvernement du
président Sall, c'est-à-dire le PSE, et utilise des
filières agricoles jugées prioritaires pour promouvoir
l'augmentation de la production. Cette augmentation de la production passe par
une modernisation du secteur à travers une mécanisation et une
utilisation de semences certifiées pour augmenter les rendements. Par
ailleurs, la mise à contribution de l'État s'accompagne, pour
l'impulsion de chaque filière, la participation de partenaires
techniques et financiers ainsi que celui du secteur privé. Ainsi, en
mettant en oeuvre une stratégie pour y accéder et en
définition d'un cadre parfait pour l'accompagner, le PRACAS participera
à l'émergence du secteur agricole tout en prenant en compte les
enjeux potentiels et trouvant des mesures d'atténuation.
22
IV-2- La collecte des données de terrain :
La collecte des données a constitué une phase
essentielle pour notre étude. L'observation et un
recueil de données d'ordres qualitatives et
quantitatives nous ont grandement aidés pour la rédaction de ce
mémoire.
IV-2-1- Observations :
Au cours de l'observation du terrain, nous avons pu constater que
la zone tend à s'urbaniser
dans la plupart des villages. Néanmoins, la carence de
services sociaux de base est bien une réalité présente.
Nous avons aussi constaté que malgré l'accueil chaleureux que
nous avons reçu de la majeure partie des enquêtés, ces
derniers nourrissent un sentiment de méfiance par rapport aux questions
qui leur sont posées. À travers une observation participante,
nous avons décelé chez certains un manque d'intérêt
envers notre enquête, car selon eux, celle-ci rejoint les enquêtes
menées préalablement dans leurs villages et ne leur servirait
à rien.
IV-2-2- La collecte des données qualitatives :
La collecte des données qualitatives s'est fait sur la
base d'entretiens obtenus auprès d'autorités
susceptibles de nous apporter des réponses
précises aux questionnements émis. Cette phase nous a aussi
permis d'acquérir certains documents auprès des services
administratifs qui nous ont permis de connaitre au mieux les ambitions du
projet afin de faire une étude approfondie pour définir les
enjeux de l'Agropole de l'Ouest.
23
Tableau 1 : Tableau synthétique des guides
d'entretien
Prénom et Nom Fonction Lieu Date et
heure
Gaïky Faye
|
Directeur de cabinet du maire de Sandiara
|
Mairie de Sandiara
|
Le 6 Décembre 2022 à 10h 13mn
|
Martine Diome
|
Troisième adjoint au maire de Sandiara
|
Mairie de Sandiara
|
Le 6 Décembre 2022 à 10h 49mn
|
Paul Diouf
|
Chef de village de Nioukh Fissel
|
Son domicile à
Ndioukh Fissel
|
Le 6 Décembre 2022 à 13h 57mn
|
Abdoulaye Sène
|
Conseiller technique du Maire de Sandiara
|
Son domicile à
Sessène
|
Le 12 décembre
2022 à 10H 48mn
|
Doudou Ndione
|
Président du GIE des
travailleurs de Dobyfarm
|
Dobyfarm
|
Le 7 Décembre 2022 à 12h 07mn
|
Ngor Sène
|
Chef de village de Ngéniène Peulh
|
Son domicile à
Nguéniène Peulh
|
Le 13 Décembre
2022 à 15h 36mn
|
Momar Cissé
|
Chef de village de Mbourokh
|
Son domicile à
Mbourokh
|
Le 9 Décembre 2022 à 13h 47mn
|
Pierre Ngom
|
Chef de village de Roff
|
Son domicile à Roff
|
Le 14 Décembre
2022 à 11h47mn
|
Capitaine Bineta
Camara
|
Cheffe du service des
eaux et forêts de Mbour
|
Au service des Eaux et Forêts
|
Le 19 Décembre
2022 à 10h 23mn
|
Mor Fassé Ndiaye
|
Directeur de cabinet
du maire de Malicounda
|
Mairie de
Malicounda
|
Le 22 Décembre
2022 à 13h 54mn
|
Conception : Anne Marie GUEYE, 2023
IV-2-3- La collecte des données quantitatives :
Cette dernière s'est faite par l'élaboration d'un
questionnaire administré aux chefs de ménages
des villages ciblés par notre enquête. Sur cette
base, nous avons recueilli des réponses auprès des chefs de
ménage nous ayant permis de connaitre au mieux les problèmes du
secteur agricole rencontrés par ces derniers. Par ailleurs, à ces
problèmes, les guides familiaux ont proposé certaines pistes pour
pallier ces défaillances, mais aussi leurs impressions et attente envers
le projet de l'Agropole de l'Ouest.
24
IV-3- L'échantillonnage :
L'échantillonnage a été fait sur la base des
données recueillis auprès de l'ANSD
émanant du
recensement de 2013. Utilisant la formule de Bernoulli
l'échantillonnage a était établi avec une marge d'erreur
estimé à 15%.
n= (1,96)2 N x/ (1,96) 2+
l2 x (N x-1)
n= 3,8416 x 1774/ 3,8416 + 0,0225 x 1773 = 156
? n (échantillon)= 156
? N (nombre total de ménages dans les trois communes)
=1774
? L (marge d'erreur) =15%
Tableau 2 : Echantillonnage par
commune
Communes Ménages Quotas ménage Pourcentage %
Malicounda
|
499
|
44
|
28
|
Nguéniène
|
840
|
74
|
47
|
Sandiara
|
435
|
38
|
25
|
Total
|
1774
|
156
|
100
|
Source : ANSD, RGPHAE 2013,
conception Anne Marie GUEYE
L'étendue de notre zone d'étude (trois communes)
ne nous permet pas d'administrer un questionnaire à l'ensemble des
villages du territoire intercommunal. Cependant, pour assurer une
représentativité et des données fiables, nous avons
choisi, dans chaque commune, quatre (4) villages se situant
à proximité de la forêt de Ballabougou.
Sur le terrain, nous avons par suite procédé
dans certains villages au ciblage des hameaux, se trouvant au sein des villages
ciblés, jugés plus proches et donc entretenant au mieux des liens
d'exploitations avec la zone Agropole. Les hameaux ciblés se trouvent
ainsi dans le village de Mbodiène à l'occurrence Guedj Maad et
Mbodiène Peulh.
25
Tableau 3 : Echantillonnage par village
|
|
|
COMMUNES QUARTIERS MENAGES POURCENTAGE
ECHANTILLON
|
MALICOUNDA
|
MBOULEME
|
102
|
6
|
9
|
MALICOUNDA
|
SINTHIOU MBADANE
|
201
|
11
|
18
|
MALICOUNDA
|
ROFF
|
77
|
4
|
7
|
MALICOUNDA
|
GANIABOUGOU
|
119
|
7
|
10
|
NGUENIENE
|
BALLABOUGOU
|
192
|
11
|
17
|
NGUENIENE
|
NDIEMANE
|
135
|
8
|
12
|
NGUENIENE
|
NGUENIENE PEULH
|
99
|
6
|
9
|
NGUENIENE
|
MBODIENE
|
414
|
23
|
36
|
SANDIARA
|
NDIOUKH FISSEL
|
127
|
7
|
11
|
SANDIARA
|
NDOLLOR
|
42
|
2
|
4
|
SANDIARA
|
SOUSSANE
|
127
|
7
|
11
|
SANDIARA
|
MBOUROKH
|
139
|
8
|
12
|
TOTAL
|
|
1774
|
100
|
156
|
Source : ANSD, RGPHAE 2013
; conception Anne Marie GUEYE 2023
V- Analyse et traitement des données :
Le traitement des données recueillies s'est fait par le
concours de plusieurs logiciels :
? Kobocollect pour les enquêtes quantitatives,
? Kobotoolbbox pour l'analyse et le traitement des
données,
? Excel pour traduire les données obtenues en
graphique,
? Word pour la rédaction du mémoire,
? ArcMap pour la réalisation des cartes,
26
VI -Difficultés rencontrées :
Nous avons rencontré beaucoup de difficultés pour
l'élaboration de cette étude. Les
déplacements n'étaient pas faciles et abordables
du fait de l'inexistence de routes praticables dans la plupart des villages.
Les déplacements entre villages n'étaient permis que par les
motos Jakarta et les charrettes sur des routes rugueuses et parfois sableuses.
En outre, le non-respect des rencontres fixées avec les autorités
locales ont tout aussi constitué un problème au cours de la
recherche. Le sujet choisi, mettant en relation intercommunalité et
projet d'agropole qui sont des thèmes pas trop assimilés par
certains élus ainsi que les populations, n'a pas fait l'objet de
beaucoup d'étude, ce qui a rendu la recherche rude. Néanmoins,
nous avons, à travers les données recueillies,
complétés par une littérature axée sur les
coopérations intercommunales et les projets de développement
agro-industrielles, pallier ces obstacles et élaborer ce présent
mémoire.
PREMIERE PARTIE : La coopération
intercommunale, une porte d'entrée vers le développement
territorial.
|
28
INTRODUCTION :
La première partie de ce mémoire vise
implicitement l'étude des coopérations intercommunales au
Sénégal ainsi que la constitution de l'Entente de l'Agropole de
l'Ouest comme une panacée pour le développement territorial.
Cependant, pour mieux cerner ce fait, cette partie se subdivise en trois
chapitres abordant chacun un thème précis.
Le premier chapitre intitulé : Le territoire
intercommunal, une entité rurale tendant vers l'émergence fait
office de présentation des collectivités constituant l'Entente en
abordant plusieurs aspects.
Le second chapitre vise l'étude de la gestion
municipale à travers la présentation de l'administration
communale des collectivités de Malicounda, Nguéniène et
Sandiara.
L'ultime chapitre de cette partie quant à elle analyse
la coopération intercommunale au Sénégal pour arriver
à cette nouvelle initiative menée par les collectivités de
l'Entente qui se constitue en une structure bien élaborée visant
le développement territorial.
29
Chapitre 1 : Le territoire intercommunale, une
entité rurale tendant vers l'émergence Introduction partielle
:
Avec la mise en exécution de la
départementalisation17, un des changements majeurs
apportés par l'Acte 3 de la décentralisation, l'entité
administrative de Mbour fait désormais partie des 46
départements du Sénégal. Située dans la
région de Thiès dans l'ouest du pays, l'entité mbouroise,
avec une superficie de 1667 km2, fait
dorénavant office de département et se compte parmi les trois
(3) départements que compte cette région.
I-Présentation de la zone intercommunale :
La zone intercommunale de l'Agropole de l'Ouest, est un
territoire composé de 3 communes
(Malicounda-Nguéniène-Sandiara) sur les 16 que
compte le département de Mbour. Ce territoire intercommunal aux
coordonnées géographiques 14°48' nord, 16° 94' ouest
(commune de Malicounda), 14°17' nord, 16°45' ouest (commune de
Nguéniène) et 14°42' nord, 16°25'ouest (commune de
Sandiara), couvre une superficie globale de 548,2
km2 (124 km2 pour la commune de
Malicounda, 226 km2 pour la commune de
Nguéniène et de 198,2 km2 pour celle
de Sandiara).
Carte 1 : Localisation des communes de l'entente
intercommunale

Conception Anne Marie GUEYE, 2023
17 L'Acte 3 de la décentralisation au
Sénégal a procédé à l'érection du
département en tant que collectivité territoriale.
30
I-1 Localisation de la zone Agropole de l'ouest
La zone de l'Agropole est située dans la région de
Thiès, à 85 km au sud-est de Dakar et à
environ 10 km à l'est de l'océan
Atlantique18. Partagée entre les trois communes qui composent
l'Entente intercommunale de l'Agropole de l'Ouest, est une étendue
forestière dénommée forêt classée de
Ballabougou couvrant une superficie de 1160 ha. A cheval sur
les terroirs villageois de Mbourokh, Soussane Bambara et Ballabougou, la
forêt classée de Ballabougou est limitée à l'Est par
le village de Ballabougou, à l'Ouest par la forêt classée
de Nianing, au Nord par les villages de Mboulème et Mbourokh et au Sud
par le village de Ndiamane.
Carte 2 : Localisation de la zone Agropole
(forêt classée de Ballabougou)

Conception : Anne Marie GUEYE, 2023
I-2- Historique de la zone Agropole :
La zone Agropole s'étendant sur un périmètre
forestier (la forêt classée de Ballabougou), a
été
classée par l'arrêté n° 222
du 21 janvier 193919 dans une optique de
protection de la biodiversité mais aussi des écosystèmes
particuliers et fragiles. L'occupation forestière était
18 EES du projet agropole de l'entente intercommunale
de Sandiara, Malicounda et Nguéniène agropole de l'ouest
19 Cet arrêté a été
émis par le Gouverneur Général de l'AOF
31
marquée par la présence de petits villages et
d'un daara qui sont implantés dans la forêt pour les besoins de
l'agriculture.
D'un relief relativement plat, on note au sein de cette espace
forestier la présence de quelques cours d'eau et des mares temporaires,
alimentés essentiellement par les eaux de pluies et dont la plupart
s'assèchent après l'hivernage. Constituée d'une savane
arbustive très dégradée, de sols nus ainsi que de zones de
cultures, la zone Agropole présentait un état de
dégradation avancé liée à une exploitation
arachidière très accentuée sans jachère et
fortement soumise à l'érosion éolienne mais aussi à
d'autres formes d'agressions qui sont surtout d'origine anthropique.
L'état de dégradation avancée ainsi que la présence
humaine ont été des facteurs limitant la grande présence
de la faune. Néanmoins, on y notait la présence de certains
mammifères tels que les primates, les rongeurs, les hyènes et les
petits carnivores.
La forêt classée de Ballabougou constituait pour
les populations des villages riverains et au-delà, un
élément central dans leur existence au vu des multiples services
socio-écologiques qu'elle leur fournit. Elle est principalement
constituée de zone de pâturage. Hormis la conduite des troupeaux,
les activités menées en forêt sont : le ramassage du bois
mort ; la collecte de paille ; la récole de plantes médicinales
(gomme, résines, écorces, racines, feuilles) ; la cueillette de
fruits divers. Ces activités menées par les populations
riveraines émanaient du droit d'usage tel que stipulé dans le
code forestier.
En 1995, pour favoriser la régénérescence
de la forêt notamment au niveau des sols nus, des contrats de cultures
ont été élaborés entre les services des eaux et
forêts et les populations limitrophes. Ces espaces faisaient office de
zones de cultures par ces populations qui, en contrepartie, devait participer
à la reforestation par la plantation d'arbres autour du
périmètre de culture. Cependant, avec le déclassement de
sa superficie totale par le décret n° 2020-468 du 13 Février
2020, la forêt de Ballabougou est dorénavant un espace
dédié à l'érection d'un Agropole entamé par
l'Entente intercommunale Malicounda-Nguéniène-Sandiara qui se
partageait cette ancienne forêt.
I-3- Configuration :
Le territoire de l'entente intercommunale de l'Agropole de
l'Ouest est une zone constituée de 70 villages
officiels : 22 pour la commune de Malicounda
et 24 pour chacune des communes de
Nguéniène et Sandiara.
L'architecture territoriale de ce territoire intercommunale est aussi
marquée par la présence de plusieurs hameaux dont certains
d'entre eux ceinturent la zone
Agropole : 66 hameaux dans la commune de
Nguéniène (PDC, 2021-2026) et 8
pour la commune de Sandiara selon les informations fournies
Gaiky Faye20.
Le réseau de routier des communes de l'Entente
intercommunale est caractérisé par la seule présence de
routes bitumées dont la RN121 et la
D70522 qui traversent certains villages des
communes l'Entente. La commune de Malicounda tente à
résoudre ce fléau lié au déficit de routes
bitumées. Outre la présence de la RN1, la
commune a étendu son réseau routier par la construction de voirie
de desserte ceinturant certains villages périphériques de la
commune pour faciliter le déplacement des populations.
Cependant, les déplacements vers certains villages de
l'intérieur des communes de
Malicounda-Nguéniène-Sandiara constituent un
véritable problème. Le déficit notoire de routes
asphaltées pour la facilitation de l'accès à ces villages
pose un réel problème de mobilité dans ces terroirs. La
seule présence de routes latéritiques « rang-rang
»23 tend à atténuer la difficulté
de déplacement de ces villageois.
Image 1 et 2 : Routes latéritiques
« rang-rang » des villages de Nguéniène Peulh et
Mbourokh

32
Cliché Anne Marie Gueye, prise le 13 Décembre 2022
à 16h 26mn Cliché Anne Marie Gueye, prise le 9 Décembre
2022 à 15h 10
La présence de ces routes latéritiques ne
desservit pas l'ensemble des villages des communes de
l'intercommunalité. On note dans certaines zones du territoire de
l'Agropole de l'Ouest telles que celle de Ballabougou,
Guedj Maad24 et l'axe Mbouleme-Sinthiou
Mbadane
20 Chef de cabinet du maire de Sandiara.
21 Route nationale 1 elle traverse les
collectivités de Malicounda et Sandiara.
22 Route départementale représentant la
seule route goudronnée qui traverse la commune de
Nguéniène.
23 Appellation donnée aux routes
latéritiques par les villageois de la zone intercommunale.
24 Hameau se situant dans le village de
Mbodiène.
l'absence de voiries aménagées pour le
déplacement des populations participant à l'enclavement de ces
villages.
Toutefois, le passage du tracé de l'extension du
tronçon de l'autoroute à péage au sein des communes de
l'entente pourrait constituer à l'avenir un paradigme dans la mise en
oeuvre de routes de raccordement goudronnées pour faciliter la
mobilité au sein de l'espace intercommunale.
Image 3 et 4 : Travaux d'extension du
tronçon de l'autoroute à péage traversant les communes du
territoire intercommunale.

33
Cliché Anne marie Guèye prise le 6
Décembre2022 à 12h23mn cliché Anne Marie
Guèye prise le 6 Décembre
2022 à 12h23 mn
Concernant le bâti, on note une forte présence
d'habitats traditionnels dans certains villages. Ces habitats sont
occasionnellement des cases construites en ciments et recouvertes de pailles de
type maisons en banco. La clôture de ces maisons est aussi faite de
pailles contournant le périmètre familial.
34
Image 5 : Type d'habitats dans certains
villages

Cliché Anne Marie Guèye prise le 13
Décembre 2022 à 16h 05mn
Cependant, ce type d'habitat tend à disparaître
dans ces communes. Les villageois développent une autre forme
d'habitations qui se concrétisent par des constructions modernes
similaires à celles implantées dans les zones urbaines. Les
constructions en dur tendent à se proliférer au sein de l'espace
intercommunal.
Image 6 et 7 : Constructions modernes
identifiées dans un village du territoire intercommunal

Cliché Anne Marie Guèye prise le 9
Décembre 2022 à 15h 10mn

35
Cliché Anne Marie Guèye prise le 9
Décembre 2022 à 15h 10mn
L'occupation foncière est anarchique au sein des
espaces villageois. Ceci est ainsi lié au déficit de lotissement
au sein des communes ainsi que l'absence de Plan directeur d'urbanisme (PDU)
pour la planification de l'organisation spatiale. Néanmoins, certaines
collectivités tentent de de résoudre ce problème par
l'élaboration de plan d'occupation du sol à
Nguéniène et de plan de lotissement à Malicounda.
Le déficit d'équipements d'assainissements pose
aussi un réel problème au sein du territoire de l'Entente
intercommunale. Les collectivités ne disposent pas d'un réseau
d'assainissement collectif. Ce manque de réseau d'assainissement
augmente ainsi le risque de propagation du péril fécal au sein de
ces collectivités. La gestion des ordures pose par ailleurs une autre
difficulté. La faiblesse pour ne pas dire l'inexistence de
système de gestion des ordures est ainsi la cause de la
prolifération des dépotoirs sauvages. Cette prolifération
des dépotoirs sauvages est aussi un point en prendre en compte par les
autorités locales pour endiguer le risque de prolifération des
maladies telles que le paludisme ou la dysenterie lié au risque de
pollution des eaux souterraines par les ordures issues de ces
dépotoirs.
II- Données socio-économiques :
II-1- Données démographiques :
La population de l'Entente intercommunale de l'Agropole de
l'Ouest a connu des mutations au cours des différents recensements. Elle
a connu une croissance démographique durant les différentes
périodes de recensement.
36
Tableau 4 : Evolution de la population de
1988 à 2013
Communes
|
Populations durant les périodes de recensement
général
|
1988
|
2002
|
2013
|
MALICOUNDA
|
22972
|
28621
|
35728
|
NGUENIENE
|
19776
|
35990
|
23258
|
SANDIARA
|
14908
|
21932
|
28430
|
TERRITOIRE INTERCOMMUNALE
|
57656
|
86543
|
87416
|
Source : ANSD, RGPHAE 1988,
RGPHAE 2002, RGPHAE 2013 ; conception A.M. GUEYE, 2023
Le territoire intercommunal a connu un gain de population
durant la période 1988-2013. Il se traduit par une
croissance démographique fulgurante au cours de l'entre période
1988-2002, passant d'une population estimée à
57 656 âmes en 1988 à
86543 âmes en 2002, soit un surplus de
28887 habitants. Cette évolution a cependant connu une
progression timide durant l'intervalle de 11 ans séparant les deux
derniers recensements (2002-2013) avec une augmentation de
873 âmes. Selon les projections de la
population en 2025, la croissance démographique au sein
du territoire intercommunal poursuivra cette tendance au cours des 12 autres
années à venir (voir graphique 1).
Graphique 1: Evolution de la population du
territoire intercommunale

60000
40000
Années populations
170758
86543 87416
180000
160000
140000
120000
100000
80000
20000
0
Années
populations
2002
1
2002
86543
2013 2025
|
|
2
|
3
|
2013
|
2025
|
87416
|
170758
|
Source : ANSD, RGPHAE
2002 ; RGPHAE 2013, Projections de la population en 2025, Conception A.M.
GUEYE, 2023
L'évolution de la population ainsi
démontrée dans la graphique laisse présager un
accroissement notoire de la population dans les 12 ans à venir. Les
projections de l'ANSD font état d'une population estimée à
170 758 au sein des communes
Malicounda-Nguéniène-Sandiara soit un croît de
83342 personnes s'ajoutant à l'effectif de
87416 habitants de l'année 2013.
37
II-1-1- Composition ethnique :
L'hétérogénéité ethnique est
aussi très marquée dans la zone intercommunale. Cependant, on
note dans certains villages la dominance voir la
présence d'une seule ethnie, en l'occurrence au sein des villages de
Ndollor où l'on remarque la prédominance de l'ethnie
sérère et à Mbodiène-peulh25
marqué par la seule présence de l'ethnie peulh. Néanmoins,
outre la particularité constatée à Ndollor et à
Mbodiène-peulh à dominante peulh, les villages de l'Entente garde
pour l'essentiel une disparité ethnique au sein d'un même
village.
Graphique 2 : Répartition des ethnies dans
la zone intercommunale

24%
7%
10%
4%
55%
sérère peulh wolof bambara autres
Source : enquête de
terrain Anne Marie Gueye 2022
Les données du graphique 2 attestent
d'une prédominance de l'ethnie sérère au sein du
territoire intercommunale qui représente un peu plus de la moitié
de la population de la zone, soit 55% talonné par
l'ethnie peulh (24%). On note tout aussi la présence
d'autres ethnies telles que les wolofs (7%), les bambaras
(10%) ainsi que d'autres ethnies diverses représentant
une minorité (4%) de la population des villages
enquêtés.
II-1-2- Structure de la population :
D'après nos observations au cours de l'enquête de
terrain, nous remarquons que la population
est à dominante veille. Cependant, la non-connaissance
de leurs âges par la grande majorité des chefs de ménages
constitue un frein à l'élaboration de la tranche d'âge
dominante dans la
25 Hameau dans le village de Mbodiène
38
zone intercommunale. Néanmoins, les données
issues du RGPHAE de 2013 marque la prédominance des
jeunes au sein du territoire intercommunal. Ces données obtenues de
l'ANSD infirme ainsi notre hypothèse portant sur le fait que la
population est essentiellement constitué de vieux.
Graphique 3 : Pyramide des âges des
populations du territoire intercommunal
110-114 ans
100-104 ans 90-94 ans 80-84 ans 70-74 ans 60-64 ans 50-54 ans
40-44 ans 30-34 ans 20-24 ans 10-14 ans
0-4 ans
|
|
10000 5000 0 5000 10000 15000
Féminin Masculin
Source : ANSD, RGPHAE 2013
; conception A.M. GUEYE 2023
L'analyse du graphique 3 montre une base
élargie traduisant une population majoritairement jeune
représentant un pourcentage de 63,6%. La tranche
d'âge des adultes emboite le pas équivalent à un taux de
32,5% néanmoins, on note un
rétrécissement flagrant de la pyramide entre l'intervalle 30-34
ans et qui se poursuit à la tranche d'âge des vieux qui
représente un pourcentage de 3,9%. La jeunesse de la
population est un potentiel que doit utiliser les élus locaux de
l'Entente dans la mise en oeuvre des stratégies de développement
territorial. Ceci contribuerait à la fixation des jeunes qui sont
souvent obligés de migrer vers les zones urbaines à la recherche
de travail et pour certains faire recours à l'émigration.
II-1-3- Répartition de la population :
La répartition spatiale de la population du territoire
intercommunale est inégale. Cette répartition faite à
partir des données issues du dernier recensement de l'ANSD
installe la commune de Malicounda au premier rang (40,9%)
suivie de la commune de Sandiara (32,7%) et la
commune de Nguéniène qui vient en dernier avec
(26,6%).
39
Graphique 4 : Répartition de la population
du territoire intercommunale en 2013

45,00%
40,00%
35,00%
30,00%
25,00%
20,00%
15,00%
10,00%
5,00%
0,00%
Malicounda Nguéniène Sandiara
40,9%
26,6%
32,5%
Source ANSD, RGPHAE 2013 ;
conception A.M. GUEYE 2023
Cependant, nous notons une prédominance flagrante de la
gent masculine au niveau du territoire intercommunale. Notre enquête a
démontré que la proportion de la population masculine, soit
66,7%, est nettement supérieur à la population
féminine qui représente 33,3%. Les
données du RGPHAE de 2013 confirment cette
prédominance de la population masculine. Ainsi, les données
recueillies auprès de l'ANSD font état d'un
effectif masculin de 44 649 et d'un effectif féminin
de 42 767 répertoriés au niveau du
graphique 5 suivant une répartition par commune.
Graphique 5: Répartition de la population
par sexe

50000
40000
35000
30000
25000
20000
15000
10000
5000
0
|
Malicounda
|
Nguéniène
|
Sandiara
|
Ensemble
|
Hommes
|
18324
|
11980
|
14345
|
44649
|
Femmes
|
17404
|
11278
|
14085
|
42767
|
Hommes Femmes
45000
Source : ANSD, RGPHAE 2013
; conception A.M. GUEYE 2023
40
II-2- L'accès aux services sociaux de base :
II-2-1- Les structures sanitaires :
Au point de vue sanitaire, on note une carence des structures
sanitaires dans le territoire
intercommunale. Bien vrai qu'il existe certaines structures,
ces dernières sont jugées non adéquates par les
populations, car n'offrant pas de services permanents ou pour d'autres ne sont
plus fonctionnels. Les communes de l'Entente peinent ainsi à offrir un
service sanitaire adéquat aux populations.
Graphique 6 : Infrastructures sanitaires
existantes dans la zone intercommunale

20
0
|
Postes de santé
|
case de santé
|
cliniques
|
MALICOUNDA
|
7
|
16
|
0
|
NGUENIENE
|
5
|
18
|
2
|
SANDIARA
|
5
|
12
|
0
|
18
16
14
12
10
8
6
4
2
Source PDC Malicounda ;
PDC Nguéniène ; PDC Sandiara, enquête de terrain A.M.GUEYE
2022
La répartition des postes et cases de santé dans
le territoire intercommunal est inégale. Par rapport à
l'existence de postes de santé, la commune de Malicounda enregistre le
plus grand nombre avec un effectif de sept (7) postes de santé. Les
communes de Nguèniène et Sandiara quant à eux enregistrent
le même effectif (5 postes de santé). Cependant, la commune de
Sandiara connait un déficit en poste de santé. En
réalité sur les 5 postes de santé recensés seul 03
d'entre eux sont fonctionnels, les deux autres bien que faisant office de poste
de santé ne sont praticables du fait que l'un est en construction et
l'autre est sous-équipés. Dans certains villages de la zone
intercommunale, la présence d'infrastructures sanitaires a
été favorisée par les villageois avec l'appui de certains
ressortissants desdits villages établi à l'extérieur
notamment dans le village de Ndioukh Fissel où une case de santé
y a été construite et pour d'autres par des organisations
caritatives tels que la Caritas.
Les cases de santé tendent à atténuer le
déficit des postes de santé et sont présentes dans la
plupart des villages ciblés par nos enquêtes. La commune de
Nguéniène se place au premier
41
rang comptabilisant 18 cases de santé, suivie de celle
de Malicounda 16 et Sandiara 12. On note en outre l'existence d'une clinique
dans la commune de Nguéniène.
Image 8 : Case de santé dans le village de
Ndollor

Cliché Anne Marie Gueye prise le 7 décembre
2022 à 16h 42mn
Le déficit d'infrastructures sanitaires noté au
sein de la commune de Sandiara est ainsi inquiétante, car
comparativement aux normes d'implantation fixées par décret
2009-521 du 04 juin 2009, relatif à la Carte sanitaire en milieu rural,
soit 01 poste de santé pour 4132 habitants, la Commune de Sandiara
connait un déficit de 04 postes de santé26.
Cependant, l'ouverture d'un nouvel hôpital communautaire
(IMEK27 de Sandiara) pourrait endiguer cette carence de structures
sanitaires.
26 Ce passage est tiré du PDC provisoire de la
commune de Sandiara 2018-2023.
27 Institut Mère-Enfant de Kaolack
42
Image 9 : IMEK de Sandiara

Source : Google
II-2-2- Les infrastructures scolaires :
Des efforts considérables ont été consentis
par les communes de l'Entente dans le secteur
éducatif. On note la présence de plusieurs
structures scolaires dans ces collectivités.
Tableau 5 : Infrastructures scolaires
existantes au sein du territoire intercommunal
|
|
|
|
Collectivités Préscolaires
Elémentaires Moyens Secondaires Centres de
formation
|
|
Daaras
|
|
|
|
MALICOUNDA
|
21
|
38
|
5
|
3
|
1
|
37
|
NGUENIENE
|
22
|
41
|
7
|
1
|
0
|
20
|
SANDIARA
|
15
|
27
|
5
|
2
|
2
|
non spécifié
|
Ensemble
|
58
|
106
|
17
|
6
|
3
|
57
|
Source : les PDC des trois
communes, Enquête de terrain Anne Marie Guèye 2022
La priorité est accordée à
l'éducation des jeunes enfants dans les communes du territoire
intercommunal. On note une prédominance de structures
dédiées à la petite enfance dont 58
établissements préscolaires et 106
élémentaires. L'éducation islamique emboite le
pas avec l'existence de 57 daaras (ne comptabilisant pas ceux
existants dans la commune de Sandiara). Le cycle moyen secondaire comptabilise
un total de 17 CEM et 6 lycées. La
présence de centres trois (3) centres de formations sur le territoire de
l'Agropole montre l'attention particulière des autorités à
l'endroit des jeunes pour leurs qualifications professionnelles.
II-3- Analyse de la pauvreté :
Situées en zone de terroir, les populations des communes
de l'Entente intercommunale
Malicounda-Nguéniène-Sandiara s'activent
essentiellement dans le secteur de l'agriculture et l'élevage. Ayant
été sur les lieux en saison sèche, nous n'avons cependant
pas eu la chance
43
d'assister aux pratiques culturales. Néanmoins, les
réponses obtenues nous ont permis de confirmer que le secteur agricole
est un domaine privilégié dans la zone intercommunale.
Les chefs de familles assurent, pour l'essentiel, se trouver
sans emploie après la période hivernale, ce qui conduit les plus
jeunes à une migration vers les centres urbains à la recherche
d'emploi. La pénurie d'emplois conduit certains chefs de familles
à entamer des activités commerciales pour assurer le pain
quotidien de la famille. Outre ces activités, les populations trouvent
parfois d'autres sources de revenus en travaillant dans des projets maraichers
moyennant une redevance comprise entre 2000 et 3000fr par jour. Cependant, ces
revenus sont jugés infimes par rapport aux besoins de ces
populations.
Par ailleurs la présence de certaines entreprises dans
la zone intercommunale tend aussi à atténuer le manque de
ressources financières, car certains guides familiaux y sont
employés en tant qu'ouvriers permanents ou journaliers.
Conclusion partielle :
Les trois communes de l'Entente devront ainsi poser des actes
forts pour promouvoir au mieux le développement de leur zone.
L'utilisation du capital humain caractérisé par une jeunesse de
la population ainsi que l'amélioration des conditions de vie des
habitants par le renforcement des équipements sociaux de base de ces
terroirs pourraient constituer un paradigme nouveau aboutissant à une
véritable émergence.
CHAPITRE 2 : La gestion municipale des communes de la
zone intercommunale
Introduction partielle :
Parler de gestion municipale implique forcément un
examen approfondi sur les politiques entreprises au sein des différentes
échelles de gouvernance et spécialement, dans l'optique de notre
étude, sur la politique de décentralisation qui est au coeur du
processus de développement dans presque tous les États du monde
mais a aussi entrainé des remaniements territoriaux. La
décentralisation, « mode d'organisation institutionnelle qui
consiste à faire gérer, par des entités administratives
élues, les affaires d'une collectivité territoriale
»28 est une nouvelle étape dans les liens de
gouvernance entre États et collectivités. Ces initiatives de
réformes ne laissant pas en rade le Sénégal qui a
entrepris cette démarche depuis la période coloniale. Conscient
de l'impératif d'un partage des pouvoirs dans la gestion territoriale,
les autorités coloniales lançaient déjà au cours de
cette période d'opprimât les jalons d'une nouvelle politique
accordant plus d'autonomie aux collectivités. Ainsi, les
collectivités deviennent de plus en plus autonomes et se voient
attribuer de nouvelles fonctions avec notamment un transfert de
compétences de l'État central vers la base pour mener une
politique cohérente et efficace. Ainsi, confrontés à de
nouveaux défis, les collectivités doivent mettre en oeuvre un
cadre de gouvernance parfait pour mener à bien leurs missions.
I- Organigramme des communes de l'Entente
Les trois municipalités de l'Entente intercommunale de
l'Agropole de l'Ouest, en dépit de leurs statuts de commune, ne
présentent cependant pas le même profil de gouvernance. Ainsi,
pour mieux gérer leurs nouvelles attributions et respecter les
règles établies en matière de gouvernance, la mobilisation
d'acteurs locaux s'impose pour asseoir une gestion locale participative afin de
répondre efficacement aux besoins des populations.
44
28 Alpha Faye, article de presse seneplus
45
Schéma 1 : Organigramme commune de
Malicounda

Maire
3ieme adjoint au maire
2ieme adjoint au maire
1er adjoint au maire
conseil municipal
commissions techniques
secrétaire municipal
La municipalité de Malicounda est composée, en
rapport avec les données issues de son PDC (plan de
développement communal), du bureau municipal composé du
maire et de ses trois adjoints. En outre vient le secrétaire municipal
ainsi que le conseil municipal constitué de 60 conseillers élus
pour un mandat 5 ans dont 29 femmes (48%) et 31 hommes
(52%).Par ailleurs, la commune a mis en place 16 commissions
techniques : domaniale, élevage, urbanisme et habitat, jeunesse, cadre
de vie et gestion des ressources naturelles, développement,
éducation, coopération décentralisée, santé
et le tourisme. La commune tente de promouvoir l'insertion féminine dans
la gestion municipale en mettant à la présidence de six (6)
commissions des femmes.
Schéma 2 : Organigramme commune de
Nguéniène

Bureau municipal
secrétaire de l'Etat civil agent de la fiscalité
secrétaire municipale
conseil municipal Commisions technique
L'organigramme réalisé à partir des
données du PDC 2021-2026 de la commune de
Nguéniène montre la répartition administrative au sein de
la Mairie. Nous avons le bureau municipal composé du Maire ainsi que de
ses deux adjoints, ensuite vient le secrétaire municipal «
dynamique et engagé »29 ainsi que le secrétaire
de l'État civil et de l'agent de la fiscalité constituant des
atouts considérables pour la commune. Le conseil municipal
composé de 56
29 Selon le Plan de développement communal de
la commune de Nguéniène (PDC 2021-2026)
46
conseillers, élus pour un mandat de 5 ans, dont 30
hommes soit (53%) et 26 femmes (47%) la
municipalité pose des actes pour le respect de la parité au sein
du conseil. La commune compterait 16 commissions techniques
dont : la commission domaniale, l'élevage, urbanisme et habitat,
jeunesse, sport et loisirs, environnement, cadre de vie et gestion des
ressources naturelles, développement, éducation,
coopération décentralisée, santé et le tourisme.
Cependant, la commission domaniale et celle de la jeunesse sont les plus
fonctionnelles.
Schéma 3 : Organigramme de la commune de
Sandiara

Bureau municipal
assistant du maire
conseil municipal
directeur cabinet du Maire
chef cabinet du Maire
secrétaire municipal
Cet organigramme de la commune de Sandiara a été
mis à notre disposition par le chef de cabinet du maire de Sandiara. La
collectivité dispose ainsi d'un bureau municipal composé du Maire
et de ses 4 adjoints (1 femme et 3 hommes), le secrétariat municipal
supervise le personnel communal et s'assure de la bonne exécution
chacun en ce qui le concerne des tâches qui lui sont confiées, il
gère le courrier et les archives de la commune, tient la plume au
conseil municipal pour la rédaction du PV30 des
délibérations ; rédige le PV de délibération
ainsi que les extraits de délibération ; assiste aux
réunions du bureau municipal et rédige le PV ; rédige les
convocations diverses et s'assure de leur acheminement aux destinataires ;
reçoit le courrier de la commune ; assure en relation avec le Maire
l'imputation du courrier aux personnes concernées ; coordonne la paie du
personnel en rapport avec le Maire ; établit les ordres de mission en
rapport le Maire31. La commune est ainsi constituée
d'autres démembrements tels que le directeur de cabinet du Maire, le
chef de cabinet de Maire et son
30 Abréviation de Procès-Verbal
31Présentation du rôle et mission du
secrétariat municipale de la commune de Sandiara sur le site :
http://www.communedesandiara.com/39-le-maire-sous-titre.html,
visitée le 23 novembre 2022 à 20h 43mn
47
assistant. À côtés de ces derniers sied le
conseil municipal de Sandiara d'un effectif de 56 conseillers avec une
répartition égalitaire de 28 hommes et 28 femmes.
N'ayant pu avoir accès aux budgets de l'ensemble des
communes de l'Entente, nous n'avons ainsi pas pu dresser un bilan sur
l'évolution de ces derniers.
Conclusion partielle :
La gestion municipale nécessite le déploiement de
plusieurs acteurs pour mettre en place des
initiatives de développement qui prennent en compte les
besoins des populations et garantir l'efficacité de ces derniers. De
fait, il importe pour l'administration communale de poser, grâce aux
possibilités accordées à travers l'établissement
d'actions de coopération, les jalons d'un développement
territorial harmonieux et répondant aux besoins immédiats des
populations.
48
Chapitre 3 : L'Entente intercommunale de
Malicounda-Nguéniène-Sandiara, une structure bien
élaborée.
Introduction partielle :
Entamée dans une dynamique de correction des
disparités territoriales et de l'affirmation du
niveau local, la décentralisation demeure un pilier
fondamental dans les politiques publiques de tous les États du monde, y
compris le Sénégal. Cette politique de décentralisation
s'est accompagnée de transferts de certaines prérogatives du
pouvoir central, l'État, à l'endroit des collectivités
locales. La décentralisation au Sénégal, à travers
les remaniements engagés tels que le découpage
politico-administratif, cause de la prolifération de communes sans
viabilité, la difficulté pour les collectivités à
trouver des moyens financiers pour leurs projets, l'insuffisance des dotations
de l'État, a fini par déstructurer l'architecture territoriale
d'où la nécessité de repenser l'aménagement du
territoire.
L'aménagement du territoire prône ainsi une
redéfinition des échelles de gouvernance, donc la
multiplicité des acteurs avec l'émergence du niveau local dans le
cadre de la promotion d'une justice spatiale et d'une équité
territoriale. L'émiettement territorial hérité de la
colonisation et qui s'est poursuivi au cours de la période postcoloniale
n'a cependant pas été sans conséquences, car ayant pour
effet une prolifération de collectivités sans viabilité.
Ainsi, pour assurer le développement équitable et harmonieux des
territoires, il serait nécessaire pour les territoires d'entreprendre
des initiatives de mutualisation à travers des coopérations
intercommunales. Néanmoins, il convient de mettre en place un cadre
organisationnel bien défini pour permettre à la
coopération intercommunale de soutenir le développement
territorial. Ce développement se fait ainsi par un appui sur les
potentialités de chaque territoire à travers la
territorialisation des politiques publiques.
I- Qu'est-ce que l'intercommunalité ?
La recherche de nouvelles alternatives dans la dynamique du
développement territorial à
d'antan était au coeur des différentes
initiatives entamées par l'autorité étatique.
L'avènement des lois de décentralisations qui promeuvent une
redéfinition des échelles de gouvernance par une ingérence
assouplie de l'État dans les affaires locales, de même que
l'octroi de plus d'autonomie aux collectivités, a ainsi marqué la
prolifération de ces dernières au sein de l'architecture
territoriale. La volonté d'assouplissement s'est ainsi faite de
façon non maitrisée, structurant le territoire en communes sans
viabilité en accentuant les problèmes liés à leurs
développements. De fait, la mise en place d'un dispositif majeur sied
à cet effet pour donner
49
de l'efficacité aux différentes réformes.
La coopération intercommunale s'établit d'emblée en option
pour accéder au mieux-être des collectivités.
Confrontés à de nombreux défis tels qu'un
déficit de moyens financiers, un problème de viabilité
économique, un problème de gestion des compétences
transférées par l'État, entre autres, les
collectivités disposent d'un nouveau cadre institutionnel à
travers l'intercommunalité en vue d'asseoir un développement
collectif tout en bénéficiant de l'appui étatique ainsi
que de celui des partenaires. De fait, l'intercommunalité s'articule
sur une notion différente de la commune, le bassin de vie que l'on peut
définir comme un espace dans lequel on trouve plus ou moins les
mêmes conditions socio-économiques et où on peut supposer
que les populations rencontrent les mêmes difficultés, partagent
les mêmes préoccupations et qu'il peut être opportun dans ce
cas de rechercher des solutions communes32 (GRDR).
Traditionnellement, l'intercommunalité est le
rassemblement institutionnel de plusieurs communes qui partagent un projet de
développement. Pour la réalisation de ce projet, les communes
mettent en commun leurs moyens et leurs ressources dans un souci
d'efficacité de la gestion publique33.
La coopération intercommunale se substitue en un outil
de conduite de développement territoriale dans un but de viabilisation
des territoires communaux qui la structurent. Constituée a priori comme
une nécessité à la reconnaissance d'une identité
collective par les citoyens des communes membres, la coopération
intercommunale évolue désormais vers l'alternative d'une gestion
commune des problèmes communaux à travers la mise en oeuvre de
projet de développement. Les études menées par le Groupe
de Recherche et de réalisation pour le Développement Rural
(GRDR), spécifient un mode de coopération
variable selon les objectifs recherchés. Deux types
d'intercommunalité se déclinent ainsi avec ses
spécificités.
32 GRDR (Groupe de Recherche et de réalisation
pour le Développement Rural)
33 Définition donnée par Awa Gueye
Thioune dans son guide pratique : l'intercommunalité au
Sénégal, un outil de coopération et de
développement territorial
Tableau 6 : Formes et spécificités
des intercommunalités :
Forme Mode de fonctionnement Objectifs visés
Intercommunalité de gestion
|
Intercommunalité de projet Fonctionne sans
fiscalité propre, financée par les contributions des communes qui
en sont membres et de leurs partenaires intervenant dans le territoire.
|
|
Caractérisée par l'existence de
compétences obligatoires et selon la législation des pays, par
une fiscalité propre.
La gestion commune de certains services publics locaux ou la
réalisation d'équipements locaux, de manière à
mieux répartir les coûts et à profiter d'économies
d'échelle
La conduite collective de projets de développement
local.
|
50
Source : Document GRDR ;
conception A.M. GUEYE 2023
II- La coopération entre collectivités, un
dispositif ancien au Sénégal :
Au Sénégal, l'action de mutualisation des forces
entre collectivités devance la mise en place du cadre institutionnel de
l'intercommunalité. Le décret n°83-1131 du 29
octobre 198334 établit la première tentative
de réunification des collectivités locales répondant
à des problèmes majeurs rencontrés par les communes.
Néanmoins, la poursuite des découpages administratifs augmentant
le nombre de communes au sein du territoire constitue un fait majeur au manque
de viabilité des territoires. Ce faisant, l'installation d'un dispositif
institutionnel à la coopération entre collectivités
devient plus que nécessaire pour promouvoir les actions de
coopération en vue de canaliser les effets des découpages.
La loi n° 96-06 du 22 mars 1996 portant
code des collectivités locales au Sénégal fixe le cadre
institutionnel de l'intercommunalité. Le chapitre III
dudit code portant sur la Coopération et la Solidarité
consacre des articles particuliers à l'intercommunalité :
- Article 14. - Les collectivités
locales peuvent entreprendre des actions de coopération entre elles.
Cette coopération peut se traduire par la création d'un
groupement de deux
34 Décret de mise en oeuvre de la CUD
(Communauté Urbaine de Dakar) regroupant les communes de Dakar-Pikine et
Rufisque ayant pour rôle de la collecte des déchets et de
l'éclairage public.
51
ou plusieurs collectivités ou de toute autre structure
appropriée de promotion et de coordination des actions de
développement dans des domaines spécifiques.
- Article 15. - Les collectivités
locales peuvent individuellement ou collectivement, entreprendre avec l'Etat la
réalisation de programmes d'intérêt commun.
- Article 16. - L'Etat garantit et organise
le principe de solidarité entre les collectivités locales. A cet
effet, il crée un fonds de dotation alimenté par son budget.
- Article 17. - Dans les conditions
prévues par le présent code, les collectivités locales
peuvent dans le cadre de leurs compétences propres, entreprendre des
actions de coopération qui donnent lieu à des conventions avec
des collectivités locales de pays étrangers ou des organismes
internationaux publics ou privés de développement.
À partir de là, les collectivités locales
ont la capacité juridique de s'engager dans des actions sectorielles de
coopération, suivant les dispositions de la loi 96-07
du 22 mars 1996 portant transfert de neuf domaines de
compétences aux collectivités, dans des ententes
interrégionales, des regroupements mixtes, des ententes intercommunales,
des communautés urbaines et des Groupements d'Intérêt
Communautaire (GIC). Les premières initiatives intercommunales
faisant suite au code s'amorcent au sein des collectivités.
Les décrets n°
2004-109335 et
n°2004-109436 du 4 août 2004
oeuvrent pour une coordination entre les collectivités de
l'agglomération dakaroise dans l'optique de construction et d'entretien
de la voirie municipale, le nettoiement des rues, l'enlèvement des
ordures ménagères, la gestion de l'éclairage public et du
cimetière des naufragés du Diola ainsi que toute autre mission
pouvant être confiés à la communauté. Pour apporter
de l'efficacité à ces communautés, l'État
décide par décret n° 2006-05 du 9
janvier 2006 le transfert du programme de gestion des déchets
solides urbain à l'entente CADAK/CAR faisant suite au
décret n° 2005-268 du 25 mars 2005
portant mise à disposition pour le compte de l'entente
intercommunautaire de Dakar l'Agence pour la propreté de Dakar
(APRODAK).
La loi n° 2013-10 du 28
décembre 2013, érige un nouveau code des
collectivités territoriales au Sénégal. Cependant, les
actions de coopérations sont toujours d'actualités, car le
nouveau
35 Décret portant création de la
CADAK (Communauté des Agglomérations de Dakar) regroupant les
communes de Dakar, Pikine et Guédiawaye.
36 Décret portant création de la CAR
(Communauté d'Agglomération de Rufisque) regroupant la ville de
Rufisque, les communes de Bargny, Diamniadio, Sébikotane et les
communautés rurales de Sangalkam et Yenne.
52
code prévoit une action de mutualisation entre
collectivités aux articles 16, 17, 18 et
19. Néanmoins, la précision du cadre juridique
de l'intercommunalité reste à compléter à travers
des décrets sur les formes de coopération entre les
collectivités territoriales.
Dans, cette dynamique, les communes de Malicounda,
Nguéniène et Sandiara tentent de
construire un modèle pour montrer que l'acte 3 de la
décentralisation est une politique éclairée, visionnaire
qu'on peut mettre en valeur37. Évoluant au sein d'une
même aire géographique et partageant une histoire et des relations
de bon voisinage, l'entente intercommunale
Malicounda-Nguéniène-Sandiara participera
considérablement au renforcement des liens entre les trois
collectivités.
Encadré 1 : Entretien avec M. Abdoulaye
Sène conseiller technique du maire de Sandiara.
Dans cet entretien, monsieur Sène nous informe sur les
facteurs d'influence de l'intercommunalité entre les communes de
l'Agropole de l'Ouest. Ainsi, l'existence de relations de bon voisinage entre
les trois collectivités qui composent l'entente ainsi que la recherche
de synergie entre les deux arrondissements (arrondissement de Sindia pour la
commune de Malicounda et de Sessène pour celles de
Nguéniène et de Sandiara) et le département de Mbour
constituent en particulier le soubassement de cette coopération.
Cette entente intercommunale se dote, d'après les
attributions qui lui sont dévolues, de la compétence de
développement, de la gestion intégrée de l'Agropole ainsi
que des projets connexes et de toute autre compétence que les communes
membres voudront lui attribuer dans la perspective de promotion du
bien-être des populations de même que du développement
territorial.
1- Cadre organisationnel et fonctionnel de l'Entente
intercommunale
Malicounda- Nguéniène-Sandiara
:
Le document portant sur la version validé projet de charte
intercommunale de l'EMNS38 fait
état du cadre organisationnel et fonctionnel de la
structure. L'Entente intercommunale est
37 Extrait du discours du Docteur Serigne Guèye
DIOP (maire de la commune de Sandiara) au cours de l'interview accordé
à la chaîne
mbourtv.net
38 Entente
Malicounda-Nguéniène-Sandiara
53
administrée par un organe délibérant,
le Conseil de l'Entente et un organe exécutif,
le Président39.
Le conseil de l'entente est constitué de quinze
(15) membres dont cinq (5) pour chaque
commune. Ces quinze membres désignés par les conseils municipaux
des communes membres se réunissent, selon les disposions prévus
par l'article 540 de la charte, pour
l'élection du bureau constitué d'un président
et de deux vice-présidents. L'élection
issue du conseil porte ainsi le maire de la commune de Sandiara à savoir
Dr Serigne Gueye Diop au poste de président secondée
respectivement par le maire de Malicounda, Maguette Sène comme premier
vice-président et le maire de Nguéniène Alpha Samb, en
remplacement de Magueye Ndao des suites de sa chute aux élections
municipales de 2022, comme second vice-président.
Schéma 4 : Organigramme du bureau de
l'Entente intercommunale

Président
2ième vice-président
1er vice-président
5 conseillers de la commune de Malicounda
5 conseillers de la commune de Nguéniène
5 conseillers de la commune de Sandiara
Le financement de l'intercommunalité passe par une
contribution des communes membres qui donneront chacune une somme fixée
par l'entente. L'État prévoit aussi, comme stipulé dans le
code général des collectivités territoriales, une
attribution de fonds à hauteur de 3% versés dans
le budget des collectivités locales à travers les fonds de
dotation.
39 Article 3 de la version validé du projet de
charte de l'EMNS
40 Le Conseil élit en son sein un bureau
composé d'un Président et de deux Vice-présidents choisis
parmi les maires ou adjoints aux maires dans les mêmes conditions et
formes que l'élection des Présidents et Vice-présidents de
conseil local. Toutefois, le consensus est vivement souhaité dans
l'intérêt du bon fonctionnement de l'entente.
54
Encadré 2 : Entretien avec M. Mor
Fassé Ndiaye directeur de cabinet du maire de Malicounda
Dans cette entrevue qui s'est tenue dans la mairie de
Malicounda, le directeur de cabinet nous édifie sur les sources de
financement de la structure intercommunale. D'après les propos
recueillis auprès de ce dernier, ce financement proviendrait de la
cotisation des communes membres donnant chacune une somme égale. Par
ailleurs une contribution à hauteur de 3% des fonds alloués par
l'État dans le cadre de l'accompagnement des collectivités
territoriales aura tout aussi pour but de financer
l'intercommunalité.
Conclusion partielle :
La recherche d'un cadre favorable à l'émergence des
collectivités a participé à l'essor de la
coopération intercommunale. Les différentes lois
de la décentralisation ont ainsi oeuvré à sa mise en
vigueur et son application par certaines collectivités. Bien que les
actions menées depuis n'aient pas encore atteint l'effet
escompté, elles continuent cependant à alimenter les mesures
prises pour accéder à un développement territorial
harmonieux. Les trois communes de l'Entente, à travers l'étude
des expériences du pays en matière de coopération
intercommunale, entame un projet agricole innovant en réponse aux
initiatives nationales de développement du secteur agricole qui
constitue un levier pour l'émergence de leur localité mais aussi
du Sénégal.
55
Deuxième partie : La mise en oeuvre d'un projet
agricole, socle de l'intercommunalité de l'Agropole de l'Ouest.
Introduction :
L'étude menée dans cette deuxième partie
vise de manière significative l'analyse de la place du secteur agricole
du territoire intercommunale
Malicounda-Nguéniène-Sandiara ainsi que les
actions déployées pour son impulsion. L'importance de ce secteur
est d'autant plus prouvée dans le contexte actuel au cours de laquelle
les actions de développement entrepris par l'État visent la
promotion du secteur. En 2019, le sous-secteur agricole a
contribué à hauteur de 9,6% à la
formation du PIB et de 65,8%
(ANSD)41 à la valeur ajoutée du secteur
primaire. Une telle contribution de ce secteur qui occupe plus de 60%
de la population active du pays attire une attention
particulière des acteurs de la gouvernance territoriale sur la mise en
oeuvre de stratégies adéquates qui participeront
considérablement à l'impulsion économique du pays.
Au regard des nombreuses initiatives entreprises dans ce
secteur, qui, en dépit des quelques rendements notables obtenus,
n'atteignent pas les objectifs visés, la recherche de nouvelles voies
porteuses d'innovations devient plus que nécessaires. Avec l'existence
d'un cadre juridique et institutionnel satisfaisant avec la possibilité
de faire du développement du secteur agricole un objet de
coopération entre collectivités, sa mise en pratique ne saurait
de fait constituer un problème.
Dans la deuxième partie de mémoire
scindée en trois chapitres, nous allons axer le travail sur :
l'étude de la place du secteur agricole dans la zone intercommunale au
chapitre premier, les initiatives de développement du secteur agricole
menée par les élites locaux des communes de l'Entente dans le
deuxième chapitre et enfin la présentation du projet de
l'agropole de l'ouest au dernier chapitre de cette partie.
56
41 Voir document portant sur la situation
économique et sociale du Sénégal en 2019
57
Chapitre 1 : Le secteur agricole ; un domaine
privilégié dans la zone intercommunale Introduction partielle
:
La situation des communes de l'entente en milieu rural traduit
le fort attachement des populations de ces terroirs à la pratique de
l'agriculture et l'élevage. Le secteur agricole occupe pour l'essentiel
l'ensemble des populations de ces terroirs. Cependant, malgré
l'importance considérable de ce secteur, son efficacité est
entravée par de nombreuses contraintes auxquelles ces acteurs peinent
à trouver une solution.
I- Présentation du secteur agricole de la zone
intercommunale :
Le secteur agricole, malgré son efficacité peu
démontrée, demeure un secteur très prisé avec une
part importante de la population active de la plupart des pays, notamment les
pays africains. Ce secteur est devenu l'élément
stratégique de mise en oeuvre de politiques axées sur le
développement économique des pays. À travers ses
sous-secteurs tels que l'agriculture, l'élevage, le maraichage, etc., le
secteur agricole occupe l'essentiel de la population rurale,
particulièrement celle du territoire intercommunal de l'Agropole de
l'Ouest.
Tableau 7: Pratiquez-vous une activité
agricole ?
Réponses Fréquence Pourcentage
OUI
|
154
|
98,7
|
NON
|
2
|
1,3
|
Total
|
156
|
100
|
Source : enquête de
terrain Anne Marie GUEYE 2022
La quasi-totalité des habitants du territoire
intercommunale pratique une activité agricole. Sur un échantillon
de 156 chefs de ménages, 154 d'entre
eux mène une activité agricole soit un pourcentage de
98,7% contre 1,3% ne s'y adonnant pas
représentant un effectif de 2 chefs de ménages.
Cette situation est d'autant plus compréhensible que ces
collectivités se trouvent en zone de terroir favorable à
l'exploitation des terres pour mener des activités agricoles ainsi que
la pratique de l'élevage. En outre, l'indisponibilité de travail
dans ce territoire est subjacente à cette situation marquée par
le fort attachement au secteur agricole. Les données obtenues durant la
phase de collecte traduisent parfaitement cette situation.
58
Tableau 8 : Mis à part l'activité
agricole pratiquez-vous une autre activité ?
Réponses Fréquence
|
Oui
|
|
31
|
Non
|
135
|
Source : enquête de
terrain Anne Marie GUEYE 2022
L'enquête auprès des chefs de ménages a
révélé qu'une bonne partie des guides familiaux de ces
trois collectivités territoriales peine à trouver un travail en
dehors de l'activité paysanne. En effet, 135 chefs de
ménage affirment n'avoir pas de tâche à accomplir
après les travaux champêtre contre 31 seulement
bénéficiant d'une opportunité de travail en
parallèle. Cette situation est d'autant plus compréhensible que
l'essentiel des chefs de ménages de la zone ont atteint l'âge de
la retraite, donc ne dispose plus de capacité physique à mener
certains travaux. Les activités pratiquées par cette marge de la
population sont peu diversifiées.
Graphique 7 : Diagramme de répartition des
activités

31%
20%
3%
46%
commerce infirmière employé ouvrier
Source : Enquête de
terrain Anne Marie GUEYE, Décembre 2022
Le graphique 7 fait état des
activités pratiquées par la frange de personnes ayant une
activité autre que celle champêtre. Ainsi, en conformité
avec les informations collectées, la répartition des
activités menées par ainsi : 12
commerçants (46%) ; 1 infirmier (3%)
; 7 personnes employées (20%)
et 11 ouvriers (31%).
59
I-1- Caractéristiques du secteur agricole de la zone
intercommunale :
Plusieurs facteurs caractérisent l'agriculture dans la
zone intercommunale de l'agropole de l'Ouest. Elle est marquée par un
potentiel foncier agricole important, facteur influent dans le
développement des filières agricole avec des superficies
évaluées à environ 250000ha pour la
commune de Malicounda dont 12872ha effectivement
exploités (PDC Malicounda), 22600ha42 pour
la commune de Nguéniène. L'agriculture est essentiellement
vivrière, elle est tournée vers l'autoconsommation des
productions agricoles. C'est une agriculture traditionnelle marqué par
l'emploi de chevaux et d'ânes pour les travaux champêtre ainsi que
l'utilisation des hilaires et houes. L'agriculture est de type familial
s'appuyant donc sur une main d'oeuvre essentiellement familiale. Elle est
basée sur un système de polyculture avec la culture de
céréales (mil, sorgho, souna), les cultures de rente avec les
légumineuses (arachide, niébé), et le bissap. La culture
de ces produits se fait uniquement pendant la saison des pluies et sont de fait
tributaire de la saison pluviale.
Tableau 9 : A quel moment travaillez-vous dans
votre exploitation agricole ?
Période de culture
|
fréquence pourcentage
|
|
Pendant la saison des pluies seulement
|
155
|
99,36
|
Toute l'année
|
1
|
0,64
|
Total
|
156
|
100
|
Source : Enquête de
terrain Anne Marie GUEYE 2022
Les réponses fournies, par les populations, durant la
phase de collecte des données confirment que l'agriculture de la zone
est par essence pluviale. Sur l'échantillon des 156
personnes, 155 ont affirmé pratiquer une
activité agricole, soit 99,36% contre une (1)
seule personne s'adonnant à une pratique agricole dans le champ
lui appartenant pendant toute l'année, soit un taux de 0,64%.
Les terrains agricoles restent nus durant la saison sèche et
deviennent pour la plupart des zones de pâturage en vue d'enrichir les
sols en nutriments à travers les excréments des animaux pour
assurer leurs rentabilités lors de la prochaine récolte. Les
images ci-après permettent d'illustrer la situation des champs familiaux
en saison sèche.
42 Moussa Ndour. Accaparement des terres par les
promoteurs nationaux et internationaux et stratégies de survie des
populations locales : le cas de la commune de Nguéniène
(Mbour-Sénégal). 2020. ffhalshs03092985
Images 10 et 11 : Terrains agricole nus pendant la
saison sèche

60
Cliché Anne Marie Gueye, prise le 7 Décembre
2022 à 12h 42mn cliché Anne Marie Gueye, prise le 7
Décembre 2022 à17h02mn
Cependant, les agriculteurs de ces terroirs s'adonnent
exclusivement au maraichage durant la saison sèche. C'est une
activité de contre-saison. On y note la production d'oignon, de poivron,
de piment, de tomates, aubergine, etc. L'option de la pratique du maraichage
durant cette saison s'explique par la présence plusieurs points d'eau au
niveau des bas-fonds ainsi que la présence des forages permettant un
approvisionnement en eaux aux cultures maraichères. De fait, la pratique
de l'agriculture maraichère n'est pas un fait familial. Le maraichage
est pratiqué en groupe à travers le regroupement des acteurs
agricoles en association pour la mise en oeuvre d'un domaine maraicher
villageois (ex : les amis de Gania)43. Or, la frange la plus
importante de la population des communes de Malicounda, Nguéniène
et Sandiara travaillent pour l'essentiel dans des projets maraichers entrepris
par des acteurs étrangers installés dans l'espace villageois.
La zone intercommunale compte de nombreux projets maraichers
dont le plus important est le projet Produmel appartenant
à un entrepreneur espagnol. Nous avons ainsi été à
l'un des nombreux domaines maraichers dudit projet se situant dans le village
de Ndioukh Fissel mais les travailleurs n'ont pas voulu
répondre à nos questions sans approbation de leurs
supérieurs. Néanmoins, nous avons eu la chance de visiter un
autre projet maraicher dénommé Dobyfarm dans le
village de Ndollor, domaine dans lequel nous avons eu à
rencontrer plusieurs chefs de familles et quelques jeunes dudit village
s'activant aux cultures maraichères. Ce projet maraicher est loué
par la plupart des habitants du village de Ndollor car se trouvant être
leur principal moyen de travailler en saison sèche pour se procurer un
peu d'argent.
43 Association des paysans du village de Ganiaboubou
dans la pratique du maraichage
61
Encadré 3 : Entretien avec Doudou NDIONE,
président du groupement d'intérêt économique des
travailleurs de Dobyfarm le 7 décembre 2022
Lors de cet entretien, le sieur NDIONE nous a
renseignés sur l'existence d'un contrat de partenariat entre le projet
Dobyfarm et leur groupement. « Nous avons un forage
à l'intérieur du domaine maraicher pour l'approvisionnement en
eau. Cependant, nous avons parfois des problèmes pour l'achat du gasoil
en vue d'alimenter le forage, toutefois le projet nous aide en nous fournissant
du gasoil ainsi que des intrants pour les cultures ». Le président
du projet nous a aussi affirmé que sur la superficie des 81 ha
du projet, les 5 ha appartenaient aux villageois.
Images 12 et 13 : Projet maraicher de Dobyfarm
dans le village de Ndollor, commune de Sandiara

Cliché Anne Marie Guèye prise le 7
décembre 2022 à 11h25mn Cliché Anne Marie Guèye
prise le 7 décembre 2022 à 11h 29mn
Les atouts du sous-secteur de l'agriculture du territoire
intercommunale peuvent être résumés ainsi :
- Existences de bas-fonds dans la plupart des villages,
- Une disponibilité des terres cultivables,
- Existence d'ouvrage de rétention des eaux pluviales,
- Disponibilité en eaux des sols avec les nappes
souterraines ainsi que les eaux de surfaces,
- Présence de projets maraichers permettant aux
villageois de pratiquer une activité durant la saison sèche,
62
- Présence des marchés hebdomadaires dans les
communes de Sandiara et de Nguéniène pour la commercialisation
des productions et l'approvisionnement en produits,
- Existence de domaine agricole communautaire.
L'élevage est aussi un secteur clé du secteur
agricole de la zone. Elle est la seconde activité agricole de la zone.
Elle est pratiquée pour la plupart par les sérères et les
peulhs les deux ethnies les plus représentatifs de la zone. On y
retrouve l'élevage de bovins, caprins, volailles etc.
II- Un secteur agricole parsemé d'embûches
:
La situation des sous-secteurs de l'agriculture et
l'élevage dans les communes de Malicounda,
Nguéniène et Sandiara est très complexe.
Les agriculteurs et éleveurs de la zone sont confrontés à
de nombreuses contraintes similaires dans l'ensemble des villages des communes
de l'Entente. Ces problèmes freinent la performance du secteur agricole
ainsi que la compétitivité des productions au niveau des
marchés.
II-1- Problèmes constatés au cours de la
phase de collecte :
Les informations recueillies auprès des populations durant
la phase de collecte démontrent que
le secteur agricole de ces communes est assujetti à
plusieurs contraintes. La plupart des paysans de cet espace rural souffrent
pour l'essentiel des mêmes « pathologies ».
a- Une production essentiellement destinée
à l'autoconsommation :
Avec la diversité des filières agricoles
développées dans la zone avec les cultures
céréalières
(mil, sorgho, mais...), les cultures de rente (arachide), la
plupart des productions de ces paysans sont destinées à la
consommation familiale. La faiblesse voir le manque de revenues mensuelles,
marqué par la flambée des prix des denrées alimentaires de
première nécessité, conduit les populations à faire
de leurs productions agricoles un moyen de subsistance pour faire face à
cette situation.
63
Graphique 8 : Diagramme de
répartition de la destination des productions agricoles dans la zone
intercommunale

commercialisation consommation
96,19%
3,81%
Source : enquête de terrain Anne Marie GUEYE
2022
L'analyse statistique du graphique 8 conforte
les allégations émises. Une partie importante de la population
(96,19%) préfèrent garder leurs récoltes
pour assurer la ration alimentaire familiale. Une infime partie (3,81%)
des chefs de famille qui commercialisent leurs productions. Cette
commercialisation est rendue possible grâce à la présence
de marché hebdomadaire dans certaines communes permettant à ces
paysans de commercialiser une partie de leurs cultures pour se procurer
d'autres denrées telles que le riz, l'huile, le sucre pour varier de
temps à autre leur alimentation.
b- Un système de production agricole
archaïque :
Dans un monde dans lequel le système de
mécanisation agricole est avancé, il est certes étonnant
de voir des producteurs agricoles s'adonnant à un système de
production dominé par l'attelage d'animaux pour assurer les travaux
champêtre. Malgré l'existence d'une main d'oeuvre familiale, la
complexité et la lourdeur des tâches agricoles ne saurait
être pratiqué par la seule aide familiale. Ainsi, la traction
animale des équidés et bovinés constituent l'alternative
majeure pour assurer le labour des champs du fait du manque ou pour certains de
la vétusté des machines agricoles.
Toutefois, on note la présence de certains tracteurs
communautaires à l'occurrence celle de « Nguelmag
»44 pour permettre le labourage des champs à
certains agriculteurs nécessitant une
44 Association des jeunes du village de Ndiemane
appuyé par un blanc aux villageois avec l'offre d'un tracteur pour
labourer les champs, d'un terrain de 10ha et d'un forage.
64
redevance de 25 000 FCFA pour les
adhérents à l'association et de 30 000 FCFA pour
les non-adhérents. En outre, certains projets maraichers de la zone
ainsi que les collectivités contribuent aussi au labourage des champs
par l'envoie de tracteurs dans les périmètres agricole moyennant
une certaine somme d'argent. Cependant, en dépit des aides
apportées, celles-ci n'assouvissent pas les difficultés, car le
manque d'argent des paysans demeure un réel problème pour
bénéficier de cette offre.
Encadré 4 : Entretien avec Ngor Senghor,
chef de village de Nguéniène peulh à son domicile sis
à Nguéniène Peulh
Au cours de cet entretien, le chef de village nous à
informer sur la venue de certains tracteurs envoyés soit par la
collectivité locale de Nguéniène, soit par les
gestionnaires de certains projets agricoles se situant dans ledit village pour
labourer les champs. Cependant, il nous a fourni l'information selon laquelle
cette présence de tracteurs en vue de labourer les champs
nécessitait une redevance de 30000 FCFA qu'ils reversent aux
détenteurs des tracteurs.
Image 14 : Terrain agricole labouré par un
tracteur dans le village de Nguéniène Peulh

Cliché Anne Marie Gueye prise le 13 Décembre
2022 à 16h34
Le secteur de l'élevage est aussi purement
traditionnel. Les éleveurs ne disposent pas de techniques modernes leur
permettant d'assurer la productivité animale. L'insuffisance, pour ne
pas dire l'absence de parc de vaccination, constitue un réel frein
à la performance de l'élevage, mais aussi à la survie du
bétail. L'élevage se fait par l'accompagnement des troupeaux par
les bergers pour le pâturage, ce qui ne favorise pas la pratique d'autres
activités par les bergers. Le
65
manque de croisement entre les races modernes et locales justifie
la seule présence de race de petites tailles.
c- Une faible intégration des populations aux
groupements d'agriculteurs et d'éleveurs : On note dans la
zone une faible appartenance des paysans et éleveurs à un
groupement paysan.
Le manque d'efficacité des quelques groupements
d'agriculteurs et d'éleveurs a conduit à une faible
adhésion des paysans et des éleveurs aux associations
existantes.
Graphique 9 : Appartenez-vous à un
groupement.
160 140 120 100 80 60 40 20
0
|
|
141
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
15
|
|
|
|
OUI
|
NON
|
nombre de réponses
|
15
|
141
|
Source : Enquête de terrain A.M.GUEYE
2022
Les données du graphique 9 traduisant
la répartition des réponses données par les villageois
à la question de savoir s'ils appartiennent à un groupement
révèlent que sur 156 chefs de ménages, on
dénombre 15 adhérents et 141
non adhérents. Ceci dû pour les non adhérents
à un manque de confiance pour certains et un manque d'efficacité
pour d'autres. Néanmoins, il n'est pas étonnant qu'une grande
part de la population n'adhère pas à l'organisation. En effet, la
fréquence de réponse négative donnée par les
15 chefs de ménage à propos l'importance qu'ont
ces groupements pour eux constitue un élément de justification de
non-appartenance ou de retrait de ces producteurs.
66
TABLEAU 10 : Récapitulatif des
réponses collectées sur l'importance des groupements pour
certains adhérents
Ça ne nous aide pas
Aucune
Aucune importance
Le groupement d'éleveurs ne nous aide en rien
Le groupement ne nous aide en rien car on entend parler des
financements mais on ne les voit pas
Si on nous donne de l'aide le groupement nous tient au courant
Ça n'a aucune importance pour nous.
Aucun car on mène nos propres initiatives
Il n'a pas encore une grande importance car nous ne disposons pas
de récépissé
Aucune car il ne nous fournis pas d'aide
C'est le gouvernement qui nous donne de l'engrais à
travers la mairie mais ça ne nous sert à rien, du fait qu'ils
font un tirage pour voir qui va avoir ou pas
Il ne nous aide pas encore car on vient de démarrer
Source : enquête de terrain A. M. GUEYE
2022
Les réponses recueillies prouvent que les groupements
existants au sein du territoire intercommunal manque d'efficacité. En
effet, pour certains c'est le mode de gestion au sein de ces groupements qui
pose défaut car les dirigeants font un ciblage des personnes à
qui ils attribuent soit des semences ou financements qui leurs ont
été alloués par les autorités.
d- Un manque de zones de pâturage :
La zone intercommunale fait ainsi face à un
déficit de zone de pâturage pour le bétail. Ceci est un
problème largement constaté. En effet, ce fléau est
causé par la délimitation des terres en champs de cultures ainsi
qu'à une disparition des étendues forestières qui servait
de zone de pâturage pour le bétail. En outre, les populations
indexent leurs municipalités comme instigateurs de ce manque d'espaces
de pâturage du fait de l'octroi d'anciennes surfaces destinées
à faire paitre le bétail à des multinationales. Ces
derniers, qui, non seulement utilisent ces espaces pour mener des projets
maraichers, dont les cultures en ce qui concernent le premier et le
deuxième choix sont destinées au marché étranger
donc à l'exportation et le troisième
67
choix au marché local, exploitent la jeunesse de ces
localités et leur paient des sommes jugées dérisoires.
Le secteur agricole du territoire intercommunal traverse divers
problèmes qui se résument au niveau du schéma
5
Schéma 5 : Schéma
synthétique des problèmes du secteur agricole de la zone
intercommunale

Divagation du bétail pour la recherche
de nourriture
manque de zone de pâturage lié A la disparition des
forêts et au bradage de ces derniers pour la mise en oeuvre de projets
agricole
maladies du bétail et manque de
services vétérinaire de proximité
insuffisance de bonnes pistes d'acheminement des productions et
d'accès aux marchés
problème de sélection des races
difficultés d'accès à l'engrais et
aux semences certifiés
vétusté des machines agricoles
difficultés d'accès
aux financements accaparement des terres agricoles par des
étrangers pour la mise en oeuvre de projet agicole maraicher
situation du secteur agricole
de la zone intercommunale
invasion des champs par les oiseaux ravageurs et
les insectes
Difficulté d'accès à l'eau pour les
projets maraichers de la population
appauvrissement des sols et début de salinisation
des terres agricoles
manque de résultats et de performance agricoles
difficultés d'accès à l'eau pendant
la saison sèche pour le maraichage
Source : Enquête
terrain A.M.GUEYE 2022
Face à ces problèmes, les populations proposent
certaines solutions pour remédier à ces fléaux. Ils
préconisent :
- L'octroi de financements pour soutenir le secteur ;
- Le traitement des champs pour faciliter leur
régénération ainsi que la productivité du sol ;
68
- Mise à disposition des populations d'engrais à
temps et en quantité suffisante, de machines telles que des tracteurs
pour faciliter les récoles ;
- Le renouvellement du matériel agricole ;
- La mise en oeuvre de projet agricole communautaire ;
- La création de zones de parcours de bétail et
de pâturage permet l'approvisionnement quotidien du bétail en
paille ;
- Mise en place de poste de vétérinaire dans chaque
village pour soigner le bétail ; - La récupération et
l'octroi aux populations des terres vendues aux étrangers ;
- La multiplication des forages pour l'approvisionnement en
eau des projets maraichers ; - La construction de routes praticables pour
l'acheminement des récoltes.
Ces pistes repérées par les populations des
trois communes méritent réflexion pour faire de ce secteur phare,
qui occupe l'essentiel de la population, un levier de fortification et
d'enclenchement du secteur agricole.
Conclusion partielle :
Le secteur agricole de l'entente intercommunale de l'agropole
de l'ouest est sujet à de nombreuses contraintes. Face à cette
situation de plus en plus alarmante dans un contexte marquée par la
prise en compte de plus en plus du secteur agricole, trouver des
stratégies efficaces en cohérence étroite avec les
politiques publiques nationales de développement, la restructuration du
tissu économique du pays à travers la réhabilitation de
l'agriculture. De fait, les communes de l'entente doivent poser des actes forts
pour soutenir le secteur agricole de leurs communes.
69
Chapitre 2 : Les collectivités de
l'Entente, trois municipalités soucieuses du développement
agricole
Introduction partielle :
Les élus locaux des trois municipalités affichent
une grande volonté à l'ascension du secteur
agricole. Les politiques prioritaires d'émergences
élaborées par leurs programmes de développement affichent
un souhait croissant des collectivités de rendre le secteur agricole
performant et porteur de développement.
I- Une volonté affichée de promouvoir le
secteur agricole :
I-1- Une aspiration commune à la promotion du
secteur agricole par les communes de l'Entente :
Les trois communes de l'Entente intercommunale affiche chacune un
désir ardent de
promouvoir « l'ascension » du secteur agricole de
leurs collectivités. Cette aspiration à l'impulsion dudit secteur
se concrétise à travers l'adoption, par les collectivités
de l'Entente, d'actions prioritaires essentielles à l'impulsion du
secteur agricole.
a- Malicounda une commune soucieuse du
développement agricole :
Soucieuse d'une coordination de la politique locale à
celle nationale, notamment PSE, la
commune de Malicounda accorde une place importante au secteur
agricole aux travers d'initiatives de développement territoriale
soutenues dans son plan d'actions prioritaires. La commune se donne
d'entrée l'objectif d'assoir au niveau de l'axe 1 de
son plan de développement communal une valorisation du potentiel
de production et de transformation et amélioration de l'offre de
services. Cet objectif se décline en programme et objectifs mis
en parfaite harmonie dont les résultats escomptés contribueront
favorablement à l'émergence du secteur agricole.
La collectivité vise un programme d'appui à la
promotion des filières et chaines de valeurs axé sur
l'amélioration des productions et des revenus des producteurs. Ce
programme prévoit globalement un accroissement et une maîtrise des
productions filières ainsi que la valorisation des productions par la
maîtrise des chaines de valeur. Il permettra une insertion de plus en
plus croissante des jeunes et des femmes qui bénéficieront de
formations visant à améliorer leurs compétences agricoles.
À travers ce programme, la municipalité procèdera de fait
à des aménagements qui s'effectueront par des installations
nécessaires au développement des filières agricoles.
L'amélioration génétique du bétail de la
collectivité ainsi que l'accès aux soins pour les troupeaux sont
tout aussi pris en compte dans ce programme. Les installations
70
endigueront de fait la perte des cultures grâce aux
magasins de conservation construites et permettront leurs
commercialisations.
Cet axe vise un autre programme d'appui au financement des
activités agricoles. L'accès aux financements qui constitue un
problème soulevé par les populations pourra ainsi s'estomper par
la création de ligne de crédit agricole qui va assurer et
renforcer les acquis issus des retombés du premier programme.
b- Nguéniène, une collectivité
qui vise l'amélioration des conditions pour soutenir le secteur
agricole :
La commune de Nguéniène, identifiant le secteur
agricole comme un secteur porteur de développement, se lance dans une
mouvance de soutien aux activités agricole et la création d'un
cadre parfait l'accompagnant. La vision soutenue par la promotion des
secteurs productifs45 se décline en trois programmes
: un programme d'amélioration des secteurs productifs ; un programme
d'amélioration des activités de transformation et un programme de
renforcement des secteurs d'appui à la production (PDC
Nguéniène, 2021-2026).
Ces programmes visent plusieurs objectifs. Le soutien aux
activités agropastorales passe par l'accélération des
filières dans les secteurs primaires potentiels et l'impulsion
productivité de la filière animale. Cela passera par le
renforcement des espaces dédiés à la vaccination du
cheptel et la réhabilitation des «loumas»46 qui
soutiendra la commercialisation des productions.
La transformation des productions, qui est quasi nul dans la
commune, pourra ainsi connaître son apogée. La mise sur pied
d'unités de transformations des produits locaux qui se concentrent sur
la filière laitière, les produits halieutiques et les productions
agricoles donneront l'opportunité aux agriculteurs d'acquérir de
nouvelles compétences. En outre, la mise en oeuvre d'un cadre parfait
par le bitumage des routes facilitera les flux de productions, mais aussi
assouvira parallèlement les problèmes de déplacements des
populations.
45 Axe 1 de la vision : Nguéniène,
pôle économiquement attrayant, soutendu (sic) par une
équité sociale dans un cadre de bonne gouvernance.
46 Appellation de marché hebdomadaire
71
c- Sandiara, une commune à l'aune des
innovations du secteur agricole :
La commune de Sandiara fait partie des communes qui
s'inscrivent dans les dynamiques de restructuration du secteur agricole. Le
renforcement des systèmes de productions agricoles et pastoraux est
aussi une priorité des élites locales.
La modernisation des pratiques agricoles passe par un service
de réhabilitation des installations existantes, mais émergent
tout autant vers une amélioration génétique du
bétail. La dynamique de renforcement des infrastructures agricoles et
pastorales tend à se concrétiser dans la commune. Cette dynamique
procèdera à un aménagement des zones agricoles, la mise en
place d'unités de conservation et de transformations des produits
agricoles. L'accès aux financements qui se concrétise par
l'existence de ligne de crédit est aussi un point pris en
considération par les élus locaux.
La collectivité s'aligne aussi aux objectifs
d'industrialisation du secteur agricole. Les points identifiés comme
porteurs du développement, notamment avec l'implication du secteur
privé, s'identifient par la mise en place de Zones Économiques
Spéciales (ZES) et la création d'agropoles. Les
petites entreprises ne manquent pas à l'appel, car un service d'appui
à travers l'existence de fonds alloués aux PME/PMI
contribuera à leurs développements. Cependant, la
collectivité, pour éviter des entraves à ces objectifs,
opte en sus pour le renforcement du réseau routier qui se
présente comme un levier fondamental pour le flux des productions dans
une perspective d'industrialisation du secteur agricole.
Conclusion partielle :
Identifié comme porteur de développement, le
secteur agricole occupe dorénavant une place de choix dans la mise en
oeuvre de politiques publiques visant le développement. Les
autorités locales convergent ainsi leurs actions vers la propulsion de
ce secteur à travers sa restructuration. Néanmoins, pour une
concrétisation de ces points identifiés qui se heurtent au manque
de ressources financières par les collectivités, la mise à
contribution de l'État et de partenaires, notamment le secteur
privé, devient plus que nécessaire. Cette nouvelle tournure des
politiques agricoles vers l'insertion de nouveaux acteurs se concrétise
dans le territoire intercommunal par l'entame d'un projet agricole innovant
dénommé Agropole de l'Ouest.
72
Chapitre 3 : L'Agropole de l'Ouest, un projet agricole
innovant en appoint aux
initiatives de développement du secteur
agricole. Introduction partielle :
Situé en zone de terroir marquée par la
prédominance du secteur agricole représentant la
quasi-totalité des activités de la population, le territoire de
l'Entente intercommunale Malicounda-Nguéniène-Sandiara dispose de
nombreuses potentialités pouvant être paradigme pour la mise en
oeuvre d'une stratégie de développement dudit secteur.
Conscientes de ces enjeux et profitant de leur proximité
géographique, sociologique et culturelle ainsi que de la
disponibilité de terres pouvant faire l'objet d'un projet intercommunal,
les communes de Malicounda, Nguéniène et Sandiara décident
de créer un Agropole d'une superficie de mille cent soixante hectares
(1 160 ha). Les trois communes de Malicounda,
Nguéniène et Sandiara se sont engagées à mutualiser
leurs ressources pour une gestion durable de l'Agropole dans le but de
moderniser l'agriculture et l'élevage, de développer
l'agro-industrie, en vue d'accroitre et de diversifier la production
alimentaire47. Cette volonté commune appuyée par
une ardeur de rejoindre les desseins de la décentralisation en phase
avec le référentiel de l'acte 3 de la
décentralisation : le PSE, dont l'un des piliers vise
la transformation structurelle de l'économie du Sénégal
à travers des initiatives telles que la mise au point de projet
agro-industriel, les trois communes du département de Mbour
s'inscrivirent dans cette nouvelle initiative par l'élaboration et la
mise en oeuvre d'une Entente intercommunale pour créer
l'Agropole de l'Ouest.
I- L 'Agropole de l'Ouest, un projet porté par
une intercommunalité :
Au Sénégal, l'Acte III de la
décentralisation est adossé à la territorialisation des
politiques publiques qui induit la nécessité d'initier des
alternatives susceptibles de corriger les déficiences, et de produire
simultanément des progrès significatifs à l'échelle
nationale et locale48. La vision qui sous-tend la
territorialisation des politiques publiques est d'adapter les orientations
nationales et normes sectorielles aux spécificités des
territoires, afin d'assurer leur développement
endogène49. Les actions de coopérations doivent
prendre en considération les potentialités terriennes de chaque
circonscription afin d'asseoir un projet de développement.
47 Voir document : Projet de la charte sur
l'intercommunalité (Malicounda-Nguéniène-Sandiara), juin
2020
48 La territorialisation des politiques publiques au
Sénégal sur le site
https://taataan.sn/la-territorialisation-des-politiques-publique-au-sénégal/.
49 Territorialisation des politiques publiques : fiche
thématique consulté sur le site :
http://www.finances.gouv.sn/wp-content/uploads/2018/10/G014-020-Fiche-Territorialisation-des-politiques-publiques
BR.pdf.
73
Conscientes de cela, les communes de Malicounda,
Nguéniène et Sandiara pose un acte fort par une mise en place
d'une Entente intercommunale avec la grande ardeur de rejoindre les desseins du
gouvernement.
À travers le nouveau cadre de référence
des politiques de la gouvernance du président Sall : le
PSE50, l'État vise la création de
cinq (5) agropoles intégrés. En ce sens, les communes de
l'Entente intercommunale Malicounda-Nguéniène-Sandiara, initie
dans le cadre de leur coopération un projet agricole de grande envergure
dénommé Agropole de l'Ouest.
1- Descriptif du projet :
La coopération entre les communes de
Malicounda-Nguéniène-Sandiara affiche d'emblée un grand
attachement des élus locaux à faire du secteur agricole le moteur
du développement territorial dans cette zone.
Entreprise dans une atmosphère politique marquée
par le déploiement par l'Etat de nombreuses politiques publiques visant
l'émergence du Sénégal à travers le secteur
agricole, la coopération de l'Entente intercommunale de l'Agropole de
l'Ouest intègre la volonté étatique d'atteinte de la
sécurité alimentaire. Selon Martine
Diome51 cette intercommunalité a pour « but
d'accroitre la production alimentaire, augmenter l'emploi dans le secteur
agricole et offrir un service de soutien pour toutes les activités
agricoles ».
Sous la houlette du MIPMI52, le
projet Agropole de l'Ouest s'effectue sur l'emprise de la forêt
de Ballabougou d'une superficie de 1160ha
déclassée par décret n° 2020-468
du 13 février 2020. Ce projet vise de
manière significative un encrage aux desseins de la politique nationale
de développement du Sénégal. L'exploitation de la zone est
confiée à Agricultiva53 pour la mise
en oeuvre de l'Agropole.
a- Source de financement :
Les fonds alloués à l'opérationnalisation
du projet proviennent principalement d'un investissement à hauteur de
54 milliards de l'État du Sénégal faisant
suite à son programme de création d'agropoles
intégrés. En outre, le budget alloué à l'Entente
intercommunale a aussi pour but d'alimenter le compte du projet. Par ailleurs,
dans son élocution, le maire de Sandiara, informe sur l'existence d'une
source de financement d'un montant de 50 milliards attendu
du
50 Plan Sénégal Emergent
51 Troisième adjoint au maire de la commune de
Sandiara
52 Ministère des industries et des petites et
moyennes industries, elle est chargée de piloter les projets des
agropoles du Sénégal.
53 Filiale du groupe Mitrelli partenaire technique
pour la mise en oeuvre du projet/
74
secteur privé. Ce financement pourrait ainsi être
alloué par le groupe Mitrelli a qui les collectivités de
l'Entente ont confiés l'exploitation de la zone.
b- Objectifs du projet : Le projet de
l'Agropole ambitionne :
- Un accroissement significatif de la production alimentaire
en favorisant la conversion de la zone intercommunale en terres agricoles
productives,
- Une augmentation de l'emploi direct au sein de la
région dans le secteur de l'agriculture,
- La fourniture de services de soutien et de
post-récolte pour toutes les activités agricoles de la
région,
- Sa constitution en un exemple de solution globale pour le
développement agricole ayant un impact à long terme sur la
filière agriculture, le bien-être de la population et
l'amélioration des compétences agricoles de la jeunesse.
Le projet est structuré autour de quatre unités
essentielles : trois centres de développement agricole, six
fermes privées, un centre agro-industriel et une zone
d'élevage nomade.
c- Présentation des activités
prévues dans chaque unité de l'Agropole Chaque
unité de gestion de l'Agropole se structure autour d'activités
propres à chacune :
- Les centres de développement agricole
:
D'une superficie globale de 150 ha, les
centres seront répartis en aires de trois 50 ha au
profit de chaque commune, ces centres emploieront 300 jeunes
(100 pour chaque commune) qui seront à la fois
coopérateurs, employés et actionnaires. Ces domaines agricoles
seront constitués de centres de formations à la pointe de la
technologie avec l'apprentissage des modes d'horticulture et d'élevage
pour le grand bonheur de la jeunesse de la zone intercommunale. Les centres se
composeront :
- d'espaces de formations agricoles pour la formation des
jeunes - fermes de vaches laitières,
- fermes pour la production d'oeufs avec une capacité de
25000 poules pondeuses,
- des serres simples destinées à la culture de
légumes dans le sol,
- des centres de logistique locale servant de lieu de stockage
des besoins des centres en intrants. Ces centres comprendront aussi chacune
d'un garage pour les tracteurs ainsi que d'un atelier.
75
Schéma 6 : activités
constitutifs des centres de développement et de formations

centres de logistique s locales
serres simples
les centres de développemen t et
de formation
Espace de formation agricole
productions d'oeufs
vaches
laitères
Source: Document de
présentation de l'Agropole intercommunale ; conception A.M. GUEYE
2023
- Le domaine des six fermes privées :
Le domaine se substitue en terres agricoles réparties
en six (6) zones. Sur une étendue de 740 ha, la zone
des six fermes privées ou encore zone agrobusiness constituera le lieu
de profit de l'Agropole grâce aux redevances agricoles qui seront
tirées de l'attribution des terres à des particuliers ou
entreprises privées à travers un appel d'offre public. Le
périmètre de l'agrobusiness comportera deux (2)
exploitations agricoles privées de 250 ha chacune ainsi que
quatre (4) fermes privées dont 2 de 100 ha
chacune et 2 autres de 20 ha par ferme.
76
Schéma 7: Eléments
constitutifs du domaine des six fermes privées

zone d'élevage de vaches laitière
zone des six fermes privées
zone de cultures en plein champ de légumes
fermes laitières
zone de serres simples
Source : Document de
présentation de l'Agropole intercommunale ; conception A.M. GUEYE
2023
L'installation au sein de la surface agrobusiness est
accordée aux entreprises intervenant dans le secteur de l'agriculture,
l'élevage, l'aquaculture, de l'industrie alimentaire ou connexe à
ces secteurs54.
Au coeur des exploitations agricoles privées se
projette la mise en place d'une compagnie agro-industrielle de cultures
fourragères. Elle sera bâtie sur 250 ha et aura
pour missions :
- l'installation de ferme laitière concourant à
la production nationale de lait de qualité et quantité suffisante
sous certification de la CFS55 ;
- la mise en place de zones de cultures sous serres avec la
culture de légumes sous des équipements de haute performance et
un système de culture perfectionné,
- l'intronisation de vergers pour la production de fruits
tropicaux tels que les mangues et les papayes,
- l'implantation d'une zone consacrée à la
production et au fourrage pour les troupeaux de vaches laitières.
54 Voir document de présentation des
critères d'éligibilités et conditions d'installation au
sein de la zone agrobusiness.
55 Compagnie Agro-industrielle de cultures
fourragères
77
- Le centre agroindustriel
Prévue sur une aire de 20 ha, la zone
agro-industrielle viendra en appoint au domaine des six fermes agricoles
privées. Le centre offrira un service d'approvisionnement et de services
nécessaires à toute la chaine de valeur agricole du domaine.
L'adhésion au centre suit de fait les mêmes critères
prévus pour l'installation au sein de l'agrobusiness et participera
notablement au bon fonctionnement des fermes privées.
Schéma 8 : Eléments
constitutifs de la zone agroindustriel

eau et infrastructur
es
entrepot frigorifique
centre agroindustriel
centre de collecte de lait
fournitu re
d'intrant
s
usine et
aprovision
nement en aliments pour le bétail
commer cialisatio n des produits
Source : document
présentation de l'Agropole intercommunale ; conception A.M. GUEYE
2023
- La zone d'élevage nomade
Cette dernière unité de l'Agropole avec une
superficie de 250 ha est appelée à concentrer
toutes les associations d'éleveurs de la zone intercommunale. Des
services d'accompagnement (lieu d'abreuvement, service
vétérinaire, local pour le stockage du foin et des vaccins,
espace ombragé, etc.) seront mis à la disposition des exploitants
de la zone en vue de leur offrir un cadre propice à l'élevage.
78
Schéma 9 : Eléments constitutifs de
la zone nomade d'élevage

lieux de vaccinat ion
zone nomade d'élevag
approvi sionnem ent en aliments
approvi sionnem ent en
eau
e
clinique de santé
Source : document de
présentation de l'Agropole intercommunale ; conception A.M. GUEYE
2023
d- La gestion du projet
Les communes de l'entente de l'Agropole de l'Ouest ont pris
d'un commun accord la création d'une société anonyme pour
la gestion de l'Agropole. La société sera ainsi détenue
par les communes qui seront actionnaires à hauteur 30%
chacune et les 10% des actions restantes reviendront
à l'État du Sénégal.
Par ailleurs, les trois municipalités se chargeront du
recrutement d'experts dans les domaines de gestion de projet agricole qui
constitueront le corps administratif de la future société. Ce
corps constitué travaillera en parfaite harmonie avec les communes de
Malicounda-Nguéniène-Sandiara en vue de fournir des ressources
financières considérables qui seront réparties
équitablement sous forme de dividende entre les trois
municipalités.
Conclusion partielle :
Le projet de l'Agropole ambitionne de convertir la zone
intercommunale en un territoire viable soutenu par le secteur agricole. Cette
initiative en gestation qui pose les jalons de sa concrétisation
à travers la pose de la première pierre de l'Agropole le
4 août 2022, laisse entrevoir un attachement fort des trois
communes au développement territorial à travers l'agriculture et
l'élevage. Ainsi, il sied de faire une étude approfondie du
projet, de la phase de vulgarisation à son élaboration pour en
faire ressortir les impacts potentiels.
79
Troisième partie : De l'entame à la
finalisation, quelle analyse faire du projet de l'Agropole de l'Ouest ?
80
Introduction :
L'euphorie crée par les lois de décentralisation
mettant à contribution le niveau local dans la gestion des affaires
publiques a conduit certaines collectivités à user des
prérogatives leurs étant données pour mettre en oeuvre des
projets concourant au développement de leurs localités.
Conçus, dans une optique de propulser l'économie de leurs
municipalités et agir pour le bien-être des populations, les
projets entreprises par les élus semblent néanmoins
répondre à certaines convictions subjectives de ces derniers.
Ceci s'explique par la non-implication, pour ne pas dire la
non-considération de toutes les parties prenantes au projet. Le projet
de l'Agropole de l'Ouest paraît ainsi aller dans ce sens au vu de
nombreuses failles constatées de la phase de vulgarisation à
celle de l'approbation du projet. En dépit des failles
identifiées, le projet de l'Agropole de l'Ouest pourrait se constituer
en paradigme nouveau, d'autant plus qu'elle profite du soutien de l'État
et de partenaires privés pour la mise en exécution des travaux.
Cependant, les questions à se poser demeurent celles de : comment s'est
développé le projet ? Que vise réellement le projet ?
Quels en seront ses impacts ?
Face à de tels questionnements pouvant trouver une
élucidation à travers une étude minutieuse du projet de
l'entame à la phase d'élaboration, cette ultime partie aura pour
but de faire l'analyse du projet pour tenter de donner des réponses
à ces questionnements.
81
Chapitre 1 : Une phase de vulgarisation parsemée
de manquements.
Introduction partielle:
L'élaboration d'un projet de territoire est une
occasion d'associer étroitement les habitants
aux choix d'aménagement et de développement,
à la mise en oeuvre de l'évaluation des programmes d'actions
correspondants, notamment en s'appuyant sur la mise en place de conseils de
développement regroupant l'ensemble des forces vives de la
population56. Elle est ainsi un moment de promotion de la
participation citoyenne en vue de donner au projet une réussite future
à travers son appropriation par les habitants de la commune. Cependant,
l'applicabilité de la consultation et l'association citoyenne demeure un
champ encore peu exploité par les autorités dans la mise en
oeuvre d'un projet de développement. En outre, au-delà de
l'implication de la population, la mise à contribution de toutes les
parties prenantes au bon déroulement du projet, particulièrement
les services déconcentrés, doit être favorisée pour
éviter certaines dérives du projet.
I- La mise en oeuvre du projet, une phase amplement
ratée
L'élaboration d'un projet repose sur certaines conditions
devant être respecté de l'entame à
l'achèvement de l'initiative. La non-implication des
parties prenantes au cours de la phase de vulgarisation compromet ainsi sa
compréhension, mais aussi son approbation par les populations
concernées.
1- Un projet faiblement porté au niveau des partis
concernés :
L'exercice du droit de participation des populations est
facilité par l'association de ces derniers
dans les différents cadres de concertation
instaurés au cours de la phase d'élaboration du projet. Le taux
de prise de connaissance d'un projet par les habitants des territoires
impliqués est tributaire des actions menées par les
autorités pour en informer les populations.
Tableau 11: Données issues des
réponses des populations sur la prise de connaissance de
l'intercommunalité
Réponses Fréquence Pourcentage
oui
|
82
|
52,6
|
non
|
74
|
47,4
|
Total
|
156
|
100
|
Source : Enquête de
terrain Anne Marie Gueye 2022
56 Gérard Logié :
l'intercommunalité au service du projet de territoire, 302 pages
82
Le tableau 11, conçu sur la base des
données obtenues au cours de nos enquêtes de terrain,
représente la fréquence de réponses collectées
auprès des populations sur la prise de connaissance de la
coopération entre les trois municipalités. Sur un
échantillon de 156 chefs de famille, 82
de ces derniers, soit un pourcentage de de
52,6%, affirment avoir pris connaissance de la
coopération entre les communes de Malicounda,
Nguéniène et Sandiara contre 74
enquêtés d'un coefficient de 47,4%
n'ayant pas eu accès à l'information. Cet intervalle peu
significatif (5,2%) sur les degrés de prise de
connaissance du projet nous pousse au questionnement sur le rôle des
collectivités territoriales de l'Entente dans la prise d'information du
projet par les populations ?
Selon Paul Diouf 57 « le maire de
Sandiara à l'habitude de convoquer les chefs de villages pour les tenir
informé des projets de la commune »58. Ainsi, le
chef de village de Ndioukh Fissel affirme avoir reçu l'information des
suites d'une convocation en réunion entre la mairie et les chefs de
village de la commune de Sandiara en vue de les informer sur les liens de
coopération entre les trois communes en vue de la réduction du
chômage, et de la possibilité pour les populations de profiter des
projets de l'Agropole . Momar
Cissé59corrobore les propos recueillis auprès
du guide de Ndioukh Fissel.
Encadré 5 : Entretien avec Momar
Cissé, Chef de village de Mbourokh le 9 décembre 2022 à
13h 47mn
Le chef de village de Mbourokh affirme la tenue de
journées de consultation organisées par la commune en vue de
partager le projet de l'Agropole avec la population ainsi que l'explication des
objectifs et solutions qu'apportera le projet. Ainsi, selon Momar Cissé
cette rencontre entre la mairie et les populations a été aussi
l'occasion pour les élus de poser les jalons de la construction d'une
école de formation agricole au sein du village.
Cependant, la prise de connaissance affirmée du projet,
grâce à la ferme et ardente volonté des élues au
respect du droit à l'information des habitants dissimule une
vérité tout autre.
En réalité, l'enquête auprès des
habitants des trois communes de l'Entente ne permet pas d'assurer avec
véhémence l'attachement ardent des représentants locaux au
recours à des
57 Chef de village de Ndioukh Fissel
58 Extrait du discours de Paul Diouf au cours notre
entretien le 5 décembre 2022 à son domicile sis au village de
Ndioukh Fissel
59 Chef de village de Mbourokh
83
moyens d'informations adéquates auprès des
populations ainsi qu'au respect du degré d'implication de ces derniers
à tous les niveaux.
Graphique 10 : Moyen de prise de connaissance
de la coopération de l'Agropole de l'Ouest
120 100 80 60 40 20
0
|
|
|
|
JOURNEES PUBLIQUES
|
RADIO
|
AUTRES
|
TOTAL
|
FREQUENCE
|
22
|
14
|
46
|
82
|
POURCENTAGE
|
17
|
27
|
56
|
100
|
FREQUENCE POURCENTAGE
Source : enquête de
terrain Anne Marie Guèye 2022
S'appuyant sur les informations du graphique
10, nous portons l'affirmation selon laquelle le projet de
l'intercommunalité n'a été relayé de façon
convenable et approprié. En dépit des efforts consentis par les
élus locaux pour une prise de connaissance du projet par la population,
la mise à contribution demeure insuffisante.
De fait, 22 des enquêtés
informés de la coopération, représentant un taux de
17% confirment la tenue de journées publiques
d'information organisées par les municipalités au cours
desquelles ils ont connu le projet. En outre, sur les 82 ayant
pris connaissance du projet, 46 personnes (56%)
affirment l'avoir connu par d'autres moyens, notamment à
travers des discussions entre habitants et 14 autres, soit
27% autres par le concours de la radio.
Ceci se constitue de plus en entrave à l'atteinte d'un
degré de compréhension aiguisé des fondements du projet
par les populations.
84
Graphique 11 : Savez-vous les fondements
de la coopération intercommunale ?

68%
32%
OUI NON
Source : enquête de
terrain Anne Marie Gueye 2022
Les éléments du graphique 11
prouvent que le faible portage du projet auprès des populations
se répercute sur l'assimilation du projet par les habitants. Bien vrai
que certains pensent connaitre les objectifs déclinés par le
projet (32%), la plus grande partie de ce groupe (68%)
ne parvient pas à décliner la vocation du projet.
Ainsi, selon Pierre Ngom60 la
consultation devrait être faite à tous les niveaux du projet pour
ainsi permettre aux acteurs intervenant dans la gestion territoriale
d'être informés convenablement à toutes les étapes
pour promouvoir son expansion auprès des populations.
ENCADRE 6 : Entretien avec Pierre Ngom chef de
village de ROFF le 14 décembre 2022 11h 47mn
Au cours de l'entretien, Monsieur Ngom affirme avoir
été au tout début de la phase d'élaboration du
projet convié à une réunion qui s'est tenue dans la
commune de Sandiara. Cependant, outre cette rencontre, le sieur n'a plus eu
l'occasion d'être associé aux processus de mise en oeuvre du
projet. Ainsi, il trouve évident que les habitants n'aient pas
connaissance du projet, car même ceux qui sont chargés de les en
informer n'ont pas toutes les informations à communiquer.
60 Chef de village de Roff dans la commune doit
Malicounda
85
L'implication ne saurait être limitée au niveau
des populations seulement, mais aussi auprès de tous les services
techniques concernés et nécessaires au bon déroulement du
projet. Une autre faille sera révélée à ce
niveau.
En effet, nous avions effectué une visite au service
départemental de l'élevage de Mbour le 19 décembre
2022 en vue de rencontrer l'inspecteur Dia61.
N'étant pas sur les lieux, nous avons eu l'occasion d'entretenir une
communication téléphonique avec ce dernier le 21
décembre 2022 à 11h 49mn, entretien
durant laquelle l'inspecteur Dia affirme n'avoir aucune information concernant
le projet.
La prise en compte de ces lacunes par les élus
intercommunaux constituerait ainsi un tournant décisif dans la
réussite du projet.
2- La forêt de Ballabougou, une zone vitale
déclassée sans consensus et implication des partis
concernés
Les communes de la zone intercommunale font face à une
longue histoire liée à l'accaparement des terres par les pouvoirs
locaux au profit d'entreprises privées. Ce bradage des terres s'est
poursuivi durant les différents magistères passant par l'octroi
de terres à des privées qui pour l'essentiel sont des
étrangers au déclassement de zone initialement classée en
vue de la préservation des écosystèmes. Un autre type
d'affectation du foncier rural à travers des affectations à des
nationaux ne résidant pas dans ces zones est un tout autre
problème noté au cours du magistère du président
Wade. Ce type d'affections concerne des privés nationaux qui
appartiennent à l'élite politique, religieuse, militaire,
etc. ou qui font partie de la clientèle du parti politique au
pouvoir (Faye et al, 2011)62. Ce
phénomène n'a pas tardé à être
souligné par le chef de village de Nguéniène peulh
fustigeant les projets issus de la GOANA qui ont
contribué à l'arrachement des terres aux populations pour le
compte des promoteurs et de certains fonctionnaires, à savoir les
colonels pour initier des projets pour le bonheur de ces derniers. Face
à cet accaparement accru de terres dénoncé par la plupart
des populations du territoire intercommunale le déclassement de la
forêt de Ballabougou, régulateur social entre pasteurs et
agriculteurs du territoire, constituera une nouvelle menace pour le
pastoralisme.
61 Chargé de la direction du service
départemental de l'élevage de Mbour
62 FAYE I.M., BENKAHLA A., TOURE O., SECK S.M., BA
C.O., 2011, Les acquisitions des terres à grande échelle au
Sénégal : description d'un nouveau phénomène,
Initiative Prospective Agricole et Rurale, 45 pages
86
a- Quelle étude faire de la forêt de
Ballabougou
Important domaine de subsistance pour le bétail des
populations du département de Mbour, la
forêt de Ballabougou située aux limites
partagées entre les trois communes de l'entente de l'Agropole de l'Ouest
est un lieu bien connu par les populations de ces territoires.
Tableau 12 : Connaissez-vous la forêt de
Ballabougou ?
Réponses Fréquence pourcentage
Oui
|
133
|
86,26%
|
Non
|
23
|
14,74%
|
total
|
156
|
100%
|
Source : Enquête de
terrain Anne Marie Guèye 2022
La forêt de Ballabougou est un lieu bien connu par les
populations du territoire intercommunal. En effet, 133 chefs
de famille (86,26%) connaissent la zone contre 23
autres (14,74%) des pères de famille
enquêtés ne la connaissant pas. Cependant, la connaissance de la
zone par ces habitants n'entraine pas nécessairement pour ces derniers
l'exploitation de la zone. En dépit de leurs proximités
géographiques avec la forêt, les habitants des villages
ciblés au cours de notre enquête de terrain ne trouvent pas pour
l'essentiel le besoin d'exploitation de la forêt.
Graphique 12 : Exploitiez-vous la
forêt de Ballabougou ?

74%
26%
oui
non
Source : Enquête de
terrain Anne Marie Guèye 2022
L'analyse du graphique 12 prouve la faible
exploitation de la forêt par les villages environnants. Un seuil de
26% des habitants exploitait la zone contre 74%
ne l'exploitant pas.
87
L'exploitation menée par cette marge est liés
pour l'essentiel à des activités liées à
l'élevage ainsi qu'au besoin d'approvisionnement en bois ou paille pour
le bétail domestique.
Tableau 13 : Si oui, quel type d'exploitation
?
Valeurs Fréquence Pourcentage
Zone de pâturage
|
25
|
60,97
|
Approvisionnement en bois et paille
|
12
|
29,27
|
Pratiques culturales
|
4
|
9,76
|
Total
|
41
|
100
|
Source : Enquête de
terrain Anne Marie Guèye 2022
La nature des rapports entretenus avec la forêt
révèle que sur un total de 41 chefs de familles
ayant exploité la zone, un pourcentage de 60,97%
d'entre eux trouvait en cette forêt un lieu de pâturage
pour leurs bétails contre 29,27 pour
l'approvisionnement en bois et paille et 9,76% pour des
besoins de pratiques culturales. Cette situation s'explique par le fait que la
forêt fut un lieu à vocation pastorale. En effet, elle est
décrite par les habitants de la zone comme un lieu de pâturage
pour l'ensemble des éleveurs du département de Mbour ainsi que
des départements environnants. Ainsi, nous sommes tentés de nous
demander si la faible exploitation de la forêt par les villages
environnants ne s'expliquerait-elle pas par une pratique encore timide de
l'élevage par ces villageois ?
Graphique 13 : Quel type
d'activité agricole pratiquez-vous ?

AGRICULTURE ET MARAICHAGE
|
Agriculture
|
Elevage
|
Agriculture et maraichage
|
agriculture et elevage
|
effectifs
|
59
|
22
|
23
|
52
|
AGRICULTURE ET ELEVAGE
AG
CULTURE
ELEVAGE
0 10 20 30 40 50 60 70
22
23
52
59
Source :
Enquête de terrain Anne Marie Guèye 2022
88
La timidité de la pratique de l'élevage dans les
villages ciblés au cours de nos enquêtes explique ainsi la faible
exploitation de la forêt par ces derniers (voir graphique
12). Le ciblage de ces villages a été fait par rapport
à leurs proximités avec la zone Agropole, mais on note que la
forêt de Ballabougou n'était pas sujette à des usages
exclusivement réservés aux habitants de ses villages, mais que
son rayon de polarisation s'étendait à l'échelle
départementale. C'est ainsi que son déclassement enclenchera de
vives mouvements de contestations quant à l'importance qu'elle avait
pour le pastoralisme de l'ensemble de la région.
Graphique 14 : Le choix du site avait-il
suscité des mouvements de contestations ?

Fréquence
150
0
6
Non
NE sais pas
160
140
120
100
80
60
40
20
0
OUI
150
0 6
Source : Enquête de
terrain Anne Marie Guèye 2022
L'examen du graphique 14 conforte
l'allégation introduite selon laquelle le déclassement de la
forêt constitue une nouvelle menace pour l'élevage de la zone. Les
réponses obtenues ayant concouru à la réalisation du
graphique ci-dessus, prouvent l'existence de mouvements d'humeur contre le
déclassement de la forêt de Ballabougou. Ces contestations ont
été menées selon les populations par les éleveurs,
car la forêt constitue leur seul lieu de pâturage dû au
manque ardu d'espaces de pâturages. Une telle opposition des populations
au déclassement de la forêt incite un questionnement sur la
qualité de la gouvernance forestière dans la zone.
La participation citoyenne est tout aussi recourue dans les
questions concernant le domaine forestier. De fait, une bonne gouvernance
dans le secteur forestier se caractérise principalement par le respect
de la primauté du droit, des mécanismes transparents de prise de
décisions, une corruption limitée, la prise en compte des avis de
toutes les parties prenantes, un cadre règlementaire non abusif, un
appareil exécutif comptable de ses actions, et une société
civile forte qui participe à la gestion du secteur et aux affaires
publiques en général, et
89
qui respecte la loi63. Ainsi, elle doit,
avec implication de tous les acteurs territoriaux, veiller à la gestion
durable des ressources forestières pour assurer un cadre de vie
favorable aux populations qui en tirent profit.
Graphique 15 : Aviez-vous été
impliqués dans le choix du site d'implantation de l'Agropole
?

OUI NON
94%
6%
Source : Enquête de
terrain Anne Marie Guèye 2022
Nous référant aux informations fournies par le
graphique 15, on note une faible implication des populations
dans le processus de choix de la forêt de Ballabougou comme lieu
d'implantation du futur Agropole. Ceci induit forcément à
l'existence d'un fort taux de non-implication, soit 96% contre
6% de chefs de ménages impliqués. Cependant,
cette implication notée n'a été qu'à titre
informatif, car selon cette proportion de personnes impliquées, elle
s'est faite à travers des journées d'informations sur
l'élaboration d'un projet au sein de ladite forêt. Ainsi, si la
question de l'implication citoyenne soulevée dans notre étude
s'avérait participative, l'existence de contestations n'aurait
certainement pas constitué un point négatif dans le processus de
vulgarisation du projet.
Dans le rapport de présentation du
décret64, portant déclassement d'une superficie de la
forêt classée de Ballabougou au profit de l'Entente intercommunale
Malicounda, Nguéniène et Sandiara, il est
décrété en l'article 2 que l'entente
réalise une étude d'impact environnemental et social au regard de
la forêt classée de Ballabougou et prend en charge le financement
du plan
63 Analyse de la gouvernance forestière au
Sénégal : Etude commandité par Initiative Prospective
Agricole et Rural.
64 Rapport publié dans le journal officiel de
la République par le ministère de l'Environnement et du
développement durable du Sénégal le 17 mars 2020
durable.
90
de gestion environnemental et social. Ainsi, par cet article,
la réalisation de l'étude environnementale et sociale est ainsi
requise dans la phase concernant la faisabilité du projet, donc avant
toute prise de décision et d'adoption du projet. Le document de
présentation65 de la séance du 05 mai 2021
tenu à Thiès avait pour but
d'identifier des objectifs attendues de l'étude d'impact environnemental
et social, mais ne décline pas les enjeux liés à
l'établissement du projet de l'Agropole. En sus, les allégations
du capitaine Bineta Ndiaye66 laissent penser que le
projet, malgré ses objectifs déclinés, montre
d'emblée d'énormes limites quant à la prise en
considération des effets du projet sur l'environnement.
En dépit des recommandations émises par le
ministère de l'Environnement et du développement durable, on note
l'approbation du projet ainsi que l'exécution des travaux de
réalisation de l'Agropole. La cérémonie de pose de la
première pierre de l'Agropole, tenue le 04 août 2022
à Ballabougou, marque le début d'un projet de grande
envergure sans la présentation au préalable de l'étude
d'impact environnemental et social déclinant son incidence sur la
biodiversité de la zone ainsi que sur la vie des populations.
ENCADRE 7 : Entretien avec Bineta Ndiaye :
Capitaine du service des Eaux et Forêt de Mbour le 19 décembre
2022
Au cours de cet entretien réalisé dans les
locaux du service des Eaux et forêts de Mbour, la capitaine Bineta Ndiaye
nous révèle n'avoir pas connaissance des suites du projet de
l'Agropole depuis son déclassement. De fait, elle dit n'avoir eu
connaissance de l'entame d'une étude d'impacts environnementale et
sociale, car n'ayant pas reçu l'information sur la réalisation de
celle-ci.
Conclusion partielle :
Le consensus doit être recherché dans toute
initiative visant la mise en oeuvre d'un projet de
territoire. Ceci nécessite
l'implication de toutes les entités nécessaires au bon
déroulement du projet. Malheureusement, ce terrain demeure encore peu
exploité par les élites locales quant à la mise en oeuvre
d'un projet de développement territoriale. L'option d'une gestion
politique à laquelle ont recours les élues porte souvent les
projets vers une direction pas clairement déclinée, porteurs de
nombreux enjeux.
65 Document de présentation des objectifs de
l'étude environnementale et sociale du projet agropole de l'entente
intercommunale de Sandiara, Malicounda et Ngueniene.
66 Cheffe du service des Eaux et forêts de
Mbour
91
Chapitre 2 : Analyse des impacts positifs induits par
le projet de l'Agropole de l'Ouest.
Introduction partielle :
La mise en oeuvre d'un projet est souvent porteuses de nombreux
enjeux. Le projet de
l'Agropole de l'Ouest n'échappe pas à cette
règle. Le projet évolue dans un cadre parfait pouvant faciliter
les flux commerciaux avec les travaux d'extension de l'autoroute à
péage dans la zone, la proximité avec le port de Ndayane mais
aussi l'approvisionnement en eaux permis par les aquifères et en
électricité avec la nouvelle centrale électrique de
Malicounda. Grâce à ses activités et aménagements
attendues, l'Agropole de l'Ouest pourrait impacter positivement le secteur
économique, la production agricole, mais aussi les conditions de vie et
du savoir-faire des populations.
I- Impacts induits par les activités du projet
de l'Agropole de l'Ouest
a- Impacts des activités des trois centres de
formation et de développement : Les activités
attendues au niveau des trois centres de formation et de
développement
participeront à la création d'emploi
décent par la mise en fonction de plus de 600 personnes qui percevront
environ 2 millions d'euros par an67. En outre, elles permettront
l'acquisition de nouvelles compétences agricoles par les jeunes du
territoire intercommunal à travers une formation qualifiante en classe
et sur le terrain. Cette formation pourra non seulement faciliter la mise en
place par les jeunes de leurs propres exploitations agricoles, mais aussi
accentuer la pratique de l'horticulture qui demeure une filière
faiblement exploitée par les populations. L'élevage de 500 brebis
Ladoum au sein de cet espace avec une estimation de vente à hauteur 1000
têtes par an contribuerait à l'atteinte progressive de
l'autosuffisance en viande mais aussi en moutons pour la fête de la
Tabaski.
b- Impacts des activités de la zone nomade
La zone nomade s'étendant sur une aire de 250 ha aura
aussi un impact considérable sur le
sous-secteur de l'élevage de la zone. À travers
le regroupement du bétail des éleveurs du territoire
intercommunal, passant par la sédentarisation des troupeaux au sein de
l'espace aménagé et la mise à disposition de tous les
besoins en élevage : lieu de vaccination, de fourrage, de paille,
d'abreuvoirs, d'espaces ombragés et de cultures fourragères, la
zone de bétail participera à l'atténuation du conflit
entre berger et agriculteurs lié à la divagation du
67 EES DU PROJET AGROPOLE DE L'ENTENTE
INTERCOMMUNALE DE SANDIARA, MALICOUNDA & NGUENIENE AGROPOLE DE L'OUEST.
92
bétail. En outre, l'offre de semences
d'amélioration génétique permettra l'amélioration
des races du cheptel de la zone et augmentera la production de lait et de
viande du bétail.
c- Impacts des activités du centre
agro-industriel
Le centre agro-industriel s'érigerait en aubaine pour
le secteur agricole de la zone. Le centre pourra ainsi permettre l'augmentation
de la production agricole des populations par l'offre de services agricole,
notamment la mise en vente d'intrants et d'extrants tels que l'engrais, les
semences de qualité, des pesticides pour la protection des
récoltes, d'aliments pour les animaux, mais aussi la mise en location de
tracteurs et de matériels agricoles qui s'érigeait en
véritable problème pour accroissement du rendement agricole des
ruraux. À l'amélioration attendue de la production, le centre
permettra le développement de la production avicole avec un domaine
destiné à l'élevage de poules pondeuses, mais aussi la
facilitation du stockage et de la commercialisation des productions allant de
l'emballage des récoltes en passant par leurs entreposages frigorifiques
jusqu'à leurs commercialisations au niveau du marché. Ce centre
constituera aussi une importante source de revenu pour l'Agropole s'estimant
à 5 milliards de chiffres d'affaires68. A la pointe de la
technologie, le centre offrira non seulement un cadre parfait aux entreprises
agro-industrielles et à la population, mais aussi contribuera à
l'amélioration des savoirs faire à travers une formation agricole
et d'élevage des poules pondeuses.
d- Impacts des activités du domaine des six
fermes privées
Le domaine des six fermes privées et ultra-modernes,
encore appelé zone agrobusiness, se constituera comme lieu pourvoyeur de
fonds à l'Agropole. Les conditions d'installations dans le
périmètre de la zone agrobusiness stipulant : le paiement de
droits d'entrée à hauteur d'un million (1 000 000) de francs CFA
par hectare, payables une seule fois, paiement d'une redevance agricole de 500
000 francs CFA par ha et par an, engagement de démarrage du projet au
plus tard six (6) mois après l'octroi du terrain69, feront de
la zone un véritable capteur de ressources financière
améliorant significativement le revenu des trois communes de l'Entente.
La zone participera également à la création d'emplois
grâce à l'incitation de création d'au moins 10 emplois par
ha et d'un accueil d'au moins 10 stagiaires venant des lycées
agricoles70. La prise en compte des enjeux sociaux et
environnementaux qui sont stipulés comme critère
68 Voir document de présentation de l'Agropole
intercommunal
69 Voir les conditions d'installation dans la zone
agricole dans le document portant sur les critères
d'éligibilité et d'installation dans la zone
70 Critère d'éligibilité des
investisseurs dans la zone agrobusiness
d'installation dans ladite zone avec la
RSE71 pourront cependant constituer un facteur
limitant des impacts potentiellement négatifs des activités de
ces entreprises sur les populations, mais aussi sur le cadre environnemental.
Les activités attendues dans la zone participeront singulièrement
à l'augmentation de la production des filières retenues par le
projet.
La compagnie agro-industrielle contribuera aussi aux objectifs
d'atteinte de la souveraineté alimentaire par le développement
des filières prioritaires retenues. La compagnie, par la priorisation de
la filière laitière et horticole, consentira à une
production de 10000 litres de lait par jour issue de vaches à haut
rendement avec une alimentation uniquement par RTM72 ; à
l'augmentation de la production horticole par la culture de légumes sous
serres, une culture de melons en plein air destinée à
l'exportation et à la création de zone de vergers accroissant la
production de fruits tropicaux.
L'installation d'une usine de transformation du lait au sein
de l'exploitation permettra un traitement approprié du lait ainsi que la
production de produits dérivés du lait tels que le lait en
poudre, le yaourt, le lait concentré et d'autres produits laitier. Cette
capacité de production et de transformation du lait participera
grandement à la réduction de la facture laitière du
pays.
II- Impacts potentiellement positifs induits par les
installations et infrastructures
du projet
L'aménagement de l'Agropole devra répondre
à la mise en oeuvre de nombreuses infrastructures. L'enclavement de la
zone Agropole et la non-existence de routes bitumées se constituerait en
mauvais souvenir grâce aux installations issues de l'Agropole. Les voies
de raccordements à la route nationale prévues dans le but de
faciliter les flux engendrés par les activités de l'Agropole
participeront à l'assouvissement du problème de
déplacement des populations. En outre, ces installations pourront tout
aussi pallier le déficit d'approvisionnement en eau ainsi que
l'électrification des villages environnants.
93
71 Responsabilité Sociétale des
Entreprises
72 Ration Totalement Mélangée
94
ENCADRE 8: Entretien avec Martine Diome
troisième adjointe au maire de Sandiara et membre du conseil de
l'entente intercommunal le 05 décembre 2022 à 11h 49mn à
la mairie de Sandiara
Au cours de cet entretien, madame Martine Diome nous informe
de la mise en place de VRD (voiries et réseaux divers)
par le projet. Cependant, à elle de spécifier qu'une
décision de ne pas clôturer la zone a été prise pour
éviter son enclavement, mais aussi de permettre aux villages
environnants de profiter des installations. Ainsi, selon la troisième
adjointe au maire, les populations riveraines pourront s'approvisionner en eaux
grâce aux aménagements de l'Agropole.
Outre les retombés issus des aménagements
recourus par le projet, l'espérance d'une participation des
investisseurs privés au développement d'infrastructures et de
services sociaux de base dans l'optique de la responsabilité
sociétale des entreprises peut tout aussi être nourrie.
Conclusion partielle :
Le projet Agropole de l'Ouest de par sa conception prévoit
une innovation majeure du secteur
agricole dans la zone intercommunale, mais aussi au niveau
régional. À travers les différentes filières
ciblées, la zone de transformation agro-industrielle du territoire
intercommunal impactera positivement les sous-secteurs de l'agriculture et
l'élevage, mais participera aussi à un accroissement significatif
des revenus des populations ainsi que ceux des municipalités de
l'entente. En outre, les installations et aménagements, pourront tout
aussi influer indubitablement à l'amélioration du cadre de vie
des villages environnants. Nonobstant, le projet est tout aussi sujet à
certains points négatifs qui méritent d'être
soulevés dans cette étude.
95
Chapitre 3 : Analyse des impacts négatifs
induits par le projet de l'Agropole de
l'Ouest :
Introduction partielle :
Tout comme l'analyse des activités retenues par le projet
puisse impacter positivement
l'économie et les sous-secteurs agricoles
ciblés, une tout autre analyse démontre une forte
probabilité d'engendrement d'effets négatifs. Dans un contexte
marqué par une croissance accrue de la perte de zones pastorales
causées pour l'essentiel par un accaparement accrue du foncier rural, le
déclassement de la surface forestière de Ballabougou vient ainsi
accroître le problème lié à la perte des zones
pastorales. En outre, les activités attendues du projet peuvent tout
aussi être un moyen de dégradation du cadre environnementale mais
surtout effriter les problèmes rencontrés par l'agriculture
familiale.
I- Impacts négatifs liés au
déclassement de la forêt et aux activités
de
l'Agropole :
Les procédés de classement et déclassement
d'une forêt sont ainsi établies selon des dispositifs
prévus par la loi 2018-25 du 12 novembre
201873. En sa section 5 intitulée
Du classement et du déclassement, la loi instaure en
l'article 27 de cette section que « Le
déclassement d'une forêt ou d'une terre à vocation
forestière ne peut intervenir que pour un motif d'intérêt
général ou de transfert des responsabilités de
l'État en matière de gestion forestière au profit d'une
collectivité territoriale qui garantit la pérennité de la
forêt ». Dans un contexte de désertification accrue
conduisant à la perte de l'écosystème dû aux effets
du changement climatiques et à un déficit flagrant de lieux de
pâturage au sein des villages de Malicounda, Nguéniène et
Sandiara, quels impacts engendreront le déclassement de la forêt
de Ballabougou ?
a- Une intensification de la perte des zones
pastorales
L'importance affichée de la forêt dans le secteur de
l'élevage est grandement démontrée grâce
aux réponses fournies par les populations des villages
environnants. La zone est décrite par l'ensemble des chefs de
ménages comme un important lieu de pâturage servant non seulement
de lieu de subsistance pour le bétail, mais aussi constitue un important
lieu de transhumance d'éleveurs des départements environnants en
période hivernale. De fait, la forêt participait de manière
significative à l'atténuation des conflits entre agriculteurs et
éleveurs.
73 Loi portant nouveau code forestier adopté
sous le régime du président de la République Macky SALL
96
Les aléas climatiques et les dégâts
engendrés ne laissent pas en rade la zone de l'entente. La perte des
forêts proches des lieux de pâturage proche des habitations a
été un problème tout autant soulevé par les
populations.

Image 15 et 16 : paysage forestier à
Mbourokh et à Ndollor

Source : clichée Anne
Marie Guèye prise le 9 Décembre 2022 à 13h 44mn
Source : clichée
Anne Marie Guèye prise le 7 Décembre 2022 à 12
42mn
97
Image 17 : paysage forestier à Guedj
Maad

Source : clichée Anne
Marie Guèye prise le 15 Décembre2022 à 11h28mn
Outre les conséquences des aléas climatiques,
les effets induits par l'octroi des terres constituant d'anciennes zones de
pâture viennent emboiter le pas. Différents mouvements de
contestations faisant suite à des délibérations de terres
au profit de multinationales ont été répertoriés
dans la zone. Des conflits fonciers ont été notés dans
certains villages des communes de l'Entente à l'image du
différend opposant les éleveurs du village de Ballabougou et la
commune de Nguéniène qui, après
délibération, a concédé au projet Produmel
100 ha des terres du village qui constituait le seul espace
restant à la population pour faire paître leurs
troupeaux74. La récurrence du problème d'octroi de
terres à des entreprises a ainsi fait couler de l'encre. En effet,
les études de Cicodev en 2010 montrent qu'en l'espace de 10 ans
(2000 à 2010), 650 000 hectares ont été octroyés
à 17 investisseurs privés étrangers ou nationaux, soit 16%
des terres arabes (sic) du Sénégal75.
Constituant d'anciennes zones pastorales, les
délibérations émises, par les municipalités visant
l'octroi de terres à des entreprises privées, ont fini par faire
perdre aux populations autochtones
74 Selon une littérature tirée du net
sur le site
http://www.mbour.info,
consulté le 19/07/2023 à 20h13mn
75 Moussa Ndour Accaparement des terres par les promoteurs
nationaux et internationaux et stratégies de survie des populations
locales : le cas de la commune de Nguéniène
(Mbour-Sénégal). 2020. ffhalshs03092985
98
des espaces essentiels pour la pratique de l'élevage.
Le déclassement de la superficie de 1160 ha de la
forêt de Ballabougou, espace partagé entre les trois communes
initiatrices du projet de l'Agropole, affectera de surcroît la
transhumance des troupeaux qui disposait de la forêt comme zone de
pâturage. Le projet de l'Agropole de l'Ouest concentré pour
l'essentiel sur le développement des agro-industries (avec une surface
évaluée à 740 ha sur une superficie totale de 1160 ha) va
procéder de fait à l'attribution d'une ancienne surface
vouée à l'élevage constituant un des rares espaces
d'abreuvement et de transhumance des troupeaux de la région à des
entreprises privées. L'objectif du gouvernement promouvant une
transformation structurelle de l'économie passant par
l'industrialisation des secteurs qui soutiennent l'économie
témoigne de la priorisation du développement des agro-industries
dans le projet.
b- Une dégradation du cadre environnementale
La question environnementale ne saurait être
banalisée dans ce projet du fait son implantation au sein de l'une des
nombreuses forêts classées du Sénégal.
Le classement d'une forêt fait suite à une
recherche de préservation de la végétation et de la
biodiversité. La dégradation de plus en plus croissante du cadre
environnementale notée au sein des collectivités avec notamment
la faiblesse relative de la biodiversité locale, une
végétation montrant par endroit de véritables signes de
dégradation avancée, la disparition de la faune liée
intimement à la perte de la végétation des suites
d'actions anthropiques, une forte dégradation liée à la
pression des terres de culture, à l'exploitation abusive et anarchique
des ligneux, à la sécheresse et aux feux de brousse expliquant la
raréfaction, voire la disparition de certaines essences
forestières76 demeurent des problèmes majeurs au sein
des collectivités de l'Entente.
En effet, si les premières théories sur la
désertification avaient mis en avant le rôle de la surexploitation
du milieu par l'homme, telles que le surpâturage, l'abattage d'arbres ou
l'agriculture extensive, on observe que la diffusion de stratégies
paysannes efficaces permet une amélioration du couvert ligneux dans de
nombreux secteurs sahéliens.77 Ces stratégies
déployées passent dans l'ancienne forêt de Ballabougou,
selon le capitaine Bineta Ndiaye, par l'existence de contrats de cultures avec
les populations qui constituait un moyen de reboisement de la forêt de
Ballabougou par incitation des agriculteurs implantés dans la
forêt à la plantation
76 Voir PDC Malicounda, PDC Nguéniène
(2021-2026) et PDC Sandiara (2018-2023)
77 Benoit Toulouse : Utilisation et gestion de la
savane arborée par les sociétés rurales au Sahel. Le cas
de la forêt classée de Nianing (Sénégal)
consulté sur le site www.cairn.info, pages 153 à 170
99
de végétaux dans le périmètre
après les récoltes pour promouvoir la
régénération du couvert végétal.
Par manque de données fiables sur la
biodiversité de la forêt, mesurer l'incidence directe du
déclassement de la forêt et des activités de l'Agropole sur
celle-ci s'avèrerait non fiable. Néanmoins, au regard du paysage
forestier existant au sein du territoire intercommunal et de sa position
géographique par rapport à la forêt classée de
Nianing, une analyse minutieuse de leurs impacts sur ce dernier est plus que
nécessaire.
Le déclassement de la forêt de Ballabougou, qui
s'est avérée être un important domaine forestier pour
l'ensemble des populations du département de Mbour, compromettra ainsi
l'existence d'étendue forestière dans le territoire qui
s'élevait à trois domaines forestiers78 dans le
périmètre des collectivités de l'entente
intercommunale.
Carte 3: Etendues forestières existantes
dans la zone intercommunale

Conception : Anne Marie GUEYE 2023
En outre, la convoitise des forêts de
la zone par les élites locales pour la mise en place de projet
d'intérêt publique a participé à l'exacerbation de
la perte des zones forestière. Le projet de
78 La forêt classée de Nianing (3100 ha)
située dans la commune de Malicounda et la forêt classée de
Joal (22776 ha) au sein de la collectivité de Nguéniène,
et celle de Ballabougou déclassée par décret
présidentiel.
100
l'Agropole qui a fait perdre à la région une
importante surface forestière, sans proposition d'un classement
compensatoire79 d'une superficie équivalente, fait planer de
surcroit le risque d'empiètement sur la forêt classée de
Nianing qui a déjà fait l'objet de déclassement d'une
superficie de 243 ha80 pour l'aménagement de la station
balnéaire de Pointe Sarène.
Carte 4 : Situation de la forêt de
Ballabougou par rapport à celle de Nianing

Conception : Anne Marie GUEYE 2023
Par sa proximité avec la forêt classée de
Nianing, sujet à des usages tels que le bois de chauffe, le
pâturage aérien, le bois de construction, la médecine
traditionnelle et les charbonniers81 qui ne favorisent pas la
pérennisation de la biodiversité, les activités de
l'Agropole pourraient intensifier le risque de dégradation de cette
forêt. L'introduction d'intrants et de semences pour les besoins de
l'agriculture, coïncidant avec la validation au Sénégal de
l'usage d'organismes génétiquement modifiés
(OGM), ainsi qu'une priorisation de la mécanisation
agricole, pourrait engendrer la pollution des sols et des eaux, mais aussi
affecter la santé des populations. En
79 Le classement compensatoire est un
procédé visant à octroyer une superficie
équivalente à celle déclassée pour garantir la
pérennisation de la biodiversité.
80 Ce déclassement a cependant fait l'objet
d'un classement compensatoire d'une assiette foncière de 243 ha portant
décret n° 2020-1175 du 27 mai 2020
81 Toulouse, 2019, ibid., page 153 à 170
101
parallèle, l'utilisation importante de ressources
hydriques pour les besoins de la production pourrait participer aussi à
l'amenuisement des ressources en eaux disponibles dans cet espace.
II- Impacts négatifs liés à la
conception du projet de l'Agropole :
S'appuyant sur le PRACAS qui met l'accent
sur l'émergence d'une agriculture capable de :(i) nourrir mieux et
durablement, sur une base endogène, les populations ,(ii) tirer profit
des avantages du commerce international ,(iii) sécuriser et augmenter
les revenus des ruraux , procurer des emplois agricoles et non agricoles ,(v)
gérer durablement les ressources naturelles ; et améliorer
l'état nutritionnel des populations82, le projet de
l'Agropole de l'Ouest, quant à ses objectifs liés à
l'amélioration des conditions de vie et du revenu des populations, fait
planer une incertitude par rapport à l'atteinte de ces derniers.
Au niveau de la zone nomade d'élevage, Mor
Fassé Ndiaye83 spécifie que cette surface a
pour vocation de rassembler tous les groupements d'éleveurs qui
exploitait la zone et le choix des critères d'adhésion seront
laissés à ces groupements. De fait, au regard de la faible
exploitation de la forêt par les populations environnantes ainsi que
leurs faibles adhésions aux groupements d'éleveurs (15
adhérents)84 on est tenté de se demander qui seront
ces éleveurs. Une question latente, mais qui mérite d'être
soulevée du fait que cette aire se présente comme la seule zone
attribuée exclusivement aux anciens éleveurs du territoire
intercommunal qui espèrent avec enthousiasme profiter des
activités du projet en y prenant part.
La répartition des surfaces a exploité
promeuvent d'emblée une implantation accrue des agro-industries avec
l'attribution de la plus grande surface (740 ha). Bien que
l'entrée dans cette zone soit permise aux particuliers et entreprises
privées, les seuils minimums d'investissement élevés
incluant des critères de création d'emploi exclue aussitôt
les petits agriculteurs85 et participerait à l'atteinte au
paroxysme des conflits liés à l'accaparement des terres par des
privés au détriment des populations autochtones. Les incitations
à la création d'emploi et d'accueil de stagiaire inclus comme
critères d'éligibilité reste cependant évasifs du
fait que leur nature n'est toutefois pas spécifié et il est
à craindre qu'ils restent saisonniers [...] et mal
rémunérés au regard de l'offre de main d'oeuvre
disponible86 et pourrait de la sorte, exacerber
82 Document du PRACAS page 16
83 Directeur de cabinet du maire de Malicounda
84 Voir graphique sur la répartition des chefs
de ménage appartenant à un groupement
85 Mémoire Emma Tyrou
86 Florence Brondeau. Agrobusiness et
développement agricole. Quels enjeux pour quelles perspectives? Le cas
de la zone Office du Niger. Mali. Agrobusiness et développement
agricole. Quels enjeux pour quelles perspectives? Le cas de la zone Office du
Niger. Mali., 2009, Côte d'Ivoire. ffhal-00740812, page 8
102
l'exploitation des populations par les entreprises
privées. Ainsi, face à une situation qui semble réduire
les futures bénéficiaires en simples ouvriers agricoles, la
désillusion de ces populations qui nourrissent déjà
l'espoir d'acquérir des parcelles au sein de l'Agropole pourrait
être facteur de nouveaux conflits.
La caractérisation du type d'entreprises
autorisées à accéder à la zone agrobusiness
(investisseurs privés)87 exclut les agriculteurs
familiaux88 à l'accès au foncier aménagé
et met à profit les opérateurs privés issus des
milieux urbains ou en faveur des multinationales (Ouattara,
2016).89 De fait, les aménagements les plus
importants sont concentrés dans ces espaces dédiés aux
agro-industries, qui, selon leurs activités prévues,
participeront à l'atteinte à la souveraineté alimentaire.
La grande importance accordée à l'agrobusiness est d'autant plus
comprise que les agropoles sont présentés comme une
stratégie territoriale pour l'industrialisation d'un secteur, une
stratégie qui répond avant tout à l'objectif d'attirer des
fonds privés sans creuser les dépenses publiques
(Banque Mondiale, 2018).90 Cependant, cette
caractérisation n'étant pas accompagnée de mesures
incitatives à la destination de la plus grande partie des productions au
marché nationale pourrait engendrer un accaparement des espaces à
haut potentiel de production par les agrobusiness dont la destination des
productions pourrait se tourner vers l'exportation et ainsi compromettre
l'atteinte de la souveraineté alimentaire.
L'agrégation entre agrobusiness et agriculture
familiale n'ayant pas aussi fait l'objet de critères d'installation dans
l'Agropole fait planer le doute sur l'avenir des agricultures familiales. Les
agricultures familiales ne bénéficient que des
opportunités d'accès à la zone d'élevage (dont les
modalités d'implantation et la nature des futurs attributaires n'est que
peu précisées) et des services du centre agro-industriel
moyennant une somme «élevé» au regard du manque de
revenu de ces derniers. La faible prise en compte des contractualisations entre
agrobusiness et agriculture familiale pourrait engendrer la transformation de
ces derniers en main d'oeuvre agricole face à leurs
vulnérabilités devant ces nouveaux acteurs
plébiscités par les autorités publiques.
87 Les critères d'éligibilités
spécifient comme critères d'accès à la zone des 740
ha les entreprises privés
88 Nous utilisons ici le terme générique
d'agriculteurs familiaux pour désigner les petits producteurs ainsi que
leurs associations.
89 Les pôles de croissance agricoles : la
panacée aux maux de l'agriculture africaine ?
90 Repris par Emma Tyrou, page 52.
103
Conclusion partielle :
Le projet de l'Agropole de l'Ouest présente des objectifs
et ambitions contradictoires. La vision
du projet, bien que n'ayant pas exclusivement pour but
d'améliorer les conditions de vie des populations de la zone, mais aussi
de promouvoir l'installation d'entreprises agro-industrielles qui pourront
développer leurs activités grâce à l'Agropole,
semble être orienté vers une agriculture exclusivement
industrielle. Toutefois, la prise en compte des populations dans ce projet
devrait être un point redéfini dans le projet pour ne pas en faire
une nouvelle initiative visant l'enrichissement de personnes
étrangères au territoire intercommunal et à l'exacerbation
de la pauvreté des populations autochtones qui seront indubitablement
utilisées comme main d'oeuvre agricole.
104
CONCLUSION GENERALE :
Les municipalités de Malicounda,
Nguéniène et Sandiara ont entamé une coopération
intercommunale pour mettre en place un projet visant à développer
le secteur agricole en raison de la recherche de développement
territorial. Les trois maires ont ainsi jugé nécessaire de faire
de son impulsion un objet de coopération, car il occupe la plus grande
partie de la population de ces collectivités. Cette coopération,
sous-tendue par l'érection d'un Agropole sur une étendue
forestière déclassée par décret
présidentielle, vient en appoint aux initiatives de développement
du secteur agricole.
Ce projet, a ainsi conduit au déclassement de l'emprise
totale de la forêt de Ballabougou sans proposition d'une surface
équivalente en compensation. Cette forêt faisait office d'un
important domaine pastoral abritant tout le bétail des éleveurs
du département de Mbour en saison sèche. La forêt de
Ballabougou représentait une aubaine pour ces pasteurs dans un contexte
marqué par des accaparements accrus des zones de pâturages par les
élus locaux pour les attribuer à des entreprises
étrangères. Face à cette tendance croissante
d'accaparement du foncier rural et disposant dorénavant que de deux
étendues forestières, dont l'une fait déjà objet
d'empiètement à l'égard de la forêt classée
de Nianing de laquelle une partie a été déclassée
pour l'aménagement de la station balnéaire de Pointe
Sarène, il est impératif de régler la problématique
de l'agression perpétrée contre la biodiversité pour la
mise en oeuvre d'un projet de développement.
En outre, le projet semble prendre davantage en compte les
agro-industries au détriment des populations en raison des failles
constatées lors de sa phase d'expansion et de la politique agricole
choisie, étant donné qu'il est considéré comme le
porteur du développement territorial, assurant la qualification des
jeunes, l'augmentation des revenus des populations et la création de
plusieurs emplois. Les prérogatives accordées aux populations ne
sont toujours pas précises du fait que les critères
d'élaboration et d'intégration aux espaces dédiés
à ces derniers restent flous. La grande considération
accordée aux agrobusiness dans un contexte marqué par
l'accaparement des terres dans ce territoire au profit des entreprises
privées laissent présager l'existence de nouveaux
problèmes, mais aussi la disparition progressive des exploitations
familiales. Il urge de redéfinir les politiques agricoles et les
pratiques foncières, car comme le remarque Florence Brondeau ces
dernières semblent difficilement conciliables avec le maintien des
exploitations familiales, elles vont engendrer des mutations sinon des
désorganisations socio-spatiales que l'on commence tout juste à
pressentir et qu'il devient urgent d'anticiper.
105
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2 pages
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classée de Nianing au profit de la Commune de Malicounda pour
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106
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https://www.persee.fr/doc/ahess
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41-
https://doi.org/10.7202/1038663ar.
108
TABLE DES MATIERES
Sommaire : 1
Liste des sigles et abréviations : 2
Avant-propos : 4
Remerciements : 5
INTRODUCTION GENERALE : 7
I- PROBLEMATIQUE : 9
II- Clarification conceptuelle : 12
III- Objectifs et hypothèses : 17
III-1- Objectifs : 17
III-1-1- Objectif général : 17
III-1-2 - Objectifs spécifiques : 17
III-2-Hypothèses : 17
III-2-1- Hypothèse générale : 17
III-2-2- Hypothèses spécifiques : 17
IV- Méthodologie de recherche : 18
IV-1- REVUE DOCUMENTAIRE : 18
IV-2- La collecte des données de terrain : 22
IV-2-1- Observations : 22
IV-2-2- La collecte des données qualitatives : 22
IV-2-3- La collecte des données quantitatives : 23
IV-3- L'échantillonnage : 24
V- Analyse et traitement des données :
25
VI -Difficultés rencontrées :
26
PREMIERE PARTIE : La coopération intercommunale,
une panacée pour développement territorial.
27
INTRODUCTION : 28
Chapitre 1 : Le territoire intercommunale, une entité
rurale tendant vers l'émergence 29
Introduction partielle : 29
I-Présentation de la zone intercommunale : 29
109
I-1 Localisation de la zone Agropole de l'ouest 30
I-2- Historique de la zone Agropole : 30
I-3- Configuration : 31
II- Données socio-économiques : 35
II-1- Données démographiques : 35
II-1-1- Composition ethnique : 37
II-1-2- Structure de la population : 37
II-1-3- Répartition de la population : 38
II-2- L'accès aux services sociaux de base : 40
II-2-1- Les structures sanitaires : 40
II-2-2- Les infrastructures scolaires : 42
II-3- Analyse de la pauvreté : 42
Conclusion partielle : 43
CHAPITRE 2 : La gestion municipale des communes de la zone
intercommunale 44
Introduction partielle : 44
I- Organigramme des communes de l'Entente 44
Conclusion partielle : 47
Chapitre 3 : L'Entente intercommunale de
Malicounda-Nguéniène-Sandiara, une structure bien
élaborée. 48
Introduction partielle : 48
I- Qu'est-ce que l'intercommunalité ? 48
II- La coopération entre collectivités, un
dispositif ancien au Sénégal : 50 1- Cadre organisationnel et
fonctionnel de l'Entente intercommunale Malicounda-Nguéniène-
Sandiara : 52
Conclusion partielle : 54
Deuxième partie : La mise en oeuvre d'un projet
agricole socle de l'intercommunalité de l'Agropole
de l'Ouest. 55
Introduction : 56
Chapitre 1 : Le secteur agricole ; un domaine
privilégié dans la zone intercommunale 57
Introduction partielle : 57
I- Présentation du secteur agricole de la zone
intercommunale : 57
I-1- Caractéristiques du secteur agricole de la zone
intercommunale : 59
II- Un secteur agricole parsemé d'embûches : 62
II-1- Problèmes constatés au cours de la phase de
collecte : 62
a-
110
Une production essentiellement destinée à
l'autoconsommation : 62
b- Un système de production agricole archaïque :
63
c- Une faible intégration des populations aux groupements
d'agriculteurs et d'éleveurs : 65
d- Un manque de zones de pâturage : 66
Conclusion partielle : 68
Chapitre 2 : Les collectivités de l'Entente,
trois municipalités soucieuses du développement
agricole 69
Introduction partielle : 69
I- Une volonté affichée de promouvoir le secteur
agricole : 69
I-1- Une aspiration commune à la promotion du secteur
agricole par les communes de
l'Entente : 69
a- Malicounda une commune soucieuse du développement
agricole : 69
b- Nguéniène, une collectivité qui vise
l'amélioration des conditions pour soutenir le
secteur agricole : 70
c- Sandiara, une commune à l'aune des innovations du
secteur agricole : 71
Conclusion partielle : 71
Chapitre 3 : L'Agropole de l'Ouest, un projet agricole
innovant en appoint aux initiatives de
développement du secteur agricole. 72
Introduction partielle : 72
I- L 'Agropole de l'Ouest, un projet porté par une
intercommunalité : 72
1- Descriptif du projet : 73
a- Source de financement : 73
b- Objectifs du projet : 74
c- Présentation des activités prévues dans
chaque unité de l'Agropole 74
d- La gestion du projet 78
Conclusion partielle : 78
Troisième partie : De l'entame à la
finalisation, quelle analyse faire du projet de l'Agropole de
l'Ouest ? 79
Introduction : 80
Chapitre 1 : Une phase de vulgarisation parsemée de
manquements. 81
Introduction partielle: 81
I- La mise en oeuvre du projet, une phase amplement
ratée 81
1- Un projet faiblement porté au niveau des partis
concernés : 81
2- La forêt de Ballabougou, une zone vitale
déclassée sans consensus et implication des
partis concernés 85
111
a- Quelle étude faire de la forêt de Ballabougou
86
Conclusion partielle : 90
Chapitre 2 : Analyse des impacts potentiellement positifs induits
par l'Agropole de l'Ouest. 91
Introduction partielle : 91
I- Impacts induits par les activités du projet de
l'Agropole de l'Ouest 91
a- Impacts des activités des trois centres de formation
et de développement : 91
b- Impacts des activités de la zone nomade 91
c- Impacts des activités du centre agro-industriel 92
d- Impacts des activités du domaine des six fermes
privées 92
II- Impacts potentiellement positifs induits par les
installations et infrastructures du projet 93
Conclusion partielle : 94
Chapitre 3 : Analyse des impacts potentiellement négatifs
induits par le projet de l'Agropole de
l'Ouest : 95
Introduction partielle : 95
I- Impacts négatifs liés au déclassement de
la forêt et aux activités de l'Agropole : 95
a- Une intensification de la perte des zones pastorales 95
b- Une dégradation du cadre environnementale 98
II- Impacts négatifs liés à la conception du
projet de l'Agropole : 101
Conclusion partielle : 103
CONCLUSION GENERALE : 104
BIBLIOGRAPHIE 105
ANNEXES: 112
LISTE DES CARTES, IMAGES, GRAPHIQUES, TABLEAUX ET SCHEMAS ET
CARTES: 113
GUIDES D'ENTRETIEN : 117
1-Guide d'entretien administré aux agents de la structure
intercommunale 117
I- Présentation de la structure intercommunale et du mode
de gestion 117
II-Analyse des enjeux de l'agropole 117
1-Guide d'entretien adressé aux agents des eaux et
forêts 119
RAPPORT DE L'ENQUETE : 122
112
ANNEXES:
113
LISTE DES CARTES, IMAGES, GRAPHIQUES, TABLEAUX
ET SCHEMAS ET CARTES:
Cartes
Carte 1: Localisation des communes de l'Entente
intercommunale.
Carte 2 : Localisation de la zone Agropole de
l'Ouest.
Carte 3 : Etendues forestières existantes
dans la zone intercommunale.
Carte 4 : Situation de la forêt de
Ballabougou par rapport à celle de Nianing.
Images :
Images 1 et 2 : Routes latéritiques
« rang-rang » des villages de Nguéniène Peulh et
Mbourokh.
Images 3 et 4 : Travaux d'extension du
tronçon de l'autoroute à péage traversant les communes
du territoire intercommunal.
Image 5 : Types d'habitats dans certains
villages.
Image 6 et 7 : Constructions modernes
identifiées dans un village du territoire intercommunal.
Image 8 : Case de santé dans le village
de Ndollor.
Images 9 : IMEK de Sandiara
Images 10 et 11 : Terrains agricole nus pendant
la saison sèche.
Images 12 et 13 : Projet maraicher de Dobyfarm
dans le village de Ndollor ; commune de
Sandiara.
Image 14 : Terrain agricole labouré par
un tracteur dans le village de Nguéniène Peulh.
Images 15 et 16 : Paysage forestier à
Mbourokh et à Ndollor.
Image 17 : Paysage forestier à Guedj
Maad
Graphiques :
Graphique 1 : Evolution de la population du
territoire intercommunal.
Graphique 2 : Répartition des ethnies
dans la zone intercommunale.
Graphique 3 : Pyramide des âges des
populations du territoire intercommunale.
Graphique 4 : Répartition de la
population du territoire intercommunal en 2013.
114
Graphique 5 : Répartition de la
population par sexe.
Graphique 6 : Infrastructures sanitaires
existantes dans la zone intercommunale.
Graphique 7 : Diagramme de répartition
des activités.
Graphique 8 : Diagramme de répartition
de la destination des productions agricoles dans la
zone intercommunale.
Graphique 9 : Appartenez-vous à un
groupement ?
Graphique 10 : Moyen de prise de connaissance
de la coopération de l'Agropole de l'Ouest.
Graphique 11 : Savez-vous les fondements de
la coopération intercommunale.
Graphique 12 : Exploitiez-vous la forêt
de Ballabougou ?
Graphique 13 : Quel type d'activité
agricole pratiquez-vous ?
Graphique 14 : Le choix du site avait-il
suscité des mouvements de contestations ?
Graphique 15 : Aviez-vous été
impliqués dans le choix du site d'implantation de l'Agropole ?
Tableaux :
Tableau 1 : Tableau synthétique des
guides d'entretiens.
Tableau 2 : Echantillonnage par commune.
Tableau 3 : Echantillonnage par village.
Tableau 4 : Evolution de la population de
1998 à 2013.
Tableau 5 : Infrastructures scolaires
existantes au sein du territoire intercommunal.
Tableau 6 : Formes et
spécificités des intercommunalités.
Tableau 7 : Pratiquez-vous une
activité agricole.
Tableau 8 : Mis à part
l'activité agricole pratiquez-vous une autre activité ?
Tableau 9 : A quel moment travaillez-vous
dans votre exploitation agricole ?
Tableau 10 : Récapitulatif des
réponses collectées sur l'importance des groupements pour
certains adhérents.
115
Tableau 11 : Données issues des
réponses des populations sur la prise de connaissance de
l'intercommunalité.
Tableau 12 : Connaissez-vous la forêt
de Ballabougou ?
Tableau 13 : Si oui, quel type d'exploitation
?
Schémas :
Schéma 1 : Organigramme de la commune
de Malicounda.
Schéma 2 : Organigramme de la commune
de Nguéniène.
Schéma 3 : Organigramme de la commune
Sandiara.
Schéma 4 : Organigramme du bureau de
l'Entente intercommunale.
Schéma 5 : Schéma
synthétique des problèmes du secteur agricole de la zone.
Schéma 6 : Activités
constitutifs de centres de développement et de formation.
Schéma 7 : Eléments
constitutifs du domaine des six fermes privées.
Schéma 8 : Eléments
constitutifs de la zone agro-industrielle.
Schéma 9 : Eléments
constitutifs de la zone nomade d'élevage.

116
Décret portant déclassement de la
forêt classée de Ballabougou
117
GUIDES D'ENTRETIEN :
1-Guide d'entretien administré aux agents de
la structure intercommunale
Sujet : La coopération intercommunale, le
nouvel dispositif de mise en oeuvre de la
territorialisation des politiques publiques
axée sur la stratégie de développement agricole : cas de
l'Agropole de l'Ouest.
Date de l'enquête :
Prénom et nom :
Fonction : Contact :
I- Présentation de la structure intercommunale et du
mode de gestion
1- Quels sont les facteurs d'influence de votre
intercommunalité?
2- Quel est le statut de votre intercommunalité ?
3- Comment est structuré (composé) le bureau de
votre intercommunalité ?
II-Analyse des enjeux de l'agropole
1- Pourquoi le choix de la filière agricole comme socle
de votre intercommunalité ?
2- Quels sont les dispositifs institutionnels, financiers et
techniques mis en oeuvre par l'Etat pour la réalisation de l'Agropole
?
3- Avez-vous d'autres partenaires outre que l'Etat pour la
réalisation de l'agropole ? Si oui, lesquels ?
4- Quels sont vos besoins dans ce partenariat ?
5- Sur quels critères se concrétisera ce
partenariat ?
6- Pourquoi le choix de la forêt de Ballabougou comme zone
d'implantation de l'agropole ?
7- Aviez-vous impliqué les populations dans le choix du
site ? si oui, comment et à quel stade du projet ?
8- Mis à part les populations quels autres acteurs
avaient été impliqués dans le processus
d'élaboration des volets du projet ? Quelles était leurs
rôle ?
9- Y avait-il des mouvements de contestations sur le choix du
site ? si oui comment avez-vous régler ce problème ?
10- Qu'avez-vous prévu pour les anciens exploitants de
la forêt ?
11- Comment sont réparties les superficies à
exploiter de la forêt ?
12- Quelles infrastructures sont attendues dans l'Agropole
?
13- Les aménagements infrastructurels prévus
dans l'agropole profiteront-ils aux populations riveraines ? Si oui, comment
?
14- Le projet d'agropole réserve-t-il un volet
à l'employabilité des jeunes et des femmes ? Si oui par quels
mécanismes?
15- Avez-vous pris en compte le volet environnemental et
social dans l'élaboration du projet ? Si, oui quels sont les
dispositions prises ?
16- Quels sont les activités attendues dans chaque
unité de gestion du projet ?
17- Qui pourra s'installer dans l'agropole et sur quels
critères et procédés ?
18- Qu'apportera l'agropole à ces derniers ?
19- La gestion du centre de développement
agro-industriel sera-t-elle réservée uniquement aux
municipalités ?
20- Quel sera le rôle de cette société
anonyme chargé de gérer l'Agropole ?
21- Qui seront les gestionnaires de cette
société anonyme ?
22- Comment pensez-vous utiliser les ressources
financières issues de l'Agropole ?
23- Avez-vous prévu un comité de gestion des
plaintes ? si oui comment sera t'il constitué ?
118
24- Quels impact aura l'agropole sur l'agriculture locale ?
119
1-Guide d'entretien adressé aux agents des eaux et
forêts
Sujet : La coopération intercommunale, le
nouvel dispositif de mise en oeuvre de la
territorialisation des politiques publiques axée
sur la stratégie de développement agricole : cas de l'Agropole de
l'Ouest.
Prénom et nom
Fonction
Date de l'enquête
Contact
I-Historique de la forêt de Ballabougou
1- Qui sont ceux qui exploitaient la forêt ?
2- Quel type d'activités pratiquaient-ils ?
3- Existait-il des obligations contractuelles pour l'usage des
terres de la forêt ?
4- Existait-il des mécanismes de réglementations
des infractions ? Si oui, lesquels ?
5- Quels sont les richesses forestières de la forêt
de Ballabougou ?
6- Aviez-vous donné avis favorable au déclassement
de la forêt ?
7- Pensez-vous que le projet d'agropole puisse constituer une
menace pour ces espèces ? Si oui, oui comment ?
8- Aviez-vous été consultés pour
l'étude d'impact environnemental du projet ? Si oui comment et à
quelle étape ?
9- Au cas où le projet entraine une perte de la
biodiversité, quelles solutions préconisez-vous pour y
remédier ?
1- Guide d'entretien adressé aux agents de la
mairie de la zone intercommunale
Sujet : La coopération intercommunale, le
nouvel dispositif de mise en oeuvre de la territorialisation des politiques
publiques axée sur la stratégie de développement agricole
: cas de l'Agropole de l'Ouest.
120
Prénom et nom
Fonction
Date de l'enquête
Contact
I : Les fondements de l'intercommunalité
2- Entreteniez-vous des relations avec les autres communes avant
l'intercommunalité ?
3- Si oui, quels genres de relations ?
4- Quels facteurs ont poussés votre commune à
intégrer une coopération intercommunale?
5- Quels dispositifs rend légitime votre
intercommunalité ?
9- Quel sera le rôle de l'Etat dans le financement de
l'intercommunalité ?
10- Comment s'est fait le choix des conseillers
représentant votre commune dans la structure ?
11- Ce choix a-t-il était approuvé par l'ensemble
du conseil municipal ?
II : Analyse des politiques agricoles
1- Selon vous quelles sont les politiques prioritaires à
mener sur votre territoire pour actionner le développement ?
2 - Quelle est la place de l'agriculture dans la population
active de votre commune?
3- A quels problèmes est confronté le secteur
agricole de votre commune ?
4- Existait-il des politiques de développement agricole
dans votre commune? Si oui, lesquels ?
5- Qui menait ces politiques de développement?
6- Quels étaient les objectifs de ces politiques ?
7- Quelles appréciations avez-vous de ces politiques ?
8- Existe-il des projets agricoles dans votre commune ? Si oui
quels genres de projet et quels sont leurs objectifs ?
9- Qui sont les initiateurs de ces projets ? Ces terres qu'ils
exploitent les appartiennent-elles ou sont-elles louées ?
11- Sur quelles critères ceux sont installés ces
projets ?
10- Quels impacts ont-ils sur le secteur agricole de la commune
?
121
III- Enjeux du projet d'agropole
11- Le projet d'Agropole a-t-il eut l'aval des populations de
votre commune ? Si oui comment ?
12- Pensez-vous que les activités attendues dans
l'Agropole sont des activités prioritaires pour votre commune ?
13- Au vu de la situation du secteur agricole de votre commune,
quels impacts aura le projet d'agropole sur ce dernier ?
2- Guide administré aux chefs de
villages :
Sujet : La coopération intercommunale, le
nouvel dispositif de mise en oeuvre de la territorialisation des politiques
publiques axée sur la stratégie de développement agricole
: cas de l'Agropole de l'Ouest.
Prénom et nom
Fonction
Date de l'enquête
Contact
1- Quelle est la situation du secteur agricole de votre
localité ?
2- Etes-vous au courant du projet de l'Agropole de l'Ouest ? Si
oui comment ?
3- Y a-t-il eut des journées de consultations publiques
organisés par votre municipalité pour informer les populations du
projet ?
4- Aviez- vous été impliqué dans le projet
de l'Agropole de l'OUEST ? Si oui comment ?
122
RAPPORT DE L'ENQUETE :
L'enquête menée dans le cadre de la rédaction
de ce mémoire s'est tenue au courant du mois de décembre 2022.
Ayant pour objectif la vérification des hypothèses que nous avons
émises. Cette enquête s'est faite par l'élaboration d'un
questionnaire administré aux chefs de ménages des villages
ciblés, le travail de terrain pour le recueil des réponses.
Nous avons démarré nos enquêtes par la
commune de Sandiara, puis celle de Nguéniène pour terminer avec
celle de Malicounda. Afin de faciliter la collecte des données, nous
avons utilisé l'application Kobocollect, sur laquelle nous avons
mené notre première enquête au village de Ndioukh Fissel,
avec un questionnaire de 78 questions. Toutefois, la qualité des
réponses obtenues au cours de la première enquête nous a
conduit à recadrer le questionnaire en reformulant certaines questions
et en suppression d'autres qui se sont avérés non pertinentes
pour l'étude.
Les données obtenues ont par la suite été
envoyés au serveur kobotoolbox pour permettre le stockage. Les
données ont ensuite été analysées et
regroupées par thème pour l'objet des différents chapitres
présentés dans ce présent mémoire.
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