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Bouaké: paysage urbain et aménagement d'une ville à  l'épreuve des mutations


par Konan Aristide Kouassi
Université Alassane Ouattara - Licence 2022
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITÉ ALASSANE OUATTARA

UFR : Communication, Milieu et Société

Département de Géographie

MINI-MÉMORE

Mention: Géographie humaine

Spécialité : Géographie urbaine

Sujet :

« Bouaké : paysage urbain et aménagement d'une ville à l'épreuve des mutations»

Présenté par :Sous l'encadrement de : 

M. KOUASSI Konan AristideM. DOHO BI Tchan André,

Maître de Conférences

Sous la responsabilité scientifique de :

M.KOFFI Brou Emile,

Professeur Titulaire

Année académique : 2021-2022

SOMMAIRE

Sommaire...................................................................................................1

Dédicace.....................................................................................................2

Avant-propos et remerciements..........................................................................3

Sigles et abréviations......................................................................................4

Introduction générale......................................................................................5

Justification du choix du sujet et du cadre spatial de l'étude.........................................6

Revue de la littérature.....................................................................................9

Problématique.............................................................................................22

Objectifs de recherches..................................................................................23

Hypothèses de recherches...............................................................................24

Références bibliographiques............................................................................25

 
 

DÉDICACE

Je dédie ce mini-mémoire de licence 3 à l'Éternel, mon ami fidèle

À mon père KOUAME Kouassi Firmin et ma mère N'GUESSAN Akissi Suzanne, pour tout de sacrifices pour une meilleure éducation. J'aimerais que vous soyez fières de moi et que vous ayez le sentiment du devoir accomplir.

J'espère maintenant le flambeau et transmettre à mes soeurs, à mes neveux et nièces ainsi qu'à mon cousin KOFFI Paul, cette bonté, cet amour, et cette soif d'apprendre que vous avez su me donner.

AVANT-PROPOS ET REMERCIEMENTS

Au département de Géographie de l'Université Alassane Ouattara, la fin du premier cycle universitaire est sanctionnée par un mini-mémoire de licence3. Ce travail de recherche effectué par les étudiants au niveau de leur formation permet d'apprécier leur esprit critique et leur initier à la recherche en géographie.

Ainsi, ce mimi-mémoire qui consiste également un pont pour accéder au second cycle universitaire, permet à l'étudiant de s'adapter avec les notions de la recherche et de s'imprégner des difficultés liées à celles-ci afin d'aborder en toute quiétude les échéances futures. À ce titre, nous avons produit un document scientifique sur le sujet intitulé: « Bouaké : paysage urbain et aménagement d'une ville à l'épreuve des mutations ».En effet, le phénomène urbain en Afrique, notamment en Côte d'Ivoire est en réalité récent cependant il a vite évolué. L'évolution de la ville de Bouaké mérite d'être étudiée. Cette urbanisationa des effets directs sur l'espace urbain et sur la population. À travers cette étude,nousmontrerons l'urbanisation en Côte d'Ivoire, le processus de l'aménagement et les problèmes d'aménagement face aux mutations dans la ville de Bouaké.

Avant d'aborder cette étude, nous voudrions adresser nos remerciements les plus sincères au chef du département de Géographie de l'Université Alassane Ouattara, Professeur ASSUÉYao Jean-Aimé, pour ses conseils pointilleux qui nous ont aidés tout au long de cette année universitaire.

Nous tenons à remercier ProfesseurDOHO BI Tchan André pour leur aide dans l'élaboration de ce travail.

Nos remerciements s'adressentégalement à ProfesseurDJAH Armand Josué pour l'opportunité qu'il nous a offert d'intégrer ``la bibliothèque''.

Aussi, nous tenons à exprimer notre reconnaissance envers Dr COULIBALY Salifou et Dr KOUAKOU Bah.

En sus, nous exprimons notre gratitude à tout le personnel enseignant du département de Géographie de l'Université Alassane Ouattara.

De façon particulière, nous tenons à remercierM. COULIBALY Sié Narcisse, étudiant en master2de Géographie urbaine qui a accepté de répondre à nos besoins, àtous mes amis ainsi que ceux ou celles qui nous ont aidé dans la réalisation de notre travail de recherche ainsi qu'à la réussite de cette année universitaire.

SIGLES ET ABREVIATIONS

CERTU  : Centre d'Études sur les Réseaux les Transports l'Urbanisme et les Constructions

Publiques

CNR : Compagnie Nationale du Rhône

INS : Institut National de la Statistique

MEMPD   : Ministère d'Etat, Ministère du Plan et du Développement

MLCVE : Ministère du Logement, du Cadre de Vie et de l'Environnement

PAS  : Programme d'Ajustement Structurel

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SECF  : Secrétaire d'Etat à la Coopération et à la Francophonie

TGA  : Traits Grandes Agglomérations

TVA : Tennesse Valley Authority

INTRODUCTION GÉNÉRALE

1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET ET DU CADRE SPATIAL DE L'ETUDE

1.1.Justification du choix du sujet

La croissance urbaine est un phénomène récent qui s'est accru au cours du vingtième siècle (A.G. KAKOU, 2016, p.27). Cette forte croissance urbaine dans les villes du tiers monde constitue de nos jours un enjeu considérable (S. BOULY, 2017, p.2). Dans les pays en développement, la maîtrise de la croissance urbaine des villes constitue une difficulté auquel doit faire face les planificateurs et gestionnaires de l'espace urbain en raison des proportions toujours plus grandes de la population qui se concentrent dans des organismes urbains en forte pression spatiale (B. FOFANA, 2015, p. 8). Ainsi, l'urbanisation non maîtrisée des villes africaines pose d'énormesproblèmes de gestion et expose les populations urbainestoujours à des risques.

La Côte d'Ivoire, pays de l'Afrique de l'Ouest n'est pas en marge de cette réalité. Débuté lentement avant l'indépendance, le processus d'urbanisation et de la croissance démographique connait un essor fulgurant au lendemain de la souveraineté nationale (B. FOFANA, 2015, p.22). Selon l'auteur, de 5% avant les indépendances, le taux d'urbanisation est passé de 42,5% en 1998 pour atteindre 49,7% en 2014.Cette importante urbanisation accélérée incontrôlée affecte le paysage urbain.

Le choix du sujet de recherche : « Bouaké : paysage urbain et aménagement d'une ville à l'épreuve des mutations », part d'un constat sur la qualité dégradante de l'ensemble du paysage urbain qui impacteinéluctablement la qualité de vie des résidents. Alors le désir d'appréhender ce phénomène de transformation du cadre physique et socio-fonctionnel dans la ville ivoirienne en général et dans la ville de Bouaké en particulier s'est vu grandir depuis la fin de la crise militaro-politique. Le présent sujet s'inscrit dans un contexte post-crise où la gestion urbaine (aménagement urbain) gérée par les autorités compétentes est reléguée au second plan. Vu les difficultés d'appréhension de ces différentes formes de mutation opérées à l'échelle du paysage urbain de la ville, il est nécessaire d'orienter ce travail de recherche sur la question. Dans cette optique, la substance d'aménagement urbain à l'épreuve des mutations est au coeur des différentes interrogations et investigations idéelles.Fort de tout ce qui précède, le choix de la ville de Bouaké n'est pas fortuit.

1.2. Justification du cadre spatial de l'étude

Bouaké est la seconde ville ivoirienne après Abidjan ayant bénéficié des programmes d'aménagement urbain initié par l'Etat ivoirien au lendemain de l'indépendance. Cette volonté politique s'est poursuivie jusqu'au début des années 1980. La crise économique des années 1980 avec des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS), a favorisé le départ de l'Etat.Les effets des programmes d'Ajustement Structurel ont certainement amplifié les mutations concernant les structures et les comportements démographiques, ainsi que l'évolution des structures familiales (A. PHILIPPE, 1997, p.15). À cela s'ajoute la crise militaro-politique qu'à travers la Côte d'Ivoire de 2002 à 2010, dont la ville de Bouaké est restée le principal foyer. Cette situation a favorisé un abandon quasi-total de la planification de la ville pardes autorités locales, des gestionnaires et planificateurs. Cependant, depuis 2013, on assiste le retour officiel de l'administration de la ville de Bouaké et la reprise des travaux. Ce qui aconstitué un retour massif des populations originaires et non originaires vers ladite ville. La ville de Bouaké voit désormais sa population s'accroître à un rythme exponentiel et sonespace urbains'étaler dans tous les sens, touchant ainsi les zones périphériques. Cette croissance à la fois démographique et spatiale rend inopérant l'aménagement urbain opéré jusqu'à présent par les acteurs urbains, d'où des mutations dans le paysage urbain.

Présentation de la ville de Bouaké

Bouaké est une ville située en Afrique de l'Ouest entre 7°69 de la latitude Nord et 5°03 de la longitude Ouest. Elle s'étend sur une superficie de 72 km² avec une population de 536 189 habitants (RGPH, 2014) et un tauxde 4,75% (B. FOFANA, 2015, p.22).

Elle est la 2ème ville la plus importante de la Côte d'Ivoire après Abidjanet est desservie par les autoroutes A3 et A8. Elle est aussi au carrefour des grands axes routiers et ferroviaires, et à la croisée de deux grandes zones différentes (forêt-savane) à économie complémentaire, la situation géographique de Bouaké fait d'elle une plate-forme économique importante et le lieu privilégié d'échanges. De ce fait, Bouaké constitue un pôle d'attraction tant pour les migrants ivoiriens qu'étrangers en quête d'opportunités économiques. La carte ci-dessous présente la ville de Bouaké.

Carte de localisation de la ville de Bouaké

 

2. REVUE DE LA TITTÉRATURE

La revue de la littérature est un exercice qui consiste à faire une recensiondes écrits pertinents relativement au sujet de l'étude. La recension des écrits, c'est de faire le bilan critique de ce qui a été produit dans le domaine de la recherche concernée. C'est aussi uneétape préliminaire qui permet d'examiner les principales études et recherches relatives à notre sujet « paysage urbain et aménagementd'une ville à l'épreuve des mutations ». Le thème soumis à notre réflexion nous permettra de découvrir l'existence d'une littérature intéressante sur la question d'aménagement urbain. Ainsi, pour une meilleure compréhension de notre sujet notre revue de la littérature s'articulera autour des points suivants :

- Définition des différentes notions

- L'historique de l'urbanisation dans le monde en générale et la Côte d'Ivoire en particulier

- Le processus de l'Aménagement en Côte d'Ivoire

- Les problèmes d'aménagement faces aux mutations des villes Ivoiriennes.

2.1. Définition des conceptsopératoires

2.1.1. Le concept de l'urbain

Pour saisir le sens de l'urbain, intéressons-nous d'abord à la notion de la ville. En effet, dans l'intention de savoir ce qu'est la ville, P. BAUD et al(2006, p.509), proposent une définition pour montrer la complexité de la ville. Ils disent que « la ville est espace urbain d'extension limitée par opposition à l'espace rural qui l'entoure. Elle se définit plus précisément en prenant en compte ses caractéristiques démographiques, sa morphologie, ses fonctions, son rôle économique et social et son niveau en équipements socio-urbains en terme qualitatif et quantitatif. En outre, la notion de ville est parfois assimilée à une agglomération de firmes industrielles ou plus souvent de services, à un centre de marché, mais également à un lieu de concentration de pouvoir économique et politique ».

De là, C.P. KOBO et A. FIAN (2009, p.21-22) donnent trois critères qui définissent la ville. Le critère fonctionnel, culturel, et numérique. Concernant la définition fonctionnelle, elle fait de la ville, le lieu où la proportion d'emplois non agricole l'emporte sur les emplois agricoles. Se référant au critère culturel, de nombreux auteurs proposent de voir dans la ville « le lieu de diffusion d'un système de valeurs, des attitudes et des comportements produits par la dimension et l'hétérogénéité sociale de ce type d'agglomération ».

Il y aurait ainsi, une culture urbaine par opposition à la culture rurale ! Enfin, la troisième définition de la ville se fonde sur le critère numérique : à partir d'un certain seuil statistique de concentration spatiale d'une population, il y'aurait ville.

Au regard de toutes ces définitions, on peut réellement affirmer que la ville est une notion très difficile à définir et la définition varie d'un pays à l'autre. Cependant, la ville est considérée comme un espace ou il y a une interaction entre un groupe social.

L'urbain quant à lui, c'est ce qui se rapporte à la ville, à l'agglomération humaine concentrée dans la cité, par opposition à ce qui est rural.Il est définit par CERTU (2008, p.1), comme « agglomération d'une certaine importance, à l'intérieur de laquelle la plupart des habitants ont leur travail dans le commerce, l'industrie ou l'administration ».

Pour C.I. TANO (2019, p.29), l'urbain quant à lui semble aller au-delà de la ville même s'ils entretiennent tous deux une certaine intimité. Pour lui, l'urbain est saisi comme le ``pendant de la ville'', c'est-à-dire l'extension, la déclinaison concrète à une échelle globale. Les valeurs et les usages du mot urbain expriment un style de vie, celui de la ville. C'est ainsi que Manuel Castels dans son ouvrage la question urbaine cherche à clarifier le concept de l'urbain en établissant une différenciation entre urbain et la ville. Pour lui, « l'urbain dépasse la ville qui le contient en germe mais sans pouvoir l'épanouir ; par contre le règne de l'urbain lui permet de devenir cause et inducteur ».Il est clair, la ville est l'enveloppe corporelle de l'urbain qui lui-même est l'âme, un état d'esprit et donne à la ville une certaine culture.

2.1.2. Paysageurbain

La notion du paysage urbain est à la croisée de plusieurs domaines (l'architecture, l'urbanisme, la géographique, etc.). Plusieurs auteurs ont donc traité la question et ont essayé de donner une définition à cette notion du paysage urbain.

Selon C.F. FAUGERAS, l'expression paysage urbain a été utilisée par les écrivains et poètes à la fin du XIXème siècle pour décrire les formes de la ville offrant de nouvelles sensations, et l' « observation décontractée de la vie urbaine » dans les métropoles. Apparue dans la littérature au moment de la transformation radicale des villes, l'expression « paysage de la ville », à une ville fragmentée, « débordée par ses banlieues » : le paysage urbain « correspond au paysage insensible d'une forme aux contours définis et stables à l'informe de l'agglomération urbaine ».

PourT. GOGBÉ (2020, p.14), le paysage urbain d'une ville est l'mage que présente la ville lorsqu'on la visite. Le site, l'habitat, les espaces non bâtis, les divers équipements sont les éléments.

Ainsi, on peut définir le paysage urbain comme l'ensemble des éléments physiques qui façonnent l'apparence d'une ville ou d'une agglomération urbaine. Cela peut inclure les bâtiments, les rues, les parcs, les monuments, les infrastructures et les réseaux de transport. Le paysage urbain est aussi l'aspect physique transparent que laisse la ville dans son ensemble lorsqu'on l'observe dans tous les sens.

2.1.3. Aménagement urbain

L'aménagement du territoireest le nom donné à un ensemble d'actions menées par des acteurs publics (ou privés dans le cadre de missions de service publics qui leur sont confiées) qui interviennent sur un territoire donné et façonnent son paysage (routes, ponts, usines, habitat, etc.) (C.I. TANO, 2019, p.29). Ainsi, pour l'auteur, l'aménagement du territoire désigne à la fois l'action d'une collectivité sur son territoire, et le résultat de cette action. C'est aussi l'action et la pratique (plutôt que science, la technique ou l'art) de disposer avec ordre, à travers l'espace d'un pays et dans une vision prospective, les hommes et leurs activités, les équipements et mes moyens de communication qu'ils peuvent utiliser, en prenant en compte les contraintes naturelles, humaines et économiques, voire stratégiques.

Selon A. BELHEDI(2010, p.8), l'aménagement du territoire désigne à la fois l'« l'action d'une collectivité sur son territoire, et le résultat de cette action. C'est l'«action volontaire et réfléchie d'une collectivité sur son territoire, soit au niveau local (aménagement rural, urbain, local), soit au niveau régional (grands aménagements régionaux, irrigations), soit au niveau national (aménagement du territoire ».

Le code de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme (Loi 94-122, du 28 novembre 1994), définit l'aménagement dans l'article 2 comme étant suit : « on attend paraménagement du territoire, l'ensemble des choix, des orientations et des procédures fixés à l'échelle nationale ou régionale pour organiser l'utilisation de l'espace et même d'assurer notamment la cohérence dans l'implication des grands projets d'infrastructures, d'équipements publics et des agglomérations ».

Ainsi, l'aménagement urbain représente l'organisation des communes, l'action et l'étude de l'urbanisation (aménagement foncier dans les communes) (C.I. TANO, 2019, p.30).

Pour A. NOUBOUWO (2011, p.2), l'aménagement d'une ville ou aménagement urbain désigne l'action publique qui permet d'orienter, d'influer sur la répartition des infrastructures et équipementsdans un espace donné et en tenant compte du choix politiques globaux. C'est grâce à cette politique d'aménagement que les sociétés agissentpour corriger les déséquilibres, orienter les développements spatiaux à partir d'un projet global et prospectif. À cet effet, l'aménagement d'une ville participe à l''objectif de la protection de l'environnement et d'instauration de développement durable notamment par l'organisation de l'affectation du sol et de l'implantation des infrastructures.

À partir deces définitions, on peut définir l'aménagement urbain comme l'ensemble des actions visant à organiser l'espace urbain (ville, communes, quartiers) en prenant en compte les besoins et les attentes des populations(la mise en place des nouveaux équipements, infrastructures, la rénovation des bâtiments, la création des nouveaux quartiers, etc.

L'aménagement urbainvise également à améliorer la qualité de vie des habitants en favorisant une circulation plus fluide, une meilleure accessibilité, une gestion plus durable de l'espace urbain en tenant compte des enjeux environnementaux, économiques et sociaux.

2.2. Histoire de l'urbanisation

2.2.1. Urbanisation dans le monde

D. NASSORI (2017, p.21), atteste que selon les données de la banque mondiale, la transition urbaine a commencé au début du 19ème siècle. On assiste à la métamorphose très profonde du globe. Au début du 20èmesiècle, moins de 10% de la population mondiale habitait dans des villes. Actuellement, plus de 50% de la population est urbaine. Et si cette transition est très avancée depuis quelques décennies dans les pays développés, l'essentiel de la croissance urbaine se poursuit, aujourd'hui, principalement dans les pays en développement.

Aujourd'hui, cinq (5) personnes sur dix (10) vivent dans des villes. Ce chiffre devrait augmenter à près de sept (7) personnes sur dix (10) en 2050 (Nations Unies 2010). Chaque jour dans le monde, plus de 180 000 personnes émigrent vers les villes (Metropolis International Institute, 2009 cité par METROPOLIS, 2011, p.5).

En effet, les taux d'urbanisation sont différents à travers le monde, même s'il y'a une tendance commune vers une urbanisation plus forte. L'Amérique du nord, l'Amérique latine et les Caraïbes, l'Europe et l'Océanie sont fortement urbanisées, avec des zones urbaines pouvant contenir 70% de la population (Océanie) à 82% de la population (Amérique du nord). On s'attend à ce que les niveaux d'urbanisation poursuivent leur croissance, même si celle-ci est lente, de sorte qu'en 2050 tous, sauf l'Océanie, devrait être urbain à plus de 84% (METROPOLIS, 2011, p.5).

Par contre, P. CHEVALIER et P. GOSSELIN (2003, p.9), soulignent que l'urbanisation dans les pays en voie de développement est préoccupante car 150 000 personnes s'ajoutent à la population urbaine quotidienne, attirées par la promesse d'une meilleure condition de vie.

Selon METROPOLIS (2011, p.5), l'Afrique et l'Asie restent essentiellement rurales, avec seulement plus de 40% et 42% de leurs populations respectives dans des implantations urbaines en 2010. Même d'ici 2050, ils sont supposés être nettement moins urbanisés que les autres grands secteurs, avec des populations urbaines atteignant 62% en Afrique et 65% en Asie (Nation Unie 2010).

Pour N.P. GIRAUD(2008, p.32), dans les pays du Sud, la croissance de la population urbaine est, par ailleurs, bien plus rapide que dans le monde riche : 2,3% (contre 0,4%). Cette rapidité est sans précédent dans l'histoire, du moins à cette échelle : Londres a mis 130 ans pour grossir de un à près de 8 millions d'habitants. Mais il aura fallu que 45 ans en Bangkok, 37 ans à Dhaka et 25 ans à Séoul pour faire la même bonde démographique. La troisième caractéristique la croissance urbaine au Sud, c'est la concentration de la population dans les traits grandes agglomérations (TGA) et dans les « méga-villes »(agglomérations, respectivement, de plus de 2 et de plus de 10 millions d'habitants). En 1975, cinq (5) villes dans lemonde dépassaient les 10 millions d'habitants dont trois (3) dans les pays du Sud. Ce nombre atteindra vingt-trois (23) en 2015, et toute, sauf quatre (4) seront situées dans les pays du Sud. Cette transition urbaine, massive et rapide, et la décentralisation politique en cours dans les pays du Sud font des dynamiques urbaines un jeu crucial du développement soutenable. La ville pauvre à croissance démographique rapide est, ainsi à la fois un sujet et objet du développement soutenable.

2.2.2. Urbanisation en Afrique

L'urbanisation est un phénomène mondial qui caractérise l'époque actuelle. Ce concept marque le niveau de croissance des paysages urbains et renferme aussi l'accroissement démographique des villes (B. FOFANA, 2015, p.12).

Autrement dit le phénomène d'urbanisation se traduit par un peuplement des villes qui s'accompagne non seulement de l'augmentation du nombred'habitants par surface occupée, mais aussi de l'étalement des zones urbaines déjà trop grandes.Le fait urbain en Afrique focalise les attentions depuis les années de la souveraineté nationale.

Selon M. ARNAUD (1998, cité par B. FOFANA, 2015, p.12), en 1960 le taux d'urbanisation était de 13% pour l'ensemble du continent. Ce taux a atteint 34% en 1987 avec une population urbaine d'environ 195 millions sur un total de 575 millions d'habitants. Dans cette même veine A. DUBRESSON (2003, p.67), affirme que depuis 1995, le continent s'est engagé dans un processus d'urbanisation extrêmement rapide. Sa population totale a plus triplé de 1950 à 1995, mais le nombre des citadins a été multiplié par 11 ; passant de 22 à 249 millions. Le taux d'urbanisation insignifiant au début du siècle, encore inférieur à 15% au lendemain de la seconde guerre mondiale, en 1995, il atteignait 34,4% et, selon les projections des Nations Unies, plus d'1 Africain sur 2 vivra en ville en 2020-2025.

Vu cette affirmation, A. PHILIPPE (1997, p.3), montre que l'urbanisation en Afrique se distingue sous deux grandes séries d'indicateurs : d'une part, des indicateurs statiques comme le volume de la population urbaine et ses caractéristiques, et d'autre part des indicateurs dynamiques qui mesurent les changements observés, notamment la croissance. Abordant dans le même sens, A. DUBRESSON et S. JAGLIN (2010, p.16), disent que depuis les années 1980 ; à l'issue des trois décennies marquées par une croissance urbaine annuelle de 5 à 6%, l'une les plus rapides du monde, l'Afrique francophone est entrée dans unephase de décélération du rythme d'urbanisation, lequel demeure néanmoins élevé, environ 4% par an. Grâce à cette forte croissance démographique qui a permis de parler du phénomène d'urbanisation, a aujourd'hui permis à l'Afrique de ce mettre un peu au même niveau que d'autres continents du monde.C'est la raison pour laquelle le SECF (1998, p.3), affirme qu'aujourd'hui, que d'après les nations unies ; la population urbaine de l'Afrique au sud du Sahara, estimée à 110 millions de personnes, représente environ 37% de la population totale, ce qui situe cette région, dans le processus de l'urbanisation, plus près de l'Asie que de l'Amérique latine et des pays développés d'Europe ou d'Amérique du Nord (74%). Mais cette urbanisation masque de forte disparité. C'est pourquoipour A. DUBRESSON (2003, p.67-68-69),dit que cette inégalité d'urbanisation est encore plus affirmée à l'échèle intracontinentale; moins élevée au Nord qu'au Sud du Sahara, elle discrimine plusieurs pays d'Afrique dont les taux officiels dont les taux d'urbanisations sont très contrastés :

le Maghreb-Machrek (58,1%) et l'Afrique Australe (46,7%) apparaissent ainsi nettement plus urbanisés que les Afriques Orientales (21,7%), Centrale (33,2%) et Occidentale (36,6%). Rendues encore à un stade différent de la « transition urbaine ». selon le même auteur (p.70-71), à l'échelle des Etats, les contrastes sont encore plus rigoureux pour lui : en 1995le taux d'urbanisation retenu par les Nations Unies atteignait 56% en Algérie, 50,8% en Afrique du Sud(ou la population dont l'emploi est lié aires métropolitaines constitue sans doute 70% du total), maisau Burundiil était de 7,2% et de 6% au Rwanda, mais il atteignait 58,8% au Congo ; 53,8% en Mauritanie et 70% en Afrique du Sud. En Afrique Occidentale42,3% de Sénégalais vivaient en ville contre 17% des Nigériens et 27% des Maliens.

2.2.3. Urbanisation en Côte d'Ivoire

Le développement urbain est en Côte d'Ivoire un phénomène du XXe siècle. Les villes actuelles sont des créations coloniales qui ont répondus à un souci d'occupation effective du territoire sous le contrôle de postes militaires et administratifs et aux besoins créés par la mise en valeur de la zone forestière. Les anciennes cités précoloniales ont été en effet généralement effacées de la carte et de la zone de savane à la fin XIXe siècle. Cependant, depuis 1995, le phénomène de l'urbanisation en Côte d'Ivoire connait une accélération. Selon le MLCVE (1996,p.4), l'urbanisation est un fait marquant de la transformation de la géographie, de l'économie, de la société et de lapolitique du développement de la Côte d'Ivoire au cours de ces trente (30) dernières années. Les villes peu connues au sein d'une société majoritairement rurales, (80% de ruraux en 1960), la société et le gouvernement ivoirien ont appris à connaître les centres urbains, et à intégrer la tendance lourde de l'urbanisation consacrée par 45% d'urbains en 1995 au projet de société ivoirienne. Ainsi, l'INS (2014, p.45), le taux d'urbanisation en Côte d'Ivoire est passé de 32,1% en 1975 à 45,3% en 1998, puis à 50,3 en 2014.

Cette urbanisation nécessite une planification et un ensemble d'actions à mener afin de répondre aux besoins de la population urbaine de plus en plus en croissante. Et ce qui a permis à la Côte d'Ivoire d'être plus distinguée parmi d'autres pays mais selon plusieurs contextes. C'est pourquoi A. DUBRESSON (1989, p.3), affirme que la Côte d'Ivoire se distingue des autres pays par la vitesse de son urbanisation dans le contexte de la croissance démographique généralement beaucoup soutenue qu'ailleurs.

Dans le même contexte A. DUBRESSON et MLCVE(1996, p.7), disent de tous les pays de la sous-région de l'Afrique de l'Ouest, la Côte d'Ivoire connait le taux le plus élevé de croissance urbaine. D'où le processus d'urbanisation est une tendance lourde de modifications de la composition de la démographie ivoirienne.

En trente (30) ans de 1960 à 1990, le taux d'urbanisation du pays est passé de 20% à 44% soit le résultat d'une formidable accélération du processus d'urbanisation qui est allé trois fois plus vite que le croit démographique évalué à 3,8%% en 1999.

Le nombre de gros bourgs ruraux de plus de 5 000 habitants érigés en entités administratives déconcentrées ou décentralisées, voient croître leur population. En 1965, 23,09% de la population ivoirienne vivaient dans des villes de plus de 10 000 habitants dont le nombre ne cesse de croître. En 1975, ce taux passe à 39% à 44,90% en 1988 et à 47% en 1998 (RGPH, 1975, 1988, 1998). Selon les résultats du recensement de 2014, 49,7%de la population ivoirienne vit en milieu urbain. Et ce taux avoisinera les 70%de citadins en 2025 selon les projections de l'INS (2010, cité par N.S. COULIBALY,2021, p.18).

2.3. Processus de l'aménagement du territoire en Côte d'Ivoire

2.3.1. L'origine de l'aménagement du territoire en Côte d'Ivoire

Bien que l'action d'aménagement est très ancienne, elle est liée à la présence de l'homme sur la terre qui a cherché toujours à s'adapter à son milieu, de transformer l'espace qu'il occupe, l'aménagement du territoire est très récent dans son acceptation récente, il remonte aux années 1930 avec les travaux de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) (1932) et la Tennesse Valley Authority (TVA) de 1933 ; tandis que les grands travaux d'irrigation remontent à l'Antiquité (A. BELHDI, 2010, p.4).Mais ce sont surtout les années 1960 qui donnent naissance à l'aménagement avec la mise en place des grands travaux, de vastes programmes et la création d'institutions appropriées. Les collectivités ont été menés souvent à agir sur les espaces qu'elles occupent ; conquête de terres, bonification, aménagements hydro-agricoles, construction de routes, de ponts et de viaducs. On peut citer les Pharaons, l'empire romain, les bastides du Moyen âge, les cilles de l'Andalousie musulmane, les travaux hydro-agricoles dans les oasis.Cependant, on en trouve les traces de l'aménagement dans la plupart des civilisations du monde méditerranéen, africain, indo-chinois, idou ou latino-américain.

On a affaire ici à des aménagements spontanés menés par les différentes collectivités pour s'adapter à leurs espaces et le maîtriser. Dans le sens moderne, l'aménagement est l'action programmée de grande envergure menée souvent par le pouvoir.

Selon MEMPD (2006, p.6), dès les premières années de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, les autorités politiques ont marqué un simple intérêt particulier pour l'aménagement du territoire en définissant clairement leurs options à l'occasion des différents Plans Quinquennaux de Développement Économique, Social et Culturel ainsi que des études prospectives

PourA.J.P. KOUTOUA (2019, p.4), le progrès économique de la Côte d'Ivoire au lendemain de son indépendance en 1960 a incité les autorités à continuer à s'investir davantage dans la modernisation du pays. Pour atteindre cet objectif, l'Etat met en oeuvre des politiques urbaines basées essentiellement sur l'aménagement du territoire.

Le développement spatial de la ville d'Abidjan et de ses villes environnantes (Anyama, Bingerville et Grand-Bassam) a été donc guidé depuis l'origine par plusieurs schémas directeurs qui leur ont permis de bénéficier d'importants programmes de développement. Malgré cette volonté manifeste de l'Etat de faire des villes environnantes d'Abidjan des pôles de développement sous régionaux, elles restent toujours en proie à divers problèmes : pauvreté grandissante, déficit en infrastructures, précarité de l'habitat, conflits fonciers, etc.

Ainsi, cette politique menée durant trois décennies, dont les résultats sont jugés, dans l'ensemble, satisfaisants a connu un arrêt brutal avec l'avènement des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) liés à la crise économique des années 1980 (MEMPD, 2006, p.6). Depuis, la Côte d'Ivoire ne s'est dotée d'une politique d'aménagement du territoire qu'en 1997.

Cette politique n'a pas connu d'application. Entre les deux périodes, parallèlement aux Programmes d'Ajustement Structurel(PAS), la politique de décentralisation s'est progressivement affirmée avec unemultiplication rapide des acteurs et des visions du développement du territoire. Cette politique suscite donc aussi bien des espoirs que des inquiétudes. La présente recherche vise à étudier le processus de création de ces villes, à expliquer les facteurs qui font obstacles à l'exécution des plans d'urbanisme directeurs, et à analyser le mode de gouvernance mis en place.

2.3.2. Les déficits de l'aménagement du territoire dans les villes Ivoiriennes

A.F. MEMEL et P.S. TAPE (2018, p.152), affirment que la gouvernance de l'espace urbain dans les villes ivoiriennes est contrariée par plusieurs défis que doivent relevés les acteurs institutionnels.À Grand-Lahou, les gestionnaires de la ville sont confrontés à des problèmes d'urbanisation et d'aménagement. Ces handicaps entravent le processus d'évolution et la maitrise de la gestion de l'agglomération.

Selon K. JACOPO (2019, p.3), les politiques de densification posent toutefois plusieurs défis liés au maintien de la qualité de vie en ville et au consensus au sein des coalitions d'acteurs locaux autour des nouvelles planificationsterritoriales.L'auteur affirmeaussi que le phénomène urbain pose des défis spécifiques aux gouvernements locaux et cantonaux, sur le plan quantitatif autant que qualitatif (p.11). Concernant la première, à l'ère de la croissance des villes et de leur dilution dans l'espace suburbain et périurbain (étalement urbain), les espaces fonctionnels vont souvent au-delà des limites administratives communales et demandent donc une gouvernance urbaine adaptée.L'aspect quantitatif peut être appréhendé par les mesures quantitatives dont on peut disposer et qui constituent une porte d'entréepour un premier état des lieux. Il s'agit entre autre de la taille et de la répartition de des zones à bâtir et des surfaces urbanisées, ainsi que d'indicateurs d'étalement urbain sous sa manifestation purement spatiale.Concernant l'aspect qualitatif, les villes en tant que lieux de concentration d'habitants, activités et usages, nécessitent une réflexion toujours renouvelée concernant le maintien et le renforcement de leur qualité et de leur accessibilité pour une multitude d'acteurs. L'aspect qualitatif de l'urbanisation ne peut être abordé uniquement à travers un système de régulation tel que par exemple le zonage, qui est pourtant au coeur de la politique d'aménagement du territoire.

2.4. Les problèmes d'aménagement face aux mutations des villes ivoiriennes

2.4.1. Les problèmes d'aménagement

La mise en place des politiques de développement urbain en Côte d'Ivoire laisse apparaître destraces physiques sur le paysage urbaindans des villes. Comme l'affirmeDIBY, 2017 cité par K.M. DIBY(2018, p.145), la mise en place des politiques de développement urbain en Côte d'Ivoire laisse transparaître l'existence des problèmes environnementaux dans les capitales régionales et dans les villes secondaires. À ces difficultés environnementales, s'ajoutent les problèmes d'aménagement et de développement de l'espace urbain.

Abordant dans le même contexte, P. DJONGAIBE LAIBA (2011, p.11), dit qu'à ce niveau il faut noter une coupe abusive et irréfléchie d'arbres, car il y aune rareté d'espace vert et public surtout aménagé ce qui expose la population au phénomène du changement climatique ou tout au moins au réchauffement dans la ville.Par manque d'arbres, les édifices et habitas publics comme privés sont exposés au vent, et connaissent des fissures.

Sur la santé humaine, les problèmes qui en découlent sont nombreux. La mauvaise gestion des ordures ménagères, des eaux usées, l'insalubrité dans toutes les contrés de la ville expose la population à des multiples pathologies (virus, bactéries, la fièvre typhoïde, le choléra et bien d'autres), pouvant conduire à la mort. Outre de cela, le manque d'un bon plan d'aménagement crée des réflexes pour les habitants du milieu car cesderniers en voulant construire, craignent les opérations de déguerpissement ultérieur. D'autres problèmes non du moindre c'est les cassures de certaines maisons sur les individus en saison pluvieuses résultant de sérieux dommage pour la vie humaine. À ces problèmes, il faut noter l'impossibilité d'adduction d'eau potable de certaines villes ou certains quartiers, l'insécurité accrue des personnes et leurs biens, les vols, les crimes et bien d'autres.

R. ROCHEFORT (1962, p.287), affirme que l'un des problèmes fondamentaux de l'aménagement du territoire est celui d'un équilibre harmonieux avec les effectifs humains de la région considérée. Il est devenu banal de constater un déséquilibre croissant entre les régions en expansion démographique et les régions qui se dépeuplent. Ajoutons à cela, la forte extension urbainequi oblige la grande partie de la population à occuper les espacesnon aedificandi ou anarchiquement les espaces publics. Autrement dit, la population ignore l'importance de règle d'urbanisme s'opposant à la restructuration. Une telle action ne peut favoriser l'aménagement des villes ivoiriennes en particulier la ville de Bouaké en vue de répondre aux normes modernes.

2.4.2. Les mutations dans les villes ivoiriennes

Dans sa signification la plus simplifiée, « la mutation » est synonyme de « la transformation ». Mais dans son sens approfondi, la mutation qui nous intéresse est celle liée à l'urbanisme, c'est-à-dire « la mutation urbaine ». L'encyclopédie Unversalis (2000), définit cette dernière comme : « un phénomène ayant des effets déterminants sur la forme de la ville, son urbanisme, son organisation, son paysage urbain, son architecture, et notamment sur la qualité de la vie de ses habitants ».

De ces deux définitions, on peut tenter de cerner le sens de la mutation urbaine comme étant un phénomène qui agit sur un espace urbain en lui introduisant un certain remodelage et une nouvelle configuration de son entité urbaine (B. KOUAKOU, 2020, p.12). La mutation ne se limite pas qu'à l'espace physique, mais peut aussi s'étaler sur le plan social et économique.Elle peut s'opérer sous plusieurs formes : la mutation physique ou morphologique, la mutation fonctionnelle, et la mutation sociale.

La mutation physique selon B. KOUAKOU (2020, p.13), est une forme de transformation qui entraine des changements dans l'aspect physique ou morphologique d'une ville ou d'une partie de la ville, en touchant à son organisation spatiale (tracé des voiries, formes des îlots et découpage des parcelles, espaces bâtis au sol et espace libre).

Elle peut également s'étaler sur le bâti et entraine ainsi des changements sur les formes et les volumes ainsi que sur les hauteurs et les façades et elles peuvent s'étendre même jusqu'aux matériaux de constructions. À l'échelle de la ville de Bouaké, la mutation physique ou morphologique touche les bâtis et l'espace public.

Selon E.K. KOUAKOU et al (2018, p.123), la forte croissance démographique de Bouaké a conduit à d'énormes modifications dans sa structures urbaine, engendrant de nombreux problèmes d'assainissement et de gestion,à l'occupation anarchique des espaces et de prolifération des quartiers précaires, à l'accumulation des ordures jonchant les rues, les places publiques et des terrains vagues. C'est pourquoi H.K. KONAN(2021, p.142), dit que Bouaké intègre un paysage insalubre du fait du désordrecrée par la forte croissance urbaine.

B. KOUAKOU (2020, p.13), la mutation fonctionnelle implique des changements dans les fonctions remplies par un espace urbain (habitat, circulation, activités primaires, secondaires, tertiaires, emploi). Il peut s'agit de l'introduction supplémentaire de fonctions, ou au contraire la réduction de certaines d'entre elles. Comme il s'agit parfois, du changement du rapport qui existait entre les fonctions d'un espace urbain.

C'est aussi un changement pour une dominance en faveur de certaines fonctions au détriment d'autres, ce qui génère une tendance de spécialisation et de sélection des activités assurées par cet espace urbain.

La mutation peut s'opérer à une échelle plus grande, celle d'une ville ou à une échelle plus petite celle d'une partie de la ville et les transformations qui subissent peuvent êtrela résultante d'un processus de développement urbain ou celle d'une action volontariste, afin de donner à la ville ou l'une de ses entités une vocation déterminée.La mutation fonctionnelle peut engendrer l'introduction des nouvelles activités ou des activités non résidentielles dans la ville ou une partie de la ville. Comme l'indique A. KOUAME (2013, p.149), les nombreux activités économiques des trottoirs répondent certainement à un souci de logique commerciale, à savoir celui de la rentabilité.

T. GOGBÉet al (2016, p.105), affirment queles populations s'adonnent à la pratique de nouvelles activités économiques informelles sur des espaces inappropriés pour combler le vide de certains espaces.

B. KOUAKOU (2020, p.14), la mutation peut être d'ordre social, tel qu'un changement dans la composition sociale de la population, cette dernière, par ses pratiques sociales et son mode de vie, peut remodeler l'espace et le façonner à la manière qui répond au mieux à ses besoins qui l'occupe, de ce fait une mutation de la société peut entrainer une mutation de l'espace. Selon l'auteur, la mutation urbaine est souvent entrainée par des mutations économiques surtout à une période où le développement de l'économie se fait à un rythme très rapide. Mais d'une manière générale, les différents types de mutation sont souvent étroitement liés, du fait que la ville ou l'espace urbain n'est que les lieux d'enjeux et de l'interaction de tous ces phénomènes économiques, sociaux et même politiques. Les différentes mutations peuvent alors, avoir lieu en même temps ou l'une d'entre elles peut être la résultante de l'autre.

En somme, l'ensemble des auteurs évoqués dans notre travail, s'attendent pour parler du processus de l'aménagement urbain et les problèmes d'aménagement face aux mutations des villes ivoiriennes. Cependant, aucun des écrits n'a abordé les conséquences de l'aménagement urbain face aux mutations dans les villes. Notre apport personnel pour cette étude est donc de déterminer les conséquences liées aux mutations dans la ville de Bouaké.

3. PROBLÉMATIQUE

Le phénomène urbain est l'un des faits les plus marquants du monde actuel. Sur tous les continents et dans toutes les régions, le phénomène urbain va de plus en plus croissant (C.I. TANO, 2019, p.1). De plus en plus, la population quitte les zones rurales pour les villespoury trouver une meilleure qualité de vie.Le phénomène urbain se révèle comme une des tendances lourdes du monde actuel, car ce phénomène d'urbanisation reste aujourd'hui un véritable défidans les pays de l'Afrique (N.S. COULIBALY, 2021, p.23), notamment en Afrique subsaharienne, où on enregistre un taux non négligeable de 40% (Banque Mondiale, 2015, cité par B. KOUAKOU, 2020, p.34).

La Côte d'Ivoire n'est pas épargnée par cette croissance démographique et du processus d'urbanisation. Débuté timidement avant l'indépendance, la croissance démographique et le processus d'urbanisation connait un essor au lendemain de la souveraineté nationale.Elle voit sa population s'accroître et ses villes s'étendre de plus en plus. Selon RGPH (2014), environ 11 408 413 d'habitants sont urbaines, soit 50,3% de la population ivoirienne. Elle a été multipliée par 3,4 entre 1975 et 2014, avec un taux d'urbanisation passé de 32%% en 1975 a pratiquement 50,3% en 2014, soit une augmentation de 18 points (INS, 2014). Cette population urbaine, Bouaké seule enregistre 536 189 habitants (RGPH, 2014), ce qui représente 4,75% de la population urbaine de la Côte d'Ivoire (B. FOFANA, 2015, p.22).

Cette croissance accélérée de la population urbaine accentue la pression sur les capacités institutionnelles et urbaines à faire face aux défis de développement (C.I. TANO, 2019, p.2). Ce qui a engendré des problèmes auxquels les acteurs urbains ont du mal à apporter des solutions viables et durables. Face aux différentes tentatives des politiques urbaines dont l'objectif est la maîtrise de l'espace urbain, il ressort que la ville de Bouaké est débordée par une croissance démographique et spatiale (B. FOFANA, 2015, p.22). Cela pose des problèmes dans le centre urbain que dans les zones périphériques, et conduit à d'énormes transformations dans le tissu urbain, engendrant des problèmes d'assainissement et de gestion, d'occupation légale et ordonné de l'espace, de gestion des ordures et des bâtis et bien d'autres.

Pour soutenir le développement urbain et aider les collectivités localesà résoudre les différents problèmes, notamment les mutations opérées dans le paysage urbain posées parl'urbanisation, l'Etat ivoirien, en plus des structures déconcentrées procède à la décentralisation.

Cela s'est traduit par la mise en place d'autorités compétentes chargées de la planification et de la gestionde la ville en vue d'assurer l'organisation de l'espace urbain et d'offrir à la population citadine une meilleurequalité de vie. Mais à la lumière de toutes ces actions et malgré les efforts consentis parces autorités compétentes pour l'aménagement de la ville de Bouaké, il s'observe toujours des mutations dans le paysage urbain.

Pourquoi à la lumière de toutes ces actions et malgré les efforts consentis par ces autorités compétentes pour l'aménagement de laville de Bouaké, il s'observe toujours des mutations dans le paysage urbain?

De cette question centrale découlent les interrogations suivantes :

- Quels sont les types d'aménagement urbain à l'épreuve des mutations dans la ville de Bouaké?

- Quels sont les processus de l'aménagement urbain à l'épreuve desmutations dans la ville de Bouaké?

- Quels sont les impacts des mutations sur l'aménagement urbain dans la ville de Bouaké ?

4. OJECTIFS DE RECHERCHES

1. Objectif général

Cette étude vise à trouver une meilleure solution d'aménagement urbain durable face aux mutations qui s'opèrent dans la ville de Bouaké.

2. Objectifs spécifiques

- Déterminer les types d'aménagement urbain à l'épreuve des mutations dans la ville de Bouaké ;

- Montrer les acteurs processus de l'aménagement urbain à l'épreuve des mutations dans la ville de Bouaké ;

- Examiner les impacts induits des mutations sur l'aménagement urbain dans la ville de Bouaké.

5. HYPOTHESES DE RECHERCHES

1. Hypothèse générale

L'aménagement urbain à Bouaké impliqueune diversité d'acteurs face aux mutations.

2. Hypothèses spécifiques

- Il existe une multitude de types d'aménagement urbain à l'épreuve des mutations dans la ville de Bouaké ;

- Les processus d'aménagement urbain à l'épreuve des mutations dans la ville de Bouaké s'explique par la planification et la participation publique et inclusive ;

- Les impacts induits des mutations sur l'aménagement urbain dans la ville de Bouakésont essentiellement négatifs en raisondes disparités socio-économiques et la dégradation de l'environnement et les infrastructures existantes.

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