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La part de l'humain dans les problemes ecologiques selon Michel Serres


par Faustin MBUYU
Université de Lubumbashi - Licence 2023
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

Département de Philosophie

B.P. 1825

LUBUMBASHI

LA PART DE L'HUMAIN DANS LES PROBLÈMES ÉCOLOGIQUES SELON Michel SERRES

Par 

MBUYU FAUSTIN Gallon

Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du grade de licencié en Philosophie

Option : Philosophie des sciences

Directeur : Gilbert RUBONEKA

Professeur associé

Année Académique 2022-2023

I

EPIGRAPHES

« Le monde ne se réduit pas à un objet devant nous, disponible, dont on peut faire n'importe quoi »

Michel Serres.1(*)

« Nous devons apprendre et enseigner autour de nous l'amour du monde, ou de notre Terre »

Michel Serres2(*)

II

DEDICACE

À vous mes parents Ngoy Lucien et Mwamba Jeannette

À vous mes frères et soeurs de la famille Ngoy

Au révérend abbé Jean-Claude Fwela

À vous cher (re) lecteur (trice) !

III

IN MEMORIAM

Nous ne pouvons pas passer sans dire un mot à vous chère maman Fena Kabange et tous les défunts de la famille Lambert Mukena. Vous aurez bien voulu lire ce mémoire, mais vous êtes partis dans l'au-delà. Votre départ a laissé un vide dans notre coeur. Dans l'espérance de la résurrection que, notre Dieu vous donne un repos éternel.

IV

REMERCIEMENTS

Au début de notre rédaction, nous nous sommes fixé l'objectif de travailler en philosophie de la nature et spécialement en écologie sur la question de la crise écologique. La problématique de la crise écologique n'est pas aussi simple. Elle fait intervenir plusieurs disciplines scientifiques dont notre orientation est plus rendue claire par ce travail de Mémoire. Pour arriver à ce stade, il y a eu beaucoup de gens qui nous ont aidé et à qui on peut adresser quelques mots de remerciements.

Nous rendons grâce à notre Dieu maître de temps et des circonstances. Par son amour, Il nous a donné le souffle de la vie et le courage de mettre terme à ce cursus académique.

Nous disons merci à l'université de Lubumbashi (personnels scientifiques et académiques) pour nous avoir accueilli, formé durant notre parcours académique. À la faculté des lettres et sciences humaines, au département de philosophie nous disons également merci. Un très grand merci au professeurassocié Gilbert Ruboneka d'avoir accepté de diriger ce mémoire. Au-delà de ses nombreuses activités il a été là pour nous orienter et diriger tout au long de ce Mémoire. Pour son amour et son sens d'humanisme, il nous a non seulement dirigé mais aidé dans la vie sociale. Nous ne pouvons que dire merci. A tous les professeurs du département de philosophie, spécialement au professeur Jean-Pierre Mayele Ilo, Louis Mpala, Sylvain Kambala, Emmanuel Banywesize, Joseph Mabika, nous disons également merci pour le sacrifice et dévouement.

Merci aux parents : papa Ngoy Bilonda Lucien et maman Mwamba Kayuwa Jeannette, pour leur sacrifice et souci à notre égard. A vous mes consanguins frères et soeurs : Ngoy wa Maloba Laurianne, Ngoy wa Mulongo Françine, Ngoy wa Bilonda Trésor, Ngoy wa Kayuwa Jeancie, Ngoy wa Mwamba Eliezer, Ngoy wa Ngoy Bénédicte, Alphonse Mashinda, merci pour votre amour indispensable.

Au révérend abbé Jean-Claude Fwela, à qui nous disons merci pour son amour, accompagnement spirituel et matériel. Que notre Dieu vous protège durant votre mission sacerdotale. Le mot nous manque pour exprimer cette aide indispensable pour notre formation intellectuelle et spirituelle.

Aux amis et camarades de promotion : Jean-Claude Mulanda, Félicien Mulongoy, Raymond Nungu, Benoit Nvita, Rodriguez Kyamusale, Stanis Mayunga, la route a été longue et merveilleuse. Par ce mémoire nous exprimons notre gratitude de nous avoir accompagné et encouragé tout au long de notre parcours académique.

Auxamis et connaissances : Léon Martin Cibamba, Floribert Kankaj, Plamédie Ndaya, Félicien Kabongo, Arthur Khoji, Emmanuel Lenge, Nanan Nanga, Cyrille Kishala, Sylvain Kabombo et vous tous qui nous sont chers ; nous disons merci pour votre amour à notre égard.

0. INTRODUCTION GÉNÉRALE

0.1. OBJET D'ETUDE

Notre mémoire s'intitule « La part de l'humain dans les problèmes écologiques selon Michel Serres ».Nous voudrions dans cette investigation, qui s'inscrit dans le domaine philosophique, nous assigner comme tâche, d'étudier philosophiquement la question de la part de l'humain dans les problèmes écologiques dans la multidisciplinarité épistémologique de la pensée serrésienne, afin de critiquer, c'est-à-dire d'argumenter à propos de la légitimité, l'originalité, l'apport de la pensée encyclopédique de notre maître à penser du point de vue actuel d'une théorie du sujet.

La question de la connaissance est un présupposé anthropologique. Il est de notre part de pouvoir évoquer cette quintessence réflexive avec notre réflecteur : Michel Serres. Il est de prime à bord que l'humain dans son humanité s'humanise en tant que question de connaissance. Il est toujours à la recherche de son bonheur, de sondevenir, de son épanouissement, etc.

Autrement dit, nous cherchons à expliquer dans ce travail ; quelle est la part et la responsabilité de l'humain face aux problèmes écologiques. Certes, nous connaissons d'emblée, que les problèmes écologiques sont liés à la fois à la notion de la survivance des espèces sur terre et leurs relations au monde. Il n'est pas étonnant de constater actuellement, que cette survivance et relation se dégradent à petit feu. Tout le monde en parle aujourd'hui sur la crise écologique. Cette crise qui prend un visage assez complexe sur multiples phénomènes. Dans le même ordre d'idées, Henry David Thoreau souline que, « bientôt, ça ne fait aucun doute, nous assisterons à une époque où la volonté de l'homme sera la loi pour le monde physique... »3(*).

La question écologique est plus vaste, que ce que nous prévoyons étudier et mener comme des recherches. Voilà pourquoi, l'objectif de notre étude n'est pas d'envisager épingler toutes les facettes du domaine de l'écologie, notamment : l'écologie politique, économique, environnementale, etc. Par ailleurs, il sera question de statuer sur ce qui lie et engage l'humain face à la préoccupation écologique de manière philosophique. Lui permettre d'être consciencieux, responsable et concerné. Les conséquences pratiques du non-respect de la nature sont plus dramatiques qu'on le croit. À cet effet, il est de la responsabilité de tout humain d'essayer à consolider le lien qui l'unit aux autres êtres sur terre. En tant que question majeure, la nature fait l'objet de la nouvelle réflexion en philosophie. Cette réflexion se veut une piste de solution que l'humanité veut avoir.

0.2. CHOIX ET INTERET DU SUJET

La question de la part de l'humain dans les problèmes écologiques de Michel Serres est reconstituée et critiquée en fonction de sa perspective épistémologique qui implique une transdisciplinarité, une transnationalité et une universalité des sciences physicobiologiques, humaines et sociales pour pouvoir penser l'humain dans les problèmes écologiques.

De ce fait, notre choix et intérêt sont orientés dans le domaine de l'écologie. Pour ainsi dire, le monde dans lequel nous vivons, traverse une période critique de son histoire. Cette période créée et fissurée par des clivages entre les humains et leurs relations aux objetsdu monde. En choisissant ce sujet au regard de Michel Serres, notre intérêt est de montrer, que l'humain n'est pas le seul être de la nature. Il n'est qu'un élément parmi tant d'autres, et c'est pourquoi il doit être conscient du danger naturel et prendre conscience. Il a une part de responsabilité qui le concerne.

De plus, la planète terre enregistre beaucoup de phénomènes inhabituels. Ceci par le fait que les humains la considèrent comme un objet de sans valeur. En tant qu'objet, la terre est devenue un jouet des humains. C'est pourquoi, notre mission sur ce sujet, s'inscrit dans la logique selon laquelle, tous les êtres vivants sur terre sont de sujets à part entière. L'intérêt est celui d'aider l'humain à prendre conscience de tous ces enjeux afin qu'il ne soit pas la première victime de ses désastres. En plus de cela, le choix et l'intérêt portés à ce sujet s'articulent à trois niveaux :

Primo, sur le plan individuel : nous voulons faire comprendre au public ; pourquoi l'action humaine dans les problèmes écologiques s'avère un enjeu important. Même si celle-ci (action) d'une certaine manière posée consciencieusement et éthiquement est de nos jours une question personnelle, chaque individu a une part pour sauver cette humanité. L'intérêt est animé par les inquiétudes qui sont questionnées de part et d'autres dans les grands débats qui cadrent avec l'avenir de l'humanité. La question de la vie sur terre est une urgence collective.

Secundo, sur le plan scientifique : sachant que notre travail s'inscrit dans un monde universitaire, notre intérêt et choix portés sur ce sujet sont ceux de présenter la face écologique de Michel Serres aux dépens de sa casquetted'épistémologue. Notre intérêt est celui de voir le lieu privilégié où l'humain intervient dans le débat écologique. Car, l'entreprise écologique à laquelle nous nous intéressons présente une autre manière de concevoir la relation Humain-nature.

Tertio, sur le plan social : le choix et intérêt sur ce sujet tiennent place dans la société où nous vivons. Aujourd'hui, notre société fait face à de nombreuses crises. Notamment la crise financière, économique, politique, écologique. L'intérêt vise à aider l'humain à prendre conscience des actes qu'il ne cesse de poser à l'égard de ses semblables dans la nature. Aider notre société à être responsable vis-à-vis de son environnement, sa biodiversité : sa nature.

0.3. ETAT DE LA QUESTION

Cette étude s'inscrit dans un espace des textes par rapport auxquels nous nous efforçons de déployer une double stratégie épistémologique, à savoir la différenciation et la distanciation.

Nous énonçons notre hypothèse par rapport à quelques travaux réalisés sur Michel Serres et sur la théorie écologique. L'état de la question proposé renseigne donc sur l'état des connaissances par rapport à notre objet d'étude.

Notre étude relève de la philosophie anthropologique, voire écologique de Michel Serres. Plusieurs travaux ont été réalisés sur cet auteur dans différents domaines, tels que la littérature, la philosophie de la nature, l'épistémologie, la théorie de la connaissance, la sociologie, la méthodologie des sciences, etc. Parmi ceux qui ont travaillé sur lui au sein de notre Faculté, voire au département, il faut citer : Bruno Ciey, L'alliance homme-nature dans « le contrat naturel » de Michel Serres. Travail de Fin de Cycle présenté et défendu durant l'année académique 2013-2014. Ce travail a été dirigé par le Chef de Travaux Jean-Hilaire Ilunga. Dans ce travail, Bruno Ciey analyse le contrat naturel comme une implication responsable de l'homme et maintien de l'équilibre entre l'homme et la nature. Avant d'arriver à une telle conclusion, il part de l'analyse du concept nature dans différentes conceptions pour aboutir à l'idée du contrat comme terme d'alliance entre l'homme et la nature. Cependant, cette alliance a pour finalité unécodéveloppement intrigant les valeurs humaines et celles du monde. Dans ce travail, le contrat est synonyme de la réconciliation. Bruno Ciey développe la notion du contrat naturel dans un angle purement écologique.

Jean Kamonde Namumba, La sauvegarde de la nature dans le contrat naturel de Michel Serres. Travail de Fin de Cycle présenté et défendu durant l'année académique 2020-2021. Dirigé par le Chef de Travaux Gilbert Ruboneka. Dans ce travail, il est question du contrat naturel en tant que réponse aux conséquences écologiques. Le contrat est principe de sauvegarde de la nature. L'auteur met l'hypothèse selon laquelle le contrat est le seul moyen pour que la nature soit sauvegardée. Cette hypothèse signifie en d'autre terme que la résolution des conflits entre l'homme et la nature est faitegrâce au contrat. Ainsi, le contrat est centre de tout. Dans ce travail, l'homme est le seul être dévastateur de la nature. Et il est aussi le seul à passer ce contrat.

Jean-Pierre Songolo Kiwelewele, Contrat naturel chez Michel Serres. mémoire de l'année académique 2008-2009. Dirigépar le professeur Joseph Mabika. Jean-Pierre Songolo pour sa part analyse le contrat dans son ensemble. Il part d'abord de l'idée d'un contrat juridique, social et naturel. Il soulève les théories du contrat telles que la dimension métaphysique du contrat, la conscience et la reconnaissance. L'ensemble de son travail montre comment le philosophe Français arrive à proposer le contrat naturel dans le domaine de l'écologie. Il est parti de l'hypothèse selon laquelle, le contrat est un principe fondamental unissant l'homme et la nature, mais celui-ci relève d'abord de la conscience des individus.

Par ailleurs, notre étude, tout en partageant quelques similitudes avec celles de ces derniers, s'en démarque, dans la mesure où elle vise à enrichir et analyser dans le cadre de l'écologie, la part qui revient à l'humain lorsqu'il s'agit des problèmes écologiques. La démarcation de notre mémoire par rapport aux trois autres est que, nous n'analysons pas seulement dans notre travail la notion du contrat naturel, mais bien plus la pensée écologique de Michel Serres. Autrement dit, le contrat naturel est un des éléments qui sera traité dans la mesure où celui-ci répond en fait à notre problématique. Notre part d'orientation se focalise surles théories de notre auteur sur la question de l'écologie. L'originalité en premier lieu de ce mémoire est celle d'attribuer à l'humain sa part de responsabilité lorsqu'il s'agit des problèmes écologiques tels que le réchauffement ou changement climatique. En second lieu, c'est conscientiser l'humain dans ses actions en lui montrant l'origine des évènements écologiques dans l'histoire afin qu'il trouve une solution adéquate. Notre étude se veut aussi différente de ceux de nos prédécesseurs, en ceci que la critique de la part de l'humain dans les problèmes écologiques chez Michel Serres, qui se pense à l'horizon de l'« épistémologie»4(*)promue par Michel Serres, nous servira de prétexte pour penser le devenir de l'humain dans le contexte de la mondialité.

0.4. PROBLEMATIQUE

Quelle est la part de l'humain dans les problèmes écologiques selon Michel Serres ?Cette question en apparence simple ne peut recevoir une réponse claire et rapide. D'entrée de jeu, dans sa randonnée existentielle, l'humain est une entité consciente ; un être conscient qui se rapporte à l'espèce comme à sa propre nature comme un être sociable et social. L'animal produit aussi, entre autres, la construction de son habitation, mais la production animale est seulement immédiate. Tandis que l'humain, bien qu'animal, son produit est universel. Libéré du produit physique, il ne produit que lorsqu'il est en liberté, il produit toute la nature. L'humain se dresse librement face à son produit, il ne crée qu'à la mesure de toutes les espèces et non pas selon les besoins de son espèce comme c'est le cas de l'animal privé de liberté.

Ce faisant, la crise écologique globale qui frappe la planète Terre depuis le XXe siècle jusqu'aujourd'hui s'est rapidement accompagnée de deux discours : d'une part l'injonction à protéger notre environnement. Et d'autre part, des constats apocalyptiques ou triomphants sur, au contraire, la dégradation de la nature. Cette crise fait en sorte que, le réchauffement climatique mondial modifie la manière de vivre dans la société actuelle.

Cependant, c'est vers la deuxième moitiéXXe siècle qu'on peut à proprement évoquerd'une conscience écologique générale dans le monde. Et celle-là suite aux effets inattendus enregistrés dans le monde (l'accélération de la désertification, les pluies acidiques, le réchauffement climatique, etc.). Le fait d'agir de l'humain sur la nature a en retour modifié les écosystèmes. Selon ce que pense Georges Perkins : « l'action humaine a été ou pourrait être le plus préjudiciable ou le plus profitable dans son influence sur les conditions physiques de la terre que nous habitons5(*) ».

La question élucidée ci-haut en apparence simple ne peut recevoir une réponse claire et rapide. En effet, de nos jours, sur les réseaux sociaux, dans les chaînes de télévision ou dans les débats mondiaux, il ne se passe pas une journée sans qu'on évoque la question de la crise écologique, de la crise environnementale, du réchauffement climatique, des érosions, de l'extinction des espèces, l'effet de serre, de l'acidification des océans, etc., Ces phénomènes inquiètent l'humanité en général et l'humain en particulier. Ces situations d'inquiétudesobligent à repenser la question écologique autrement. Repenser le lien qui unit l'humain au reste de la nature, ses actions et activités, sa relation et son avenir. Sans doute, l'humain est produit de la terre, sans elle sa vie est en danger. C'est pourquoi, il ne peut que bien gérer la nature. Sa mauvaise gestion est l'élément accélérateur de toutes les crises qu'il subit aujourd'hui. D'où la responsabilité lui est imputée d'être le prédateur. Il doit pouvoir arriver à comprendre et briser son opposition avec les restes du monde. Le conserver, le protéger et entrainer de bonne relation, parce que sans ceux-ci, il est condamné à disparaitre.

Par ailleurs, depuis, le progrès de la science et technique, l'humanité est en péril. Ceci suscite plusieurs inquiétudes et place l'humain devant une problématique incessante. Cette problématiqueest liée à sa survie. Par soif d'être maitre etpossesseur, d'être le centre du monde, par la croissance de son économie, il se crée de problèmes très aigus. Ainsi, la question pendante et dominante reste celle de savoir : que doit-il faire pour atténuer tous ces problèmes ?

De plus, nous vivons une période critique et incertaine. Période fissurée par les idéologies capitalistes, technophiles et politiques. Cet ensemble provoque de nombreux problèmes, des crises au point où il est difficile de voir les perspectives et alternatives qu'elles présentent. Cependant, tous ceux-ci constituent ce qu'on appelle : problèmes écologiques. Ces problèmes s'articulent entre l'humain et la nature, la relation qu'ils entretiennent n'est plus celle d'avant où l'humain se sentait fils de la terre. Autrement dit, l'humain et son rapport au monde. Delà se pose une question : comment l'humain entretient-il sa relation avec la nature ?

La soif d'être puissant dans la nature engendre en l'humain le désir de tout saisir au point où il veut créer sa propre tombe parce qu'une fois détruire la nature, les êtres vivants dépendent d'elle disparaitront avec elle. Chose que l'humain doit pouvoir éviter. Michel Serres propose dans le contrat naturel que l'humain pour survivre doit pouvoir passer un accord, un contrat. Sur ce, nous nous posons de questions suivantes : Quelles sont les causes des problèmes écologiques ? Quelles sont les conséquences qui en découlent et comment les éviter ? Telles sont les questions qui nous serviront de balise et étayeront le reste de notre investigation.

0.5. HYPOTHESE DU TRAVAIL

Notre première préoccupation consiste à nous interroger sur la part de l'humain dans les problèmes écologiques. Ilappert queles différentes crises qui s'annoncent un peu partout dans le mondemontrent quel'humain n'estpas en bonne relation avec la nature en général et l'environnement en particulier.Sur ce, il est important de repenser notre relation avec les autres êtres de la nature. Bien plus, étant donné que l'humain est victime de ses propres actions cela signifie qu'il est à l'origine de sa propre destruction, alors il lui revient de prendre conscience de ses actes. Sans cette conscience, il sera toujours en difficulté ou danger. Les conséquences écologiques n'épargnent aucun vivant. Tous sont cernés, voilà pourquoi il serait important d'être conscient de la réaction de la nature. La conscience est le mobile de la responsabilité vis-à-visde nous-mêmes et de l'autre.

Du coup, il serait important de préconiser des mécanismes permettant à l'humain d'être en bonne relation avec la nature. Bien des auteurs ont proposédes théories quant à cela. Il apparaît que dans la postérité hansienne la théorie pour sauver la nature et les vivants serait celle du principe responsabilité, cette expressionpermet à notre auteur de penser et de donner à comprendre la dimension complexede l'humain la théorie qui permettrait d'atténuer les problèmes écologiques serait le contrat naturel. Par contrat naturel, les humains sont partenaires avec le reste de la nature. Ce contrat permettrait à l'humain d'entretenir un nouveau rapport avec la nature. Ce rapport portrait à l'humain de sauver son espèce et celle des autres. Ainsi, les problèmes écologiques seraient résolus. Mais si les rapports entre l'humain et la nature restenttendus, alors les différentes catastrophes ou conséquences écologiques continueraient. C'est pourquoi, il est important que les humains sachent quoi faire pour être en sécurité.

En par rapport à notre problématique, voici comment se formule notre hypothèse : Si l'humain est la solution par laquelle la crise écologique pourrait s'atténuer,alors, il doit être conscient et responsable des actes qu'il pose vis-à-vis de cette la planète.Pour sauver la nature, l'humain doit la considérer comme un sujet ayant des droits. Et face à ces effets inhabituels que nous enregistrons partout dans le monde ; le contrat avec la nature est notre chance pour survivre, quoi qu'il reste vrai que la part de l'humain est de revenir vers la nature comme partenaire fiable.

0.6. DELIMITATION DU SUJET

Le présent travail est orienté en philosophie des sciences, mais spécialement en écologie. A cet effet, la part de l'humain dans les problèmes de la crise écologique selon Michel Serres ne se limite pas seulement en philosophie, mais aussi dans les domaines des sciences de l'environnement comme l'agronomie, zoologie, la géologie, etc. Pour le délimiter, le nôtre s'inscrit dans la perspective épistémologique, c'est-à-dire discourir sur l'écologie, mais au second degré ou langage. Ce qui veut dire réfléchir et discourir autrement sur ce que les autres ont dit en matière de la protection de notre maison commune (nature).

Cependant, en ce qui nous concerne le nôtre se démarque des autres travaux en ce sens qu'il analyse la partie assignée à l'humain dans les problèmes écologiques. Autrement dit, il reproche l'humain en tant que responsable, à l'instar des autres actions non-humaines considérées parfois naturelles. Cette démarcation, nous la tirons dans les ouvrages de notre maître à penser.

0.7. METHODES DE RECHERCHE

Pour mener à bon port nos recherches dans ce domaine, et au regard des exigences de celle-ci, nous optons pour la méthode herméneutique assortie d'une approche critique. La nature de notre objet d'étude détermine en fait la méthode à utiliser. Surtout comment pouvons-nous arriver à comprendre, sans herméneutique, une oeuvre reconnue pour son caractère ostentatoirement cryptique ? L'herméneutique et la critique nous permettent de saisir et d'articuler des considérations critiques sur l'idée serrésienne de la part de l'humain dans les problèmes écologiques, d'en montrer la portée et les limites philosophiques.

Par recours à la méthode herméneutique comme « Corinthe », où se rencontrent des énigmes complexes, des articulations et positions aussi bien contradictoires que complémentaires, nous pensons entrer dans la pensée de Jean Greisch par le triple arsenal herméneutique, lequel est composé de lire, interpréter et comprendre6(*). Nous ne pouvons pas lire, interpréter et comprendre sans ce regard critique. Aussi faut-il emprunter la plume de Hans-Georg Gadamer qui épingle qu'« il se produit [...], en toute lecture, une application, si bien que quiconque lit un texte est lui-même intégré au sens appréhendé. Il appartientlui-même au texte qu'il comprend »7(*).

0.8. DIVISION DU TRAVAIL

Hormis l'introduction et la conclusion générales, notre étude est divisée en quatre chapitres. Le premier présenteles causes profondes à l'origine des problèmes écologiques. Il est question d'enquêter sur les origines qui ont causées la crise écologique en général. Le deuxième traite la problématique du progrès technique, capitalisme et leurs conséquences écologiques. Dans ce chapitre, il est question d'énumérer les différentes conséquences de la crise écologique émanant du progrès technique et développement économique. Le troisième nous permet de connaitre l'écologie du contrat ou du sujet de droit. Dans ce chapitre, il est question de l'introduction de la notion du contrat naturel comme acteur principal capable de réconcilier l'humain et la nature. Le quatrième et dernier chapitre intitulé : approche critique de l'écologie du sujet de droit présente des analyses critiques de la pensée de Michel Serres. Ces analyses sont faites de deux manières : positive et négative. Ce chapitre présente notre compréhension du travail.

0.9. NOTICE BIOGRAPHIQUE8(*)

Michel Serres est né le 1er septembre en 1930 à Agen (Lot-et-Garonne, France). D'origine française, il est le fils de Jean, dit Valmy Serres,  batelier sur la  Garonne. Il reçoit une éducation catholique et pratique le scoutisme en France qui le totémisent Renard enthousiaste. Il est reçu en 1949 à l'École navale, dont il démissionne peu après, pour préparer dans un lycée parisien le concours de l'École normale supérieure, où il est reçu en 1952. Il soutient un Diplôme D'études Supérieures au sujet des structures algébriques et topologiques avec Gaston Bachelard, puis est admis 2e ex aequo à l'agrégation de philosophie en 1955. De 1956 à 1958, il fait son service militaire comme officier dans la Marine nationale. Il est le père de quatre enfants, dont Jean-François Serres, un temps délégué général de l'association Petits Frères des pauvres.

Michel Serres réalise une carrière universitaire, d'abord à l'université Blaise-Pascal, où il fréquente Michel Foucault et Jules Vuillemin. Ils confrontent alors régulièrement leurs idées et points de vue sur des thèmes qui prendront corps dans le livre Les Mots et les Choses. Il est ensuite nommé à l'université Paris-VIII, où il participe brièvement à l'« expérience de Vincennes ». En 1968, il soutient une thèse de doctorat de lettres, intitulée Le Système de Leibniz et ses modèles mathématiques, et est nommé en 1969, professeur d'histoire des sciences à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il enseigne également aux États-Unis, d'abord à l'université Johns-Hopkins, à Baltimore, à l'invitation de René Girard, puis il suit ce dernier à l'université Stanford, où il est nommé professeur en 1984.

Ses oeuvres :

Serres Michel, Morales espiègles, Paris, Éd. Pommier, 2019.

IDEM, C'était mieux avant, Paris, Éd. Le Pommier 2017.

IDEM, Le temps des crises, Éd. Pommier, 2009.

IDEM, Hominescence, Paris, Éd. Le Pommier, 2001.

IDEM, La légende des anges, Paris, Éd. Flammarion, 1993.

IDEM, Le tiers-instruit, Paris, Éd. François Bourin,1991.

IDEM, Contrat naturel, Paris, Éd. François Bourin, 1990.

IDEM, Les cinq sens, Paris, Éd. Grasset, 1985.

IDEM, Hermès I. La communication, Paris, Éd. Minuit, 1984.

IDEM, Genèse, Paris, Éd. Grasset, 1982.

IDEM, Le parasite, Paris, Éd. Grasset, 1980.etc.

0.10. DIFFICULTES RENCONTREES

Les recherches et la rédaction de cemémoire n'ont pas été aussi simples.En général, nous avons été confrontés à des difficultés. La première difficulté est liée aux ouvrages de l'auteur. Nous n'avons pas pu accéder à tous les livres de notre auteur parce que les bibliothèques quenous avons fréquentées n'en possèdent pas assez. Il n'était pas facile de trouver certains livres de notre auteur où il développe davantage les idées sur l'écologie. La deuxième difficulté est en rapport avec la langue, il y a des livres de notre auteur qui sont en anglais. Notre auteur a longtemps enseigné dans le monde anglophone que francophone. Beaucoup de ses idées sont bien comprises dans le contexte anglophone. De notre côté, par manque de n'est pas asseoir convenablement la langue anglaise, il nous a été difficile de bien comprendre certains termes d'origine anglaise. La troisième difficulté est liée au style qu'emploi l'auteur. Michel Serres a un style poétique, sa manière d'écrire oblige au lecteur d'être suffisamment instruit sur la poésie et autres genres littéraires. Ses textes ont par moment un langage historique, c'est-à-dire il faut savoir un peu d'histoire, de la mythologie, etc.

CHAPITRE PREMIER : LES CAUSES PROFONDES DES PROBLEMES ÉCOLOGIQUES

II.0. INTRODUCTION

De nos jours, il est impossible de passer sous silence les problèmes écologiques entre autres : réchauffement climatique, déglaciation, extinctions des espèces vivantes, l'émission des gaz toxiques, etc. connaissent une crise. La plupart des gens discutent là-dessus et à un certain niveau. Les problèmes écologiques sont devenus une urgence humanitaire. Cette urgence exigence un comportement responsable, le retour à un retournement aux choses monde. Ainsi, pour bien orienter le débat, il est impérieux de connaitre les causes profondes de ces problèmes, puisqu'elles sont à l'origine de nombreuses catastrophes écologiques. La question reste à savoir par où devrions-nous commencer ?

Il s'avère que les problèmes écologiques ont une origine assez lointaine par rapport à notre époque. Cette origine est liée non seulement de manière directe aux activités humaines, mais aussi de manière indirecte aux évènements naturels de la terre. Pour ce qui concerne les activités humaines, nous voyons au préalable les pensées et croyances humaines produites par certains humains dans l'histoire. Leurs influences ont fini par se construire en des idéologies. Ces idéologies sont précurseures de la nouvelle conception de la nature. Cette conception engendre de nos jours des conséquences inédites. Voilà pourquoi, face à ces conséquences inédites, il est important de décrypter ces activités et idéologies depuis la source pour chercher comment atténuer ou stopper les dégâts. Au courant de l'histoire, il y a eu différentes visions du monde telles qu'elles émergent. Ces visions ont influencé la manière de considérer la nature, d'agir ou de penser sur elle. Elles ont fait de la nature une propriété privée de l'humain dans laquelle, celui-ci est maître de tout.

Nonobstant, nous sommes sans ignorer que la planète terre dans son fonctionnement et organisation est à l'origine des perturbations chez les vivants. Ces dernières sont à faible pourcentage des problèmes écologiques. Tous ces phénomènes épinglés constituent notre objet d'étude dans ce chapitre. C'est pourquoi, nous analyserons les causes profondes à l'origine de la crise écologique.

Précisons ici que ce chapitre traite et analyse certaines données historiques de la philosophie, de la science et des évènements pour desceller quelques racines et idées qui ont servi de soubassement à la crise écologique et dont nous subissons les conséquences aujourd'hui. La mission du chapitre est de découvrir les socles de cette tragédie humanitaire que les vivants traversent pendant ce siècle. Ajoutons à ceci que, pour arriver à réduire cette crise globale, il est toujours important d'examiner avec finesse la perspective historique lointaine des évènements de la terre et les présupposées qui ont fondé de ladite crise.

C'est pourquoi, en premier lieu, nous analyserons les phénomènes naturels de la terre. En second moment, il sera question des visions du monde à l'origine de la crise écologique. Ainsi, la première démarche du chapitre consiste à analyser les phénomènes naturels de la terre. Ceci parce qu'au-delà des activités humaines (conception et visions), la terre est à l'origine de certains bouleversements qui engendrent des crises çà et là. Ces bouleversements sont des faits à ne pas banaliser. Dans le second moment, nous analyserons les idées de certains auteurs philosophes et scientifiques qui ont contribué à la dépréciation de la nature comme objet (chose), que nous qualifions de mal ou racine lointaine de la crise écologique : l'anthropocentrisme moderne comme socle du développement technique et économique. Signalons que dans la conclusion partielle, il y aura l'analyse critique du chapitre.

En outre, avant de commencer la première section du chapitre, définissons trois concepts fondamentaux selon Michel Serres à savoir : nature, écologie et problème ou crise écologique. Le premier est la nature. Étant un ensemble d'un tout contenant divers éléments et dont les éléments sont en interdépendances les uns des autres. Il le dit en ces termes : « aujourd'hui la nature se définit par un ensemble de relations, dont le réseau unifie la terre entière ; le contrat naturel connecte en un réseau le second au premier9(*)». Sa définition inclut les êtres animés et inanimés : « l'eau, le feu, la terre, flore et faune, l'ensemble des espèces vivantes [...] ce pays archaïque et nouveau, inerte et vivant10(*) ». Il considère la nature comme un sujet de droit, une mère porteuse. Qu'il désigne par moment comme : monde, nature et Terre.

Le second concept est l'écologie11(*). Michel Serres définit l'écologie comme la science qui : « s'occupe des choses du monde12(*) ». Cette science « parle des choses du monde et les sociétés des sociétés13(*)», autrement dit l'écologie s'occupe de discourirsur les êtres vivants et leurs habitats. En d'autres termes, l'écologie dit « le monde, non plus comme des choses locales, mais comme partenaire globale... [Elle dit] aussi que le monde dit14(*) ». A cet effet, l'écologie est la science de la vie et de la terre15(*) (SciViTe16(*)) : vie comme vivant et terre comme habitat. Science qui dit des choses du monde et dit ce que ces choses veulent nous dire en retour. Pour Ernest Haeckel l'écologie est « la totalité de la science des relations de l'organisme avec l'environnement, comprenant au sens large toutes les conditions d'existence17(*) ».

Le troisième terme, il s'agit de la Biogée. Michel Serre l'avait introduit pour expliquer l'institution à la lettre mondiale : eau, air, feu, terre et vivants. Ces éléments sont le représentant de la biogée en tant qu'institution. Il s'agit de la vie et de la terre. Ce concept signifie la symbiose entre les humains et le monde.18(*)L'auteur affirme :

La biogée comprend, en effet, le monde et les humains, sujets ensemble et objets de cette science et exprimant, dans une langue commune, leurs soucis communs en la WAFEL.19(*)

Il se conçoit en quelque sorte comme un concept démocratique, parce qu'en lui il y a aucune maîtrise, ni domination n'existe. C'est de l'interconnexion et interdépendance. Une égalité démocratique. La biogée à comme science la SciViTe (sciences de la vie et de la terre). Le quatrième concept, c'est la crise ou problème écologique. Le mot crise d'après Michel Serres, « vient du grec, crinô, justement, signifie juger20(*)». Il est cette appréciation de jugement. Appréciation qui dit si l'idée est bonne ou mauvaise. Cela dit, le terme crise dans la philosophie serrésienne désigne une critique à l'égard d'un fait, situation, etc. Au fond avec notre auteur la racine du terme crise désigne un tribunal du jugement. C'est pourquoi, « le mot crise laisse voir son origine juridique [...] il s'agit d'une décision prise par un jury et par son président21(*) ». De la racine latine, la crise est comprise comme la décision provenant du jury. Cette décision qui a coupé court et en deux un problème survenu. Dans le cas qui nous concerne où nous présentons la crise écologique, celle-ci (la crise), désigne « l'état d'un organise [espèces] confronté à la croissance d'une maladie... 22(*)», ou autre situation que la maladie, mais qui rend un jugement désagréable et calamiteux. La crise écologique est la dégradation de la nature sous toutes ses formes : la pollution, le réchauffement climatique, la déforestation, etc. Tous ceux-ci constituent et expliquent les problèmes écologiques.

Les problèmes écologiques sont des questionnements, des inquiétudes qui se posent à l'ère actuelle au sujet de la nature comprise comme cadre de vie. Ils sont multiples. Il y a ceux qui sont liés à l'environnement : la pollution de l'air, la crise de l'eau, le changement climatique, l'épuisement des ressources, etc. Il y a aussi ceux qui sont liés aux espèces vivantes : la disparition massive des espèces végétales et animales, l'épuisement de la biodiversité, etc. Pour notre auteur, les problèmes écologiques se résument en une idée ou conception ; celle qui considère la nature comme un objet ou une chose de sans valeur, avec laquelle nous n'avons pas de compte à rendre.

I.1. LES PHENOMENES NATURELS DE LA TERRE

Tout au long de cette première section, nous discourons sur les phénomènes naturels de la terre pour analyser les enjeux et effets que ces derniers ont eus sur la terre. Signifions que les phénomènes naturels de la terre sont des événements qui ont une origine un peu plus lointaine, que la crise actuelle. Mais, leur rythme était moins accéléré. C'est pourquoi, pour les retracer il nous faut recourir dans le passé de la terre afin d'en examiner les conséquences.

Ce faisant, dans l'histoire de la terre il y a eu des évènements et phénomènes qui ont causé d'énormes dégâts, extinction des espèces, des crises, etc. Selon Michel Serres, nous devons remonter les décennies archivées ou des millénaires sans mémoire pour les découvrir.23(*) Néanmoins, ces évènements, semblent-ils se produire de manière naturelle sans qu'il y ait l'intervention de l'action humaine. De quoi s'agit-il ? D'un hasard produit dans la nature ? Ont-ils eu des effets sur les vivants ?

Eu égard à ce qui précède, Alain Pavé explique que « les systèmes vivants sur terre subissent des aléas environnementaux, qui peuvent les altérer et même qui risquent de le faire disparaitre24(*) ». Ces évènements surgissent sur la terre, mais de manière aléatoire. Autrement dit, il n'y a aucune réglementions et régularité qui les gèrent. Néanmoins, le grand danger est qu'ils peuvent provoquer de perte et disparition dans le vivant. Cette disparition contribue d'une certaine manière à la perte de certaines espèces vivantes sur terre. Ces dernières (espèces) sont une richesse pour la planète.

En effet, dans le fonctionnement de la nature, il arrive des fois qu'un évènement se produise sans qu'il y ait l'intervention de l'action humaine. Ces évènements sont qualifiés de naturel, parce qu'il s'agit de l'auto-organisation de la nature. Néanmoins, cette explication a été approuvée par le GIEC25(*) en date du mois d'août 2021 notant que l'humanité s'expose à de multiples aléas climatiques inévitables26(*). Ces aléas sont une organisation du système de la planète et de ses incidents.

Ajoutons à ce sujet l'idée du Pape François dans l'encyclique Laudato si'. Celui-ci souligne que le changement de la nature fait partie de la dynamique des systèmes complexes de la nature et dont la dynamique est un fait normal.27(*)Ce fait ou changement se réalise de manière lente. Le Saint-Père énumère dans les pages qui suivent les facteurs qui ne sont pas liés directement à l'action humaine, mais sont à la base de certaines perturbations. Ces facteurs sont tels que : le volcanisme, les variations de l'orbite et de l'axe de la terre, le cycle solaire.28(*) Ainsi, soulignons qu'avant les deux dernières décennies ces facteurs sont connus et sont causés par le phénomène dynamique de la terre.

De ce qui précède, nous avons affirmé, il sied maintenant de le démontrer. Pour ce qui est du changement climatique par exemple, les scientifiques discutent beaucoup sur ce sujet. Ils reconnaissent que le changement climatique a un double aspect : le premier est d'ordre naturel et le second de l'action humaine. Certes, le premier aspect nous intéresse pour l'instant. Cependant, Alain Grandjean atteste dans son article publié dans la revue Lumen Vitae que « dans l'histoire de la planète, le climat n'a cessé de changer sous l'influence de multiples déterminants29(*) ». Ces influences, ajoute-t-il, proviennent de l'organisation et du fonctionnement de la terre : l'irradiance solaire, la distance de la terre-soleil, variation de l'orbite terrestre, inclination de la terre sur son axe de rotation, dérive des continents, volcanisme, émissions de méthane et oxygène par le vivant, capacité d'absorption des océans, etc.30(*) Tous ceux-ci prouvent à suffisance que la nature dans son fonctionnement provoque des crises qu'on ne peut jusque-là mettre sous la responsabilité de l'humain.

En liaison avec ce qui vient d'être dit, Trinh Xuan Thuan dans un livre publié aux éditions Fayard en 1998 « Le chaos et l'harmonie. La fabrication du réel » nous explique de manière scientifique la question de l'histoire de la terre et ses évènements parfois drastiques et hasardeux. Il dit : pour arriver à « expliquer les phénomènes naturels, il nous faut à la fois découvrir les lois qui régissent le nécessaire et reconstruire les évènements fortuits31(*) ».

À cet effet, si nous rentrons à la racine de ces évènements, nous trouvons, que ceux-là sont aléatoires, de la contingence. C'est par exemple, la problématique de l'inclination de la terre. Nous savons qu'avec les données de la physique et de l'astronomie, la terre ne se tient pas tout droit. Elle se pense d'un côté, tournant au plan zodiaque avec ces deux mouvements : la rotation et la translation. Ces deux mouvements sont responsables du changement des saisons et à la base du climat. Certes, l'axe de la terre par rapport au plan zodiaque s'incline de 23,5°.32(*) Cette inclination a pour conséquence le changement de climat sur la terre, le déplacement de certaines espèces. Comment cela est-il arrivé que l'axe de la planète soit incliné ?

A cette question Trinh Xuan Thuan montre qu'il y a eu des collisions violentes entre les planètes et les astéroïdes. Ceux-ci percutent une planète une fois sur son chemin. Conséquence ; reversement et inclination d'un côté.33(*) Ce renversement et inclination causent d'énormes dégâts sur la planète. C'est ce que d'ailleurs Alain Pavé note dans son livre au sujet de la disparition de certaines espèces et les grandes extinctions, en l'occurrence les dinosaures.34(*) Ces phénomènes sont des évènements très catastrophiques et leurs présences ont comme conséquence sur les variations brusques dans la biodiversité. Une des premières grandes extinctions enregistrées sur la terre est la disparition de dinosaures. Quant à la variation de l'orbite terrestre, celle-ci est un fait important sur notre planète. D'ailleurs, c'est Johannes Kepler en 1609 qui nous a éveillés à ce sujet. La distance qu'à la terre-soleil varie et influe sur les vivants. Cette variation est d'un peu de moins de 1%35(*). Elle facilite la variation de la température sur terre.

Qu'est-ce qui justifie tout ce mécanisme ? A cette question, Alain Pavé affirme : « les aléas naturels sont engendrés par les dynamiques et les circumplanétaires physico-chimiques [...] ou biologiques36(*) ». Il revient à l'humain d'en tirer conséquence à ce sujet. Si la terre dans son fonctionnement est capable de lui faire du mal, il doit certainement éviter de précipiter les événements naturels.

Que dit notre auteur à ce sujet ? Notons également qu'il ne rejette pas l'idée selon laquelle, il existe des phénomènes naturels sur la terre qui ont causé des dégâts sur les choses du monde (nature). Dans Le contrat naturel, celui-ci souligne que la nature (monde) est un « système physique âgé de millions d'années, fluctuant et cependant relativement stable par variations rapides, aléatoires et multiséculaires...37(*) ». Michel Serres reconnait les évènements naturels catastrophiques et ceux-ci ont pour origine l'achèvement d'un cycle ou l'organisation naturelle du monde. Sur ce point, le changement climatique, il pense que c'est un phénomène rare avant l'ère où l'humain a commencé la chasse à la nature. Ce changement ne doit pas nous inquiéter, parce que nous ne pouvons cependant rien faire à ces événements. « Le système climatique varie de façon forte, mais cependant assez peu relativement invariant par variations brèves ou lentes catastrophiques et douces, régulières, chaotiques. Donc les phénomènes rares y frappent, mais ne doivent pas nous étonner38(*) », parce que c'est un phénomène naturel.

Pourquoi ces évènements ne doivent pas nous étonner ? A ce sujet, Michel Serres affirme : « Rien dans cet exemple que de naturel et nous ne pouvons rien39(*) ». Ce sont les lois de la physique. La particularité avec ces évènements, ils sont rares. Mais ils créent des perturbations dans la nature. De ce point de vue, nous ne pouvons pas imputer la responsabilité à l'humain, car il ne s'agit pas de lui comme antécédent à ces évènements, mais comme un agent sur une scène de crime qui constate les dégâts causés. Voilà pourquoi, à un certain égard, renchérit l'auteur : « Il en est ainsi et cela dépend moins de nous que notre héritage d'histoire40(*) ». C'est à l'histoire de la terre que revient cette responsabilité. Et c'est toujours à elle de nous informer ce que nous devons éviter pour ne pas tomber dans les mêmes erreurs qui vont précipiter les vivants sur terre comme il y en a eu depuis le cambrien. Pour Michel Serres, nous vivons et habitons « dans un monde livré aux aléas des évènements-accidents, contingents et dangereux41(*) ».

Pourquoi les conséquences climatiques sont attribuées uniquement à l'humain alors que nous venons de montrer qu'il y a des évènements naturels de la terre qui sont aussi à la base de ces problèmes ? En effet, pour arriver à conclure que l'humain est le seul auteur principal des problèmes écologiques, il faudrait en premier lieu comprendre que les phénomènes naturels de la terre n'ont pas pour responsable les humains. Comme en témoigne Alain Pavé, « les événements qui conduisent à des risques sont d'origine naturelle [...]. On connait leur existence, mais ils sont imprévisibles42(*) ». Sur ce point de vue, la responsabilité de l'humain devient partagée. Il a une part qui lui ait réservée, puisque c'est difficile de les prédire. Nous sommes gérés par la loi de la contingence.

Retenons que, les phénomènes naturels de la terre sont des évènements du hasard, aléatoires causés par le fonctionnement et l'organisation de la nature(Terre). Néanmoins, ces évènements sont à l'origine de certains problèmes écologiques, voire la disparition de certaines espèces non encore connues par les spécialistes. Michel Serres ajoute à ce sujet que ces phénomènes fussent rares car, ils sont liés à un moment au cycle de la terre ou du système physique de la planète. Ils ne sont pas non à négliger, parce que leurs présences créent d'énormes dégâts et sont aussi à la base de la destruction de la nature. Ici, la part et la responsabilité reviennent à la nature elle-même, l'humain n'est qu'un agent qui constate le fait. Est-il innocent ? Difficile de répondre directement à cette question. Voyons d'abord ce que l'histoire de la philosophie et celle de la science racontent à ce sujet.

I.2. LES IDEOLOGIES PHILOSOPHICO-SCIENTIFIQUES DE LA NATURE

Le point précédant a fait l'objet des phénomènes naturels de la terre. Il résulte de notre recherche que les problèmes écologiques n'ont pour antécédent l'humain. Il n'est pas le seul acteur détracteur de la nature. Autrement dit, l'Univers dans son fonctionnement est aussi à l'origine de certaines perturbations, qu'il y a des évènements et phénomènes destructifs provenant de l'organisation et fonctionnement de la nature elle-même. Ces phénomènes ne sont pas liés de près à l'activité humaine. Ce qui veut dire que, d'une part l'humain est innocent de certains phénomènes qu'arrivent dans la nature. Et d'autre part, il doit assumer sa responsabilité. Et Michel Serres souligne que face à ces phénomènes, nous n'y pouvons rien parce que ça ne dépend pas de nous. A ce niveau la responsabilité revient au fonctionnement et caractère dynamique de la terre.

Quelle est alors la part qui revient à l'humain par rapport aux problèmes écologiques ? Michel Serres affirme que les grands bouleversements dont l'humanité fait face proviennent des « recherches scientifiques et de ses applications43(*) ». Pourquoi ? s'interroge l'auteur. « Les scientifiques ont donc déjà manifesté le pouvoir de transformer la face du monde et la maison des hommes44(*) ». Quelle est cette responsabilité que l'humain scientifique doit-il assumer ?

Pour arriver à montrer la responsabilité qui lui revient, revenons à l'histoire de la philosophie et celle de la science pour découvrir les idées défendues par certains auteurs et dont les idées ont amené les humains à concevoir les choses du monde (nature) autrement. L'objet de ce présent point est de montrer comment certaines idées et conceptions des auteurs ont contribué et constituent un point de départ de ce que nous appelons crise écologique. Leurs pensées et idées ont fini par devenir une idéologie. L'idéologie qui sépare le sujet et l'objet.

En effet, par leurs écrits, nous découvrirons leur manière de penser et concevoir la nature. Pour ce qui est de la procédure, nous la présenterons en deux points : le premier est celui des philosophes et le second pour les scientifiques.

I.2.1.1. Les idéologies philosophiques : l'empirisme et le rationalisme

Les philosophes depuis l'Antiquité cherchent à expliquer trois concepts fondamentaux : Dieu, humain et monde. Parmi ces concepts, le dernier nous intéresse dans notre travail. La question que les philosophes de l'Antiquité se sont posées, était celle de savoir d'où vient le monde (nature) ? A cette question plusieurs philosophes ont essayé de donner leur point de vue. A la période antique, l'origine de la nature est à chercher dans les principes premiers (eau, air, feu, nombre, infini, etc.). Avec Platon dans Timé, la nature est le produit d'un démurge créant le monde en référence du vrai monde idéel. Le statut de la nature est renvoyé à la transcendance. Comme conséquence ; l'humain ne peut que voir une copie et non le contraire parce que son âme est prisonnière du corps. Aristote dira même que la nature est cette chose à sa fin.

De plus, le Moyen-âge va rendre la nature un produit de Dieu, c'est-à-dire que, tout ce qui existe dans la nature est le produit de sa création. La période médiévale va rendre la nature en un élément dépendant de Dieu. Tout ce que l'humain doit expliquer, doit correspondre à l'explication d'une nature créée par Dieu. Cependant, c'est à la renaissance que les choses vont devoir être changées. Ici, on recherche la méthode qui conduit l'esprit humain, à la connaissance du monde. Un renouvellement de la connaissance humaine pour son bien. Cette méthode sera orientée vers les sciences de la nature. On expliquait alors la nature partant du principe mathématique. C'est ce qui explique les grandes découvertes de cette époque. Et c'est grâce à la physique que les temps modernes ont changé la perception de la nature. Celle-ci va devenir une matière, une chose que l'humain doit soumettre et maîtriser grâce à sa raison. Ne sachant pas ce qu'implique l'usage de la raison, les philosophes des lumières ont fait de la raison une idée centrale ayant pour mission l'exploration de la nature pour trouver toutes les réponses posées par l'Antiquité. Michel Serres dans Rameaux souligne que les Lumières nous apprirent à respecter les lois de la nature. Françis Bacon va l'inaugurer par l'empirisme et Descartes avec le rationalisme.

I.2.1.1.1. L'empirisme baconien

Francis Bacon hérite une culture selon laquelle le monde est un cosmos idéel, et produit de la création de Dieu. Celui-ci évite de continuer une telle conception et épouse la culture d'un monde ayant un ordre visible dans son ensemble, accessible de connaitre par intuition. Grâce aux découvertes de la physique, les sciences commencent à s'émanciper des explications métaphysiques. La tâche sera celle de découvrir les lois de la nature. De ce fait, les sciences de la nature n'ont pas toutes uniquement le mouvement de la pensée orienté vers le monde mais le milieu au sein duquel l'esprit acquiert la connaissance. Néanmoins, cette connaissance est le fruit de l'intuition. Il s'agit alors de l'invention de la science expérimentale qui doit être tournée vers le monde

De ce qui précède, Francis Bacon cherche dans sa philosophie à résoudre les erreurs qu'il appelle Idole. Dans sa réflexion, il distingue quatre espèces d'idoles : la première est celle qu'il appelle les idoles de la tribu. Autrement dit il les erreurs communes à tous. Cette première espèce est commune à tout le monde par le fait qu'elle vient des défauts naturels liés à notre esprit humain. La deuxième espèce est les idoles de la caverne. Ces idoles sont particulières à chaque intelligence par le fait qu'elles tirent leurs origines dans les goûts, des dispositions, de la tournure d'esprit propre à chaque humain. La troisième espèce d'idoles est les idoles de forum. Cette espèce vient de l'emploi du langage. La dernière espèce ou la quatrième est les idoles du théâtre. Elles viennent des erreurs inculquées à l'esprit par le faux système des philosophes.45(*)

Par la méthode inductive comme moyen pour arriver à la connaissance,il cherche à les éliminer. C'est le travail qu'il expose dans la première partie de son livre : Novum organon. La deuxième partie de son livre est consacrée à l'explication de cette méthode. Cependant, celui-ci a été confronté à une alternative. D'un côté, il y a la science théorique et de l'autre côté, il y a l'art qui est en effet la pratique. Son combat sera alors celui de vouloir unifier la théorie à la pratique à travers une méthode scientifique. Raymond Matand explique que, pour Francis Bacon, « la vraie science unit la théorie à la pratique46(*) ». La question de fond sera celle de savoir pour quelle finalité ?

A cette question, Francis Bacon répond en ce sens : « le but de la science est double : théoriquement c'est la découverte des lois de la nature ; pratiquement le développement de l'industrie humaine47(*) ». Francis Bacon renvoie la réponse de la pratique dans la nature où l'esprit humain doit découvrir les lois. En introduisant l'induction comme méthode en science avec l'expérience comme base, celle-ci permet à l'esprit humain de questionner la nature. Un renversement dans l'ordre de la pensée. La nature devient alors l'objet de toute connaissance avec laquelle l'esprit humain doit trouver toutes les réponses. De quelle manière ? L'humain, grâce à la science « doit apprendre à donner aux choses des propriétés nouvelles, et à transformer les substances les unes dans les autres48(*) ». Par l'expérience, l'humain doit arriver à maîtriser la nature afin d'être maître de cette dernière. Ce que la nature doit faire ; c'est d'obéir.

De ce fait, pour l'esprit humain, la maîtrise de la nature est sa finalité. Conséquence ; la nature devient l'objet à découvrir laquelle toutes les investigations sont autorisées. En affirmant ainsi, Francis Bacon soumît la nature à l'esprit humain ou à l'humain. Comme en témoigne Christophe Giolito, pour Francis Bacon, la connaissance ne vise plus la restitution d'une réalité disponible, mais elle est ordonnée à la production de résultats novateurs.49(*)Ainsi, l'application de la science sur la nature devient une forme de domptions.

Quant à l'expérience qu'évoque Francis Bacon dans sa méthode, celle-ci se base sur des faits à étudier. Ces faits proviennent de la nature que l'esprit humain doit explorer. Ceci fait de l'expérience le tribunal de la nature. Elle questionne la nature et celle-ci doit donner des réponses en rapport avec la question posée. C'est pourquoi, pour Francis Bacon, l'humain en dehors de la nature « [il] ne sait et ne peut plus rien50(*) ».Il doit apprendre auprès d'elle pour la soumettre afin de ne pas être ignorant. La démarche sera celle d'obéir à la nature en premier afin de la triompher en second. C'est ce que lui-même dira par la suite : « on ne triomphe de la nature qu'en lui obéissant51(*) ». Dans l'aphorisme 18, Francis Bacon attribue à la science grâce à l'esprit humain de pénétrer les entrailles de la nature.

Soulignons le fait que l'expérience que propose Francis Bacon dans son livre est une idéologie véhiculant un esprit de domination parce qu'elle n'est pas expérience pour savoir ou connaitre, mais expérience-savoir ou connaissance pour agir sur la nature, pour se servir d'elle, la conquérir et la transformer. Bref, pour rendre à l'humain un pouvoir. C'est pourquoi, pour Francis Bacon, le vrai pouvoir est la connaissance de la nature. Une fois connaitre ce que sont les lois de la nature, l'esprit humain acquiert le pouvoir sur elle et la triomphe. A ce sujet Francis Bacon écrit :

Maintenant, nous devons en venir aux auxiliaires et aux rectifications de l'induction, puis ensuite, aux natures concrètes, aux progrès latents, aux constitutions cachées et à tous les autres sujets que nous avons proposés dans le vingt et unième aphorisme, pour que nous puissions enfin (comme des curateurs probes et fidèles) confier aux hommes leur fortune, après que leur intelligence aura été émancipée et sera en quelque façon devenue majeure ; d'où résultera nécessairement une amélioration de la condition humaine et un accroissement de son pouvoir sur la nature52(*) .

Pour ce faire, nous retenons que la nature est le lieu où l'humain doit tirer les faits utiles pour son bonheur et le grandissement de son pourvoir sur elle. Apprendre de la nature pour en faire d'elle la chose à dominer plus tard. Tel est l'objectif de la philosophie baconienne ; inciter l'humain à connaitre pour agir et transformer. Hans Jonas le nomme par programme baconien dans le sens où le savoir est orienté dans la nature. Ce dernier selon Hans Jonas, consiste à « orienter le savoir vers la domination de la nature et utiliser la domination sur la nature pour l'amélioration du sort humain53(*) » Cette philosophie sera plus tard récupérée par d'autres philosophes. Adrien Lentiampa souligne que Francis Bacon promeut un monde où l'humain est le centre et il n'a qu'un seul objectif, celui de connaitre les causes, les mouvements et les vertus secrètes que la nature renferme en elle-même.54(*)

Le fait de triompher de la nature, donne à l'humain le pouvoir de la destruction, de la domination et de l'objectivation de la nature. Par « la croissance de nos moyens rationnels nous entraîne, à une vitesse difficile à estimer, dans la direction de la destruction du monde55(*) ». Le vouloir connaître entraîne la destruction du monde. Dans ce contexte, la connaissance n'est plus connaissance mais, moyen d'appréhender les choses du monde par l'agir transformateur. Le problème que pose Francis Bacon pour Michel Serres est celui de droit de propriété. Francis Bacon a fait de la nature une propriété privée de l'esprit humain et de la science. Seul l'humain décide du sort de la nature, après avoir appris de cette nature tout ce qu'il avait besoin, il s'érige en pouvoir.

De plus, Michel Serres ajoute dans Le contrat naturel que la recommandation de cette philosophie est celle de « dominer, mais aussi posséder56(*) » les choses du monde. Cette recommandation constitue un mal dont il faut briser le cordon et libérer la nature de ces présupposés dévastateurs. Du fait que l'humain imite la nature par l'apprentissage des lois, en revanche la finalité de cet apprentissage, lui conduit à la domination qui l'emporte sur la nature jusqu'à la destruction. Notre maître à penser ajoute que le souci de la domination de la nature depuis Francis Bacon est conduit par lalibido sciendi. Cette libido est le plaisir du savoir et fonde la libido dominadi ; c'est-à-dire le plaisir de la domination. Une domination dévastatrice des choses du monde.57(*)Le vouloir connaitre conditionne le monde à la soumission et octroie le pouvoir à l'humain.

Notons que la tâche de l'applicabilité recommandée par Francis Bacon dans son livre n'a pas été effective. Il souligne en toute honnêteté que « notre méthode [...] est aussi facile de l'indiquer que facile de la pratiquer58(*) ». Comme le dit aussi Raymond Matand : « Bacon a eu clairement conscience de sa vocation [...] il était armé d'une méthode qu'il croyait capable de rénover la science, même s'il n'a fait lui-même aucune découverte, et que les règles de son induction étaient stériles59(*) ». Pourquoi cet échec, nous répond Michel Serres, « après lui avoir ainsi obéi, comme le dit Bacon, [...] elle falsifiera seulement la théorie60(*) ». La nature a un caractère indéterministe, elle varie toutes les fois qu'elle en a besoin. Voilà pourquoi, les sciences expérimentales font de détour.

Retenons que Francis Bacon a réfléchi et a donné la voie à toutes les sciences expérimentales d'investiguer la nature. À ce propos, Donald Worster ajoute, que nous sommes en face d'une « inéluctabilité de la domination de la nature par la raison [humaine, la science et] sa désacralisation et sa matérialisation, jusqu'à l'industrialisation récente de la vie elle-même61(*) ». Son héritage scientifique est devenu à un moment donné une voie à suivre pour agir et transformer le monde. C'est pour cette raison que nous avons intitulé ce sous point : l'idéologie baconienne. Les sciences modernes vont faire de la nature un objet d'expérience et d'interprétation malgré les maux causés à partir de la pensée de Francis Bacon. Celui-ci a laissé un credo pour ses descendants sur la nature à savoir : la connaissance scientifique est pouvoir technique sur le monde. A la suite de sa réflexion, vient s'inscrire l'idéologie cartésienne, avec René Descartes. Dans l'introduction écrite par Alfred Lorquet, souligne qu'il est important de rapprocher la Novum organon de Bacon au discours de la méthode de Descartes.

I.2.1.1.2. Le rationalisme cartésien

A la suite de Francis Bacon, René Descartes écrit Le discours de la méthode. Celui-ci dans sa philosophie va plus loin que le précédant. A lire Raymond Matand, ce dernier souhaite que René Descartes soit considéré comme l'initiateur et le représentent du dualisme moderne qui a conduit à la dépréciation, exploitation et domination de la nature par l'homme.62(*) Si nous interrogeons Raymond Matand à ce sujet, la raison est simple : René Descartes a séparé l'humain et la nature ; il a fait de l'humain un sujet pensant et le reste un objet pensé, l'âme du corps, l'humain de la nature.63(*)Lui-même le dit clairement : « j'avais déjà connu en moi très clairement que la nature intelligente est distincte de la corporelle64(*) ». Ce dualisme esprit-corps est à l'origine de la méprise sur la nature. En rendant la nature comme objet pensé, celle-ci devient une machine de la fabrique pour les sciences expérimentales. A ce propos, Descartes écrit :

Je connus de là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser, et qui, pour être, n'a besoin d'aucun lieu, ni ne dépend d'aucune chose matérielle.65(*)

Pourtant, séparer l'humain de la nature c'est lui couper en deux morceaux. C'est pratiquement l'isoler de la nature comme source de sa provenance. Raymond Matand souligne que le dualisme qui sépare et oppose l'humain à la nature conduit directement à la dévalorisation et exploitation de la nature66(*). Cette déduction du dualisme qui conduit à l'objectivation, dévalorisation et exploitation de la nature donne au sujet (humain) un pouvoir de manipulation sur les choses du monde.

Que dit René Descartes par rapport à la nature dans ses écrits ? A lire Le discours de la méthode dans la sixième partie, René Descartes recommande une nouvelle pratique de la science. Cette pratique doit quitter la spéculation vers la pratique. Il faut que les sciences puissent d'abord chercher autant que possible la procuration du bien général de tous les humains. Et pour y arriver, elles doivent construire des connaissances qui soient fort utiles à la vie des humains.67(*)Soulignons, son souci premier est de rendre l'humain heureux. En d'autres termes ; procurer à l'humain le bonheur peu importe le moyen. La question reste à savoir de quelle manière va-t-il y arriver ?

René Descartes répond à cette question de manière empiriste. Pour lui, les sciences doivent quitter les spéculations pour trouver une pratique, « par laquelle connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et tous les autres corps qui nous environnent, [...] nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature68(*) ». Par ses dires, il a donné la voie à la science de se marier avec la technique pour rendre l'humain le maître et possesseur des éléments de la nature en général. A partir cette situation, nous le considérons comme une source à l'origine de la crise écologique. Ses idées ont servi de modèle dans les laboratoires de scientifiques et techniciens modernes ; faire de l'humain maître et possesseur pour son bonheur. A la lumière de ce que dit René Descartes, la nature se voit prisonnière de la raison humaine. Raison qui dans sa finalité est de donner à l'humain le pouvoir.

En lui offrant le pouvoir, celui-ci devient le centre de toutes les préoccupations de la philosophie, science et de la technique. René Descartes ne s'arrête pas par-là, il ajoute que, devenir maître et possesseur n'est pas seulement à désirer mais aussi à inventer qui ferait l'objet d'une jouissance.69(*)Celle-ci est l'objectif de l'humain sur la nature. La considération de la nature chez René Descartes est autre que celle de Francis Bacon. Pour le premier la nature fonctionne de manière mécanique et c'est à la raison humaine d'expliquer le fonctionnement mécanique de la nature. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il dira que toute la nature fonctionne comme une mécanique réglée : automate.

En raison de ce qui précède, pour Michel Serres, René Descartes a tracé effectivement le chemin qu'avait commencé Francis Bacon. Celui où la raison humaine est maîtresse de la nature. Dans Le contrat naturel, le philosophe Français souligne que :

Le maître mot lancé par Descartes, à l'aurore de l'âge scientifique et technique, quand notre raison occidentale partit à la conquête de l'univers. [Conséquence] ; nous le dominons et nous l'approprions70(*).

Ce maître mot cartésien a fait de la science moderne maîtresse de la nature. Ce pouvoir qu'à la science de nos jours rend la nature objet de toute utilisation et expérimentation. C'est pour cette raison, la philosophie cartésienne aux yeux de Michel Serres est dangereuse. Car elle crée un nouveau rapport entre l'humain et les choses du monde. Et ce rapport est celui de « dominer, mais aussi posséder71(*) ». Il s'agit en effet de droit de propriété. En d'autres termes, l'humain s'approprie les choses du monde comme si elles étaient une propriété privée dont il a tout le pouvoir de faire ce qu'il veut. De ce credo, Michel Serres ajoute que «la maîtrise cartésienne redresse la violence objective de la science en stratégie bien réglée le maître mot de René Descartes revient à l'application à la connaissance scientifique72(*) » sur les choses du monde. Cette recommandation cartésienne considère la nature comme un objet de l'humain.

Retenons que ces conséquences qui dérivent des idées de René Descartes, souligne Bernard Feltz sont « l'objectivité, externalité, domination73(*) » de la nature. Pour être maître et possesseur, l'humain doit découvrir les lois de la nature. René Descartes rejoint en effet Francis Bacon, mais seulement que chez lui l'humain ne doit pas être humble pour apprendre de cette nature, il doit par ces choses qui l'environnent devenir maître. La mission est de dompter la nature en un agresseur pour la soumettre aux caprices, jouissance et besoins de l'humain. Nous soulignons en effet, que ce cordon ombilical qui considère la nature en un objet de jouissance et de sans valeurs est visible même dans la philosophie cartésienne. Celle d'appliquer la science par l'expérience des faits dans la nature pour la maîtriser en retour. Cette attitude constitue comme nous avons souligné pour Francis Bacon aussi un mal capital qui nous a conduits à la crise écologique que nous sommes en train de subir aujourd'hui. Par leurs idées, le monde scientifique a soumis la nature au crible de la raison humaine et a fait d'elle un champ d'expérimentation. C'est ce que dira Roger Bacon que, « sans expérience rien ne peut être connu de manière suffisante74(*) ». Ce que nous reprochons à René Descartes est le fait de placer l'humain au centre de toute pensée sur la nature. Le rendre maître et possesseur. Par ces affirmations selon lesquelles l'être est celui qui pense sur la nature ; l'humain est exalté et mis à un haut niveau comme un dieu sur terre. La pensée cartésienne est d'une part la racine à l'idéologie anthropocentriste. Et d'autre part à l'exaltation de l'humain comme maître de la Terre. Ainsi, toute la science moderne aura comme mobile : utiliser la nature pour le plus grand bonheur de l'être humain.75(*)Et ce credo sera qui se constituera en une seconde idéologie dite scientifique

I.2.1.2. L'idéologie scientifique : déterminisme et scientisme

Il faut d'abord rappeler que la première idéologie dite philosophique nous a montré comment certaines affirmations et recommandations de philosophes sur la nature, ont été départagées d'après la compréhension et la méthode de chacun. Mais de leurs affirmations et recommandations, notre rapport avec les choses du monde a changé. Premièrement, elles demandent aux humains de triompher sur la nature par la connaissance des lois. Deuxièmement d'en être maîtres et possesseurs. Pour y arriver, ils questionnent la nature et cherchent de réponse en elle. Par ailleurs, ce que voulaient les savants philosophes, ce n'était pas la connaissance passive sur la nature, mais plutôt celle agissante et transformatrice de la nature. Cette connaissance agissante et transformatrice est le socle de l'idéologie scientifique. Cette idéologie dite scientifique souligne Michel Serres, « quitte la mathématique à la grecque où la déduction commande, pour une méthode plus inductive qui ne peut pas réussir. Laissant la maîtrise pour la soumission76(*) » de la nature à l'humain. Une soumission qui plonge l'humanité dans le chaos.

De plus, l'idéologie dite scientifique est tributaire du rationalisme cartésien ; celui de vouloir rendre l'humain maître et possesseur de la nature. En effet, Descartes étant à la recherche d'un principe fondateur de toute connaissance, aboutit à des résultats qui l'amènent à ne concevoir clairement que l'étendue figurée et mobile, et aussitôt il néglige la réalité de tout le reste. Il fait de l'univers matériel un mécanisme infini où tout se produit selon les lois de la mécanique et de la géométrie.77(*) Le fait que René Descartes néglige la réalité par la connaissance claire et distincte, celui-ci ouvre la porte aux sciences afin de s'intéresser uniquement du savoir scientifique en oubliant ce qui fonde la vie. En revanche, par les lois de la mécanique et de la géométrie, René Descartes introduit le déterminisme dans la nature avec comme base les lois mathématiques.

Relativement avec René Descartes, l'objectif de la science est de conduire l'humain à la certitude et cela grâce au recours à la mathématique. C'est par la mathématique qu'on arrive à la certitude. En effet, la philosophie cartésienne a légué à la science moderne la logique mathématique comme fondement. Cette logique a pour mission d'amener l'humain à la certitude. Ainsi, même certaines sciences comme les sciences de la nature pour arriver à la certitude doivent l'utiliser. Et donc l'étude de la logique mathématique entre dans la compréhension de la nature. Raison pour laquelle, nous pensons que cette logique est en effet un réalisme. Une logique dont la réalité est indépendante de la nature, mais que l'humain peut connaitre. Ce réalisme est antécédent du déterminisme de la nature comme conséquence. Finalement, l'étude de la physique entre aussi dans la nature et ainsi commence aussi l'idée mécanique et déterministe de la nature. Cette idée développée par la physique classique, interprète la nature partant des théories mathématiques où l'humain est centré.

En plus, la tendance déterministe et mécanique pose un problème fondamental dans la nature ; celui dans laquelle les conséquences que subit l'humanité aujourd'hui sont sous la détermination comme antécédents partant des idées énoncées par Francis Bacon et René Descartes. Et aussi l'exaltation de la réalité par les sciences modernes. En fait, l'interprétation de la nature défendue aujourd'hui a comme référence dans les sciences dures : des données d'Isaac Newton et de la physique classique par la démarche mécanique et déterministe de la nature. Ce déterminisme s'est constitué en un réductionnisme de la nature qui ne voit en elle qu'une seule facette sans tenir compte de sa diversité ou complexité. Raison pour laquelle, nous critiquons l'idéologie scientifique parce qu'elle est un mal écologique. Son mal vient du fait que la nature est le lieu où les lois scientifiques s'appliquent et cela grâce à la technique.

De plus, à lire l'article de Noël Léon, « Aux yeux du savant, le déterminisme, c'est la relation nécessaire d'un phénomène avec ses antécédents, c'est la base de la loi naturelle, [...] il suppose une nécessité soumise à quelque règle rationnelle, accessible à l'intelligence78(*) ». Avec le déterminisme, la nature est interprétée par la science (raison scientifique) de façon unidimensionnelle, fixiste, immobile, unique et réduite la capacité de l'humain L'idée liée à la question du déterminisme de la nature est d'ordre global déterminé par les lois. Elle a fait de la nature une chose soumise inéluctablement à la nécessité de l'humain selon sa rationalité. C'est pour cette raison que les scientifiques évoquentle déterminisme dans les actes humains. Ceci pour montrer que, tous les actes que l'humain posent sont déterminés d'avance. Qu'ils soient posés sur la nature, ceux-ci sont déterminés. Le déterminisme veut que l'acte soit le résultat de ses antécédents, qu'il soit rattaché à certaines conséquences qu'il implique.79(*)Ici les antécédents sont les idées baconienne et cartésienne de la science.

En outre, une autre tendance s'inscrit dans l'idéologie scientifique. Il s'agit du scientisme. Par scientisme, on entend cette idéologie qui pense tout expliquer du monde par les données de la science moderne. Son maître mot est que « la science est notre jugement dernier80(*) ». Il pose le problème de la réductibilité, de la logique, voire aussi de la réalité. Tout ceci explique en quoi René Descartes a influencé la manière de pratiquer la science. Son influence dans l'interprétation de la nature est celle « de la raison, réduite à n'être qu'une raison instrumentale fabricante d'outils, de machines81(*) », etc. Ceci étant, le scientisme a fait de la raison la décideuse des choses du monde. Ces choses sont en d'autres termes comme un ensemble de faits sur lesquels la science donne les lois à la technique, et cette dernière les met en pratique. Ainsi, la science devient alors un savoir sur la nature et la technique un pouvoir sur la nature. Adrien Lentiampa ajoute que « la science a abandonné sa mission explicative du monde phénoménal pour s'adonner à la recherche effrénée de l'efficacité à travers l'omniprésence de la technique82(*) ». L'expression actuelle de la science est l'élaboration technique de mesure applicable par la technique actuelle au besoin de l'humain peu importe le moyen.

De ce qui précède, les conséquences qui en découlent font que les sciences actuelles sont à la conquête de la réalité dans la nature pour le bonheur de l'humain. Pour reprendre l'expression de Bernard Feltz : « la science est perçue comme un facteur d'amélioration de la condition humaine83(*) ». L'idée est celle de vouloir connaitre les choses du monde telles qu'elles se présentent, partant des investigations de la science et la technique. Rendre la raison humaine une nécessité imposée dans la nature. Cela va sans dire, c'est s'exposer au danger. Le scientisme a inauguré l'anthropocentrisme qu'avaient commencé les lumières.

En ce qui regarde notre maître à penser, la place de la science aujourd'hui est devenue décisive. Elle peut contrôler ou violenter le monde. La connaissance scientifique résulte de l'idéologie qui a « fait de la cause une chose, [...] où un fait devient un droit et inversement84(*) ». Avec l'idéologie cartésienne nous savons que la science au XXIème siècle a reçu une mission, celle de posséder la nature. Cette mission est devenue pour la science un droit avec lequel l'humain transforme la nature puisque c'est sous prétexte des données scientifiques. En ce sens et paraphrasant Michel Serres dans Le contrat naturel, l'on voit dans toutes les théories spéculatives et scientifiques une objectivation fidèle et exacte fondant toute application de la science et la technique dans les choses du monde.85(*)

De plus, analysant les dommages collatéraux que la nature subit aujourd'hui, ceux-ci ont aussi pour racines et se trouvent dans la connaissance appliquée dérivée du scientisme. Les expressions du savoir « ne font pas la paix avec le monde86(*) » c'est pourquoi, l'idéologie scientifique, plaide de nos jours « contradictoirement des bienfaits ou des méfaits d'une connaissance » des choses de la nature. Michel Serres ne partage pas la visée de la science actuelle, parce que cette dernière ne tient pas compte des choses du monde. La place décisive que l'humain a maintenant dans les sciences de la nature n'échappe pas au contrôle et à la violence de la nature. Cette place réduit la nature à une réalité sans valeur. Réduire la nature à la simple compréhension de l'humain a fait de lui malheureusement le centre de la Terre (nature). La conséquence qui découle de cette vision anthropocentrique, nous avertit que, « la nature se réduit à la nature humaine qui se réduit soit à l'histoire, soit à la raison : le monde a disparu87(*) ».

Dans un même ordre d'idées, pour Michel Serres, cette conséquence réductionniste de la nature enracinée dans le programme scientifique venant du rationalisme critique, ouvre la voie à la victoire de la raison humaine sur les restes de la nature, « dans un combat qui dure depuis la préhistoire88(*) ». Il s'agit bel et bien de la science et du droit ; le savoir et la loi. A en croire l'article de Adrien Lentiampa, la domination de la nature a dorénavant pris racine dans l'esprit humain moderne suite aux avancées de la science qui la considèrent comme la seule manière d'appréhender la réalité.89(*)

A ce propos, Michel Serres souligne que, l'autre problème de l'idéologie scientifique est celui de coupler la science et le droit. Pourtant, questionnant l'histoire ; la science et le droit sont deux domaines qui généralement sont en opposition. Pour cette raison, la science a le projet et le droit à la loi. Inversement, la science moderne s'érige en une idéologie contractant la science et le droit. Le savoir se fait passer pour une loi. Voilà pourquoi, les désirs du savoir sont les ordres de la loi. Ainsi, nous imitons pour dominer et nous emportons pour détruire.90(*) Ce mariage a donné le droit aux sciences modernes de manipuler la nature selon leur mode opératoire. Aujourd'hui par exemple il y a accélération sévère de la révolution industrielle comme cause majeure à la crise écologique. Par le vouloir mettre en pratique ce que les savants disent, la science domine la nature et la détruit aussi. Car il s'agit du savoir pour appliquer. C'est pour cette raison que Michel Serres affirme : « le maître mot de Descartes revient à l'application à la connaissance scientifique et aux interventions techniciennes du droit de propriété91(*) ».

Ce qu'il faut retenir à ce sujet c'est que, les idéologies philosophico-scientifiques inaugurent l'âge moderne de la science, celles recommandées par Francis Bacon, René Descartes et aux sciences modernes d'avoir le pouvoir d'être maître et possesseur de la nature. De ces recommandations, la nature a été vue comme une chose, un objet de la science, c'est-à-dire de la rationalité humaine. Celles-là ont engendré l'idée déterministe et scientiste de la nature. Dès lors, de plus en plus la nature et ses éléments dépendent de l'humain. Ces idéologies ont fait de l'humain le centre de tous les éléments de la nature(Terre). A cet effet, l'humain a mis les éléments de la nature dans une prison réductrice et fixiste. Il a cependant oublié qu'il est dépendant de cette collectivité des choses d'où il tire les origines. La science moderne quant à elle, a mis la nature au premier plan de son projet et de son agenda. Tout ceci par pire vouloir connaitre et dominer. Michel Serres condamne cette philosophie parce que « le savoir se confond avec la domination92(*) ». Les scientifiques ont confondu ce qu'est le savoir par rapport au pouvoir. Pour eux savoir veut dire pouvoir. C'est de leurs propos que l'humain se construit un pouvoir absolu sur les choses du monde. Étant convaincu en esprit qu'il est absolu, il ne peut que se considérer fort sur la nature. Ainsi, l'humain moderne devient par voie de conséquence grâce à la science et la technique le centre de la nature ; c'est de l'anthropocentrisme.

I.3. L'ANTHROPOCENTRISME

Au point précédant, nous avons évoqué les idéologies philosophico-scientifiques de la nature comme mal et sources de la crise écologique. Dans un premier moment, nous avons décrit l'idéologie philosophique où nous avons vu que celle-ci a pris son envol grâce aux philosophes du temps moderne (Francis Bacon, René Descartes, etc.) et aussi avec les philosophes des lumières. Ceux-ci, par souci de rompre avec la tradition médiévale, ont renversé la manière de penser en science et en philosophie. Pour eux, l'humain n'est pas celui qui doit attendre les réponses venir d'une réalité divine. Il doit par contre questionner la nature par l'expérience de faits pour avoir les réponses par rapport à ses inquiétudes. C'est avec eux encore que la nature devient le lieu d'investigation de la pensée qui conduit l'humain à la connaissance et possession du pouvoir.

Dans un second moment, nous avons évoqué l'idéologie scientifique. Ici nous avons montré, qu'elle est l'héritière directe de la rationalité cartésienne. Rationalité qui veut que les sciences aboutissent à une connaissance claire et distincte, c'est-à-dire certaine. Etant dans le schéma cartésien, la nature est interprétée de manière déterministe et mécanique grâce au recours de la mathématique. Cette interprétation vient de l'humain partant de sa propre logique. Toutefois, dans cette idéologie dite scientifique, il y a une deuxième tendance. Il s'agit du scientisme. Le scientisme se veut une religion qui prêche la nécessité de la science comme solution dans le problème que l'humain fait face.

A la suite de ces constatations, nous sommes arrivés à la conclusion selon laquelle, ces idéologies ont donné à l'humain une place et un rôle central dans le monde. Celui-ci, conscient, pense qu'il est le centre du monde, se croit fort et se prend pour un être universel, un élément plus important que les autres. Cette attitude est dite anthropocentrique. L'anthropocentrisme est l'objet de ce présent point. Notre objectif est d'analyser en quoi l'anthropocentrisme est une des sources de la crise écologique actuelle. Mais, avant d'aller plus loin avec l'analyse, dissipons d'abord tout malentendu autour de ce concept.

Qu'est-ce que l'anthropocentrisme ? D'après l'encyclopédie philosophique universelle, tome 1, « l'anthropocentrisme désigne une doctrine qui place l'homme au centre du monde93(*) ». La même définition, nous la trouvons aussi chez André Lalande pour qui, l'anthropocentrique est cette tendance « qui fait de l'homme le centre du monde, et considère le bien de l'humanité comme la cause finale du reste des choses94(*) ». Partant de ces définitions, on peut dire autrement que, l'humain est l'intersection où convergent tous les éléments du monde et dont lui seul est capable de décider sur ce qu'il veut, aime et souhaite, car il est le sommet. Cette tendance a de répercussion sur la nature. Elle fait de tous les éléments de la nature une entité privée et trouvent sens que dans la logique humaine. En ce sens, les choses du monde (êtres vivants, inertes, etc.) lui sont subordonnées, c'est-à-dire dépendantes de lui.

Si nous l'analysons très bien, au cours de l'histoire et par rapport à certaine conception, nous découvrons que cette doctrine émane de trois sources lointaines : d'abord de la thèse mytho-judéo-chrétienne de l'interprétation cosmologique de la Bible à laquelle l'humain est au centre du jardin Eden avec mission et ordre divins de soumettre et assujettir les autres êtres de la terre95(*). Dieu a octroyé à l'humain le pouvoir en tant qu'être supérieur aux autres de dominer sur la terre. Cette thèse pour certains auteurs chrétiens émane d'une mauvaise interprétation de la bible. Ensuite, la deuxième source est présente dans la thèse mythologique énoncée par Platon. Le mythe de Prométhée et Epiméthée qu'il raconte dans Protagoras. Ici, l'humain eut le privilège de recevoir lui seul le feu contrairement aux autres êtres. Ce privilège lui donne la force et le pouvoir sur les autres êtres de la nature qui ne l'ont pas eu. Platon raconte :

Quand l'homme fut en possession de son lot divin, d'abord à cause de son affinité avec les dieux, il crut à leur existence, privilège qu'il a seul de tous les animaux, et il se mit à leur dresser des autels et des statues ; ensuite, il eut bientôt fait, grâce à la science qu'il avait, d'articuler sa voix et de former les noms des choses, d'inventer les maisons, les habits, les chaussures, les lits, et de tirer les aliments du sol96(*)

Les dieux ont donné la liberté, la force, la raison et l'autonomie à l'être humain par rapport aux autres êtres de la création. Par la suite, il devient un être exceptionnel du fait que lui seul ale langage. Les thèses partagent une chose en commun ; le privilège de l'humain sur la nature provient d'une réalité divine. Enfin, la troisième est moderne, énoncée au XVIIème siècle. L'anthropocentrisme moderne tire sa source dans la science moderne (savoir-pouvoir), qui a octroyé à l'être humain un pouvoir central sur les autres éléments de la nature. D'après Bernard Feltz, « Descartes considère que l'homme est un être supérieur aux animaux et aux choses naturelles97(*) ». De ce fait, l'humain pense exercer un pouvoir autoritaire sur le monde. Parlant de l'origine moderne de l'anthropocentrisme, Luc Ferry ajoute à la suite de Bernard Feltz que « Descartes, [est le] père fondateur de l'anthropocentrisme moderne98(*) ». Ce philosophe français(Luc Ferry) pense que cette doctrine est une philosophie utilitaire ne prônant que l'intérêt de l'humain. René Descartes a proclamé sans doute la supériorité de cet être (humain) face à la nature. Pour lui, il est supérieur aux animaux parce qu'il a la raison.

Cependant, cette doctrine place l'humain au centre de tout comme décideur dont tous les éléments du monde dépendent de lui. Cette théorie pour qui, « les êtres humains possèdent certaines caractéristiques en commun avec les animaux, mais sont les seuls à posséder une âme spirituelle et à être doués de raison [où] les animaux ne sont que des automates dont les mouvements sont entièrement réductibles à des principes mécaniques99(*) » est à l'origine de la crise écologique. Ceci dit, prendre l'humain comme centre du monde est un danger. Dans sa rationalité, l'humain est prêt à tout faire de la nature, oubliant même qu'il est un élément fragile et faible par rapport à la nature. L'écologie profonde est contre une telle conception et la qualifie de spécéiste. Lisant le livre de Jean Onaotsho Kawende, celui-ci souligne que « la pensée moderne, est essentiellement anthropocentrique, considère le monde comme une donnée disponible, manipulable, exploitable pour la satisfaction des besoins de l'homme100(*) ». Autrement dit, tout n'a de sens que dans et pour l'humain.

En plus de cela, il y a des thèses qui soutiennent que l'anthropocentrisme tire ses arguments dans la philosophie prêchant le triomphe de la raison humaine sur la nature. Cette philosophie fait de l'humain un être exceptionnel des autres, raison pour laquelle il est le centre de tout. Il joue un rôle de référence. Le problème avec l'anthropocentrisme est question de la fonction et du rôle que joue l'être humain dans la nature. Depuis Aristote, l'interprétation qui vient de l'humain sur les choses de la nature est qu'elles sont animées par un principe de causes finales. De façon différente, toutes les choses de la nature ont une fin et celle-ci est dans l'être humain. En d'autres termes, c'est pour lui que ces choses ont été créées ou sont là parce qu'il est là. Et donc les choses du monde n'ont un sens que dans lui.

De ce qui vient d'être dit, il sied de noter encore que, l'anthropocentrisme est aussi une lecture sur la relation : humain et nature. Cette lecture fait croire au premier qu'il est supérieur à la nature et à un privilège. Par ailleurs, si nous analysons de près, cette doctrine est beaucoup plus un état d'esprit. Esprit selon lequel l'être humain se voit à un plus haut niveau sur le reste de la nature. À ce sujet, André Jacob dans l'encyclopédie souligne sur la structure fondamentale et inconsciente de notre esprit qui conditionne notre vision du monde. Cette vision, à en croire Raoul Delbove, fait de cet être le centre de l'univers parce que c'est vers lui que tende un univers personnalisant.101(*)

La question sera celle savoir : qui élit l'humain et le place au centre ? Pour répondre à la question, l'élection ne vient de lui-même. L'humain reçoit un pouvoir par lui-même pour se construire une autorité dont lui seul est la première victime potentielle. Néanmoins, cette attitude a modifié l'environnement en fonction du besoin et des caprices humains. Soulignons que cette pensée est un mal écologique. Elle a fait des choses de la nature une entité humaine. Ce qui signifie que, les choses de la nature sont attentives aux besoins de l'humain. Pape François dans son encyclique Laudato'si ajoute à ce sujet que l'anthropocentrisme moderne a fini par mettre la raison technique (humaine) au-dessus de la réalité102(*). La question que nous devons nous poser à ce sujet est celle de savoir : qu'est-ce qui donne à l'être humain ce pouvoir ?

Pour répondre à la question, l'être humain ne sait pas exactement où est sa place et son rôle dans la nature. Cette méconnaissance nuit à la relation qu'il a avec la nature en général. Il a le sentiment de vivre en un être autonome, universel et indépendant dans le monde. Autrement dit, il veut vivre sans rendre compte à personne parce qu'il se sent plus important que les autres êtres. A ce qu'il parait, Hans Jonas estime que le sentiment anthropocentrique vient de l'intérêt de l'humain qui se réduit à lui seul au détriment de tout le reste de la nature.103(*) L'intérêt est le mobile premier qui le pousse à vivre comme un être totalement complet. Son attitude supprime et nie la valeur des autres êtres de la nature.

Cela dit, venons-en maintenant à la question de l'anthropocentrisme avec notre maître à penser. D'après Michel Serres, la nature est une totalité dans laquelle tous les éléments sont liés et en relation d'interdépendance. En fait, l'être humain est un élément de la nature liée à elle et prend naissance dans la nature. Cependant, par la soif, la raison d'être chef et maître, il se considère comme un gros animal, un Léviathan vivant.104(*) Conséquence, il devient un loup pour le monde dans lequel il vit. L'anthropocentrisme dans la philosophie serresienne est « la lutte de l'homme pour la vie contre les autres espèces de flore et de faune que, parvenus à un seuil105(*) » central. Ceci explique pourquoi Michel Serres refuse d'employer le terme environnement, car dit-il, celui-ci signifie que l'humain siège au centre du monde et le reste gravite autour de lui.

De plus, notre auteur pense quant à lui que l'anthropocentrisme moderne est un « humanisme qui [...] promeut [l'homme] au milieu des choses ou à leur achèvement excellent106(*) ». Sur ce, l'humain considère le monde comme une réserve dans laquelle lui seul a le droit de statuer. Etant conscient d'être le seul sujet de droit, le monde n'est que l'objet de satisfaction des besoins. Avec évidence, l'anthropocentrisme vient du droit naturel. Celui-ci a fait de la nature un particulier (objet) et l'être humain (sujet) un universel. Ceci explique en quoi, « la nature se réduit à la nature humaine qui se réduit à l'histoire, soit à la raison107(*) ». Discourir sur la question de l'anthropocentrisme en écologie chez Michel Serres c'est évoquer la notion du subjectivisme et racisme de l'esprit. Par le contrat social, au nom du droit naturel, l'être humain reçoit seul le statut d'être sujet ayant des droits. Et les autres êtres ne sont que des objets. Il s'agit là d'un renversement où « le local (humain) envahit le global (nature) et devient totalité ou intégriste108(*) ». L'universalité de l'être humain dans le monde ou sa centralité se réduit à la notion du subjectivisme juridique. Depuis Jean-Jacques Rousseau, l'humain est le privilégié du droit. C'est de lui qu'il reçoit le statut d'être seul sujet du droit. En tant que tel, le monde se trouve écarter du droit, considérer comme un inconnu.

En dehors du droit naturel, la déclaration des droits de l'homme fait la même chose. Celui-ci promeut l'être humain au rang du sujet ayant des droits. A en croire Michel Serres, la déclaration droits de l'homme « ignore et passe sous silence le monde109(*) ». N'est-ce pas une humiliation de la nature réduite au néant, à quelque chose qui ne parle pas et dont on ne peut même pas se préoccuper ? En réponse à cette question, soulignons que la réduction de la nature au statut d'objet a occasionné la crise écologique. Cette réduction est venue suite à l'esprit anthropocentrique considérant la nature commeun objet passif, propriété privée de l'humain.

La crise s'articule dans la relation d'universalité et de particularité où la relation est verticale. L'être humain est dans cette relation ; « sujet-roi-soleil des objets110(*) ». Michel Serres appelle cette relation et croyance mettant uniquement l'être humain au centre comme un couplage asymétrique. En d'autres termes une relation verticale et imposante, car nous nous « croyions naguère sujet, individuels ou collectifs, d'un objet passif, le monde111(*) ».

En outre, nous savons que l'anthropocentrisme constitue un mal écologique, puisqu'il a fait croire à l'humain qu'il est le tout puissant, sa place n'est qu'être le centre du monde. Ainsi, les autres êtres dépendent de lui. Cependant, il y a tout lieu de croire que cet esprit anthropocentrique est révolu avec la notion de la physique quantique où tout est lié. Il n'y a ni centre, ni environnement, ni sujet seul ou objet seul. Le tout forme la compréhension totale du réel. Dans Rameaux, Michel Serres dit en substance que « le père est trôné au centre du monde, détenteur des forces et de la raison112(*) » est détrôné de son rôle et fonction. « Désormais, il n'y a plus de centre113(*) » ; ceci nous fait penser à la triple humiliation de l'humain qu'explique Sigmund Freud.114(*) Il n'est plus au centre du monde. Il doit être avec le reste du monde dans une relation traversable et symétrique.

I.3. CONCLUSION

Les problèmes écologiques actuels touchentl'ensemble de l'humanité. Evoquer ces derniersreviennent à proposer des stratégies adéquates pour la sauvegarde de la nature d'un côté et du comportement à adopter de l'autre côté. Cependant, avant d'arriver à proposer des stratégies pour les limiter, il est toujours important de connaitre leurs origines, c'est-à-dire le point de départ qui les a déclenchés. C'est pourquoi, à la lumière de Michel Serres nous avons analysé certains points de départ ayant un lien direct ou indirect avec ce que nous appelons crise écologique ou problèmes écologiques.

Cependant, en se constituant en un juge qui tranche et veut donner la part de l'humain dans les problèmes écologiques, notre raisonnement sur la question des problèmes écologiques est parti à la suite de Michel Serres questionner l'histoire pour savoirs ce qu'elle a déjà enregistré à propos des bouleversements écologiques ou de la nature avant de condamner l'action humaine. Ainsi, les faits trouvaient sont que, la nature dans son fonctionnement et son caractère dynamique s'auto-organise pour son bon fonctionnement. Et donc les grandes extinctions et bouleversements écologiques viennent d'abord des faits naturels sans interventions de l'être humain. Ceci fait qu'il n'est pas le premier à perturber le système naturel des choses du monde. Ensuite, au-delà des phénomènes naturels de la terre, l'humain est acteur des perturbations des écosystèmes. Ceux-ci ont commencé par les pensées des auteurs (Parménide, Francis Bacon, René Descartes, etc.). Ceux derniers ont fait de la nature une chose sans valeurs, un non-être pour le premier, une chose à connaitre pour dominer après pour le second, une chose que l'être humain doit être maître et possesseur pour le troisième, une chose vide de sens pour le dernier. Cette manière de penser est noyau à la science moderne qui considère la nature comme une sorte des données dans lesquelles il faut exploiter.

La science résultante de ces auteurs, déterministes et scientistes a enfoncé les clous dans la plaie, car la nature était devenue réellement cette chose de sans importance. Fin, leurs pensées ont changé l'état d'esprit pour l'humain contemporain, celui-ci se considère maître le centre de tout, possesseur de la vie et dont le reste est non-être. Centre de l'univers avant, de la terre ensuite, du monde maintenant. Ainsi, par soif de pouvoir, du gain considère la nature comme capital avec lequel, il a un pouvoir. Tout ceci est exactement le décombre de la culture. Celle-ci est au niveau de l'intellect.

De plus, de cette culture conçue par différentes conceptions et visions sur la nature à son tour se matérialise par des techniques. Son pouvoir le conduit à développer davantage des techniques pour manipuler cette nature dont il dépend. L'humain contemporain crée une sorte de symbiose entre science moderne et technique moderne pour faire sortir une technoscience laquelle nous plonge aujourd'hui dans un chaos inédit où lui-même est victime à travers les conséquences il subit actuellement que nous allons développer dans le deuxième chapitre. Le développement des techniques et croissance économique proviennent de la soif accumulatrice des productions capitaliste. Ajoutons aussi que notre auteur a la limite, celui de ne pas marteler avec forces ces origines qui ont été à la base de problèmes écologiques.

CHAPITRE DEUXIEME : LA PROBLEMATIQUE DU PROGRÈS TECHNIQUE

II.O. INTRODUCTION

En préambule, le changement climatique, la pollution de l'air, la dégradation de la nature, la concentration de gaz à effet de serre, la crise de l'eau, la perte de la biodiversité, l'extinction des espèces animales et végétales, etc., sont les résultats et conséquences d'une nature menacée. Cette menace vient des antécédents que nous avons évoqués au premier chapitre où les humains sont maîtres et possesseurs. Sans doute, la gravité de ce changement paraît actuellement une affaire de tous. Etant donné que les transformations de cette crise sont radicales, notre rapport au monde a changé jusqu'à bouleversernotre habitat. Par le droit naturel moderne, l'humain est maître et sujet de droit.La révolution technique et industrielle accentue les répercussions écologiques. Ces dernières, tributaires du progrès technique, menacent l'ensemble des êtres vivants.

Au chapitre précèdent, nous avons montré les causes profondes à l'origine de la crise écologique. Nous avons souligné que les caractères essentiels des problèmes écologiques décriés aujourd'hui prennent sources d'aborddans les phénomènes naturels, ensuite de la mauvaise philosophie et tendance sur la nature : des auteurs philosophes et scientistes. Et enfin dans l'anthropocentrisme. Ces éléments sont en effet à l'origine de la problématique actuelle des conséquences écologiques par le fait qu'ils ont donné à l'être humain un pouvoir sur la nature. Les problèmes écologiques modernes émanent de tous ces phénomènes-là et tous sont réunis autour du vocable développement technique et croissance économique. De nos jours, ceux-ci se regroupent autour d'un concept clé et fondamental : action humaine. Cette action se comprend dans les progrès technologiques et l'accumulation des biens. Ceux-ci sont en effet un problème impliquant des conséquences que ce chapitre se propose d'analyser dans les textes de Michel Serres. De ce fait, dans ce chapitre, nous présenterons la problématique du développement des techniques, capitaliste et leurs effets dans la nature.

II.1. ANALYSE DES DEUX ORDRES : PROGRES TECHNIQUES ET DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

II.1.1. LES PROGRÈS TECHNIQUES

La technique est une vocation humaine, voire de l'humanité en général. L'être humain est technique (homo faber : fabricant, technicien à son genre) et en même temps sage (homo sapiens : intelligent). Cette dualité (technique et sagesse) s'articule en lui, l'intellect influence, le technè et le technè l'influence également. Cette articulation de ce couple le définit complétement. Raison pour laquelle la culture et technique s'associent. Par ailleurs, de nos jours, la technè agit et transforme les objets du monde. Elle est aujourd'hui un problème fondamental. Le développement technique comme dit ci-haut est devenu un problème majeur en écologie, et cela,depuis l'ère dite industrielle où l'humain est parvenu à inventer la machine à vapeur, les usines industrielles, etc. Ce développement est beaucoup plus accentué par les nouvelles techniques, c'est-à-dire association entre les scientifiques et les techniques. Cette association est actuellement une menace pour la vie des êtres vivants sur la planète. Car toutes ces techniques finissent leur course dans la nature et la transforment en retour. Le développement des sciences de la nature produit de manière efficace permet aux techniques actuelles d'être à la hauteur et d'émerger dans tous les domaines de la vie. Elles sont comme un moyen permettant à briser tout limite et difficulté que les humains font face.

Toutefois, pour Michel Serres, la technologie est la nouvelle culture, une nouvelle politique que les humains de cette décennie épousent. Car, tout devient technique au point où la nature veut être technicité. En ce sens, le philosophe français déclare que, « les technologies [...] ont mille fois plus d'influence sur la société [...] aux conséquences surévaluées, en comparaison115(*) ». Ceci atteste en quoi le développement des techniques est une affaire qui se questionne à tout le niveau de la vie, voire dans la relation entre l'humain et le non-humain. Selon lui, le développement technique dans le processus de la nature est une violence, une crise pure et déchainement sans arrêt possible.116(*) La crise vient de la nouvelle culture.

II.1.1.1. Culture et technique

La culture est cet ensemble des connaissances et savoirs acquises propre à un individu vivant en société. Ces connaissances et savoirs deviennent communautaires lorsqu'il y a un ensemble d'individus vivent, les transmettant et pratiquent ensemble en vue de former et transformer la vie en société. Les connaissances et savoirs sont vécus et appris par cette même communauté comme héritage historique. A son tour, la communauté vivante s'en charge de les transmettre aux générations futures comme symbole. De ce fait, la culture devient ce « lieu de production des symboles117(*) » pour une communauté. En outre, la technique est « la procédure par laquelle on peut obtenir un résultat déterminé118(*) ». Une mise en pratique d'une structure théorique pour une finalité matérielle. Inversement, la relation qu'à la culture et la technique, est une relation d'actualisation et de matérialisation. En ce sens, la culture se vit et se matérialise par les techniques et pratiques. Les savoirs culturels comme reproductions symboliques s'appliquent dans la technique produite par la communauté.

En d'autres termes, la technique est la matérialisation de la culture. Et donc tout développement culturel engendre un développement de la technique. C'est pourquoi, la technique est en fait le développement matériel de la culture. Comme l'a si bien dit Jean Onaotsho Kawende :

« Les techniques [...] sont des traits culturels matériels dotés d'une certaine efficacité dans la lutte pour la plénitude sociobiologique de l'homme [...] elles se présentent à leur tour comme des facteurs générateurs des valeurs culturelles et des habitudes comportementales119(*) ».

Dans ce contexte, la culture se pratique dans le vécu quotidien. Il y a une inséparabilité entre culture et technique. Les deux « sont en constante interaction. La culture est une condition de possibilité de la technologie. Pas de technologies sans culture120(*) ». Sous ce rapport culture et technique, le développement des techniques est une nécessité de la culture cherchant à briser les limites anthropologiques. Ainsi, pour Michel Serres, à vouloir surmonter ces limites, aujourd'hui « les techniques [...] touchent toutes les espèces sauvages, placés entre extinction et protection121(*) ». Au reste, la visée de la technique est la réalisation de l'activité théorique comme la culture. C'est là que le problème commence ; vouloir matérialiser un esprit par une technique transformatrice.

Par ailleurs, dans le livre Temps des crises, l'auteur affirme que, « nous assistons à des crises locales et partielles, dues, en effet, aux nouvelles technologies et qui touchent tous les secteurs122(*) ». Son affirmation vient du fait que de nos jours, il y a émergence des nouvelles techniques produites de la culture contemporaine. Cette culture préfère briser les limites ou faiblisses de l'être humain. En revanche, l'idée des progrès techniques et de la culture contemporaine est le point central qui a poussé Michel Serres à écrire Le contrat naturel, Temps des crises, et bien d'autres livres sur l'écologie. Car d'après lui, tous les problèmes écologiques commencent par deux maux fondamentaux : la culture et la politique (technique). Par culture comme socle de l'agir, l'humain estcompris dans l'action, le savoir-faire et la relation interpersonnelle. Pour sa part, le philosophe français pense que la culture « commence par la nature, [et] elle est la nature même123(*) ». Cet ensemble des us et coutumes qui se dessine dans la communauté. Si la relation culture-nature est brisée ; là commence les crises en général. Sur ce, pour être en harmonie, il n'est pas bon de couper cette relation, mais la nouer davantage.

De ce qui précède, parlant de la culture contemporaine qui sont à la base des problèmes écologiques, produit par les techniques transformatrices de la nature, Michel Serres sous-entend celle de moderne, héritée de tout ce que nous avons énoncé dans le premier chapitre comme sources lointaines de la crise écologique à savoir : l'empirisme baconien et le rationalisme cartésien qui ont conduit à l'humanisme moderne. Cependant, les développements des sciences de la nature ont contribué à l'accroissement des techniques pour atteindre le rêve prométhéen. Celui de « l'ingéniosité humaine sur la nature ». Il affirme que nous sommes en face des deux cultures : la première est celle de « l'ancienne maison où le vivant était plus technique qu'on ne croit [la deuxième] ; nouvelle où la technique est plus vivante qu'on ne dit124(*) ».

Toutes les causes précitées dans le premier chapitre sont aujourd'hui le socle du progrès technique comme dit ci-haut. Et par politique comme mal écologique selon Michel Serres, c'est justement la manière dont l'humain gère et gouverne les choses du monde. Une gouvernance qui n'est pas encore ancrée dans l'esprit humain, surtout dans sa relation avec le reste de la nature. Dans un autre langage, cette politique est exactement l'agir humain. En outre, il est vrai que l'humain actuel est héritier d'une culture selon laquelle ; il est maître et possesseur, cet héritage aujourd'hui est antécédent à une conception transformatrice de la nature.

Cependant, les deux maux dont souligne Michel Serres, à savoir : culture et politique ont horreur du monde parce que la nature a une langue que la culture et la politique ne comprennent pas. Celles-ci nous mettent dans une bataille dans laquelle nous nous battons tous contre un adversaire physiquement faible, mais capable de nous détruire tous. L'invention de la technique ne date pas d'aujourd'hui. Elle est d'ores et déjà dans l'humain. Dès son apparition sur terre, l'être humain emploie les techniques pour appréhender la chose. Mais seulement que depuis l'ère industrielle, les techniques créent le moulin à vent et à eau, vaisseaux spatiaux, grues, palans, fusée, les molécules avec le temps contemporain, la chimie et l'électromécanique, la biologie cellulaire, l'épigénétique, la technomédecine, les techniques médicales, etc. Toutes ces techniques sont en réalité une association entre science et technique. Aujourd'hui, elles sont promotrices d'une culture qui n'a aucun sens du respect de la nature. L'ampleur de toutes ces techniques a fait que la nature se trouve prise au piège des techniques dévastatrices parce que « la nature est perçue comme adversaire de l'homme125(*) ».

La crise écologique, aujourd'hui, « vient de ce que meurent nos cultures et nos politiques sans monde126(*) » et dépend de l'agressivité de l'humain face aux choses de la nature, lui qui pense avoir un pouvoir. Autrement dit, l'humain par son agressivité est le seul à décider sur son sort et celui de son avenir. Par le développement des techniques, celui-ci est en train de l'accélérer. Nous entrons dans ce que Michel Serres appelle : la guerre mondiale. Cette guerre n'est pas celle des nations, mais de tous contre la nature. A force de lutter, les humains enfoncent les « genoux dans la boue [et] chaque mouvement, [crée] un trou visqueux127(*) » creusé pour les avaler ou l'avaler. Cette explication est peinte par un tableau de Gaya à la couverture du livre. Tout est né de cette violence guerrière qui finit par une surexploitation de la nature en rendant ce bien public en conditions de propriété. Conséquence ; souillure et pollution.128(*)

De plus, l'époque contemporaine est beaucoup plus traversée par l'émergence des techniques mortifères qui mettent la vie des êtres de la nature en danger. Depuis l'ère de l'industrialisation, l'humain oriente toutes les sciences vers l'application des techniques. Les lois scientifiques sont maintenant servantes des techniques. Cette culture, souligne Michel Serres, à « horreur du monde129(*) », elle n'a aucune admiration pour les choses du monde. Raison pour laquelle elle menace la nature. Personne dans la culture technoscientifique ne s'intéresse vraiment au cri de larme que lancent les autres êtres vivants de la nature. En fait, les actes humains ont changé la face du monde ; « l'air varie dans sa composition chimique, et donc ses propriétés physiques et chimiques » ont été modifiées par les techniques mise au point par l'homo-faber actuel. En effet, le monde en général entre dans la nouvelle ère qui embarque science et technique de manière irréversible. Cette ère a pour source l'héritage historique reçue des idées baconiennes et cartésiennes, qui nous ont plongé dans un anthropocentrisme dans lequel les actions humaines sont de nos jours sources de crises écologiques. Ceci par le vouloir apprendre pour appliquer à travers les différentes techniques dans la nature.

Dans Le contrat naturel, l'auteur illustre au début du livre un combat entre deux sujets (Etat ou humain). Ces deux sujets utilisent des coups dans leur combat. Chacun à son niveau change de technique et mécanisme pour pouvoir anéantir l'adversaire. Cependant, non seulement que chaque belligérant est touché par les techniques de son adversaire, mais tous développent des techniques pour riposter. Le problème dans cette illustration est que, ce combat se passe dans un sable émouvant que Michel Serres représente par la nature. Et toutes les techniques employées par les deux duellistes non seulement les touchent, mais affecte en grande partie à la nature (sable émouvant). Ces techniques font que, les deux sujets « inventent le fer, épées, curasses et bouclier, découvrent la poudre [...] s'assemblent en armées géantes, multiplient leur front de bataille, en mer, sur terre et dans les airs130(*) ». De ce fait, toutes ces techniques que les duellistes usent du jour au lendemain s'abattent sur la nature. Les effets sont néfastes et les conséquences sont dangereuses pour les duellistes. Ceci pour dire, l'humain aujourd'hui est à l'origine de son propre malheur. Par des guerres et combats multiplient, l'arsenal nucléaire est inventé pour sa propre destruction. Résultat ; nous entrons dans une guerre globale et développons des techniques contre la nature.

A ce propos, le philosophe français souligne que nous détruisons le monde à nouveau chaque fois que nous nous battons et entrons en guerre entre nous. Car chaque guerre développe davantage les techniques : les flottes de pétroliers, les sous-marins atomiques, les bombes thermonucléaires. Ceux-ci sont des techniques des guerres que Michel Serres taxe de guerre subjective et dont la victoire est subjective. Cependant, puisque tous emploient des techniques, le monde devient victime de ces techniques (les armes nucléaires, bombes atomiques, déforestation, acidification, etc.). Le monde devient par conséquent l'ennemie de l'humain inventeur de ces techniques. La gestion de l'humain devient synonyme de l'agressivité au monde. Ainsi, s'annonce la guerre et violence. Cette guerre, comme nous l'avons souligné, n'est rien d'autre qu'une domination temporaire de l'humain sur les choses du monde, que notre maître appelle « guerre subjective, nucléaire ou classique ». Contrairement à la violence objective, celle-ci est le fait que tous les humains de la terre s'associent pour être ennemies à la nature (objet) afin de la transformer.

Nous sommes tous en guerre contre un ennemi fort, invisiblement, mais faible physiquement (nature). Cette guerre dont l'humain est actionnaire à un bilan désastreux et très grave au point d'être lui-même victime potentielle. Cependant, nous ne nous battons plus Etat contre Etat ou nation, mais, tous « nous nous retournons, tous ensembles contre le monde131(*) », parce que nous pensons que ce dernier est une chose sans valeur. Pourtant, c'est une âme qui respire et agit. Sa réaction est plus globale qu'on ne peut estimer. Lorsque l'humain salit la nature, il se salit lui-même. Cette souillure en provenance de la marque technoscientifique est une cause moderne qui creuse la tombe de l'être humain. Soulignons, qu'il est difficile de vivre dans un monde couvert des immondices, d'un air pollué, d'une eau toxique. L'être humain a détruit l'habit et abrite des autres êtres par ses diverses techniques. Ainsi, conclut Michel Serres, que le monde est Sali et court un danger par notre culture exclusive de l'appropriation des choses.

Les progrès techniques détruisent la nature par son action transformatrice et par la surexploitation avec des mécanismes sophistiqués. La nature se voit victime de tous ces mécanismes employés par l'être humain. Pourtant, l'humain oublie que la nature est le socle de toute vie sur terre. Le fait que ces techniques opèrent ce changement, celui-ci transforme sa toute-puissance en précarité et la rende fragile. Cette fragilité vient du savoir-faire industriel132(*) des progrès techniques. Cette agressivité vient aussi du fait que nous avons cru que les choses du monde dépendaient de nous, néanmoins, atteste Michel Serres, « nous dépendons [d'elles], pour notre vie, de ce système atmosphérique, mouvant, inconstant133(*)». Nous sommes les résidus d'une culture à langage agressif. Nous vivons dans un monde dont nous ne tenons pas compte de valeurs. Tout ceci parce que, « notre culture et notre histoire [...] naquirent, peu à peu, de tenir de moins en moins compte du monde. Nous passions notre vie, nous consacrions nos pensées à quitter la Biogée. Même nos sciences, en l'objectivant, la placent à distance134(*) ».

Par ailleurs, comme il venait d'être dit plus haut, la source de la crise ou des problèmes écologiques modernes selon Michel Serres vient des progrès techniques et de la culture comprise comme anthropocentrisme moderne. En ce sens, il déclare que les déséquilibres du changement climatique par exemple, viennent de l'activité industrielles, c'est-à-dire de la croissance technique de gaz dans l'atmosphère et les milieux auxquels vivent les êtres vivants. Ce changement est global, car il affecte tout le monde sans exception. Le changement fait que « nous ne savons pas, pour le moment estimer les transformations générales sur une telle échelle de grandeur et de complexité, [...] penser les rapports entre le temps qui se passe et le temps qu'il fait135(*) ». En fait, l'humain actuel, par le développement des techniques (chimiques, industrielles, physique, etc.) occasionne et accélère la concentration du gaz à effet de serre, pollue son entourage et les conséquences sont inédites.

Ces accusations se fondent sur la nouvelle culture qui salit et pollue le cadre de vie par les ordures, fumée toxique provenant des automobiles et industries. Pour reprendre l'idée de notre auteur, « nous avons même muré les fenêtres pour mieux nous entendre ou plus aisément nous disputait136(*) ». Eu égard à ce qui précède, Gilles Billen et Georges Thill nous avertissent que si la pollution « continue avec ces industries, ces déchets chimiques déversés dans les rivières et l'atmosphère, ces expériences nucléaires et tous les engins qui sont en l'air, on en crèvera tous !137(*) ». L'être humain vit comme si ce monde ne l'intéressait pas. Et comme si c'est lui qui l'a créé. Il veut faire de ce monde un enfer invivable par des techniques qui ne prennent pas en compte les valeurs que possède ce monde. L'intérêt technoscientifique a fait des choses du monde des marchandises. Toutefois, ceci atteste en quoi l'hostilité du monde chez l'être humain est une affaire de culture, de croyance. L'humain pense que le premier milieu d'investigation et de transformation est l'habitat des êtres animaux, végétaux, etc. Ainsi, les problèmes de notre civilisation sont les atrocités et dommages infligés aux choses du monde (mer, rivière, océan, arbre, animal, air, etc.).

En outre, à lire Hans Jonas dans Principe responsabilité, celui-ci souligne le fait que la technique est une vocation de l'humanité. Car, pour sa part, elle est une concession adéquate à la nécessité comme moyen avec un degré fini. Aujourd'hui, cette vocation humanitaire se présente comme une route vers le but électif de l'humanité. La technique moderne, c'est-à-dire actuelle, « s'est transformée en poussée en avant infini de l'espèce et en son emprise la plus importante138(*) ». La technique occupe une place centrale dans le choix de la vie de l'humain. Ceci dit, « l'homme est maintenant, de plus en plus, le producteur de ce qu'il a produit et le faiseur de ce qu'il sait faire, et plus encore le préparateur de ce qu'il sera bientôt capable de faire139(*) ». Ce changement ou renversement affecte de plus en plus son environnement si l'impératif ne lui est pas donné. Car son essence technicienne transforme l'essence fondamentale du monde.

Dans le même ordre d'idées, le développement des techniques que la nouvelle civilisation inflige sur le reste de la nature issue de la mentalité et mauvaise culture selon laquelle la nature est cette chose à travers laquelle les techniques trouvent place. Par héritage des idées dévastatrices, l'humain aujourd'hui est responsable de cette grande accélération bouleversante sur terre. Il ne vise plus la politique à long terme comme le marin, le paysan et l'agriculteur. Il est cependant à l'origine d'une pollution culturelle qui en retour l'affecte : une pollution culturelle grave et dangereuse. Cette pollution, Michel Serres l'appelle l'infrastructure. Le credo avec lequel le progrès des techniques professes est celui de connaitre pour appliquer, appliquer sans connaitre les effets ou conséquences et dominer afin de transformer.

De plus, la relation humain-nature est brisée par le droit de propriété. Ce droit est centré sur la science, l'économie capitaliste et les techniques accélérées par la révolution industrielle. Cette ère révolutionnaire et dangereuse touche l'ensemble de la planète. Au point où « les blessures qu'elles lui infligent retentissent en retour sur l'ensemble des hommes140(*) ». L'être humainest victime de ses propres actes. Les progrès techniques viennent du fait que les techniques appliquent aveuglément les lois scientifiques et cette application se répercute sur l'ensemble de la terre. Au philosophe français d'ajouter : « les six grands bouleversements [Agriculture, transport, santé, démographie, connexion et conflits] proviennent tous, sans aucune exception, de la recherche scientifique et de ses applications141(*) ». Cependant, chaque fois que l'humain par son action technique invente une technique et l'essaye dans la nature, celle-ci a aussi un aspect négatif au-delà de l'aspect positif. Par l'émergence des sciences exactes, la terre est bouleversée d'une manière à une autre. Car ces sciences bougent l'état de fait naturel. Cet état est déplacé par les scientifiques, puisque la biochimie, physique nucléaire, la médecine, ont transformé le monde et même la face de l'homme et sa maison142(*).

De ce fait, par manque d'une culture responsable, l'humain pense se détacher du système qui le maintien en vie. Ses inventions techniques et sa mauvaise politique associées, le fait croire comme s'il n'appartient pas au monde. Ainsi, atteste Michel Serres, il vit distant et découpler aux réalités qui le maintien en vit. Raison pour laquelle, il continue de se venger sur les choses du monde, « air, mer, climat et espèces, moins passives » qu'il le pense. Le progrès des techniques prolonge l'être humain dans une relation asymétrique avec le reste des vivants. Cette relation asymétrique émane d'une culture qui n'a aucune morale et éthique des autres êtres. Partenaire de la philosophie selon laquelle l'enfer, c'est l'autre, l'humain considère l'autre être (arbre, animal, mer, air) de la nature « comme un rival, un adversaire, un ennemi même143(*) ». Tout ceci pour dire, l'être humain actuel est encore à la vieille culture centrée sur une humanité seulement.

Dans un autre ordre d'idées, pour Michel Serres, le fait que nous développons rapidement les techniques dures à une vitesse exponentielle, et célébrons la louange de ces techniques, qui détruisent davantage notre habitat collectif depuis la révolution industrielle et même à l'âge de pierre, nous bouleversons l'histoire, les conduites de vie de manière fondamentale que cela nous empêche de créer une bonne relation entre nous les vivants.144(*)

La culture et technique sont liées l'une à l'autre. Celles-ci se traduisent de manière complémentaire. Le progrès techniquerenvoi aussi au progrès de la culture. De nos jours, les techniques deviennent une voie élective pour briser tout limite humaine. Par les techniques, l'être humain se sent fort et capable de manipuler son entourage. Cela va jusqu'à le transformer.

II.1.1.2. Techniques et technologies

Les sociétés au monde depuis l'Antiquité, essayent d'expliquer le savoir scientifique d'après leur mode de vie et leur niveau de connaissance. Chacune développe se savoir et donne sens au monde d'après leur culture. La technique est le moyen par lequel les explications du savoir scientifique tentent de donner forme et réponse aux réalités de la vie. Ces réalités passent de génération en génération. Elles sont partagées d'une société à une autre et ainsi de suite. Cependant, pour matérialiser cela, il appartient à chaque société d'utiliser des techniques adéquates pour mettre sur pied l'idée (savoir) vers la réalité physique à laquelle tout le monde peut user.

De nos jours, il y a une association entre science et technique. Cette association est tout simplement la soutenance réciproque entre les idées scientifiques et les savoir-faire techniques. Ce mariage s'accentue de plus en plus, toutes les sciences à partir du XXième siècle ne se limiteront pas seulement à produire les théories scientifiques plutôt à s'en servir pour créer un pouvoir sur les choses de la nature. Cet effort aujourd'hui a donné naissance à ce que nous désignons par la suite : technoscience ou technologie.

La technologie comme études des techniques, « vise la procédure technique en tant qu'elle est mise en oeuvre dans une société donnée [c'est-à-dire] c'est la technique dans la société145(*) » Ainsi donc, la technologie n'est rien d'autres que la contraction entre science et technique. Science en tant produit de l'esprit humain et procédé. Et technique en tant que mécanisme mettant en pratique une structure théorique. C'est là qu'entre en jeu ce néologisme : technoscience. La technologie est par ailleurs joueur des causes, mais sans jamais prendre en comptes les effets. Il y a cependant un déploiement et recrutement entre science et technique. En plus de cela, souligne Michel Serres, « l'évolution de la science moderne se répercute sur l'amélioration des moyens techniques qui assure la domination de l'ordre des choses, des biens, des êtres qui entourent l'humain ; bref la nature146(*) ». Cette perturbation des techniques coupe les liens qui unissent le vivant entre eux. Les techniques réduisent les vivants à un animal-machine.147(*)

En effet, depuis l'ère de l'industrialisation, la technique rend service à la science. Et vice-versa. Ce service fait naitre dans la société actuelle les nouvelles inquiétudes sur le sort du monde. Où toutes les sciences tendent vers les techniques. Celles-ci sont de nos jours à l'origine de progrès dans tous les domaines de la vie. La technique est présente partout et dans tous les domaines scientifiques. Sa présence est favorisée par l'informatique. Ainsi, les nouvelles technologies sont nourries par les sciences de la nature.148(*) Ces dernières offrent les savoirs sur les lois de la nature aux techniques et celles-ci en dernier les perfectionnent et le transforment par une technique. Le pouvoir qu'à toutes ces technologies fait de la nature la première victime potentielle. Ces sont-elles (les sciences) qui facilitent ces progrès parce qu'après avoir découvert les lois, les inventeurs techniciens les mettent dans leurs laboratoires, usines, espace de travail sans jamais se questionner sur les enjeux que peuvent engendrer ces lois dans la nature. En fait, il s'agit ici de la continuité baconienne. Michel Serres atteste : « de la théorie suit la pratique [...] le vieil adage baconien qu'il faut obéir la nature pour commander149(*) ».

Parlant de la technologie comme association entre science et technique, Michel Serres évoque la biotechnologie (biologie technisée) une des technologies qui influent sur l'agriculture comme activité pilote de l'humanité et d'état corporel. La technologie manipule les êtres de la nature en ce sens qu'elle maîtrise la reproduction des espèces, et cela, grâce à la modification des gènes qu'on nomme par OGM (Organisme Génétiquement Modifié).150(*) En effet, selon le philosophe français, « la montée en puissance de ces nouvelles biotechnologies pose une série de questions dont la plus importante151(*) » est l'avenir des espèces si elles sont modifiées pour un objectif de destruction. Cette montée en puissance des sciences dites dures bouleverse l'état des choses dans notre habitat.

Par modification de génie génétique, les technologies qu'usent l'humain actuel créent une nouvelle espèce dans un monde aussi nouveau. Le corps modifié, notre environnement, notre avenir aussi touché. Ces technologies biologiques touchent la nature en sa profondeur, sans doute, l'humain aussi est touché. L'impératif serait ici celui d'atténuer et règlementer toutes ces technologies destructrices. Car la nature en en général est exposée au danger de toutes ces technologies.

D'après notre auteur, cette croyance qui fait que toute machine sorte d'une application à partir d'une théorie est fausse, du fait que les théories et pratiques sont universelles. Quand elles se mêlent, c'est-à-dire associent le symbole et la technologie en ce moment-là, les vivants sont beaucoup plus en danger. Cependant, les nouvelles technologies ont pour missionde supprimer toutes limites humaines. Ceci fait qu'en conséquence, l'utilité de ces technologies n'est pas fixée par les producteurs, mais par les consommateurs peu importe la transformation qui en résulte. Ceci étant, les finalités technologiques ne sont pas directement connues, mais indirectement inconnues. Ainsi, c'est la question majeure que se posent les écologistes sur les finalités des technologies dans la nature. Car à observer de près, les prouesses et inventions technologiques finissent leurs courses dans la nature, et cela, jusqu'à transformer l'environnement.152(*)

Bien plus, les technologies produisent des cultures variées « où la vie se plie à nos expertises153(*) ». Elle devient selon Michel Serres prisonnières de technologies. Les technologies actuelles nous modifient à un rythme que nous ne savons pas dire jusque-là. Par diverses techniques comme la biotechnologie, le transhumanisme, les nanotechnologies, l'espèce humaine, animale et végétale se voit être manipulée par toutes ces formes de technologie. Mais seulement ajoute-t-il : « notre existence occupe désormais une autre maison, que nos connaissances élargirent lentement de la basse-cour à la planète, et où, par un nouveau tour, nous élaborons d'autres connaissances. Nous croyons avoir ainsi perdu le vivant parce que des techniques raffinées nous amènent à ce deuxième état en construisant ce deuxième habitat154(*) ». L'émergence des sciences exactes bouleverse la nature. L'efficacité avec laquelle elles arrivent à produire des actes par les techniques nous met tous en difficulté et rompt notre relation avec le monde.

Que retenir des progrès techniques ? Selon Michel Serres, les conséquences écologiques découlent de la culture contemporaine héritée de notre passé et de la politique de la guerre au point où ; « nous avons tellement gagné la lutte pour la vie [par des techniques et technologies] contre les autres espèces de flore et de faune que, parvenus à un seuil, nous redoutons que la victoire soudain, ne se retourne en défaite155(*) ». La problématique des progrès techniques situe ces conséquences dans la nature. Toute technique n'est pas dévastatrice et mauvaise si elle tient compte des éléments et /objets de la nature. Mais elle devient un problème sérieux lorsque celle-ci a pour finalité de transformer négativement la nature. Le progrès technique n'a fait opérer un schéma de quatre pôles : imiter, dominer, emporter et détruire. En effet, nous n'avons qu'a remarqué ce que pose ce progrès comme acte par nos techniques et technologies actuelles. Pour en savoir plus, analysons quelques conséquences et crises écologiques.

II.1.2. LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE : LE CAPITALISME

Au point précédant, nous avons décrit le progrès technique et son impact dans la nature. Cependant, signifions que certains problèmes écologiques ont pour source dans la croissance économique due au système capitaliste. Certains chercheurs proposent d'atténuer ou stopper ce système qui met en péril l'avenir de l'humanité en général. C'est pourquoi, le capitalisme comme système économique sera analysé ici pour voir comment celui-ci objective, privatise, instrumentalise la nature et constitue un mal écologique. Ainsi, il importe de bien préciser le sens du terme usité ici. Qu'est-ce que le capitalisme ? Quelle est son origine et en quoi il est un problème écologique ?

Dans le dictionnaire Larousse, le capitalisme est défini comme un « système économique et social fondé sur la propriété privée de moyens de production et d'échange156(*) » où les fondements sont l'entreprise privée et la liberté du marché. Ce système est beaucoup plus connu en économie que dans d'autres domaines de la vie. Il y des auteurs philosophes (Karl Marx, Frédéric Engels, etc.) qui ont condamné et critiqué le capitalisme sous toutes ces formes, puisqu'il s'agit d'une idéologie basée sur l'intérêt individuel. C'est une conception de l'humain basée sur les mécanismes et systèmes économiques de la production. Ce système domine le monde aujourd'hui surtout dans le domaine des affaires. Il faut signaler que tout part du travail. Autrement dit, le travail est le point de départ du capitalisme. Car c'est lui qui enrichit et rend indépendant l'individu.

Le livre de Michel Beaud157(*) trace l'histoire du capitalisme de 1500 à nos jours. A le lire, celui-ci souligne que l'histoire du capitalisme commence déjà avec la société féodale où s'effectue l'organisation de la production et l'extorsion du capital que bénéficiait le seigneur, qui par ailleurs est propriétaire éminent et détenteur des prérogatives politiques et juridictionnelles158(*). En fait, l'époque féodale a donnée naissance au système capitaliste dans un aspect de conservation des intérêts mercantiles. De plus, après celle-là (la société féodale) vient ensuite le « siècle des trois révolutions » (les lumières, l'esprit français, le despotisme éclairé). Ce siècle a permis « l'élargissement des échanges marchands, notamment du commerce mondial159(*) ». D'après cet auteur, ce siècle est une période de renforcement du capitalisme, mais surtout celui des Anglais, puisqu'il s'agit déjà de l'émergence de l'industrialisation. Enfin, l'histoire s'achève sur l'impérialisme où il y a une explosion du capitalisme du fait, il y a maintenant « ni une personne ni une institution, [le capitalisme] est une logique aveugle, obstinée, d'accumulation160(*) ». C'est cette dernière forme qui se vit aujourd'hui.

En s'interrogeant sur la question du capitalisme, Adrien Lentiampa souligne que le capitalisme est « un système économique dans lequel les moyens de production sont propriété privée, et donc, individuelle161(*) » qu'on pourrait dire en termes de mode de vie par son caractère de vouloir privatiser certaines choses. Parlant de son origine, Frédéric London estime que le « capitalisme commence par l'argent162(*) ». Et à ce sujet, pour Karl Marx, l'argent est « la première forme d'apparition du capital... [il est par ailleurs] le produit final de la circulation163(*) » capitaliste. En d'autres termes, le commencement et la fin du capitalisme est l'argent. Voilà pourquoi il aboutit à la théorie selon laquelle : A-M-A : tout part de l'argent vers la marchandise et de la marchandise vers l'argent. Sur ce, nous comprenons qu'en tant que système économique, le capitalisme est lié au gain, c'est-à-dire à la croissance économique. Le marché, le commerce, l'économie sont des ordresque l'humain capitaliste ne peut pas s'en passer. Poursuivant l'article d'Adrien Lentiampa, souligne que le capitalisme est une conséquence politico-économique de la nature même de l'homme.164(*) Par la mauvaise gestion des ressources et de politique, ce système a pris naissance.

Pour sa part, Karl Marx dans son livre Le capital a essayé d'étudier le mode de production du capitalisme et le rapport qu'a cette production. Sur ce, il souligne que « l'histoire moderne du capital date de la création du commerce et du marché des deux mondes au XVIème siècle165(*) ». La création du commerce a donné le coup d'envoi au progrès économique. Par l'échange des marchandises, on voit apparaitre une sorte d'économie qui vise la régulation du commerce sur la politique du commerce. Cela étant, dans le régime capitaliste, il y a deux classes sociales qu'il faudrait souligner : des prolétaires et des bourgeois. La première est considérée comme une classe de machine d'exploitation, des moyens de production. Autrement dit, une classe de ressource, de matière de production (instrument du travail). La seconde, (la classe des bourgeois) celle qui tisse les ficelles de la société. Par leur moyen et pouvoir financier les bourgeois vendent leur force au prolétaire. Une politique qui envisage la valeur d'usage. C'est pour cette raison que Karl Marx évoque la notion du profit et de la plus-value.166(*)

De plus, le capitalisme est devenu presque une nouvelle religion du monde que Karl Marx combattait déjà à son époque. Celle qui voulait en fait le profit du bourgeois à l'égard du prolétaire et aujourd'hui, il s'étend même dans la relation humain-nature. En d'autres termes, il est fondé sur l'individualité comme valeur suprême dans le domaine économique. Soulignons que le système capitaliste est fils de l'anthropocentrisme. Dans le contexte où l'individualisme, philosophie qui met l'intérêt individuel au centre est devenue une valeur. Relativement, l'être humain se prend pour un bourgeois et considère la nature comme inférieure, sans valeur et qu'il peut acheter, c'est-à-dire un prolétaire. Il sied de noter que c'est l'exploitation qui s'annonce parce que l'être l'individu pense être dominant par rapport à la nature. C'est pour cette raison d'ailleurs, Karl Marx estimait que le capitalisme n'était rien d'autre qu'une domination des forces du capital sur les forces du travail.167(*)

En d'autres termes, la nature travaille sous le contrôle du capitaliste. Celui-ci en retour surveille la nature. La nature est surveillée par le capitaliste dans le seul but que la production poursuivit « soit proprement fait et les moyens de production employée » suivent son intérêt. En ce sens, la nature est la marchandise, puisse qu'elle procure la richesse. Raison pour laquelle la marchandise est l'élément fondamental du système capitaliste. Karl Marx définissait la marchandise comme « un objet extérieur, une chose qui par ses propriétés satisfait des besoins humains de n'importe quelle espèce168(*) ». Pourtant, prendre les éléments de la nature comme des marchandises, c'est-à-dire des objets ou choses extérieures au vendeur destinées uniquement à satisfaire des besoins est en danger dans la relation qu'entretiennent l'humain et le monde. L'esprit capitaliste qui pense que la nature est une marchandise pousse aux humains de maltraiter la nature et de la surexploiter dans l'objectif d'accumuler beaucoup d'argent.

Selon, Friedrich Engels, le capital(isme) est ce travail emmagasiné169(*). Il est une source de toute richesse. Cette dernière provient de la multiplication des productions selon la force du travail appliqué pour la réclamation du profit ou gain. Engels soulève le problème du déséquilibre. Pour lui, ce système crée en effet un déséquilibre entre les possesseurs du capital et les producteurs. Ce déséquilibre fait en sorte que « les profits du travail mort emmagasiné deviennent toujours plus immenses, les capitaux des capitalistes toujours plus énormes tandis que le salaire du travail vivant devient toujours plus petit, la masse des travailleurs vivant uniquement de leur salaire toujours plus nombreuse et plus pauvre170(*) ». Une telle attitude appauvrisse davantage les prolétaires parce qu'ils doivent vivre sur base de ce qu'il produit. Leurs vies dépendent de leurs forces de travail. C'est que Joseph Schumpeter défend lorsqu'il dit que le mal du capitalisme est le « fait que les riches deviendraient toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres171(*) ». Ceci, c'est dans le sens où les plus fort pense anéantir les faibles.

Le deuxième aspect a relevé comme problème du capitalisme et comme source de la crise écologique est l'intérêt. Ce dernier est le mobile qui alimente et fonde la toile du système économique capitaliste. Il est le saut qui active la politique capitaliste. Pour le dire autrement, pour un capitaliste, l'intérêt est la chose qui le motive. Sans celui-ci, il y n'y a pas de système capitaliste. C'est pourquoi, Adrien Lentiampa souligne à ce sujet que « le capitaliste voit d'abord en l'autre le client ou partenaire potentiel, donc une source de profit172(*) ». Ce profit est la base même de sa motivation. Ainsi, placé l'intérêt dans la nature revient à supprimer sa valeur en tant que lieu et cadre de vie. L'intérêt du capital dans la nature, réduit cette dernière à une entreprise de production dans laquelle l'humain producteur et se croit propriétaire, et est guidé par la recherche du profit peu importe les moyens. En un mot, la finalité du système capitaliste dans le monde est la recherche du profit qui conduit à l'accumulation des gains. La recherche de ce qui est intéressant dans l'individu ou l'objet, d'autant plus que, celui-ci peut rapporter une production, un gain. Ce qui amène à vouloir produire davantage sans tenir compte des conséquences que cela peut engendrer. Dans ce système, le capital n'appartient pas à celui qui rend la production effective par le son travail, mais à celui qui profite de l'effort de l'autre par intérêt. L'objectif est « la recherche effrénée du profit et dont le but se trouve dans la consommation173(*) ».

La logique de l'intérêt est celle où le capitaliste analyse la relation qu'a l'individu par rapport à son environnement. La relation entre les besoins de l'humain et ce que son environnement peut lui fournir comme service pour satisfaire ses besoins. C'est pour cette raison, il y a une transformation de la nature pour aider l'humain à satisfaire ses besoins ultimes. Aussi la vie économique s'écoule dans un cadre social et naturel qui finit par une transformation incessamment et dont les transformations que ce système amène modifie les données de la nature.174(*) Mais, les conséquences de cette transformation de la nature produisent des effets tels que : les rejets toxiques, la surexploitation, etc. Tout ceci parce qu'il y a la non-insertion du capitalisme comme solution aux problèmes écologiques mais, comme perturbateur du fonctionnement de la nature par le souci de prélèvements de matières premières considérées comme marchandises extérieures à l'être humain. L'humain capitaliste se fait l'idée selon laquelle les ressources naturelles prises comme marchandises, « se présentent comme une quantité maximale de matières que l'on peut utiliser175(*) » sans fin.

En plus, l'utilité que vise le capitalisme conduit à la production ou surproduction de la nature. Cette production est une transformation la nature. Or, la question de l'écologie est liée à la gestion du stock, c'est-à-dire de l'épuisement, de la sauvegarde de ce qui nous reste. Pourtant, le capitalisme moderne produit sans tenir compte de cet aspect. Le capitalisme semble franchir la barre, c'est-à-dire les limites écologiques. Ces limites sont les mécanismes de protection au niveau global et local que le capitaliste n'essaye pas d'observer. Son seul souci est de produire pour amasser plus de capital. C'est pourquoi Karl Marx affirme que « la production capitaliste engendre elle-même sa propre négation avec la fatalité qui préside aux métamorphoses de la nature176(*) ».

Un autre fait à relever comme la source et le mal écologique est la propriété privée au sein de l'idéologie capitaliste. Selon Karl Marx : « la première condition de la production capitaliste, c'est que la propriété du sol soit déjà arrachée d'entre les mains de la masse177(*) ». D'après lui, cette condition était une mauvaise politique car, affirme-t-il : « l'essence de toute colonie libre consiste, au contraire, en ce que la masse du sol y est encore la propriété du peuple178(*) ». La nature n'est pas une propriété privée de l'être humain, car ce dernier l'a trouvée, et peut la laisser. Il n'appartient pas aux humains de croire que la nature dépend d'eux, mais le contraire. Nous vivons d'après les révélations de la physique quantique une co-dépendance, une corrélation où tout est lié. L'erreur capitaliste serait celle de vouloir privatiser la nature à la seule jouissance de l'humain et pour ses besoins économiques sans tenir compte des phénomènes écologiques ou naturelles des choses. Il est vrai que la recherche sans cesse et accumulation de capital est le point central de la mise en oeuvre par le système économique capitaliste pour maintenir l'équilibre. Mais il en va de la survie de tout le monde.

Cela dit, Gael Giraud considère ce système comme une utopie mortifère qui veut plonger le monde dans une société des propriétés privées, comme une finalité à laquelle tout le monde veut tendre en termes d'une « eschatologie ». Le système « nous enferme dans une dichotomie qui parait tellement aller de soi qu'elle est rarement interrogée [puisqu'il y a] d'un côté, les biens privés, qui relèveraient de la sphère marchande, de l'autre, les biens publics179(*) ». Pourtant, la nature est un bien public qui règle la santé de l'humanité. La privation de ce bien public est une utopie mortifère. En effet, pour la cause commune, le mieux serait de prendre soin des biens que nous avons tous en commun pour le bien de toute l'humanité. Cependant, soulignions aussi que le mal capitaliste serait celui de vouloir rendre la nature esclave de l'économie. Or, nous connaissons bien qu'être esclave, c'est justement être la propriété privée de quelqu'un. L'esclave est privé de sa liberté et dépend de son maître. Celui-ci le considère comme une personne n'ayant pas ses droits. A l'époque de l'esclavagisme en Afrique par exemple, l'africain esclave était marchandé de la même manière qu'on peut marchander du cuivre. Ceci pour dire l'économie a rendu la nature en un objet n'ayant pas des droits.

En outre, pour Michel Serres, l'humanité est embarquée dans un nouveau navire. Ce dernier est l'économie moderne qui associe l'argent. C'est pourquoi, selon notre maître à penser, le système économique nous précipite dans une fin collective qui contraint le fonctionnement de la nature. L'auteur ne souligne pas seulement le capitalisme, plutôt tout système économique qui se mettrait au centre avec comme intérêt l'exploitation du monde. Car exploiter irrationnellement le monde renvoi à l'extinction des êtres. Exploiter les êtres du monde est une source de la crise et une idée mortifère. Par capitalisme, notre auteur emploi le terme Quirinus180(*). Il s'agit du dieu de l'économie qui nous écarte de toutes les lois dictées par Jupiter, par soif d'accumulation des gains. Ce terme signifie, pour lui, une économie à visage capitaliste qui a « séparé les humains en des classes181(*) ». Séparer les humains en des classes sociales n'a qu'une mission. D'après lui, la mission est celle d'exploiter de manière rationnelle et technique la nature.182(*)

Par ailleurs, ce système né de la liberté de l'humain le met en danger. Michel Serres le considère comme une idée mortifère pour notre avenir. Nous critiquons aujourd'hui la politique capitalise et la considérons comme un mal écologique, c'est parce que celle-ci veut rendre le monde (nature) comme un bien privé dépendant seulement à l'humain qui a le pouvoir de le transformer. En revanche, le monde est un ensemble, un bien public qui appartient à tout être vivant dont les relations sont symétriques. Il n'appartient pas uniquement à l'« homo-economicus », lequel humain est susceptible à le transformer et accaparer comme une entité privée. En analysant ce point, l'objet est celui de fonder avec la nature une symbiose et non un utilitarisme avec elle.

De plus, le secteur de l'économie, souligne Michel Serres, est destructeur de ce monde contemporain et laisse les humains affamés. Il ne s'intéresse que de l'intérêt particulier. Dans le contrat naturel, le philosophe français souligne que « dans l'économie [...] gisent des raisons immédiates que tout le monde connaît sans pour autant pouvoir agir183(*) ». Autrement dit, le système économique vise le court terme. Ayant la politique du court terme, il renforce les causes des problèmes écologiques. Raymond Matand souligne que la terre est considérée « comme gisement de ressources minérales, végétales et animales qu'il fit piller sans modération184(*) ». C'est pourquoi Michel Serres défend cette pratique économique qui considéré comme socle du développement des techniques.

A la suite de ce que nous venons de dire sur le capitalisme, il sied de noter que la production capitalise s'accompagne du développement des techniques appropriées pour maximiser le rendement. En retour, celui-ci réalise les soucis de la limite humaine en termes des besoins. Sans technique, il n'aurait aucune productivité rentable. Ceci nous permet de dire que la montée du capitalisme a également provoqué le progrès technique qui, aujourd'hui, est la cause majeure de la crise et des problèmes écologiques qui s'abattent un peu partout dans le monde. Par le seul souci d'un profit abusif qui engendre la surexploitation de la nature. Cette dernière se voit être détruite par une civilisation mercantile. Le système capitaliste crée en effet une certaine dépendance entre l'économie et la technique. Le capitalisme par son vouloir, privatise, surexploite et transforme le monde, rend notre planète pauvre et plonge l'humanité en général dans une dépendance totale. Avec sa philosophie de l'intérêt, tout devient argent, objet de production. Les choses du monde sont surexploitées par la technique dans le seul profit du capitaliste.

En somme, nous sommes en face de deux ordres : l'un est l'association entre science et technique et l'autre est marchand. Ceux-ci transforment notre manière de vivre dans le monde et face au rapport que nous avons avec les choses du monde. Ils révolutionnent et transforment le monde en introduisant des ruptures entre humain et le non-humain. Au point où les choses de la nature comme dit Michel Serres se voient transformées et aujourd'hui sont en réaction contre les actes humains accumulés. La symbiose entre capitalisme et technologies est une nouvelle manière d'interpréter le monde. Malheureusement, cette interprétation est à l'origine de beaucoup de problèmes écologiques où l'humain est lui-même esclave de sa propre invention ou création. Le progrès technique et le développement économique sont devenus chefs du monde et de la nature. Leurs résultats décident sur l'humain et son avenir. La symbiose de l'accumulation des biens et le consumérisme technoscientifiques imposent une nouvelle loi qui nous plonge dans une guerre et une violence.

II.2. LA NATURE VIOLENTÉE

Dans Le contrat naturel, Michel Serres souligne la question de la violence objective. Celle-ci vient de tous les humains sur terre et provient de la guerre que les sujets humains entre eux se livrent. Cette dernière (guerre) est déclenchée par soif de domination et de pouvoir, et nous fait créer des techniques dévastatrices. Selon lui, la guerre subjective est une guerre dans laquelle les humains, voire les nations se livrent et s'opposent entre eux dans l'objectif d'une domination à court terme. Cette guerre ne va pas loin puisqu'elle est liée au sujet temporaire et par le fait que les vaincus ne restent pas un long moment vaincu. Il souligne qu'« ils dominent aujourd'hui l'univers » demain, c'est quelqu'un d'autre. Cette guerre ; nous la livrons juste pour être premier par sentimentaliste et cupidité. Ainsi tout le monde est ennemi de tous.

Cependant, dans cette hostilité tous les ennemis utilisent chacun des techniques, des stratégies pour vaincre la guerre. Inconscient sommes-nous, toutes ces techniques développées retombent sur les choses du monde : air, plante, animal, eau, etc. ces choses en retour menacent tout le monde. De ce fait, sa menace devient une préoccupation pour tout sujet et toute nation. C'est dans ce sens que la violence devient objective puisqu'elle nous touche sans exception. En fait, « la violence objective celle qui oppose tous les ennemis inconscients associés à ce monde objectif185(*) ». Associés par la menace violente qui risque de les anéantir tous. Signifions une chose, si la guerre était particulière, c'est-à-dire ne concernant que quelques individus, a contrario la violence objective est universelle, elle concerne le monde en général. C'est que se pose les problèmes, puisque personne n'est épargné.

De plus, on trouve dans l'histoire des humains différentes guerres subjectives selon les époques. Ces guerres (première et deuxième guerre mondiale par exemple) sont livrées entre les humains au sujet des intérêts privés. Mais depuis un temps ces derniers se tournent maintenant vers le monde et le violente. Cette violence faite au monde se retourne de nos jours vers les humains et sont devant l'impasse d'un monde qui réagis. La terminologie que Michel Serres utilise ici (objective), ne tient compte du fait de droit, mais plutôt de choses qui existent par elles-mêmes. Au préalable, il n'y avait nul contrat. La violence est justement le résultat de l'inconscience de l'être humain. C'est pourquoi aujourd'hui celle-ci devient visible, causés par une inconscience invisible. De ce fait, le monde mondial (terre) devient cependant l'objet de préoccupation pour tout sujet humain aux réalités universelles. Face à cette menace où les rivaux n'ont que le choix de s'associer puisque la violence pèse et les effets de leurs actions sont incontrôlés aujourd'hui. Ainsi, tous nous courons vers une crise et conséquence écologique.

II.3. LES CRISES ET CONSÉQUENCES ÉCOLOGIQUES

Michel Serres s'inquiète des résultats des actions humaines sur la nature. Ces résultats sont catastrophiques. À cet effet, écrit-il « aujourd'hui, se tournant donc notre expertise et nos inquiétudes, parce que notre savoir-faire industrieux intervient peut-être catastrophiquement dans cette nature globale que les mêmes anciens pensaient qu'elle ne dépendait pas de nous186(*) ». Nos techniques à portée globalisante, pratiquées sur la nature retentissent maintenant sur le monde, qui aujourd'hui se trouve blessé, réagit en retour sur l'ensemble du globe.

Au point précèdent, nous avons parlé du progrès technique dans la nature. Nous avons souligné le fait que les techniques sont en ce jour un nouveau langage de l'être humain, c'est-à-dire que la culture est matérialisée par les techniques et celle-ci, grâce aux données de la science, nous avons réussi à transformer la face du monde. De ce fait, « nous voici aujourd'hui inquiets de catastrophes dans le tissu aérien de protection qui garantit non plus le temps qui coule mais le temps qu'il fait187(*) ».

Les actions humaines contemporaines sont présentement des actions liées en majeure partie aux technologies. Ces technologies plongent l'humanité à un autre niveau où la vie est menacée. Cette menace est une réaction aux actions qu'a dû subir la nature courant de l'histoire, voire actuellement. Les causes des problèmes écologiques résultent des conséquences fâcheuses qui mettent en péril l'avenir des êtres vivants et de la vie en général sur la planète. En ce jour, notre monde souffre de douleurs reçues de la part de l'humain par sa conception qui dévalorise la nature, sa science et sa technique. En d'autres termes, la nature, en tant qu'ensemble des êtres vivants, inertes, visible et invisible, récent les actions humaines (déforestation, la pollution, l'acidification des eaux, etc.) en une douleur. Ces actions modifient les écosystèmes. Cette modification le touche dans ses structures fondamentales. Ainsi, elle se met à réagir contre ces actions. L'objet que ce présent point se fixe d'étudier est les conséquences écologiques. Les résultats des actions posées sur l'ensemble du globe et dont les effets nous secouent terriblement. Selon la vision serresienne, ces réactions sont une forme de communication qui nous alerte pour prendre position, car elles sont dangereuses si nous ne les prenons pas en compte. Le schéma reste simple : « nous recevons des dons du monde et nous lui infligeons des dommages qu'il nous renvoie sous forme de nouvelles données188(*) ».

Selon Michel Serres, tous les vivants de la nature effectuent quatre opérations dans leur fonctionnement. Tous reçoivent l'information, stockent, traitent, et émettent cette information.189(*) Ces opérations sont universelles et caractéristiques de tous les vivants. Autrement, ces opérations sont la manière dont les vivants agissent et réagissent face à une chose extérieure comme l'information ou l'agression. Ainsi, l'humain, l'animal, l'arbre, l'eau, l'air, etc., opèrent la même chose. Lorsqu'un élément de ces opérations est menacé, Ceux-ci réagissent ou informent selon un langage spécifique. Quand il s'agit d'une agression, ils gèrent et réagissent face à cela. En effet, dire de la conséquence écologique, c'est souligner autrement comment la nature nous communique et transmet un message. En tant qu'âme, elle a réagi comme tout vivant et de sa manière. Nous l'avons mutilé, et « offre aujourd'hui le visage douloureux de la beauté mutilé190(*) »

A ce qu'il parait, Michel Serres affirme que nous avons tant oublié ce que disent les choses du monde, de telle sorte que le pouvoir de l'humain a oublié « une nature dont on pourrait qu'elle se venge mais plutôt, se rappelle à nous qui vivons [...] nous avons oublié le monde : nous avons transformé les choses en fétiches ou marchandises, enjeux de nos stratégies ; et nos philosophies, acosmistes, sans cosmos191(*) ». C'est notre ignorance qui est à la base de cette interférence pour comprendre le langage qu'utilise la nature. Notre ignorance a fait de nous de premières victimes. Car nous sommes, aujourd'hui, « responsable du changement global du temps192(*) ».

Le message que la nature nous transmet, passe par les conséquences qui s'accumulent tous les jours. Ces faits et évènements de la nature, comme le dit Michel Serres, « la rivière, le feu et la boue se rappellent à nous193(*) ». Soulignerles conséquences écologiques, c'est être à l'écoute du message que la nature nous transmet sous formes des catastrophes. Toutes les actions que l'humain a dû poser dans le passé et le présent aussi se mettent désormais à le rappeler et à la réaction devient de plus en plus grave. Les effets écologiques font irruption dans la vie de l'être humain à une vitesse accélérée. C'est par ses actes que son avenir est menacé. Donc, la nature a et parle un langage que l'humain n'arrive pas à comprendre. « Elle réagit globalement à nos actions locales194(*) ». En d'autres termes, nos actes ne touchent qu'une partie de la nature, pourtant sa réaction est générale.

D'après Michel Serres, il y a problème écologique du fait qu'il y a eu une contradiction entre l'humain et la nature. Les deux ne s'entendaient pas ; l'humain n'a pas compris le langage de la nature ; contrairement à la nature qui a compris comment celui-ci fonctionnait. Ainsi, « l'une parlait un langage que l'autre n'entendait pas195(*) ». En d'autres termes, si aujourd'hui les conséquences sont présentes, c'est parce que les antécédents (activités humaines) n'ont pas au préalable compris comment les choses du monde fonctionnent. Conséquences ; tous deux ne parlent pas le même langage et « dans les mêmes circonstances196(*) ». Ceci fait que, les dommages infligés au monde sont répliqués par le réchauffement, changement climatique, la dégradation de l'air, la déglaciation, les inondations, etc. Nous avons oublié que « nous, les humains, sommes beaucoup, beaucoup plus fragiles. Notre survie dépendra des conditions futures à la surface de le planète197(*) ».

II. 3.1. LE RÉCHAUFFEMENT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE

De plus en plus la terre (nature) est victime d'un changement global. Ce changement la transforme en une chose sans forces, impuissant et précaire. Aujourd'hui sa passivité est changée en une force agressive et menace le globe. La nature a réagi, « vaincu, le monde nous vainc enfin. Sa faiblesse force, la force à s'exténuer, donc la nôtre à s'adoucir198(*) », écrit Michel Serres. Le changement climatique est devenu un problème majeur à l'ère actuelle. Beaucoup de pays au monde s'inquiètent à ce sujet. Il perturbe plusieurs choses dans le fonctionnement du vivant. La nature enfin réagit contre les coups reçus. Comment expliquer ce changement et phénomène brusque dans la nature ?

II.3.1.1. Réchauffement climatique

Tout d'abord commencerons par comprendre comment nous fonctionnons. La vie sur terre est maintenue par les rayons solaires. Lorsque ces rayons arrivent sur terre, 30% réfléchi vers l'espace et les nuages absorbes 20%, les autres couches atmosphériques absorbent 6% et la surface de la terre récupère 4%. Ce qui reste de pourcentage sont absorbés par le sol les océans, l'atmosphère) ceci se réémit vers l'espace en forme de rayon infrarouge. En effet, la surface de la terre et l'atmosphère se mettent à chauffer quand il se trouve à la lumière lorsque qu'ils captent sa propre énergie. Lorsqu'ils n'émettent pas son énergie, il y a blocage. Le blocage de son énergie provient de ce qu'on appelle le gaz à effet de serre. Ainsi commence le réchauffement climatique ou planétaire qui occasionne les autres éléments macabres. L'on enregistre de multiples changements. A en croire Hubert Reeves, « nous vivons aujourd'hui des bouleversements dont les effets risquent d'être comparables à ceux qui conduisirent à ces changements d'ère. D'où le nom de `sixième extinction' souvent donné à la crise contemporaine199(*) ». Qu'est-ce qu'on entend par gaz à effet de serre ?

Pour comprendre ce gaz expliquons ce qu'on entend par serre. Une serre est un objet, enclos vitré destiné à protéger contre le froid. Cet objet vitré laisse sur lui passer la lumière du soleil. La serre empêche que la chaleur qui se transforme à l'intérieur ne se dissipe très vite vers l'extérieur. Cet objet empêche tout simplement que l'air chaud ne part ailleurs. Il s'agit d'un effet purement mécanique. En effet, pour notre planète, l'effet de serre est une couche qui fait office de plaque de verre composé de gaz carbonique, de la vapeur d'eau, du méthane. Ce phénomène a favorisé l'apparition de la vie sur terre. Les gaz à effet de serre sont présents dans l'atmosphère, ils n'empêchent pas la lumière du soleil arriver jusqu'à nous sur terre puisqu'ils sont transparent à la lumière du soleil. Mais en retour, ils empêchent le rayon infrarouge émis par le sol à atteindre l'espace. Ainsi donc, sans l'effet de serre, la température de la planète serait de 15°C. Il résulte de cette couche et plaque une augmentation de la température au niveau de la terre. Au dire d'Hubert Reeves, l'effet de serre est un phénomène important pour la régulation de la planète. Sans l'effet de serre l'eau serait restée gelée200(*). Mais pourquoi aujourd'hui le gaz à effet de serre devient un événement capable de nuire la vie des êtres vivants ?

Nous savons que la chaleur du soleil est source de la vie sur terre. « Le gaz carbonique emprisonne la chaleur solaire et crée un énorme effet de serre ». S'il y a absence du gaz carbonique, la concentration de l'effet de serre est l'annonce de la disparition de la vie sur terre. Cette concentration a t en retour pour conséquence ; la disparition de la vie sur terre. Donc, aucun n'être vivant ne peut vivre sans la chaleur du soleil. Ce qui est dangereux n'est pas le phénomène lui-même, parfaitement naturel et essentiel à notre existence, mais sa modification rapide par le progrès technique. Cette modification est porteuse de graves dangers potentiels. La modification provient des gaz provenant de nos industries, des fumées qui se propagent dans l'atmosphère, des automobiles, etc., ceux-ci constituent une opacité dans l'atmosphère, empêchent la lumière du soleil d'atteindre la terre et réchauffe le climat.

De plus, de nos jours, la planète se réchauffe à tout niveau et cela inquiète tout le monde puisqu'il s'agit de l'avenir de l'humanité. Le réchauffement vient du fait que la terre émet de rayonnement sous forme d'infrarouge et elle reçoit aussi le rayonnement solaire. Ces gaz deviennent opaques aux infrarouges sans qu'ils soient émis dans l'espace. Ainsi, la conséquence est que les infrarouges retenus prisonniers vont réchauffer les systèmes atmosphériques et la surface de la terre et la planète se met en réchauffé. Ceci fait que le réchauffement climatique commence. Au fur et à mesure l'humain continuera ces activités, la planète se réchauffera chaque jour jusqu'à faire disparaitre l'humain disparait. A ne pas perdre de vue, que les conséquences des gaz à effet de serre mettent en danger l'ensemble du globe et le soumet en sa dépendance.

En plus, du réchauffement climatique, l'on remarque la diminution de l'extension de la couche neigeuse de 10% depuis la fin des années 1960.201(*) A ce sujet le philosophe français rajoute que « la circulation des eaux, la chaleur moyenne et la formation des nuages ou des vents, pour tout dire les éléments, plus le nombre et l'évolution des espèces vivants202(*) » sont en emprise par le réchauffement climatique. Il suffit d'observer la planète par un satellite la nuit pour y reconnaitre ces grandes taches et blessures. Les conséquences accroissent parce que le monde chauffe davantage. Pour Michel Serres ces conséquences « avancent et pèsent sur la planète, pour le pire et le meilleur203(*) »

Le réchauffement climatique engendre multiples évènements sur la planète. Ces évènements climatiques ont une violence exceptionnelle. On peut citer ici le cas des inondations, des tempêtes, sécheresse, etc. ces événements proviennent à en croire James Hansen cité par Hubert Reeves, de « l'émission de CO2 et d'autres gaz par la combustion du pétrole, du charbon et du gaz naturel augmentent effectivement la température du globe204(*) ». Bien plus, les événements dramatiques liés au réchauffement climatique ne s'accentuent chaque jour. La température moyenne de la mer, des océans a atteint un record absolu. La chaleur augmente tout le jour. Ainsi, la terre menace la vie. Tous ceux-ci sont dus aux activités humaines, activités produites par les techniques qui progressent chaque jour. Selon l'article de Jean-Claude Batebua dans la revue Congo-Afrique, « les activités de l'homme se sont développées très rapidement à telle enseigne qu'elles acceptent des risques potentiels dont l'importance ne peut-être ni preuve ni évaluée ou même pas pleinement connue d'avance205(*) ». Ceci vient de l'hostilité du monde. L'être humain pense être un être en dehors du monde. Le problème avec le réchauffement climatique, il engendre un autre problème la pollution de l'atmosphère, la désertification, etc.

II.2.1.2. La pollution de l'air, de l'espace, atmosphérique

Pour évoquer la pollution de l'air, de l'espace ou de l'atmosphère comme une des conséquences de la crise écologique, il est important de savoir de quoi ceux-ci sont composés et quand est-ce qu'on peut dire qu'il y a la pollution et quel est l'agent causal. Selon l'écologiste Robert Barbault le terme pollution peut être défini comme « une modification défavorable du milieu naturel en totalité ou en partie de l'action humaine, au travers d'effets directs ou indirects altérant les critères de répartition des flux d'énergie des niveaux de radiation, de la constitution physico-chimique du milieu naturel et de l'abondance des espèces vivantes206(*) ». Par cette définition, nous pouvons maintenant analyser la question de la pollution comme conséquence écologie résultante du réchauffement climatique.

Au demeurant, notre air que nous respirons est dans l'atmosphère et cette dernière dans l'espace. D'après les données recueillies de la chimie, de l'astronomie ; elle est composée d'un mélange de différents gaz ou vapeurs classés en deux catégories : les constituants permanentes qui sont présents dans l'air et les constituants variables qui sont variables avec le temps et le lieu. Les constituants permanents sont composés de : l'azote, oxygène, l'argon, néon, hélium, hydrogène, méthane, xénon, krypton et monoxyde. Le pourcentage pour chaque élément est bien spécifique. Les constituants variables sont composés de : l'eau, le dioxyde de carbone, le dioxyde de soufre, l'ozone et le dioxyde d'azote. De ce fait, chaque élément à un taux spécifique dans l'air ; le problème ou la conséquence survient lorsqu'il y a augmentation de pourcentage d'un élément, celui-ci engendre un problème dans la composition et dans les systèmes. Ou lorsqu'il y a d'autres éléments en dehors des composants bouleverse ces deux compositions comme : les ordures chimiques et toxique, les déchets, la fumée des combustibles, etc. De nos jours, il y a pollution c'est-à-dire perturbation de ce système. D'après Michel Serres : « Il y'a deux fonctions de la pollution. Une centripète de propriété. L'autre centrifuge d'exclusion207(*) ».

Il y a trois types de pollution : le premier est la pollution physique, Celle-ci est dû aux radionucléides ; le deuxième est chimique provenant des produits naturels minéraux et autres ; le dernier type de pollution est biologique dû aux différentes contaminations microbiologiques. Ces trois pollution Michel Serres le regroupe une pollution qu'il appelle : la pollution matérielle, technique et industrielle qui nous expose à des risques concevables venues des industries.208(*) Une autre pollution qu'il appelle culturelle. D'après lui, elle est invisible ; elle « met en danger le temps qui passe et coule209(*) ». Nous l'avons fait passé de génération en génération. Ainsi, reste maintenant à savoir qui en est l'agent et le responsable.

L'humain contemporain est méfiant de savoir comment fonctionne son milieu, selon Michel Serres, il verse le pétrole en mer, l'oxyde carbonique évaporé dans l'air par millions de tonnes, ces produits acides et toxiques revenus avec la pluie a comme conséquence l'asthme que souffre les enfants, vient de la philosophie qui cherche toujours à maîtriser et posséder la nature.210(*) Sans le savoir, l'humain a empiété le droit de la nature. Par la mauvaise culture, il a souillé le monde par sa marque d'humanité avec « le sceau ordurier de leur prise et de leur appropriation211(*) ».

Selon Michel Serres, la pollution vient du fait que l'humain a fait une rupture avec sa raison. Cependant, « si notre rationnel épousait le réel, et le réel notre rationnel, [ajoute-t-il] nos entreprises raisonnées ne laisseraient pas de résidu ; or si l'ordure foisonne dans l'écart qui les sépare, c'est que celui-ci produit la pollution212(*) ». La pollution de l'espace et d'atmosphère est un danger pour le corps des vivants. Telle que dit Michel Serres, elle est un problème de tête lorsqu'il y a séparation entre le rationnel et le réel. Ce divorce provoque cette méconnaissance et cette sympathie envers les choses du monde. Notre auteur le surnomme le mal propre, une équipollence ; cette rupture entre rationnel et réel.

Le fait que le rationnel a divorcé avec le réel ceci engendre de dégâts énormes. Cette distanciation entre les deux s'aggrave selon notre auteur il y a alors : la laideur s'ensuit de la dysharmonie et réciproquement213(*). A cet effet, Michel Serres conclu que la pollution est une violence de la raison humaine contre les choses du monde. Du fait que, celle de l'air, de l'espace vient à cause de nos interventions technologiques qui varie dans sa composition, et donc ses propriétés physiques et chimiques ont changé214(*). Ceci explique la présence des pluies acidiques. Ces dernières ont comme source les centrales électriques, les aérosols acides émis par leurs cheminées se combinent avec la vapeur d'eau pour former des précipitations acides. Les conséquences sont que ; les forêts et plantes sont touchées et deviennent jaunâtres. L'eau change des compositions chimiques. La pollution de l'eau est causée par les rejets des égouts et de nombreux effluents industriels.215(*) Le résultatest que la pollution de l'eau provoque et accélère un phénomène dangereux sur l'ensemble des vivants : l'eutrophisation.

En plus, dans Hominescence, Michel Serres présente la pollution comme une perte d'un profit que les esclaves doivent rentabiliser par le rendement du travail. Par la fabrique de la machine, il y a production la chaleur qui entre dans le travail mécanique. Cette chaleur n'a jamais été calculée, elle se volatilise dans l'atmosphère sur des objets exclus de toutes valeurs. Pourtant, la pollution est composée des résidus, des ordures, de la boue et de la crasse qui n'ont jamais été connus. En conséquence ; « le prix devient commensurable à une dimension du monde : et par exemple la mer monte216(*) ». Cependant, la pollution est la perte de nos profits dont on n'arrive pas à mesurer son ampleur ou impact dans la nature. Au paragraphe précédant, nous avons évoqué le problème du divorce entre le rationnel et le réel. Ici, Michel Serres dit entre autres, que la conséquence de la pollution provient aussi de nos rivalités entre nous les humains. Cette rivalité, « peut mettre en danger la planète et la vie en leur totalité217(*) ». Plus il y a pollution, plus, nous allons dépendre des choses dont nous croyons dépendre de nous.

Par ailleurs, parlant de la montée de la mer, Michel Serres a donné comme exemple au sujet de la pollution, Hubert Reeves souligne que, l'avant l'ère industrielle, il y avait un quasi-équilibre entre les quantités de CO2 absorbé et rejeté par la mer et la terre.218(*) Cet équilibre atmosphérique était maintenu par un espace sain. Mais pour le philosophe français, depuis la dispersion de l'ordure matérielle et sensorielle, nous recouvrons et effaçons la beauté du monde et réduisons la prolifération luxueuse de ses multiplicités à l'unicités désertiques219(*) ». S'il y a augmentation concentrant le CO2 par effet de serre, cette concentration entrainerait l'augmentation de la température moyenne et la vie sera compliquée. Il y aura comme conséquence ; les modifications profondes sur l'ensemble du climat : relèvement des niveaux des mers, la fonte des glaces polaires.220(*) La présence des ordures dans l'air, dans l'espace, etc., augmente de plus en plus de 25% le gaz carbonique. Pour reprendre l'expression de notre maître à penser, nous sommes une espèce qui laisse tomber les ordures parce que nous n'habitons pas l'espace, et donc partout où, nous passons, laissons, en conséquence la souillure de l'espace.221(*)

La question écologique soulevée là-dessus se pose sur l'accélérationdes phénomènes naturels. L'émission du gaz à effet de serre devient plus en plus accéléré qu'au paravent. Soulignons à cet effet, les conséquences sont dangereuses, provoquent des perturbations dans la nature et les régulateurs (terre, océan, mer, etc.) absorbent une moitié de ce gaz. Les restes vont dans l'espace, perforent la serre et laisse le trou dans la couche d'ozone. Hubert Reeves, écrit à ce propos que la liste des pollutions de l'air est hélas très longue. Mais ce qui nous inquiète davantage est la question du changement climatique qui détraque de plus en plus les écosystèmes dont les dommages sont irréversibles. A force de polluer, l'humain augmente la concentration des toxiques dans son milieu d'habitat par le phénomène du stock. Michel Serres dit à ce sujet que « l'homme est un stock, le plus fort et connecté de la nature222(*) ». Il est plus dangereux s'il stock les toxines dans son organisme par diverse sorte de pollution : l'usage d'engrais chimiques, nucléaire, les pesticides, etc.

II.2.1.3. Le trou dans la couche d'ozone

La problématique des trous dans la couche d'ozone comme conséquence ont de point commun avec le précédant point (la pollution) ; c'est pour cette raison, elle prête confusion pour certains. La destruction d'ozone provient du gaz à effet de serre produit par les activités humaines. Ce gaz à une longue duré dans l'atmosphère et petit à petit, il perce de trou dans la couche d'ozone. La couche d'ozone à lire l'astrophysicien Hubert Reeves, c'est un type de d'oxygène constitué de trois atomes contrairement à celui dont nous respirons qui n'a que deux atomes. Cette couche est dans l'atmosphère à deux niveaux d'altitudes. Selon toujours Reeves, il y a d'abord la couche d'ozone situé entre 20 à 50 kilomètres au-dessus de nous ; c'est qu'on appelle le bon ozone. Son rôle est celui d'intercepter les rayons ultraviolets du soleil qui menacerait la vie une fois sur terre. Car une fois sur terre la vie des vivants serait impossible. Cependant, cette couche dès le début de la planète n'existait pas encore. Sa présence a été effective au même moment que l'oxygène atmosphérique.223(*)

Quant à la pollution atmosphérique, elle provient des dioxydes de souffre, des oxydes d'azote, du mercure. L'humain en emploi les combustibles fossiles, les incinérations des déchets, l'usage des plastiques incinérés, etc. Il est effet à la base de la forte quantité de la pollution atmosphérique. Conséquence, presque tous les pays au monde se trouvent pollué, car l'air n'a pas de frontière. C'est ici où les pays pauvres réclament sont concernés malgré leur faible pourcentage de pollution. Sans doute, la pollution est maintenant presque partout dans le monde malgré la différence de degré. Les courants aériens transportent cette pollution à des milliers de kilomètres.

Tout cela, souligne Michel Serres, c'est par notre capacité technique, croissantes, celle qui verse dans l'atmosphère des milliers de tonnes d'oxyde de carbone et même d'autres déchets toxiques, nous ne savons même pas estimer les transformations générales sur une échelle de grandeur et de complexité que cela implique224(*). Notre activité technologique a fait qu'il y ait une diminution de la couche d'ozone. Ensuite, cette diminution a un impact néfaste sur les êtres que nous sommes. Conséquence ; il y a augmentation du taux de cancer, la détérioration de la vie végétale et animale, l'air, la menace de la chaine alimentaire. Le progrès technique produit des gaz toxiques et, est responsable de ces trous. Ceci explique pourquoi, il y a des inondations, précipitation, etc., parce que « il suffit de toucher à un élément pour que tout l'ensemble soit perturbé225(*) ».

En outre, d'après Michel Serres, nous sommes arrivés au point où les catastrophes nous inquiètent davantage parce que « dans le tissu aérien de protection qui garantit non plus le temps qui coule, mais le temps qu'il fait226(*) » est détruit par notre mauvaise culture. La mauvaise couche d'ozone est produite de manière naturelle par les orages, les oxydes d'azote et les hydrocarbures émis par les voitures automobiles, les industries chimiques, nucléaires, etc. Elle est une mauvaise couche parce qu'elle provient des activités humaines et provoque des effets nocifs sur l'ensemble des vivants. Reeves souligne que par son pouvoir oxydant, il modifie la perméabilité des membranes cellulaires et perturbe la photosynthèse, et la respiration.227(*)Elle est en majeure partie responsable des trous.

II.3.1.2. Changement climatique

Il est cependant vrai, que le climat peu varié de son propre gré par le fait que la quantité de l'énergie émise par le sol varie de temps en temps et aussi avec la dérive des continents, mais il est aussi évident que ce changement provient de l'intervention de l'action humaine. Comment expliquer ? Le réchauffement climatique que nous venons de présenter et analyser précédemment, engendre aussi la perturbation climatique. On appelle dans un langage courant par changement climatique. Notons que, le changement climatique résulte des émissions de gaz à effet de serre. Une fois que le gaz à effet de serre réchauffe la surface de la terre, celle-ci en retour refroidit les hautes couches de l'atmosphère. En retour, il y a changement dans le fonctionnement du climat. Lorsqu'il y a changement climatique par le gaz, la conséquence est que la couche d'ozone tarde à se reconstituer car, les énergies sont perturbées dans l'atmosphère. De ce fait, si aujourd'hui, le monde en général s'inquiète de ce changement, c'est tout simplement que l'humain accélère le processus et le changement devient fort du fait qu'il y a augmentation des gaz à effet de serre.

De plus, ce changement provient aussi du cycle du carbone depuis que l'ère industrielle a commencé avec l'incinération des combustibles fossiles ; la constante du cycle de carbone est perturbée et ne cesse de croitre. Cette croissance est venue de la conséquence d'accumulation des masses de gaz carbonique dans l'atmosphère dû aux différentes combustions de carbone fossile comme les carburants fossiles. Ensuite, par l'augmentation de la température qui modifie les régimes des précipitations.228(*) Le changement climatique selon Michel Serres vient de notre ignorance de l'importance du climat. Nous avons été « indifférents au climat229(*) ». Cependant, le changement climatique est un enjeu écologique qui bouge l'ensemble du globe. Parce qu'il se traduit par des nombreuses variations qui aujourd'hui porte atteinte à la survie des êtres vivants. Par ces variations observées par-ci-et-là le phénomène vie devient de plus en plus une question délicate, voire difficile à appréhender.

II.3.2. EXTINCTION DES ESPECES

La menace sur la biodiversité provient de la tendance anthropocentrique qui se déverse dans les technologies. Cette vision de la nature retire le droit aux choses de la nature comme celui d'exister. Comme dit dans le premier chapitre, l'être humain a cru être le seul être vivant qui a droit à la vie. Oubliant qu'en réalité il est « une espèce parmi tant d'autres 230(*)». La conséquence est que, pense être plus important que les autres espèces de la nature ; il se met à les tuer jusqu'à les faire disparaitre : extinction des espèces. En dehors de cela, le changement climatique est à la base du non adaptions des espèces dans la nature. Ce changement provoque même la perte des certaines espèces. En effet, l'extinction d'une espèce est une perte irréparable, un des désastres navrant qui se produit dans la nature.231(*) A lire Michel Serres, celui-ci souligne le fait que, tout vivant sur terre nait et après meurt. Sa disparition est un phénomène naturel au préalable. Les scientifiques estiment selon eux qu'une espèce ne dure « autour de 5 millions d'années232(*) », une extinction naturelle sans l'intervention de l'humain. Il y a un processus qui détermine sa vie et sa mort. Ce processus a un temps déterminé. Un risque peut advenir et ce processus peut être interrompu si l'on se souvient de ce que nous avons souligné au premier chapitre sur les phénomènes naturels de la terre où nous avons évoqué les grandes extinctions. Néanmoins, aujourd'hui les astrophysiciens alerte sur la sixième extinction des espèces, une des grandes conséquences des actions humaines. Cette sixième extinction a pour cause les activités humaines : la déforestation, la fragmentation de l'habitat, la pollution, la surexploitation, etc.

Selon l'astrophysicien Hubert Reeves, le développement de l'agriculture et de l'élevage serait aussi à la base de nombreuses disparitions. L'humain est responsable d'une telle conséquence. Mais cela avec l'ère industrielle. Cette ère est responsable de l'accélération du taux d'extinction. Les causes sont nombreuses qui occasionnent l'extinction des espèces. Mais toutes ces causes se ramènent à l'activité humaine sur les choses du monde. Lorsque cette activité bouge et détruit les milieux naturels, elle renvoi les espèces dans leur habitat. Le problème écologique est que toutes les choses la nature sont liées les unes aux autres en signe d'écosystème, la disparition d'une espèce peut engendre celle des autres dépendantes d'elle et ainsi de suite. Nous vivons dans une sorte des liens interdépendants.

Menacé la biodiversité, c'est créer son propre départ. L'activité humaine menace la biodiversité en majeure partie ; cette menace entraine des changements et le change aussi. Cet arrachement contre les être non-humains de la nature se transforme en une bataille contre tous nous plonge dans une embuscade qui « menace d'extinction de la population qui s'y donne233(*) », prétend Michel Serres. Par force de justification rationnelle et par nos moyens technologiques les humains détruisent l'ensemble de la nature. La conséquence de cette philosophie de l'épuisement, « peut nous conduire tous ensemble, et non plus par localité, à l'extinction automatique234(*) ».

II.4. LES SIX ÉVÉNEMENTS EN CRISE

Dans le livre temps des crises, Michel Serres consacre tout un chapitre où il souligne la crise globale produite par les six évènements. La crise globale provient des actions humaines posées au préalable. Cependant, dans une décennie tout a été transformé. Aucun rapport de l'humain au monde et la nature à l'humain. Cette rupture de ce couple provient d'une histoire qui date de très longtemps. Elle a été renchérie et occasionnée par les technologies parce qu'elles touchent une poignée de la population à une vitesse lente, mais lourde. C'est une nouvelle condition de vie pour l'homme et pour le reste du monde.235(*)

En plus, la gravité dit d'un événement souligne Michel Serres se mesure à la longueur de l'ère qu'elle traverse et les dommages qu'elle crée. Le premier évènement est la chute de l'agriculture. Selon ce qu'analyse notre auteur, l'agriculture est l'activité de pâturage et labourage. Elle a connu une chute au XXe siècle de 2%, parce que l'intérêt a diminué constamment suite à rupture de l'être humain avec les choses du monde. C'est qui explique la fin du Néolithique. C'est une situation délicate, une ignorance où le monde est perdu et instable. Il s'agit en effet d'un double coup : le premier celui d'être citoyens, c'est-à-dire vivre dans le monde et pensé à long terme. Etre à l'intérieur du monde pour penser au monde ; le second coup est menaçant et venge les humains puisque le monde est ignoré et elle réplique en retour.236(*)

De plus, le deuxième évènement, c'est le transport. Le déplacement est un problème accès complexe dans la crise, car nous ne savons pas si tout ce qui se dégage des automobiles est nuisibles au système immuable des humains pour n'est pas être exposé aux différentes maladies.237(*) Ensuite la santé est le troisième évènement de la crise. La santé est un aspect très significatif pour la population. Jadis, c'était la maladie qui inquiétait le plus. Mais, de nos jours, c'est la question de la santé des êtres vivants qui est à la table de tous parce que, au dire de Michel Serres, nous avons ignoré les liens qui nous lient au monde, à la nature. Ce monde que notre ignorance a fait maître et possesseur. Ce rapport a été rompu avec notre nature, en retour, la rupture a engendré les nombreuses conséquences.238(*)Le quatrième événement, est la démographie. Selon Michel Serres, il y a explosion démographique de deux à sept milliards humains qui n'ont pas une vie stable et peu confortable. En fait le changement et réchauffement climatique influent.239(*)

En plus, le cinquième événement qu'évoque l'auteur en crise, c'est la connexion. D'après lui, nous avons coupé notre relation au monde parce que les technologies ont changé nos liens de voisinages avec les choses du monde. Ces technologies ont transporté notre habitat dans un autre espace. Conséquence ; « nous ne vivons plus dans le même gîte que nos pères240(*) ». Enfin, le sixième événement, c'est les conflits. Selon le philosophe français, le conflit commence quand l'humain a réussi à tuer ses semblables, c'est-à-dire les autres êtres non-humains de la nature. La guerre emporte sur la vie. Selon Michel Serres, Darwin signifiait que, l'humain avant d'arriver au stade où il se trouve à dû lutter (sélection et évolution). Jusqu'au point où « les hommes devinrent, en ce temps, plus dangereux pour les hommes que le monde241(*) ». Par les conflits, le monde est déséquilibré, transformé par une crise de puissance. La crise de ces évènements est globale par le fait qu'elle quitte le particulier, le local pour toucher tous les secteurs de la vie242(*).

Si aujourd'hui nous subissons les conséquences écologiques, c'est tout simplement que nous avons créé un écart entre les fonctionnements de la nature et celle de la société humaine. Ce rapport dissout aux choses du monde s'accroit davantage et crée des conséquences inédites. Nous sommes ainsi à la finitude du monde parce que, ajoute le philosophe français « nous pensions, courageux, que toute notre histoire consistait à lutter sans cesse contre une force toujours plus haute et profonde que la nôtre243(*) ».

Que conclure sur les conséquences écologiques ? Les conséquences écologiques selon Michel Serres est un message que les choses du monde nous transmettent. Ce message est simplement le retour au monde. Les humains par leur intervention dans le monde, font subir au monde une sorte de dérèglement et dysfonctionnement qui compromettent la stabilité et l'équilibre des choses du monde. Ainsi, pour l'intérêt de tout le monde l'être humain doit faire un retour vers ses origines afin de vivre autant que possible. Car les actions qu'ils posent à la nature, sont des armes en retour de défense de la nature. L'académicien français nous exhorte en disant : « il ne fallait pas que l'univers s'armât pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau suffisait pour le tuer244(*) ». La raison humaine véhiculée dans les techniques et technologies à l'apex d'une puissance non contrôlée se transcrit aujourd'hui par un danger de mort du collectif. Si le contrat naturel n'intervient pas, la nature se décidera de se sauvegarder elle-même ; et là commence le danger que l'humain ne voit pas encore.

II.5. CONCLUSION

Pour conclure, tout au long de ce chapitre, nous avons évoqué la problématique du progrès technique et ses conséquences. En effet, la problématique du progrès technique est l'aspect central de la pensée serrésienne de l'écologie. Le progrès technique vient de ce que produisent la culture et la politique. Culture héritée de l'histoire dualiste qui sépare l'humain et la nature : sujet et objet. Cette culture se réalise dans la technique, pour transformer cet objet qui est le monde (nature). Et la politique, cet art de gouverner. L'humain gouverne le monde de la manière l'assujettir puisque son intérêt est de le maîtriser et le posséder.

L'être humain départ ses techniques crée une rupture avec la nature. Cette rupture a coupé la communication avec les choses du monde. Ce dernier n'aque de termes techniques et scientifiques. La science et la technique modifient le système et fonctionnement de la nature sans s'en rendre compte. Pourtant, l'humain producteur de la science et technique est lié à ce système et en tant que tel, il se met en danger. La nature se rappelle à lui, c'est-à-dire le communique des blessures qu'elle a dû subir des actions technoscientifiques. Ces actions viennent du fait que, la modernité est négligente au langage de la nature. Cette modernité ne sait ni ne pense, n'agit en faveur de la nature. Elle est cependant une modernité qui nie la valeur de l'autre. Par esprit et croyance anthropocentrique venu déjà avec le contrat social, nous avons carrément abandonné et coupé le lien qui nous lie au monde.

Face ces obligations qu'imposent les conséquences écologiques, celle-ci ont impliqué dans la pensée serresienne un contrat naturel avec lequel nous pouvons espérer vivre à long terme. Tout a commencé par le résultat du premier chapitre où nous avons découvert en fait comment est constituée la culture narcissique sur la nature. Cette culture ne tient compte que de l'être humain. Nous sommons parti de l'idée selon laquelle, la culture a horreur du monde dans cette situation, elle ne voit la nature à travers une grille de lecture qui n'a aucune chance de nous sauver. Ainsi cette culture s'est matérialisée dans la technique comme finalité. De cette finalité, le monde devient une transformation à la guise de l'être humain. Ces techniques, par association à la science deviennent la technologie qui se progresse à une vitesse, mais sans tenir compte du monde dans lequel elle produit. Et aujourd'hui toutes les sciences deviennent techniques de pointe qu'on appelle nouvelles technologies ; puisqu'elles sont manipulatrices. Tout ceci sans tenir compte des choses qui nous portent et donnent vie. Et maintenant aujourd'hui, elles se mettent à nous rappeler qui nous sommes et parfois de manière dangereuse car nos vies en dépendent. Les conséquences écologiques sont un message que la nature nous envoi, à nous de prendre conscience à cela. Dans cette peur de mourir, Michel Serres nous propose de passer un contrat. Ceci fait l'objet du chapitre qui suit.

CHAPITRE TROISIEME : L'ECOLOGIE DU CONTRAT ET DU SUJET DE DROIT

III.O. INTRODUCTION

Le chapitre précédant nous a permis de saisir la problématique de l'écologie dans la pensée serresienne. Depuis la révolution industrielle, la nature ne cesse de crier des douleurs d'enfantement causées par le progrès technique qui ne tient pas compte parfois des choses de la nature. Polluer et infecter sont les deux verbes qui mettent en danger le monde, y compris l'humain. Nous héritière d'une culture a horreur du monde, nous avons inventé des techniques qui transforment le monde. Aujourd'hui, ces techniques associées aux sciences dures sont justement le mal écologique à la base d'une violence objective. Cette violence à de nos jours des conséquences fâcheuses qui mettent en péril l'ensemble du globe. Certes, ces conséquences sont par ailleurs une communication et interpellation adressées à l'humain pour stopper sa violence et recourir au vivre ensemble. Car les conséquences ou réactions sont dangereuses que les actions posées.

Ainsi, pour vivre ensemble et en harmonie, « nous devons décider la paix entre nous pour sauvegarder le monde et la paix avec le monde afin de nous sauvegarder » et cela par un contrat naturel. Le contrat naturel est la théorie de sauvetage que préconise Michel Serres en écologie. Car selon lui sans contrat naturel, les humains et les choses du monde continueront à se livrer la guerre jusqu'à l'extinction du plus faible. Alors, les humains ne doivent pas courir ce risque. D'entrée de jeu, définissons le concept « contrat naturel » tel que l'entend notre maître à penser. Selon lui, le contrat naturel est

D'abord la reconnaissance, exactement métaphysique, par chaque collectivité, qu'elle vit et travaille dans le même monde global que toutes les autres ; non seulement que chaque collectivité politique associée par un contrat social, mais aussi chaque collectif quelconque, militaire, commercial, religieux, industriel..., associé par un contrat de droit, mais encore le collectif expert associé par un contrat scientifique245(*)

Cependant, l'objet de ce chapitre est de présenter, d'analyser, mais aussi de réfléchir sur la question du contrat en droit. La thèse écologique serresienne prend source dans le droit naturel et défend l'idée d'une nature : sujet de droit. Raison pour laquelle le titre du chapitre cerne l'écologie du contrat, c'est-à-dire écologie prenant source dans le droit afin de voir pourquoi et comment passer le contrat avec la nature. C'est une écologie plaidant une nature objectivée.

III.1. DROIT DE L'ETRE HUMAIN ET NON DE LA NATURE

La crise écologique vient du fait que notre culture contemporaine, héritée de l'histoire, a horreur de la nature. Cet héritage historique nous a fait croire que nous ne dépendons pas de la nature, et ce, depuis les trois droits qui fondent notre relation à nos semblables. Ceux-ci (droits) ont exclu de manière délibérée la nature au rang du sujet de droit. Pourtant, l'être humain ne vit pas seul dans son milieu. Il est autour des bêtes, plantes, eau, air, tous les inertes, etc. Mais notre héritage juridique a fait abstraction aux autres êtres qui vivent avec l'humain. Et élève celui-ci au rang supérieur. Comme conséquence ; seul l'être humain est sujet. Cette déclaration anthropocentrique est à l'origine du malheur de la nature. C'est pourquoi, Michel Serres dans Le contrat naturel explique ce fait en analysant la question de trois droits fondamentaux qui nous gouvernent tous.

Le premier confère à l'humain le statut du sujet et écarte la nature du rang du sujet. D'après Michel Serres, par le contrat social, l'humain passe de l'état de nature vers l'état social, où il forme une société avec ses semblables. Ce contrat a fait de l'humain un être vivant dans la société avec des lois, droits et devoirs. L'objectif de ce contrat, comme le souligne Jean-Jacques Rousseau, est que : « Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale ; et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout246(*) ». Les liens sont noués, la violence interdite, le droit de chacun est respecté. Cependant, le contrat, tacitement et virtuellement signé par les humains, ne parle que d'eux et exclut de manière délibérée les autres choses de la nature. Il relate en effet l'origine de la sociabilité qui mît les hommes ensemble dans un collectif de force.247(*)

De ce qui précède, pour l'académicien français, le contrat social fait entrer l'humain dans l'histoire du monde en lui conférant un droit auquel le pouvoir lui a été donné. De ce fait, l'être humain a oublié la nature à partir de ce contrat. Par conséquent, la nature devient antérieure à l'humain, muette devant ce droit, inerte et objet sans valeur, etc. Ainsi, la notion juridique qui octroie à l'être humain comme seul sujet de droit commence par le contrat social, et même le droit naturel moderne fera de la nature seulement ce qui est dans l'humain. Les autres êtres de la nature sont rejetés du droit. Vu qu'il n'y a sinon il n'y a aucun droit de la nature, celui-ci sera vu par l'humain comme un objet à service. Pourtant, la nature est un sujet ayant ses droits.

De plus, le second droit qui viendra renforcer la visée du contrat social, est le droit naturel. Selon Michel Serres, la définition qu'on donne au droit naturel signifie tout simplement : « un ensemble de règles qui existeraient en dehors de toute formulation ; parce que universelle, il découlerait de la nature humaine ; source des lois positives248(*) ». A ce qu'il parait, ce droit disqualifie la nature en général ; et prend en compte seulement la nature humaine. Autrement dit, il prend la nature comme l'humain et le reste ne fait pas partie de la nature. De ce fait, le droit naturel compris par le moderne confère à l'être humain le droit, et les autres choses de la nature n'ont aucun droit. Elles sont rangées aux oubliettes parce qu'elles sont sans aucun droit qui le protège. A ce propos,notre auteur souligne que « la nature se réduit à la nature humaine qui se réduit à l'histoire, sait à la raison249(*) ». Ainsi, les humains requièrent le statut de sujet de droit. Et donc, le monde disparait du droit.

Enfin, le droit que Michel Serres analyse en dernière position induisant le monde en erreur est la déclaration des droits de l'homme. Qui dit droits de l'homme voit uniquement l'être humain seulement dans ce qui lui est confié par ce droit : sa liberté, son droit, son devoir. Signifions en passant que la déclaration de droit de l'homme émane du droit naturel. Celle-ci atteste Michel Serres, « elle ignore et passe sous silence le monde250(*) ». Cette déclaration ne prend en compte que les valeurs de la nature humaine. Elle rejette cependant la nature dans sa totalité. Et donc la victime dans cette déclaration reste la nature en général. Pourtant, si on analyse bien l'affaire, l'essence du droit de cette déclaration, elle est celle de vouloir défendre le pauvre, le faible, le plus démunis, les misérables, etc. Alors ses propos ne voient que la nature humaine, oubliant les êtres du monde : l'eau, l'air, l'arbre, la terre, etc. Cette déclaration les exclut.

En outre, les trois droits ont une chose en commun. Ils réduisent les choses de la nature comme des objets qui ne peuvent pas concerner le contrat des humains, ces objets sont donc passifs et il n'y a que l'humain qui estconcerné par ce projet du droit. Et ce droit, l'humains'en approprie à leur insu. Par conséquent ; « le sujet de la connaissance et l'action jouit de tous les droits et ses objets aucun. Ils n'ont encore accédé à aucune dignité juridique251(*) », c'est la raison pour laquelle nous les détruisons. Le contrat social devient ainsi mortifère et dépassé conclu Michel Serres. Ainsi, reste de revoir le droit naturel pour accorder à la nature le statut d'être sujet de droit.

III.1.1. L'IDEE DU DROIT NATUREL ET SUJET DE DROIT

La nature est constituée des choses connues et inconnues : êtres vivants, inertes, objets animés et inanimés, etc. Ces choses sont organisées dans une relation d'interdépendance. Edgar Morin dit même que, « le tout est à la fois plus et moins que la somme des parties, que le tout est plus et moins que le tout, que le tout, que les parties sont plus et moins que les parties252(*) ». Elles sont constituées en effet en écosystème. Ce qui veut dire autrement, l'une entraine l'autre et vice versa. Cependant, aucune de ces choses n'est sujets sans que les autres ne le soient. Elles sont tous sujets ensembles et tous objets ensembles. Toutes sont régies par un principe de dualité (visible-invisible, universelle-particulier, etc.). Pour les vivants, tous ont le droit de vivre et tous ont le devoir l'un envers l'autre. Ils constituent un ensemble et forment un système ; ont tous droit à la vie. La question reste celle de savoir de quel droit sont tous soumis ?

De ce qui précède, le droit posé vient d'un fondement que les philosophes classiques appellent droit naturel. Ce droit a fait longtemps objet de discussion. La question du droit naturel et sujet de droit a posé un problème durant l'histoire de la philosophie. Car pour certains philosophes, il y a de droit que celui qui est posé. Et pour d'autres, le droit posé à un fondement sur la nature. De ce fait, lorsqu'il s'agit du droit naturel, celui-ci fait référence à un droit « qui ne peut naître de l'exercice d'un pouvoir, d'une volonté, d'une décision253(*) » des individus prisent comme tels. C'est un droit qui se découvre et se constate dans la manière d'être. Il se découvre dans la nature des choses. Les classiques soulignent que le droit naturel est un droit de nature, d'un ordre d'ensemble. Partant de cette affirmation des classiques, il résulte que le droit naturel signifie tout simplement que, toutes choses dans l'univers possèdent un droit. Etant ainsi, ils sont sujets de droit. Posséder un droit, à lire Jacques Leclercq veut dire, avoir « un pouvoir, [...] une liberté morale254(*) ».

Beaucoup de philosophes ont ramené le droit à la nature humaine. Ainsi, l'humain devient comme premier à vouloir naître de l'exercice du pouvoir. Partant de cette optique, le droit naturel fait naître une confusion totale dans la compréhension. Cette confusion, à en croire Christian Atias a fait que, « le droit naturel [...] a ouvert la voie aux droits naturels255(*) ». La réalité du droit naturel devient en effet dénaturée du fait qu'elle est attachée au réalisme qui s'oppose à la théorie. Conséquence ; il y a d'un côté le droit en tant que réalité subjective et de l'autre côté comme un idéal. Ceci par le pire vouloir isoler l'être humain du reste de la réalité monde.

De ce qui précède, le droit naturel renvoi de ce fait à deux choses : nature comme reflet de l'Être parfait et nature comme réalisme humain. Cependant, le droit naturel « évoque un ordre d'ensemble. Il s'apparente au cosmos. Ce monde hiérarchisé où chacun avait sa place256(*) ». De ce fait, tous êtres de la nature sont par le fait même sujet de droit, parce qu'ils sont gérés par la loi de la nature avec laquelle tout le monde a droit : la vie. Michel Serres souligne, à ce propos, que c'est ce droit classique qui est justement le fondement du contrat naturel. Ce droit tient compte des généralités du cosmos, son contenu est par ailleurs déterminé par l'ensemble des choses de la nature. C'est dans ce sens que la théorie du droit naturel ne doit pas être une création d'une volonté humaine à la manière du contrat social. Plutôt qu'au-delà du contrat social.

A cet effet, signifions que, la question du droit naturel se pose avec beaucoup plus d'inquiétude, puisqu'elle est une question sans réponse, d'autant plus qu'elle est recherchée dans l'application. La querelle qui tourne autour du droit naturel se fonde sur l'application du droit. Pour Christian Atias, le droit naturel classique fait de la question du droit une recherche de la connaissance.257(*) Si tel en est le cas, la connaissance et la conscience sont de ce fait le critère de ce droit sur lequel le contrat naturel trouve place. Il y a alors la problématique du droit et devoir. Le droit comme conscience et devoir comme connaissance. Dans cet ordre d'idée, le droit, pouvoir moral et devoir comme nécessité morale, s'articulent entre les choses du monde. D'après Michel Serres, jadis était sujet de droit les citoyens romains ou les citoyens athéniens. Les restes n'étaient pas considérés comme sujet de droit par conséquence ; le droit ne leur conféré pas un droit et personne n'avait un devoir envers eux. Ils étaient en effet « ceux pour qui il fallait se porter aval258(*) ». Avec cette notion, toute chose de la nature devient sujet. En ce sens, dire que j'ai le droit de faire tel acte ou tel autre ; cela suppose que c'est affirmer en même temps l'autre a le devoir de me laisser faire et vice versa.

Le droit et le devoir sont corrélatifs. Leclercq soulignait dans son livre cité en bas de page que, « Seul sur terre l'homme est un sujet de droit parce qu'il est susceptible d'affecter ses actes de ce caractère spécial qu'on appelle le caractère moral259(*) ». Cette affirmation contredit, en effet, la corrélation entre droit et devoir. Pourtant, nous savons bien que, le droit naturel est fondé sur la nature en sa totalité, non seulement que l'humain a droit à la vie, pour supposer en retour que la nature a le devoir de lui procurer la vie ; corrélativement la nature a droit et l'humain a le devoir de respecter le droit de la nature. Entre d'autres termes, si l'humain a un devoir envers la nature, cela suppose que la nature dans sa totalité a un droit face à l'humain et ce droit, c'est la vie de tous. La nature est sujet de droit veut dire pour Michel Serres, un bien qui n'appartient à personne, une valeur autonome et universel où une chose est un quasi-sujet de droit. La question est celle de savoir de quel droit devons-nous fonder l'argument selon lequel, la nature est un sujet de droit ? Il répond que c'est le « droit de propriété260(*) », celui qui considérait la nature comme un objet privé de l'humain que nous devons combattre et se factoriser sur le droit naturel classique incluant la nature extérieure de l'humain.

En outre, à lire le nouvel ordre écologique de Luc Ferry, celui-ci souligne un fait qui doit pousser l'humain à considérer la nature comme sujet de droit. Celui-ci dit : « dès lors ce monde que nous avions traité comme un objet redevient sujet, capable de se venger : abimé, pollué, maltraité, c'est lui qui nous menace aujourd'hui de nous dominer à son tour261(*) ». La question du sujet de droit, partant de ce qui vient d'être dit ci-haut et des affirmations de Luc Ferry, il y a lieu de donner à la nature le statut de sujet de droit. Car, selon la philosophie serresienne, les réactions de la nature sont contraignantes de globalisation renaissante, d'extinction collective. La nature donne logement et habitat à l'humain, la chauffe et la nourrit. Elle a la capacité de le détruire dans un laps de temps quand il abuse, elle conditionne la nature de l'être humain, le fait vivre. Elle se conduit comme un sujet, une âme par excellence, capable de recevoir, traiter, conserver et transmettre.262(*) La nature est l'hôtesse qui nous accueille, nous met au monde, nous nourrit et fait de nous ce que nous sommes.

Cependant, si l'humain ose d'abuser, la nature le détruit sans qu'il ne se rende compte. Michel Serres appel ce comportement destructif de l'humain comme parasite. La justice face ce problème est d'être contre aux abus parasitaires et revoir la question de qui peut être appelé un sujet de droit. Déjà le droit naturel classique bannit cette justice anthropocentrique héritée du contrat social qui considère l'humain comme seul sujet de droit avec ses déclarations anthropocentriques : « tout homme [ou] seuls les hommes ou les hommes seuls263(*) » ont droit. A lire Hans Jonas dans Principe responsabilité, celui-souligne que la question de la subjectivité de la nature doit être une autre éthique qui doit aller au-delà du seul intérêt de l'humain. Ceci parce que « non seulement pour notre bien, mais également pour son propre bien et de son propre droit264(*) ». Ainsi, le philosophe allemand Hans Jonas demande la révision des fondements de l'éthique humaine et universelle. Celle-ci doit cependant être extrahumaine, c'est-à-dire qu'elle doit être d'abord un droit pour la nature, ensuite l'éthique doit aller au-delà « de la reconnaissance de fin en soi de la sphère de l'homme265(*) ». L'enjeu est celui de fonder le droit et l'éthique partant de la doctrine de l'être (métaphysique).

De ce qui précède, la nature est sujet de droit, cela ne revient pas à l'humain de lui confier ce statut parce qu'elle est de fait même sujet qui produit d'autrui sujet y compris l'humain. Les objets de la nature eux-mêmes sont « sujets de droit et non plus simples supports passifs de l'appropriation266(*) ». Michel Serres, en voulant octroyer à la nature le statut de sujet de droit, cherche à maintenir l'équilibre entre l'humain et nature. Cet équilibre est que tous (humain-nature) sujets ensemble et tous objets ensemble. Cet équilibre vient de la revendication des objets de la nature par le fait que l'humain les rend victimes de tout le temps, partant du Contrat social. Ces objets de nos jours se vengent à nous humains et réclament leurs statuts, des sujets de droit. Il ajoute qu'« il nous reste à penser une nouvelle balance, délicate, entre ces deux ensembles de balances267(*) ». Cette balance met d'un côté l'humain sujet de droit et de l'autre côté, la nature sujet de droit. Ainsi, le droit traite maintenant les causes et reconnaissent l'existence des choses de la nature comme partie intégrante de la société dans laquelle l'humain existe avec d'autres sujets. De ce fait, il y a une relation équilibrée entre l'humain et la nature où « les hommes passent par les choses [et] aux choses passent par les hommes268(*) ». Le rapport est celui de sujet-sujet. Si tel est alors le nouveau rapport reste alors de savoir comment quitter la violence objective pour arriver à un autre compromis. Certes, nous analysons l'objet et les conséquences de la violence objective pour aboutir à la théorie du contrat.

III.1.2. DE LA VIOLENCE SUR LA NATURE AU CONTRAT

Plus haut, nous avons évoqué la violence objective où nous avons souligné que l'histoire est constituée des guerres et des conflits. Ces guerres opposent les nations entre elles ; les humains entre eux, etc. Elles sont subjectives parce qu'elles ne concernent que les intérêts des sujets et « elles ne commencent qu'avec l'histoire et l'histoire commence avec elles269(*) ». Elles ne concernent que les problèmes des sujets, des puissances et dominations subjectives. Néanmoins, la nature aujourd'hui nous alerte face à ce que nous posons comme action (le gaz à effet de serre, la déforestation, l'usage des engrais chimiques appauvrissant le sol, etc.). Cette alerte est une menace de mort pour le vivant. Celle-ci réussit à unir tous les belligérants de la guerre subjective autour d'une violence commune. Résultat : c'est la mobilisation générale. Les belligérants se regroupent en bloc commun pour se battre contre le troisième ennemi concurrentiel. Cependant, le troisième ennemi n'est rien d'autres que les catastrophes, conséquences ou crises écologiques qui menacent l'ensemble de la planète. Ces conséquences écologiques sont pour Michel Serres, un ennemi commun, fort et puissant de tous les humains, peuples et nations, que nous devons avoir peur parce qu'il est très puissant, très armé pour nous anéantir. Si rien ne fait ; nous allons disparaitre sans lui.

De plus, devant les menaces écologiques, les humains se sentent interpeller par la puissance de la nature (le réchauffement et changement climatique, les pandémies et autres maladies, etc.), ils s'orientent tous vers elle pour stopper, atténuer ou réfléchir autrement pour trouver une solution contre celles-là. Pour dire, les humains laissent leurs intérêts privés pour un intérêt commun. Cet intérêt les unifie puisque leurs vies sont en danger. Nous n'avons qu'avoir les informations sur le feu qui brule certaine forêt suit au réchauffement climatique. Les humains commencent à dépendre des choses de la nature qu'ils ignoraient. Avec ces catastrophes écologiques, nous ne savons pas où nous abriter ; l'humanité en général est dans l'impasse des conséquences écologiques qui nous demandent une autre manière de vivre.

La brutalité des actions humaines contre la nature est en fait à l'origine de la réaction de cette dernière. Cette brutalité que se livrent les humains, notre auteur l'appelle par violence objective par le fait que tout le monde se donne à violenter la nature. Mais le problème maintenant est qu'elle commence à répliquer de manière violente à tout le monde sans exception. Cependant, les choses auxquelles que les humains se livre de combattre sont parfois invisibles dans le monde mondial : la terre. Le danger est que « le monde ne passait pas pour fragile ; au contraire menaçant, il triomphait aisément des hommes, de ceux qui gagnent les batailles et des guerres elles-mêmes. Le sable mouvant absorbe ensemble les deux combattants [subjectifs]270(*) ». Donc, la nature plus forte, vain les humains et ces derniers sont vaincus en dernier après avoir longuement violenté celle-là. Michel Serres explique en effet les préalables de son contrat naturel, les conditions dans lesquelles il a écrit Le contrat naturel. Ce dernier fut écrit, comme dit Luc Ferry, lorsque « les problèmes posés par la dévastation de la terre sont devenus globaux271(*) » dans notre histoire humaine.

Cependant, la conception qu'à notre auteur au sujet de la guerre, tient une racine juridique du contrat. Il prend les notions des droits pour expliquer qu'est une guerre. C'est en ce sens que qu'il dit que la guerre est un de fait de droit, car il y a une relation entre deux personnes. Ceci veut dire autrement que, il y a un contrat entre les deux. Ce contrat est de manière virtuelle, il s'appuie sur les convictions personnelles, avec lesquelles « deux groupes décident, d'un commun accord sur lequel ils statuent, de s'adonner à des batailles, rangées ou autres272(*) » ; ainsi, la violence commence. Ensuite, il y a conflit, c'est-à-dire association du contrat et de la violence. Michel Serres le décrit sur le tableau de Goya dans lequel il présente deux combattants sur un sable émouvant.

La métaphore de ce destin est le message qu'il transmet. Ce tableau que l'auteur remet sur la couverture du livre (Le contrat naturel) représente le rapport des humains face au monde actuellement. La lutte entre les deux belligérants représente les conflits et guerre que les humains se font entre eux. Celles-ci ont atteint la nature dans ses dimensions. Le sable émouvant est la nature. Cette dernière a une force d'en porter les belligérants, peu importe la victoire ou la défaite. Les réactions écologiques sont en faits l'émouvante sable qui engloutit les humains.

De ce fait, il y a violence quand tous les humains se battent tous avec la nature comme ennemi. Malheureusement, à entendre Michel Serres : « il n'en existe aucun [droit] pour la violence objective, sans limite ni règle273(*) ». En ce sens, pour sauver l'ensemble de tous les humains contre un ennemi puissant et sans menace de mort collective ; il dit : « il nous faut inventer un droit pour la violence objective ; [un] nouveau pacte, nouvel accord préalable, que nous devons passer avec l'ennemi du monde humain274(*) ». Ainsi, l'auteur propose un contrat pour garantir notre survie face à cette violence objective. Le vouloir stopper la violence objective a fait naitre le contrat naturel. Le contrat avec la nature, « équivaut en fait à un traité de paix signé, non pas entre les nations, mais entre l'espèce humaine et la nature extérieure275(*) », souligne Jean Onaotsho Kawende.

De ce qui précède, l'humain doit chercher à garder le calme, briser toute violence et guerre pour mieux vivre. Le contrat est le seul espoir afin de renouer avec la relation datant avant le contrat social, pour que notre histoire humaine puisse avoir un fondement. Précepte qui nous lie au monde en général. Pour ce qui concerne la visée du contrat, celle-ci a pour horizon le long terme ; un pacte avec le monde des choses. Le contrat naturel nait pour croiser les deux droits (naturel classique et contrat social). La question pendante est celle de savoir : avec quel droit et sujet que ce contrat sera effectif ? Il s'agit du droit de propriété. Ainsi, se forme les thèses du contrat naturel partant des thèses du contrat social.

III.2. LE CONTRAT NATUREL

Le dualisme séparant l'humain de la nature et la recommandation cartésienne (devenir maître et possesseur de la nature) ont fait croire à l'humain qu'il était un être fort, puissant et indépendant de la nature. De cette force et indépendance, l'humain s'est mis à polluer son milieu d'habitat, tuer les autres espèces animales que végétales, transformer les matières premières selon son plein gré. A l'ère actuelle, ces actions ont fini par avoir des conséquences en retour. Ces dernières montrent à l'humain sa faiblesse, ses limites et ce qu'il risque s'il n'arrête pas,car sa vie en dépend. Le monde se rappelle à nous et nous invite à faire un retour, car « l'irresponsabilité ne dure que pendant l'enfance276(*) ». Nous sommes déjà adultes, nous devons penser à conclure un pacte, un contrat qui doit reconnaitre la conduite de la nature comme sujet. Pas n'importe lequel, mais un sujet de droit.

Avant d'avancer avec les arguments, nous devons comprendre ce que notre auteur entend par contrat naturel. D'après Michel Serres, le contrat naturel est avant tout une reconnaissance de l'humain et du droit de manière métaphysique par la totalité des choses de la nature, associée par un contrat au-delà, et universelle à toutes ces choses. Fondé sur le droit naturel classique incluant la nature extérieure de l'humain :

« J'entends par contrat naturel d'abord la reconnaissance, exclusivement métaphysique, par chaque collectivité, qu'elle vit et travaille dans le même global que toutes les autres, non seulement chaque collectivité politique associée par un contrat social, mais aussi chaque collectif, militaire, commercial, religieux et industrielle... associé par un contrat de droit, mais encore le collectif expert associé par le contrat scientifique277(*) ».

Si l'on essaye de bien comprendre, le contrat vient abolir la séparation faite entre l'humain et la nature. Cette absolution permet à l'humain de n'est plus considéré la nature comme un objet, mais comme sujet à part entier. Par la signature du contrat, il y a alors un rapport qui nait entre les deux. Ce rapport envisage une compréhension entre les deux opposés. Il y a alors, si nous comprenons l'enjeu de contrat, une obligation. Cette dernière est l'octroi des droits aux choses de la nature. Sur ce, le contrat met et crée un réseau de survie.

Par ailleurs, l'idée du contrat naturel va dans un angle opposé à celui de Jean-Jacques Rousseau. Le contrat naturel se fonde sur l'idée d'un droit naturel classique et le contrat social se fonde sur un droit naturel moderne. L'idée de notre auteur est de ne pas considérer l'humain particulier comme un universel statuant toutes les choses de la nature. Logiquement parlant, c'est une erreur. L'enjeu est d'être dans une logique où toutes les choses de la nature, comprise l'humain sont unies par un intérêt commun.

Nous sommes maintenant forcés de faire entrer toutes les choses de la nature en tiers dans le droit, la politique, la société, l'éducation, etc. D'après le philosophe français, nous avons eu un jeu à deux dans lequel le monde était mis à l'écart parce que considéré comme objet sans valeurs ; voici maintenant arrive le nouveau jeu à trois qui remplace la triade (prêtre, soldats et producteurs de richesse) dans chaque fonction où nous devons maintenant jouer autrement.278(*) Le contrat avec la nature ou le monde, il est question de l'attribution et de la propriété. Lorsque les deux belligérants jadis signèrent ce contrat, les deux de nos jours partenaire, le signent, le juge leur attribue ce que chacun lui appartient de faire pour garder le calme et l'harmonie entre eux. Dans le cas sous examen, l'attribution n'est que la recommandation de la paix, de l'amour et de la vie en symbiose où chaque partenaire en symbiose avec l'autre doit nécessairement rendre de droit à l'autre. Aucun droit de propriété n'est accepté puisque chacun vit en ayant conscience de l'autre.

Ceci étant, le contrat naturel envisagé en écologique par Michel Serres est un contrat qui a pour fondement dans le droit naturel à la manière de classique qui intègre toute la nature extérieure et intérieure à l'humain. Scientifiquement, il associe les doctes et les littéraires à intégrer les choses du monde dans leur réflexion comme symbiote. Où il y a en effet un traité entre l'humain et le reste du monde. Comme l'a souligné aussi Jean Onaotsho que « ce traité équivaut en effet à un traité de paix, signé, non pas entre les nations, mais entre l'espèce humaine et la nature extérieure279(*) » Il est cependant un retour à la nature générale des choses du monde. Un retour de conscience du danger qui frappe à la porte et entre sans dire mot.

S'il en est ainsi, lorsque le contrat est signé, toute domination de l'humain sur la nature est alors exclue, car le contrat est signé par amour et par éducation symbiotique avec le monde. Ainsi, le savoir scientifique ou la connaissance n'est plus synonyme de propriété privée ou l'action de maîtriser quoique ce soit. Il est symbiotique, parce qu'il admet le droit de la nature et de l'humain dans les deux significations. Si avant le contrat avec la nature, l'humain était méconnaissance des biens et services que la nature lui a rendus, par le fait de le piller, polluer sans prendre conscience de son caractère parasitaire où il s'est lui-même condamné à mort ; le contrat naturel lui offre une chance de survie.

Le contrat naturel ou contrat avec la nature est la théorie serresienne de l'écologie ; théorie qui se fonde sur le droit naturel classique pour briser le droit de propriété énoncé par les philosophes des lumières avec l'idée du droit naturel moderne. Dans Le contrat social, l'être humain nait comme le seul sujet ayant des droits, seul capable à pouvoir passer le pacte avec ses semblables. Par analyse, ce contrat comme dit ci-haut ne tient pas compte des autres êtres du monde avec lesquels l'humain est en communication. Il devient ainsi exclusif du fait que, le reste du monde n'est pas invité à passer ce contrat. Le souci qu'a Michel Serres, à en croire Jean Onaotsho est « de supplanter aux insuffisances du contrat social et de prendre en compte les droits de tous les délaissés280(*) ». Faire sortir la nature du droit de propriété dans lequel l'humain l'a placé.

Cependant, la théorie du Contrat naturel introduite par notre auteur répond à la question de la crise écologique et vient supplanter celle dite sociale. Elle est universelle et inclut toutes les autres choses de la nature sans exception. D'après Michel, une fois les humains entrent dans la nature pour se considérer un de la nature parmi tant d'autres, le droit entre aussi dans la nature. Ceci fait que, le particulier entre dans l'universel, le simple dans le collectif, tous, nous devenons sujets dans la nature, le local dans le global et notre « rapport renouvelé que nous entretenons désormais avec le monde, notre maître jadis naguère notre esclave, toujours notre hôte en tout cas maintenant notre symbiote281(*) » sera renoué où tout le monde veillera sur l'autre. La théorie écologique du contrat naturel ou contrat avec la nature est une théorie qui envisage la symbiose entre tous les êtres vivant sans aucune exclusivité quelconque.

L'écologie du contrat signifie un retour à la nature, une exclusivité au contrat social, mais passation du contrat avec la nature en symbiote et réciprocité entre les êtres de la nature : « où notre rapport aux choses laisserait maîtrise et possession pour l'écoute admirative, la réciprocité, la contemplation et le respect [...] contrat de symbiose282(*) ». Ainsi, pour dire, en d'autres termes, un contrat qui va au-delà des philosophes théoriciens du droit de propriété. Au-delà dans la mesure où aucun n'être vivant ou composant de la nature est exclu. Cela dit, dans ce contrat, les symbiotes ou contractants sont régis par des relations symétriques, dialogique et dialogale où la communication est réciproque.

Dans le Contrat social selon Jean-Jacques Rousseau, l'objectif était celui de trouver une forme d'association commune qui défendrait et protègerait toute la force commune des personnes associées et leurs biens, où chaque contractant s'unit à tous les autres, obéit à lui-même et reste libre. Le contrat naturel unit l'humain à la nature et la nature à l'humain. Quand bien même l'humain a un caractère parasitaire accumulé par son droit de possession et maîtrise où il prenait tout sans rien donnait à la nature alors que, la nature qui l'accueille victime donne tout sans rien recevoir de l'humain. L'écologie du sujet de droit ou du contrat modifie cette trajectoire parasitaire, malveillante. Plus universel et global que les anciens contrats, le monde est sujet de droit. Dans un monde mondial, le savant ditce qu'est le monde et dans l'histoire283(*) en équilibrant la puissance faible de l'humain et la faiblesse force de la nature.

Par ailleurs, les clauses du contrat sont que toutes les choses de la nature sont sujettes de droit. Elles sont considérées comme être vivant susceptible d'un droit en cas de violence. Ce statut d'être sujet de droit condamne en effet souligne Michel Serres à « mort celui qu'il pille et qu'il habite sans prendre conscience qu'à terme, il se condamne lui-même à disparaitre284(*) ». Ceci de fait le credo du contrat naturel. Et donc ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'on fasse de toi. La réciprocité symbiotique signifie dans ce cas ; autant que la nature donne à l'homme, autant l'homme doit rendre à celle-là, devenue sujet de droit285(*). Si nous réfléchissons sur cette problématique, nous rendons compte que l'idée est anthropomorphisée dans le sens où nous donnons le caractère humain à la nature. C'est vrai qu'à première vue, telle peut être l'argument. Mais, l'enjeu ici était celui de changer le statut de la nature de l'objet sans droit vers le sujet du droit, partant des biens et services que celle-ci nous rend, plus l'humain. Ces services et biens sont donnés gratuitement à l'humain qui prétend être seul sujet de droit, par conséquence ; ils méritent un respect et un comportement amoureux.

L'amour devient une des conditions sine qua none. Il faut qu'il ait de l'amour entre les deux parties. D'après Michel Serres, « sans amour, pas de lien ni d'alliance286(*) ». Cet amour de s'aimer l'un envers l'autre est une loi globale qui supprime l'agressivité et la violence. La nature entre dans l'histoire. Et l'humain entre dans le monde. La loi de l'amour résulte du contrat naturel dans lequel l'humain et la nature légifère les lois pour briser la haine qui a amené cette séparation entre les deux depuis les origines de notre histoire moderne.

De plus, le pacte social que Michel Serres appelle pacte de courtoisie où qui a engendré toutes ces considérations narcissiques jusqu'aux guerres subjectives et à la violence objective, les contractants sont liés par aliénation. Le contrat avec la nature averti la totalité de la nature et des humains que « le collectif, s'il se déchire, immédiatement, se livre, sans recul ni recours possible, à la destruction de sa niche fragile, d'un habitat privé de supplément287(*) ». L'équilibre et l'harmonie se jouent sur le collectif de toutes les choses du monde. L'enjeu du pacte naturel est de garder cet équilibre symbiotique. A ce propos, la différence entre ces deux contrats, réside dans l'applicabilité extensive, dans le statut et la finalité. Le premier contrat dit social ne s'étend que sur les humains, alors que le second est extensif, il va jusqu'à la totalité des choses du monde. Le premier ne considère que l'humain comme sujet de droit, mais le contrat avec la nature fait de toutes les choses de la nature des sujets de droit. Le contrat social est pour nous sociologique, en revanche le contrat naturel est biologique et juridique. Tous deux se fondent et ont pour origine la peur. A la différence, le contrat naturel n'aura lieu que par une éducation politique et sociale inouïe et longue qu'il appelle la tierce instruction.288(*) Ainsi donc, c'est l'éducation qui est à la solution du contrat. Sans éducation, les maux continueront toujours à se répercuter sur les choses du monde. Et celles-ci en retour vont répliquer jusqu'à faire disparaitre l'humain comme dans l'histoire des vivants.

La question reste de savoir où et quand signer ce contrat comme Jean jacques Rousseau, pour Michel Serres ce contrat naturel est métaphysique, c'est-à-dire, au-delà de ce que nous pouvons imaginer, parce que, ajoute Michel Serre, « il va au-delà des limitations ordinaires des diverses spécialités locales, et en particulier, de la physique289(*) ». Il n'est signé nulle part à la manière du contrat social, puisqu'il relève de l'entendement. Il devient et est par conséquent virtuel, car selon le philosophe français, « les grands contrats fondamentaux demeurent tacites290(*) ». Chercher une copie du contrat naturel reste une lettre morte. Il est de la conscience de chacun de pouvoir garder à l'esprit l'engagement passé avec le monde. Cette conscience nait de notre relation réciproque. Il harmonise la force de l'humain et la puissance du monde tout en reconnaissance l'égalité entre nous et notre partenaire. Nous ne pouvons que le définir du point de vue juridique et physique où le pont de vue du monde influence nos décisions et notre agir. Nous passons ce pacte avec la nature grâce aux liens canonisés par les relations que celle-là nous envoie. Ces liens nous unissent ensemble à la terre, notre cadre de vie. Le contrat nous met en réseau de survie.291(*)Reste alors de savoir pour quelle finalité et avec quelle justice.

La finalité du contrat est de permettre à deux individus ou personnes acharnées à se contredire, aussi violent ou pas, de « parler une langue commune, pour que le dialogue ait lieu292(*) ». Par analogie, selon la pensée écologique de Michel Serres, les actions humaines et les conséquences écologiques sont synonymes d'une dispute et contradiction acharnée entre l'humain et la nature, et cela nécessite un même dialogue, une même langue pour qu'il y ait le calme et la vie de tous maintenant et à l'avenir. Tous les êtres de la nature compris doivent avoir un même langage à celui de la terre.

De plus, l'objet serait de permettre que les humains et les restes de la nature « usent des mêmes mots dans un sens au moins voisin, au mieux identique293(*) ». L'enjeu de l'écologie du contrat chez Michel Serres est de briser l'incompréhension, le malentendu qui est à la base des problèmes écologiques. Pour supposer un accord qui mettrait fin à la violence des conflits. Cet accord va permettre à ce que « nos industries ne travailleront ni ne transformeront la face et les entrailles pacifiques du monde, comme nous fîmes294(*) » avant le contrat naturel. Le contrat naturel cherche à redonner la valeur juridique à la nature en général. Sa finalité est de faire rassembler le type d'association globale et collective. La seconde finalité est celle de nous amener à prendre et considérer le monde dans sa totalité. L'objectif est de recréer les liens avec lesquels les relations sont plus importantes.

A cet effet, souligne le philosophe français, le contrat avec la nature connecte en réseau le contrat social au contrat de savant pour forme un ensemble de relations dans le monde en sa totalité. Ainsi donc, sans le droit, le rapport de l'humain et la nature reste comme à l'époque baconienne ou cartésienne. Il faut donc envisager, avoir un droit, une politique et un juge pour que notre rapport au monde soit équilibré. Ainsi la justice sera établie.

La justice contractuelle réside en ce que chacun le droit lui confère de faire en ayant chacun conscience du danger de l'autre. Au sens où « chacun des partenaires en symbiote doit donc, de droit, à l'autre sous peine de mort295(*) ». La justice du contrat naturel est de donner chacun sa valeur. Elle est distributive dans le sens où la valeur de chaque partenaire est objective indépendamment de le lui. Grand ou petit, tous au même pied d'égalité. A cet effet, sujet ensemble, objet ensemble. Pour juger ce contrat, il n'est signé nulle part puisqu'il est « virtuel ». Autrement dit, signifions que ce contrat relève de la conscience des humains face à leur responsabilité et aux actions posées dans la nature. Et donc, il est tacite. De plus, dans cette recherche de l'équilibre entre le pouvoir de l'humain et la force de la nature, la justice du contrat naturel, « reconnait d'abord l'égalité nouvelle entre la force de nos interventions globales et la globalité du monde296(*) ». De ce fait, il n'y a ni hauteur ni profondeur, mais équilibre et égalité dans le monde comme totalité.

Cependant, la nature réclame justice du fait qu'elle a été oubliée du rang du sujet de droit. Une nature « sans règle, vérité sans jugement, chose sans cause, objet sans sujet, loi sans roi [...] l'effort historique de la science consiste [...] à inventer une justice nouvelle en cette terre sans contrat297(*) ». Ceux-ci sont les défis traités par Michel Serres dans le contrat naturel. En outre Michel Serres spécifie dans ces écrits que le contrat avec la nature serait une peine perdue si nous n'inventons pas une politique et un nouveau politique pour garantir le contrat.

III.2.1. LA NOUVELLE POLITIQUE ISSUE DU CONTRAT

La nouvelle politique est celle issue du contrat, c'est-à-dire le comportement a adopté dans la manière de nous gérer et gouverner dans cette nouvelle politique. Il y a cependant urgence dans le monde et celle-ci nous, ne pouvons que la résoudre par un contrat de symbiose. Car les choses de la nature se rappellent à nous violemment pour que nous puissions faire référence à elles. Nous devons inventer une nouvelle politique, celle qui sera capable de comprendre maintenant la langue que ces choses ont. Si cela n'a pas raison en politique, notre contrat n'a pas alors de sens. C'est la raison pour laquelle Michel Serres dit : « tout cela resterait lettre morte si on inventait un nouvel homme politique298(*) ».

Dans les théories du Contrat social,Jean-JacquesRousseau soulignait que le souverain était un législateur, au pouvoir reçu par le consentement de tous les contractants. Celui-ci devait cependant établir l'ordre partant de la convention faite. Et c'est le législateur, c'est d'abord le peuple à qui le droit lui revient par la volonté générale. Bien entendu, Michel Serres dans Le contrat naturel préconise une politique permettant à gouverner cette nouvelle relation politique en créant un nouveau politique pour un tel partenariat. Une politique qui exclut le local comme centre de toute réflexion globale. Inventer un nouvel humainlocal pour des problèmes généraux, il y a ce qu'il appelle la « mort subite ». En effet, il faut inventer un nouvel humain global pour une société globale. Cet humain est/a une personnalité juridique dans la nouvelle politique symbiotique où : « occupant toute la terre, solidaire comme un bloc, par ses interrelations croisées, elle ne dispose d'un reste recul ni de recours299(*) ». En dehors de cette nouvelle société des symbiotes et nouvelle politique,le nouvel humain « sait, d'autre part, construire et utiliser des moyens techniques aux dimensions spatiales, temporelles, énergétique des phénomènes du monde [pour] ressembler à la terre300(*) ». L'urgence est de résoudre la faim, garantir l'eau et permettre qu'à ce que l'air soit respirable, arrêté les industries et produits qui accentuent et permettent la perturbation globale.301(*) Ainsi, le tiers instruit aura pour mission de répondre à cette urgence écologique dans la politique où il y a d'un côté les scientifiques et les littéraires. Son rôle est d'unir et garantir à cet équilibre.

De ce fait, nous sommes embarqués dans une nouvelle barque du contrat naturel où nous sommes tous unifiés comme un seul corps humain. Parvenu aux limites strictes des forces objectives. Telle est l'urgence de la nouvelle politique. Cette politique rajoute Michel Serres, « a désormais pour objets ces trois totalités connectées302(*) » : l'humain, le monde et la technologie. Par le contrat avec la nature, la politique change. Si avant, elle ne se réfère à la cité et aux humains de la cité (citoyen) sans connaitre rien du monde, dorénavant le gouvernement issu du nouveau contrat fait sortir les symbiotes des sciences humaines, fruit du contrat social, vers la totalité des sciences inventé par ce nouveau contrat : « les sciences de la vie et de la terre prennent, désormais, le relais [...] vive l'égalité démocratique303(*) ». Il redonne au cadre-nature son véritable sens originel, les conditions dans lesquelles est née. La nouvelle politique est symbiote et naturaliste, légifère les lois globales.

De ce qui précède, cette politique sort de l'ancienne politique où le roi gouverneur de la cité use son influence humaine sur les choses du monde. Sa nouvelle mission est d'user sa raison-responsable, son éducation naturaliste et son éthique responsable. Cette symbiose implique le politique dans la géopolitique au sens de la nature réelle, la physio-politique au sens où les institutions dépendront dorénavant du nouveau contrat passé avec le monde.304(*)La question est celle de savoir qui est ce nouvel humain et cette nouvelle politique.

III.3. NOUVEAU RAPPORT ENTRE L'HUMAIN ET LA NATURE

Nous avons réussi à passer un contrat, et celui-ci nous a tous (humain-nature) conféré le nouveau statut de sujet de droit. Nous sommes en effet obligés de vivre d'une autre façon et selon les conventions issues du contrat. Ces conventions nous permettent en effet de réduire l'agressivité, la domination, la maîtrise, le triomphe, mais la symbiose, le dialogue, l'harmonie, le retour à nos origines. La convention est de vivre en symbiose. Cette symbiose est le résultat du contrat. Cela que l'auteur utilise terme Biogée, nom même de la signature du contrat. Son rôle est de permettre à ce que les humains disent ce qu'est le monde et le monde donne vie aux humains. En fait, le résultat du contrat naturel nous ramène au principe de la physique quantique où tout est lié, « les sciences de la vie et de la terre, placées désormais au centre de la cognition, prennent le relais305(*) ». L'auteur a offert la valeur à la nature en partant du contrat avec la nature, celle-ci est aujourd'hui notre prochain, composant la Biogée. Par Biogée, l'auteur entend l'association qui comprend le monde (nature) et les humains, sujets ensemble et objet de cette science (scivite) et expriment, dans une langue commune, leurs soucis communs en la WEFEL.306(*)

La Biogée ou vit symbiotique est une tierce place. Un troisième personnage du jeu à deux. Ce concept dans le contexte écologique concerne et représente la nouvelle alliance issue du contrat entre l'humain et la nature. Une alliance qui implique une nouvelle forme de vie et relation par rapport à l'ancienne forme où l'humain était devenu maître de la nature. Ladite alliance ne concerne pas seulement la relation humain-nature, mais aussi les humains entre eux. Une nouvelle habitation du monde et dans le monde. « La Biogée est notre habitat, ce dans quoi nous vivons, notre monde307(*) ».

Dans le livre Temps des crises, Michel Serres rappelle et soutient l'idée de reconsidérer le statut respectif des choses de la nature, devenues sujets actifs et les rôles que ceux-ci jouent dans notre vie ; par le lien d'interdépendance, de synchronisation où nous avons en nous la nature et celle-ci nous possède aussi ; c'est-à-dire un jeu de partenariat. Cet esprit de jeu à deux où il y a que le maître contre l'esclave, disparait du moment que nous avons inventé le tiers instruit : « le monde soi-même [...] l'eau, l'air, le feu, la terre, flore et faune, l'ensemble des espèces vivantes [...] et inertes308(*) ». Ce tiers instruit est fruit du contrat symbiotique. Une nouvelle institution juridique, un ambassadeur des symbiotes qui défend la nature muette, que l'auteur appelle : WAFEL.309(*) Nous nous sentons frères, au-delà de nos limites, cette nouvelle dialectique nous rend tous sujets à pied égal.

De plus, WAFEL est une institution au sein de la Biogée issue des initiales des choses de la nature. Elle représente ces choses et prend la parole pour elles. En d'autres termes, « un représentant directe, de l'eau, de l'air, du feu, de la terre et des vivants310(*) ». Sur ce, personnellement, Michel Serres réfléchit en terme humain. Il confère aux choses du monde toutes les caractéristiques humaines. Nous pensons, que la nature, quant à lui, est un être, un sujet qui agit et réagit, se défend et peut-être défendue. C'est d'ailleurs en ce sens que nous parlons de l'écologie du sujet de droit. Dans cette nouvelle relation transversale et symétrique, nous habitions le monde, nous l'intégrons de nouveau et celui-ci nous accueille en fils prodigue qui rentre à la maison. Cette dernière, souligne l'auteur, « où naissent les vivants, humains compris » jouit le droit de l'autre et la protection générale. Il n'y a ni violence ni guerre parce que achevé par le pacte naturel. Par ce pacte, l'humain quitte l'exploitation, le droit de propriété vers l'instauration d'un droit public et bien commun.

La réflexion serresienne de l'écologie sur la nouvelle société issue du contrat avec la nature part de l'idée que, dans le monde, il n'y a aucune société qui ne soit fondée sans aucun droit à la base ou au préalable. De même, le contrat naturel en est un droit qui fait entrer l'humain et la nature dans une nouvelle société. Dans cette dernière, les deux « vivent en symbiose, les humains et le monde, l'on ne parle pas seulement une langue universelle, celle des lois, [...] mais on y utilise divers code, toutes choses, nous comprit, s'y trouvant et conduites et codée. Car nous tous, choses inertes, vivant et humain, émettons, recevons, stockons et traitons de l'information311(*) ». Telle est la description et mécanisme de la nouvelle vie symbiotique signifié par le philosophe français une fois le contrat signé. En plus, dans cette nouvelle vie, tous, nous sommes régis par ce qu'il appelle le carré d'opération qui nous permet ensemble de nous maintenir dans cette nouvelle relation de symbiote. Ce carré est structuré de : l'émission, la réception, le stock et la transmission de l'information. Ces opérations nous sont communes.

Par ailleurs, il est question de savoir comment ces choses communiquent ou qui va communiquer à leur nom. Entant que Sujet, elles ont le droit de parler et de se défendre. Pour répondre à la préoccupation, Michel Serres évoque la troisième révolution sur terre, celle où la nature dit ce qu'elle est et comment elle fonctionne sa personne, son être, son droit, etc. La révolution est en fait ce jeu à trois (sciences, monde, société) où les sciences se regroupent autour de deux bouts d'extrémités ; d'un côté la vie et de l'autre côté la terre. Ces sciences,Michel Serres les appelle : les sciences de la vie et de la terre(SCVITES). Celles-ci ne disent que les choses du monde et leurs habitats dans la société. En ce sens, signifions que Michel Serres définit l'écologie en une science de la vie et de la terre. En effet, la nouvelle politique des symbiotes dans ce jeu à trois où tous ensemble d'une seule voix, lié à des relations d'éco-communication, ne disons que ; ce que dit le monde, les sciences comprises aussi. Néanmoins, cette fois-ci, non plus de manière locale, mais « comme un partenaire global » avec lequel nos vies sont liées. Et donc nous formons un système complexe. Comme l'a si bien souligné Edgar Morin, nous sommes dans une co-organisation, co-communication, dans laquelle « un être vivant devient une exigence existentielle pour un autre312(*) ». Cette manière de vivre est une exigence pour tout symbiote : complémentarité et réciprocité.

Celui qui dit maintenant des choses de la nature est la Biogée. Cet ensemble des vivants, associé par le contrat naturel. Ce monde global additionné aux sciences qui forment ce grand tout où siège le triangle écologique pour la vie : sciences, société, Biogée. Voilà ce jeu à trois régis par trois relations avec lesquelles au sommet, « les sciences, désormais, disent le dit du monde ; la société [...] produit les choses de monde et où elle ne reçoit, en retour, l'effet global sur la tête313(*) ». Face à une nouvelle menace, WEFEL communique pour la biogée, cette institution capable de défendre le droit des choses de la nature. En effet, le philosophe français organise la nature comme un être vivant dans une société ayant ses droits et devoirs, avec un ambassadeur(WEFEL) en cas de menace, une politique dans le cadre des relations. C'est à ce sens qu'il évoque la troisième révolution.

En plus, la révolution que souligne Michel Serres vient du fait que, la Biogée est sujet puisque dans le jeu à deux (humain et esclaves), la nature n'était qu'un objet sans importance. Maintenant, dans ce nouveau jeu, celle-ci est sujet face à l'humain. Ce sujet est global dans une nouvelle société où il joue présentement « les premiers coups plus fortement que nous314(*) ». Ce renversement est le seul espoir de l'humanité si elle veut survivre. Nous sommes en quelle sorte l'objet de la nature. En conséquence ; nous sommes en face d'une nouvelle relation au rapport comme un double lien croisé en feedback ; nous, sujets, objectivons le monde, lui sujet, nous objective.315(*) Reste d'inventer un dialogue avec ce nouveau partenaire avec une nouvelle science, nouvelle conduite pour une nouvelle société. D'une manière descriptive, notre auteur essaye de décrire cette nouvelle façon de nous de conduire en symbiote.

Dans le troisième chapitre du Temps des crises, Michel Serres évoque la conduite des sciences et du politique symbiote. La conduite de ceux qui connaissent la Biogée et parlent d'elle. La mission est de se détacher de l'ancien triangle mortifère (prêtre, soldat et capitaliste) pour développer à long terme suite au nouveau triangle écologique notre rapport à la nature. Que les savants disent et communiquent, au nom de la nature, la parole au nom de la Biogée, représentés la WAFEL. Qu'ils disent non contre la pollution, contre le droit de propriété privée, mais en soutenant le bien commun. Qu'ils écrivent les nouvelles lois pour détruire le capitalisme et les technologies dévastatrices qui affament la Biogée. De quel savant s'agit-il et quelle science ?

A ces questions, il s'agit des savants des sciences de la vie et de la terre. Les scivites prennent en effet le relais, prônent pour la démocratie comme nouvelrégime de la Biogée. Ils ont la langue propre à la Biogée. Elles sont démocratiques parce qu'elles sont pluridisciplinaires et sont « fédérées autour d'elles ». La politique pour Michel Serres est alors remplacée par les scivites. Politique à laquelle « nous vivons, disent-elles comme des vivants dont la vie, liée à la terre, reste conditionnée, voire déterminée par les lois de la terre et celles de la vie316(*) ». Dans cette perspective, la politique scivite brise l'ancien rapport asymétrique pour un autre symétrique où « tout sujet devient objet ; tout objet devient sujet317(*) ». Attestons que c'est en cela consiste la démocratie du contrat de symbiose si nous analysons la théorie de l'auteur. Et donc, il n'y a aucun être au centre ; seule la vie et la terre. C'est pour quoi Michel Serres est taxé de biocentrique par le fait de mettre la vie au centre de tout. S'il en est ainsi, quelle éthique l'humaine doit-il développer face aux choses de la nature devenue sujet ?

Michel Serres n'est pas resté silencieux par rapport au comportement que l'humain doit afficher dans la nature. Bien évidemment, nous les avons toujours considérées comme des choses sans importance, qui n'ont aucune liberté et valeur parce que, nous sommes le partisan de Jean-Paul Sartre nous a dit que l'enfer, c'est l'autre. D'ailleurs, Sartre aurait à questionner Emmanuel Levinas sur « soi-même comme un autre ». L'idéologie sartrienne n'est pas éthique. Cette idéologie s'est répandue même sur les choses de la nature, considérée comme enfer, dans le sens où « nous les considérons au mieux comme des objets, au pis comme des ennemis, oui, des autres absolument parlant318(*) ».

Si nous réfléchissons bien, nous nous rendons compte que l'autre est plus intervenant quand le moi (humain) est plus en difficulté ou dans le besoin. Ces autres font ce qu'on peut appeler la compassion, dans laquelleils nous ont entendus, vus, et viennent nous secourir. En d'autres termes, « nous vivons, échangeons et parlions comme eux319(*) ». Cela revient à terme et en définitive, à nous détruire320(*) ». Telle est même l'éthique et l'évidence du contrat naturel : tuer, c'est se détruire. Cette éthique est fondée sur la conscience de l'autre et du moi. Il est évident parce que détruire, c'est se détruire soi-même. Dans l'ensemble, il est en fait une conscience. Mais cette dernière se matérialise aujourd'hui dans le centre du savoir-être des sciences. Tous, sommes habitants de la Biogée les sciences humaines comprise. Et cela grâce au serment prononcé le jour de la signature du contrat avec la nature que les deux partenaires disent en serment, je cite :

Pour ce qui dépend de moi, je jure : de ne point faire servir mes connaissances, mes inventions et les applications que je pourrais tirer de celles-ci à la violence, à la destruction ou à la mort, à la croissance de la misère ou de l'ignorance, à l'asservissement ou à l'inégalité, mais de les dévouer, contraire à l'égalité entre les hommes, à leur survie, à leur élévation et à leur liberté321(*)

III.4. CONCLUSION

A travers ce chapitre, nous avons développé la théorie du contrat naturel comme résolution aux problèmes écologiques. Cette théorie a pris naissance dans le droit pour aboutir à des conclusions d'ordre éthique, moral et éducatif en nous proposant une nouvelle société et politique dans laquelle tous, sommes en symbiose. L'humain est dans la nature comme fils de la nature et la nature est en lui comme socle de vie. Le contrat avec la nature est une version exclusive du contrat social. Il prend le côté non-dit du contrat social, pour essayer d'intégrer le monde dans l'ordre juridique et avec un nouveau statut. Grâce au combat du contrat naturel, la nature n'est plus cette chose sans valeur, mais un sujet de droit ; il est recommandé à l'humain d'avoir de nouveau rapport avec ce nouveau sujet. Ce rapport devra tenir compte du pacte.

Dans la première section de ce chapitre, il s'est posé la question du droit de l'humain qui excluait celui de la nature. Nous avons souligné qu'au début de la société, le pacte que les humains ont dû passer n'était rien d'autre exclusive à la nature. Le droit qui fonde le contrat social où les choses de la nature sont réduites au silence parce qu'elles sont considérées comme des objets. En tant qu'objet, aucun droit ne peut faire référence à ça. Ce droit venait d'être solidifié par les théoriciens du droit naturel moderne. Ceux-ci ont compris qu'il n'y avait de droit que du positif, c'est-à-dire de ce qui est posé par l'humain puisqu'il relève d'un fait moral. Et même le droit de l'humain va prendre cela en compte en disant que tout humain est un sujet de droit. Ceci veut autrement, en dehors de cet humain, personne ne peut se déclarer sujet de droit. Toutes ces formes de droit a poussé l'humain dans la dépréciation avec la nature. Conséquence ; il y a eu transformation et dévastation.

Dans la deuxième section, avons analysé l'idée de la violence contre la nature. Cette dernière provient de la guerre entre nous, sujet humain, nous battons pour des causes de pouvoir, domination et supériorité. Aujourd'hui, la nature nous violente pour rappeler notre fragilité et les choses que nous lui avons infligées. Maintenant que sa violence est pantopique, à savoir sans partout, lieu et endroit ciblé, nous sommes tous touchés par sa violence qui devient objective puisque personne n'est épargnée.

Le contrat nature a constitué dans ce chapitre le deuxième point majeur et important. Il est en effet la base même de notre travail et du chapitre. Vu que la violence devient imminente, l'humanité en risque de disparition ne peut qu'être sauvée par contrat. Ce contrat est une association entre l'espèce humaine et le reste de la nature. Un accord sur la survie entre ces deux. Cela va sans dire que par contrat l'humain rentre dans la nature comme fils de la nature et la nature est en lui comme socle de la survie. Fondé sur le droit naturel classique, le contrat prend en compte la nature intérieure et extérieure à l'humain. Malheureusement signé nulle part, il reste virtuel et dans la conscience des individus signataire du contrat. Ces conclusions nous plongent dans une nouvelle culture, politique et éducation que Michel Serres appelle le tiers-instruit.

Le tiers-instruit dans le contexte de la logique formelle vient s'opposer au tiers exclu. Ce dernier est l'un des principes de la logique formelle ou binaire fondée sur deux valeurs : la véracité d'une proposition ou la fausseté. Il exclut la possibilité d'une tierce place. La logique formelle est fondée sur trois principes fondamentaux : principe d'identité, principe de non-contradiction et principe du tiers-exclu. Ce principe dans la compréhension de notre auteur divise le monde en deux, soit si l'humain plutôt qu'autre chose. Dans le domaine de l'écologie, de l'éducation, le tiers-instruit est une reconnaissance d'une tierce place issue de deux valeurs en opposition. Une manière de penser sur la chose qui existe et n'existe pas encore. « Un tiers non exclu entre l'équilibre et le déséquilibre, entre l'être et le néant322(*) ». Le tiers instruit est aussi une intersection entre deux ensembles. Et dans l'écologie, c'est la symbiose entre l'humain et la nature.

Dans la troisième section, nous avons évoqué de la vie en symbiose, une vie qui vient après signature du contrat. Etant donné que l'humain et la nature sont en symbiose, ils ont un rapport de complémentarité, de réciprocité, de contemplation l'un envers l'autre. Cette nouvelle vie, que le philosophe français appelle la Biogée, est une sommation entre les individus signataires du contrat. Où tout le monde est sujet de droit. La nature Une nouvelle institution juridique, un ambassadeur des symbiotes qui défend la nature muette. WAFEL institution qui représente les choses de la nature dans les instances juridiques. Les sciences dans cette institution ne soulignent que les choses de la nature et ce que disent ces choses nous communiquent. Devenues sciences de la vie et de la terre, elles jouent la politique de tout mettre en relation de complémentarité et de réciprocité.

CHAPITRE QUATRIEME : APPROCHE CRITIQUE DE L'ECOLOGIE DU SUJET DE DROIT

IV. 0. INTRODUCTION

En préambule, les trois précédant chapitres ont présenté en effet chacun pour sa part les bases de la conception écologique de Michel Serres. Il résulte de ces chapitres le sens d'une écologie juridique, subjective et objective qui tient compte des droits, de la place et du rôle de la nature, même si celle-ci dans l'histoire et même aujourd'hui est devenue une chose de transformation et de déformation. Celles-ci partent de la majorité des activités humaines. Ce contexte est le point de départ qui l'a poussé à écrire plusieurs livres et théories sur l'écologie. Le mobile est que, l'humain est de nos jours victime de ses propres actions. Ces actes dévastent la nature et lorsque celle-ci réagit, l'humain est le premier à être touché.

Le troisième chapitre a présenté la théorie du contrat naturel comme solution que préconise Michel Serres au sujet du débat sur l'écologie. Cependant, puisque nous sommes dans le domaine scientifique, lequel domaine se nourrit par conjoncture et réfutation. Pour ce qui nous concerne, il nous est nécessairement recommandé, en tant que chercheur dans un domaine de dresser une critique sur les recherches que nous avons effectuées dans ses écrits.

Dans ce chapitre, nous allons présenter nos analyses issues de la philosophie serresienne que nous avons jugé être les mérites pour nous, par rapport à sa façon de réfléchir. Après ceci, nous allons présenter un deuxième aspect de ladite philosophie, que nous considérerons pour notre part dit comme une limite ou faillibilité. En d'autres termes, adresser une critique présentant une certaine faille si nous voulons le contextualiser avec l'époque à laquelle nous rédigions ce travail.

IV.1. ASPECT POSITIF DE L'ECOLOGIE SERRESIENNE

En préambule, chaque auteur a une manière de réfléchir et de présenter son mode de penser. Le nôtre est parti des faits observés dans le monde pour arriver à la proposition d'un contrat naturel qui répond en effet aux questions de l'écologie. En fait, les chapitres précédant ont discouru là-dessus. Dans ce chapitre, nous présenterons les mérites de notre auteur. Les premiers (mérites) sont en effet l'originalité de notre auteur lorsqu'il aborde les questions écologiques. Dans l'aspect positif, nous aborderons quatre mérites : le premier, c'est la question de l'unité entre l'humain et la nature ; le deuxième, c'est l'idée du contrat comme réponse aux problèmes écologiques : nouvelle relation humain-nature ; le troisième, c'est la relation politique-droit et enfin le quatrième, c'est sur l'idée sur la question de l'éthique serrésienne.

Pour ce qui concerne le premier mérite, tout est parti de l'idée selon laquelle, il y a d'une part l'humain et de l'autre part la nature ; d'un côté un sujet et de l'autre côté un objet. L'histoire globale de l'humanité, de la science, de la philosophie ou du droit, a divisé le monde en deux. On ne réfléchit qu'en termes de la dualité. Et cela depuis les premiers savants (Égyptiens, grecs et romains). Parménide parla de l'être et du non-être ; Platon évoque le monde idéel et sensible. Le droit sépare d'un côté le sujet humain avec sa nature et de l'autre côté l'objet, nature extérieure à l'être humain. Francis Bacon conditionna l'esprit humain a triomphé sur la nature dans la logique selon laquelle l'esprit humain est supérieur aux choses de la nature. René Descartes vient avec la séparation de la substance. À ce propos, les travaux de notre auteur en écologie ont consisté en fait à militer pour la non-séparation entre l'humain et la nature. Et c'est ici que nous louons son effort, voire son originalité.

Dans la logique de notre auteur, la meilleure façon de résoudre le problème écologique est de ne pas séparer d'un côté l'humain et de l'autre côté la nature. Il faut donc faire une écologie où « les hommes partagent avec les animaux la même niche323(*) ». Cette niche est le lieu où commence la connaissance entre tous les vivants qui la partagent dans la réciprocité et la symbiose. En d'autres termes, tous partagent un rapport global à la nature mère nourricière. L'objectif de cette nouvelle vision écologique que propose Michel Serres est de créer une vie collective, interspécifique qui doit combattre l'ancienne domestication, où l'humain est loup pour l'autre ; les techniques transforment les espèces et l'habitat ; l'économie marchande les choses de la nature.

En effet, si la nature devint séparée de la culture, cette séparation est le problème fondamental de l'humain et de tous les discours écologiques, car l'humain, séparé des autres êtres de la nature, pense et croit être en dehors des choses du monde qui n'ont rien avoir avec lui. Tout compte fait, les problèmes écologiques, au-delà de diverses conceptions évoquées dans les deux premiers chapitres, viennent de la dualité insérée dans la logique du comportement humain pour qui, son « esprit a horreur du mélange324(*) ». Ce principe fonde l'ensemble des travaux de notre auteur. Son souhait est celui de ne pas séparer d'abord la nature, ensuite, la culture, la nature et l'humain et enfin l'objet du sujet. Bruno Latour ajoute à ce sujet que, « le travail de médiation devient le centre même du double pouvoir naturel et social. Les réseaux sortent de leur clandestinité. L'empire du milieu est représenté. Le tiers état qui n'était rien devient tout325(*) ». En analysant les concepts contrat, symbiose ou tiers-instruit, ils ont une signification d'intersection. Ceci pour dire, le mérite de l'auteur est de montrer à l'ensemble des savants le danger de la dualité dans l'écologie.

Cette dualité qui a permis à l'humain de se croire au-dessus et supérieure à la nature. La science et la philosophie seront fondées sur ce principe de séparation. Si nous analysons l'affirmation de notre auteur quand il dit : « nous ne sommes pas un, mais deux326(*) ». Cette affirmation veut dire que nous sommes séparés sans le savoir. Pour ainsi dire, au début, nous étions d'abord un et maintenant, nous sommes deux. Humain et choses de la nature, nous étions frères. La dualité est le point de départ avec lesquels nous analysons l'aspect positif de la pensée écologique de Michel Serres. Tout son effort ou mérité sera de combattre pour l'unicité de tout ce qui a été séparé pour construire une pensée écologique. La pensée écologique développée dans ce travail avec notre auteur a pour originalité l'introduire d'une nouvelle logique qui va au-delà du principe de deux valeurs ou principe de non-contradiction. La critique positive est celui de réconcilier l'amitié de l'être humain et des autres êtres de la nature à la manière du cerveau où la paralysie de l'une entraine la défaillance d'une partie contraire du corps. Comme lui-même le dit en ce mot : « Il me semble meilleur de vivre, parler ou penser avec tous ses organes qu'en retranchant de leur ensemble une moitié noir327(*) ». Le sens du contrat est synonyme de l'unification après séparation.

Au demeurant, chaque philosophe ou écrivain est fils de son temps. Le nôtre aussi, ses écrits transmettent son époque et même celle du futur. Le contexte dans lequel il a écrit sa pensée sur les problèmes écologiques véhicule cependant le souci qui a traversé son époque. Mais sa pensée reste encore d'actualité pour notre époque. En parlant des problèmes écologiques comme problèmes globaux, Michel Serres remmène le débat à un autre niveau où les humains doivent s'unir et conjuguer leur force pour résoudre ces problèmes au niveau planétaire en tant que préoccupation qui touche l'humanité en général. Il est donc impératif que cette force donne solution à ces problèmes ; force unique incluant toutes les choses de la nature pour créer l'équilibre et l'harmonie. Ainsi, il introduit la troisième valeur, celle qui met en symbiose les deux autres : vrai et faux. Cette troisième valeur signifie que, la présence de l'autre est une des conséquences de l'antécédent. Cette réflexion de Michel Serres met aussi en difficulté le naturalisme ontologique pour qui l'univers est ce qu'il est, immuable, éternelle et stable. Conséquence ; il est régi par une logique binaire. Pourtant, quand nous observons dans la nature, tous les êtres font une mobilité et un mécanisme systématique : naissance, croissance et mort.

D'après notre analyse, aux origines, l'humain et la nature ne faisaient qu'un, puisqu'ils sont mêlés. L'humain représente la nature et la nature lui confère toutes ses caractéristiques. Au troisième chapitre, nous avons souligné avec Michel Serres du retour à la nature comme une des objectifs du contrat. En fait, il s'agit d'un retour au point de départ où tout était une même nature. Le sens du contrat avec notre auteur est de former un seul corps, esprit, une union, une interpénétration et interférence. C'est le concept même de symbiose qui résume l'unicité et nouveau rapport.

Par ailleurs, son idée unifie ce qui a été séparé par l'histoire en articulant le savoir et le droit est une originalité. Car, son effort est celui de conditionner les deux dans une relation d'interdépendance pour résoudre la question de l'humain dans son nouveau rapport face au monde. Cette relation devient ainsi la condition de possibilité pour une vérité prépondérante et l'équivalence juridique pour statuer ce nouveau partenariat entre les êtres vivants.

A ce sujet, ce que nous constatons comme mérite, en plus de ce que nous avons dit, l'auteur veut montrer en général qu'il n'y a pas de dualité en science, écologie ou droit. C'est dans ce sens qu'il revient toujours à la notion du contrat. Celui-ci essaye simplement de faire abstraction à la logique du principe d'identité en essayant de souligner le tiers-instruit comme une nouvelle forme de logique avec laquelle on peut arriver à décrypter les problèmes scientifiques, écologiques et juridiques. Comme dit avant, la réunification de la conception dualiste ou la suppression de toute dualité dans ces trois domaines, c'est ce qui a permis à notre auteur un centrage de sa réflexion sur la proposition des sciences de la vie et de la terre comme objet nouveau de ces trois disciplines. Ceci étant, le centre de préoccupation de toutes les sciences ne rient d'autre que la vie et la terre commune unification du sujet-objet. Sur ce point de vue, le savoir, la loi, les vivants reposent sur le nouveau centre unique exempt de toute dualité.

Le deuxième mérite est celui centré sur l'idée du contrat comme réponse aux problèmes écologiques en termes d'un nouveau rapport entre humain et nature. D'un point de vue, Michel Serres ouvre une nouvelle approche de l'écologie sur l'essentielle de la politique, du droit, de la science et la philosophie. Une approche selon laquelle notre rapport au monde est structuré par des liens d'interdépendances. Il montre dans l'ensemble de sa réflexion l'effort de respecter la nature comme sujet de droit, avec lequel, l'humain est partenaire équitable. Son approche part de l'histoire de la philosophie, du droit et des sciences pour situer les problèmes écologiques à toute l'histoire du vivant. Il montre et met en relation la société et le savoir pour repenser autrement la question du sujet et de l'objet de l'écologie.

Par substitution au contrat social, Michel Serres introduit l'idée du contrat naturel. Son concept à une origine juridique et en tant que telle, toutes les choses de la nature sont ipso factode sujets de droit, mais cette fois-ci le droit naturel classique parce que la signature exige un équilibre des partenaires (sujet-sujet). C'est dans ce sens que, « La nature globale, la planète-Terre en sa totalité, [...] est le nouveau corrélat de ces nouvelles plaques d'hommes, sièges d'interrelations réciproques et croisées entre les individus et les sous-groupes, leurs outils, leurs objets-monde et leurs savoirs, rassemblements qui peu à peu perdent les rapports avec le lieu, la localité, le voisinage ou la proximité328(*)». Ceci veut dire, la planète dans son ensemble est sujet de droit ; aucun autre sujet ne peut s'approprier comme un bien privé. Le nouveau sujet de droit enjoint à l'humain un nouveau rapport puisqu'il est bien commun. Il est une originalité pour notre auteur dans la mesure où les problèmes écologiques trouvent fondement dans le domaine du droit.

Le philosophe français, au-delà du domaine scientifique et politique, ramène les débats écologiques au niveau de la sphère juridique où la plupart de scientifiques semblent ignorés. En offrant de la matière aux juristes et aujourd'hui, nous pouvons affirmer avec honneur que, le droit de l'environnement ou de la nature a un soubassement dans le contrat naturel. La nature telle mise en valeur par Michel Serres est intrinsèque à elle-même. Les travaux de notre maître ont intéressé non seulement les scientifiques, mais aussi l'historien des sciences. Pour ainsi dire, les problèmes ou les débats sur les problèmes écologiques n'ont aucune limite en ce qui concerne le domaine.

En plus, à son époque déjà, l'académicien envisageait les droits liés à la nature. Même si pour les uns cette idée était absurde pour la plupart de penseurs, aujourd'hui cette idée a servi des bases au droit de l'environnement. Dans un de ces entretiens, il souligne que « Aujourd'hui, quand on dit pacte écologique, on ne dit guère plus que contrat naturel. Donc, effectivement, j'avais déjà confiance dans le droit329(*) ». Son mérite ou aspect positif est celui de faire insérer les problèmes écologiques dans le domaine du droit. La charte de l'environnement serait issue de l'influence du contrat naturel. L'objectif, comme dit Mathieu Blesson, est celui « accorder à la nature comme aux hommes le droit à la liberté, le droit à l'égalité, le droit à la fraternité330(*) ». L'effort ou le mérite de notre auteur est celui de libérer la nature à l'emprise de l'humain par l'intermédiaire du droit.

De ce qui précède, nous avons constaté que notre auteur a renversé la notion du sujet de droit. Si pour Jacques Leclercq un sujet de droit est seul la personne humaine qui a un pouvoir et une liberté morale, Michel Serres va étendre cette notion même aux choses de la nature. Celles-ci ne sont pas vues comme objet, mais plutôt comme sujet parce qu'elles ont un pouvoir intrinsèque à elles plus que celui de l'humain. Sachant aussi qu'elles rendent d'énormes services et biens à l'humain. Selon lui, « il serait bon de faire un pas de plus et de dire que la nature serait ce sujet de droit avec lequel on passerait ce fameux contrat331(*) ». Par rapport à sa théorie du contrat, tout acte dévastateur à la nature implique une condamnation juridique à son acteur. En rendant la nature un sujet de droit, celui permet à l'humain de se remettre en question et envisager un contrat de partenariat avec son semblable. Ainsi, le droit n'a plus seulement à légiférer les lois pour l'humain mais, les droits de la nature aussi. Et donc il confère aux choses de la nature des droits que le contrat social n'avait pas pu penser. Son grand effort est celui d'accorder une dignité juridique en partant des thèses issues du contrat social pour briser le droit de propriété.

A ce propos, Le contrat naturel, Le Temps des crises, véhiculent la grande partie de la pensée écologique de notre auteur. Ils partent de l'histoire de la terre, du droit, de l'humanité et de la science, pour présenter une nouvelle forme de penser les relations de l'humain et la nature. Le fait de présenter cette histoire sous forme de lutte, violence et guerre est une originalité. Ceci explique la présence des vocabulaires issus de l'expérience de la deuxième guerre mondiale et autres. Le premier livre par exemple est plus juridique, écologique. Mais son travail sur l'écologie a rompu l'ordre qu'imposait l'humain sur la nature et sa prétention de l'esprit universel. De même qu'avec l'ordre épistémologique d'un savoir transformateur de la nature provenant toujours de cet humain.

Notre auteur repense autrement le lien entre notre habitat et notre mode de connaissance. Sa curiosité scientifique l'amène a creusé profondément la question des problèmes écologiques et leurs mutations dans notre société. Partant de l'ordre épistémologique et physique, il trace le schéma de la pensée pour aborder les questions écologiques dans le domaine du droit. Ainsi, lorsque nous essayons de tracer son schéma, il commence par condamner cet esprit de se croire un universel dans la nature. Esprit que l'humain a pu développer au courant de l'histoire et qui justifie en effet toutes ces turbulences, puisqu'il exclut une partie de la nature. Le mérite est le fait de lutter contre cette prétention de l'universel. La question fondamentale qu'il se pose, est celle de savoir : pourquoi seulement l'humain serait le seul sujet de droit. Cette question traverse l'ensemble du contrat naturel. La réponse à la question est que, l'humain et la nature doivent coexister ensemble.

En élaborant sa théorie du contrat avec la nature, Michel Serres inclus d'une par les théories du contrat social, mais en faisant un dépassement. Alors que le contrat social de Rousseau fait abstraction aux réalités extérieures à l'humain, celui naturel tient compte d'elles. Raison pour laquelle, Le contrat naturel a le mérite de prendre en considération la nature oubliée ou négligée par les penseurs modernes du droit. Car pour eux, le doit, c'est de la positivité humaine, alors que pour Michel Serres, le droit, c'est d'abord ce domaine incluant la nature intérieure et extérieure à l'humain. Puisqu'il recourut au droit naturel classique. Celui qui tient compte de l'humain ainsi des aux choses extérieures à lui. Son mérite est de prendre en compte les choses de la nature et faire d'elles une préoccupation juridique.

Déjà dans l'écologie politique, il défend cette prétention et l'esprit de l'immédiateté. Pour lui, le politique doit s'inspirer de l'agriculteur, doit développer l'esprit qui vise loi. Michel Serres incite aux dirigeants politiques d'avoir une politique accès clairvoyants qui pensent au long terme à la manière des marins et paysans. Ceci : « pour sauvegarder la Terre ou respecter le temps, au sens de la pluie et du vent, il faudrait penser vers le long terme, [...] soucieux de se maintenir332(*) ». Il suggère à la nouvelle politique d'avoir un projet visant loin, pensant aux générations futures.

De ce qui précède, la théorie serresienne de l'écologie mérite par le fait qu'il simplifie le concept de nature partant de son origine gréco-latine. De cette origine, la nature veut dire ce qui nait. Et Michel Serres se pose la question de savoir : qu'est-ce-qui nait ? Sa réponse simplifie la compréhension du concept nature comme cet ensemble des objets qui naissent et se transforment après. Le langage que notre auteur utilise pour exploiter ces textes est simple dans le sens où il recourt à l'histoire du concept. Ceci étant, la nature telle qu'entendMichel Serres est cette réalité contenant un ensemble d'objets, entités réelles. Contraire à la conception médiévale où elle est l'oeuvre du Dieu créateur, c'est-à-dire, elle « est tout ce qui est, a été et sera [...] sans au-delà, sans mystère, sans altérité constituante333(*) ». Au contraire une réalité aux choses qui sont dans l'histoire du monde en général. Histoire où ces choses sont à la fois un tout et sujet global. Son mérite est celui de n'est pas exclu un des éléments de la nature dans le processus de la protection et du rapport humaine-nature.

L'usage de mot est significatif pour lui. Si avant, tel que nous venons de le dire au paragraphe précèdent, la nature était une idée, produit d'un démurge, sans références ; en fait, notre auteur concrétise cela par une représentation des choses que nous pouvons prendre en considérations, que nous savons. Il précise ce qu'est la nature : notre terre, monde mondial ; dans lequel il y a des choses et nous habitons avec ces choses : arbre, animal, air, feu, eau, etc. Raymond Matand en parlant de l'originalité de Michel Serres en écologie précise que celui-ci dit que la terre donne logement et nourriture à l'homme, donne tout. Mais par le caractère parasitaire de l'homme, il se comporte comme un parasite.334(*)

En outre, lorsque nous analysons la pensée serrienne, celle-ci aborde les problèmes écologiques de manière transversale en dégageant les grandes structures qui fondent notre manière de réfléchir et pour proposer les solutions adéquates. Michel Serres l'énonce dans Le contrat naturel, de René Descartes, de Jean-Jacques Rousseau, d'Emmanuel Kant, d'Auguste Comte, de Jean-Paul Sartre et la déclaration universelle de droit de l'homme. Ces structures sont des structures qui renferment la pensée dans une sorte de case. Il souhaite, souligne Bernadette Bensaude étudier les sciences en se tournant vers le monde, penser la terre où Il ancre les sciences dans une philosophie de la nature qui embrasse tout ensemble le subjectif, l'objectif et le collectif, sans pour autant les réduire l'un à l'autre.335(*) Il fonde la nouvelle alliance. Celle-ci est une symétrie de rapport à égalité en tant que sujet de droit. Au troisième chapitre, nous avons souligné avec Michel Serres l'exigence du contrat : « autant que la nature donne à l'homme, autant l'homme doit rendre à celle-là, devenu sujet de droit336(*) », une inclusivité des droits et devoirs de tous.

D'un autre point de vue, nous trouvons que Michel Serres emprunte, dans la théorie de la communication, les systèmes de communication. Celui des quatre opérations : recevoir, traiter, concevoir et transmettre. De cette notion, il l'applique à son système de penser dans écologique où il souligne que les êtres de la nature tous appliquent le même mécanisme. Son mérite est celui de repenser les vivants comme des systèmes communicationnels effectuant les quatre opérations. Ceci pour justifier en effet l'équivalence entre l'humain et nature en tant que sujet d'un même monde. À le lire, il se rappelle à la conscience de l'humain, pour monter la place qu'il occupe en tant qu'un élément parmi tant d'autres. Et il nous offre une autre voie de l'écologie où tout est sujet, tout est objet. Il ne place ni l'homme ni l'animal au centre, mais la vie, la terre centre de toute la réflexion écologique. C'est dans ce sens qu'il évoque des sciences de la vie et de la Terre. Michel Serres, dans le Temps des crises, convient le monde à un intérêt mondial où tous, nous statuons pour notre bien.

Le troisième mérite est en fait la relation politique-droit. Dans l'ensemble des travaux sur lesquels il aborde la question de l'écologie, il associe la politique et le droit. Dans Le contrat naturel, il souligne le fait que le contrat est vain et vide si on n'invente pas une politique capable de soutenir le contrat. C'est une nouvelle alliance qu'on retrouve dans les réflexions de notre auteur, au-delà de la première : humain et nature. Ici l'originalité est celle de trouver la médiation juridique dans les problèmes qu'opposent l'humain et la nature. Cette médiation intègre l'intérêt général et particulier pour créer un ordre symbiotique. Celui-ci exclut en effet le droit de la propriété émanant du contrat entre les humains.

Cependant, les arguments de Michel Serres plaident pour la nature en tant que bien appartiennent à la communauté, chose publique ayant un droit commun à tous. Tout le monde peut en faire usage dans la mesure où les intérêts des autres et de la société ne soient pas violés. C'est en cela que la médiation juridique chez Michel Serres est une originalité. Cette médiation, Serge Gutwirth l'appelle dans son article, l'érosion juridique de la chose commune.337(*) Du principe de non-séparabilité, Michel Serres défend le principe de non-appropriablité. Ce principe est tributaire de la médiation politico-juridique. Au troisième chapitre, nous avons parlé avec notre auteur l'exclusion du droit d'appropriation comme droit à l'origine de la pollution. Si nous analysons en fait les thèses du Contrat naturel : « au contrat exclusivement social ajouter la passation d'un contrat naturel de symbiose et de réciprocité où notre rapport aux choses laisserait maîtrise et possession pour l'écoute admirative, la réciprocité, la contemplation et le respect, où la connaissance ne supposerait plus la propriété, ni l'action la maîtrise, ni celles-ci leurs résultats ou conditions stercoraires338(*) », nous trouvons ce principe. La non appropriation est en fait un principe de l'exclusion fondamentale de la prise de possession totale de la nature339(*). Par ce principe, notre auteur essaye d'équilibrer la technique, l'économie, l'industrie, dans la mesure où celles-ci par leur production, ne s'approprient pas les choses du monde. Si avant la médiation juridique l'humain pense ou pensait être le propriétaire privé du monde, maintenant Michel Serres donne un principe pour structurer la relation humain-nature.

Le quatrième mérite est du point de vue de l'éthique. Pour Michel Serres, l'éthique et la morale sont un retour « des hommes vers les choses » de la nature dans laquelle le devoir moral est engendrement de fait, par le fait que, « le fait demeure et puisse engendre un fait340(*) ». Ceci veut dire autrement, selon la pensée de Michel Serres, le devoir équivaut le fait. Car « les conséquences de nos actes rejoignent leurs conditions341(*) ». Dans ce sens, l'éthique serresienne la nature comme culture et la morale est les lois objectives. Celles-ci prennent d'abord source dans l'ordre épistémologique. Cet ordre qui part de l'analyse du rapport au monde en tenant compte de la puissance que le savoir offre. L'enjeu ici est de comprendre les bouleversements technologiques et capitalistes qui modifient notre mode de vie. Son génie scientifique est celui de penser à une éthique non pas à la manière jonasienne, mais plutôt à la manière des amoureux où il y a une conscience mondiale soutenue par « une morale à la fois subjective et objective342(*) » de l'écologie du sujet de droit. En fait, si nous essayons d'analyser ce deuxième ordre, il associe connaissance et justice ou science et droit. Ceci permît à notre auteur a associé humain et nature, sujet et objet. En parlant de la symbiose, notre auteur brise la dualité créée par l'histoire de la philosophie laquelle l'humain était séparé de la nature. L'éthique serresienne est celle où il n'y a pas séparation entre la loi subjective et celle objective.

Contrairement à Hans Jonas pour qui, l'éthique du futur est « une éthique conçue aujourd'hui pour nos descendants futurs, [...] une éthique d'aujourd'hui qui se soucie de l'avenir et entend le protéger pour nos descendants des conséquences de notre action présente343(*) » ; la nouvelle éthique serresienne se fonde sur la double compréhension entre sujet et objet. « Le sujet se connaît dès qu'il reconnaît sa sujétion pendant que l'autre admet son propre assujettissement344(*) ». L'éthique et même la morale de Michel Serres se résume dans la conscience de soi et de l'autre en tant que sujet équivalent.

En effet, cette éthique s'applique par une morale au sens objectif. Lorsque nous lisons l'analyse critique de Raymond Matand, celui-ci souligne que, « aujourd'hui émerge une nouvelle ère où les objets sont des enjeux345(*) » de la morale et de l'éthique. Michel Serres ouvre une nouvelle approche de l'éthique. Une éthique qui quitte la sphère uniquement subjective vers l'objective qui nait de la nouvelle domestication dite réciproque. Cette nouvelle éthique et morale objective tient compte du mal que l'objet subit : la violence objective contre les choses de la nature. Celle-ci rappelle à l'humain ce qu'il est. L'éthique serresienne vient du contrat avec la nature. Cette éthique est fondée sur le principe de l'équilibre de la terreur, c'est-à-dire une éthique qui doit tenir compte de l'autre. Ce n'est pas causé du tort à l'autre parce qu'en retour, nous ne savons pas de quoi, il est capable. Ça signifie tout simplement que protéger l'humain du danger, c'est avant tout protéger la nature de laquelle il tire sa survie.

En sommes, dans l'aspect positif de l'écologie serresienne nous avons découvert une certaine originalité. Cette originalité se situe à Quatre niveaux. Premièrement, c'est sur l'idée du principe de non-séparabilité qu'il développe en écologie qui fonde même le contrat entre l'humain et la nature. Ici le problème qu'il soulève est que, l'humain et la nature ne font qu'un et doivent entretenir le rapport symbiotique, contemplative et dialogique. Ce principe est une médiation scientifique qui essaye de combattre contre le dualisme scientifique. Deuxièmement, nous avons soulevé avec lui la question du rapport entre l'humain et la nature lequel nous avons dit qu'avec Michel Serres la nature est sujet de droit et dont l'humain a le devoir de respecter de la nature. L'idée de Michel Serres a influencé la législation mondiale à statuer sur le droit de l'environnement. Troisièmement, nous avons parlé de la médiation juridique qui conduit au second principe qu'est le principe de non-appropriation. Ainsi, l'idée de la médiation scientifique ou juridique fonde une structure qui va au-delà de la logique binaire, dans la mesure où la fonction médiatrice concilie l'intérêt de chaque partie pour un bien commun ou un objectif commun. Ce bien ou objectif est une structure trivalente ou tripolaire. Enfin, nous avons évoqué l'éthique de Michel Serres. Celle-ci ne prend pas seulement en compte les humains entre eux, mais le mal causé sur la nature. Elle est devenue alors fondée sur le sujet et sur l'objet. En outre, après que nous avons présentés le mérite de notre auteur, dans la partie qui suit nous aborderons les limites la théorie écologique de Michel Serres.

IV.2. ASPECT NEGATIF DE L'ECOLOGIE SERRESIENNE

Dans la partie précédente, nous avons parlé de l'aspect positif sur la pensée écologique de notre auteur. Dans cette partie, nous avons dit que Michel Serres, dans l'ensemble de son travail, il a cherché à faire une médiation du point de vue scientifique, juridique, politique et éthique. Le premier nous a donné le principe de non-séparabilité, le second, c'est le principe de non-appropriablité, le troisième est la médiation sur la gouvernance et le dernier, c'est l'articulation entre la morale subjective et morale objective. De ce qui a été dit, il y a de quoi dire un mot, car il s'agit de la question de l'objectivité scientifique. Sur ce,nous allons présenter certaines failles qu'on retrouve dans la pensée serresienne en ce qui concerne la question de l'écologie. La première limite est la thèse du contrat naturel. Celui-ci se comprend en parallèle avec le contrat social de Jean-Jacques Rousseau. La thèse de notre auteur est une antithèse du contrat de Jean-Jacques Rousseau, c'est à partir de ces travaux que l'auteur établit ses théories.

En parlant de la passation du contrat, Michel Serres suppose que la nature est une personne humaine avec laquelle l'humain va s'entendre, dialoguer avec volonté et liberté. Cette manière de dire ainsi, à notre égard est une forme anthropomorphique oùil confère à la nature le caractère humain. Limites sont la personnification et personnalisation de la nature. Michel Serres confère le droit de l'humain à la nature, par le fait qu'il la considère la nature comme une personne humaine. A cet effet, si nous lisons Luc Ferry à ce sujet, celui-ci souligne, « qu'il s'agit là d'une fable métaphorique, [parce qu'il] semble bien difficile, en effet, de conférer un sens propre au contrat346(*) ». Luc Ferry imagine la scène où l'humain passera le contrat avec la nature : « bonjour dame nature, j'aimerais m'entendre avec vous347(*) ». Tout ceci veut uniquement montrer la difficulté à laquelle Michel Serres est face. Cette difficulté est d'ordre de la compréhension et la matérialisation du pacte avec la nature.

De ce qui précède, concrètement, l'idée du contrat naturel ne tient pas debout, si n'est qu'une représentation conceptuelle et métaphorique que Michel Serres soutient. La limite selon nous est d'ordre du droit posé, c'est-à-dire l'acte que le sujet pose en acte, être conscient. Michel Serres part de l'idée que, la nature a une valeur intrinsèque et en tant que telle, elle est un sujet ayant ses droits à part entière. Par conséquent, il nécessite un respect. Au fond, si nous analysons le propos du droit positif, la notion du contrat implique la conscience qu'à l'individu lorsqu'il pose un acte. Et cette dernière vient de l'individu. S'il n'est pas conscient, c'est difficile qu'il passe un contrat avec un partenaire qu'il ne voit pas. Ceci veut dire autrement, le contrat n'est possible que si l'humain est conscient du danger, de la situation qu'il traverse ; dans le cas contraire, il ne sera pas possible. Et donc le contrat relève de la volonté humaine, autrement dit, c'est de la simple spéculation. Certains considèrent cela comme de la fiction.

Par analogie à ce qui se vit, les humains ne conçoivent guère l'idée d'une nature en tant que sujet de droit. Tous les droits liés à la nature sont légiférés par eux. Ces derniers écrivent les lois partant de leur logique humaine. Il est difficile qu'ils légifèrent les lois équitables parce qu'ils ont l'esprit selon lequel la nature est une représentation figée. Le contrat naturel serait dans ce cas une sympathie humaine. La passation du contrat revient à la pratique de la sympathie et de l'entraide afin de lutter pour la vie.348(*) C'est à la bonne foi, volonté et la liberté humaine que revient le sort de la nature. Dans ce contexte, le contrat est toujours une affaire humaine malgré qu'il soit fondé sur la peur de la disparition des espèces vivantes. Ainsi, le droit de la nature est un droit que l'humain dans sa conscience confère à la nature du moment que cette dernière lui garantit la vie. Ceci veut dire, en d'autres mots, le contrat naturel est un accord des humains entre eux au sujet de la nature en danger.

Illustrons ce que vient d'être souligné par un exemple. Les différentes COP349(*) organisées dans le monde au sujet des enjeux environnementaux, climatiques, etc., sont organisées par les humains « pour but le respect de la nature, son entretien, le refus de l'appropriation, de la maîtrise et de la domination de la nature350(*) ». C'est là la difficulté de la thèse que Michel Serres propose en écologie. Le contrat naturel ne peut se faire que s'il y a d'abord un contrat social au sujet de la nature extrahumaine. De ce fait, la faille du contrat naturel vient de la législation. Ceci veut dire, en d'autres termes, l'interprétation du langage naturel ne peut venir que de l'humain. Bien sûr que la nature communique à l'humain, mais si celui-ci n'est pas capable de comprendre le message, rien ne peut être fait en termes de contrat. Et c'est la réciprocité qui posera un problème dans la passation du contrat. Car d'après Hans Jonas, « mon obligation est l'image à l'envers du droit d'autrui qui à son tour est vue à l'image de mon droit propre351(*) ». Ceci pour dire, la revendication du droit de la nature est toujours une expression humaine de la réciprocité. C'est l'humain lui-même qui se résigne devant ses actes destructifs.

Une autre limite vient du rapport entre le contrat naturel et celui dit social. En parlant du contrat naturel, Michel Serres exclut le contrat social. Il dit : « par contrat naturel d'abord la reconnaissance, exclusivement métaphysique, par chaque collectivité, qu'elle vit et travaille dans le même global que toutes les autres, non seulement chaque collectivité politique associée par un contrat social352(*) ». Il n'est pas question pour notre auteurde mettre en rapport équilibré des deux contrats. Le contrat naturel est une exclusivité pour le contrat social. Selon lui, le contrat social est anthropocentrique. Quant à nous, exclure le contrat social ne résout pas les problèmes écologiques. Il est essentiel d'inclure le contrat social dans le contrat naturel. Car si les humains ne sont pas d'abord capables de se gérés entre eux par un droit, comment peuvent-ils respecter la nature avec laquelle ils n'ont etne parlent pas la même langue ? Ici, nous voulons tout simplement dire que, Michel Serres, en écartant le contrat social du contrat naturel, n'intègre pas les valeurs humaines dans le rapport humain-nature. Luc Ferry appelle cette attitude de l'antihumanisme totalitaire. Cette attitude véhicule une certaine haine contre l'humain en le considérant comme le pire ennemi de la nature, alors qu'il faut voir aussi l'aspect positif humain dans la problématique écologique.

CONCLUSION

Pour clore ce chapitre, nous sommes parties de deux approches. L'une positive et l'autre négative. Pour l'approche positive, nous avons souligné quatre aspects comme mérite de l'auteur. Le premier aspect est son combat pour le principe de non-séparabilité. La séparation a fait que,d'un côté, il y a l'humain et de l'autre la nature ; d'un côté le sujet et l'autre côté l'objet. Cette séparation est visible dans plusieurs domaines. Le concept contrat a introduit une valeur sur les deux valeurs diamétralement opposées : humaine et naturelle. Le contrat acréé une entente. Le deuxième mérite est l'idée de la nouvelle relation entre l'humain et la nature. Celle-là, grâce au contrat, confère à la nature le statut du sujet de droit. Ceci étant, l'humainest obligéd'adopter une nouvelle manière de vivre.

Le troisième aspect est la relation droit-politique qui introduit le principe de non-appropriation. Le nouveau rapport fait que l'humain est interdit de s'approprier les choses de la nature, puisqu'elles sont devenues les biens communs. En tant que bien commun, personne ne peut poser un acte allant à l'encontre de la volonté de tous. Par ce principe, la nature n'est plus une propriété privée de l'humain, mais un bien collectif avec lequel le dialogue, la réciprocité est au centre. Le quatrième aspect est l'éthique serrésienne. Celle-ci est fondée sur le principe sujet-sujet, objet-objet. Elle n'est pas seulement du point de vue subjectif, mais objectif aussi. Elle tient compte du mal que l'humain pose sur les objets de la nature.

Le deuxième aspect de ce chapitre est négatif, celui-ci se fonde sur certaines analyses comme limites de notre auteur. La première faille vient de la concrétisation du contrat naturel si nous nous referons à la théorie du droit positif. L'auteur construit le contrat naturel en se référant aux thèses du contrat social, mais enl'excluant. Pourtant, dans la vie pratique, seul l'humain est capable de signer un contrat. Et même si celui de Michel Serres est métaphysique, relavant de la conscience, l'humain ne peut être conscient de cela que s'il trouve son intérêt. Par conséquent ; c'est du contrat humain que peut naitre le contrat naturel.

CONCLUSION GENERALE

Pour conclure notre mémoire. De quoi avons-nous discouru ? Dans ce travail de mémoire, nous avons discouru de la part de l'humain dans les problèmes écologiques chez Michel Serres. Ce travail nous a permis grâce à la pensée de Michel Serres de découvrir le rôle et la place de l'humain dans la nature. Après cette longue littérature et découverte, nous avons en effet le devoir de donner les conclusions de nos recherches. Nous sommes partis du postulat selon lequel, les êtres vivants sur la planète terre courent un danger. Ils sont menacés par les conséquences écologiques liées au réchauffement et changement climatique. Les conséquences écologiques depuis un temps sont devenues récurrentes et mettent l'ensemble d'éléments de la nature en danger de disparition. De postulat surgit des questions fondamentales : d'où sont venus ces conséquences ou problèmes écologiques et qui est à l'origine de ces conséquences ? Ces deux questions ont fait l'objet même du premier chapitre.

De ce qui précède, le premier chapitre, intitulé, Les causes profondes à l'origine des problèmes écologiques, a fait l'objet d'une enquête historique pour savoir où, quand, comment et qui est à l'origine des problèmes écologiques. Nous sommes partis questionner les événements historiques de la terre pour trouver la cause de ces évènements qui sont en effets le premier scandale écologique : la première extinction des espèces. De cette enquête, il résulte que, avant l'action humaine ne soit un problème majeur en écologie, la nature elle-même dans son fonctionnement et dynamisme est la cause première des conséquences écologiques. Ainsi, l'humain n'est pas responsable dans cette réorganisation de la nature. Il s'agit là des phénomènes naturels de la terre. Par ailleurs, comment maintenant expliquer l'accélération des problèmes écologiques aujourd'hui ? Tout est parti de l'idée que l'on se fait de la nature. L'héritage scientifique et culturel de la nature comme une chose vide de sens.

A ce propos, du côté de la philosophie, déjà avec Parménide, la nature sera rangée du côté du non-être et l'humain de l'être. Quand bien-même ce dualisme parait être métaphysique, Parménide manifeste déjà un mépris sur les choses de la nature. Ainsi va naitre une certaine hostilité envers la nature. Francis Bacon va venir avec l'empirisme avec sa méthode de l'induction pour dire ; l'esprit humain doit enquêter sur la nature de deux façons : premièrement de manière théorique découvrir les lois de la nature et deuxièmement de manière pratique développer les techniques pour arriver à découvrir ces lois. L'objet de Bacon est que, l'esprit humain apprend de la nature pour qu'en retour, il triomphe et domine sur elle. De cette idée, Descartes va venir avec le rationalisme. Celui-ci part des théories baconiennes, il introduit un dualisme : d'une part, il y a sujet pensant et de l'autre part un objet pensé. D'un côté, il y a un sujet et de l'autre côté l'objet. Tout ça dans l'objectif de donner à l'humain le pouvoir d'être maitre et possesseur de la nature. De leurs conceptions, nous avons découvert une pensée hostile à la nature comme chose sans valeur. Et même le déterminisme et scientisme vont construire leur théorie partant de ces deux penseurs.

Le déterminisme et le scientisme vont être influencés par le rationalisme cartésien. Celui de vouloir rendre l'humain maître et possesseur de la nature. Pour le déterminisme, il faut que l'humain arrive à être maître et possesseur de la nature par la raison. Malheureusement, cette interprétation sera une exaltation de la réalité puisque le monde est fixe, déterminé par les lois mathématiques. Les lois scientifiques doivent s'appliquer sur les lois de la nature grâce à la technique. Conséquence, la nature devient une chose soumise à la nécessité de l'humain selon sa rationalité. De cette conséquence s'inscrit le scientisme d'après lequel, seule la science est décideuse des choses du monde.

Tout compte fait, les éléments du premier chapitre ont présenté une certaine idéologie sur la nature et sur l'humain. Une représentation d'une nature inférieure à l'humain et qui n'a rien de valeureux. Nos recherches ont abouti à la conclusion selon laquelle les problèmes écologiques sont des problèmes de conceptions, des idées et croyances que nous avons hérités d'une culture dualiste et méprisant la nature comme une réalité extérieure à l'humain. Voilà pourquoi, l'anthropocentrisme comme idéologie est une idée exaltant l'humain comme maître de tout. Cette culture est aujourd'hui au coeur de notre pensée et notre agissement. Michel Serres n'avait pas tort de dire que la crise écologie provient de la culture héritée de l'histoire.

En outre, de cette culture, la nature se voit aujourd'hui transformer et marchander comme une chose à valeur extrinsèque. C'est là que nait le problème écologique de notre époque : la marchandisation de la nature comme bien. Le deuxième chapitre est une analyse sur la problématique du progrès technique, capitalisme et leurs conséquences dans la nature. Cette analyse part des deux ordres qui règlent le monde aujourd'hui. Le premier est la problématique du progrès technique. Celui-ci est cette association entre la science et la technique. D'un côté, la science fournit à la technique les méthodes et procédures et la technique les récupère pour matérialiser de l'autre côté. Ce mariage fait de la nature un objet en vue d'agir sur elle. La technoscience a des conséquences sur les vivants avec les pratiques de la biotechnologie, l'émission des gaz, etc. Le progrès technique vient de cette culture cherchant toujours à rendre l'humain maitre, dominant et possesseur de la nature ou du monde dans lequel il vit. Le deuxième ordre vient du développement capitaliste. Cet ordre a une logique marchande. Cette logique considère les choses de la nature comme des marchandises avec lesquelles les humains usent selon leur propre gré. De cet ordre marchande, né le problème de l'intérêt, du profit et de l'accumulation des biens. Le capitalisme embarque la nature dans un nouveau navire où les valeurs sont mises en parenthèses. La nature est privatisée par l'humain comme un bien revenant à lui seul.

Cependant, ces deux ordres sont les clés qui interprètent le monde aujourd'hui puisqu'ils forment une structure. Dans l'écologie, l'ordre technologique et économique objectivent et marchandent les autres êtres vivants en créant des ruptures dans la relation humain-nature. Ces ruptures transforment le visage et la beauté du monde à long terme. Aujourd'hui, le développement technologique et économique crée des problèmes graves dans les écosystèmes : le réchauffement et développement climatique, les extinctions des espèces, les inondations, etc. En effet, de ce que nous venons de dire, nous découvrons que les problèmes écologiques viennent de cette association de la technologie et système économique. L'humain actuel, héritier de la culture, méprisant la nature est le premier acteur dévastateur de la nature. Par l'accumulation des biens, la nature devient un bien rendant des services à l'humain sans que ce dernier puisse la protégér. La question reste à savoir comment résoudre ces problèmes auxquels l'humanité toute entière est confrontée ?

De ce qui précède, devant une telle question où l'avenir de l'humanité est mis en danger, Michel Serres propose une solution qu'est l'objet du troisième chapitre. Le troisième chapitre est nommé : l'écologie du contrat ou du sujet de droit. Celui-ci est une proposition que Michel Serres nous offre. Face aux conséquences écologiques, à la violence objective où les humains se battent tous contre les choses du monde, Michel Serres vient introduire la notion du contrat naturel. L'humain depuis le contrat social considère la nature comme un objet sans valeur et sans droit. Cette conception est, depuis le moderne, la déclaration des droits de l'homme. La nature est livrée aux mains des prédateurs. Le contrat naturel est un contrat qui vise à valoriser la nature en la rendant d'abord sujet, ensuite un sujet ayant ses droits et enfin partenaire de l'humain. Ce contrat est une exclusivité du contrat social par le fait qu'il est universel et tient compte de tous les éléments de la nature. Michel Serres défend en premier lieu l'idée d'un droit de propriété. Il recourt au droit classique qui tient compte du monde en sa totalité. L'enjeu du contrat naturel comme proposition à la solution des problèmes écologiques est la reconnaissance de la nature comme un être vivant, un sujet de valeur, une âme, une mère, une maison accueillante avec laquelle l'humain serait en parfaite harmonie en tant que symbiote. Par contemplation, réciprocité, l'humain et la nature doivent vivre une relation symétrique, synchronique et transversale. L'humain rentre dans la nature en tant que fils de la nature et la naturelereçoit, le protège.

Le quatrième chapitre est une analyse critique sur notre recherche effectuée dans la pensée écologique de Michel Serres. Il s'intitule : approche critique de l'écologie du sujet de droit. L'analyse part d'un aspect positif où, nous avons relevé que l'originalité des travaux de notre auteur est le fait de briser le dualisme écologique qui sépare l'humainde la nature. Séparer l'humain de la nature est l'origine même des problèmes écologiques. Une autre originalité est l'idée du contrat introduisant une nouvelle relation et un nouveau rapport où la nature n'est plus un objet sans valeur, mais un sujet de droit et partenaire de l'humain. Un autre mérite est le fait de biser l'appropriation de la nature par l'humain en introduisant le principe de non-appropriation. Ce deuxième principe limite en fait la conception de l'humain sur la nature. Et enfin, la morale objective. Celle-ci tient compte du mal objectif poser sur la nature. Le deuxième aspect est négatif. Celui-ci se positionne sur la matérialité ou la concrétisation du contrat naturel. Il est difficile de mettre en pratique un papier signifiant une signature du contrat entre l'humain et l'arbre, l'animal, etc. Même si MichelSerres évoque de la conscience, le contrat naturel n'est qu'un contrat social sur la nature. Que dire de la part de l'humain dans les problèmes écologiques ?

Nos recherches nous ont permis d'aboutir à la conclusion selon laquelle ; les problèmes écologiques viennent en premier lieu de la conception que l'humain se fait de la nature. Cette conception conditionne la perception ou la vision que l'humain se fait des autres êtres de la nature. L'idée qu'il se fait du monde vient de ce qu'il conçoit et croit. A savoir, les autres êtres sont pour lui des objets sans valeurs et exclu du statut de sujets des droits.En second lieu, les problèmes écologiques émanent dudualisme entre l'humain et la nature. Ce dualisme constitue un problème fondamental dans leur rapport. Séparer l'humain de la nature ou la nature de l'humain crée entre lui une dépréciation et un esprit de supériorité. Ainsi, l'humain pense être plus important que les autres êtres de la nature. En ce sens, les non-humains se trouvent conditionnés par la volonté de l'humain.

En outre, la part de l'humain dans les problèmes écologues est la prise de conscience et la responsabilité. Cette conscience et responsabilité sont une réponse pour limiter la crise écologique. Car sans elles,ils ne prendront pas fin et l'humain ne peut qu'être victimede ses propres actes (destructions de l'environnement, pollution, déforestation, etc.). Néanmoins, c'est avec la prise conscienceet la responsabilité qu'il peut vivre en harmonie avec la nature en sa totalité.

BIBLIOGRAPHIE

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II. LIVRES DE L'AUTEUR

- Serres Michel., Morales espiègles, Paris, Ed. Le Pommier, 2019.

- IDEM, C'était mieux avant !Paris, Ed. Le Pommier, 2017.

- IDEM, Le gaucher boiteux, Paris, Ed. Le Pommier, 2015.

- IDEM, Petite poucette, Paris, Le Pommier, 2015.

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III. AUTRES LIVRES

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- Atias Christian, Philosophie du droit, Paris, Éd. P.U.F., 1999.

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IV. ARTICLES ET REVUES

IV.1. ARTICLES DE L'AUTEUR

- Serres Michel, « Le droit peut sauver la nature », in Pouvoirs, Paris, Éd. Seuil, N° 127, 2008/4, pp. 5-12.

- IDEM, « préface qui invite le lecteur à ne pas négliger de la lire pour entrer dans l'intention des auteurs et comprendre l'agencement de ce livre », in Éléments d'histoire des sciences, Paris, Ed. Bordas, 1989, p. 890.

IV.2. AUTRES ARTICLES

- Batebua Jean-Claude, « Protection de l'environnement dans le cadre de la mise en oeuvre de la reforme minière », inRevue Congo-Afrique, Kinshasa, Éd. C.E.P.A.S, N° 549, Novembre, 2020, pp. 1035-1045.

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- Blesson Mathieu, « Pour une démocratie écologique », inTopique, Paris, Éd. A2IP, N° 122, 2013/1, pp. 71-82.

- Cezilly Franck, « histoire de l'écologie comportementale », inécologie comportementale. Cours et question, Paris, Éd. Dunod, 2005, pp. 3-26.

- Euvé François, « Pour un naturalisme modéré », inle naturalisme et ses critiques. Théophilyon (Revue des facultés catholiques de théologie et de philosophie de Lyon), Paris, Éd. Théophilyon, Tome XXVI-Vol. 1, 2021, pp. 93-110.

- Giraud Gael, « le capitalisme financiarisé et transition écologique. De la "société de propriétaire" vers une "société des communs" ? », inGregorianum, Roma, Éd. P.U.G, N° 94/1, 2013, pp. 695-706.

- Grandjean Alain, « les enjeux écologiques et leurs représentations », inRevue Lumen, Vol. LXXIII, N°4, Bruxelles, Éd. UCL, 2018, pp. 367-381.

- Gutwirth Serge, « Autour du contrat naturel », inimages et usages de la nature, Bruxelles, Éd. Presses de l'université des Saint-Louis, N°36, 1993, pp. 75-131.

- Lentiampa Adrien, « De l'ère de l'individu à l'ère de la personne. Pour une économie à visage humain »,inGregorianum, Roma, Éd. P.U.G, N° 94/4, 2013, pp. 833-847.

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- Matagne Patrick, « aux origines de l'écologie »,inInnovation, Paris, De Boeck, N°18, 2003, pp. 27-42.

- Maweja Roger, « L'herméneutique théologique à l'ère du défi écologique »,in Science et esprit, Montréal, Collège universitaire dominicain, Vol. 73/3, N° 6, 2021, pp. 395-412.

- Noël Léon, « Le principe du déterminisme », inRevue néo-scolastique, 12? année, N°45, Paris, Éd Persée, 1905, pp. 5-26.

- Pottier Antonin, « Le capitalisme est-il compatible avec les limites écologiques ? »,inCentre d'économie de la Sorbonne Université Paris 1, Paris, Éd. CNRS, 2O17, pp. 1-15.

- Ruboneka Gilbert, « Michel Serres et la philosophie de communication : une épistémologie de mise en relation », in Ngbowu, Revue des langues, lettres et sciences de l'homme et de la société, Facultés des lettres et sciences humaines Université de Kara, Kara, Togo, Vol. 1, N° 12, Décembre 2012, pp. 455-465.

- IDEM, « La thèse serrésienne d'histoires des sciences », inEndoxon, Revue africaine de philosophie des sciences, Sciences, Techniques, Société, UOB/IRSH-CENAREST, Paris, Ed. L'Harmattan, N°2, 2020, pp. 17-29.

- Thoreau, Henry David, « Le Paradis à (re)conquérir »,inLa pensée écologique. Une anthologie, Paris, Éd. P.U.F, 2014, pp. 27-40.

V. WEBOGRAPHIE

- [Enligne] https://fr.m.kikipédia.org/biographie-Michel-Serres (page consultée le 10/03/2023 à 14h07').

- [Enligne] https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_d%27experts_intergouvernemental_sur_l%27C3%A9volution_du_climat. (Page consultée le 02/09/2023').

- [enligne] : '- https://news.un.org/fr/story/2022/02/1115262 (page consultée le 30/04/ 2023 à 07h50').

- [Enligne] https://www.larousse.fr/encyclopédie/images/Rosa_Luxemburg_en_1912/1310796 (Page consulté le 10/06/2023 à 12h 21).

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHES 2

DEDICACE 3

IN MEMORIAM 4

REMERCIEMENTS 5

0. INTRODUCTION GÉNÉRALE 7

0.1. OBJET D'ETUDE 7

0.2. CHOIX ET INTERET DU SUJET 8

0.3. ETAT DE LA QUESTION 9

0.4. PROBLEMATIQUE 11

0.5. HYPOTHESE DU TRAVAIL 13

0.6. DELIMITATION DU SUJET 14

0.7. METHODES DE RECHERCHE 14

0.8. DIVISION DU TRAVAIL 15

0.9. NOTICE BIOGRAPHIQUE 15

0.10. DIFFICULTES RENCONTREES 16

CHAPITRE PREMIER : LES CAUSES PROFONDES DES PROBLEMES ÉCOLOGIQUES 17

II.0. INTRODUCTION 17

I.1. LES PHENOMENES NATURELS DE LA TERRE 20

I.2. LES IDEOLOGIES PHILOSOPHICO-SCIENTIFIQUES DE LA NATURE 24

I.2.1.1. Les idéologies philosophiques : l'empirisme et le rationalisme 25

I.2.1.1.1. L'empirisme baconien 26

I.2.1.1.2. Le rationalisme cartésien 30

I.2.1.2. L'idéologie scientifique : déterminisme et scientisme 33

I.3. L'ANTHROPOCENTRISME 38

I.3. CONCLUSION 44

CHAPITRE DEUXIEME : LA PROBLEMATIQUE DU PROGRÈS TECHNIQUE 46

II.O. INTRODUCTION 46

II.1. ANALYSE DES DEUX ORDRES : PROGRES TECHNIQUES ET DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE 47

II.1.1. LES PROGRÈS TECHNIQUES 47

II.1.1.1. Culture et technique 48

II.1.1.2. Techniques et technologies 56

II.1.2. LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE : LE CAPITALISME 59

II.2. LA NATURE VIOLENTÉE 66

II.3. LES CRISES ET CONSÉQUENCES ÉCOLOGIQUES 68

II. 3.1. LE RÉCHAUFFEMENT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE 70

II.3.1.1. Réchauffement climatique 70

II.3.1.2. Changement climatique 78

II.3.2. EXTINCTION DES ESPECES 79

II.4. LES SIX ÉVÉNEMENTS EN CRISE 80

II.5. CONCLUSION 82

CHAPITRE TROISIEME : L'ECOLOGIE DU CONTRAT ET DU SUJET DE DROIT 84

III.O. INTRODUCTION 84

III.1. DROIT DE L'ETRE HUMAIN ET NON DE LA NATURE 85

III.1.1. L'IDEE DU DROIT NATUREL ET SUJET DE DROIT 87

III.1.2. DE LA VIOLENCE SUR LA NATURE AU CONTRAT 91

III.2. LE CONTRAT NATUREL 93

III.2.1. LA NOUVELLE POLITIQUE ISSUE DU CONTRAT 100

III.3. NOUVEAU RAPPORT ENTRE L'HUMAIN ET LA NATURE 101

III.4. CONCLUSION 106

CHAPITRE QUATRIEME : APPROCHE CRITIQUE DE L'ECOLOGIE DU SUJET DE DROIT 109

IV. 0. INTRODUCTION 109

IV.1. ASPECT POSITIF DE L'ECOLOGIE SERRESIENNE 109

IV.2. ASPECT NEGATIF DE L'ECOLOGIE SERRESIENNE 120

CONCLUSION 123

CONCLUSION GENERALE 124

BIBLIOGRAPHIE 129

TABLE DES MATIERES 134

* 1Michel SERRES, Pantopie : de l'Hermès à petite poucette, entretien avec Martin Legros et Sven Ortali, Paris, Éd. Le pommier, 2014, p. 246.

* 2IDEM, Le contrat naturel, Paris, Éd. Flammarion, 1992,p. 83.

* 3 Henry David THOREAU, « Le Paradis à (re)conquérir », in La pensée écologique. Une anthologie, Paris, Éd. P.U.F, 2014, p. 31.

* 4Ce lexique décrit le projet global de Michel SERRES en ce qu'il donne à voir, dans son épistémologie, la volonté de considérer l'encyclopédie ou la totalité des savoirs comme un ensemble non référé mais communicant avec « le monde des choses et le monde des hommes ». Or on retrouve là les trois transcendantaux qui sont, pour l'auteur, la totalité du réel, les trois champs à connaître pour philosopher, la condition à l'exercice épistémologique. Exercice qui vise d'abord à débusquer les formes de pensée archaïques dans les philosophies et les savoirs, et qui le mènera à écrire qu' « il n'y a de mythe pur que le savoir pur de tout mythe »MichelSERRES, Hermès III. La traduction, Paris, Éditions de Minuit, 1974, p. 259. Or, si cela tient à la structure du point fixe, alors il devient bel et bien urgent, aux yeux du philosophe, d'élaborer une pensée décentrée, que l'on retrouvera aussi bien dans son épistémologie que dans son éthique, et, plus largement, dans la tâche qu'il [Michel SERRES]assigne au philosophe.

* 5 George Perkins MARSH, « l'homme et la nature, ou la géographie physique telle modifiée par l'action de l'homme 1864 », in La pensée écologique. Une anthologie, Paris, Éd. P.U.F, 2014, p. 67.

* 6 Jean GREISCH, Entendre d'une autre oreille. Les enjeux philosophiques de l'herméneutique biblique, Éd. Bayard, 2006.

* 7Hans-Georg GADAMER, Vérité et méthode. Les grandes lignes d'une herméneutique philosophique, Ed. Seuil, 1996, p. 362.

* 8 [Enligne] https://fr.m.kikipédia.org/biographie-Michel-Serres (Page consultée le 10/03/2023 à 14h07').

* 9 Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd. Flammarion, 1992, p.72.

* 10 IDEM, Temps des crises, Paris, Éd. Le Pommier, 2009, p. 39.

* 11Le terme écologie créé en 1866 le biologiste allemand du nom d'Ernest Haeckel (1834-1919). Du grec : « oïkos- ïéêïæ : habitat, maison, etc. et « logos : discours, science, étude, etc. Sans doute, l'écologie se définit comme étant la science de l'habitat.

* 12 Michel SERRES, Op. Cit., p. 47.

* 13Ibidem, p. 46.

* 14 Michel SERRES, Temps des crises, Paris, Éd. Le Pommier, 2009, p. 47.

* 15Ibidem, p. 62.

* 16 SciViTe veut dire selon Michel Serres : science de la vie et de la terre.

* 17 Ernest HAECHEL, cité par Patrick MATAGNE, « aux origines de l'écologie »,inInnovation, Paris, De Boeck, N°18, 2003, pp. 31-32.

* 18Michel SERRES, Op. Cit., p. 42.

* 19Ibidem, p. 62.

* 20Ibidem, p. 7.

* 21Ibidem, p. 7.

* 22Ibidem, p. 8.

* 23 Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd. Flammarion, 1992,p. 10.

* 24 Alain PAVE, La nécessité du hasard. Vers une théorie synthétique de la biodiversité, Paris, Éd. EDP-Sciences, 2007, p. 19.

* 25 GIEC : groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Ce groupe est chargé d'évaluer l'ampleur, les causes et les conséquences du changement climatique. Crée en 1988 par Bert Bolin et son siège est à Genève. [Enligne] https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_d%27experts_intergouvernemental_sur_l%27%C3%A9volution_du_climat. (Page consultée le 02/09/2023').

* 26[en ligne] : '- https://news.un.org/fr/story/2022/02/1115262 (page consultée le 30/04/ 2023 à 07h50').

* 27 PAPE FRANCOIS, Laudato si'. Sur la sauvegarde de la maison commune. Vatican, Éd. Liberia Vaticana, 2015, § 18, p. 17.

* 28Ibidem, § 23, p. 20-21.

* 29 Alain GRANDJEAN, « les enjeux écologiques et leurs représentations », in Revue Lumen, Vol. LXXIII, N°4, Bruxelles, Éd. UCL, 2018, p. 370.

* 30Alain GRANDJEAN, « les enjeux écologiques et leurs représentations », in Revue Lumen, Vol. LXXIII, N°4, Bruxelles, Éd. UCL, 2018,p. 370.

* 31 Trinh XUAN THUAN, Le chaos et l'harmonie. La fabrication du réel. Paris, Éd. Fayard, 1998, p. 45.

* 32Ibidem, pp. 44-45.

* 33Ibidem, p. 47.

* 34 Alain. PAVÉ, Op. Cit., p. 27.

* 35Trinh XUAN THUAN, Le chaos et l'harmonie. La fabrication du réel. Paris, Éd. Fayard, 1998,p. 53.

* 36Ibidem, p. 26.

* 37 Michel SERRES., Op. Cit., p. 55.

* 38Ibidem, p. 17.

* 39Ibidem, p. 7.

* 40Ibidem, p. 19.

* 41 Michel SERRES, Rameaux, Paris, Éd. Le Pommier, 2007, p. 33.

* 42 Alain PAVÉ, Op. Cit., p. 26.

* 43Michel SERRES, Rameaux, Paris, Éd. Le Pommier, 2007, p. 57.

* 44Ibidem, p. 58.

* 45Francis BACON, Novum organum, Paris, Éd. Hachette, 1857, p. VII.

* 46 Raymond MATAND MAKASHUNG, l'homme et la nature. Perspectives africaines de l'écologie profonde. Paris, Éd. L'Harmattan, 2019, p. 55.

* 47 Francis BACON, Op. Cit., p. VIII.

* 48Ibidem, p. VIII.

* 49 Christophe GIOLITO, Comprendre l'histoire de la philosophie, Paris, Éd. Armand Colin, 2008, p. 20.

* 50 Francis BACON, Op. Cit., p. 7.

* 51Ibidem, p. 7.

* 52Ibidem, p. 215.

* 53 Hans JONAS, Principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique, Paris, Éd. Cerf, 1990, p. 192.

* 54 Adrien LENTIAMPA, « écologie et vie. Une lecture de Laudato si' dans le perspective africaine », in revue Congo-Afrique, Kinshasa, Éd. C.E.P.A.S, N° 569, Novembre, 2022, p. 1126.

* 55 Michel SERRES, Op. Cit., p. 32.

* 56Ibidem, p. 59.

* 57Ibidem, p. 96.

* 58 Francis BACON, Op. Cit., p. 2.

* 59Raymond MATAND MAKASHUNG, l'homme et la nature. Perspectives africaines de l'écologie profonde. Paris, Éd. L'Harmattan, 2019., p. 56.

* 60 Michel SERRES, Op. Cit., p. 41.

* 61 Adrien LENTIAMPA, Art. Cit., p. 1126.

* 62 Raymond MATAND MAKASHING, Op. Cit., p. 57.

* 63Ibidem, p. 61.

* 64 René DESCARTES, Discours de la méthode, Paris, Éd. Aubier-Montaigne, 1951, p. 54.

* 65René DESCARTES, Discours de la méthode, Paris, Éd. Aubier-Montaigne, 1951, p. 52.

* 66 Raymond MATAND MAKASHING, Op. Cit., p. 62.

* 67 René DESCARTES, Op. Cit., p. 74.

* 68Ibidem, p. 74.

* 69René DESCARTES, Discours de la méthode, Paris, Éd. Aubier-Montaigne, 1951, p. 74.

* 70 Michel SERRES, Op. Cit., p. 58.

* 71Ibidem, p. 59.

* 72Ibidem, p. 59.

* 73 Bernard FELTZ, La science et le vivant. Philosophie des sciences et modernité critique, Paris, Éd. De Boeck, 2014, p. 97.

* 74 Roger BACON cite par Dario ANTISERI, L'actualité de la pensée franciscaine. Réponses aux questions présentes. Italie-Soveria, Éd. Rubbettino, 2008, p. 78.

* 75 Bernard FELTZ, Op. Cit., p. XII.

* 76Michel SERRES, Rameaux, Paris, Éd. Le Pommier, 2007, p. 41.

* 77 Léon NOËL, « Le principe du déterminisme », In Revue néo-scolastique, 12? année, n°45, 1905. p. 9.

* 78Léon NOËL, « Le principe du déterminisme », In Revue néo-scolastique, 12? année, n°45, 1905, p. 7.

* 79Ibidem, p. 6.

* 80 Michel SERRES, Op. Cit., p. 135.

* 81 Raymond MATAND MAKASHING, Op. Cit., p. 77.

* 82 Adrien. LENTIAMPA, Art. Cit., p. 1127.

* 83Bernard FELTZ, La science et le vivant. Philosophie des sciences et modernité critique, Paris, Éd. De Boeck, 2014, p. IX.

* 84 Michel SERRES, Op. Cit., p. 43.

* 85Ibidem, p. 43.

* 86Ibidem, p. 43.

* 87Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd. Flammarion, 1992, p. 44.

* 88Ibidem, p. 63.

* 89 Adrien LENTIAMPA, Art. Cit., p. 1127.

* 90 Michel SERRES, Op. Cit., p. 96.

* 91Ibidem, p. 59.

* 92Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd. Flammarion, 1992, p. 43.

* 93Sylvain AUROUX, et André JACOB, Les notions philosophiques. Encyclopédie philosophique Universelle, Tome 1, Paris, Éd. P.U.F., 1990, p. 105.

* 94 André LALANDE, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, Éd P.U.F., 1926, p. 62.

* 95 Pour avoir plus d'explication, à lire dans la Bible de Jérusalem, Éd. Cerf, 2001, p. 19. Ou, Gn. 1, 28-30. Ici il est écrit que Dieu les bénit et leur dit : « soyez féconds multipliez-vous, emplissez la terre et soumettez-là ; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre. », ...

* 96 PLATON, Protagoras, Paris, Éd.Garnier, 1958, p. 50.

* 97 Bernard FELTZ, Op. Cit., p. 96.

* 98Luc FERRY, Le nouvel ordre écologique. L'arbre, l'animal et l'homme, Paris, Éd. Grasset, 1992, p. 121.

* 99 Franck CEZILLY, « histoire de l'écologie comportementale »in écologie comportementale. Cours et question, Paris, Éd. Dunod, 2005, p. 4.

* 100 Jean ONAOTSHO KAWENDE, Démocratie, technoscience et écologie. Champs pragmatiques de la rationalité pluraliste, Louvain, Éd. Academia-Harmattan, 2017, p. 180.

* 101Raoul DELBOVE, L'humanisme énergétique de Teilhard, Bruxelles, Éd. Bloud et Gay, 1966, p. 87.

* 102 PAPE FRANCOIS, Op. Cit., N°115.

* 103 Hans JONAS, Le principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique, Paris, Éd. Cerf, 1991, p. 188.

* 104Michel SERRES, Op. Cit., p. 39.

* 105Ibidem, p. 39.

* 106Ibidem, p. 60.

* 107Ibidem, p. 62.

* 108Ibidem, p. 125.

* 109Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd. Flammarion, 1992, p. 63.

* 110 IDEM, Op. Cit., p. 64.

* 111Ibidem, p. 54.

* 112 IDEM, Op. Cit., p. 43.

* 113Ibidem, p. 43.

* 114 André Comte-sponville dans son dictionnaire cite Sigmund Freud et explique les triples humiliations de l'homme : « Dans un passage fameux de ses Essais de psychanalyse appliquée, il évoque les trois blessures narcissiques que l'humanité, du fait des progrès scientifiques, a subies : la révolution copernicienne, la vraie, celle de Copernic, qui chasse l'homme du centre de l'univers (c'est l'humiliation cosmologique) ; l'évolutionnisme de Darwin, qui le réintroduit dans le règne animal (c'est l'humiliation biologique) ; enfin, la psychanalyse elle-même, qui montre que « le moi n'est pas maître dans sa propre maison » (c'est l'humiliation psychologique) ». André COMTE-SPONVILLE, Dictionnaire philosophique, Paris, Éd. P.U.F., 2001, p. 76.

* 115 Michel SERRES, Michel SERRES, Temps des crises, Paris, Éd. Le Pommier, 2009, pp. 24-25.

* 116Ibidem, p. 31.

* 117Bernard FELTZ, La science et le vivant. Philosophie des sciences et modernité critique, Paris, Éd. De Boeck, 2014, p. 62.

* 118Ibidem, p. 69.

* 119 Jean ONAOTSHO KAWENDE, Op. Cit., p. 110.

* 120Ibidem, p. 114.

* 121 Michel SERRES, Hominescence, Paris, Éd. Le Pommier, 2001, p. 115.

* 122Michel SERRES, Temps des crises, Paris, Éd. Le Pommier, 2009, p. 25.

* 123 IDEM, Op. Cit., p. 46.

* 124Ibidem, p. 106.

* 125 Jean ONAOTSHO KAWENDE, Démocratie, technoscience et écologie. Champs pragmatiques de la rationalité pluraliste, Louvain, Éd. Academia-Harmattan, 2017, p. 181.

* 126 Michel SERRES, Op. Cit., p. 55.

* 127 IDEM, Op. Cit., p. 15.

* 128 IDEM, Op. Cit., p. 42.

* 129 Michel SERRES, Le contrat naturel,Paris, Éd. Flammarion, 1992,p. 16.

* 130Ibidem, p. 25.

* 131Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd. Flammarion, 1992, p. 59.

* 132Ibidem, p. 49.

* 133Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd. Flammarion, 1992, p. 49.

* 134 IDEM, Op. Cit., p. 48

* 135 IDEM, Op. Cit., p. 52.

* 136Ibidem, p. 54.

* 137 Gilles BILLEN, et Georges THIL, « La planète en danger : (in)validité des bilans à l'échelle mondiale », in la revue nouvelle. Ecologies des mouvements en mouvement, Bruxelles, N°5, p. 281.

* 138Hans JONAS, Principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique, Paris, Éd. Cerf, 1990, p. 27.

* 139Ibidem, p. 28.

* 140 Michel SERRES, Op. Cit., p. 73.

* 141 Michel SERRES, Temps des crises, Paris, Éd. Le Pommier, 2009, p. 57.

* 142Ibidem, p. 58.

* 143Ibidem, p. 66.

* 144Ibidem, p. 77.

* 145Bernard FELTZ, La science et le vivant. Philosophie des sciences et modernité critique, Paris, Éd. De Boeck, 2014, p. 69.

* 146 J. ONAOTSHO KAWENDE, Op. Cit., p. 184.

* 147 Michel SERRES, Op. Cit., p. 61.

* 148 Roger. MAWEJA, « L'herméneutique théologique à l'ère du défi écologique », InScience et esprit, Montréal, Collège universitaire dominicain, Vol. 73, N° 6,2021, p. 402.

* 149 Michel SERRES, Op. Cit., p. 168.

* 150Ibidem, p. 91

* 151Ibidem, p. 92.

* 152Michel SERRES, Hominescence, Paris, Éd. Le Pommier, 2001, p. 79.

* 153Ibidem, p. 105.

* 154Ibidem, p. 106.

* 155 IDEM, Op. Cit., p. 39.

* 156 Dictionnaire LAROUSSE, Le Larousse illustré, Paris, Éd. Larousse, 2009, p. 157.

* 157 Michel BEAUD, Histoire du capitalisme. De 1500 à nos jours, Paris, Éd. Seuil, 1981.

* 158Ibidem, p. 16.

* 159Michel BEAUD, Histoire du capitalisme. De 1500 à nos jours, Paris, Éd. Seuil, p. 57.

* 160Ibidem, p. 171.

* 161 Adrien LENTIAMPA, « De l'ère de l'individu à l'ère de la personne. Pour une économie à visage humain », in Gregorianum, Roma, Éd. P.U.G, 2013, N° 94/4, p. 833.

* 162 Frédéric LONDON, Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza, Paris, Éd. La fabrique, 2010, p. 24.

* 163 Karl MARX, Le capital, Paris, Éd. Garnier-Flammarion, 1969, p. 115.

* 164 Adrien LENTIAMPA, Art. Cit., p. 832.

* 165 Karl MARX, Op. Cit., p. 115.

* 166Sylvain AUROUX, et André JACOB, Les notions philosophiques. Encyclopédie philosophique Universelle, Tome 1, Paris, Éd. P.U.F., 1990, p. 263.

* 167 [En ligne] https://www.larousse.fr/encyclopédie/images/Rosa_Luxemburg_en_1912/1310796 (page consulté le 10/06/2023 à 12h 21).

* 168 Karl MARX, Op. Cit., p. 41.

* 169 Frédéric ENGELS, « Le capital »,in le Demokratisches wochenblantt (LEIPZIG des 21 et 28 Mars). Article qu'on peut trouver annexer dans le livre de Karl MARX, Op. Cit., p. 697.

* 170Ibidem, p. 697.

* 171 Joseph SCHUMPETER, Capitalisme, Socialisme et Démocratie, La doctrine marxiste. Le capitalisme peut-il survivre ? socialisme et démocratie, Paris, Éd. Payot, 1963, p. 98.

* 172 Adrien LENTIAMPA, Art. Cit., p. 838.

* 173Raymond MATAND MAKASHUNG, l'homme et la nature. Perspectives africaines de l'écologie profonde. Paris, Éd. L'Harmattan, 2019, p. 87.

* 174 Joseph SCHUMPETER, Op. Cit., p. 121.

* 175 Antonin POTTIER, « Le capitalisme est-il compatible avec les limites écologiques ? », in Centre d'économie de la Sorbonne Université Paris 1, Paris, Éd. CNRS, 2O17, p. 2.

* 176 Karl MARX, Op. Cit., p. 567.

* 177Ibidem, p. 570.

* 178Karl MARX, Le capital, Paris, Éd. Garnier-Flammarion, 1969,p. 570.

* 179 Gael GIRAUD, « le capitalisme financiarisé et transition écologique. De la "société de propriétaire" vers une "société des communs" ? »,in Gregorianum, Roma, Éd. P.U.G, 2013, 94/1, N° 695-706, p. 695.

* 180 Dans le contrat naturel Michel Serres parle de Quirinus : dieu de l'économie, p. 31. Il a emprunté ce terme dans la mythologie grec.

* 181 Michel SERRES, Op. Cit., p. 32.

* 182Ibidem, p. 32.

* 183 IDEM, Op. Cit, p. 20.

* 184 Raymond MATAND, Op. Cit., p. 90.

* 185 Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992,p. 27.

* 186 Michel SERRES,Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 51.

* 187Ibidem, p. 81.

* 188Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992,p. 74.

* 189 IDEM, Op. Cit., p. 42.

* 190 IDEM, Op. Cit., p. 46.

* 191Ibidem, p. 54.

* 192Ibidem, p. 56

* 193 Ibidem, p. 15.

* 194Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992,p. 61.

* 195Ibidem, p. 22.

* 196Ibidem, p. 25.

* 197 Hubert REEVES, et Fréderic LENOIR, Mal de terre, Paris, Éd. Seuil, 2003, p. 11.

* 198 Michel SERRES, Op. Cit., p. 28.

* 199Hubert REEVES, et Fréderic LENOIR, Mal de terre, Paris, Éd. Seuil, 2003, p. 13.

* 200Ibidem, pp. 33-35

* 201Hubert REEVES, et Fréderic LENOIR, Mal de terre, Paris, Éd. Seuil, 2003,p. 15.

* 202 Michel SERRES, Op. Cit., p. 35

* 203Ibidem, p. 36.

* 204 Hubert REEVES, et Fréderic LENOIR, Op. Cit., p. 16.

* 205 Jean-Claude BATEBUA, « Protection de l'environnement dans le cadre de la mise en oeuvre de la reforme minière », in revue Congo-Afrique, Kinshasa, Éd. C.E.P.A.S, N° 549, Novembre, 2020, p. 1038.

* 206 Robert BARBAULT, Ecologie générale. Structure et fonctionnement de la biosphère, Paris, Éd. Dunod, 2008, p. 273.

* 207 Michel SERRES, « Le droit peut sauver la nature », in Pouvoirs, Paris, Éd. Seuil, 2008/4, N° 127, p. 7.

* 208 IDEM, Le contrat naturel, p. 57.

* 209Ibidem, p. 57.

* 210Ibidem, p. 58.

* 211Ibidem, p. 60.

* 212Ibidem, p. 47.

* 213 Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992,p. 47.

* 214Ibidem, p. 18.

* 215 Robert BARBAULT, Op. Cit., p. 281.

* 216 Michel SERRES, Op. Cit., p. 185.

* 217Ibidem, p. 186.

* 218 Hubert REEVES, et Fréderic LENOIR, Op. Cit., p. 43.

* 219Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 46.

* 220 Gilles BILLEN, et Georges THIL, Art. Cit., p. 282

* 221 Michel SERRES, Op. Cit, p. 53.

* 222Ibidem, p. 37.

* 223Hubert REEVES, et Fréderic LENOIR, Mal de terre, Paris, Éd. Seuil, 2003., pp. 50-54.

* 224 Michel SERRES, Op. Cit., p. 52.

* 225 Hubert REEVES, et Fréderic LENOIR, Op. Cit., p. 55.

* 226 Michel SERRES, Op. Cit., p. 81.

* 227Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 56.

* 228 Robert BARBAULT, Op. Cit., p. 283.

* 229 Michel SERRES, Op. Cit., p. 53.

* 230Hubert REEVES, et Fréderic LENOIR, Mal de terre, Paris, Éd. Seuil, 2003., p. 168.

* 231Ibidem, p. 168.

* 232 Roger BARBAULT, Op. Cit., p. 287.

* 233 Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 31.

* 234Ibidem, p. 32.

* 235 Michel SERRES, Op. Cit., p. 11.

* 236Ibidem, pp. 12-15.

* 237Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 15.

* 238Ibidem, pp. 16-18.

* 239 IDEM, Op. Cit., pp. 18-20.

* 240Ibidem, p. 21.

* 241Ibidem, p. 23.

* 242Ibidem, 25.

* 243Ibidem, p. 32.

* 244Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 36.

* 245Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 78.

* 246 Jean-Jacques ROUSSEAU, Du contrat social. Ecrits politiques, oeuvres complètes, Paris, Éd. Gallimard, 1964, p. 360.

* 247Ibidem, p. 62.

* 248Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 62.

* 249Ibidem, p. 62.

* 250Ibidem, p. 63.

* 251Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 64.

* 252 Edgar MORIN, La méthode 2. La vie de la vie, Paris, Éd. Seuil, 1980, p. 20.

* 253 Christian ATIAS, Philosophie du droit, Paris, Éd. P.U.F., 1999, p. 150.

* 254 Jacques LECLERQ, Leçons de droit naturel I. Fondement du droit et de la société, Louvain, Éd. Namur, 1947, p. 12.

* 255 Christian ATIAS, Philosophie du droit, Paris, Éd. P.U.F., 1999, p. 151.

* 256Ibidem, p. 152.

* 257Ibidem, p. 164.

* 258 Michel SERRES, Art. Cit., p. 5.

* 259 Jacques LECLERQ, Leçons de droit naturel I. Fondement du droit et de la société, Louvain, Éd. Namur, 1947, p. 13.

* 260 Michel SERRES, Art. Cit., p. 6.

* 261 Luc. FERRY, Op. Cit., p. 122.

* 262 Michel SERRES. Op. Cit., p. 64.

* 263Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 65.

* 264 Hans JONAS, Op. Cit., p. 26.

* 265Ibidem, p. 27.

* 266 Michel SERRES, Op. Cit., p. 66.

* 267Ibidem, p. 66.

* 268Ibidem, p. 78.

* 269Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 32.

* 270 Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 28.

* 271 Luc FERRY, Op. Cit., p. 122.

* 272Michel SERRES, Op. Cit.,p. 30

* 273Ibidem, p. 32.

* 274Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 33.

* 275 Jean ONAOTSHO KAWENDE, Op. Cit., p. 191.

* 276 Michel SERRES, Op. Cit.,p. 69.

* 277Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 78.

* 278 IDEM,Op. Cit., p. 40.

* 279Jean ONAOTSHO KAWENDE, Démocratie, technoscience et écologie. Champs pragmatiques de la rationalité pluraliste, Louvain, Éd. Academia-Harmattan, 2017, p. 191.

* 280Ibidem, p. 191.

* 281Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 67.

* 282Ibidem, p. 67.

* 283Ibidem, p. 78.

* 284Ibidem, p. 67.

* 285Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 68.

* 286Ibidem, p. 82.

* 287Ibidem, pp. 70-71.

* 288 IDEM, Op. Cit., p. 252.

* 289Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 78.

* 290Ibidem, p. 78.

* 291Ibidem, p. 79.

* 292Ibidem, p. 22.

* 293Ibidem, p. 22.

* 294Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 23.

* 295Ibidem, p. 69.

* 296Ibidem, p. 79.

* 297Ibidem, p. 108.

* 298Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 69.

* 299Ibidem, p. 72.

* 300Ibidem, p. 72.

* 301 IDEM, Op. Cit., pp. 252-253.

* 302Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 73.

* 303 IDEM, Op. Cit., p. 62.

* 304 IDEM, Op. Cit., p. 76.

* 305 IDEM, Biogée, Paris, Éd. Le Pommier, 2010, p. 43.

* 306 Michel SERRES,Temps des crises,Paris, Éd. Le Pommier, 2009,p. 62.

* 307 IDEM, Op. Cit., p. 257.

* 308Ibidem, p. 39.

* 309WAFEL est un concept venant de notre auteur. Ce concept est l'appellation autre de la Biogée avec les initiales anglaises des quatre éléments fondamentaux de la matière et des vifs Il s'agit d'une abréviation des initiales provenant de : eau, air, feu, terre et vivant, mais en anglais (water, air, fire, living).

* 310 Michel SERRES, Op. Cit., p. 40.

* 311Michel SERRES,Temps des crises,Paris, Éd. Le Pommier, 2009, p. 42.

* 312 Edgar MORIN, La méthode 2. La vie de la vie, Paris, Éd. Seuil, 1980, p. 46.

* 313 Michel SERRES, Op. Cit., p. 50.

* 314Ibidem, p. 52.

* 315Ibidem, p. 54.

* 316 Michel SERRES,Temps des crises,Paris, Éd. Le Pommier, 2009, p. 64.

* 317Ibidem, p. 65.

* 318Ibidem, p. 66.

* 319Ibidem, p. 67.

* 320Ibidem, p. 67.

* 321 Michel SERRES,Temps des crises,Paris, Éd. Le Pommier, 2009, p. 71.

* 322 Michel SERRES, Pantopie : De l'Hermès à petite poucette, entretien avec Martin Legros et Sven Ortali,Paris, Éd. Le Pommier, 2010, p. 196.

* 323Michel SERRES, Pantopie : De l'Hermès à petite poucette, entretien avec Martin Legros et Sven Ortali,Paris, Éd. Le Pommier, 2010,p. 114.

* 324Ibidem, p. 114.

* 325 Bruno LATOUR, Nous n'avons jamais été modernes. Essai d'anthropologie symétrique, Paris, Éd. La Découverte, 1991, p. 191.

* 326 Michel SERRES, Le tiers-instruit, Paris, Éd. François Bourin, 1991, p. 22.

* 327Ibidem, p. 23.

* 328 Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris,Éd. Flammarion, 1992,p. 40.

* 329 IDEM, Art. Cit., p. 5.

* 330 Mathieu BLESSON, « Pour une démocratie écologique » in Topique, Paris, Éd. A2IP, 2013/1 (n° 122), p. 80. Article disponible en ligne à l'adresse https://www.cairn.info/revue-topique-2013-1-page-71.htm (page consultée le 10/Août/ 2023 à 15H 30').

* 331Ibidem

* 332Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris,Éd. Flammarion, 1992, p. 54.

* 333 François EUVÉ, « Pour un naturalisme modéré » in le naturalisme et ses critiques, Théophilyon (Revue des facultés catholiques de théologie et de philosophie de Lyon), Paris, Éd. Théophilyon, Tome XXVI-Vol. 1, 2021, p. 94.

* 334 Raymond MATAND MAKASHING, Michel Serres, Hans Jonas, Edgar Morin et l'écologie profonde, Paris, Éd. L'Harmattan, 2020, p. 81.

* 335 Bernadette. BENSAUDE, « Michel Serres », in Revue philosophique de la France et de l'étranger, Tome 145, Paris, Éd. P.U.F, 2020/1, p. 127.

* 336 Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris,Éd. Flammarion, 1992, p. 68.

* 337 Serge GUTWIRTH, « Autour du contrat naturel », in images et usages de la nature, Bruxelles, Éd. Presses de l'université des Saint-Louis, 1993, N°36.

* 338Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris,Éd. Flammarion, 1992,p. 67.

* 339 Serge GUTWIRTH, Art. Cit., N°40.

* 340 Michel SERRES, Op. Cit., p. 255.

* 341Ibidem, p. 256.

* 342 Raymond MATAND, Op. Cit., p. 19

* 343 Hans JONAS, Pour une éthique du futur, Paris, Éd. Payot et Rivages, 1998, p. 69.

* 344 Michel SERRES, Op. Cit., p. 126.

* 345Ibidem, p. 84.

* 346 Luc FERRY, Le nouvel ordre écologique. L'arbre, l'animal et l'homme, Paris, Ed. Grasset, 1992,p. 123.

* 347Ibidem, pp. 123-124.

* 348François EUVÉ, « Pour un naturalisme modéré » in le naturalisme et ses critiques, Théophilyon (Revue des facultés catholiques de théologie et de philosophie de Lyon), Paris, Éd. Théophilyon, 2021, Tome XXVI-Vol. 1, p. 100.

* 349 Cette abréviation signifie : Conférence des parties à la convention cadre des nations Unies sur le changement. C'est une convention qui finance des dommages subis par les pays vulnérables durement touchés par les catastrophes climatiques. [Enligne] https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_d%27experts_intergouvernemental_sur_l%27%C3%A9volution_du_climat. (Page consultée le 02/09/2023').

* 350 Raymond MATAND, Op. Cit., p. 88.

* 351Hans JONAS, Principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique, Paris, Éd. Cerf, 1990, p. 64.

* 352 Michel SERRES, Op. Cit, p. 78.






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