UNIVERSITE DE LUBUMBASHI
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
Département de Philosophie
B.P. 1825
LUBUMBASHI
LA PART DE L'HUMAIN DANS LES PROBLÈMES
ÉCOLOGIQUES SELON Michel SERRES
Par
MBUYU FAUSTIN Gallon
Mémoire présenté et défendu en vue de
l'obtention du grade de licencié en Philosophie
Option : Philosophie des sciences
Directeur : Gilbert RUBONEKA
Professeur associé
Année Académique 2022-2023
I
EPIGRAPHES
« Le monde ne se réduit pas à un objet
devant nous, disponible, dont on peut faire n'importe quoi »
Michel Serres.1(*)
« Nous devons apprendre et enseigner
autour de nous l'amour du monde, ou de notre Terre »
Michel Serres2(*)
II
DEDICACE
À vous mes parents Ngoy Lucien et Mwamba Jeannette
À vous mes frères et soeurs de la famille Ngoy
Au révérend abbé Jean-Claude Fwela
À vous cher (re) lecteur (trice) !
III
IN MEMORIAM
Nous ne pouvons pas passer sans dire un mot à vous
chère maman Fena Kabange et tous les défunts de la famille
Lambert Mukena. Vous aurez bien voulu lire ce mémoire, mais vous
êtes partis dans l'au-delà. Votre départ a laissé un
vide dans notre coeur. Dans l'espérance de la résurrection que,
notre Dieu vous donne un repos éternel.
IV
REMERCIEMENTS
Au début de notre rédaction, nous nous sommes
fixé l'objectif de travailler en philosophie de la nature et
spécialement en écologie sur la question de la crise
écologique. La problématique de la crise écologique n'est
pas aussi simple. Elle fait intervenir plusieurs disciplines scientifiques dont
notre orientation est plus rendue claire par ce travail de Mémoire. Pour
arriver à ce stade, il y a eu beaucoup de gens qui nous ont aidé
et à qui on peut adresser quelques mots de remerciements.
Nous rendons grâce à notre Dieu maître de
temps et des circonstances. Par son amour, Il nous a donné le souffle de
la vie et le courage de mettre terme à ce cursus académique.
Nous disons merci à l'université de Lubumbashi
(personnels scientifiques et académiques) pour nous avoir accueilli,
formé durant notre parcours académique. À la
faculté des lettres et sciences humaines, au département de
philosophie nous disons également merci. Un très grand merci au
professeurassocié Gilbert Ruboneka d'avoir accepté de diriger ce
mémoire. Au-delà de ses nombreuses activités il a
été là pour nous orienter et diriger tout au long de ce
Mémoire. Pour son amour et son sens d'humanisme, il nous a non seulement
dirigé mais aidé dans la vie sociale. Nous ne pouvons que dire
merci. A tous les professeurs du département de philosophie,
spécialement au professeur Jean-Pierre Mayele Ilo, Louis Mpala, Sylvain
Kambala, Emmanuel Banywesize, Joseph Mabika, nous disons également merci
pour le sacrifice et dévouement.
Merci aux parents : papa Ngoy Bilonda Lucien et maman
Mwamba Kayuwa Jeannette, pour leur sacrifice et souci à notre
égard. A vous mes consanguins frères et soeurs : Ngoy wa
Maloba Laurianne, Ngoy wa Mulongo Françine, Ngoy wa Bilonda
Trésor, Ngoy wa Kayuwa Jeancie, Ngoy wa Mwamba Eliezer, Ngoy wa Ngoy
Bénédicte, Alphonse Mashinda, merci pour votre amour
indispensable.
Au révérend abbé Jean-Claude Fwela,
à qui nous disons merci pour son amour, accompagnement spirituel et
matériel. Que notre Dieu vous protège durant votre mission
sacerdotale. Le mot nous manque pour exprimer cette aide indispensable pour
notre formation intellectuelle et spirituelle.
Aux amis et camarades de promotion : Jean-Claude
Mulanda, Félicien Mulongoy, Raymond Nungu, Benoit Nvita, Rodriguez
Kyamusale, Stanis Mayunga, la route a été longue et merveilleuse.
Par ce mémoire nous exprimons notre gratitude de nous avoir
accompagné et encouragé tout au long de notre parcours
académique.
Auxamis et connaissances : Léon Martin Cibamba,
Floribert Kankaj, Plamédie Ndaya, Félicien Kabongo, Arthur Khoji,
Emmanuel Lenge, Nanan Nanga, Cyrille Kishala, Sylvain Kabombo et vous tous qui
nous sont chers ; nous disons merci pour votre amour à notre
égard.
0. INTRODUCTION
GÉNÉRALE
0.1. OBJET D'ETUDE
Notre mémoire s'intitule « La part de
l'humain dans les problèmes écologiques selon Michel
Serres ».Nous voudrions dans cette investigation, qui s'inscrit dans
le domaine philosophique, nous assigner comme tâche, d'étudier
philosophiquement la question de la part de l'humain dans les problèmes
écologiques dans la multidisciplinarité
épistémologique de la pensée serrésienne, afin de
critiquer, c'est-à-dire d'argumenter à propos de la
légitimité, l'originalité, l'apport de la pensée
encyclopédique de notre maître à penser du point de vue
actuel d'une théorie du sujet.
La question de la connaissance est un présupposé
anthropologique. Il est de notre part de pouvoir évoquer cette
quintessence réflexive avec notre réflecteur : Michel
Serres. Il est de prime à bord que l'humain dans son humanité
s'humanise en tant que question de connaissance. Il est toujours à la
recherche de son bonheur, de sondevenir, de son épanouissement, etc.
Autrement dit, nous cherchons à expliquer dans ce
travail ; quelle est la part et la responsabilité de l'humain face
aux problèmes écologiques. Certes, nous connaissons
d'emblée, que les problèmes écologiques sont liés
à la fois à la notion de la survivance des espèces sur
terre et leurs relations au monde. Il n'est pas étonnant de constater
actuellement, que cette survivance et relation se dégradent à
petit feu. Tout le monde en parle aujourd'hui sur la crise écologique.
Cette crise qui prend un visage assez complexe sur multiples
phénomènes. Dans le même ordre
d'idées, Henry David Thoreau souline que, « bientôt,
ça ne fait aucun doute, nous assisterons à une époque
où la volonté de l'homme sera la loi pour le monde
physique... »3(*).
La question écologique est plus vaste, que ce que nous
prévoyons étudier et mener comme des recherches. Voilà
pourquoi, l'objectif de notre étude n'est pas d'envisager
épingler toutes les facettes du domaine de l'écologie,
notamment : l'écologie politique, économique,
environnementale, etc. Par ailleurs, il sera question de statuer sur ce qui lie
et engage l'humain face à la préoccupation écologique de
manière philosophique. Lui permettre d'être consciencieux,
responsable et concerné. Les conséquences pratiques du
non-respect de la nature sont plus dramatiques qu'on le croit. À cet
effet, il est de la responsabilité de tout humain d'essayer à
consolider le lien qui l'unit aux autres êtres sur terre. En tant que
question majeure, la nature fait l'objet de la nouvelle réflexion en
philosophie. Cette réflexion se veut une piste de solution que
l'humanité veut avoir.
0.2. CHOIX ET INTERET DU
SUJET
La question de la part de l'humain dans les problèmes
écologiques de Michel Serres est reconstituée et critiquée
en fonction de sa perspective épistémologique qui implique
une transdisciplinarité, une transnationalité et une
universalité des sciences physicobiologiques, humaines
et sociales pour pouvoir penser l'humain dans les problèmes
écologiques.
De ce fait, notre choix et intérêt sont
orientés dans le domaine de l'écologie. Pour ainsi dire, le monde
dans lequel nous vivons, traverse une période critique de son histoire.
Cette période créée et fissurée par des clivages
entre les humains et leurs relations aux objetsdu monde. En choisissant ce
sujet au regard de Michel Serres, notre intérêt est de montrer,
que l'humain n'est pas le seul être de la nature. Il n'est qu'un
élément parmi tant d'autres, et c'est pourquoi il doit être
conscient du danger naturel et prendre conscience. Il a une part de
responsabilité qui le concerne.
De plus, la planète terre enregistre beaucoup de
phénomènes inhabituels. Ceci par le fait que les humains la
considèrent comme un objet de sans valeur. En tant qu'objet, la terre
est devenue un jouet des humains. C'est pourquoi, notre mission sur ce sujet,
s'inscrit dans la logique selon laquelle, tous les êtres vivants sur
terre sont de sujets à part entière. L'intérêt est
celui d'aider l'humain à prendre conscience de tous ces enjeux afin
qu'il ne soit pas la première victime de ses désastres. En plus
de cela, le choix et l'intérêt portés à ce sujet
s'articulent à trois niveaux :
Primo, sur le plan individuel :
nous voulons faire comprendre au public ; pourquoi l'action humaine dans
les problèmes écologiques s'avère un enjeu important.
Même si celle-ci (action) d'une certaine manière posée
consciencieusement et éthiquement est de nos jours une question
personnelle, chaque individu a une part pour sauver cette humanité.
L'intérêt est animé par les inquiétudes qui sont
questionnées de part et d'autres dans les grands débats qui
cadrent avec l'avenir de l'humanité. La question de la vie sur terre est
une urgence collective.
Secundo, sur le plan
scientifique : sachant que notre travail s'inscrit dans un monde
universitaire, notre intérêt et choix portés sur ce sujet
sont ceux de présenter la face écologique de Michel Serres aux
dépens de sa casquetted'épistémologue. Notre
intérêt est celui de voir le lieu privilégié
où l'humain intervient dans le débat écologique. Car,
l'entreprise écologique à laquelle nous nous intéressons
présente une autre manière de concevoir la relation
Humain-nature.
Tertio, sur le plan social : le
choix et intérêt sur ce sujet tiennent place dans la
société où nous vivons. Aujourd'hui, notre
société fait face à de nombreuses crises. Notamment la
crise financière, économique, politique, écologique.
L'intérêt vise à aider l'humain à prendre conscience
des actes qu'il ne cesse de poser à l'égard de ses semblables
dans la nature. Aider notre société à être
responsable vis-à-vis de son environnement, sa
biodiversité : sa nature.
0.3. ETAT DE LA QUESTION
Cette étude s'inscrit dans un espace des textes par
rapport auxquels nous nous efforçons de déployer une double
stratégie épistémologique, à savoir la
différenciation et la distanciation.
Nous énonçons notre hypothèse par rapport
à quelques travaux réalisés sur Michel Serres et sur la
théorie écologique. L'état de la question proposé
renseigne donc sur l'état des connaissances par rapport à notre
objet d'étude.
Notre étude relève de la philosophie
anthropologique, voire écologique de Michel Serres. Plusieurs travaux
ont été réalisés sur cet auteur dans
différents domaines, tels que la littérature, la philosophie de
la nature, l'épistémologie, la théorie de la connaissance,
la sociologie, la méthodologie des sciences, etc. Parmi ceux qui ont
travaillé sur lui au sein de notre Faculté, voire au
département, il faut citer : Bruno Ciey, L'alliance
homme-nature dans « le contrat naturel » de Michel Serres.
Travail de Fin de Cycle présenté et défendu durant
l'année académique 2013-2014. Ce travail a été
dirigé par le Chef de Travaux Jean-Hilaire Ilunga. Dans
ce travail, Bruno Ciey analyse le contrat naturel comme une implication
responsable de l'homme et maintien de l'équilibre entre l'homme et la
nature. Avant d'arriver à une telle conclusion, il part de l'analyse du
concept nature dans différentes conceptions pour aboutir à
l'idée du contrat comme terme d'alliance entre l'homme et la nature.
Cependant, cette alliance a pour finalité
unécodéveloppement intrigant les valeurs humaines et celles du
monde. Dans ce travail, le contrat est synonyme de la réconciliation.
Bruno Ciey développe la notion du contrat naturel dans un angle purement
écologique.
Jean Kamonde Namumba, La sauvegarde de la nature dans le
contrat naturel de Michel Serres. Travail de Fin de Cycle
présenté et défendu durant l'année
académique 2020-2021. Dirigé par le Chef de Travaux Gilbert
Ruboneka. Dans ce travail, il est question du contrat naturel en tant que
réponse aux conséquences écologiques. Le contrat est
principe de sauvegarde de la nature. L'auteur met l'hypothèse selon
laquelle le contrat est le seul moyen pour que la nature soit
sauvegardée. Cette hypothèse signifie en d'autre terme que la
résolution des conflits entre l'homme et la nature est faitegrâce
au contrat. Ainsi, le contrat est centre de tout. Dans ce travail, l'homme est
le seul être dévastateur de la nature. Et il est aussi le seul
à passer ce contrat.
Jean-Pierre Songolo Kiwelewele, Contrat naturel chez
Michel Serres. mémoire de l'année académique
2008-2009. Dirigépar le professeur Joseph Mabika. Jean-Pierre Songolo
pour sa part analyse le contrat dans son ensemble. Il part d'abord de
l'idée d'un contrat juridique, social et naturel. Il soulève les
théories du contrat telles que la dimension métaphysique du
contrat, la conscience et la reconnaissance. L'ensemble de son travail montre
comment le philosophe Français arrive à proposer le contrat
naturel dans le domaine de l'écologie. Il est parti de
l'hypothèse selon laquelle, le contrat est un principe fondamental
unissant l'homme et la nature, mais celui-ci relève d'abord de la
conscience des individus.
Par ailleurs, notre étude, tout en partageant quelques
similitudes avec celles de ces derniers, s'en démarque, dans la mesure
où elle vise à enrichir et analyser dans le cadre de
l'écologie, la part qui revient à l'humain
lorsqu'il s'agit des problèmes écologiques. La démarcation
de notre mémoire par rapport aux trois autres est que, nous n'analysons
pas seulement dans notre travail la notion du contrat naturel, mais bien plus
la pensée écologique de Michel Serres. Autrement dit, le contrat
naturel est un des éléments qui sera traité dans la mesure
où celui-ci répond en fait à notre problématique.
Notre part d'orientation se focalise surles théories de notre auteur sur
la question de l'écologie. L'originalité en premier lieu de ce
mémoire est celle d'attribuer à l'humain sa part de
responsabilité lorsqu'il s'agit des problèmes écologiques
tels que le réchauffement ou changement climatique. En second lieu,
c'est conscientiser l'humain dans ses actions en lui montrant l'origine des
évènements écologiques dans l'histoire afin qu'il trouve
une solution adéquate. Notre étude se veut aussi
différente de ceux de nos prédécesseurs, en ceci que la
critique de la part de l'humain dans les problèmes écologiques
chez Michel Serres, qui se pense à l'horizon de
l'« épistémologie»4(*)promue par Michel Serres, nous servira de
prétexte pour penser le devenir de l'humain dans le contexte de la
mondialité.
0.4. PROBLEMATIQUE
Quelle est la part de l'humain dans les problèmes
écologiques selon Michel Serres ?Cette question en apparence simple
ne peut recevoir une réponse claire et rapide. D'entrée de jeu,
dans sa randonnée existentielle, l'humain est une entité
consciente ; un être conscient qui se rapporte à
l'espèce comme à sa propre nature comme un être sociable et
social. L'animal produit aussi, entre autres, la construction de son
habitation, mais la production animale est seulement immédiate. Tandis
que l'humain, bien qu'animal, son produit est universel. Libéré
du produit physique, il ne produit que lorsqu'il est en liberté, il
produit toute la nature. L'humain se dresse librement face à son
produit, il ne crée qu'à la mesure de toutes les espèces
et non pas selon les besoins de son espèce comme c'est le cas de
l'animal privé de liberté.
Ce faisant, la crise écologique globale qui frappe la
planète Terre depuis le XXe siècle jusqu'aujourd'hui
s'est rapidement accompagnée de deux discours : d'une part l'injonction
à protéger notre environnement. Et d'autre part, des constats
apocalyptiques ou triomphants sur, au contraire, la dégradation de la
nature. Cette crise fait en sorte que, le réchauffement climatique
mondial modifie la manière de vivre dans la société
actuelle.
Cependant, c'est vers la deuxième
moitiéXXe siècle qu'on peut à proprement
évoquerd'une conscience écologique générale dans le
monde. Et celle-là suite aux effets inattendus enregistrés dans
le monde (l'accélération de la désertification, les pluies
acidiques, le réchauffement climatique, etc.). Le fait d'agir de
l'humain sur la nature a en retour modifié les
écosystèmes. Selon ce que pense Georges Perkins :
« l'action humaine a été ou pourrait être le plus
préjudiciable ou le plus profitable dans son influence sur les
conditions physiques de la terre que nous habitons5(*) ».
La question élucidée ci-haut en apparence simple
ne peut recevoir une réponse claire et rapide. En effet, de nos jours,
sur les réseaux sociaux, dans les chaînes de
télévision ou dans les débats mondiaux, il ne se passe pas
une journée sans qu'on évoque la question de la crise
écologique, de la crise environnementale, du réchauffement
climatique, des érosions, de l'extinction des espèces, l'effet de
serre, de l'acidification des océans, etc., Ces phénomènes
inquiètent l'humanité en général et l'humain en
particulier. Ces situations d'inquiétudesobligent
à repenser la question écologique autrement. Repenser le lien qui
unit l'humain au reste de la nature, ses actions et activités, sa
relation et son avenir. Sans doute, l'humain est produit de la terre, sans elle
sa vie est en danger. C'est pourquoi, il ne peut que bien gérer la
nature. Sa mauvaise gestion est l'élément
accélérateur de toutes les crises qu'il subit aujourd'hui.
D'où la responsabilité lui est imputée d'être le
prédateur. Il doit pouvoir arriver à comprendre et briser son
opposition avec les restes du monde. Le conserver, le protéger et
entrainer de bonne relation, parce que sans ceux-ci, il est condamné
à disparaitre.
Par ailleurs, depuis, le progrès de la science et
technique, l'humanité est en péril. Ceci suscite plusieurs
inquiétudes et place l'humain devant une problématique
incessante. Cette problématiqueest liée à sa survie. Par
soif d'être maitre etpossesseur, d'être le centre du monde, par la
croissance de son économie, il se crée de problèmes
très aigus. Ainsi, la question pendante et dominante reste celle de
savoir : que doit-il faire pour atténuer tous ces
problèmes ?
De plus, nous vivons une période critique et
incertaine. Période fissurée par les idéologies
capitalistes, technophiles et politiques. Cet ensemble provoque de nombreux
problèmes, des crises au point où il est difficile de voir les
perspectives et alternatives qu'elles présentent. Cependant, tous
ceux-ci constituent ce qu'on appelle : problèmes
écologiques. Ces problèmes s'articulent entre l'humain et la
nature, la relation qu'ils entretiennent n'est plus celle d'avant où
l'humain se sentait fils de la terre. Autrement dit, l'humain et son rapport au
monde. Delà se pose une question : comment l'humain entretient-il
sa relation avec la nature ?
La soif d'être puissant dans la nature engendre en
l'humain le désir de tout saisir au point où il veut créer
sa propre tombe parce qu'une fois détruire la nature, les êtres
vivants dépendent d'elle disparaitront avec elle. Chose que l'humain
doit pouvoir éviter. Michel Serres propose dans le contrat
naturel que l'humain pour survivre doit pouvoir passer un accord, un
contrat. Sur ce, nous nous posons de questions suivantes : Quelles sont
les causes des problèmes écologiques ? Quelles sont les
conséquences qui en découlent et comment les éviter ?
Telles sont les questions qui nous serviront de balise et étayeront le
reste de notre investigation.
0.5. HYPOTHESE DU
TRAVAIL
Notre première préoccupation consiste à
nous interroger sur la part de l'humain dans les problèmes
écologiques. Ilappert queles différentes crises qui s'annoncent
un peu partout dans le mondemontrent quel'humain n'estpas en bonne relation
avec la nature en général et l'environnement en particulier.Sur
ce, il est important de repenser notre relation avec les autres êtres de
la nature. Bien plus, étant donné que l'humain est victime de ses
propres actions cela signifie qu'il est à l'origine de sa propre
destruction, alors il lui revient de prendre conscience de ses actes. Sans
cette conscience, il sera toujours en difficulté ou danger. Les
conséquences écologiques n'épargnent aucun vivant. Tous
sont cernés, voilà pourquoi il serait important d'être
conscient de la réaction de la nature. La conscience est le mobile de la
responsabilité vis-à-visde nous-mêmes et de l'autre.
Du coup, il serait important de préconiser des
mécanismes permettant à l'humain d'être en bonne relation
avec la nature. Bien des auteurs ont proposédes théories quant
à cela. Il apparaît que dans la postérité hansienne
la théorie pour sauver la nature et les vivants serait celle du principe
responsabilité, cette expressionpermet à notre auteur de penser
et de donner à comprendre la dimension complexede l'humain la
théorie qui permettrait d'atténuer les problèmes
écologiques serait le contrat naturel. Par contrat naturel, les humains
sont partenaires avec le reste de la nature. Ce contrat permettrait à
l'humain d'entretenir un nouveau rapport avec la nature. Ce rapport portrait
à l'humain de sauver son espèce et celle des autres. Ainsi, les
problèmes écologiques seraient résolus. Mais si les
rapports entre l'humain et la nature restenttendus, alors les
différentes catastrophes ou conséquences écologiques
continueraient. C'est pourquoi, il est important que les humains sachent quoi
faire pour être en sécurité.
En par rapport à notre problématique, voici
comment se formule notre hypothèse : Si l'humain est la
solution par laquelle la crise écologique pourrait
s'atténuer,alors, il doit être conscient et responsable des actes
qu'il pose vis-à-vis de cette la planète.Pour sauver la nature,
l'humain doit la considérer comme un sujet ayant des droits. Et face
à ces effets inhabituels que nous enregistrons partout dans le
monde ; le contrat avec la nature est notre chance pour survivre, quoi
qu'il reste vrai que la part de l'humain est de revenir vers la nature
comme partenaire fiable.
0.6. DELIMITATION DU
SUJET
Le présent travail est orienté en philosophie
des sciences, mais spécialement en écologie. A cet effet, la
part de l'humain dans les problèmes de la crise écologique selon
Michel Serres ne se limite pas seulement en philosophie, mais aussi dans
les domaines des sciences de l'environnement comme l'agronomie, zoologie, la
géologie, etc. Pour le délimiter, le nôtre s'inscrit dans
la perspective épistémologique, c'est-à-dire discourir sur
l'écologie, mais au second degré ou langage. Ce qui veut dire
réfléchir et discourir autrement sur ce que les autres ont dit en
matière de la protection de notre maison commune (nature).
Cependant, en ce qui nous concerne le nôtre se
démarque des autres travaux en ce sens qu'il analyse la partie
assignée à l'humain dans les problèmes écologiques.
Autrement dit, il reproche l'humain en tant que responsable, à l'instar
des autres actions non-humaines considérées parfois naturelles.
Cette démarcation, nous la tirons dans les ouvrages de notre
maître à penser.
0.7. METHODES DE
RECHERCHE
Pour mener à bon port nos recherches dans ce domaine,
et au regard des exigences de celle-ci, nous optons pour la méthode
herméneutique assortie d'une approche critique. La nature de notre objet
d'étude détermine en fait la méthode à utiliser.
Surtout comment pouvons-nous arriver à comprendre, sans
herméneutique, une oeuvre reconnue pour son caractère
ostentatoirement cryptique ? L'herméneutique et la critique nous
permettent de saisir et d'articuler des considérations critiques sur
l'idée serrésienne de la part de l'humain dans les
problèmes écologiques, d'en montrer la portée et les
limites philosophiques.
Par recours à la méthode herméneutique
comme « Corinthe », où se rencontrent des
énigmes complexes, des articulations et positions aussi bien
contradictoires que complémentaires, nous pensons entrer dans la
pensée de Jean Greisch par le triple arsenal herméneutique,
lequel est composé de lire, interpréter et comprendre6(*). Nous ne pouvons pas lire,
interpréter et comprendre sans ce regard critique. Aussi faut-il
emprunter la plume de Hans-Georg Gadamer qui épingle qu'« il
se produit [...], en toute lecture, une application, si bien que
quiconque lit un texte est lui-même intégré au sens
appréhendé. Il appartientlui-même au texte qu'il
comprend »7(*).
0.8. DIVISION DU
TRAVAIL
Hormis l'introduction et la conclusion
générales, notre étude est divisée en quatre
chapitres. Le premier présenteles causes profondes à
l'origine des problèmes écologiques. Il est question
d'enquêter sur les origines qui ont causées la crise
écologique en général. Le deuxième traite la
problématique du progrès technique, capitalisme et leurs
conséquences écologiques. Dans ce chapitre, il est question
d'énumérer les différentes conséquences de la crise
écologique émanant du progrès technique et
développement économique. Le troisième nous permet de
connaitre l'écologie du contrat ou du sujet de droit. Dans ce
chapitre, il est question de l'introduction de la notion du contrat naturel
comme acteur principal capable de réconcilier l'humain et la nature. Le
quatrième et dernier chapitre intitulé : approche
critique de l'écologie du sujet de droit présente des
analyses critiques de la pensée de Michel Serres. Ces analyses sont
faites de deux manières : positive et négative. Ce chapitre
présente notre compréhension du travail.
0.9. NOTICE BIOGRAPHIQUE8(*)
Michel Serres est né le 1er septembre en
1930 à Agen (Lot-et-Garonne, France). D'origine française, il est
le fils de Jean, dit Valmy Serres,
batelier sur
la
Garonne. Il reçoit
une éducation catholique et pratique le scoutisme en France qui le
totémisent Renard enthousiaste. Il est reçu en 1949
à l'École navale, dont il démissionne peu après,
pour préparer dans un lycée parisien le concours de
l'École normale supérieure, où il est reçu en 1952.
Il soutient un Diplôme D'études Supérieures au sujet des
structures algébriques et topologiques avec Gaston Bachelard, puis est
admis 2e ex aequo à l'agrégation de philosophie en 1955. De 1956
à 1958, il fait son service militaire comme officier dans la Marine
nationale. Il est le père de quatre enfants, dont Jean-François
Serres, un temps délégué général de
l'association Petits Frères des pauvres.
Michel Serres réalise une carrière
universitaire, d'abord à l'université Blaise-Pascal, où il
fréquente Michel Foucault et Jules Vuillemin. Ils confrontent alors
régulièrement leurs idées et points de vue sur des
thèmes qui prendront corps dans le livre Les Mots et les
Choses. Il est ensuite nommé à l'université
Paris-VIII, où il participe brièvement à l'«
expérience de Vincennes ». En 1968, il soutient une thèse de
doctorat de lettres, intitulée Le Système de Leibniz et ses
modèles mathématiques, et est nommé en 1969,
professeur d'histoire des sciences à l'université Paris 1
Panthéon-Sorbonne. Il enseigne également aux États-Unis,
d'abord à l'université Johns-Hopkins, à Baltimore,
à l'invitation de René Girard, puis il suit ce dernier à
l'université Stanford, où il est nommé professeur en
1984.
Ses oeuvres :
Serres Michel, Morales espiègles, Paris,
Éd. Pommier, 2019.
IDEM, C'était mieux avant, Paris,
Éd. Le Pommier 2017.
IDEM, Le temps des crises, Éd.
Pommier, 2009.
IDEM, Hominescence, Paris, Éd. Le
Pommier, 2001.
IDEM, La légende des anges, Paris,
Éd. Flammarion, 1993.
IDEM, Le tiers-instruit, Paris, Éd.
François Bourin,1991.
IDEM, Contrat naturel, Paris, Éd.
François Bourin, 1990.
IDEM, Les cinq sens, Paris, Éd.
Grasset, 1985.
IDEM, Hermès I. La communication, Paris,
Éd. Minuit, 1984.
IDEM, Genèse, Paris, Éd.
Grasset, 1982.
IDEM, Le parasite, Paris, Éd.
Grasset, 1980.etc.
0.10. DIFFICULTES
RENCONTREES
Les recherches et la rédaction de cemémoire
n'ont pas été aussi simples.En général, nous avons
été confrontés à des difficultés. La
première difficulté est liée aux ouvrages de l'auteur.
Nous n'avons pas pu accéder à tous les livres de notre auteur
parce que les bibliothèques quenous avons fréquentées n'en
possèdent pas assez. Il n'était pas facile de trouver certains
livres de notre auteur où il développe davantage les idées
sur l'écologie. La deuxième difficulté est en rapport avec
la langue, il y a des livres de notre auteur qui sont en anglais. Notre auteur
a longtemps enseigné dans le monde anglophone que francophone. Beaucoup
de ses idées sont bien comprises dans le contexte anglophone. De notre
côté, par manque de n'est pas asseoir convenablement la langue
anglaise, il nous a été difficile de bien comprendre certains
termes d'origine anglaise. La troisième difficulté est
liée au style qu'emploi l'auteur. Michel Serres a un style
poétique, sa manière d'écrire oblige au lecteur
d'être suffisamment instruit sur la poésie et autres genres
littéraires. Ses textes ont par moment un langage historique,
c'est-à-dire il faut savoir un peu d'histoire, de la mythologie, etc.
CHAPITRE PREMIER : LES
CAUSES PROFONDES DES PROBLEMES ÉCOLOGIQUES
II.0. INTRODUCTION
De nos jours, il est impossible de passer sous silence les
problèmes écologiques entre autres : réchauffement
climatique, déglaciation, extinctions des espèces vivantes,
l'émission des gaz toxiques, etc. connaissent une crise. La plupart des
gens discutent là-dessus et à un certain niveau. Les
problèmes écologiques sont devenus une urgence humanitaire. Cette
urgence exigence un comportement responsable, le retour à un
retournement aux choses monde. Ainsi, pour bien orienter le débat, il
est impérieux de connaitre les causes profondes de ces problèmes,
puisqu'elles sont à l'origine de nombreuses catastrophes
écologiques. La question reste à savoir par où
devrions-nous commencer ?
Il s'avère que les problèmes écologiques
ont une origine assez lointaine par rapport à notre époque. Cette
origine est liée non seulement de manière directe aux
activités humaines, mais aussi de manière indirecte aux
évènements naturels de la terre. Pour ce qui concerne les
activités humaines, nous voyons au préalable les pensées
et croyances humaines produites par certains humains dans l'histoire. Leurs
influences ont fini par se construire en des idéologies. Ces
idéologies sont précurseures de la nouvelle conception de la
nature. Cette conception engendre de nos jours des conséquences
inédites. Voilà pourquoi, face à ces conséquences
inédites, il est important de décrypter ces activités et
idéologies depuis la source pour chercher comment atténuer ou
stopper les dégâts. Au courant de l'histoire, il y a eu
différentes visions du monde telles qu'elles émergent. Ces
visions ont influencé la manière de considérer la nature,
d'agir ou de penser sur elle. Elles ont fait de la nature une
propriété privée de l'humain dans laquelle, celui-ci est
maître de tout.
Nonobstant, nous sommes sans ignorer que la planète
terre dans son fonctionnement et organisation est à l'origine des
perturbations chez les vivants. Ces dernières sont à faible
pourcentage des problèmes écologiques. Tous ces
phénomènes épinglés constituent notre objet
d'étude dans ce chapitre. C'est pourquoi, nous analyserons les causes
profondes à l'origine de la crise écologique.
Précisons ici que ce chapitre traite et analyse
certaines données historiques de la philosophie, de la science et des
évènements pour desceller quelques racines et idées qui
ont servi de soubassement à la crise écologique et dont nous
subissons les conséquences aujourd'hui. La mission du chapitre est de
découvrir les socles de cette tragédie humanitaire que les
vivants traversent pendant ce siècle. Ajoutons à ceci que, pour
arriver à réduire cette crise globale, il est toujours important
d'examiner avec finesse la perspective historique lointaine des
évènements de la terre et les présupposées qui ont
fondé de ladite crise.
C'est pourquoi, en premier lieu, nous analyserons les
phénomènes naturels de la terre. En second moment, il sera
question des visions du monde à l'origine de la crise écologique.
Ainsi, la première démarche du chapitre consiste à
analyser les phénomènes naturels de la terre. Ceci parce
qu'au-delà des activités humaines (conception et visions), la
terre est à l'origine de certains bouleversements qui engendrent des
crises çà et là. Ces bouleversements sont des faits
à ne pas banaliser. Dans le second moment, nous analyserons les
idées de certains auteurs philosophes et scientifiques qui ont
contribué à la dépréciation de la nature comme
objet (chose), que nous qualifions de mal ou racine lointaine de la crise
écologique : l'anthropocentrisme moderne comme socle du
développement technique et économique. Signalons que dans la
conclusion partielle, il y aura l'analyse critique du chapitre.
En outre, avant de commencer la première section du
chapitre, définissons trois concepts fondamentaux selon Michel Serres
à savoir : nature, écologie et problème ou crise
écologique. Le premier est la nature. Étant un ensemble d'un tout
contenant divers éléments et dont les éléments sont
en interdépendances les uns des autres. Il le dit en ces termes :
« aujourd'hui la nature se définit par un ensemble de
relations, dont le réseau unifie la terre entière ; le
contrat naturel connecte en un réseau le second au premier9(*)». Sa définition
inclut les êtres animés et inanimés :
« l'eau, le feu, la terre, flore et faune, l'ensemble des
espèces vivantes [...] ce pays archaïque et nouveau, inerte et
vivant10(*) ».
Il considère la nature comme un sujet de droit, une mère
porteuse. Qu'il désigne par moment comme : monde, nature et Terre.
Le second concept est l'écologie11(*). Michel Serres définit
l'écologie comme la science qui : « s'occupe des choses
du monde12(*) ».
Cette science « parle des choses du monde et les
sociétés des sociétés13(*)», autrement dit
l'écologie s'occupe de discourirsur les êtres vivants et leurs
habitats. En d'autres termes, l'écologie dit « le monde, non plus
comme des choses locales, mais comme partenaire globale... [Elle dit] aussi que
le monde dit14(*) ». A cet effet, l'écologie est la
science de la vie et de la terre15(*) (SciViTe16(*)) : vie comme vivant et terre comme habitat.
Science qui dit des choses du monde et dit ce que ces choses veulent nous dire
en retour. Pour Ernest Haeckel l'écologie est « la
totalité de la science des relations de l'organisme avec
l'environnement, comprenant au sens large toutes les conditions
d'existence17(*) ».
Le troisième terme, il s'agit de la Biogée.
Michel Serre l'avait introduit pour expliquer l'institution à la lettre
mondiale : eau, air, feu, terre et vivants. Ces éléments
sont le représentant de la biogée en tant qu'institution. Il
s'agit de la vie et de la terre. Ce concept signifie la symbiose entre les
humains et le monde.18(*)L'auteur affirme :
La biogée comprend, en effet, le monde et les
humains, sujets ensemble et objets de cette science et exprimant, dans une
langue commune, leurs soucis communs en la WAFEL.19(*)
Il se conçoit en quelque sorte comme un concept
démocratique, parce qu'en lui il y a aucune maîtrise, ni
domination n'existe. C'est de l'interconnexion et interdépendance. Une
égalité démocratique. La biogée à comme
science la SciViTe (sciences de la vie et de la terre). Le quatrième
concept, c'est la crise ou problème écologique. Le mot crise
d'après Michel Serres, « vient du grec, crinô,
justement, signifie juger20(*)». Il est cette appréciation de jugement.
Appréciation qui dit si l'idée est bonne ou mauvaise. Cela dit,
le terme crise dans la philosophie serrésienne désigne une
critique à l'égard d'un fait, situation, etc. Au fond avec notre
auteur la racine du terme crise désigne un tribunal du jugement. C'est
pourquoi, « le mot crise laisse voir son origine juridique [...] il
s'agit d'une décision prise par un jury et par son
président21(*) ». De la racine latine, la crise est
comprise comme la décision provenant du jury. Cette décision qui
a coupé court et en deux un problème survenu. Dans le cas qui
nous concerne où nous présentons la crise écologique,
celle-ci (la crise), désigne « l'état d'un organise
[espèces] confronté à la croissance d'une
maladie... 22(*)», ou autre situation que la maladie, mais qui
rend un jugement désagréable et calamiteux. La crise
écologique est la dégradation de la nature sous toutes ses
formes : la pollution, le réchauffement climatique, la
déforestation, etc. Tous ceux-ci constituent et expliquent les
problèmes écologiques.
Les problèmes écologiques sont des
questionnements, des inquiétudes qui se posent à l'ère
actuelle au sujet de la nature comprise comme cadre de vie. Ils sont multiples.
Il y a ceux qui sont liés à l'environnement : la pollution
de l'air, la crise de l'eau, le changement climatique, l'épuisement des
ressources, etc. Il y a aussi ceux qui sont liés aux espèces
vivantes : la disparition massive des espèces
végétales et animales, l'épuisement de la
biodiversité, etc. Pour notre auteur, les problèmes
écologiques se résument en une idée ou conception ;
celle qui considère la nature comme un objet ou une chose de sans
valeur, avec laquelle nous n'avons pas de compte à rendre.
I.1. LES PHENOMENES NATURELS DE
LA TERRE
Tout au long de cette première section, nous discourons
sur les phénomènes naturels de la terre pour analyser les enjeux
et effets que ces derniers ont eus sur la terre. Signifions que les
phénomènes naturels de la terre sont des événements
qui ont une origine un peu plus lointaine, que la crise actuelle. Mais, leur
rythme était moins accéléré. C'est pourquoi, pour
les retracer il nous faut recourir dans le passé de la terre afin d'en
examiner les conséquences.
Ce faisant, dans l'histoire de la terre il y a eu des
évènements et phénomènes qui ont causé
d'énormes dégâts, extinction des espèces, des
crises, etc. Selon Michel Serres, nous devons remonter les décennies
archivées ou des millénaires sans mémoire pour les
découvrir.23(*)
Néanmoins, ces évènements, semblent-ils se produire de
manière naturelle sans qu'il y ait l'intervention de l'action humaine.
De quoi s'agit-il ? D'un hasard produit dans la nature ? Ont-ils eu
des effets sur les vivants ?
Eu égard à ce qui précède, Alain
Pavé explique que « les systèmes vivants sur terre
subissent des aléas environnementaux, qui peuvent les altérer et
même qui risquent de le faire disparaitre24(*) ». Ces évènements surgissent
sur la terre, mais de manière aléatoire. Autrement dit, il n'y a
aucune réglementions et régularité qui les gèrent.
Néanmoins, le grand danger est qu'ils peuvent provoquer de perte et
disparition dans le vivant. Cette disparition contribue d'une certaine
manière à la perte de certaines espèces vivantes sur
terre. Ces dernières (espèces) sont une richesse pour la
planète.
En effet, dans le fonctionnement de la nature, il arrive des
fois qu'un évènement se produise sans qu'il y ait l'intervention
de l'action humaine. Ces évènements sont qualifiés de
naturel, parce qu'il s'agit de l'auto-organisation de la nature.
Néanmoins, cette explication a été approuvée par le
GIEC25(*) en date du mois
d'août 2021 notant que l'humanité s'expose à de multiples
aléas climatiques inévitables26(*). Ces aléas sont une organisation du
système de la planète et de ses incidents.
Ajoutons à ce sujet l'idée du Pape
François dans l'encyclique Laudato si'. Celui-ci souligne que
le changement de la nature fait partie de la dynamique des systèmes
complexes de la nature et dont la dynamique est un fait normal.27(*)Ce fait ou changement se
réalise de manière lente. Le Saint-Père
énumère dans les pages qui suivent les facteurs qui ne sont pas
liés directement à l'action humaine, mais sont à la base
de certaines perturbations. Ces facteurs sont tels que : le volcanisme,
les variations de l'orbite et de l'axe de la terre, le cycle solaire.28(*) Ainsi, soulignons qu'avant les
deux dernières décennies ces facteurs sont connus et sont
causés par le phénomène dynamique de la terre.
De ce qui précède, nous avons affirmé, il
sied maintenant de le démontrer. Pour ce qui est du changement
climatique par exemple, les scientifiques discutent beaucoup sur ce sujet. Ils
reconnaissent que le changement climatique a un double aspect : le premier
est d'ordre naturel et le second de l'action humaine. Certes, le premier aspect
nous intéresse pour l'instant. Cependant, Alain Grandjean atteste dans
son article publié dans la revue Lumen Vitae que
« dans l'histoire de la planète, le climat n'a cessé de
changer sous l'influence de multiples déterminants29(*) ». Ces influences,
ajoute-t-il, proviennent de l'organisation et du fonctionnement de la
terre : l'irradiance solaire, la distance de la terre-soleil, variation de
l'orbite terrestre, inclination de la terre sur son axe de rotation,
dérive des continents, volcanisme, émissions de méthane et
oxygène par le vivant, capacité d'absorption des océans,
etc.30(*) Tous ceux-ci
prouvent à suffisance que la nature dans son fonctionnement provoque des
crises qu'on ne peut jusque-là mettre sous la responsabilité de
l'humain.
En liaison avec ce qui vient d'être dit, Trinh Xuan
Thuan dans un livre publié aux éditions Fayard en 1998
« Le chaos et l'harmonie. La fabrication du
réel » nous explique de manière scientifique la
question de l'histoire de la terre et ses évènements parfois
drastiques et hasardeux. Il dit : pour arriver à
« expliquer les phénomènes naturels, il nous faut
à la fois découvrir les lois qui régissent le
nécessaire et reconstruire les évènements
fortuits31(*) ».
À cet effet, si nous rentrons à la racine de ces
évènements, nous trouvons, que ceux-là sont
aléatoires, de la contingence. C'est par exemple, la
problématique de l'inclination de la terre. Nous savons qu'avec les
données de la physique et de l'astronomie, la terre ne se tient pas tout
droit. Elle se pense d'un côté, tournant au plan zodiaque avec ces
deux mouvements : la rotation et la translation. Ces deux mouvements sont
responsables du changement des saisons et à la base du climat. Certes,
l'axe de la terre par rapport au plan zodiaque s'incline de
23,5°.32(*) Cette
inclination a pour conséquence le changement de climat sur la terre, le
déplacement de certaines espèces. Comment cela est-il
arrivé que l'axe de la planète soit incliné ?
A cette question Trinh Xuan Thuan montre qu'il y a eu des
collisions violentes entre les planètes et les astéroïdes.
Ceux-ci percutent une planète une fois sur son chemin.
Conséquence ; reversement et inclination d'un
côté.33(*) Ce
renversement et inclination causent d'énormes dégâts sur la
planète. C'est ce que d'ailleurs Alain Pavé note dans son livre
au sujet de la disparition de certaines espèces et les grandes
extinctions, en l'occurrence les dinosaures.34(*) Ces phénomènes sont des
évènements très catastrophiques et leurs présences
ont comme conséquence sur les variations brusques dans la
biodiversité. Une des premières grandes extinctions
enregistrées sur la terre est la disparition de dinosaures. Quant
à la variation de l'orbite terrestre, celle-ci est un fait important sur
notre planète. D'ailleurs, c'est Johannes Kepler en 1609 qui nous a
éveillés à ce sujet. La distance qu'à la
terre-soleil varie et influe sur les vivants. Cette variation est d'un peu de
moins de 1%35(*). Elle
facilite la variation de la température sur terre.
Qu'est-ce qui justifie tout ce mécanisme ? A cette
question, Alain Pavé affirme : « les aléas
naturels sont engendrés par les dynamiques et les
circumplanétaires physico-chimiques [...] ou biologiques36(*) ». Il revient
à l'humain d'en tirer conséquence à ce sujet. Si la terre
dans son fonctionnement est capable de lui faire du mal, il doit certainement
éviter de précipiter les événements naturels.
Que dit notre auteur à ce sujet ? Notons
également qu'il ne rejette pas l'idée selon laquelle, il existe
des phénomènes naturels sur la terre qui ont causé des
dégâts sur les choses du monde (nature). Dans Le contrat
naturel, celui-ci souligne que la nature (monde) est un
« système physique âgé de millions
d'années, fluctuant et cependant relativement stable par variations
rapides, aléatoires et multiséculaires...37(*) ». Michel Serres
reconnait les évènements naturels catastrophiques et ceux-ci ont
pour origine l'achèvement d'un cycle ou l'organisation naturelle du
monde. Sur ce point, le changement climatique, il pense que c'est un
phénomène rare avant l'ère où l'humain a
commencé la chasse à la nature. Ce changement ne doit pas nous
inquiéter, parce que nous ne pouvons cependant rien faire à ces
événements. « Le système climatique varie de
façon forte, mais cependant assez peu relativement invariant par
variations brèves ou lentes catastrophiques et douces,
régulières, chaotiques. Donc les phénomènes rares y
frappent, mais ne doivent pas nous étonner38(*) », parce que c'est
un phénomène naturel.
Pourquoi ces évènements ne doivent pas nous
étonner ? A ce sujet, Michel Serres affirme : « Rien
dans cet exemple que de naturel et nous ne pouvons rien39(*) ». Ce sont les lois de la
physique. La particularité avec ces évènements, ils sont
rares. Mais ils créent des perturbations dans la nature. De ce point de
vue, nous ne pouvons pas imputer la responsabilité à l'humain,
car il ne s'agit pas de lui comme antécédent à ces
évènements, mais comme un agent sur une scène de crime qui
constate les dégâts causés. Voilà pourquoi, à
un certain égard, renchérit l'auteur : « Il en est
ainsi et cela dépend moins de nous que notre héritage
d'histoire40(*) ». C'est à l'histoire de la terre
que revient cette responsabilité. Et c'est toujours à elle de
nous informer ce que nous devons éviter pour ne pas tomber dans les
mêmes erreurs qui vont précipiter les vivants sur terre comme il y
en a eu depuis le cambrien. Pour Michel Serres, nous vivons et habitons
« dans un monde livré aux aléas des
évènements-accidents, contingents et dangereux41(*) ».
Pourquoi les conséquences climatiques sont
attribuées uniquement à l'humain alors que nous venons de montrer
qu'il y a des évènements naturels de la terre qui sont aussi
à la base de ces problèmes ? En effet, pour arriver à
conclure que l'humain est le seul auteur principal des problèmes
écologiques, il faudrait en premier lieu comprendre que les
phénomènes naturels de la terre n'ont pas pour responsable les
humains. Comme en témoigne Alain Pavé, « les
événements qui conduisent à des risques sont d'origine
naturelle [...]. On connait leur existence, mais ils sont
imprévisibles42(*) ». Sur ce point de vue, la
responsabilité de l'humain devient partagée. Il a une part qui
lui ait réservée, puisque c'est difficile de les prédire.
Nous sommes gérés par la loi de la contingence.
Retenons que, les phénomènes naturels de la
terre sont des évènements du hasard, aléatoires
causés par le fonctionnement et l'organisation de la nature(Terre).
Néanmoins, ces évènements sont à l'origine de
certains problèmes écologiques, voire la disparition de certaines
espèces non encore connues par les spécialistes. Michel Serres
ajoute à ce sujet que ces phénomènes fussent rares car,
ils sont liés à un moment au cycle de la terre ou du
système physique de la planète. Ils ne sont pas non à
négliger, parce que leurs présences créent
d'énormes dégâts et sont aussi à la base de la
destruction de la nature. Ici, la part et la responsabilité reviennent
à la nature elle-même, l'humain n'est qu'un agent qui constate le
fait. Est-il innocent ? Difficile de répondre directement à
cette question. Voyons d'abord ce que l'histoire de la philosophie et celle de
la science racontent à ce sujet.
I.2. LES IDEOLOGIES
PHILOSOPHICO-SCIENTIFIQUES DE LA NATURE
Le point précédant a fait l'objet des
phénomènes naturels de la terre. Il résulte de notre
recherche que les problèmes écologiques n'ont pour
antécédent l'humain. Il n'est pas le seul acteur
détracteur de la nature. Autrement dit, l'Univers dans son
fonctionnement est aussi à l'origine de certaines perturbations, qu'il y
a des évènements et phénomènes destructifs
provenant de l'organisation et fonctionnement de la nature elle-même. Ces
phénomènes ne sont pas liés de près à
l'activité humaine. Ce qui veut dire que, d'une part l'humain est
innocent de certains phénomènes qu'arrivent dans la nature. Et
d'autre part, il doit assumer sa responsabilité. Et Michel Serres
souligne que face à ces phénomènes, nous n'y pouvons rien
parce que ça ne dépend pas de nous. A ce niveau la
responsabilité revient au fonctionnement et caractère dynamique
de la terre.
Quelle est alors la part qui revient à l'humain par
rapport aux problèmes écologiques ? Michel Serres affirme
que les grands bouleversements dont l'humanité fait face proviennent des
« recherches scientifiques et de ses applications43(*) ». Pourquoi ?
s'interroge l'auteur. « Les scientifiques ont donc déjà
manifesté le pouvoir de transformer la face du monde et la maison des
hommes44(*) ».
Quelle est cette responsabilité que l'humain scientifique doit-il
assumer ?
Pour arriver à montrer la responsabilité qui lui
revient, revenons à l'histoire de la philosophie et celle de la science
pour découvrir les idées défendues par certains auteurs et
dont les idées ont amené les humains à concevoir les
choses du monde (nature) autrement. L'objet de ce présent point est de
montrer comment certaines idées et conceptions des auteurs ont
contribué et constituent un point de départ de ce que nous
appelons crise écologique. Leurs pensées et idées ont fini
par devenir une idéologie. L'idéologie qui sépare le sujet
et l'objet.
En effet, par leurs écrits, nous découvrirons
leur manière de penser et concevoir la nature. Pour ce qui est de la
procédure, nous la présenterons en deux points : le premier
est celui des philosophes et le second pour les scientifiques.
I.2.1.1. Les idéologies
philosophiques : l'empirisme et le rationalisme
Les philosophes depuis l'Antiquité cherchent à
expliquer trois concepts fondamentaux : Dieu, humain et monde. Parmi ces
concepts, le dernier nous intéresse dans notre travail. La question que
les philosophes de l'Antiquité se sont posées, était celle
de savoir d'où vient le monde (nature) ? A cette question plusieurs
philosophes ont essayé de donner leur point de vue. A la période
antique, l'origine de la nature est à chercher dans les principes
premiers (eau, air, feu, nombre, infini, etc.). Avec Platon dans
Timé, la nature est le produit d'un démurge
créant le monde en référence du vrai monde idéel.
Le statut de la nature est renvoyé à la transcendance. Comme
conséquence ; l'humain ne peut que voir une copie et non le
contraire parce que son âme est prisonnière du corps. Aristote
dira même que la nature est cette chose à sa fin.
De plus, le Moyen-âge va rendre la nature un produit de
Dieu, c'est-à-dire que, tout ce qui existe dans la nature est le produit
de sa création. La période médiévale va rendre la
nature en un élément dépendant de Dieu. Tout ce que
l'humain doit expliquer, doit correspondre à l'explication d'une nature
créée par Dieu. Cependant, c'est à la renaissance que les
choses vont devoir être changées. Ici, on recherche la
méthode qui conduit l'esprit humain, à la connaissance du monde.
Un renouvellement de la connaissance humaine pour son bien. Cette
méthode sera orientée vers les sciences de la nature. On
expliquait alors la nature partant du principe mathématique. C'est ce
qui explique les grandes découvertes de cette époque. Et c'est
grâce à la physique que les temps modernes ont changé la
perception de la nature. Celle-ci va devenir une matière, une chose que
l'humain doit soumettre et maîtriser grâce à sa raison. Ne
sachant pas ce qu'implique l'usage de la raison, les philosophes des
lumières ont fait de la raison une idée centrale ayant pour
mission l'exploration de la nature pour trouver toutes les réponses
posées par l'Antiquité. Michel Serres dans Rameaux
souligne que les Lumières nous apprirent à respecter les
lois de la nature. Françis Bacon va l'inaugurer par l'empirisme et
Descartes avec le rationalisme.
I.2.1.1.1. L'empirisme
baconien
Francis Bacon hérite une culture selon laquelle le
monde est un cosmos idéel, et produit de la création de Dieu.
Celui-ci évite de continuer une telle conception et épouse la
culture d'un monde ayant un ordre visible dans son ensemble, accessible de
connaitre par intuition. Grâce aux découvertes de la physique, les
sciences commencent à s'émanciper des explications
métaphysiques. La tâche sera celle de découvrir les lois de
la nature. De ce fait, les sciences de la nature n'ont pas toutes uniquement le
mouvement de la pensée orienté vers le monde mais le milieu au
sein duquel l'esprit acquiert la connaissance. Néanmoins, cette
connaissance est le fruit de l'intuition. Il s'agit alors de l'invention de la
science expérimentale qui doit être tournée vers le monde
De ce qui précède, Francis Bacon cherche dans sa
philosophie à résoudre les erreurs qu'il appelle Idole.
Dans sa réflexion, il distingue quatre espèces
d'idoles : la première est celle qu'il appelle les idoles de la
tribu. Autrement dit il les erreurs communes à tous. Cette
première espèce est commune à tout le monde par le fait
qu'elle vient des défauts naturels liés à notre esprit
humain. La deuxième espèce est les idoles de la caverne. Ces
idoles sont particulières à chaque intelligence par le fait
qu'elles tirent leurs origines dans les goûts, des dispositions, de la
tournure d'esprit propre à chaque humain. La troisième
espèce d'idoles est les idoles de forum. Cette espèce vient de
l'emploi du langage. La dernière espèce ou la quatrième
est les idoles du théâtre. Elles viennent des erreurs
inculquées à l'esprit par le faux système des
philosophes.45(*)
Par la méthode inductive comme moyen pour arriver
à la connaissance,il cherche à les éliminer. C'est le
travail qu'il expose dans la première partie de son livre :
Novum organon. La deuxième partie de son livre est
consacrée à l'explication de cette méthode. Cependant,
celui-ci a été confronté à une alternative. D'un
côté, il y a la science théorique et de l'autre
côté, il y a l'art qui est en effet la pratique. Son combat sera
alors celui de vouloir unifier la théorie à la pratique à
travers une méthode scientifique. Raymond Matand explique que, pour
Francis Bacon, « la vraie science unit la théorie
à la pratique46(*) ». La question de fond sera
celle de savoir pour quelle finalité ?
A cette question, Francis Bacon répond en ce
sens : « le but de la science est double :
théoriquement c'est la découverte des lois de la nature ;
pratiquement le développement de l'industrie humaine47(*) ». Francis Bacon
renvoie la réponse de la pratique dans la nature où l'esprit
humain doit découvrir les lois. En introduisant l'induction comme
méthode en science avec l'expérience comme base, celle-ci permet
à l'esprit humain de questionner la nature. Un renversement dans l'ordre
de la pensée. La nature devient alors l'objet de toute connaissance avec
laquelle l'esprit humain doit trouver toutes les réponses. De quelle
manière ? L'humain, grâce à la science
« doit apprendre à donner aux choses des
propriétés nouvelles, et à transformer les substances les
unes dans les autres48(*) ». Par l'expérience, l'humain doit
arriver à maîtriser la nature afin d'être maître de
cette dernière. Ce que la nature doit faire ; c'est d'obéir.
De ce fait, pour l'esprit humain, la maîtrise de la
nature est sa finalité. Conséquence ; la nature devient
l'objet à découvrir laquelle toutes les investigations sont
autorisées. En affirmant ainsi, Francis Bacon soumît la nature
à l'esprit humain ou à l'humain. Comme en témoigne
Christophe Giolito, pour Francis Bacon, la connaissance ne vise plus la
restitution d'une réalité disponible, mais elle est
ordonnée à la production de résultats novateurs.49(*)Ainsi, l'application de la
science sur la nature devient une forme de domptions.
Quant à l'expérience qu'évoque Francis
Bacon dans sa méthode, celle-ci se base sur des faits à
étudier. Ces faits proviennent de la nature que l'esprit humain doit
explorer. Ceci fait de l'expérience le tribunal de la nature. Elle
questionne la nature et celle-ci doit donner des réponses en rapport
avec la question posée. C'est pourquoi, pour Francis Bacon, l'humain en
dehors de la nature « [il] ne sait et ne peut plus rien50(*) ».Il doit apprendre
auprès d'elle pour la soumettre afin de ne pas être ignorant. La
démarche sera celle d'obéir à la nature en premier afin de
la triompher en second. C'est ce que lui-même dira par la suite :
« on ne triomphe de la nature qu'en lui obéissant51(*) ». Dans l'aphorisme
18, Francis Bacon attribue à la science grâce à l'esprit
humain de pénétrer les entrailles de la nature.
Soulignons le fait que l'expérience que propose Francis
Bacon dans son livre est une idéologie véhiculant un esprit de
domination parce qu'elle n'est pas expérience pour savoir ou connaitre,
mais expérience-savoir ou connaissance pour agir sur la nature, pour se
servir d'elle, la conquérir et la transformer. Bref, pour rendre
à l'humain un pouvoir. C'est pourquoi, pour Francis Bacon, le vrai
pouvoir est la connaissance de la nature. Une fois connaitre ce que sont les
lois de la nature, l'esprit humain acquiert le pouvoir sur elle et la triomphe.
A ce sujet Francis Bacon écrit :
Maintenant, nous devons en venir aux auxiliaires et aux
rectifications de l'induction, puis ensuite, aux natures concrètes, aux
progrès latents, aux constitutions cachées et à tous les
autres sujets que nous avons proposés dans le vingt et unième
aphorisme, pour que nous puissions enfin (comme des curateurs probes et
fidèles) confier aux hommes leur fortune, après que leur
intelligence aura été émancipée et sera en quelque
façon devenue majeure ; d'où résultera
nécessairement une amélioration de la condition humaine et un
accroissement de son pouvoir sur la nature52(*) .
Pour ce faire, nous retenons que la nature est le lieu
où l'humain doit tirer les faits utiles pour son bonheur et le
grandissement de son pourvoir sur elle. Apprendre de la nature pour en faire
d'elle la chose à dominer plus tard. Tel est l'objectif de la
philosophie baconienne ; inciter l'humain à connaitre pour agir et
transformer. Hans Jonas le nomme par programme baconien dans le sens où
le savoir est orienté dans la nature. Ce dernier selon Hans Jonas,
consiste à « orienter le savoir vers la domination de la
nature et utiliser la domination sur la nature pour l'amélioration du
sort humain53(*) » Cette philosophie sera plus tard
récupérée par d'autres philosophes. Adrien Lentiampa
souligne que Francis Bacon promeut un monde où l'humain est le centre et
il n'a qu'un seul objectif, celui de connaitre les causes, les mouvements et
les vertus secrètes que la nature renferme en elle-même.54(*)
Le fait de triompher de la nature, donne à l'humain le
pouvoir de la destruction, de la domination et de l'objectivation de la nature.
Par « la croissance de nos moyens rationnels nous entraîne,
à une vitesse difficile à estimer, dans la direction de la
destruction du monde55(*) ». Le vouloir connaître
entraîne la destruction du monde. Dans ce contexte, la connaissance n'est
plus connaissance mais, moyen d'appréhender les choses du monde par
l'agir transformateur. Le problème que pose Francis Bacon pour Michel
Serres est celui de droit de propriété. Francis Bacon a fait de
la nature une propriété privée de l'esprit humain et de la
science. Seul l'humain décide du sort de la nature, après avoir
appris de cette nature tout ce qu'il avait besoin, il s'érige en
pouvoir.
De plus, Michel Serres ajoute dans Le contrat naturel
que la recommandation de cette philosophie est celle de
« dominer, mais aussi posséder56(*) » les choses du monde. Cette recommandation
constitue un mal dont il faut briser le cordon et libérer la nature de
ces présupposés dévastateurs. Du fait que l'humain imite
la nature par l'apprentissage des lois, en revanche la finalité de cet
apprentissage, lui conduit à la domination qui l'emporte sur la nature
jusqu'à la destruction. Notre maître à penser ajoute que le
souci de la domination de la nature depuis Francis Bacon est conduit par
lalibido sciendi. Cette libido est le plaisir du savoir et fonde la
libido dominadi ; c'est-à-dire le plaisir de la
domination. Une domination dévastatrice des choses du monde.57(*)Le vouloir connaitre
conditionne le monde à la soumission et octroie le pouvoir à
l'humain.
Notons que la tâche de l'applicabilité
recommandée par Francis Bacon dans son livre n'a pas été
effective. Il souligne en toute honnêteté
que « notre méthode [...] est aussi facile de l'indiquer
que facile de la pratiquer58(*) ». Comme le dit aussi Raymond Matand :
« Bacon a eu clairement conscience de sa vocation [...] il
était armé d'une méthode qu'il croyait capable de
rénover la science, même s'il n'a fait lui-même aucune
découverte, et que les règles de son induction étaient
stériles59(*) ». Pourquoi cet échec, nous
répond Michel Serres, « après lui avoir ainsi
obéi, comme le dit Bacon, [...] elle falsifiera seulement la
théorie60(*) ». La nature a un caractère
indéterministe, elle varie toutes les fois qu'elle en a besoin.
Voilà pourquoi, les sciences expérimentales font de
détour.
Retenons que Francis Bacon a réfléchi et a
donné la voie à toutes les sciences expérimentales
d'investiguer la nature. À ce propos, Donald Worster ajoute, que nous
sommes en face d'une « inéluctabilité de la domination
de la nature par la raison [humaine, la science et] sa désacralisation
et sa matérialisation, jusqu'à l'industrialisation récente
de la vie elle-même61(*) ». Son héritage scientifique est
devenu à un moment donné une voie à suivre pour agir et
transformer le monde. C'est pour cette raison que nous avons intitulé ce
sous point : l'idéologie baconienne. Les sciences modernes vont
faire de la nature un objet d'expérience et d'interprétation
malgré les maux causés à partir de la pensée de
Francis Bacon. Celui-ci a laissé un credo pour ses descendants
sur la nature à savoir : la connaissance scientifique est pouvoir
technique sur le monde. A la suite de sa réflexion, vient s'inscrire
l'idéologie cartésienne, avec René Descartes. Dans
l'introduction écrite par Alfred Lorquet, souligne qu'il est important
de rapprocher la Novum organon de Bacon au discours de la
méthode de Descartes.
I.2.1.1.2. Le rationalisme
cartésien
A la suite de Francis Bacon, René Descartes
écrit Le discours de la méthode. Celui-ci dans sa
philosophie va plus loin que le précédant. A lire Raymond Matand,
ce dernier souhaite que René Descartes soit considéré
comme l'initiateur et le représentent du dualisme moderne qui a conduit
à la dépréciation, exploitation et domination de la nature
par l'homme.62(*) Si nous
interrogeons Raymond Matand à ce sujet, la raison est simple :
René Descartes a séparé l'humain et la nature ; il a
fait de l'humain un sujet pensant et le reste un objet pensé,
l'âme du corps, l'humain de la nature.63(*)Lui-même le dit clairement :
« j'avais déjà connu en moi très clairement que
la nature intelligente est distincte de la corporelle64(*) ». Ce dualisme
esprit-corps est à l'origine de la méprise sur la nature. En
rendant la nature comme objet pensé, celle-ci devient une machine de la
fabrique pour les sciences expérimentales. A ce propos, Descartes
écrit :
Je connus de là que j'étais une substance dont
toute l'essence ou la nature n'est que de penser, et qui, pour être, n'a
besoin d'aucun lieu, ni ne dépend d'aucune chose
matérielle.65(*)
Pourtant, séparer l'humain de la nature c'est lui
couper en deux morceaux. C'est pratiquement l'isoler de la nature comme source
de sa provenance. Raymond Matand souligne que le dualisme qui sépare et
oppose l'humain à la nature conduit directement à la
dévalorisation et exploitation de la nature66(*). Cette déduction du
dualisme qui conduit à l'objectivation, dévalorisation et
exploitation de la nature donne au sujet (humain) un pouvoir de manipulation
sur les choses du monde.
Que dit René Descartes par rapport à la nature
dans ses écrits ? A lire Le discours de la méthode
dans la sixième partie, René Descartes recommande une nouvelle
pratique de la science. Cette pratique doit quitter la spéculation vers
la pratique. Il faut que les sciences puissent d'abord chercher autant que
possible la procuration du bien général de tous les humains. Et
pour y arriver, elles doivent construire des connaissances qui soient fort
utiles à la vie des humains.67(*)Soulignons, son souci premier est de rendre l'humain
heureux. En d'autres termes ; procurer à l'humain le bonheur peu
importe le moyen. La question reste à savoir de quelle manière
va-t-il y arriver ?
René Descartes répond à cette question de
manière empiriste. Pour lui, les sciences doivent quitter les
spéculations pour trouver une pratique, « par laquelle
connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des
cieux et tous les autres corps qui nous environnent, [...] nous rendre comme
maîtres et possesseurs de la nature68(*) ». Par ses dires, il a donné la voie
à la science de se marier avec la technique pour rendre l'humain le
maître et possesseur des éléments de la nature en
général. A partir cette situation, nous le considérons
comme une source à l'origine de la crise écologique. Ses
idées ont servi de modèle dans les laboratoires de scientifiques
et techniciens modernes ; faire de l'humain maître et possesseur
pour son bonheur. A la lumière de ce que dit René Descartes, la
nature se voit prisonnière de la raison humaine. Raison qui dans sa
finalité est de donner à l'humain le pouvoir.
En lui offrant le pouvoir, celui-ci devient le centre de
toutes les préoccupations de la philosophie, science et de la technique.
René Descartes ne s'arrête pas par-là, il ajoute que,
devenir maître et possesseur n'est pas seulement à désirer
mais aussi à inventer qui ferait l'objet d'une jouissance.69(*)Celle-ci est l'objectif de
l'humain sur la nature. La considération de la nature chez René
Descartes est autre que celle de Francis Bacon. Pour le premier la nature
fonctionne de manière mécanique et c'est à la raison
humaine d'expliquer le fonctionnement mécanique de la nature. C'est
d'ailleurs pour cette raison qu'il dira que toute la nature fonctionne comme
une mécanique réglée : automate.
En raison de ce qui précède, pour Michel Serres,
René Descartes a tracé effectivement le chemin qu'avait
commencé Francis Bacon. Celui où la raison humaine est
maîtresse de la nature. Dans Le contrat naturel, le philosophe
Français souligne que :
Le maître mot lancé par Descartes, à
l'aurore de l'âge scientifique et technique, quand notre raison
occidentale partit à la conquête de l'univers.
[Conséquence] ; nous le dominons et nous l'approprions70(*).
Ce maître mot cartésien a fait de la science
moderne maîtresse de la nature. Ce pouvoir qu'à la science de nos
jours rend la nature objet de toute utilisation et expérimentation.
C'est pour cette raison, la philosophie cartésienne aux yeux de Michel
Serres est dangereuse. Car elle crée un nouveau rapport entre l'humain
et les choses du monde. Et ce rapport est celui de « dominer, mais
aussi posséder71(*) ». Il s'agit en effet de droit de
propriété. En d'autres termes, l'humain s'approprie les choses du
monde comme si elles étaient une propriété privée
dont il a tout le pouvoir de faire ce qu'il veut. De ce credo, Michel
Serres ajoute que «la maîtrise cartésienne redresse la
violence objective de la science en stratégie bien
réglée le maître mot de René Descartes revient
à l'application à la connaissance scientifique72(*) » sur les choses du
monde. Cette recommandation cartésienne considère la nature comme
un objet de l'humain.
Retenons que ces conséquences qui dérivent des
idées de René Descartes, souligne Bernard Feltz sont
« l'objectivité, externalité, domination73(*) » de la nature. Pour
être maître et possesseur, l'humain doit découvrir les lois
de la nature. René Descartes rejoint en effet Francis Bacon, mais
seulement que chez lui l'humain ne doit pas être humble pour apprendre de
cette nature, il doit par ces choses qui l'environnent devenir maître. La
mission est de dompter la nature en un agresseur pour la soumettre aux
caprices, jouissance et besoins de l'humain. Nous soulignons en effet, que ce
cordon ombilical qui considère la nature en un objet de jouissance
et de sans valeurs est visible même dans la philosophie
cartésienne. Celle d'appliquer la science par l'expérience des
faits dans la nature pour la maîtriser en retour. Cette attitude
constitue comme nous avons souligné pour Francis Bacon aussi un mal
capital qui nous a conduits à la crise écologique que nous sommes
en train de subir aujourd'hui. Par leurs idées, le monde scientifique a
soumis la nature au crible de la raison humaine et a fait d'elle un champ
d'expérimentation. C'est ce que dira Roger Bacon que, « sans
expérience rien ne peut être connu de manière
suffisante74(*) ». Ce que nous reprochons à
René Descartes est le fait de placer l'humain au centre de toute
pensée sur la nature. Le rendre maître et possesseur. Par ces
affirmations selon lesquelles l'être est celui qui pense sur la
nature ; l'humain est exalté et mis à un haut niveau comme
un dieu sur terre. La pensée cartésienne est d'une part la racine
à l'idéologie anthropocentriste. Et d'autre part à
l'exaltation de l'humain comme maître de la Terre. Ainsi, toute la
science moderne aura comme mobile : utiliser la nature pour le plus grand
bonheur de l'être humain.75(*)Et ce credo sera qui se constituera en une seconde
idéologie dite scientifique
I.2.1.2. L'idéologie
scientifique : déterminisme et scientisme
Il faut d'abord rappeler que la première
idéologie dite philosophique nous a montré comment certaines
affirmations et recommandations de philosophes sur la nature, ont
été départagées d'après la
compréhension et la méthode de chacun. Mais de leurs affirmations
et recommandations, notre rapport avec les choses du monde a changé.
Premièrement, elles demandent aux humains de triompher sur la nature par
la connaissance des lois. Deuxièmement d'en être maîtres et
possesseurs. Pour y arriver, ils questionnent la nature et cherchent de
réponse en elle. Par ailleurs, ce que voulaient les savants philosophes,
ce n'était pas la connaissance passive sur la nature, mais plutôt
celle agissante et transformatrice de la nature. Cette connaissance agissante
et transformatrice est le socle de l'idéologie scientifique. Cette
idéologie dite scientifique souligne Michel Serres, « quitte
la mathématique à la grecque où la déduction
commande, pour une méthode plus inductive qui ne peut pas
réussir. Laissant la maîtrise pour la soumission76(*) » de la nature
à l'humain. Une soumission qui plonge l'humanité dans le
chaos.
De plus, l'idéologie dite scientifique est tributaire
du rationalisme cartésien ; celui de vouloir rendre l'humain
maître et possesseur de la nature. En effet, Descartes étant
à la recherche d'un principe fondateur de toute connaissance, aboutit
à des résultats qui l'amènent à ne concevoir
clairement que l'étendue figurée et mobile, et aussitôt il
néglige la réalité de tout le reste. Il fait de l'univers
matériel un mécanisme infini où tout se produit selon les
lois de la mécanique et de la géométrie.77(*) Le fait que René
Descartes néglige la réalité par la connaissance claire et
distincte, celui-ci ouvre la porte aux sciences afin de s'intéresser
uniquement du savoir scientifique en oubliant ce qui fonde la vie. En revanche,
par les lois de la mécanique et de la géométrie,
René Descartes introduit le déterminisme dans la nature avec
comme base les lois mathématiques.
Relativement avec René Descartes, l'objectif de la
science est de conduire l'humain à la certitude et cela grâce au
recours à la mathématique. C'est par la mathématique qu'on
arrive à la certitude. En effet, la philosophie cartésienne a
légué à la science moderne la logique mathématique
comme fondement. Cette logique a pour mission d'amener l'humain à la
certitude. Ainsi, même certaines sciences comme les sciences de la nature
pour arriver à la certitude doivent l'utiliser. Et donc l'étude
de la logique mathématique entre dans la compréhension de la
nature. Raison pour laquelle, nous pensons que cette logique est en effet un
réalisme. Une logique dont la réalité est
indépendante de la nature, mais que l'humain peut connaitre. Ce
réalisme est antécédent du déterminisme de la
nature comme conséquence. Finalement, l'étude de la physique
entre aussi dans la nature et ainsi commence aussi l'idée
mécanique et déterministe de la nature. Cette idée
développée par la physique classique, interprète la nature
partant des théories mathématiques où l'humain est
centré.
En plus, la tendance déterministe et mécanique
pose un problème fondamental dans la nature ; celui dans laquelle
les conséquences que subit l'humanité aujourd'hui sont sous la
détermination comme antécédents partant des idées
énoncées par Francis Bacon et René Descartes. Et aussi
l'exaltation de la réalité par les sciences modernes. En fait,
l'interprétation de la nature défendue aujourd'hui a comme
référence dans les sciences dures : des données
d'Isaac Newton et de la physique classique par la démarche
mécanique et déterministe de la nature. Ce déterminisme
s'est constitué en un réductionnisme de la nature qui ne voit en
elle qu'une seule facette sans tenir compte de sa diversité ou
complexité. Raison pour laquelle, nous critiquons l'idéologie
scientifique parce qu'elle est un mal écologique. Son mal vient du fait
que la nature est le lieu où les lois scientifiques s'appliquent et cela
grâce à la technique.
De plus, à lire l'article de Noël Léon,
« Aux yeux du savant, le déterminisme, c'est la relation
nécessaire d'un phénomène avec ses
antécédents, c'est la base de la loi naturelle, [...] il suppose
une nécessité soumise à quelque règle rationnelle,
accessible à l'intelligence78(*) ». Avec le déterminisme, la nature
est interprétée par la science (raison scientifique) de
façon unidimensionnelle, fixiste, immobile, unique et réduite la
capacité de l'humain L'idée liée à la question du
déterminisme de la nature est d'ordre global déterminé par
les lois. Elle a fait de la nature une chose soumise inéluctablement
à la nécessité de l'humain selon sa rationalité.
C'est pour cette raison que les scientifiques évoquentle
déterminisme dans les actes humains. Ceci pour montrer que, tous les
actes que l'humain posent sont déterminés d'avance. Qu'ils soient
posés sur la nature, ceux-ci sont déterminés. Le
déterminisme veut que l'acte soit le résultat de ses
antécédents, qu'il soit rattaché à certaines
conséquences qu'il implique.79(*)Ici les antécédents sont les
idées baconienne et cartésienne de la science.
En outre, une autre tendance s'inscrit dans l'idéologie
scientifique. Il s'agit du scientisme. Par scientisme, on entend cette
idéologie qui pense tout expliquer du monde par les données de la
science moderne. Son maître mot est que « la science est notre
jugement dernier80(*) ». Il pose le problème de la
réductibilité, de la logique, voire aussi de la
réalité. Tout ceci explique en quoi René Descartes a
influencé la manière de pratiquer la science. Son influence dans
l'interprétation de la nature est celle « de la raison,
réduite à n'être qu'une raison instrumentale fabricante
d'outils, de machines81(*) », etc. Ceci étant, le scientisme a
fait de la raison la décideuse des choses du monde. Ces choses sont en
d'autres termes comme un ensemble de faits sur lesquels la science donne les
lois à la technique, et cette dernière les met en pratique.
Ainsi, la science devient alors un savoir sur la nature et la technique un
pouvoir sur la nature. Adrien Lentiampa ajoute que « la science a
abandonné sa mission explicative du monde phénoménal pour
s'adonner à la recherche effrénée de l'efficacité
à travers l'omniprésence de la technique82(*) ». L'expression
actuelle de la science est l'élaboration technique de mesure applicable
par la technique actuelle au besoin de l'humain peu importe le moyen.
De ce qui précède, les conséquences qui
en découlent font que les sciences actuelles sont à la
conquête de la réalité dans la nature pour le bonheur de
l'humain. Pour reprendre l'expression de Bernard Feltz :
« la science est perçue comme un facteur
d'amélioration de la condition humaine83(*) ». L'idée est celle de vouloir
connaitre les choses du monde telles qu'elles se présentent, partant des
investigations de la science et la technique. Rendre la raison humaine une
nécessité imposée dans la nature. Cela va sans dire, c'est
s'exposer au danger. Le scientisme a inauguré l'anthropocentrisme
qu'avaient commencé les lumières.
En ce qui regarde notre maître à penser, la place
de la science aujourd'hui est devenue décisive. Elle peut
contrôler ou violenter le monde. La connaissance scientifique
résulte de l'idéologie qui a « fait de la cause une
chose, [...] où un fait devient un droit et inversement84(*) ». Avec
l'idéologie cartésienne nous savons que la science au
XXIème siècle a reçu une mission, celle de posséder
la nature. Cette mission est devenue pour la science un droit avec lequel
l'humain transforme la nature puisque c'est sous prétexte des
données scientifiques. En ce sens et paraphrasant Michel Serres dans
Le contrat naturel, l'on voit dans toutes les théories
spéculatives et scientifiques une objectivation fidèle et exacte
fondant toute application de la science et la technique dans les choses du
monde.85(*)
De plus, analysant les dommages collatéraux que la
nature subit aujourd'hui, ceux-ci ont aussi pour racines et se trouvent dans la
connaissance appliquée dérivée du scientisme. Les
expressions du savoir « ne font pas la paix avec le monde86(*) » c'est pourquoi,
l'idéologie scientifique, plaide de nos jours
« contradictoirement des bienfaits ou des méfaits d'une
connaissance » des choses de la nature. Michel Serres ne partage pas
la visée de la science actuelle, parce que cette dernière ne
tient pas compte des choses du monde. La place décisive que l'humain a
maintenant dans les sciences de la nature n'échappe pas au
contrôle et à la violence de la nature. Cette place réduit
la nature à une réalité sans valeur. Réduire la
nature à la simple compréhension de l'humain a fait de lui
malheureusement le centre de la Terre (nature). La conséquence qui
découle de cette vision anthropocentrique, nous avertit que,
« la nature se réduit à la nature humaine qui se
réduit soit à l'histoire, soit à la raison : le monde
a disparu87(*) ».
Dans un même ordre d'idées, pour Michel Serres,
cette conséquence réductionniste de la nature enracinée
dans le programme scientifique venant du rationalisme critique, ouvre la voie
à la victoire de la raison humaine sur les restes de la nature,
« dans un combat qui dure depuis la préhistoire88(*) ». Il s'agit bel et
bien de la science et du droit ; le savoir et la loi. A en croire
l'article de Adrien Lentiampa, la domination de la nature a dorénavant
pris racine dans l'esprit humain moderne suite aux avancées de la
science qui la considèrent comme la seule manière
d'appréhender la réalité.89(*)
A ce propos, Michel Serres souligne que, l'autre
problème de l'idéologie scientifique est celui de coupler la
science et le droit. Pourtant, questionnant l'histoire ; la science et le
droit sont deux domaines qui généralement sont en opposition.
Pour cette raison, la science a le projet et le droit à la loi.
Inversement, la science moderne s'érige en une idéologie
contractant la science et le droit. Le savoir se fait passer pour une loi.
Voilà pourquoi, les désirs du savoir sont les ordres de la loi.
Ainsi, nous imitons pour dominer et nous emportons pour
détruire.90(*) Ce
mariage a donné le droit aux sciences modernes de manipuler la nature
selon leur mode opératoire. Aujourd'hui par exemple il y a
accélération sévère de la révolution
industrielle comme cause majeure à la crise écologique. Par le
vouloir mettre en pratique ce que les savants disent, la science domine la
nature et la détruit aussi. Car il s'agit du savoir pour appliquer.
C'est pour cette raison que Michel Serres affirme : « le maître
mot de Descartes revient à l'application à la connaissance
scientifique et aux interventions techniciennes du droit de
propriété91(*) ».
Ce qu'il faut retenir à ce sujet c'est que, les
idéologies philosophico-scientifiques inaugurent l'âge moderne de
la science, celles recommandées par Francis Bacon, René Descartes
et aux sciences modernes d'avoir le pouvoir d'être maître et
possesseur de la nature. De ces recommandations, la nature a été
vue comme une chose, un objet de la science, c'est-à-dire de la
rationalité humaine. Celles-là ont engendré l'idée
déterministe et scientiste de la nature. Dès lors, de plus en
plus la nature et ses éléments dépendent de l'humain. Ces
idéologies ont fait de l'humain le centre de tous les
éléments de la nature(Terre). A cet effet, l'humain a mis les
éléments de la nature dans une prison réductrice et
fixiste. Il a cependant oublié qu'il est dépendant de cette
collectivité des choses d'où il tire les origines. La science
moderne quant à elle, a mis la nature au premier plan de son projet et
de son agenda. Tout ceci par pire vouloir connaitre et dominer. Michel Serres
condamne cette philosophie parce que « le savoir se confond avec la
domination92(*) ». Les scientifiques ont confondu ce qu'est
le savoir par rapport au pouvoir. Pour eux savoir veut dire pouvoir. C'est de
leurs propos que l'humain se construit un pouvoir absolu sur les choses du
monde. Étant convaincu en esprit qu'il est absolu, il ne peut que se
considérer fort sur la nature. Ainsi, l'humain moderne devient par voie
de conséquence grâce à la science et la technique le centre
de la nature ; c'est de l'anthropocentrisme.
I.3. L'ANTHROPOCENTRISME
Au point précédant, nous avons
évoqué les idéologies philosophico-scientifiques de la
nature comme mal et sources de la crise écologique. Dans un premier
moment, nous avons décrit l'idéologie philosophique où
nous avons vu que celle-ci a pris son envol grâce aux philosophes du
temps moderne (Francis Bacon, René Descartes, etc.) et aussi avec les
philosophes des lumières. Ceux-ci, par souci de rompre avec la tradition
médiévale, ont renversé la manière de penser en
science et en philosophie. Pour eux, l'humain n'est pas celui qui doit attendre
les réponses venir d'une réalité divine. Il doit par
contre questionner la nature par l'expérience de faits pour avoir les
réponses par rapport à ses inquiétudes. C'est avec eux
encore que la nature devient le lieu d'investigation de la pensée qui
conduit l'humain à la connaissance et possession du pouvoir.
Dans un second moment, nous avons évoqué
l'idéologie scientifique. Ici nous avons montré, qu'elle est
l'héritière directe de la rationalité cartésienne.
Rationalité qui veut que les sciences aboutissent à une
connaissance claire et distincte, c'est-à-dire certaine. Etant dans le
schéma cartésien, la nature est interprétée de
manière déterministe et mécanique grâce au recours
de la mathématique. Cette interprétation vient de l'humain
partant de sa propre logique. Toutefois, dans cette idéologie dite
scientifique, il y a une deuxième tendance. Il s'agit du scientisme. Le
scientisme se veut une religion qui prêche la nécessité de
la science comme solution dans le problème que l'humain fait face.
A la suite de ces constatations, nous sommes arrivés
à la conclusion selon laquelle, ces idéologies ont donné
à l'humain une place et un rôle central dans le monde. Celui-ci,
conscient, pense qu'il est le centre du monde, se croit fort et se prend pour
un être universel, un élément plus important que les
autres. Cette attitude est dite anthropocentrique. L'anthropocentrisme est
l'objet de ce présent point. Notre objectif est d'analyser en quoi
l'anthropocentrisme est une des sources de la crise écologique actuelle.
Mais, avant d'aller plus loin avec l'analyse, dissipons d'abord tout malentendu
autour de ce concept.
Qu'est-ce que l'anthropocentrisme ? D'après
l'encyclopédie philosophique universelle, tome 1,
« l'anthropocentrisme désigne une doctrine qui place l'homme
au centre du monde93(*) ». La même définition, nous la
trouvons aussi chez André Lalande pour qui, l'anthropocentrique est
cette tendance « qui fait de l'homme le centre du monde, et
considère le bien de l'humanité comme la cause finale du reste
des choses94(*) ». Partant de ces définitions, on
peut dire autrement que, l'humain est l'intersection où convergent tous
les éléments du monde et dont lui seul est capable de
décider sur ce qu'il veut, aime et souhaite, car il est le sommet. Cette
tendance a de répercussion sur la nature. Elle fait de tous les
éléments de la nature une entité privée et trouvent
sens que dans la logique humaine. En ce sens, les choses du monde (êtres
vivants, inertes, etc.) lui sont subordonnées, c'est-à-dire
dépendantes de lui.
Si nous l'analysons très bien, au cours de l'histoire
et par rapport à certaine conception, nous découvrons que cette
doctrine émane de trois sources lointaines : d'abord de la
thèse mytho-judéo-chrétienne de l'interprétation
cosmologique de la Bible à laquelle l'humain est au centre du jardin
Eden avec mission et ordre divins de soumettre et assujettir les autres
êtres de la terre95(*). Dieu a octroyé à l'humain le pouvoir
en tant qu'être supérieur aux autres de dominer sur la terre.
Cette thèse pour certains auteurs chrétiens émane d'une
mauvaise interprétation de la bible. Ensuite, la deuxième source
est présente dans la thèse mythologique énoncée par
Platon. Le mythe de Prométhée et Epiméthée qu'il
raconte dans Protagoras. Ici, l'humain eut le privilège de
recevoir lui seul le feu contrairement aux autres êtres. Ce
privilège lui donne la force et le pouvoir sur les autres êtres de
la nature qui ne l'ont pas eu. Platon raconte :
Quand l'homme fut en possession de son lot divin, d'abord
à cause de son affinité avec les dieux, il crut à leur
existence, privilège qu'il a seul de tous les animaux, et il se mit
à leur dresser des autels et des statues ; ensuite, il eut bientôt
fait, grâce à la science qu'il avait, d'articuler sa voix et de
former les noms des choses, d'inventer les maisons, les habits, les chaussures,
les lits, et de tirer les aliments du sol96(*)
Les dieux ont donné la liberté, la force, la
raison et l'autonomie à l'être humain par rapport aux autres
êtres de la création. Par la suite, il devient un être
exceptionnel du fait que lui seul ale langage. Les thèses partagent une
chose en commun ; le privilège de l'humain sur la nature provient
d'une réalité divine. Enfin, la troisième est moderne,
énoncée au XVIIème siècle. L'anthropocentrisme
moderne tire sa source dans la science moderne (savoir-pouvoir), qui a
octroyé à l'être humain un pouvoir central sur les autres
éléments de la nature. D'après Bernard Feltz,
« Descartes considère que l'homme est un être
supérieur aux animaux et aux choses naturelles97(*) ». De ce fait,
l'humain pense exercer un pouvoir autoritaire sur le monde. Parlant de
l'origine moderne de l'anthropocentrisme, Luc Ferry ajoute à la suite de
Bernard Feltz que « Descartes, [est le] père fondateur de
l'anthropocentrisme moderne98(*) ». Ce philosophe français(Luc Ferry)
pense que cette doctrine est une philosophie utilitaire ne prônant que
l'intérêt de l'humain. René Descartes a proclamé
sans doute la supériorité de cet être (humain) face
à la nature. Pour lui, il est supérieur aux animaux parce qu'il a
la raison.
Cependant, cette doctrine place l'humain au centre de tout
comme décideur dont tous les éléments du monde
dépendent de lui. Cette théorie pour qui, « les
êtres humains possèdent certaines caractéristiques en
commun avec les animaux, mais sont les seuls à posséder une
âme spirituelle et à être doués de raison [où]
les animaux ne sont que des automates dont les mouvements sont
entièrement réductibles à des principes
mécaniques99(*) » est à l'origine de la crise
écologique. Ceci dit, prendre l'humain comme centre du monde est un
danger. Dans sa rationalité, l'humain est prêt à tout faire
de la nature, oubliant même qu'il est un élément fragile et
faible par rapport à la nature. L'écologie profonde est contre
une telle conception et la qualifie de spécéiste. Lisant le livre
de Jean Onaotsho Kawende, celui-ci souligne que « la pensée
moderne, est essentiellement anthropocentrique, considère le monde comme
une donnée disponible, manipulable, exploitable pour la satisfaction des
besoins de l'homme100(*) ». Autrement dit, tout n'a de sens que
dans et pour l'humain.
En plus de cela, il y a des thèses qui soutiennent que
l'anthropocentrisme tire ses arguments dans la philosophie prêchant le
triomphe de la raison humaine sur la nature. Cette philosophie fait de l'humain
un être exceptionnel des autres, raison pour laquelle il est le centre de
tout. Il joue un rôle de référence. Le problème avec
l'anthropocentrisme est question de la fonction et du rôle que joue
l'être humain dans la nature. Depuis Aristote, l'interprétation
qui vient de l'humain sur les choses de la nature est qu'elles sont
animées par un principe de causes finales. De façon
différente, toutes les choses de la nature ont une fin et celle-ci est
dans l'être humain. En d'autres termes, c'est pour lui que ces choses ont
été créées ou sont là parce qu'il est
là. Et donc les choses du monde n'ont un sens que dans lui.
De ce qui vient d'être dit, il sied de noter encore que,
l'anthropocentrisme est aussi une lecture sur la relation : humain et
nature. Cette lecture fait croire au premier qu'il est supérieur
à la nature et à un privilège. Par ailleurs, si nous
analysons de près, cette doctrine est beaucoup plus un état
d'esprit. Esprit selon lequel l'être humain se voit à un plus haut
niveau sur le reste de la nature. À ce sujet, André Jacob dans
l'encyclopédie souligne sur la structure fondamentale et inconsciente de
notre esprit qui conditionne notre vision du monde. Cette vision, à en
croire Raoul Delbove, fait de cet être le centre de l'univers parce que
c'est vers lui que tende un univers personnalisant.101(*)
La question sera celle savoir : qui élit l'humain
et le place au centre ? Pour répondre à la question,
l'élection ne vient de lui-même. L'humain reçoit un pouvoir
par lui-même pour se construire une autorité dont lui seul est la
première victime potentielle. Néanmoins, cette attitude a
modifié l'environnement en fonction du besoin et des caprices humains.
Soulignons que cette pensée est un mal écologique. Elle a fait
des choses de la nature une entité humaine. Ce qui signifie que, les
choses de la nature sont attentives aux besoins de l'humain. Pape
François dans son encyclique Laudato'si ajoute à ce
sujet que l'anthropocentrisme moderne a fini par mettre la raison technique
(humaine) au-dessus de la réalité102(*). La question que nous devons
nous poser à ce sujet est celle de savoir : qu'est-ce qui donne
à l'être humain ce pouvoir ?
Pour répondre à la question, l'être humain
ne sait pas exactement où est sa place et son rôle dans la nature.
Cette méconnaissance nuit à la relation qu'il a avec la nature en
général. Il a le sentiment de vivre en un être autonome,
universel et indépendant dans le monde. Autrement dit, il veut vivre
sans rendre compte à personne parce qu'il se sent plus important que les
autres êtres. A ce qu'il parait, Hans Jonas estime que le sentiment
anthropocentrique vient de l'intérêt de l'humain qui se
réduit à lui seul au détriment de tout le reste de la
nature.103(*)
L'intérêt est le mobile premier qui le pousse à vivre comme
un être totalement complet. Son attitude supprime et nie la valeur des
autres êtres de la nature.
Cela dit, venons-en maintenant à la question de
l'anthropocentrisme avec notre maître à penser. D'après
Michel Serres, la nature est une totalité dans laquelle tous les
éléments sont liés et en relation
d'interdépendance. En fait, l'être humain est un
élément de la nature liée à elle et prend naissance
dans la nature. Cependant, par la soif, la raison d'être chef et
maître, il se considère comme un gros animal, un
Léviathan vivant.104(*) Conséquence, il devient un loup pour le monde
dans lequel il vit. L'anthropocentrisme dans la philosophie serresienne est
« la lutte de l'homme pour la vie contre les autres espèces de
flore et de faune que, parvenus à un seuil105(*) » central. Ceci
explique pourquoi Michel Serres refuse d'employer le terme environnement, car
dit-il, celui-ci signifie que l'humain siège au centre du monde et le
reste gravite autour de lui.
De plus, notre auteur pense quant à lui que
l'anthropocentrisme moderne est un « humanisme qui [...] promeut
[l'homme] au milieu des choses ou à leur achèvement
excellent106(*) ». Sur ce, l'humain considère le
monde comme une réserve dans laquelle lui seul a le droit de statuer.
Etant conscient d'être le seul sujet de droit, le monde n'est que l'objet
de satisfaction des besoins. Avec évidence, l'anthropocentrisme vient du
droit naturel. Celui-ci a fait de la nature un particulier (objet) et
l'être humain (sujet) un universel. Ceci explique en quoi, « la
nature se réduit à la nature humaine qui se réduit
à l'histoire, soit à la raison107(*) ». Discourir sur la question de
l'anthropocentrisme en écologie chez Michel Serres c'est évoquer
la notion du subjectivisme et racisme de l'esprit. Par le contrat social, au
nom du droit naturel, l'être humain reçoit seul le statut
d'être sujet ayant des droits. Et les autres êtres ne sont que des
objets. Il s'agit là d'un renversement où « le local
(humain) envahit le global (nature) et devient totalité ou
intégriste108(*) ». L'universalité de l'être
humain dans le monde ou sa centralité se réduit à la
notion du subjectivisme juridique. Depuis Jean-Jacques Rousseau, l'humain est
le privilégié du droit. C'est de lui qu'il reçoit le
statut d'être seul sujet du droit. En tant que tel, le monde se trouve
écarter du droit, considérer comme un inconnu.
En dehors du droit naturel, la déclaration des droits
de l'homme fait la même chose. Celui-ci promeut l'être humain au
rang du sujet ayant des droits. A en croire Michel Serres, la
déclaration droits de l'homme « ignore et passe sous silence
le monde109(*) ». N'est-ce pas une humiliation de la
nature réduite au néant, à quelque chose qui ne parle pas
et dont on ne peut même pas se préoccuper ? En réponse
à cette question, soulignons que la réduction de la nature au
statut d'objet a occasionné la crise écologique. Cette
réduction est venue suite à l'esprit anthropocentrique
considérant la nature commeun objet passif, propriété
privée de l'humain.
La crise s'articule dans la relation d'universalité et
de particularité où la relation est verticale. L'être
humain est dans cette relation ; « sujet-roi-soleil des
objets110(*) ». Michel Serres appelle cette relation et
croyance mettant uniquement l'être humain au centre comme un couplage
asymétrique. En d'autres termes une relation verticale et imposante, car
nous nous « croyions naguère sujet, individuels ou
collectifs, d'un objet passif, le monde111(*) ».
En outre, nous savons que l'anthropocentrisme constitue un mal
écologique, puisqu'il a fait croire à l'humain qu'il est le tout
puissant, sa place n'est qu'être le centre du monde. Ainsi, les autres
êtres dépendent de lui. Cependant, il y a tout lieu de croire que
cet esprit anthropocentrique est révolu avec la notion de la physique
quantique où tout est lié. Il n'y a ni centre, ni environnement,
ni sujet seul ou objet seul. Le tout forme la compréhension totale du
réel. Dans Rameaux, Michel Serres dit en substance que
« le père est trôné au centre du monde,
détenteur des forces et de la raison112(*) » est détrôné de son
rôle et fonction. « Désormais, il n'y a plus de
centre113(*) » ; ceci nous fait penser à la
triple humiliation de l'humain qu'explique Sigmund Freud.114(*) Il n'est plus au centre du
monde. Il doit être avec le reste du monde dans une relation traversable
et symétrique.
I.3. CONCLUSION
Les problèmes écologiques actuels
touchentl'ensemble de l'humanité. Evoquer ces derniersreviennent
à proposer des stratégies adéquates pour la sauvegarde de
la nature d'un côté et du comportement à adopter de l'autre
côté. Cependant, avant d'arriver à proposer des
stratégies pour les limiter, il est toujours important de connaitre
leurs origines, c'est-à-dire le point de départ qui les a
déclenchés. C'est pourquoi, à la lumière de Michel
Serres nous avons analysé certains points de départ ayant un lien
direct ou indirect avec ce que nous appelons crise écologique ou
problèmes écologiques.
Cependant, en se constituant en un juge qui tranche et veut
donner la part de l'humain dans les problèmes écologiques,
notre raisonnement sur la question des problèmes écologiques
est parti à la suite de Michel Serres questionner l'histoire pour
savoirs ce qu'elle a déjà enregistré à propos des
bouleversements écologiques ou de la nature avant de condamner l'action
humaine. Ainsi, les faits trouvaient sont que, la nature dans son
fonctionnement et son caractère dynamique s'auto-organise pour son bon
fonctionnement. Et donc les grandes extinctions et bouleversements
écologiques viennent d'abord des faits naturels sans interventions de
l'être humain. Ceci fait qu'il n'est pas le premier à perturber le
système naturel des choses du monde. Ensuite, au-delà des
phénomènes naturels de la terre, l'humain est acteur des
perturbations des écosystèmes. Ceux-ci ont commencé par
les pensées des auteurs (Parménide, Francis Bacon, René
Descartes, etc.). Ceux derniers ont fait de la nature une chose sans valeurs,
un non-être pour le premier, une chose à connaitre pour dominer
après pour le second, une chose que l'être humain doit être
maître et possesseur pour le troisième, une chose vide de sens
pour le dernier. Cette manière de penser est noyau à la science
moderne qui considère la nature comme une sorte des données dans
lesquelles il faut exploiter.
La science résultante de ces auteurs,
déterministes et scientistes a enfoncé les clous dans la plaie,
car la nature était devenue réellement cette chose de sans
importance. Fin, leurs pensées ont changé l'état d'esprit
pour l'humain contemporain, celui-ci se considère maître le centre
de tout, possesseur de la vie et dont le reste est non-être. Centre de
l'univers avant, de la terre ensuite, du monde maintenant. Ainsi, par soif de
pouvoir, du gain considère la nature comme capital avec lequel, il a un
pouvoir. Tout ceci est exactement le décombre de la culture. Celle-ci
est au niveau de l'intellect.
De plus, de cette culture conçue par différentes
conceptions et visions sur la nature à son tour se matérialise
par des techniques. Son pouvoir le conduit à développer davantage
des techniques pour manipuler cette nature dont il dépend. L'humain
contemporain crée une sorte de symbiose entre science moderne et
technique moderne pour faire sortir une technoscience laquelle nous plonge
aujourd'hui dans un chaos inédit où lui-même est victime
à travers les conséquences il subit actuellement que nous allons
développer dans le deuxième chapitre. Le développement des
techniques et croissance économique proviennent de la soif accumulatrice
des productions capitaliste. Ajoutons aussi que notre auteur a la limite, celui
de ne pas marteler avec forces ces origines qui ont été à
la base de problèmes écologiques.
CHAPITRE DEUXIEME : LA
PROBLEMATIQUE DU PROGRÈS TECHNIQUE
II.O. INTRODUCTION
En préambule, le changement climatique, la pollution de
l'air, la dégradation de la nature, la concentration de gaz à
effet de serre, la crise de l'eau, la perte de la biodiversité,
l'extinction des espèces animales et végétales, etc., sont
les résultats et conséquences d'une nature menacée. Cette
menace vient des antécédents que nous avons évoqués
au premier chapitre où les humains sont maîtres et possesseurs.
Sans doute, la gravité de ce changement paraît actuellement une
affaire de tous. Etant donné que les transformations de cette crise sont
radicales, notre rapport au monde a changé jusqu'à
bouleversernotre habitat. Par le droit naturel moderne, l'humain est
maître et sujet de droit.La révolution technique et industrielle
accentue les répercussions écologiques. Ces dernières,
tributaires du progrès technique, menacent l'ensemble des êtres
vivants.
Au chapitre précèdent, nous avons montré
les causes profondes à l'origine de la crise écologique. Nous
avons souligné que les caractères essentiels des problèmes
écologiques décriés aujourd'hui prennent sources
d'aborddans les phénomènes naturels, ensuite de la mauvaise
philosophie et tendance sur la nature : des auteurs philosophes et
scientistes. Et enfin dans l'anthropocentrisme. Ces éléments sont
en effet à l'origine de la problématique actuelle des
conséquences écologiques par le fait qu'ils ont donné
à l'être humain un pouvoir sur la nature. Les problèmes
écologiques modernes émanent de tous ces
phénomènes-là et tous sont réunis autour du vocable
développement technique et croissance économique. De nos jours,
ceux-ci se regroupent autour d'un concept clé et fondamental :
action humaine. Cette action se comprend dans les progrès technologiques
et l'accumulation des biens. Ceux-ci sont en effet un problème
impliquant des conséquences que ce chapitre se propose d'analyser dans
les textes de Michel Serres. De ce fait, dans ce chapitre, nous
présenterons la problématique du développement des
techniques, capitaliste et leurs effets dans la nature.
II.1. ANALYSE DES DEUX
ORDRES : PROGRES TECHNIQUES ET DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
II.1.1. LES PROGRÈS
TECHNIQUES
La technique est une vocation humaine, voire de
l'humanité en général. L'être humain est technique
(homo faber : fabricant, technicien à son genre) et en
même temps sage (homo sapiens : intelligent). Cette
dualité (technique et sagesse) s'articule en lui, l'intellect influence,
le technè et le technè l'influence également. Cette
articulation de ce couple le définit complétement. Raison pour
laquelle la culture et technique s'associent. Par ailleurs, de nos jours, la
technè agit et transforme les objets du monde. Elle est aujourd'hui un
problème fondamental. Le développement technique comme dit
ci-haut est devenu un problème majeur en écologie, et cela,depuis
l'ère dite industrielle où l'humain est parvenu à inventer
la machine à vapeur, les usines industrielles, etc. Ce
développement est beaucoup plus accentué par les nouvelles
techniques, c'est-à-dire association entre les scientifiques et les
techniques. Cette association est actuellement une menace pour la vie des
êtres vivants sur la planète. Car toutes ces techniques finissent
leur course dans la nature et la transforment en retour. Le
développement des sciences de la nature produit de manière
efficace permet aux techniques actuelles d'être à la hauteur et
d'émerger dans tous les domaines de la vie. Elles sont comme un moyen
permettant à briser tout limite et difficulté que les humains
font face.
Toutefois, pour Michel Serres, la technologie est la nouvelle
culture, une nouvelle politique que les humains de cette décennie
épousent. Car, tout devient technique au point où la nature veut
être technicité. En ce sens, le philosophe français
déclare que, « les technologies [...] ont mille fois plus
d'influence sur la société [...] aux conséquences
surévaluées, en comparaison115(*) ». Ceci atteste en quoi le
développement des techniques est une affaire qui se questionne à
tout le niveau de la vie, voire dans la relation entre l'humain et le
non-humain. Selon lui, le développement technique dans le processus de
la nature est une violence, une crise pure et déchainement sans
arrêt possible.116(*) La crise vient de la nouvelle culture.
II.1.1.1. Culture et
technique
La culture est cet ensemble des connaissances et savoirs
acquises propre à un individu vivant en société. Ces
connaissances et savoirs deviennent communautaires lorsqu'il y a un ensemble
d'individus vivent, les transmettant et pratiquent ensemble en vue de former et
transformer la vie en société. Les connaissances et savoirs sont
vécus et appris par cette même communauté comme
héritage historique. A son tour, la communauté vivante s'en
charge de les transmettre aux générations futures comme symbole.
De ce fait, la culture devient ce « lieu de production des
symboles117(*) » pour une communauté. En outre, la
technique est « la procédure par laquelle on peut obtenir un
résultat déterminé118(*) ». Une mise en pratique d'une structure
théorique pour une finalité matérielle. Inversement, la
relation qu'à la culture et la technique, est une relation
d'actualisation et de matérialisation. En ce sens, la culture se vit et
se matérialise par les techniques et pratiques. Les savoirs culturels
comme reproductions symboliques s'appliquent dans la technique produite par la
communauté.
En d'autres termes, la technique est la matérialisation
de la culture. Et donc tout développement culturel engendre un
développement de la technique. C'est pourquoi, la technique est en fait
le développement matériel de la culture. Comme l'a si bien dit
Jean Onaotsho Kawende :
« Les techniques [...] sont des traits culturels
matériels dotés d'une certaine efficacité dans la lutte
pour la plénitude sociobiologique de l'homme [...] elles se
présentent à leur tour comme des facteurs
générateurs des valeurs culturelles et des habitudes
comportementales119(*) ».
Dans ce contexte, la culture se pratique dans le vécu
quotidien. Il y a une inséparabilité entre culture et technique.
Les deux « sont en constante interaction. La culture est une
condition de possibilité de la technologie. Pas de technologies sans
culture120(*) ». Sous ce rapport culture et technique,
le développement des techniques est une nécessité de la
culture cherchant à briser les limites anthropologiques. Ainsi, pour
Michel Serres, à vouloir surmonter ces limites, aujourd'hui
« les techniques [...] touchent toutes les espèces sauvages,
placés entre extinction et protection121(*) ». Au reste, la visée de la
technique est la réalisation de l'activité théorique comme
la culture. C'est là que le problème commence ; vouloir
matérialiser un esprit par une technique transformatrice.
Par ailleurs, dans le livre Temps des crises,
l'auteur affirme que, « nous assistons à des crises
locales et partielles, dues, en effet, aux nouvelles technologies et qui
touchent tous les secteurs122(*) ». Son affirmation vient du fait que de
nos jours, il y a émergence des nouvelles techniques produites de la
culture contemporaine. Cette culture préfère briser les limites
ou faiblisses de l'être humain. En revanche, l'idée des
progrès techniques et de la culture contemporaine est le point central
qui a poussé Michel Serres à écrire Le contrat
naturel, Temps des crises, et bien d'autres livres sur l'écologie.
Car d'après lui, tous les problèmes écologiques commencent
par deux maux fondamentaux : la culture et la politique (technique). Par
culture comme socle de l'agir, l'humain estcompris dans l'action, le
savoir-faire et la relation interpersonnelle. Pour sa part, le philosophe
français pense que la culture « commence par la nature, [et]
elle est la nature même123(*) ». Cet ensemble des us et coutumes qui se
dessine dans la communauté. Si la relation culture-nature est
brisée ; là commence les crises en général.
Sur ce, pour être en harmonie, il n'est pas bon de couper cette relation,
mais la nouer davantage.
De ce qui précède, parlant de la culture
contemporaine qui sont à la base des problèmes
écologiques, produit par les techniques transformatrices de la nature,
Michel Serres sous-entend celle de moderne, héritée de tout ce
que nous avons énoncé dans le premier chapitre comme sources
lointaines de la crise écologique à savoir : l'empirisme
baconien et le rationalisme cartésien qui ont conduit à
l'humanisme moderne. Cependant, les développements des sciences de la
nature ont contribué à l'accroissement des techniques pour
atteindre le rêve prométhéen. Celui de
« l'ingéniosité humaine sur la nature ». Il
affirme que nous sommes en face des deux cultures : la première est
celle de « l'ancienne maison où le vivant était plus
technique qu'on ne croit [la deuxième] ; nouvelle où la
technique est plus vivante qu'on ne dit124(*) ».
Toutes les causes précitées dans le premier
chapitre sont aujourd'hui le socle du progrès technique comme dit
ci-haut. Et par politique comme mal écologique selon Michel Serres,
c'est justement la manière dont l'humain gère et gouverne les
choses du monde. Une gouvernance qui n'est pas encore ancrée dans
l'esprit humain, surtout dans sa relation avec le reste de la nature. Dans un
autre langage, cette politique est exactement l'agir humain. En outre, il est
vrai que l'humain actuel est héritier d'une culture selon
laquelle ; il est maître et possesseur, cet héritage
aujourd'hui est antécédent à une conception
transformatrice de la nature.
Cependant, les deux maux dont souligne Michel Serres, à
savoir : culture et politique ont horreur du monde parce que la nature a
une langue que la culture et la politique ne comprennent pas. Celles-ci nous
mettent dans une bataille dans laquelle nous nous battons tous contre un
adversaire physiquement faible, mais capable de nous détruire tous.
L'invention de la technique ne date pas d'aujourd'hui. Elle est d'ores et
déjà dans l'humain. Dès son apparition sur terre,
l'être humain emploie les techniques pour appréhender la chose.
Mais seulement que depuis l'ère industrielle, les techniques
créent le moulin à vent et à eau, vaisseaux spatiaux,
grues, palans, fusée, les molécules avec le temps contemporain,
la chimie et l'électromécanique, la biologie cellulaire,
l'épigénétique, la technomédecine, les techniques
médicales, etc. Toutes ces techniques sont en réalité une
association entre science et technique. Aujourd'hui, elles sont promotrices
d'une culture qui n'a aucun sens du respect de la nature. L'ampleur de toutes
ces techniques a fait que la nature se trouve prise au piège des
techniques dévastatrices parce que « la nature est
perçue comme adversaire de l'homme125(*) ».
La crise écologique, aujourd'hui, « vient de
ce que meurent nos cultures et nos politiques sans monde126(*) » et dépend
de l'agressivité de l'humain face aux choses de la nature, lui qui pense
avoir un pouvoir. Autrement dit, l'humain par son agressivité est le
seul à décider sur son sort et celui de son avenir. Par le
développement des techniques, celui-ci est en train de
l'accélérer. Nous entrons dans ce que Michel Serres
appelle : la guerre mondiale. Cette guerre n'est pas celle des nations,
mais de tous contre la nature. A force de lutter, les humains enfoncent les
« genoux dans la boue [et] chaque mouvement, [crée] un trou
visqueux127(*) » creusé pour les avaler ou
l'avaler. Cette explication est peinte par un tableau de Gaya à la
couverture du livre. Tout est né de cette violence guerrière qui
finit par une surexploitation de la nature en rendant ce bien public en
conditions de propriété. Conséquence ; souillure et
pollution.128(*)
De plus, l'époque contemporaine est beaucoup plus
traversée par l'émergence des techniques mortifères qui
mettent la vie des êtres de la nature en danger. Depuis l'ère de
l'industrialisation, l'humain oriente toutes les sciences vers l'application
des techniques. Les lois scientifiques sont maintenant servantes des
techniques. Cette culture, souligne Michel Serres, à « horreur
du monde129(*) », elle n'a aucune admiration pour les
choses du monde. Raison pour laquelle elle menace la nature. Personne dans la
culture technoscientifique ne s'intéresse vraiment au cri de larme que
lancent les autres êtres vivants de la nature. En fait, les actes humains
ont changé la face du monde ; « l'air varie dans sa
composition chimique, et donc ses propriétés physiques et
chimiques » ont été modifiées par les techniques
mise au point par l'homo-faber actuel. En effet, le monde en
général entre dans la nouvelle ère qui embarque science et
technique de manière irréversible. Cette ère a pour source
l'héritage historique reçue des idées baconiennes et
cartésiennes, qui nous ont plongé dans un anthropocentrisme dans
lequel les actions humaines sont de nos jours sources de crises
écologiques. Ceci par le vouloir apprendre pour appliquer à
travers les différentes techniques dans la nature.
Dans Le contrat naturel, l'auteur illustre au
début du livre un combat entre deux sujets (Etat ou humain). Ces deux
sujets utilisent des coups dans leur combat. Chacun à son niveau change
de technique et mécanisme pour pouvoir anéantir l'adversaire.
Cependant, non seulement que chaque belligérant est touché par
les techniques de son adversaire, mais tous développent des techniques
pour riposter. Le problème dans cette illustration est que, ce combat se
passe dans un sable émouvant que Michel Serres représente par la
nature. Et toutes les techniques employées par les deux duellistes non
seulement les touchent, mais affecte en grande partie à la nature (sable
émouvant). Ces techniques font que, les deux sujets
« inventent le fer, épées, curasses et bouclier,
découvrent la poudre [...] s'assemblent en armées géantes,
multiplient leur front de bataille, en mer, sur terre et dans les
airs130(*) ».
De ce fait, toutes ces techniques que les duellistes usent du jour au lendemain
s'abattent sur la nature. Les effets sont néfastes et les
conséquences sont dangereuses pour les duellistes. Ceci pour dire,
l'humain aujourd'hui est à l'origine de son propre malheur. Par des
guerres et combats multiplient, l'arsenal nucléaire est inventé
pour sa propre destruction. Résultat ; nous entrons dans une guerre
globale et développons des techniques contre la nature.
A ce propos, le philosophe français souligne que nous
détruisons le monde à nouveau chaque fois que nous nous battons
et entrons en guerre entre nous. Car chaque guerre développe davantage
les techniques : les flottes de pétroliers, les sous-marins
atomiques, les bombes thermonucléaires. Ceux-ci sont des techniques des
guerres que Michel Serres taxe de guerre subjective et dont la victoire est
subjective. Cependant, puisque tous emploient des techniques, le monde devient
victime de ces techniques (les armes nucléaires, bombes atomiques,
déforestation, acidification, etc.). Le monde devient par
conséquent l'ennemie de l'humain inventeur de ces techniques. La gestion
de l'humain devient synonyme de l'agressivité au monde. Ainsi, s'annonce
la guerre et violence. Cette guerre, comme nous l'avons souligné, n'est
rien d'autre qu'une domination temporaire de l'humain sur les choses du monde,
que notre maître appelle « guerre subjective, nucléaire
ou classique ». Contrairement à la violence objective,
celle-ci est le fait que tous les humains de la terre s'associent pour
être ennemies à la nature (objet) afin de la transformer.
Nous sommes tous en guerre contre un ennemi fort,
invisiblement, mais faible physiquement (nature). Cette guerre dont l'humain
est actionnaire à un bilan désastreux et très grave au
point d'être lui-même victime potentielle. Cependant, nous ne nous
battons plus Etat contre Etat ou nation, mais, tous « nous nous
retournons, tous ensembles contre le monde131(*) », parce que nous pensons que ce dernier
est une chose sans valeur. Pourtant, c'est une âme qui respire et agit.
Sa réaction est plus globale qu'on ne peut estimer. Lorsque l'humain
salit la nature, il se salit lui-même. Cette souillure en provenance de
la marque technoscientifique est une cause moderne qui creuse la tombe de
l'être humain. Soulignons, qu'il est difficile de vivre dans un monde
couvert des immondices, d'un air pollué, d'une eau toxique. L'être
humain a détruit l'habit et abrite des autres êtres par ses
diverses techniques. Ainsi, conclut Michel Serres, que le monde est Sali et
court un danger par notre culture exclusive de l'appropriation des choses.
Les progrès techniques détruisent la nature par
son action transformatrice et par la surexploitation avec des mécanismes
sophistiqués. La nature se voit victime de tous ces mécanismes
employés par l'être humain. Pourtant, l'humain oublie que la
nature est le socle de toute vie sur terre. Le fait que ces techniques
opèrent ce changement, celui-ci transforme sa toute-puissance en
précarité et la rende fragile. Cette fragilité vient du
savoir-faire industriel132(*) des progrès techniques. Cette
agressivité vient aussi du fait que nous avons cru que les choses du
monde dépendaient de nous, néanmoins, atteste Michel Serres,
« nous dépendons [d'elles], pour notre vie, de ce
système atmosphérique, mouvant, inconstant133(*)». Nous sommes les
résidus d'une culture à langage agressif. Nous vivons dans un
monde dont nous ne tenons pas compte de valeurs. Tout ceci parce que,
« notre culture et notre histoire [...] naquirent, peu à peu,
de tenir de moins en moins compte du monde. Nous passions notre vie, nous
consacrions nos pensées à quitter la Biogée.
Même nos sciences, en l'objectivant, la placent à
distance134(*) ».
Par ailleurs, comme il venait d'être dit plus haut, la
source de la crise ou des problèmes écologiques modernes selon
Michel Serres vient des progrès techniques et de la culture comprise
comme anthropocentrisme moderne. En ce sens, il déclare que les
déséquilibres du changement climatique par exemple, viennent de
l'activité industrielles, c'est-à-dire de la croissance technique
de gaz dans l'atmosphère et les milieux auxquels vivent les êtres
vivants. Ce changement est global, car il affecte tout le monde sans exception.
Le changement fait que « nous ne savons pas, pour le moment estimer
les transformations générales sur une telle échelle de
grandeur et de complexité, [...] penser les rapports entre le temps qui
se passe et le temps qu'il fait135(*) ». En fait, l'humain actuel, par le
développement des techniques (chimiques, industrielles, physique, etc.)
occasionne et accélère la concentration du gaz à effet de
serre, pollue son entourage et les conséquences sont inédites.
Ces accusations se fondent sur la nouvelle culture qui salit
et pollue le cadre de vie par les ordures, fumée toxique provenant des
automobiles et industries. Pour reprendre l'idée de notre auteur,
« nous avons même muré les fenêtres pour mieux
nous entendre ou plus aisément nous disputait136(*) ». Eu égard
à ce qui précède, Gilles Billen et Georges Thill nous
avertissent que si la pollution « continue avec ces industries,
ces déchets chimiques déversés dans les rivières et
l'atmosphère, ces expériences nucléaires et tous les
engins qui sont en l'air, on en crèvera tous !137(*) ». L'être
humain vit comme si ce monde ne l'intéressait pas. Et comme si c'est lui
qui l'a créé. Il veut faire de ce monde un enfer invivable par
des techniques qui ne prennent pas en compte les valeurs que possède ce
monde. L'intérêt technoscientifique a fait des choses du monde des
marchandises. Toutefois, ceci atteste en quoi l'hostilité du monde chez
l'être humain est une affaire de culture, de croyance. L'humain pense que
le premier milieu d'investigation et de transformation est l'habitat des
êtres animaux, végétaux, etc. Ainsi, les problèmes
de notre civilisation sont les atrocités et dommages infligés aux
choses du monde (mer, rivière, océan, arbre, animal, air,
etc.).
En outre, à lire Hans Jonas dans Principe
responsabilité, celui-ci souligne le fait que la technique est une
vocation de l'humanité. Car, pour sa part, elle est une concession
adéquate à la nécessité comme moyen avec un
degré fini. Aujourd'hui, cette vocation humanitaire se présente
comme une route vers le but électif de l'humanité. La technique
moderne, c'est-à-dire actuelle, « s'est transformée en
poussée en avant infini de l'espèce et en son emprise la plus
importante138(*) ». La technique occupe une place centrale
dans le choix de la vie de l'humain. Ceci dit, « l'homme est
maintenant, de plus en plus, le producteur de ce qu'il a produit et le faiseur
de ce qu'il sait faire, et plus encore le préparateur de ce qu'il sera
bientôt capable de faire139(*) ». Ce changement ou renversement affecte
de plus en plus son environnement si l'impératif ne lui est pas
donné. Car son essence technicienne transforme l'essence fondamentale du
monde.
Dans le même ordre d'idées, le
développement des techniques que la nouvelle civilisation inflige sur le
reste de la nature issue de la mentalité et mauvaise culture selon
laquelle la nature est cette chose à travers laquelle les techniques
trouvent place. Par héritage des idées dévastatrices,
l'humain aujourd'hui est responsable de cette grande accélération
bouleversante sur terre. Il ne vise plus la politique à long terme comme
le marin, le paysan et l'agriculteur. Il est cependant à l'origine d'une
pollution culturelle qui en retour l'affecte : une pollution culturelle grave
et dangereuse. Cette pollution, Michel Serres l'appelle l'infrastructure. Le
credo avec lequel le progrès des techniques professes est celui
de connaitre pour appliquer, appliquer sans connaitre les effets ou
conséquences et dominer afin de transformer.
De plus, la relation humain-nature est brisée par le
droit de propriété. Ce droit est centré sur la science,
l'économie capitaliste et les techniques accélérées
par la révolution industrielle. Cette ère révolutionnaire
et dangereuse touche l'ensemble de la planète. Au point où
« les blessures qu'elles lui infligent retentissent en retour sur
l'ensemble des hommes140(*) ». L'être humainest victime de ses
propres actes. Les progrès techniques viennent du fait que les
techniques appliquent aveuglément les lois scientifiques et cette
application se répercute sur l'ensemble de la terre. Au philosophe
français d'ajouter : « les six grands bouleversements
[Agriculture, transport, santé, démographie, connexion et
conflits] proviennent tous, sans aucune exception, de la recherche scientifique
et de ses applications141(*) ». Cependant, chaque fois que l'humain par
son action technique invente une technique et l'essaye dans la nature, celle-ci
a aussi un aspect négatif au-delà de l'aspect positif. Par
l'émergence des sciences exactes, la terre est bouleversée d'une
manière à une autre. Car ces sciences bougent l'état de
fait naturel. Cet état est déplacé par les scientifiques,
puisque la biochimie, physique nucléaire, la médecine, ont
transformé le monde et même la face de l'homme et sa
maison142(*).
De ce fait, par manque d'une culture responsable, l'humain
pense se détacher du système qui le maintien en vie. Ses
inventions techniques et sa mauvaise politique associées, le fait croire
comme s'il n'appartient pas au monde. Ainsi, atteste Michel Serres, il vit
distant et découpler aux réalités qui le maintien en vit.
Raison pour laquelle, il continue de se venger sur les choses du
monde, « air, mer, climat et espèces, moins
passives » qu'il le pense. Le progrès des techniques prolonge
l'être humain dans une relation asymétrique avec le reste des
vivants. Cette relation asymétrique émane d'une culture qui n'a
aucune morale et éthique des autres êtres. Partenaire de la
philosophie selon laquelle l'enfer, c'est l'autre, l'humain considère
l'autre être (arbre, animal, mer, air) de la nature « comme un
rival, un adversaire, un ennemi même143(*) ». Tout ceci pour dire, l'être
humain actuel est encore à la vieille culture centrée sur une
humanité seulement.
Dans un autre ordre d'idées, pour Michel Serres, le
fait que nous développons rapidement les techniques dures à une
vitesse exponentielle, et célébrons la louange de ces techniques,
qui détruisent davantage notre habitat collectif depuis la
révolution industrielle et même à l'âge de pierre,
nous bouleversons l'histoire, les conduites de vie de manière
fondamentale que cela nous empêche de créer une bonne relation
entre nous les vivants.144(*)
La culture et technique sont liées l'une à
l'autre. Celles-ci se traduisent de manière complémentaire. Le
progrès techniquerenvoi aussi au progrès de la culture. De nos
jours, les techniques deviennent une voie élective pour briser tout
limite humaine. Par les techniques, l'être humain se sent fort et capable
de manipuler son entourage. Cela va jusqu'à le transformer.
II.1.1.2. Techniques et
technologies
Les sociétés au monde depuis l'Antiquité,
essayent d'expliquer le savoir scientifique d'après leur mode de vie et
leur niveau de connaissance. Chacune développe se savoir et donne sens
au monde d'après leur culture. La technique est le moyen par lequel les
explications du savoir scientifique tentent de donner forme et réponse
aux réalités de la vie. Ces réalités passent de
génération en génération. Elles sont
partagées d'une société à une autre et ainsi de
suite. Cependant, pour matérialiser cela, il appartient à chaque
société d'utiliser des techniques adéquates pour mettre
sur pied l'idée (savoir) vers la réalité physique à
laquelle tout le monde peut user.
De nos jours, il y a une association entre science et
technique. Cette association est tout simplement la soutenance
réciproque entre les idées scientifiques et les savoir-faire
techniques. Ce mariage s'accentue de plus en plus, toutes les sciences à
partir du XXième siècle ne se limiteront pas seulement
à produire les théories scientifiques plutôt à s'en
servir pour créer un pouvoir sur les choses de la nature. Cet effort
aujourd'hui a donné naissance à ce que nous désignons par
la suite : technoscience ou technologie.
La technologie comme études des techniques,
« vise la procédure technique en tant qu'elle est mise en
oeuvre dans une société donnée [c'est-à-dire] c'est
la technique dans la société145(*) » Ainsi donc, la technologie n'est rien
d'autres que la contraction entre science et technique. Science en tant produit
de l'esprit humain et procédé. Et technique en tant que
mécanisme mettant en pratique une structure théorique. C'est
là qu'entre en jeu ce néologisme : technoscience. La
technologie est par ailleurs joueur des causes, mais sans jamais prendre en
comptes les effets. Il y a cependant un déploiement et recrutement entre
science et technique. En plus de cela, souligne Michel Serres,
« l'évolution de la science moderne se répercute sur
l'amélioration des moyens techniques qui assure la domination de l'ordre
des choses, des biens, des êtres qui entourent l'humain ; bref la
nature146(*) ». Cette perturbation des techniques coupe
les liens qui unissent le vivant entre eux. Les techniques réduisent les
vivants à un animal-machine.147(*)
En effet, depuis l'ère de l'industrialisation, la
technique rend service à la science. Et vice-versa. Ce service fait
naitre dans la société actuelle les nouvelles inquiétudes
sur le sort du monde. Où toutes les sciences tendent vers les
techniques. Celles-ci sont de nos jours à l'origine de progrès
dans tous les domaines de la vie. La technique est présente partout et
dans tous les domaines scientifiques. Sa présence est favorisée
par l'informatique. Ainsi, les nouvelles technologies sont nourries par les
sciences de la nature.148(*) Ces dernières offrent les savoirs sur les
lois de la nature aux techniques et celles-ci en dernier les perfectionnent et
le transforment par une technique. Le pouvoir qu'à toutes ces
technologies fait de la nature la première victime potentielle. Ces
sont-elles (les sciences) qui facilitent ces progrès parce
qu'après avoir découvert les lois, les inventeurs techniciens les
mettent dans leurs laboratoires, usines, espace de travail sans jamais se
questionner sur les enjeux que peuvent engendrer ces lois dans la nature. En
fait, il s'agit ici de la continuité baconienne. Michel Serres
atteste : « de la théorie suit la pratique [...] le vieil
adage baconien qu'il faut obéir la nature pour commander149(*) ».
Parlant de la technologie comme association entre science et
technique, Michel Serres évoque la biotechnologie (biologie
technisée) une des technologies qui influent sur l'agriculture comme
activité pilote de l'humanité et d'état corporel. La
technologie manipule les êtres de la nature en ce sens qu'elle
maîtrise la reproduction des espèces, et cela, grâce
à la modification des gènes qu'on nomme par OGM (Organisme
Génétiquement Modifié).150(*) En effet, selon le philosophe français,
« la montée en puissance de ces nouvelles biotechnologies pose
une série de questions dont la plus importante151(*) » est l'avenir des
espèces si elles sont modifiées pour un objectif de destruction.
Cette montée en puissance des sciences dites dures bouleverse
l'état des choses dans notre habitat.
Par modification de génie génétique, les
technologies qu'usent l'humain actuel créent une nouvelle espèce
dans un monde aussi nouveau. Le corps modifié, notre environnement,
notre avenir aussi touché. Ces technologies biologiques touchent la
nature en sa profondeur, sans doute, l'humain aussi est touché.
L'impératif serait ici celui d'atténuer et règlementer
toutes ces technologies destructrices. Car la nature en en
général est exposée au danger de toutes ces
technologies.
D'après notre auteur, cette croyance qui fait que toute
machine sorte d'une application à partir d'une théorie est
fausse, du fait que les théories et pratiques sont universelles. Quand
elles se mêlent, c'est-à-dire associent le symbole et la
technologie en ce moment-là, les vivants sont beaucoup plus en danger.
Cependant, les nouvelles technologies ont pour missionde supprimer toutes
limites humaines. Ceci fait qu'en conséquence, l'utilité de ces
technologies n'est pas fixée par les producteurs, mais par les
consommateurs peu importe la transformation qui en résulte. Ceci
étant, les finalités technologiques ne sont pas directement
connues, mais indirectement inconnues. Ainsi, c'est la question majeure que se
posent les écologistes sur les finalités des technologies dans la
nature. Car à observer de près, les prouesses et inventions
technologiques finissent leurs courses dans la nature, et cela, jusqu'à
transformer l'environnement.152(*)
Bien plus, les technologies produisent des cultures
variées « où la vie se plie à nos
expertises153(*) ». Elle devient selon Michel Serres
prisonnières de technologies. Les technologies actuelles nous modifient
à un rythme que nous ne savons pas dire jusque-là. Par diverses
techniques comme la biotechnologie, le transhumanisme, les nanotechnologies,
l'espèce humaine, animale et végétale se voit être
manipulée par toutes ces formes de technologie. Mais seulement
ajoute-t-il : « notre existence occupe désormais une
autre maison, que nos connaissances élargirent lentement de la
basse-cour à la planète, et où, par un nouveau tour, nous
élaborons d'autres connaissances. Nous croyons avoir ainsi perdu le
vivant parce que des techniques raffinées nous amènent à
ce deuxième état en construisant ce deuxième
habitat154(*) ». L'émergence des sciences exactes
bouleverse la nature. L'efficacité avec laquelle elles arrivent à
produire des actes par les techniques nous met tous en difficulté et
rompt notre relation avec le monde.
Que retenir des progrès techniques ? Selon Michel
Serres, les conséquences écologiques découlent de la
culture contemporaine héritée de notre passé et de la
politique de la guerre au point où ; « nous avons tellement
gagné la lutte pour la vie [par des techniques et technologies] contre
les autres espèces de flore et de faune que, parvenus à un seuil,
nous redoutons que la victoire soudain, ne se retourne en
défaite155(*) ». La problématique des
progrès techniques situe ces conséquences dans la nature. Toute
technique n'est pas dévastatrice et mauvaise si elle tient compte des
éléments et /objets de la nature. Mais elle devient un
problème sérieux lorsque celle-ci a pour finalité de
transformer négativement la nature. Le progrès technique n'a fait
opérer un schéma de quatre pôles : imiter, dominer,
emporter et détruire. En effet, nous n'avons qu'a remarqué ce que
pose ce progrès comme acte par nos techniques et technologies actuelles.
Pour en savoir plus, analysons quelques conséquences et crises
écologiques.
II.1.2. LE DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE : LE CAPITALISME
Au point précédant, nous avons décrit le
progrès technique et son impact dans la nature. Cependant, signifions
que certains problèmes écologiques ont pour source dans la
croissance économique due au système capitaliste. Certains
chercheurs proposent d'atténuer ou stopper ce système qui met en
péril l'avenir de l'humanité en général. C'est
pourquoi, le capitalisme comme système économique sera
analysé ici pour voir comment celui-ci objective, privatise,
instrumentalise la nature et constitue un mal écologique. Ainsi, il
importe de bien préciser le sens du terme usité ici. Qu'est-ce
que le capitalisme ? Quelle est son origine et en quoi il est un
problème écologique ?
Dans le dictionnaire Larousse, le capitalisme est
défini comme un « système économique et social
fondé sur la propriété privée de moyens de
production et d'échange156(*) » où les fondements sont
l'entreprise privée et la liberté du marché. Ce
système est beaucoup plus connu en économie que dans d'autres
domaines de la vie. Il y des auteurs philosophes (Karl Marx,
Frédéric Engels, etc.) qui ont condamné et critiqué
le capitalisme sous toutes ces formes, puisqu'il s'agit d'une idéologie
basée sur l'intérêt individuel. C'est une conception de
l'humain basée sur les mécanismes et systèmes
économiques de la production. Ce système domine le monde
aujourd'hui surtout dans le domaine des affaires. Il faut signaler que tout
part du travail. Autrement dit, le travail est le point de départ du
capitalisme. Car c'est lui qui enrichit et rend indépendant
l'individu.
Le livre de Michel Beaud157(*) trace l'histoire du capitalisme de 1500 à nos
jours. A le lire, celui-ci souligne que l'histoire du capitalisme commence
déjà avec la société féodale où
s'effectue l'organisation de la production et l'extorsion du capital que
bénéficiait le seigneur, qui par ailleurs est propriétaire
éminent et détenteur des prérogatives politiques et
juridictionnelles158(*).
En fait, l'époque féodale a donnée naissance au
système capitaliste dans un aspect de conservation des
intérêts mercantiles. De plus, après celle-là (la
société féodale) vient ensuite le
« siècle des trois révolutions » (les
lumières, l'esprit français, le despotisme
éclairé). Ce siècle a permis
« l'élargissement des échanges marchands, notamment du
commerce mondial159(*) ». D'après cet auteur, ce
siècle est une période de renforcement du capitalisme, mais
surtout celui des Anglais, puisqu'il s'agit déjà de
l'émergence de l'industrialisation. Enfin, l'histoire s'achève
sur l'impérialisme où il y a une explosion du capitalisme du
fait, il y a maintenant « ni une personne ni une institution, [le
capitalisme] est une logique aveugle, obstinée, d'accumulation160(*) ». C'est cette
dernière forme qui se vit aujourd'hui.
En s'interrogeant sur la question du capitalisme, Adrien
Lentiampa souligne que le capitalisme est « un système
économique dans lequel les moyens de production sont
propriété privée, et donc, individuelle161(*) » qu'on pourrait
dire en termes de mode de vie par son caractère de vouloir privatiser
certaines choses. Parlant de son origine, Frédéric London estime
que le « capitalisme commence par l'argent162(*) ». Et à ce
sujet, pour Karl Marx, l'argent est « la première forme
d'apparition du capital... [il est par ailleurs] le produit final de la
circulation163(*) » capitaliste. En d'autres termes, le
commencement et la fin du capitalisme est l'argent. Voilà pourquoi il
aboutit à la théorie selon laquelle : A-M-A : tout part
de l'argent vers la marchandise et de la marchandise vers l'argent. Sur ce,
nous comprenons qu'en tant que système économique, le capitalisme
est lié au gain, c'est-à-dire à la croissance
économique. Le marché, le commerce, l'économie sont des
ordresque l'humain capitaliste ne peut pas s'en passer. Poursuivant l'article
d'Adrien Lentiampa, souligne que le capitalisme est une conséquence
politico-économique de la nature même de l'homme.164(*) Par la mauvaise gestion des
ressources et de politique, ce système a pris naissance.
Pour sa part, Karl Marx dans son livre Le capital a
essayé d'étudier le mode de production du capitalisme et le
rapport qu'a cette production. Sur ce, il souligne
que « l'histoire moderne du capital date de la création
du commerce et du marché des deux mondes au XVIème
siècle165(*) ». La création du commerce a
donné le coup d'envoi au progrès économique. Par
l'échange des marchandises, on voit apparaitre une sorte
d'économie qui vise la régulation du commerce sur la politique du
commerce. Cela étant, dans le régime capitaliste, il y a deux
classes sociales qu'il faudrait souligner : des prolétaires et des
bourgeois. La première est considérée comme une classe de
machine d'exploitation, des moyens de production. Autrement dit, une classe de
ressource, de matière de production (instrument du travail). La
seconde, (la classe des bourgeois) celle qui tisse les ficelles de la
société. Par leur moyen et pouvoir financier les bourgeois
vendent leur force au prolétaire. Une politique qui envisage la valeur
d'usage. C'est pour cette raison que Karl Marx évoque la notion du
profit et de la plus-value.166(*)
De plus, le capitalisme est devenu presque une nouvelle
religion du monde que Karl Marx combattait déjà à son
époque. Celle qui voulait en fait le profit du bourgeois à
l'égard du prolétaire et aujourd'hui, il s'étend
même dans la relation humain-nature. En d'autres termes, il est
fondé sur l'individualité comme valeur suprême dans le
domaine économique. Soulignons que le système capitaliste est
fils de l'anthropocentrisme. Dans le contexte où l'individualisme,
philosophie qui met l'intérêt individuel au centre est devenue une
valeur. Relativement, l'être humain se prend pour un bourgeois et
considère la nature comme inférieure, sans valeur et qu'il peut
acheter, c'est-à-dire un prolétaire. Il sied de noter que c'est
l'exploitation qui s'annonce parce que l'être l'individu pense être
dominant par rapport à la nature. C'est pour cette raison d'ailleurs,
Karl Marx estimait que le capitalisme n'était rien d'autre qu'une
domination des forces du capital sur les forces du travail.167(*)
En d'autres termes, la nature travaille sous le contrôle
du capitaliste. Celui-ci en retour surveille la nature. La nature est
surveillée par le capitaliste dans le seul but que la production
poursuivit « soit proprement fait et les moyens de production
employée » suivent son intérêt. En ce sens, la
nature est la marchandise, puisse qu'elle procure la richesse. Raison pour
laquelle la marchandise est l'élément fondamental du
système capitaliste. Karl Marx définissait la
marchandise comme « un objet extérieur, une chose qui par
ses propriétés satisfait des besoins humains de n'importe quelle
espèce168(*) ». Pourtant, prendre les
éléments de la nature comme des marchandises, c'est-à-dire
des objets ou choses extérieures au vendeur destinées uniquement
à satisfaire des besoins est en danger dans la relation qu'entretiennent
l'humain et le monde. L'esprit capitaliste qui pense que la nature est une
marchandise pousse aux humains de maltraiter la nature et de la surexploiter
dans l'objectif d'accumuler beaucoup d'argent.
Selon, Friedrich Engels, le capital(isme) est ce travail
emmagasiné169(*).
Il est une source de toute richesse. Cette dernière provient de la
multiplication des productions selon la force du travail appliqué pour
la réclamation du profit ou gain. Engels soulève le
problème du déséquilibre. Pour lui, ce système
crée en effet un déséquilibre entre les possesseurs du
capital et les producteurs. Ce déséquilibre fait en sorte que
« les profits du travail mort emmagasiné deviennent toujours
plus immenses, les capitaux des capitalistes toujours plus énormes
tandis que le salaire du travail vivant devient toujours plus petit, la masse
des travailleurs vivant uniquement de leur salaire toujours plus nombreuse et
plus pauvre170(*) ». Une telle attitude appauvrisse
davantage les prolétaires parce qu'ils doivent vivre sur base de ce
qu'il produit. Leurs vies dépendent de leurs forces de travail. C'est
que Joseph Schumpeter défend lorsqu'il dit que le mal du capitalisme est
le « fait que les riches deviendraient toujours plus riches et les
pauvres toujours plus pauvres171(*) ». Ceci, c'est dans le sens où les
plus fort pense anéantir les faibles.
Le deuxième aspect a relevé comme
problème du capitalisme et comme source de la crise écologique
est l'intérêt. Ce dernier est le mobile qui alimente et fonde la
toile du système économique capitaliste. Il est le saut qui
active la politique capitaliste. Pour le dire autrement, pour un capitaliste,
l'intérêt est la chose qui le motive. Sans celui-ci, il y n'y a
pas de système capitaliste. C'est pourquoi, Adrien Lentiampa souligne
à ce sujet que « le capitaliste voit d'abord en l'autre le
client ou partenaire potentiel, donc une source de profit172(*) ». Ce profit est
la base même de sa motivation. Ainsi, placé l'intérêt
dans la nature revient à supprimer sa valeur en tant que lieu et cadre
de vie. L'intérêt du capital dans la nature, réduit cette
dernière à une entreprise de production dans laquelle l'humain
producteur et se croit propriétaire, et est guidé par la
recherche du profit peu importe les moyens. En un mot, la finalité du
système capitaliste dans le monde est la recherche du profit qui conduit
à l'accumulation des gains. La recherche de ce qui est
intéressant dans l'individu ou l'objet, d'autant plus que, celui-ci peut
rapporter une production, un gain. Ce qui amène à vouloir
produire davantage sans tenir compte des conséquences que cela peut
engendrer. Dans ce système, le capital n'appartient pas à celui
qui rend la production effective par le son travail, mais à celui qui
profite de l'effort de l'autre par intérêt. L'objectif est
« la recherche effrénée du profit et dont le but se
trouve dans la consommation173(*) ».
La logique de l'intérêt est celle où le
capitaliste analyse la relation qu'a l'individu par rapport à son
environnement. La relation entre les besoins de l'humain et ce que son
environnement peut lui fournir comme service pour satisfaire ses besoins. C'est
pour cette raison, il y a une transformation de la nature pour aider l'humain
à satisfaire ses besoins ultimes. Aussi la vie économique
s'écoule dans un cadre social et naturel qui finit par une
transformation incessamment et dont les transformations que ce système
amène modifie les données de la nature.174(*) Mais, les
conséquences de cette transformation de la nature produisent des effets
tels que : les rejets toxiques, la surexploitation, etc. Tout ceci parce
qu'il y a la non-insertion du capitalisme comme solution aux problèmes
écologiques mais, comme perturbateur du fonctionnement de la nature par
le souci de prélèvements de matières premières
considérées comme marchandises extérieures à
l'être humain. L'humain capitaliste se fait l'idée selon laquelle
les ressources naturelles prises comme marchandises, « se
présentent comme une quantité maximale de matières que
l'on peut utiliser175(*) » sans fin.
En plus, l'utilité que vise le capitalisme conduit
à la production ou surproduction de la nature. Cette production est une
transformation la nature. Or, la question de l'écologie est liée
à la gestion du stock, c'est-à-dire de l'épuisement, de la
sauvegarde de ce qui nous reste. Pourtant, le capitalisme moderne produit sans
tenir compte de cet aspect. Le capitalisme semble franchir la barre,
c'est-à-dire les limites écologiques. Ces limites sont les
mécanismes de protection au niveau global et local que le capitaliste
n'essaye pas d'observer. Son seul souci est de produire pour amasser plus de
capital. C'est pourquoi Karl Marx affirme que « la production
capitaliste engendre elle-même sa propre négation avec la
fatalité qui préside aux métamorphoses de la
nature176(*) ».
Un autre fait à relever comme la source et le mal
écologique est la propriété privée au sein de
l'idéologie capitaliste. Selon Karl Marx : « la
première condition de la production capitaliste, c'est que la
propriété du sol soit déjà arrachée d'entre
les mains de la masse177(*) ». D'après lui, cette condition
était une mauvaise politique car, affirme-t-il :
« l'essence de toute colonie libre consiste, au contraire, en ce que
la masse du sol y est encore la propriété du peuple178(*) ». La nature n'est
pas une propriété privée de l'être humain, car ce
dernier l'a trouvée, et peut la laisser. Il n'appartient pas aux humains
de croire que la nature dépend d'eux, mais le contraire. Nous vivons
d'après les révélations de la physique quantique une
co-dépendance, une corrélation où tout est lié.
L'erreur capitaliste serait celle de vouloir privatiser la nature à la
seule jouissance de l'humain et pour ses besoins économiques sans tenir
compte des phénomènes écologiques ou naturelles des
choses. Il est vrai que la recherche sans cesse et accumulation de capital est
le point central de la mise en oeuvre par le système économique
capitaliste pour maintenir l'équilibre. Mais il en va de la survie de
tout le monde.
Cela dit, Gael Giraud considère ce système comme
une utopie mortifère qui veut plonger le monde dans une
société des propriétés privées, comme une
finalité à laquelle tout le monde veut tendre en termes d'une
« eschatologie ». Le système « nous
enferme dans une dichotomie qui parait tellement aller de soi qu'elle est
rarement interrogée [puisqu'il y a] d'un côté, les biens
privés, qui relèveraient de la sphère marchande, de
l'autre, les biens publics179(*) ». Pourtant, la nature est un bien public
qui règle la santé de l'humanité. La privation de ce bien
public est une utopie mortifère. En effet, pour la cause commune, le
mieux serait de prendre soin des biens que nous avons tous en commun pour le
bien de toute l'humanité. Cependant, soulignions aussi que le mal
capitaliste serait celui de vouloir rendre la nature esclave de
l'économie. Or, nous connaissons bien qu'être esclave, c'est
justement être la propriété privée de quelqu'un.
L'esclave est privé de sa liberté et dépend de son
maître. Celui-ci le considère comme une personne n'ayant pas ses
droits. A l'époque de l'esclavagisme en Afrique par exemple, l'africain
esclave était marchandé de la même manière qu'on
peut marchander du cuivre. Ceci pour dire l'économie a rendu la nature
en un objet n'ayant pas des droits.
En outre, pour Michel Serres, l'humanité est
embarquée dans un nouveau navire. Ce dernier est l'économie
moderne qui associe l'argent. C'est pourquoi, selon notre maître à
penser, le système économique nous précipite dans une fin
collective qui contraint le fonctionnement de la nature. L'auteur ne souligne
pas seulement le capitalisme, plutôt tout système
économique qui se mettrait au centre avec comme intérêt
l'exploitation du monde. Car exploiter irrationnellement le monde renvoi
à l'extinction des êtres. Exploiter les êtres du monde est
une source de la crise et une idée mortifère. Par capitalisme,
notre auteur emploi le terme Quirinus180(*). Il s'agit du dieu de l'économie qui
nous écarte de toutes les lois dictées par Jupiter, par soif
d'accumulation des gains. Ce terme signifie, pour lui, une économie
à visage capitaliste qui a « séparé les humains
en des classes181(*) ». Séparer les humains en des
classes sociales n'a qu'une mission. D'après lui, la mission est celle
d'exploiter de manière rationnelle et technique la nature.182(*)
Par ailleurs, ce système né de la liberté
de l'humain le met en danger. Michel Serres le considère comme une
idée mortifère pour notre avenir. Nous critiquons aujourd'hui la
politique capitalise et la considérons comme un mal écologique,
c'est parce que celle-ci veut rendre le monde (nature) comme un bien
privé dépendant seulement à l'humain qui a le pouvoir de
le transformer. En revanche, le monde est un ensemble, un bien public qui
appartient à tout être vivant dont les relations sont
symétriques. Il n'appartient pas uniquement à
l'« homo-economicus », lequel humain est
susceptible à le transformer et accaparer comme une entité
privée. En analysant ce point, l'objet est celui de fonder avec la
nature une symbiose et non un utilitarisme avec elle.
De plus, le secteur de l'économie, souligne Michel
Serres, est destructeur de ce monde contemporain et laisse les humains
affamés. Il ne s'intéresse que de l'intérêt
particulier. Dans le contrat naturel, le philosophe français
souligne que « dans l'économie [...] gisent des raisons
immédiates que tout le monde connaît sans pour autant pouvoir
agir183(*) ».
Autrement dit, le système économique vise le court terme. Ayant
la politique du court terme, il renforce les causes des problèmes
écologiques. Raymond Matand souligne que la terre est
considérée « comme gisement de ressources
minérales, végétales et animales qu'il fit piller sans
modération184(*) ». C'est pourquoi Michel Serres
défend cette pratique économique qui considéré
comme socle du développement des techniques.
A la suite de ce que nous venons de dire sur le capitalisme,
il sied de noter que la production capitalise s'accompagne du
développement des techniques appropriées pour maximiser le
rendement. En retour, celui-ci réalise les soucis de la limite humaine
en termes des besoins. Sans technique, il n'aurait aucune productivité
rentable. Ceci nous permet de dire que la montée du capitalisme a
également provoqué le progrès technique qui, aujourd'hui,
est la cause majeure de la crise et des problèmes écologiques qui
s'abattent un peu partout dans le monde. Par le seul souci d'un profit abusif
qui engendre la surexploitation de la nature. Cette dernière se voit
être détruite par une civilisation mercantile. Le système
capitaliste crée en effet une certaine dépendance entre
l'économie et la technique. Le capitalisme par son vouloir, privatise,
surexploite et transforme le monde, rend notre planète pauvre et plonge
l'humanité en général dans une dépendance totale.
Avec sa philosophie de l'intérêt, tout devient argent, objet de
production. Les choses du monde sont surexploitées par la technique dans
le seul profit du capitaliste.
En somme, nous sommes en face de deux ordres : l'un est
l'association entre science et technique et l'autre est marchand. Ceux-ci
transforment notre manière de vivre dans le monde et face au rapport que
nous avons avec les choses du monde. Ils révolutionnent et transforment
le monde en introduisant des ruptures entre humain et le non-humain. Au point
où les choses de la nature comme dit Michel Serres se voient
transformées et aujourd'hui sont en réaction contre les actes
humains accumulés. La symbiose entre capitalisme et technologies est une
nouvelle manière d'interpréter le monde. Malheureusement, cette
interprétation est à l'origine de beaucoup de problèmes
écologiques où l'humain est lui-même esclave de sa propre
invention ou création. Le progrès technique et le
développement économique sont devenus chefs du monde et de la
nature. Leurs résultats décident sur l'humain et son avenir. La
symbiose de l'accumulation des biens et le consumérisme
technoscientifiques imposent une nouvelle loi qui nous plonge dans une guerre
et une violence.
II.2. LA NATURE
VIOLENTÉE
Dans Le contrat naturel, Michel Serres souligne la
question de la violence objective. Celle-ci vient de tous les humains sur terre
et provient de la guerre que les sujets humains entre eux se livrent. Cette
dernière (guerre) est déclenchée par soif de domination et
de pouvoir, et nous fait créer des techniques dévastatrices.
Selon lui, la guerre subjective est une guerre dans laquelle les humains, voire
les nations se livrent et s'opposent entre eux dans l'objectif d'une domination
à court terme. Cette guerre ne va pas loin puisqu'elle est liée
au sujet temporaire et par le fait que les vaincus ne restent pas un long
moment vaincu. Il souligne qu'« ils dominent aujourd'hui
l'univers » demain, c'est quelqu'un d'autre. Cette guerre ; nous
la livrons juste pour être premier par sentimentaliste et
cupidité. Ainsi tout le monde est ennemi de tous.
Cependant, dans cette hostilité tous les ennemis
utilisent chacun des techniques, des stratégies pour vaincre la guerre.
Inconscient sommes-nous, toutes ces techniques développées
retombent sur les choses du monde : air, plante, animal, eau, etc. ces
choses en retour menacent tout le monde. De ce fait, sa menace devient une
préoccupation pour tout sujet et toute nation. C'est dans ce sens que la
violence devient objective puisqu'elle nous touche sans exception. En fait,
« la violence objective celle qui oppose tous les ennemis
inconscients associés à ce monde objectif185(*) ». Associés
par la menace violente qui risque de les anéantir tous. Signifions une
chose, si la guerre était particulière, c'est-à-dire ne
concernant que quelques individus, a contrario la violence objective est
universelle, elle concerne le monde en général. C'est que se pose
les problèmes, puisque personne n'est épargné.
De plus, on trouve dans l'histoire des humains
différentes guerres subjectives selon les époques. Ces guerres
(première et deuxième guerre mondiale par exemple) sont
livrées entre les humains au sujet des intérêts
privés. Mais depuis un temps ces derniers se tournent maintenant vers le
monde et le violente. Cette violence faite au monde se retourne de nos jours
vers les humains et sont devant l'impasse d'un monde qui réagis. La
terminologie que Michel Serres utilise ici (objective), ne tient compte du
fait de droit, mais plutôt de choses qui existent par elles-mêmes.
Au préalable, il n'y avait nul contrat. La violence est justement le
résultat de l'inconscience de l'être humain. C'est pourquoi
aujourd'hui celle-ci devient visible, causés par une inconscience
invisible. De ce fait, le monde mondial (terre) devient cependant l'objet de
préoccupation pour tout sujet humain aux réalités
universelles. Face à cette menace où les rivaux n'ont que le
choix de s'associer puisque la violence pèse et les effets de leurs
actions sont incontrôlés aujourd'hui. Ainsi, tous nous courons
vers une crise et conséquence écologique.
II.3. LES CRISES ET
CONSÉQUENCES ÉCOLOGIQUES
Michel Serres s'inquiète des résultats des
actions humaines sur la nature. Ces résultats sont catastrophiques.
À cet effet, écrit-il « aujourd'hui, se tournant donc
notre expertise et nos inquiétudes, parce que notre savoir-faire
industrieux intervient peut-être catastrophiquement dans cette nature
globale que les mêmes anciens pensaient qu'elle ne dépendait pas
de nous186(*) ». Nos techniques à portée
globalisante, pratiquées sur la nature retentissent maintenant sur le
monde, qui aujourd'hui se trouve blessé, réagit en retour sur
l'ensemble du globe.
Au point précèdent, nous avons parlé du
progrès technique dans la nature. Nous avons souligné le fait que
les techniques sont en ce jour un nouveau langage de l'être humain,
c'est-à-dire que la culture est matérialisée par les
techniques et celle-ci, grâce aux données de la science, nous
avons réussi à transformer la face du monde. De ce fait,
« nous voici aujourd'hui inquiets de catastrophes dans le tissu
aérien de protection qui garantit non plus le temps qui coule mais le
temps qu'il fait187(*) ».
Les actions humaines contemporaines sont présentement
des actions liées en majeure partie aux technologies. Ces technologies
plongent l'humanité à un autre niveau où la vie est
menacée. Cette menace est une réaction aux actions qu'a dû
subir la nature courant de l'histoire, voire actuellement. Les causes des
problèmes écologiques résultent des conséquences
fâcheuses qui mettent en péril l'avenir des êtres vivants et
de la vie en général sur la planète. En ce jour, notre
monde souffre de douleurs reçues de la part de l'humain par sa
conception qui dévalorise la nature, sa science et sa technique. En
d'autres termes, la nature, en tant qu'ensemble des êtres vivants,
inertes, visible et invisible, récent les actions humaines
(déforestation, la pollution, l'acidification des eaux, etc.) en une
douleur. Ces actions modifient les écosystèmes. Cette
modification le touche dans ses structures fondamentales. Ainsi, elle se met
à réagir contre ces actions. L'objet que ce présent point
se fixe d'étudier est les conséquences écologiques. Les
résultats des actions posées sur l'ensemble du globe et dont les
effets nous secouent terriblement. Selon la vision serresienne, ces
réactions sont une forme de communication qui nous alerte pour prendre
position, car elles sont dangereuses si nous ne les prenons pas en compte. Le
schéma reste simple : « nous recevons des dons du monde
et nous lui infligeons des dommages qu'il nous renvoie sous forme de nouvelles
données188(*) ».
Selon Michel Serres, tous les vivants de la nature effectuent
quatre opérations dans leur fonctionnement. Tous reçoivent
l'information, stockent, traitent, et émettent cette
information.189(*) Ces
opérations sont universelles et caractéristiques de tous les
vivants. Autrement, ces opérations sont la manière dont les
vivants agissent et réagissent face à une chose extérieure
comme l'information ou l'agression. Ainsi, l'humain, l'animal, l'arbre, l'eau,
l'air, etc., opèrent la même chose. Lorsqu'un
élément de ces opérations est menacé, Ceux-ci
réagissent ou informent selon un langage spécifique. Quand il
s'agit d'une agression, ils gèrent et réagissent face à
cela. En effet, dire de la conséquence écologique, c'est
souligner autrement comment la nature nous communique et transmet un message.
En tant qu'âme, elle a réagi comme tout vivant et de sa
manière. Nous l'avons mutilé, et « offre aujourd'hui le
visage douloureux de la beauté mutilé190(*) »
A ce qu'il parait, Michel Serres affirme que nous avons tant
oublié ce que disent les choses du monde, de telle sorte que le pouvoir
de l'humain a oublié « une nature dont on pourrait qu'elle se
venge mais plutôt, se rappelle à nous qui vivons [...] nous
avons oublié le monde : nous avons transformé les choses en
fétiches ou marchandises, enjeux de nos stratégies ; et nos
philosophies, acosmistes, sans cosmos191(*) ». C'est notre ignorance qui est à
la base de cette interférence pour comprendre le langage qu'utilise la
nature. Notre ignorance a fait de nous de premières victimes. Car nous
sommes, aujourd'hui, « responsable du changement global du
temps192(*) ».
Le message que la nature nous transmet, passe par les
conséquences qui s'accumulent tous les jours. Ces faits et
évènements de la nature, comme le dit Michel Serres,
« la rivière, le feu et la boue se rappellent à
nous193(*) ».
Soulignerles conséquences écologiques, c'est être à
l'écoute du message que la nature nous transmet sous formes des
catastrophes. Toutes les actions que l'humain a dû poser dans le
passé et le présent aussi se mettent désormais à le
rappeler et à la réaction devient de plus en plus grave. Les
effets écologiques font irruption dans la vie de l'être humain
à une vitesse accélérée. C'est par ses actes que
son avenir est menacé. Donc, la nature a et parle un langage que
l'humain n'arrive pas à comprendre. « Elle réagit
globalement à nos actions locales194(*) ». En d'autres termes, nos actes ne
touchent qu'une partie de la nature, pourtant sa réaction est
générale.
D'après Michel Serres, il y a problème
écologique du fait qu'il y a eu une contradiction entre l'humain et la
nature. Les deux ne s'entendaient pas ; l'humain n'a pas compris le
langage de la nature ; contrairement à la nature qui a compris
comment celui-ci fonctionnait. Ainsi, « l'une parlait un langage que
l'autre n'entendait pas195(*) ». En d'autres termes, si aujourd'hui les
conséquences sont présentes, c'est parce que les
antécédents (activités humaines) n'ont pas au
préalable compris comment les choses du monde fonctionnent.
Conséquences ; tous deux ne parlent pas le même langage et
« dans les mêmes circonstances196(*) ». Ceci fait que,
les dommages infligés au monde sont répliqués par le
réchauffement, changement climatique, la dégradation de l'air, la
déglaciation, les inondations, etc. Nous avons oublié que
« nous, les humains, sommes beaucoup, beaucoup plus fragiles. Notre
survie dépendra des conditions futures à la surface de le
planète197(*) ».
II. 3.1. LE
RÉCHAUFFEMENT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
De plus en plus la terre (nature) est victime d'un changement
global. Ce changement la transforme en une chose sans forces, impuissant et
précaire. Aujourd'hui sa passivité est changée en une
force agressive et menace le globe. La nature a réagi,
« vaincu, le monde nous vainc enfin. Sa faiblesse force, la force
à s'exténuer, donc la nôtre à s'adoucir198(*) », écrit
Michel Serres. Le changement climatique est devenu un problème majeur
à l'ère actuelle. Beaucoup de pays au monde s'inquiètent
à ce sujet. Il perturbe plusieurs choses dans le fonctionnement du
vivant. La nature enfin réagit contre les coups reçus. Comment
expliquer ce changement et phénomène brusque dans la
nature ?
II.3.1.1. Réchauffement
climatique
Tout d'abord commencerons par comprendre comment nous
fonctionnons. La vie sur terre est maintenue par les rayons solaires. Lorsque
ces rayons arrivent sur terre, 30% réfléchi vers l'espace et les
nuages absorbes 20%, les autres couches atmosphériques absorbent 6% et
la surface de la terre récupère 4%. Ce qui reste de pourcentage
sont absorbés par le sol les océans, l'atmosphère) ceci se
réémit vers l'espace en forme de rayon infrarouge. En effet, la
surface de la terre et l'atmosphère se mettent à chauffer quand
il se trouve à la lumière lorsque qu'ils captent sa propre
énergie. Lorsqu'ils n'émettent pas son énergie, il y a
blocage. Le blocage de son énergie provient de ce qu'on appelle le gaz
à effet de serre. Ainsi commence le réchauffement climatique ou
planétaire qui occasionne les autres éléments macabres.
L'on enregistre de multiples changements. A en croire Hubert Reeves,
« nous vivons aujourd'hui des bouleversements dont les effets
risquent d'être comparables à ceux qui conduisirent à ces
changements d'ère. D'où le nom de `sixième extinction'
souvent donné à la crise contemporaine199(*) ». Qu'est-ce qu'on
entend par gaz à effet de serre ?
Pour comprendre ce gaz expliquons ce qu'on entend par serre.
Une serre est un objet, enclos vitré destiné à
protéger contre le froid. Cet objet vitré laisse sur lui passer
la lumière du soleil. La serre empêche que la chaleur qui se
transforme à l'intérieur ne se dissipe très vite vers
l'extérieur. Cet objet empêche tout simplement que l'air chaud ne
part ailleurs. Il s'agit d'un effet purement mécanique. En effet, pour
notre planète, l'effet de serre est une couche qui fait office de plaque
de verre composé de gaz carbonique, de la vapeur d'eau, du
méthane. Ce phénomène a favorisé l'apparition de la
vie sur terre. Les gaz à effet de serre sont présents dans
l'atmosphère, ils n'empêchent pas la lumière du soleil
arriver jusqu'à nous sur terre puisqu'ils sont transparent à la
lumière du soleil. Mais en retour, ils empêchent le rayon
infrarouge émis par le sol à atteindre l'espace. Ainsi donc, sans
l'effet de serre, la température de la planète serait de
15°C. Il résulte de cette couche et plaque une augmentation de la
température au niveau de la terre. Au dire d'Hubert Reeves, l'effet
de serre est un phénomène important pour la régulation de
la planète. Sans l'effet de serre l'eau serait restée
gelée200(*). Mais
pourquoi aujourd'hui le gaz à effet de serre devient un
événement capable de nuire la vie des êtres
vivants ?
Nous savons que la chaleur du soleil est source de la vie sur
terre. « Le gaz carbonique emprisonne la chaleur solaire et
crée un énorme effet de serre ». S'il y a absence du
gaz carbonique, la concentration de l'effet de serre est l'annonce de la
disparition de la vie sur terre. Cette concentration a t en retour pour
conséquence ; la disparition de la vie sur terre. Donc, aucun
n'être vivant ne peut vivre sans la chaleur du soleil. Ce qui est
dangereux n'est pas le phénomène lui-même, parfaitement
naturel et essentiel à notre existence, mais sa modification rapide par
le progrès technique. Cette modification est porteuse de graves dangers
potentiels. La modification provient des gaz provenant de nos industries, des
fumées qui se propagent dans l'atmosphère, des automobiles, etc.,
ceux-ci constituent une opacité dans l'atmosphère,
empêchent la lumière du soleil d'atteindre la terre et
réchauffe le climat.
De plus, de nos jours, la planète se réchauffe
à tout niveau et cela inquiète tout le monde puisqu'il s'agit de
l'avenir de l'humanité. Le réchauffement vient du fait que la
terre émet de rayonnement sous forme d'infrarouge et elle reçoit
aussi le rayonnement solaire. Ces gaz deviennent opaques aux infrarouges sans
qu'ils soient émis dans l'espace. Ainsi, la conséquence est que
les infrarouges retenus prisonniers vont réchauffer les systèmes
atmosphériques et la surface de la terre et la planète se met en
réchauffé. Ceci fait que le réchauffement climatique
commence. Au fur et à mesure l'humain continuera ces activités,
la planète se réchauffera chaque jour jusqu'à faire
disparaitre l'humain disparait. A ne pas perdre de vue, que les
conséquences des gaz à effet de serre mettent en danger
l'ensemble du globe et le soumet en sa dépendance.
En plus, du réchauffement climatique, l'on remarque la
diminution de l'extension de la couche neigeuse de 10% depuis la fin des
années 1960.201(*) A ce sujet le philosophe français rajoute que
« la circulation des eaux, la chaleur moyenne et la formation des
nuages ou des vents, pour tout dire les éléments, plus le nombre
et l'évolution des espèces vivants202(*) » sont en emprise
par le réchauffement climatique. Il suffit d'observer la planète
par un satellite la nuit pour y reconnaitre ces grandes taches et blessures.
Les conséquences accroissent parce que le monde chauffe davantage. Pour
Michel Serres ces conséquences « avancent et pèsent sur
la planète, pour le pire et le meilleur203(*) »
Le réchauffement climatique engendre multiples
évènements sur la planète. Ces évènements
climatiques ont une violence exceptionnelle. On peut citer ici le cas des
inondations, des tempêtes, sécheresse, etc. ces
événements proviennent à en croire James Hansen
cité par Hubert Reeves, de « l'émission de
CO2 et d'autres gaz par la combustion du pétrole, du charbon
et du gaz naturel augmentent effectivement la température du
globe204(*) ».
Bien plus, les événements dramatiques liés au
réchauffement climatique ne s'accentuent chaque jour. La
température moyenne de la mer, des océans a atteint un record
absolu. La chaleur augmente tout le jour. Ainsi, la terre menace la vie. Tous
ceux-ci sont dus aux activités humaines, activités produites par
les techniques qui progressent chaque jour. Selon l'article de Jean-Claude
Batebua dans la revue Congo-Afrique, « les activités
de l'homme se sont développées très rapidement à
telle enseigne qu'elles acceptent des risques potentiels dont l'importance ne
peut-être ni preuve ni évaluée ou même pas pleinement
connue d'avance205(*) ». Ceci vient de l'hostilité du
monde. L'être humain pense être un être en dehors du monde.
Le problème avec le réchauffement climatique, il engendre un
autre problème la pollution de l'atmosphère, la
désertification, etc.
II.2.1.2. La pollution de l'air, de l'espace,
atmosphérique
Pour évoquer la pollution de l'air, de l'espace ou de
l'atmosphère comme une des conséquences de la crise
écologique, il est important de savoir de quoi ceux-ci sont
composés et quand est-ce qu'on peut dire qu'il y a la pollution et quel
est l'agent causal. Selon l'écologiste Robert Barbault le terme
pollution peut être défini comme « une modification
défavorable du milieu naturel en totalité ou en partie de
l'action humaine, au travers d'effets directs ou indirects altérant les
critères de répartition des flux d'énergie des niveaux de
radiation, de la constitution physico-chimique du milieu naturel et de
l'abondance des espèces vivantes206(*) ». Par cette définition, nous
pouvons maintenant analyser la question de la pollution comme
conséquence écologie résultante du réchauffement
climatique.
Au demeurant, notre air que nous respirons est dans
l'atmosphère et cette dernière dans l'espace. D'après les
données recueillies de la chimie, de l'astronomie ; elle est
composée d'un mélange de différents gaz ou vapeurs
classés en deux catégories : les constituants permanentes
qui sont présents dans l'air et les constituants variables qui sont
variables avec le temps et le lieu. Les constituants permanents sont
composés de : l'azote, oxygène, l'argon, néon,
hélium, hydrogène, méthane, xénon, krypton et
monoxyde. Le pourcentage pour chaque élément est bien
spécifique. Les constituants variables sont composés de :
l'eau, le dioxyde de carbone, le dioxyde de soufre, l'ozone et le dioxyde
d'azote. De ce fait, chaque élément à un taux
spécifique dans l'air ; le problème ou la conséquence
survient lorsqu'il y a augmentation de pourcentage d'un élément,
celui-ci engendre un problème dans la composition et dans les
systèmes. Ou lorsqu'il y a d'autres éléments en dehors des
composants bouleverse ces deux compositions comme : les ordures chimiques
et toxique, les déchets, la fumée des combustibles, etc. De nos
jours, il y a pollution c'est-à-dire perturbation de ce système.
D'après Michel Serres : « Il y'a deux fonctions de la
pollution. Une centripète de propriété. L'autre centrifuge
d'exclusion207(*)
».
Il y a trois types de pollution : le premier est la
pollution physique, Celle-ci est dû aux radionucléides ; le
deuxième est chimique provenant des produits naturels minéraux et
autres ; le dernier type de pollution est biologique dû aux
différentes contaminations microbiologiques. Ces trois pollution Michel
Serres le regroupe une pollution qu'il appelle : la pollution
matérielle, technique et industrielle qui nous expose à des
risques concevables venues des industries.208(*) Une autre pollution qu'il appelle culturelle.
D'après lui, elle est invisible ; elle « met en danger le
temps qui passe et coule209(*) ». Nous l'avons fait passé de
génération en génération. Ainsi, reste
maintenant à savoir qui en est l'agent et le responsable.
L'humain contemporain est méfiant de savoir comment
fonctionne son milieu, selon Michel Serres, il verse le pétrole en mer,
l'oxyde carbonique évaporé dans l'air par millions de tonnes, ces
produits acides et toxiques revenus avec la pluie a comme conséquence
l'asthme que souffre les enfants, vient de la philosophie qui cherche toujours
à maîtriser et posséder la nature.210(*) Sans le savoir, l'humain a
empiété le droit de la nature. Par la mauvaise culture, il a
souillé le monde par sa marque d'humanité avec « le
sceau ordurier de leur prise et de leur appropriation211(*) ».
Selon Michel Serres, la pollution vient du fait que l'humain a
fait une rupture avec sa raison. Cependant, « si notre rationnel
épousait le réel, et le réel notre rationnel,
[ajoute-t-il] nos entreprises raisonnées ne laisseraient pas de
résidu ; or si l'ordure foisonne dans l'écart qui les
sépare, c'est que celui-ci produit la pollution212(*) ». La pollution de
l'espace et d'atmosphère est un danger pour le corps des vivants. Telle
que dit Michel Serres, elle est un problème de tête lorsqu'il y a
séparation entre le rationnel et le réel. Ce divorce provoque
cette méconnaissance et cette sympathie envers les choses du monde.
Notre auteur le surnomme le mal propre, une équipollence ; cette
rupture entre rationnel et réel.
Le fait que le rationnel a divorcé avec le réel
ceci engendre de dégâts énormes. Cette distanciation entre
les deux s'aggrave selon notre auteur il y a alors : la laideur
s'ensuit de la dysharmonie et réciproquement213(*). A cet effet, Michel Serres
conclu que la pollution est une violence de la raison humaine contre les choses
du monde. Du fait que, celle de l'air, de l'espace vient à cause de nos
interventions technologiques qui varie dans sa composition, et donc ses
propriétés physiques et chimiques ont changé214(*). Ceci explique la
présence des pluies acidiques. Ces dernières ont comme source les
centrales électriques, les aérosols acides émis par leurs
cheminées se combinent avec la vapeur d'eau pour former des
précipitations acides. Les conséquences sont que ; les
forêts et plantes sont touchées et deviennent jaunâtres.
L'eau change des compositions chimiques. La pollution de l'eau est
causée par les rejets des égouts et de nombreux effluents
industriels.215(*) Le
résultatest que la pollution de l'eau provoque et accélère
un phénomène dangereux sur l'ensemble des vivants :
l'eutrophisation.
En plus, dans Hominescence, Michel Serres
présente la pollution comme une perte d'un profit que les esclaves
doivent rentabiliser par le rendement du travail. Par la fabrique de la
machine, il y a production la chaleur qui entre dans le travail
mécanique. Cette chaleur n'a jamais été calculée,
elle se volatilise dans l'atmosphère sur des objets exclus de
toutes valeurs. Pourtant, la pollution est composée des résidus,
des ordures, de la boue et de la crasse qui n'ont jamais été
connus. En conséquence ; « le prix devient commensurable
à une dimension du monde : et par exemple la mer monte216(*) ». Cependant, la
pollution est la perte de nos profits dont on n'arrive pas à mesurer son
ampleur ou impact dans la nature. Au paragraphe précédant, nous
avons évoqué le problème du divorce entre le rationnel et
le réel. Ici, Michel Serres dit entre autres, que la conséquence
de la pollution provient aussi de nos rivalités entre nous les humains.
Cette rivalité, « peut mettre en danger la planète et
la vie en leur totalité217(*) ». Plus il y a pollution, plus, nous
allons dépendre des choses dont nous croyons dépendre de nous.
Par ailleurs, parlant de la montée de la mer, Michel
Serres a donné comme exemple au sujet de la pollution, Hubert Reeves
souligne que, l'avant l'ère industrielle, il y avait un
quasi-équilibre entre les quantités de CO2
absorbé et rejeté par la mer et la terre.218(*) Cet équilibre
atmosphérique était maintenu par un espace sain. Mais pour le
philosophe français, depuis la dispersion de l'ordure matérielle
et sensorielle, nous recouvrons et effaçons la beauté du monde et
réduisons la prolifération luxueuse de ses multiplicités
à l'unicités désertiques219(*) ». S'il y a augmentation concentrant le
CO2 par effet de serre, cette concentration entrainerait
l'augmentation de la température moyenne et la vie sera
compliquée. Il y aura comme conséquence ; les modifications
profondes sur l'ensemble du climat : relèvement des niveaux des
mers, la fonte des glaces polaires.220(*) La présence des ordures dans l'air, dans
l'espace, etc., augmente de plus en plus de 25% le gaz carbonique. Pour
reprendre l'expression de notre maître à penser, nous sommes une
espèce qui laisse tomber les ordures parce que nous n'habitons pas
l'espace, et donc partout où, nous passons, laissons, en
conséquence la souillure de l'espace.221(*)
La question écologique soulevée là-dessus
se pose sur l'accélérationdes phénomènes naturels.
L'émission du gaz à effet de serre devient plus en plus
accéléré qu'au paravent. Soulignons à cet effet,
les conséquences sont dangereuses, provoquent des perturbations dans la
nature et les régulateurs (terre, océan, mer, etc.) absorbent une
moitié de ce gaz. Les restes vont dans l'espace, perforent la serre et
laisse le trou dans la couche d'ozone. Hubert Reeves, écrit à ce
propos que la liste des pollutions de l'air est hélas très
longue. Mais ce qui nous inquiète davantage est la question du
changement climatique qui détraque de plus en plus les
écosystèmes dont les dommages sont irréversibles. A force
de polluer, l'humain augmente la concentration des toxiques dans son milieu
d'habitat par le phénomène du stock. Michel Serres dit à
ce sujet que « l'homme est un stock, le plus fort et connecté
de la nature222(*) ». Il est plus dangereux s'il stock les
toxines dans son organisme par diverse sorte de pollution : l'usage
d'engrais chimiques, nucléaire, les pesticides, etc.
II.2.1.3. Le trou dans la couche d'ozone
La problématique des trous dans la couche d'ozone comme
conséquence ont de point commun avec le précédant point
(la pollution) ; c'est pour cette raison, elle prête confusion pour
certains. La destruction d'ozone provient du gaz à effet de serre
produit par les activités humaines. Ce gaz à une longue
duré dans l'atmosphère et petit à petit, il perce de trou
dans la couche d'ozone. La couche d'ozone à lire l'astrophysicien Hubert
Reeves, c'est un type de d'oxygène constitué de trois atomes
contrairement à celui dont nous respirons qui n'a que deux atomes. Cette
couche est dans l'atmosphère à deux niveaux d'altitudes. Selon
toujours Reeves, il y a d'abord la couche d'ozone situé entre 20
à 50 kilomètres au-dessus de nous ; c'est qu'on appelle le
bon ozone. Son rôle est celui d'intercepter les rayons ultraviolets du
soleil qui menacerait la vie une fois sur terre. Car une fois sur terre la vie
des vivants serait impossible. Cependant, cette couche dès le
début de la planète n'existait pas encore. Sa présence a
été effective au même moment que l'oxygène
atmosphérique.223(*)
Quant à la pollution atmosphérique, elle
provient des dioxydes de souffre, des oxydes d'azote, du mercure. L'humain en
emploi les combustibles fossiles, les incinérations des déchets,
l'usage des plastiques incinérés, etc. Il est effet à la
base de la forte quantité de la pollution atmosphérique.
Conséquence, presque tous les pays au monde se trouvent pollué,
car l'air n'a pas de frontière. C'est ici où les pays pauvres
réclament sont concernés malgré leur faible pourcentage de
pollution. Sans doute, la pollution est maintenant presque partout dans le
monde malgré la différence de degré. Les courants
aériens transportent cette pollution à des milliers de
kilomètres.
Tout cela, souligne Michel Serres, c'est par notre
capacité technique, croissantes, celle qui verse dans
l'atmosphère des milliers de tonnes d'oxyde de carbone et même
d'autres déchets toxiques, nous ne savons même pas estimer les
transformations générales sur une échelle de grandeur et
de complexité que cela implique224(*). Notre activité technologique a fait qu'il y
ait une diminution de la couche d'ozone. Ensuite, cette diminution a un impact
néfaste sur les êtres que nous sommes. Conséquence ;
il y a augmentation du taux de cancer, la détérioration de la vie
végétale et animale, l'air, la menace de la chaine alimentaire.
Le progrès technique produit des gaz toxiques et, est responsable de ces
trous. Ceci explique pourquoi, il y a des inondations, précipitation,
etc., parce que « il suffit de toucher à un
élément pour que tout l'ensemble soit perturbé225(*) ».
En outre, d'après Michel Serres, nous sommes
arrivés au point où les catastrophes nous inquiètent
davantage parce que « dans le tissu aérien de protection qui
garantit non plus le temps qui coule, mais le temps qu'il fait226(*) » est
détruit par notre mauvaise culture. La mauvaise couche d'ozone est
produite de manière naturelle par les orages, les oxydes d'azote et les
hydrocarbures émis par les voitures automobiles, les industries
chimiques, nucléaires, etc. Elle est une mauvaise couche parce qu'elle
provient des activités humaines et provoque des effets nocifs sur
l'ensemble des vivants. Reeves souligne que par son pouvoir oxydant, il modifie
la perméabilité des membranes cellulaires et perturbe la
photosynthèse, et la respiration.227(*)Elle est en majeure partie responsable des trous.
II.3.1.2. Changement
climatique
Il est cependant vrai, que le climat peu varié de son
propre gré par le fait que la quantité de l'énergie
émise par le sol varie de temps en temps et aussi avec la dérive
des continents, mais il est aussi évident que ce changement provient de
l'intervention de l'action humaine. Comment expliquer ? Le
réchauffement climatique que nous venons de présenter et analyser
précédemment, engendre aussi la perturbation climatique. On
appelle dans un langage courant par changement climatique. Notons que, le
changement climatique résulte des émissions de gaz à effet
de serre. Une fois que le gaz à effet de serre réchauffe la
surface de la terre, celle-ci en retour refroidit les hautes couches de
l'atmosphère. En retour, il y a changement dans le fonctionnement du
climat. Lorsqu'il y a changement climatique par le gaz, la conséquence
est que la couche d'ozone tarde à se reconstituer car, les
énergies sont perturbées dans l'atmosphère. De ce fait, si
aujourd'hui, le monde en général s'inquiète de ce
changement, c'est tout simplement que l'humain accélère le
processus et le changement devient fort du fait qu'il y a augmentation des gaz
à effet de serre.
De plus, ce changement provient aussi du cycle du carbone
depuis que l'ère industrielle a commencé avec
l'incinération des combustibles fossiles ; la constante du cycle de
carbone est perturbée et ne cesse de croitre. Cette croissance est venue
de la conséquence d'accumulation des masses de gaz carbonique dans
l'atmosphère dû aux différentes combustions de carbone
fossile comme les carburants fossiles. Ensuite, par l'augmentation de la
température qui modifie les régimes des
précipitations.228(*) Le changement climatique selon Michel Serres vient
de notre ignorance de l'importance du climat. Nous avons
été « indifférents au climat229(*) ». Cependant, le
changement climatique est un enjeu écologique qui bouge l'ensemble du
globe. Parce qu'il se traduit par des nombreuses variations qui aujourd'hui
porte atteinte à la survie des êtres vivants. Par ces variations
observées par-ci-et-là le phénomène vie devient de
plus en plus une question délicate, voire difficile à
appréhender.
II.3.2. EXTINCTION DES
ESPECES
La menace sur la biodiversité provient de la tendance
anthropocentrique qui se déverse dans les technologies. Cette vision de
la nature retire le droit aux choses de la nature comme celui d'exister. Comme
dit dans le premier chapitre, l'être humain a cru être le seul
être vivant qui a droit à la vie. Oubliant qu'en
réalité il est « une espèce parmi tant
d'autres 230(*)». La conséquence est que, pense
être plus important que les autres espèces de la nature ; il
se met à les tuer jusqu'à les faire disparaitre : extinction
des espèces. En dehors de cela, le changement climatique est à la
base du non adaptions des espèces dans la nature. Ce changement provoque
même la perte des certaines espèces. En effet, l'extinction d'une
espèce est une perte irréparable, un des désastres navrant
qui se produit dans la nature.231(*) A lire Michel Serres, celui-ci souligne le fait que,
tout vivant sur terre nait et après meurt. Sa disparition est un
phénomène naturel au préalable. Les scientifiques estiment
selon eux qu'une espèce ne dure « autour de 5 millions
d'années232(*) », une extinction naturelle sans
l'intervention de l'humain. Il y a un processus qui détermine sa vie et
sa mort. Ce processus a un temps déterminé. Un risque peut
advenir et ce processus peut être interrompu si l'on se souvient de ce
que nous avons souligné au premier chapitre sur les
phénomènes naturels de la terre où nous avons
évoqué les grandes extinctions. Néanmoins, aujourd'hui les
astrophysiciens alerte sur la sixième extinction des espèces, une
des grandes conséquences des actions humaines. Cette sixième
extinction a pour cause les activités humaines : la
déforestation, la fragmentation de l'habitat, la pollution, la
surexploitation, etc.
Selon l'astrophysicien Hubert Reeves, le développement
de l'agriculture et de l'élevage serait aussi à la base de
nombreuses disparitions. L'humain est responsable d'une telle
conséquence. Mais cela avec l'ère industrielle. Cette ère
est responsable de l'accélération du taux d'extinction. Les
causes sont nombreuses qui occasionnent l'extinction des espèces. Mais
toutes ces causes se ramènent à l'activité humaine sur les
choses du monde. Lorsque cette activité bouge et détruit les
milieux naturels, elle renvoi les espèces dans leur habitat. Le
problème écologique est que toutes les choses la nature sont
liées les unes aux autres en signe d'écosystème, la
disparition d'une espèce peut engendre celle des autres
dépendantes d'elle et ainsi de suite. Nous vivons dans une sorte des
liens interdépendants.
Menacé la biodiversité, c'est créer son
propre départ. L'activité humaine menace la biodiversité
en majeure partie ; cette menace entraine des changements et le change
aussi. Cet arrachement contre les être non-humains de la nature se
transforme en une bataille contre tous nous plonge dans une embuscade qui
« menace d'extinction de la population qui s'y donne233(*) », prétend
Michel Serres. Par force de justification rationnelle et par nos moyens
technologiques les humains détruisent l'ensemble de la nature. La
conséquence de cette philosophie de l'épuisement,
« peut nous conduire tous ensemble, et non plus par localité,
à l'extinction automatique234(*) ».
II.4. LES SIX
ÉVÉNEMENTS EN CRISE
Dans le livre temps des crises, Michel Serres
consacre tout un chapitre où il souligne la crise globale produite par
les six évènements. La crise globale provient des actions
humaines posées au préalable. Cependant, dans une décennie
tout a été transformé. Aucun rapport de l'humain au monde
et la nature à l'humain. Cette rupture de ce couple provient d'une
histoire qui date de très longtemps. Elle a été
renchérie et occasionnée par les technologies parce qu'elles
touchent une poignée de la population à une vitesse lente, mais
lourde. C'est une nouvelle condition de vie pour l'homme et pour le reste du
monde.235(*)
En plus, la gravité dit d'un événement
souligne Michel Serres se mesure à la longueur de l'ère qu'elle
traverse et les dommages qu'elle crée. Le premier
évènement est la chute de l'agriculture. Selon ce qu'analyse
notre auteur, l'agriculture est l'activité de pâturage et
labourage. Elle a connu une chute au XXe siècle de 2%, parce
que l'intérêt a diminué constamment suite à rupture
de l'être humain avec les choses du monde. C'est qui explique la fin du
Néolithique. C'est une situation délicate, une ignorance
où le monde est perdu et instable. Il s'agit en effet d'un double
coup : le premier celui d'être citoyens, c'est-à-dire vivre
dans le monde et pensé à long terme. Etre à
l'intérieur du monde pour penser au monde ; le second coup est
menaçant et venge les humains puisque le monde est ignoré et elle
réplique en retour.236(*)
De plus, le deuxième évènement, c'est le
transport. Le déplacement est un problème accès complexe
dans la crise, car nous ne savons pas si tout ce qui se dégage des
automobiles est nuisibles au système immuable des humains pour n'est pas
être exposé aux différentes maladies.237(*) Ensuite la santé est
le troisième évènement de la crise. La santé est un
aspect très significatif pour la population. Jadis, c'était la
maladie qui inquiétait le plus. Mais, de nos jours, c'est la question de
la santé des êtres vivants qui est à la table de tous parce
que, au dire de Michel Serres, nous avons ignoré les liens qui nous
lient au monde, à la nature. Ce monde que notre ignorance a fait
maître et possesseur. Ce rapport a été rompu avec notre
nature, en retour, la rupture a engendré les nombreuses
conséquences.238(*)Le quatrième événement, est la
démographie. Selon Michel Serres, il y a explosion démographique
de deux à sept milliards humains qui n'ont pas une vie stable et peu
confortable. En fait le changement et réchauffement climatique
influent.239(*)
En plus, le cinquième événement
qu'évoque l'auteur en crise, c'est la connexion. D'après lui,
nous avons coupé notre relation au monde parce que les technologies
ont changé nos liens de voisinages avec les choses du monde. Ces
technologies ont transporté notre habitat dans un autre espace.
Conséquence ; « nous ne vivons plus dans le même
gîte que nos pères240(*) ». Enfin, le sixième
événement, c'est les conflits. Selon le philosophe
français, le conflit commence quand l'humain a réussi à
tuer ses semblables, c'est-à-dire les autres êtres non-humains de
la nature. La guerre emporte sur la vie. Selon Michel Serres, Darwin signifiait
que, l'humain avant d'arriver au stade où il se trouve à dû
lutter (sélection et évolution). Jusqu'au point où
« les hommes devinrent, en ce temps, plus dangereux pour les hommes
que le monde241(*) ». Par les conflits, le monde est
déséquilibré, transformé par une crise de
puissance. La crise de ces évènements est globale par le fait
qu'elle quitte le particulier, le local pour toucher tous les secteurs de la
vie242(*).
Si aujourd'hui nous subissons les conséquences
écologiques, c'est tout simplement que nous avons créé un
écart entre les fonctionnements de la nature et celle de la
société humaine. Ce rapport dissout aux choses du monde s'accroit
davantage et crée des conséquences inédites. Nous sommes
ainsi à la finitude du monde parce que, ajoute le philosophe
français « nous pensions, courageux, que toute notre histoire
consistait à lutter sans cesse contre une force toujours plus haute et
profonde que la nôtre243(*) ».
Que conclure sur les conséquences
écologiques ? Les conséquences écologiques selon
Michel Serres est un message que les choses du monde nous transmettent. Ce
message est simplement le retour au monde. Les humains par leur intervention
dans le monde, font subir au monde une sorte de dérèglement et
dysfonctionnement qui compromettent la stabilité et l'équilibre
des choses du monde. Ainsi, pour l'intérêt de tout le monde
l'être humain doit faire un retour vers ses origines afin de vivre autant
que possible. Car les actions qu'ils posent à la nature, sont des armes
en retour de défense de la nature. L'académicien français
nous exhorte en disant : « il ne fallait pas que l'univers
s'armât pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau
suffisait pour le tuer244(*) ». La raison humaine
véhiculée dans les techniques et technologies à l'apex
d'une puissance non contrôlée se transcrit aujourd'hui par un
danger de mort du collectif. Si le contrat naturel n'intervient pas, la nature
se décidera de se sauvegarder elle-même ; et là
commence le danger que l'humain ne voit pas encore.
II.5. CONCLUSION
Pour conclure, tout au long de ce chapitre, nous avons
évoqué la problématique du progrès technique et ses
conséquences. En effet, la problématique du progrès
technique est l'aspect central de la pensée serrésienne de
l'écologie. Le progrès technique vient de ce que produisent la
culture et la politique. Culture héritée de l'histoire dualiste
qui sépare l'humain et la nature : sujet et objet. Cette culture se
réalise dans la technique, pour transformer cet objet qui est le monde
(nature). Et la politique, cet art de gouverner. L'humain gouverne le monde de
la manière l'assujettir puisque son intérêt est de le
maîtriser et le posséder.
L'être humain départ ses techniques crée
une rupture avec la nature. Cette rupture a coupé la communication avec
les choses du monde. Ce dernier n'aque de termes techniques et scientifiques.
La science et la technique modifient le système et fonctionnement de la
nature sans s'en rendre compte. Pourtant, l'humain producteur de la science et
technique est lié à ce système et en tant que tel, il se
met en danger. La nature se rappelle à lui, c'est-à-dire le
communique des blessures qu'elle a dû subir des actions
technoscientifiques. Ces actions viennent du fait que, la modernité est
négligente au langage de la nature. Cette modernité ne sait ni ne
pense, n'agit en faveur de la nature. Elle est cependant une modernité
qui nie la valeur de l'autre. Par esprit et croyance anthropocentrique venu
déjà avec le contrat social, nous avons carrément
abandonné et coupé le lien qui nous lie au monde.
Face ces obligations qu'imposent les conséquences
écologiques, celle-ci ont impliqué dans la pensée
serresienne un contrat naturel avec lequel nous pouvons espérer vivre
à long terme. Tout a commencé par le résultat du premier
chapitre où nous avons découvert en fait comment est
constituée la culture narcissique sur la nature. Cette culture ne tient
compte que de l'être humain. Nous sommons parti de l'idée selon
laquelle, la culture a horreur du monde dans cette situation, elle ne voit la
nature à travers une grille de lecture qui n'a aucune chance de nous
sauver. Ainsi cette culture s'est matérialisée dans la technique
comme finalité. De cette finalité, le monde devient une
transformation à la guise de l'être humain. Ces techniques, par
association à la science deviennent la technologie qui se progresse
à une vitesse, mais sans tenir compte du monde dans lequel elle produit.
Et aujourd'hui toutes les sciences deviennent techniques de pointe qu'on
appelle nouvelles technologies ; puisqu'elles sont manipulatrices. Tout
ceci sans tenir compte des choses qui nous portent et donnent vie. Et
maintenant aujourd'hui, elles se mettent à nous rappeler qui nous sommes
et parfois de manière dangereuse car nos vies en dépendent. Les
conséquences écologiques sont un message que la nature nous
envoi, à nous de prendre conscience à cela. Dans cette peur de
mourir, Michel Serres nous propose de passer un contrat. Ceci fait l'objet du
chapitre qui suit.
CHAPITRE TROISIEME :
L'ECOLOGIE DU CONTRAT ET DU SUJET DE DROIT
III.O. INTRODUCTION
Le chapitre précédant nous a permis de saisir la
problématique de l'écologie dans la pensée serresienne.
Depuis la révolution industrielle, la nature ne cesse de crier des
douleurs d'enfantement causées par le progrès technique qui ne
tient pas compte parfois des choses de la nature. Polluer et infecter sont les
deux verbes qui mettent en danger le monde, y compris l'humain. Nous
héritière d'une culture a horreur du monde, nous avons
inventé des techniques qui transforment le monde. Aujourd'hui, ces
techniques associées aux sciences dures sont justement le mal
écologique à la base d'une violence objective. Cette violence
à de nos jours des conséquences fâcheuses qui mettent en
péril l'ensemble du globe. Certes, ces conséquences sont par
ailleurs une communication et interpellation adressées à l'humain
pour stopper sa violence et recourir au vivre ensemble. Car les
conséquences ou réactions sont dangereuses que les actions
posées.
Ainsi, pour vivre ensemble et en harmonie, « nous
devons décider la paix entre nous pour sauvegarder le monde et la paix
avec le monde afin de nous sauvegarder » et cela par un contrat
naturel. Le contrat naturel est la théorie de sauvetage que
préconise Michel Serres en écologie. Car selon lui sans contrat
naturel, les humains et les choses du monde continueront à se livrer la
guerre jusqu'à l'extinction du plus faible. Alors, les humains ne
doivent pas courir ce risque. D'entrée de jeu, définissons le
concept « contrat naturel » tel que l'entend notre maître
à penser. Selon lui, le contrat naturel est
D'abord la reconnaissance, exactement métaphysique, par
chaque collectivité, qu'elle vit et travaille dans le même monde
global que toutes les autres ; non seulement que chaque
collectivité politique associée par un contrat social, mais aussi
chaque collectif quelconque, militaire, commercial, religieux, industriel...,
associé par un contrat de droit, mais encore le collectif expert
associé par un contrat scientifique245(*)
Cependant, l'objet de ce chapitre est de présenter,
d'analyser, mais aussi de réfléchir sur la question du contrat en
droit. La thèse écologique serresienne prend source dans le droit
naturel et défend l'idée d'une nature : sujet de droit.
Raison pour laquelle le titre du chapitre cerne l'écologie du contrat,
c'est-à-dire écologie prenant source dans le droit afin de voir
pourquoi et comment passer le contrat avec la nature. C'est une écologie
plaidant une nature objectivée.
III.1. DROIT DE L'ETRE HUMAIN
ET NON DE LA NATURE
La crise écologique vient du fait que notre culture
contemporaine, héritée de l'histoire, a horreur de la nature. Cet
héritage historique nous a fait croire que nous ne dépendons pas
de la nature, et ce, depuis les trois droits qui fondent notre relation
à nos semblables. Ceux-ci (droits) ont exclu de manière
délibérée la nature au rang du sujet de droit. Pourtant,
l'être humain ne vit pas seul dans son milieu. Il est autour des
bêtes, plantes, eau, air, tous les inertes, etc. Mais notre
héritage juridique a fait abstraction aux autres êtres qui vivent
avec l'humain. Et élève celui-ci au rang supérieur. Comme
conséquence ; seul l'être humain est sujet. Cette
déclaration anthropocentrique est à l'origine du malheur de la
nature. C'est pourquoi, Michel Serres dans Le contrat naturel explique
ce fait en analysant la question de trois droits fondamentaux qui nous
gouvernent tous.
Le premier confère à l'humain le statut du sujet
et écarte la nature du rang du sujet. D'après Michel Serres, par
le contrat social, l'humain passe de l'état de nature vers l'état
social, où il forme une société avec ses semblables. Ce
contrat a fait de l'humain un être vivant dans la société
avec des lois, droits et devoirs. L'objectif de ce contrat, comme le souligne
Jean-Jacques Rousseau, est que : « Chacun de nous met en commun
sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la
volonté générale ; et nous recevons en corps chaque membre
comme partie indivisible du tout246(*) ». Les liens sont noués, la
violence interdite, le droit de chacun est respecté. Cependant, le
contrat, tacitement et virtuellement signé par les humains, ne parle que
d'eux et exclut de manière délibérée les autres
choses de la nature. Il relate en effet l'origine de la sociabilité qui
mît les hommes ensemble dans un collectif de force.247(*)
De ce qui précède, pour l'académicien
français, le contrat social fait entrer l'humain dans l'histoire du
monde en lui conférant un droit auquel le pouvoir lui a
été donné. De ce fait, l'être humain a oublié
la nature à partir de ce contrat. Par conséquent, la nature
devient antérieure à l'humain, muette devant ce droit, inerte et
objet sans valeur, etc. Ainsi, la notion juridique qui octroie à
l'être humain comme seul sujet de droit commence par le contrat social,
et même le droit naturel moderne fera de la nature seulement ce qui est
dans l'humain. Les autres êtres de la nature sont rejetés du
droit. Vu qu'il n'y a sinon il n'y a aucun droit de la nature, celui-ci sera vu
par l'humain comme un objet à service. Pourtant, la nature est un sujet
ayant ses droits.
De plus, le second droit qui viendra renforcer la visée
du contrat social, est le droit naturel. Selon Michel Serres, la
définition qu'on donne au droit naturel signifie tout simplement :
« un ensemble de règles qui existeraient en dehors de toute
formulation ; parce que universelle, il découlerait de la nature
humaine ; source des lois positives248(*) ». A ce qu'il parait, ce droit disqualifie
la nature en général ; et prend en compte seulement la
nature humaine. Autrement dit, il prend la nature comme l'humain et le reste ne
fait pas partie de la nature. De ce fait, le droit naturel compris par le
moderne confère à l'être humain le droit, et les autres
choses de la nature n'ont aucun droit. Elles sont rangées aux oubliettes
parce qu'elles sont sans aucun droit qui le protège. A ce propos,notre
auteur souligne que « la nature se réduit à la nature
humaine qui se réduit à l'histoire, sait à la
raison249(*) ». Ainsi, les humains requièrent le
statut de sujet de droit. Et donc, le monde disparait du droit.
Enfin, le droit que Michel Serres analyse en dernière
position induisant le monde en erreur est la déclaration des droits de
l'homme. Qui dit droits de l'homme voit uniquement l'être humain
seulement dans ce qui lui est confié par ce droit : sa
liberté, son droit, son devoir. Signifions en passant que la
déclaration de droit de l'homme émane du droit naturel. Celle-ci
atteste Michel Serres, « elle ignore et passe sous silence le
monde250(*) ».
Cette déclaration ne prend en compte que les valeurs de la nature
humaine. Elle rejette cependant la nature dans sa totalité. Et donc la
victime dans cette déclaration reste la nature en général.
Pourtant, si on analyse bien l'affaire, l'essence du droit de cette
déclaration, elle est celle de vouloir défendre le pauvre, le
faible, le plus démunis, les misérables, etc. Alors ses propos ne
voient que la nature humaine, oubliant les êtres du monde : l'eau,
l'air, l'arbre, la terre, etc. Cette déclaration les exclut.
En outre, les trois droits ont une chose en commun. Ils
réduisent les choses de la nature comme des objets qui ne peuvent pas
concerner le contrat des humains, ces objets sont donc passifs et il n'y a que
l'humain qui estconcerné par ce projet du droit. Et ce droit,
l'humains'en approprie à leur insu. Par conséquent ;
« le sujet de la connaissance et l'action jouit de tous les droits et
ses objets aucun. Ils n'ont encore accédé à aucune
dignité juridique251(*) », c'est la raison pour laquelle nous les
détruisons. Le contrat social devient ainsi mortifère et
dépassé conclu Michel Serres. Ainsi, reste de revoir le droit
naturel pour accorder à la nature le statut d'être sujet de
droit.
III.1.1. L'IDEE DU DROIT
NATUREL ET SUJET DE DROIT
La nature est constituée des choses connues et
inconnues : êtres vivants, inertes, objets animés et
inanimés, etc. Ces choses sont organisées dans une relation
d'interdépendance. Edgar Morin dit même que, « le tout
est à la fois plus et moins que la somme des parties, que le tout est
plus et moins que le tout, que le tout, que les parties sont plus et moins que
les parties252(*) ». Elles sont constituées en effet
en écosystème. Ce qui veut dire autrement, l'une entraine l'autre
et vice versa. Cependant, aucune de ces choses n'est sujets sans que les autres
ne le soient. Elles sont tous sujets ensembles et tous objets ensembles. Toutes
sont régies par un principe de dualité (visible-invisible,
universelle-particulier, etc.). Pour les vivants, tous ont le droit de vivre et
tous ont le devoir l'un envers l'autre. Ils constituent un ensemble et forment
un système ; ont tous droit à la vie. La question reste
celle de savoir de quel droit sont tous soumis ?
De ce qui précède, le droit posé vient
d'un fondement que les philosophes classiques appellent droit naturel. Ce droit
a fait longtemps objet de discussion. La question du droit naturel et sujet de
droit a posé un problème durant l'histoire de la philosophie. Car
pour certains philosophes, il y a de droit que celui qui est posé. Et
pour d'autres, le droit posé à un fondement sur la nature. De ce
fait, lorsqu'il s'agit du droit naturel, celui-ci fait référence
à un droit « qui ne peut naître de l'exercice d'un
pouvoir, d'une volonté, d'une décision253(*) » des individus
prisent comme tels. C'est un droit qui se découvre et se constate dans
la manière d'être. Il se découvre dans la nature des
choses. Les classiques soulignent que le droit naturel est un droit de nature,
d'un ordre d'ensemble. Partant de cette affirmation des classiques, il
résulte que le droit naturel signifie tout simplement que, toutes choses
dans l'univers possèdent un droit. Etant ainsi, ils sont sujets de
droit. Posséder un droit, à lire Jacques Leclercq veut dire,
avoir « un pouvoir, [...] une liberté morale254(*) ».
Beaucoup de philosophes ont ramené le droit à la
nature humaine. Ainsi, l'humain devient comme premier à vouloir
naître de l'exercice du pouvoir. Partant de cette optique, le droit
naturel fait naître une confusion totale dans la compréhension.
Cette confusion, à en croire Christian Atias a fait que, « le
droit naturel [...] a ouvert la voie aux droits naturels255(*) ». La
réalité du droit naturel devient en effet dénaturée
du fait qu'elle est attachée au réalisme qui s'oppose à la
théorie. Conséquence ; il y a d'un côté le
droit en tant que réalité subjective et de l'autre
côté comme un idéal. Ceci par le pire vouloir isoler
l'être humain du reste de la réalité monde.
De ce qui précède, le droit naturel renvoi de ce
fait à deux choses : nature comme reflet de l'Être parfait et
nature comme réalisme humain. Cependant, le droit naturel
« évoque un ordre d'ensemble. Il s'apparente au cosmos. Ce
monde hiérarchisé où chacun avait sa place256(*) ». De ce fait,
tous êtres de la nature sont par le fait même sujet de droit, parce
qu'ils sont gérés par la loi de la nature avec laquelle tout
le monde a droit : la vie. Michel Serres souligne, à ce propos, que
c'est ce droit classique qui est justement le fondement du contrat naturel. Ce
droit tient compte des généralités du cosmos, son contenu
est par ailleurs déterminé par l'ensemble des choses de la
nature. C'est dans ce sens que la théorie du droit naturel ne doit pas
être une création d'une volonté humaine à la
manière du contrat social. Plutôt qu'au-delà du contrat
social.
A cet effet, signifions que, la question du droit naturel se
pose avec beaucoup plus d'inquiétude, puisqu'elle est une question sans
réponse, d'autant plus qu'elle est recherchée dans l'application.
La querelle qui tourne autour du droit naturel se fonde sur l'application du
droit. Pour Christian Atias, le droit naturel classique fait de la question du
droit une recherche de la connaissance.257(*) Si tel en est le cas, la connaissance et la
conscience sont de ce fait le critère de ce droit sur lequel le contrat
naturel trouve place. Il y a alors la problématique du droit et devoir.
Le droit comme conscience et devoir comme connaissance. Dans cet ordre
d'idée, le droit, pouvoir moral et devoir comme nécessité
morale, s'articulent entre les choses du monde. D'après Michel Serres,
jadis était sujet de droit les citoyens romains ou les citoyens
athéniens. Les restes n'étaient pas considérés
comme sujet de droit par conséquence ; le droit ne leur
conféré pas un droit et personne n'avait un devoir envers eux.
Ils étaient en effet « ceux pour qui il fallait se porter
aval258(*) ».
Avec cette notion, toute chose de la nature devient sujet. En ce sens, dire que
j'ai le droit de faire tel acte ou tel autre ; cela suppose que c'est
affirmer en même temps l'autre a le devoir de me laisser faire et vice
versa.
Le droit et le devoir sont corrélatifs. Leclercq
soulignait dans son livre cité en bas de page que, « Seul sur
terre l'homme est un sujet de droit parce qu'il est susceptible d'affecter ses
actes de ce caractère spécial qu'on appelle le caractère
moral259(*) ».
Cette affirmation contredit, en effet, la corrélation entre droit et
devoir. Pourtant, nous savons bien que, le droit naturel est fondé sur
la nature en sa totalité, non seulement que l'humain a droit à la
vie, pour supposer en retour que la nature a le devoir de lui procurer la
vie ; corrélativement la nature a droit et l'humain a le devoir de
respecter le droit de la nature. Entre d'autres termes, si l'humain a un devoir
envers la nature, cela suppose que la nature dans sa totalité a un droit
face à l'humain et ce droit, c'est la vie de tous. La nature est sujet
de droit veut dire pour Michel Serres, un bien qui n'appartient à
personne, une valeur autonome et universel où une chose est un
quasi-sujet de droit. La question est celle de savoir de quel droit devons-nous
fonder l'argument selon lequel, la nature est un sujet de droit ? Il
répond que c'est le « droit de
propriété260(*) », celui qui considérait la nature
comme un objet privé de l'humain que nous devons combattre et se
factoriser sur le droit naturel classique incluant la nature extérieure
de l'humain.
En outre, à lire le nouvel ordre écologique
de Luc Ferry, celui-ci souligne un fait qui doit pousser l'humain à
considérer la nature comme sujet de droit. Celui-ci dit :
« dès lors ce monde que nous avions traité comme un
objet redevient sujet, capable de se venger : abimé, pollué,
maltraité, c'est lui qui nous menace aujourd'hui de nous dominer
à son tour261(*) ». La question du sujet de droit, partant
de ce qui vient d'être dit ci-haut et des affirmations de Luc Ferry, il y
a lieu de donner à la nature le statut de sujet de droit. Car, selon la
philosophie serresienne, les réactions de la nature sont contraignantes
de globalisation renaissante, d'extinction collective. La nature donne logement
et habitat à l'humain, la chauffe et la nourrit. Elle a la
capacité de le détruire dans un laps de temps quand il abuse,
elle conditionne la nature de l'être humain, le fait vivre. Elle se
conduit comme un sujet, une âme par excellence, capable de recevoir,
traiter, conserver et transmettre.262(*) La nature est l'hôtesse qui nous accueille,
nous met au monde, nous nourrit et fait de nous ce que nous sommes.
Cependant, si l'humain ose d'abuser, la nature le
détruit sans qu'il ne se rende compte. Michel Serres appel ce
comportement destructif de l'humain comme parasite. La justice face ce
problème est d'être contre aux abus parasitaires et revoir la
question de qui peut être appelé un sujet de droit.
Déjà le droit naturel classique bannit cette justice
anthropocentrique héritée du contrat social qui considère
l'humain comme seul sujet de droit avec ses déclarations
anthropocentriques : « tout homme [ou] seuls les hommes ou les
hommes seuls263(*) » ont droit. A lire Hans Jonas dans
Principe responsabilité, celui-souligne que la question de la
subjectivité de la nature doit être une autre éthique qui
doit aller au-delà du seul intérêt de l'humain. Ceci parce
que « non seulement pour notre bien, mais également pour son
propre bien et de son propre droit264(*) ». Ainsi, le philosophe allemand Hans
Jonas demande la révision des fondements de l'éthique humaine et
universelle. Celle-ci doit cependant être extrahumaine,
c'est-à-dire qu'elle doit être d'abord un droit pour la nature,
ensuite l'éthique doit aller au-delà « de la
reconnaissance de fin en soi de la sphère de l'homme265(*) ». L'enjeu est
celui de fonder le droit et l'éthique partant de la doctrine de
l'être (métaphysique).
De ce qui précède, la nature est sujet de droit,
cela ne revient pas à l'humain de lui confier ce statut parce qu'elle
est de fait même sujet qui produit d'autrui sujet y compris l'humain. Les
objets de la nature eux-mêmes sont « sujets de droit et non
plus simples supports passifs de l'appropriation266(*) ». Michel Serres,
en voulant octroyer à la nature le statut de sujet de droit, cherche
à maintenir l'équilibre entre l'humain et nature. Cet
équilibre est que tous (humain-nature) sujets ensemble et tous objets
ensemble. Cet équilibre vient de la revendication des objets de la
nature par le fait que l'humain les rend victimes de tout le temps, partant du
Contrat social. Ces objets de nos jours se vengent à nous
humains et réclament leurs statuts, des sujets de droit. Il ajoute
qu'« il nous reste à penser une nouvelle balance,
délicate, entre ces deux ensembles de balances267(*) ». Cette balance
met d'un côté l'humain sujet de droit et de l'autre
côté, la nature sujet de droit. Ainsi, le droit traite maintenant
les causes et reconnaissent l'existence des choses de la nature comme partie
intégrante de la société dans laquelle l'humain existe
avec d'autres sujets. De ce fait, il y a une relation équilibrée
entre l'humain et la nature où « les hommes passent par les
choses [et] aux choses passent par les hommes268(*) ». Le rapport est celui de sujet-sujet. Si
tel est alors le nouveau rapport reste alors de savoir comment quitter la
violence objective pour arriver à un autre compromis. Certes, nous
analysons l'objet et les conséquences de la violence objective pour
aboutir à la théorie du contrat.
III.1.2. DE LA VIOLENCE SUR LA
NATURE AU CONTRAT
Plus haut, nous avons évoqué la violence
objective où nous avons souligné que l'histoire est
constituée des guerres et des conflits. Ces guerres opposent les nations
entre elles ; les humains entre eux, etc. Elles sont subjectives parce
qu'elles ne concernent que les intérêts des sujets et
« elles ne commencent qu'avec l'histoire et l'histoire commence avec
elles269(*) ».
Elles ne concernent que les problèmes des sujets, des puissances et
dominations subjectives. Néanmoins, la nature aujourd'hui nous alerte
face à ce que nous posons comme action (le gaz à effet de serre,
la déforestation, l'usage des engrais chimiques appauvrissant le sol,
etc.). Cette alerte est une menace de mort pour le vivant. Celle-ci
réussit à unir tous les belligérants de la guerre
subjective autour d'une violence commune. Résultat : c'est la
mobilisation générale. Les belligérants se regroupent en
bloc commun pour se battre contre le troisième ennemi concurrentiel.
Cependant, le troisième ennemi n'est rien d'autres que les catastrophes,
conséquences ou crises écologiques qui menacent l'ensemble de la
planète. Ces conséquences écologiques sont pour Michel
Serres, un ennemi commun, fort et puissant de tous les humains, peuples et
nations, que nous devons avoir peur parce qu'il est très puissant,
très armé pour nous anéantir. Si rien ne fait ; nous
allons disparaitre sans lui.
De plus, devant les menaces écologiques, les humains se
sentent interpeller par la puissance de la nature (le réchauffement et
changement climatique, les pandémies et autres maladies, etc.), ils
s'orientent tous vers elle pour stopper, atténuer ou
réfléchir autrement pour trouver une solution contre
celles-là. Pour dire, les humains laissent leurs intérêts
privés pour un intérêt commun. Cet intérêt les
unifie puisque leurs vies sont en danger. Nous n'avons qu'avoir les
informations sur le feu qui brule certaine forêt suit au
réchauffement climatique. Les humains commencent à
dépendre des choses de la nature qu'ils ignoraient. Avec ces
catastrophes écologiques, nous ne savons pas où nous
abriter ; l'humanité en général est dans l'impasse
des conséquences écologiques qui nous demandent une autre
manière de vivre.
La brutalité des actions humaines contre la nature est
en fait à l'origine de la réaction de cette dernière.
Cette brutalité que se livrent les humains, notre auteur l'appelle par
violence objective par le fait que tout le monde se donne à violenter la
nature. Mais le problème maintenant est qu'elle commence à
répliquer de manière violente à tout le monde sans
exception. Cependant, les choses auxquelles que les humains se livre de
combattre sont parfois invisibles dans le monde mondial : la terre. Le
danger est que « le monde ne passait pas pour fragile ; au
contraire menaçant, il triomphait aisément des hommes, de ceux
qui gagnent les batailles et des guerres elles-mêmes. Le sable mouvant
absorbe ensemble les deux combattants [subjectifs]270(*) ». Donc, la nature
plus forte, vain les humains et ces derniers sont vaincus en dernier
après avoir longuement violenté celle-là. Michel Serres
explique en effet les préalables de son contrat naturel, les
conditions dans lesquelles il a écrit Le contrat naturel. Ce
dernier fut écrit, comme dit Luc Ferry, lorsque « les
problèmes posés par la dévastation de la terre sont
devenus globaux271(*) » dans notre histoire humaine.
Cependant, la conception qu'à notre auteur au sujet de
la guerre, tient une racine juridique du contrat. Il prend les notions des
droits pour expliquer qu'est une guerre. C'est en ce sens que qu'il dit que la
guerre est un de fait de droit, car il y a une relation entre deux personnes.
Ceci veut dire autrement que, il y a un contrat entre les deux. Ce contrat est
de manière virtuelle, il s'appuie sur les convictions personnelles, avec
lesquelles « deux groupes décident, d'un commun accord sur
lequel ils statuent, de s'adonner à des batailles, rangées ou
autres272(*) » ; ainsi, la violence commence.
Ensuite, il y a conflit, c'est-à-dire association du contrat et de la
violence. Michel Serres le décrit sur le tableau de Goya dans lequel il
présente deux combattants sur un sable émouvant.
La métaphore de ce destin est le message qu'il
transmet. Ce tableau que l'auteur remet sur la couverture du livre (Le
contrat naturel) représente le rapport des humains face au monde
actuellement. La lutte entre les deux belligérants représente les
conflits et guerre que les humains se font entre eux. Celles-ci ont atteint la
nature dans ses dimensions. Le sable émouvant est la nature. Cette
dernière a une force d'en porter les belligérants, peu importe la
victoire ou la défaite. Les réactions écologiques sont en
faits l'émouvante sable qui engloutit les humains.
De ce fait, il y a violence quand tous les humains se battent
tous avec la nature comme ennemi. Malheureusement, à entendre Michel
Serres : « il n'en existe aucun [droit] pour la violence
objective, sans limite ni règle273(*) ». En ce sens, pour sauver l'ensemble de
tous les humains contre un ennemi puissant et sans menace de mort
collective ; il dit : « il nous faut inventer un droit pour
la violence objective ; [un] nouveau pacte, nouvel accord
préalable, que nous devons passer avec l'ennemi du monde
humain274(*) ». Ainsi, l'auteur propose un contrat pour
garantir notre survie face à cette violence objective. Le vouloir
stopper la violence objective a fait naitre le contrat naturel. Le contrat avec
la nature, « équivaut en fait à un traité de
paix signé, non pas entre les nations, mais entre l'espèce
humaine et la nature extérieure275(*) », souligne Jean Onaotsho Kawende.
De ce qui précède, l'humain doit chercher
à garder le calme, briser toute violence et guerre pour mieux vivre. Le
contrat est le seul espoir afin de renouer avec la relation datant avant le
contrat social, pour que notre histoire humaine puisse avoir un fondement.
Précepte qui nous lie au monde en général. Pour ce qui
concerne la visée du contrat, celle-ci a pour horizon le long
terme ; un pacte avec le monde des choses. Le contrat naturel nait pour
croiser les deux droits (naturel classique et contrat social). La question
pendante est celle de savoir : avec quel droit et sujet que ce contrat
sera effectif ? Il s'agit du droit de propriété. Ainsi, se
forme les thèses du contrat naturel partant des thèses du contrat
social.
III.2. LE CONTRAT NATUREL
Le dualisme séparant l'humain de la nature et la
recommandation cartésienne (devenir maître et possesseur de la
nature) ont fait croire à l'humain qu'il était un être
fort, puissant et indépendant de la nature. De cette force et
indépendance, l'humain s'est mis à polluer son milieu d'habitat,
tuer les autres espèces animales que végétales,
transformer les matières premières selon son plein gré. A
l'ère actuelle, ces actions ont fini par avoir des conséquences
en retour. Ces dernières montrent à l'humain sa faiblesse, ses
limites et ce qu'il risque s'il n'arrête pas,car sa vie en dépend.
Le monde se rappelle à nous et nous invite à faire un retour, car
« l'irresponsabilité ne dure que pendant l'enfance276(*) ». Nous sommes
déjà adultes, nous devons penser à conclure un pacte, un
contrat qui doit reconnaitre la conduite de la nature comme sujet. Pas
n'importe lequel, mais un sujet de droit.
Avant d'avancer avec les arguments, nous devons comprendre ce
que notre auteur entend par contrat naturel. D'après Michel Serres, le
contrat naturel est avant tout une reconnaissance de l'humain et du droit de
manière métaphysique par la totalité des choses de la
nature, associée par un contrat au-delà, et universelle à
toutes ces choses. Fondé sur le droit naturel classique incluant la
nature extérieure de l'humain :
« J'entends par contrat naturel d'abord la
reconnaissance, exclusivement métaphysique, par chaque
collectivité, qu'elle vit et travaille dans le même global que
toutes les autres, non seulement chaque collectivité politique
associée par un contrat social, mais aussi chaque collectif, militaire,
commercial, religieux et industrielle... associé par un contrat de
droit, mais encore le collectif expert associé par le contrat
scientifique277(*) ».
Si l'on essaye de bien comprendre, le contrat vient abolir la
séparation faite entre l'humain et la nature. Cette absolution permet
à l'humain de n'est plus considéré la nature comme un
objet, mais comme sujet à part entier. Par la signature du contrat, il y
a alors un rapport qui nait entre les deux. Ce rapport envisage une
compréhension entre les deux opposés. Il y a alors, si nous
comprenons l'enjeu de contrat, une obligation. Cette dernière est
l'octroi des droits aux choses de la nature. Sur ce, le contrat met et
crée un réseau de survie.
Par ailleurs, l'idée du contrat naturel va dans un
angle opposé à celui de Jean-Jacques Rousseau. Le contrat naturel
se fonde sur l'idée d'un droit naturel classique et le contrat social se
fonde sur un droit naturel moderne. L'idée de notre auteur est de ne pas
considérer l'humain particulier comme un universel statuant toutes les
choses de la nature. Logiquement parlant, c'est une erreur. L'enjeu est
d'être dans une logique où toutes les choses de la nature,
comprise l'humain sont unies par un intérêt commun.
Nous sommes maintenant forcés de faire entrer toutes
les choses de la nature en tiers dans le droit, la politique, la
société, l'éducation, etc. D'après le philosophe
français, nous avons eu un jeu à deux dans lequel le monde
était mis à l'écart parce que considéré
comme objet sans valeurs ; voici maintenant arrive le nouveau jeu à
trois qui remplace la triade (prêtre, soldats et producteurs de richesse)
dans chaque fonction où nous devons maintenant jouer
autrement.278(*) Le
contrat avec la nature ou le monde, il est question de l'attribution et de la
propriété. Lorsque les deux belligérants jadis
signèrent ce contrat, les deux de nos jours partenaire, le signent, le
juge leur attribue ce que chacun lui appartient de faire pour garder le calme
et l'harmonie entre eux. Dans le cas sous examen, l'attribution n'est que la
recommandation de la paix, de l'amour et de la vie en symbiose où chaque
partenaire en symbiose avec l'autre doit nécessairement rendre de droit
à l'autre. Aucun droit de propriété n'est accepté
puisque chacun vit en ayant conscience de l'autre.
Ceci étant, le contrat naturel envisagé en
écologique par Michel Serres est un contrat qui a pour fondement dans le
droit naturel à la manière de classique qui intègre toute
la nature extérieure et intérieure à l'humain.
Scientifiquement, il associe les doctes et les littéraires à
intégrer les choses du monde dans leur réflexion comme symbiote.
Où il y a en effet un traité entre l'humain et le reste du monde.
Comme l'a souligné aussi Jean Onaotsho que « ce traité
équivaut en effet à un traité de paix, signé, non
pas entre les nations, mais entre l'espèce humaine et la nature
extérieure279(*) » Il est cependant un retour à la
nature générale des choses du monde. Un retour de conscience du
danger qui frappe à la porte et entre sans dire mot.
S'il en est ainsi, lorsque le contrat est signé, toute
domination de l'humain sur la nature est alors exclue, car le contrat est
signé par amour et par éducation symbiotique avec le monde.
Ainsi, le savoir scientifique ou la connaissance n'est plus synonyme de
propriété privée ou l'action de maîtriser quoique ce
soit. Il est symbiotique, parce qu'il admet le droit de la nature et de
l'humain dans les deux significations. Si avant le contrat avec la nature,
l'humain était méconnaissance des biens et services que la nature
lui a rendus, par le fait de le piller, polluer sans prendre conscience de son
caractère parasitaire où il s'est lui-même condamné
à mort ; le contrat naturel lui offre une chance de survie.
Le contrat naturel ou contrat avec la nature est la
théorie serresienne de l'écologie ; théorie qui se
fonde sur le droit naturel classique pour briser le droit de
propriété énoncé par les philosophes des
lumières avec l'idée du droit naturel moderne. Dans Le
contrat social, l'être humain nait comme le seul sujet ayant des
droits, seul capable à pouvoir passer le pacte avec ses semblables. Par
analyse, ce contrat comme dit ci-haut ne tient pas compte des autres
êtres du monde avec lesquels l'humain est en communication. Il devient
ainsi exclusif du fait que, le reste du monde n'est pas invité à
passer ce contrat. Le souci qu'a Michel Serres, à en croire Jean
Onaotsho est « de supplanter aux insuffisances du contrat social et
de prendre en compte les droits de tous les délaissés280(*) ». Faire sortir la
nature du droit de propriété dans lequel l'humain l'a
placé.
Cependant, la théorie du Contrat naturel
introduite par notre auteur répond à la question de la crise
écologique et vient supplanter celle dite sociale. Elle est universelle
et inclut toutes les autres choses de la nature sans exception. D'après
Michel, une fois les humains entrent dans la nature pour se considérer
un de la nature parmi tant d'autres, le droit entre aussi dans la nature. Ceci
fait que, le particulier entre dans l'universel, le simple dans le collectif,
tous, nous devenons sujets dans la nature, le local dans le global et notre
« rapport renouvelé que nous entretenons désormais avec le
monde, notre maître jadis naguère notre esclave, toujours notre
hôte en tout cas maintenant notre symbiote281(*) » sera
renoué où tout le monde veillera sur l'autre. La théorie
écologique du contrat naturel ou contrat avec la nature est une
théorie qui envisage la symbiose entre tous les êtres vivant sans
aucune exclusivité quelconque.
L'écologie du contrat signifie un retour à la
nature, une exclusivité au contrat social, mais passation du contrat
avec la nature en symbiote et réciprocité entre les êtres
de la nature : « où notre rapport aux choses laisserait
maîtrise et possession pour l'écoute admirative, la
réciprocité, la contemplation et le respect [...] contrat de
symbiose282(*) ». Ainsi, pour dire, en d'autres termes,
un contrat qui va au-delà des philosophes théoriciens du droit de
propriété. Au-delà dans la mesure où aucun
n'être vivant ou composant de la nature est exclu. Cela dit, dans ce
contrat, les symbiotes ou contractants sont régis par des relations
symétriques, dialogique et dialogale où la communication est
réciproque.
Dans le Contrat social selon Jean-Jacques Rousseau,
l'objectif était celui de trouver une forme d'association commune qui
défendrait et protègerait toute la force commune des personnes
associées et leurs biens, où chaque contractant s'unit à
tous les autres, obéit à lui-même et reste libre. Le
contrat naturel unit l'humain à la nature et la nature à
l'humain. Quand bien même l'humain a un caractère parasitaire
accumulé par son droit de possession et maîtrise où il
prenait tout sans rien donnait à la nature alors que, la nature qui
l'accueille victime donne tout sans rien recevoir de l'humain.
L'écologie du sujet de droit ou du contrat modifie cette trajectoire
parasitaire, malveillante. Plus universel et global que les anciens contrats,
le monde est sujet de droit. Dans un monde mondial, le savant ditce qu'est le
monde et dans l'histoire283(*) en équilibrant la puissance faible de
l'humain et la faiblesse force de la nature.
Par ailleurs, les clauses du contrat sont que toutes les
choses de la nature sont sujettes de droit. Elles sont
considérées comme être vivant susceptible d'un droit en cas
de violence. Ce statut d'être sujet de droit condamne en effet souligne
Michel Serres à « mort celui qu'il pille et qu'il habite sans
prendre conscience qu'à terme, il se condamne lui-même à
disparaitre284(*) ». Ceci de fait le credo du
contrat naturel. Et donc ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas
qu'on fasse de toi. La réciprocité symbiotique signifie dans ce
cas ; autant que la nature donne à l'homme, autant l'homme doit
rendre à celle-là, devenue sujet de droit285(*). Si nous
réfléchissons sur cette problématique, nous rendons compte
que l'idée est anthropomorphisée dans le sens où nous
donnons le caractère humain à la nature. C'est vrai qu'à
première vue, telle peut être l'argument. Mais, l'enjeu ici
était celui de changer le statut de la nature de l'objet sans droit vers
le sujet du droit, partant des biens et services que celle-ci nous rend, plus
l'humain. Ces services et biens sont donnés gratuitement à
l'humain qui prétend être seul sujet de droit, par
conséquence ; ils méritent un respect et un comportement
amoureux.
L'amour devient une des conditions sine qua none. Il faut
qu'il ait de l'amour entre les deux parties. D'après Michel Serres,
« sans amour, pas de lien ni d'alliance286(*) ». Cet amour de
s'aimer l'un envers l'autre est une loi globale qui supprime
l'agressivité et la violence. La nature entre dans l'histoire. Et
l'humain entre dans le monde. La loi de l'amour résulte du contrat
naturel dans lequel l'humain et la nature légifère les lois pour
briser la haine qui a amené cette séparation entre les deux
depuis les origines de notre histoire moderne.
De plus, le pacte social que Michel Serres appelle pacte de
courtoisie où qui a engendré toutes ces considérations
narcissiques jusqu'aux guerres subjectives et à la violence objective,
les contractants sont liés par aliénation. Le contrat avec la
nature averti la totalité de la nature et des humains que « le
collectif, s'il se déchire, immédiatement, se livre, sans recul
ni recours possible, à la destruction de sa niche fragile, d'un habitat
privé de supplément287(*) ». L'équilibre et l'harmonie se
jouent sur le collectif de toutes les choses du monde. L'enjeu du pacte naturel
est de garder cet équilibre symbiotique. A ce propos, la
différence entre ces deux contrats, réside dans
l'applicabilité extensive, dans le statut et la finalité. Le
premier contrat dit social ne s'étend que sur les humains, alors que le
second est extensif, il va jusqu'à la totalité des choses du
monde. Le premier ne considère que l'humain comme sujet de droit, mais
le contrat avec la nature fait de toutes les choses de la nature des sujets de
droit. Le contrat social est pour nous sociologique, en revanche le contrat
naturel est biologique et juridique. Tous deux se fondent et ont pour origine
la peur. A la différence, le contrat naturel n'aura lieu que par une
éducation politique et sociale inouïe et longue qu'il appelle la
tierce instruction.288(*) Ainsi donc, c'est l'éducation qui est
à la solution du contrat. Sans éducation, les maux continueront
toujours à se répercuter sur les choses du monde. Et celles-ci en
retour vont répliquer jusqu'à faire disparaitre l'humain comme
dans l'histoire des vivants.
La question reste de savoir où et quand signer ce
contrat comme Jean jacques Rousseau, pour Michel Serres ce contrat naturel est
métaphysique, c'est-à-dire, au-delà de ce que nous pouvons
imaginer, parce que, ajoute Michel Serre, « il va au-delà des
limitations ordinaires des diverses spécialités locales, et en
particulier, de la physique289(*) ». Il n'est signé nulle part
à la manière du contrat social, puisqu'il relève de
l'entendement. Il devient et est par conséquent virtuel, car selon le
philosophe français, « les grands contrats fondamentaux
demeurent tacites290(*) ». Chercher une copie du contrat naturel
reste une lettre morte. Il est de la conscience de chacun de pouvoir garder
à l'esprit l'engagement passé avec le monde. Cette conscience
nait de notre relation réciproque. Il harmonise la force de l'humain et
la puissance du monde tout en reconnaissance l'égalité entre nous
et notre partenaire. Nous ne pouvons que le définir du point de vue
juridique et physique où le pont de vue du monde influence nos
décisions et notre agir. Nous passons ce pacte avec la nature
grâce aux liens canonisés par les relations que celle-là
nous envoie. Ces liens nous unissent ensemble à la terre, notre cadre de
vie. Le contrat nous met en réseau de survie.291(*)Reste alors de savoir pour
quelle finalité et avec quelle justice.
La finalité du contrat est de permettre à deux
individus ou personnes acharnées à se contredire, aussi violent
ou pas, de « parler une langue commune, pour que le dialogue ait
lieu292(*) ».
Par analogie, selon la pensée écologique de Michel Serres, les
actions humaines et les conséquences écologiques sont synonymes
d'une dispute et contradiction acharnée entre l'humain et la nature, et
cela nécessite un même dialogue, une même langue pour qu'il
y ait le calme et la vie de tous maintenant et à l'avenir. Tous les
êtres de la nature compris doivent avoir un même langage à
celui de la terre.
De plus, l'objet serait de permettre que les humains et les
restes de la nature « usent des mêmes mots dans un sens au
moins voisin, au mieux identique293(*) ». L'enjeu de l'écologie du contrat
chez Michel Serres est de briser l'incompréhension, le malentendu qui
est à la base des problèmes écologiques. Pour supposer un
accord qui mettrait fin à la violence des conflits. Cet accord va
permettre à ce que « nos industries ne travailleront ni ne
transformeront la face et les entrailles pacifiques du monde, comme nous
fîmes294(*) » avant le contrat naturel. Le contrat
naturel cherche à redonner la valeur juridique à la nature en
général. Sa finalité est de faire rassembler le type
d'association globale et collective. La seconde finalité est celle de
nous amener à prendre et considérer le monde dans sa
totalité. L'objectif est de recréer les liens avec lesquels les
relations sont plus importantes.
A cet effet, souligne le philosophe français, le
contrat avec la nature connecte en réseau le contrat social au contrat
de savant pour forme un ensemble de relations dans le monde en sa
totalité. Ainsi donc, sans le droit, le rapport de l'humain et la nature
reste comme à l'époque baconienne ou cartésienne. Il faut
donc envisager, avoir un droit, une politique et un juge pour que notre rapport
au monde soit équilibré. Ainsi la justice sera établie.
La justice contractuelle réside en ce que chacun le
droit lui confère de faire en ayant chacun conscience du danger de
l'autre. Au sens où « chacun des partenaires en symbiote doit
donc, de droit, à l'autre sous peine de mort295(*) ». La justice du
contrat naturel est de donner chacun sa valeur. Elle est distributive dans le
sens où la valeur de chaque partenaire est objective
indépendamment de le lui. Grand ou petit, tous au même pied
d'égalité. A cet effet, sujet ensemble, objet ensemble. Pour
juger ce contrat, il n'est signé nulle part puisqu'il est
« virtuel ». Autrement dit, signifions que ce contrat
relève de la conscience des humains face à leur
responsabilité et aux actions posées dans la nature. Et donc, il
est tacite. De plus, dans cette recherche de l'équilibre entre le
pouvoir de l'humain et la force de la nature, la justice du contrat naturel,
« reconnait d'abord l'égalité nouvelle entre la force
de nos interventions globales et la globalité du monde296(*) ». De ce fait, il
n'y a ni hauteur ni profondeur, mais équilibre et égalité
dans le monde comme totalité.
Cependant, la nature réclame justice du fait qu'elle a
été oubliée du rang du sujet de droit. Une nature
« sans règle, vérité sans jugement, chose sans
cause, objet sans sujet, loi sans roi [...] l'effort historique de la science
consiste [...] à inventer une justice nouvelle en cette terre sans
contrat297(*) ». Ceux-ci sont les défis
traités par Michel Serres dans le contrat naturel. En outre
Michel Serres spécifie dans ces écrits que le contrat avec la
nature serait une peine perdue si nous n'inventons pas une politique et un
nouveau politique pour garantir le contrat.
III.2.1. LA NOUVELLE POLITIQUE
ISSUE DU CONTRAT
La nouvelle politique est celle issue du contrat,
c'est-à-dire le comportement a adopté dans la manière de
nous gérer et gouverner dans cette nouvelle politique. Il y a cependant
urgence dans le monde et celle-ci nous, ne pouvons que la résoudre par
un contrat de symbiose. Car les choses de la nature se rappellent à nous
violemment pour que nous puissions faire référence à
elles. Nous devons inventer une nouvelle politique, celle qui sera capable de
comprendre maintenant la langue que ces choses ont. Si cela n'a pas raison en
politique, notre contrat n'a pas alors de sens. C'est la raison pour laquelle
Michel Serres dit : « tout cela resterait lettre morte si
on inventait un nouvel homme politique298(*) ».
Dans les théories du Contrat
social,Jean-JacquesRousseau soulignait que le souverain était un
législateur, au pouvoir reçu par le consentement de tous les
contractants. Celui-ci devait cependant établir l'ordre partant de la
convention faite. Et c'est le législateur, c'est d'abord le peuple
à qui le droit lui revient par la volonté générale.
Bien entendu, Michel Serres dans Le contrat naturel préconise
une politique permettant à gouverner cette nouvelle relation politique
en créant un nouveau politique pour un tel partenariat. Une politique
qui exclut le local comme centre de toute réflexion globale. Inventer un
nouvel humainlocal pour des problèmes généraux, il y a ce
qu'il appelle la « mort subite ». En effet, il faut
inventer un nouvel humain global pour une société globale. Cet
humain est/a une personnalité juridique dans la nouvelle politique
symbiotique où : « occupant toute la terre, solidaire
comme un bloc, par ses interrelations croisées, elle ne dispose d'un
reste recul ni de recours299(*) ». En dehors de cette nouvelle
société des symbiotes et nouvelle politique,le nouvel humain
« sait, d'autre part, construire et utiliser des moyens techniques
aux dimensions spatiales, temporelles, énergétique des
phénomènes du monde [pour] ressembler à la terre300(*) ». L'urgence est
de résoudre la faim, garantir l'eau et permettre qu'à ce que
l'air soit respirable, arrêté les industries et produits qui
accentuent et permettent la perturbation globale.301(*) Ainsi, le tiers instruit
aura pour mission de répondre à cette urgence écologique
dans la politique où il y a d'un côté les scientifiques et
les littéraires. Son rôle est d'unir et garantir à cet
équilibre.
De ce fait, nous sommes embarqués dans une nouvelle
barque du contrat naturel où nous sommes tous unifiés comme un
seul corps humain. Parvenu aux limites strictes des forces objectives. Telle
est l'urgence de la nouvelle politique. Cette politique rajoute Michel Serres,
« a désormais pour objets ces trois totalités
connectées302(*) » : l'humain, le monde et la
technologie. Par le contrat avec la nature, la politique change. Si avant, elle
ne se réfère à la cité et aux humains de la
cité (citoyen) sans connaitre rien du monde, dorénavant le
gouvernement issu du nouveau contrat fait sortir les symbiotes des sciences
humaines, fruit du contrat social, vers la totalité des sciences
inventé par ce nouveau contrat : « les sciences de la vie
et de la terre prennent, désormais, le relais [...] vive
l'égalité démocratique303(*) ». Il redonne au cadre-nature son
véritable sens originel, les conditions dans lesquelles est née.
La nouvelle politique est symbiote et naturaliste, légifère les
lois globales.
De ce qui précède, cette politique sort de
l'ancienne politique où le roi gouverneur de la cité use son
influence humaine sur les choses du monde. Sa nouvelle mission est d'user sa
raison-responsable, son éducation naturaliste et son éthique
responsable. Cette symbiose implique le politique dans la géopolitique
au sens de la nature réelle, la physio-politique au sens où les
institutions dépendront dorénavant du nouveau contrat
passé avec le monde.304(*)La question est celle de savoir qui est ce nouvel
humain et cette nouvelle politique.
III.3. NOUVEAU RAPPORT ENTRE
L'HUMAIN ET LA NATURE
Nous avons réussi à passer un contrat, et
celui-ci nous a tous (humain-nature) conféré le nouveau statut de
sujet de droit. Nous sommes en effet obligés de vivre d'une autre
façon et selon les conventions issues du contrat. Ces conventions nous
permettent en effet de réduire l'agressivité, la domination, la
maîtrise, le triomphe, mais la symbiose, le dialogue, l'harmonie, le
retour à nos origines. La convention est de vivre en symbiose. Cette
symbiose est le résultat du contrat. Cela que l'auteur utilise terme
Biogée, nom même de la signature du contrat. Son rôle est de
permettre à ce que les humains disent ce qu'est le monde et le monde
donne vie aux humains. En fait, le résultat du contrat naturel nous
ramène au principe de la physique quantique où tout est
lié, « les sciences de la vie et de la terre, placées
désormais au centre de la cognition, prennent le relais305(*) ». L'auteur a
offert la valeur à la nature en partant du contrat avec la nature,
celle-ci est aujourd'hui notre prochain, composant la Biogée. Par
Biogée, l'auteur entend l'association qui comprend le monde (nature) et
les humains, sujets ensemble et objet de cette science (scivite) et expriment,
dans une langue commune, leurs soucis communs en la WEFEL.306(*)
La Biogée ou vit symbiotique est une tierce place. Un
troisième personnage du jeu à deux. Ce concept dans le contexte
écologique concerne et représente la nouvelle alliance issue du
contrat entre l'humain et la nature. Une alliance qui implique une nouvelle
forme de vie et relation par rapport à l'ancienne forme où
l'humain était devenu maître de la nature. Ladite alliance ne
concerne pas seulement la relation humain-nature, mais aussi les humains entre
eux. Une nouvelle habitation du monde et dans le monde. « La
Biogée est notre habitat, ce dans quoi nous vivons, notre
monde307(*) ».
Dans le livre Temps des crises, Michel Serres
rappelle et soutient l'idée de reconsidérer le statut respectif
des choses de la nature, devenues sujets actifs et les rôles que ceux-ci
jouent dans notre vie ; par le lien d'interdépendance, de
synchronisation où nous avons en nous la nature et celle-ci nous
possède aussi ; c'est-à-dire un jeu de partenariat. Cet
esprit de jeu à deux où il y a que le maître contre
l'esclave, disparait du moment que nous avons inventé le tiers
instruit : « le monde soi-même [...] l'eau, l'air, le feu,
la terre, flore et faune, l'ensemble des espèces vivantes [...] et
inertes308(*) ». Ce tiers instruit est fruit du contrat
symbiotique. Une nouvelle institution juridique, un ambassadeur des symbiotes
qui défend la nature muette, que l'auteur appelle :
WAFEL.309(*) Nous nous
sentons frères, au-delà de nos limites, cette nouvelle
dialectique nous rend tous sujets à pied égal.
De plus, WAFEL est une institution au sein de la Biogée
issue des initiales des choses de la nature. Elle représente ces choses
et prend la parole pour elles. En d'autres termes, « un
représentant directe, de l'eau, de l'air, du feu, de la terre et des
vivants310(*) ». Sur ce, personnellement, Michel Serres
réfléchit en terme humain. Il confère aux choses du monde
toutes les caractéristiques humaines. Nous pensons, que la nature, quant
à lui, est un être, un sujet qui agit et réagit, se
défend et peut-être défendue. C'est d'ailleurs en ce sens
que nous parlons de l'écologie du sujet de droit. Dans cette nouvelle
relation transversale et symétrique, nous habitions le monde, nous
l'intégrons de nouveau et celui-ci nous accueille en fils prodigue qui
rentre à la maison. Cette dernière, souligne
l'auteur, « où naissent les vivants, humains
compris » jouit le droit de l'autre et la protection
générale. Il n'y a ni violence ni guerre parce que achevé
par le pacte naturel. Par ce pacte, l'humain quitte l'exploitation, le droit de
propriété vers l'instauration d'un droit public et bien
commun.
La réflexion serresienne de l'écologie sur la
nouvelle société issue du contrat avec la nature part de
l'idée que, dans le monde, il n'y a aucune société qui ne
soit fondée sans aucun droit à la base ou au préalable. De
même, le contrat naturel en est un droit qui fait entrer l'humain et la
nature dans une nouvelle société. Dans cette dernière, les
deux « vivent en symbiose, les humains et le monde, l'on ne parle pas
seulement une langue universelle, celle des lois, [...] mais on y utilise
divers code, toutes choses, nous comprit, s'y trouvant et conduites et
codée. Car nous tous, choses inertes, vivant et humain, émettons,
recevons, stockons et traitons de l'information311(*) ». Telle est la
description et mécanisme de la nouvelle vie symbiotique signifié
par le philosophe français une fois le contrat signé. En plus,
dans cette nouvelle vie, tous, nous sommes régis par ce qu'il appelle le
carré d'opération qui nous permet ensemble de nous maintenir dans
cette nouvelle relation de symbiote. Ce carré est structuré
de : l'émission, la réception, le stock et la transmission
de l'information. Ces opérations nous sont communes.
Par ailleurs, il est question de savoir comment ces choses
communiquent ou qui va communiquer à leur nom. Entant que Sujet, elles
ont le droit de parler et de se défendre. Pour répondre à
la préoccupation, Michel Serres évoque la troisième
révolution sur terre, celle où la nature dit ce qu'elle est et
comment elle fonctionne sa personne, son être, son droit, etc. La
révolution est en fait ce jeu à trois (sciences, monde,
société) où les sciences se regroupent autour de deux
bouts d'extrémités ; d'un côté la vie et de
l'autre côté la terre. Ces sciences,Michel Serres les
appelle : les sciences de la vie et de la terre(SCVITES). Celles-ci ne
disent que les choses du monde et leurs habitats dans la société.
En ce sens, signifions que Michel Serres définit l'écologie en
une science de la vie et de la terre. En effet, la nouvelle politique des
symbiotes dans ce jeu à trois où tous ensemble d'une seule voix,
lié à des relations d'éco-communication, ne disons
que ; ce que dit le monde, les sciences comprises aussi. Néanmoins,
cette fois-ci, non plus de manière locale, mais « comme un
partenaire global » avec lequel nos vies sont liées. Et donc
nous formons un système complexe. Comme l'a si bien souligné
Edgar Morin, nous sommes dans une co-organisation, co-communication, dans
laquelle « un être vivant devient une exigence existentielle
pour un autre312(*) ». Cette manière de vivre est une
exigence pour tout symbiote : complémentarité et
réciprocité.
Celui qui dit maintenant des choses de la nature est la
Biogée. Cet ensemble des vivants, associé par le contrat naturel.
Ce monde global additionné aux sciences qui forment ce grand tout
où siège le triangle écologique pour la vie :
sciences, société, Biogée. Voilà ce jeu à
trois régis par trois relations avec lesquelles au sommet,
« les sciences, désormais, disent le dit du monde ; la
société [...] produit les choses de monde et où elle ne
reçoit, en retour, l'effet global sur la tête313(*) ». Face à
une nouvelle menace, WEFEL communique pour la biogée, cette institution
capable de défendre le droit des choses de la nature. En effet, le
philosophe français organise la nature comme un être vivant dans
une société ayant ses droits et devoirs, avec un
ambassadeur(WEFEL) en cas de menace, une politique dans le cadre des relations.
C'est à ce sens qu'il évoque la troisième
révolution.
En plus, la révolution que souligne Michel Serres vient
du fait que, la Biogée est sujet puisque dans le jeu à deux
(humain et esclaves), la nature n'était qu'un objet sans importance.
Maintenant, dans ce nouveau jeu, celle-ci est sujet face à l'humain. Ce
sujet est global dans une nouvelle société où il joue
présentement « les premiers coups plus fortement que
nous314(*) ».
Ce renversement est le seul espoir de l'humanité si elle veut survivre.
Nous sommes en quelle sorte l'objet de la nature. En conséquence ;
nous sommes en face d'une nouvelle relation au rapport comme un double lien
croisé en feedback ; nous, sujets, objectivons le monde, lui sujet,
nous objective.315(*)
Reste d'inventer un dialogue avec ce nouveau partenaire avec une nouvelle
science, nouvelle conduite pour une nouvelle société. D'une
manière descriptive, notre auteur essaye de décrire cette
nouvelle façon de nous de conduire en symbiote.
Dans le troisième chapitre du Temps des crises,
Michel Serres évoque la conduite des sciences et du politique
symbiote. La conduite de ceux qui connaissent la Biogée et parlent
d'elle. La mission est de se détacher de l'ancien triangle
mortifère (prêtre, soldat et capitaliste) pour développer
à long terme suite au nouveau triangle écologique notre rapport
à la nature. Que les savants disent et communiquent, au nom de la
nature, la parole au nom de la Biogée, représentés la
WAFEL. Qu'ils disent non contre la pollution, contre le droit de
propriété privée, mais en soutenant le bien commun. Qu'ils
écrivent les nouvelles lois pour détruire le capitalisme et les
technologies dévastatrices qui affament la Biogée. De quel savant
s'agit-il et quelle science ?
A ces questions, il s'agit des savants des sciences de la vie
et de la terre. Les scivites prennent en effet le relais, prônent pour la
démocratie comme nouvelrégime de la Biogée. Ils ont la
langue propre à la Biogée. Elles sont démocratiques parce
qu'elles sont pluridisciplinaires et sont
« fédérées autour d'elles ». La
politique pour Michel Serres est alors remplacée par les scivites.
Politique à laquelle « nous vivons, disent-elles comme des
vivants dont la vie, liée à la terre, reste conditionnée,
voire déterminée par les lois de la terre et celles de la
vie316(*) ».
Dans cette perspective, la politique scivite brise l'ancien rapport
asymétrique pour un autre symétrique où « tout
sujet devient objet ; tout objet devient sujet317(*) ». Attestons que
c'est en cela consiste la démocratie du contrat de symbiose si nous
analysons la théorie de l'auteur. Et donc, il n'y a aucun être au
centre ; seule la vie et la terre. C'est pour quoi Michel Serres est
taxé de biocentrique par le fait de mettre la vie au centre de tout.
S'il en est ainsi, quelle éthique l'humaine doit-il développer
face aux choses de la nature devenue sujet ?
Michel Serres n'est pas resté silencieux par rapport au
comportement que l'humain doit afficher dans la nature. Bien évidemment,
nous les avons toujours considérées comme des choses sans
importance, qui n'ont aucune liberté et valeur parce que, nous sommes le
partisan de Jean-Paul Sartre nous a dit que l'enfer, c'est l'autre. D'ailleurs,
Sartre aurait à questionner Emmanuel Levinas sur
« soi-même comme un autre ». L'idéologie
sartrienne n'est pas éthique. Cette idéologie s'est
répandue même sur les choses de la nature,
considérée comme enfer, dans le sens où « nous
les considérons au mieux comme des objets, au pis comme des ennemis,
oui, des autres absolument parlant318(*) ».
Si nous réfléchissons bien, nous nous rendons
compte que l'autre est plus intervenant quand le moi (humain) est plus en
difficulté ou dans le besoin. Ces autres font ce qu'on peut appeler la
compassion, dans laquelleils nous ont entendus, vus, et viennent nous secourir.
En d'autres termes, « nous vivons, échangeons et parlions
comme eux319(*) ». Cela revient à terme et en
définitive, à nous détruire320(*) ». Telle est
même l'éthique et l'évidence du contrat naturel :
tuer, c'est se détruire. Cette éthique est fondée sur la
conscience de l'autre et du moi. Il est évident parce que
détruire, c'est se détruire soi-même. Dans l'ensemble, il
est en fait une conscience. Mais cette dernière se matérialise
aujourd'hui dans le centre du savoir-être des sciences. Tous, sommes
habitants de la Biogée les sciences humaines comprise. Et cela
grâce au serment prononcé le jour de la signature du contrat avec
la nature que les deux partenaires disent en serment, je cite :
Pour ce qui dépend de moi, je jure : de ne point
faire servir mes connaissances, mes inventions et les applications que je
pourrais tirer de celles-ci à la violence, à la destruction ou
à la mort, à la croissance de la misère ou de l'ignorance,
à l'asservissement ou à l'inégalité, mais de les
dévouer, contraire à l'égalité entre les hommes,
à leur survie, à leur élévation et à leur
liberté321(*)
III.4. CONCLUSION
A travers ce chapitre, nous avons développé la
théorie du contrat naturel comme résolution aux problèmes
écologiques. Cette théorie a pris naissance dans le droit pour
aboutir à des conclusions d'ordre éthique, moral et
éducatif en nous proposant une nouvelle société et
politique dans laquelle tous, sommes en symbiose. L'humain est dans la nature
comme fils de la nature et la nature est en lui comme socle de vie. Le contrat
avec la nature est une version exclusive du contrat social. Il prend le
côté non-dit du contrat social, pour essayer d'intégrer le
monde dans l'ordre juridique et avec un nouveau statut. Grâce au combat
du contrat naturel, la nature n'est plus cette chose sans valeur, mais un sujet
de droit ; il est recommandé à l'humain d'avoir de nouveau
rapport avec ce nouveau sujet. Ce rapport devra tenir compte du pacte.
Dans la première section de ce chapitre, il s'est
posé la question du droit de l'humain qui excluait celui de la nature.
Nous avons souligné qu'au début de la société, le
pacte que les humains ont dû passer n'était rien d'autre exclusive
à la nature. Le droit qui fonde le contrat social où les choses
de la nature sont réduites au silence parce qu'elles sont
considérées comme des objets. En tant qu'objet, aucun droit ne
peut faire référence à ça. Ce droit venait
d'être solidifié par les théoriciens du droit naturel
moderne. Ceux-ci ont compris qu'il n'y avait de droit que du positif,
c'est-à-dire de ce qui est posé par l'humain puisqu'il
relève d'un fait moral. Et même le droit de l'humain va prendre
cela en compte en disant que tout humain est un sujet de droit. Ceci veut
autrement, en dehors de cet humain, personne ne peut se déclarer sujet
de droit. Toutes ces formes de droit a poussé l'humain dans la
dépréciation avec la nature. Conséquence ; il y a eu
transformation et dévastation.
Dans la deuxième section, avons analysé
l'idée de la violence contre la nature. Cette dernière provient
de la guerre entre nous, sujet humain, nous battons pour des causes de pouvoir,
domination et supériorité. Aujourd'hui, la nature nous violente
pour rappeler notre fragilité et les choses que nous lui avons
infligées. Maintenant que sa violence est pantopique, à
savoir sans partout, lieu et endroit ciblé, nous sommes tous
touchés par sa violence qui devient objective puisque personne n'est
épargnée.
Le contrat nature a constitué dans ce chapitre le
deuxième point majeur et important. Il est en effet la base même
de notre travail et du chapitre. Vu que la violence devient imminente,
l'humanité en risque de disparition ne peut qu'être sauvée
par contrat. Ce contrat est une association entre l'espèce humaine et le
reste de la nature. Un accord sur la survie entre ces deux. Cela va sans dire
que par contrat l'humain rentre dans la nature comme fils de la nature et la
nature est en lui comme socle de la survie. Fondé sur le droit naturel
classique, le contrat prend en compte la nature intérieure et
extérieure à l'humain. Malheureusement signé nulle part,
il reste virtuel et dans la conscience des individus signataire du contrat. Ces
conclusions nous plongent dans une nouvelle culture, politique et
éducation que Michel Serres appelle le tiers-instruit.
Le tiers-instruit dans le contexte de la logique formelle
vient s'opposer au tiers exclu. Ce dernier est l'un des principes de la logique
formelle ou binaire fondée sur deux valeurs : la
véracité d'une proposition ou la fausseté. Il exclut la
possibilité d'une tierce place. La logique formelle est fondée
sur trois principes fondamentaux : principe d'identité, principe de
non-contradiction et principe du tiers-exclu. Ce principe dans la
compréhension de notre auteur divise le monde en deux, soit si l'humain
plutôt qu'autre chose. Dans le domaine de l'écologie, de
l'éducation, le tiers-instruit est une reconnaissance d'une tierce place
issue de deux valeurs en opposition. Une manière de penser sur la chose
qui existe et n'existe pas encore. « Un tiers non exclu entre
l'équilibre et le déséquilibre, entre l'être et le
néant322(*) ». Le tiers instruit est aussi une
intersection entre deux ensembles. Et dans l'écologie, c'est la symbiose
entre l'humain et la nature.
Dans la troisième section, nous avons
évoqué de la vie en symbiose, une vie qui vient après
signature du contrat. Etant donné que l'humain et la nature sont en
symbiose, ils ont un rapport de complémentarité, de
réciprocité, de contemplation l'un envers l'autre. Cette nouvelle
vie, que le philosophe français appelle la Biogée, est une
sommation entre les individus signataires du contrat. Où tout le monde
est sujet de droit. La nature Une nouvelle institution juridique, un
ambassadeur des symbiotes qui défend la nature muette. WAFEL institution
qui représente les choses de la nature dans les instances juridiques.
Les sciences dans cette institution ne soulignent que les choses de la nature
et ce que disent ces choses nous communiquent. Devenues sciences de la vie et
de la terre, elles jouent la politique de tout mettre en relation de
complémentarité et de réciprocité.
CHAPITRE QUATRIEME :
APPROCHE CRITIQUE DE L'ECOLOGIE DU SUJET DE DROIT
IV. 0. INTRODUCTION
En préambule, les trois précédant
chapitres ont présenté en effet chacun pour sa part les bases de
la conception écologique de Michel Serres. Il résulte de ces
chapitres le sens d'une écologie juridique, subjective et objective qui
tient compte des droits, de la place et du rôle de la nature, même
si celle-ci dans l'histoire et même aujourd'hui est devenue une chose de
transformation et de déformation. Celles-ci partent de la
majorité des activités humaines. Ce contexte est le point de
départ qui l'a poussé à écrire plusieurs livres et
théories sur l'écologie. Le mobile est que, l'humain est de nos
jours victime de ses propres actions. Ces actes dévastent la nature et
lorsque celle-ci réagit, l'humain est le premier à être
touché.
Le troisième chapitre a présenté la
théorie du contrat naturel comme solution que préconise Michel
Serres au sujet du débat sur l'écologie. Cependant, puisque nous
sommes dans le domaine scientifique, lequel domaine se nourrit par conjoncture
et réfutation. Pour ce qui nous concerne, il nous est
nécessairement recommandé, en tant que chercheur dans un domaine
de dresser une critique sur les recherches que nous avons effectuées
dans ses écrits.
Dans ce chapitre, nous allons présenter nos analyses
issues de la philosophie serresienne que nous avons jugé être les
mérites pour nous, par rapport à sa façon de
réfléchir. Après ceci, nous allons présenter un
deuxième aspect de ladite philosophie, que nous considérerons
pour notre part dit comme une limite ou faillibilité. En d'autres
termes, adresser une critique présentant une certaine faille si nous
voulons le contextualiser avec l'époque à laquelle nous
rédigions ce travail.
IV.1. ASPECT POSITIF DE
L'ECOLOGIE SERRESIENNE
En préambule, chaque auteur a une manière de
réfléchir et de présenter son mode de penser. Le
nôtre est parti des faits observés dans le monde pour arriver
à la proposition d'un contrat naturel qui répond en effet aux
questions de l'écologie. En fait, les chapitres précédant
ont discouru là-dessus. Dans ce chapitre, nous présenterons les
mérites de notre auteur. Les premiers (mérites) sont en effet
l'originalité de notre auteur lorsqu'il aborde les questions
écologiques. Dans l'aspect positif, nous aborderons quatre
mérites : le premier, c'est la question de l'unité entre l'humain
et la nature ; le deuxième, c'est l'idée du contrat comme
réponse aux problèmes écologiques : nouvelle relation
humain-nature ; le troisième, c'est la relation politique-droit et enfin
le quatrième, c'est sur l'idée sur la question de
l'éthique serrésienne.
Pour ce qui concerne le premier mérite, tout est parti
de l'idée selon laquelle, il y a d'une part l'humain et de l'autre part
la nature ; d'un côté un sujet et de l'autre côté un
objet. L'histoire globale de l'humanité, de la science, de la
philosophie ou du droit, a divisé le monde en deux. On ne
réfléchit qu'en termes de la dualité. Et cela depuis les
premiers savants (Égyptiens, grecs et romains). Parménide parla
de l'être et du non-être ; Platon évoque le monde
idéel et sensible. Le droit sépare d'un côté le
sujet humain avec sa nature et de l'autre côté l'objet, nature
extérieure à l'être humain. Francis Bacon conditionna
l'esprit humain a triomphé sur la nature dans la logique selon laquelle
l'esprit humain est supérieur aux choses de la nature. René
Descartes vient avec la séparation de la substance. À ce propos,
les travaux de notre auteur en écologie ont consisté en fait
à militer pour la non-séparation entre l'humain et la nature. Et
c'est ici que nous louons son effort, voire son originalité.
Dans la logique de notre auteur, la meilleure façon de
résoudre le problème écologique est de ne pas
séparer d'un côté l'humain et de l'autre côté
la nature. Il faut donc faire une écologie où « les
hommes partagent avec les animaux la même niche323(*) ». Cette niche est
le lieu où commence la connaissance entre tous les vivants qui la
partagent dans la réciprocité et la symbiose. En d'autres termes,
tous partagent un rapport global à la nature mère
nourricière. L'objectif de cette nouvelle vision écologique que
propose Michel Serres est de créer une vie collective,
interspécifique qui doit combattre l'ancienne domestication, où
l'humain est loup pour l'autre ; les techniques transforment les
espèces et l'habitat ; l'économie marchande les choses de la
nature.
En effet, si la nature devint séparée de la
culture, cette séparation est le problème fondamental de l'humain
et de tous les discours écologiques, car l'humain, séparé
des autres êtres de la nature, pense et croit être en dehors des
choses du monde qui n'ont rien avoir avec lui. Tout compte fait, les
problèmes écologiques, au-delà de diverses conceptions
évoquées dans les deux premiers chapitres, viennent de la
dualité insérée dans la logique du comportement humain
pour qui, son « esprit a horreur du mélange324(*) ». Ce principe
fonde l'ensemble des travaux de notre auteur. Son souhait est celui de ne pas
séparer d'abord la nature, ensuite, la culture, la nature et l'humain et
enfin l'objet du sujet. Bruno Latour ajoute à ce sujet que,
« le travail de médiation devient le centre même du
double pouvoir naturel et social. Les réseaux sortent de leur
clandestinité. L'empire du milieu est représenté. Le tiers
état qui n'était rien devient tout325(*) ». En analysant
les concepts contrat, symbiose ou tiers-instruit, ils ont une signification
d'intersection. Ceci pour dire, le mérite de l'auteur est de montrer
à l'ensemble des savants le danger de la dualité dans
l'écologie.
Cette dualité qui a permis à l'humain de se
croire au-dessus et supérieure à la nature. La science et la
philosophie seront fondées sur ce principe de séparation. Si nous
analysons l'affirmation de notre auteur quand il dit : « nous ne
sommes pas un, mais deux326(*) ». Cette affirmation veut dire que nous
sommes séparés sans le savoir. Pour ainsi dire, au début,
nous étions d'abord un et maintenant, nous sommes deux. Humain et choses
de la nature, nous étions frères. La dualité est le point
de départ avec lesquels nous analysons l'aspect positif de la
pensée écologique de Michel Serres. Tout son effort ou
mérité sera de combattre pour l'unicité de tout ce qui a
été séparé pour construire une pensée
écologique. La pensée écologique développée
dans ce travail avec notre auteur a pour originalité l'introduire d'une
nouvelle logique qui va au-delà du principe de deux valeurs ou principe
de non-contradiction. La critique positive est celui de réconcilier
l'amitié de l'être humain et des autres êtres de la nature
à la manière du cerveau où la paralysie de l'une entraine
la défaillance d'une partie contraire du corps. Comme lui-même le
dit en ce mot : « Il me semble meilleur de vivre, parler ou
penser avec tous ses organes qu'en retranchant de leur ensemble une
moitié noir327(*) ». Le sens du contrat est synonyme de
l'unification après séparation.
Au demeurant, chaque philosophe ou écrivain est fils de
son temps. Le nôtre aussi, ses écrits transmettent son
époque et même celle du futur. Le contexte dans lequel il a
écrit sa pensée sur les problèmes écologiques
véhicule cependant le souci qui a traversé son époque.
Mais sa pensée reste encore d'actualité pour notre époque.
En parlant des problèmes écologiques comme problèmes
globaux, Michel Serres remmène le débat à un autre niveau
où les humains doivent s'unir et conjuguer leur force pour
résoudre ces problèmes au niveau planétaire en tant que
préoccupation qui touche l'humanité en général. Il
est donc impératif que cette force donne solution à ces
problèmes ; force unique incluant toutes les choses de la nature
pour créer l'équilibre et l'harmonie. Ainsi, il introduit la
troisième valeur, celle qui met en symbiose les deux autres : vrai
et faux. Cette troisième valeur signifie que, la présence de
l'autre est une des conséquences de l'antécédent. Cette
réflexion de Michel Serres met aussi en difficulté le naturalisme
ontologique pour qui l'univers est ce qu'il est, immuable, éternelle et
stable. Conséquence ; il est régi par une logique binaire.
Pourtant, quand nous observons dans la nature, tous les êtres font une
mobilité et un mécanisme systématique : naissance,
croissance et mort.
D'après notre analyse, aux origines, l'humain et la
nature ne faisaient qu'un, puisqu'ils sont mêlés. L'humain
représente la nature et la nature lui confère toutes ses
caractéristiques. Au troisième chapitre, nous avons
souligné avec Michel Serres du retour à la nature comme une des
objectifs du contrat. En fait, il s'agit d'un retour au point de départ
où tout était une même nature. Le sens du contrat avec
notre auteur est de former un seul corps, esprit, une union, une
interpénétration et interférence. C'est le concept
même de symbiose qui résume l'unicité et nouveau
rapport.
Par ailleurs, son idée unifie ce qui a
été séparé par l'histoire en articulant le savoir
et le droit est une originalité. Car, son effort est celui de
conditionner les deux dans une relation d'interdépendance pour
résoudre la question de l'humain dans son nouveau rapport face au monde.
Cette relation devient ainsi la condition de possibilité pour une
vérité prépondérante et l'équivalence
juridique pour statuer ce nouveau partenariat entre les êtres vivants.
A ce sujet, ce que nous constatons comme mérite, en
plus de ce que nous avons dit, l'auteur veut montrer en général
qu'il n'y a pas de dualité en science, écologie ou droit. C'est
dans ce sens qu'il revient toujours à la notion du contrat. Celui-ci
essaye simplement de faire abstraction à la logique du principe
d'identité en essayant de souligner le tiers-instruit comme une nouvelle
forme de logique avec laquelle on peut arriver à décrypter les
problèmes scientifiques, écologiques et juridiques. Comme dit
avant, la réunification de la conception dualiste ou la suppression de
toute dualité dans ces trois domaines, c'est ce qui a permis à
notre auteur un centrage de sa réflexion sur la proposition des sciences
de la vie et de la terre comme objet nouveau de ces trois disciplines. Ceci
étant, le centre de préoccupation de toutes les sciences ne rient
d'autre que la vie et la terre commune unification du sujet-objet. Sur ce point
de vue, le savoir, la loi, les vivants reposent sur le nouveau centre unique
exempt de toute dualité.
Le deuxième mérite est celui centré sur
l'idée du contrat comme réponse aux problèmes
écologiques en termes d'un nouveau rapport entre humain et nature. D'un
point de vue, Michel Serres ouvre une nouvelle approche de l'écologie
sur l'essentielle de la politique, du droit, de la science et la philosophie.
Une approche selon laquelle notre rapport au monde est structuré par des
liens d'interdépendances. Il montre dans l'ensemble de sa
réflexion l'effort de respecter la nature comme sujet de droit, avec
lequel, l'humain est partenaire équitable. Son approche part de
l'histoire de la philosophie, du droit et des sciences pour situer les
problèmes écologiques à toute l'histoire du vivant. Il
montre et met en relation la société et le savoir pour repenser
autrement la question du sujet et de l'objet de l'écologie.
Par substitution au contrat social, Michel Serres introduit
l'idée du contrat naturel. Son concept à une origine juridique et
en tant que telle, toutes les choses de la nature sont ipso factode
sujets de droit, mais cette fois-ci le droit naturel classique parce que la
signature exige un équilibre des partenaires (sujet-sujet). C'est dans
ce sens que, « La nature globale, la planète-Terre en sa
totalité, [...] est le nouveau corrélat de ces nouvelles plaques
d'hommes, sièges d'interrelations réciproques et croisées
entre les individus et les sous-groupes, leurs outils, leurs objets-monde et
leurs savoirs, rassemblements qui peu à peu perdent les rapports avec le
lieu, la localité, le voisinage ou la proximité328(*)». Ceci veut dire, la
planète dans son ensemble est sujet de droit ; aucun autre sujet ne
peut s'approprier comme un bien privé. Le nouveau sujet de droit enjoint
à l'humain un nouveau rapport puisqu'il est bien commun. Il est une
originalité pour notre auteur dans la mesure où les
problèmes écologiques trouvent fondement dans le domaine du
droit.
Le philosophe français, au-delà du domaine
scientifique et politique, ramène les débats écologiques
au niveau de la sphère juridique où la plupart de scientifiques
semblent ignorés. En offrant de la matière aux juristes et
aujourd'hui, nous pouvons affirmer avec honneur que, le droit de
l'environnement ou de la nature a un soubassement dans le contrat
naturel. La nature telle mise en valeur par Michel Serres est
intrinsèque à elle-même. Les travaux de notre maître
ont intéressé non seulement les scientifiques, mais aussi
l'historien des sciences. Pour ainsi dire, les problèmes ou les
débats sur les problèmes écologiques n'ont aucune limite
en ce qui concerne le domaine.
En plus, à son époque déjà,
l'académicien envisageait les droits liés à la nature.
Même si pour les uns cette idée était absurde pour la
plupart de penseurs, aujourd'hui cette idée a servi des bases au droit
de l'environnement. Dans un de ces entretiens, il souligne que
« Aujourd'hui, quand on dit pacte écologique, on ne dit
guère plus que contrat naturel. Donc, effectivement, j'avais
déjà confiance dans le droit329(*) ». Son mérite ou aspect positif est
celui de faire insérer les problèmes écologiques dans le
domaine du droit. La charte de l'environnement serait issue de l'influence du
contrat naturel. L'objectif, comme dit Mathieu Blesson, est celui
« accorder à la nature comme aux hommes le droit à la
liberté, le droit à l'égalité, le droit à la
fraternité330(*) ». L'effort ou le mérite de notre
auteur est celui de libérer la nature à l'emprise de l'humain par
l'intermédiaire du droit.
De ce qui précède, nous avons constaté
que notre auteur a renversé la notion du sujet de droit. Si pour Jacques
Leclercq un sujet de droit est seul la personne humaine qui a un pouvoir et une
liberté morale, Michel Serres va étendre cette notion même
aux choses de la nature. Celles-ci ne sont pas vues comme objet, mais
plutôt comme sujet parce qu'elles ont un pouvoir intrinsèque
à elles plus que celui de l'humain. Sachant aussi qu'elles rendent
d'énormes services et biens à l'humain. Selon lui, « il
serait bon de faire un pas de plus et de dire que la nature serait ce sujet de
droit avec lequel on passerait ce fameux contrat331(*) ». Par rapport
à sa théorie du contrat, tout acte dévastateur à la
nature implique une condamnation juridique à son acteur. En rendant la
nature un sujet de droit, celui permet à l'humain de se remettre en
question et envisager un contrat de partenariat avec son semblable. Ainsi, le
droit n'a plus seulement à légiférer les lois pour
l'humain mais, les droits de la nature aussi. Et donc il confère aux
choses de la nature des droits que le contrat social n'avait pas pu penser. Son
grand effort est celui d'accorder une dignité juridique en partant des
thèses issues du contrat social pour briser le droit de
propriété.
A ce propos, Le contrat naturel, Le Temps des
crises, véhiculent la grande partie de la pensée
écologique de notre auteur. Ils partent de l'histoire de la terre, du
droit, de l'humanité et de la science, pour présenter une
nouvelle forme de penser les relations de l'humain et la nature. Le fait de
présenter cette histoire sous forme de lutte, violence et guerre est une
originalité. Ceci explique la présence des vocabulaires issus de
l'expérience de la deuxième guerre mondiale et autres. Le premier
livre par exemple est plus juridique, écologique. Mais son travail sur
l'écologie a rompu l'ordre qu'imposait l'humain sur la nature et sa
prétention de l'esprit universel. De même qu'avec l'ordre
épistémologique d'un savoir transformateur de la nature provenant
toujours de cet humain.
Notre auteur repense autrement le lien entre notre habitat et
notre mode de connaissance. Sa curiosité scientifique l'amène a
creusé profondément la question des problèmes
écologiques et leurs mutations dans notre société. Partant
de l'ordre épistémologique et physique, il trace le schéma
de la pensée pour aborder les questions écologiques dans le
domaine du droit. Ainsi, lorsque nous essayons de tracer son schéma, il
commence par condamner cet esprit de se croire un universel dans la nature.
Esprit que l'humain a pu développer au courant de l'histoire et qui
justifie en effet toutes ces turbulences, puisqu'il exclut une partie de la
nature. Le mérite est le fait de lutter contre cette prétention
de l'universel. La question fondamentale qu'il se pose, est celle de
savoir : pourquoi seulement l'humain serait le seul sujet de droit. Cette
question traverse l'ensemble du contrat naturel. La réponse
à la question est que, l'humain et la nature doivent coexister
ensemble.
En élaborant sa théorie du contrat avec la
nature, Michel Serres inclus d'une par les théories du contrat social,
mais en faisant un dépassement. Alors que le contrat social de
Rousseau fait abstraction aux réalités extérieures
à l'humain, celui naturel tient compte d'elles. Raison pour laquelle,
Le contrat naturel a le mérite de prendre en
considération la nature oubliée ou négligée par les
penseurs modernes du droit. Car pour eux, le doit, c'est de la
positivité humaine, alors que pour Michel Serres, le droit, c'est
d'abord ce domaine incluant la nature intérieure et extérieure
à l'humain. Puisqu'il recourut au droit naturel classique. Celui qui
tient compte de l'humain ainsi des aux choses extérieures à lui.
Son mérite est de prendre en compte les choses de la nature et faire
d'elles une préoccupation juridique.
Déjà dans l'écologie politique, il
défend cette prétention et l'esprit de
l'immédiateté. Pour lui, le politique doit s'inspirer de
l'agriculteur, doit développer l'esprit qui vise loi. Michel Serres
incite aux dirigeants politiques d'avoir une politique accès
clairvoyants qui pensent au long terme à la manière des marins et
paysans. Ceci : « pour sauvegarder la Terre ou respecter le
temps, au sens de la pluie et du vent, il faudrait penser vers le long terme,
[...] soucieux de se maintenir332(*) ». Il suggère à la nouvelle
politique d'avoir un projet visant loin, pensant aux générations
futures.
De ce qui précède, la théorie serresienne
de l'écologie mérite par le fait qu'il simplifie le concept de
nature partant de son origine gréco-latine. De cette origine, la nature
veut dire ce qui nait. Et Michel Serres se pose la question de savoir :
qu'est-ce-qui nait ? Sa réponse simplifie la compréhension
du concept nature comme cet ensemble des objets qui naissent et se
transforment après. Le langage que notre auteur utilise pour exploiter
ces textes est simple dans le sens où il recourt à l'histoire du
concept. Ceci étant, la nature telle qu'entendMichel Serres est cette
réalité contenant un ensemble d'objets, entités
réelles. Contraire à la conception médiévale
où elle est l'oeuvre du Dieu créateur, c'est-à-dire, elle
« est tout ce qui est, a été et sera [...] sans
au-delà, sans mystère, sans altérité
constituante333(*) ». Au contraire une réalité
aux choses qui sont dans l'histoire du monde en général. Histoire
où ces choses sont à la fois un tout et sujet global. Son
mérite est celui de n'est pas exclu un des éléments de la
nature dans le processus de la protection et du rapport humaine-nature.
L'usage de mot est significatif pour lui. Si avant, tel que
nous venons de le dire au paragraphe précèdent, la nature
était une idée, produit d'un démurge, sans
références ; en fait, notre auteur concrétise cela
par une représentation des choses que nous pouvons prendre en
considérations, que nous savons. Il précise ce qu'est la
nature : notre terre, monde mondial ; dans lequel il y a des choses
et nous habitons avec ces choses : arbre, animal, air, feu, eau, etc.
Raymond Matand en parlant de l'originalité de Michel Serres en
écologie précise que celui-ci dit que la terre donne logement et
nourriture à l'homme, donne tout. Mais par le caractère
parasitaire de l'homme, il se comporte comme un parasite.334(*)
En outre, lorsque nous analysons la pensée serrienne,
celle-ci aborde les problèmes écologiques de manière
transversale en dégageant les grandes structures qui fondent notre
manière de réfléchir et pour proposer les solutions
adéquates. Michel Serres l'énonce dans Le contrat
naturel, de René Descartes, de Jean-Jacques Rousseau, d'Emmanuel
Kant, d'Auguste Comte, de Jean-Paul Sartre et la déclaration universelle
de droit de l'homme. Ces structures sont des structures qui renferment la
pensée dans une sorte de case. Il souhaite, souligne Bernadette Bensaude
étudier les sciences en se tournant vers le monde, penser la terre
où Il ancre les sciences dans une philosophie de la nature qui embrasse
tout ensemble le subjectif, l'objectif et le collectif, sans pour autant les
réduire l'un à l'autre.335(*) Il fonde la nouvelle alliance. Celle-ci est une
symétrie de rapport à égalité en tant que sujet de
droit. Au troisième chapitre, nous avons souligné avec Michel
Serres l'exigence du contrat : « autant que la nature donne
à l'homme, autant l'homme doit rendre à celle-là, devenu
sujet de droit336(*) », une inclusivité des droits et
devoirs de tous.
D'un autre point de vue, nous trouvons que Michel Serres
emprunte, dans la théorie de la communication, les systèmes de
communication. Celui des quatre opérations : recevoir, traiter,
concevoir et transmettre. De cette notion, il l'applique à son
système de penser dans écologique où il souligne que les
êtres de la nature tous appliquent le même mécanisme. Son
mérite est celui de repenser les vivants comme des systèmes
communicationnels effectuant les quatre opérations. Ceci pour justifier
en effet l'équivalence entre l'humain et nature en tant que sujet d'un
même monde. À le lire, il se rappelle à la conscience de
l'humain, pour monter la place qu'il occupe en tant qu'un élément
parmi tant d'autres. Et il nous offre une autre voie de l'écologie
où tout est sujet, tout est objet. Il ne place ni l'homme ni l'animal au
centre, mais la vie, la terre centre de toute la réflexion
écologique. C'est dans ce sens qu'il évoque des sciences de la
vie et de la Terre. Michel Serres, dans le Temps des crises, convient
le monde à un intérêt mondial où tous, nous statuons
pour notre bien.
Le troisième mérite est en fait la relation
politique-droit. Dans l'ensemble des travaux sur lesquels il aborde la question
de l'écologie, il associe la politique et le droit. Dans Le contrat
naturel, il souligne le fait que le contrat est vain et vide si on
n'invente pas une politique capable de soutenir le contrat. C'est une nouvelle
alliance qu'on retrouve dans les réflexions de notre auteur,
au-delà de la première : humain et nature. Ici
l'originalité est celle de trouver la médiation juridique dans
les problèmes qu'opposent l'humain et la nature. Cette médiation
intègre l'intérêt général et particulier pour
créer un ordre symbiotique. Celui-ci exclut en effet le droit de la
propriété émanant du contrat entre les humains.
Cependant, les arguments de Michel Serres plaident pour la
nature en tant que bien appartiennent à la communauté, chose
publique ayant un droit commun à tous. Tout le monde peut en faire usage
dans la mesure où les intérêts des autres et de la
société ne soient pas violés. C'est en cela que la
médiation juridique chez Michel Serres est une originalité. Cette
médiation, Serge Gutwirth l'appelle dans son article, l'érosion
juridique de la chose commune.337(*) Du principe de non-séparabilité,
Michel Serres défend le principe de non-appropriablité. Ce
principe est tributaire de la médiation politico-juridique. Au
troisième chapitre, nous avons parlé avec notre auteur
l'exclusion du droit d'appropriation comme droit à l'origine de la
pollution. Si nous analysons en fait les thèses du Contrat
naturel : « au contrat exclusivement social ajouter la
passation d'un contrat naturel de symbiose et de réciprocité
où notre rapport aux choses laisserait maîtrise et possession pour
l'écoute admirative, la réciprocité, la contemplation et
le respect, où la connaissance ne supposerait plus la
propriété, ni l'action la maîtrise, ni celles-ci leurs
résultats ou conditions stercoraires338(*) », nous trouvons ce principe. La non
appropriation est en fait un principe de l'exclusion fondamentale de la prise
de possession totale de la nature339(*). Par ce principe, notre auteur essaye
d'équilibrer la technique, l'économie, l'industrie, dans la
mesure où celles-ci par leur production, ne s'approprient pas les choses
du monde. Si avant la médiation juridique l'humain pense ou pensait
être le propriétaire privé du monde, maintenant Michel
Serres donne un principe pour structurer la relation humain-nature.
Le quatrième mérite est du point de vue de
l'éthique. Pour Michel Serres, l'éthique et la morale sont un
retour « des hommes vers les choses » de la nature dans
laquelle le devoir moral est engendrement de fait, par le fait que,
« le fait demeure et puisse engendre un fait340(*) ». Ceci veut dire
autrement, selon la pensée de Michel Serres, le devoir équivaut
le fait. Car « les conséquences de nos actes rejoignent leurs
conditions341(*) ». Dans ce sens, l'éthique
serresienne la nature comme culture et la morale est les lois objectives.
Celles-ci prennent d'abord source dans l'ordre épistémologique.
Cet ordre qui part de l'analyse du rapport au monde en tenant compte de la
puissance que le savoir offre. L'enjeu ici est de comprendre les
bouleversements technologiques et capitalistes qui modifient notre mode de vie.
Son génie scientifique est celui de penser à une éthique
non pas à la manière jonasienne, mais plutôt à la
manière des amoureux où il y a une conscience mondiale soutenue
par « une morale à la fois subjective et objective342(*) » de
l'écologie du sujet de droit. En fait, si nous essayons d'analyser ce
deuxième ordre, il associe connaissance et justice ou science et droit.
Ceci permît à notre auteur a associé humain et nature,
sujet et objet. En parlant de la symbiose, notre auteur brise la dualité
créée par l'histoire de la philosophie laquelle l'humain
était séparé de la nature. L'éthique serresienne
est celle où il n'y a pas séparation entre la loi subjective et
celle objective.
Contrairement à Hans Jonas pour qui, l'éthique
du futur est « une éthique conçue aujourd'hui pour nos
descendants futurs, [...] une éthique d'aujourd'hui qui se soucie de
l'avenir et entend le protéger pour nos descendants des
conséquences de notre action présente343(*) » ; la
nouvelle éthique serresienne se fonde sur la double compréhension
entre sujet et objet. « Le sujet se connaît dès qu'il
reconnaît sa sujétion pendant que l'autre admet son propre
assujettissement344(*) ». L'éthique et même la
morale de Michel Serres se résume dans la conscience de soi et de
l'autre en tant que sujet équivalent.
En effet, cette éthique s'applique par une morale au
sens objectif. Lorsque nous lisons l'analyse critique de Raymond Matand,
celui-ci souligne que, « aujourd'hui émerge une nouvelle
ère où les objets sont des enjeux345(*) » de la morale et
de l'éthique. Michel Serres ouvre une nouvelle approche de
l'éthique. Une éthique qui quitte la sphère uniquement
subjective vers l'objective qui nait de la nouvelle domestication dite
réciproque. Cette nouvelle éthique et morale objective tient
compte du mal que l'objet subit : la violence objective contre les choses
de la nature. Celle-ci rappelle à l'humain ce qu'il est.
L'éthique serresienne vient du contrat avec la nature. Cette
éthique est fondée sur le principe de l'équilibre de la
terreur, c'est-à-dire une éthique qui doit tenir compte de
l'autre. Ce n'est pas causé du tort à l'autre parce qu'en retour,
nous ne savons pas de quoi, il est capable. Ça signifie tout simplement
que protéger l'humain du danger, c'est avant tout protéger la
nature de laquelle il tire sa survie.
En sommes, dans l'aspect positif de l'écologie
serresienne nous avons découvert une certaine originalité. Cette
originalité se situe à Quatre niveaux. Premièrement, c'est
sur l'idée du principe de non-séparabilité qu'il
développe en écologie qui fonde même le contrat entre
l'humain et la nature. Ici le problème qu'il soulève est que,
l'humain et la nature ne font qu'un et doivent entretenir le rapport
symbiotique, contemplative et dialogique. Ce principe est une médiation
scientifique qui essaye de combattre contre le dualisme scientifique.
Deuxièmement, nous avons soulevé avec lui la question du rapport
entre l'humain et la nature lequel nous avons dit qu'avec Michel Serres la
nature est sujet de droit et dont l'humain a le devoir de respecter de la
nature. L'idée de Michel Serres a influencé la législation
mondiale à statuer sur le droit de l'environnement.
Troisièmement, nous avons parlé de la médiation juridique
qui conduit au second principe qu'est le principe de non-appropriation. Ainsi,
l'idée de la médiation scientifique ou juridique fonde une
structure qui va au-delà de la logique binaire, dans la mesure où
la fonction médiatrice concilie l'intérêt de chaque partie
pour un bien commun ou un objectif commun. Ce bien ou objectif est une
structure trivalente ou tripolaire. Enfin, nous avons évoqué
l'éthique de Michel Serres. Celle-ci ne prend pas seulement en compte
les humains entre eux, mais le mal causé sur la nature. Elle est devenue
alors fondée sur le sujet et sur l'objet. En outre, après que
nous avons présentés le mérite de notre auteur, dans la
partie qui suit nous aborderons les limites la théorie écologique
de Michel Serres.
IV.2. ASPECT NEGATIF DE
L'ECOLOGIE SERRESIENNE
Dans la partie précédente, nous avons
parlé de l'aspect positif sur la pensée écologique de
notre auteur. Dans cette partie, nous avons dit que Michel Serres, dans
l'ensemble de son travail, il a cherché à faire une
médiation du point de vue scientifique, juridique, politique et
éthique. Le premier nous a donné le principe de
non-séparabilité, le second, c'est le principe de
non-appropriablité, le troisième est la médiation sur la
gouvernance et le dernier, c'est l'articulation entre la morale subjective et
morale objective. De ce qui a été dit, il y a de quoi dire un
mot, car il s'agit de la question de l'objectivité scientifique. Sur
ce,nous allons présenter certaines failles qu'on retrouve dans la
pensée serresienne en ce qui concerne la question de l'écologie.
La première limite est la thèse du contrat naturel. Celui-ci se
comprend en parallèle avec le contrat social de Jean-Jacques Rousseau.
La thèse de notre auteur est une antithèse du contrat de
Jean-Jacques Rousseau, c'est à partir de ces travaux que l'auteur
établit ses théories.
En parlant de la passation du contrat, Michel Serres suppose
que la nature est une personne humaine avec laquelle l'humain va s'entendre,
dialoguer avec volonté et liberté. Cette manière de dire
ainsi, à notre égard est une forme anthropomorphique oùil
confère à la nature le caractère humain. Limites sont la
personnification et personnalisation de la nature. Michel Serres confère
le droit de l'humain à la nature, par le fait qu'il la considère
la nature comme une personne humaine. A cet effet, si nous lisons Luc Ferry
à ce sujet, celui-ci souligne, « qu'il s'agit là d'une
fable métaphorique, [parce qu'il] semble bien difficile, en effet, de
conférer un sens propre au contrat346(*) ». Luc Ferry imagine la scène
où l'humain passera le contrat avec la nature : « bonjour
dame nature, j'aimerais m'entendre avec vous347(*) ». Tout ceci veut uniquement montrer la
difficulté à laquelle Michel Serres est face. Cette
difficulté est d'ordre de la compréhension et la
matérialisation du pacte avec la nature.
De ce qui précède, concrètement,
l'idée du contrat naturel ne tient pas debout, si n'est qu'une
représentation conceptuelle et métaphorique que Michel Serres
soutient. La limite selon nous est d'ordre du droit posé,
c'est-à-dire l'acte que le sujet pose en acte, être conscient.
Michel Serres part de l'idée que, la nature a une valeur
intrinsèque et en tant que telle, elle est un sujet ayant ses droits
à part entière. Par conséquent, il nécessite un
respect. Au fond, si nous analysons le propos du droit positif, la notion du
contrat implique la conscience qu'à l'individu lorsqu'il pose un acte.
Et cette dernière vient de l'individu. S'il n'est pas conscient, c'est
difficile qu'il passe un contrat avec un partenaire qu'il ne voit pas. Ceci
veut dire autrement, le contrat n'est possible que si l'humain est conscient du
danger, de la situation qu'il traverse ; dans le cas contraire, il ne sera
pas possible. Et donc le contrat relève de la volonté humaine,
autrement dit, c'est de la simple spéculation. Certains
considèrent cela comme de la fiction.
Par analogie à ce qui se vit, les humains ne
conçoivent guère l'idée d'une nature en tant que sujet de
droit. Tous les droits liés à la nature sont
légiférés par eux. Ces derniers écrivent les lois
partant de leur logique humaine. Il est difficile qu'ils
légifèrent les lois équitables parce qu'ils ont l'esprit
selon lequel la nature est une représentation figée. Le
contrat naturel serait dans ce cas une sympathie humaine. La passation du
contrat revient à la pratique de la sympathie et de l'entraide afin de
lutter pour la vie.348(*) C'est à la bonne foi, volonté et la
liberté humaine que revient le sort de la nature. Dans ce contexte, le
contrat est toujours une affaire humaine malgré qu'il soit fondé
sur la peur de la disparition des espèces vivantes. Ainsi, le droit de
la nature est un droit que l'humain dans sa conscience confère à
la nature du moment que cette dernière lui garantit la vie. Ceci veut
dire, en d'autres mots, le contrat naturel est un accord des humains entre eux
au sujet de la nature en danger.
Illustrons ce que vient d'être souligné par un
exemple. Les différentes COP349(*) organisées dans le monde au sujet des enjeux
environnementaux, climatiques, etc., sont organisées par les humains
« pour but le respect de la nature, son entretien, le refus de
l'appropriation, de la maîtrise et de la domination de la
nature350(*) ». C'est là la difficulté de
la thèse que Michel Serres propose en écologie. Le contrat
naturel ne peut se faire que s'il y a d'abord un contrat social au sujet de la
nature extrahumaine. De ce fait, la faille du contrat naturel vient de la
législation. Ceci veut dire, en d'autres termes, l'interprétation
du langage naturel ne peut venir que de l'humain. Bien sûr que la nature
communique à l'humain, mais si celui-ci n'est pas capable de comprendre
le message, rien ne peut être fait en termes de contrat. Et c'est la
réciprocité qui posera un problème dans la passation du
contrat. Car d'après Hans Jonas, « mon obligation est l'image
à l'envers du droit d'autrui qui à son tour est vue à
l'image de mon droit propre351(*) ». Ceci pour dire, la revendication du
droit de la nature est toujours une expression humaine de la
réciprocité. C'est l'humain lui-même qui se résigne
devant ses actes destructifs.
Une autre limite vient du rapport entre le contrat naturel et
celui dit social. En parlant du contrat naturel, Michel Serres exclut le
contrat social. Il dit : « par contrat naturel d'abord la
reconnaissance, exclusivement métaphysique, par chaque
collectivité, qu'elle vit et travaille dans le même global que
toutes les autres, non seulement chaque collectivité politique
associée par un contrat social352(*) ». Il n'est pas question pour notre
auteurde mettre en rapport équilibré des deux contrats. Le
contrat naturel est une exclusivité pour le contrat social. Selon lui,
le contrat social est anthropocentrique. Quant à nous, exclure le
contrat social ne résout pas les problèmes écologiques. Il
est essentiel d'inclure le contrat social dans le contrat naturel. Car si les
humains ne sont pas d'abord capables de se gérés entre eux par un
droit, comment peuvent-ils respecter la nature avec laquelle ils n'ont etne
parlent pas la même langue ? Ici, nous voulons tout simplement dire
que, Michel Serres, en écartant le contrat social du contrat naturel,
n'intègre pas les valeurs humaines dans le rapport humain-nature. Luc
Ferry appelle cette attitude de l'antihumanisme totalitaire. Cette attitude
véhicule une certaine haine contre l'humain en le considérant
comme le pire ennemi de la nature, alors qu'il faut voir aussi l'aspect positif
humain dans la problématique écologique.
CONCLUSION
Pour clore ce chapitre, nous sommes parties de deux approches.
L'une positive et l'autre négative. Pour l'approche positive, nous avons
souligné quatre aspects comme mérite de l'auteur. Le premier
aspect est son combat pour le principe de non-séparabilité.
La séparation a fait que,d'un côté, il y a
l'humain et de l'autre la nature ; d'un côté le sujet et
l'autre côté l'objet. Cette séparation est visible dans
plusieurs domaines. Le concept contrat a introduit une valeur sur les deux
valeurs diamétralement opposées : humaine et naturelle. Le
contrat acréé une entente. Le deuxième mérite est
l'idée de la nouvelle relation entre l'humain et la nature.
Celle-là, grâce au contrat, confère à la nature le
statut du sujet de droit. Ceci étant, l'humainest obligéd'adopter
une nouvelle manière de vivre.
Le troisième aspect est la relation droit-politique qui
introduit le principe de non-appropriation. Le nouveau rapport fait que
l'humain est interdit de s'approprier les choses de la nature, puisqu'elles
sont devenues les biens communs. En tant que bien commun, personne ne peut
poser un acte allant à l'encontre de la volonté de tous. Par ce
principe, la nature n'est plus une propriété privée de
l'humain, mais un bien collectif avec lequel le dialogue, la
réciprocité est au centre. Le quatrième aspect est
l'éthique serrésienne. Celle-ci est fondée sur le principe
sujet-sujet, objet-objet. Elle n'est pas seulement du point de vue subjectif,
mais objectif aussi. Elle tient compte du mal que l'humain pose sur les objets
de la nature.
Le deuxième aspect de ce chapitre est négatif,
celui-ci se fonde sur certaines analyses comme limites de notre auteur. La
première faille vient de la concrétisation du contrat naturel si
nous nous referons à la théorie du droit positif. L'auteur
construit le contrat naturel en se référant aux thèses du
contrat social, mais enl'excluant. Pourtant, dans la vie pratique, seul
l'humain est capable de signer un contrat. Et même si celui de Michel
Serres est métaphysique, relavant de la conscience, l'humain ne peut
être conscient de cela que s'il trouve son intérêt. Par
conséquent ; c'est du contrat humain que peut naitre le contrat
naturel.
CONCLUSION GENERALE
Pour conclure notre mémoire. De quoi avons-nous
discouru ? Dans ce travail de mémoire, nous avons discouru de
la part de l'humain dans les problèmes écologiques chez
Michel Serres. Ce travail nous a permis grâce à la
pensée de Michel Serres de découvrir le rôle et la place de
l'humain dans la nature. Après cette longue littérature et
découverte, nous avons en effet le devoir de
donner les conclusions de nos recherches. Nous sommes partis du postulat selon
lequel, les êtres vivants sur la planète terre courent un danger.
Ils sont menacés par les conséquences
écologiques liées au réchauffement et changement
climatique. Les conséquences écologiques depuis un temps sont
devenues récurrentes et mettent l'ensemble d'éléments de
la nature en danger de disparition. De postulat surgit des questions
fondamentales : d'où sont venus ces conséquences ou
problèmes écologiques et qui est à l'origine de ces
conséquences ? Ces deux questions ont fait l'objet même du
premier chapitre.
De ce qui précède, le premier chapitre,
intitulé, Les causes profondes à l'origine des
problèmes écologiques, a fait l'objet d'une enquête
historique pour savoir où, quand, comment et qui est à l'origine
des problèmes écologiques. Nous sommes partis questionner les
événements historiques de la terre pour trouver la cause de ces
évènements qui sont en effets le premier scandale
écologique : la première extinction des espèces. De
cette enquête, il résulte que, avant l'action humaine ne soit un
problème majeur en écologie, la nature elle-même dans son
fonctionnement et dynamisme est la cause première des
conséquences écologiques. Ainsi, l'humain n'est pas responsable
dans cette réorganisation de la nature. Il s'agit là des
phénomènes naturels de la terre. Par ailleurs, comment maintenant
expliquer l'accélération des problèmes écologiques
aujourd'hui ? Tout est parti de l'idée que l'on se fait de la
nature. L'héritage scientifique et culturel de la nature comme une chose
vide de sens.
A ce propos, du côté de la philosophie,
déjà avec Parménide, la nature sera rangée du
côté du non-être et l'humain de l'être. Quand
bien-même ce dualisme parait être métaphysique,
Parménide manifeste déjà un mépris sur les choses
de la nature. Ainsi va naitre une certaine hostilité envers la nature.
Francis Bacon va venir avec l'empirisme avec sa méthode de l'induction
pour dire ; l'esprit humain doit enquêter sur la nature de deux
façons : premièrement de manière théorique
découvrir les lois de la nature et deuxièmement de manière
pratique développer les techniques pour arriver à
découvrir ces lois. L'objet de Bacon est que, l'esprit humain apprend de
la nature pour qu'en retour, il triomphe et domine sur elle. De cette
idée, Descartes va venir avec le rationalisme. Celui-ci part des
théories baconiennes, il introduit un dualisme : d'une part, il y a
sujet pensant et de l'autre part un objet pensé. D'un côté,
il y a un sujet et de l'autre côté l'objet. Tout ça dans
l'objectif de donner à l'humain le pouvoir d'être maitre et
possesseur de la nature. De leurs conceptions, nous avons découvert une
pensée hostile à la nature comme chose sans valeur. Et même
le déterminisme et scientisme vont construire leur théorie
partant de ces deux penseurs.
Le déterminisme et le scientisme vont être
influencés par le rationalisme cartésien. Celui de vouloir rendre
l'humain maître et possesseur de la nature. Pour le déterminisme,
il faut que l'humain arrive à être maître et possesseur de
la nature par la raison. Malheureusement, cette interprétation sera une
exaltation de la réalité puisque le monde est fixe,
déterminé par les lois mathématiques. Les lois
scientifiques doivent s'appliquer sur les lois de la nature grâce
à la technique. Conséquence, la nature devient une chose soumise
à la nécessité de l'humain selon sa rationalité. De
cette conséquence s'inscrit le scientisme d'après lequel, seule
la science est décideuse des choses du monde.
Tout compte fait, les éléments du premier
chapitre ont présenté une certaine idéologie sur la nature
et sur l'humain. Une représentation d'une nature inférieure
à l'humain et qui n'a rien de valeureux. Nos recherches ont abouti
à la conclusion selon laquelle les problèmes écologiques
sont des problèmes de conceptions, des idées et croyances que
nous avons hérités d'une culture dualiste et méprisant la
nature comme une réalité extérieure à l'humain.
Voilà pourquoi, l'anthropocentrisme comme idéologie est une
idée exaltant l'humain comme maître de tout. Cette culture est
aujourd'hui au coeur de notre pensée et notre agissement. Michel Serres
n'avait pas tort de dire que la crise écologie provient de la culture
héritée de l'histoire.
En outre, de cette culture, la nature se voit aujourd'hui
transformer et marchander comme une chose à valeur extrinsèque.
C'est là que nait le problème écologique de notre
époque : la marchandisation de la nature comme bien. Le
deuxième chapitre est une analyse sur la problématique
du progrès technique, capitalisme et leurs conséquences dans la
nature. Cette analyse part des deux ordres qui règlent le monde
aujourd'hui. Le premier est la problématique du progrès
technique. Celui-ci est cette association entre la science et la technique.
D'un côté, la science fournit à la technique les
méthodes et procédures et la technique les récupère
pour matérialiser de l'autre côté. Ce mariage fait de la
nature un objet en vue d'agir sur elle. La technoscience a des
conséquences sur les vivants avec les pratiques de la biotechnologie,
l'émission des gaz, etc. Le progrès technique vient de cette
culture cherchant toujours à rendre l'humain maitre, dominant et
possesseur de la nature ou du monde dans lequel il vit. Le deuxième
ordre vient du développement capitaliste. Cet ordre a une logique
marchande. Cette logique considère les choses de la nature comme des
marchandises avec lesquelles les humains usent selon leur propre gré. De
cet ordre marchande, né le problème de l'intérêt, du
profit et de l'accumulation des biens. Le capitalisme embarque la nature dans
un nouveau navire où les valeurs sont mises en parenthèses. La
nature est privatisée par l'humain comme un bien revenant à lui
seul.
Cependant, ces deux ordres sont les clés qui
interprètent le monde aujourd'hui puisqu'ils forment une structure. Dans
l'écologie, l'ordre technologique et économique objectivent et
marchandent les autres êtres vivants en créant des ruptures dans
la relation humain-nature. Ces ruptures transforment le visage et la
beauté du monde à long terme. Aujourd'hui, le
développement technologique et économique crée des
problèmes graves dans les écosystèmes : le
réchauffement et développement climatique, les extinctions des
espèces, les inondations, etc. En effet, de ce que nous venons de dire,
nous découvrons que les problèmes écologiques viennent de
cette association de la technologie et système économique.
L'humain actuel, héritier de la culture, méprisant la nature est
le premier acteur dévastateur de la nature. Par l'accumulation des
biens, la nature devient un bien rendant des services à l'humain sans
que ce dernier puisse la protégér. La question reste à
savoir comment résoudre ces problèmes auxquels l'humanité
toute entière est confrontée ?
De ce qui précède, devant une telle question
où l'avenir de l'humanité est mis en danger, Michel Serres
propose une solution qu'est l'objet du troisième chapitre. Le
troisième chapitre est nommé : l'écologie du
contrat ou du sujet de droit. Celui-ci est une proposition que Michel
Serres nous offre. Face aux conséquences écologiques, à la
violence objective où les humains se battent tous contre les choses du
monde, Michel Serres vient introduire la notion du contrat naturel. L'humain
depuis le contrat social considère la nature comme un objet sans valeur
et sans droit. Cette conception est, depuis le moderne, la déclaration
des droits de l'homme. La nature est livrée aux mains des
prédateurs. Le contrat naturel est un contrat qui vise à
valoriser la nature en la rendant d'abord sujet, ensuite un sujet ayant ses
droits et enfin partenaire de l'humain. Ce contrat est une exclusivité
du contrat social par le fait qu'il est universel et tient compte de tous les
éléments de la nature. Michel Serres défend en premier
lieu l'idée d'un droit de propriété. Il recourt au droit
classique qui tient compte du monde en sa totalité. L'enjeu du contrat
naturel comme proposition à la solution des problèmes
écologiques est la reconnaissance de la nature comme un être
vivant, un sujet de valeur, une âme, une mère, une maison
accueillante avec laquelle l'humain serait en parfaite harmonie en tant que
symbiote. Par contemplation, réciprocité, l'humain et la nature
doivent vivre une relation symétrique, synchronique et transversale.
L'humain rentre dans la nature en tant que fils de la nature et la
naturelereçoit, le protège.
Le quatrième chapitre est une analyse critique sur
notre recherche effectuée dans la pensée écologique de
Michel Serres. Il s'intitule : approche critique de l'écologie
du sujet de droit. L'analyse part d'un aspect positif où, nous
avons relevé que l'originalité des travaux de notre auteur est le
fait de briser le dualisme écologique qui sépare l'humainde la
nature. Séparer l'humain de la nature est l'origine même des
problèmes écologiques. Une autre originalité est
l'idée du contrat introduisant une nouvelle relation et un nouveau
rapport où la nature n'est plus un objet sans valeur, mais un sujet
de droit et partenaire de l'humain. Un autre mérite est le fait de biser
l'appropriation de la nature par l'humain en introduisant le principe de
non-appropriation. Ce deuxième principe limite en fait la conception de
l'humain sur la nature. Et enfin, la morale objective. Celle-ci tient compte du
mal objectif poser sur la nature. Le deuxième aspect est négatif.
Celui-ci se positionne sur la matérialité ou la
concrétisation du contrat naturel. Il est difficile de mettre en
pratique un papier signifiant une signature du contrat entre l'humain et
l'arbre, l'animal, etc. Même si MichelSerres évoque de la
conscience, le contrat naturel n'est qu'un contrat social sur la nature. Que
dire de la part de l'humain dans les problèmes
écologiques ?
Nos recherches nous ont permis d'aboutir à la
conclusion selon laquelle ; les problèmes écologiques
viennent en premier lieu de la conception que l'humain se fait de la nature.
Cette conception conditionne la perception ou la vision que l'humain se fait
des autres êtres de la nature. L'idée qu'il se fait du monde vient
de ce qu'il conçoit et croit. A savoir, les autres êtres sont pour
lui des objets sans valeurs et exclu du statut de sujets des droits.En second
lieu, les problèmes écologiques émanent dudualisme entre
l'humain et la nature. Ce dualisme constitue un problème fondamental
dans leur rapport. Séparer l'humain de la nature ou la nature de
l'humain crée entre lui une dépréciation et un esprit de
supériorité. Ainsi, l'humain pense être plus important que
les autres êtres de la nature. En ce sens, les non-humains se trouvent
conditionnés par la volonté de l'humain.
En outre, la part de l'humain dans les problèmes
écologues est la prise de conscience et la responsabilité. Cette
conscience et responsabilité sont une réponse pour limiter la
crise écologique. Car sans elles,ils ne prendront pas fin et l'humain ne
peut qu'être victimede ses propres actes (destructions de
l'environnement, pollution, déforestation, etc.). Néanmoins,
c'est avec la prise conscienceet la responsabilité qu'il peut vivre en
harmonie avec la nature en sa totalité.
BIBLIOGRAPHIE
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2010.
- IDEM, Qu'est-ce que l'humain, Paris, Le Pommier,
2010.
- IDEM, Pantopie : de l'Hermès à petite
poucette, entretien avec Martin Legros et Sven Ortali, Paris, Éd.
Le pommier, 2010.
- IDEM, Temps des crises, Paris, Éd.
Le Pommier, 2009.
- IDEM, Rameaux, Paris, Éd. Le Pommier, 2007.
- IDEM, Hominescence, Paris, Éd. Le Pommier,
2001.
- IDEM, Le contrat naturel, Paris, Éd.
Flammarion, 1992.
- IDEM, Eclaircissements. Cinq entretiens avec Bruno Latour,
Paris, Ed. François Bourin, 1992.
- IDEM, Le tiers-instruit, Paris, Ed. François
Bourin, 1991.
- IDEM, Hermès III. La traduction, Paris,
Éditions de Minuit, 1974
III. AUTRES LIVRES
- Antiseri Dario, L'actualité de la pensée
franciscaine. Réponses aux questions présentes.
Italie-Soveria, Éd. Rubbettino, 2008.
- Atias Christian, Philosophie du droit, Paris,
Éd. P.U.F., 1999.
- Bacon Francis, Novum organum, Paris, Éd.
Hachette, 1857.
- Barbault Robert, Ecologie générale.
Structure et fonctionnement de la biosphère, Paris, Éd.
Dunod, 2008.
- Beaud Michel, Histoire du capitalisme. De 1500 à
nos jours, Paris, Éd. Seuil, 1981.
- Delbove Raoul, L'humanisme énergétique de
Teilhard, Bruxelles, Éd. Bloud et Gay, 1966.
- Descartes René, Discours de la méthode,
Paris, Éd. Aubier-Montaigne, 1951.
- Feltz Bernard, La science et le vivant. Philosophie des
sciences et modernité critique, Paris, Éd. De
Boeck, 2014.
- Fragniere Augustin et Bourg Dominique, La pensée
écologique. Une anthologie. Paris, Éd. P.U.F,
2014.
- Gadamer Hans-Georg, Vérité et
méthode. Les grandes lignes d'une herméneutique philosophique,
Ed. Seuil, 1996.
- Giolito Christoph, Comprendre l'histoire de la
philosophie, Paris, Éd. Armand Colin, 2008.
- Greisch Jean, Entendre d'une autre oreille. Les enjeux
philosophiques de l'herméneutique biblique, Éd. Bayard,
2006.
- Hans Jonas, Pour une éthique du futur,
Paris, Éd. Payot, 1998.
- IDEM, Principe responsabilité. Une éthique
pour la civilisation technologique, Paris, Éd. Cerf,
1990.
- Latour Bruno, Nous n'avons jamais été
modernes. Essai d'anthropologie symétrique, Paris, Éd. La
Découverte, 1991.
- Leclercq Jacques, Leçons de droit naturel I.
Fondement du droit et de la société, Louvain,
Éd. Namur, 1947.
- London Frédéric, Capitalisme, désir
et servitude. Marx et Spinoza, Paris, Éd. La fabrique,
2010.
- Marx Karl, Le capital, Paris, Éd.
Garnier-Flammarion, 1969.
- Matand Makashing Raymond, l'homme et la nature.
Perspectives africaines de l'écologie profonde. Paris,
Éd. L'Harmattan, 2019.
- IDEM, Michel Serres, Hans Jonas, Edgar Morin et
l'écologie profonde, Paris, Éd. L'Harmattan, 2020.
- Morin Edgar, La méthode 2. La vie de la vie,
Paris, Éd. Seuil, 1980.
- Onaotsho Kawende Jean, Démocratie, technoscience
et écologie. Champs pragmatiques de la rationalité pluraliste,
Louvain, Éd. Academia-Harmattan, 2017.
- Pape François, Laudato si'. Sur la sauvegarde de
la maison commune. Vatican, Éd. Liberia Vaticana, 2015.
- Pave Alain, La nécessité du hasard. Vers
une théorie synthétique de la biodiversité, Paris,
Éd. EDP-Sciences, 2007.
- Platon, Protagoras, Paris, Éd. Garnier,
1958.
- Reeves Hubert et Lenoir Frédéric, Mal de
terre, Paris, Éd. Seuil, 2003.
- Rousseau Jean-Jacques, Du contrat social. Ecrits
politiques, oeuvres complètes, Paris, Éd.
Gallimard, 1964.
- Schumpeter Joseph, Capitalisme, Socialisme et
Démocratie, La doctrine marxiste. Le capitalisme peut-il survivre ?
Socialisme et démocratie, Paris, Éd. Payot,
1963.
- Worster Donald, Les pionniers de l'écologie,
Paris, Éd. Le sang de la terre, 2009.
- Xuan Thuan Trinh, Le chaos et l'harmonie. La fabrication
du réel. Paris, Éd. Fayard, 1998.
IV. ARTICLES ET REVUES
IV.1. ARTICLES DE L'AUTEUR
- Serres Michel, « Le droit peut sauver la nature »,
in Pouvoirs, Paris, Éd. Seuil, N° 127, 2008/4, pp.
5-12.
- IDEM, « préface qui invite le lecteur
à ne pas négliger de la lire pour entrer dans l'intention des
auteurs et comprendre l'agencement de ce livre », in
Éléments d'histoire des sciences, Paris, Ed. Bordas, 1989,
p. 890.
IV.2. AUTRES ARTICLES
- Batebua Jean-Claude, « Protection de
l'environnement dans le cadre de la mise en oeuvre de la reforme
minière », inRevue Congo-Afrique, Kinshasa,
Éd. C.E.P.A.S, N° 549, Novembre, 2020, pp. 1035-1045.
- Bensaude Bernadette, « Michel Serres
(1930-2019) », inRevue philosophique de la France et de
l'étranger, Tome 145, Paris, Éd. P.U.F, 2020/1, pp.
127-129.
- Blesson Mathieu, « Pour une démocratie
écologique », inTopique, Paris, Éd. A2IP, N°
122, 2013/1, pp. 71-82.
- Cezilly Franck, « histoire de l'écologie
comportementale », inécologie comportementale. Cours et
question, Paris, Éd. Dunod, 2005, pp. 3-26.
- Euvé François, « Pour un naturalisme
modéré », inle naturalisme et ses critiques.
Théophilyon (Revue des facultés catholiques de
théologie et de philosophie de Lyon), Paris, Éd.
Théophilyon, Tome XXVI-Vol. 1, 2021, pp. 93-110.
- Giraud Gael, « le capitalisme financiarisé et
transition écologique. De la "société de
propriétaire" vers une "société des
communs" ? », inGregorianum, Roma, Éd.
P.U.G, N° 94/1, 2013, pp. 695-706.
- Grandjean Alain, « les enjeux écologiques
et leurs représentations », inRevue Lumen, Vol.
LXXIII, N°4, Bruxelles, Éd. UCL, 2018, pp. 367-381.
- Gutwirth Serge, « Autour du contrat
naturel », inimages et usages de la nature, Bruxelles,
Éd. Presses de l'université des Saint-Louis, N°36, 1993, pp.
75-131.
- Lentiampa Adrien, « De l'ère de l'individu
à l'ère de la personne. Pour une économie à visage
humain »,inGregorianum, Roma, Éd. P.U.G,
N° 94/4, 2013, pp. 833-847.
- Lentiampa Adrien., « écologie et vie. Une
lecture de Laudato si' dans le perspective africaine », in revue
Congo-Afrique, Kinshasa, Éd. C.E.P.A.S, N° 569,
Novembre, 2022, pp 1114-1135.
- MARSH, George Perkins, « l'homme et la nature, ou
la géographie physique telle modifiée par l'action de l'homme
1864 », inLa pensée écologique. Une
anthologie, Paris, Éd. P.U.F, 2014, pp. 65-77.
- Matagne Patrick, « aux origines de
l'écologie »,inInnovation, Paris, De Boeck,
N°18, 2003, pp. 27-42.
- Maweja Roger, « L'herméneutique
théologique à l'ère du défi
écologique »,in Science et esprit, Montréal,
Collège universitaire dominicain, Vol. 73/3, N° 6, 2021, pp.
395-412.
- Noël Léon, « Le principe du
déterminisme », inRevue néo-scolastique, 12?
année, N°45, Paris, Éd Persée, 1905, pp. 5-26.
- Pottier Antonin, « Le capitalisme est-il
compatible avec les limites écologiques ? »,inCentre
d'économie de la Sorbonne Université Paris 1, Paris,
Éd. CNRS, 2O17, pp. 1-15.
- Ruboneka Gilbert, « Michel Serres et la
philosophie de communication : une épistémologie de mise en
relation », in Ngbowu, Revue des langues, lettres et
sciences de l'homme et de la société, Facultés des
lettres et sciences humaines Université de Kara, Kara, Togo, Vol. 1,
N° 12, Décembre 2012, pp. 455-465.
- IDEM, « La thèse serrésienne
d'histoires des sciences », inEndoxon, Revue africaine de
philosophie des sciences, Sciences, Techniques, Société,
UOB/IRSH-CENAREST, Paris, Ed. L'Harmattan, N°2, 2020, pp. 17-29.
- Thoreau, Henry David, « Le Paradis à
(re)conquérir »,inLa pensée écologique. Une
anthologie, Paris, Éd. P.U.F, 2014, pp. 27-40.
V. WEBOGRAPHIE
- [Enligne]
https://fr.m.kikipédia.org/biographie-Michel-Serres
(page consultée le 10/03/2023 à 14h07').
- [Enligne]
https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_d%27experts_intergouvernemental_sur_l%27C3%A9volution_du_climat.
(Page consultée le 02/09/2023').
- [enligne] : '-
https://news.un.org/fr/story/2022/02/1115262
(page consultée le 30/04/ 2023 à 07h50').
- [Enligne]
https://www.larousse.fr/encyclopédie/images/Rosa_Luxemburg_en_1912/1310796
(Page consulté le 10/06/2023 à 12h 21).
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHES
2
DEDICACE
3
IN MEMORIAM
4
REMERCIEMENTS
5
0. INTRODUCTION GÉNÉRALE
7
0.1. OBJET D'ETUDE
7
0.2. CHOIX ET INTERET DU SUJET
8
0.3. ETAT DE LA QUESTION
9
0.4. PROBLEMATIQUE
11
0.5. HYPOTHESE DU TRAVAIL
13
0.6. DELIMITATION DU SUJET
14
0.7. METHODES DE RECHERCHE
14
0.8. DIVISION DU TRAVAIL
15
0.9. NOTICE BIOGRAPHIQUE
15
0.10. DIFFICULTES RENCONTREES
16
CHAPITRE PREMIER : LES CAUSES PROFONDES DES
PROBLEMES ÉCOLOGIQUES
17
II.0. INTRODUCTION
17
I.1. LES PHENOMENES NATURELS DE LA TERRE
20
I.2. LES IDEOLOGIES PHILOSOPHICO-SCIENTIFIQUES DE
LA NATURE
24
I.2.1.1. Les idéologies
philosophiques : l'empirisme et le rationalisme
25
I.2.1.1.1. L'empirisme baconien
26
I.2.1.1.2. Le rationalisme cartésien
30
I.2.1.2. L'idéologie scientifique :
déterminisme et scientisme
33
I.3. L'ANTHROPOCENTRISME
38
I.3. CONCLUSION
44
CHAPITRE DEUXIEME : LA PROBLEMATIQUE DU
PROGRÈS TECHNIQUE
46
II.O. INTRODUCTION
46
II.1. ANALYSE DES DEUX ORDRES : PROGRES
TECHNIQUES ET DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
47
II.1.1. LES PROGRÈS TECHNIQUES
47
II.1.1.1. Culture et technique
48
II.1.1.2. Techniques et technologies
56
II.1.2. LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE : LE
CAPITALISME
59
II.2. LA NATURE VIOLENTÉE
66
II.3. LES CRISES ET CONSÉQUENCES
ÉCOLOGIQUES
68
II. 3.1. LE RÉCHAUFFEMENT ET CHANGEMENT
CLIMATIQUE
70
II.3.1.1. Réchauffement climatique
70
II.3.1.2. Changement climatique
78
II.3.2. EXTINCTION DES ESPECES
79
II.4. LES SIX ÉVÉNEMENTS EN CRISE
80
II.5. CONCLUSION
82
CHAPITRE TROISIEME : L'ECOLOGIE DU CONTRAT ET
DU SUJET DE DROIT
84
III.O. INTRODUCTION
84
III.1. DROIT DE L'ETRE HUMAIN ET NON DE LA
NATURE
85
III.1.1. L'IDEE DU DROIT NATUREL ET SUJET DE
DROIT
87
III.1.2. DE LA VIOLENCE SUR LA NATURE AU
CONTRAT
91
III.2. LE CONTRAT NATUREL
93
III.2.1. LA NOUVELLE POLITIQUE ISSUE DU CONTRAT
100
III.3. NOUVEAU RAPPORT ENTRE L'HUMAIN ET LA
NATURE
101
III.4. CONCLUSION
106
CHAPITRE QUATRIEME : APPROCHE CRITIQUE DE
L'ECOLOGIE DU SUJET DE DROIT
109
IV. 0. INTRODUCTION
109
IV.1. ASPECT POSITIF DE L'ECOLOGIE SERRESIENNE
109
IV.2. ASPECT NEGATIF DE L'ECOLOGIE SERRESIENNE
120
CONCLUSION
123
CONCLUSION GENERALE
124
BIBLIOGRAPHIE
129
TABLE DES MATIERES
134
* 1Michel SERRES,
Pantopie : de l'Hermès à petite poucette, entretien avec
Martin Legros et Sven Ortali, Paris, Éd. Le pommier, 2014, p.
246.
* 2IDEM, Le contrat naturel,
Paris, Éd. Flammarion, 1992,p. 83.
* 3 Henry David THOREAU, «
Le Paradis à (re)conquérir », in La
pensée écologique. Une anthologie, Paris, Éd. P.U.F,
2014, p. 31.
* 4Ce lexique décrit le
projet global de Michel SERRES en ce qu'il donne à voir, dans son
épistémologie, la volonté de considérer
l'encyclopédie ou la totalité des savoirs comme un ensemble non
référé mais communicant avec « le monde des choses et
le monde des hommes ». Or on retrouve là les trois transcendantaux
qui sont, pour l'auteur, la totalité du réel, les trois champs
à connaître pour philosopher, la condition à l'exercice
épistémologique. Exercice qui vise d'abord à
débusquer les formes de pensée archaïques dans les
philosophies et les savoirs, et qui le mènera à écrire
qu' « il n'y a de mythe pur que le savoir pur de tout mythe
»MichelSERRES, Hermès III. La traduction,
Paris, Éditions de Minuit, 1974, p. 259. Or, si cela tient
à la structure du point fixe, alors il devient bel et bien urgent, aux
yeux du philosophe, d'élaborer une pensée
décentrée, que l'on retrouvera aussi bien dans son
épistémologie que dans son éthique, et, plus largement,
dans la tâche qu'il [Michel SERRES]assigne au philosophe.
* 5 George Perkins MARSH,
« l'homme et la nature, ou la géographie physique telle
modifiée par l'action de l'homme 1864 », in La
pensée écologique. Une anthologie, Paris, Éd. P.U.F,
2014, p. 67.
* 6 Jean GREISCH, Entendre
d'une autre oreille. Les enjeux philosophiques de l'herméneutique
biblique, Éd. Bayard, 2006.
* 7Hans-Georg GADAMER,
Vérité et méthode. Les grandes lignes d'une
herméneutique philosophique, Ed. Seuil, 1996, p. 362.
* 8 [Enligne]
https://fr.m.kikipédia.org/biographie-Michel-Serres
(Page consultée le 10/03/2023 à 14h07').
* 9 Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd. Flammarion, 1992, p.72.
* 10 IDEM, Temps des
crises, Paris, Éd. Le Pommier, 2009, p. 39.
* 11Le terme écologie
créé en 1866 le biologiste allemand du nom d'Ernest Haeckel
(1834-1919). Du grec : « oïkos-
ïéêïæ : habitat, maison, etc. et
« logos : discours, science, étude, etc. Sans
doute, l'écologie se définit comme étant la science de
l'habitat.
* 12 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 47.
* 13Ibidem, p. 46.
* 14 Michel SERRES, Temps
des crises, Paris, Éd. Le Pommier, 2009, p.
47.
* 15Ibidem, p. 62.
* 16 SciViTe veut dire selon
Michel Serres : science de la vie et de la terre.
* 17 Ernest HAECHEL,
cité par Patrick MATAGNE, « aux origines de
l'écologie »,inInnovation, Paris, De Boeck,
N°18, 2003, pp. 31-32.
* 18Michel SERRES, Op.
Cit., p. 42.
* 19Ibidem, p. 62.
* 20Ibidem, p.
7.
* 21Ibidem, p. 7.
* 22Ibidem, p. 8.
* 23 Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd. Flammarion, 1992,p. 10.
* 24 Alain PAVE, La
nécessité du hasard. Vers une théorie synthétique
de la biodiversité, Paris, Éd. EDP-Sciences, 2007,
p. 19.
* 25 GIEC : groupe
d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Ce groupe est
chargé d'évaluer l'ampleur, les causes et les conséquences
du changement climatique. Crée en 1988 par Bert Bolin et son
siège est à Genève. [Enligne]
https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_d%27experts_intergouvernemental_sur_l%27%C3%A9volution_du_climat.
(Page consultée le 02/09/2023').
* 26[en ligne] : '-
https://news.un.org/fr/story/2022/02/1115262
(page consultée le 30/04/ 2023 à 07h50').
* 27 PAPE FRANCOIS, Laudato
si'. Sur la sauvegarde de la maison commune. Vatican, Éd.
Liberia Vaticana, 2015, § 18, p. 17.
* 28Ibidem, § 23,
p. 20-21.
* 29 Alain GRANDJEAN,
« les enjeux écologiques et leurs
représentations », in Revue Lumen, Vol. LXXIII,
N°4, Bruxelles, Éd. UCL, 2018, p. 370.
* 30Alain GRANDJEAN,
« les enjeux écologiques et leurs
représentations », in Revue Lumen, Vol. LXXIII,
N°4, Bruxelles, Éd. UCL, 2018,p. 370.
* 31 Trinh XUAN THUAN, Le
chaos et l'harmonie. La fabrication du réel. Paris, Éd.
Fayard, 1998, p. 45.
* 32Ibidem, pp.
44-45.
* 33Ibidem, p. 47.
* 34 Alain. PAVÉ,
Op. Cit., p. 27.
* 35Trinh XUAN THUAN, Le
chaos et l'harmonie. La fabrication du réel. Paris, Éd.
Fayard, 1998,p. 53.
* 36Ibidem, p. 26.
* 37 Michel SERRES., Op.
Cit., p. 55.
* 38Ibidem, p. 17.
* 39Ibidem, p. 7.
* 40Ibidem, p. 19.
* 41 Michel SERRES,
Rameaux, Paris, Éd. Le Pommier, 2007, p. 33.
* 42 Alain PAVÉ, Op.
Cit., p. 26.
* 43Michel SERRES, Rameaux,
Paris, Éd. Le Pommier, 2007, p. 57.
* 44Ibidem, p. 58.
* 45Francis BACON, Novum
organum, Paris, Éd. Hachette, 1857, p. VII.
* 46 Raymond MATAND MAKASHUNG,
l'homme et la nature. Perspectives africaines de l'écologie
profonde. Paris, Éd. L'Harmattan, 2019, p. 55.
* 47 Francis BACON, Op.
Cit., p. VIII.
* 48Ibidem, p.
VIII.
* 49 Christophe GIOLITO,
Comprendre l'histoire de la philosophie, Paris, Éd.
Armand Colin, 2008, p. 20.
* 50 Francis BACON, Op.
Cit., p. 7.
* 51Ibidem, p. 7.
* 52Ibidem, p. 215.
* 53 Hans JONAS, Principe
responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique,
Paris, Éd. Cerf, 1990, p. 192.
* 54 Adrien LENTIAMPA,
« écologie et vie. Une lecture de Laudato si' dans le
perspective africaine », in revue Congo-Afrique,
Kinshasa, Éd. C.E.P.A.S, N° 569, Novembre, 2022, p.
1126.
* 55 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 32.
* 56Ibidem, p. 59.
* 57Ibidem, p. 96.
* 58 Francis BACON, Op.
Cit., p. 2.
* 59Raymond MATAND MAKASHUNG,
l'homme et la nature. Perspectives africaines de l'écologie
profonde. Paris, Éd. L'Harmattan, 2019., p.
56.
* 60 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 41.
* 61 Adrien LENTIAMPA, Art.
Cit., p. 1126.
* 62 Raymond MATAND MAKASHING,
Op. Cit., p. 57.
* 63Ibidem, p. 61.
* 64 René DESCARTES,
Discours de la méthode, Paris, Éd.
Aubier-Montaigne, 1951, p. 54.
* 65René DESCARTES,
Discours de la méthode, Paris, Éd.
Aubier-Montaigne, 1951, p. 52.
* 66 Raymond MATAND MAKASHING,
Op. Cit., p. 62.
* 67 René DESCARTES,
Op. Cit., p. 74.
* 68Ibidem, p. 74.
* 69René DESCARTES,
Discours de la méthode, Paris, Éd.
Aubier-Montaigne, 1951, p. 74.
* 70 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 58.
* 71Ibidem, p. 59.
* 72Ibidem, p. 59.
* 73 Bernard FELTZ, La
science et le vivant. Philosophie des sciences et modernité critique,
Paris, Éd. De Boeck, 2014, p. 97.
* 74 Roger BACON cite par Dario
ANTISERI, L'actualité de la pensée franciscaine.
Réponses aux questions présentes. Italie-Soveria,
Éd. Rubbettino, 2008, p. 78.
* 75 Bernard FELTZ, Op.
Cit., p. XII.
* 76Michel SERRES, Rameaux,
Paris, Éd. Le Pommier, 2007, p. 41.
* 77 Léon NOËL,
« Le principe du déterminisme », In
Revue néo-scolastique, 12? année, n°45, 1905. p.
9.
* 78Léon NOËL,
« Le principe du déterminisme », In
Revue néo-scolastique, 12? année, n°45,
1905, p. 7.
* 79Ibidem, p. 6.
* 80 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 135.
* 81 Raymond MATAND MAKASHING,
Op. Cit., p. 77.
* 82 Adrien. LENTIAMPA,
Art. Cit., p. 1127.
* 83Bernard FELTZ, La
science et le vivant. Philosophie des sciences et modernité critique,
Paris, Éd. De Boeck, 2014, p. IX.
* 84 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 43.
* 85Ibidem, p. 43.
* 86Ibidem, p. 43.
* 87Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd. Flammarion, 1992, p. 44.
* 88Ibidem, p. 63.
* 89 Adrien LENTIAMPA, Art.
Cit., p. 1127.
* 90 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 96.
* 91Ibidem, p. 59.
* 92Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd. Flammarion, 1992, p.
43.
* 93Sylvain AUROUX, et
André JACOB, Les notions philosophiques. Encyclopédie
philosophique Universelle, Tome 1, Paris, Éd. P.U.F., 1990,
p. 105.
* 94 André LALANDE,
Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, Éd
P.U.F., 1926, p. 62.
* 95 Pour avoir plus
d'explication, à lire dans la Bible de Jérusalem, Éd.
Cerf, 2001, p. 19. Ou, Gn. 1, 28-30. Ici il est écrit que Dieu les
bénit et leur dit : « soyez féconds
multipliez-vous, emplissez la terre et soumettez-là ; dominez sur
les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur
la terre. », ...
* 96 PLATON, Protagoras, Paris,
Éd.Garnier, 1958, p. 50.
* 97 Bernard FELTZ, Op.
Cit., p. 96.
* 98Luc FERRY, Le nouvel
ordre écologique. L'arbre, l'animal et l'homme, Paris, Éd.
Grasset, 1992, p. 121.
* 99 Franck CEZILLY,
« histoire de l'écologie
comportementale »in écologie comportementale.
Cours et question, Paris, Éd. Dunod, 2005, p. 4.
* 100 Jean ONAOTSHO KAWENDE,
Démocratie, technoscience et écologie. Champs pragmatiques de
la rationalité pluraliste, Louvain, Éd. Academia-Harmattan,
2017, p. 180.
* 101Raoul DELBOVE,
L'humanisme énergétique de Teilhard, Bruxelles,
Éd. Bloud et Gay, 1966, p. 87.
* 102 PAPE FRANCOIS, Op.
Cit., N°115.
* 103 Hans JONAS, Le
principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation
technologique, Paris, Éd. Cerf, 1991, p. 188.
* 104Michel SERRES, Op.
Cit., p. 39.
* 105Ibidem, p.
39.
* 106Ibidem, p.
60.
* 107Ibidem, p.
62.
* 108Ibidem, p.
125.
* 109Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd. Flammarion, 1992, p.
63.
* 110 IDEM, Op. Cit.,
p. 64.
* 111Ibidem, p.
54.
* 112 IDEM, Op. Cit.,
p. 43.
* 113Ibidem, p.
43.
* 114 André
Comte-sponville dans son dictionnaire cite Sigmund Freud et explique les
triples humiliations de l'homme : « Dans un passage fameux de
ses Essais de psychanalyse appliquée, il évoque les trois
blessures narcissiques que l'humanité, du fait des progrès
scientifiques, a subies : la révolution copernicienne, la vraie, celle
de Copernic, qui chasse l'homme du centre de l'univers (c'est l'humiliation
cosmologique) ; l'évolutionnisme de Darwin, qui le réintroduit
dans le règne animal (c'est l'humiliation biologique) ; enfin, la
psychanalyse elle-même, qui montre que « le moi n'est pas
maître dans sa propre maison » (c'est l'humiliation psychologique)
». André COMTE-SPONVILLE, Dictionnaire philosophique,
Paris, Éd. P.U.F., 2001, p. 76.
* 115 Michel SERRES, Michel
SERRES, Temps des crises, Paris, Éd. Le Pommier,
2009, pp. 24-25.
* 116Ibidem, p.
31.
* 117Bernard FELTZ, La
science et le vivant. Philosophie des sciences et modernité critique,
Paris, Éd. De Boeck, 2014, p. 62.
* 118Ibidem, p.
69.
* 119 Jean ONAOTSHO KAWENDE,
Op. Cit., p. 110.
* 120Ibidem, p.
114.
* 121 Michel SERRES,
Hominescence, Paris, Éd. Le Pommier, 2001, p. 115.
* 122Michel SERRES, Temps
des crises, Paris, Éd. Le Pommier, 2009, p. 25.
* 123 IDEM, Op. Cit.,
p. 46.
* 124Ibidem, p.
106.
* 125 Jean ONAOTSHO KAWENDE,
Démocratie, technoscience et écologie. Champs pragmatiques de
la rationalité pluraliste, Louvain, Éd. Academia-Harmattan,
2017, p. 181.
* 126 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 55.
* 127 IDEM, Op. Cit.,
p. 15.
* 128 IDEM, Op. Cit.,
p. 42.
* 129 Michel SERRES, Le
contrat naturel,Paris, Éd. Flammarion, 1992,p. 16.
* 130Ibidem, p.
25.
* 131Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd. Flammarion, 1992, p. 59.
* 132Ibidem, p.
49.
* 133Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd. Flammarion, 1992, p. 49.
* 134 IDEM, Op. Cit.,
p. 48
* 135 IDEM, Op. Cit.,
p. 52.
* 136Ibidem, p.
54.
* 137 Gilles BILLEN, et
Georges THIL, « La planète en danger :
(in)validité des bilans à l'échelle
mondiale », in la revue nouvelle. Ecologies des
mouvements en mouvement, Bruxelles, N°5, p. 281.
* 138Hans JONAS, Principe
responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique,
Paris, Éd. Cerf, 1990, p. 27.
* 139Ibidem, p.
28.
* 140 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 73.
* 141 Michel SERRES, Temps
des crises, Paris, Éd. Le Pommier, 2009, p. 57.
* 142Ibidem, p.
58.
* 143Ibidem, p.
66.
* 144Ibidem, p.
77.
* 145Bernard FELTZ, La
science et le vivant. Philosophie des sciences et modernité critique,
Paris, Éd. De Boeck, 2014, p. 69.
* 146 J. ONAOTSHO KAWENDE,
Op. Cit., p. 184.
* 147 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 61.
* 148 Roger. MAWEJA,
« L'herméneutique théologique à l'ère du
défi écologique », InScience et esprit,
Montréal, Collège universitaire dominicain, Vol. 73, N°
6,2021, p. 402.
* 149 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 168.
* 150Ibidem, p. 91
* 151Ibidem, p.
92.
* 152Michel SERRES,
Hominescence, Paris, Éd. Le Pommier, 2001, p.
79.
* 153Ibidem, p.
105.
* 154Ibidem, p.
106.
* 155 IDEM, Op. Cit.,
p. 39.
* 156 Dictionnaire LAROUSSE,
Le Larousse illustré, Paris, Éd. Larousse, 2009,
p. 157.
* 157 Michel BEAUD,
Histoire du capitalisme. De 1500 à nos jours, Paris,
Éd. Seuil, 1981.
* 158Ibidem, p.
16.
* 159Michel BEAUD,
Histoire du capitalisme. De 1500 à nos jours, Paris,
Éd. Seuil, p. 57.
* 160Ibidem, p.
171.
* 161 Adrien LENTIAMPA,
« De l'ère de l'individu à l'ère de la personne.
Pour une économie à visage humain », in
Gregorianum, Roma, Éd. P.U.G, 2013, N° 94/4, p.
833.
* 162 Frédéric
LONDON, Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza,
Paris, Éd. La fabrique, 2010, p. 24.
* 163 Karl MARX, Le
capital, Paris, Éd. Garnier-Flammarion, 1969, p. 115.
* 164 Adrien LENTIAMPA,
Art. Cit., p. 832.
* 165 Karl MARX, Op.
Cit., p. 115.
* 166Sylvain AUROUX, et
André JACOB, Les notions philosophiques. Encyclopédie
philosophique Universelle, Tome 1, Paris, Éd. P.U.F., 1990,
p. 263.
* 167 [En ligne]
https://www.larousse.fr/encyclopédie/images/Rosa_Luxemburg_en_1912/1310796
(page consulté le 10/06/2023 à 12h 21).
* 168 Karl MARX, Op. Cit.,
p. 41.
* 169 Frédéric
ENGELS, « Le capital »,in le Demokratisches
wochenblantt (LEIPZIG des 21 et 28 Mars). Article qu'on peut trouver
annexer dans le livre de Karl MARX, Op. Cit., p. 697.
* 170Ibidem, p.
697.
* 171 Joseph SCHUMPETER,
Capitalisme, Socialisme et Démocratie, La doctrine marxiste. Le
capitalisme peut-il survivre ? socialisme et démocratie,
Paris, Éd. Payot, 1963, p. 98.
* 172 Adrien LENTIAMPA,
Art. Cit., p. 838.
* 173Raymond MATAND MAKASHUNG,
l'homme et la nature. Perspectives africaines de l'écologie
profonde. Paris, Éd. L'Harmattan, 2019, p. 87.
* 174 Joseph SCHUMPETER,
Op. Cit., p. 121.
* 175 Antonin POTTIER,
« Le capitalisme est-il compatible avec les limites
écologiques ? », in Centre d'économie
de la Sorbonne Université Paris 1, Paris, Éd. CNRS,
2O17, p. 2.
* 176 Karl MARX, Op. Cit.,
p. 567.
* 177Ibidem, p.
570.
* 178Karl MARX, Le
capital, Paris, Éd. Garnier-Flammarion, 1969,p. 570.
* 179 Gael GIRAUD,
« le capitalisme financiarisé et transition
écologique. De la "société de propriétaire" vers
une "société des communs" ? »,in
Gregorianum, Roma, Éd. P.U.G, 2013, 94/1, N°
695-706, p. 695.
* 180 Dans le contrat
naturel Michel Serres parle de Quirinus : dieu de l'économie,
p. 31. Il a emprunté ce terme dans la mythologie grec.
* 181 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 32.
* 182Ibidem, p.
32.
* 183 IDEM, Op. Cit,
p. 20.
* 184 Raymond MATAND, Op.
Cit., p. 90.
* 185 Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992,p. 27.
* 186 Michel
SERRES,Michel SERRES, Le contrat naturel, Paris,
Éd.Flammarion, 1992, p. 51.
* 187Ibidem, p.
81.
* 188Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992,p. 74.
* 189 IDEM, Op. Cit.,
p. 42.
* 190 IDEM, Op. Cit.,
p. 46.
* 191Ibidem, p.
54.
* 192Ibidem, p. 56
* 193 Ibidem, p.
15.
* 194Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992,p. 61.
* 195Ibidem, p.
22.
* 196Ibidem, p.
25.
* 197 Hubert REEVES, et
Fréderic LENOIR, Mal de terre, Paris, Éd.
Seuil, 2003, p. 11.
* 198 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 28.
* 199Hubert REEVES, et
Fréderic LENOIR, Mal de terre, Paris, Éd.
Seuil, 2003, p. 13.
* 200Ibidem, pp.
33-35
* 201Hubert REEVES, et
Fréderic LENOIR, Mal de terre, Paris, Éd.
Seuil, 2003,p. 15.
* 202 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 35
* 203Ibidem, p.
36.
* 204 Hubert REEVES, et
Fréderic LENOIR, Op. Cit., p. 16.
* 205 Jean-Claude BATEBUA,
« Protection de l'environnement dans le cadre de la mise en
oeuvre de la reforme minière », in revue
Congo-Afrique, Kinshasa, Éd. C.E.P.A.S, N° 549,
Novembre, 2020, p. 1038.
* 206 Robert BARBAULT,
Ecologie générale. Structure et fonctionnement de la
biosphère, Paris, Éd. Dunod, 2008, p. 273.
* 207 Michel SERRES, « Le
droit peut sauver la nature », in Pouvoirs, Paris, Éd.
Seuil, 2008/4, N° 127, p. 7.
* 208 IDEM, Le contrat
naturel, p. 57.
* 209Ibidem, p.
57.
* 210Ibidem, p.
58.
* 211Ibidem, p.
60.
* 212Ibidem, p.
47.
* 213 Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992,p. 47.
* 214Ibidem, p.
18.
* 215 Robert BARBAULT, Op.
Cit., p. 281.
* 216 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 185.
* 217Ibidem, p.
186.
* 218 Hubert REEVES, et
Fréderic LENOIR, Op. Cit., p. 43.
* 219Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 46.
* 220 Gilles BILLEN, et
Georges THIL, Art. Cit., p. 282
* 221 Michel SERRES, Op.
Cit, p. 53.
* 222Ibidem, p.
37.
* 223Hubert REEVES, et
Fréderic LENOIR, Mal de terre, Paris, Éd.
Seuil, 2003., pp. 50-54.
* 224 Michel SERRES,
Op. Cit., p. 52.
* 225 Hubert REEVES, et
Fréderic LENOIR, Op. Cit., p. 55.
* 226 Michel SERRES,
Op. Cit., p. 81.
* 227Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 56.
* 228 Robert BARBAULT, Op.
Cit., p. 283.
* 229 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 53.
* 230Hubert REEVES, et
Fréderic LENOIR, Mal de terre, Paris, Éd.
Seuil, 2003., p. 168.
* 231Ibidem, p.
168.
* 232 Roger BARBAULT, Op.
Cit., p. 287.
* 233 Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 31.
* 234Ibidem, p.
32.
* 235 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 11.
* 236Ibidem, pp.
12-15.
* 237Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 15.
* 238Ibidem, pp.
16-18.
* 239 IDEM, Op. Cit.,
pp. 18-20.
* 240Ibidem, p.
21.
* 241Ibidem, p.
23.
* 242Ibidem, 25.
* 243Ibidem, p.
32.
* 244Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 36.
* 245Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 78.
* 246 Jean-Jacques ROUSSEAU,
Du contrat social. Ecrits politiques, oeuvres complètes, Paris,
Éd. Gallimard, 1964, p. 360.
* 247Ibidem, p.
62.
* 248Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 62.
* 249Ibidem, p.
62.
* 250Ibidem, p.
63.
* 251Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd Flammarion, 1992, p. 64.
* 252 Edgar MORIN, La
méthode 2. La vie de la vie, Paris, Éd. Seuil,
1980, p. 20.
* 253 Christian ATIAS,
Philosophie du droit, Paris, Éd. P.U.F., 1999, p.
150.
* 254 Jacques LECLERQ,
Leçons de droit naturel I. Fondement du droit et de la
société, Louvain, Éd. Namur, 1947, p. 12.
* 255 Christian ATIAS,
Philosophie du droit, Paris, Éd. P.U.F., 1999,
p. 151.
* 256Ibidem, p.
152.
* 257Ibidem, p.
164.
* 258 Michel SERRES, Art.
Cit., p. 5.
* 259 Jacques LECLERQ,
Leçons de droit naturel I. Fondement du droit et de la
société, Louvain, Éd. Namur, 1947,
p. 13.
* 260 Michel SERRES, Art.
Cit., p. 6.
* 261 Luc. FERRY, Op.
Cit., p. 122.
* 262 Michel SERRES. Op.
Cit., p. 64.
* 263Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 65.
* 264 Hans JONAS, Op.
Cit., p. 26.
* 265Ibidem, p.
27.
* 266 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 66.
* 267Ibidem, p.
66.
* 268Ibidem, p.
78.
* 269Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 32.
* 270 Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 28.
* 271 Luc FERRY, Op.
Cit., p. 122.
* 272Michel SERRES, Op.
Cit.,p. 30
* 273Ibidem, p.
32.
* 274Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 33.
* 275 Jean ONAOTSHO KAWENDE,
Op. Cit., p. 191.
* 276 Michel SERRES, Op.
Cit.,p. 69.
* 277Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 78.
* 278 IDEM,Op. Cit.,
p. 40.
* 279Jean ONAOTSHO KAWENDE,
Démocratie, technoscience et écologie. Champs pragmatiques de
la rationalité pluraliste, Louvain, Éd.
Academia-Harmattan, 2017, p. 191.
* 280Ibidem, p.
191.
* 281Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 67.
* 282Ibidem, p.
67.
* 283Ibidem, p.
78.
* 284Ibidem, p.
67.
* 285Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 68.
* 286Ibidem, p.
82.
* 287Ibidem, pp.
70-71.
* 288 IDEM, Op. Cit.,
p. 252.
* 289Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 78.
* 290Ibidem, p.
78.
* 291Ibidem, p.
79.
* 292Ibidem, p.
22.
* 293Ibidem, p.
22.
* 294Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 23.
* 295Ibidem, p.
69.
* 296Ibidem, p.
79.
* 297Ibidem, p.
108.
* 298Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 69.
* 299Ibidem, p.
72.
* 300Ibidem, p.
72.
* 301 IDEM, Op. Cit.,
pp. 252-253.
* 302Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris, Éd.Flammarion, 1992, p. 73.
* 303 IDEM, Op. Cit.,
p. 62.
* 304 IDEM, Op. Cit.,
p. 76.
* 305 IDEM, Biogée,
Paris, Éd. Le Pommier, 2010, p. 43.
* 306 Michel SERRES,Temps
des crises,Paris, Éd. Le Pommier, 2009,p. 62.
* 307 IDEM, Op. Cit.,
p. 257.
* 308Ibidem, p.
39.
* 309WAFEL est un concept
venant de notre auteur. Ce concept est l'appellation autre de la Biogée
avec les initiales anglaises des quatre éléments fondamentaux de
la matière et des vifs Il s'agit d'une abréviation des initiales
provenant de : eau, air, feu, terre et vivant, mais en anglais (water,
air, fire, living).
* 310 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 40.
* 311Michel SERRES,Temps
des crises,Paris, Éd. Le Pommier, 2009, p. 42.
* 312 Edgar MORIN, La
méthode 2. La vie de la vie, Paris, Éd. Seuil,
1980, p. 46.
* 313 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 50.
* 314Ibidem, p.
52.
* 315Ibidem, p.
54.
* 316 Michel SERRES,Temps
des crises,Paris, Éd. Le Pommier, 2009, p. 64.
* 317Ibidem, p.
65.
* 318Ibidem, p.
66.
* 319Ibidem, p.
67.
* 320Ibidem, p.
67.
* 321 Michel SERRES,Temps
des crises,Paris, Éd. Le Pommier, 2009, p. 71.
* 322 Michel SERRES,
Pantopie : De l'Hermès à petite poucette, entretien avec
Martin Legros et Sven Ortali,Paris, Éd. Le Pommier, 2010, p.
196.
* 323Michel SERRES,
Pantopie : De l'Hermès à petite poucette, entretien avec
Martin Legros et Sven Ortali,Paris, Éd. Le Pommier,
2010,p. 114.
* 324Ibidem, p.
114.
* 325 Bruno LATOUR, Nous
n'avons jamais été modernes. Essai d'anthropologie
symétrique, Paris, Éd. La Découverte, 1991, p.
191.
* 326 Michel SERRES, Le
tiers-instruit, Paris, Éd. François Bourin, 1991, p. 22.
* 327Ibidem, p.
23.
* 328 Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris,Éd. Flammarion, 1992,p. 40.
* 329 IDEM, Art.
Cit., p. 5.
* 330 Mathieu BLESSON, «
Pour une démocratie écologique » in Topique, Paris,
Éd. A2IP, 2013/1 (n° 122), p. 80. Article disponible en ligne
à l'adresse
https://www.cairn.info/revue-topique-2013-1-page-71.htm
(page consultée le 10/Août/ 2023 à 15H 30').
* 331Ibidem
* 332Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris,Éd. Flammarion, 1992, p. 54.
* 333 François
EUVÉ, « Pour un naturalisme modéré »
in le naturalisme et ses critiques, Théophilyon (Revue des
facultés catholiques de théologie et de philosophie de Lyon),
Paris, Éd. Théophilyon, Tome XXVI-Vol. 1, 2021, p. 94.
* 334 Raymond MATAND
MAKASHING, Michel Serres, Hans Jonas, Edgar Morin et l'écologie
profonde, Paris, Éd. L'Harmattan, 2020, p. 81.
* 335 Bernadette. BENSAUDE,
« Michel Serres », in Revue philosophique de
la France et de l'étranger, Tome 145, Paris, Éd. P.U.F,
2020/1, p. 127.
* 336 Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris,Éd. Flammarion, 1992, p. 68.
* 337 Serge GUTWIRTH,
« Autour du contrat naturel », in images et usages de
la nature, Bruxelles, Éd. Presses de l'université des
Saint-Louis, 1993, N°36.
* 338Michel SERRES, Le
contrat naturel, Paris,Éd. Flammarion, 1992,p. 67.
* 339 Serge GUTWIRTH, Art.
Cit., N°40.
* 340 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 255.
* 341Ibidem, p.
256.
* 342 Raymond MATAND, Op.
Cit., p. 19
* 343 Hans JONAS, Pour une
éthique du futur, Paris, Éd. Payot et Rivages, 1998, p.
69.
* 344 Michel SERRES, Op.
Cit., p. 126.
* 345Ibidem, p.
84.
* 346 Luc FERRY, Le nouvel
ordre écologique. L'arbre, l'animal et l'homme, Paris, Ed. Grasset,
1992,p. 123.
* 347Ibidem, pp.
123-124.
* 348François
EUVÉ, « Pour un naturalisme modéré »
in le naturalisme et ses critiques, Théophilyon (Revue des
facultés catholiques de théologie et de philosophie de Lyon),
Paris, Éd. Théophilyon, 2021, Tome XXVI-Vol. 1, p.
100.
* 349 Cette abréviation
signifie : Conférence des parties à la convention cadre des
nations Unies sur le changement. C'est une convention qui finance des dommages
subis par les pays vulnérables durement touchés par les
catastrophes climatiques. [Enligne]
https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_d%27experts_intergouvernemental_sur_l%27%C3%A9volution_du_climat.
(Page consultée le 02/09/2023').
* 350 Raymond MATAND, Op.
Cit., p. 88.
* 351Hans JONAS, Principe
responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique,
Paris, Éd. Cerf, 1990, p. 64.
* 352 Michel SERRES, Op.
Cit, p. 78.
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