II.5. Les principaux
obstacles liés à l'abandon de la vaccination
Il existe plusieurs facteurs qui entravent la croissance de la
couverture vaccinale dans le monde entier. D'une part, il y a les obstacles
liés au fonctionnement des services de vaccination et aux vaccins
eux-mêmes (occasions manquées, taux de pertes, services de
vaccination d'accès géographique difficile) ; d'autre part,
il y a ceux liés aux parents ou gardiens d'enfants qui, pour des
raisons qui leurs sont propres, n'emmènent pas faire vacciner leurs
enfants (faible utilisation des services de vaccination).
Les personnes qui ne bénéficient pas des
programmes de vaccination systématique vivent principalement dans des
endroits reculés, des taudis urbains et des zones frontalières
.il peut s'agir aussi bien de groupes de population autochtones que de
personnes déplacées, privées de l'accès à la
vaccination par des barrières sociales diverses ou insuffisamment
sensibilisées qui refusent la vaccination.
Les différents facteurs s'opposants à
l'obtention d'une couverture vaccinale efficace peuvent être
abordés à partir de quelques grands problèmes communs
à toutes les vaccinations.
Au Cameroun :
Orok, dans son étude sur les causes de non utilisation
des services de vaccination dans le District de Santé de Kumba en 2008 a
trouvé une association entre l'utilisation des services de vaccination
et la perception de l'accueil par les mères, la perception du temps
d'attente, la distance entre le lieu de vaccination et les domiciles, les frais
de transport requis pour arriver au lieu de vaccination, la connaissance des
maladies du PEV par les mères, la disponibilité des vaccins et la
présence des vaccinateurs [9].
L'enquête nationale de couverture vaccinale de 2005 a
ressorti onze principales raisons de non vaccination au Cameroun dont l'attente
trop longue, l'ignorance de la nécessité de la vaccination, le
lieu de vaccination trop éloigné, la mère trop
occupée, le vaccin non disponible, un problème familial comme la
maladie de la mère, l'enfant malade mais non amené, l'enfant
malade amené mais non vacciné, l'ignorance du lieu ou l'heure de
la vaccination, le report de la date de vaccination et l'absence du vaccinateur
au poste [10].
Selon l'EDS 2011 [11], la couverture vaccinale passe de 32%
selon que la mère est sans instruction à 74% selon qu'elle a un
niveau d'étude supérieur. Ces proportions étaient de 32%
et 60% selon les résultats de l'EDS 2004 [12] et de 43% et 72 % selon
EDS 1998 [13].
L'EDS 2011 a mis en évidence une association entre le
niveau de richesse du ménage et la couverture vaccinale. La couverture
vaccinale passe de 36% pour les enfants des ménages du quantile le plus
pauvre à 60% pour les enfants des ménages du quantile le plus
riche [11].
Dans le Monde et en Afrique :
Rainey et al. dans une revue systématique de 202
publications parues entre 1999 et 2009, a pu extraire 838 raisons
liées à la sous-vaccination; 379 (45%) étaient liés
au système de vaccination, 220 (26%) aux caractéristiques
familiales, 181 (22%) aux connaissances, attitudes et pratiques et 58 (7 %)
à des limitations en matière de vaccination liée à
la communication et l'information [30].
Mania et al au Kenya a retrouvé dans son étude
que parmi les prédicteurs de la vaccination complète des enfants
il y avait le nombre d'enfants dans le ménage, le lieu de naissance de
l'enfant, les conseils sur la prochaine visite de suivi de la croissance de
l'enfant et l'opinion des parents sur les services de vaccination offerts
[31].
NdèyeMagatte et al. [32] dans une étude
menée en 2005 au Sénégal avaient trouvé que le
non-respect du calendrier vaccinal était lié au manque de temps
des parents (40,3 %), à l'oubli du rendez-vous (33,2 %), à la
perte de la fiche de vaccination (10,3 %), aux voyages (7,7 %) et au manque
d'argent (1,1 %).
II.5.1 Obstacles liés
aux services de vaccination
On parle d'occasion manquée de vaccination lorsqu'une
personne justiciable d'une vaccination, pour laquelle il n'existe pas de
contre-indication se présente dans un service de santé et ne
reçoit pas tous les vaccins requis.
Pour réduire les occasions manquées et fournir
la vaccination à chaque opportunité, toutes les formations
sanitaires qui reçoivent des femmes et enfants doivent :
- Vérifier de façon systématique leurs
carnets de vaccination ;
- Administrer simultanément tous les vaccins pour
lesquels un enfant ou une femme est éligible
- Ignorer les fausses contre-indications à la
vaccination
Les occasions manquées ont été et restent
un handicap majeur à la réalisation des objectifs du PEV. La
formation des agents vaccinateurs devient alors essentielle pour éviter
des occasions manquées.
L'insuffisance des séances de vaccination
(irrégularité de la stratégie fixe, manque de
stratégie avancée etc.) a été mise en
évidence par Savadogo comme facteur limitant de la vaccination [33].
D'autres auteurs sont parvenus à la même conclusion en relevant
une insuffisance d'organisation des activités, surtout quand les
séances de vaccination sont hebdomadaires en poste fixe. Le même
auteur est revenu sur la stratégie ACD en montrant que l'insuffisance de
la mise en oeuvre de ces composantes comme la supervision, le monitorage et le
rétablissement de la stratégie avancée influait
négativement sur la CV.
En 2005, Agbeko a estimé à 23% la proposition
des mères qui déploraient l'attente longue excédant 2
heures de temps. Le mauvais accueil influe aussi fortement sur la CV selon le
même auteur [34].
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