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Vulnérabilité des ressources en eau et sociétés insulaires de Basse-Casamance dans un contexte de variabilité climatique: exemple de l'accès à  l'eau potable à  Carabane (commune de Diembéring), Diogué et Niomoune (commune de Kafountine)


par Pape Samba DIOP
Université Cheikh Anta Diop - Master 2020
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

Faculté des Lettres et Sciences Humaines

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

MEMOIRE DE MASTER 2

RESSOURCES, ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT (RED)

PARCOURS : Hydrologie

Vulnérabilité des ressources en eau et sociétés insulaires de

Basse-Casamance dans un contexte de variabilité climatique: exemple de l'accès à l'eau potable à Carabane (Commune de Diembéring) Diogué et Niomoune (Commune de Kafountine)

Présenté par : Sous la direction de :

M. Pape Samba DIOP Mme Awa NIANG FALL

Professeur assimilé

ANNEE ACADEMIQUE : 2019/2020

I

SOMMAIRE

DEDICACES II

REMERCIEMENTS III

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATION V

RESUME VI

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE 23

CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES DES COMPOSANTS DU MILIEU PHYSIQUE 24

CHAPITRE II : LE CADRE HUMAIN 39

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES

RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE 42

CHAPITRE III : ANALYSE DE VARIABILITE CLIMATIQUE 43

CHAPITRE IV : EVOLUTION DE LA SALINITE DANS L'ESTUAIRE DE LA

CASAMANCE 54

TROISIEME PARTIE : ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE DANS LES

ILES DE NIOMOUNE, DIOGUE ET CARABANE 74

CHAPITRE V : ACCES A L'EAU POTABLE DANS LES ILES DE NIOMOUNE,

DIOGUE ET CARABANE 75

CHAPITRES VI : ETAT DES LIEUX DE LA QUALITE DE L'EAU POTABLE ET DE LA

QUESTION DE L'ASSAINISSEMENT 91

CHAPITRE VII : GESTION DE L'EAU EN MILIEU INSULAIRE 103

CONCLUSION GENERALE 110

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 112

TABLES DES ILLUSTRATIONS 120

TABLE DES MATIERES 123

ANNEXES i

II

DEDICACES

A

Mes parents Babacar Diop

Amy Diouf

Ami Madeleine Diatta

Je dédie ce présent travail ! Que le Miséricordieux vous prête longue vie.

III

REMERCIEMENTS

Un travail de recherche, aussi minime, soit-il, est comme une oeuvre d'art qui a nécessité un ensemble d'apports (matériel et humain) destiné à sa réalisation. Ainsi, j'exprime toute ma reconnaissance envers toutes ces personnes ayant contribué directement ou indirectement de quelque manière que ce soit, à l'élaboration de ce manuscrit. Recevez ici, ma plus profonde gratitude et mes remerciements les plus chaleureux.

Ma grande reconnaissance va tout naturellement à cette grande dame, travailleuse et très modeste, Pr Awa Niang-FALL. Sa clairvoyance et son ouverture m'ont offert un cadre d'échange et de partage tout au long de ce travail. Très accessible et disponible, elle n'a ménagé aucun effort pour me venir en aide, m'orienter, corriger mes défaillances ou encore me prodiguer d'avisés conseilles. Travailler sous votre encadrement, Professeure, fut un grand honneur. Vos enseignements sur le monde de la recherche, le savoir-vivre et le savoir-faire ont sans doute été les plus beaux et fructueux renforcements de capacités dans notre vie de jeune chercheur. Vos qualités humaines ont de vous une mère à nos yeux. Je vous serai à jamais reconnaissant et dévoué.

Par ailleurs, pour leur grande contribution à ma formation, je rends un vif hommage au corps professoral du département de Géographie de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar. A cette occasion, j'adresse mes remerciements les plus chaleureux à Mme Pouye, née Ndeye Ngom pour ses conseils et orientations durant ma première année universitaire ; également aux Drs Cheikh Diop, Anastasie Mendy Beye et les Professeurs Pascal Sagna et Papa Sakho pour leurs soutiens et orientations. Je remercie par la même occasion, Dr Abdoulaye Faty, Dr Sidia Diaouma Badiane, ces parrains, qui nous ont beaucoup soutenus, orientés et conseillés. Nos problèmes étaient toujours les leurs et leurs disponibilités étaient mises à notre disposition.

De par leurs disponibilités et de l'intérêt porté à mes travaux de recherche, ces derniers ont contribué de manière exponentielle à ce mémoire. Je veux citer : Dr. Waly Faye, Dr El Hadji Abdou Karim Kébé, Ngor Maurice Sarr, Mamadou Ndione, Mbayang Thiam, Khady Diouf, Dr Ba du département de Géologie de l'UCAD, Dr Mamadou Thior et M. Yankoba Sané de l'UASZ, Dr Adama Cheikh Diouf de l'UGB. Vous m'avez accueilli comme un frère, un compagnon, vos enseignements, conseils et orientations ont été très utiles tout au long de cette quête.

C'est aussi pour moi l'occasion de rendre un grand hommage à tous les membres du laboratoire UMI Résiliences de l'IRD, particulièrement, Mansour Nguirane, Habiboulaye Gano, Oumar Dieng, Flore, avec qui nous avons acquis les prémices de la recherche. Aussi je présente mes chaleureux remerciements à Djibril Gningue ainsi qu'à tous les promotionnaires du Master II RED et ESD 2019, particulièrement à Omar Cissé, Rose Gisèle Sambou, Mohamed Ndiaye, Blaise Sambou, Ibrahima Coly, pour leurs suggestions et orientations.

Mention spéciale est adressée à l'équipe de «Dop Casamance» qui, en plus de m'avoir accompagné sur la zone d'étude qui leur était inconnue, m'a porté assistance dans tous les travaux menés avant, pendant et après. Je veux citer ici : Abdoulaye Mbaye, Djiby Thiandoum, Yankhoba Gadiaga, Matar Sylla et Abdoulaye Faye.

Le terrain d'étude m'a permis de côtoyer des personnes généreuses et humbles. Je voudrais ici adresser mes salutations à mes familles d'accueil, notamment la famille Gueye à Carabane, la famille Badji à Niomoune (Houbak) ainsi qu'à la famille Diatta à Diogué (Yamatogne). Mes remerciements vont également à l'endroit de notre piroguier, père Vieux à Elinkine.

Ma gratitude à vous : M. Khalifa Sarr, de la Direction des Mines et de la Géologie, M. Justin Sadio, Chef de division Etudes à l'OFOR, responsable du projet «Alimentation en eau potable des îles de la Basse-Casamance, M. Assane Camara, ancien homme de terrain à ENDA, M. Diémé, Directeur de la division régionale de l'hydraulique de Ziguinchor. Vous m'avez toujours accordé votre temps, de la collecte de l'information à la collecte de données. Vos suggestions et orientations ont été d'un grand apport. Recevez ici toute ma gratitude.

Je ne saurais clore ce chapitre de remerciements sans mentionner très affectivement mes proches : ma famille qui, à distance, m'a soutenu de tous les moyens qui soient. Ma famille d'accueil à Rufisque notamment Mafal Ndiaye ainsi que toute sa famille qui a été d'un soutien sans égal et de tout genre. Mes amis, particulièrement Khaled Abassagha Diatta, Cheikh Tidiane Diagne, Bassirou Diallo, Khadidiatou Diallo. Vous avez su supporter mes caprices, les gérer et en proposer des perspectives.

IV

A tous, Merci !

V

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATION

ANACIM : Agence Nationale de l'Aviation Civile et de la Météorologique

ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie

BM : Banque Mondiale

BP : Before the Present

CNUDM : Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer

CSE : Centre de Suivi Ecologique

CT : Continental Terminal

DEEC : Direction de l'Environnement et des Etablissements Classés

DGPRE : Direction Générale de la Planification des Ressources en Eau

GIEC : Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

JMP : Joint Monitoring Program

LMI/PATEO : Laboratoire Mixte International/Patrimoine et Territoires de l'eau

MEPN : Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature

ODD : Objectif de Développement Durable

OFOR : Office des forages ruraux

OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement

ONU : Organisation des Nations Unies

PADERCA : Projet d'Appui au Développement Rural en Casamance

PEPAM : Programme d'Eau Potable et d'Assainissement du Millénaire

PLHA : Plan local d'hydraulique et d'assainissement

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PNUE : Programme des Nations unies pour l'environnement

TDS : Total des Solides Dissous

UASZ : Université Assane Seck de Ziguinchor

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

USGS : United States Geological Surver (Institut d'études géologiques des Etats-Unis

VI

RESUME

Situés dans l'estuaire inverse de la Casamance, en partie maritime, les milieux insulaires restent confrontés à la problématique d'accès à l'eau potable. Cet état de fait résulte conjointement des conditions climatiques et de l'hydrodynamisme fluviomarine du milieu. A partir de la méthodologie adoptée, ce mémoire se veut d'étudier les facteurs de vulnérabilité qui influent sur l'accès des populations à la ressource en eau potable. La démarche s'est donc appuyée sur l'analyse de la variabilité climatique, de la dynamique saline, de la perception des populations locales sur leurs conditions d'accès, mais également des mesures in-situ relatives à la qualité de l'eau potable. Il ressort de ce travail que la péjoration climatique a fortement contribué à l'influence saline, principale conséquente de la dégradation de la qualité des ressources en eau douces. La résultante qui s'en suit sera de lourdes conséquences sur la disponibilité et les conditions d'accès de ces insulaires de Basse-Casamance.

Mots clés : Estuaire inverse, variabilité climatique, dynamique saline, accès à l'eau potable, insulaire, Basse-Casamance

ABSTRACT

Located in the inverted estuary of the Casamance, in the marine part, the insular environments remain confronted with the problem of access to drinking water. This situation results from both the climatic conditions and the river and marine hydrodynamics of the area. Based on the methodology adopted, this thesis aims to study the vulnerability drivers that influence the access of populations to the drinking water resource. This approach was based on the analysis of climatic variability and saline dynamics, the perception of local populations on their access conditions, but also on on-site measurements related to drinking water quality. It appears from this research that the climatic deterioration has strongly contributed to the saline influence, which is the main consequence of the degradation of the quality of fresh water resources. The subsequent result will have serious consequences on the availability and access conditions of these inhabitants of Lower Casamance.

Keywords: Inverted estuary, climate variability, saline dynamics, access to drinking water, insular, Lower Casamance

1

INTRODUCTION

INTRODUCTION GENERALE

Longtemps considérés comme un monde de transition entre terre et mer, des portions de terres isolées, les espaces insulaires ont toujours suscité un attrait scientifique pour la communauté des chercheurs. Ce monde fort et diversifié offre un aperçu et une écologie très variée et favorable à l'observation scientifique des phénomènes naturels et humains que d'aucuns pourraient même qualifier de « laboratoire » (Mercier G., 1990). Cette particularité réside sans doute, dans la complexité des dynamiques hydrologiques, météo-marins, physico-chimiques et environnementales qui régissent ces milieux (Chiron T., 2007).

Ainsi, ces différents facteurs constituent à la fois une source de potentialité et par conséquent de vulnérabilité. Cette dernière concerne entre autres les ressources hydriques, dont porte notre étude, la gestion des déchets, etc. qui y occupent une place très sensible. L'eau étant une problématique majeure de l'insularité, elle figure parmi les réalités les plus préoccupantes (Chiron T., 2007). Enclavées, de nature par les eaux (marines) qui les entourent, la ressource en eau dans les îles repose sur un équilibre hydrostatique matérialisé par une zone d'interface eau douce/eau salée qui en définit sa sensibilité (Ndoye S., 2018). Parallèlement, cet équilibre est fortement tributaire des conditions climatiques notamment les précipitations qui constituent la principale source d'alimentation des aquifères du milieu. De ce fait, toute irrégularité des paramètres climatiques pourrait avoir des effets néfastes sur la ressource, notamment les phénomènes d'intrusion marine. La contamination des aquifères côtiers par les eaux marines induit des conséquences difficilement réversibles à l'échelle de plusieurs décennies (Ndoye S., 2018).

A l'instar des îles de la Basse-Casamance, la rupture climatique des années 1970 a fortement contribué au processus de salinisation des eaux dans la région (Diop E. S., 1986). Ainsi, les questions relatives à la vulnérabilité des ressources en eau douce ont toute leur pertinence (Thior M. et al., 2019b). Avec une faible topographie, des pentes relativement basses et une localisation en estuaire négatif, la pénétration des eaux marines se fait sentir jusqu'à l'intérieur des terres à l'aide des effets de marées et de fortes houles (Diop E. S., 1986). Il s'agit d'une problématique assez complexe d'autant plus que ces facteurs influencent négativement la qualité de l'eau, rendant ainsi les conditions d'accès à cette dernière beaucoup plus contraignante (Sané T., 2017).

Il s'agira donc, dans ce présent travail, de présenter les éléments physico-humains de la zone d'étude dans un premier temps afin d'identifier les variables afférentes à la ressource en eau.

2

INTRODUCTION

Dans un second temps, il sera question de comprendre les dynamiques naturelles qui concourent à la modification des conditions environnementales récentes en rapport avec la dégradation des ressources hydriques. Dans un troisième temps, une analyse de l'accès et de la gestion des ressources en eau potable permettra de dégager des perspectives pour une meilleure prise en considération de la problématique de recherche.

Cette approche est essentielle dans la mesure où elle permettra de contribuer de manière modeste à la production scientifique, à travers la littérature, afin de participer à l'aide de décision pour d'éventuels projets destinés à aider les populations insulaires qui souffrent d'un problème lié à la qualité de l'eau. Une étude thématique basée sur l'accès à l'eau potable et sa qualité dans la zone permettra de mieux appréhender ces problèmes dans le but d'établir une liste de recommandations. Ainsi, les résultats de ce mémoire pourraient être partagés à des organisations oeuvrant dans l'aide aux populations en détresse afin de les appuyer vers la mobilisation de pratiques adaptées à cette réalité. Certes, quelques travaux de recherche ont été effectués dans cette région antérieurement, mais comme le milieu physique est en perpétuel mutation, une mise à jour serait fondamentale.

3

INTRODUCTION GENERALE

I. PROBLEMATIQUE

I.1. Contexte et justification

I.1.1. Contexte

Dans beaucoup de régions intertropicales au monde, les milieux estuariens restent vulnérables à la problématique d'accès endogène à l'eau potable. Dans ces milieux, on note un mélange ou une interférence entre les eaux marines salées et les eaux douces fluviales faisant intervenir plusieurs conséquences notamment les intrusions salines (Valle-Levinson A., 2010). Cet état de fait résulte des conditions hydrodynamiques et biophysiques conditionnées d'une part par les apports en eaux douces drainées par les terres et d'autre part par les eaux marines salées. Il en résulte ainsi une zone de transition entre le continent et l'océan où se développent des écosystèmes très complexes et biologiquement productifs (Niang A., 2014).

En fonction des différents processus hydro-marins, plusieurs types d'estuaires peuvent être identifiés notamment les estuaires inverses, ou hypersalines (Pritchard D. W., 1967). Ces milieux d'eau douce, sont caractérisés par des pertes d'eau d'évaporation qui dépassent les eaux de ruissellement et les précipitations. Une salinisation intense se produit alors en raison des remontées marines et la salinité de l'eau de l'estuaire dépasse largement celle de l'eau de mer (Pritchard D. W., 1967). Ces estuaires correspondent entre autres à ceux situés dans les Rivières du sud1 notamment l'estuaire du Saloum et de la Casamance (Niang A., 2014) où l'eau demeure une ressource vulnérable.

Localisé dans le Sud-Ouest du Sénégal, l'estuaire de la Casamance est l'un des espaces où le problème de la qualité des eaux se pose avec acuité (Sarr C. S., 2017). Déjà en 1828, l'Amiral Lepredour décrivait la Basse-Casamance comme une région où l'eau douce était non seulement rare mais saumâtre avec un accès difficile (Lahoud A., 1988). Une situation que semble confirmer Diarra (1965) quand il rapportait que dans cette région l'on mourrait de soif, car l'eau est toujours salée et impropre à la consommation (Cormier-Salem M. C., 1989). Or, la zone est bien drainée par le fleuve Casamance, qui divise la région en deux, avec ses nombreux petits affluents qui parcourent les deux rives (Sané T., 2017). Ainsi peut-on dire que cette situation hydrique ou hydrologique n'est pas liée à un problème de quantité de la ressource, mais plutôt à une question de qualité. En effet, les ressources en eau sont régulièrement soumises à des invasions salines, en raison de la faiblesse des pentes, affectant ainsi leur qualité (Dacosta H. et

1 Nom riche d'évocation pour certains, désigne la frange littorale profondément aménagée par l'homme et s'étend du Sénégal (Saloum) à la Sierra Leone et bordée par la formation de mangrove (Cormier-Salem, 1999).

4

INTRODUCTION GENERALE

Gomez R., 1998). A cela s'ajoute leur dépendance aux conditions climatiques qui en déterminent leur état et leur vulnérabilité (Malou R., 1992).

La rupture climatique qui s'est opérée depuis 1969 a engendré d'énormes conséquences sur les ressources en eau en Basse-Casamance (Diop E. S., 1986, 1990 ; Dacosta H., 1989 ; Dacosta H. et Gomez R., 1998 ; Malou R., 2004 ; Cormier-Salem M. C., 1989) entrainant une nette diminution de l'apport pluvial et par conséquent une amplification du processus de remontée saline, conditionnée par un taux important d'évaporation. Ceci a rendu le bilan hydrique déficitaire dans l'estuaire de la Casamance (Lahoud A., 1988), modifiant ainsi le comportement hydrologique du cours d'eau principal (le fleuve Casamance). La Casamance est devenue alors un estuaire à sens inverse2, et cela s'est produit selon Diop E. S. (1986) juste au début des années 1970. Avec une péjoration des conditions pluviométriques, les débits déjà faibles ont encore diminué, les apports d'eau douce sont devenus insuffisants pour compenser les remontées salines (Cormier-Salem M. C., 1989). Aujourd'hui, la disponibilité en eau est influencée, d'une part par une pluviométrie moins abondante et surtout irrégulière, et d'autre part par le contraste entre les bas-plateaux cloisonnés et les bas-fonds influencés par l'intrusion saline (Sané T., 2017). Ce qui amène l'eau salée à pénétrer non seulement dans les terres mais aussi dans les aquifères superficielles et profonds, qui permettaient auparavant à ces populations d'avoir de l'eau de consommation tout au long de l'année. Ces problèmes se sont plus accentués en milieu insulaire (Sarr C. S., 2017), du fait de la forte imbrication entre terre-mer et fleuve qui influe fortement sur la nature des ressources en eau.

Dans les îles de la Basse-Casamance, les nappes d'eaux douces exploitables sont localisées sous forme de lentilles plus ou moins substantielles, principalement dans les unités de cordons sableux et de terres topographiquement élevées (Diop E. S., 1986). Ceci découle des modifications de l'hydrologie et de l'hydrogéologie sur le littoral qui résultent, d'après (Kim et al., 2009) des déplacements de l'interface eau douce/eau salée. Dans cette zone d'interface, les eaux douces s'écoulant dans l'océan se mélangent aux eaux salées par le processus de dispersion et de diffusion moléculaire (Barlow P. M., 2003). Une dynamique se présente alors avec une position qui dépend directement des conditions de flux (climat), de potentiel (océan) mais également de prélèvements (actions anthropiques) (Vittecoq B. et al., 2007).

2 Selon Pritchard (1967), un estuaire à sens inverse est un estuaire dans lequel l'influence de l'eau douce est nulle en saison sèche, conduisant à l'hypersalinisation de l'eau des rivières ou fleuves.

5

INTRODUCTION GENERALE

Autrement dit, les aquifères côtiers sont plus ou moins sensibles aux intrusions salines sous conditions naturelles et/ou sous influence anthropique, en fonction de leur structure, de leur hétérogénéité et de leur relation avec les eaux de surface (Dörfliger N. et al., 2010). L'influence anthropique peut être également caractérisée par les prélèvements de sables, les défrichements anarchiques, les mises en culture, les techniques culturales inadaptées (Barrat J. M., 2012) et un assainissement traditionnel, qui accentuent la vulnérabilité de la zone. Les milieux insulaires Basse-Casamançais sont vulnérables en ce qui concerne la problématique de l'eau et surtout dans un contexte de variabilité climatique (Sarr C. S., 2012).

Entre Diogué (à l'embouchure du fleuve Casamance) et Ziguinchor, la région est parcourue par une multitude de marigots3, bordés de palétuviers anastomosés en laissant des îles de toutes tailles et entretenues par les courants de marée (Brunet-Moret Y., 1969). Au total vingt et une (21) îles y sont localisées : sept (7) dans la Commune de Diembéring (département d'Oussouye) et quatorze (14) dans la Commune de Kafountine (département de Bignona). La zone d'étude est localisée dans ce milieu plus précisément dans les iles de Diogué, Niomoune et de Carabane (Figure 1). Elles constituent l'une des localités humides du Sénégal. En dépit de cette humidité, elles restent confrontées à la problématique de l'accès à l'eau.

I.1.2. Justification

Le choix de ces îles s'explique du fait que les questions relatives à la qualité des ressources en eau y sont les plus préoccupantes en raison des facteurs géographiques, hydrogéologiques et climatiques du milieu. De plus, le souci de chercher à comprendre les dynamiques naturelles en rapport avec les conditions humaines demeure un impératif pour le jeune chercheur que nous sommes. La majeure partie des études menées sur les îles de la Basse-Casamance porte principalement sur les formations végétales et pédologiques, les activités agricoles, les fonctionnements hydrologiques, etc. La pertinence de la thématique de recherche et sa faible documentation a poussé notre curiosité dans le choix du sujet. Le recours à la bibliographie existante et aux données de terrain ont également orienté notre choix. Ce travail de recherche porte sur la zone estuarienne régulièrement soumise à la marée.

Avec l'accroissement de la demande en eau et la vulnérabilité du système hydrique du fait de sa proximité avec le fleuve Casamance hyper-salé et de l'océan, la salinisation superficielle et l'intrusion saline ne pourraient que progresser vers l'intérieur des terres.

3 Ces marigots sont plus connus sous le nom de bolons

6

INTRODUCTION GENERALE

Figure 1: Carte des îles de la Basse-Casamance

Dans cette région estuarienne, les nappes d'eaux douces présentent selon Diop E. S. (1986) deux limites majeures. La première concerne l'insuffisance des ressources en eaux superficielles, causée principalement par une pluviométrie irrégulière. La seconde, quant à elle, est due à la salinisation des nappes ainsi qu'à des risques de contamination accrue, aussi bien pour les nappes superficielles que pour les nappes profondes à cause de l'existence du biseau salé. Le risque d'invasion saline des aquifères se pose donc dans tout le secteur du littoral (Diop E. S., 1986). La nappe d'eau superficielle du Continental Terminal y est la principale source d'alimentation en eau pour les populations rurales. Située à faible profondeur (moins de 30 m), elle est exploitée de manière traditionnelle au moyen des puits villageois (Malou M., 1992).

7

INTRODUCTION GENERALE

Ainsi, malgré le nombre important de puits (123) répertoriés dans ces iles, lors d'une enquête de 2008 par Bury A. C. & Pierini A., l'accès à une eau de qualité demeure un problème fondamental. L'eau y est saumâtre, excessivement fluorée et également impropre à la consommation humaine du fait de la contamination des nappes par les eaux salées des estuaires et les eaux de ruissellement pendant l'hivernage. En plus, le système d'assainissement traditionnel crée les conditions de contact direct entre les fosses et la nappe phréatique qui est peu profonde. Ce qui expose la population à de réels problèmes de santé publique. Le phénomène de la salinisation des puits est une caractéristique générale de ces îles (PEPAM, 2007 ; 2010).

Malgré des efforts consentis par les pouvoirs publics et les partenaires (mise en place de barrages anti-sels de GUIDEL, d'Affiniam, de Djigounoum et autres petits barrages, la construction du mur de protection des maisons contre l'érosion côtière en juillet 2014 à Carabane, permettant d'épargner les populations des zones vulnérables, la construction de cuves à impluviums à Ourong, Niomoune, Diogué, etc. pour la collecte des eaux pluviales). Les populations souffrent toujours des impacts de la variabilité climatique en raison de leur forte vulnérabilité. Cette situation nous amène à ce questionnement : Quels sont les dynamiques qui favorisent la vulnérabilité de ces sociétés insulaires par rapport à leur accès à l'eau potable ? Quelles sont les stratégies mises en oeuvre pour faire face à cette problématique ?

I.1.3. Objectifs et hypothèses de recherche

? Objectifs

Objectif général :

L'objectif général de ce travail de recherche est de montrer la vulnérabilité des sociétés insulaires de Basse-Casamance face à la dégradation de la qualité des ressources en eau dans un contexte de la variabilité climatique et océanographique.

Objectifs spécifiques :

? Analyser les facteurs naturels à l'origine de la dégradation des ressources en eau dans ces îles ;

? Faire un état des lieux de l'accès et de la qualité de l'eau potable ;

? Analyser la capacité d'adaptation des populations face à cette problématique ;

? Hypothèses de recherche

Pour atteindre ces objectifs, les hypothèses suivantes sont formulées :

8

INTRODUCTION GENERALE

y' Les variations des conditions climatiques récentes dans la région sont à l'origine de l'augmentation de la salinité des eaux douces ;

y' Les sources d'approvisionnement le plus souvent non améliorées sont tributaires des

variations environnementales du milieu qui peuvent en altérer la qualité ; y' La faible capacité d'adaptation des populations accentue leur vulnérabilité face à cette

problématique qui nécessite de meilleures stratégies d'atténuation.

II. DEFINITION DES CONCEPTS

Dans un contexte de péjoration climatique, les écosystèmes côtiers, en particulier les ressources hydriques, auront à subir l'influence de l'invasion marine créant ainsi une vulnérabilité des sociétés insulaires face à la problématique d'accès à l'eau potable. Pour mieux comprendre cette thématique de recherche, une brève synthèse des concepts qui la constituent serait pertinente.

o Vulnérabilité

Etymologiquement, le concept de vulnérabilité vient du latin « vulnerare », qui signifie, blesser, endommager, porter atteinte à faire mal à, froisser, offenser. Elle est donc le caractère de ce qui est vulnérable, fragile, précaire, de ce qui peut être attaqué, blessé, endommagé. Elle est synonyme de fragilité face à une menace. Par extension, est vulnérable ce qui est sensible aux perturbations. C'est un concept polysémique du fait de sa complexité. Selon Fabiani et Theys (1987) cités par Kane. C. (2010), « le mot souffre d'un trop-plein sémantique puisqu'il évoque aussi bien la dépendance ou la fragilité, la centralité, l'absence de régulation efficace, le gigantisme ou la faible résilience ». C'est de ce fait, un concept flou, récent et utilisé dans plusieurs disciplines. Quelques définitions seront énumérées ci-dessous afin de mieux comprendre la complexité de cette notion.

D'après Gbeassor M. et al. (2006), c'est l'ensemble de conditions et de processus résultant de facteurs physiques, sociaux, économiques et environnementaux, qui augmentent la sensibilité des enjeux d'une communauté, d'une région, d'une nation aux effets des aléas. La vulnérabilité est un ensemble de pré-conditions qui se révèlent au moment de la catastrophe. Dans le rapport du GIEC (2007), la vulnérabilité désigne le degré par lequel un système ou une société risque de subir ou d'être affecté négativement par les effets néfastes des changements climatiques, y compris la variabilité climatique et les phénomènes extrêmes. Elle dépend donc du caractère, de l'ampleur, et du rythme des changements climatiques auxquels ce système ou cette société est exposé, ainsi que de sa sensibilité et de sa capacité d'adaptation. Ici, la vulnérabilité est donc considérée comme un indicateur de réaction à un facteur externe. Il est très important de bien voir qu'on ne parle pas ici seulement d'exposition, mais aussi de capacité d'adaptation de ces

9

INTRODUCTION GENERALE

sociétés ou de ce système et de leur sensibilité. Pour Nicolaï J. P. (2007) « la vulnérabilité est la prédisposition d'un système à souffrir d'un choc ou d'un stress ». Le concept s'applique aussi bien à des personnes, à des groupes humains qu'à des objets ou à des systèmes (écosystème, entreprise...). Partant de ce principe, la vulnérabilité d'un système socioéconomique à un événement extrême apparaît comme la propension de ce système à être endommagé, en première analyse de par son exposition à cet événement. Cependant, pour D'Ercole R., et al. (1994), la vulnérabilité se traduit par la propension d'une société donnée à subir des dommages en cas de manifestation d'un phénomène naturel ou anthropique. Pour appuyer, Wisner (2003) cité par Thiaw D. (2016) désigne cette notion comme l'ensemble des caractéristiques et de la situation d'une personne ou d'un groupe qui influencent leurs capacités à anticiper, faire face, résister et se rétablir après l'impact d'un aléa.

Les définitions trouvées dans la littérature scientifique varient d'auteurs à auteurs. Il est alors nécessaire de définir clairement de quoi on désire parler. Au regard de ces définitions, il convient de retenir les deux (02) premières définitions comme appartenant à notre thématique de recherche ; à savoir, la sensibilité d'un système (ressources en eau) ou d'une société (les sociétés insulaire) à être affecté ou à souffrir d'un problème comme les phénomènes hydroclimatiques. La pertinence des définitions du GIEC et de Nicolaï réside dans le fait qu'ils mettent en avant le risque ou le danger par lequel un système ou la société est exposé. Par exemple les ressources en eau et les sociétés insulaires de Basse-Casamance sont vulnérables aux phénomènes de salinisation qui sont accentués par la péjoration climatique. Selon Kane C. (2010), l'utilisation de la "vulnérabilité" dans la géographie découle des risques naturels et par conséquent de l'aléa auquel il fait face. Autrement dit, la notion de vulnérabilité serait étroitement liée au degré du risque encouru par les sociétés et les systèmes hydriques et de l'aléa, variabilité climatique, exposé. Par ailleurs, une brève définition du risque et de l'aléa ne pourrait qu'être bénéfique pour la compréhension de la notion de vulnérabilité.

L'aléa reste un phénomène menaçant d'origine naturelle et/ou anthropique, susceptible d'affecter un espace donné, en particulier par la nature et la valeur des éléments exposés que cet espace supporte (hommes, biens, activités...). Il se caractérise par sa nature, son identité, sa probabilité d'occurrence et sa fréquence quand elle peut être estimée.

Le Risque n'est que potentiel, il mesure l'événement possible a priori. Il est la résultante des deux autres concepts : celui d'aléa et celui de vulnérabilité. Le risque est communément admis comme étant le produit d'un aléa et de la vulnérabilité. De ce fait, il relève du domaine de la probabilité et non de la certitude.

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INTRODUCTION GENERALE

o Ressources en eau

Selon Morel J. (2007), les ressources en eau désignent les eaux liquides en écoulement, entrant dans le cycle annuel, accessible aux usages humains. Pour appuyer, Margat J. (1994) dans son livre intitulé « Ressources en eau : Manuels et Méthodes », les définit comme « l'offre en eau de la nature à comparer aux demandes en eau humaine de toutes sortes et à évaluer suivant les critères des utilisateurs ». De ce fait, il apparait que les ressources en eau peuvent être considérées comme l'ensemble des eaux disponibles (eaux continentales et eaux marines...) dans les ressources naturelles, que l'on peut mobiliser, pour satisfaire en quantité et en qualité une demande donnée en un lieu donné, pendant une période appropriée 4.

o Basse Casamance

La Basse-Casamance ou cours inférieur du fleuve du même nom, est également appelé Casamance maritime du fait de sa proximité avec l'océan atlantique qui en constitue la limite ouest. Son appartenance à ce domaine lui confère des caractéristiques particulières tant sur la configuration du réseau hydrographique que sur la morphologie des paysages. L'importance des précipitations et l'omniprésence du réseau hydrographique font de l'eau un agent essentiel dans la construction des paysages (Cormier-Salem M. C., 1989). Elle appartient à un ensemble géographique dit « Rivières du Sud » (Diop E. S., 1986; Cormier-Salem M. C., 1992 et 1999, Sarr C. S., 2012 et 2017...) qui englobe tous les deltas, les estuaires et les plaines côtières, du Saloum au Sénégal à la Sierra Leone. C'est également dans ces milieux que se trouvent 21 îles entaillées par les affluents du fleuve dont 03 appartiennent à notre zone d'étude.

o Variabilité climatique

Selon le GIEC (2013), la variabilité climatique concerne les variations de l'état moyen et d'autres variables statistiques (écarts types, fréquence des extrêmes, etc.) du climat à toutes les échelles spatiales et temporelles au-delà de la variabilité propre à des phénomènes météorologiques particuliers. La variabilité peut être due à des processus internes naturels au sein du système climatique (variabilité interne) ou à des variations des forçages externes anthropiques ou naturels (variabilité externe). Autrement dit, c'est la variation naturelle intra et interannuelle du climat.

4 https://www.aquaportail.com/definition-13084-ressources-en-eau (consulté le 02 janvier 2019 à 11h)

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INTRODUCTION GENERALE

III. METHODOLOGIE DE RECHERCHE

La démarche méthodologique adoptée pour mener ce travail de recherche s'est appuyée sur la recherche documentaire, les travaux de terrain, le traitement ainsi que l'analyse des données recueillies.

III.1. La recherche documentaire

La recherche documentaire a été déterminante dans ce travail et a permis de mieux comprendre la thématique mais également d'en appréhender sa portée scientifique. En effet, les questions relatives à la vulnérabilité des sociétés sont au coeur des recherches scientifiques pour une adaptation voire une résilience communautaire face aux dynamiques des ressources naturelles. Les études réalisées dans ce domaine, par divers auteurs ont porté sur des champs assez larges et variés. Ainsi, une revue de la littérature a été élaborée à cet effet et permet d'avoir un meilleur aperçu sur la question.

Selon Besancenot (1996), l'eau est non seulement la ressource d'où est issue la vie, il y a 500 millions d'années. Mais aussi l'élément d'où risque de venir la mort généralisée à une échéance que chacun redoute désormais mais que nul ne se hasarde encore à pronostiquer. Bien qu'elle soit d'une immensité sur terre, Postel S. (1992) rappelle que cette abondance ne doit pas faire illusion ; puisqu'elle est en grande partie salée, emprisonnée ou difficile d'accès. De ce fait, si l'on entend le troisième rapport sur l'avenir de l'environnement mondial, seule 0,01% de la quantité d'eau totale est accessible et appropriée aux besoins socio-écosystémiques, (PNUE, 2002). La gestion de cette ressource représente donc un enjeu de taille surtout dans un contexte marqué par des perturbations naturelles comme anthropiques.

Cependant, malgré l'existence de grands hydro systèmes (le lac Victoria, deuxième plus grand lac d'eau douce au monde ; le Nil ; le Congo et le Niger ...), le PNUE (2010) soutient que l'Afrique demeure le deuxième continent le plus sec au monde après l'Australie. Plusieurs raisons peuvent expliciter les facteurs d'origines, notamment les mutations du climat, l'extrême pauvreté etc. Dans sa thèse de doctorat Faye G. (2016) nous apprend que pour comprendre les phénomènes actuels de la mutation du climat en Afrique, il serait nécessaire de faire une étude paléogéographique. Pour lui, l'histoire géologique de la zone intertropicale est caractérisée par une succession régulière de pluviaux et d'arides au cours des 30 000 dernières années. Sircoulon J. (1990) d'expliciter en montrant que la période historique (1000 ans) en Afrique de l'Ouest est marquée par plusieurs phases à partir du VIIème siècle, marquées par l'alternance de périodes humides et de périodes sèches.

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INTRODUCTION GENERALE

En outre, la DEEC (2010) souligne que ces mutations du climat sont certes un phénomène mondial, mais ses effets néfastes sont plus durement ressentis par les populations des pays pauvres notamment ceux de l'Afrique de l'Ouest. Ce qui amène Niang A. et al. (2014) à estimer que la vulnérabilité de la sous-région sera aggravée par sa capacité d'adaptation comparativement faible par rapport aux signes relativement forts de l'évolution du climat qui sont prévues pour la région. En ce qui concerne le Sénégal, le rapport MEPN (1997) indique que le pays subit une péjoration des conditions climatiques depuis 1966, qui a conduit à une diminution des quantités des pluies de 35%, une réduction de la durée de la période humide et une augmentation de la fréquence des périodes sèches. Abordant la question, le CSE (2005), dans son rapport sur l'état de l'environnement au Sénégal, affirme dans la même logique que le pays recevait en moyenne, avant 1970, 176 milliards de m3 d'apports pluviométrique. Mais, après 1970 ces apports sont réduits à 132 milliards de m3 soit une perte d'environ 1/4 des volumes reçus. Cette situation intervient dans le pays où l'agriculture, locomotive de l'économie, est essentiellement pluviale. Le PNUD (2009), dans un rapport national sur le développement humain au Sénégal, explique que le pays est confronté aux conséquences néfastes de la sécheresse.

Par ailleurs, Bates B. C. et, al. (2008) dans la même lancée, soutient que dans les zones semi-arides, les extrêmes climatiques tels que la sécheresse contribueront à accentuer les processus de salinisation des nappes souterraines peu profondes en raison de l'évapotranspiration accrue. Les rivières verront également leur salinité augmenter en raison de la diminution de l'écoulement fluvial dû à la baisse de la pluviométrie. Abondant dans le même sens, Diop E. S. (1986) soutient que la péjoration des conditions pluviométriques a engendré comme conséquences : la diminution voire l'inexistence d'apports d'eau douce à partir de l'amont pour les fleuves tels que le Saloum et la Casamance. Ainsi, il en résulte une accentuation des phénomènes de salinisation entrainant une hausse de la mortalité de la mangrove et en même temps une contamination des nappes dans les estuaires de la Casamance et du Saloum. Pour corroborer, la DEEC (2010) avance que le bief aval de la Casamance est sous influence marine à cause de la faiblesse des apports provenant du haut bassin. Les eaux de la Basse Casamance seraient donc caractérisées par leur forte salinité qui varie en moyenne entre 19g/l en octobre à 37g/l en juin. En appuyant, Dacosta H. et Gomez R. (1998) soulignent que les pentes restent faibles, sur l'ensemble du bassin versant de la Casamance et que cette faiblesse est liée à la monotonie du relief surtout en Basse Casamance. Elles facilitent par ailleurs la remontée de la langue salée au sein des principaux affluents. Les études effectuées par ces auteurs sur les zones humides de la Casamance en 1998 ont montré que l'évolution climatique a eu des conséquences

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INTRODUCTION GENERALE

sur le profil longitudinal de la salinité. Selon eux, entre 1968 et 1969, la salinité diminuait de l'embouchure vers l'amont sauf en fin de saison sèche. Mais, en 1984-1985, la salinité augmentait progressivement avec la distance à l'embouchure sur la plus grande partie de l'estuaire, pouvant atteindre 120%o. Les mesures réalisées entre 1966 et 1992 issues de cette étude montrent que la Casamance est devenue une ria qui fonctionne comme un estuaire inversé avec un gradient de salinité croissant du littoral vers le continent. Dans le même sillage, Sané T. et al. (2010) confirment que le fleuve Casamance fonctionne comme une véritable ria caractérisée par de fortes concentrations de sel sur l'essentiel de son grand bassin versant. Pour expliciter ce phénomène, Diop E. S. (1986) rapporte que jusqu'aux années 1970, le fleuve suivait un fonctionnement «normal». Les débits d'eau douce, quoique faibles, subsistaient même en début de saison sèche si bien que les marées de salinité n'affectaient qu'en partie l'ensemble du fleuve. La péjoration climatique a en effet bouleversé le fonctionnement hydrologique de ce cours d'eau. Les analyses de pluviométrie annuelle effectuées par Pagès J. et al., en 1987, aux stations de mesures implantées dans l'estuaire de la Casamance, montrent une nette tendance à la diminution de l'intensité des précipitations depuis 1968 avec des périodes de grande sécheresse. Cette diminution des apports pluviaux a entrainé par la suite une perturbation du régime hydrique «normal». Pour ces auteurs, l'évaporation intense conditionnée par une géométrie particulière et une topographie irrégulière a amené l'estuaire à son état actuel de sursalinisation. Lahoud A. (1988) en comparant les observations de Brunet-Moret Y. de 1968-1970 et celles de Pagès J. et al., de 1984 à 1986, s'aperçoit qu'il y a une évolution du profil longitudinal de la salinité. Autrefois concave, il est devenu convexe avec un pic de sursalure qui dépasse 100%o. Cela a abouti à une contamination des nappes superficielles du Continental Terminal par le biseau salé surtout dans les villages insulaires, hypothéquant ainsi leur approvisionnement en eau potable en plus des activités agricoles déjà menacées. Janicot S. et al., (2015), poursuivent en soulignant que l'intrusion de l'eau de mer a de lourdes conséquences pour les écosystèmes terrestres littoraux. En d'autres termes, la salinisation des eaux et des terres menacerait ainsi l'agriculture et l'approvisionnement en eau potable en milieu insulaire.

Abondant dans le même sens, Decroix L. et al., (2015), explique qu'en raison de la faiblesse de la pente, les eaux du fleuve sont saisonnièrement soumises à la montée marine jusqu'à 200Km de l'embouchure. Ainsi, les sols des bas-fonds et les cuvettes aptes à l'agriculture, subissent la remontée de la langue salée. Selon la DEEC (2010) l'écoulement sur le fleuve Casamance est irrégulier, il suit l'évolution de la pluviométrie. Elle poursuit en notant que la langue salée a accentué la salinisation des nappes des eaux de surface dans la plupart des zones côtières.

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INTRODUCTION GENERALE

Outre les facteurs d'ordre naturel, la pression démographique a rendu ces zones plus vulnérables. Bury A. C. et Pierrini A. (2008) dans une de leurs études menées dans les îles de la basse Casamance rapportent que les prélèvements exercés par ces populations favorisent la pénétration de l'eau de mer dans la réserve d'eau douce. L'auteur explique que ces îles sont dites « basses » (exemple de Carabane), des sortes de cuvettes qui recueillent l'eau de pluie. La nappe phréatique la plus accessible, pour ces îles, environ à 2m de la surface, est menacée par l'eau de mer qui les entoure. Etant donné son accessibilité, la nappe est fortement sensible aux pollutions.

Malgré les apports des auteurs consultés, sur les connaissances relatives à la question de l'eau, il est important de réactualiser et de compléter certaines connaissances car le milieu géographique n'est pas statique. D'où notre intérêt de l'aborder pour apporter des éléments actuels dans la connaissance de la question à une échelle beaucoup plus réduite avec des travaux de collecte.

III.2. Données et matériels

III.2.1 Les données d'archives

Ces données sont recueillies auprès des structures compétentes notamment l'ANACIM, la DGPRE, l'ANSD, le LMI PATEO/UASZ, le CSE, les services départementaux de l'Agriculture d'Oussouye et de Bignona et concernent :

Tableau 1: Présentation des données d'archives utilisées

Données (sources)

Types des données

Utilités

Climatiques (ANACIM, Services départementaux de l'agriculture)

Pluies mensuelles (1918 à 2018) de la station de Ziguinchor

Pluies mensuelles de 1939-2018 du poste pluviométrique d'Oussouye et 1950-2018 pour le poste de Diouloulou

Aperçu sur l'évolution des paramètres climatiques. Caractérisation de la zone

d'étude et analyse de la variabilité

climatique au moyen des tests de

rupture, les SPI, les normales
climatiques et les variations thermiques.

Hydrologiques (LMI

PATEO IRD/UASZ)

Salinité et Hauteurs d'eau (station de Carabane)

Aperçu du régime de marée et analyse de l'évolution de salinité.

Hydrogéologiques et

géologiques (DMG,

DGPRE)

Extraction d'informations relatives

à l'hydrogéologie et études
connexes

Connaissance des principaux aquifères, les lentilles d'eaux douces, l'histoire géologique et géomorphologique du milieu.

Démographique (ANSD)

Données socio-économiques et

démographiques

Composantes socio-économiques.

Cartographiques

(ANAT, CSE, USGS
( https://glovis.usgs.gov/))

Fonds topographiques et

cartographiques

Caractérisation synthétique du milieu et de ses composants.

 

Images Landstat (1973, 1986; 2003 et 2019) (cf. p20)

Analyse diachronique de l'évolution des terres salées à travers l'occupation du sol.

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INTRODUCTION GENERALE

Les outils utilisés ainsi que la méthodologie pour le traitement de ces données sont illustrés au III.3

III.2.2 Les données de terrain

Sur le terrain, des travaux de collecte ont été réalisés par le biais des enquêtes socio-économiques et les mesures in-situ (analyse de quelques paramètres de l'eau).

? Limite géographique

Le choix des trois îles que sont Carabane, Niomoune et Diogué, repose d'abord sur leur position géographique (localisation en zone d'estuaire inverse5), leur répartition géographique (rive gauche et rive droite), leur particularité sur la gestion de l'eau etc. Elles ont également en commun les phénomènes d'érosion côtière ainsi que la sensibilité à l'influence marine et fluviale qui s'y font sentir.

Carabane est une petite île historique et touristique localisée en rive gauche du fleuve. Les puits sont les principaux points d'eau disponibles et sont le plus souvent menacés par l'avancé du biseau salé. Ce qui fait de l'accès à l'eau potable un véritable calvaire pour les populations. Les quelques rares forages existants appartiennent à des complexes touristiques pour leur fonctionnement. Celui appartenant au village était à l'arrêt.

Diogué, de son côté, est une zone mixte de pêche et de commerce. L'eau potable y est fournie au moyen des puits dont le caractère saumâtre est variable selon qu'il s'agit de la proximité avec le cours d'eau ou de l'éloignement vers l'intérieur des terres. De plus, l'existence d'une cuve à impluvium participe à l'amélioration de l'offre en eau bien que sa capacité est extrêmement limitée. La particularité de cette île réside dans la densité de sa terre ferme qui lui offre parfois un avantage même si la majeure partie de la population vit à moins d'un kilomètre de la mer.

Niomoune, une île conservatrice, traditionnelle et très enclavée. La zone est plus sujet aux problèmes de qualité de la ressource en eau douce. Les phénomènes de salinisation y sont très fréquents en raison des submersions régulières.

III.2.2.1. Les enquêtes

Pour mieux comprendre la vulnérabilité de ces sociétés insulaires dans un contexte d'environnement changeant et analyser les différents éléments de réponse mis en place, il a été effectué des enquêtes quantitatives et qualitatives.

5 La notion d'estuaire inverse est développée à la deuxième partie, chapitre I (I.1 Le fleuve Casamance : un estuaire inverse)

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INTRODUCTION GENERALE

o Les enquêtes quantitatives

Elles ont permis de recueillir la perception des populations des trois îles sur les impacts des modifications environnementales (salinisation et assèchement des points d'eau) relatives à la qualité des ressources en eau souterraines (l'eau des puits) et superficielles (l'eau des marres). De même, elles ont également permis de recueillir leur perception sur les modes d'accès, la qualité de l'eau, les contraintes ainsi que les différentes stratégies mises en place pour faire face aux difficultés.

Choix de la méthodologie d'échantillonnage

Pour ce travail, un échantillonnage systématique a été retenu en raison de sa simplicité et de sa pertinence par rapport à l'étude.

Formule : k= (N : n) ; (n) =1/2=50% : Échantillon de chaque village N : concessions totales

de chaque village. k: Epsem = « pas de sondage »
Tableau 2: Nombre de concessions enquêté par village

COMMUNES

VILLAGES

Popul ation

Ména ges

Concessions totales

Echant illon

Concessio ns

Part à

enquêter

Epsem

 
 
 
 
 
 

enquêtées

(%)

 

KAFOUNTINE

DIOGUE

603

145

122

50%

61

65,6

2

 

NIOMOUNE

759

135

44

50%

22

23,7

2

DJEMBERING

CARABANE

131

21

20

50%

10

10,7

2

TOTAL

1493

301

186

 

93

100

2

Source : ANSD 2013 Les concessions ont été retenues comme choix d'enquête. Sur cela, étant donné que dans la plupart de ces milieux ruraux, la concession peut être constituée de plusieurs ménages, un seul sera choisi comme représentant. Dans cette dynamique, le faible nombre de concessions nous a amené à choisir la moitié de celles-ci pour plus de représentativité. Au total 93 concessions ont constitué l'échantillon d'enquête. Ces dernières sont réparties dans les trois îles en fonction de leur nombre. Ainsi, les femmes et les hommes âgés de plus de 40 ans ont été ciblés en raison de leur long vécu qui pourrait renseigner sur l'évolution de la problématique afin d'avoir une meilleure analyse des phénomènes. A défaut de trouver une de ces composantes dans la concession lors des enquêtes, le plus âgé présent dans la concession (qu'importe son âge) pourra servir de relai. Les questions ouvertes ont été largement préférées à celles fermées6.

6 Expliquant Poupart (1997) cité par Senghor A. S. (2016), affirme que « plus les questions sont ouvertes, plus elles ouvrent la porte aux témoignages et aux échanges spontanées, ce qui permet d'aborder des sujets qui n'auraient pas initialement été prévus dans le schéma d'entrevue »

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INTRODUCTION GENERALE

o L'enquête qualitative : les guides d'entretien

Elle s'est faite par des guides d'entretien administrés aux personnes ressources : le Directeur Régional de l'Hydraulique de Ziguinchor, les secrétaires municipaux des deux communes ainsi que les chefs de village et les Infirmiers Chefs de Postes (ICP) des trois îles.

L'objectif de ces enquêtes était de recueillir des informations sur les conditions d'accès, l'évolution de la qualité de l'eau potable, les efforts consentis pour parer à ces problèmes ainsi que les potentiels risques sanitaires liés à la consommation de l'eau.

III.2.2.2. Les mesures in-situ

La qualité de l'eau, en particulier la salinité (g/l), dans ces îles a attiré notre attention en raison de plusieurs faits : la situation géographique de la zone d'étude fait qu'elle est particulièrement vulnérable aux phénomènes de salinisation : proximité avec l'océan et forte influence par le réseau hydrographique de la Casamance hyper salé. Ainsi, des mesures in-situ ont été effectuées à l'aide d'un multi paramètre Consort C6010 qui mesure le pH, la Salinité, la Conductivité Electrique, les TDS et la T°. Ces paramètres ont été mesurés au niveau des différentes sources d'approvisionnement disponibles.

Cinq sources ont été identifiées et retenues en fonction de leur présence ou non dans les îles. Il s'agit des puits, des marres, Ba houwen, de l'eau issue de la collecte pluviale et des impluviums. Le nombre de points d'eau choisi et leur répartition sont illustrés à la Figure 2. L'objectif de ces mesures effectuées est d'apprécier quelques paramètres de la qualité de l'eau issue de ces différentes sources susmentionnées en référence aux normes de la DGPRE ou de l'OMS établies. Une seule campagne de mesure a été réalisée, période sèche (février), en raison de la contrainte temps qui ne nous a pas permis d'en réaliser d'autres à la période hivernale afin de suivre l'évolution des résultats obtenus. Les cations majeurs et autres anions majeurs n'ont pas fait l'objet de notre étude en raison de leurs analyses au laboratoire très couteuses et donc non accessibles à notre budget.

Choix des stations de mesures et cartographie des lieux

Le nombre de points d'eau (sources d'approvisionnement) analysé représentant le nombre de stations de mesure 7 a été défini sur la base des critères suivants : la proximité et l'éloignement des cours d'eau. Toutes les stations ont été cartographiées, à l'exception des eaux issues de la collecte pluviale. Le choix sur le nombre de stations à analyser a été fait suivant la disponibilité des sources dans chaque île.

7 Comprenez ici station de mesure par source d'approvisionnement ou point d'eau.

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INTRODUCTION GENERALE

Figure 2: Schéma des mesures in-situ (P.S. DIOP, 2020) Paramètres à mesurer

pH, Salinité, Conductivité, TDS et T°

Photo 1 : Dispositif utilisé pour les mesures (P.S. DIOP, 2020) Le dispositif utilisé est composé de

· Multi paramètre C6010

· Bouteille 1l eau distillée pour le rinçage des électrodes

· Pot 1l comme récipient d'analyse

· Pot (petit model) pour le nettoyage des électrodes

· Corde pour le puisage de l'eau

· Tablette pour les photos

· GPS Garmin 78

INTRODUCTION GENERALE

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Photo 2: Analyse de l'eau dans une station de mesure à Diogué (P. S. DIOP, 2020)

III.2.3. Outils de collecte et de traitement des données

Ces outils ont aidé en grande partie à la réalisation de ce travail

? Kobo Toolbox : est un outil open source gratuit pour la collecte de données sur mobile, accessible à tous. Il a permis la collecte des données d'enquêtes, à travers l'application Kobo Collect, puis une entrée sur l'ordinateur à travers l'interface Kobotoolbox. Cette dernière a permis par la suite le dépouillement et le traitement primaire des données brutes.

? Multi paramètre Consort C6010 est un dispositif d'analyseur portatif. L'outil a permis d'analyser les paramètres physico-chimiques de l'eau (pH, Salinité, Conductivité, TDS et T°C).

? GPS Garmin 78 est un outil de géolocalisation qui a permis de relever les points GPS des différentes stations de mesures.

? KHRONOSTAT est un logiciel statistique développé par HydroSciences Montpellier. Il propose plusieurs tests de détection de ruptures notamment les tests de Pettit, la segmentation d'Hubert et autres. Seuls ces deux tests ont été étudiés dans ce document et par conséquent ont permis une bonne détermination des dates de ruptures. Ils ont été appliqués à l'analyse des séries chronologiques de précipitations entre 1939 et 2018 pour Ziguinchor et Oussouye et 1950-2018 pour Diouloulou.

? Arc GIS a permis de faire la rédaction cartographique.

20

INTRODUCTION GENERALE

III.3. LE TRAITEMENT DES DONNEES

Les données collectées ont nécessité une analyse au moyen de deux types de méthode de traitement : traitement statistique et cartographique.

III.3.1. Le traitement statistique

Le traitement statistique a consisté au dépouillement et à l'analyse des données collectées. Pour les données climatiques, deux outils ont servi à leur traitement notamment Kronostat et Excel.

Kronostat a permis l'analyse des variations pluviométriques à travers les méthodes statistiques de détection d'éventuelles ruptures au moyen des cumuls pluviométriques annuels. Les résultats ont été constitués de graphes et de tableaux (ANNEXES). Excel quant à lui a permis d'étudier les anomalies standardisées de précipitations (SPI) de même que les normales au moyen des cumuls pluviométriques. Toujours avec le même outil, les variations de température ont été étudiées. Les résultats ont été illustrés par des graphiques et tableaux. De même, le traitement des autres données issues des archives des directions ou services étatiques ont été également dépouillées et traitées à travers Excel.

Pour les données marégraphiques et de salinité, les informations brutes étaient composées de valeurs de hauteurs d'eau, de conductivités électriques et de températures, collectées au LMI PATEO IRD/UASZ et concernant la station hydrométrique de Carabane. Pour les hauteurs d'eau, le traitement s'est fait sur Excel et concerne 11 jours d'observations infra horaires. Les résultats ont ensuite été illustrés par un graphique afin de caractériser le régime de la marée à Carabane. Cependant pour apprécier l'évolution de la salinité, trois années (2017, 2019 et 2020) ont été choisies car correspondant aux années à faibles lacunes. A travers une table de conversion Tableau 14 réalisée à partir des travaux de Aminot A., Kérouel R. (2004)8, des valeurs approximatives de la salinité ont été obtenues suivant des formules mathématiques élaborées par ces derniers. Ces travaux ont permis de calculer la salinité en fonction de la conductivité et de la température partant du principe que si t = 15°C et C = 42,914 mS/cm alors la salinité serait égale à 35,000 g/l. En effet, comme le souligne Brunet-Moret Y. (1970), la méthode la plus simple pour calculer la salinité de l'eau de mer est de mesurer sa conductivité qui varie beaucoup avec la température. Ainsi, cette méthode permettra d'avoir des valeurs approximatives de la salinité car selon ce même auteur : « en mesurant la conductivité, on mesure une concentration d'ions dans un volume, c'est-à-dire une salinité en gramme par litre.».

8Aminot A., Kérouel R. (2004) : Hydrologie des écosystèmes marins. Paramètres et analyses. Cf pages 74-78.

21

INTRODUCTION GENERALE

Ensuite, après avoir converti ces données, Excel a servi d'outil pour leur traitement. Ces dernières étaient composées d'observations de 10mn, et ont été traitées à l'aide du tableau croisé dynamique. Enfin, les résultats ont été illustrés par des graphiques pour une meilleure lecture, à l'aide d'Excel.

Concernant les données d'enquêtes, celles quantitatives ont été constituées et dépouillées grâce à l'interface Kobo Toolbox. Elles ont ensuite été traitées par Excel au moyen de graphiques. Par contre, pour les données qualitatives, les opinions et points de vue ont été analysées avec soins.

Pour les données de mesures in-situ, elles ont consisté d'abord à un dépouillement de l'information, puis à un classement des différents paramètres à travers Excel. Enfin, à partir de ce même outil, des graphes et tableaux synthétiques ont pu être réalisés afin d'avoir une lecture beaucoup plus détaillée des analyses et de susciter des commentaires et discussions.

III.3.2. Le traitement cartographique et télédétection

Les logiciels tels que, Arcgis et Envi ont contribué au traitement cartographique des données collectées auprès des structures telles que la DTGC, le CSE et autres. Ils ont permis d'établir des cartes explicatives sur les phénomènes physiques et humaines étudiés. Les points GPS collectés par Kobo Collect lors des enquêtes ont été cartographiés afin d'avoir un champ de vision sur les concessions enquêtées. De plus, les stations de mesure de la salinité, géoréférencées à l'aide du GPS de poche Garmin 78 ont été cartographiés par Arcgis.

Enfin, à l'aide de ces mêmes outils (Envi et Argis) la réalisation de cartes diachroniques d'évolution des terres salées a été réalisée. Dans cette partie, une méthodologie spécifique a été développée et les données collectées émanaient du site Américain USGS.

? Les images étudiées sont issues de la base de données de United State Geological Survey (USGS) et concernent celles du 21 Février 1973 du capteur Landsat MSS (Multi Spectral Scanner), 09 Février 1986 du capteur Landsat TM (Thematic Mapper), 31 Janvier 2003 du capteur Landsat ETM (Enhanced Thematic Mapper) et du 09 Avril 2019 du capteur Landsat 8 OLI (Operational Land Imager). Les deux communes étudiées (Kafountine et Diembéring) sont entièrement couvertes par la scène Landsat 205-51. De plus, les années retenues ont été choisies sur plusieurs critères : le début des observations satellitaires pour 1973, le caractère sec pour 1986, le caractère humide marqué par un léger retour à une pluviométrie normale, pour l'année 2003 et le caractère récent pour celle de 2019. Ces quatre années ont en commun non seulement de la bonne qualité et résolution fournie mais également des écarts qui existent entre elles.

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INTRODUCTION GENERALE

? Après avoir téléchargé les différentes images, celles-ci ont subi un traitement au moyen de l'outil SIG, ENVI. Ainsi, pour véhiculer le maximum d'informations, une association des canaux a été réalisé. Cette association a permis de déceler une combinaison des bandes affichées sous forme de composition colorée (R.G.B). Une combinaison 4-3-2, pour l'image 1973, 5-4-3, pour les années 1986 et 2003, et pour l'image 2019, la matrice de covariance a permis de définir une association avec la combinaison 6-5-4. Par ailleurs, le contraste obtenu avec cette combinaison a facilité la classification.

Cette classification concerne celle dirigée car permettant de faire ressortir le maximum de vraisemblance. Ainsi, le choix de cette méthode permet de déterminer l'hétérogénéité des entités de l'occupation du sol. La classification supervisée s'est faite par la détermination de six classes que sont : l'eau, la mangrove, les rizières, les tannes, la forêt et les vasières. Le choix du nombre de classe est basé sur la mise en correspondance des informations recueillies sur les images.

? Après cette tâche, une validation des résultats obtenus a été effectuée. Cette partie consiste à déterminer les coefficients de Kappa et la précision. Cette validation a permis de contrôler la qualité du travail et d'apprécier les risques de confusion possibles. Les résultats obtenus à travers la matrice de confusion sont très satisfaisants avec une précision comprise entre 93,4 et 99%, et des coefficients de Kappa comprises entre 93,3 et 98,6%.

Tableau 3 : Caractéristiques des images Landstat

Source image

Année

Coefficients Kappa

Précision

Landstat MSS

1973

93,3

93,4

Landsat TM

1986

98,6

99

Landsat ETM

2003

97,9

98,6

Landsat 8 OLI

2019

98

98,8

Source : Landstat, DTGC

23

INTRODUCTION GENERALE

PREMIERE PARTIE

PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

La zone d'étude est localisée dans l'estuaire de la Casamance, en partie maritime qui fait référence par ailleurs à la région de la Basse-Casamance. Pour plus de pertinence dans cette partie du mémoire, consacrée à la présentation des aspects physico-humaines, nous avons préféré l'assimiler à la zone d'étude. Ce qui amène à confondre cette dernière à la partie maritime du fleuve. C'est une région qui présente un environnement physique et humain marqué par de nombreuses interférences.

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES DES COMPOSANTS DU MILIEU PHYSIQUE

Situé à l'extrême sud-ouest de la région de Ziguinchor, la zone d'étude appartient à la partie amphibie de l'estuaire de la Casamance. Cet estuaire, présente une configuration assez particulière, étalant un labyrinthe de bolons se faufilant dans la mangrove engendrant ainsi la mise en place de nombreuses îles. Lesquelles, au nombre de 21, sont localisées dans les communes de Kafountine (département de Bignona) et de Diembéring (département d'Oussouye). Elles sont traversées par le fleuve Casamance qui les a découpés dans ces deux rives. Dans la rive droite (Kafountine) : Diogué, Hitou, Niomoune, Haer, Bakassouk, Saloulou, Boko, Boune, Hilol, Couba, Goumbaloulou, Kailo, Mantate, Kassel et dans la rive gauche (Diembéring) : Carabane, Cachouane, Wendaye, Guiçor, Ourong, Ehidj, Sifoca.

Figure 3: Carte de Localisation de la zone d'étude

25

PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

C'est dans ces milieux que se trouve la zone d'étude composée spécifiquement des îles de Diogué, Niomoune et Carabane. De par, leurs positions géographiques, elles sont localisées aux coordonnées géographiques suivantes :

? L'île de Diogué entre 12° 34' 28? N et 16° 45' 09? O avec une altitude de 7m

? L'île de Niomoune entre 12° 38' 22? N et 16° 39' 24? O avec une altitude de 3m ? L'île de Carabane entre 12° 32' 16? N et 16° 42' 03? O avec une altitude de 2m.

I. ESQUISSE GEOLOGIQUE ET GEOMORPHOLOGIQUE L'histoire géologique de la Basse-Casamance se confond à celle du grand bassin sénégalo-mauritanien, l'un des plus vastes du littoral oust-africain dont elle constitue la partie la plus méridionale. Cette région est formée de sédiments mésozoïques et cénozoïques transgressif dont le maximum de la transgression a été déterminé à l'Eocène (Pimmel A.,1984).

Dans le bassin de la Casamance, les premières reconnaissances pétrolières auraient, d'après Michel P. (1960), traversé la partie sommitale du socle Paléozoïque. En effet, l'histoire géologique de la zone a été documentée par Michel P. (1960), Le Priol J. (1983), Vieillefon J. (1975) et Diop E. S. (1986).

En ce qui concerne l'histoire géomorphologique de la Basse-Casamance, elle peut s'expliquer par une série de transgressions et de régressions qui ont permis le creusement des vallées enfoncées (Vieillefon J., 1975). La mise en place des grandes unités géomorphologiques en Basse-Casamance aurait eu lieu d'après Diouf P. S. et al. (1987) au Quaternaire récent. Cette période a eu un impact important sur la structure de la région et est marquée par des variations du niveau marin et du climat. Elle a été décrite par Kalck Y. (1978) et Vieillefon J. (1977) et Michel P. (1960) et Marius C. (1985).

II. LES FORMATIONS PEDOLOGIQUES

En ce qui concerne les formations pédologiques, nous avons la présence des sols du Quaternaire. Selon Montoroi J. P. (1996), durant la sédimentation au Quaternaire récent, les variations du niveau marin et les modifications climatiques ont façonné le paysage actuel de la Basse-Casamance. Par ailleurs, les travaux de Vieillefon J. (1977) permettent d'avoir un meilleur aperçu des différentes unités pédologiques.

Sur l'esquisse cartographique ci-dessous (Figure 4), nous avons des sols minéraux bruts (Pointe St Georges, à Carabane, Niomoune, Cap Skiring, Hitou au sud du Cachouane bolon) ; les sols

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

peu évolués (îles de Diogué, Niomoune, et Carabane mais également le long des marigots de Diouloulou, Bignona et de Baila) ; les sols hydromorphes et les sols halomorphes.

Figure 4: Carte des sols des communes de Kafountine et de Diembéring

III. LES RESSOURCES EN EAU

Les îles de la Casamance sont situées dans un milieu amphibie particulier où l'eau constitue un élément fondamental dans le fonctionnement des écosystèmes. Dans cette région appartenant à la zone alluviale de la Casamance, les ressources hydriques sont influencées par les conditions climatiques (Lahoud A., 1988) et la proximité de l'océan qui en constitue la limite ouest.

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

On peut donc retenir que les ressources hydriques de ces îles sont tributaires d'un ensemble de facteur commun (influence des marées, facteur climatique...) à toute la zone alluviale du fleuve Casamance. L'hydrographie est marquée par une multitude de bras de mer qui jalonnent l'estuaire de la Casamance, du cours principal vers l'intérieur du continent. Ces bras de mer communément appelés bolons colonisent l'ensemble des îles et fluctuent au régime des marées. Ce qui fait que la majeure partie de l'eau est salée hypothéquant la disponibilité en eau douce des insulaires (Diatta M. C. B. C., 2008). L'alimentation en eau dans la zone alluviale de la Basse-Casamance résulte du mélange des eaux douces apportées par le principal cours et ses affluents, avec les eaux salées apportées par la marée (Vieillefon J., 1977). Ainsi, le régime hydrologique de la région est dominé par 1'influence de la mer du fait d'un relief faible et d'une pluviométrie actuellement déficitaire. Trois types de ressources hydriques se singularisent.

III.1. Les ressources en eau superficielles

Dans les îles, ces ressources sont marquées par un réseau hydrographique dominé d'Est en Ouest par un seul cours d'eau, le fleuve Casamance, et ses nombreux affluents (dont deux d'entre eux intéresse notre zone ; le Cachiouane bolon et le marigot de Diouloulou) (Figure 5)

En dehors de ces étendues d'eaux salées, ces îles disposent également d'eau douce qui résulte du ruissellement des eaux pluviales. Ces eaux se concentrent dans les zones dépressionnaires pendant deux à trois mois après l'hivernage et donnent ainsi naissance à une multitude de mares temporaires dont certaines sont très bien exploitées dans l'île de Niomoune.

III.2. Les ressources en eau souterraines

Une attention particulière est portée à cette partie, puisque les eaux souterraines constituent particulièrement la première ressource d'eau potable dans la région insulaire de la Basse-Casamance (Diop E. S., 1986). Depuis des décennies, précisément les années 1970, on note une conjoncture surtout liée au déficit pluviométrique qui a entraîné l'abaissement du niveau des aquifères, avec un tarissement précoce des étendues d'eau de la région. Dans cette région, trois aquifères peuvent être décrits selon Malou R. (1992) : l'aquifère profond du Maestrichtien, celui semi-profond du Miocène, et l'aquifère superficiel du Continental Terminal. Ces aquifères possèdent en chacun d'eux, des caractéristiques particulières.

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

Figure 5: Le réseau hydrographique des Communes de Kafountine et Diembéring

? L'aquifère profond du Maestrichtien

Les sables et grés du Maestrichtien renferment la nappe profonde et sont d'âge paléocène. Sa profondeur est de 600m en Basse-Casamance. Les plus grandes possibilités d'approvisionnement en eau douce repose selon Diop E. S. (1986) sur l'existence de cet aquifère dont la transmissivité est bonne.

? L'aquifère semi profond du Miocène

Cette nappe est localisée en générale à moins de 150 m de profondeur. Elle se présente sous forme d'un épais horizon sableux unique ou sous forme de plusieurs horizons sableux ou sablo-argileux. Cet aquifère est potentiellement alimentée par les eaux de pluies (Malou R., 1992).

Sa structure est très complexe en raison du mode de dépôts (impliquant une multiplicité des niveaux sableux, des variations de fasciés etc.) et du fait de la tectonique.

29

PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

Par ailleurs, la nappe semi-profonde se caractérise par une minéralisation constante vers l'aval : à Kafountine elle devient inutile du fait d'une salinisation excessive. Dans les zones où les niveaux sableux sont plus rapprochés de la surface topographique, l'alimentation de cet aquifère se fait par infiltration. On peut cependant noter que, comme pour la nappe semi-profonde, la nappe superficielle, dans la zone littorale est, elle aussi, sujette à des contaminations par les eaux sursalées. Par exemple, des résidus secs supérieurs à 35 g/l ont été obtenus à Kafountine.

? L'aquifère superficielle du Continental Terminal

Les horizons sableux ou sablo-argileux de zones superficielles d'altération, le CT, constituent une nappe très importante en Basse-Casamance. Elle est de très faible profondeur en général (quelques décimètres dans les zones basses à 25 m dans les plateaux) et est captée par la quasi-totalité des puits villageois (Le Priol J., 1983). Les apports pluviométriques sont la principale source d'alimentation de cette nappe, qui est conditionné par les types de sols, les pentes, l'importance de l'évapotranspiration etc. Ce qui fait que dans les zones basses notamment les îles, l'aquifère est soumise aux risques de contamination par le biseau salé si l'exploitation s'intensifie (Diop E. S., 1986).

Tableau 4: Caractéristique hydraulique des nappes

Aquifères

Aquifère

superficielle du CT

Aquifère semi-
profonde du Miocène

Aquifère profonde
du Maestrichtien

Eaux

Eau douce à saumâtre

Eau saumâtre à salée

Eau saumâtre à salée

Profondeurs

<25m

100 à 150m

300 à 600m

Source : Diatta, 2008 modifié

III.3. Les lentilles d'eau douce

Selon Plaud M. (1967), lorsque dans un delta ou un estuaire, une île constituée de terrains très perméables (sables, limons) possède une nappe d'eau douce, un équilibre s'établit entre celle-ci et les eaux salées océaniques qui s'infiltrent dans le sol. Cet équilibre procède de la différence de densité entre ces eaux. La nappe d'eau douce "flotte" sur l'eau salée et prend la forme d'une lentille généralement biconvexe, dont le bord se raccorde théoriquement avec l'océan.

L'étude d'avant-projet pour l'alimentation en eau potable des îles de la Basse-Casamance de l'Office des Forages Ruraux (OFOR) (2019) décrit en ces ligne les lentilles de notre zone d'étude. Dans ces îles de la Basse-Casamance, les nappes d'eau douce sont à épaisseur très limité malgré parfois des extensions latérales qui peuvent être relativement importantes. D'une manière générale, les épaisseurs de ces lentilles d'eau douce ne dépassent pas 10-15m de profondeur. Au-delà de ces profondeurs, les eaux deviennent salées.

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

Au niveau des îles de Carabane et Diogué, les études géophysiques montrent que les lentilles d'eau sont localisées à partir de 200 à 300m de la côte. On constate une légère augmentation des épaisseurs vers le centre de ces îles avec des gradients assez doux. Les résistivités des zones aérées sont assez perméables, ce qui implique que ces nappes sont exposées à des risques de pollution. Ainsi, les lentilles d'eau douce ne pourront être exploitées que par des puits à grande diamètre et tout prélèvement important doit être suivi avec attention pour éviter les mouvements de polluants et des profondeurs vers la superficie.

IV. LES FORMATIONS VEGETALES

En effet, l'omniprésence du réseau hydrographique et l'importance des précipitations font de l'eau un agent essentiel dans la construction des paysages Basse-Casamance insulaire (Cormier-Salem M. C., 1992). Selon cette dernière, la zone constitue le « paradis vert du Sénégal ». Les formations végétales donnent à la zone un aspect phytogéographique singulier influencé fortement par les conditions biophysiques notamment les facteurs hydrologiques et bioclimatiques régissant le fonctionnement de l'estuaire (Badiane S. D., 2012). Plusieurs formations peuvent se distinguer dans cette région.

? La mangrove : C'est de loin la formation la plus répandue dans les îles. Elle désigne selon (Marius C., 1985) l'ensemble des formations végétales, arborescentes ou buissonnantes, qui colonisent les atterrissements intertidaux marins ou fluviaux des côtes tropicales. Elle se développe dans la zone intercotidale (zone soumise à l'influence de la marée) et, de ce fait, elle développe un système racinaire aérien et des mécanismes physiologiques permettant l'élimination du sel afin de s'adapter dans cet environnement marin. Les marées et les courants côtiers y ont une influence prépondérante.

? Les tannes : en arrière de la formation arborescente de mangrove, se situent des étendues sursalées, appelées tannes. Elles sont de deux types : les tannes vifs et les tannes herbacés ou les prairies a halophytes

? La Forêt : elle est d'étendue très limitée voire absente dans ces îles et très répandue dans les zones de plateau. Les essences qui la composent perdent ordinairement leurs feuilles après l'hivernage et reverdissent en générale de février à avril.

? Le marécage : la forêt avoisine toujours les affluents du fleuve ou les dépressions de l'intérieur ; ces derniers qui constituent le marécage se remplissent d'eau douce au moment de l'hivernage et restent inondés une partie de l'année.

? La rizière : dans les dépressions marécageuses, les détritus végétaux se sont accumulés au cours des siècles puis transformés en humus. Dans ces terres inondées et fertiles, les

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

populations locales y cultivent le riz (Oryza). Après la récolte, quelques plantes messicoles s'y développent : Scrophularitées, labisés, Lytrariés, Acanthacees...

L'ensemble de ces formations végétales donne à la Casamance littorale sa particularité de paradis vert et de région la plus originale du Sénégal. C'est le milieu où la végétation est la plus luxuriante et les paysages les plus humanisés et plus variés (Cormier-Salem M. C., 1999).

V. CLIMATOLOGIE

La Basse-Casamance littorale correspond, selon Sagna P. (2005), au domaine climatique sud-soudanien côtier. Elle se caractérise par ses fortes précipitations par rapport au reste du pays. Sa particularité réside de sa localisation en domaine guinéen et de son contact avec l'océan atlantique. Sa circulation se caractérise par une alternance des principaux flux (Alizé maritime, Alizé continentale et la Mousson).

V.1. Dynamique générale du climat

V.1.1. Les centres d'actions

La Basse-Casamance, comme le reste du Sénégal, est sous l'influence de trois masses d'air alternantes provenant de trois centres d'action qui relèvent de la CAG.

? L'Anticyclone des Açores donne naissance à l'alizé maritime qui « apporte de la fraicheur dans cette région littorale.

? L'Anticyclone de Sainte-Hélène : génère un flux dénommé mousson atlantique qui est humide, instable et vecteur potentiel (mais pas suffisant) de précipitations en Afrique occidentale.

? L'Anticyclone Saharo- Libyenne est une cellule continentale et saisonnière de hautes pressions pourvoyeuse d'alizé continental (harmattan) en hiver boréal. Alors qu'en été boréal, elle migre en altitude et est substituée par une dépression qui attire les flux de l'hémisphère sud.

Les principaux centres d'action donnent naissance à des flux qui intègrent la circulation atmosphérique en zone tropicale.

V.2. Analyse des éléments du climat

L'analyse des paramètres climatiques collectés à l'ANACIM porte sur les observations de la station synoptique de Ziguinchor. Ses coordonnées géographiques : 12°55' de latitude nord et -16°.2667 de longitude ouest, son altitude est de 19,30m. La série utilisée (vent, température et évaporation) porte sur la période (1960-2018) soit 59 ans. Celle utilisée pour les précipitations,

32

PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

quant à elle, relève de la période 1918-2018 soit 101ans. Ces variables climatiques sont analysées à travers la vitesse et la direction des vents, la température, l'évaporation et les précipitations. Ils ont une influence considérable sur l'écoulement et les phénomènes extrêmes dans ce milieu côtier.

V.2.1. Le vent

Dans cette partie du pays, trois type de vents y soufflent et cela en fonction des saisons (l'Alizé maritime, l'Alizé continental et la mousson). La direction et la vitesse du vent dépendent de la circulation générale de l'atmosphère et de la puissance des flux.

V.2.1.1. Les vitesses moyennes mensuelles des vents

L'analyse des fluctuations des vents, enregistrées à la station de Ziguinchor montre des variations saisonnières. Ces fluctuations restent faibles durant toute l'année avec une moyenne de 1,8m/s. L'évolution de la courbe des vitesses laisse apparaître l'existence de deux saisons éoliennes. Une saison allant de janvier à mai avec des vitesses importantes dont le maximum se situe en Mai (2,4 m/s) correspondant à la saison sèche et une période de faible fluctuation allant de juin à Novembre avec deux minimas, octobre et novembre (1,2 m/s) marqué par la saison des pluies. Cette tendance peut se justifier par :

Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc

Mois

V (m/s)

2,5

 
 

2,0

1,5

 

1,0

 
 
 
 
 

0,5

 
 

0,0

Figure 6: Vitesse moyennes mensuelles des vents à Ziguinchor de 1960 à 2018 (source: données ANACIM 2019)

? D'une part, la prédominance des flux d'alizé (particulièrement l'Harmattan) de janvier à

mai, ce qui est à l'origine de l'importance des vitesses issues du caractère chaud et sec du flux qui accentue son déplacement.

? D'autre part, la présence des vents de mousson entre juin et novembre qui par leurs humidités et la chaleur qu'ils apportent justifient la faiblesse des fluctuations éoliennes. En effet, ce flux a un fort pouvoir d'humidité qui la rend lourde et diminue par conséquent sa vitesse.

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

V.2.1.2. La fréquence de la direction des vents à la station de Ziguinchor

L'analyse de la Figure 7 laisse apparaître des disparités sur la fréquence des vents à la station de Ziguinchor avec une prédominance des flux d'ouest. Au total six flux se singularisent le plus sur le régime anémométrique étudié (N, NE, E, S, SW et W).

De ce fait, deux saisons éoliennes peuvent se distinguer:

V' Une saison avec la prédominance des flux Nord, Nord-Est et Est allant de novembre à février. Ces trois flux correspondent à l'apparition de l'alizé maritime (chaud et humide de direction N) dont le pouvoir hygrométrique est sensiblement faible et à l'incursion de l'Harmattan (chaud et sec de direction NE et E). La fréquence de ces flux traduit parfaitement la circulation des alizés pendant la saison sèche. Le mois de mars sera une transition puisque c'est pendant cette période que les flux d'alizé vont disparaître et laisser la place à la brise marine et la mousson.

V' La seconde saison, quant à elle est dominée par des vents du Sud et du Sud-Ouest qui font leur première apparition en mars marquant ainsi une phase de transition.

Cette période est marquée par les flux de mousson et la brise marine de direction S, SW et W. Leur apparition coïncidant avec les plus forts pourcentages et les plus importantes précipitations nous permet d'affirmer qu'il s'agit de mousson. Par ailleurs, les vents W soufflent presque toute l'année avec des vitesses moyennes mensuelles qui peuvent atteindre 2,4 m/s.

En résumé, l'analyse des vents à la station de Ziguinchor permet de constater la présence de deux saisons éoliennes : une saison dite sèche où on a la prédominance des flux d'alizé avec une direction Nord à Est, et une autre saison connue sous le nom d'hivernage ou saison des pluies. Pendant cette période, la prédominance des flux de direction Sud-ouest définit l'installation progressive de la mousson dont l'épaisseur détermine la quantité de pluies précipitées dans cette région. La prépondérance de ce flux varie en fonction de la précocité du début et de la fin de l'hivernage, mais aussi en fonction de la situation tardive de son installation et de son retrait. Il faut aussi noter la présence permanente des flux d'ouest représentant la brise marine. En effet, la proximité avec l'océan confère à cette zone une place sous influence des flux océaniques. Les vents ont une grande influence sur les courants de marées en partie responsable des apports marins.

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

Figure 7: Evolution de la direction des vents dominants à Ziguinchor (source : données

ANACIM, 2019)

V.2.2. Les précipitations

Les précipitations représentent l'un des facteurs les plus importants du climat tant pour les hommes que pour les écosystèmes. Leur analyse à la station de Ziguinchor (1918-2018) nécessite un traitement particulier très fin pour notre travail d'étude dans un contexte où la variabilité de la pluviométrie et ses impacts sur les ressources en eau font débat depuis des décennies. Pour ce faire, une brève analyse sera opérée ici avant d'être beaucoup plus détaillée au chapitre III de ce mémoire (ANALYSE DE LA VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE).

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

La circulation des différents flux étudiés, en particulier la pénétration des vents de mousson provenant du sud-sud-ouest en rapport avec la progression vers le nord du F.I.T., commande le régime des précipitations dans la Basse-Casamance (Diop E. S., 1986). Le régime pluviométrique annuel à la station de Ziguinchor illustré à la figure ci-dessus se traduit par l'alternance de deux saisons distinctes qui ont un impact considérable sur l'évolution de la salinité en Basse-Casamance insulaire. Une saison pluvieuse qui s'étale sur cinq à six mois (mai- octobre, voire novembre), avec une moyenne annuelle de 1420,9 mm/an. Le reste des mois constitue la période sèche. Par ailleurs, l'analyse montre que les premières pluies quoique faibles apparaissent au mois de mai et atteignent leur maximum en août avec 481mm. Pendant cette période, les populations insulaires procèdent à la collecte traditionnelle des eaux pluviales au moyen des toitures des maisons. En outre, c'est un moment très important de l'année tant pour les réserves collectées que pour les activités rizicoles essentiellement pluviales.

P (mm)

400

200

600

500

300

100

0

Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc Mois

Figure 8: Précipitations moyennes mensuelles de 1918 à 2018 à la station de Ziguinchor (Source : données ANACIM, 2019)

V.2.3. Les températures

D'une manière générale, les températures varient dans le temps (selon les saisons) et dans l'espace (en fonction de la proximité ou non de l'océan). La mer jouant un rôle de régulateur thermique, la Basse-Casamance bénéfice de températures plus clémentes et n'enregistre pas d'aussi fortes fluctuations saisonnières que l'intérieur du pays. En plus du rôle thermorégulateur des masses océaniques, l'influence des vents et des précipitations se font sentir sur l'évolution des températures dans cette région. L'analyse de ce paramètre climatique dans ce chapitre concernera spécifiquement l'évolution des températures moyennes mensuelles.

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

Pour l'évolution annuelle, elle sera développée au chapitre III. Il faut noter que, tout comme les précipitations, les températures ont un rôle déterminant sur les processus de salinisation.

Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc

Mois

T°C Max T°C Min T°C Moy

T°C

40,0

25,0

20,0

35,0

30,0

15,0

10,0

5,0

0,0

Figure 9: Variation mensuelles des températures de1961-2018 (Source : données ANACIM, 2019)

Ainsi, à la station de Ziguinchor, les températures moyennes mensuelles obtenues sur la base des valeurs maximales et minimales connaissent une évolution bimodale avec deux maximums et deux minimums. Celle-ci étant caractérisée par un maximum principal en Juin (29,1°C) et un maximum secondaire en Octobre (28,3°C) ainsi qu'un minimum principal en Janvier (25°C) et un minimum secondaire en Août (27,1°C). Avec une moyenne annuelle de 27,5°C ces moyennes mensuelles varient entre 25 °C (janvier) et 29,1°C (juin). Par conséquent, deux saisons thermiques sont identifiées :

? Une saison chaude caractérisée par des mois chauds supérieurs à la moyenne notamment mars (28,1°C), avril (28,7°C), mai (29°C), juin (29,1°C), juillet (27,9°C), septembre (27,7°C) et octobre (28,3°C).

? Une autre fraiche constituée de mois frais inférieurs à la moyenne : janvier (25°C), février (26,7°C), août (27,4°C), novembre (27,4°C) et enfin, décembre (25,1°C).

Cette évolution des moyennes mensuelles subit d'une manière générale l'influence des deux extrêmes (températures maximales et minimales). Sur cela, les températures les plus élevées sont observées en avril, mai et les plus faibles en décembre, janvier.

Par ailleurs, il est intéressant de faire remarquer la relation existant entre les variables thermiques et les cumuls pluviométriques à l'échelle mensuelle. Cette corrélation est illustrée par le diagramme ombrothermique reliant température et pluviométrie à la station de Ziguinchor sur la période 1961-2018.

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

T°C

250,0

200,0

300,0

150,0

100,0

50,0

0,0

Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc

P (mm) 2T (°C)

Mois

450,0

400,0

250,0

200,0

500,0

350,0

300,0

50,0

0,0

150,0

100,0

p (mm)

Figure 10: Diagramme ombrothermique à la station de Ziguinchor entre 1961 à 2018 (Source : données ANACIM, 2019)

En effet, elle montre que les températures les plus élevées sont observées pendant la saison pluvieuse et les plus faibles à la saison sèche.

V.2.4. L'évaporation

C'est l'ensemble des phénomènes qui transforment l'eau liquide en vapeur d'eau par un processus purement physique. Ce paramètre joue un rôle important dans l'évolution actuelle des écosystèmes de la Casamance, puisqu'il est d'après Pagès J. (1986) responsable en grande partie de l'augmentation de la salinité du fleuve pendant les périodes de déficit pluviométrique par concentration de l'eau de mer. L'évaporation est souvent importante, son maximum mensuel se situe en mars (4,7mm) et le minimum en août (de l'ordre de 1,1 mm).

Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc

E (mm)

4,5

4,0

2,5

2,0

5,0

3,5

3,0

0,5

0,0

1,5

1,0

Mois

Figure 11: Evolution de l'évaporation moyenne mensuelle à la station de Ziguinchor de 19602018 (Source : données ANACIM, 2019)

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

L'observation des moyennes mensuelles de l'évaporation à Ziguinchor laisse apparaître une évolution unimodale (Figure 11). En effet, cette évolution s'oppose à celle des précipitations puisque c'est pendant l'hivernage (juin à novembre) qu'on enregistre les plus faibles valeurs (2,7 ; 1,6 ; 1,1 ; 1,2 ; 1,5 ;2,3). En revanche, les plus fortes quantités d'eau évaporées sont notées durant la saison non-pluvieuse (décembre à mai).

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

CHAPITRE II : LE CADRE HUMAIN

Les Diola sont la principale ethnie majoritaire dans la zone d'étude. Ils sont conservateurs et très proches de leur culture, de leur organisation sociale et économique. Ainsi, l'histoire du peuplement Diola dans ce milieu serait étroitement liée à la présence du réseau hydrographique avec ses nombreux marigots qui modèlent le paysage de la Basse-Casamance. En s'établissant sur cet espace, les Diola ont su élaborer un système social, en partie, déterminé par les conditions biophysiques. La valorisation de ce milieu d'une grande complexité et les moyens d'existence du Diola, si originaux, révèlent les héritages de toute une histoire (Pélissier P., 1966). En réalité, la personnalité ethnique des Diola est éminemment géographique. La diversité des conditions naturelles a facilité le cloisonnement humain et l'originalité d'une civilisation rurale. Dans ce cadre, il s'agira juste de faire une brève caractérisation de la composition démographique de même que des activités économiques de la zone d'étude afin d'avoir un aperçu sur les composantes humaines existantes.

I. COMPOSITION DEMOGRAPHIQUE

Dans les trois îles étudiées, à savoir Niomoune, Diogué et Carabane, les Diolas sont largement majoritaires surtout à Niomoune où la population est essentiellement Diola. Néanmoins, il existe quelques étrangers constitués en majorité de pêcheurs sérères, lébous ou ghanéens à Diogué. Ces derniers parviennent à se fondre dans la masse en s'adaptant au milieu et à la composition. Les religions traditionnelles demeurent les plus pratiquées même si on note une présence du Christianisme dans les trois îles et de l'Islam à Carabane (une grande partie de la population) et à Diogué (pratiquée par la communauté de pêcheurs sérères et lébous).

II. LES ACTIVITES SOCIO-ECONOMQUES Elles sont le plus souvent centrées sur l'agriculture, la pêche, l'élevage et le tourisme

II.1. L'agriculture et la pêche

« Nulle part ailleurs, on ne retrouve une association aussi étroite et ancienne entre la riziculture inondée et la pêche, à tel point que l'on peut véritablement parler à leur propos de villages de paysans-pêcheurs » (Cormier-Salem M. C., 1992). Cette symbiose se traduit dans l'aménagement du terroir, dans le calendrier des activités, dans l'alimentation et même dans toute la vie domestique. Le terroir est essentiellement constitué de terres basses inondables aux sols salés, bordées par les palétuviers que les Diola, à force de labeur et de patience ont, endiguées, défrichées et mis en valeur. Le plateau, domaine des cultures sèches, est très réduit, voire complètement absent. Le terroir est organisé en cercle (zones concentriques), depuis

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

l'habitat jusqu'au bolon: les vastes concessions, appelées hank, sont entourées d'une tapade, à l'abri de laquelle sont cultivés quelques légumes et où sont gardés les porcs et la basse-cour (Pélissier P., 1958). La forme d'agriculture la plus développée de la zone demeure la riziculture inondée. Elle est pratiquée dans toutes les îles car étant le fondement de la civilisation agraire Diola.

En ce qui concerne la pêche, toutes les formes sont présentes depuis le piégeage des poissons, la cueillette des huitres, la pêche à canne à pêche jusqu'à la pêche au filet dormant dans la mer. Le système de pêche est une caractéristique des villages de mangrove. Ces activités sont le plus souvent pratiquées à Niomoune et par les Diola autochtones de Diogué et Carabane. Ce type d'exploitation du milieu aquatique n'est que traditionnel ou artisanal et est en partie développé par les pêcheurs migrants allochtones. Diogué en illustre plus ce milieu. Ces pêcheurs migrants, composés de communautés sénégalaises (Lébous, les « Guet Ndariens ») et étrangères (notamment ghanéennes) font de cette activité, à Diogué, l'une des plus prospère de l'économie locale et l'une des principales sources de revenus directs ou indirects des populations. De nombreux autochtones ont appris la pêche sous la direction de ces pêcheurs migrants Lèbou, Sérères. On y note également une présence de plus en plus importante des Guet Ndarien, des pêcheurs de la petite côte ou du Saloum. Dans cette zone, on oppose volontiers le paysan - pêcheur autochtone au pêcheur professionnel originaire du nord. Une opposition qui réside sur des critères techniques, sociaux, économiques et culturels. Les autochtones sont d'abord des cultivateurs, la pêche est pour eux, une activité secondaire et ils la pratiquent dans les bolons au moyen d'éperviers, de barrages de palissages ou de nasses.... Les pêcheurs spécialisés quant à eux, sont des migrants, le plus souvent originaires des autres régions côtières du Sénégal. (DEEC, 2002).

Photo 3: Diogué, un village de pêcheurs. Source : https://iles-casamance.org/erosion-epi-plage-2/

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE

Toutes les ressources aquatiques du terroir sont exploitées : le riz, 1e sel, les huîtres, les coquillages, les poissons. Les mêmes espaces se prêtent tantôt à la riziculture, tantôt à la pêche.

II.2. L'élevage

La pratique de l'élevage dans ces îles à un caractère plus social qu'économique. Le bétail bovin n'est vendu qu'en cas de besoins sociaux urgents. L'élevage porcin constitue une zone de prédilection. L'aviculture n'est pas très développée, on y rencontre le plus souvent des élevages familiaux qui ciblent une période bien précise de grande consommation telles que les fêtes annuelles. Dans ces zones, les éleveurs ont du mal à assurer l'alimentation et l'abreuvage de leur bétail, surtout en saison sèche.

II.3. Le tourisme

Le tourisme constitue une activité importante dans les îles de la Basse-Casamance en raison de plusieurs facteurs. Détaillant, Sarr C. S. (2012) explique que : « Les îles constituent la seconde destination touristique de la Basse Casamance après Cap Skirring. Cette situation s'explique par les énormes potentialités que regorgent ces petits espaces insulaires. D'abord, la nature est dense avec une grande richesse faunique et floristique marqué par la prédominance de l'écosystème de mangrove. L'isolement même si elle constitue un facteur répulsif en termes d'accessibilité, fait l'affaire des touristes qui sont à la recherche de tranquillité et à la fuite du stress citadin et de la pollution sonore ». Pour lui, ce tourisme qu'il caractérise de « tourisme de valeurs » est orienté sur la mise en oeuvre des cultures traditionnelles à l'instar de celles Diola. Cette diversité culturale et ancestrale combinée à un paysage magnifique fait de la zone, un milieu de découverte. Ceci a été sans doute rendu possible par le « tourisme rural intégré » lancé par le Ministère du tourisme en 1974 avec la création des campements villageois. Cormier-Salem le confond avec un « tourisme d'authenticité de contact, de découverte » comme le présente la publicité. Ces îles sont en effet des lieux d'attractivité tant pour les explorateurs naturalistes que pour les touristes désireux de contempler de nouveaux horizons. Parmi elles, l'île de Carabane est sans doute la destination la plus convoitée en raison de son historique coloniale, de ses infrastructures touristiques mais également de sa nature généreuse.

CONCLUSION PARTIELLE

L'environnement physico-humain Basse-Casamançais est plein de diversités qui rythment le fonctionnement des socio-écosystèmes dans cette zone. Cet ensemble de paramètres lui confère un certain nombre d'atouts (nature prospère, diversité culturelle, etc.) mais également des contraintes qui influent sur le développement et l'épanouissement de ces socio-écosystèmes (enclavement, hypersalinité). Ces contraintes même si certaines d'entre eux ne sont récentes, sont suffisamment importantes pour modifier les conditions environnementales.

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DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN

BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

DEUXIEME PARTIE :

ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN BASSE-CASAMANCE

RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE INSULAIRE

La présentation du milieu physique notamment l'analyse des paramètres climatiques a pour finalité la connaissance des transformations environnementales à travers l'évolution de la salinité et la variabilité climatique au cours des dernières décennies. De ce fait, analyser ces deux phénomènes nous parait nécessaire pour comprendre leur potentielle implication sur la dégradation de la qualité des eaux. Cette partie comporte entre autres, l'analyse des facteurs de la variabilité climatique au cours de ces dernières décennies ainsi que l'évolution de la salinité sur la partie avale du fleuve.

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DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN

BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

CHAPITRE III : ANALYSE DE VARIABILITE CLIMATIQUE

Le climat régit les fonctions les plus essentielles de la société. Il détermine notre condition d'existence et d'adaptation. Ainsi, des changements de climat peuvent entraîner des perturbations dans un système économique et social existant et avoir une importance critique pour de grandes populations (White, 1986, cité par Mahé G., 1992). Compte tenu de ses effets majeurs sur les ressources en eau, la compréhension de sa variabilité est essentielle afin de tenter d'appréhender sa dynamique actuelle et future. De ce fait, ce chapitre se propose de présenter une brève analyse de cette variabilité dans l'estuaire de la Casamance, en particulier dans sa zone côtière avec pour finalité la connaissance de son évolution, au courant du siècle, qui conditionne en partie la transformation du milieu naturel. Les manifestations de cette variabilité en Basse-Casamance trouvent leur pertinence, selon Sané T. et al. (2010), dans les déficits pluviométriques plus ou moins importants et dans l'augmentation des températures.

Ainsi, l'analyse de la pluviométrie dans ce milieu amphibie permettra de fixer les grandes phases de son évolution ainsi que les tendances actuelles. Pour ce faire, la station synoptique de Ziguinchor ainsi que les postes pluviométriques d'Oussouye et de Diouloulou ont retenu notre attention. Le choix de ces stations réside non seulement du fait qu'elles disposent d'une série assez longue et fiable (1939-2018 pour Oussouye et Ziguinchor et 1950 à 2018 pour Diouloulou) mais également de la pertinence de leur localisation.

Pour l'étude de l'évolution des températures, la station synoptique de Ziguinchor fera l'objet d'une analyse car constituant la seule référence qui dispose d'une série assez longue (19612018). Plusieurs analyses, indicateurs et tests seront exploités afin de mieux avoir une lecture de la tendance des précipitations. Pour rappel, ces tests et méthodes appliqués cherchent à caractériser la variabilité climatique dans la zone maritime de la Basse-Casamance.

I. ANALYSE DE LA VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE

Pour apprécier l'influence des précipitations sur l'évolution de la qualité des ressources en eau, une analyse de la variabilité de celles-ci s'impose. En outre, la répartition interannuelle des précipitations est à la fois témoin et acteur des variations climatiques (Mahé G., 1992).

En Basse-Casamance, l'importance des précipitations est un des traits majeurs qui donne à cette région sa personnalité biophysique et socio-économique. Celle-ci est durement éprouvée ces dernières décennies par la péjoration des conditions climatiques malgré une légère amélioration de la pluviométrie, notée plus récemment (Sané T., 2017). C'est ainsi que le changement des

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DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN

BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

régimes pluviométriques observé à partir des années 1970 a eu de nombreuses conséquences sur les écosystèmes côtiers et sur l'écoulement fluvial. Ce changement marqué par la succession des années sèches a fait sensiblement reculer les limites tidales et le front de salinité dans le fleuve Casamance et ses affluents (Diop E. S., 1986).

Ainsi, l'analyse des trois stations étudiées démontre que la pluviométrie annuelle comprise entre 538mm et 2385,9mm soit une baisse de 77,5%. Ce qui dégage une forte variabilité entre ces deux extrêmes suivant les saisons et ce caractère variable s'observe à plusieurs niveaux. Pour appréhender au mieux cette variabilité, nous étudierons d'abord les indices normalisés, les méthodes statistiques de détection d'éventuelle rupture et enfin l'évolution des normales pluviométriques.

I.1. L'indice normalisé de précipitations ou SPI (Standardized

Precipitation Index)

L'indice normalisé ou standardisé est couramment utilisé dans l'analyse de la variabilité interannuelle de la pluviométrie. Elle est populaire du fait de sa simplicité et de son interprétation facile. Cet indice a été conçu pour comprendre qu'un déficit de précipitations pouvait avoir de multiples incidences sur la disponibilité des différents types de ressources en eau et à de multiples échelles de temps (de préférence sur 60ans voire plus) (OMM, 2012). Ces incidences peuvent influencer les eaux souterraines, le stockage des réservoirs, l'humidité du sol et le flux d'écoulement.

Adopté depuis 2009 par l'Organisation météorologique mondiale (OMM), le SPI permet de mesurer les sécheresses météorologiques. Défini par MCKEE et al. (1993), il est une méthode à la fois simple et puissante, basée sur les données pluviométriques, qui permet d'établir des comparaisons entre la pluviométrie d'une année avec la pluviométrie moyenne. Puisqu'il est normalisé, il permet de représenter, en ce sens, les climats humides et les climats arides en fonction de la valeur (positive ou négative) de l'indice (Tableau 5). Un événement de sécheresse se produit à chaque fois que l'ISP est continuellement négatif, sa valeur atteint une intensité de -1 ou moins, et se termine lorsque l'ISP devient positif. Sa formule est la suivante :

Xi-Xm

sPI=

 

Si

Xi est le cumul de la pluie pour une année i ;

Xm est la moyenne des pluies annuelles observées pour une série donnée ; Si, l'écart type des pluies annuelles observées pour une série donnée.

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DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN

BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

Tableau 5: Valeurs de l'indice SPI

SPI

Caractéristiques

Station et postes

Nombre
d'observations

2,0 et plus

Extrêmement humide

Ziguinchor

0

Oussouye

3

Diouloulou

3

1,5 à 1,99

Très humide

Ziguinchor

5

Oussouye

3

Diouloulou

1

1,0 à 1,49

Modérément humide

Ziguinchor

6

Oussouye

8

Diouloulou

5

-0,99 à 0,99

Proche de la normale

Ziguinchor

51

Oussouye

51

Diouloulou

47

-1 à -1,49

Modérément sec

Ziguinchor

7

Oussouye

11

Diouloulou

7

-1,5 à -1,99

Très sec

Ziguinchor

7

Oussouye

3

Diouloulou

5

-2 et moins

Extrêmement sec

Ziguinchor

4

Oussouye

1

Diouloulou

1

Source : OMM, 2012, modifié Les Figure 12, Figure 13 et Figure 14, ci-dessous mettent en exergue l'évolution des anomalies normalisées aux stations de Ziguinchor, Oussouye et Diouloulou, ainsi que la moyenne mobile sur 80 ans permettant d'évaluer les fluctuations au cours de la période 19392018. Celle-ci est marquée par une alternance de périodes humides et sèches comme la plupart des régions d'Afrique de l'ouest non-sahélienne (Lubes-Niel H. et al., 1998a). Pour plus de pertinence dans l'analyse de ces variations, des méthodes statistiques de détection d'éventuelles ruptures de stationnarité dans notre série chronologique (1939-2018) sont appliquées afin de mieux comprendre leur dynamique.

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DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN

BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

SPI

-0,5

-1,0

-1,5

-2,0

-2,5

2,5

2,0

0,5

0,0

1,5

1,0

1939 1942 1945 1948 1951 1954 1957 1960 1963 1966 1969 1972 1975 1978 1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017

ANNEES

Années humides Années sèches 2 Moy. mobile sur pér. (Années humides)

PERIODE HUMIDE

PERIODE SECHE

LEGER RETOUR

Figure 12: Evolution des anomalies pluviométriques à Ziguinchor de 1939 à 2018

SPI

-1,0

-2,0

-3,0

2,0

3,0

0,0

1,0

1939 1942 1945 1948 1951 1954 1957 1960 1963 1966 1969 1972 1975 1978 1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017

ANNEES

Années humides Années sèches 2 Moy. mobile sur pér. (Années humides)

PERIODE HUMIDE

PERIODE SECHE

Figure 13: Evolution des anomalies pluviométriques à Oussouye de 1939-2018

SPI

-1,0

-2,0

-3,0

2,0

3,0

0,0

1,0

ANNEES

Années humides Années sèches 2 Moy. mobile sur pér. (Années humides)

1950 1952 1954 1956 1958 1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018

PERIODE HUMIDE

PERIODE SECHE

Figure 14: Evolution des anomalies pluviométriques à Diouloulou de 1939-2018

Cette analyse de la stationnarité de la série, est devenue selon Lubès-Niel H. et al., (1998a) un enjeu fondamental dans l'identification de la variabilité climatique et de ses impacts sur les ressources en eau. Deux méthodes ont été privilégiées dans ce travail notamment le test de

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DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN

BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

Pettitt et la procédure de Segmentation de Hubert. Ces tests sont plus adaptés à la détection ou non de rupture dans une série chronologique. Une rupture peut être définie de façon générale par un changement dans la loi de probabilité de la série chronologique à un instant t, le plus souvent inconnu.

Le test de Pettitt, dérivé du test de Mann-Whitney, consiste à découper la série principale de N éléments en deux sous-séries à chaque instant t compris entre 1 et N-1. La série principale présente une rupture à l'instant t si les deux sous-séries ont des distributions différentes. L'hypothèse nulle H0 de non rupture est testée au moyen d'un test non paramétrique. Cependant, Pettitt suggère que pour un risque a de première espèce donné, H0 est rejetée si cette probabilité est inférieure à a. Dans ce cas, la série présente une rupture au temps T= t définissant KN. Le test est plus particulièrement sensible à un changement de la moyenne (Lubès-Niel H. et al., 1998b). Ainsi, dans l'ensemble des stations étudiées, l'hypothèse H0 du test de Pettitt est rejetée aux trois seuils de confiance de 99%, 95% et 90% mettant en évidence l'existence d'une rupture de stationnarité dans notre série chronologique (Tableau 6). L'année 1967 correspondait à l'année de rupture dans les stations de Oussouye et Ziguinchor tandis que pour Diouloulou, elle a été un peu tardive (1970). Ces dates marquent une rupture dans la série chronologique comme l'atteste le test de Pettitt. En effet, quel que soit la station étudiée, la tendance à la baisse des précipitations s'est généralisée à partir de l'année 1968. Il en ressort de ces analyses que la rupture pluviométrique la plus significative est apparue à la fin des années 1960 et début 1970. Si le Tableau 6 met en exergue les années de rupture, le Tableau 7 quant à lui permet de montrer les différentes saisons, le nombre de périodes existantes ainsi que leur moyenne et écart type. Ces périodes constituent les sous-séries ou segments correspondants aux périodes d'avant et après rupture.

Tableau 6: Variable du test de Pettitt

Stations

Test de Pettitt

Hypothèse H0 (absence de rupture)

Année de
rupture

Ziguinchor

Rejetée aux 3 seuils de confiance

1967

Oussouye

Rejetée aux 3 seuils de confiance

1967

Diouloulou

Rejetée aux 3 seuils de confiance

1970

La procédure de Segmentation de Hubert a pour principe de chercher un meilleur découpage de la série soumise à l'analyse en sous séries contiguës. Pour chaque sous-série de segments, la meilleure segmentation est celle qui minimise une distance égale à la somme des écarts quadratiques entre chacune des valeurs de la série et sa moyenne locale.

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DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN

BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

On contrôle la pertinence d'une segmentation en vérifiant que la différence entre toutes les moyennes locales contiguës prises deux a deux est significative, ce qui est réalisé au moyen du test de Scheffe, pour lequel un niveau de signification devra être défini (Hubert H. et al., 1998b).

Tableau 7: Segmentation d'Hubert (Niveau de signification du test de Scheffé = 1%)

Stations

Segmentation

Moyenne
(P(mm))

Ó

Début

Fin

Ziguinchor

1939

1967

1526,1

251

1968

2007

1214,7

279

2008

2018

1521,2

160

Oussouye

1939

1967

1685,3

358

1968

2018

1259

250

Diouloulou

1950

1967

1476,3

247

1968

2018

1076,7

263

Dans l'ensemble des trois stations, plusieurs périodes peuvent se distinguer en fonction des

différentes stations. Ces particularités correspondant aux découpages de la série d'Hubert

(Tableau 7) illustrent au mieux les différentes alternances de périodes dans les stations d'étude.

y' La série 1950-1967 constituant la période la plus humide avec des valeurs exponentielles, représente le premier segment dans toutes les trois stations. Cette période marque, en effet, l'époque que d'aucuns appellent de pluvieuse (Brunet-Moret Y., 1970 ; Diop E. S., 1986 ; Dacosta H., 1986 ; Mahé G., 1992 ; Cormier-Salem M. C., 1992 ; ...) car étant marquée par des années très excédentaires (Descroix L. et al., 2015b). Par exemple, sur 38 années humides dans toute la série des 80 ans à Oussouye et Ziguinchor, plus de la moitié (21) se sont situées dans cette courte époque de 29 ans avec des maxima pouvant dépasser les 2000m de cumuls annuels. Pour ainsi dire que l'essentiel des grands maximums pluviométriques se situe durant cette phase. Ce qui montre tout simplement le fort potentiel précipitable de ce temps. Toutefois, cette série présente parfois certains déficits surtout au début (1939, 1942 pour Oussouye, et 1941, 1942, 1944, 1946 pour Ziguinchor) et à la fin (1959, 1963, 1966 pour Oussouye et 1959, 1960, 1964 pour Ziguinchor). Ces derniers déficits vont en effet annoncer une future série qui sera amorcée à partir de 1967 dans toutes les stations d'étude excepté Diouloulou où la rupture sera observée en 1970.

y' La série qui va s'en suivre sera celle de 1968-2007 pour la station de Ziguinchor et 19682018 pour le restant des autres (Oussouye et Diouloulou). Cette période est considérée comme étant la plus catastrophique en raison de l'intensité des déficits et de la gravité des conséquences qui en ont découlé. Le nom donné à cette calamité est plus connu sous l'appellation de sécheresse.

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DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN

BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

En effet, pour l'OMM (2012), la sécheresse est un fléau insidieux qui découle d'une baisse des précipitations par rapport à des niveaux considérés comme normaux. Quand le phénomène se prolonge, ou au cours d'une période plus longue encore, les précipitations sont insuffisantes pour répondre aux besoins de l'environnement et des activités humaines. La sécheresse des années 1968-1990 est toujours de mémoire dans presque toutes les régions d'Afrique de l'ouest. Sircoulon J. (1992) va même jusqu'à dire que c'est la plus longue et la plus intense des trois sécheresses de ce siècle (1910-1916, 1940-1949 et 19681990) où les isohyètes interannuelles sont redescendues vers le sud de plusieurs centaines de km et où les déficits moyens sont de 20 à 30 %. Les déficits pluviométriques qui ont été observés dans toutes les trois stations d'étude ont eu de lourdes conséquences sur les écosystèmes de Basse-Casamance notamment la dégradation des ressources en eau avec les phénomènes de salinité (Descroix L. et al., 2015a). Les moyennes de ces séries sont respectivement de 1214,7 mm pour Ziguinchor (1968-2007) 1259 mm pour Oussouye (1968-2018) et de 1076,7 mm pour Diouloulou (1968-2018). La faiblesse de ces valeurs montre l'importance des déficits pluviométriques enregistrés durant cette période.

? Même si un léger retour à la pluviométrie normale est observé à la station de Ziguinchor par rapport à la série considérée, cependant ce phénomène n'est pas visible au regard des autres stations (Oussouye et Diouloulou) qui semblent toujours garder la dynamique de déficit. En effet, la série 2007-2018 à Ziguinchor est marquée par la succession d'années excédentaires entrecoupées parfois par quelques années déficitaires. Ainsi, la moyenne de cette époque (1521m) témoigne un peu d'un retour des conditions pluvieuses qui régnaient durant la période humide des années 1939-1967. Cependant, les cumuls de cette période (2008-2018) ne parviennent toujours pas à égaler ceux d'auparavant. Et pour Descroix L. et al., (2015b) c'est probablement à ce niveau de pluviométrie qu'il faut s'attendre comme moyenne sur le long terme et intégrer le fait que les deux décennies d'avant la sécheresse (en fait, les années 1951-1967) ont été très excédentaires, et ne reflétaient pas une tendance durable.

I.4. Analyse des normales pluviométriques

Selon l'OMM (2017), les normales climatiques ont deux vocations principales. Elles constituent un point de comparaison avec les observations récentes ou actuelles, tout en servant de base à de nombreux jeux de données illustrant les anomalies climatiques. On peut également s'y référer pour déterminer les conditions auxquelles on peut s'attendre en un lieu donné.

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DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN

BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

Deux normales ont été choisies pour le présent travail notamment la normale 1961-1990 et celle de 1981-2010. En effet, pour l'OMM (2015), la première constitue une période de référence dans le but de surveiller l'évolution du climat dans le long terme, et la deuxième est une normale climatologique standard officielle en vigueur.

Tableau 8: Caractéristiques des normales pluviométriques des différentes stations

Stations

Normales (mm)

ZIGUINCHOR

OUSSOUYE

DIOULOULOU

Moyenne

Moyenne

Moyenne

1961-1990

1318

1289

1125

1981-2010

1266

1251

1039

1939-2018

1369,7

1413,9

1181,8

Le Tableau 8 permet d'illustrer la tendance des différentes normales pluviométriques dans les stations d'étude. Ainsi, l'analyse de ce dernier met en exergue la tendance à la baisse des précipitations dans la zone d'étude au regard des moyennes considérées. Ces moyennes confirment la variabilité.

II. ANALYSE DES VARIATIONS DE LA TEMPERATURE

La température peut être un facteur important sur l'évolution de la qualité des ressources en eau. En effet, elle influe sur les processus physico-chimiques dans l'eau, et par conséquent sur la concentration de sel. Son augmentation dans l'eau favorise les réactions chimiques avec le phénomène d'évaporation et accélère les processus de salinisation des terres et des eaux. Ainsi, l'analyse de l'évolution des fluctuations interannuelles de la température moyenne (Figure 15) pendant la période de 1961 à 2018 dégage une allure en dents de scie marquée par une tendance à la hausse avec une moyenne de 27,6°C. Cette moyenne est sujette à des variations dans le temps. Les plus fortes valeurs seront enregistrées durant l'année 2016 (30°C) tandis que l'année 1965 (26,1°C) sera l'année le plus froid de la série. Ce qui atteste de la forte variabilité de ce paramètre avec une hausse de 3,9°C. Cette tendance à la hausse a été beaucoup plus manifeste à partir des années 1980. En guise d'exemple, la moyenne de la période de 1961-1980 était de 26,8°C tandis que celle de 1980-2018 est de 28,1°C soit un excédent de 1,3°C. Les années 1998, 2005, 2010, 2012 et 2016 ont été les années les plus chaudes dans la série d'étude avec des valeurs respectives 28,7, 29,1, 29,3, 30°C. Cette augmentation serait en effet, selon Sané T. et al. (2010), en phase avec la tendance observée au niveau mondial et selon laquelle les conditions thermiques connaitront d'avantage une évolution croissante au cours des années voire des décennies à venir. Ces prévisions sont également corrélées par les travaux du GIEC (2013) et de l'OMM (2019). En effet, pour le GIEC (2014), chacune de ces trois dernières décennies a

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BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

été successivement plus chaude à la surface de la Terre que toutes les décennies précédentes depuis 1850. Les années 1983 à 2012 constituent probablement la période de 30 ans la plus chaude qu'ait connue l'hémisphère Nord depuis 1 400 ans. Ces changements touchant à la fois les températures et les précipitations perturbent les systèmes hydrologiques (GIEC, 2013).

T°C

29,0

28,0

27,0

26,0

25,0

24,0

31,0

30,0

1961 1963 1965 1967 1969 1971 1973 1975 1977 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017

ANNEES

Figure 15: Evolution des températures moyennes annuelles à Ziguinchor de 1961-2018 (source: ANACIM, 2019)

Au regard de cette évolution des moyennes thermiques, il apparait clair qu'à partir de 1980 la tendance à la hausse s'est manifestée de façon continue. De ce fait, une intégration des moyennes décennales permet de voir au mieux l'évolution de la température au cours des quatre dernières décennies. La Figure 16 illustre cette tendance avec les jeux de couleurs qui matérialisent l'évolution.

Décennies

T°C

29,5

T°C moyenne décennale Moyenne de la série (1961-2018)

1960 1970 1980 1990 2000 2010

29

28,5

28

27,5

27

26,5

26

25,5

Figure 16: Evolution des décennies thermiques à Ziguinchor de 1961 à 2018

(source: ANACIM, 2019)

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DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN

BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

Le graphique montre que chacune de ces décennies a été beaucoup plus chaude que la précédente. En fonction de la moyenne de la série 1961-2018, nous pouvons observer qu'au-delà de la décennie 1980, toutes celles qui ont suivi sont excédentaires. De plus, entre la décennie 1960 et celle 2010, il a été observé une hausse de 2,1°C, ce qui montre qu'en l'espace de 50 ans la température à Ziguinchor a connu une hausse considérable.

En résumé, l'analyse de l'évolution des précipitations tout comme celle des températures laisse paraître une variabilité très significative à l'échelle de temps considérée dans toute la zone d'étude. Cette variabilité est manifeste non seulement avec la succession d'années humides et d'années sèches relativement longue mais également avec une hausse considérable des variables thermiques. Ainsi, au regard de la documentation effectuée, il apparait clair que ces deux paramètres influent de façon considérable sur la dégradation de la qualité des ressources en eau avec une augmentation significative de la salinité par les processus d'évaporation. Pour ainsi dire, les déficits pluviométriques des années de sécheresse ont fait reculer les limites tidales favorisant les avancées du biseau salé surtout en zone insulaire (Diop E. S., 1986). La hausse des températures quant à elle accentue les processus évaporatoires avec l'accumulation du sel dans les vasières, etc.

En effet, la péjoration climatique (comme le montre les figures ci-dessus) qui s'est opérée dans tout le pays avec une nette diminution des apports pluviométriques et une évolution des températures a eu de nombreux impacts sur les socio-écosystèmes côtiers en Basse-Casamance. Ainsi, jusqu'à la fin des années 1960, le fleuve Casamance, moteur du réseau hydrographique qui conditionne le milieu naturel de la zone, suivait un fonctionnement «normal» ; c'est-à-dire, les apports d'eau douce subsistaient même en début de saison sèche si bien que les marées de salinités n'affectaient qu'en partie l'ensemble du fleuve (Diop E. S., 1986). Mais, cette péjoration des éléments climat va bouleverser le fonctionnement hydrologique de ce cours d'eau et de ce fait, fragiliser des ressources naturelles. Ainsi parle-t-on d'« estuaire inverse». Les conséquences qui en découleront seront désastreuses tant sur l'environnement que sur les activités socio-économiques : salinisation des eaux douces et des terres, baisse des productions agricoles, en particulier rizicoles, ainsi que la destruction ou la vulnérabilité de certains écosystèmes (Sané T. et al., 2010).

Cette baisse de la pluviométrie d'environ 20% à 70% durant, la période 1968-1995 (sécheresse), combinée à une évolution thermique, sera l'un des principaux facteurs de la dégradation des écosystèmes en Basse-Casamance avec l'augmentation de la salinité, la dégradation de la

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BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

qualité des ressources hydriques entre autres. Le déficit pluviométrique a également influencé la réalimentation de la nappe superficielle qui est directement en contact avec les eaux de surface salées et une hypersalinisation des bolons qui parcourent l'ensemble des îles de la région. Ce qui favorise une contamination des nappes superficielles du Continental Terminal, de plus en plus atteintes par le biseau salé surtout dans les villages insulaires, hypothéquant ainsi la disponibilité en eau douce de ces populations (Decroix L. et al., 2015). L'eau est, en effet, l'élément fondamental des paysages casamançais, qui conditionne la répartition de la population et leurs activités.

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CHAPITRE IV : EVOLUTION DE LA SALINITE DANS

L'ESTUAIRE DE LA CASAMANCE

Le bassin versant de la Casamance fonctionne de nos jours comme un « bac évaporatoire », le déficit hydrique étant compensé par une intrusion des eaux marines de l'estuaire. Le fleuve étant devenu une source d'eau salée pour la région, les aquifères sont ainsi de plus en plus exposées à l'avancée du biseau salé. Pendant la saison sèche, le taux de salure en tout point est supérieur à celui de la mer (Barry B. et al., 1988). La sécheresse des années 1970 a fortement modifié le régime hydrique du fleuve et de ses affluents en Basse-Casamance. Ainsi, les nappes superficielles du CT, principale source d'approvisionnement en eau potable, de la région subissent cette péjoration pluviométrique avec une importante baisse de leur niveau entrainant l'avancé du biseau salé.

I. LES FACTEURS FAVORABLES A LA SALINISATION DANS L'ESTUAIRE

I.1. Le fleuve Casamance : un estuaire inverse

Les estuaires sont des écosystèmes très complexes et biologiquement productifs qui forment une transition entre le continent et l'océan (Miranda L. B. et al.,2017). En effet, dans ces milieux, l'eau douce collectée du drainage des terres se déverse dans un océan, qui envoie à son tour l'eau salée en amont, bien au-delà de l'embouchure. Ce mélange de fluides produit un environnement unique et diversifié avec tout un ensemble de facteurs propices au développement et à l'adaptation des socio-écosystèmes (Tomczak M., 1998).

Figure 17: Caractéristiques d'un estuaire (Source: https://professionnels.ofb.fr/fr/node/275 )

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DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

Plusieurs types d'estuaires sont identifiés en fonction de la morphologie et de l'hydrodynamique, de la géomorphologie ou de la structure verticale de la salinité (Valle-Levinson A., 2010). Dans ce présent travail, nous nous intéresserons spécifiquement sur la classification en fonction de la morphologie et de l'hydrodynamique qui donne naissance à trois types d'estuaire (Figure 18) d'après Valle-Levinson A. : les estuaires positifs, inverse et à faible débit. Les estuaires positifs sont ceux dont les apports d'eaux douces fluviales et pluviales sont supérieurs aux pertes par évaporation, d'où l'établissement d'un gradient longitudinal de densité des eaux qui décroit de l'océan vers le bassin (Niang A., 2014). Par conséquent, les estuaires à faible débit se trouvent dans les régions où le taux d'évaporation est élevé mais également où le débit des rivières a une faible influence. Les estuaires inverses, quant à eux, se trouvent le plus souvent également dans les régions où les pertes d'eau douce par évaporation dépassent les apports d'eau douce provenant des précipitations. Le gradient de densité longitudinal a de ce fait le signe opposé à celui des estuaires positifs. Ces estuaires sont plus sujets à des problèmes de qualité de l'eau que les estuaires positifs (Valle-Levinson A., 2010) car, dans ces milieux, la salinité est plus importante que celle de l'océan (Parker L. M. et al., 2017). De ce fait, le gradient longitudinal de l'océan est celui d'une salinité croissante.

Figure 18: Classification des estuaires selon l'hydrodynamique

(d'après VALLE-LEVINSON, 2010 modifié par NIANG, 2014)

Dans le contexte de l'estuaire de la Casamance où est localisée notre zone d'étude, son caractère d'estuaire inverse fait de la région un milieu vulnérable en ce qui concerne la qualité de la ressource en eau douce (Sané T., 2017). Le fleuve Casamance se comporte comme un estuaire inverse (Pagés J. et al., 1987, Diop E. S., 1986, Pagès J. et Citeau J., 1990, Thior M. et al., 2019a).

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Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce fonctionnement actuel du fleuve notamment: la péjoration pluviométrique des années 1970. En effet, pour Diop E. S., (1986), le fleuve Casamance jusque dans les années 1970 connaissait un fonctionnement estuarien «normal».

Mais la baisse d'apport pluvial à partir de 1968, associée à une géométrie particulière et une topographie irrégulière va entrainer une perturbation de ce régime hydrique «normal» et par conséquent une sursalinisation de l'estuaire. Ceci a rendu le bilan hydrique négatif (Lahoud A., 1988) dont les effets sont encore plus dramatiques sur les petits cours d'eau, notamment celui de la Casamance. Il en résulte alors un envahissement des eaux de mer dans l'estuaire qui devient de ce fait hyperhaline (Pagès J. et Citeau J., 1990). Cet envahissement des eaux marines se manifeste par des inondations et des risques de submersion surtout dans les îles de l'estuaire, ce qui en affecte les nappes localisées le plus à une faible profondeur (environ 3m) et maintient ainsi l'eau des puits saumâtre. Pendant la saison sèche, cette eau demeure la principale source d'approvisionnement pour la majeure partie de ces insulaires. Les intrusions salines sont l'une des principales conséquences du fonctionnement inverse de l'estuaire de la Casamance (Thior M. et al., 2019a). La proximité de la nappe avec la mer facilite les échanges entre les eaux douces du fleuve et celles salées de la mer.

La particularité du fleuve Casamance reste sans doute liée à sa nature. Il dépend essentiellement des pluies locales contrairement au fleuve Sénégal qui prend sa source dans les massifs du Fouta Djalon en République de Guinée sous un climat tropical humide, ce qui favorise par conséquent sa forte dépendance au climat (Thior M. et al., 2019a). En d'autres termes, il suffit juste d'une anomalie en saison humide pour perturber le régime hydrique et rendre le bilan déficitaire (Lahoud A., 1988). Ainsi, la sécheresse a conduit à des modifications écologiques importantes dans cette région avec des conséquences immenses surtout sur la salinité des eaux conditionnée par un taux important d'évaporation. Ces modifications concernent l'augmentation de la salinité avec un gradient croissant de l'aval vers l'amont. En l'espace de quinze années (entre 1969 et 1988), la salinité des eaux de la Casamance dans la partie estuarienne a subi des variations considérables (Diop E. S., 1986) jusqu'à atteindre des valeurs de 170%o en 1986 à Diana Malari (Pagès J., 1986).

I.2. La faiblesse de la topographie

L'histoire géomorphologique renseigne beaucoup sur la formation des unités du relief. La région étant située dans une zone fluvio-marine, on note une faible variété structurale du relief (Badiane S. D., 2012). En effet, la Basse-Casamance présente, dans son ensemble, un relief très

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plat et de faible dénivellation. C'est également une zone plate, basse parcourue de chenaux anastomosés. Le long de ce fleuve offre le même niveau que la mer, la pente y est également très faible. Cette faiblesse des pentes explique la pénétration profonde de la marée à l'intérieur du bassin plaçant ainsi l'ensemble de la Basse et une majeure partie de la Moyenne Casamance (jusqu'à Diana Malari), dans le bief maritime. Hormis les plateaux de Tandine, Ziguinchor et Oussouye, tout le paysage se situe au-dessous de 20 m.

Figure 19: Altitude en mètres dans les communes de Kafountine et Diembéring

I.3. L'influence de l'érosion côtière sur les facteurs de salinisation

L'érosion côtière peut également être un facteur (direct ou indirect) de dégradation des ressources en eau douces. Il est plus connu du grand public en raison de ses effets visibles.

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Pour l'illustrer, dans l'ensemble des îles étudiées, les populations stipuleront lors des enquêtes que l'avancée de la mer est responsable de tous leurs malheurs (inondation des rizières, perte des terres, salinisation, etc.) Cette modification des conditions environnementales est en réalité le résultat de la conjonction des facteurs naturels et anthropiques. Ainsi, nous pouvons citer comme cause naturelle ; l'hydrodynamisme marin avec les facteurs de forçage et les paramètres dominants notamment le niveau marin, les vagues, les houles et les courants induits. A côté de ces facteurs naturels, peuvent s'associer les pressions humaines exercées sur le littoral notamment les prélèvements de sables pour les constructions, etc. (Thior M. et al., 2020). On peut aussi y associer les effets splash des toitures en zinc qui intensifient les facteurs sus-énumérés.

Hypothèse du phénomène d'eustatisme dans les iles

L'élévation du niveau de la mer (eustatisme) découle du double effet de la dilatation thermique des mers et de la fonte accrue des glaciers. Ce phénomène résulte des changements climatiques selon le GIEC et ont de larges répercussions sur les paysages humains et naturels de tous les océans et continents, menaçant donc les aspects du développement. Ainsi, l'élévation du niveau marin serait en partie responsable de la vulnérabilité des ressources en eau, surtout dans les zones côtières (Descroix L. et al., 2015a ; Janicot S. et al., 2015 ; Bates B. C. et al., 2008). Et, d'après le GIEC (2014), ces systèmes côtiers et les zones de faible altitude seront de plus en plus exposés aux effets de l'élévation du niveau marin notamment à la submersion, aux inondations, à l'érosion et à des intrusions salines pendant toute la durée du XXIème siècle et au-delà.

Comme pour toute la zone côtière du Sénégal, le littoral Casamançais n'est pas épargné. En effet, il est très affecté par les impacts de l'élévation du marin selon Sané T. et al., 2010. Les conséquences qui en découlent sont nombreuses : érosion côtière, destruction des zones de marais littoraux (avec rizières, mangroves, pâturages, etc.), pénétration plus importante de l'eau salée dans l'estuaire, d'où la salinisation des sols, et le risque accru de submersion lors des fortes marées. De même, les îles dans ce milieu sont fortement menacées. En guise d'exemple, la phare de Diogué se trouve de nos jours à plus d'une centaine de mètres dans l'eau ; cela veut dire qu'en l'espace de 40 ans, la mer a gagné plus de 100m, obligeant des quartiers entiers à se délocaliser, des populations à abandonner leurs rizières (Descroix L. et al., 2015a). Ces problèmes accentuent la problématique de l'accès à l'eau potable qui est déjà très difficile du fait de la contamination des nappes par l'eau de mer.

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DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

II. DYNAMIQUE DE LA SALINITE DANS LA PARTIE AVAL DE L'ESTUAIRE

La définition d'un estuaire inverse implique des facteurs hydrodynamiques en partie responsables des phénomènes d'invasion marine. Ces facteurs, engendrés par la circulation et la propagation des ondes et courants de marées, influent fortement sur les processus de salinisation des eaux (Diop E. S., 1986). Dans l'estuaire de la Casamance, quelle que soit la station, et l'époque de l'année, la salinité moyenne est plus forte à marée haute qu'à marée basse qui la précède ou la suit (Brunet-Moret Y., 1970). En effet, ce milieu fait partie de ces environnements où les processus de salinisation des eaux sont un phénomène marquant et bien documenté (Diop E. S., 1986 ; Marius C., 1985, Lahoud A., 1988, Sané T., 2017, Thior M. et al., 2019a).

II.1. Régime des marées dans l'estuaire de la Casamance

L'étude des marées en Casamance a bien été documentée par Brunet-Moret Y. (1970). Dans l'estuaire de la Casamance, l'essentiel de l'hydrologie est lié à la marée qui entraine l'existence d'une zone intertidale comprise entre les laisses de haute mer et de basse mer (Lahoud A., 1988). Dans cette région, les marées sont de régime semi-diurne, c'est-à-dire que les étales durent peu de temps. Il en résulte un ensemble de facteurs caractérisés par des variations de salinité en fonction de l'évolution des hauteurs d'eau (Brunet-Moret Y., 1969). En effet, la marée est le principal facteur du mouvement de l'eau dans les estuaires. Elle y exerce une influence prédominante sur les apports en eau douce (quand ils existent) en apportant de l'eau de mer responsable de la sursalure du fleuve tout en favorisant les phénomènes d'intrusion saline (Diop E. S., 1986). La faiblesse des pentes explique la pénétration profonde de ce phénomène (marée) à l'intérieur du bassin plaçant ainsi l'ensemble de la Basse Casamance dans le bief maritime (Malou R., 1992).

06/03/

08

16

07/03/

08

16

08/03/

08

16

09/03/

08

16

10/03/

08

16

11/03/

08

16

12/03/

08

16

13/03/

08

16

14/03/

08

16

15/03/

08

16

16/03/

08

16

Jours

H (mm)

1800

1600

1400

1200

1000

400

200

600

800

0

Figure 20: Hauteurs d'eau (mm) en fonction du temps à partir du 06/03/2020 à 00h au 16/03/2020 à 23h (Source : données LMI PATEO/UASZ, 2020)

60

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

Dans la partie d'embouchure du fleuve, notamment à Carabane, la dynamique marine se fait sentir avec des fluctuations de hauteur d'eau très variables en fonction du temps. Ces variations sont constituées par les hautes eaux et les basses eaux. En effet, selon qu'il s'agisse de pleine mer ou de basse mer, le régime de salinité du fleuve est influencé. De plus, le marnage (différence entre les variations de hauteurs d'eau) est élevé avec des écarts considérables de l'ordre de 1507,7mm. Ainsi, les hauteurs d'eau varient entre 1554,3mm et 46mm à la station hydrométrique de Carabane.

II.2. Evolution de la salinité à la station marégraphique de Carabane

L'évolution de la salinité dans le fleuve Casamance est commandée par plusieurs facteurs à savoir la marée, les apports pluviométriques, les pentes etc. Dans la partie de l'embouchure, les pentes sont très faibles et l'influence de la marée océanique très sensible. Cette dernière constitue selon Brunet-Moret Y. (1970), la principale cause de sursalure du fleuve Casamance en raison de l'eau de mer qu'elle y apporte. C'est ce qui explique la salinité proche de celle de la mer (autour de 35g/l) observée dans cette partie aval du fleuve notamment la zone comprise entre l'embouchure et la pointe St-George (Sané T., 2017).

Pour comprendre l'évolution de la salinité, il serait pertinent de remonter depuis les observations de Brunet-Moret Y. (1968-1970) jusqu'à celles récentes afin de comprendre la dynamique de celle-ci. En effet, pour ces observations, le profil de la salinité dans le fleuve Casamance serait saisonnier. Le minimum serait observé en fin d'hivernage vers le mois d'octobre et le maximum en début au mois de mai, juin ou juillet. Ainsi, sur les observations effectuées entre juin 1968 et juin 1970 à Ziguinchor, il apparaît que les plus faibles salinités ont été relevées en octobre 1969 (4,1g/l). Cependant, les fortes valeurs ont été notées le 29 juin 1969 (40,65g/l), le 4 mai 1970 (40g/l) ainsi que le 16 juin 1970 (40g/l).

Salinité en g/l

45

40

25

20

35

30

15

10

5

0

Mois

1968 1969 1970

Figure 21: Evolution de salinité à Ziguinchor (Source données: Brunet-Moret Y., 1970)

61

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

Au regard de ce graphique ci-dessus, il apparait que la distribution de la salinité varie d'année en année. Cette lecture annuelle est beaucoup plus illustrative sur les études réalisées par Le Reste L. et al., (1992). Ces dernières qui consistaient également à un recoupement des différentes observations de salinité effectuées dans le fleuve Casamance à Ziguinchor9, révèlent une évolution saisonnière et interannuelle. Ainsi, pour ces auteurs, la salinité dans cette partie du fleuve varie saisonnièrement devenant maximale en juin-juillet vers la fin de la saison sèche, et minimale, en octobre-novembre vers la fin de l'hivernage. Cette évolution est similaire à celle décrite par Brunet-Moret Y. (1970) et Diop E. S. (1986) mais avec une tendance à la hausse.

Salinité en g/l

40

20

70

60

50

30

10

0

1966 1967 1968 1969 1975 1976 1977 1978 1981 1982 1983 1984 1985

Années

Saison sèche Saison humide

Figure 22: Evolution de la salinité en fonction des saisons entre 1966 et 1985 à Ziguinchor
(Source données : Le Reste et al., 1992)

La figure ci-dessous permet d'illustrer cette dynamique. Elle montre que les taux de salinité ont

commencé à noter une hausse à partir de 1968. Selon qu'il s'agisse des maxima ou des minima, l'allure de la courbe tend à la hausse avec des maximas pouvant atteindre 58 g/litre (1978) et des minimas de l'ordre de 44 g/litre (1983). Selon Le Reste L. et al., (1992), cette évolution témoigne de la sensibilité de la salinité par rapport aux apports pluviométriques. Pour lui, l'augmentation observée des maximales tout comme des minimales de salinité entre 1966 et 1985 est due en grande partie à la baisse de la pluviométrie à partir de 1968. Cette sensibilité est très manifeste surtout si l'on associe les variations pluviométriques comme le montre la Figure 23.

En analysant cette figure, il apparait que les dynamiques de précipitations et de salinité sont inversement proportionnelles. Cela témoigne tout simplement de la sensibilité de l'évolution de

9 Ces observations ont été effectuées par différents auteurs notamment BRUNET-MORET (1970); MARIUS (1976); ORSTOM (1977); PAGES, com. pers.; LE RESTE (1984,1987).

62

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

la salinité par rapport à l'évolution interannuelle de précipitation pendant la même période considérée. Le constat est surtout explicite avec les deux extrêmes encadrés. Plus il y a déficit, plus les taux de salinité augmentent.

Evolution de la salinité en saison humide à la station hydrométrique de Ziguinchor de 1966 à 1985

60

40

20

33

31

9

8

38

37

3

30

23

12

44

Salinité (g/l)

3

25

3

Taux de salinité en saison humide

0

1966 1967 1968 1969 1975 1976 1977 1978 1981 1982 1983 1984 1985

1966 1967 1968 1969 1975 1976 1977 1978 1981 1982 1983 1984 1985

2,5

2

1,5

1

SPI

Evolution des ISP à la station de Ziguinchor de 1966 à 1985

0,5

0

- 0,5

- 1

ANNEES EXCEDENTAIRES

- 1,5

- 2

ANNEES DEFICITAIRES

- 2,5

Figure 23 : Evolution de la salinité en saison humide en fonction des ISP dans la partie aval du fleuve

Cependant, il convient de souligner que la dynamique saline dans la partie aval du fleuve est très versatile et n'interprète pas toujours la logique comme susmentionné.

Pour corroborer, les observations récentes effectuées à la station de Carabane10 décrivent des évolutions très variables de même qu'une distribution très irrégulière avec des maxima et des minima qui varient d'une année à l'autre. Durant ces trois années étudiées (2017, 2019 et 2019), la salinité varie entre 10 (juin 2020) et 53,7g/litre (novembre 2017) ; ce qui témoigne d'une grande variation de celle-ci. L'année 2017 a enregistré des salinités beaucoup plus importantes ou parfois similaires à celles des années étudiées plus haut par Le Reste L. et al. (1992). Pendant cette période, la salinité la plus faible était de 39g/l et était observée au mois de février.

10 Les observations de la salinité à Carabane ont été réalisées par LMI PATEO IRD/UASZ

63

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

Autrement dit, pendant l'année 2017, cette partie du fleuve était hypersalée comme le montre les taux de salinité. Cet état, de fait, peut-être expliqué soit par les apports pluviométriques, soit par la marée ou autres facteurs endogènes. Or si l'on se réfère à la pluviométrie de cette même année ou de la précédente, on voit qu'elles ont été toutes excédantes. Ce qui laisse à supposer que ces fortes valeurs observées ne peuvent être dues que par la marée ou autres facteurs que la pluviométrie. Ces fortes valeurs ne font qu'apprécier la forte salinisation des eaux de la zone. Cet état, de fait, démontre la complexité de la dynamique actuelle de la salinité, marquée par des distributions non saisonnières et parfois même insensibles à la pluviométrie annuelle locale.

Salinité en g/l

40

20

60

50

30

10

0

Janvier Février mars avr mai juin juil août sept oct nov Dec

Mois

2020 2019 2017

Figure 24: Evolution de la salinité à la station de Carabane (Source : données LMI PATEO

IRD/UASZ, 2020)

L'année 2019 n'est pas aussi en reste, elle présente également des taux de salinité élevés mais plus faibles que celles de 2017. Durant cette année, la salinité variait entre 25,6 et 35,7g/l. Cette situation peut être attribuée à la pluviométrie déficitaire observée cette même année. Par contre, même si les apports pluviométriques ont une forte influence sur la dilution des eaux salées, il convient d'émettre des réserves par rapport aux facteurs responsables de la salinité, sachant que l'année 2017 a été beaucoup plus pluvieuse et plus salée. Cependant, il faut noter que l'année 2020 est celle qui a connu les valeurs les plus modérées pendant toute la durée étudiée avec une salinité qui varie entre 36,7 et 10,1g/l. Cette année a connu une pluviométrie très excédentaire avec plus de 2000mm de cumul. Ce paramètre peut se révéler comme étant le facteur de cette baisse puisque les plus faibles salinités ont été observées entre mai et novembre. Pendant cette période, la salinité varie entre 24,9 et 10,1g/l.

Tout comme Ziguinchor, la zone de Carabane à proximité de l'embouchure est sous influence saline. Même si les dynamiques ne sont pas les mêmes, les variations de salinité sont très importantes. La particularité réside par rapport à la distance à l'embouchure. Selon Diop E. S.

64

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

(1986), le profil de la salinité est croissant de l'aval vers l'amont en saison sèche et décroissant de l'aval vers l'amont en saison des pluies. Ces profils ont été illustrés par Brunet-Moret Y. (1970), Diop E. S. (1986) Pagès J. et al. (1987), Sané T. (2017). Toutefois, ils cachent plusieurs disparités et varient en fonction des années.

L'analyse de la Figure 24 laisse beaucoup d'ambiguïté en raison de la forte dispersion des taux de salinité en fonction des années mais également des mois. De même, le caractère irrégulier des précipitations, les marées et l'influence de leur courant font que les profils de salinité ne suivent pas toujours les mêmes règles. Il est donc difficile d'interpréter cette variabilité en l'absence d'informations sur la distribution des variables de la marée ou autres données connexes. Seule la pluviométrie qui était disponible pour pouvoir analyser ce graphe et sa faible pertinence par rapport à la compréhension des fortes salinités de 2017 (année excédentaire) impose le doute. Pour ce faire, des études supplémentaires méritent d'être réalisées afin de comprendre tous les facteurs afférents à cette dynamique actuelle de la salinité à la station de Carabane.

II.3. Etude diachronique de l'évolution des terres salées dans les communes de Kafountine et Diembéring

L'analyse diachronique de l'évolution de la salinité à travers l'occupation du sol a pour objectif la compréhension de l'expansion des terres salées (tannes) afin de mieux voir la dynamique saline dans cette zone. Pour cela, le travail cartographique a été mené sur une grande partie des communes de Kafountine et Diembéring où est localisée la zone d'étude. Ce travail a permis de faire ressortir une monographie de quelques unités paysagères notamment les surfaces d'eau, la mangrove, les tannes, les rizières, les vasières ainsi que la forêt. La méthodologie utilisée a été décrite dans la partie introductive (III.3.2) de ce mémoire. Les années retenues pour l'étude concernent entre autres 1973, 1986, 2003 et 2019.

Les résultats d'analyse de cette étude montrent d'importantes dynamiques durant la période étudiée. Ainsi, pour mieux comprendre cette dynamique, une analyse détaillée année par année sera effectuée afin de déterminer l'état des lieux du milieu de façon séquentielle. Pour Badiane S. D. (2012), cette démarche permet d'avoir une lecture référentielle plus nette permettant de rendre aisé l'analyse du processus d'évolution de l'espace selon les années considérées. Enfin, une analyse thématique de l'évolution des terres salées (tannes) pendant cette période sera réalisée afin d'avoir un aperçu de l'extension de ces dernières dans cette zone choisie.

65

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

Tableau 9: Statistiques de l'occupation du sol de 1973 à 2019

 

1973

1986

2003

2019

Superficie (ha)

%

Superficie (ha)

%

Superficie (ha)

%

Superficie (ha)

%

EAU

12899,93

16,86

13954,643

15,14

14511,942

15,35

14619,815

16,48

FORET

4513,662

5,90

6217,77

6,75

8329,9

8,81

4304,924

4,85

TANNE

4977,095

6,50

12190,726

13,23

5262,755

5,57

23453,93

26,45

VASIERES

7302,076

9,54

19294,979

20,94

20020,366

21,18

7039,353

7,94

MANGROVE

35469,16

46,34

36086,704

39,16

36900,74

39,03

34774,581

39,21

RIZIERE

11372,593

14,86

4418,733

4,79

9512,606

10,06

4494,635

5,07

Total

76534,516

100

92163,555

100

94538,309

100

88687,238

100

Source : Landstat, DTGC

II.3.1. Occupation du sol en 1973 à 2019

L'occupation du sol entre 1973 et 2019 a connu une dynamique très mouvementée des

différentes unités paysagères. Cette dynamique est façonnée par divers facteurs. Ainsi en 1972, l'occupation était particulièrement prédominée par la forêt de mangrove qui occupait 35 469ha, suivi des surfaces à eau et des rizières avec respectivement 12 899,93ha et 11 372,59ha. Ensuite viennent les vasières, les tannes et la forêt avec respectivement 7302ha, 4977ha et 4513,662ha.

Evolution en %

-100

200

150

100

-50

50

0

TANNE EAU RIZIERE MANGROVE VASIERES FORET

Unités paysagères

Figure 25: Evolution de l'occupation du sol entre 1973 à 1986 en %

66

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

Treize ans après, ces unités ont subi de grands changements avec parfois des régressions ou des extensions de surfaces. Parmi elles, les plus marquantes ont été les vasières (19 295ha) et les tannes (12 190,7ha) qui ont connu des extensions considérables de plus de 100% de leurs espaces entre 1973 et 1986. De même, la forêt (6 217,77ha), les surfaces d'eau (13 954,6ha) et la mangrove (36 086,704) ont vu leurs superficies augmentées respectivement de 37%, 8% et 1,7%. Par contre, les surfaces rizicoles (4 418,7ha) ont régressé de 37,7%. Ceci témoigne de l'existence de facteurs en partie responsables de ces mutations notamment le contexte climatique des années 1970-1980. Celui-ci comme renseigné au premier chapitre de cette partie, a eu de lourdes conséquences sur les écosystèmes. En effet, la sécheresse a favorisé un déficit hydrique et une augmentation des variables thermiques en parties responsable de l'évolution des terres salées et des vasières. Par conséquent, certains territoires rizicoles ont dû être abandonnés en raison de la salinisation des terres et des précipitations moins abondantes. Cependant, la stabilité d'évolution de la mangrove par rapport à ces problèmes de déficit pluviométriques et de salinisation peut s'expliquer par rapport à son adaptation à ceux-ci. En effet, selon Descroix L. et al., la mangrove est une formation végétale adaptée au battement des marées comme aux variations de la salinité de l'eau des mers. Toutefois, l'extension de la forêt peut être expliquée par sa capacité d'adaptation. Les surfaces d'eau, quant à elles, ont connu également une avancée en raison des phénomènes d'érosion qui favorisent leur extension à l'intérieur de certaines terres nues.

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

.

67

Figure 26: Occupation du sol en 1973 Figure 27: Occupation du sol en 1986

68

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

Au regard des modifications notées en 1986, une nette amélioration des conditions environnementales est observée en 2003. Ces dernières peuvent être expliquées par le léger retour à la pluviométrie normale constatée. En effet, les années 1999, 2000, 2001 et 2003 ont connu des cumuls pluviométriques améliorés dans les trois stations (Oussouye, Diouloulou et Ziguinchor) variant entre 1945mm à 1141mm. On peut comprendre que ces conditions pluviométriques favorables soient à l'origine de la régression des terres salées (5262,7ha) avec -56% de l'occupation couvert en 1986. Avec un retour à la pluviométrie, les rizières (ont vu leur espace augmenté de 115,3%, ce qui témoigne de la volonté des populations à reprendre cette activité autrefois menacée. De même, le couvert forestier (8329,9ha) a connu une extension de 34% pendant cette période. Les surfaces d'eau (14511,9ha), les vasières (20020,4ha) et la mangrove (36900,74ha) eux aussi n'ont pas connu de régression puisqu'une légère augmentation de leur superficie a été observée avec respectivement 4%, 3,7% et 2,2%. Ces variables expriment le comportement des unités paysagères par rapport à l'évolution pluviométrique.

Evolution en %

120

100

-20

-40

-60

40

20

60

80

0

TANNE EAU RIZIERE MANGROVE VASIERES FORET

Unités paysagères

Figure 28: Evolution de l'occupation du sol entre 1986 et 2003

Tout comme 1986, l'année 2019 sera marquée par une crise déterminante due à plusieurs facteurs tels que l'irrégularité des précipitations et les activités anthropiques. Il faut noter que les années 2018 et 2019 étaient déficitaires dans toutes les stations étudiées. Ces variations associées aux activités socio-économiques ont fortement modifié la dynamique paysagère. Ainsi, il en a résulté une forte extension des terres salées (345,6%) en partie responsable de la régression de la mangrove (-5%) et terres rizicoles (-52,7%). Les vasières ont également vu leur superficie régressée de -64,8%. Avec les activités socio-économiques, la forêt a perdue 48% de son aire entre 2003 et 2019. Toujours avec les phénomènes d'érosion côtière, on peut comprendre que les surfaces d'eau aient augmentées.

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN

69

Figure 29: Occupation du sol en 2003 Figure 30: Occupation du sol en 2019

70

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN

BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

TANNE EAU RIZIERE MANGROVE VASIERES FORET

350

300

Evolution en %

250

200

150

100

50

0

-50

-100

Unités paysagères

Figure 31: Evolution de l'occupation entre 2003 et 2019

III.3.1. Analyse de l'évolution des tannes entre 1973 à 2019 dans les communes de

Kafountine et Diembéring

Parmi les variations paysagères observées au cours de la période 1973 à 2019, la plus marquante reste l'évolution des terres salées (tannes). Celles-ci ont connu des extensions considérables spatio-temporelles. En effet, excepté 2003, toutes les autres périodes ont connu des dynamiques très significatives de l'évolution de ces surfaces. Largement documentées par ces auteurs (Bassene O. A., 2016 ; Loyer J-Y. et al., 1986), l'évolution des tannes (sols nus pour certains) est étroitement liée à la dégradation des conditions météorologiques de la région. Ainsi, pour Bassene O. A., (2016), les périodes de faible pluviométrie, de fortes chaleurs et de remontée de la langue salée sont particulièrement responsables de l'extension de ces surfaces salées. Parallèlement, Loyer J-Y. et al., (1986) soutiennent que les conséquences dramatiques induites par la sécheresse dans le domaine fluviomarin casamançais seraient à l'origine de cette extension.

Mais le facteur le plus déterminant de cette extension reste sans doute la particularité des variations de salinité observées dans cette partie aval du fleuve. Même si celle-ci peut être parfois attribuée à la pluviométrie un peu irrégulière caractérisée par tantôt des excédents, tantôt des déficits, il convient d'y associer la faible topographie de la zone et les mouvements de marée qui se font sentir.

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN

BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

Figure 32: Evolution des terres salées entre 1973 et 2019

71

72

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN

BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

III. MECANISME DES INTRUSIONS SALINES DANS LES AQUIFERES EN MILIEU INSULAIRE (PRINCIPE DE GHYBEN-HERSBERG)

Les aquifères côtiers sont le lieu de rencontre de deux types d'eaux souterraines. D'une part, nous avons les eaux douces provenant de l'infiltration des précipitations et des eaux de ruissellement au niveau de la surface continentale et d'autre part les eaux salées qui imprègnent les terrains au voisinage des côtes où pénètrent les cours d'eau au niveau des estuaires, pouvant ainsi donner lieu à la salinisation des eaux souterraines en relation hydraulique avec les eaux de surface (océan, rivières) (Dörfliger N. et al., 2013).

La liaison de la Casamance avec la mer en fait par défaut un milieu thalassique (Marius C., 1980). Avec une faible topographie, la diminution des apports pluviométriques survenue pendant la période de sécheresse aura comme conséquence les phénomènes d'intrusions salines (Mikhailov, V. N., 2008). Ces intrusions salines parviennent le plus souvent à une contamination des aquifères côtiers, sous l'effet du biseau salé. Dans ces milieux insulaires, l'eau douce de l'aquifère est en contact permanent avec l'eau salée de la mer qui l'entoure. Ainsi, la nappe d'eau « flotte » sur une nappe d'eau salée avec pour seule séparation une zone de transition d'eau saumâtre (White et Falkland, 2010, cités par Chaillou G. et al., 2012). Ce qui fait que les nappes, en particulier celles superficielles du CT, seront sous influence saline hypothéquant par ailleurs l'approvisionnement en douce de la population (Montoroi J. P., 1989). De ce fait, une migration permanente du biseau salé sous un puits (source d'approvisionnement) rend la non potabilité de la ressource en eau pour les consommateurs insulaires.

Les zones d'eau douce et d'eau salée au sein des aquifères côtiers sont séparées par une zone de transition ou d'interface explicitée par Ghyben (1888) et Herzberg (1901). En effet, le principe de Ghyben-Herzberg repose sur l'équation d'équilibre hydrostatique entre l'eau douce et l'eau de mer, supposées non-miscibles. Selon ce principe, en un point quelconque de la nappe, l'interface eau douce/eau salée se situerait à une profondeur égale à environ 40 fois l'altitude du niveau piézométrique de la nappe au-dessus du niveau moyen de la mer compte tenu des différences de salinité et donc de densité des eaux (Vittecoq B. et al., 2007). Dans cette zone de transition, les deux eaux se mélangent (Barlow, 2003). Il en résulte l'équation, appelé Ghyben-Herzberg, suivante :

?? = P?? h

PS

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DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN

BASSE-CASAMANCE INSULAIRE

Z : épaisseur située en dessous du niveau de la mer PÉ : densité de l'eau douce (1g/cm3)

Ps : densité de l'eau de mer (1,025g/cm3)

h : épaisseur située en dessus du niveau de la mer

L'épaisseur totale de zone d'eau douce est la somme des zones d'eau douce situées au-dessus et au-dessous du niveau de la mer : Z+h.

Figure 33: Modèle conceptuel de la lentille d'eau douce [échelle verticale non respectée]

par Bourhane (2014)

La présence de cette zone d'interface dans un environnement complexe (estuaire inverse), associée à une irrégularité des précipitations fait des îles un monde vulnérable en ce qui concerne la qualité de l'eau potable.

CONCLUSION DEUXIEME PARTIE

En résumé, l'analyse des facteurs à l'origine des modifications environnementales en Basse-Casamance insulaire laisse apparaitre plusieurs enseignements du milieu. D'abord, la variabilité climatique en particulier la péjoration pluviométrique a fortement influencé le fonctionnement hydrologique de la région avec les phénomènes d'hypersalinisation du réseau hydrographique. Ainsi, il en a découlé une augmentation de la salinité du fleuve notamment dans la partie avale. Ceci est exacerbé par une topographie relativement faible et une érosion côtière sans précédent déplaçant l'influence marine jusqu'à l'intérieur des terres menaçant ainsi la disponibilité en eau douce des îles en particulier. Cet état de fait constitue un enjeu conséquent par rapport à la vulnérabilité des ressources en eau douces notamment l'accès à l'eau potable pour les populations insulaires. Cette problématique liée en grande partie à la salinisation du potentiel hydrique (ressources en eau superficielles et souterraines) influe sur la qualité et par conséquent sur la quantité de la ressource en eau potable disponible.

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TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE DANS LES ILES DE NIOMOUNE,

DIOGUE ET CARABANE

TROISIEME PARTIE :

ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE, DIOGUE ET
CARABANE

« L'eau douce est l'un des premiers besoins ; dans Molène, il n'y a qu'un puits où on en peut puiser [...] ; ce puits manquant, l'île deviendrait inhabitable ».

Cahier de doléances de l'île de Molène, 1789.11

11 Chiron T. (2007) : Quelle gestion durable des ressources en eau et du risque de pénurie sur les petites îles ? Application aux îles de Bretagne (France) ; Thèse de Doctorat ; Université de Bretagne Occidentale Institut Universitaire Européen de la Mer Laboratoire Géomer LETG - UMR 6554 CNRS

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TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE DANS LES ILES DE NIOMOUNE,

DIOGUE ET CARABANE

CHAPITRE V : ACCES A L'EAU POTABLE DANS LES ILES

DE NIOMOUNE, DIOGUE ET CARABANE

« Aucune société au monde ne peut prétendre à un développement durable si elle ne résout pas a priori la problématique de la ressource d'eau douce aussi bien sur le plan de l'approvisionnement de sa population en quantité et en qualité [...] ».12 L'accès à une eau potable de quantité et de qualité a été déclaré comme un droit fondamental à tout être humain et est inscrite dans les plus grandes préoccupations internationales notamment dans les perspectives de développement durable. De ce fait, l'adoption des 17 ODD en 2015 par les Nations-Unies en 2015 a marqué un tournant décisif dans la gestion des ressources. De là, l'accès à l'eau potable occupe une place fondamentale où il partage l'ODD6 avec l'assainissement et l'hygiène. Ces ODD remplacent ou complètent les OMD dont le Sénégal avait affirmé leurs atteintes deux ans avant même leur date d'échéance. Placé en ODD6.1, l'objectif est d'assurer d'ici 2030 l'accès universel et équitable à l'eau potable, à un coût abordable. Cet objectif est beaucoup plus pertinent que l'OMD7 qui visait à réduire de moitié la proportion de la population qui ne bénéficiait ni d'eau potable ni d'assainissement. De ce fait, l'ODD6.1 vise un accès universel et équitable de tous.

Figure 34: service d'approvisionnement d'eau potable géré en toute sécurité (ODD6.1)

par JMP, 2017

L'atteinte de cet objectif, plus précisément l'ODD6.1, devra donc remplir un certain nombre de

critères de telle sorte le point d'eau soit accessible à domicile, que l'eau soit disponible au besoin, et que l'eau fournie soit exempte de toute contamination pour que l'accès soit considéré comme universel et équitable (JMP, 2017). En effet, l'accès à l'eau potable a été mesuré suivant les critères définis par l'OMS et l'UNICEF dans un rapport thématique sur l'eau potable de Joint Monitoring Program de 2017 et qui servent de référence en la matière. Selon ce rapport, plusieurs critères d'accès à l'eau potable peuvent être appréciés :

12 Pierre Ndour (2008) : Etude hydropluviometrique des bassins- versants de l'arrondissement de Fimela : cas de la Vallee de Boyard ; Mémoire de Maitrise ; UCAD

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DIOGUE ET CARABANE

V' L'accès est optimal si le ménage utilise un service d'alimentation en eau potable géré en toute sécurité. Dans ce cas, l'eau provient d'une source améliorée13 située sur place et disponible en cas de besoin, exempte de contamination de matières fécales et des produits chimiques d'intérêt prioritaire.

V' En revanche, si le point d'eau amélioré se situe à proximité du domicile (un trajet complet, y compris le temps d'attente, de moins de 30 minutes), le service est considéré comme « élémentaire ».

V' Si un ménage utilise un point d'eau amélioré qui ne se situe pas à proximité du domicile (soit un trajet complet, y compris le temps d'attente, de plus de 30 minutes), alors il dispose d'un service dit « limité ».

V' Cependant il a un accès « non amélioré » lorsque l'eau provient d'un puits non protégé ou d'une source non protégée

Ces différents critères mettent en exergue plusieurs disparités dans l'accès à ce liquide précieux. Selon qu'il s'agisse de milieux défavorisés ou de milieux développés, plusieurs inégalités peuvent resurgir. Or d'après le JMP (2017) l'ODD6.1 se doit d'éliminer les inégalités sociales en matière d'accès à l'eau potable. Pour ce faire, les actions doivent se concentrer chez les minorités c'est-à-dire les populations à faible revenu ou démunies, car pour Sarr C. S. et al., (2017) le manque d'eau potable est synonyme de pauvreté. Selon lui, les milieux ruraux sont les plus vulnérables au manque d'accès à la denrée rare qui y présente le plus souvent un risque de santé.

Ces problèmes énumérés combinés à des facteurs géographiques et climatiques défavorables font de l'accès à l'eau potable en quantité et en qualité une problématique majeure en zone insulaire Basse-Casamançaise. Dans ces milieux les points d'eau disponibles sont le plus souvent des sources non protégées (puits non protégés, marres, ba houwen, etc.) qui nécessitent parfois un long parcours. En plus de cela, la qualité de l'eau de ces sources pose un problème en raison de l'avancée du biseau salé. Cependant, les seuls points d'eau améliorés et disponibles demeurent les cuves à impluvium (dont le nombre est relativement faible et nécessitant une bonne gestion) à Niomoune, un peu à Diogué et les quelques rares puits modernes protégés. Différentes sources d'approvisionnement sont exploitées par les populations qui en exercent plusieurs usages au moyen de techniques parfois contraignantes et avec un arsenal de savoir-faire afin de rendre potable l'eau.

13 Les points d'eau améliorés incluent les points d'eau raccordés par canalisations, les puits tubulaires ou forages, les puits protégés, les sources protégées, les eaux de pluie et les eaux conditionnées ou livrées.

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I. EAU ET USAGES DE L'EAU

I.1. Les différents points d'eau disponibles

Dans les îles étudiées, les opportunités d'accès à l'eau potable sont offertes par les puits, les eaux issues de la collecte pluviale dans l'ensemble des trois îles, les cuves à impluvium à Niomoune et un peu à Diogué, les marres et dans une certaine mesure par les Bahouwen14 à Niomoune. Sur ces différentes sources, deux sont permanents (puits et marres) et sont régulièrement soumis à l'influence marine et donc de l'avancée de la langue salée. Les deux autres précités sont des stratégies d'adaptation à la problématique d'accès à l'eau potable.

CONCESSIONS EN %

100%

40%

20%

60%

80%

0%

PUITS COLLECTE

EAU

PLUVIALE

94% 88%

CUVE A
IMPLUVIUM

61%

SOURCES

MARRES AUTRES FORAGES

17% 10%

1%

Figure 35: Sources d'approvisionnement en eau potable

Les points d'eau correspondent aux sources d'approvisionnement en eau potable et peuvent être réparties entre : les points d'eau améliorés et les points d'eau non améliorés

I.1.1. Les puits

Un puits est un ouvrage de captage vertical permettant l'exploitation de l'eau de la nappe, contenue dans les interstices ou dans les fissures d'une roche du sous-sol qu'on nomme aquifère. L'eau peut être remontée au niveau du sol grâce à un récipient (seau par exemple). Les puits représentent la source d'approvisionnement la plus convoitée dans ces îles. D'après les enquêtes réalisées, 94% des populations utilisent cette source. Elle est composée de deux catégories : les puits traditionnels et les puits modernes et/ou à motricité humaine.

Les puits traditionnels sont très fréquents surtout à Diogué, à Carabane, et au nombre de deux à Niomoune. Ils sont plus anciens, non protégés et forment le plus grand nombre de sources. Leur profondeur est faible (2 à 6m) et variable en fonction des zones. A cause de cette faible profondeur, la plupart d'entre eux sont soit abandonnés, soit utilisés pour les tâches ménagères en raison de leur contamination par les intrusions salines. Seulement un petit nombre parvient

14 les casiers creusés dans les rizières pendant la saison sèche et qui une eau douce

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jusqu'à présent à répondre à la boisson. Pendant l'hivernage, l'eau est très agitée avec les phénomènes d'éboulement et autres contaminations. La vulnérabilité de ces ouvrages réside sur leur absence de protection, leur tarissement fréquent pendant la saison sèche, les phénomènes d'éboulement, la salinisation des eaux, etc. Ces sources sont plus problématiques que les puits modernes qui sont protégés et moins contraignantes d'utilisation.

Photo 4: Puits localisés à côté de l'église de Carabane (à gauche) et à Niomoune (à droite)

(P. S. DIOP, 2020)

Contrairement aux puits traditionnels, les parois de ces puits sont tenues par des buses en béton armé et la profondeur est beaucoup plus importante. Ces sources sont en nombre extrêmement limité et sont localisés au niveau des établissements scolaires. Ils sont bien protégés et l'exhaure se fait à l'aide d'une poulie. De ce fait, ces sources peuvent être considérées comme des points d'eau améliorés. Cependant, certains d'entre eux présentent une salinité supérieure à la norme ou des caractères physico-chimiques indésirables.

I.1.2. Les mares

Les mares sont des étendues d'eaux naturelles stagnantes qui se trouvent le plus souvent dans des dépressions alimentées soit par une nappe phréatique proche de la surface soit directement par les apports pluviométriques. Dans tous les cas, le niveau de l'eau varie en fonction des pluies. 17% des concessions enquêtées utilisent cette source comme approvisionnement en eau. Connu sous le nom de « é houwa » à Niomoune ou « é bila » à Diogué, la mare constitue une source d'eau douce à Niomoune où elle est très sollicitée juste après l'hivernage pour les tâches ménagères (cuisine et autres tâches) et même pour la boisson d'après certains. Selon les populations de cette localité, ces sources qui se remplissaient en hivernage gardaient d'antan l'eau douce jusqu'en avril et aussitôt s'enchainaient les premières pluies de mai. Mais depuis l'installation de la sécheresse, celles-ci tarissent dès le mois de décembre ou alors leurs eaux deviennent salées juste à la fin des pluies ou encore la couleur change. Au niveau de Diogué, ces étendues existent mais ne sont pas sollicitées.

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Photo 5: La mare sacrée de Niomoune au quartier Some (P. S. DIOP, 2020)

Photo 6: Mare utilisé à la période de février au quartier Elou (Niomoune) (P. S. DIOP, 2020) I.1.3. Les cuves à impluvium

Les cuves à impluvium, ou citernes pour les habitants, sont des systèmes de captage et de conservation des eaux pluviales et ne sont présentes qu'à Niomoune (5 dont 2 fonctionnelles) et à Diogué (1 seul fonctionnel). Elles sont construites par des ONG au moyen des projets de développement afin d'aider les populations à disposer d'une eau potable pendant la saison sèche. Cette source peut être considérée comme un point d'eau amélioré selon l'OMS (2012).15 D'après les enquêtes réalisées, 61% des concessions s'approvisionnent dans les cuves à impluvium. Cette eau est exclusivement réservée à la boisson pour la majeure partie de la population enquêtée. Par conséquent, ces stockages ne parviennent pas à satisfaire les besoins des populations à cause de leur tarissement au milieu de la saison sèche. Le problème de l'entretien pose également défaut puisqu'à Niomoune, sur cinq cuves construites, seules deux sont fonctionnelles.

79

15 https://www.who.int/water sanitation health/monitoring/jmp2012/key terms/fr/

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Photo 7: Cuve à impluvium à Diogué (P. S. Diop, 2020)

Photo 8: Cuve à impluvium à Niomoune (Source : A. Camara, 2003)

I.1.4. La collecte des eaux pluviales

La collecte des eaux pluviales se réfère à toutes les technologies qui récupèrent l'eau de pluie pour la rendre disponible à des fins domestiques.

Photo 9: Eau pluviale stockée à Diogué (P. S. DIOP, 2020)

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Cette eau est utilisée pour la boisson ou la cuisine après l'hivernage tout en passant le plus souvent par des méthodes de traitement comme le soulignent les populations et les ICP des différentes îles. Cette eau constitue la deuxième source d'approvisionnement la plus convoitée après les puits. En effet, 81% des concessions enquêtées utilisent cette source d'approvisionnement en eau.

I.1.5. « Ba houwen »

Les « ba houwen » sont de petits puits à faible hauteur creusés dans les casiers rizicoles après la récolte du riz. Ces puits substituent les autres sources en saison sèche. Ils sont le plus souvent rencontrés à Niomoune. L'eau collectée est parfois de qualité acceptable selon les populations interpellées et sert à divers besoins : la cuisine et les autres tâches ménagères. Certaines affirment qu'en fonction des milieux creusés, ce qui peut influer sur la qualité, ces sources peuvent même être utiles pour la consommation humaine si l'eau est traitée avec filtre et eau de javel.

Photo 10 :Ba houwen dans la rizière au quartier Houback (Niomoune) (P. S. DIOP, 2020)

I.1.6. Le forage

Ce type d'ouvrage n'existe qu'à Carabane. Il n'y a qu'un seul forage villageois, d'ailleurs en panne depuis 2019, ainsi que quelques forages privés servant d'approvisionnement à certains établissements touristiques. Seulement 1% de la population enquêtée affirme utiliser cette source. Ce qui laisse entrevoir que ce faible taux résulte de la panne du seul forage disponible et accessible à la population locale.

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Photo 11: Forage villageois en panne à côté du jardin des femmes (Carabane) (P. S. DIOP, 2020)

En résumé, nous pouvons dire que la majeure partie des populations des trois îles étudiées utilisent des points d'eau non améliorés pour leur approvisionnement en eau potable, ce qui peut présager un faible taux d'accès à cette denrée. Les quelques points d'eau améliorés existants sont soit des cuves à impluvium dont l'entretien pose problème, soit quelques rares puits protégés. Puisque les revenus des populations sont parfois très limités, nous pouvons supposer que l'absence de moyen justifie la faible présence des points d'eau améliorés. Et de plus, les cuves disponibles ont été réalisés avec l'appui d'ONG. Cet accès prend en compte également un facteur à savoir la disponibilité de la ressource, les formes d'usage, la distance parcourue et le coût nécessaire pour en disposer.

I.2. Disponibilité en eau potable

On entend ici par disponibilité celle de l'eau potable salubre et non celle de la ressource hydrique en général puisque celle-ci est en grande partie salée (bolons, fleuve, etc.). La disponibilité représente un critère fondamental dans l'évaluation du niveau des services d'alimentation en eau potable. Selon le JMP, l'ODD6.1 suggère une disponibilité à proximité du domicile d'un point d'eau fiable et approvisionné en quantité suffisante pour couvrir les besoins des ménages (besoin et tâches ménagères). De ce fait, l'approvisionnement doit être suffisamment continu pour permettre la collecte de quantités suffisantes pour satisfaire l'ensemble des besoins, sans compromettre la qualité de l'eau. De plus, pour apprécier cette disponibilité, l'OMS recommande un objectif de 35l par personne et par jour.

Cependant lorsque cette disponibilité pose problème, on peut sous-entendre qu'il y est plusieurs facteurs à l'origine. Puisque selon (Maslow, 2004) la quantité d'eau nécessaire pour assurer la

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survie et une bonne santé varie selon le climat, l'état de santé générale des populations touchées et leurs conditions physiques. Elle dépend aussi de la situation économique de la population, de leur niveau de développement et donc de tous les aspects d'inégalités. Ainsi, une population plus aisée ou développée utilisera beaucoup plus d'eau qu'une autre moins développée. Et aussi une population plus importante aura des besoins en eau beaucoup plus élevés que celle d'une faible population. Autant de disparités qui peuvent influencer la disponibilité en eau.

Dans les trois îles étudiées, la disponibilité est un fait aléatoire en raison de la vulnérabilité de la qualité et de la variabilité des précipitations. Ce qui amène Diatta M. C. B. C. (2008) à parler de pauvreté en eau dans ces milieux insulaires. En se basant sur la matrice de disponibilité en eau dans les milieux ruraux en Basse-Casamance en fonction des mois, il note que les villages insulaires à l'instar de Diogué et Carabane sont ceux qui capitalisaient les plus faibles seuils de pauvreté en eau des villages étudiés. Selon lui, cette faible disponibilité était déjà manifeste à partir du mois de mars à cause des phénomènes d'intrusion saline.

L'eau potable est-
elle disponible en
quantité
suffisante ?

Quantité d'eau
potable
disponible par
jour en bidon

Figure 36: Perception des usagers sur la disponibilité en eau potable

Ce phénomène souligné par Diatta M. C. B. C. (2008) était aussi mis en évidence par les populations enquêtées. En effet, 88% des concessions affirmaient ne pas disposer d'une quantité suffisante d'eau pour satisfaire leurs besoins quotidiens. Ces populations indiquent que cette pauvreté en eau est en grande partie liée à plusieurs problèmes notamment :

? Un manque de point d'eau amélioré c'est-à-dire des ouvrages de bonne qualité et disposant d'une eau de bonne qualité ;

? Du tarissement précoce de certains puits buvables ;

? De la faible présence des ouvrages de collecte d'eaux pluviales (cuves à impluvium). Partant du principe de l'OMS d'un besoin journalier de 35l/personne et compte tenu des observations de terrain, il est aisé de reconnaître que la ressource en eau potable n'est pas

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disponible en quantité suffisante. De plus, si l'on considère que la concession est composée de plusieurs ménages composés à leur tour de plusieurs occupants en moyens 4 ou 5 personnes, on peut donc supposer qu'une disponibilité d'au moins 140l est nécessaire pour pouvoir satisfaire aux besoins en eau potable de ces derniers. Cela fait une équivalence de 7 bidons de 20l. Or, comme il a été répertorié dans nos enquêtes, seules 10% des concessions affirmaient disposer d'une quantité comprise entre 100 et 150l par jour. Ce qui laisse supposer que la majeure partie des populations ne parviennent pas à satisfaire leurs besoins en eau potable journalier.

I.3. Mode de conservation des eaux

En fonction de l'éloignement ou non du point d'eau, la ressource en eau est stockée au préalable avant usage. Dans ces îles où la ressource est précieuse et difficile d'accès, l'économie ou la conservation de l'eau devient dès lors un impérieux besoin. Pour pallier cette demande en eau, les populations utilisent différents modes de conservation (Figure 37) pour le stockage de leur ressource. Ainsi, les bidons de 20 ou 60 litres sont les plus sollicités puisque 93% des concessions enquêtées utilisent ce mode de stockage. En plus des bidons, le vieux mode traditionnel (les canaris) demeure le deuxième moyen de conservation des eaux. Plus connus sous le nom de kabara ou kalouloum en Diola, ils ont longtemps servi de stockage des eaux avant même l'avènement des bidons. C'est un récipient traditionnel qui permet de garder l'eau et de rabaisser sa température. 60% des concessions enquêtées ont affirmé stocker leurs eaux dans ces récipients. Outre ces deux modes, on note également l'existence des fûts et bassines comme moyens de conservation. Ces deux récipients occupent successivement 40 et 32% de sollicitation de la part des concessions dans le cadre de leur conservation en eau.

CONCESSIONS EN %

100%

40%

20%

60%

80%

0%

Bidons Canaris Fûts Bassines

93%

60%

RÉCIPIENTS

40% 32%

Figure 37: Mode de conservation des eaux

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Photo 12: Formes de conservation des eaux (P. S. DIOP, 2020)

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86

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1.4 Différents usages de l'eau

Les usages de l'eau sont multiples notamment domestique, agricole, pastoral, etc. Dans ce travail, seuls les usages domestiques et pastoral ont été retenus et concernent : la boisson, la cuisine, les autres tâches ménagères (lessive, bain, etc.) et le bétail. En fonction de ces usages, les points d'eau sollicités diffèrent :

? La boisson : L'usage de l'eau pour ce besoin est la fonction première en tant qu'élément de survie. Pour ce faire, une attention particulière doit être portée à la qualité de l'eau car elle cristallise de nombreux enjeux, notamment sanitaires. De même, un respect de la quantité recommandée se doit d'être appliqué. Ainsi, les points d'eau doivent être choisis en fonction de leur qualité, état et autres. Pour l'ensemble des îles étudiées, l'eau issue de la collecte pluviale reste la première source d'approvisionnement en eau de boisson avec une sollicitation de 70%. Ensuite, ce sont les puits qui occupent la deuxième place avec 56% suivi des cuves à impluvium (45%). Par ailleurs, au niveau de Niomoune, après les eaux de collecte, ce sont les cuves à impluvium qui constituent le deuxième point le plus sollicité ensuite viennent les puits. En outre, peu de gens affirment utiliser l'eau des mares pour la boisson (4%).

Cette répartition est également faite en fonction de l'insuffisance de la quantité et de la qualité de la ressource qui est aléatoire. Ce qui impose un choix entre les différents points d'eau disponibles. Puisque la quantité des eaux collectées et celle des cuves (car étant considérée comme l'eau de bonne qualité) restent limitées, les populations sont obligées de faire recours aux puits (de qualité moyenne) pour compenser leur besoin en eau de boisson.

78%

4% 3%

56% 45%

100%

80%

60%

40%

20%

0%

Eau pluviale Puits Cuve à

impluvium

Points d'eau

Forage Mares

CONCESSIONS EN %

Figure 38: Points d'eau utilisés pour la boisson

? La cuisine : l'alimentation constitue le deuxième usage de l'eau potable. Dans cette activité l'eau des puits est la plus utilisée en raison de la négligence du sel. En effet puisque la plupart des activités culinaires nécessitent du sel, l'eau des puits devient dès lors d'utilité incontournable. Cette eau est utilisée pour la cuisine par 91% des concessions enquêtées. Ensuite c'est l'eau issue de la collecte pluviale qui est sollicitée avec 25%.

87

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DIOGUE ET CARABANE

Concessions en °h

100%

40%

20%

60%

80%

0%

Puits Eau pluviale Mares Cuves à

impluvium

91%

25%

Points d'eau

9% 9%

Figure 39: Points d'eau utilisés pour la cuisine

Autres tâches ménagères : les besoins en eau pour les tâches ménagères sont assurés par les puits. En réalité, 95% des concessions affirmaient que dans un contexte d'économie d'eau, l'eau des puits était plus sollicitée pour le bain, la lessive, la vaisselle ou les autres tâches. Pour ce qui est de Niomoune, les mares aidaient à substituer les puits pour cet usage. Cependant, lorsque certains besoins surgissent la nuit ou dans certaines conditions, le stock d'eau de pluie est utilisé pour ces tâches ménagères énumérés.

Puits Eau pluviale Mares Cuve à

impluvium

Points d'eau

Concessions en °h

100%

40%

20%

60%

80%

0%

95%

16% 15% 7%

Figure 40: Points d'eau utilisés pour les tâches ménagères

II. Les différents modes de traitement de l'eau avant usage

Selon les divers usages domestiques de l'eau, il est évident que les modes de traitement vont différer. Dans un environnement où les points d'eau demeurent le plus souvent non protégés, il devient impérieux de rendre salubre la ressource avant tout usage. Ainsi, le traitement de l'eau dépend de son origine, de sa qualité ou des matériaux en suspension contenus. Pour cela, plusieurs procédés sont utilisés par les consommateurs : la javellisation, le filtrage, la décantation, et l'usage d'Aquatab. 83% des concessions enquêtées affirment utiliser au moins une de ces méthodes de traitement pour purifier leur eau avant usage. Les 17% restants soulignent ne pas en avoir besoin. Cela concerne le plus souvent ceux qui s'approvisionnent par achat à la boutique ou ceux qui vont chercher l'eau hors de l'île.

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? L'eau de boisson : Boire une eau saine sans danger est une préoccupation pour tout un chacun. C'est une question de survie. C'est sûrement ce qui fait que cette eau passe par plusieurs procédés avant d'être consommée. Par exemple, l'eau issue de la collecte pluviale est recueillie, parfois filtrée d'abord, puis javellisée avant d'être stocké dans des bidons ou fûts tout en étant hermétiquement fermée jusqu'à usage. De même, l'eau issue des puits est d'abord décantée, puis filtrée avant d'être javellisée ou d'être traitée par aquatab. Pour celle des cuves, elle est le plus souvent utilisée avec traitement par javellisation à la cuve ou parfois pas. La figure ci-dessous illustre les différentes fréquences d'utilisation des procédés de traitement. L'analyse de ce graphe permet de voir que la majeure partie des concessions (87%) javellisent leur eau avant consommation. Par ailleurs, le reste des procédés sont parfois utilisés avec une fréquence de 52% pour le filtrage, de 41% pour la décantation. 9% des concessions affirment ne pas en avoir besoin et 4% se servent de l'aquatab comme purifiant.

Concessions en %

100%

40%

20%

60%

80%

0%

1. Eau de javel 2. Filtrage 3. Décantation 4. Pas besoin 5. Aquatab

87%

52%

Procédés de traitement

41%

9% 4%

Figure 41: Fréquence d'utilisation des procédés de traitement pour l'eau de boisson

? L'eau de cuisine : tout comme la boisson, la cuisine mérite d'avoir une attention particulière en ce qui concerne la qualité de l'eau utilisée. Pour ce faire, les traitements précités seront également appliqués à cette tâche.

Concessions en %

100%

40%

20%

60%

80%

0%

1. Eau de javel 2. Filtrage 3. Décantation 4. Pas besoin 5. Aquatab

52%

43%

Procédés de traitement

32%

24%

1%

Figure 42: Fréquence des procédés de traitement pour l'eau de la cuisson

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? L'eau pour les autres tâches ménagères : le plus souvent, les usages relatifs aux autres tâches ménagères ne nécessitent pas de traitement des eaux. C'est l'opinion partagé par 46% des concessions enquêtées. Par contre selon certains, ces eaux peuvent nécessiter parfois une petite attention notamment de la javellisation (selon 32%), le filtrage (23%) et la décantation (22%). Cela peut se comprendre puisque selon elles, l'eau pour ces usages nécessite un traitement si et seulement si la source d'eau de provenance était dans un piteux état.

Pas besoin Eau de javel Filtrage Décantation Aquatab

Procédés de traitement

Concessions en %

100%

80%

60%

40%

20%

0%

46%

32%

23% 22%

0%

Figure 43: : Fréquence des procédés de traitement pour l'eau des autres tâches ménagères (linge,

lessive, bain)

III. DIFFICULTES LIEES A L'ACCES A L'EAU POTABLE III.1. Temps de parcours pour accéder à la ressource

La distance ou la durée nécessaire pour se rendre au point d'eau, attendre son tour si besoin, remplir les bidons, et effectuer le trajet retour est très important pour analyser l'accessibilité à l'eau potable des populations. Pour ce faire, plusieurs critères sont assignés soit en temps ou en distance. Selon le JMP, lorsque le ménage dispose de la ressource au besoin, il a un service optimal. Lorsque la ressource est disponible dans un rayon de 500m ou dans un intervalle de temps (aller/ retour plus attente) ne dépassant pas 30 minutes, le service d'accès est dit élémentaire. Cependant, si la distance de parcours pour chercher la ressource excède les 500m ou que le temps de parcours dépasse les 30 minutes, le service d'approvisionnement en eau potable devient limité voire inexistant selon qu'il s'agit d'un point d'eau amélioré ou non.

La plupart des concessions enquêtées (36%), parcouraient plus de 500m soit à pied ou par pirogue pour s'approvisionner en eau. Cela est beaucoup plus manifeste à Niomoune ou Carabane où les populations utilisaient la pirogue pour aller chercher de l'eau douce. Par exemple, à Carabane, il a été signalé que d'aucuns préféraient envoyer ou se rendre à Elinkine

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(environs 14km de pirogue) afin de disposer d'une eau de bonne qualité. De même, à Niomoune, certaines populations ramaient sur un à deux kilomètres de pirogue pour chercher de l'eau dans un quartier de Haêr (île voisine) appelé Kandé. Pour d'autres ils pouvaient marcher à plus d'un kilomètre avant d'atteindre les puits situés à Kaabùkùt.

En résumé, le parcours à une distance éloignée pour l'approvisionnement en eau introduit plusieurs notions notamment : la propreté du récipient utilisé, sa fermeture ou non et l'intrusion de pathogènes extérieurs ou non. Tous ces aspects méritent une attention particulière. De ce fait, en fonction des différents contextes ou milieux, la qualité de la ressource peut être altéré durant le transport.

13%

36%

18%

33%

>500m <100m 100-200m 200-500m

Figure 44: Perception de la population sur la distance émis pour s'approvisionner en eau

III.2. Contraintes liées à l'accès à l'eau potable

Les principales contraintes liées à l'accès à l'eau potable dans notre zone d'étude correspondent entre autres à :

? Absence d'ouvrages hydrauliques adaptés, la faible présence de points d'eau améliorée; ? La dégradation de la qualité de l'eau du fait de l'avancée du biseau salé dans la plupart des puits des îles et de la langue salée dans les mares de Niomoune;

? Le caractère saumâtre dans la majeure partie des points d'eau ;

? La baisse de niveau des nappes du fait de l'insuffisance des pluies au cours des dernières années de péjoration pluviométrique.

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CHAPITRES VI : ETAT DES LIEUX DE LA QUALITE DE L'EAU POTABLE ET DE LA QUESTION DE L'ASSAINISSEMENT

L'eau est source de vie mais elle peut également être source de problèmes notamment de maladies ; c'est une ressource précieuse et rare qui mérite d'avoir une attention particulière surtout en ce qui concerne sa qualité16. « Est-ce à un problème de quantité d'eau disponible auquel l'humanité sera confrontée dans les prochaines décennies ? Est-ce plutôt un problème de qualité d'eau qu'il faudra surmonter ? ». Au regard de ce questionnement de Rodier J. (2009), plusieurs hypothèses peuvent être reformulées au moins en ce qui concerne les îles de la Basse-Casamance.

Cette région naturelle qui bénéficie de conditions climatiques favorables avec un potentiel hydrique très important reste confrontée à un manque d'eau. Quelle aberration ou plutôt quelle contradiction ? Dans ces milieux, la ressource en eau est d'une grande quantité avec les ressources en eau souterraines, les bolons et le fleuve qui parcourent la zone. Malgré tout ce potentiel hydrique (détaillé dans le Chapitre I), l'accès à l'eau potable demeure problématique en raison de sa qualité qui fait parfois défaut. En effet cette qualité de l'eau potable qui constitue l'objet de ce chapitre est en générale influencé par l'invasion de la langue salée en provenance de l'océan comme indiqué aux chapitres précédents. Cette avancé de langue salée jusque dans les îles est responsable de la dégradation de la qualité de l'eau créant ainsi de l'eau saumâtre dans les sources d'approvisionnement. Ainsi, selon le PLD Kafountine (2010), un puits sur trois dans cette zone est salée ou saumâtre. Pour ce rapport la qualité de l'eau dans les îles demeure un véritable problème de santé publique.

Par conséquent, même si la question de la salinité demeure la principale source de pollution des eaux, il conviendrait d'analyser dans une moindre mesure l'état de l'assainissement de la région afin de mesurer son impact ou non dans l'appréciation de la qualité de l'eau potable.

I. CARACTERISTIQUES DES EAUX EN FONCTION DE LA SALINITE

I.1. Les eaux douces

Les eaux douces sont les eaux qui contiennent des faibles teneurs en sels, reparties sur les terres émergées. Ce sont des eaux non salées, par opposition aux eaux marines salées, qui se trouvent dans les rivières, lacs, nappes souterraines, etc. Elles sont aptes à la consommation humaine.

16 http://www.sde.sn/Pages/Qualite-de-l-eau.aspx

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DIOGUE ET CARABANE

Leur salinité est comprise entre 0 et 0,5g/l17. Cependant, toutes les eaux douces ne sont pas forcément potables puisque ces dernières se doivent de respecter un certain ensemble de directives (texte normatif ou réglementaire) qui garantisse leur potabilité c'est-à-dire leur caractère à être consommé sans risque d'effet nocif à court ou à long terme.

I.2. Les eaux salées

La particularité de ces eaux réside dans leur teneur en sels élevée supérieure à 10g/l18. Ce sont le plus souvent les eaux des mers et des océans. Avec un volume qui occupe presque les 2/3 de la terre, ces eaux ont une grande influence surtout sur les systèmes côtiers avec les phénomènes d'intrusion saline en partie responsable des eaux saumâtres.

I.3. Les eaux saumâtres

Le mélange entre l'eau douce et l'eau salée produit de l'eau saumâtre qui n'est pas propre à la consommation humaine Leur composition dépend de la nature des sols traversés et de la vitesse de circulation dans ces sols. Les eaux saumâtres le plus souvent fréquentes en milieu insulaire sont d'une teneur en sels sensiblement inférieure à celle de l'eau de mer en générale comprise entre 1000 et 10 000 mg/l19.

I.4. Les eaux d'approvisionnement dans les îles

La caractérisation de ces eaux a été faite sur la base des observations in-situ réalisées à l'aide du Multi paramètre Consort C6010. Ainsi, elle donne un aperçu sur la nature des eaux issues des points d'eau des trois différentes îles. En outre, la Figure 45 (tableau en ANNEXES) donne une lecture du niveau de salinité dans les stations de mesures (points d'eau).

La variation spatiale de la salinité dans les différentes stations de mesure n'est pas uniforme. En effet, le taux de salinité varie entre 0 et 5,3g/l au puits abandonné d'Essaghol (Niomoune). Sur l'ensemble des 25 stations de mesure, neuf présentent une salinité supérieure à 0,5g/l (limite de l'eau douce) dont six d'entre elles excèdent la barre des 1g/l sont saumâtres. Ces points d'eau sont pour la majeure partie des puits et des mares.

17 https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/chimie-salinite-4406/

18 https://hydrologie.org/glu/FRDIC/DICSALEE.HTM

19 https://hydrologie.org/glu/FR/GF0146FR.HTM

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DIOGUE ET CARABANE

Salinité en g/l

4

2

0

6

5

3

1

P1

P2

P3

NIOMOUNE

P4

Mare 1

mare 2

Impl 1

Impl 2

Coll pl Ba hou

Stations de mesure

P1

P2

P3

DIOGUE

Salinité g/l Limite eau douce

P4

P5

P6

P7

Impl 1

Coll pluv

P1

P1

Carabane

P3

P4

P5

Coll pluv

Figure 45: Evolution de la salinité dans les stations de mesures

L'analyse de cette figure laisse apparaitre plusieurs commentaires. En effet, l'île de Niomoune est celle qui notait les plus forts taux de salinité. Exceptés les impluviums, la collecte pluviale (eaux météorites, ce qui peut se comprendre) et les deux puits de Kaabùkùt (situés à plus d'un kilomètre des habitations les plus proches), tout le reste des points d'eau de l'île ont une eau saumâtre, ce qui justifie leur usage que pour quelques besoins domestiques. Cela est certainement dû à l'influence marine qui s'exerce à l'intérieur des terres par l'intermédiaire des bolons salés, ce qui est à l'origine de la perte de terres rizicoles. A Niomoune, le voisinage entre rizières et habitations est marquant. Le même scénario est observé dans l'ile de Carabane avec des taux de salinité qui varient entre 0 et 2,1g/l. Les seuls points d'eau possédant une eau non saumâtre ne se trouvent qu'à l'intérieur des terres (vers le CEM). Par conséquent, la salinité des sources d'approvisionnement à Diogué est beaucoup moins importante puisqu'elle varie entre 0 et 0,8g/l. En résumé, nous pouvons dire que l'évolution de la salinité dans ces îles est fonction de la superficie de terres fermes, de l'enclavement marine et de l'influence hydro marine. En effet, à Carabane et surtout à Niomoune, l'influence de l'eau des bolons salée qui colonise les deux îles et y exerce une influence manifeste jusqu'à l'intérieur des terres.

II. ANALYSE DE LA QUALITE DES EAUX ISSUES DES SOURCES D'APPROVISIONNEMENT

L'eau potable est de l'eau considérée comme étant saine car répondant à certaines normes microbiologiques et chimiques relatives à la qualité de l'eau de boisson (OMS, 2011). Elle est définie sur un certain nombre de critères ou directives internationales ou nationales.

94

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DIOGUE ET CARABANE

II.1. PERCEPTION DE LA POPULATION SUR LA QUALITE DE L'EAU POTABLE

D'après les enquêtes réalisées auprès des concessions sur la qualité de l'eau potable, un certain nombre d'appréciations a été formulé. En effets la majeure partie de la population enquêtée (68,4%) a jugé moyenne (36,8%) ou mauvaise (31,6%) la qualité de l'eau potable. Selon ces derniers, l'eau est en grande partie salée, parfois insalubre et ayant un goût non agréable et un caractère coloré. Cette salinité des eaux est beaucoup plus marquante dans l'île de Niomoune que dans les autres îles. Cela serait lié, d'après certains entretiens effectués, au manque de terre ferme puisque le village est cloisonné entre les rizières, les tannes, les mangroves et les bolons ; tous étant salés. De ce fait, l'île ne dispose que de deux puits fonctionnels localisés à environ plus d'un kilomètre des habitations à Kaabùkùt ; tous les autres puits ont été abandonnés en raison de leur forte salinisation. En outre, dans les autres îles notamment à Carabane, la présence d'une terre ferme permet aux populations d'abandonner les puits salés pour se ravitailler dans ceux situés à l'intérieur des terres disposant d'une eau non ou moins salé. En ce qui concerne Diogué, le problème diffère d'un quartier à un autre et parfois même au sein du même quartier. Par exemple à Nyéfoulène, l'eau est saumâtre, à Yamatogne, le même caractère est observé mais un puits reste très sollicité en raison de son eau « agréable ». Par contre, à Diogué Diola (Hou guemboune) situé à l'intérieur du village, la qualité de l'eau est plus acceptable. En résumé, dans l'ensemble des îles étudiées, les populations déclarent que la dégradation de la qualité de l'eau est due en grande partie à la salinité et à l'absence de protection des puits qui peut être source de prolifération directe de saleté ou de micro-organismes. Selon elles, cette salinité est due à l'avancée de la mer qui est très manifeste avec les phénomènes d'érosion.

Cependant, elles notent que cette qualité est nettement améliorée pendant l'hivernage où la pluie dessale le sel dans les puits et les marres (utilisées à Niomoune comme source d'approvisionnement). Pendant cette période, l'eau est moins salée.

4. Trés Bonne

3. Bonne

2. Mauvaise

1. Moyenne

0% 20% 40% 60% 80% 100%

6%

25%

32%

37%

Figure 46: Appréciation sur la qualité de l'eau potable dans les trois îles

95

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II.2. Analyse de la qualité organoleptique des eaux

Les caractères organoleptiques concernent : la couleur, l'odeur et le goût de l'eau. L'eau doit être agréable à boire, claire et sans odeur. Ces différents paramètres étant liés au confort de consommation, sont directement et constamment évalués par le consommateur et détermine l'acceptation ou le refus du produit. Autrement dit, ces caractères doivent être acceptables pour le consommateur.

Ces différents paramètres ont été évalués d'une part, par les questions relatives à l'appréciation de la qualité de l'eau potable par les concessions. D'autre part, par une observation sur place puisque selon Rodier J. (2009), les caractères organoleptiques doivent être appréciés au moment du prélèvement de peur que certains facteurs disparaissent.

II.2.1. La couleur

Selon la plupart des concessions qui affirmaient que l'eau potable n'était pas de bonne qualité, la couleur de l'eau est souvent sombre, parfois de coloration rougeâtre et insalubre. Pour ces derniers, le changement de couleur de l'eau était très manifeste dans beaucoup de puits et dans la majeure partie des mares. Le même aspect évoqué par ces populations était visible au moment des mesures in-situ surtout au niveau des mares où l'eau était parfois de couleur verdâtre et apparente. La coloration d'une eau est dite vraie ou réelle lorsqu'elle est due aux seules substances en solution et elle est dite apparente quand les substances en suspension y ajoutent leur propre coloration (Rodier J., 2009).

II.2.2. L'odeur

L'eau potable doit être également inodore. En effet, toute odeur est un signe de pollution ou de la présence de matières organiques en décomposition. Ces substances sont en général en quantité si minime que seul le sens olfactif peut, parfois, les déceler (Rodier J., 2009). Les points d'eau analysés ayant la présence d'une odeur, étaient le plus souvent des puits abandonnés ou des mares un peu polluées par la présence du cheptel. En outre, les populations qui ont remarqué une odeur de l'eau affirmaient que celle-ci était dominée par la sensation du sel ou de celle d'eau de mer.

II.2.2. Le goût

Pour ce paramètre, il a une forte importance sur l'eau de boisson. Il reflète la saveur et est perçu par la population comme la condition d'être agréable ou non agréable. La salinité de l'eau est facilement perçue à travers ce caractère. Ainsi, pour certaines populations, l'eau est non agréable à boire en raison de l'influence du sel ou parfois de la nature du sol.

96

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II.3. Analyse de la qualité de quelques paramètres physico-chimique des eaux

Cette analyse est faite sur la base des mesures in-situ réalisées sur les différentes sources d'approvisionnement en eau potable. Il s'agit entre autres des points d'eau énumérés plus haut. La méthodologie a été définie dans la partie introductive, section méthodologie, travaux de terrain. Ces mesures sont faites sur place au moyen d'un multi-paramètre Consort C6010.

Dans cette analyse, quatre paramètres ont fait l'objet d'étude notamment la température, le pH, la conductivité, la salinité, les TDS. Leur interprétation a été faite sur la notion de potabilité de l'eau. Ainsi, cette notion implique des critères relatifs à la qualité de l'eau qui repose sur les normes ou directives établis par l'OMS ou par les pays. Pour ce travail, nous nous sommes limités essentiellement sur ces paramètres précités car accessibles à notre budget.

Tableau 10: Normes OMS et recommandations DGPRE applicables au Sénégal.

Paramètres

Valeurs (O.M.S)

Valeurs recommandées (D.G.P.R.E)

pH

Pas de ligne directrice

6,5 - 8,5

CE à 25°C

Pas de ligne directrice

2000 ìS/cm

TDS

Pas de ligne directrice

1000 mg/l

Résidus sec mg/l

1000mg/l

Pas de valeurs

? Interprétation des résultats

II.3.1. La température T°C

C'est un paramètre très important pour la qualité de l'eau potable parce qu'elle est à l'origine des réactions chimiques, biologiques et physiques (Couillard D. et al., 1992). La connaissance de ce paramètre est indispensable pour effectuer certaines mesures sur le terrain comme la conductivité électrique. Les valeurs mesurées sont comprises entre 23,8 et 29,5°C avec comme moyenne 26,2°C.

II.3.2. Le pH

Bien qu'il n'ait généralement pas d'impact direct sur les consommateurs, le pH est l'un des paramètres les plus importants (OMS, 2006). En dessous de 7, l'eau est considérée comme acide et alcaline au-dessus de 7. L'eau au pH de 7 est neutre. Les valeurs fixes recommandées par la DGPRE pour l'eau potable vont de 6,5-8,5. Au cours de la période d'étude, les valeurs du pH mesuré varient entre 6,94 (Bahouwen Niomoune) et 9,25 (P2 Diogué). Tous les impluviums ont un pH supérieur à 8,5 (optimum de référence). Cela a certainement une cause qui réside dans l'installation de collecte. Hormis ces stations, seuls deux puits (P4 Niomoune et P2 Diogué) marquaient un pH excédant 8,5.

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DIOGUE ET CARABANE

pH

10

4

2

9

7

6

5

3

0

8

1

P1

P2

P3

P4 Mare 1 mare 2 Impl 1 Impl 2 Coll pl Ba hou

NIOMOUNE

P1

P2

P3

P4

P5

P6

P7

Impl 1 Coll pluv

Stations de mesure

DIOGUE

P1
P1

P3

P4

P5

Coll pluv

Carabane

Figure 47: Evolution du pH dans les stations de mesure II.3.3. La Conductivité électrique d'une eau (CE) en pis/cm

C'est la conductance d'une colonne d'eau comprise entre deux électrodes métalliques de 1 cm2 de surface et séparées l'une de l'autre de 1 cm. Elle augmente lorsque la concentration en ion augmente. Elle est comprise entre 50 et 1500 pour les eaux naturelles. La conductivité électrique varie en fonction de la température et dépend largement de celle-ci. Pour Rodier, celle-ci devra être relevée très exactement au cours de la mesure. En dehors de 25 °C, il convient d'effectuer une correction d'après la formule suivante :

5 °C = CT × f

CT = Conductivité obtenue à la température lue sur l'appareil.

f est donné par des valeurs indicatifs consignés dans un tableau (Voir la partie annexe Tableau 16).

Tableau 11: Degré de minéralisation des eaux en fonction de la Conductivité

Conductivité (piS/cm)

Minéralisation

<100 piS/cm

minéralisation très faible

100 piS/cm - 200 piS/cm

minéralisation faible

200 piS/cm - 333 piS/cm

minéralisation moyenne

333 piS/cm - 666 piS/cm

minéralisation moyenne accentuée

666 piS/cm - 1 000 piS/cm

minéralisation importante

Conductivité>1 000 piS/cm

minéralisation élevée

Source : Rodier, 2009

Les directives du Conseil des communautés européennes relatives à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine indiquent pour la conductivité un niveau guide de 2 500 ìS/cm à 20 °C. Les recommandations de la DGPRE sont beaucoup plus contraignantes fixant un optimum de 2000 ìS/cm à 25°C. Quant à la réglementation française, elle fixe un intervalle de 180 à 1000 ìS/cm à 20°C (Rodier, 2009).

98

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DIOGUE ET CARABANE

Stations de mesure

Carabane

DIOGUE

NIOMOUNE

Coll pluv

Coll pluv

Mare 1

Coll pl

Impl 1

P4

P1

P7

P5

P3

P1

P3

P1

0,0 2000,0 4000,0 6000,0 8000,0 10000,0 12000,0

Limite recommandée par la DGPRE CE à 25°C

Figure 48: Evolution de la Conductivité à 25°C aux stations de mesure

La tendance générale marquée par une salinisation des eaux est à l'origine de ces fortes valeurs qui oscillent entre 14,8 et 9551 ìS/cm à la période de février avec une moyenne de 1838 ìS/cm, ce qui traduit une minéralisation élevée des eaux. En outre, cette minéralisation n'est pas uniforme. Elle est faible pour les eaux météorites (collecte pluviale et impluvium) en raison de leur faible charge en ions, et très élevée pour le reste des eaux (puits et mares) à l'exception de quelques-uns. Les forts taux de conductivité concernent les points d'eau saumâtres.

? La minéralisation globale en mg/l (résidu secs) : est la teneur en sels dissouts. Elle est calculée en fonction de la conductivité selon le Tableau 17 La mesure de la conductivité permet d'évaluer rapidement mais très approximativement la minéralisation globale de l'eau. On peut estimer cette minéralisation en se basant sur des tables de conversion qui indiquent les coefficients de transformation à appliquer selon différent niveau de conductivité (Rodier J., 2009). Ainsi, les valeurs de conductivité 25°C ont été converties à 20°C avec la formule suivante : CE à 25°C * 1,116 (Voire ANNEXES Tableau 17)

La minéralisation globale est très importante dans la caractérisation des eaux potables. Plus une eau est très fortement minéralisée, plus elle est désagréable (à plus de 1200 mg/L). Pour des raisons de saveur, l'OMS recommande une valeur limite de 1 000 mg/L dans l'eau destinée à la consommation humaine (Rodier J., 2009).

Tableau 12: Appréciation de la potabilité en fonction de la minéralisation par Schoeller

Potabilité

Bonne

Passable

Médiocre

Mauvaise

Momentanée

Extrait sec (mg/L)

0-500

500-1 000

1 000-2 000

2 000-4 000

4 000-8 000

Source : Rodier, 2009

99

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DIOGUE ET CARABANE

La minéralisation suit la même tendance que celle de la conductivité, ce qui est évident. Cette courbe révèle que la majeure partie des eaux de la zone n'est pas conformée aux normes OMS avec un intervalle médiocre (1000mg/l) à momentanée (9065,5mg/l). Seules les eaux météoriques et quelques puits (P2 et P3 (Niomoune-Kaabùkùt), P2, P6 (Diogué), P3, P4 (Carabane) ...) ont une teneur en sels inférieur à 1000mg/l. La majeure partie de ces puits sont localisées à Diogué et une partie à Carabane.

10000,0

4000,0

2000,0

9000,0

7000,0

6000,0

5000,0

3000,0

8000,0

1000,0

0,0

P1

P2

P3

NIOMOUNE

P4

Minéralisation en mg/l Limite recommandée par l'OMS en mg/l

Mare 1

mare 2

Impl 1

Impl 2

Coll pl

DIOGUE

Stations de mesure

Ba hou

P1

P2

P3

P4

P5

P6

P7

Impl 1

Coll pluv

P1

P1

Carabane

P3

P4

P5

Coll pluv

Figure 49: Evolution de la minéralisation aux stations de mesure II.3.4. TDS

Total Disolved Solids représentent la concentration totale des substances dissoutes dans l'eau c'est-à-dire tous les minéraux, sels, métaux, cations ou anions dissous dans l'eau. Ces substances peuvent aussi bien provenir de source naturelle que de sources anthropique (activités humaines notamment le déversement d'eaux usées, pollution humaine etc.).

P1

P2

P3

P4 Mare 1 mare 2 Impl 1 Impl 2 Coll pl Ba hou

P1

P2

P3

P4

P5

P6

P7

Impl 1 Coll pluv

TDS en mg/l Limite recommandée par la DGPRE en mg/l

Stations de mesure

DIOGUE

NIOMOUNE

5000 4000 3000 2000 1000

0

6000

P1 P1

P3

P4

P5

Coll pluv

Carabane

Figure 50: Evolution des TDS aux stations de mesure

100

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DIOGUE ET CARABANE

Les différents résultats montrent l'hypothèse d'une existence de pollution soit d'origine naturelle (le sel) soit anthropique ou animale (l'absence de protection des points d'eau peut générer une introduction de substances extérieures).

Tableau 13: Données de mesure in-situ

ILES

Stations

T°C

Ph

CE à 20°C

Salinité (g/l)

TDS (mg/l)

Résistivité Usages

(?.cm)

Niomoune

P1

23,8

7,37

8118

3,6

3820

140,8 Abandonné pendant

cette période

P2 (Kaabùkùt)

25

6,74

128

0,1

60,3

8740 Tout usage

P3 (Kaabùkùt)

27,1

7,46

235

0,1

117

4520 Tout usage

P4 (Essagnol)

27

8,97

10660

5,3

5400

100,3 Abandonné

Mare 1 (sacré)

23,8

8,13

2885

1,3

1370

392 Usages domestiques

en saison sèche

Mare 2 (Essagnol)

29,5

8,43

6565

3,3

3490

Abandonné pendant

154,5 la saison sèche

Impl 1 (Campem

24,7

9

97,3

0

46,3

11490 Boisson et autres

Impluvium 2

27

8,69

115

0,1

57,3

9250 Boisson et autres

Collecte pluviale

29,1

7,03

34,4

0

18

29200 Boisson et autres

Ba houwen

26,1

6,94

1126

0,5

549

970 Usages domestiques

Diogué

P1

25,7

7,4

1749

0,8

852

627 Usages domestiques

P2

26,7

9,25

532

0,2

262

2030 Tout usage

P3

26

7,98

1690

0,8

826

646 Usages domestiques

P4

24,3

7,54

752

0,3

352

1510 Tout usage

P5

24,4

8,27

606

0,3

285

1865 Tout usage

P6 (Ecole Elém

25,7

7,7

228

0,1

110

4830 Tout usage

P7

26,9

8

1461

0,7

730

731 Usages domestiques

Impluvium1

24,1

8,89

73,5

0

34,4

15470 Boisson et autres

Collecte pluviale

27

7,6

16,5

0

8,02

65100 Boisson et autres

Carabane

P1 (Ecole Elém

25,1

7,77

4655

2,1

2260

238 Usages domestiques

P2 (avant Jardin)

27,5

7,75

2555

1,2

1300

413 Tout usage

P3 (CEM)

27,5

7,61

453

0,2

230

2320 Usages domestiques

P4 (après CEM)

25,8

8,15

239

0,1

118

4540 Tout usage

P5 (Jardin femm)

28,4

7,97

821

0,4

424

1259 Tout usage

Collecte pluviale

27,8

7,69

23,9

0

12,1

44000 Boisson et autres

Source : Pape S Diop, 2020

101

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DIOGUE ET CARABANE

III. BREF APERCU DE LA QUESTION DE L'ASSAINISSEMENT La question de l'assainissement revêt d'une importance fondamentale dans le cadre de notre étude puisque la majeure partie des sources d'approvisionnement de la zone captent la nappe du CT (Malou R., 1992) située à une faible profondeur et très vulnérable aux diverses pollutions. Elle est un véritable problème surtout dans les pays en développement avec des inégalités très manifestes. Au Sénégal, l'assainissement en milieu rural demeure problématique en raison du taux d'accès relativement faible. Les milieux ruraux localisés dans les deux communes d'étude (Kafountine et Diembéring) n'en font pas exception.

Dans la commune de Diembéring, une étude de 2007 montrait que sur 100 concessions, 67% étaient dépourvues de latrines et seulement 33 % en sont équipés (PEPAM, 2007). De même dans la Commune de Kafountine, des enquêtes menées sur 156 ménages estimaient que 53,2% de ces derniers ne disposaient pas de latrines contre 46,8%. Sur ce dernier taux (46,8%), 41,7% des latrines étaient traditionnelles contre 4,5% à fosses septiques et 0,6 de latrine amélioré VIP (PEPAM, 2010). Même si ces résultats sont à réactualiser après plus de dix ans, il demeure que la question de l'assainissement dans ces deux communes est sujette à problèmes.

Par ailleurs, en milieu insulaire, le problème se pose avec acuité. Dans les trois îles étudiées, l'assainissement varie d'une localité à une autre avec des réalités et des modes de vie parfois différents. Par exemple, Carabane est une île touristique beaucoup plus accessible que Diogué (village de pêcheurs), à son tour plus ouverte que Niomoune (village traditionnel et conservateur) qui est très enclavé. Toutes ces disparités expliquent le caractère individuel et varié de l'assainissement d'une île à l'autre. L'assainissement individuel existe et diffère en fonction des îles mais également en fonction des endroits.

Même si une observation assez large de la question de l'assainissement n'a pas été abordée dans nos travaux de terrain, il s'en va que quelques questions de perception relatives au sujet ont été abordées lors des enquêtes. Elles concernent en premier lieu l'évacuation des eaux usées et déchets ménagers ainsi que la disposition d'une fosse septique dans la concession. Les résultats obtenus montrent que la quasi-totalité des concessions dans ces îles rejettent les eaux usées dans la nature par manque de canaux d'évacuation de ces dernières. Pour ce qui est des ordures ménagères, la plupart des concessions (63%) affirment qu'elles sont jetées à la nature. Néanmoins, certains utilisent soit un dépotoir d'ordures (même s'il est sauvage, il est plus encadré et le plus souvent à proximité des concessions), soit un trou creusé (à proximité) pour l'évacuation de ces dernières.

102

TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE DANS LES ILES DE NIOMOUNE,

DIOGUE ET CARABANE

Concessions en %

100%

40%

80%

60%

20%

0%

1. Dans la nature 2. Dans un dépotoir

d'ordures

63%

Méthodes d'évacuation des ordures ménagères

45%

3. Dans un trou 4. Autres

31%

9%

De même, les enquêtes estiment que 55% ne disposent pas d'une fosse dans la concession et 45% en disposent. Cependant, dans ces 45%, plusieurs inégalités sont relevées puisque la majeure partie de ces fosses sont soit traditionnelles ou soit dans un piteux état. Les quelques latrines améliorées se trouvant dans ces îles sont le plus souvent répertoriées à Carabane ou quelques fois à Diogué.

Photo 13: Dépôts sauvages d'ordures à Carabane (P. S. DIOP, 2020)

Dans un contexte de développement durable, l'assainissement dans ces îles est très faible par rapport aux recommandations de l'ODD6.2. Cet objectif stipule que l'accès de tous, dans des conditions équitables, à des services d'assainissement et d'hygiène adéquats et mettre fin à la défécation en plein air, en accordant une attention particulière aux besoins des femmes et des filles et des personnes en situation vulnérable, doit être assuré d'ici 2030. L'atteinte de cet objectif suppose que le service d'assainissement doit être équitable et géré en toute sécurité.

103

TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE DANS LES ILES DE NIOMOUNE,

DIOGUE ET CARABANE

CHAPITRE VII : GESTION DE L'EAU EN MILIEU INSULAIRE

Le droit à l'eau potable a été reconnu, par l'Assemblée générale des Nations Unies, comme condition préalable à tous les droits fondamentaux de l'être humain20. Pour ce faire, des efforts doivent être intensifiés surtout dans les milieux les plus défavorisés en particulier les plus vulnérables. A travers un ensemble d'initiatives, l'Etat du Sénégal a entrepris des actions considérables en matière d'accès à l'eau potable notamment avec le PEPAM, le Plan d'Actions pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PAGIRE), etc. Ces actions doivent être suivies afin d'en déterminer leur impact dans un contexte où la ressource en eau semble menacer. Ce qui implique une préoccupation majeure tant au niveau national qu'au niveau local.

I. INITIATIVES NATIONALES D'AMELIORATION DE LA GESTION DE L'EAU EN MILIEU RURAL

Les stratégies d'amélioration de la gestion du service public de l'eau en milieu rural concernent entre autres les documents institutionnels et les programmes d'actions.

I.1. Le cadre institutionnel de l'eau

Au Sénégal, le sous-secteur de l'hydraulique a pour vocation l'approvisionnement en eau potable des populations rurales. Ainsi, la charge est confiée à la Direction de l'Hydraulique (pour la planification et la supervision stratégique) et l'OFOR (pour la réalisation et le renouvellement des ouvrages hydrauliques, la gestion du patrimoine constitué et du service public de l'eau potable). Par conséquent, ce sous-secteur a connu plusieurs réformes ; de la loi n° 81- 13 du 04 mars 1981 portant Code de l'eau et de ses décrets d'application21, en passant par la Lettre de politique sectorielle de l'hydraulique et de l'assainissement en milieu urbain et rural en 200522, la loi portant organisation du Service Public de l'Eau Potable de l'Assainissement collectif des eaux usées domestiques (SPEPA) en 200823, la loi 2014-13 portant création OFOR24, à la Lettre de Politique Sectorielle de Développement (LPSD) 2016. Ces réformes devaient renforcer la gestion du service de l'eau en particulier en milieu rural.

20 Résolution adoptée par l'Assemblée générale le 28 juillet 2010, 64/292. Le droit de l'homme à l'eau et à l'assainissement ; UN A/RES/64/292 (2010).

21 https://www.sec.gouv.sn/sites/default/files/loisetdecrets/Loi%20n%%B0%2081-13%20du%204%20mars%201981%20portant%20Code%20de%20l%E2%80%99Eau.pdf

22 http://www.pseau.org/sites/default/files/fichiers/bassin_fleuve_senegal/lettre_politique_sectorielle_eau.pdf

23 http://www.pseau.org/sites/default/files/fichiers/bassin fleuve senegal/loi spepa.pdf

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Ainsi depuis l'année 2016, la nouvelle LPSD pour le secteur de l'eau 2016-2025, incluant la GIRE s'inscrit dans un horizon décennal pour poursuivre les efforts consentis en vue de l'atteinte des cibles des ODD en matière d'eau. De plus, cette initiative marque une forme d'adaptation aux effets qui fragilisent le sous-secteur de l'eau notamment l'avancée de la mer, la salinisation de certaines nappes, etc. celle-ci marque également une véritable consolidation des acquis et dispositions de celle du PEPAM.

Cependant, ces efforts consentis par les pouvoirs publics peinent à trouver leur impact ou influence dans les îles de Basse-Casamance en raison de la faiblesse des initiatives nationales menées dans cette région. C'est dans cette perspective qu'a été initié un projet d'importante envergure destinée à soulager les populations de ce milieu.

I.2. Le projet d'alimentation en eau potable des iles de la Basse-

Casamance

Le projet d'alimentation en eau potable des îles de la Basse-Casamance est une initiative financée par la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA) et l'Etat du Sénégal, destiné à approvisionner ces dernières à travers un transfert depuis le continent (la terre ferme) pour un horizon de 40ans. L'objectif était de réaliser des batteries de forages dans les parties continentales (champs captant), des châteaux d'eau en béton armé pour le stockage, la pose et fourniture des réseaux de canalisation pour l'alimentation en eau potable de ces milieux insulaires ainsi que les villages traversés par les conduites. Au préalable, une étude d'avant-projet détaillée a été réalisée afin d'identifier et d'analyser les composantes du milieu physico-humain. Il en est ressorti une subdivision de la zone d'influence du projet en six Systèmes d'Alimentation en Eau Potable (SAEP) répartie dans les trois départements de la région de Ziguinchor25. Chaque SAEP couvrira une zone géographique bien définie (Ex : SAEP5 couvrira les îles localisées dans la Commune de Diembéring, SAEP2 ; les îles de Couba, Hilol, Mantaté, Coumbaloulou, SAEP1 pour le reste des îles de la Commune de Kafountine y compris certaines localités, etc.). De plus, chaque SAEP comprendra des forages, un château d'eau, un refoulement entre les forages et le château d'eau, et un réseau de distribution en plus des bornes fontaines et/ou des branchements privés. Les forages et château seront localisés en terre ferme en fonction des sites ciblés lors des études hydrogéologiques réalisées. Cette étude avait déjà identifié les potentiels des nappes d'eau captées et leur qualité afin d'assurer la

25 En plus de l'ensemble des îles de la Basse-Casamance, le projet couvrira certaines localités de la région de Ziguinchor notamment Kafountine, Abéné, Diana... (département de Bignona), Bandial, Etama, Kaléane ... (département de Ziguinchor), Kagnout, Pointe St-Georges, Nikine ... (département d'Oussouye).

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desserte pendant la durée de temps considérée (OFOR, 2019). Aussi, pour M. Sadio (Responsable du projet auprès de l'OFOR), cette initiative va permettre de soulager les doléances longtemps formulées par ces populations insulaires en ce qui concerne leur mauvaise condition d'accès à la ressource. Ce sera donc un véritable progrès dans ce domaine longtemps négligé.

Cependant, bien que la portée du projet ait un enjeu fondamental et assez bénéfique sur l'amélioration des conditions d'accès à l'eau potable pour ces populations longtemps défavorisées, il convient d'effectuer des appréciations sur les perspectives suivantes :

V' Vu que la durée de cette initiative est fixée pour un horizon de 40 ans, qu'adviendra-t-il au-delà de la date d'échéance c'est-à-dire en 2061 ? Quelles seront les perspectives pour cet horizon ?

V' Quel sera le coût du service de l'eau pour une population en grande partie démunie et n'ayant pas l'habitude de payer le service de l'eau ?

V' Qu'en sera-t-il de la valorisation des initiatives locales en matière d'accès et gestion de la ressource notamment les cuves à impluvium et autres ?

II. LES STRATEGIES LOCALES D'AMELIORATION DE LA

GESTION DE L'EAU

Dans les îles étudiées, plusieurs stratégies d'adaptations sont développées par les populations, parfois avec l'aide des ONG, pour parer à la problématique d'accès à l'eau potable. Parmi ces initiatives locales, il y a la collecte des eaux pluviales et l'installation des ouvrages de captage des eaux météoriques (les cuves à impluvium).

II.1. Collecte des eaux pluviales

La collecte des eaux pluviale est une stratégie développée dans toutes les îles de la Basse-Casamance. C'est une méthode de collecte très ancienne, toujours pratiquée par les populations locales, qui consiste à récupérer l'eau de la pluie au moyen des toitures en zinc servant de chutes d'eau. Cette opération est effectuée à chaque hivernage et l'eau collectée est stockée dans des bidons ou fûts pendant de longues périodes. L'objectif est de pouvoir disposer d'une eau de bonne qualité puisque les sources disponibles sont en grande partie salées. Elle demeure l'initiative locale la plus exploitée.

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II.2. Citernes de récupération des eaux de pluie

Les citernes de récupération des eaux de pluie en Basse-Casamance insulaire sont des infrastructures constituées de « cuves en béton armé d'une capacité de 350m3, d'un diamètre de 15m et d'une hauteur utile de 2m, munie d'un toit en impluvium (forme orientée vers l'intérieur-technique traditionnelle des cases Diola) de 400m2 couvert de tôles en aluminium. Ce toit repose sur une charpente soutenue sur des socles en béton armé »26. Ce sont des ouvrages conçus par différents partenaires pour aider les communautés de la zone à améliorer leur condition d'accès. Ils sont localisés dans les îles de Diogué et de Niomoune.

? Au niveau de Carabane, une cuve est en cours de construction depuis 2020. Elle est financée d'après le chef de quartier par une ONG italienne.

Photo 14: Cuve à impluvium en cours d'exécution dans l'île de Carabane (P. S. DIOP, 2021)

? Au niveau de Diogué, 3 cuves y étaient installées entre 2010 à nos jours. Présentement, une seule cuve reste fonctionnelle et se localise à côté du jardin des femmes. La première cuve à Diogué a été réalisée par ENDA en collaboration avec la mairie de Kafountine en 2010.

26 EAU SEINE NORMANDIE : Rapport final du projet de solidarité internationale, Construction de citernes de récupération des eaux de pluie et latrines dans les îles de Casamance.

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Photo 15: Cuve à impluvium fonctionnelle à Diogué (P. S. DIOP, 2020)

? Au niveau de Niomoune, il existe 5 cuves réparties dans les 4 quartiers du village et la mission catholique. Ces ouvrages ont été réalisés par ENDA ACAS durant ces périodes : les cuves de Essanghol et Some (1994-1995), celles du campement (quartier Elou) et Oubak (1995-1999) et la dernière de la mission catholique sis à Some (2003-2004). Après l'installation de ces citernes, des comités de gestion constitués de la population locale, avaient été créés avec l'appui d'ENDA ACAS ; ceux-ci chargés de la gestion de ces ouvrages. Pour ce faire, des jours de puisage (au moins deux jours par semaine pendant la saison sèche) étaient organisés, et chaque concession avait un nombre de bidons qui lui était alloué moyennant un prix forfaitaire de 10frs le bidon. Ainsi, les sous collectés doivent servir à l'entretien de la citerne et à la javellisation de l'eau après puisage. Par ailleurs, avec le temps, la plupart des citernes se sont détériorées et ont nécessité par la suite des travaux de réfections pour certains.

Photo 16: Cuve à impluvium disponible à Niomoune, Campement (P. S. DIOP, 2020)

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III. PERSPECTIVES

L'avancée du biseau salé dans la plupart des points d'eau étant la principale contrainte d'accès à l'eau potable dans les milieux insulaires, il convient d'adapter des initiatives beaucoup plus productives. Dès lors, la démarche de l'ODD6.5 relatives à la GIRE apparait comme une solution durable tout en priorisant l'approche participative, inclusive et répondant à des critères de durabilité, d'efficacité et d'équité. Ainsi, l'élaboration d'ouvrages moins couteux permettra une pérennisation de la ressource. Deux principales recommandations ont été formulées dans ce travail notamment la première, par les populations enquêtées et la seconde à travers un plan idéalisé en fonction des réalités du milieu.

III.1. Recommandations locales

Les recommandations locales concernent les différentes suggestions émises par les populations enquêtées pour une meilleure amélioration de leurs conditions d'accès à la ressource. Au regard de ces idées, la multiplication, la rénovation et l'installation des cuves à impluvium demeurent la principale doléance des insulaires. Ainsi, pour les populations de Carabane, ayant connaissance du caractère saumâtre et salé de leurs nappes (donc non adaptée pour les forages), l'installation des cuves apparait comme la meilleure alternative. Ils considèrent que ces ouvrages ont beaucoup aidé les îles bénéficiaires. Au niveau de Diogué, c'est surtout la multiplication de ces cuves qui est la plus recommandée. Cependant, certains des populations émettaient l'hypothèse de l'installation des forages au niveau de la forêt. Quant à Niomoune, vu le nombre de cuves non fonctionnelles, une rénovation suivie d'une extension du réseau a été suggérée.

III.2. Perspectives d'un plan de gestion intégrée des ressources en eau

potable dans les iles de la Basse-Casamance

Les perspectives énumérées ici sont destinées à faire bénéficier à tous l'accès à une eau de bonne qualité et à très faible coût. Dans des milieux fortement enclavés et sous influence marine, il convient ainsi de valoriser le potentiel existant notamment les eaux pluviales et saumâtres.

III.2.1. Le principe du forage dessalinisant

La mise en place d'un forage qui va capter la nappe du CT, situé à une faible profondeur et sous influence marine. Après pompage, l'eau sera distribuée à une usine de dessalement, localisée à proximité (toujours dans l'île). Cette dernière va permettre de rendre l'eau saumâtre, douce et l'acheminer au niveau d'un château d'eau implanté aux alentours afin de la rendre potable.

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DIOGUE ET CARABANE

Une fois potable, la ressource en eau sera desservie aux ménages à l'aide des conduits. Cette idée est le fruit d'un projet en cours d'élaboration dans l'île d'Ourong développé par des partenaires.

III.2.2. Valorisation des eaux pluviales

La valorisation des eaux pluviales se base sur le principe des cuves à impluvium mais cette fois-ci de manière plus amélioré. Il s'agit dans cette perspective de mettre en place un système de citernes composé d'un noeud central (le château d'eau) et de bassins satellitaires semi-enterrés. Les bassins satellitaires seront réalisés à partir d'un prototype réalisé sur la base de la morphologie des bassins de rétention (longueur et épaisseur) et des cuves à impluvium (toit et hauteur). Ces derniers au nombre de huit au minimum (pour chaque village) seront localisés tout autour des villages et interconnectés au noeud central qui se trouvera dans une zone bien dégagée. Ainsi les différents bassins serviront de collecte de la ressource et le feront transiter jusqu'au château d'eau à l'aide d'un mécanisme.

CONCLUSION TROISIEME PARTIE

Les îles mentionnées dans cette étude révèlent une grande problématique d'accès à la ressource en raison de plusieurs facteurs. En premier lieu, l'absence d'ouvrages d'adduction à l'eau potable, la faible présence de points d'eau améliorés sauf que ces derniers exposent les populations insulaires à des difficultés d'accès à la ressource. Dans ces îles, les puits non protégés et les mares demeurent les points d'eau les plus utilisés et leur qualité laisse parfois à désirer. De plus, l'avancée du biseau salé sur la majeure partie des puits et des mares est illustrée par les mesures in-situ effectuées. En effet, dans ces sources d'approvisionnement, les valeurs de salinité, de conductivité électrique et des substances dissous témoignent de l'existence d'une pollution des eaux. Celle-ci étant pour la plupart causée par la présence de sels dans les eaux. Ainsi, ces problèmes ajoutés à un niveau d'assainissement faible font de la ressource en eau potable une ressource vulnérable. Ce qui a conduit les populations à mettre sur place des stratégies d'adaptation notamment la collecte des eaux de pluie et les cuves à impluvium avec l'aide de quelques partenaires.

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CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE

CONCLUSION GENERALE

Les îles de la Basse-Casamance sont le lieu où la qualité des ressources en eaux douces pose une véritable problématique, celle-ci est liée en grande partie à l'influence marine qui s'exerce sur la ressource. Situées dans un espace hyperhalin (estuaire de la Casamance), ces îles se trouvent à une altitude relativement basse qui favorise les phénomènes d'intrusions marines et par conséquent du biseau salé. Nonobstant ce phénomène, la variabilité des paramètres climatiques en particulier la péjoration pluviométrique des années 1970 a eu de lourdes conséquences sur les hydrosystèmes de la région entrainant des taux de sursalures élevées dans toute la partie estuarienne de la Casamance. Les traces de ces dernières se font toujours ressentir même avec un léger retour de la pluviométrie observée ces dernières années. Il semblerait que le phénomène soit difficilement réversible. Ainsi, l'évolution de la salinité analysée sur la base des données antérieures et récentes montre le caractère toujours salé du fleuve dans sa partie aval. Cette salinité, bien que variable d'une année à l'autre dépasse parfois même la salinité de l'eau de mer avec des valeurs de plus de 53g/l. Ce qui montre un bon mélange entre les eaux douces et les eaux salées avec une grande prédominance de ces dernières.

De même, à travers l'occupation du sol, il apparait que les terres salées ont eu une nette extension depuis la période de 1973 à 2019. Celles-ci ont connu une extension de plus de 371% en l'espace de 46ans. Cela témoigne, dans une certaine mesure, de l'évolution de la salinité dans cette partie estuarienne. Ces conséquences ont eu de larges répercutions notamment sur les ressources en eau douces.

Cet état, de fait, est beaucoup plus marquant sur les valeurs de conductivités relevées lors des mesures in-situ réalisées dans les sources d'approvisionnement. Ces derniers étaient très minéralisés ou du moins pour la plupart, ce qui a conduit à un abandon de la majeure partie des points d'eau affectés. Déjà, la région présente un faible taux voire une absence d'accès à des points d'eau améliorés. Alors, si la qualité venait à y faire défaut, ce qui est le cas pour la plupart des concessions enquêtées, ces populations insulaires seront confrontées à des difficultés d'accès à la ressource. Ainsi, les investigations menées dans ce milieu ont permis de démontrer la problématique d'accès à une eau potable de qualité dans les trois îles étudiées. Cette problématique est en grande partie due à l'insuffisance des infrastructures hydrauliques adéquates ainsi qu'une altération de la qualité de l'eau par les eaux saumâtres dans les nappes captées. Pour faire face à ces difficultés, divers modes de gestion ont été développées par les insulaires notamment la collecte des eaux pluviales pendant l'hivernage et l'installation des

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CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE

cuves à impluvium avec l'aide des partenaires. Toutefois, il faut noter que ces initiatives élaborées présentent beaucoup de limites avec la conservation de l'eau pendant de longues périodes dans des récipients ne répondant pas parfois aux critères de salubrité et autres. De même, la détérioration des cuves demande une expertise et des fonds pour la rénovation. De ce fait, le développement d'alternatives beaucoup plus durables et viables trouve toute sa pertinence.

Malgré les modestes résultats obtenus dans ce travail, au moment de conclure, l'angoisse alimentée par un sentiment d'inachèvement resurgit. Ce qui est tout à fait compréhensible puisque tout travail de recherche se veut être une continuité pour un autre. Ainsi, l'ouverture de perspectives de recherches intéressantes trouve toute sa pertinence dans la gestion intégrée des ressources en eau en milieu insulaire sénégalais. Celles-ci devront permettre non seulement un approfondissement de ce mémoire tant dans les aspects méthodologiques mais également un élargissement du champ géographique. La finalité permettra de comprendre les dynamiques qui concourent à la problématique de la qualité de l'eau douce dans ces milieux complexes tout en menant une étude descriptive et comparative suivant les différentes zones identifiées.

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120

TABLES DES ILLUSTRATIONS

LISTE DES FIGURES

Figure 1: Carte des îles de la Basse-Casamance 6

Figure 2: Schéma des mesures in-situ 18

Figure 3: Carte de Localisation de la zone d'étude 24

Figure 4: Carte des sols des communes de Kafountine et de Diembéring 26

Figure 5: Le réseau hydrographique des Communes de Kafountine et Diembéring 28

Figure 6: Vitesses moyennes mensuelles des vents à Ziguinchor de 1960 à 2018 (source:

données ANACIM 2019) 32
Figure 7: Evolution de la direction des vents dominants à Ziguinchor (source : données

ANACIM, 2019) 34
Figure 8: Précipitations moyennes mensuelles de 1918 à 2018 à la station de Ziguinchor (Source

: données ANACIM, 2019) 35
Figure 9: Variations mensuelles des températures de1961-2018 (Source : données ANACIM,

2018) 36

Figure 10: Diagramme ombrothermique à la station de Ziguinchor entre 1961 à 2018 37

Figure 11: Evolution de l'évaporation moyenne mensuelle à la station de Ziguinchor de 1960-

2018 (Source : données ANACIM, 2018) 37

Figure 12: Evolution des anomalies pluviométriques à Ziguinchor de 1939 à 2018 46

Figure 13: Evolution des anomalies pluviométriques à Oussouye de 1939-2018 46

Figure 14: Evolution des anomalies pluviométriques à Diouloulou de 1939-2018 46

Figure 15: Evolution des températures moyennes annuelles à Ziguinchor de 1961-2018 _ (source:

ANACIM, 2018) 51

Figure 16: Evolution des décennies thermiques à Ziguinchor de 1961 à 2018_ (source: ANACIM,

2018) 51

Figure 17: Caractéristiques d'un estuaire (Source: https://professionnels.ofb.fr/fr/node/275 ) _ 54

Figure 18: Classification des estuaires selon l'hydrodynamique 55
Figure 19: Altitude en mètres dans les communes de Kafountine et Diembéring (carte à refaire)

57

Figure 20: Hauteurs d'eau (mm) en fonction du temps à partir du 06/03/2020 à 00h au

16/03/2020 à 23h (Source : données LMI PATEO/UASZ) 59

Figure 21: Evolution de salinité à Ziguinchor (Source données: Brunet-Moret, 1970) 60

Figure 22: Evolution de la salinité en fonction des saisons entre 1966 et 1985 à Ziguinchor

(Source données : Le Reste et al., 1992) 61
Figure 23 : Evolution de la salinité en saison humide en fonction des ISP dans la partie aval du

fleuve 62
Figure 24: Evolution de la salinité à la station de Carabane (Source : données LMI PATEO

IRD/UASZ) 63

Figure 25: Evolution de l'occupation du sol entre 1973 à 1986 en % 65

Figure 26: Occupation du sol en 1973 Figure 27: Occupation du sol en 1986 67

Figure 28: Evolution de l'occupation du sol entre 1986 et 2003 68

Figure 29: Occupation du sol en 2003 Figure 30: Occupation du sol en 2019 69

Figure 31: Evolution de l'occupation entre 2003 et 2019 70

Figure 32: Evolution des terres salées entre 1973 et 2019 71

Figure 33: Modèle conceptuel de la lentille d'eau douce [échelle verticale non respectée] par

Bourhane (2014) 73
Figure 34: service d'approvisionnement d'eau potable géré en toute sécurité (ODD6.1) par

JMP, 2017 75

Figure 35: Sources d'approvisionnement en eau potable 77

121

Figure 36: Perception des usagers sur la disponibilité en eau potable 83

Figure 37: Mode de conservation des eaux 84

Figure 38: Points d'eau utilisés pour la boisson 86

Figure 39: Points d'eau utilisés pour la cuisine 87

Figure 40: Points d'eau utilisés pour les tâches ménagères 87

Figure 41: Fréquence d'utilisation des procédés de traitement pour l'eau de boisson 88

Figure 42: Fréquence des procédés de traitement pour l'eau de la cuisson 88

Figure 43: : Fréquence des procédés de traitement pour l'eau des autres tâches ménagères (linge,

lessive, bain 89

Figure 44: Perception de la population sur la distance émis pour s'approvisionner en eau 90

Figure 45: Evolution de la salinité dans les stations de mesures 93

Figure 46: Appréciation sur la qualité de l'eau potable dans les trois îles 94

Figure 47: Evolution du pH dans les stations de mesure 97

Figure 48: Evolution de la Conductivité à 25°C aux stations de mesure 98

Figure 49: Evolution de la minéralisation aux stations de mesure 99

Figure 50: Evolution des TDS aux stations de mesure 99

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Présentation des données d'archives utilisées 14

Tableau 2: Nombre de concessions enquêté par village 16

Tableau 3 : Caractéristiques des images Landstat 22

Tableau 4: Caractéristique hydraulique des nappes 29

Tableau 5: Valeurs de l'indice SPI 45

Tableau 6: Variable du test de Pettitt 47

Tableau 7: Segmentation d'Hubert (Niveau de signification du test de Scheffé = 1%) 48

Tableau 8: Caractéristiques des normales pluviométriques des différentes stations 50

Tableau 9: Statistiques de l'occupation du sol de 1973 à 2019 65

Tableau 10: Normes OMS et recommandations DGPRE applicables au Sénégal. 96

Tableau 11: Degré de minéralisation des eaux en fonction de la Conductivité 97

Tableau 12: Appréciation de la potabilité en fonction de la minéralisation par Schoeller 98

Tableau 13: Données de mesure in-situ 100

Tableau 14: Table de conversion (aperçu sur Excel) i

Tableau 15: Conductivités à l'état brut des eaux analysées xiv

Tableau 16: Tableau de conversion de la conductivité en fonction de la température (25°C) xv

Tableau 17 : Table de conversion de la minéralisation en fonction de la conductivité xv

LISTE DES PHOTOS

Photo 1: Analyse de l'eau dans une station de mesure à Diogué 19

Photo 2 : Dispositif utilisé pour les mesures (P.S. DIOP, 2020) 18

Photo 3: Diogué, un village de pêcheurs. Source : https://iles-casamance.org/erosion-epi-plage-2/

40

Photo 4: Puits localisé à côté de l'église de Carabane (à gauche) et à Niomoune (à droite) 78

Photo 5: La mare sacrée de Niomoune au quartier Some 79

Photo 6: Mare utilisée à la période de février au quartier Elou (Niomoune) 79

Photo 7: Cuve à impluvium à Diogué (P. S. Diop, 2020) 80

Photo 8: Cuve à impluvium à Niomoune (Source : A. Camara, 2003) 80

Photo 9: Eau pluviale stockée à Diogué 80

Photo 10 :Ba houwen dans la rizière au quartier Houback (Niomoune) 81

Photo 11: Forage villageois en panne à côté du jardin des femmes (Carabane) 82

Photo 12: Formes de conservation des eaux 85

122

Photo 13: Dépôts sauvages d'ordures à Carabane 102

Photo 14: Cuve à impluvium en cours d'exécution dans l'île de Carabane (P. S. DIOP, 2021) 106

Photo 15: Cuve à impluvium fonctionnelle à Diogué (P. S. DIOP, 2020) 107

Photo 16: Cuve à impluvium disponible à Niomoune, Campement (P. S. DIOP, 2020) 107

123

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

TABLE DES MATIERES

DEDICACES II

REMERCIEMENTS III

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATION V

RESUME VI

ABSTRACT VI

INTRODUCTION GENERALE 1

I. PROBLEMATIQUE 3

I.1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION 3

I.1.1. Contexte 3

I.1.2. Justification 5

I.1.3. Objectifs et hypothèses de recherche 7

II. DEFINITION DES CONCEPTS 8

III. METHODOLOGIE DE RECHERCHE 11

III.1. La recherche documentaire 11

III.2. Données et matériels 14

III.2.1 Les données d'archives 14

III.2.2 Les données de terrain 15

III.2.2.1. Les enquêtes 15

III.2.2.2. Les mesures in-situ 17

III.2.3. Outils de collecte et de traitement des données 19

III.3. LE TRAITEMENT DES DONNEES 20

III.3.1. Le traitement statistique 20

III.3.2. Le traitement cartographique et télédétection 21

PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE 23

CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES DES COMPOSANTS DU MILIEU PHYSIQUE 24

I. ESQUISSE GEOLOGIQUE ET GEOMORMOLOGIQUE 25

II. LES FORMATIONS PEDOLOGIQUES 25

III. LES RESSOURCES EN EAU 26

III.1. Les ressources en eau superficielles 27

III.2. Les ressources en eau souterraines 27

III.3. Les lentilles d'eau douce 29

IV. LES FORMATIONS VEGETALES 30

124

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

V. CLIMATOLOGIE 31

V.1. Dynamique générale du climat 31

V.1.1. Les centres d'actions 31

V.2. Analyse des éléments du climat 31

V.2.1. Le vent 32

V.2.1.1. Les vitesses moyennes mensuelles des vents 32

V.2.1.2. La fréquence de la direction des vents à la station de Ziguinchor 33

V.2.2. Les précipitations 34

V.2.3. Les températures 35

CHAPITRE II : LE CADRE HUMAIN 39

I. COMPOSITION DEMOGRAPHIQUE 39

II. LES ACTIVITES SOCIO-ECONOMQUES 39

II.1. L'agriculture et la pêche 39

II.2. L'élevage 41

II.3. Le tourisme 41

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES

RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE 42

CHAPITRE III : ANALYSE DE VARIABILITE CLIMATIQUE 43

I. ANALYSE DE LA VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE 43

I.1. L'indice normalisé de précipitations ou SPI (Standardized Precipitation Index) 44

I.4. Analyse des normales pluviométriques 49

II. ANALYSE DES VARIATIONS DE LA TEMPERATURE 50

CHAPITRE IV : EVOLUTION DE LA SALINITE DANS L'ESTUAIRE DE LA

CASAMANCE 54

I. LES FACTEURS FAVORBLES A LA SALINISATION DANS L'ESTUAIRE 54

I.1. La faiblesse de la topographie 56

I.2. Le fleuve Casamance : un estuaire inverse 54

I.3. L'influence de l'érosion côtière sur les facteurs de salinisation 57

II. DYNAMIQUE DE LA SALINITE DANS LA PARTIE AVAL DE L'ESTUAIRE 59

II.1. Régime des marées dans l'estuaire de la Casamance 59

II.2. Evolution de la salinité à la station marégraphique de Carabane 60

II.3. Etude diachronique de l'évolution des terres salées dans les communes de Kafountine et

Diembéring 64

II.3.1. Occupation du sol en 1973 à 2019 65

III.3.1. Analyse de l'évolution des tannes entre 1973 à 2019 dans les communes de Kafountine

et Diembéring 70

125

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

III. MECANISME DES INTRUSIONS SALINES DANS LES AQUIFERES EN MILIEU

INSULAIRE (PRINCIPE DE GHYBEN-HERSBERG) 72

TROISIEME PARTIE : ANALYSE DE L'ACCES ET DE LA QUALITE DE L'EAU

POTABLE 74

CHAPITRE V : ACCES A L'EAU POTABLE DANS LES ILES DE NIOMOUNE,

DIOGUE ET CARABANE 75

I. EAU ET USAGES DE L'EAU 77

I.1. Les différents points d'eau disponibles 77

I.1.1. Les puits 77

I.1.2. Les mares 78

I.1.3. Les cuves à impluvium 79

I.1.4. La collecte des eaux pluviales 80

I.1.5. « Ba houwen » 81

I.1.6. Le forage 81

I.2. Disponibilité en eau potable 82

I.3. Mode de conservation des eaux 84

1.4 Différents usages de l'eau 85

II. LES DIFFERENTS MODES DE TRAITEMENT DE L'EAU AVANT USAGE 87

III. DIFFICULTES LIEES A L'ACCES DE L'EAU POTABLE 89

III.1. Temps de parcours pour accéder à la ressource 89

III.2. Contraintes liées à l'accès à l'eau potable 90

CHAPITRES VI : ETAT DES LIEUX DE LA QUALITE DE L'EAU POTABLE ET DE LA

QUESTION DE L'ASSAINISSEMENT 91

I. CARACTERISTIQUES DES EAUX EN FONCTION DE LA SALINITE 91

I.1. Les eaux douces 91

I.2. Les eaux salées 92

I.3. Les eaux saumâtres 92

I.4. Les eaux d'approvisionnement dans les îles 92

II. ANALYSE DE LA QUALITE DES EAUX ISSUES DES SOURCES

D'APPROVISIONNEMENT 93

II.1. PERCEPTION DE LA POPULATION SUR LA QUALITE DE L'EAU POTABLE 94

II.2. Analyse de la qualité organoleptique des eaux 95

II.2.1. La couleur 95

II.2.2. L'odeur 95

II.2.2. Le goût 95

II.3. Analyse de la qualité de quelques paramètres physico-chimique des eaux 96

II.3.1. La température T°C 96

II.3.2. Le pH 96

126

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

II.3.3. La Conductivité électrique d'une eau (CE) en ìs/cm 97

II.3.4. TDS 99

III. BREF APERCU DE LA QUESTION DE L'ASSAINISSEMENT 101

CHAPITRES VII : GESTION DE L'EAU EN MILIEU INSULAIRE 103

I. INITIATIVES NATIONALES D'AMELIORATION DE LA GESTION DE L'EAU EN

MILIEU RURAL 103

I.1. Le cadre institutionnel de l'eau 103

I.2. Le projet d'alimentation en eau potable des iles de la Basse-Casamance 104

II. LES STRATEGIES LOCALES D'AMELIORATION DE LA GESTION DE

L'EAU 105

II.1. Collecte des eaux pluviales 105

II.2. Citernes de récupération des eaux de pluie 106

III. PERSPECTIVES 108

III.1. Recommandations locales 108

III.2.1. Le principe du forage dessalinisant 108

III.2.2. Valorisation des eaux pluviales 109

CONCLUSION GENERALE 110

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 112

ANNEXES i

TABLES DES ILLUSTRATIONS 120

LISTE DES FIGURES 120

LISTE DES TABLEAUX 121

LISTE DES PHOTOS 121

TABLE DES MATIERES 123

i

ANNEXES

ANNEXES

Tableau 14: Table de conversion (aperçu sur Excel)

ii

Tests statistiques de détection d'éventuelles Ruptures chronologiques

111

Test de BUISHAND et ellipse de BOIS

C:1Users\asus pc\Desktop\Zguinchor.KSI

Identification Variable étudiée Unité

Chronique de

Station de Ziguinchor Pluviométrie annuelle P(mm)

1939 â 2018

VariableSkdefellipsr -99% 95°% I~90%

C

C C

o

a E

.43

E E

a

rn

2018

1943 1948 1953 1958 1963 1968

4 500 4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500

0

-500

-1 000

-1 500-

-2 000

-2 500

-3 000

-3 500

1938

1973 1978 1983 1988 1993 1998 2003 2008 2013 Période

Hypothèse nulle (absence de rupture) acceptée au seuil de confiance de 99%
Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 95%
Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 90%

27!10!2020 07:52:50 Khronostat 1.01 - UMR Hydrosciences Montpellier

I1

iv

Méthode non paramétrique de PETTITT

C:1Users\asus pc\Desktop\Zguinchor.KSI

Identification Station de Ziguinchor

Variable étudiée Pluviométrie annuelle

Unité P(mm)

Chronique de 1939 â 2018

Variable U du test de Pettitt

700 600. 500 400 300 Li 200 100 0 -100 -200

 

1039 1943 1048 1953 1058 1963 1068 1073 1078 1983 1088 1993 1098 2003 2008 2013

Période

Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 90%

27/13/2020 07:53:34 Khronostat 1.01 - UMR Hydrosciences Montpellier

V

Analyse de séries chronologiques

C:IUserslasus pc\Desktop\Oussouye.KSI

Identification Station de Oussouye

Variable étudiée Pluviométrie annuelle

Unité P(mm)

Chronique de 1939 è 2018

Valeurs

2 000 1 500 1 000 500

f

Z

0 -

vi

1939 1943 1947 1951 1955 1959 1963 1967 1971 1975 1979 1963 1967 1991 1995 1999 2003 2007 2011 2015

Tests de vérification du caractère aléatoire

Test de corrélation sur le RANG

Hypothèse nulle (série chronologique aléatoire) rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse nulle (série chronologique aléatoire) rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse nulle (série chronologique aléatoire) rejetée au seuil de confiance de 99°%

Valeur de la variable de calcul: -3,6561

Tests de détection de rupture

Test de BUISHAND et ellipse de BOIS

Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 90%

Méthode non paramétrique de PETTITT

Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 90%

Probabilité de dépassement de la valeur critique du test: 3,65E-05 en 1967

Méthode bayésienne de LEE et HEGHINIAN

Mode de la fonction densité de probabilité a posteriori de la position du point de rupture: 0,2188 en 1958 Segmentation de HUBERT

Niveau de signification du test de Scheff é: 1%

 

Fin

1967

2018

Moyenne

1667, 659

1269,624

Ecart type

342,8tib

231,684

I1

27/10/2020 08:15:35 Klrronostat 1.01 - UMFR Hydrosciences Montpellier

vii

Test de BUISHAND et ellipse de BOIS

C:1Users\asus pc\DesktoplOussouye.KSI

Identification Variable étudiée Unité

Chronique de

Station de Oussouye Pluviométrie annuelle P(mm)

1939 â 2018

Variable Sk de l'ellipsr -- 99% 95% 90%

7 000 6 000 50X1 4 000 3 000 2 000 1 000

0

-1 000

-2 000

-3 000

-4 000

 
 
 
 
 
 
 

1943 1948 1953 1958 1963 1968 1973 1978 1983 1988 1993 1998 2003 2008 2013 2018

Période

cc

C

.43

o

a E

N

v

E E a rn

1938

Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 90%

27!1(12020 08:17:34 Khronostat 1.01 - UMR Hydrosciences Montpellier

I1

viii

Méthode non paramétrique de PETTITT

C:1Users\asus pc\DesktoplOussouye.KSI

Identification Station de Oussouye

Variable étudiée Pluviométrie annuelle

Unité P(mm)

Chronique de 1939 â 2018

Variable Lido test de Pettiti

90G 80G 700 600 u 500

40030020010D

a

1939 1940 1948 1953 1958 1963 1968 1973 1978 1982 1987 1992 1996 2001 2005 2010 2015

Période

Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 90%

27!16!2020 08:18:30 Khronostat 1.01 - UMR Hydrosciences Montpellier

ix

X

Analyse de séries chronologiques

C:IUserslasus pc\Desktop AMPA DIATTA1doc\D1OULOU.KSI

Identification Station de Diouloulou

Variable étudiée Pluviométrie annuelle

Unité P(mm)

Chronique de 1950 6 2018

Valeurs

Tests de vérification du caractère aléatoire

Test de corrélation sur le RANG

Hypothèse nulle (série chronologique aléatoire) rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse nulle (série chronologique aléatoire) rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse nulle (série chronologique aléatoire) rejetée au seuil de confiance de 90%

Valeur de la variable de calcul: -2,6933

Tests de détection de rupture

Test de BUISHAND et ellipse de BOIS

Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 90%

Méthode non paramétrique de PETTITT

Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 90%

Probabilité de dépassement de la valeur critique du test: 7,49E-04 en 1970

Méthode bayésienne de LEE et HEGHINIAN

Mode de la fonction densité de probabilité a posteriori de la position du point de rupture: 0,4802 en 1967 Segmentation de HUBERT

Niveau de signification du test de Scheffé: 1%

 

Fin

1967

2018

Moyenne

1476,294

1076,751

Ecart type

247,11b

263,056

J1

22/11/2021 00:42:55 Klrronostat 1.01 - UMFR Hydrosciences Montpellier

xi

Test de BUISHAND et ellipse de BOIS

C:1Users\asus pc\Desk[op\AMPA DIATTAIdoc\DIOULOU.KSI

Identification Variable étudiée Unité

Chronique de

Station de Diouloulou Pluviométrie annuelle P(mm)

1950 â 2018

Variable Sk de l'ellipsr -- 99°% 95% I~90%

5 006

§ 4 00G

C C

r, 3 000

O I

al 2 00G

N m 1000 G

· N

ay 0

N e -1000

e

a rn -2 000

-3 00G

1949 1953 1957 1961 1965 1969 1973 1977 1981 1985 1989 1993 1997 2001 2005 2009 2013 2017

Période

Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 90%

22!1112021 00:45:03 Khronostat 1.01 - UMR Hydrosciences Montpellier

I1

xii

Méthode non paramétrique de PETTITT

C:1Users\asus pc\Desktop\AMPA DIATTAIdoc\DIOULOU.KSI

Identification Station de Diouloulou

Variable étudiée Pluviométrie annuelle

Unité P(mm)

Chronique de 1950 â 2018

Variable U du test de Pettitt

650600 550 500450 400 350 u 300 253 202 152 103 52

O

-50

-100

1950 1954 1958 1952 1966 1970 1974 1978

1982 1986 1990 1994 1998 2002 2006 2010 2014

Période

Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de confiance de 90%

22!11!2021 00:45:31 Khronostat 1.01 - UMR Hydrosciences Montpellier

xiii

xiv

Tableau 15: Conductivités à l'état brut des eaux analysées

 

Sources/Paramètres

T°C

CE (ìs/cm)

Niomoune

P1

23,8

7090

P2

25

114,3

P3

27,1

220

P4

27

9960

Mare 1

23,8

2520

mare 2

29,5

6450

Impluvium 1

24,7

86,7

Impluvium 2

27

107,5

Collecte pluviale

29,1

33,5

Ba houwen

26,1

1031

Diogué

P1

25,7

1591

P2

26,7

494

P3

26

1547

P4

24,3

663

P5

24,4

535

P6

25,7

207

P7

26,9

1362

Impluvium1

24,1

64,5

Collecte pluviale

27

15,4

Carabane

P1

25,1

4180

P1

27,5

2410

P3

27,5

427

P4

25,8

218

P5

28,4

789

Collecte pluviale

27,8

22,7

xv

Tableau 16: Tableau de conversion de la conductivité en fonction de la température (25°C)

Tableau 17 : Table de conversion de la minéralisation en fonction de la conductivité

Conductivité à 20°C (jtS/cm)

Minéralisation(mg/l)

Conductivité inférieure à 50 jtS/cm

1,365 079 X conductivité (*) (jtS/cm) à 20 °C

Conductivité comprise entre 50 et 166 jtS/cm

0,947 658 X conductivité (*) (jtS/cm) à 20 °C

Conductivité comprise entre 166 et 333 jtS/cm

0,769 574 X conductivité (*) (jtS/cm) à 20 °C

Conductivité comprise entre 333 et 833 jtS/cm

0,715 920 X conductivité (*) (jtS/cm) à 20 °C

Conductivité comprise entre 833 et 10 000 jtS/cm

0,758 544 X conductivité (jtS/cm) (*) à 20 °C

Conductivité supérieure à 10 000 jtS/cm

0,850 432 X conductivité (*)(jtS/cm) à 20 °C

(*) X 1,116 pour 25 °C. Source : Rodier, 2009

xvi






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