UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
Faculté des Lettres et Sciences
Humaines
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
MEMOIRE DE MASTER 2
RESSOURCES, ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT
(RED)
PARCOURS : Hydrologie
Vulnérabilité des ressources en eau et
sociétés insulaires de
Basse-Casamance dans un contexte de variabilité
climatique: exemple de l'accès à l'eau potable à Carabane
(Commune de Diembéring) Diogué et Niomoune (Commune de
Kafountine)
Présenté par :
Sous la direction de :
M. Pape Samba DIOP Mme Awa NIANG FALL
Professeur assimilé
ANNEE ACADEMIQUE : 2019/2020
|
I
SOMMAIRE
DEDICACES II
REMERCIEMENTS III
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATION V
RESUME VI
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE
23
CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES DES COMPOSANTS DU MILIEU
PHYSIQUE 24
CHAPITRE II : LE CADRE HUMAIN 39
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE 42
CHAPITRE III : ANALYSE DE VARIABILITE CLIMATIQUE 43
CHAPITRE IV : EVOLUTION DE LA SALINITE DANS L'ESTUAIRE DE
LA
CASAMANCE 54
TROISIEME PARTIE : ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES
ILES DE NIOMOUNE, DIOGUE ET CARABANE 74
CHAPITRE V : ACCES A L'EAU POTABLE DANS LES ILES DE
NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE 75
CHAPITRES VI : ETAT DES LIEUX DE LA QUALITE DE L'EAU
POTABLE ET DE LA
QUESTION DE L'ASSAINISSEMENT 91
CHAPITRE VII : GESTION DE L'EAU EN MILIEU INSULAIRE 103
CONCLUSION GENERALE 110
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 112
TABLES DES ILLUSTRATIONS 120
TABLE DES MATIERES 123
ANNEXES i
II
DEDICACES
A
Mes parents Babacar Diop
Amy Diouf
Ami Madeleine Diatta
Je dédie ce présent travail ! Que le
Miséricordieux vous prête longue vie.
III
REMERCIEMENTS
Un travail de recherche, aussi minime, soit-il, est comme une
oeuvre d'art qui a nécessité un ensemble d'apports
(matériel et humain) destiné à sa réalisation.
Ainsi, j'exprime toute ma reconnaissance envers toutes ces personnes ayant
contribué directement ou indirectement de quelque manière que ce
soit, à l'élaboration de ce manuscrit. Recevez ici, ma plus
profonde gratitude et mes remerciements les plus chaleureux.
Ma grande reconnaissance va tout naturellement à cette
grande dame, travailleuse et très modeste, Pr Awa Niang-FALL. Sa
clairvoyance et son ouverture m'ont offert un cadre d'échange et de
partage tout au long de ce travail. Très accessible et disponible, elle
n'a ménagé aucun effort pour me venir en aide, m'orienter,
corriger mes défaillances ou encore me prodiguer d'avisés
conseilles. Travailler sous votre encadrement, Professeure, fut un grand
honneur. Vos enseignements sur le monde de la recherche, le savoir-vivre et le
savoir-faire ont sans doute été les plus beaux et fructueux
renforcements de capacités dans notre vie de jeune chercheur. Vos
qualités humaines ont de vous une mère à nos yeux. Je vous
serai à jamais reconnaissant et dévoué.
Par ailleurs, pour leur grande contribution à ma
formation, je rends un vif hommage au corps professoral du département
de Géographie de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar. A cette
occasion, j'adresse mes remerciements les plus chaleureux à Mme Pouye,
née Ndeye Ngom pour ses conseils et orientations durant ma
première année universitaire ; également aux Drs Cheikh
Diop, Anastasie Mendy Beye et les Professeurs Pascal Sagna et Papa Sakho pour
leurs soutiens et orientations. Je remercie par la même occasion, Dr
Abdoulaye Faty, Dr Sidia Diaouma Badiane, ces parrains, qui nous ont beaucoup
soutenus, orientés et conseillés. Nos problèmes
étaient toujours les leurs et leurs disponibilités étaient
mises à notre disposition.
De par leurs disponibilités et de
l'intérêt porté à mes travaux de recherche, ces
derniers ont contribué de manière exponentielle à ce
mémoire. Je veux citer : Dr. Waly Faye, Dr El Hadji Abdou Karim
Kébé, Ngor Maurice Sarr, Mamadou Ndione, Mbayang Thiam, Khady
Diouf, Dr Ba du département de Géologie de l'UCAD, Dr Mamadou
Thior et M. Yankoba Sané de l'UASZ, Dr Adama Cheikh Diouf de l'UGB. Vous
m'avez accueilli comme un frère, un compagnon, vos enseignements,
conseils et orientations ont été très utiles tout au long
de cette quête.
C'est aussi pour moi l'occasion de rendre un grand hommage
à tous les membres du laboratoire UMI Résiliences de l'IRD,
particulièrement, Mansour Nguirane, Habiboulaye Gano, Oumar Dieng,
Flore, avec qui nous avons acquis les prémices de la recherche. Aussi je
présente mes chaleureux remerciements à Djibril Gningue ainsi
qu'à tous les promotionnaires du Master II RED et ESD 2019,
particulièrement à Omar Cissé, Rose Gisèle Sambou,
Mohamed Ndiaye, Blaise Sambou, Ibrahima Coly, pour leurs suggestions et
orientations.
Mention spéciale est adressée à
l'équipe de «Dop Casamance» qui, en plus de m'avoir
accompagné sur la zone d'étude qui leur était inconnue,
m'a porté assistance dans tous les travaux menés avant, pendant
et après. Je veux citer ici : Abdoulaye Mbaye, Djiby Thiandoum, Yankhoba
Gadiaga, Matar Sylla et Abdoulaye Faye.
Le terrain d'étude m'a permis de côtoyer des
personnes généreuses et humbles. Je voudrais ici adresser mes
salutations à mes familles d'accueil, notamment la famille Gueye
à Carabane, la famille Badji à Niomoune (Houbak) ainsi
qu'à la famille Diatta à Diogué (Yamatogne). Mes
remerciements vont également à l'endroit de notre piroguier,
père Vieux à Elinkine.
Ma gratitude à vous : M. Khalifa Sarr, de la Direction
des Mines et de la Géologie, M. Justin Sadio, Chef de division Etudes
à l'OFOR, responsable du projet «Alimentation en eau potable des
îles de la Basse-Casamance, M. Assane Camara, ancien homme de terrain
à ENDA, M. Diémé, Directeur de la division
régionale de l'hydraulique de Ziguinchor. Vous m'avez toujours
accordé votre temps, de la collecte de l'information à la
collecte de données. Vos suggestions et orientations ont
été d'un grand apport. Recevez ici toute ma gratitude.
Je ne saurais clore ce chapitre de remerciements sans
mentionner très affectivement mes proches : ma famille qui, à
distance, m'a soutenu de tous les moyens qui soient. Ma famille d'accueil
à Rufisque notamment Mafal Ndiaye ainsi que toute sa famille qui a
été d'un soutien sans égal et de tout genre. Mes amis,
particulièrement Khaled Abassagha Diatta, Cheikh Tidiane Diagne,
Bassirou Diallo, Khadidiatou Diallo. Vous avez su supporter mes caprices, les
gérer et en proposer des perspectives.
IV
A tous, Merci !
V
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATION
ANACIM : Agence Nationale de l'Aviation
Civile et de la Météorologique
ANSD : Agence Nationale de la Statistique et
de la Démographie
BM : Banque Mondiale
BP : Before the Present
CNUDM : Convention des Nations Unies sur le
Droit de la Mer
CSE : Centre de Suivi Ecologique
CT : Continental Terminal
DEEC : Direction de l'Environnement et des
Etablissements Classés
DGPRE : Direction Générale de
la Planification des Ressources en Eau
GIEC : Groupe d'experts Intergouvernemental
sur l'Evolution du Climat
IRD : Institut de Recherche pour le
Développement
JMP : Joint Monitoring Program
LMI/PATEO : Laboratoire Mixte
International/Patrimoine et Territoires de l'eau
MEPN : Ministère de l'Environnement et
de la Protection de la Nature
ODD : Objectif de Développement
Durable
OFOR : Office des forages ruraux
OMD : Objectif du Millénaire pour le
Développement
ONU : Organisation des Nations Unies
PADERCA : Projet d'Appui au
Développement Rural en Casamance
PEPAM : Programme d'Eau Potable et
d'Assainissement du Millénaire
PLHA : Plan local d'hydraulique et
d'assainissement
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PNUE : Programme des Nations unies pour
l'environnement
TDS : Total des Solides Dissous
UASZ : Université Assane Seck de
Ziguinchor
UICN : Union Internationale pour la
Conservation de la Nature
USGS : United States Geological Surver
(Institut d'études géologiques des Etats-Unis
VI
RESUME
Situés dans l'estuaire inverse de la Casamance, en
partie maritime, les milieux insulaires restent confrontés à la
problématique d'accès à l'eau potable. Cet état de
fait résulte conjointement des conditions climatiques et de
l'hydrodynamisme fluviomarine du milieu. A partir de la méthodologie
adoptée, ce mémoire se veut d'étudier les facteurs de
vulnérabilité qui influent sur l'accès des populations
à la ressource en eau potable. La démarche s'est donc
appuyée sur l'analyse de la variabilité climatique, de la
dynamique saline, de la perception des populations locales sur leurs conditions
d'accès, mais également des mesures in-situ relatives à la
qualité de l'eau potable. Il ressort de ce travail que la
péjoration climatique a fortement contribué à l'influence
saline, principale conséquente de la dégradation de la
qualité des ressources en eau douces. La résultante qui s'en suit
sera de lourdes conséquences sur la disponibilité et les
conditions d'accès de ces insulaires de Basse-Casamance.
Mots clés : Estuaire inverse,
variabilité climatique, dynamique saline, accès à l'eau
potable, insulaire, Basse-Casamance
ABSTRACT
Located in the inverted estuary of the Casamance, in the
marine part, the insular environments remain confronted with the problem of
access to drinking water. This situation results from both the climatic
conditions and the river and marine hydrodynamics of the area. Based on the
methodology adopted, this thesis aims to study the vulnerability drivers that
influence the access of populations to the drinking water resource. This
approach was based on the analysis of climatic variability and saline dynamics,
the perception of local populations on their access conditions, but also on
on-site measurements related to drinking water quality. It appears from this
research that the climatic deterioration has strongly contributed to the saline
influence, which is the main consequence of the degradation of the quality of
fresh water resources. The subsequent result will have serious consequences on
the availability and access conditions of these inhabitants of Lower
Casamance.
Keywords: Inverted estuary, climate
variability, saline dynamics, access to drinking water, insular, Lower
Casamance
1
INTRODUCTION
INTRODUCTION GENERALE
Longtemps considérés comme un monde de
transition entre terre et mer, des portions de terres isolées, les
espaces insulaires ont toujours suscité un attrait scientifique pour la
communauté des chercheurs. Ce monde fort et diversifié offre un
aperçu et une écologie très variée et favorable
à l'observation scientifique des phénomènes naturels et
humains que d'aucuns pourraient même qualifier de « laboratoire
» (Mercier G., 1990). Cette particularité réside sans doute,
dans la complexité des dynamiques hydrologiques,
météo-marins, physico-chimiques et environnementales qui
régissent ces milieux (Chiron T., 2007).
Ainsi, ces différents facteurs constituent à la
fois une source de potentialité et par conséquent de
vulnérabilité. Cette dernière concerne entre autres les
ressources hydriques, dont porte notre étude, la gestion des
déchets, etc. qui y occupent une place très sensible. L'eau
étant une problématique majeure de l'insularité, elle
figure parmi les réalités les plus préoccupantes (Chiron
T., 2007). Enclavées, de nature par les eaux (marines) qui les
entourent, la ressource en eau dans les îles repose sur un
équilibre hydrostatique matérialisé par une zone
d'interface eau douce/eau salée qui en définit sa
sensibilité (Ndoye S., 2018). Parallèlement, cet équilibre
est fortement tributaire des conditions climatiques notamment les
précipitations qui constituent la principale source d'alimentation des
aquifères du milieu. De ce fait, toute irrégularité des
paramètres climatiques pourrait avoir des effets néfastes sur la
ressource, notamment les phénomènes d'intrusion marine. La
contamination des aquifères côtiers par les eaux marines induit
des conséquences difficilement réversibles à
l'échelle de plusieurs décennies (Ndoye S., 2018).
A l'instar des îles de la Basse-Casamance, la rupture
climatique des années 1970 a fortement contribué au processus de
salinisation des eaux dans la région (Diop E. S., 1986). Ainsi, les
questions relatives à la vulnérabilité des ressources en
eau douce ont toute leur pertinence (Thior M. et al., 2019b). Avec une
faible topographie, des pentes relativement basses et une localisation en
estuaire négatif, la pénétration des eaux marines se fait
sentir jusqu'à l'intérieur des terres à l'aide des effets
de marées et de fortes houles (Diop E. S., 1986). Il s'agit d'une
problématique assez complexe d'autant plus que ces facteurs influencent
négativement la qualité de l'eau, rendant ainsi les conditions
d'accès à cette dernière beaucoup plus contraignante
(Sané T., 2017).
Il s'agira donc, dans ce présent travail, de
présenter les éléments physico-humains de la zone
d'étude dans un premier temps afin d'identifier les variables
afférentes à la ressource en eau.
2
INTRODUCTION
Dans un second temps, il sera question de comprendre les
dynamiques naturelles qui concourent à la modification des conditions
environnementales récentes en rapport avec la dégradation des
ressources hydriques. Dans un troisième temps, une analyse de
l'accès et de la gestion des ressources en eau potable permettra de
dégager des perspectives pour une meilleure prise en
considération de la problématique de recherche.
Cette approche est essentielle dans la mesure où elle
permettra de contribuer de manière modeste à la production
scientifique, à travers la littérature, afin de participer
à l'aide de décision pour d'éventuels projets
destinés à aider les populations insulaires qui souffrent d'un
problème lié à la qualité de l'eau. Une
étude thématique basée sur l'accès à l'eau
potable et sa qualité dans la zone permettra de mieux appréhender
ces problèmes dans le but d'établir une liste de recommandations.
Ainsi, les résultats de ce mémoire pourraient être
partagés à des organisations oeuvrant dans l'aide aux populations
en détresse afin de les appuyer vers la mobilisation de pratiques
adaptées à cette réalité. Certes, quelques travaux
de recherche ont été effectués dans cette région
antérieurement, mais comme le milieu physique est en perpétuel
mutation, une mise à jour serait fondamentale.
3
INTRODUCTION GENERALE
I. PROBLEMATIQUE
I.1. Contexte et justification
I.1.1. Contexte
Dans beaucoup de régions intertropicales au monde, les
milieux estuariens restent vulnérables à la problématique
d'accès endogène à l'eau potable. Dans ces milieux, on
note un mélange ou une interférence entre les eaux marines
salées et les eaux douces fluviales faisant intervenir plusieurs
conséquences notamment les intrusions salines (Valle-Levinson A., 2010).
Cet état de fait résulte des conditions hydrodynamiques et
biophysiques conditionnées d'une part par les apports en eaux douces
drainées par les terres et d'autre part par les eaux marines
salées. Il en résulte ainsi une zone de transition entre le
continent et l'océan où se développent des
écosystèmes très complexes et biologiquement productifs
(Niang A., 2014).
En fonction des différents processus hydro-marins,
plusieurs types d'estuaires peuvent être identifiés notamment les
estuaires inverses, ou hypersalines (Pritchard D. W., 1967). Ces milieux d'eau
douce, sont caractérisés par des pertes d'eau
d'évaporation qui dépassent les eaux de ruissellement et les
précipitations. Une salinisation intense se produit alors en raison des
remontées marines et la salinité de l'eau de l'estuaire
dépasse largement celle de l'eau de mer (Pritchard D. W., 1967). Ces
estuaires correspondent entre autres à ceux situés dans les
Rivières du sud1 notamment l'estuaire du Saloum et de la
Casamance (Niang A., 2014) où l'eau demeure une ressource
vulnérable.
Localisé dans le Sud-Ouest du Sénégal,
l'estuaire de la Casamance est l'un des espaces où le problème de
la qualité des eaux se pose avec acuité (Sarr C. S., 2017).
Déjà en 1828, l'Amiral Lepredour décrivait la
Basse-Casamance comme une région où l'eau douce était non
seulement rare mais saumâtre avec un accès difficile (Lahoud A.,
1988). Une situation que semble confirmer Diarra (1965) quand il rapportait que
dans cette région l'on mourrait de soif, car l'eau est toujours
salée et impropre à la consommation (Cormier-Salem M. C., 1989).
Or, la zone est bien drainée par le fleuve Casamance, qui divise la
région en deux, avec ses nombreux petits affluents qui parcourent les
deux rives (Sané T., 2017). Ainsi peut-on dire que cette situation
hydrique ou hydrologique n'est pas liée à un problème de
quantité de la ressource, mais plutôt à une question de
qualité. En effet, les ressources en eau sont
régulièrement soumises à des invasions salines, en raison
de la faiblesse des pentes, affectant ainsi leur qualité (Dacosta H.
et
1 Nom riche d'évocation pour certains,
désigne la frange littorale profondément aménagée
par l'homme et s'étend du Sénégal (Saloum) à la
Sierra Leone et bordée par la formation de mangrove (Cormier-Salem,
1999).
4
INTRODUCTION GENERALE
Gomez R., 1998). A cela s'ajoute leur dépendance aux
conditions climatiques qui en déterminent leur état et leur
vulnérabilité (Malou R., 1992).
La rupture climatique qui s'est opérée depuis
1969 a engendré d'énormes conséquences sur les ressources
en eau en Basse-Casamance (Diop E. S., 1986, 1990 ; Dacosta H., 1989 ; Dacosta
H. et Gomez R., 1998 ; Malou R., 2004 ; Cormier-Salem M. C., 1989) entrainant
une nette diminution de l'apport pluvial et par conséquent une
amplification du processus de remontée saline, conditionnée par
un taux important d'évaporation. Ceci a rendu le bilan hydrique
déficitaire dans l'estuaire de la Casamance (Lahoud A., 1988), modifiant
ainsi le comportement hydrologique du cours d'eau principal (le fleuve
Casamance). La Casamance est devenue alors un estuaire à sens
inverse2, et cela s'est produit selon Diop E. S. (1986) juste au
début des années 1970. Avec une péjoration des conditions
pluviométriques, les débits déjà faibles ont encore
diminué, les apports d'eau douce sont devenus insuffisants pour
compenser les remontées salines (Cormier-Salem M. C., 1989).
Aujourd'hui, la disponibilité en eau est influencée, d'une part
par une pluviométrie moins abondante et surtout
irrégulière, et d'autre part par le contraste entre les
bas-plateaux cloisonnés et les bas-fonds influencés par
l'intrusion saline (Sané T., 2017). Ce qui amène l'eau
salée à pénétrer non seulement dans les terres mais
aussi dans les aquifères superficielles et profonds, qui permettaient
auparavant à ces populations d'avoir de l'eau de consommation tout au
long de l'année. Ces problèmes se sont plus accentués en
milieu insulaire (Sarr C. S., 2017), du fait de la forte imbrication entre
terre-mer et fleuve qui influe fortement sur la nature des ressources en
eau.
Dans les îles de la Basse-Casamance, les nappes d'eaux
douces exploitables sont localisées sous forme de lentilles plus ou
moins substantielles, principalement dans les unités de cordons sableux
et de terres topographiquement élevées (Diop E. S., 1986). Ceci
découle des modifications de l'hydrologie et de l'hydrogéologie
sur le littoral qui résultent, d'après (Kim et al.,
2009) des déplacements de l'interface eau douce/eau salée. Dans
cette zone d'interface, les eaux douces s'écoulant dans l'océan
se mélangent aux eaux salées par le processus de dispersion et de
diffusion moléculaire (Barlow P. M., 2003). Une dynamique se
présente alors avec une position qui dépend directement des
conditions de flux (climat), de potentiel (océan) mais également
de prélèvements (actions anthropiques) (Vittecoq B. et al.,
2007).
2 Selon Pritchard (1967), un estuaire à sens inverse est
un estuaire dans lequel l'influence de l'eau douce est nulle en saison
sèche, conduisant à l'hypersalinisation de l'eau des
rivières ou fleuves.
5
INTRODUCTION GENERALE
Autrement dit, les aquifères côtiers sont plus ou
moins sensibles aux intrusions salines sous conditions naturelles et/ou sous
influence anthropique, en fonction de leur structure, de leur
hétérogénéité et de leur relation avec les
eaux de surface (Dörfliger N. et al., 2010). L'influence
anthropique peut être également caractérisée par les
prélèvements de sables, les défrichements anarchiques, les
mises en culture, les techniques culturales inadaptées (Barrat J. M.,
2012) et un assainissement traditionnel, qui accentuent la
vulnérabilité de la zone. Les milieux insulaires
Basse-Casamançais sont vulnérables en ce qui concerne la
problématique de l'eau et surtout dans un contexte de variabilité
climatique (Sarr C. S., 2012).
Entre Diogué (à l'embouchure du fleuve
Casamance) et Ziguinchor, la région est parcourue par une multitude de
marigots3, bordés de palétuviers anastomosés en
laissant des îles de toutes tailles et entretenues par les courants de
marée (Brunet-Moret Y., 1969). Au total vingt et une (21) îles y
sont localisées : sept (7) dans la Commune de Diembéring
(département d'Oussouye) et quatorze (14) dans la Commune de Kafountine
(département de Bignona). La zone d'étude est localisée
dans ce milieu plus précisément dans les iles de Diogué,
Niomoune et de Carabane (Figure 1). Elles constituent l'une
des localités humides du Sénégal. En dépit de cette
humidité, elles restent confrontées à la
problématique de l'accès à l'eau.
I.1.2. Justification
Le choix de ces îles s'explique du fait que les
questions relatives à la qualité des ressources en eau y sont les
plus préoccupantes en raison des facteurs géographiques,
hydrogéologiques et climatiques du milieu. De plus, le souci de chercher
à comprendre les dynamiques naturelles en rapport avec les conditions
humaines demeure un impératif pour le jeune chercheur que nous sommes.
La majeure partie des études menées sur les îles de la
Basse-Casamance porte principalement sur les formations végétales
et pédologiques, les activités agricoles, les fonctionnements
hydrologiques, etc. La pertinence de la thématique de recherche et sa
faible documentation a poussé notre curiosité dans le choix du
sujet. Le recours à la bibliographie existante et aux données de
terrain ont également orienté notre choix. Ce travail de
recherche porte sur la zone estuarienne régulièrement soumise
à la marée.
Avec l'accroissement de la demande en eau et la
vulnérabilité du système hydrique du fait de sa
proximité avec le fleuve Casamance hyper-salé et de
l'océan, la salinisation superficielle et l'intrusion saline ne
pourraient que progresser vers l'intérieur des terres.
3 Ces marigots sont plus connus sous le nom de
bolons
6
INTRODUCTION GENERALE
Figure 1: Carte des îles de la
Basse-Casamance
Dans cette région estuarienne, les nappes d'eaux douces
présentent selon Diop E. S. (1986) deux limites majeures. La
première concerne l'insuffisance des ressources en eaux superficielles,
causée principalement par une pluviométrie
irrégulière. La seconde, quant à elle, est due à la
salinisation des nappes ainsi qu'à des risques de contamination accrue,
aussi bien pour les nappes superficielles que pour les nappes profondes
à cause de l'existence du biseau salé. Le risque d'invasion
saline des aquifères se pose donc dans tout le secteur du littoral (Diop
E. S., 1986). La nappe d'eau superficielle du Continental Terminal y est la
principale source d'alimentation en eau pour les populations rurales.
Située à faible profondeur (moins de 30 m), elle est
exploitée de manière traditionnelle au moyen des puits villageois
(Malou M., 1992).
7
INTRODUCTION GENERALE
Ainsi, malgré le nombre important de puits (123)
répertoriés dans ces iles, lors d'une enquête de 2008 par
Bury A. C. & Pierini A., l'accès à une eau de qualité
demeure un problème fondamental. L'eau y est saumâtre,
excessivement fluorée et également impropre à la
consommation humaine du fait de la contamination des nappes par les eaux
salées des estuaires et les eaux de ruissellement pendant l'hivernage.
En plus, le système d'assainissement traditionnel crée les
conditions de contact direct entre les fosses et la nappe phréatique qui
est peu profonde. Ce qui expose la population à de réels
problèmes de santé publique. Le phénomène de la
salinisation des puits est une caractéristique générale de
ces îles (PEPAM, 2007 ; 2010).
Malgré des efforts consentis par les pouvoirs publics
et les partenaires (mise en place de barrages anti-sels de GUIDEL, d'Affiniam,
de Djigounoum et autres petits barrages, la construction du mur de protection
des maisons contre l'érosion côtière en juillet 2014
à Carabane, permettant d'épargner les populations des zones
vulnérables, la construction de cuves à impluviums à
Ourong, Niomoune, Diogué, etc. pour la collecte des eaux pluviales). Les
populations souffrent toujours des impacts de la variabilité climatique
en raison de leur forte vulnérabilité. Cette situation nous
amène à ce questionnement : Quels sont les dynamiques qui
favorisent la vulnérabilité de ces sociétés
insulaires par rapport à leur accès à l'eau potable ?
Quelles sont les stratégies mises en oeuvre pour faire face à
cette problématique ?
I.1.3. Objectifs et hypothèses de
recherche
? Objectifs
Objectif général :
L'objectif général de ce travail de recherche
est de montrer la vulnérabilité des sociétés
insulaires de Basse-Casamance face à la dégradation de la
qualité des ressources en eau dans un contexte de la variabilité
climatique et océanographique.
Objectifs spécifiques :
? Analyser les facteurs naturels à l'origine de la
dégradation des ressources en eau dans ces îles ;
? Faire un état des lieux de l'accès et de la
qualité de l'eau potable ;
? Analyser la capacité d'adaptation des populations face
à cette problématique ;
? Hypothèses de recherche
Pour atteindre ces objectifs, les hypothèses suivantes
sont formulées :
8
INTRODUCTION GENERALE
y' Les variations des conditions climatiques récentes
dans la région sont à l'origine de l'augmentation de la
salinité des eaux douces ;
y' Les sources d'approvisionnement le plus souvent non
améliorées sont tributaires des
variations environnementales du milieu qui peuvent en
altérer la qualité ; y' La faible capacité d'adaptation
des populations accentue leur vulnérabilité face à
cette
problématique qui nécessite de meilleures
stratégies d'atténuation.
II. DEFINITION DES CONCEPTS
Dans un contexte de péjoration climatique, les
écosystèmes côtiers, en particulier les ressources
hydriques, auront à subir l'influence de l'invasion marine créant
ainsi une vulnérabilité des sociétés insulaires
face à la problématique d'accès à l'eau potable.
Pour mieux comprendre cette thématique de recherche, une brève
synthèse des concepts qui la constituent serait pertinente.
o Vulnérabilité
Etymologiquement, le concept de vulnérabilité
vient du latin « vulnerare », qui signifie, blesser, endommager,
porter atteinte à faire mal à, froisser, offenser. Elle est donc
le caractère de ce qui est vulnérable, fragile, précaire,
de ce qui peut être attaqué, blessé, endommagé. Elle
est synonyme de fragilité face à une menace. Par extension, est
vulnérable ce qui est sensible aux perturbations. C'est un concept
polysémique du fait de sa complexité. Selon Fabiani et Theys
(1987) cités par Kane. C. (2010), « le mot souffre d'un trop-plein
sémantique puisqu'il évoque aussi bien la dépendance ou la
fragilité, la centralité, l'absence de régulation
efficace, le gigantisme ou la faible résilience ». C'est de ce
fait, un concept flou, récent et utilisé dans plusieurs
disciplines. Quelques définitions seront énumérées
ci-dessous afin de mieux comprendre la complexité de cette notion.
D'après Gbeassor M. et al. (2006), c'est
l'ensemble de conditions et de processus résultant de facteurs
physiques, sociaux, économiques et environnementaux, qui augmentent la
sensibilité des enjeux d'une communauté, d'une région,
d'une nation aux effets des aléas. La vulnérabilité est un
ensemble de pré-conditions qui se révèlent au moment de la
catastrophe. Dans le rapport du GIEC (2007), la vulnérabilité
désigne le degré par lequel un système ou une
société risque de subir ou d'être affecté
négativement par les effets néfastes des changements climatiques,
y compris la variabilité climatique et les phénomènes
extrêmes. Elle dépend donc du caractère, de l'ampleur, et
du rythme des changements climatiques auxquels ce système ou cette
société est exposé, ainsi que de sa sensibilité et
de sa capacité d'adaptation. Ici, la vulnérabilité est
donc considérée comme un indicateur de réaction à
un facteur externe. Il est très important de bien voir qu'on ne parle
pas ici seulement d'exposition, mais aussi de capacité d'adaptation de
ces
9
INTRODUCTION GENERALE
sociétés ou de ce système et de leur
sensibilité. Pour Nicolaï J. P. (2007) « la
vulnérabilité est la prédisposition d'un système
à souffrir d'un choc ou d'un stress ». Le concept s'applique aussi
bien à des personnes, à des groupes humains qu'à des
objets ou à des systèmes (écosystème,
entreprise...). Partant de ce principe, la vulnérabilité d'un
système socioéconomique à un événement
extrême apparaît comme la propension de ce système à
être endommagé, en première analyse de par son exposition
à cet événement. Cependant, pour D'Ercole R., et
al. (1994), la vulnérabilité se traduit par la propension
d'une société donnée à subir des dommages en cas de
manifestation d'un phénomène naturel ou anthropique. Pour
appuyer, Wisner (2003) cité par Thiaw D. (2016) désigne cette
notion comme l'ensemble des caractéristiques et de la situation d'une
personne ou d'un groupe qui influencent leurs capacités à
anticiper, faire face, résister et se rétablir après
l'impact d'un aléa.
Les définitions trouvées dans la
littérature scientifique varient d'auteurs à auteurs. Il est
alors nécessaire de définir clairement de quoi on désire
parler. Au regard de ces définitions, il convient de retenir les deux
(02) premières définitions comme appartenant à notre
thématique de recherche ; à savoir, la sensibilité d'un
système (ressources en eau) ou d'une société (les
sociétés insulaire) à être affecté ou
à souffrir d'un problème comme les phénomènes
hydroclimatiques. La pertinence des définitions du GIEC et de
Nicolaï réside dans le fait qu'ils mettent en avant le risque ou le
danger par lequel un système ou la société est
exposé. Par exemple les ressources en eau et les sociétés
insulaires de Basse-Casamance sont vulnérables aux
phénomènes de salinisation qui sont accentués par la
péjoration climatique. Selon Kane C. (2010), l'utilisation de la
"vulnérabilité" dans la géographie découle des
risques naturels et par conséquent de l'aléa auquel il fait face.
Autrement dit, la notion de vulnérabilité serait
étroitement liée au degré du risque encouru par les
sociétés et les systèmes hydriques et de l'aléa,
variabilité climatique, exposé. Par ailleurs, une brève
définition du risque et de l'aléa ne pourrait qu'être
bénéfique pour la compréhension de la notion de
vulnérabilité.
L'aléa reste un
phénomène menaçant d'origine naturelle et/ou anthropique,
susceptible d'affecter un espace donné, en particulier par la nature et
la valeur des éléments exposés que cet espace supporte
(hommes, biens, activités...). Il se caractérise par sa nature,
son identité, sa probabilité d'occurrence et sa fréquence
quand elle peut être estimée.
Le Risque n'est que potentiel, il mesure
l'événement possible a priori. Il est la résultante des
deux autres concepts : celui d'aléa et celui de
vulnérabilité. Le risque est communément admis comme
étant le produit d'un aléa et de la vulnérabilité.
De ce fait, il relève du domaine de la probabilité et non de la
certitude.
10
INTRODUCTION GENERALE
o Ressources en eau
Selon Morel J. (2007), les ressources en eau désignent
les eaux liquides en écoulement, entrant dans le cycle annuel,
accessible aux usages humains. Pour appuyer, Margat J. (1994) dans son livre
intitulé « Ressources en eau : Manuels et Méthodes
», les définit comme « l'offre en eau de la nature
à comparer aux demandes en eau humaine de toutes sortes et à
évaluer suivant les critères des utilisateurs ». De ce fait,
il apparait que les ressources en eau peuvent être
considérées comme l'ensemble des eaux disponibles (eaux
continentales et eaux marines...) dans les ressources naturelles, que l'on peut
mobiliser, pour satisfaire en quantité et en qualité une demande
donnée en un lieu donné, pendant une période
appropriée 4.
o Basse Casamance
La Basse-Casamance ou cours inférieur du fleuve du
même nom, est également appelé Casamance maritime du fait
de sa proximité avec l'océan atlantique qui en constitue la
limite ouest. Son appartenance à ce domaine lui confère des
caractéristiques particulières tant sur la configuration du
réseau hydrographique que sur la morphologie des paysages. L'importance
des précipitations et l'omniprésence du réseau
hydrographique font de l'eau un agent essentiel dans la construction des
paysages (Cormier-Salem M. C., 1989). Elle appartient à un ensemble
géographique dit « Rivières du Sud » (Diop E. S., 1986;
Cormier-Salem M. C., 1992 et 1999, Sarr C. S., 2012 et 2017...) qui englobe
tous les deltas, les estuaires et les plaines côtières, du Saloum
au Sénégal à la Sierra Leone. C'est également dans
ces milieux que se trouvent 21 îles entaillées par les affluents
du fleuve dont 03 appartiennent à notre zone d'étude.
o Variabilité climatique
Selon le GIEC (2013), la variabilité climatique
concerne les variations de l'état moyen et d'autres variables
statistiques (écarts types, fréquence des extrêmes, etc.)
du climat à toutes les échelles spatiales et temporelles
au-delà de la variabilité propre à des
phénomènes météorologiques particuliers. La
variabilité peut être due à des processus internes naturels
au sein du système climatique (variabilité interne) ou à
des variations des forçages externes anthropiques ou naturels
(variabilité externe). Autrement dit, c'est la variation naturelle intra
et interannuelle du climat.
4
https://www.aquaportail.com/definition-13084-ressources-en-eau
(consulté le 02 janvier 2019 à 11h)
11
INTRODUCTION GENERALE
III. METHODOLOGIE DE RECHERCHE
La démarche méthodologique adoptée pour
mener ce travail de recherche s'est appuyée sur la recherche
documentaire, les travaux de terrain, le traitement ainsi que l'analyse des
données recueillies.
III.1. La recherche documentaire
La recherche documentaire a été
déterminante dans ce travail et a permis de mieux comprendre la
thématique mais également d'en appréhender sa
portée scientifique. En effet, les questions relatives à la
vulnérabilité des sociétés sont au coeur des
recherches scientifiques pour une adaptation voire une résilience
communautaire face aux dynamiques des ressources naturelles. Les études
réalisées dans ce domaine, par divers auteurs ont porté
sur des champs assez larges et variés. Ainsi, une revue de la
littérature a été élaborée à cet
effet et permet d'avoir un meilleur aperçu sur la question.
Selon Besancenot (1996), l'eau est non seulement la ressource
d'où est issue la vie, il y a 500 millions d'années. Mais aussi
l'élément d'où risque de venir la mort
généralisée à une échéance que chacun
redoute désormais mais que nul ne se hasarde encore à
pronostiquer. Bien qu'elle soit d'une immensité sur terre, Postel S.
(1992) rappelle que cette abondance ne doit pas faire illusion ; puisqu'elle
est en grande partie salée, emprisonnée ou difficile
d'accès. De ce fait, si l'on entend le troisième rapport sur
l'avenir de l'environnement mondial, seule 0,01% de la quantité d'eau
totale est accessible et appropriée aux besoins
socio-écosystémiques, (PNUE, 2002). La gestion de cette ressource
représente donc un enjeu de taille surtout dans un contexte
marqué par des perturbations naturelles comme anthropiques.
Cependant, malgré l'existence de grands hydro
systèmes (le lac Victoria, deuxième plus grand lac d'eau douce au
monde ; le Nil ; le Congo et le Niger ...), le PNUE (2010) soutient que
l'Afrique demeure le deuxième continent le plus sec au monde
après l'Australie. Plusieurs raisons peuvent expliciter les facteurs
d'origines, notamment les mutations du climat, l'extrême pauvreté
etc. Dans sa thèse de doctorat Faye G. (2016) nous apprend que pour
comprendre les phénomènes actuels de la mutation du climat en
Afrique, il serait nécessaire de faire une étude
paléogéographique. Pour lui, l'histoire géologique de la
zone intertropicale est caractérisée par une succession
régulière de pluviaux et d'arides au cours des 30 000
dernières années. Sircoulon J. (1990) d'expliciter en montrant
que la période historique (1000 ans) en Afrique de l'Ouest est
marquée par plusieurs phases à partir du VIIème
siècle, marquées par l'alternance de périodes humides et
de périodes sèches.
12
INTRODUCTION GENERALE
En outre, la DEEC (2010) souligne que ces mutations du climat
sont certes un phénomène mondial, mais ses effets néfastes
sont plus durement ressentis par les populations des pays pauvres notamment
ceux de l'Afrique de l'Ouest. Ce qui amène Niang A. et al.
(2014) à estimer que la vulnérabilité de la
sous-région sera aggravée par sa capacité d'adaptation
comparativement faible par rapport aux signes relativement forts de
l'évolution du climat qui sont prévues pour la région. En
ce qui concerne le Sénégal, le rapport MEPN (1997) indique que le
pays subit une péjoration des conditions climatiques depuis 1966, qui a
conduit à une diminution des quantités des pluies de 35%, une
réduction de la durée de la période humide et une
augmentation de la fréquence des périodes sèches. Abordant
la question, le CSE (2005), dans son rapport sur l'état de
l'environnement au Sénégal, affirme dans la même
logique que le pays recevait en moyenne, avant 1970, 176 milliards de
m3 d'apports pluviométrique. Mais, après 1970 ces
apports sont réduits à 132 milliards de m3 soit une
perte d'environ 1/4 des volumes reçus. Cette situation intervient dans
le pays où l'agriculture, locomotive de l'économie, est
essentiellement pluviale. Le PNUD (2009), dans un rapport national sur
le développement humain au Sénégal, explique que
le pays est confronté aux conséquences néfastes de la
sécheresse.
Par ailleurs, Bates B. C. et, al. (2008) dans la
même lancée, soutient que dans les zones semi-arides, les
extrêmes climatiques tels que la sécheresse contribueront à
accentuer les processus de salinisation des nappes souterraines peu profondes
en raison de l'évapotranspiration accrue. Les rivières verront
également leur salinité augmenter en raison de la diminution de
l'écoulement fluvial dû à la baisse de la
pluviométrie. Abondant dans le même sens, Diop E. S. (1986)
soutient que la péjoration des conditions pluviométriques a
engendré comme conséquences : la diminution voire l'inexistence
d'apports d'eau douce à partir de l'amont pour les fleuves tels que le
Saloum et la Casamance. Ainsi, il en résulte une accentuation des
phénomènes de salinisation entrainant une hausse de la
mortalité de la mangrove et en même temps une contamination des
nappes dans les estuaires de la Casamance et du Saloum. Pour corroborer, la
DEEC (2010) avance que le bief aval de la Casamance est sous influence marine
à cause de la faiblesse des apports provenant du haut bassin. Les eaux
de la Basse Casamance seraient donc caractérisées par leur forte
salinité qui varie en moyenne entre 19g/l en octobre à 37g/l en
juin. En appuyant, Dacosta H. et Gomez R. (1998) soulignent que les pentes
restent faibles, sur l'ensemble du bassin versant de la Casamance et que cette
faiblesse est liée à la monotonie du relief surtout en Basse
Casamance. Elles facilitent par ailleurs la remontée de la langue
salée au sein des principaux affluents. Les études
effectuées par ces auteurs sur les zones humides de la Casamance en 1998
ont montré que l'évolution climatique a eu des
conséquences
13
INTRODUCTION GENERALE
sur le profil longitudinal de la salinité. Selon eux,
entre 1968 et 1969, la salinité diminuait de l'embouchure vers l'amont
sauf en fin de saison sèche. Mais, en 1984-1985, la salinité
augmentait progressivement avec la distance à l'embouchure sur la plus
grande partie de l'estuaire, pouvant atteindre 120%o. Les mesures
réalisées entre 1966 et 1992 issues de cette étude
montrent que la Casamance est devenue une ria qui fonctionne comme un estuaire
inversé avec un gradient de salinité croissant du littoral vers
le continent. Dans le même sillage, Sané T. et al. (2010)
confirment que le fleuve Casamance fonctionne comme une véritable ria
caractérisée par de fortes concentrations de sel sur l'essentiel
de son grand bassin versant. Pour expliciter ce phénomène, Diop
E. S. (1986) rapporte que jusqu'aux années 1970, le fleuve suivait un
fonctionnement «normal». Les débits d'eau douce, quoique
faibles, subsistaient même en début de saison sèche si bien
que les marées de salinité n'affectaient qu'en partie l'ensemble
du fleuve. La péjoration climatique a en effet bouleversé le
fonctionnement hydrologique de ce cours d'eau. Les analyses de
pluviométrie annuelle effectuées par Pagès J. et
al., en 1987, aux stations de mesures implantées dans l'estuaire de
la Casamance, montrent une nette tendance à la diminution de
l'intensité des précipitations depuis 1968 avec des
périodes de grande sécheresse. Cette diminution des apports
pluviaux a entrainé par la suite une perturbation du régime
hydrique «normal». Pour ces auteurs, l'évaporation intense
conditionnée par une géométrie particulière et une
topographie irrégulière a amené l'estuaire à son
état actuel de sursalinisation. Lahoud A. (1988) en comparant les
observations de Brunet-Moret Y. de 1968-1970 et celles de Pagès J.
et al., de 1984 à 1986, s'aperçoit qu'il y a une
évolution du profil longitudinal de la salinité. Autrefois
concave, il est devenu convexe avec un pic de sursalure qui dépasse
100%o. Cela a abouti à une contamination des nappes superficielles du
Continental Terminal par le biseau salé surtout dans les villages
insulaires, hypothéquant ainsi leur approvisionnement en eau potable en
plus des activités agricoles déjà menacées. Janicot
S. et al., (2015), poursuivent en soulignant que l'intrusion de l'eau
de mer a de lourdes conséquences pour les écosystèmes
terrestres littoraux. En d'autres termes, la salinisation des eaux et des
terres menacerait ainsi l'agriculture et l'approvisionnement en eau potable en
milieu insulaire.
Abondant dans le même sens, Decroix L. et al.,
(2015), explique qu'en raison de la faiblesse de la pente, les eaux du fleuve
sont saisonnièrement soumises à la montée marine
jusqu'à 200Km de l'embouchure. Ainsi, les sols des bas-fonds et les
cuvettes aptes à l'agriculture, subissent la remontée de la
langue salée. Selon la DEEC (2010) l'écoulement sur le fleuve
Casamance est irrégulier, il suit l'évolution de la
pluviométrie. Elle poursuit en notant que la langue salée a
accentué la salinisation des nappes des eaux de surface dans la plupart
des zones côtières.
14
INTRODUCTION GENERALE
Outre les facteurs d'ordre naturel, la pression
démographique a rendu ces zones plus vulnérables. Bury A. C. et
Pierrini A. (2008) dans une de leurs études menées dans les
îles de la basse Casamance rapportent que les prélèvements
exercés par ces populations favorisent la pénétration de
l'eau de mer dans la réserve d'eau douce. L'auteur explique que ces
îles sont dites « basses » (exemple de Carabane), des sortes de
cuvettes qui recueillent l'eau de pluie. La nappe phréatique la plus
accessible, pour ces îles, environ à 2m de la surface, est
menacée par l'eau de mer qui les entoure. Etant donné son
accessibilité, la nappe est fortement sensible aux pollutions.
Malgré les apports des auteurs consultés, sur
les connaissances relatives à la question de l'eau, il est important de
réactualiser et de compléter certaines connaissances car le
milieu géographique n'est pas statique. D'où notre
intérêt de l'aborder pour apporter des éléments
actuels dans la connaissance de la question à une échelle
beaucoup plus réduite avec des travaux de collecte.
III.2. Données et matériels
III.2.1 Les données d'archives
Ces données sont recueillies auprès des
structures compétentes notamment l'ANACIM, la DGPRE, l'ANSD, le LMI
PATEO/UASZ, le CSE, les services départementaux de l'Agriculture
d'Oussouye et de Bignona et concernent :
Tableau 1: Présentation des données
d'archives utilisées
Données (sources)
|
Types des données
|
Utilités
|
Climatiques (ANACIM, Services
départementaux de l'agriculture)
|
Pluies mensuelles (1918 à 2018) de la station de
Ziguinchor
Pluies mensuelles de 1939-2018 du poste pluviométrique
d'Oussouye et 1950-2018 pour le poste de Diouloulou
|
Aperçu sur l'évolution des paramètres
climatiques. Caractérisation de la zone
d'étude et analyse de la variabilité
climatique au moyen des tests de
rupture, les SPI, les normales climatiques et les
variations thermiques.
|
Hydrologiques (LMI
PATEO IRD/UASZ)
|
Salinité et Hauteurs d'eau (station de Carabane)
|
Aperçu du régime de marée et analyse de
l'évolution de salinité.
|
Hydrogéologiques et
géologiques (DMG,
DGPRE)
|
Extraction d'informations relatives
à l'hydrogéologie et études connexes
|
Connaissance des principaux aquifères, les lentilles
d'eaux douces, l'histoire géologique et géomorphologique du
milieu.
|
Démographique (ANSD)
|
Données socio-économiques et
démographiques
|
Composantes socio-économiques.
|
Cartographiques
(ANAT, CSE, USGS (
https://glovis.usgs.gov/))
|
Fonds topographiques et
cartographiques
|
Caractérisation synthétique du milieu et de ses
composants.
|
|
Images Landstat (1973, 1986; 2003 et 2019) (cf. p20)
|
Analyse diachronique de l'évolution des terres
salées à travers l'occupation du sol.
|
15
INTRODUCTION GENERALE
Les outils utilisés ainsi que la méthodologie
pour le traitement de ces données sont illustrés au
III.3
III.2.2 Les données de terrain
Sur le terrain, des travaux de collecte ont été
réalisés par le biais des enquêtes socio-économiques
et les mesures in-situ (analyse de quelques paramètres de l'eau).
? Limite géographique
Le choix des trois îles que sont Carabane, Niomoune et
Diogué, repose d'abord sur leur position géographique
(localisation en zone d'estuaire inverse5), leur répartition
géographique (rive gauche et rive droite), leur particularité sur
la gestion de l'eau etc. Elles ont également en commun les
phénomènes d'érosion côtière ainsi que la
sensibilité à l'influence marine et fluviale qui s'y font
sentir.
Carabane est une petite île historique
et touristique localisée en rive gauche du fleuve. Les puits sont les
principaux points d'eau disponibles et sont le plus souvent menacés par
l'avancé du biseau salé. Ce qui fait de l'accès à
l'eau potable un véritable calvaire pour les populations. Les quelques
rares forages existants appartiennent à des complexes touristiques pour
leur fonctionnement. Celui appartenant au village était à
l'arrêt.
Diogué, de son côté, est
une zone mixte de pêche et de commerce. L'eau potable y est fournie au
moyen des puits dont le caractère saumâtre est variable selon
qu'il s'agit de la proximité avec le cours d'eau ou de
l'éloignement vers l'intérieur des terres. De plus, l'existence
d'une cuve à impluvium participe à l'amélioration de
l'offre en eau bien que sa capacité est extrêmement
limitée. La particularité de cette île réside dans
la densité de sa terre ferme qui lui offre parfois un avantage
même si la majeure partie de la population vit à moins d'un
kilomètre de la mer.
Niomoune, une île conservatrice,
traditionnelle et très enclavée. La zone est plus sujet aux
problèmes de qualité de la ressource en eau douce. Les
phénomènes de salinisation y sont très fréquents en
raison des submersions régulières.
III.2.2.1. Les enquêtes
Pour mieux comprendre la vulnérabilité de ces
sociétés insulaires dans un contexte d'environnement changeant et
analyser les différents éléments de réponse mis en
place, il a été effectué des enquêtes quantitatives
et qualitatives.
5 La notion d'estuaire inverse est
développée à la deuxième partie, chapitre I (I.1 Le
fleuve Casamance : un estuaire inverse)
16
INTRODUCTION GENERALE
o Les enquêtes quantitatives
Elles ont permis de recueillir la perception des populations
des trois îles sur les impacts des modifications environnementales
(salinisation et assèchement des points d'eau) relatives à la
qualité des ressources en eau souterraines (l'eau des puits) et
superficielles (l'eau des marres). De même, elles ont également
permis de recueillir leur perception sur les modes d'accès, la
qualité de l'eau, les contraintes ainsi que les différentes
stratégies mises en place pour faire face aux difficultés.
Choix de la méthodologie
d'échantillonnage
Pour ce travail, un échantillonnage systématique
a été retenu en raison de sa simplicité et de sa
pertinence par rapport à l'étude.
Formule : k= (N : n) ; (n)
=1/2=50% : Échantillon de chaque village N :
concessions totales
de chaque village. k: Epsem = « pas de
sondage » Tableau 2: Nombre de concessions enquêté
par village
COMMUNES
|
VILLAGES
|
Popul ation
|
Ména ges
|
Concessions totales
|
Echant illon
|
Concessio ns
|
Part à
enquêter
|
Epsem
|
|
|
|
|
|
|
enquêtées
|
(%)
|
|
KAFOUNTINE
|
DIOGUE
|
603
|
145
|
122
|
50%
|
61
|
65,6
|
2
|
|
NIOMOUNE
|
759
|
135
|
44
|
50%
|
22
|
23,7
|
2
|
DJEMBERING
|
CARABANE
|
131
|
21
|
20
|
50%
|
10
|
10,7
|
2
|
TOTAL
|
1493
|
301
|
186
|
|
93
|
100
|
2
|
Source : ANSD 2013 Les concessions ont
été retenues comme choix d'enquête. Sur cela, étant
donné que dans la plupart de ces milieux ruraux, la concession peut
être constituée de plusieurs ménages, un seul sera choisi
comme représentant. Dans cette dynamique, le faible nombre de
concessions nous a amené à choisir la moitié de celles-ci
pour plus de représentativité. Au total 93 concessions ont
constitué l'échantillon d'enquête. Ces dernières
sont réparties dans les trois îles en fonction de leur nombre.
Ainsi, les femmes et les hommes âgés de plus de 40 ans ont
été ciblés en raison de leur long vécu qui pourrait
renseigner sur l'évolution de la problématique afin d'avoir une
meilleure analyse des phénomènes. A défaut de trouver une
de ces composantes dans la concession lors des enquêtes, le plus
âgé présent dans la concession (qu'importe son âge)
pourra servir de relai. Les questions ouvertes ont été largement
préférées à celles fermées6.
6 Expliquant Poupart (1997) cité par Senghor
A. S. (2016), affirme que « plus les questions sont ouvertes, plus elles
ouvrent la porte aux témoignages et aux échanges
spontanées, ce qui permet d'aborder des sujets qui n'auraient pas
initialement été prévus dans le schéma d'entrevue
»
17
INTRODUCTION GENERALE
o L'enquête qualitative : les guides
d'entretien
Elle s'est faite par des guides d'entretien administrés
aux personnes ressources : le Directeur Régional de l'Hydraulique de
Ziguinchor, les secrétaires municipaux des deux communes ainsi que les
chefs de village et les Infirmiers Chefs de Postes (ICP) des trois
îles.
L'objectif de ces enquêtes était de recueillir
des informations sur les conditions d'accès, l'évolution de la
qualité de l'eau potable, les efforts consentis pour parer à ces
problèmes ainsi que les potentiels risques sanitaires liés
à la consommation de l'eau.
III.2.2.2. Les mesures in-situ
La qualité de l'eau, en particulier la salinité
(g/l), dans ces îles a attiré notre attention en raison de
plusieurs faits : la situation géographique de la zone d'étude
fait qu'elle est particulièrement vulnérable aux
phénomènes de salinisation : proximité avec l'océan
et forte influence par le réseau hydrographique de la Casamance hyper
salé. Ainsi, des mesures in-situ ont été effectuées
à l'aide d'un multi paramètre Consort C6010 qui mesure le pH, la
Salinité, la Conductivité Electrique, les TDS et la T°. Ces
paramètres ont été mesurés au niveau des
différentes sources d'approvisionnement disponibles.
Cinq sources ont été identifiées et
retenues en fonction de leur présence ou non dans les îles. Il
s'agit des puits, des marres, Ba houwen, de l'eau issue de la collecte
pluviale et des impluviums. Le nombre de points d'eau choisi et leur
répartition sont illustrés à la Figure 2.
L'objectif de ces mesures effectuées est d'apprécier quelques
paramètres de la qualité de l'eau issue de ces différentes
sources susmentionnées en référence aux normes de la DGPRE
ou de l'OMS établies. Une seule campagne de mesure a été
réalisée, période sèche (février), en raison
de la contrainte temps qui ne nous a pas permis d'en réaliser d'autres
à la période hivernale afin de suivre l'évolution des
résultats obtenus. Les cations majeurs et autres anions majeurs n'ont
pas fait l'objet de notre étude en raison de leurs analyses au
laboratoire très couteuses et donc non accessibles à notre
budget.
Choix des stations de mesures et cartographie des
lieux
Le nombre de points d'eau (sources d'approvisionnement)
analysé représentant le nombre de stations de mesure 7
a été défini sur la base des critères suivants : la
proximité et l'éloignement des cours d'eau. Toutes les stations
ont été cartographiées, à l'exception des eaux
issues de la collecte pluviale. Le choix sur le nombre de stations à
analyser a été fait suivant la disponibilité des sources
dans chaque île.
7 Comprenez ici station de mesure par source
d'approvisionnement ou point d'eau.
18
INTRODUCTION GENERALE
Figure 2: Schéma des mesures in-situ (P.S. DIOP,
2020) Paramètres à mesurer
pH, Salinité, Conductivité, TDS et T°
Photo 1 : Dispositif utilisé pour les mesures
(P.S. DIOP, 2020) Le dispositif utilisé est composé
de
· Multi paramètre C6010
· Bouteille 1l eau distillée pour
le rinçage des électrodes
· Pot 1l comme récipient
d'analyse
· Pot (petit model) pour le nettoyage des
électrodes
· Corde pour le puisage de l'eau
· Tablette pour les photos
· GPS Garmin 78
INTRODUCTION GENERALE
19
Photo 2: Analyse de l'eau dans une station de mesure
à Diogué (P. S. DIOP, 2020)
III.2.3. Outils de collecte et de traitement des
données
Ces outils ont aidé en grande partie à la
réalisation de ce travail
? Kobo Toolbox : est un outil open source
gratuit pour la collecte de données sur mobile, accessible à
tous. Il a permis la collecte des données d'enquêtes, à
travers l'application Kobo Collect, puis une entrée sur l'ordinateur
à travers l'interface Kobotoolbox. Cette dernière a permis par la
suite le dépouillement et le traitement primaire des données
brutes.
? Multi paramètre Consort C6010 est un
dispositif d'analyseur portatif. L'outil a permis d'analyser les
paramètres physico-chimiques de l'eau (pH, Salinité,
Conductivité, TDS et T°C).
? GPS Garmin 78 est un outil de
géolocalisation qui a permis de relever les points GPS des
différentes stations de mesures.
? KHRONOSTAT est un logiciel statistique
développé par HydroSciences Montpellier. Il propose plusieurs
tests de détection de ruptures notamment les tests de Pettit, la
segmentation d'Hubert et autres. Seuls ces deux tests ont été
étudiés dans ce document et par conséquent ont permis une
bonne détermination des dates de ruptures. Ils ont été
appliqués à l'analyse des séries chronologiques de
précipitations entre 1939 et 2018 pour Ziguinchor et Oussouye et
1950-2018 pour Diouloulou.
? Arc GIS a permis de faire la rédaction
cartographique.
20
INTRODUCTION GENERALE
III.3. LE TRAITEMENT DES DONNEES
Les données collectées ont nécessité
une analyse au moyen de deux types de méthode de traitement : traitement
statistique et cartographique.
III.3.1. Le traitement statistique
Le traitement statistique a consisté au
dépouillement et à l'analyse des données
collectées. Pour les données climatiques, deux outils ont servi
à leur traitement notamment Kronostat et Excel.
Kronostat a permis l'analyse des variations
pluviométriques à travers les méthodes statistiques de
détection d'éventuelles ruptures au moyen des cumuls
pluviométriques annuels. Les résultats ont été
constitués de graphes et de tableaux (ANNEXES). Excel
quant à lui a permis d'étudier les anomalies standardisées
de précipitations (SPI) de même que les normales au moyen des
cumuls pluviométriques. Toujours avec le même outil, les
variations de température ont été étudiées.
Les résultats ont été illustrés par des graphiques
et tableaux. De même, le traitement des autres données issues des
archives des directions ou services étatiques ont été
également dépouillées et traitées à travers
Excel.
Pour les données marégraphiques et de
salinité, les informations brutes étaient composées de
valeurs de hauteurs d'eau, de conductivités électriques et de
températures, collectées au LMI PATEO IRD/UASZ et concernant la
station hydrométrique de Carabane. Pour les hauteurs d'eau, le
traitement s'est fait sur Excel et concerne 11 jours d'observations infra
horaires. Les résultats ont ensuite été illustrés
par un graphique afin de caractériser le régime de la
marée à Carabane. Cependant pour apprécier
l'évolution de la salinité, trois années (2017, 2019 et
2020) ont été choisies car correspondant aux années
à faibles lacunes. A travers une table de conversion Tableau 14
réalisée à partir des travaux de Aminot A.,
Kérouel R. (2004)8, des valeurs approximatives de la
salinité ont été obtenues suivant des formules
mathématiques élaborées par ces derniers. Ces travaux ont
permis de calculer la salinité en fonction de la conductivité et
de la température partant du principe que si t = 15°C et C = 42,914
mS/cm alors la salinité serait égale à 35,000 g/l. En
effet, comme le souligne Brunet-Moret Y. (1970), la méthode la plus
simple pour calculer la salinité de l'eau de mer est de mesurer sa
conductivité qui varie beaucoup avec la température. Ainsi, cette
méthode permettra d'avoir des valeurs approximatives de la
salinité car selon ce même auteur : « en mesurant la
conductivité, on mesure une concentration d'ions dans un volume,
c'est-à-dire une salinité en gramme par litre.».
8Aminot A., Kérouel R. (2004) : Hydrologie des
écosystèmes marins. Paramètres et analyses. Cf pages
74-78.
21
INTRODUCTION GENERALE
Ensuite, après avoir converti ces données, Excel
a servi d'outil pour leur traitement. Ces dernières étaient
composées d'observations de 10mn, et ont été
traitées à l'aide du tableau croisé dynamique. Enfin, les
résultats ont été illustrés par des graphiques pour
une meilleure lecture, à l'aide d'Excel.
Concernant les données d'enquêtes, celles
quantitatives ont été constituées et
dépouillées grâce à l'interface Kobo Toolbox. Elles
ont ensuite été traitées par Excel au moyen de graphiques.
Par contre, pour les données qualitatives, les opinions et points de vue
ont été analysées avec soins.
Pour les données de mesures in-situ, elles ont
consisté d'abord à un dépouillement de l'information, puis
à un classement des différents paramètres à travers
Excel. Enfin, à partir de ce même outil, des graphes et tableaux
synthétiques ont pu être réalisés afin d'avoir une
lecture beaucoup plus détaillée des analyses et de susciter des
commentaires et discussions.
III.3.2. Le traitement cartographique et
télédétection
Les logiciels tels que, Arcgis et Envi ont contribué au
traitement cartographique des données collectées auprès
des structures telles que la DTGC, le CSE et autres. Ils ont permis
d'établir des cartes explicatives sur les phénomènes
physiques et humaines étudiés. Les points GPS collectés
par Kobo Collect lors des enquêtes ont été
cartographiés afin d'avoir un champ de vision sur les concessions
enquêtées. De plus, les stations de mesure de la salinité,
géoréférencées à l'aide du GPS de poche
Garmin 78 ont été cartographiés par Arcgis.
Enfin, à l'aide de ces mêmes outils (Envi et
Argis) la réalisation de cartes diachroniques d'évolution des
terres salées a été réalisée. Dans cette
partie, une méthodologie spécifique a été
développée et les données collectées
émanaient du site Américain USGS.
? Les images étudiées sont issues de la base de
données de United State Geological Survey (USGS) et concernent celles du
21 Février 1973 du capteur Landsat MSS (Multi Spectral Scanner), 09
Février 1986 du capteur Landsat TM (Thematic Mapper), 31 Janvier 2003 du
capteur Landsat ETM (Enhanced Thematic Mapper) et du 09 Avril 2019 du capteur
Landsat 8 OLI (Operational Land Imager). Les deux communes
étudiées (Kafountine et Diembéring) sont
entièrement couvertes par la scène Landsat 205-51. De plus, les
années retenues ont été choisies sur plusieurs
critères : le début des observations satellitaires pour 1973, le
caractère sec pour 1986, le caractère humide marqué par un
léger retour à une pluviométrie normale, pour
l'année 2003 et le caractère récent pour celle de 2019.
Ces quatre années ont en commun non seulement de la bonne qualité
et résolution fournie mais également des écarts qui
existent entre elles.
22
INTRODUCTION GENERALE
? Après avoir téléchargé les
différentes images, celles-ci ont subi un traitement au moyen de l'outil
SIG, ENVI. Ainsi, pour véhiculer le maximum d'informations, une
association des canaux a été réalisé. Cette
association a permis de déceler une combinaison des bandes
affichées sous forme de composition colorée (R.G.B). Une
combinaison 4-3-2, pour l'image 1973, 5-4-3, pour les années 1986 et
2003, et pour l'image 2019, la matrice de covariance a permis de définir
une association avec la combinaison 6-5-4. Par ailleurs, le contraste obtenu
avec cette combinaison a facilité la classification.
Cette classification concerne celle dirigée car
permettant de faire ressortir le maximum de vraisemblance. Ainsi, le choix de
cette méthode permet de déterminer
l'hétérogénéité des entités de
l'occupation du sol. La classification supervisée s'est faite par la
détermination de six classes que sont : l'eau, la mangrove, les
rizières, les tannes, la forêt et les vasières. Le choix du
nombre de classe est basé sur la mise en correspondance des informations
recueillies sur les images.
? Après cette tâche, une validation des
résultats obtenus a été effectuée. Cette partie
consiste à déterminer les coefficients de Kappa et la
précision. Cette validation a permis de contrôler la
qualité du travail et d'apprécier les risques de confusion
possibles. Les résultats obtenus à travers la matrice de
confusion sont très satisfaisants avec une précision comprise
entre 93,4 et 99%, et des coefficients de Kappa comprises entre 93,3 et
98,6%.
Tableau 3 : Caractéristiques des images
Landstat
Source image
|
Année
|
Coefficients Kappa
|
Précision
|
Landstat MSS
|
1973
|
93,3
|
93,4
|
Landsat TM
|
1986
|
98,6
|
99
|
Landsat ETM
|
2003
|
97,9
|
98,6
|
Landsat 8 OLI
|
2019
|
98
|
98,8
|
Source : Landstat, DTGC
23
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE
PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE
La zone d'étude est localisée dans l'estuaire de
la Casamance, en partie maritime qui fait référence par ailleurs
à la région de la Basse-Casamance. Pour plus de pertinence dans
cette partie du mémoire, consacrée à la
présentation des aspects physico-humaines, nous avons
préféré l'assimiler à la zone d'étude. Ce
qui amène à confondre cette dernière à la partie
maritime du fleuve. C'est une région qui présente un
environnement physique et humain marqué par de nombreuses
interférences.
24
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES DES COMPOSANTS DU MILIEU
PHYSIQUE
Situé à l'extrême sud-ouest de la
région de Ziguinchor, la zone d'étude appartient à la
partie amphibie de l'estuaire de la Casamance. Cet estuaire, présente
une configuration assez particulière, étalant un labyrinthe de
bolons se faufilant dans la mangrove engendrant ainsi la mise en place
de nombreuses îles. Lesquelles, au nombre de 21, sont localisées
dans les communes de Kafountine (département de Bignona) et de
Diembéring (département d'Oussouye). Elles sont traversées
par le fleuve Casamance qui les a découpés dans ces deux rives.
Dans la rive droite (Kafountine) : Diogué, Hitou, Niomoune, Haer,
Bakassouk, Saloulou, Boko, Boune, Hilol, Couba, Goumbaloulou, Kailo, Mantate,
Kassel et dans la rive gauche (Diembéring) : Carabane, Cachouane,
Wendaye, Guiçor, Ourong, Ehidj, Sifoca.
Figure 3: Carte de Localisation de la zone
d'étude
25
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
C'est dans ces milieux que se trouve la zone d'étude
composée spécifiquement des îles de Diogué, Niomoune
et Carabane. De par, leurs positions géographiques, elles sont
localisées aux coordonnées géographiques suivantes :
? L'île de Diogué entre 12° 34' 28? N et
16° 45' 09? O avec une altitude de 7m
? L'île de Niomoune entre 12° 38' 22? N et 16°
39' 24? O avec une altitude de 3m ? L'île de Carabane entre 12° 32'
16? N et 16° 42' 03? O avec une altitude de 2m.
I. ESQUISSE GEOLOGIQUE ET GEOMORPHOLOGIQUE
L'histoire géologique de la Basse-Casamance se confond à
celle du grand bassin sénégalo-mauritanien, l'un des plus vastes
du littoral oust-africain dont elle constitue la partie la plus
méridionale. Cette région est formée de sédiments
mésozoïques et cénozoïques transgressif dont le maximum
de la transgression a été déterminé à
l'Eocène (Pimmel A.,1984).
Dans le bassin de la Casamance, les premières
reconnaissances pétrolières auraient, d'après Michel P.
(1960), traversé la partie sommitale du socle Paléozoïque.
En effet, l'histoire géologique de la zone a été
documentée par Michel P. (1960), Le Priol J. (1983), Vieillefon J.
(1975) et Diop E. S. (1986).
En ce qui concerne l'histoire géomorphologique de la
Basse-Casamance, elle peut s'expliquer par une série de transgressions
et de régressions qui ont permis le creusement des vallées
enfoncées (Vieillefon J., 1975). La mise en place des grandes
unités géomorphologiques en Basse-Casamance aurait eu lieu
d'après Diouf P. S. et al. (1987) au Quaternaire récent.
Cette période a eu un impact important sur la structure de la
région et est marquée par des variations du niveau marin et du
climat. Elle a été décrite par Kalck Y. (1978) et
Vieillefon J. (1977) et Michel P. (1960) et Marius C. (1985).
II. LES FORMATIONS PEDOLOGIQUES
En ce qui concerne les formations pédologiques, nous
avons la présence des sols du Quaternaire. Selon Montoroi J. P. (1996),
durant la sédimentation au Quaternaire récent, les variations du
niveau marin et les modifications climatiques ont façonné le
paysage actuel de la Basse-Casamance. Par ailleurs, les travaux de Vieillefon
J. (1977) permettent d'avoir un meilleur aperçu des différentes
unités pédologiques.
Sur l'esquisse cartographique ci-dessous (Figure
4), nous avons des sols minéraux bruts (Pointe St Georges,
à Carabane, Niomoune, Cap Skiring, Hitou au sud du Cachouane bolon)
; les sols
26
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
peu évolués (îles de Diogué,
Niomoune, et Carabane mais également le long des marigots de Diouloulou,
Bignona et de Baila) ; les sols hydromorphes et les sols
halomorphes.
Figure 4: Carte des sols des communes de Kafountine et de
Diembéring
III. LES RESSOURCES EN EAU
Les îles de la Casamance sont situées dans un
milieu amphibie particulier où l'eau constitue un élément
fondamental dans le fonctionnement des écosystèmes. Dans cette
région appartenant à la zone alluviale de la Casamance, les
ressources hydriques sont influencées par les conditions climatiques
(Lahoud A., 1988) et la proximité de l'océan qui en constitue la
limite ouest.
27
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
On peut donc retenir que les ressources hydriques de ces
îles sont tributaires d'un ensemble de facteur commun (influence des
marées, facteur climatique...) à toute la zone alluviale du
fleuve Casamance. L'hydrographie est marquée par une multitude de bras
de mer qui jalonnent l'estuaire de la Casamance, du cours principal vers
l'intérieur du continent. Ces bras de mer communément
appelés bolons colonisent l'ensemble des îles et
fluctuent au régime des marées. Ce qui fait que la majeure partie
de l'eau est salée hypothéquant la disponibilité en eau
douce des insulaires (Diatta M. C. B. C., 2008). L'alimentation en eau dans la
zone alluviale de la Basse-Casamance résulte du mélange des eaux
douces apportées par le principal cours et ses affluents, avec les eaux
salées apportées par la marée (Vieillefon J., 1977).
Ainsi, le régime hydrologique de la région est dominé par
1'influence de la mer du fait d'un relief faible et d'une pluviométrie
actuellement déficitaire. Trois types de ressources hydriques se
singularisent.
III.1. Les ressources en eau superficielles
Dans les îles, ces ressources sont marquées par
un réseau hydrographique dominé d'Est en Ouest par un seul cours
d'eau, le fleuve Casamance, et ses nombreux affluents (dont deux d'entre eux
intéresse notre zone ; le Cachiouane bolon et le marigot de
Diouloulou) (Figure 5)
En dehors de ces étendues d'eaux salées, ces
îles disposent également d'eau douce qui résulte du
ruissellement des eaux pluviales. Ces eaux se concentrent dans les zones
dépressionnaires pendant deux à trois mois après
l'hivernage et donnent ainsi naissance à une multitude de mares
temporaires dont certaines sont très bien exploitées dans
l'île de Niomoune.
III.2. Les ressources en eau souterraines
Une attention particulière est portée à
cette partie, puisque les eaux souterraines constituent particulièrement
la première ressource d'eau potable dans la région insulaire de
la Basse-Casamance (Diop E. S., 1986). Depuis des décennies,
précisément les années 1970, on note une conjoncture
surtout liée au déficit pluviométrique qui a
entraîné l'abaissement du niveau des aquifères, avec un
tarissement précoce des étendues d'eau de la région. Dans
cette région, trois aquifères peuvent être décrits
selon Malou R. (1992) : l'aquifère profond du Maestrichtien, celui
semi-profond du Miocène, et l'aquifère superficiel du Continental
Terminal. Ces aquifères possèdent en chacun d'eux, des
caractéristiques particulières.
28
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
Figure 5: Le réseau hydrographique des Communes de
Kafountine et Diembéring
? L'aquifère profond du Maestrichtien
Les sables et grés du Maestrichtien renferment la nappe
profonde et sont d'âge paléocène. Sa profondeur est de 600m
en Basse-Casamance. Les plus grandes possibilités d'approvisionnement en
eau douce repose selon Diop E. S. (1986) sur l'existence de cet aquifère
dont la transmissivité est bonne.
? L'aquifère semi profond du
Miocène
Cette nappe est localisée en générale
à moins de 150 m de profondeur. Elle se présente sous forme d'un
épais horizon sableux unique ou sous forme de plusieurs horizons sableux
ou sablo-argileux. Cet aquifère est potentiellement alimentée par
les eaux de pluies (Malou R., 1992).
Sa structure est très complexe en raison du mode de
dépôts (impliquant une multiplicité des niveaux sableux,
des variations de fasciés etc.) et du fait de la tectonique.
29
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
Par ailleurs, la nappe semi-profonde se caractérise par
une minéralisation constante vers l'aval : à Kafountine elle
devient inutile du fait d'une salinisation excessive. Dans les zones où
les niveaux sableux sont plus rapprochés de la surface topographique,
l'alimentation de cet aquifère se fait par infiltration. On peut
cependant noter que, comme pour la nappe semi-profonde, la nappe superficielle,
dans la zone littorale est, elle aussi, sujette à des contaminations par
les eaux sursalées. Par exemple, des résidus secs
supérieurs à 35 g/l ont été obtenus à
Kafountine.
? L'aquifère superficielle du
Continental Terminal
Les horizons sableux ou sablo-argileux de zones superficielles
d'altération, le CT, constituent une nappe très importante en
Basse-Casamance. Elle est de très faible profondeur en
général (quelques décimètres dans les zones basses
à 25 m dans les plateaux) et est captée par la
quasi-totalité des puits villageois (Le Priol J., 1983). Les apports
pluviométriques sont la principale source d'alimentation de cette nappe,
qui est conditionné par les types de sols, les pentes, l'importance de
l'évapotranspiration etc. Ce qui fait que dans les zones basses
notamment les îles, l'aquifère est soumise aux risques de
contamination par le biseau salé si l'exploitation s'intensifie (Diop E.
S., 1986).
Tableau 4: Caractéristique hydraulique des
nappes
Aquifères
|
Aquifère
superficielle du CT
|
Aquifère semi- profonde du
Miocène
|
Aquifère profonde du
Maestrichtien
|
Eaux
|
Eau douce à saumâtre
|
Eau saumâtre à salée
|
Eau saumâtre à salée
|
Profondeurs
|
<25m
|
100 à 150m
|
300 à 600m
|
Source : Diatta, 2008 modifié
III.3. Les lentilles d'eau douce
Selon Plaud M. (1967), lorsque dans un delta ou un estuaire,
une île constituée de terrains très perméables
(sables, limons) possède une nappe d'eau douce, un équilibre
s'établit entre celle-ci et les eaux salées océaniques qui
s'infiltrent dans le sol. Cet équilibre procède de la
différence de densité entre ces eaux. La nappe d'eau douce
"flotte" sur l'eau salée et prend la forme d'une lentille
généralement biconvexe, dont le bord se raccorde
théoriquement avec l'océan.
L'étude d'avant-projet pour l'alimentation en eau
potable des îles de la Basse-Casamance de l'Office des Forages Ruraux
(OFOR) (2019) décrit en ces ligne les lentilles de notre zone
d'étude. Dans ces îles de la Basse-Casamance, les nappes d'eau
douce sont à épaisseur très limité malgré
parfois des extensions latérales qui peuvent être relativement
importantes. D'une manière générale, les épaisseurs
de ces lentilles d'eau douce ne dépassent pas 10-15m de profondeur.
Au-delà de ces profondeurs, les eaux deviennent salées.
30
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
Au niveau des îles de Carabane et Diogué, les
études géophysiques montrent que les lentilles d'eau sont
localisées à partir de 200 à 300m de la côte. On
constate une légère augmentation des épaisseurs vers le
centre de ces îles avec des gradients assez doux. Les
résistivités des zones aérées sont assez
perméables, ce qui implique que ces nappes sont exposées à
des risques de pollution. Ainsi, les lentilles d'eau douce ne pourront
être exploitées que par des puits à grande diamètre
et tout prélèvement important doit être suivi avec
attention pour éviter les mouvements de polluants et des profondeurs
vers la superficie.
IV. LES FORMATIONS VEGETALES
En effet, l'omniprésence du réseau
hydrographique et l'importance des précipitations font de l'eau un agent
essentiel dans la construction des paysages Basse-Casamance insulaire
(Cormier-Salem M. C., 1992). Selon cette dernière, la zone constitue le
« paradis vert du Sénégal ». Les formations
végétales donnent à la zone un aspect
phytogéographique singulier influencé fortement par les
conditions biophysiques notamment les facteurs hydrologiques et bioclimatiques
régissant le fonctionnement de l'estuaire (Badiane S. D., 2012).
Plusieurs formations peuvent se distinguer dans cette région.
? La mangrove : C'est de loin la formation la
plus répandue dans les îles. Elle désigne selon (Marius C.,
1985) l'ensemble des formations végétales, arborescentes ou
buissonnantes, qui colonisent les atterrissements intertidaux marins ou
fluviaux des côtes tropicales. Elle se développe dans la zone
intercotidale (zone soumise à l'influence de la marée) et, de ce
fait, elle développe un système racinaire aérien et des
mécanismes physiologiques permettant l'élimination du sel afin de
s'adapter dans cet environnement marin. Les marées et les courants
côtiers y ont une influence prépondérante.
? Les tannes : en arrière de la
formation arborescente de mangrove, se situent des étendues
sursalées, appelées tannes. Elles sont de deux types : les tannes
vifs et les tannes herbacés ou les prairies a halophytes
? La Forêt : elle est d'étendue
très limitée voire absente dans ces îles et très
répandue dans les zones de plateau. Les essences qui la composent
perdent ordinairement leurs feuilles après l'hivernage et reverdissent
en générale de février à avril.
? Le marécage : la forêt
avoisine toujours les affluents du fleuve ou les dépressions de
l'intérieur ; ces derniers qui constituent le marécage se
remplissent d'eau douce au moment de l'hivernage et restent inondés une
partie de l'année.
? La rizière : dans les
dépressions marécageuses, les détritus
végétaux se sont accumulés au cours des siècles
puis transformés en humus. Dans ces terres inondées et fertiles,
les
31
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
populations locales y cultivent le riz (Oryza).
Après la récolte, quelques plantes messicoles s'y
développent : Scrophularitées, labisés, Lytrariés,
Acanthacees...
L'ensemble de ces formations végétales donne
à la Casamance littorale sa particularité de paradis vert et de
région la plus originale du Sénégal. C'est le milieu
où la végétation est la plus luxuriante et les paysages
les plus humanisés et plus variés (Cormier-Salem M. C., 1999).
V. CLIMATOLOGIE
La Basse-Casamance littorale correspond, selon Sagna P.
(2005), au domaine climatique sud-soudanien côtier. Elle se
caractérise par ses fortes précipitations par rapport au reste du
pays. Sa particularité réside de sa localisation en domaine
guinéen et de son contact avec l'océan atlantique. Sa circulation
se caractérise par une alternance des principaux flux (Alizé
maritime, Alizé continentale et la Mousson).
V.1. Dynamique générale du
climat
V.1.1. Les centres d'actions
La Basse-Casamance, comme le reste du Sénégal, est
sous l'influence de trois masses d'air alternantes provenant de trois centres
d'action qui relèvent de la CAG.
? L'Anticyclone des Açores donne naissance à
l'alizé maritime qui « apporte de la fraicheur dans cette
région littorale.
? L'Anticyclone de Sainte-Hélène :
génère un flux dénommé mousson atlantique qui est
humide, instable et vecteur potentiel (mais pas suffisant) de
précipitations en Afrique occidentale.
? L'Anticyclone Saharo- Libyenne est une cellule continentale
et saisonnière de hautes pressions pourvoyeuse d'alizé
continental (harmattan) en hiver boréal. Alors qu'en été
boréal, elle migre en altitude et est substituée par une
dépression qui attire les flux de l'hémisphère sud.
Les principaux centres d'action donnent naissance à des
flux qui intègrent la circulation atmosphérique en zone
tropicale.
V.2. Analyse des éléments du
climat
L'analyse des paramètres climatiques collectés
à l'ANACIM porte sur les observations de la station synoptique de
Ziguinchor. Ses coordonnées géographiques : 12°55' de
latitude nord et -16°.2667 de longitude ouest, son altitude est de 19,30m.
La série utilisée (vent, température et
évaporation) porte sur la période (1960-2018) soit 59 ans. Celle
utilisée pour les précipitations,
32
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
quant à elle, relève de la période
1918-2018 soit 101ans. Ces variables climatiques sont analysées à
travers la vitesse et la direction des vents, la température,
l'évaporation et les précipitations. Ils ont une influence
considérable sur l'écoulement et les phénomènes
extrêmes dans ce milieu côtier.
V.2.1. Le vent
Dans cette partie du pays, trois type de vents y soufflent et
cela en fonction des saisons (l'Alizé maritime, l'Alizé
continental et la mousson). La direction et la vitesse du vent dépendent
de la circulation générale de l'atmosphère et de la
puissance des flux.
V.2.1.1. Les vitesses moyennes mensuelles des
vents
L'analyse des fluctuations des vents, enregistrées
à la station de Ziguinchor montre des variations saisonnières.
Ces fluctuations restent faibles durant toute l'année avec une moyenne
de 1,8m/s. L'évolution de la courbe des vitesses laisse apparaître
l'existence de deux saisons éoliennes. Une saison allant de janvier
à mai avec des vitesses importantes dont le maximum se situe en Mai (2,4
m/s) correspondant à la saison sèche et une période de
faible fluctuation allant de juin à Novembre avec deux minimas, octobre
et novembre (1,2 m/s) marqué par la saison des pluies. Cette tendance
peut se justifier par :
Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov
Déc
Mois
V (m/s)
0,0
Figure 6: Vitesse moyennes mensuelles des vents à
Ziguinchor de 1960 à 2018 (source: données ANACIM
2019)
? D'une part, la prédominance des flux d'alizé
(particulièrement l'Harmattan) de janvier à
mai, ce qui est à l'origine de l'importance des
vitesses issues du caractère chaud et sec du flux qui accentue son
déplacement.
? D'autre part, la présence des vents de mousson entre
juin et novembre qui par leurs humidités et la chaleur qu'ils apportent
justifient la faiblesse des fluctuations éoliennes. En effet, ce flux a
un fort pouvoir d'humidité qui la rend lourde et diminue par
conséquent sa vitesse.
33
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
V.2.1.2. La fréquence de la direction des
vents à la station de Ziguinchor
L'analyse de la Figure 7 laisse
apparaître des disparités sur la fréquence des vents
à la station de Ziguinchor avec une prédominance des flux
d'ouest. Au total six flux se singularisent le plus sur le régime
anémométrique étudié (N, NE, E, S, SW et W).
De ce fait, deux saisons éoliennes peuvent se
distinguer:
V' Une saison avec la prédominance des flux
Nord, Nord-Est et Est allant de novembre à février. Ces trois
flux correspondent à l'apparition de l'alizé maritime (chaud et
humide de direction N) dont le pouvoir hygrométrique est sensiblement
faible et à l'incursion de l'Harmattan (chaud et sec de direction NE et
E). La fréquence de ces flux traduit parfaitement la circulation des
alizés pendant la saison sèche. Le mois de mars sera une
transition puisque c'est pendant cette période que les flux
d'alizé vont disparaître et laisser la place à la brise
marine et la mousson.
V' La seconde saison, quant à elle est
dominée par des vents du Sud et du Sud-Ouest qui font leur
première apparition en mars marquant ainsi une phase de transition.
Cette période est marquée par les flux de
mousson et la brise marine de direction S, SW et W. Leur apparition
coïncidant avec les plus forts pourcentages et les plus importantes
précipitations nous permet d'affirmer qu'il s'agit de mousson. Par
ailleurs, les vents W soufflent presque toute l'année avec des vitesses
moyennes mensuelles qui peuvent atteindre 2,4 m/s.
En résumé, l'analyse des vents à la
station de Ziguinchor permet de constater la présence de deux saisons
éoliennes : une saison dite sèche où on a la
prédominance des flux d'alizé avec une direction Nord à
Est, et une autre saison connue sous le nom d'hivernage ou saison des pluies.
Pendant cette période, la prédominance des flux de direction
Sud-ouest définit l'installation progressive de la mousson dont
l'épaisseur détermine la quantité de pluies
précipitées dans cette région. La
prépondérance de ce flux varie en fonction de la
précocité du début et de la fin de l'hivernage, mais aussi
en fonction de la situation tardive de son installation et de son retrait. Il
faut aussi noter la présence permanente des flux d'ouest
représentant la brise marine. En effet, la proximité avec
l'océan confère à cette zone une place sous influence des
flux océaniques. Les vents ont une grande influence sur les courants de
marées en partie responsable des apports marins.
34
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
Figure 7: Evolution de la direction des vents dominants
à Ziguinchor (source : données
ANACIM, 2019)
V.2.2. Les précipitations
Les précipitations représentent l'un des
facteurs les plus importants du climat tant pour les hommes que pour les
écosystèmes. Leur analyse à la station de Ziguinchor
(1918-2018) nécessite un traitement particulier très fin pour
notre travail d'étude dans un contexte où la variabilité
de la pluviométrie et ses impacts sur les ressources en eau font
débat depuis des décennies. Pour ce faire, une brève
analyse sera opérée ici avant d'être beaucoup plus
détaillée au chapitre III de ce mémoire
(ANALYSE DE LA VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE).
35
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
La circulation des différents flux
étudiés, en particulier la pénétration des vents de
mousson provenant du sud-sud-ouest en rapport avec la progression vers le nord
du F.I.T., commande le régime des précipitations dans la
Basse-Casamance (Diop E. S., 1986). Le régime pluviométrique
annuel à la station de Ziguinchor illustré à la figure
ci-dessus se traduit par l'alternance de deux saisons distinctes qui ont un
impact considérable sur l'évolution de la salinité en
Basse-Casamance insulaire. Une saison pluvieuse qui s'étale sur cinq
à six mois (mai- octobre, voire novembre), avec une moyenne annuelle de
1420,9 mm/an. Le reste des mois constitue la période sèche. Par
ailleurs, l'analyse montre que les premières pluies quoique faibles
apparaissent au mois de mai et atteignent leur maximum en août avec
481mm. Pendant cette période, les populations insulaires
procèdent à la collecte traditionnelle des eaux pluviales au
moyen des toitures des maisons. En outre, c'est un moment très important
de l'année tant pour les réserves collectées que pour les
activités rizicoles essentiellement pluviales.
P (mm)
400
200
600
500
300
100
0
Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov
Déc Mois
Figure 8: Précipitations moyennes mensuelles de
1918 à 2018 à la station de Ziguinchor (Source : données
ANACIM, 2019)
V.2.3. Les températures
D'une manière générale, les
températures varient dans le temps (selon les saisons) et dans l'espace
(en fonction de la proximité ou non de l'océan). La mer jouant un
rôle de régulateur thermique, la Basse-Casamance
bénéfice de températures plus clémentes et
n'enregistre pas d'aussi fortes fluctuations saisonnières que
l'intérieur du pays. En plus du rôle thermorégulateur des
masses océaniques, l'influence des vents et des précipitations se
font sentir sur l'évolution des températures dans cette
région. L'analyse de ce paramètre climatique dans ce chapitre
concernera spécifiquement l'évolution des températures
moyennes mensuelles.
36
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
Pour l'évolution annuelle, elle sera
développée au chapitre III. Il faut noter que,
tout comme les précipitations, les températures ont un rôle
déterminant sur les processus de salinisation.
Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov
Déc
Mois
T°C Max T°C Min T°C Moy
T°C
40,0
25,0
20,0
35,0
30,0
15,0
10,0
5,0
0,0
Figure 9: Variation mensuelles des températures
de1961-2018 (Source : données ANACIM, 2019)
Ainsi, à la station de Ziguinchor, les
températures moyennes mensuelles obtenues sur la base des valeurs
maximales et minimales connaissent une évolution bimodale avec deux
maximums et deux minimums. Celle-ci étant caractérisée par
un maximum principal en Juin (29,1°C) et un maximum secondaire en Octobre
(28,3°C) ainsi qu'un minimum principal en Janvier (25°C) et un
minimum secondaire en Août (27,1°C). Avec une moyenne annuelle de
27,5°C ces moyennes mensuelles varient entre 25 °C (janvier) et
29,1°C (juin). Par conséquent, deux saisons thermiques sont
identifiées :
? Une saison chaude caractérisée par des mois
chauds supérieurs à la moyenne notamment mars (28,1°C),
avril (28,7°C), mai (29°C), juin (29,1°C), juillet
(27,9°C), septembre (27,7°C) et octobre (28,3°C).
? Une autre fraiche constituée de mois frais
inférieurs à la moyenne : janvier (25°C), février
(26,7°C), août (27,4°C), novembre (27,4°C) et enfin,
décembre (25,1°C).
Cette évolution des moyennes mensuelles subit d'une
manière générale l'influence des deux extrêmes
(températures maximales et minimales). Sur cela, les températures
les plus élevées sont observées en avril, mai et les plus
faibles en décembre, janvier.
Par ailleurs, il est intéressant de faire remarquer la
relation existant entre les variables thermiques et les cumuls
pluviométriques à l'échelle mensuelle. Cette
corrélation est illustrée par le diagramme ombrothermique reliant
température et pluviométrie à la station de Ziguinchor sur
la période 1961-2018.
37
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
T°C
250,0
200,0
300,0
150,0
100,0
50,0
0,0
Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov
Déc
P (mm) 2T (°C)
Mois
450,0
400,0
250,0
200,0
500,0
350,0
300,0
50,0
0,0
150,0
100,0
p (mm)
Figure 10: Diagramme ombrothermique à la station
de Ziguinchor entre 1961 à 2018 (Source : données ANACIM,
2019)
En effet, elle montre que les températures les plus
élevées sont observées pendant la saison pluvieuse et les
plus faibles à la saison sèche.
V.2.4. L'évaporation
C'est l'ensemble des phénomènes qui transforment
l'eau liquide en vapeur d'eau par un processus purement physique. Ce
paramètre joue un rôle important dans l'évolution actuelle
des écosystèmes de la Casamance, puisqu'il est d'après
Pagès J. (1986) responsable en grande partie de l'augmentation de la
salinité du fleuve pendant les périodes de déficit
pluviométrique par concentration de l'eau de mer. L'évaporation
est souvent importante, son maximum mensuel se situe en mars (4,7mm) et le
minimum en août (de l'ordre de 1,1 mm).
Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov
Déc
E (mm)
4,5
4,0
2,5
2,0
5,0
3,5
3,0
0,5
0,0
1,5
1,0
Mois
Figure 11: Evolution de l'évaporation moyenne
mensuelle à la station de Ziguinchor de 19602018 (Source :
données ANACIM, 2019)
38
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
L'observation des moyennes mensuelles de l'évaporation
à Ziguinchor laisse apparaître une évolution unimodale
(Figure 11). En effet, cette évolution s'oppose
à celle des précipitations puisque c'est pendant l'hivernage
(juin à novembre) qu'on enregistre les plus faibles valeurs (2,7 ; 1,6 ;
1,1 ; 1,2 ; 1,5 ;2,3). En revanche, les plus fortes quantités d'eau
évaporées sont notées durant la saison non-pluvieuse
(décembre à mai).
39
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
CHAPITRE II : LE CADRE HUMAIN
Les Diola sont la principale ethnie majoritaire dans la zone
d'étude. Ils sont conservateurs et très proches de leur culture,
de leur organisation sociale et économique. Ainsi, l'histoire du
peuplement Diola dans ce milieu serait étroitement liée à
la présence du réseau hydrographique avec ses nombreux marigots
qui modèlent le paysage de la Basse-Casamance. En s'établissant
sur cet espace, les Diola ont su élaborer un système social, en
partie, déterminé par les conditions biophysiques. La
valorisation de ce milieu d'une grande complexité et les moyens
d'existence du Diola, si originaux, révèlent les héritages
de toute une histoire (Pélissier P., 1966). En réalité, la
personnalité ethnique des Diola est éminemment
géographique. La diversité des conditions naturelles a
facilité le cloisonnement humain et l'originalité d'une
civilisation rurale. Dans ce cadre, il s'agira juste de faire une brève
caractérisation de la composition démographique de même que
des activités économiques de la zone d'étude afin d'avoir
un aperçu sur les composantes humaines existantes.
I. COMPOSITION DEMOGRAPHIQUE
Dans les trois îles étudiées, à
savoir Niomoune, Diogué et Carabane, les Diolas sont largement
majoritaires surtout à Niomoune où la population est
essentiellement Diola. Néanmoins, il existe quelques étrangers
constitués en majorité de pêcheurs sérères,
lébous ou ghanéens à Diogué. Ces derniers
parviennent à se fondre dans la masse en s'adaptant au milieu et
à la composition. Les religions traditionnelles demeurent les plus
pratiquées même si on note une présence du Christianisme
dans les trois îles et de l'Islam à Carabane (une grande partie de
la population) et à Diogué (pratiquée par la
communauté de pêcheurs sérères et lébous).
II. LES ACTIVITES SOCIO-ECONOMQUES Elles sont
le plus souvent centrées sur l'agriculture, la pêche,
l'élevage et le tourisme
II.1. L'agriculture et la pêche
« Nulle part ailleurs, on ne retrouve une association
aussi étroite et ancienne entre la riziculture inondée et la
pêche, à tel point que l'on peut véritablement parler
à leur propos de villages de paysans-pêcheurs »
(Cormier-Salem M. C., 1992). Cette symbiose se traduit dans
l'aménagement du terroir, dans le calendrier des activités, dans
l'alimentation et même dans toute la vie domestique. Le terroir est
essentiellement constitué de terres basses inondables aux sols
salés, bordées par les palétuviers que les Diola, à
force de labeur et de patience ont, endiguées, défrichées
et mis en valeur. Le plateau, domaine des cultures sèches, est
très réduit, voire complètement absent. Le terroir est
organisé en cercle (zones concentriques), depuis
40
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
l'habitat jusqu'au bolon: les vastes concessions,
appelées hank, sont entourées d'une tapade, à
l'abri de laquelle sont cultivés quelques légumes et où
sont gardés les porcs et la basse-cour (Pélissier P., 1958). La
forme d'agriculture la plus développée de la zone demeure la
riziculture inondée. Elle est pratiquée dans toutes les
îles car étant le fondement de la civilisation agraire Diola.
En ce qui concerne la pêche, toutes les formes sont
présentes depuis le piégeage des poissons, la cueillette des
huitres, la pêche à canne à pêche jusqu'à la
pêche au filet dormant dans la mer. Le système de pêche est
une caractéristique des villages de mangrove. Ces activités sont
le plus souvent pratiquées à Niomoune et par les Diola
autochtones de Diogué et Carabane. Ce type d'exploitation du milieu
aquatique n'est que traditionnel ou artisanal et est en partie
développé par les pêcheurs migrants allochtones.
Diogué en illustre plus ce milieu. Ces pêcheurs migrants,
composés de communautés sénégalaises
(Lébous, les « Guet Ndariens ») et étrangères
(notamment ghanéennes) font de cette activité, à
Diogué, l'une des plus prospère de l'économie locale et
l'une des principales sources de revenus directs ou indirects des populations.
De nombreux autochtones ont appris la pêche sous la direction de ces
pêcheurs migrants Lèbou, Sérères. On y note
également une présence de plus en plus importante des Guet
Ndarien, des pêcheurs de la petite côte ou du Saloum. Dans cette
zone, on oppose volontiers le paysan - pêcheur autochtone au
pêcheur professionnel originaire du nord. Une opposition qui
réside sur des critères techniques, sociaux, économiques
et culturels. Les autochtones sont d'abord des cultivateurs, la pêche est
pour eux, une activité secondaire et ils la pratiquent dans les
bolons au moyen d'éperviers, de barrages de palissages ou de
nasses.... Les pêcheurs spécialisés quant à eux,
sont des migrants, le plus souvent originaires des autres régions
côtières du Sénégal. (DEEC, 2002).
Photo 3: Diogué, un village de pêcheurs.
Source :
https://iles-casamance.org/erosion-epi-plage-2/
41
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE
D'ETUDE
Toutes les ressources aquatiques du terroir sont
exploitées : le riz, 1e sel, les huîtres, les coquillages, les
poissons. Les mêmes espaces se prêtent tantôt à la
riziculture, tantôt à la pêche.
II.2. L'élevage
La pratique de l'élevage dans ces îles à
un caractère plus social qu'économique. Le bétail bovin
n'est vendu qu'en cas de besoins sociaux urgents. L'élevage porcin
constitue une zone de prédilection. L'aviculture n'est pas très
développée, on y rencontre le plus souvent des élevages
familiaux qui ciblent une période bien précise de grande
consommation telles que les fêtes annuelles. Dans ces zones, les
éleveurs ont du mal à assurer l'alimentation et l'abreuvage de
leur bétail, surtout en saison sèche.
II.3. Le tourisme
Le tourisme constitue une activité importante dans les
îles de la Basse-Casamance en raison de plusieurs facteurs.
Détaillant, Sarr C. S. (2012) explique que : « Les îles
constituent la seconde destination touristique de la Basse Casamance
après Cap Skirring. Cette situation s'explique par les énormes
potentialités que regorgent ces petits espaces insulaires. D'abord, la
nature est dense avec une grande richesse faunique et floristique marqué
par la prédominance de l'écosystème de mangrove.
L'isolement même si elle constitue un facteur répulsif en termes
d'accessibilité, fait l'affaire des touristes qui sont à la
recherche de tranquillité et à la fuite du stress citadin et de
la pollution sonore ». Pour lui, ce tourisme qu'il caractérise
de « tourisme de valeurs » est orienté sur la mise en oeuvre
des cultures traditionnelles à l'instar de celles Diola. Cette
diversité culturale et ancestrale combinée à un paysage
magnifique fait de la zone, un milieu de découverte. Ceci a
été sans doute rendu possible par le « tourisme rural
intégré » lancé par le Ministère du tourisme
en 1974 avec la création des campements villageois. Cormier-Salem le
confond avec un « tourisme d'authenticité de contact, de
découverte » comme le présente la publicité. Ces
îles sont en effet des lieux d'attractivité tant pour les
explorateurs naturalistes que pour les touristes désireux de contempler
de nouveaux horizons. Parmi elles, l'île de Carabane est sans doute la
destination la plus convoitée en raison de son historique coloniale, de
ses infrastructures touristiques mais également de sa nature
généreuse.
CONCLUSION PARTIELLE
L'environnement physico-humain Basse-Casamançais est
plein de diversités qui rythment le fonctionnement des
socio-écosystèmes dans cette zone. Cet ensemble de
paramètres lui confère un certain nombre d'atouts (nature
prospère, diversité culturelle, etc.) mais également des
contraintes qui influent sur le développement et l'épanouissement
de ces socio-écosystèmes (enclavement, hypersalinité). Ces
contraintes même si certaines d'entre eux ne sont récentes, sont
suffisamment importantes pour modifier les conditions environnementales.
42
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
DEUXIEME PARTIE :
ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
INSULAIRE
La présentation du milieu physique notamment l'analyse
des paramètres climatiques a pour finalité la connaissance des
transformations environnementales à travers l'évolution de la
salinité et la variabilité climatique au cours des
dernières décennies. De ce fait, analyser ces deux
phénomènes nous parait nécessaire pour comprendre leur
potentielle implication sur la dégradation de la qualité des
eaux. Cette partie comporte entre autres, l'analyse des facteurs de la
variabilité climatique au cours de ces dernières décennies
ainsi que l'évolution de la salinité sur la partie avale du
fleuve.
43
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
CHAPITRE III : ANALYSE DE VARIABILITE CLIMATIQUE
Le climat régit les fonctions les plus essentielles de
la société. Il détermine notre condition d'existence et
d'adaptation. Ainsi, des changements de climat peuvent entraîner des
perturbations dans un système économique et social existant et
avoir une importance critique pour de grandes populations (White, 1986,
cité par Mahé G., 1992). Compte tenu de ses effets majeurs sur
les ressources en eau, la compréhension de sa variabilité est
essentielle afin de tenter d'appréhender sa dynamique actuelle et
future. De ce fait, ce chapitre se propose de présenter une brève
analyse de cette variabilité dans l'estuaire de la Casamance, en
particulier dans sa zone côtière avec pour finalité la
connaissance de son évolution, au courant du siècle, qui
conditionne en partie la transformation du milieu naturel. Les manifestations
de cette variabilité en Basse-Casamance trouvent leur pertinence, selon
Sané T. et al. (2010), dans les déficits
pluviométriques plus ou moins importants et dans l'augmentation des
températures.
Ainsi, l'analyse de la pluviométrie dans ce milieu
amphibie permettra de fixer les grandes phases de son évolution ainsi
que les tendances actuelles. Pour ce faire, la station synoptique de Ziguinchor
ainsi que les postes pluviométriques d'Oussouye et de Diouloulou ont
retenu notre attention. Le choix de ces stations réside non seulement du
fait qu'elles disposent d'une série assez longue et fiable (1939-2018
pour Oussouye et Ziguinchor et 1950 à 2018 pour Diouloulou) mais
également de la pertinence de leur localisation.
Pour l'étude de l'évolution des
températures, la station synoptique de Ziguinchor fera l'objet d'une
analyse car constituant la seule référence qui dispose d'une
série assez longue (19612018). Plusieurs analyses, indicateurs et tests
seront exploités afin de mieux avoir une lecture de la tendance des
précipitations. Pour rappel, ces tests et méthodes
appliqués cherchent à caractériser la variabilité
climatique dans la zone maritime de la Basse-Casamance.
I. ANALYSE DE LA VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE
Pour apprécier l'influence des précipitations
sur l'évolution de la qualité des ressources en eau, une analyse
de la variabilité de celles-ci s'impose. En outre, la répartition
interannuelle des précipitations est à la fois témoin et
acteur des variations climatiques (Mahé G., 1992).
En Basse-Casamance, l'importance des précipitations est
un des traits majeurs qui donne à cette région sa
personnalité biophysique et socio-économique. Celle-ci est
durement éprouvée ces dernières décennies par la
péjoration des conditions climatiques malgré une
légère amélioration de la pluviométrie,
notée plus récemment (Sané T., 2017). C'est ainsi que le
changement des
44
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
régimes pluviométriques observé à
partir des années 1970 a eu de nombreuses conséquences sur les
écosystèmes côtiers et sur l'écoulement fluvial. Ce
changement marqué par la succession des années sèches a
fait sensiblement reculer les limites tidales et le front de salinité
dans le fleuve Casamance et ses affluents (Diop E. S., 1986).
Ainsi, l'analyse des trois stations étudiées
démontre que la pluviométrie annuelle comprise entre 538mm et
2385,9mm soit une baisse de 77,5%. Ce qui dégage une forte
variabilité entre ces deux extrêmes suivant les saisons et ce
caractère variable s'observe à plusieurs niveaux. Pour
appréhender au mieux cette variabilité, nous étudierons
d'abord les indices normalisés, les méthodes statistiques de
détection d'éventuelle rupture et enfin l'évolution des
normales pluviométriques.
I.1. L'indice normalisé de précipitations
ou SPI (Standardized
Precipitation Index)
L'indice normalisé ou standardisé est couramment
utilisé dans l'analyse de la variabilité interannuelle de la
pluviométrie. Elle est populaire du fait de sa simplicité et de
son interprétation facile. Cet indice a été conçu
pour comprendre qu'un déficit de précipitations pouvait avoir de
multiples incidences sur la disponibilité des différents types de
ressources en eau et à de multiples échelles de temps (de
préférence sur 60ans voire plus) (OMM, 2012). Ces incidences
peuvent influencer les eaux souterraines, le stockage des réservoirs,
l'humidité du sol et le flux d'écoulement.
Adopté depuis 2009 par l'Organisation
météorologique mondiale (OMM), le SPI permet de mesurer les
sécheresses météorologiques. Défini par MCKEE
et al. (1993), il est une méthode à la fois simple et
puissante, basée sur les données pluviométriques, qui
permet d'établir des comparaisons entre la pluviométrie d'une
année avec la pluviométrie moyenne. Puisqu'il est
normalisé, il permet de représenter, en ce sens, les climats
humides et les climats arides en fonction de la valeur (positive ou
négative) de l'indice (Tableau 5). Un
événement de sécheresse se produit à chaque fois
que l'ISP est continuellement négatif, sa valeur atteint une
intensité de -1 ou moins, et se termine lorsque l'ISP devient positif.
Sa formule est la suivante :
Xi-Xm
Xi est le cumul de la pluie pour une
année i ;
Xm est la moyenne des pluies annuelles
observées pour une série donnée ;
Si, l'écart type des pluies annuelles
observées pour une série donnée.
45
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
Tableau 5: Valeurs de l'indice SPI
SPI
|
Caractéristiques
|
Station et postes
|
Nombre d'observations
|
2,0 et plus
|
Extrêmement humide
|
Ziguinchor
|
0
|
Oussouye
|
3
|
Diouloulou
|
3
|
1,5 à 1,99
|
Très humide
|
Ziguinchor
|
5
|
Oussouye
|
3
|
Diouloulou
|
1
|
1,0 à 1,49
|
Modérément humide
|
Ziguinchor
|
6
|
Oussouye
|
8
|
Diouloulou
|
5
|
-0,99 à 0,99
|
Proche de la normale
|
Ziguinchor
|
51
|
Oussouye
|
51
|
Diouloulou
|
47
|
-1 à -1,49
|
Modérément sec
|
Ziguinchor
|
7
|
Oussouye
|
11
|
Diouloulou
|
7
|
-1,5 à -1,99
|
Très sec
|
Ziguinchor
|
7
|
Oussouye
|
3
|
Diouloulou
|
5
|
-2 et moins
|
Extrêmement sec
|
Ziguinchor
|
4
|
Oussouye
|
1
|
Diouloulou
|
1
|
Source : OMM, 2012, modifié Les Figure
12, Figure 13 et Figure 14,
ci-dessous mettent en exergue l'évolution des anomalies
normalisées aux stations de Ziguinchor, Oussouye et Diouloulou, ainsi
que la moyenne mobile sur 80 ans permettant d'évaluer les fluctuations
au cours de la période 19392018. Celle-ci est marquée par une
alternance de périodes humides et sèches comme la plupart des
régions d'Afrique de l'ouest non-sahélienne (Lubes-Niel H. et
al., 1998a). Pour plus de pertinence dans l'analyse de ces variations, des
méthodes statistiques de détection d'éventuelles ruptures
de stationnarité dans notre série chronologique (1939-2018) sont
appliquées afin de mieux comprendre leur dynamique.
46
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
SPI
-0,5
-1,0
-1,5
-2,0
-2,5
2,5
2,0
0,5
0,0
1,5
1,0
1939 1942 1945 1948 1951 1954 1957 1960 1963 1966 1969 1972 1975
1978 1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017
ANNEES
Années humides Années sèches 2 Moy. mobile
sur pér. (Années humides)
PERIODE HUMIDE
PERIODE SECHE
LEGER RETOUR
Figure 12: Evolution des anomalies
pluviométriques à Ziguinchor de 1939 à 2018
SPI
-1,0
-2,0
-3,0
2,0
3,0
0,0
1,0
1939 1942 1945 1948 1951 1954 1957 1960 1963 1966 1969 1972 1975
1978 1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017
ANNEES
Années humides Années sèches 2 Moy. mobile
sur pér. (Années humides)
PERIODE HUMIDE
PERIODE SECHE
Figure 13: Evolution des anomalies
pluviométriques à Oussouye de 1939-2018
SPI
-1,0
-2,0
-3,0
2,0
3,0
0,0
1,0
ANNEES
Années humides Années sèches 2 Moy. mobile
sur pér. (Années humides)
1950 1952 1954 1956 1958 1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1974
1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006
2008 2010 2012 2014 2016 2018
PERIODE HUMIDE
PERIODE SECHE
Figure 14: Evolution des anomalies
pluviométriques à Diouloulou de 1939-2018
Cette analyse de la stationnarité de la série,
est devenue selon Lubès-Niel H. et al., (1998a) un enjeu
fondamental dans l'identification de la variabilité climatique et de ses
impacts sur les ressources en eau. Deux méthodes ont été
privilégiées dans ce travail notamment le test de
47
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
Pettitt et la procédure de Segmentation de Hubert. Ces
tests sont plus adaptés à la détection ou non de rupture
dans une série chronologique. Une rupture peut être définie
de façon générale par un changement dans la loi de
probabilité de la série chronologique à un instant
t, le plus souvent inconnu.
Le test de Pettitt, dérivé du test de
Mann-Whitney, consiste à découper la série principale de N
éléments en deux sous-séries à chaque instant t
compris entre 1 et N-1. La série principale présente une
rupture à l'instant t si les deux sous-séries ont des
distributions différentes. L'hypothèse nulle H0 de non rupture
est testée au moyen d'un test non paramétrique. Cependant,
Pettitt suggère que pour un risque a de première
espèce donné, H0 est rejetée si cette probabilité
est inférieure à a. Dans ce cas, la série
présente une rupture au temps T= t définissant KN. Le
test est plus particulièrement sensible à un changement de la
moyenne (Lubès-Niel H. et al., 1998b). Ainsi, dans l'ensemble
des stations étudiées, l'hypothèse H0 du test de Pettitt
est rejetée aux trois seuils de confiance de 99%, 95% et 90% mettant en
évidence l'existence d'une rupture de stationnarité dans notre
série chronologique (Tableau 6). L'année 1967
correspondait à l'année de rupture dans les stations de Oussouye
et Ziguinchor tandis que pour Diouloulou, elle a été un peu
tardive (1970). Ces dates marquent une rupture dans la série
chronologique comme l'atteste le test de Pettitt. En effet, quel que soit la
station étudiée, la tendance à la baisse des
précipitations s'est généralisée à partir de
l'année 1968. Il en ressort de ces analyses que la rupture
pluviométrique la plus significative est apparue à la fin des
années 1960 et début 1970. Si le Tableau 6 met
en exergue les années de rupture, le Tableau 7 quant
à lui permet de montrer les différentes saisons, le nombre de
périodes existantes ainsi que leur moyenne et écart type. Ces
périodes constituent les sous-séries ou segments correspondants
aux périodes d'avant et après rupture.
Tableau 6: Variable du test de Pettitt
Stations
|
Test de Pettitt
Hypothèse H0 (absence de rupture)
|
Année de rupture
|
Ziguinchor
|
Rejetée aux 3 seuils de confiance
|
1967
|
Oussouye
|
Rejetée aux 3 seuils de confiance
|
1967
|
Diouloulou
|
Rejetée aux 3 seuils de confiance
|
1970
|
La procédure de Segmentation de Hubert a pour principe
de chercher un meilleur découpage de la série soumise à
l'analyse en sous séries contiguës. Pour chaque sous-série
de segments, la meilleure segmentation est celle qui minimise une distance
égale à la somme des écarts quadratiques entre chacune des
valeurs de la série et sa moyenne locale.
48
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
On contrôle la pertinence d'une segmentation en
vérifiant que la différence entre toutes les moyennes locales
contiguës prises deux a deux est significative, ce qui est
réalisé au moyen du test de Scheffe, pour lequel un niveau de
signification devra être défini (Hubert H. et al.,
1998b).
Tableau 7: Segmentation d'Hubert (Niveau de signification
du test de Scheffé = 1%)
Stations
|
Segmentation
|
Moyenne (P(mm))
|
Ó
|
Début
|
Fin
|
Ziguinchor
|
1939
|
1967
|
1526,1
|
251
|
1968
|
2007
|
1214,7
|
279
|
2008
|
2018
|
1521,2
|
160
|
Oussouye
|
1939
|
1967
|
1685,3
|
358
|
1968
|
2018
|
1259
|
250
|
Diouloulou
|
1950
|
1967
|
1476,3
|
247
|
1968
|
2018
|
1076,7
|
263
|
Dans l'ensemble des trois stations, plusieurs périodes
peuvent se distinguer en fonction des
différentes stations. Ces particularités
correspondant aux découpages de la série d'Hubert
(Tableau 7) illustrent au mieux les
différentes alternances de périodes dans les stations
d'étude.
y' La série 1950-1967 constituant la période la
plus humide avec des valeurs exponentielles, représente le premier
segment dans toutes les trois stations. Cette période marque, en effet,
l'époque que d'aucuns appellent de pluvieuse (Brunet-Moret Y., 1970 ;
Diop E. S., 1986 ; Dacosta H., 1986 ; Mahé G., 1992 ; Cormier-Salem M.
C., 1992 ; ...) car étant marquée par des années
très excédentaires (Descroix L. et al., 2015b). Par
exemple, sur 38 années humides dans toute la série des 80 ans
à Oussouye et Ziguinchor, plus de la moitié (21) se sont
situées dans cette courte époque de 29 ans avec des maxima
pouvant dépasser les 2000m de cumuls annuels. Pour ainsi dire que
l'essentiel des grands maximums pluviométriques se situe durant cette
phase. Ce qui montre tout simplement le fort potentiel précipitable de
ce temps. Toutefois, cette série présente parfois certains
déficits surtout au début (1939, 1942 pour Oussouye, et 1941,
1942, 1944, 1946 pour Ziguinchor) et à la fin (1959, 1963, 1966 pour
Oussouye et 1959, 1960, 1964 pour Ziguinchor). Ces derniers déficits
vont en effet annoncer une future série qui sera amorcée à
partir de 1967 dans toutes les stations d'étude excepté
Diouloulou où la rupture sera observée en 1970.
y' La série qui va s'en suivre sera celle de 1968-2007
pour la station de Ziguinchor et 19682018 pour le restant des autres (Oussouye
et Diouloulou). Cette période est considérée comme
étant la plus catastrophique en raison de l'intensité des
déficits et de la gravité des conséquences qui en ont
découlé. Le nom donné à cette calamité est
plus connu sous l'appellation de sécheresse.
49
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
En effet, pour l'OMM (2012), la sécheresse est un
fléau insidieux qui découle d'une baisse des
précipitations par rapport à des niveaux considérés
comme normaux. Quand le phénomène se prolonge, ou au cours d'une
période plus longue encore, les précipitations sont insuffisantes
pour répondre aux besoins de l'environnement et des activités
humaines. La sécheresse des années 1968-1990 est toujours de
mémoire dans presque toutes les régions d'Afrique de l'ouest.
Sircoulon J. (1992) va même jusqu'à dire que c'est la plus longue
et la plus intense des trois sécheresses de ce siècle (1910-1916,
1940-1949 et 19681990) où les isohyètes interannuelles sont
redescendues vers le sud de plusieurs centaines de km et où les
déficits moyens sont de 20 à 30 %. Les déficits
pluviométriques qui ont été observés dans toutes
les trois stations d'étude ont eu de lourdes conséquences sur les
écosystèmes de Basse-Casamance notamment la dégradation
des ressources en eau avec les phénomènes de salinité
(Descroix L. et al., 2015a). Les moyennes de ces séries sont
respectivement de 1214,7 mm pour Ziguinchor (1968-2007) 1259 mm pour Oussouye
(1968-2018) et de 1076,7 mm pour Diouloulou (1968-2018). La faiblesse de ces
valeurs montre l'importance des déficits pluviométriques
enregistrés durant cette période.
? Même si un léger retour à la
pluviométrie normale est observé à la station de
Ziguinchor par rapport à la série considérée,
cependant ce phénomène n'est pas visible au regard des autres
stations (Oussouye et Diouloulou) qui semblent toujours garder la dynamique de
déficit. En effet, la série 2007-2018 à Ziguinchor est
marquée par la succession d'années excédentaires
entrecoupées parfois par quelques années déficitaires.
Ainsi, la moyenne de cette époque (1521m) témoigne un peu d'un
retour des conditions pluvieuses qui régnaient durant la période
humide des années 1939-1967. Cependant, les cumuls de cette
période (2008-2018) ne parviennent toujours pas à égaler
ceux d'auparavant. Et pour Descroix L. et al., (2015b) c'est
probablement à ce niveau de pluviométrie qu'il faut s'attendre
comme moyenne sur le long terme et intégrer le fait que les deux
décennies d'avant la sécheresse (en fait, les années
1951-1967) ont été très excédentaires, et ne
reflétaient pas une tendance durable.
I.4. Analyse des normales
pluviométriques
Selon l'OMM (2017), les normales climatiques ont deux
vocations principales. Elles constituent un point de comparaison avec les
observations récentes ou actuelles, tout en servant de base à de
nombreux jeux de données illustrant les anomalies climatiques. On peut
également s'y référer pour déterminer les
conditions auxquelles on peut s'attendre en un lieu donné.
50
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
Deux normales ont été choisies pour le
présent travail notamment la normale 1961-1990 et celle de 1981-2010. En
effet, pour l'OMM (2015), la première constitue une période de
référence dans le but de surveiller l'évolution du climat
dans le long terme, et la deuxième est une normale climatologique
standard officielle en vigueur.
Tableau 8: Caractéristiques des normales
pluviométriques des différentes stations
Stations
Normales (mm)
|
ZIGUINCHOR
|
OUSSOUYE
|
DIOULOULOU
|
Moyenne
|
Moyenne
|
Moyenne
|
1961-1990
|
1318
|
1289
|
1125
|
1981-2010
|
1266
|
1251
|
1039
|
1939-2018
|
1369,7
|
1413,9
|
1181,8
|
Le Tableau 8 permet d'illustrer la tendance
des différentes normales pluviométriques dans les stations
d'étude. Ainsi, l'analyse de ce dernier met en exergue la tendance
à la baisse des précipitations dans la zone d'étude au
regard des moyennes considérées. Ces moyennes confirment la
variabilité.
II. ANALYSE DES VARIATIONS DE LA
TEMPERATURE
La température peut être un facteur important sur
l'évolution de la qualité des ressources en eau. En effet, elle
influe sur les processus physico-chimiques dans l'eau, et par conséquent
sur la concentration de sel. Son augmentation dans l'eau favorise les
réactions chimiques avec le phénomène d'évaporation
et accélère les processus de salinisation des terres et des eaux.
Ainsi, l'analyse de l'évolution des fluctuations interannuelles de la
température moyenne (Figure 15) pendant la
période de 1961 à 2018 dégage une allure en dents de scie
marquée par une tendance à la hausse avec une moyenne de
27,6°C. Cette moyenne est sujette à des variations dans le temps.
Les plus fortes valeurs seront enregistrées durant l'année 2016
(30°C) tandis que l'année 1965 (26,1°C) sera l'année le
plus froid de la série. Ce qui atteste de la forte variabilité de
ce paramètre avec une hausse de 3,9°C. Cette tendance à la
hausse a été beaucoup plus manifeste à partir des
années 1980. En guise d'exemple, la moyenne de la période de
1961-1980 était de 26,8°C tandis que celle de 1980-2018 est de
28,1°C soit un excédent de 1,3°C. Les années 1998,
2005, 2010, 2012 et 2016 ont été les années les plus
chaudes dans la série d'étude avec des valeurs respectives 28,7,
29,1, 29,3, 30°C. Cette augmentation serait en effet, selon Sané T.
et al. (2010), en phase avec la tendance observée au niveau
mondial et selon laquelle les conditions thermiques connaitront d'avantage une
évolution croissante au cours des années voire des
décennies à venir. Ces prévisions sont également
corrélées par les travaux du GIEC (2013) et de l'OMM (2019). En
effet, pour le GIEC (2014), chacune de ces trois dernières
décennies a
51
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
été successivement plus chaude à la
surface de la Terre que toutes les décennies précédentes
depuis 1850. Les années 1983 à 2012 constituent probablement la
période de 30 ans la plus chaude qu'ait connue
l'hémisphère Nord depuis 1 400 ans. Ces changements touchant
à la fois les températures et les précipitations
perturbent les systèmes hydrologiques (GIEC, 2013).
T°C
29,0
28,0
27,0
26,0
25,0
24,0
31,0
30,0
1961 1963 1965 1967 1969 1971 1973 1975 1977 1979 1981 1983 1985
1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015
2017
ANNEES
Figure 15: Evolution des températures moyennes
annuelles à Ziguinchor de 1961-2018 (source: ANACIM, 2019)
Au regard de cette évolution des moyennes thermiques,
il apparait clair qu'à partir de 1980 la tendance à la hausse
s'est manifestée de façon continue. De ce fait, une
intégration des moyennes décennales permet de voir au mieux
l'évolution de la température au cours des quatre
dernières décennies. La Figure 16 illustre cette
tendance avec les jeux de couleurs qui matérialisent
l'évolution.
Décennies
T°C
29,5
T°C moyenne décennale Moyenne de la série
(1961-2018)
1960 1970 1980 1990 2000 2010
29
28,5
28
27,5
27
26,5
26
25,5
Figure 16: Evolution des décennies thermiques
à Ziguinchor de 1961 à 2018
(source: ANACIM, 2019)
52
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
Le graphique montre que chacune de ces décennies a
été beaucoup plus chaude que la précédente. En
fonction de la moyenne de la série 1961-2018, nous pouvons observer
qu'au-delà de la décennie 1980, toutes celles qui ont suivi sont
excédentaires. De plus, entre la décennie 1960 et celle 2010, il
a été observé une hausse de 2,1°C, ce qui montre
qu'en l'espace de 50 ans la température à Ziguinchor a connu une
hausse considérable.
En résumé, l'analyse de l'évolution des
précipitations tout comme celle des températures laisse
paraître une variabilité très significative à
l'échelle de temps considérée dans toute la zone
d'étude. Cette variabilité est manifeste non seulement avec la
succession d'années humides et d'années sèches
relativement longue mais également avec une hausse considérable
des variables thermiques. Ainsi, au regard de la documentation
effectuée, il apparait clair que ces deux paramètres influent de
façon considérable sur la dégradation de la qualité
des ressources en eau avec une augmentation significative de la salinité
par les processus d'évaporation. Pour ainsi dire, les déficits
pluviométriques des années de sécheresse ont fait reculer
les limites tidales favorisant les avancées du biseau salé
surtout en zone insulaire (Diop E. S., 1986). La hausse des températures
quant à elle accentue les processus évaporatoires avec
l'accumulation du sel dans les vasières, etc.
En effet, la péjoration climatique (comme le montre les
figures ci-dessus) qui s'est opérée dans tout le pays avec une
nette diminution des apports pluviométriques et une évolution des
températures a eu de nombreux impacts sur les
socio-écosystèmes côtiers en Basse-Casamance. Ainsi,
jusqu'à la fin des années 1960, le fleuve Casamance, moteur du
réseau hydrographique qui conditionne le milieu naturel de la zone,
suivait un fonctionnement «normal» ; c'est-à-dire, les apports
d'eau douce subsistaient même en début de saison sèche si
bien que les marées de salinités n'affectaient qu'en partie
l'ensemble du fleuve (Diop E. S., 1986). Mais, cette péjoration des
éléments climat va bouleverser le fonctionnement hydrologique de
ce cours d'eau et de ce fait, fragiliser des ressources naturelles. Ainsi
parle-t-on d'« estuaire inverse». Les conséquences qui en
découleront seront désastreuses tant sur l'environnement que sur
les activités socio-économiques : salinisation des eaux douces et
des terres, baisse des productions agricoles, en particulier rizicoles, ainsi
que la destruction ou la vulnérabilité de certains
écosystèmes (Sané T. et al., 2010).
Cette baisse de la pluviométrie d'environ 20% à
70% durant, la période 1968-1995 (sécheresse), combinée
à une évolution thermique, sera l'un des principaux facteurs de
la dégradation des écosystèmes en Basse-Casamance avec
l'augmentation de la salinité, la dégradation de la
53
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
qualité des ressources hydriques entre autres. Le
déficit pluviométrique a également influencé la
réalimentation de la nappe superficielle qui est directement en contact
avec les eaux de surface salées et une hypersalinisation des bolons
qui parcourent l'ensemble des îles de la région. Ce qui
favorise une contamination des nappes superficielles du Continental Terminal,
de plus en plus atteintes par le biseau salé surtout dans les villages
insulaires, hypothéquant ainsi la disponibilité en eau douce de
ces populations (Decroix L. et al., 2015). L'eau est, en effet,
l'élément fondamental des paysages casamançais, qui
conditionne la répartition de la population et leurs
activités.
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
CHAPITRE IV : EVOLUTION DE LA SALINITE DANS
L'ESTUAIRE DE LA CASAMANCE
Le bassin versant de la Casamance fonctionne de nos jours
comme un « bac évaporatoire », le déficit hydrique
étant compensé par une intrusion des eaux marines de l'estuaire.
Le fleuve étant devenu une source d'eau salée pour la
région, les aquifères sont ainsi de plus en plus exposées
à l'avancée du biseau salé. Pendant la saison
sèche, le taux de salure en tout point est supérieur à
celui de la mer (Barry B. et al., 1988). La sécheresse des
années 1970 a fortement modifié le régime hydrique du
fleuve et de ses affluents en Basse-Casamance. Ainsi, les nappes superficielles
du CT, principale source d'approvisionnement en eau potable, de la
région subissent cette péjoration pluviométrique avec une
importante baisse de leur niveau entrainant l'avancé du biseau
salé.
I. LES FACTEURS FAVORABLES A LA SALINISATION DANS
L'ESTUAIRE
I.1. Le fleuve Casamance : un estuaire
inverse
Les estuaires sont des écosystèmes très
complexes et biologiquement productifs qui forment une transition entre le
continent et l'océan (Miranda L. B. et al.,2017). En effet,
dans ces milieux, l'eau douce collectée du drainage des terres se
déverse dans un océan, qui envoie à son tour l'eau
salée en amont, bien au-delà de l'embouchure. Ce mélange
de fluides produit un environnement unique et diversifié avec tout un
ensemble de facteurs propices au développement et à l'adaptation
des socio-écosystèmes (Tomczak M., 1998).
Figure 17: Caractéristiques d'un estuaire
(Source:
https://professionnels.ofb.fr/fr/node/275
)
54
55
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
Plusieurs types d'estuaires sont identifiés en fonction
de la morphologie et de l'hydrodynamique, de la géomorphologie ou de la
structure verticale de la salinité (Valle-Levinson A., 2010). Dans ce
présent travail, nous nous intéresserons spécifiquement
sur la classification en fonction de la morphologie et de l'hydrodynamique qui
donne naissance à trois types d'estuaire (Figure 18)
d'après Valle-Levinson A. : les estuaires positifs, inverse et à
faible débit. Les estuaires positifs sont ceux dont les apports d'eaux
douces fluviales et pluviales sont supérieurs aux pertes par
évaporation, d'où l'établissement d'un gradient
longitudinal de densité des eaux qui décroit de l'océan
vers le bassin (Niang A., 2014). Par conséquent, les estuaires à
faible débit se trouvent dans les régions où le taux
d'évaporation est élevé mais également où le
débit des rivières a une faible influence. Les estuaires
inverses, quant à eux, se trouvent le plus souvent également dans
les régions où les pertes d'eau douce par évaporation
dépassent les apports d'eau douce provenant des précipitations.
Le gradient de densité longitudinal a de ce fait le signe opposé
à celui des estuaires positifs. Ces estuaires sont plus sujets à
des problèmes de qualité de l'eau que les estuaires positifs
(Valle-Levinson A., 2010) car, dans ces milieux, la salinité est plus
importante que celle de l'océan (Parker L. M. et al., 2017). De
ce fait, le gradient longitudinal de l'océan est celui d'une
salinité croissante.
Figure 18: Classification des estuaires selon
l'hydrodynamique
(d'après VALLE-LEVINSON, 2010 modifié par
NIANG, 2014)
Dans le contexte de l'estuaire de la Casamance où est
localisée notre zone d'étude, son caractère d'estuaire
inverse fait de la région un milieu vulnérable en ce qui concerne
la qualité de la ressource en eau douce (Sané T., 2017). Le
fleuve Casamance se comporte comme un estuaire inverse (Pagés J. et
al., 1987, Diop E. S., 1986, Pagès J. et Citeau J., 1990, Thior M.
et al., 2019a).
56
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce fonctionnement actuel
du fleuve notamment: la péjoration pluviométrique des
années 1970. En effet, pour Diop E. S., (1986), le fleuve Casamance
jusque dans les années 1970 connaissait un fonctionnement estuarien
«normal».
Mais la baisse d'apport pluvial à partir de 1968,
associée à une géométrie particulière et une
topographie irrégulière va entrainer une perturbation de ce
régime hydrique «normal» et par conséquent une
sursalinisation de l'estuaire. Ceci a rendu le bilan hydrique négatif
(Lahoud A., 1988) dont les effets sont encore plus dramatiques sur les petits
cours d'eau, notamment celui de la Casamance. Il en résulte alors un
envahissement des eaux de mer dans l'estuaire qui devient de ce fait
hyperhaline (Pagès J. et Citeau J., 1990). Cet envahissement des eaux
marines se manifeste par des inondations et des risques de submersion surtout
dans les îles de l'estuaire, ce qui en affecte les nappes
localisées le plus à une faible profondeur (environ 3m) et
maintient ainsi l'eau des puits saumâtre. Pendant la saison sèche,
cette eau demeure la principale source d'approvisionnement pour la majeure
partie de ces insulaires. Les intrusions salines sont l'une des principales
conséquences du fonctionnement inverse de l'estuaire de la Casamance
(Thior M. et al., 2019a). La proximité de la nappe avec la mer
facilite les échanges entre les eaux douces du fleuve et celles
salées de la mer.
La particularité du fleuve Casamance reste sans doute
liée à sa nature. Il dépend essentiellement des pluies
locales contrairement au fleuve Sénégal qui prend sa source dans
les massifs du Fouta Djalon en République de Guinée sous un
climat tropical humide, ce qui favorise par conséquent sa forte
dépendance au climat (Thior M. et al., 2019a). En d'autres
termes, il suffit juste d'une anomalie en saison humide pour perturber le
régime hydrique et rendre le bilan déficitaire (Lahoud A., 1988).
Ainsi, la sécheresse a conduit à des modifications
écologiques importantes dans cette région avec des
conséquences immenses surtout sur la salinité des eaux
conditionnée par un taux important d'évaporation. Ces
modifications concernent l'augmentation de la salinité avec un gradient
croissant de l'aval vers l'amont. En l'espace de quinze années (entre
1969 et 1988), la salinité des eaux de la Casamance dans la partie
estuarienne a subi des variations considérables (Diop E. S., 1986)
jusqu'à atteindre des valeurs de 170%o en 1986 à Diana Malari
(Pagès J., 1986).
I.2. La faiblesse de la topographie
L'histoire géomorphologique renseigne beaucoup sur la
formation des unités du relief. La région étant
située dans une zone fluvio-marine, on note une faible
variété structurale du relief (Badiane S. D., 2012). En effet, la
Basse-Casamance présente, dans son ensemble, un relief très
57
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
plat et de faible dénivellation. C'est également
une zone plate, basse parcourue de chenaux anastomosés. Le long de ce
fleuve offre le même niveau que la mer, la pente y est également
très faible. Cette faiblesse des pentes explique la
pénétration profonde de la marée à
l'intérieur du bassin plaçant ainsi l'ensemble de la Basse et une
majeure partie de la Moyenne Casamance (jusqu'à Diana Malari), dans le
bief maritime. Hormis les plateaux de Tandine, Ziguinchor et Oussouye, tout le
paysage se situe au-dessous de 20 m.
Figure 19: Altitude en mètres dans les communes
de Kafountine et Diembéring
I.3. L'influence de l'érosion côtière
sur les facteurs de salinisation
L'érosion côtière peut également
être un facteur (direct ou indirect) de dégradation des ressources
en eau douces. Il est plus connu du grand public en raison de ses effets
visibles.
58
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
Pour l'illustrer, dans l'ensemble des îles
étudiées, les populations stipuleront lors des enquêtes que
l'avancée de la mer est responsable de tous leurs malheurs (inondation
des rizières, perte des terres, salinisation, etc.) Cette modification
des conditions environnementales est en réalité le
résultat de la conjonction des facteurs naturels et anthropiques. Ainsi,
nous pouvons citer comme cause naturelle ; l'hydrodynamisme marin avec les
facteurs de forçage et les paramètres dominants notamment le
niveau marin, les vagues, les houles et les courants induits. A
côté de ces facteurs naturels, peuvent s'associer les pressions
humaines exercées sur le littoral notamment les
prélèvements de sables pour les constructions, etc. (Thior M.
et al., 2020). On peut aussi y associer les effets splash des toitures
en zinc qui intensifient les facteurs sus-énumérés.
Hypothèse du phénomène
d'eustatisme dans les iles
L'élévation du niveau de la mer (eustatisme)
découle du double effet de la dilatation thermique des mers et de la
fonte accrue des glaciers. Ce phénomène résulte des
changements climatiques selon le GIEC et ont de larges répercussions sur
les paysages humains et naturels de tous les océans et continents,
menaçant donc les aspects du développement. Ainsi,
l'élévation du niveau marin serait en partie responsable de la
vulnérabilité des ressources en eau, surtout dans les zones
côtières (Descroix L. et al., 2015a ; Janicot S. et
al., 2015 ; Bates B. C. et al., 2008). Et, d'après le GIEC
(2014), ces systèmes côtiers et les zones de faible altitude
seront de plus en plus exposés aux effets de l'élévation
du niveau marin notamment à la submersion, aux inondations, à
l'érosion et à des intrusions salines pendant toute la
durée du XXIème siècle et au-delà.
Comme pour toute la zone côtière du
Sénégal, le littoral Casamançais n'est pas
épargné. En effet, il est très affecté par les
impacts de l'élévation du marin selon Sané T. et al.,
2010. Les conséquences qui en découlent sont nombreuses :
érosion côtière, destruction des zones de marais littoraux
(avec rizières, mangroves, pâturages, etc.),
pénétration plus importante de l'eau salée dans
l'estuaire, d'où la salinisation des sols, et le risque accru de
submersion lors des fortes marées. De même, les îles dans ce
milieu sont fortement menacées. En guise d'exemple, la phare de
Diogué se trouve de nos jours à plus d'une centaine de
mètres dans l'eau ; cela veut dire qu'en l'espace de 40 ans, la mer a
gagné plus de 100m, obligeant des quartiers entiers à se
délocaliser, des populations à abandonner leurs rizières
(Descroix L. et al., 2015a). Ces problèmes accentuent la
problématique de l'accès à l'eau potable qui est
déjà très difficile du fait de la contamination des nappes
par l'eau de mer.
59
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
II. DYNAMIQUE DE LA SALINITE DANS LA PARTIE AVAL DE
L'ESTUAIRE
La définition d'un estuaire inverse implique des
facteurs hydrodynamiques en partie responsables des phénomènes
d'invasion marine. Ces facteurs, engendrés par la circulation et la
propagation des ondes et courants de marées, influent fortement sur les
processus de salinisation des eaux (Diop E. S., 1986). Dans l'estuaire de la
Casamance, quelle que soit la station, et l'époque de l'année, la
salinité moyenne est plus forte à marée haute qu'à
marée basse qui la précède ou la suit (Brunet-Moret Y.,
1970). En effet, ce milieu fait partie de ces environnements où les
processus de salinisation des eaux sont un phénomène marquant et
bien documenté (Diop E. S., 1986 ; Marius C., 1985, Lahoud A., 1988,
Sané T., 2017, Thior M. et al., 2019a).
II.1. Régime des marées dans l'estuaire
de la Casamance
L'étude des marées en Casamance a bien
été documentée par Brunet-Moret Y. (1970). Dans l'estuaire
de la Casamance, l'essentiel de l'hydrologie est lié à la
marée qui entraine l'existence d'une zone intertidale comprise entre les
laisses de haute mer et de basse mer (Lahoud A., 1988). Dans cette
région, les marées sont de régime semi-diurne,
c'est-à-dire que les étales durent peu de temps. Il en
résulte un ensemble de facteurs caractérisés par des
variations de salinité en fonction de l'évolution des hauteurs
d'eau (Brunet-Moret Y., 1969). En effet, la marée est le principal
facteur du mouvement de l'eau dans les estuaires. Elle y exerce une influence
prédominante sur les apports en eau douce (quand ils existent) en
apportant de l'eau de mer responsable de la sursalure du fleuve tout en
favorisant les phénomènes d'intrusion saline (Diop E. S., 1986).
La faiblesse des pentes explique la pénétration profonde de ce
phénomène (marée) à l'intérieur du bassin
plaçant ainsi l'ensemble de la Basse Casamance dans le bief maritime
(Malou R., 1992).
06/03/
08
16
07/03/
08
16
08/03/
08
16
09/03/
08
16
10/03/
08
16
11/03/
08
16
12/03/
08
16
13/03/
08
16
14/03/
08
16
15/03/
08
16
16/03/
08
16
Jours
H (mm)
1800
1600
1400
1200
1000
400
200
600
800
0
Figure 20: Hauteurs d'eau (mm) en fonction du temps
à partir du 06/03/2020 à 00h au 16/03/2020 à 23h (Source :
données LMI PATEO/UASZ, 2020)
60
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
Dans la partie d'embouchure du fleuve, notamment à
Carabane, la dynamique marine se fait sentir avec des fluctuations de hauteur
d'eau très variables en fonction du temps. Ces variations sont
constituées par les hautes eaux et les basses eaux. En effet, selon
qu'il s'agisse de pleine mer ou de basse mer, le régime de
salinité du fleuve est influencé. De plus, le marnage
(différence entre les variations de hauteurs d'eau) est
élevé avec des écarts considérables de l'ordre de
1507,7mm. Ainsi, les hauteurs d'eau varient entre 1554,3mm et 46mm à la
station hydrométrique de Carabane.
II.2. Evolution de la salinité à la
station marégraphique de Carabane
L'évolution de la salinité dans le fleuve
Casamance est commandée par plusieurs facteurs à savoir la
marée, les apports pluviométriques, les pentes etc. Dans la
partie de l'embouchure, les pentes sont très faibles et l'influence de
la marée océanique très sensible. Cette dernière
constitue selon Brunet-Moret Y. (1970), la principale cause de sursalure du
fleuve Casamance en raison de l'eau de mer qu'elle y apporte. C'est ce qui
explique la salinité proche de celle de la mer (autour de 35g/l)
observée dans cette partie aval du fleuve notamment la zone comprise
entre l'embouchure et la pointe St-George (Sané T., 2017).
Pour comprendre l'évolution de la salinité, il
serait pertinent de remonter depuis les observations de Brunet-Moret Y.
(1968-1970) jusqu'à celles récentes afin de comprendre la
dynamique de celle-ci. En effet, pour ces observations, le profil de la
salinité dans le fleuve Casamance serait saisonnier. Le minimum serait
observé en fin d'hivernage vers le mois d'octobre et le maximum en
début au mois de mai, juin ou juillet. Ainsi, sur les observations
effectuées entre juin 1968 et juin 1970 à Ziguinchor, il
apparaît que les plus faibles salinités ont été
relevées en octobre 1969 (4,1g/l). Cependant, les fortes valeurs ont
été notées le 29 juin 1969 (40,65g/l), le 4 mai 1970
(40g/l) ainsi que le 16 juin 1970 (40g/l).
Salinité en g/l
45
40
25
20
35
30
15
10
5
0
Mois
1968 1969 1970
Figure 21: Evolution de salinité à
Ziguinchor (Source données: Brunet-Moret Y., 1970)
61
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
Au regard de ce graphique ci-dessus, il apparait que la
distribution de la salinité varie d'année en année. Cette
lecture annuelle est beaucoup plus illustrative sur les études
réalisées par Le Reste L. et al., (1992). Ces
dernières qui consistaient également à un recoupement des
différentes observations de salinité effectuées dans le
fleuve Casamance à Ziguinchor9, révèlent une
évolution saisonnière et interannuelle. Ainsi, pour ces auteurs,
la salinité dans cette partie du fleuve varie saisonnièrement
devenant maximale en juin-juillet vers la fin de la saison sèche, et
minimale, en octobre-novembre vers la fin de l'hivernage. Cette
évolution est similaire à celle décrite par Brunet-Moret
Y. (1970) et Diop E. S. (1986) mais avec une tendance à la hausse.
Salinité en g/l
40
20
70
60
50
30
10
0
1966 1967 1968 1969 1975 1976 1977 1978 1981 1982 1983 1984
1985
Années
Saison sèche Saison humide
Figure 22: Evolution de la salinité en fonction
des saisons entre 1966 et 1985 à Ziguinchor (Source données :
Le Reste et al., 1992)
La figure ci-dessous permet d'illustrer cette dynamique. Elle
montre que les taux de salinité ont
commencé à noter une hausse à partir de
1968. Selon qu'il s'agisse des maxima ou des minima, l'allure de la courbe tend
à la hausse avec des maximas pouvant atteindre 58 g/litre (1978) et des
minimas de l'ordre de 44 g/litre (1983). Selon Le Reste L. et al.,
(1992), cette évolution témoigne de la sensibilité de
la salinité par rapport aux apports pluviométriques. Pour lui,
l'augmentation observée des maximales tout comme des minimales de
salinité entre 1966 et 1985 est due en grande partie à la baisse
de la pluviométrie à partir de 1968. Cette sensibilité est
très manifeste surtout si l'on associe les variations
pluviométriques comme le montre la Figure 23.
En analysant cette figure, il apparait que les dynamiques de
précipitations et de salinité sont inversement proportionnelles.
Cela témoigne tout simplement de la sensibilité de
l'évolution de
9 Ces observations ont été
effectuées par différents auteurs notamment BRUNET-MORET (1970);
MARIUS (1976); ORSTOM (1977); PAGES, com. pers.; LE RESTE (1984,1987).
62
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
la salinité par rapport à l'évolution
interannuelle de précipitation pendant la même période
considérée. Le constat est surtout explicite avec les deux
extrêmes encadrés. Plus il y a déficit, plus les taux de
salinité augmentent.
Evolution de la salinité en saison humide à
la station hydrométrique de Ziguinchor de 1966 à 1985
60
40
20
33
31
9
8
38
37
3
30
23
12
44
Salinité (g/l)
3
25
3
Taux de salinité en saison humide
0
1966 1967 1968 1969 1975 1976 1977 1978 1981 1982 1983 1984
1985
1966 1967 1968 1969 1975 1976 1977 1978 1981 1982 1983 1984
1985
2,5
2
1,5
1
SPI
Evolution des ISP à la station de Ziguinchor de
1966 à 1985
0,5
0
- 0,5
- 1
ANNEES EXCEDENTAIRES
- 1,5
- 2
ANNEES DEFICITAIRES
- 2,5
Figure 23 : Evolution de la salinité en saison
humide en fonction des ISP dans la partie aval du fleuve
Cependant, il convient de souligner que la dynamique saline
dans la partie aval du fleuve est très versatile et n'interprète
pas toujours la logique comme susmentionné.
Pour corroborer, les observations récentes
effectuées à la station de Carabane10 décrivent
des évolutions très variables de même qu'une distribution
très irrégulière avec des maxima et des minima qui varient
d'une année à l'autre. Durant ces trois années
étudiées (2017, 2019 et 2019), la salinité varie entre 10
(juin 2020) et 53,7g/litre (novembre 2017) ; ce qui témoigne d'une
grande variation de celle-ci. L'année 2017 a enregistré des
salinités beaucoup plus importantes ou parfois similaires à
celles des années étudiées plus haut par Le Reste L.
et al. (1992). Pendant cette période, la salinité la
plus faible était de 39g/l et était observée au mois de
février.
10 Les observations de la salinité à
Carabane ont été réalisées par LMI PATEO
IRD/UASZ
63
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
Autrement dit, pendant l'année 2017, cette partie du
fleuve était hypersalée comme le montre les taux de
salinité. Cet état, de fait, peut-être expliqué soit
par les apports pluviométriques, soit par la marée ou autres
facteurs endogènes. Or si l'on se réfère à la
pluviométrie de cette même année ou de la
précédente, on voit qu'elles ont été toutes
excédantes. Ce qui laisse à supposer que ces fortes valeurs
observées ne peuvent être dues que par la marée ou autres
facteurs que la pluviométrie. Ces fortes valeurs ne font
qu'apprécier la forte salinisation des eaux de la zone. Cet état,
de fait, démontre la complexité de la dynamique actuelle de la
salinité, marquée par des distributions non saisonnières
et parfois même insensibles à la pluviométrie annuelle
locale.
Salinité en g/l
40
20
60
50
30
10
0
Janvier Février mars avr mai juin juil août sept oct
nov Dec
Mois
2020 2019 2017
Figure 24: Evolution de la salinité à la
station de Carabane (Source : données LMI PATEO
IRD/UASZ, 2020)
L'année 2019 n'est pas aussi en reste, elle
présente également des taux de salinité
élevés mais plus faibles que celles de 2017. Durant cette
année, la salinité variait entre 25,6 et 35,7g/l. Cette situation
peut être attribuée à la pluviométrie
déficitaire observée cette même année. Par contre,
même si les apports pluviométriques ont une forte influence sur la
dilution des eaux salées, il convient d'émettre des
réserves par rapport aux facteurs responsables de la salinité,
sachant que l'année 2017 a été beaucoup plus pluvieuse et
plus salée. Cependant, il faut noter que l'année 2020 est celle
qui a connu les valeurs les plus modérées pendant toute la
durée étudiée avec une salinité qui varie entre
36,7 et 10,1g/l. Cette année a connu une pluviométrie très
excédentaire avec plus de 2000mm de cumul. Ce paramètre peut se
révéler comme étant le facteur de cette baisse puisque les
plus faibles salinités ont été observées entre mai
et novembre. Pendant cette période, la salinité varie entre 24,9
et 10,1g/l.
Tout comme Ziguinchor, la zone de Carabane à
proximité de l'embouchure est sous influence saline. Même si les
dynamiques ne sont pas les mêmes, les variations de salinité sont
très importantes. La particularité réside par rapport
à la distance à l'embouchure. Selon Diop E. S.
64
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
(1986), le profil de la salinité est croissant de
l'aval vers l'amont en saison sèche et décroissant de l'aval vers
l'amont en saison des pluies. Ces profils ont été
illustrés par Brunet-Moret Y. (1970), Diop E. S. (1986) Pagès J.
et al. (1987), Sané T. (2017). Toutefois, ils cachent plusieurs
disparités et varient en fonction des années.
L'analyse de la Figure 24 laisse beaucoup
d'ambiguïté en raison de la forte dispersion des taux de
salinité en fonction des années mais également des mois.
De même, le caractère irrégulier des précipitations,
les marées et l'influence de leur courant font que les profils de
salinité ne suivent pas toujours les mêmes règles. Il est
donc difficile d'interpréter cette variabilité en l'absence
d'informations sur la distribution des variables de la marée ou autres
données connexes. Seule la pluviométrie qui était
disponible pour pouvoir analyser ce graphe et sa faible pertinence par rapport
à la compréhension des fortes salinités de 2017
(année excédentaire) impose le doute. Pour ce faire, des
études supplémentaires méritent d'être
réalisées afin de comprendre tous les facteurs afférents
à cette dynamique actuelle de la salinité à la station de
Carabane.
II.3. Etude diachronique de l'évolution des terres
salées dans les communes de Kafountine et Diembéring
L'analyse diachronique de l'évolution de la
salinité à travers l'occupation du sol a pour objectif la
compréhension de l'expansion des terres salées (tannes) afin de
mieux voir la dynamique saline dans cette zone. Pour cela, le travail
cartographique a été mené sur une grande partie des
communes de Kafountine et Diembéring où est localisée la
zone d'étude. Ce travail a permis de faire ressortir une monographie de
quelques unités paysagères notamment les surfaces d'eau, la
mangrove, les tannes, les rizières, les vasières ainsi que la
forêt. La méthodologie utilisée a été
décrite dans la partie introductive (III.3.2) de ce
mémoire. Les années retenues pour l'étude concernent entre
autres 1973, 1986, 2003 et 2019.
Les résultats d'analyse de cette étude montrent
d'importantes dynamiques durant la période étudiée. Ainsi,
pour mieux comprendre cette dynamique, une analyse détaillée
année par année sera effectuée afin de déterminer
l'état des lieux du milieu de façon séquentielle. Pour
Badiane S. D. (2012), cette démarche permet d'avoir une lecture
référentielle plus nette permettant de rendre aisé
l'analyse du processus d'évolution de l'espace selon les années
considérées. Enfin, une analyse thématique de
l'évolution des terres salées (tannes) pendant cette
période sera réalisée afin d'avoir un aperçu de
l'extension de ces dernières dans cette zone choisie.
65
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
Tableau 9: Statistiques de l'occupation du sol de 1973
à 2019
|
1973
|
1986
|
2003
|
2019
|
Superficie (ha)
|
%
|
Superficie (ha)
|
%
|
Superficie (ha)
|
%
|
Superficie (ha)
|
%
|
EAU
|
12899,93
|
16,86
|
13954,643
|
15,14
|
14511,942
|
15,35
|
14619,815
|
16,48
|
FORET
|
4513,662
|
5,90
|
6217,77
|
6,75
|
8329,9
|
8,81
|
4304,924
|
4,85
|
TANNE
|
4977,095
|
6,50
|
12190,726
|
13,23
|
5262,755
|
5,57
|
23453,93
|
26,45
|
VASIERES
|
7302,076
|
9,54
|
19294,979
|
20,94
|
20020,366
|
21,18
|
7039,353
|
7,94
|
MANGROVE
|
35469,16
|
46,34
|
36086,704
|
39,16
|
36900,74
|
39,03
|
34774,581
|
39,21
|
RIZIERE
|
11372,593
|
14,86
|
4418,733
|
4,79
|
9512,606
|
10,06
|
4494,635
|
5,07
|
Total
|
76534,516
|
100
|
92163,555
|
100
|
94538,309
|
100
|
88687,238
|
100
|
Source : Landstat, DTGC
II.3.1. Occupation du sol en 1973 à
2019
L'occupation du sol entre 1973 et 2019 a connu une dynamique
très mouvementée des
différentes unités paysagères. Cette
dynamique est façonnée par divers facteurs. Ainsi en 1972,
l'occupation était particulièrement prédominée par
la forêt de mangrove qui occupait 35 469ha, suivi des surfaces à
eau et des rizières avec respectivement 12 899,93ha et 11 372,59ha.
Ensuite viennent les vasières, les tannes et la forêt avec
respectivement 7302ha, 4977ha et 4513,662ha.
Evolution en %
-100
200
150
100
-50
50
0
TANNE EAU RIZIERE MANGROVE VASIERES FORET
Unités paysagères
Figure 25: Evolution de l'occupation du sol entre 1973
à 1986 en %
66
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
Treize ans après, ces unités ont subi de grands
changements avec parfois des régressions ou des extensions de surfaces.
Parmi elles, les plus marquantes ont été les vasières (19
295ha) et les tannes (12 190,7ha) qui ont connu des extensions
considérables de plus de 100% de leurs espaces entre 1973 et 1986. De
même, la forêt (6 217,77ha), les surfaces d'eau (13 954,6ha) et la
mangrove (36 086,704) ont vu leurs superficies augmentées respectivement
de 37%, 8% et 1,7%. Par contre, les surfaces rizicoles (4 418,7ha) ont
régressé de 37,7%. Ceci témoigne de l'existence de
facteurs en partie responsables de ces mutations notamment le contexte
climatique des années 1970-1980. Celui-ci comme renseigné au
premier chapitre de cette partie, a eu de lourdes conséquences sur les
écosystèmes. En effet, la sécheresse a favorisé un
déficit hydrique et une augmentation des variables thermiques en parties
responsable de l'évolution des terres salées et des
vasières. Par conséquent, certains territoires rizicoles ont
dû être abandonnés en raison de la salinisation des terres
et des précipitations moins abondantes. Cependant, la stabilité
d'évolution de la mangrove par rapport à ces problèmes de
déficit pluviométriques et de salinisation peut s'expliquer par
rapport à son adaptation à ceux-ci. En effet, selon Descroix L.
et al., la mangrove est une formation végétale
adaptée au battement des marées comme aux variations de la
salinité de l'eau des mers. Toutefois, l'extension de la forêt
peut être expliquée par sa capacité d'adaptation. Les
surfaces d'eau, quant à elles, ont connu également une
avancée en raison des phénomènes d'érosion qui
favorisent leur extension à l'intérieur de certaines terres
nues.
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
.
67
Figure 26: Occupation du sol en 1973 Figure 27:
Occupation du sol en 1986
68
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
Au regard des modifications notées en 1986, une nette
amélioration des conditions environnementales est observée en
2003. Ces dernières peuvent être expliquées par le
léger retour à la pluviométrie normale constatée.
En effet, les années 1999, 2000, 2001 et 2003 ont connu des cumuls
pluviométriques améliorés dans les trois stations
(Oussouye, Diouloulou et Ziguinchor) variant entre 1945mm à 1141mm. On
peut comprendre que ces conditions pluviométriques favorables soient
à l'origine de la régression des terres salées (5262,7ha)
avec -56% de l'occupation couvert en 1986. Avec un retour à la
pluviométrie, les rizières (ont vu leur espace augmenté de
115,3%, ce qui témoigne de la volonté des populations à
reprendre cette activité autrefois menacée. De même, le
couvert forestier (8329,9ha) a connu une extension de 34% pendant cette
période. Les surfaces d'eau (14511,9ha), les vasières (20020,4ha)
et la mangrove (36900,74ha) eux aussi n'ont pas connu de régression
puisqu'une légère augmentation de leur superficie a
été observée avec respectivement 4%, 3,7% et 2,2%. Ces
variables expriment le comportement des unités paysagères par
rapport à l'évolution pluviométrique.
Evolution en %
120
100
-20
-40
-60
40
20
60
80
0
TANNE EAU RIZIERE MANGROVE VASIERES FORET
Unités paysagères
Figure 28: Evolution de l'occupation du sol entre 1986 et
2003
Tout comme 1986, l'année 2019 sera marquée par
une crise déterminante due à plusieurs facteurs tels que
l'irrégularité des précipitations et les activités
anthropiques. Il faut noter que les années 2018 et 2019 étaient
déficitaires dans toutes les stations étudiées. Ces
variations associées aux activités socio-économiques ont
fortement modifié la dynamique paysagère. Ainsi, il en a
résulté une forte extension des terres salées (345,6%) en
partie responsable de la régression de la mangrove (-5%) et terres
rizicoles (-52,7%). Les vasières ont également vu leur superficie
régressée de -64,8%. Avec les activités
socio-économiques, la forêt a perdue 48% de son aire entre 2003 et
2019. Toujours avec les phénomènes d'érosion
côtière, on peut comprendre que les surfaces d'eau aient
augmentées.
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
69
Figure 29: Occupation du sol en 2003 Figure 30:
Occupation du sol en 2019
70
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
TANNE EAU RIZIERE MANGROVE VASIERES FORET
350
300
Evolution en %
250
200
150
100
50
0
-50
-100
Unités paysagères
Figure 31: Evolution de l'occupation entre 2003 et
2019
III.3.1. Analyse de l'évolution des tannes entre
1973 à 2019 dans les communes de
Kafountine et Diembéring
Parmi les variations paysagères observées au
cours de la période 1973 à 2019, la plus marquante reste
l'évolution des terres salées (tannes). Celles-ci ont connu des
extensions considérables spatio-temporelles. En effet, excepté
2003, toutes les autres périodes ont connu des dynamiques très
significatives de l'évolution de ces surfaces. Largement
documentées par ces auteurs (Bassene O. A., 2016 ; Loyer
J-Y. et al., 1986),
l'évolution des tannes (sols nus pour certains) est étroitement
liée à la dégradation des conditions
météorologiques de la région. Ainsi, pour Bassene O. A.,
(2016), les périodes de faible pluviométrie, de fortes chaleurs
et de remontée de la langue salée sont particulièrement
responsables de l'extension de ces surfaces salées.
Parallèlement, Loyer
J-Y. et al., (1986)
soutiennent que les conséquences dramatiques induites par la
sécheresse dans le domaine fluviomarin casamançais seraient
à l'origine de cette extension.
Mais le facteur le plus déterminant de cette extension
reste sans doute la particularité des variations de salinité
observées dans cette partie aval du fleuve. Même si celle-ci peut
être parfois attribuée à la pluviométrie un peu
irrégulière caractérisée par tantôt des
excédents, tantôt des déficits, il convient d'y associer la
faible topographie de la zone et les mouvements de marée qui se font
sentir.
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
Figure 32: Evolution des terres salées entre 1973
et 2019
71
72
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
III. MECANISME DES INTRUSIONS SALINES DANS LES AQUIFERES
EN MILIEU INSULAIRE (PRINCIPE DE GHYBEN-HERSBERG)
Les aquifères côtiers sont le lieu de rencontre
de deux types d'eaux souterraines. D'une part, nous avons les eaux douces
provenant de l'infiltration des précipitations et des eaux de
ruissellement au niveau de la surface continentale et d'autre part les eaux
salées qui imprègnent les terrains au voisinage des côtes
où pénètrent les cours d'eau au niveau des estuaires,
pouvant ainsi donner lieu à la salinisation des eaux souterraines en
relation hydraulique avec les eaux de surface (océan, rivières)
(Dörfliger N. et al., 2013).
La liaison de la Casamance avec la mer en fait par
défaut un milieu thalassique (Marius C., 1980). Avec une faible
topographie, la diminution des apports pluviométriques survenue pendant
la période de sécheresse aura comme conséquence les
phénomènes d'intrusions salines (Mikhailov, V. N., 2008). Ces
intrusions salines parviennent le plus souvent à une contamination des
aquifères côtiers, sous l'effet du biseau salé. Dans ces
milieux insulaires, l'eau douce de l'aquifère est en contact permanent
avec l'eau salée de la mer qui l'entoure. Ainsi, la nappe d'eau «
flotte » sur une nappe d'eau salée avec pour seule
séparation une zone de transition d'eau saumâtre (White et
Falkland, 2010, cités par Chaillou G. et al., 2012). Ce qui
fait que les nappes, en particulier celles superficielles du CT, seront sous
influence saline hypothéquant par ailleurs l'approvisionnement en douce
de la population (Montoroi J. P., 1989). De ce fait, une migration permanente
du biseau salé sous un puits (source d'approvisionnement) rend la non
potabilité de la ressource en eau pour les consommateurs insulaires.
Les zones d'eau douce et d'eau salée au sein des
aquifères côtiers sont séparées par une zone de
transition ou d'interface explicitée par Ghyben (1888) et Herzberg
(1901). En effet, le principe de Ghyben-Herzberg repose sur l'équation
d'équilibre hydrostatique entre l'eau douce et l'eau de mer,
supposées non-miscibles. Selon ce principe, en un point quelconque de la
nappe, l'interface eau douce/eau salée se situerait à une
profondeur égale à environ 40 fois l'altitude du niveau
piézométrique de la nappe au-dessus du niveau moyen de la mer
compte tenu des différences de salinité et donc de densité
des eaux (Vittecoq B. et al., 2007). Dans cette zone de transition,
les deux eaux se mélangent (Barlow, 2003). Il en résulte
l'équation, appelé Ghyben-Herzberg, suivante :
?? = P?? h
PS
73
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN
BASSE-CASAMANCE INSULAIRE
Z : épaisseur située en dessous du niveau de la mer
PÉ : densité de l'eau douce (1g/cm3)
Ps : densité de l'eau de mer (1,025g/cm3)
h : épaisseur située en dessus du niveau
de la mer
L'épaisseur totale de zone d'eau douce est la somme des
zones d'eau douce situées au-dessus et au-dessous du niveau de la mer :
Z+h.
Figure 33: Modèle conceptuel de la lentille d'eau
douce [échelle verticale non respectée]
par Bourhane (2014)
La présence de cette zone d'interface dans un
environnement complexe (estuaire inverse), associée à une
irrégularité des précipitations fait des îles un
monde vulnérable en ce qui concerne la qualité de l'eau
potable.
CONCLUSION DEUXIEME PARTIE
En résumé, l'analyse des facteurs à
l'origine des modifications environnementales en Basse-Casamance insulaire
laisse apparaitre plusieurs enseignements du milieu. D'abord, la
variabilité climatique en particulier la péjoration
pluviométrique a fortement influencé le fonctionnement
hydrologique de la région avec les phénomènes
d'hypersalinisation du réseau hydrographique. Ainsi, il en a
découlé une augmentation de la salinité du fleuve
notamment dans la partie avale. Ceci est exacerbé par une topographie
relativement faible et une érosion côtière sans
précédent déplaçant l'influence marine
jusqu'à l'intérieur des terres menaçant ainsi la
disponibilité en eau douce des îles en particulier. Cet
état de fait constitue un enjeu conséquent par rapport à
la vulnérabilité des ressources en eau douces notamment
l'accès à l'eau potable pour les populations insulaires. Cette
problématique liée en grande partie à la salinisation du
potentiel hydrique (ressources en eau superficielles et souterraines) influe
sur la qualité et par conséquent sur la quantité de la
ressource en eau potable disponible.
74
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
TROISIEME PARTIE :
ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE DANS LES
ILES DE NIOMOUNE, DIOGUE ET CARABANE
« L'eau douce est l'un des premiers besoins ; dans
Molène, il n'y a qu'un puits où on en peut puiser [...] ; ce
puits manquant, l'île deviendrait inhabitable ».
Cahier de doléances de l'île de
Molène, 1789.11
11 Chiron T. (2007) : Quelle gestion durable des
ressources en eau et du risque de pénurie sur les petites îles ?
Application aux îles de Bretagne (France) ; Thèse de Doctorat ;
Université de Bretagne Occidentale Institut Universitaire
Européen de la Mer Laboratoire Géomer LETG - UMR 6554 CNRS
75
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
CHAPITRE V : ACCES A L'EAU POTABLE DANS LES ILES
DE NIOMOUNE, DIOGUE ET CARABANE
« Aucune société au monde ne peut
prétendre à un développement durable si elle ne
résout pas a priori la problématique de la ressource d'eau douce
aussi bien sur le plan de l'approvisionnement de sa population en
quantité et en qualité [...] ».12 L'accès
à une eau potable de quantité et de qualité a
été déclaré comme un droit fondamental à
tout être humain et est inscrite dans les plus grandes
préoccupations internationales notamment dans les perspectives de
développement durable. De ce fait, l'adoption des 17 ODD en 2015 par les
Nations-Unies en 2015 a marqué un tournant décisif dans la
gestion des ressources. De là, l'accès à l'eau potable
occupe une place fondamentale où il partage l'ODD6 avec l'assainissement
et l'hygiène. Ces ODD remplacent ou complètent les OMD dont le
Sénégal avait affirmé leurs atteintes deux ans avant
même leur date d'échéance. Placé en ODD6.1,
l'objectif est d'assurer d'ici 2030 l'accès universel et
équitable à l'eau potable, à un coût abordable. Cet
objectif est beaucoup plus pertinent que l'OMD7 qui visait à
réduire de moitié la proportion de la population qui ne
bénéficiait ni d'eau potable ni d'assainissement. De ce fait,
l'ODD6.1 vise un accès universel et équitable de tous.
Figure 34: service d'approvisionnement d'eau potable
géré en toute sécurité (ODD6.1)
par JMP, 2017
L'atteinte de cet objectif, plus précisément
l'ODD6.1, devra donc remplir un certain nombre de
critères de telle sorte le point d'eau soit accessible
à domicile, que l'eau soit disponible au besoin, et que l'eau fournie
soit exempte de toute contamination pour que l'accès soit
considéré comme universel et équitable (JMP, 2017). En
effet, l'accès à l'eau potable a été mesuré
suivant les critères définis par l'OMS et l'UNICEF dans un
rapport thématique sur l'eau potable de Joint Monitoring Program de 2017
et qui servent de référence en la matière. Selon ce
rapport, plusieurs critères d'accès à l'eau potable
peuvent être appréciés :
12 Pierre Ndour (2008) : Etude hydropluviometrique des
bassins- versants de l'arrondissement de Fimela : cas de la Vallee de Boyard ;
Mémoire de Maitrise ; UCAD
76
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
V' L'accès est optimal si le ménage utilise un
service d'alimentation en eau potable géré en toute
sécurité. Dans ce cas, l'eau provient d'une source
améliorée13 située sur place et disponible en
cas de besoin, exempte de contamination de matières fécales et
des produits chimiques d'intérêt prioritaire.
V' En revanche, si le point d'eau amélioré se
situe à proximité du domicile (un trajet complet, y compris le
temps d'attente, de moins de 30 minutes), le service est
considéré comme « élémentaire ».
V' Si un ménage utilise un point d'eau
amélioré qui ne se situe pas à proximité du
domicile (soit un trajet complet, y compris le temps d'attente, de plus de 30
minutes), alors il dispose d'un service dit « limité ».
V' Cependant il a un accès « non
amélioré » lorsque l'eau provient d'un puits non
protégé ou d'une source non protégée
Ces différents critères mettent en exergue
plusieurs disparités dans l'accès à ce liquide
précieux. Selon qu'il s'agisse de milieux défavorisés ou
de milieux développés, plusieurs inégalités peuvent
resurgir. Or d'après le JMP (2017) l'ODD6.1 se doit d'éliminer
les inégalités sociales en matière d'accès à
l'eau potable. Pour ce faire, les actions doivent se concentrer chez les
minorités c'est-à-dire les populations à faible revenu ou
démunies, car pour Sarr C. S. et al., (2017) le manque d'eau
potable est synonyme de pauvreté. Selon lui, les milieux ruraux sont les
plus vulnérables au manque d'accès à la denrée rare
qui y présente le plus souvent un risque de santé.
Ces problèmes énumérés
combinés à des facteurs géographiques et climatiques
défavorables font de l'accès à l'eau potable en
quantité et en qualité une problématique majeure en zone
insulaire Basse-Casamançaise. Dans ces milieux les points d'eau
disponibles sont le plus souvent des sources non protégées (puits
non protégés, marres, ba houwen, etc.) qui
nécessitent parfois un long parcours. En plus de cela, la qualité
de l'eau de ces sources pose un problème en raison de l'avancée
du biseau salé. Cependant, les seuls points d'eau
améliorés et disponibles demeurent les cuves à impluvium
(dont le nombre est relativement faible et nécessitant une bonne
gestion) à Niomoune, un peu à Diogué et les quelques rares
puits modernes protégés. Différentes sources
d'approvisionnement sont exploitées par les populations qui en exercent
plusieurs usages au moyen de techniques parfois contraignantes et avec un
arsenal de savoir-faire afin de rendre potable l'eau.
13 Les points d'eau améliorés incluent
les points d'eau raccordés par canalisations, les puits tubulaires ou
forages, les puits protégés, les sources protégées,
les eaux de pluie et les eaux conditionnées ou livrées.
77
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
I. EAU ET USAGES DE L'EAU
I.1. Les différents points d'eau
disponibles
Dans les îles étudiées, les
opportunités d'accès à l'eau potable sont offertes par les
puits, les eaux issues de la collecte pluviale dans l'ensemble des trois
îles, les cuves à impluvium à Niomoune et un peu à
Diogué, les marres et dans une certaine mesure par les
Bahouwen14 à Niomoune. Sur ces différentes
sources, deux sont permanents (puits et marres) et sont
régulièrement soumis à l'influence marine et donc de
l'avancée de la langue salée. Les deux autres
précités sont des stratégies d'adaptation à la
problématique d'accès à l'eau potable.
CONCESSIONS EN %
100%
40%
20%
60%
80%
0%
PUITS COLLECTE
EAU
PLUVIALE
94% 88%
CUVE A IMPLUVIUM
61%
SOURCES
MARRES AUTRES FORAGES
17% 10%
1%
Figure 35: Sources d'approvisionnement en eau
potable
Les points d'eau correspondent aux sources d'approvisionnement
en eau potable et peuvent être réparties entre : les points d'eau
améliorés et les points d'eau non améliorés
I.1.1. Les puits
Un puits est un ouvrage de captage vertical permettant
l'exploitation de l'eau de la nappe, contenue dans les interstices ou dans les
fissures d'une roche du sous-sol qu'on nomme aquifère. L'eau peut
être remontée au niveau du sol grâce à un
récipient (seau par exemple). Les puits représentent la source
d'approvisionnement la plus convoitée dans ces îles.
D'après les enquêtes réalisées, 94% des populations
utilisent cette source. Elle est composée de deux catégories :
les puits traditionnels et les puits modernes et/ou à motricité
humaine.
Les puits traditionnels sont très fréquents
surtout à Diogué, à Carabane, et au nombre de deux
à Niomoune. Ils sont plus anciens, non protégés et forment
le plus grand nombre de sources. Leur profondeur est faible (2 à 6m) et
variable en fonction des zones. A cause de cette faible profondeur, la plupart
d'entre eux sont soit abandonnés, soit utilisés pour les
tâches ménagères en raison de leur contamination par les
intrusions salines. Seulement un petit nombre parvient
14 les casiers creusés dans les
rizières pendant la saison sèche et qui une eau douce
78
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
jusqu'à présent à répondre
à la boisson. Pendant l'hivernage, l'eau est très agitée
avec les phénomènes d'éboulement et autres contaminations.
La vulnérabilité de ces ouvrages réside sur leur absence
de protection, leur tarissement fréquent pendant la saison sèche,
les phénomènes d'éboulement, la salinisation des eaux,
etc. Ces sources sont plus problématiques que les puits modernes qui
sont protégés et moins contraignantes d'utilisation.
Photo 4: Puits localisés à
côté de l'église de Carabane (à gauche) et à
Niomoune (à droite)
(P. S. DIOP, 2020)
Contrairement aux puits traditionnels, les parois de ces puits
sont tenues par des buses en béton armé et la profondeur est
beaucoup plus importante. Ces sources sont en nombre extrêmement
limité et sont localisés au niveau des établissements
scolaires. Ils sont bien protégés et l'exhaure se fait à
l'aide d'une poulie. De ce fait, ces sources peuvent être
considérées comme des points d'eau améliorés.
Cependant, certains d'entre eux présentent une salinité
supérieure à la norme ou des caractères physico-chimiques
indésirables.
I.1.2. Les mares
Les mares sont des étendues d'eaux naturelles
stagnantes qui se trouvent le plus souvent dans des dépressions
alimentées soit par une nappe phréatique proche de la surface
soit directement par les apports pluviométriques. Dans tous les cas, le
niveau de l'eau varie en fonction des pluies. 17% des concessions
enquêtées utilisent cette source comme approvisionnement en eau.
Connu sous le nom de « é houwa » à Niomoune ou «
é bila » à Diogué, la mare constitue une source d'eau
douce à Niomoune où elle est très sollicitée juste
après l'hivernage pour les tâches ménagères (cuisine
et autres tâches) et même pour la boisson d'après certains.
Selon les populations de cette localité, ces sources qui se
remplissaient en hivernage gardaient d'antan l'eau douce jusqu'en avril et
aussitôt s'enchainaient les premières pluies de mai. Mais depuis
l'installation de la sécheresse, celles-ci tarissent dès le mois
de décembre ou alors leurs eaux deviennent salées juste à
la fin des pluies ou encore la couleur change. Au niveau de Diogué, ces
étendues existent mais ne sont pas sollicitées.
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
Photo 5: La mare sacrée de Niomoune au quartier
Some (P. S. DIOP, 2020)
Photo 6: Mare utilisé à la période
de février au quartier Elou (Niomoune) (P. S. DIOP, 2020) I.1.3. Les
cuves à impluvium
Les cuves à impluvium, ou citernes pour les habitants,
sont des systèmes de captage et de conservation des eaux pluviales et ne
sont présentes qu'à Niomoune (5 dont 2 fonctionnelles) et
à Diogué (1 seul fonctionnel). Elles sont construites par des ONG
au moyen des projets de développement afin d'aider les populations
à disposer d'une eau potable pendant la saison sèche. Cette
source peut être considérée comme un point d'eau
amélioré selon l'OMS (2012).15 D'après les
enquêtes réalisées, 61% des concessions s'approvisionnent
dans les cuves à impluvium. Cette eau est exclusivement
réservée à la boisson pour la majeure partie de la
population enquêtée. Par conséquent, ces stockages ne
parviennent pas à satisfaire les besoins des populations à cause
de leur tarissement au milieu de la saison sèche. Le problème de
l'entretien pose également défaut puisqu'à Niomoune, sur
cinq cuves construites, seules deux sont fonctionnelles.
79
15
https://www.who.int/water
sanitation health/monitoring/jmp2012/key terms/fr/
80
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
Photo 7: Cuve à impluvium à Diogué
(P. S. Diop, 2020)
Photo 8: Cuve à impluvium à Niomoune
(Source : A. Camara, 2003)
I.1.4. La collecte des eaux pluviales
La collecte des eaux pluviales se réfère à
toutes les technologies qui récupèrent l'eau de pluie pour la
rendre disponible à des fins domestiques.
Photo 9: Eau pluviale stockée à
Diogué (P. S. DIOP, 2020)
81
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
Cette eau est utilisée pour la boisson ou la cuisine
après l'hivernage tout en passant le plus souvent par des
méthodes de traitement comme le soulignent les populations et les ICP
des différentes îles. Cette eau constitue la deuxième
source d'approvisionnement la plus convoitée après les puits. En
effet, 81% des concessions enquêtées utilisent cette source
d'approvisionnement en eau.
I.1.5. « Ba houwen »
Les « ba houwen » sont de petits puits
à faible hauteur creusés dans les casiers rizicoles après
la récolte du riz. Ces puits substituent les autres sources en saison
sèche. Ils sont le plus souvent rencontrés à Niomoune.
L'eau collectée est parfois de qualité acceptable selon les
populations interpellées et sert à divers besoins : la cuisine et
les autres tâches ménagères. Certaines affirment qu'en
fonction des milieux creusés, ce qui peut influer sur la qualité,
ces sources peuvent même être utiles pour la consommation humaine
si l'eau est traitée avec filtre et eau de javel.
Photo 10 :Ba houwen dans la rizière au quartier
Houback (Niomoune) (P. S. DIOP, 2020)
I.1.6. Le forage
Ce type d'ouvrage n'existe qu'à Carabane. Il n'y a
qu'un seul forage villageois, d'ailleurs en panne depuis 2019, ainsi que
quelques forages privés servant d'approvisionnement à certains
établissements touristiques. Seulement 1% de la population
enquêtée affirme utiliser cette source. Ce qui laisse entrevoir
que ce faible taux résulte de la panne du seul forage disponible et
accessible à la population locale.
82
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
Photo 11: Forage villageois en panne à
côté du jardin des femmes (Carabane) (P. S. DIOP,
2020)
En résumé, nous pouvons dire que la majeure
partie des populations des trois îles étudiées utilisent
des points d'eau non améliorés pour leur approvisionnement en eau
potable, ce qui peut présager un faible taux d'accès à
cette denrée. Les quelques points d'eau améliorés
existants sont soit des cuves à impluvium dont l'entretien pose
problème, soit quelques rares puits protégés. Puisque les
revenus des populations sont parfois très limités, nous pouvons
supposer que l'absence de moyen justifie la faible présence des points
d'eau améliorés. Et de plus, les cuves disponibles ont
été réalisés avec l'appui d'ONG. Cet accès
prend en compte également un facteur à savoir la
disponibilité de la ressource, les formes d'usage, la distance parcourue
et le coût nécessaire pour en disposer.
I.2. Disponibilité en eau potable
On entend ici par disponibilité celle de l'eau potable
salubre et non celle de la ressource hydrique en général puisque
celle-ci est en grande partie salée (bolons, fleuve, etc.). La
disponibilité représente un critère fondamental dans
l'évaluation du niveau des services d'alimentation en eau potable. Selon
le JMP, l'ODD6.1 suggère une disponibilité à
proximité du domicile d'un point d'eau fiable et approvisionné en
quantité suffisante pour couvrir les besoins des ménages (besoin
et tâches ménagères). De ce fait, l'approvisionnement doit
être suffisamment continu pour permettre la collecte de quantités
suffisantes pour satisfaire l'ensemble des besoins, sans compromettre la
qualité de l'eau. De plus, pour apprécier cette
disponibilité, l'OMS recommande un objectif de 35l par personne et par
jour.
Cependant lorsque cette disponibilité pose
problème, on peut sous-entendre qu'il y est plusieurs facteurs à
l'origine. Puisque selon (Maslow, 2004) la quantité d'eau
nécessaire pour assurer la
83
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
survie et une bonne santé varie selon le climat,
l'état de santé générale des populations
touchées et leurs conditions physiques. Elle dépend aussi de la
situation économique de la population, de leur niveau de
développement et donc de tous les aspects d'inégalités.
Ainsi, une population plus aisée ou développée utilisera
beaucoup plus d'eau qu'une autre moins développée. Et aussi une
population plus importante aura des besoins en eau beaucoup plus
élevés que celle d'une faible population. Autant de
disparités qui peuvent influencer la disponibilité en eau.
Dans les trois îles étudiées, la
disponibilité est un fait aléatoire en raison de la
vulnérabilité de la qualité et de la variabilité
des précipitations. Ce qui amène Diatta M. C. B. C. (2008)
à parler de pauvreté en eau dans ces milieux insulaires. En se
basant sur la matrice de disponibilité en eau dans les milieux ruraux en
Basse-Casamance en fonction des mois, il note que les villages insulaires
à l'instar de Diogué et Carabane sont ceux qui capitalisaient les
plus faibles seuils de pauvreté en eau des villages
étudiés. Selon lui, cette faible disponibilité
était déjà manifeste à partir du mois de mars
à cause des phénomènes d'intrusion saline.
L'eau potable est- elle disponible
en quantité suffisante ?
Quantité d'eau potable disponible par jour en
bidon
Figure 36: Perception des usagers sur la
disponibilité en eau potable
Ce phénomène souligné par Diatta M. C. B.
C. (2008) était aussi mis en évidence par les populations
enquêtées. En effet, 88% des concessions affirmaient ne pas
disposer d'une quantité suffisante d'eau pour satisfaire leurs besoins
quotidiens. Ces populations indiquent que cette pauvreté en eau est en
grande partie liée à plusieurs problèmes notamment :
? Un manque de point d'eau amélioré
c'est-à-dire des ouvrages de bonne qualité et disposant d'une eau
de bonne qualité ;
? Du tarissement précoce de certains puits buvables ;
? De la faible présence des ouvrages de collecte d'eaux
pluviales (cuves à impluvium). Partant du principe de l'OMS d'un besoin
journalier de 35l/personne et compte tenu des observations de terrain, il est
aisé de reconnaître que la ressource en eau potable n'est pas
84
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
disponible en quantité suffisante. De plus, si l'on
considère que la concession est composée de plusieurs
ménages composés à leur tour de plusieurs occupants en
moyens 4 ou 5 personnes, on peut donc supposer qu'une disponibilité d'au
moins 140l est nécessaire pour pouvoir satisfaire aux besoins en eau
potable de ces derniers. Cela fait une équivalence de 7 bidons de 20l.
Or, comme il a été répertorié dans nos
enquêtes, seules 10% des concessions affirmaient disposer d'une
quantité comprise entre 100 et 150l par jour. Ce qui laisse supposer que
la majeure partie des populations ne parviennent pas à satisfaire leurs
besoins en eau potable journalier.
I.3. Mode de conservation des eaux
En fonction de l'éloignement ou non du point d'eau, la
ressource en eau est stockée au préalable avant usage. Dans ces
îles où la ressource est précieuse et difficile
d'accès, l'économie ou la conservation de l'eau devient
dès lors un impérieux besoin. Pour pallier cette demande en eau,
les populations utilisent différents modes de conservation
(Figure 37) pour le stockage de leur ressource. Ainsi, les
bidons de 20 ou 60 litres sont les plus sollicités puisque 93% des
concessions enquêtées utilisent ce mode de stockage. En plus des
bidons, le vieux mode traditionnel (les canaris) demeure le deuxième
moyen de conservation des eaux. Plus connus sous le nom de kabara ou
kalouloum en Diola, ils ont longtemps servi de stockage des eaux avant
même l'avènement des bidons. C'est un récipient
traditionnel qui permet de garder l'eau et de rabaisser sa température.
60% des concessions enquêtées ont affirmé stocker leurs
eaux dans ces récipients. Outre ces deux modes, on note également
l'existence des fûts et bassines comme moyens de conservation. Ces deux
récipients occupent successivement 40 et 32% de sollicitation de la part
des concessions dans le cadre de leur conservation en eau.
CONCESSIONS EN %
100%
40%
20%
60%
80%
0%
Bidons Canaris Fûts Bassines
93%
60%
RÉCIPIENTS
40% 32%
Figure 37: Mode de conservation des eaux
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
Photo 12: Formes de conservation des eaux (P. S. DIOP,
2020)
85
86
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
1.4 Différents usages de l'eau
Les usages de l'eau sont multiples notamment domestique,
agricole, pastoral, etc. Dans ce travail, seuls les usages domestiques et
pastoral ont été retenus et concernent : la boisson, la cuisine,
les autres tâches ménagères (lessive, bain, etc.) et le
bétail. En fonction de ces usages, les points d'eau sollicités
diffèrent :
? La boisson : L'usage de l'eau pour ce
besoin est la fonction première en tant qu'élément de
survie. Pour ce faire, une attention particulière doit être
portée à la qualité de l'eau car elle cristallise de
nombreux enjeux, notamment sanitaires. De même, un respect de la
quantité recommandée se doit d'être appliqué. Ainsi,
les points d'eau doivent être choisis en fonction de leur qualité,
état et autres. Pour l'ensemble des îles étudiées,
l'eau issue de la collecte pluviale reste la première source
d'approvisionnement en eau de boisson avec une sollicitation de 70%. Ensuite,
ce sont les puits qui occupent la deuxième place avec 56% suivi des
cuves à impluvium (45%). Par ailleurs, au niveau de Niomoune,
après les eaux de collecte, ce sont les cuves à impluvium qui
constituent le deuxième point le plus sollicité ensuite viennent
les puits. En outre, peu de gens affirment utiliser l'eau des mares pour la
boisson (4%).
Cette répartition est également faite en
fonction de l'insuffisance de la quantité et de la qualité de la
ressource qui est aléatoire. Ce qui impose un choix entre les
différents points d'eau disponibles. Puisque la quantité des eaux
collectées et celle des cuves (car étant considérée
comme l'eau de bonne qualité) restent limitées, les populations
sont obligées de faire recours aux puits (de qualité moyenne)
pour compenser leur besoin en eau de boisson.
78%
4% 3%
56% 45%
100%
80%
60%
40%
20%
0%
Eau pluviale Puits Cuve à
impluvium
Points d'eau
Forage Mares
CONCESSIONS EN %
Figure 38: Points d'eau utilisés pour la
boisson
? La cuisine : l'alimentation constitue le
deuxième usage de l'eau potable. Dans cette activité l'eau des
puits est la plus utilisée en raison de la négligence du sel. En
effet puisque la plupart des activités culinaires nécessitent du
sel, l'eau des puits devient dès lors d'utilité incontournable.
Cette eau est utilisée pour la cuisine par 91% des concessions
enquêtées. Ensuite c'est l'eau issue de la collecte pluviale qui
est sollicitée avec 25%.
87
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
Concessions en °h
100%
40%
20%
60%
80%
0%
Puits Eau pluviale Mares Cuves à
impluvium
91%
25%
Points d'eau
9% 9%
Figure 39: Points d'eau utilisés pour la
cuisine
Autres tâches ménagères :
les besoins en eau pour les tâches ménagères sont
assurés par les puits. En réalité, 95% des concessions
affirmaient que dans un contexte d'économie d'eau, l'eau des puits
était plus sollicitée pour le bain, la lessive, la vaisselle ou
les autres tâches. Pour ce qui est de Niomoune, les mares aidaient
à substituer les puits pour cet usage. Cependant, lorsque certains
besoins surgissent la nuit ou dans certaines conditions, le stock d'eau de
pluie est utilisé pour ces tâches ménagères
énumérés.
Puits Eau pluviale Mares Cuve à
impluvium
Points d'eau
Concessions en °h
100%
40%
20%
60%
80%
0%
95%
16% 15% 7%
Figure 40: Points d'eau utilisés pour les
tâches ménagères
II. Les différents modes de traitement de l'eau
avant usage
Selon les divers usages domestiques de l'eau, il est
évident que les modes de traitement vont différer. Dans un
environnement où les points d'eau demeurent le plus souvent non
protégés, il devient impérieux de rendre salubre la
ressource avant tout usage. Ainsi, le traitement de l'eau dépend de son
origine, de sa qualité ou des matériaux en suspension contenus.
Pour cela, plusieurs procédés sont utilisés par les
consommateurs : la javellisation, le filtrage, la décantation, et
l'usage d'Aquatab. 83% des concessions enquêtées affirment
utiliser au moins une de ces méthodes de traitement pour purifier leur
eau avant usage. Les 17% restants soulignent ne pas en avoir besoin. Cela
concerne le plus souvent ceux qui s'approvisionnent par achat à la
boutique ou ceux qui vont chercher l'eau hors de l'île.
88
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
? L'eau de boisson : Boire une eau saine sans
danger est une préoccupation pour tout un chacun. C'est une question de
survie. C'est sûrement ce qui fait que cette eau passe par plusieurs
procédés avant d'être consommée. Par exemple, l'eau
issue de la collecte pluviale est recueillie, parfois filtrée d'abord,
puis javellisée avant d'être stocké dans des bidons ou
fûts tout en étant hermétiquement fermée
jusqu'à usage. De même, l'eau issue des puits est d'abord
décantée, puis filtrée avant d'être
javellisée ou d'être traitée par aquatab. Pour celle des
cuves, elle est le plus souvent utilisée avec traitement par
javellisation à la cuve ou parfois pas. La figure ci-dessous illustre
les différentes fréquences d'utilisation des
procédés de traitement. L'analyse de ce graphe permet de voir que
la majeure partie des concessions (87%) javellisent leur eau avant
consommation. Par ailleurs, le reste des procédés sont parfois
utilisés avec une fréquence de 52% pour le filtrage, de 41% pour
la décantation. 9% des concessions affirment ne pas en avoir besoin et
4% se servent de l'aquatab comme purifiant.
Concessions en %
100%
40%
20%
60%
80%
0%
1. Eau de javel 2. Filtrage 3. Décantation 4. Pas besoin
5. Aquatab
87%
52%
Procédés de traitement
41%
9% 4%
Figure 41: Fréquence d'utilisation des
procédés de traitement pour l'eau de boisson
? L'eau de cuisine : tout comme la boisson,
la cuisine mérite d'avoir une attention particulière en ce qui
concerne la qualité de l'eau utilisée. Pour ce faire, les
traitements précités seront également appliqués
à cette tâche.
Concessions en %
100%
40%
20%
60%
80%
0%
1. Eau de javel 2. Filtrage 3. Décantation 4. Pas besoin
5. Aquatab
52%
43%
Procédés de traitement
32%
24%
1%
Figure 42: Fréquence des procédés
de traitement pour l'eau de la cuisson
89
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
? L'eau pour les autres tâches
ménagères : le plus souvent, les usages relatifs aux
autres tâches ménagères ne nécessitent pas de
traitement des eaux. C'est l'opinion partagé par 46% des concessions
enquêtées. Par contre selon certains, ces eaux peuvent
nécessiter parfois une petite attention notamment de la javellisation
(selon 32%), le filtrage (23%) et la décantation (22%). Cela peut se
comprendre puisque selon elles, l'eau pour ces usages nécessite un
traitement si et seulement si la source d'eau de provenance était dans
un piteux état.
Pas besoin Eau de javel Filtrage Décantation Aquatab
Procédés de traitement
Concessions en %
100%
80%
60%
40%
20%
0%
46%
32%
23% 22%
0%
Figure 43: : Fréquence des
procédés de traitement pour l'eau des autres tâches
ménagères (linge,
lessive, bain)
III. DIFFICULTES LIEES A L'ACCES A L'EAU POTABLE III.1.
Temps de parcours pour accéder à la ressource
La distance ou la durée nécessaire pour se
rendre au point d'eau, attendre son tour si besoin, remplir les bidons, et
effectuer le trajet retour est très important pour analyser
l'accessibilité à l'eau potable des populations. Pour ce faire,
plusieurs critères sont assignés soit en temps ou en distance.
Selon le JMP, lorsque le ménage dispose de la ressource au besoin, il a
un service optimal. Lorsque la ressource est disponible dans un rayon de 500m
ou dans un intervalle de temps (aller/ retour plus attente) ne dépassant
pas 30 minutes, le service d'accès est dit élémentaire.
Cependant, si la distance de parcours pour chercher la ressource excède
les 500m ou que le temps de parcours dépasse les 30 minutes, le service
d'approvisionnement en eau potable devient limité voire inexistant selon
qu'il s'agit d'un point d'eau amélioré ou non.
La plupart des concessions enquêtées (36%),
parcouraient plus de 500m soit à pied ou par pirogue pour
s'approvisionner en eau. Cela est beaucoup plus manifeste à Niomoune ou
Carabane où les populations utilisaient la pirogue pour aller chercher
de l'eau douce. Par exemple, à Carabane, il a été
signalé que d'aucuns préféraient envoyer ou se rendre
à Elinkine
90
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
(environs 14km de pirogue) afin de disposer d'une eau de bonne
qualité. De même, à Niomoune, certaines populations
ramaient sur un à deux kilomètres de pirogue pour chercher de
l'eau dans un quartier de Haêr (île voisine) appelé
Kandé. Pour d'autres ils pouvaient marcher à plus d'un
kilomètre avant d'atteindre les puits situés à
Kaabùkùt.
En résumé, le parcours à une distance
éloignée pour l'approvisionnement en eau introduit plusieurs
notions notamment : la propreté du récipient utilisé, sa
fermeture ou non et l'intrusion de pathogènes extérieurs ou non.
Tous ces aspects méritent une attention particulière. De ce fait,
en fonction des différents contextes ou milieux, la qualité de la
ressource peut être altéré durant le transport.
13%
36%
18%
33%
>500m <100m 100-200m 200-500m
Figure 44: Perception de la population sur la distance
émis pour s'approvisionner en eau
III.2. Contraintes liées à l'accès
à l'eau potable
Les principales contraintes liées à
l'accès à l'eau potable dans notre zone d'étude
correspondent entre autres à :
? Absence d'ouvrages hydrauliques adaptés, la faible
présence de points d'eau améliorée; ? La
dégradation de la qualité de l'eau du fait de l'avancée du
biseau salé dans la plupart des puits des îles et de la langue
salée dans les mares de Niomoune;
? Le caractère saumâtre dans la majeure partie des
points d'eau ;
? La baisse de niveau des nappes du fait de l'insuffisance des
pluies au cours des dernières années de péjoration
pluviométrique.
91
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
CHAPITRES VI : ETAT DES LIEUX DE LA QUALITE DE L'EAU
POTABLE ET DE LA QUESTION DE L'ASSAINISSEMENT
L'eau est source de vie mais elle peut également
être source de problèmes notamment de maladies ; c'est une
ressource précieuse et rare qui mérite d'avoir une attention
particulière surtout en ce qui concerne sa
qualité16. « Est-ce à un
problème de quantité d'eau disponible auquel l'humanité
sera confrontée dans les prochaines décennies ? Est-ce
plutôt un problème de qualité d'eau qu'il faudra surmonter
? ». Au regard de ce questionnement de Rodier J. (2009), plusieurs
hypothèses peuvent être reformulées au moins en ce qui
concerne les îles de la Basse-Casamance.
Cette région naturelle qui bénéficie de
conditions climatiques favorables avec un potentiel hydrique très
important reste confrontée à un manque d'eau. Quelle aberration
ou plutôt quelle contradiction ? Dans ces milieux, la ressource en eau
est d'une grande quantité avec les ressources en eau souterraines, les
bolons et le fleuve qui parcourent la zone. Malgré tout ce
potentiel hydrique (détaillé dans le Chapitre I), l'accès
à l'eau potable demeure problématique en raison de sa
qualité qui fait parfois défaut. En effet cette qualité de
l'eau potable qui constitue l'objet de ce chapitre est en
générale influencé par l'invasion de la langue
salée en provenance de l'océan comme indiqué aux chapitres
précédents. Cette avancé de langue salée jusque
dans les îles est responsable de la dégradation de la
qualité de l'eau créant ainsi de l'eau saumâtre dans les
sources d'approvisionnement. Ainsi, selon le PLD Kafountine (2010), un puits
sur trois dans cette zone est salée ou saumâtre. Pour ce rapport
la qualité de l'eau dans les îles demeure un véritable
problème de santé publique.
Par conséquent, même si la question de la
salinité demeure la principale source de pollution des eaux, il
conviendrait d'analyser dans une moindre mesure l'état de
l'assainissement de la région afin de mesurer son impact ou non dans
l'appréciation de la qualité de l'eau potable.
I. CARACTERISTIQUES DES EAUX EN FONCTION DE LA
SALINITE
I.1. Les eaux douces
Les eaux douces sont les eaux qui contiennent des faibles
teneurs en sels, reparties sur les terres émergées. Ce sont des
eaux non salées, par opposition aux eaux marines salées, qui se
trouvent dans les rivières, lacs, nappes souterraines, etc. Elles sont
aptes à la consommation humaine.
16
http://www.sde.sn/Pages/Qualite-de-l-eau.aspx
92
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
Leur salinité est comprise entre 0 et
0,5g/l17. Cependant, toutes les eaux douces ne sont pas
forcément potables puisque ces dernières se doivent de respecter
un certain ensemble de directives (texte normatif ou réglementaire) qui
garantisse leur potabilité c'est-à-dire leur caractère
à être consommé sans risque d'effet nocif à court ou
à long terme.
I.2. Les eaux salées
La particularité de ces eaux réside dans leur
teneur en sels élevée supérieure à
10g/l18. Ce sont le plus souvent les eaux des mers et des
océans. Avec un volume qui occupe presque les 2/3 de la terre, ces eaux
ont une grande influence surtout sur les systèmes côtiers avec les
phénomènes d'intrusion saline en partie responsable des eaux
saumâtres.
I.3. Les eaux saumâtres
Le mélange entre l'eau douce et l'eau salée
produit de l'eau saumâtre qui n'est pas propre à la consommation
humaine Leur composition dépend de la nature des sols traversés
et de la vitesse de circulation dans ces sols. Les eaux saumâtres le plus
souvent fréquentes en milieu insulaire sont d'une teneur en sels
sensiblement inférieure à celle de l'eau de mer en
générale comprise entre 1000 et 10 000 mg/l19.
I.4. Les eaux d'approvisionnement dans les
îles
La caractérisation de ces eaux a été
faite sur la base des observations in-situ réalisées à
l'aide du Multi paramètre Consort C6010. Ainsi, elle donne un
aperçu sur la nature des eaux issues des points d'eau des trois
différentes îles. En outre, la Figure 45 (tableau
en ANNEXES) donne une lecture du niveau de salinité dans les stations de
mesures (points d'eau).
La variation spatiale de la salinité dans les
différentes stations de mesure n'est pas uniforme. En effet, le taux de
salinité varie entre 0 et 5,3g/l au puits abandonné d'Essaghol
(Niomoune). Sur l'ensemble des 25 stations de mesure, neuf présentent
une salinité supérieure à 0,5g/l (limite de l'eau douce)
dont six d'entre elles excèdent la barre des 1g/l sont saumâtres.
Ces points d'eau sont pour la majeure partie des puits et des mares.
17
https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/chimie-salinite-4406/
18
https://hydrologie.org/glu/FRDIC/DICSALEE.HTM
19
https://hydrologie.org/glu/FR/GF0146FR.HTM
93
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
Salinité en g/l
4
2
0
6
5
3
1
P1
P2
P3
NIOMOUNE
P4
Mare 1
mare 2
Impl 1
Impl 2
Coll pl Ba hou
Stations de mesure
P1
P2
P3
DIOGUE
Salinité g/l Limite eau douce
P4
P5
P6
P7
Impl 1
Coll pluv
P1
P1
Carabane
P3
P4
P5
Coll pluv
Figure 45: Evolution de la salinité dans les
stations de mesures
L'analyse de cette figure laisse apparaitre plusieurs
commentaires. En effet, l'île de Niomoune est celle qui notait les plus
forts taux de salinité. Exceptés les impluviums, la collecte
pluviale (eaux météorites, ce qui peut se comprendre) et les deux
puits de Kaabùkùt (situés à plus d'un
kilomètre des habitations les plus proches), tout le reste des points
d'eau de l'île ont une eau saumâtre, ce qui justifie leur usage que
pour quelques besoins domestiques. Cela est certainement dû à
l'influence marine qui s'exerce à l'intérieur des terres par
l'intermédiaire des bolons salés, ce qui est à
l'origine de la perte de terres rizicoles. A Niomoune, le voisinage entre
rizières et habitations est marquant. Le même scénario est
observé dans l'ile de Carabane avec des taux de salinité qui
varient entre 0 et 2,1g/l. Les seuls points d'eau possédant une eau non
saumâtre ne se trouvent qu'à l'intérieur des terres (vers
le CEM). Par conséquent, la salinité des sources
d'approvisionnement à Diogué est beaucoup moins importante
puisqu'elle varie entre 0 et 0,8g/l. En résumé, nous pouvons dire
que l'évolution de la salinité dans ces îles est fonction
de la superficie de terres fermes, de l'enclavement marine et de l'influence
hydro marine. En effet, à Carabane et surtout à Niomoune,
l'influence de l'eau des bolons salée qui colonise les deux
îles et y exerce une influence manifeste jusqu'à
l'intérieur des terres.
II. ANALYSE DE LA QUALITE DES EAUX ISSUES DES SOURCES
D'APPROVISIONNEMENT
L'eau potable est de l'eau considérée comme
étant saine car répondant à certaines normes
microbiologiques et chimiques relatives à la qualité de l'eau de
boisson (OMS, 2011). Elle est définie sur un certain nombre de
critères ou directives internationales ou nationales.
94
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
II.1. PERCEPTION DE LA POPULATION SUR LA QUALITE DE L'EAU
POTABLE
D'après les enquêtes réalisées
auprès des concessions sur la qualité de l'eau potable, un
certain nombre d'appréciations a été formulé. En
effets la majeure partie de la population enquêtée (68,4%) a
jugé moyenne (36,8%) ou mauvaise (31,6%) la qualité de l'eau
potable. Selon ces derniers, l'eau est en grande partie salée, parfois
insalubre et ayant un goût non agréable et un caractère
coloré. Cette salinité des eaux est beaucoup plus marquante dans
l'île de Niomoune que dans les autres îles. Cela serait lié,
d'après certains entretiens effectués, au manque de terre ferme
puisque le village est cloisonné entre les rizières, les tannes,
les mangroves et les bolons ; tous étant salés. De ce
fait, l'île ne dispose que de deux puits fonctionnels localisés
à environ plus d'un kilomètre des habitations à
Kaabùkùt ; tous les autres puits ont été
abandonnés en raison de leur forte salinisation. En outre, dans les
autres îles notamment à Carabane, la présence d'une terre
ferme permet aux populations d'abandonner les puits salés pour se
ravitailler dans ceux situés à l'intérieur des terres
disposant d'une eau non ou moins salé. En ce qui concerne Diogué,
le problème diffère d'un quartier à un autre et parfois
même au sein du même quartier. Par exemple à
Nyéfoulène, l'eau est saumâtre, à
Yamatogne, le même caractère est observé mais un
puits reste très sollicité en raison de son eau «
agréable ». Par contre, à Diogué Diola (Hou
guemboune) situé à l'intérieur du village, la
qualité de l'eau est plus acceptable. En résumé, dans
l'ensemble des îles étudiées, les populations
déclarent que la dégradation de la qualité de l'eau est
due en grande partie à la salinité et à l'absence de
protection des puits qui peut être source de prolifération directe
de saleté ou de micro-organismes. Selon elles, cette salinité est
due à l'avancée de la mer qui est très manifeste avec les
phénomènes d'érosion.
Cependant, elles notent que cette qualité est nettement
améliorée pendant l'hivernage où la pluie dessale le sel
dans les puits et les marres (utilisées à Niomoune comme source
d'approvisionnement). Pendant cette période, l'eau est moins
salée.
4. Trés Bonne
3. Bonne
2. Mauvaise
1. Moyenne
0% 20% 40% 60% 80% 100%
6%
25%
32%
37%
Figure 46: Appréciation sur la qualité de
l'eau potable dans les trois îles
95
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
II.2. Analyse de la qualité organoleptique des
eaux
Les caractères organoleptiques concernent : la couleur,
l'odeur et le goût de l'eau. L'eau doit être agréable
à boire, claire et sans odeur. Ces différents paramètres
étant liés au confort de consommation, sont directement et
constamment évalués par le consommateur et détermine
l'acceptation ou le refus du produit. Autrement dit, ces caractères
doivent être acceptables pour le consommateur.
Ces différents paramètres ont été
évalués d'une part, par les questions relatives à
l'appréciation de la qualité de l'eau potable par les
concessions. D'autre part, par une observation sur place puisque selon Rodier
J. (2009), les caractères organoleptiques doivent être
appréciés au moment du prélèvement de peur que
certains facteurs disparaissent.
II.2.1. La couleur
Selon la plupart des concessions qui affirmaient que l'eau
potable n'était pas de bonne qualité, la couleur de l'eau est
souvent sombre, parfois de coloration rougeâtre et insalubre. Pour ces
derniers, le changement de couleur de l'eau était très manifeste
dans beaucoup de puits et dans la majeure partie des mares. Le même
aspect évoqué par ces populations était visible au moment
des mesures in-situ surtout au niveau des mares où l'eau était
parfois de couleur verdâtre et apparente. La coloration d'une eau est
dite vraie ou réelle lorsqu'elle est due aux seules substances en
solution et elle est dite apparente quand les substances en suspension y
ajoutent leur propre coloration (Rodier J., 2009).
II.2.2. L'odeur
L'eau potable doit être également inodore. En
effet, toute odeur est un signe de pollution ou de la présence de
matières organiques en décomposition. Ces substances sont en
général en quantité si minime que seul le sens olfactif
peut, parfois, les déceler (Rodier J., 2009). Les points d'eau
analysés ayant la présence d'une odeur, étaient le plus
souvent des puits abandonnés ou des mares un peu polluées par la
présence du cheptel. En outre, les populations qui ont remarqué
une odeur de l'eau affirmaient que celle-ci était dominée par la
sensation du sel ou de celle d'eau de mer.
II.2.2. Le goût
Pour ce paramètre, il a une forte importance sur l'eau
de boisson. Il reflète la saveur et est perçu par la population
comme la condition d'être agréable ou non agréable. La
salinité de l'eau est facilement perçue à travers ce
caractère. Ainsi, pour certaines populations, l'eau est non
agréable à boire en raison de l'influence du sel ou parfois de la
nature du sol.
96
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
II.3. Analyse de la qualité de quelques
paramètres physico-chimique des eaux
Cette analyse est faite sur la base des mesures in-situ
réalisées sur les différentes sources d'approvisionnement
en eau potable. Il s'agit entre autres des points d'eau
énumérés plus haut. La méthodologie a
été définie dans la partie introductive, section
méthodologie, travaux de terrain. Ces mesures sont faites sur place au
moyen d'un multi-paramètre Consort C6010.
Dans cette analyse, quatre paramètres ont fait l'objet
d'étude notamment la température, le pH, la conductivité,
la salinité, les TDS. Leur interprétation a été
faite sur la notion de potabilité de l'eau. Ainsi, cette notion implique
des critères relatifs à la qualité de l'eau qui repose sur
les normes ou directives établis par l'OMS ou par les pays. Pour ce
travail, nous nous sommes limités essentiellement sur ces
paramètres précités car accessibles à notre
budget.
Tableau 10: Normes OMS et recommandations DGPRE
applicables au Sénégal.
Paramètres
|
Valeurs (O.M.S)
|
Valeurs recommandées (D.G.P.R.E)
|
pH
|
Pas de ligne directrice
|
6,5 - 8,5
|
CE à 25°C
|
Pas de ligne directrice
|
2000 ìS/cm
|
TDS
|
Pas de ligne directrice
|
1000 mg/l
|
Résidus sec mg/l
|
1000mg/l
|
Pas de valeurs
|
? Interprétation des résultats
II.3.1. La température T°C
C'est un paramètre très important pour la
qualité de l'eau potable parce qu'elle est à l'origine des
réactions chimiques, biologiques et physiques (Couillard D. et al.,
1992). La connaissance de ce paramètre est indispensable pour
effectuer certaines mesures sur le terrain comme la conductivité
électrique. Les valeurs mesurées sont comprises entre 23,8 et
29,5°C avec comme moyenne 26,2°C.
II.3.2. Le pH
Bien qu'il n'ait généralement pas d'impact
direct sur les consommateurs, le pH est l'un des paramètres les plus
importants (OMS, 2006). En dessous de 7, l'eau est considérée
comme acide et alcaline au-dessus de 7. L'eau au pH de 7 est neutre. Les
valeurs fixes recommandées par la DGPRE pour l'eau potable vont de
6,5-8,5. Au cours de la période d'étude, les valeurs du pH
mesuré varient entre 6,94 (Bahouwen Niomoune) et 9,25 (P2
Diogué). Tous les impluviums ont un pH supérieur à 8,5
(optimum de référence). Cela a certainement une cause qui
réside dans l'installation de collecte. Hormis ces stations, seuls deux
puits (P4 Niomoune et P2 Diogué) marquaient un pH excédant
8,5.
97
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
pH
10
4
2
9
7
6
5
3
0
8
1
P1
P2
P3
P4 Mare 1 mare 2 Impl 1 Impl 2 Coll pl Ba hou
NIOMOUNE
P1
P2
P3
P4
P5
P6
P7
Impl 1 Coll pluv
Stations de mesure
DIOGUE
P1 P1
P3
P4
P5
Coll pluv
Carabane
Figure 47: Evolution du pH dans les stations de mesure
II.3.3. La Conductivité électrique d'une eau (CE) en
pis/cm
C'est la conductance d'une colonne d'eau comprise entre deux
électrodes métalliques de 1 cm2 de surface et
séparées l'une de l'autre de 1 cm. Elle augmente lorsque la
concentration en ion augmente. Elle est comprise entre 50 et 1500 pour les eaux
naturelles. La conductivité électrique varie en fonction de la
température et dépend largement de celle-ci. Pour Rodier,
celle-ci devra être relevée très exactement au cours de la
mesure. En dehors de 25 °C, il convient d'effectuer une correction
d'après la formule suivante :
5 °C = CT × f
CT = Conductivité obtenue à la température
lue sur l'appareil.
f est donné par des valeurs indicatifs consignés
dans un tableau (Voir la partie annexe Tableau 16).
Tableau 11: Degré de minéralisation des
eaux en fonction de la Conductivité
Conductivité (piS/cm)
|
Minéralisation
|
<100 piS/cm
|
minéralisation très faible
|
100 piS/cm - 200 piS/cm
|
minéralisation faible
|
200 piS/cm - 333 piS/cm
|
minéralisation moyenne
|
333 piS/cm - 666 piS/cm
|
minéralisation moyenne accentuée
|
666 piS/cm - 1 000 piS/cm
|
minéralisation importante
|
Conductivité>1 000 piS/cm
|
minéralisation élevée
|
Source : Rodier, 2009
Les directives du Conseil des communautés
européennes relatives à la qualité des eaux
destinées à la consommation humaine indiquent pour la
conductivité un niveau guide de 2 500 ìS/cm à 20 °C.
Les recommandations de la DGPRE sont beaucoup plus contraignantes fixant un
optimum de 2000 ìS/cm à 25°C. Quant à la
réglementation française, elle fixe un intervalle de 180 à
1000 ìS/cm à 20°C (Rodier, 2009).
98
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
Stations de mesure
Carabane
DIOGUE
NIOMOUNE
Coll pluv
Coll pluv
Mare 1
Coll pl
Impl 1
P4
P1
P7
P5
P3
P1
P3
P1
0,0 2000,0 4000,0 6000,0 8000,0 10000,0 12000,0
Limite recommandée par la DGPRE CE à 25°C
Figure 48: Evolution de la Conductivité à
25°C aux stations de mesure
La tendance générale marquée par une
salinisation des eaux est à l'origine de ces fortes valeurs qui
oscillent entre 14,8 et 9551 ìS/cm à la période de
février avec une moyenne de 1838 ìS/cm, ce qui traduit une
minéralisation élevée des eaux. En outre, cette
minéralisation n'est pas uniforme. Elle est faible pour les eaux
météorites (collecte pluviale et impluvium) en raison de leur
faible charge en ions, et très élevée pour le reste des
eaux (puits et mares) à l'exception de quelques-uns. Les forts taux de
conductivité concernent les points d'eau saumâtres.
? La minéralisation globale en mg/l
(résidu secs) : est la teneur en sels dissouts. Elle est
calculée en fonction de la conductivité selon le Tableau
17 La mesure de la conductivité permet d'évaluer
rapidement mais très approximativement la minéralisation globale
de l'eau. On peut estimer cette minéralisation en se basant sur des
tables de conversion qui indiquent les coefficients de transformation à
appliquer selon différent niveau de conductivité (Rodier J.,
2009). Ainsi, les valeurs de conductivité 25°C ont
été converties à 20°C avec la formule suivante : CE
à 25°C * 1,116 (Voire ANNEXES Tableau 17)
La minéralisation globale est très importante
dans la caractérisation des eaux potables. Plus une eau est très
fortement minéralisée, plus elle est désagréable
(à plus de 1200 mg/L). Pour des raisons de saveur, l'OMS recommande une
valeur limite de 1 000 mg/L dans l'eau destinée à la consommation
humaine (Rodier J., 2009).
Tableau 12: Appréciation de la potabilité
en fonction de la minéralisation par Schoeller
Potabilité
|
Bonne
|
Passable
|
Médiocre
|
Mauvaise
|
Momentanée
|
Extrait sec (mg/L)
|
0-500
|
500-1 000
|
1 000-2 000
|
2 000-4 000
|
4 000-8 000
|
Source : Rodier, 2009
99
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
La minéralisation suit la même tendance que celle
de la conductivité, ce qui est évident. Cette courbe
révèle que la majeure partie des eaux de la zone n'est pas
conformée aux normes OMS avec un intervalle médiocre (1000mg/l)
à momentanée (9065,5mg/l). Seules les eaux
météoriques et quelques puits (P2 et P3
(Niomoune-Kaabùkùt), P2, P6 (Diogué), P3, P4 (Carabane)
...) ont une teneur en sels inférieur à 1000mg/l. La majeure
partie de ces puits sont localisées à Diogué et une partie
à Carabane.
10000,0
4000,0
2000,0
9000,0
7000,0
6000,0
5000,0
3000,0
8000,0
1000,0
0,0
P1
P2
P3
NIOMOUNE
P4
Minéralisation en mg/l Limite recommandée
par l'OMS en mg/l
Mare 1
mare 2
Impl 1
Impl 2
Coll pl
DIOGUE
Stations de mesure
Ba hou
P1
P2
P3
P4
P5
P6
P7
Impl 1
Coll pluv
P1
P1
Carabane
P3
P4
P5
Coll pluv
Figure 49: Evolution de la minéralisation aux
stations de mesure II.3.4. TDS
Total Disolved Solids représentent la concentration
totale des substances dissoutes dans l'eau c'est-à-dire tous les
minéraux, sels, métaux, cations ou anions dissous dans l'eau. Ces
substances peuvent aussi bien provenir de source naturelle que de sources
anthropique (activités humaines notamment le déversement d'eaux
usées, pollution humaine etc.).
P1
P2
P3
P4 Mare 1 mare 2 Impl 1 Impl 2 Coll pl Ba hou
P1
P2
P3
P4
P5
P6
P7
Impl 1 Coll pluv
TDS en mg/l Limite recommandée par la DGPRE en
mg/l
Stations de mesure
DIOGUE
NIOMOUNE
5000 4000 3000 2000 1000
0
6000
P1 P1
P3
P4
P5
Coll pluv
Carabane
Figure 50: Evolution des TDS aux stations de
mesure
100
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
Les différents résultats montrent
l'hypothèse d'une existence de pollution soit d'origine naturelle (le
sel) soit anthropique ou animale (l'absence de protection des points d'eau peut
générer une introduction de substances extérieures).
Tableau 13: Données de mesure in-situ
ILES
|
Stations
|
T°C
|
Ph
|
CE à 20°C
|
Salinité (g/l)
|
TDS (mg/l)
|
Résistivité Usages
(?.cm)
|
Niomoune
|
P1
|
23,8
|
7,37
|
8118
|
3,6
|
3820
|
140,8 Abandonné pendant
cette période
|
P2 (Kaabùkùt)
|
25
|
6,74
|
128
|
0,1
|
60,3
|
8740 Tout usage
|
P3 (Kaabùkùt)
|
27,1
|
7,46
|
235
|
0,1
|
117
|
4520 Tout usage
|
P4 (Essagnol)
|
27
|
8,97
|
10660
|
5,3
|
5400
|
100,3 Abandonné
|
Mare 1 (sacré)
|
23,8
|
8,13
|
2885
|
1,3
|
1370
|
392 Usages domestiques
en saison sèche
|
Mare 2 (Essagnol)
|
29,5
|
8,43
|
6565
|
3,3
|
3490
|
Abandonné pendant
154,5 la saison sèche
|
Impl 1 (Campem
|
24,7
|
9
|
97,3
|
0
|
46,3
|
11490 Boisson et autres
|
Impluvium 2
|
27
|
8,69
|
115
|
0,1
|
57,3
|
9250 Boisson et autres
|
Collecte pluviale
|
29,1
|
7,03
|
34,4
|
0
|
18
|
29200 Boisson et autres
|
Ba houwen
|
26,1
|
6,94
|
1126
|
0,5
|
549
|
970 Usages domestiques
|
Diogué
|
P1
|
25,7
|
7,4
|
1749
|
0,8
|
852
|
627 Usages domestiques
|
P2
|
26,7
|
9,25
|
532
|
0,2
|
262
|
2030 Tout usage
|
P3
|
26
|
7,98
|
1690
|
0,8
|
826
|
646 Usages domestiques
|
P4
|
24,3
|
7,54
|
752
|
0,3
|
352
|
1510 Tout usage
|
P5
|
24,4
|
8,27
|
606
|
0,3
|
285
|
1865 Tout usage
|
P6 (Ecole Elém
|
25,7
|
7,7
|
228
|
0,1
|
110
|
4830 Tout usage
|
P7
|
26,9
|
8
|
1461
|
0,7
|
730
|
731 Usages domestiques
|
Impluvium1
|
24,1
|
8,89
|
73,5
|
0
|
34,4
|
15470 Boisson et autres
|
Collecte pluviale
|
27
|
7,6
|
16,5
|
0
|
8,02
|
65100 Boisson et autres
|
Carabane
|
P1 (Ecole Elém
|
25,1
|
7,77
|
4655
|
2,1
|
2260
|
238 Usages domestiques
|
P2 (avant Jardin)
|
27,5
|
7,75
|
2555
|
1,2
|
1300
|
413 Tout usage
|
P3 (CEM)
|
27,5
|
7,61
|
453
|
0,2
|
230
|
2320 Usages domestiques
|
P4 (après CEM)
|
25,8
|
8,15
|
239
|
0,1
|
118
|
4540 Tout usage
|
P5 (Jardin femm)
|
28,4
|
7,97
|
821
|
0,4
|
424
|
1259 Tout usage
|
Collecte pluviale
|
27,8
|
7,69
|
23,9
|
0
|
12,1
|
44000 Boisson et autres
|
Source : Pape S Diop, 2020
101
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
III. BREF APERCU DE LA QUESTION DE L'ASSAINISSEMENT
La question de l'assainissement revêt d'une importance
fondamentale dans le cadre de notre étude puisque la majeure partie des
sources d'approvisionnement de la zone captent la nappe du CT (Malou R., 1992)
située à une faible profondeur et très vulnérable
aux diverses pollutions. Elle est un véritable problème surtout
dans les pays en développement avec des inégalités
très manifestes. Au Sénégal, l'assainissement en milieu
rural demeure problématique en raison du taux d'accès
relativement faible. Les milieux ruraux localisés dans les deux communes
d'étude (Kafountine et Diembéring) n'en font pas exception.
Dans la commune de Diembéring, une étude de 2007
montrait que sur 100 concessions, 67% étaient dépourvues de
latrines et seulement 33 % en sont équipés (PEPAM, 2007). De
même dans la Commune de Kafountine, des enquêtes menées sur
156 ménages estimaient que 53,2% de ces derniers ne disposaient pas de
latrines contre 46,8%. Sur ce dernier taux (46,8%), 41,7% des latrines
étaient traditionnelles contre 4,5% à fosses septiques et 0,6 de
latrine amélioré VIP (PEPAM, 2010). Même si ces
résultats sont à réactualiser après plus de dix
ans, il demeure que la question de l'assainissement dans ces deux communes est
sujette à problèmes.
Par ailleurs, en milieu insulaire, le problème se pose
avec acuité. Dans les trois îles étudiées,
l'assainissement varie d'une localité à une autre avec des
réalités et des modes de vie parfois différents. Par
exemple, Carabane est une île touristique beaucoup plus accessible que
Diogué (village de pêcheurs), à son tour plus ouverte que
Niomoune (village traditionnel et conservateur) qui est très
enclavé. Toutes ces disparités expliquent le caractère
individuel et varié de l'assainissement d'une île à
l'autre. L'assainissement individuel existe et diffère en fonction des
îles mais également en fonction des endroits.
Même si une observation assez large de la question de
l'assainissement n'a pas été abordée dans nos travaux de
terrain, il s'en va que quelques questions de perception relatives au sujet ont
été abordées lors des enquêtes. Elles concernent en
premier lieu l'évacuation des eaux usées et déchets
ménagers ainsi que la disposition d'une fosse septique dans la
concession. Les résultats obtenus montrent que la quasi-totalité
des concessions dans ces îles rejettent les eaux usées dans la
nature par manque de canaux d'évacuation de ces dernières. Pour
ce qui est des ordures ménagères, la plupart des concessions
(63%) affirment qu'elles sont jetées à la nature.
Néanmoins, certains utilisent soit un dépotoir d'ordures
(même s'il est sauvage, il est plus encadré et le plus souvent
à proximité des concessions), soit un trou creusé
(à proximité) pour l'évacuation de ces
dernières.
102
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
Concessions en %
100%
40%
80%
60%
20%
0%
1. Dans la nature 2. Dans un dépotoir
d'ordures
63%
Méthodes d'évacuation des ordures
ménagères
45%
3. Dans un trou 4. Autres
31%
9%
De même, les enquêtes estiment que 55% ne
disposent pas d'une fosse dans la concession et 45% en disposent. Cependant,
dans ces 45%, plusieurs inégalités sont relevées puisque
la majeure partie de ces fosses sont soit traditionnelles ou soit dans un
piteux état. Les quelques latrines améliorées se trouvant
dans ces îles sont le plus souvent répertoriées à
Carabane ou quelques fois à Diogué.
Photo 13: Dépôts sauvages d'ordures
à Carabane (P. S. DIOP, 2020)
Dans un contexte de développement durable,
l'assainissement dans ces îles est très faible par rapport aux
recommandations de l'ODD6.2. Cet objectif stipule que l'accès de tous,
dans des conditions équitables, à des services d'assainissement
et d'hygiène adéquats et mettre fin à la
défécation en plein air, en accordant une attention
particulière aux besoins des femmes et des filles et des personnes en
situation vulnérable, doit être assuré d'ici 2030.
L'atteinte de cet objectif suppose que le service d'assainissement doit
être équitable et géré en toute
sécurité.
103
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
CHAPITRE VII : GESTION DE L'EAU EN MILIEU INSULAIRE
Le droit à l'eau potable a été reconnu,
par l'Assemblée générale des Nations Unies, comme
condition préalable à tous les droits fondamentaux de
l'être humain20. Pour ce faire, des efforts doivent être
intensifiés surtout dans les milieux les plus défavorisés
en particulier les plus vulnérables. A travers un ensemble
d'initiatives, l'Etat du Sénégal a entrepris des actions
considérables en matière d'accès à l'eau potable
notamment avec le PEPAM, le Plan d'Actions pour la Gestion
Intégrée des Ressources en Eau (PAGIRE), etc. Ces actions doivent
être suivies afin d'en déterminer leur impact dans un contexte
où la ressource en eau semble menacer. Ce qui implique une
préoccupation majeure tant au niveau national qu'au niveau local.
I. INITIATIVES NATIONALES D'AMELIORATION DE LA GESTION
DE L'EAU EN MILIEU RURAL
Les stratégies d'amélioration de la gestion du
service public de l'eau en milieu rural concernent entre autres les documents
institutionnels et les programmes d'actions.
I.1. Le cadre institutionnel de l'eau
Au Sénégal, le sous-secteur de l'hydraulique a
pour vocation l'approvisionnement en eau potable des populations rurales.
Ainsi, la charge est confiée à la Direction de l'Hydraulique
(pour la planification et la supervision stratégique) et l'OFOR (pour la
réalisation et le renouvellement des ouvrages hydrauliques, la gestion
du patrimoine constitué et du service public de l'eau potable). Par
conséquent, ce sous-secteur a connu plusieurs réformes ; de la
loi n° 81- 13 du 04 mars 1981 portant Code de l'eau et de ses
décrets d'application21, en passant par la Lettre de
politique sectorielle de l'hydraulique et de l'assainissement en milieu urbain
et rural en 200522, la loi portant organisation du Service Public de
l'Eau Potable de l'Assainissement collectif des eaux usées domestiques
(SPEPA) en 200823, la loi 2014-13 portant création
OFOR24, à la Lettre de Politique Sectorielle de
Développement (LPSD) 2016. Ces réformes devaient renforcer la
gestion du service de l'eau en particulier en milieu rural.
20 Résolution adoptée par
l'Assemblée générale le 28 juillet 2010, 64/292. Le droit
de l'homme à l'eau et à l'assainissement ; UN A/RES/64/292
(2010).
21
https://www.sec.gouv.sn/sites/default/files/loisetdecrets/Loi%20n%%B0%2081-13%20du%204%20mars%201981%20portant%20Code%20de%20l%E2%80%99Eau.pdf
22
http://www.pseau.org/sites/default/files/fichiers/bassin_fleuve_senegal/lettre_politique_sectorielle_eau.pdf
23
http://www.pseau.org/sites/default/files/fichiers/bassin
fleuve senegal/loi spepa.pdf
24
104
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
Ainsi depuis l'année 2016, la nouvelle LPSD pour le
secteur de l'eau 2016-2025, incluant la GIRE s'inscrit dans un horizon
décennal pour poursuivre les efforts consentis en vue de l'atteinte des
cibles des ODD en matière d'eau. De plus, cette initiative marque une
forme d'adaptation aux effets qui fragilisent le sous-secteur de l'eau
notamment l'avancée de la mer, la salinisation de certaines nappes, etc.
celle-ci marque également une véritable consolidation des acquis
et dispositions de celle du PEPAM.
Cependant, ces efforts consentis par les pouvoirs publics
peinent à trouver leur impact ou influence dans les îles de
Basse-Casamance en raison de la faiblesse des initiatives nationales
menées dans cette région. C'est dans cette perspective qu'a
été initié un projet d'importante envergure
destinée à soulager les populations de ce milieu.
I.2. Le projet d'alimentation en eau potable des iles de
la Basse-
Casamance
Le projet d'alimentation en eau potable des îles de la
Basse-Casamance est une initiative financée par la Banque Arabe pour le
Développement Economique en Afrique (BADEA) et l'Etat du
Sénégal, destiné à approvisionner ces
dernières à travers un transfert depuis le continent (la terre
ferme) pour un horizon de 40ans. L'objectif était de réaliser des
batteries de forages dans les parties continentales (champs captant), des
châteaux d'eau en béton armé pour le stockage, la pose et
fourniture des réseaux de canalisation pour l'alimentation en eau
potable de ces milieux insulaires ainsi que les villages traversés par
les conduites. Au préalable, une étude d'avant-projet
détaillée a été réalisée afin
d'identifier et d'analyser les composantes du milieu physico-humain. Il en est
ressorti une subdivision de la zone d'influence du projet en six
Systèmes d'Alimentation en Eau Potable (SAEP) répartie dans les
trois départements de la région de Ziguinchor25.
Chaque SAEP couvrira une zone géographique bien définie (Ex :
SAEP5 couvrira les îles localisées dans la Commune de
Diembéring, SAEP2 ; les îles de Couba, Hilol, Mantaté,
Coumbaloulou, SAEP1 pour le reste des îles de la Commune de Kafountine y
compris certaines localités, etc.). De plus, chaque SAEP comprendra des
forages, un château d'eau, un refoulement entre les forages et le
château d'eau, et un réseau de distribution en plus des bornes
fontaines et/ou des branchements privés. Les forages et château
seront localisés en terre ferme en fonction des sites ciblés lors
des études hydrogéologiques réalisées. Cette
étude avait déjà identifié les potentiels des
nappes d'eau captées et leur qualité afin d'assurer la
25 En plus de l'ensemble des îles de la
Basse-Casamance, le projet couvrira certaines localités de la
région de Ziguinchor notamment Kafountine, Abéné, Diana...
(département de Bignona), Bandial, Etama, Kaléane ...
(département de Ziguinchor), Kagnout, Pointe St-Georges, Nikine ...
(département d'Oussouye).
105
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
desserte pendant la durée de temps
considérée (OFOR, 2019). Aussi, pour M. Sadio (Responsable du
projet auprès de l'OFOR), cette initiative va permettre de soulager les
doléances longtemps formulées par ces populations insulaires en
ce qui concerne leur mauvaise condition d'accès à la ressource.
Ce sera donc un véritable progrès dans ce domaine longtemps
négligé.
Cependant, bien que la portée du projet ait un enjeu
fondamental et assez bénéfique sur l'amélioration des
conditions d'accès à l'eau potable pour ces populations longtemps
défavorisées, il convient d'effectuer des appréciations
sur les perspectives suivantes :
V' Vu que la durée de cette initiative est
fixée pour un horizon de 40 ans, qu'adviendra-t-il au-delà de la
date d'échéance c'est-à-dire en 2061 ? Quelles seront les
perspectives pour cet horizon ?
V' Quel sera le coût du service de l'eau pour
une population en grande partie démunie et n'ayant pas l'habitude de
payer le service de l'eau ?
V' Qu'en sera-t-il de la valorisation des initiatives
locales en matière d'accès et gestion de la ressource notamment
les cuves à impluvium et autres ?
II. LES STRATEGIES LOCALES D'AMELIORATION DE
LA
GESTION DE L'EAU
Dans les îles étudiées, plusieurs
stratégies d'adaptations sont développées par les
populations, parfois avec l'aide des ONG, pour parer à la
problématique d'accès à l'eau potable. Parmi ces
initiatives locales, il y a la collecte des eaux pluviales et l'installation
des ouvrages de captage des eaux météoriques (les cuves à
impluvium).
II.1. Collecte des eaux pluviales
La collecte des eaux pluviale est une stratégie
développée dans toutes les îles de la Basse-Casamance.
C'est une méthode de collecte très ancienne, toujours
pratiquée par les populations locales, qui consiste à
récupérer l'eau de la pluie au moyen des toitures en zinc servant
de chutes d'eau. Cette opération est effectuée à chaque
hivernage et l'eau collectée est stockée dans des bidons ou
fûts pendant de longues périodes. L'objectif est de pouvoir
disposer d'une eau de bonne qualité puisque les sources disponibles sont
en grande partie salées. Elle demeure l'initiative locale la plus
exploitée.
106
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
II.2. Citernes de récupération des eaux de
pluie
Les citernes de récupération des eaux de pluie
en Basse-Casamance insulaire sont des infrastructures constituées de
« cuves en béton armé d'une capacité de 350m3, d'un
diamètre de 15m et d'une hauteur utile de 2m, munie d'un toit en
impluvium (forme orientée vers l'intérieur-technique
traditionnelle des cases Diola) de 400m2 couvert de tôles en aluminium.
Ce toit repose sur une charpente soutenue sur des socles en béton
armé »26. Ce sont des ouvrages conçus par
différents partenaires pour aider les communautés de la zone
à améliorer leur condition d'accès. Ils sont
localisés dans les îles de Diogué et de Niomoune.
? Au niveau de Carabane, une cuve est en cours de construction
depuis 2020. Elle est financée d'après le chef de quartier par
une ONG italienne.
Photo 14: Cuve à impluvium en cours
d'exécution dans l'île de Carabane (P. S. DIOP, 2021)
? Au niveau de Diogué, 3 cuves y étaient
installées entre 2010 à nos jours. Présentement, une seule
cuve reste fonctionnelle et se localise à côté du jardin
des femmes. La première cuve à Diogué a été
réalisée par ENDA en collaboration avec la mairie de Kafountine
en 2010.
26 EAU SEINE NORMANDIE : Rapport
final du projet de solidarité internationale, Construction de citernes
de récupération des eaux de pluie et latrines dans les îles
de Casamance.
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
Photo 15: Cuve à impluvium fonctionnelle
à Diogué (P. S. DIOP, 2020)
? Au niveau de Niomoune, il existe 5 cuves réparties
dans les 4 quartiers du village et la mission catholique. Ces ouvrages ont
été réalisés par ENDA ACAS durant ces
périodes : les cuves de Essanghol et Some (1994-1995), celles du
campement (quartier Elou) et Oubak (1995-1999) et la dernière de la
mission catholique sis à Some (2003-2004). Après l'installation
de ces citernes, des comités de gestion constitués de la
population locale, avaient été créés avec l'appui
d'ENDA ACAS ; ceux-ci chargés de la gestion de ces ouvrages. Pour ce
faire, des jours de puisage (au moins deux jours par semaine pendant la saison
sèche) étaient organisés, et chaque concession avait un
nombre de bidons qui lui était alloué moyennant un prix
forfaitaire de 10frs le bidon. Ainsi, les sous collectés doivent servir
à l'entretien de la citerne et à la javellisation de l'eau
après puisage. Par ailleurs, avec le temps, la plupart des citernes se
sont détériorées et ont nécessité par la
suite des travaux de réfections pour certains.
Photo 16: Cuve à impluvium disponible à
Niomoune, Campement (P. S. DIOP, 2020)
107
108
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
III. PERSPECTIVES
L'avancée du biseau salé dans la plupart des
points d'eau étant la principale contrainte d'accès à
l'eau potable dans les milieux insulaires, il convient d'adapter des
initiatives beaucoup plus productives. Dès lors, la démarche de
l'ODD6.5 relatives à la GIRE apparait comme une solution durable tout en
priorisant l'approche participative, inclusive et répondant à des
critères de durabilité, d'efficacité et
d'équité. Ainsi, l'élaboration d'ouvrages moins couteux
permettra une pérennisation de la ressource. Deux principales
recommandations ont été formulées dans ce travail
notamment la première, par les populations enquêtées et la
seconde à travers un plan idéalisé en fonction des
réalités du milieu.
III.1. Recommandations locales
Les recommandations locales concernent les différentes
suggestions émises par les populations enquêtées pour une
meilleure amélioration de leurs conditions d'accès à la
ressource. Au regard de ces idées, la multiplication, la
rénovation et l'installation des cuves à impluvium demeurent la
principale doléance des insulaires. Ainsi, pour les populations de
Carabane, ayant connaissance du caractère saumâtre et salé
de leurs nappes (donc non adaptée pour les forages), l'installation des
cuves apparait comme la meilleure alternative. Ils considèrent que ces
ouvrages ont beaucoup aidé les îles bénéficiaires.
Au niveau de Diogué, c'est surtout la multiplication de ces cuves qui
est la plus recommandée. Cependant, certains des populations
émettaient l'hypothèse de l'installation des forages au niveau de
la forêt. Quant à Niomoune, vu le nombre de cuves non
fonctionnelles, une rénovation suivie d'une extension du réseau a
été suggérée.
III.2. Perspectives d'un plan de gestion
intégrée des ressources en eau
potable dans les iles de la Basse-Casamance
Les perspectives énumérées ici sont
destinées à faire bénéficier à tous
l'accès à une eau de bonne qualité et à très
faible coût. Dans des milieux fortement enclavés et sous influence
marine, il convient ainsi de valoriser le potentiel existant notamment les eaux
pluviales et saumâtres.
III.2.1. Le principe du forage dessalinisant
La mise en place d'un forage qui va capter la nappe du CT,
situé à une faible profondeur et sous influence marine.
Après pompage, l'eau sera distribuée à une usine de
dessalement, localisée à proximité (toujours dans
l'île). Cette dernière va permettre de rendre l'eau
saumâtre, douce et l'acheminer au niveau d'un château d'eau
implanté aux alentours afin de la rendre potable.
109
TROISIEME PARTIE: ACCES A L'EAU ET GESTION DE LA RESSOURCE
DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE
Une fois potable, la ressource en eau sera desservie aux
ménages à l'aide des conduits. Cette idée est le fruit
d'un projet en cours d'élaboration dans l'île d'Ourong
développé par des partenaires.
III.2.2. Valorisation des eaux pluviales
La valorisation des eaux pluviales se base sur le principe des
cuves à impluvium mais cette fois-ci de manière plus
amélioré. Il s'agit dans cette perspective de mettre en place un
système de citernes composé d'un noeud central (le château
d'eau) et de bassins satellitaires semi-enterrés. Les bassins
satellitaires seront réalisés à partir d'un prototype
réalisé sur la base de la morphologie des bassins de
rétention (longueur et épaisseur) et des cuves à impluvium
(toit et hauteur). Ces derniers au nombre de huit au minimum (pour chaque
village) seront localisés tout autour des villages et
interconnectés au noeud central qui se trouvera dans une zone bien
dégagée. Ainsi les différents bassins serviront de
collecte de la ressource et le feront transiter jusqu'au château d'eau
à l'aide d'un mécanisme.
CONCLUSION TROISIEME PARTIE
Les îles mentionnées dans cette étude
révèlent une grande problématique d'accès à
la ressource en raison de plusieurs facteurs. En premier lieu, l'absence
d'ouvrages d'adduction à l'eau potable, la faible présence de
points d'eau améliorés sauf que ces derniers exposent les
populations insulaires à des difficultés d'accès à
la ressource. Dans ces îles, les puits non protégés et les
mares demeurent les points d'eau les plus utilisés et leur
qualité laisse parfois à désirer. De plus,
l'avancée du biseau salé sur la majeure partie des puits et des
mares est illustrée par les mesures in-situ effectuées. En effet,
dans ces sources d'approvisionnement, les valeurs de salinité, de
conductivité électrique et des substances dissous
témoignent de l'existence d'une pollution des eaux. Celle-ci
étant pour la plupart causée par la présence de sels dans
les eaux. Ainsi, ces problèmes ajoutés à un niveau
d'assainissement faible font de la ressource en eau potable une ressource
vulnérable. Ce qui a conduit les populations à mettre sur place
des stratégies d'adaptation notamment la collecte des eaux de pluie et
les cuves à impluvium avec l'aide de quelques partenaires.
110
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE
CONCLUSION GENERALE
Les îles de la Basse-Casamance sont le lieu où la
qualité des ressources en eaux douces pose une véritable
problématique, celle-ci est liée en grande partie à
l'influence marine qui s'exerce sur la ressource. Situées dans un espace
hyperhalin (estuaire de la Casamance), ces îles se trouvent à une
altitude relativement basse qui favorise les phénomènes
d'intrusions marines et par conséquent du biseau salé. Nonobstant
ce phénomène, la variabilité des paramètres
climatiques en particulier la péjoration pluviométrique des
années 1970 a eu de lourdes conséquences sur les
hydrosystèmes de la région entrainant des taux de sursalures
élevées dans toute la partie estuarienne de la Casamance. Les
traces de ces dernières se font toujours ressentir même avec un
léger retour de la pluviométrie observée ces
dernières années. Il semblerait que le phénomène
soit difficilement réversible. Ainsi, l'évolution de la
salinité analysée sur la base des données
antérieures et récentes montre le caractère toujours
salé du fleuve dans sa partie aval. Cette salinité, bien que
variable d'une année à l'autre dépasse parfois même
la salinité de l'eau de mer avec des valeurs de plus de 53g/l. Ce qui
montre un bon mélange entre les eaux douces et les eaux salées
avec une grande prédominance de ces dernières.
De même, à travers l'occupation du sol, il
apparait que les terres salées ont eu une nette extension depuis la
période de 1973 à 2019. Celles-ci ont connu une extension de plus
de 371% en l'espace de 46ans. Cela témoigne, dans une certaine mesure,
de l'évolution de la salinité dans cette partie estuarienne. Ces
conséquences ont eu de larges répercutions notamment sur les
ressources en eau douces.
Cet état, de fait, est beaucoup plus marquant sur les
valeurs de conductivités relevées lors des mesures in-situ
réalisées dans les sources d'approvisionnement. Ces derniers
étaient très minéralisés ou du moins pour la
plupart, ce qui a conduit à un abandon de la majeure partie des points
d'eau affectés. Déjà, la région présente un
faible taux voire une absence d'accès à des points d'eau
améliorés. Alors, si la qualité venait à y faire
défaut, ce qui est le cas pour la plupart des concessions
enquêtées, ces populations insulaires seront confrontées
à des difficultés d'accès à la ressource. Ainsi,
les investigations menées dans ce milieu ont permis de démontrer
la problématique d'accès à une eau potable de
qualité dans les trois îles étudiées. Cette
problématique est en grande partie due à l'insuffisance des
infrastructures hydrauliques adéquates ainsi qu'une altération de
la qualité de l'eau par les eaux saumâtres dans les nappes
captées. Pour faire face à ces difficultés, divers modes
de gestion ont été développées par les insulaires
notamment la collecte des eaux pluviales pendant l'hivernage et l'installation
des
111
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE
cuves à impluvium avec l'aide des partenaires.
Toutefois, il faut noter que ces initiatives élaborées
présentent beaucoup de limites avec la conservation de l'eau pendant de
longues périodes dans des récipients ne répondant pas
parfois aux critères de salubrité et autres. De même, la
détérioration des cuves demande une expertise et des fonds pour
la rénovation. De ce fait, le développement d'alternatives
beaucoup plus durables et viables trouve toute sa pertinence.
Malgré les modestes résultats obtenus dans ce
travail, au moment de conclure, l'angoisse alimentée par un sentiment
d'inachèvement resurgit. Ce qui est tout à fait
compréhensible puisque tout travail de recherche se veut être une
continuité pour un autre. Ainsi, l'ouverture de perspectives de
recherches intéressantes trouve toute sa pertinence dans la gestion
intégrée des ressources en eau en milieu insulaire
sénégalais. Celles-ci devront permettre non seulement un
approfondissement de ce mémoire tant dans les aspects
méthodologiques mais également un élargissement du champ
géographique. La finalité permettra de comprendre les dynamiques
qui concourent à la problématique de la qualité de l'eau
douce dans ces milieux complexes tout en menant une étude descriptive et
comparative suivant les différentes zones identifiées.
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77p., 10ill., 4ann.
120
TABLES DES ILLUSTRATIONS
LISTE DES FIGURES
Figure 1: Carte des îles de la Basse-Casamance
6
Figure 2: Schéma des mesures in-situ
18
Figure 3: Carte de Localisation de la zone d'étude
24
Figure 4: Carte des sols des communes de Kafountine et de
Diembéring 26
Figure 5: Le réseau hydrographique des Communes de
Kafountine et Diembéring 28
Figure 6: Vitesses moyennes mensuelles des vents à
Ziguinchor de 1960 à 2018 (source:
données ANACIM 2019)
32 Figure 7: Evolution de la direction des vents dominants
à Ziguinchor (source : données
ANACIM, 2019) 34 Figure 8:
Précipitations moyennes mensuelles de 1918 à 2018 à la
station de Ziguinchor (Source
: données ANACIM, 2019)
35 Figure 9: Variations mensuelles des températures
de1961-2018 (Source : données ANACIM,
2018) 36
Figure 10: Diagramme ombrothermique à la station
de Ziguinchor entre 1961 à 2018 37
Figure 11: Evolution de l'évaporation moyenne
mensuelle à la station de Ziguinchor de 1960-
2018 (Source : données ANACIM, 2018)
37
Figure 12: Evolution des anomalies pluviométriques
à Ziguinchor de 1939 à 2018 46
Figure 13: Evolution des anomalies pluviométriques
à Oussouye de 1939-2018 46
Figure 14: Evolution des anomalies pluviométriques
à Diouloulou de 1939-2018 46
Figure 15: Evolution des températures moyennes
annuelles à Ziguinchor de 1961-2018 _
(source:
ANACIM, 2018) 51
Figure 16: Evolution des décennies thermiques
à Ziguinchor de 1961 à 2018_ (source:
ANACIM,
2018) 51
Figure 17: Caractéristiques d'un estuaire (Source:
https://professionnels.ofb.fr/fr/node/275
) _ 54
Figure 18: Classification des estuaires selon
l'hydrodynamique 55 Figure 19: Altitude en mètres
dans les communes de Kafountine et Diembéring (carte à
refaire)
57
Figure 20: Hauteurs d'eau (mm) en fonction du temps
à partir du 06/03/2020 à 00h au
16/03/2020 à 23h (Source : données LMI
PATEO/UASZ) 59
Figure 21: Evolution de salinité à
Ziguinchor (Source données: Brunet-Moret, 1970) 60
Figure 22: Evolution de la salinité en fonction
des saisons entre 1966 et 1985 à Ziguinchor
(Source données : Le Reste et al., 1992)
61 Figure 23 : Evolution de la salinité en saison
humide en fonction des ISP dans la partie aval du
fleuve 62 Figure 24: Evolution de
la salinité à la station de Carabane (Source : données LMI
PATEO
IRD/UASZ) 63
Figure 25: Evolution de l'occupation du sol entre 1973
à 1986 en % 65
Figure 26: Occupation du sol en 1973 Figure 27:
Occupation du sol en 1986 67
Figure 28: Evolution de l'occupation du sol entre 1986
et 2003 68
Figure 29: Occupation du sol en 2003 Figure 30:
Occupation du sol en 2019 69
Figure 31: Evolution de l'occupation entre 2003 et
2019 70
Figure 32: Evolution des terres salées entre
1973 et 2019 71
Figure 33: Modèle conceptuel de la lentille d'eau
douce [échelle verticale non respectée] par
Bourhane (2014) 73 Figure 34: service
d'approvisionnement d'eau potable géré en toute
sécurité (ODD6.1) par
JMP, 2017 75
Figure 35: Sources d'approvisionnement en eau potable
77
121
Figure 36: Perception des usagers sur la
disponibilité en eau potable 83
Figure 37: Mode de conservation des eaux
84
Figure 38: Points d'eau utilisés pour la
boisson 86
Figure 39: Points d'eau utilisés pour la
cuisine 87
Figure 40: Points d'eau utilisés pour les
tâches ménagères 87
Figure 41: Fréquence d'utilisation des
procédés de traitement pour l'eau de boisson 88
Figure 42: Fréquence des procédés
de traitement pour l'eau de la cuisson 88
Figure 43: : Fréquence des
procédés de traitement pour l'eau des autres tâches
ménagères (linge,
lessive, bain 89
Figure 44: Perception de la population sur la distance
émis pour s'approvisionner en eau 90
Figure 45: Evolution de la salinité dans les
stations de mesures 93
Figure 46: Appréciation sur la qualité
de l'eau potable dans les trois îles 94
Figure 47: Evolution du pH dans les stations de mesure
97
Figure 48: Evolution de la Conductivité
à 25°C aux stations de mesure 98
Figure 49: Evolution de la minéralisation aux
stations de mesure 99
Figure 50: Evolution des TDS aux stations de mesure
99
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Présentation des données
d'archives utilisées 14
Tableau 2: Nombre de concessions enquêté
par village 16
Tableau 3 : Caractéristiques des images
Landstat 22
Tableau 4: Caractéristique hydraulique des
nappes 29
Tableau 5: Valeurs de l'indice SPI 45
Tableau 6: Variable du test de Pettitt 47
Tableau 7: Segmentation d'Hubert (Niveau de
signification du test de Scheffé = 1%) 48
Tableau 8: Caractéristiques des normales
pluviométriques des différentes stations 50
Tableau 9: Statistiques de l'occupation du sol de 1973
à 2019 65
Tableau 10: Normes OMS et recommandations DGPRE
applicables au Sénégal. 96
Tableau 11: Degré de minéralisation des
eaux en fonction de la Conductivité 97
Tableau 12: Appréciation de la
potabilité en fonction de la minéralisation par Schoeller
98
Tableau 13: Données de mesure in-situ
100
Tableau 14: Table de conversion (aperçu sur
Excel) i
Tableau 15: Conductivités à
l'état brut des eaux analysées xiv
Tableau 16: Tableau de conversion de la
conductivité en fonction de la température (25°C)
xv
Tableau 17 : Table de conversion de la
minéralisation en fonction de la conductivité xv
LISTE DES PHOTOS
Photo 1: Analyse de l'eau dans une station de mesure
à Diogué 19
Photo 2 : Dispositif utilisé pour les mesures
(P.S. DIOP, 2020) 18
Photo 3: Diogué, un village de pêcheurs.
Source :
https://iles-casamance.org/erosion-epi-plage-2/
40
Photo 4: Puits localisé à
côté de l'église de Carabane (à gauche) et à
Niomoune (à droite) 78
Photo 5: La mare sacrée de Niomoune au quartier
Some 79
Photo 6: Mare utilisée à la
période de février au quartier Elou (Niomoune) 79
Photo 7: Cuve à impluvium à
Diogué (P. S. Diop, 2020) 80
Photo 8: Cuve à impluvium à Niomoune
(Source : A. Camara, 2003) 80
Photo 9: Eau pluviale stockée à
Diogué 80
Photo 10 :Ba houwen dans la rizière au quartier
Houback (Niomoune) 81
Photo 11: Forage villageois en panne à
côté du jardin des femmes (Carabane) 82
Photo 12: Formes de conservation des eaux
85
122
Photo 13: Dépôts sauvages d'ordures
à Carabane 102
Photo 14: Cuve à impluvium en cours
d'exécution dans l'île de Carabane (P. S. DIOP, 2021)
106
Photo 15: Cuve à impluvium fonctionnelle
à Diogué (P. S. DIOP, 2020) 107
Photo 16: Cuve à impluvium disponible à
Niomoune, Campement (P. S. DIOP, 2020) 107
123
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
TABLE DES MATIERES
DEDICACES II
REMERCIEMENTS III
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATION V
RESUME VI
ABSTRACT VI
INTRODUCTION GENERALE 1
I. PROBLEMATIQUE 3
I.1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION 3
I.1.1. Contexte 3
I.1.2. Justification 5
I.1.3. Objectifs et hypothèses de recherche 7
II. DEFINITION DES CONCEPTS 8
III. METHODOLOGIE DE RECHERCHE 11
III.1. La recherche documentaire 11
III.2. Données et matériels 14
III.2.1 Les données d'archives 14
III.2.2 Les données de terrain 15
III.2.2.1. Les enquêtes 15
III.2.2.2. Les mesures in-situ 17
III.2.3. Outils de collecte et de traitement des données
19
III.3. LE TRAITEMENT DES DONNEES 20
III.3.1. Le traitement statistique 20
III.3.2. Le traitement cartographique et
télédétection 21
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'ETUDE 23
CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES DES COMPOSANTS DU MILIEU PHYSIQUE
24
I. ESQUISSE GEOLOGIQUE ET GEOMORMOLOGIQUE 25
II. LES FORMATIONS PEDOLOGIQUES 25
III. LES RESSOURCES EN EAU 26
III.1. Les ressources en eau superficielles 27
III.2. Les ressources en eau souterraines 27
III.3. Les lentilles d'eau douce 29
IV. LES FORMATIONS VEGETALES 30
124
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
V. CLIMATOLOGIE 31
V.1. Dynamique générale du climat 31
V.1.1. Les centres d'actions 31
V.2. Analyse des éléments du climat 31
V.2.1. Le vent 32
V.2.1.1. Les vitesses moyennes mensuelles des vents 32
V.2.1.2. La fréquence de la direction des vents à
la station de Ziguinchor 33
V.2.2. Les précipitations 34
V.2.3. Les températures 35
CHAPITRE II : LE CADRE HUMAIN 39
I. COMPOSITION DEMOGRAPHIQUE 39
II. LES ACTIVITES SOCIO-ECONOMQUES 39
II.1. L'agriculture et la pêche 39
II.2. L'élevage 41
II.3. Le tourisme 41
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES VARIATIONS ENVIRONNEMENTALES
RECENTES EN BASSE-CASAMANCE INSULAIRE 42
CHAPITRE III : ANALYSE DE VARIABILITE CLIMATIQUE 43
I. ANALYSE DE LA VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE 43
I.1. L'indice normalisé de précipitations ou
SPI (Standardized Precipitation Index) 44
I.4. Analyse des normales pluviométriques 49
II. ANALYSE DES VARIATIONS DE LA TEMPERATURE 50
CHAPITRE IV : EVOLUTION DE LA SALINITE DANS L'ESTUAIRE DE LA
CASAMANCE 54
I. LES FACTEURS FAVORBLES A LA SALINISATION DANS L'ESTUAIRE 54
I.1. La faiblesse de la topographie 56
I.2. Le fleuve Casamance : un estuaire inverse 54
I.3. L'influence de l'érosion côtière sur
les facteurs de salinisation 57
II. DYNAMIQUE DE LA SALINITE DANS LA PARTIE AVAL DE L'ESTUAIRE
59
II.1. Régime des marées dans l'estuaire de la
Casamance 59
II.2. Evolution de la salinité à la station
marégraphique de Carabane 60
II.3. Etude diachronique de l'évolution des terres
salées dans les communes de Kafountine et
Diembéring 64
II.3.1. Occupation du sol en 1973 à 2019 65
III.3.1. Analyse de l'évolution des tannes entre 1973
à 2019 dans les communes de Kafountine
et Diembéring 70
125
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
III. MECANISME DES INTRUSIONS SALINES DANS LES AQUIFERES EN
MILIEU
INSULAIRE (PRINCIPE DE GHYBEN-HERSBERG) 72
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DE L'ACCES ET DE LA QUALITE DE
L'EAU
POTABLE 74
CHAPITRE V : ACCES A L'EAU POTABLE DANS LES ILES DE NIOMOUNE,
DIOGUE ET CARABANE 75
I. EAU ET USAGES DE L'EAU 77
I.1. Les différents points d'eau disponibles 77
I.1.1. Les puits 77
I.1.2. Les mares 78
I.1.3. Les cuves à impluvium 79
I.1.4. La collecte des eaux pluviales 80
I.1.5. « Ba houwen » 81
I.1.6. Le forage 81
I.2. Disponibilité en eau potable 82
I.3. Mode de conservation des eaux 84
1.4 Différents usages de l'eau 85
II. LES DIFFERENTS MODES DE TRAITEMENT DE L'EAU AVANT USAGE 87
III. DIFFICULTES LIEES A L'ACCES DE L'EAU POTABLE 89
III.1. Temps de parcours pour accéder à la
ressource 89
III.2. Contraintes liées à l'accès à
l'eau potable 90
CHAPITRES VI : ETAT DES LIEUX DE LA QUALITE DE L'EAU
POTABLE ET DE LA
QUESTION DE L'ASSAINISSEMENT 91
I. CARACTERISTIQUES DES EAUX EN FONCTION DE LA SALINITE 91
I.1. Les eaux douces 91
I.2. Les eaux salées 92
I.3. Les eaux saumâtres 92
I.4. Les eaux d'approvisionnement dans les îles 92
II. ANALYSE DE LA QUALITE DES EAUX ISSUES DES SOURCES
D'APPROVISIONNEMENT 93
II.1. PERCEPTION DE LA POPULATION SUR LA QUALITE DE L'EAU
POTABLE 94
II.2. Analyse de la qualité organoleptique des eaux 95
II.2.1. La couleur 95
II.2.2. L'odeur 95
II.2.2. Le goût 95
II.3. Analyse de la qualité de quelques paramètres
physico-chimique des eaux 96
II.3.1. La température T°C 96
II.3.2. Le pH 96
126
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
II.3.3. La Conductivité électrique d'une eau (CE)
en ìs/cm 97
II.3.4. TDS 99
III. BREF APERCU DE LA QUESTION DE L'ASSAINISSEMENT 101
CHAPITRES VII : GESTION DE L'EAU EN MILIEU INSULAIRE 103
I. INITIATIVES NATIONALES D'AMELIORATION DE LA GESTION DE L'EAU
EN
MILIEU RURAL 103
I.1. Le cadre institutionnel de l'eau 103
I.2. Le projet d'alimentation en eau potable des iles de la
Basse-Casamance 104
II. LES STRATEGIES LOCALES D'AMELIORATION DE LA GESTION DE
L'EAU 105
II.1. Collecte des eaux pluviales 105
II.2. Citernes de récupération des eaux de pluie
106
III. PERSPECTIVES 108
III.1. Recommandations locales 108
III.2.1. Le principe du forage dessalinisant 108
III.2.2. Valorisation des eaux pluviales 109
CONCLUSION GENERALE 110
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 112
ANNEXES i
TABLES DES ILLUSTRATIONS 120
LISTE DES FIGURES 120
LISTE DES TABLEAUX 121
LISTE DES PHOTOS 121
TABLE DES MATIERES 123
i
ANNEXES
ANNEXES
Tableau 14: Table de conversion (aperçu sur
Excel)
ii
Tests statistiques de détection
d'éventuelles Ruptures chronologiques
111
Test de BUISHAND et ellipse de BOIS
C:1Users\asus pc\Desktop\Zguinchor.KSI
Identification Variable étudiée
Unité
Chronique de
|
Station de Ziguinchor Pluviométrie annuelle P(mm)
1939 â 2018
|
VariableSkdefellipsr -99% 95°% I~90%
C
C C
o
a E
.43
E E
a
rn
2018
1943 1948 1953 1958 1963 1968
4 500 4 000 3 500 3 000 2 500 2
000 1 500 1 000 500
0
-500
-1 000
-1 500-
-2 000
-2 500
-3 000
-3 500
1938
1973 1978 1983 1988 1993 1998 2003 2008 2013 Période
Hypothèse nulle (absence de rupture) acceptée au
seuil de confiance de 99% Hypothèse nulle (absence de rupture)
rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse nulle (absence
de rupture) rejetée au seuil de confiance de 90%
27!10!2020 07:52:50 Khronostat 1.01 - UMR Hydrosciences
Montpellier
|
I1
|
iv
Méthode non paramétrique de PETTITT
C:1Users\asus pc\Desktop\Zguinchor.KSI
Identification Station de
Ziguinchor
Variable étudiée
Pluviométrie annuelle
Unité P(mm)
Chronique de 1939
â 2018
Variable U du test de Pettitt
700 600. 500 400 300 Li 200 100 0
-100 -200
|
|
1039 1943 1048 1953 1058 1963 1068 1073 1078 1983 1088 1993
1098 2003 2008 2013
Période
Hypothèse nulle (absence de rupture)
rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse
nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de
confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de rupture)
rejetée au seuil de confiance de 90%
27/13/2020 07:53:34 Khronostat 1.01 - UMR Hydrosciences
Montpellier
V
Analyse de séries chronologiques
C:IUserslasus pc\Desktop\Oussouye.KSI
Identification Station de Oussouye
Variable étudiée Pluviométrie
annuelle
Unité P(mm)
Chronique de 1939 è 2018
Valeurs
2 000 1 500 1 000 500
|
f
|
Z
|
0 -
vi
1939 1943 1947 1951 1955 1959 1963 1967 1971 1975 1979 1963 1967
1991 1995 1999 2003 2007 2011 2015
Tests de vérification du caractère
aléatoire
Test de corrélation sur le RANG
Hypothèse nulle (série chronologique
aléatoire) rejetée au seuil de confiance de 99%
Hypothèse nulle (série chronologique aléatoire)
rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse
nulle (série chronologique aléatoire) rejetée
au seuil de confiance de 99°%
Valeur de la variable de calcul: -3,6561
Tests de détection de
rupture
Test de BUISHAND et ellipse de BOIS
Hypothèse nulle (absence de rupture)
rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse
nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de
confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de rupture)
rejetée au seuil de confiance de 90%
Méthode non paramétrique de PETTITT
Hypothèse nulle (absence de rupture)
rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse
nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de
confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de rupture)
rejetée au seuil de confiance de 90%
Probabilité de dépassement de la valeur critique du
test: 3,65E-05 en 1967
Méthode bayésienne de LEE et HEGHINIAN
Mode de la fonction densité de probabilité a
posteriori de la position du point de rupture: 0,2188
en 1958 Segmentation de HUBERT
Niveau de signification du test de Scheff é: 1%
|
Fin
1967
2018
|
Moyenne
1667, 659
1269,624
|
Ecart type
342,8tib
231,684
|
I1
27/10/2020 08:15:35 Klrronostat 1.01 - UMFR Hydrosciences
Montpellier
vii
Test de BUISHAND et ellipse de BOIS
C:1Users\asus pc\DesktoplOussouye.KSI
Identification Variable étudiée
Unité
Chronique de
|
Station de Oussouye Pluviométrie annuelle P(mm)
1939 â 2018
|
Variable Sk de l'ellipsr -- 99% 95% 90%
7 000 6 000 50X1 4 000 3 000 2 000 1 000
0
-1 000
-2 000
-3 000
-4 000
|
|
|
|
|
|
|
|
1943 1948 1953 1958 1963 1968 1973 1978 1983 1988 1993 1998 2003
2008 2013 2018
Période
cc
C
.43
o
a E
N
v
E E a rn
1938
Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au
seuil de confiance de 99% Hypothèse nulle (absence de rupture)
rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de
rupture) rejetée au seuil de confiance de 90%
27!1(12020 08:17:34 Khronostat 1.01 - UMR Hydrosciences
Montpellier
|
I1
|
viii
Méthode non paramétrique de PETTITT
C:1Users\asus pc\DesktoplOussouye.KSI
Identification Station de
Oussouye
Variable étudiée
Pluviométrie annuelle
Unité P(mm)
Chronique de 1939
â 2018
Variable Lido test de Pettiti
90G 80G 700 600 u 500
40030020010D
a
1939 1940 1948 1953 1958 1963 1968 1973 1978 1982 1987 1992 1996
2001 2005 2010 2015
Période
Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au
seuil de confiance de 99% Hypothèse nulle (absence de rupture)
rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de
rupture) rejetée au seuil de confiance de 90%
27!16!2020 08:18:30 Khronostat 1.01 - UMR Hydrosciences
Montpellier
ix
X
Analyse de séries chronologiques
C:IUserslasus pc\Desktop AMPA DIATTA1doc\D1OULOU.KSI
Identification Station de Diouloulou
Variable étudiée Pluviométrie
annuelle
Unité P(mm)
Chronique de 1950 6 2018
Valeurs
Tests de vérification du caractère
aléatoire
Test de corrélation sur le RANG
Hypothèse nulle (série chronologique
aléatoire) rejetée au seuil de confiance de 99%
Hypothèse nulle (série chronologique aléatoire)
rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse
nulle (série chronologique aléatoire) rejetée
au seuil de confiance de 90%
Valeur de la variable de calcul: -2,6933
Tests de détection de
rupture
Test de BUISHAND et ellipse de
BOIS
Hypothèse nulle (absence de rupture) rejetée au
seuil de confiance de 99% Hypothèse nulle (absence de rupture)
rejetée au seuil de confiance de 95% Hypothèse
nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de
confiance de 90%
Méthode non paramétrique de PETTITT
Hypothèse nulle (absence de rupture)
rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse
nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de
confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de rupture)
rejetée au seuil de confiance de 90%
Probabilité de dépassement de la valeur critique du
test: 7,49E-04 en 1970
Méthode bayésienne de LEE et HEGHINIAN
Mode de la fonction densité de probabilité a
posteriori de la position du point de rupture: 0,4802 en 1967
Segmentation de HUBERT
Niveau de signification du test de Scheffé: 1%
|
Fin
1967
2018
|
Moyenne
1476,294
1076,751
|
Ecart type
247,11b
263,056
|
J1
22/11/2021 00:42:55 Klrronostat 1.01 - UMFR Hydrosciences
Montpellier
xi
Test de BUISHAND et ellipse de BOIS
C:1Users\asus pc\Desk[op\AMPA DIATTAIdoc\DIOULOU.KSI
Identification Variable étudiée
Unité
Chronique de
|
Station de Diouloulou Pluviométrie annuelle P(mm)
1950 â 2018
|
Variable Sk de l'ellipsr -- 99°% 95% I~90%
5 006
§ 4 00G
C C
r, 3 000
O I
al 2 00G
N m 1000 G
· N
ay 0
N e -1000
e
a rn -2 000
-3 00G
1949 1953 1957 1961 1965 1969 1973 1977 1981 1985 1989 1993 1997
2001 2005 2009 2013 2017
Période
Hypothèse nulle (absence de rupture)
rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse
nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de
confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de rupture)
rejetée au seuil de confiance de 90%
22!1112021 00:45:03 Khronostat 1.01 - UMR Hydrosciences
Montpellier
|
I1
|
xii
Méthode non paramétrique de PETTITT
C:1Users\asus pc\Desktop\AMPA DIATTAIdoc\DIOULOU.KSI
Identification Station de
Diouloulou
Variable étudiée
Pluviométrie annuelle
Unité P(mm)
Chronique de 1950
â 2018
Variable U du test de Pettitt
650600 550 500450 400 350 u 300 253 202 152 103 52
O
-50
-100
1950 1954 1958 1952 1966 1970 1974 1978
1982 1986 1990 1994 1998 2002 2006 2010 2014
Période
Hypothèse nulle (absence de rupture)
rejetée au seuil de confiance de 99% Hypothèse
nulle (absence de rupture) rejetée au seuil de
confiance de 95% Hypothèse nulle (absence de rupture)
rejetée au seuil de confiance de 90%
22!11!2021 00:45:31 Khronostat 1.01 - UMR Hydrosciences
Montpellier
xiii
xiv
Tableau 15: Conductivités à l'état
brut des eaux analysées
|
Sources/Paramètres
|
T°C
|
CE (ìs/cm)
|
Niomoune
|
P1
|
23,8
|
7090
|
P2
|
25
|
114,3
|
P3
|
27,1
|
220
|
P4
|
27
|
9960
|
Mare 1
|
23,8
|
2520
|
mare 2
|
29,5
|
6450
|
Impluvium 1
|
24,7
|
86,7
|
Impluvium 2
|
27
|
107,5
|
Collecte pluviale
|
29,1
|
33,5
|
Ba houwen
|
26,1
|
1031
|
Diogué
|
P1
|
25,7
|
1591
|
P2
|
26,7
|
494
|
P3
|
26
|
1547
|
P4
|
24,3
|
663
|
P5
|
24,4
|
535
|
P6
|
25,7
|
207
|
P7
|
26,9
|
1362
|
Impluvium1
|
24,1
|
64,5
|
Collecte pluviale
|
27
|
15,4
|
Carabane
|
P1
|
25,1
|
4180
|
P1
|
27,5
|
2410
|
P3
|
27,5
|
427
|
P4
|
25,8
|
218
|
P5
|
28,4
|
789
|
Collecte pluviale
|
27,8
|
22,7
|
xv
Tableau 16: Tableau de conversion de la
conductivité en fonction de la température
(25°C)
Tableau 17 : Table de conversion de la
minéralisation en fonction de la conductivité
Conductivité à 20°C
(jtS/cm)
|
Minéralisation(mg/l)
|
Conductivité inférieure à 50 jtS/cm
|
1,365 079 X conductivité (*) (jtS/cm) à 20
°C
|
Conductivité comprise entre 50 et 166 jtS/cm
|
0,947 658 X conductivité (*) (jtS/cm) à 20
°C
|
Conductivité comprise entre 166 et 333 jtS/cm
|
0,769 574 X conductivité (*) (jtS/cm) à 20
°C
|
Conductivité comprise entre 333 et 833 jtS/cm
|
0,715 920 X conductivité (*) (jtS/cm) à 20
°C
|
Conductivité comprise entre 833 et 10 000 jtS/cm
|
0,758 544 X conductivité (jtS/cm) (*) à 20
°C
|
Conductivité supérieure à 10 000 jtS/cm
|
0,850 432 X conductivité (*)(jtS/cm) à 20
°C
|
(*) X 1,116 pour 25 °C. Source :
Rodier, 2009
xvi
|