Chapitre 4 : Analyser les causes de
l'irrégularité du championnat Béninois
4.1.- Historique des crises
incessantes à la FBF (Fédération Béninoise de
Football)
Le football béninois a connu depuis son adoption dans
les années 1960 de nombreuses crises qui n'ont pas permis son
développement. Et l'une des plus grandes fût celle du 20
décembre 2010 avec la démission du collectif des membres
exécutifs de la Fédération Béninoise de Football
à sa tête le président Adjavon Sébastien Germain.
L'une des causes de cette crise est due à la gouvernance solitaire du
président de la fédération d'alors Andjorin Moucharafou,
qui au dire du président de ligue professionnelle A. Sébastien
(2010) :
« Le Comité exécutif se
retrouve être une caisse de résonnance de décisions prises
sans concertation. Les bases minimales de réforme sur lesquelles nous
nous étions tous engagés lors de notre élection ne sont
pas respectées. La représentativité de la FBF dans les
instances dirigeantes du Football au niveau régional et mondial est
décidée unilatéralement par vous ». (
A.Sébastien, dirigeant de football béninois)
Ainsi la gestion solitaire de la fédération par
le président de même que le non-respect des décisions
issues des assemblés sont les quelques-unes raisons de la
démission des membres qui ont amené la crise au sein du football
béninois. Le point financier de la FBF pour les exercices 2009 et 2010,
a dû être retiré des points de l'ordre du jour de
L'assemblée Générale du 15 décembre 2010, suite
à une note du Commissaire aux Comptes informant de la non
exhaustivité des éléments patrimoniaux dont vous avez
connaissance pour avoir pendant tant d'années piloté la plus
haute instance du football au Bénin. La FBF ne dispose pas d'un bilan
financier validé par l'assemblée générale pour
l'exercice 2008. Le Budget 2011, qui nous a été
présenté en retard, au cours d'une session du Comité
Exécutif est en totale contradiction avec les éléments
financiers déjà exécutés pour 2010, de sorte que sa
validation par l'Assemblée Générale a été
différée et programmée pour une session prochaine. Les
décisions relevant statutairement du Comité exécutif sont
régulièrement prises unilatéralement par le
Président sous 1e couvert que ce mode de fonctionnement est à
l'identique de celui pratiqué à la CAF. Alors même que des
décisions sont prises par le Comité Exécutif, le
Président choisit délibérément de passer outre ou
même de les modifier à sa guise, sous prétexte que les
membres du Comité Exécutif sont des collaborateurs qui ne
sauraient lui en imposer. Toutes ces violations, cette gestion solitaire et ces
usurpations de prérogatives ont induit un dysfonctionnement
avéré et dangereux au sein du Comité Exécutif au
moment où des enjeux de la plus haute importance sont à relever.
La situation que nous vivons est exceptionnelle et a appelé de notre
part une décision exceptionnelle. Nous ne pouvons continuer notre
mission au sein du comité exécutif dans lequel nous jouons des
rôles de figurants. Concrètement, notre démission massive
ouvre la voie à une période transitoire avant la tenue d'une
Assemblée Générale Extraordinaire ;
conformément aux statuts de la Fédération Béninoise
de Football, adoptés le 23 novembre 2010 ; pour la mise en place et
un renouvèlement en profondeur des instances du football
béninois.
S'en ai donc suivi la démission de 12 membres sur 15 du
comité exécutif d'alors ce qui eu pour conséquence
l'arrêt du championnat professionnel et la crise incessante jusqu'en
2016.
En 2011 les championnats de 1ére division
et de 2éme division ont été stoppé et
pour cause 18 des 22 clubs se sont retirés. Outre la mauvaise gestion
reprochée au président Anjorin Moucharafou, et le non
renouvèlement de l'instance dirigeante, Cette crise est née avec
l'opposition de deux clans qui ne s'entendent pas sur les textes malgré
l'arbitrage du ministère de la jeunesse, des sports et des loisirs et de
l'implication personnel du Ministre Modeste Kérékou. Face
à l'incapacité des dirigeants de la FBF de trouver un compromis,
la Fédération internationale de football association (FIFA), de
concert avec la Confédération africaine de football (CAF) a
dépêchée une mission à Cotonou pour essayer de
régler la crise. Mais contre toute attente, la mission conduite par Iya
Mohammed n'a semble-t-il fait qu'aggraver la situation, en prenant fait et
cause pour le camp Moucharafou.
Les adversaires du désormais ex-président de la
FBF soupçonnent la FIFA-CAF de le soutenir, alors qu'il devrait annoncer
prochainement sa candidature à un poste au sein de l'organe dirigeant de
la CAF. Pour Bernard Hounnouvi, le directeur exécutif du bureau sortant,
le comité exécutif d'Anjorin Moucharafou est illégitime.
Seul celui qui est issu des élections du 4 février reste
légitime. Et de s'indigner de l'attitude complaisante d'Iya Mohammed
vis-à-vis de l'ex-président de la FBF. Lors d'une
conférence de presse qu'il a donnée sur la crise du football
béninois, Hounnouvi (2016) se demande :
«Ce qui nous parait quand même curieux, lors de
la crise du football togolais, c'est que monsieur Primo Corvaro et monsieur
Jacques Anouma de la Côte d'Ivoire --après avoir constaté
que sur 12 membres 5 ont démissionné-- ont dit clairement que le
Comité exécutif ne pourra délibérer faute de
quorum(2/3 des membres, ndlr) ».( H.Bernard,2016,membre du
comité exécutif de la FBF)
Par conséquent, il faut aller aux élections.
Pourquoi alors au Bénin y a-t-il tant de tergiversations ? Pourquoi
veut-on tordre le cou aux textes en cherchant la petite bête, en trouvant
des insuffisances par-ci par-là ? Les mêmes causes ne
produisent-elles pas les mêmes effets, dans le cas du
Bénin ?
Considéré comme à l'origine de la
pétition qui a bloqué les championnats, ce comité estime
au contraire vouloir assainir le football béninois et demande pourquoi
les courriers venant de la FIFA ne font mention nulle part des multiples
malversations et scandales reprochés à Monsieur Anjorin.
Pour le collectif, il est :«inconcevable, qu'une
mission se déroule dans des conditions de partialité aussi
flagrante, et qu'elle penche pour une des deux parties dans un point de presse,
alors qu'elle n'avait pas cela comme mission».
Et de mettre en garde la FIFA en ces termes :
«Monsieur le Secrétaire général
adjoint, nous finissons par craindre que la FIFA veuille endosser la
responsabilité du blocage du football au Bénin, puisque nous
autres nous engageons à aller jusqu'au bout, convaincus d'être
dans le sens de la raison, sens que la FIFA, dans sa grandeur et sa
dignité, ne peut qu'approuver.»( A.Victorien,membre du
comité exécutif de la FBF
Lors de l'Assemblée générale
élective qui s'est effectivement tenue le 4 février 2011, 37 des
51 membres étaient présents. Après avoir constaté
que le quorum était atteint (50% + 1), elle a procédé
à l'élection à proprement parler des 14 membres du nouveau
bureau du comité exécutif de la Fédération
béninoise de football. Lequel a dorénavant à sa tête
Victorien Attolou. Pour le nouveau bureau de la FBF, la crise du football
béninois est maintenant terminée, si l'on en juge par le discours
d'Attolou (2011) peu après l'Assemblée :
«En ce qui concerne la FIFA et la CAF, nous les
rassurons de notre engagement à contribuer à la réussite
des nobles et exaltantes missions qui leur sont assignées. Quant au
ministère de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, le comité
exécutif que j'ai l'honneur de présider les rassure d'ores et
déjà que la collaboration sera des plus responsables.»(
A.Victorien,membre du comité exécutif de la FBF)
C'est que croyais le monde du football béninois et de
nombreux jeunes qui avaient envies que le ballon rond roule à nouveau
sur l'ensemble du territoire béninois. Mais force est de constater que
la crise n'a fait que s'empirer après cette élection au point
où l'on assistait à l'apparition de deux comités qui
prévoyaient de lancer chacun de son côté son
championnat.
En dépit du fait que l'ancien président,
AnjorinMoucharafou, est accusé de mauvaise gestion des ressources
humaines et financières, il continue cependant à
bénéficier du soutien de la Confédération africaine
de football (CAF), voire de la Fédération internationale de
football association (Fifa).
Fort de ce soutien, il a ainsi coopté des membres pour
former son nouveau comité exécutif, en réponse aux
démissionnaires qui ont formé le leur le 4 février 2010
à l'issue d'une assemblée générale.
Depuis, le Bénin est doté de deux
fédérations et les championnats professionnels sont suspendus.
Seules les sélections nationales continuent leur petit bonhomme de
chemin dans les différentes compétitions, avec toutes les
difficultés quant à leur encadrement. Face à cette
situation, le nouveau ministre de la Jeunesse, des Sports et Loisirs, Didier
AploganDjibodé, n'a apparemment pas plus de chances de concilier les
deux fédérations rivales que ses deux
prédécesseurs.
La débâcle, le 5 juin 2011, des Écureuils
du Bénin face aux Éléphants de Côte d'Ivoire par 2
buts à 6 dans le cadre des matchs de qualification pour la Coupe
d'Afrique des Nations (CAN) 2012 est en partie inhérente à la
crise que connait la FBF.
Du reste, à la suite de cette mauvaise prestation, le
ministre des Sports a laissé entendre que l'Etat n'allait pas continuer
à engloutir d'énormes ressources financières dans le
football au détriment des autres sports, pour de si mauvais
résultats. Quand on sait que la pétanque et bien d'autres
disciplines se portent mieux que le football, il y a de quoi sonner
l'avertissement.
En effet, la cinglante défaite de la sélection
nationale qui remet en cause sa participation à la prochaine phase
finale de la CAN --avec laquelle elle avait noué sans discontinuer ces
dernières années--, soulève un mécontentement
populaire. Aussi, les passionnés du ballon rond veulent-ils que le
bicéphalisme qui règne au niveau de la fédération
connaisse un dénouement rapide afin que les différents
championnats reprennent de plus belle.
Mais pour ce faire, il faut que chaque partie du conflit
accepte de s'assoir autour d'une table. L'appel de la Fifa dans ce sens ne
semble pas avoir reçu un écho favorable. Et Didier
AploganDjibodé de se démener comme un beau diable pour d'ultimes
tentatives, et de fustiger la trop grande implication des médias dans la
crise, à travers des querelles de clochers qui ne contribuent pas
à l'apaisement et aux négociations. Il n'est d'ailleurs pas le
seul à montrer du doigt les médias qui jettent de l'huile sur le
feu :
«L'Observatoire de la déontologie et de
l'éthique dans les médias (Odem)constate avec amertume le mauvais
rôle que jouent certains organes de presse. Ainsi, certains journalistes
sont devenus des acteurs de premier plan dans cette crise et ont
délibérément fait le choix de quitter le terrain de
l'information pour celui de la défense de l'un ou l'autre camp.
Du coup, il n'y a plus de jour où on n'enregistre
dans les colonnes des journaux, sur les antennes des radios ou écrans de
télévision des propos injurieux, diffamatoires ou à la
limite orduriers. Un spectacle non seulement déshonorant, mais aussi et
surtout honteux pour notre presse».( Odem,2015)
Ainsi s'est aussi exprimée cette institution
d'autorégulation des médias à travers une
déclaration publique.
Alors qu'aucun règlement n'a encore été
trouvé au conflit entre les deux bureaux de la FBF, chacun annonce de
son côté la reprise des championnats nationaux. Si cela se
confirmait, le Bénin risque d'offrir un triste spectacle au monde du
football en attendant que le Tribunal arbitral du sport (TAS), saisi de cette
affaire, sonne la fin de la récréation. Pour éviter un tel
désordre, le ministre des Sports a décidé d'anticiper en
interdisant tous les championnats jusqu'à nouvel ordre.
|