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Problématique autour de la pratique du football à  cotonou


par Godwine TOSSOU
Université d'Abomey-Calavi - Licence 2023
  

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Chapitre 4 : Analyser les causes de l'irrégularité du championnat Béninois

4.1.- Historique des crises incessantes à la FBF (Fédération Béninoise de Football)

Le football béninois a connu depuis son adoption dans les années 1960 de nombreuses crises qui n'ont pas permis son développement. Et l'une des plus grandes fût celle du 20 décembre 2010 avec la démission du collectif des membres exécutifs de la Fédération Béninoise de Football à sa tête le président Adjavon Sébastien Germain. L'une des causes de cette crise est due à la gouvernance solitaire du président de la fédération d'alors Andjorin Moucharafou, qui au dire du président de ligue professionnelle A. Sébastien (2010) :

 « Le Comité exécutif se retrouve être une caisse de résonnance de décisions prises sans concertation. Les bases minimales de réforme sur lesquelles nous nous étions tous engagés lors de notre élection ne sont pas respectées. La représentativité de la FBF dans les instances dirigeantes du Football au niveau régional et mondial est décidée unilatéralement par vous ». ( A.Sébastien, dirigeant de football béninois)

Ainsi la gestion solitaire de la fédération par le président de même que le non-respect des décisions issues des assemblés sont les quelques-unes raisons de la démission des membres qui ont amené la crise au sein du football béninois. Le point financier de la FBF pour les exercices 2009 et 2010, a dû être retiré des points de l'ordre du jour de L'assemblée Générale du 15 décembre 2010, suite à une note du Commissaire aux Comptes informant de la non exhaustivité des éléments patrimoniaux dont vous avez connaissance pour avoir pendant tant d'années piloté la plus haute instance du football au Bénin. La FBF ne dispose pas d'un bilan financier validé par l'assemblée générale pour l'exercice 2008. Le Budget 2011, qui nous a été présenté en retard, au cours d'une session du Comité Exécutif est en totale contradiction avec les éléments financiers déjà exécutés pour 2010, de sorte que sa validation par l'Assemblée Générale a été différée et programmée pour une session prochaine. Les décisions relevant statutairement du Comité exécutif sont régulièrement prises unilatéralement par le Président sous 1e couvert que ce mode de fonctionnement est à l'identique de celui pratiqué à la CAF. Alors même que des décisions sont prises par le Comité Exécutif, le Président choisit délibérément de passer outre ou même de les modifier à sa guise, sous prétexte que les membres du Comité Exécutif sont des collaborateurs qui ne sauraient lui en imposer. Toutes ces violations, cette gestion solitaire et ces usurpations de prérogatives ont induit un dysfonctionnement avéré et dangereux au sein du Comité Exécutif au moment où des enjeux de la plus haute importance sont à relever. La situation que nous vivons est exceptionnelle et a appelé de notre part une décision exceptionnelle. Nous ne pouvons continuer notre mission au sein du comité exécutif dans lequel nous jouons des rôles de figurants. Concrètement, notre démission massive ouvre la voie à une période transitoire avant la tenue d'une Assemblée Générale Extraordinaire ; conformément aux statuts de la Fédération Béninoise de Football, adoptés le 23 novembre 2010 ; pour la mise en place et un renouvèlement en profondeur des instances du football béninois.

S'en ai donc suivi la démission de 12 membres sur 15 du comité exécutif d'alors ce qui eu pour conséquence l'arrêt du championnat professionnel et la crise incessante jusqu'en 2016.

En 2011 les championnats de 1ére division et de 2éme division ont été stoppé et pour cause 18 des 22 clubs se sont retirés. Outre la mauvaise gestion reprochée au président Anjorin Moucharafou, et le non renouvèlement de l'instance dirigeante, Cette crise est née avec l'opposition de deux clans qui ne s'entendent pas sur les textes malgré l'arbitrage du ministère de la jeunesse, des sports et des loisirs et de l'implication personnel du Ministre Modeste Kérékou. Face à l'incapacité des dirigeants de la FBF de trouver un compromis, la Fédération internationale de football association (FIFA), de concert avec la Confédération africaine de football (CAF) a dépêchée une mission à Cotonou pour essayer de régler la crise. Mais contre toute attente, la mission conduite par Iya Mohammed n'a semble-t-il fait qu'aggraver la situation, en prenant fait et cause pour le camp Moucharafou.

Les adversaires du désormais ex-président de la FBF soupçonnent la FIFA-CAF de le soutenir, alors qu'il devrait annoncer prochainement sa candidature à un poste au sein de l'organe dirigeant de la CAF. Pour Bernard Hounnouvi, le directeur exécutif du bureau sortant, le comité exécutif d'Anjorin Moucharafou est illégitime. Seul celui qui est issu des élections du 4 février reste légitime. Et de s'indigner de l'attitude complaisante d'Iya Mohammed vis-à-vis de l'ex-président de la FBF. Lors d'une conférence de presse qu'il a donnée sur la crise du football béninois, Hounnouvi (2016) se demande :

«Ce qui nous parait quand même curieux, lors de la crise du football togolais, c'est que monsieur Primo Corvaro et monsieur Jacques Anouma de la Côte d'Ivoire --après avoir constaté que sur 12 membres 5 ont démissionné-- ont dit clairement que le Comité exécutif ne pourra délibérer faute de quorum(2/3 des membres, ndlr) ».( H.Bernard,2016,membre du comité exécutif de la FBF)

Par conséquent, il faut aller aux élections. Pourquoi alors au Bénin y a-t-il tant de tergiversations ? Pourquoi veut-on tordre le cou aux textes en cherchant la petite bête, en trouvant des insuffisances par-ci par-là ? Les mêmes causes ne produisent-elles pas les mêmes effets, dans le cas du Bénin ?

Considéré comme à l'origine de la pétition qui a bloqué les championnats, ce comité estime au contraire vouloir assainir le football béninois et demande pourquoi les courriers venant de la FIFA ne font mention nulle part des multiples malversations et scandales reprochés à Monsieur Anjorin.

Pour le collectif, il est :«inconcevable, qu'une mission se déroule dans des conditions de partialité aussi flagrante, et qu'elle penche pour une des deux parties dans un point de presse, alors qu'elle n'avait pas cela comme mission».

Et de mettre en garde la FIFA en ces termes :

«Monsieur le Secrétaire général adjoint, nous finissons par craindre que la FIFA veuille endosser la responsabilité du blocage du football au Bénin, puisque nous autres nous engageons à aller jusqu'au bout, convaincus d'être dans le sens de la raison, sens que la FIFA, dans sa grandeur et sa dignité, ne peut qu'approuver.»( A.Victorien,membre du comité exécutif de la FBF

Lors de l'Assemblée générale élective qui s'est effectivement tenue le 4 février 2011, 37 des 51 membres étaient présents. Après avoir constaté que le quorum était atteint (50% + 1), elle a procédé à l'élection à proprement parler des 14 membres du nouveau bureau du comité exécutif de la Fédération béninoise de football. Lequel a dorénavant à sa tête Victorien Attolou. Pour le nouveau bureau de la FBF, la crise du football béninois est maintenant terminée, si l'on en juge par le discours d'Attolou (2011) peu après l'Assemblée :

«En ce qui concerne la FIFA et la CAF, nous les rassurons de notre engagement à contribuer à la réussite des nobles et exaltantes missions qui leur sont assignées. Quant au ministère de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, le comité exécutif que j'ai l'honneur de présider les rassure d'ores et déjà que la collaboration sera des plus responsables.»( A.Victorien,membre du comité exécutif de la FBF)

C'est que croyais le monde du football béninois et de nombreux jeunes qui avaient envies que le ballon rond roule à nouveau sur l'ensemble du territoire béninois. Mais force est de constater que la crise n'a fait que s'empirer après cette élection au point où l'on assistait à l'apparition de deux comités qui prévoyaient de lancer chacun de son côté son championnat.

En dépit du fait que l'ancien président, AnjorinMoucharafou, est accusé de mauvaise gestion des ressources humaines et financières, il continue cependant à bénéficier du soutien de la Confédération africaine de football (CAF), voire de la Fédération internationale de football association (Fifa).

Fort de ce soutien, il a ainsi coopté des membres pour former son nouveau comité exécutif, en réponse aux démissionnaires qui ont formé le leur le 4 février 2010 à l'issue d'une assemblée générale.

Depuis, le Bénin est doté de deux fédérations et les championnats professionnels sont suspendus. Seules les sélections nationales continuent leur petit bonhomme de chemin dans les différentes compétitions, avec toutes les difficultés quant à leur encadrement. Face à cette situation, le nouveau ministre de la Jeunesse, des Sports et Loisirs, Didier AploganDjibodé, n'a apparemment pas plus de chances de concilier les deux fédérations rivales que ses deux prédécesseurs.

La débâcle, le 5 juin 2011, des Écureuils du Bénin face aux Éléphants de Côte d'Ivoire par 2 buts à 6 dans le cadre des matchs de qualification pour la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) 2012 est en partie inhérente à la crise que connait la FBF.

Du reste, à la suite de cette mauvaise prestation, le ministre des Sports a laissé entendre que l'Etat n'allait pas continuer à engloutir d'énormes ressources financières dans le football au détriment des autres sports, pour de si mauvais résultats. Quand on sait que la pétanque et bien d'autres disciplines se portent mieux que le football, il y a de quoi sonner l'avertissement.

En effet, la cinglante défaite de la sélection nationale qui remet en cause sa participation à la prochaine phase finale de la CAN --avec laquelle elle avait noué sans discontinuer ces dernières années--, soulève un mécontentement populaire. Aussi, les passionnés du ballon rond veulent-ils que le bicéphalisme qui règne au niveau de la fédération connaisse un dénouement rapide afin que les différents championnats reprennent de plus belle.

Mais pour ce faire, il faut que chaque partie du conflit accepte de s'assoir autour d'une table. L'appel de la Fifa dans ce sens ne semble pas avoir reçu un écho favorable. Et Didier AploganDjibodé de se démener comme un beau diable pour d'ultimes tentatives, et de fustiger la trop grande implication des médias dans la crise, à travers des querelles de clochers qui ne contribuent pas à l'apaisement et aux négociations. Il n'est d'ailleurs pas le seul à montrer du doigt les médias qui jettent de l'huile sur le feu :

«L'Observatoire de la déontologie et de l'éthique dans les médias (Odem)constate avec amertume le mauvais rôle que jouent certains organes de presse. Ainsi, certains journalistes sont devenus des acteurs de premier plan dans cette crise et ont délibérément fait le choix de quitter le terrain de l'information pour celui de la défense de l'un ou l'autre camp.

Du coup, il n'y a plus de jour où on n'enregistre dans les colonnes des journaux, sur les antennes des radios ou écrans de télévision des propos injurieux, diffamatoires ou à la limite orduriers. Un spectacle non seulement déshonorant, mais aussi et surtout honteux pour notre presse».( Odem,2015)

Ainsi s'est aussi exprimée cette institution d'autorégulation des médias à travers une déclaration publique.

Alors qu'aucun règlement n'a encore été trouvé au conflit entre les deux bureaux de la FBF, chacun annonce de son côté la reprise des championnats nationaux. Si cela se confirmait, le Bénin risque d'offrir un triste spectacle au monde du football en attendant que le Tribunal arbitral du sport (TAS), saisi de cette affaire, sonne la fin de la récréation. Pour éviter un tel désordre, le ministre des Sports a décidé d'anticiper en interdisant tous les championnats jusqu'à nouvel ordre.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote