DEUXIÈME PARTIE :
DEGAGER LES RAISONS QUI EXPLIQUENT LE CHOIX DE LA
PRATIQUE DU FOOTBALL AU BENIN
CHAPITRE 3 : Dégager les raisons qui expliquent le
choix de la pratique du football au Bénin
Cette partie nous présente les facteurs
d'émergence de la pratique de l'activité du football, les
catégories d'acteurs qui se donnent à la pratique du football,
les perceptions des parents et proches des footballeurs et les subventions
allouées aux clubs par la fédération et l'Etat à
travers le ministère des sports.
3.1-Les raisons qui expliquent
le choix de la pratique du football au Bénin
Les rares enquêtes portant sur l'origine des footballeurs
suggéraient que toutes les catégories sociales étaient
représentées et qu'il n'y avait pas de tendance à la
prolétarisation ou à l'aristocratisme. J.Peneff (2000).
La crise économique dans les pays du tiers monde, le
chômage et l'ambition de devenir une icône du ballon rond dans
leurs pays et dans le monde a amené les jeunes à aller vers la
pratique du football. Le football est surtout connu à
travers sa vitrine ultra-médiatisée : le football
professionnel.
Ainsi La naissance de la passion pour le football et sa
confirmation se font à travers les multiples interactions que les
enfants ont avec leurs pairs dans leurs quartiers. Elles se produisent à
la faveur d'occasions diverses : outre celles offertes par les
retransmissions télévisées des matchs de football, il faut
compter avec les diverses compétitions mises en place dans une
conjoncture électorale par les dirigeants de circonscriptions
administratives. D'autres découlent des stratégies
élaborées par des entreprises ou des particuliers pour promouvoir
leurs intérêts économiques ou encore des initiatives des
enfants qui organisent durant les vacances leurs propres tournois. S'y ajoutent
les matchs du championnat scolaire, auxquels les chefs d'établissement
prêtent une attention particulière compte tenu des
bénéfices qu'une bonne performance de leurs élèves
peut apporter à la réputation de leur institution.
« Ces occasions d'interaction autour du
football s'inscrivent dans des structures. Historiquement fondées
pendant la domination française et qui lui ont survécu : il
s'agit de l'importance accordée au sport par la puissance coloniale aux
dépens des jeux de tradition autochtone, la valeur éminente qui
lui était reconnue de prime abord ayant été reprise
à leur compte par les groupes dirigeants après
l'indépendance. Elles sont également fonction des faits de
morphologie sociale : ces occasions sont en effet plus répandues en
ville et les petits urbains peuvent plus facilement les saisir que s'ils
habitaient à la campagne, leurs homologues ruraux étant, en
proportion, bien plus nombreux qu'eux à travailler pendant leur
scolarité ou après l'avoir rapidement arrêtée.
Jusque-là, les enfants trouvent dans le football une excitation
plaisante qui n'est pas assujettie à l'issue du match. Ce qui les
encourage à persévérer dans cette activité se range
parmi les autrui significatifs « :(G. H.,
MEAD, 1963, p.461-463).
À savoir les gens de leur entourage proche auxquels ils
sont affectivement attachés et qui les impressionnent favorablement au
point de chercher à les imiter (frères, père, amis
d'école ou de quartier). Ceci change une fois qu'ils adhèrent
à un club civil puis accèdent à l'équipe
sénior. Le premier évènement survient à des
âges variés, suivant le moment où ils arrêtent leur
scolarité, à la faveur d'occasions sportives diverses ou d'une
connexion à un dirigeant sportif via le réseau familial
ou le réseau lié au sport scolaire. Le second dépend d'un
facteur structurel relevant de la morphologie sociale, celle-ci étant
fondée sur l'opposition Entre le nord et le centre, ruraux et agricoles,
et la bande sud du pays, densément urbanisée, où sont
concentrés l'essentiel des activités économiques, les
quelques infrastructures sportives et les équipes les plus
cotées. En conséquence, pour ceux initialement domiciliés
au nord cette promotion coïncide avec une première migration vers
le sud. C'est dans cette logique, que de nombreux jeunes ruraux aimant le foot
quittent leurs villages pour rejoindre les villes urbaines notamment Cotonou
pour avoir plus de chance de pratiquer le football. L'ex international
béninois et ancien de l'ASPAC (Association Sportive du Port Autonome de
Cotonou) dit :
« J'étais au nord dans mon village natal
à banikoara ou je pratiquais le football dans mon école de base,
mais j'ai constaté que si je voulais d'avantage de visibilité
pour lancer ma carrière il fallait que je vienne à Cotonou. Et
c'est ainsi que avec l'aide de mon grand frère qui était
chauffeur conducteur j'ai pu venir à Cotonou et j'ai commencé par
m'essayer en ligue 3 avant d'être envoyé par le président
de mon club en teste à ASPAC ou j'ai été recruté et
c'est parti comme ça avec l'envol de ma carrière » (y.
Souleymane,apkakpa, joueur).
Figure 1 : photo
d'une équipe de ligue3 amateur à Cotonou (étoile filantes
omnisport)
Source : Opope 2022
Outre cela nous avons également bon nombre de jeunes
qui ont quitté chez eux pour venir à Cotonou exercé le
football à l'instar de S qui nous explique comment il est venu à
Cotonou depuis Natitingou :
« je jouais les petits tournois
inter-arrondissement chez moi quand lors d'une finale en 2004 le directeur
technique de CIFAS Patrick Ossem's s'est rapproché de moi à la
fin du match pour me demander si je voudrais intégrer le centre de
formation afin de m'améliorer pour viser les clubs de l'élite.
C'est comme ça je suis venu à Cotonou où j'ai fait 2ans au
centre et je suis allé en équipe nationale junior sous le coach
Moïse Ekoué en 2006 ».( Q.
Hervé,Agla ;joueur)
Dans la même logique D nous dit :
« j'ai quitté la maison de mon
père à 18 ans pour venir m'installer à Akpakpa et pour
pouvoir trouver un club de football dans lequel je pourrai exprimer mon talent
et gagner ma vie car chez moi c'est vrai il y a des clubs à Porto-Novo
mais ce sont des clubs qui ne permettent pas à un jeune débutant
de se faire voir du public sportif béninois et de l'autre
côté les installations pour une bonne pratique sont rares et pour
avoir un bon terrain pour nous jeunes il faut aller à
Missérété ou à Charles de Gaule »( Hugues
joueur de ligue 3 à Cotonou).
A travers ces résultats nous constatons que les
footballeurs ont pour la plupart quitté loin de Cotonou pour venir
tenter leurs chances.
Elle s'inscrit dans des luttes entre groupes sociaux dont
l'enjeu est la définition légitime et le contrôle de la
pratique, luttes qui ont débouché sur des formes
spécifiques d'organisation du football professionnel. En Angleterre,
dès la fin des années 1870, des formes de
rémunération apparaissent dans ce qu'on appelle alors le Football
Association (Dietschy, 2010a).
Ainsi, cette grande médiatisation dont fait preuve le
football et l'ambition grandissante des jeunes à leurs âges
adultes les amènes à se lancer dans la carrière du
football.
A ancien international et joueur
de Mogas puis des requins de l'atlantique dans les années 2006
dit :
« Je suis venu dans le foot dans l'espoir d'en
faire une carrière et d'aider mes parents à sortir de la
galère. Mais les revenus que j'avais me permettaient uniquement que de
me payer le déplacement du mois car je devais faire la navette de Agla
pour akpakpa en aller-retour et cela pour toute la semaine, et le pire est que
quand on va au match et qu'on perd on ne perçoit
rien. »(J.carlos,akpakpa, joueur)
Pour C, jeune joueur évoluant en ligue 3 :
« Tout petit je jouais au football et mes
ainés m'encourageais à persévérer et quand j'ai
grandi en voyant mes amis allés en équipe nationale et
voyagés pour devenir professionnelle j'ai prit également ce
chemin qui avec le travail, la persévérance je peux aussi
réaliser mon rêve et vivre de cela »( K. Achille,
godomey, joueur)
V., ancien capitaine des Dragons de l'Ouémé et
de ASOS de Porto-Novo et international écureuils:
« j'avais laissé les études pour me consacrer au
football car c'était un plaisir de jouer et mmonnayer avec de l'argent
pour subvenir à mes besoins vitaux, mais j'ai du déchanter et me
mettre en apprentissage pour pouvoir combler le vide que les maigres revenus du
football ne me permettait pas de régler»(propos recueillis par
Sabin LOUMEDJINON).
Figure 2: photo
d'une équipe amateur ligue 3 à Cotonou(TP Yehouénon)
Source : Opope 2022
A Cotonou beaucoup de joueurs viennent à choisir le
football comme métier à cause d'une part du manque d'emploi afin
d'éviter d'être oisif et d'autre part parce que c'est un
rêve et une passion pour eux. Mais l'absence de championnat, et
l'irrégularité' du championnat fait qu'ils ne vivent pas non
seulement leurs rêves de pratiquer le football mais également de
gagner leurs vies avec les retombées financières de cette
pratique.
Le football béninois ne garantit aucun avenir aux
pratiquants à cause des conflits internes entre dirigeants de la
fédération béninoise de football et entre les dirigeants
de clubs à cause de leurs intérêts personnels. Prenons pour
exemple les crises incessantes qu'a connu le football béninois de 2000
à 2016 avec pour conséquence la suspension des équipes
nationales de footballs toutes catégories confondues des
compétitions faitières de la CAF et de la FIFA
(fédération internationale de football association).Cet
état de choses a entrainé la perte de toute une
génération de footballeur quand on sait que la carrière
d'un footballeur dure au plus 15 ans dans un pays ou le championnat est
régulier. Nombreux ont été les jeunes qui ont
préféré se retirer du foot pour se chercher un autre moyen
de subsistance. Les plus chanceux allaient en Europe ou dans les pays de la
sous-région pour pratiquer le football et gagner leurs vies avec.
« j'aidû partir au Congo Brazzaville en
2013 dans un club de deuxième division la Mancha pour continuer la
pratique du football car au pays le championnat était
arrêté depuis des mois et je n avais aucune autre source de
revenus pour subvenir a mes besoins fondamentaux et à ceux de ma femme
et de mon enfant de 3 ans » a dit :B ancien joueur des
REQUINS de l'atlantique et ancien de l'équipe nationale locale.( A.
Raoul, godomey, joueur)
En 2010 le promoteur du centre de formation CIFAS (centre
international de formationAdjavon Sébastien)et homme d'affaire SEBASTIEN
ADJAVON avait lancé sous fonds propres la ligue professionnelle de
football, ce qui a permis à ces joueurs de se faire l'expérience
du football de métier et de subvenir à leurs besoins de
façon régulière car les salaires et les primes de matchs
étaient réguliers et ne rataient pas. H. ancien joueur des
Requins de l'atlantique et international écureuil des moins de 18ans
ayant participé à la CAN junior de 2005 et ayant
été à la coupe du monde junior au Pays-Bas en 2005 a dit
:
« Avant la Moov ligue 1 professionnelle de
SebastienAdjavonj avais de difficulté a joindre les deux bouts et a m
affirmer dans ma famille, je jouais les tournois de rue pour gagner de quoi
tenir la semaine. « Mais avec la Moov ligue1 en 2010 j'ai pu me faire
un nom dans ma famille, je me suis marié j'ai doté ma femme je
suis allé louer et j'ai pu payer une moto car le salaire était
régulier » (H. Goe, Menontin, joueur)
Mais suite à des querelles au sein de la FBF cette
ligue professionnelle a été arrêté ce qui a encore
végété le football béninois dans l'amateurisme et
ainsi amener les joueurs à sombrer dans la précarité et
l'oisiveté.
Figure 3: photos
du démarrage d'un match de ligue3 amateur à cotonou
Source : Opope 2022
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