INTRODUCTION GENERALE
L'approvisionnement ou l'accès à l'eau est l'un
des plus grands défis des sociétés mondiales depuis leur
mise en place. L'eau est indispensable et vitale, voilà pourquoi son
accès par tous est un droit (ONU. 1946). C'est l'une des questions et
thématiques qui ont fait l'objet de plusieurs travaux, études et
recherches afin de trouver des solutions à ce problème, que ce
soit par les politiques ou technocrates et les universitaires.
L'approvisionnement en eau devient une très compliquélorsqu'il
s'associe aux risques sanitaires car là, la tâche devient plus
complexe et ardue. Mais le paradoxe dans le problème de l'accès
à l'eau est que, malgré une répartition naturelle
inégale du fait de la disparité spatiale terrestre, les
ressources en eau sont nombreuses malgré une fois de plus les
changements climatiques actuels qui, affectent fortement celles-ci. Comble est
de constater que, plus d'un quart soit 2 milliards de personnes dans le monde
n'ont pas une source d'approvisionnement en eau potable (OMS. 2013)
malgré l'abondance de la ressource en eau.
La problématique de l'approvisionnement en eau
sous-tend, l'ensemble des moyens et modes qui permettent d'avoir de l'eau
consommable. Malgré les efforts fournis par les institutions nationales
et internationales et aussi privées, le problème est encore
présent et aussi critique, car il impacte la santé des hommes. Le
Cameroun n'est pas une exception dans ce domaine malgré une hydrographie
bien garnie. C'est ainsi qu'au cours d'une observation dans le bassin versant
de Memi'i, il y'a des années de cela, nous avons constaté que, le
problème d'accès à l'eau avait une ampleur terrible dans
cette unité géographique surtout que certaines données
indiquaient que, ce problème d'eau était la cause des
épisodes de Choléra, de paludisme et récemment de la
fièvre typhoïde, qui avaient sévi quelques années
plutôt et continue (PIGEDEA. 2015). C'est de là que nous est venu,
l'idée de comprendre si les ménages de ce milieu avaient
accès à une source d'approvisionnement en eau
sécurisé en général, et surtout si cette eau
était la base de ces maladies qui les touché. Ainsi la question
qui, rythmera notre recherche est celle de savoir comment les populations du
bassin versant de Memi'i font pour s'approvisionner en eau et quelles sont les
possibilités de risques sanitaires en rapport avec la consommation de
cette eau ? Autrement dit le problème est celui de
l'approvisionnement en eau et des maladies hydriques découlant de cet
approvisionnement dans le bassin versant de Memi'i.
I. CONTEXTE GENERAL DE
L'ETUDE
L'eau est la ressource naturelle qui assure aux populations
des conditions de vie descente et, aussi permet la réalisation de leurs
activités à travers le monde. Comme le dit un adage :
« l'eau c'est la vie » ainsi dire l'eau est au centre de
toute vie humaine envisageable. L'ONU, l'a ainsi érigé comme
droit fondamental pour tout homme. En l'entendant on croirait à une
chose facile, mais alors, c'est l'un des problèmes les plus complexes et
omniprésents dans le monde surtout dans l'hémisphère sud
du globe. L'approvisionnement en eau est devenu critique dû à
l'inaction et la négligence de tous et, s'est
accéléré avec l'urbanisation galopante, les conditions
climatiques extrêmes et le boom démographique des
précédentes décennies, et de là est né son
impact sur la santé humaine.
Le Cameroun ne fait pas figure de bon élève dans
le domaine de l'accessibilité à l'eau et surtout à l'eau
potable, mais plutôt un très mauvais élève avec
seulement 74% en 2015 selon le Joint Monitoring programme associé
à la BAD (2015) très inégalement répartie avec 85%
en milieu urbain et 29% en milieu rural. Ceci dû à la mauvaise
gestion des ressources en eau abondantes estimées à près
de 70% par le MINEE (2008). L'absence d'infrastructures d'alimentation en eau
principalement en zone rurale rend celle-ci plus vulnérable face ce
problème. Le nombre de ménages couvert par une source
d'accès élémentaire à l'eau et d'une installation
sanitaire a connu une régression significative de 40% en 2000 à
39% en 2015 (UNICEF/OMS, 2017). En 2016, 25% des ménages n'avaient pas
accès à une source d'eau améliorée de boisson et
9,7% défèquent à l'air libre (INS. 2015) cité par
Esther Nya (2020).
Située dans la région du Sud Cameroun, en pleine
zone équatoriale avec un climat humide sec très particulier, le
bassin versant de Memi'i fait face, comme dans beaucoup de cas similaires au
problème d'approvisionnement en eau et des répercussions que,
cela entraine depuis qu'elle est devenue une entité administrative
à part entière (INS. 2015). L'absence d'un réseau public
d'approvisionnement en eau potable dans le bassin versant de Memi'i,
associée à la faiblesse des sources d'accès alternatives
à l'eau plonge cet espace géographique, dans une situation
d'accès difficile à la ressource la plus primordiale pour les
populations dans un milieu en pleine évolution démographique et
urbaine sans compter le boom économique.
L'absence considérable d'eau étant ainsi, un
facteur réduisant la pratique de l'hygiène, est aussi un facteur
de risque de maladie hydrique. Le fait d'avoir des volumes d'eau faibles la
bonne hygiène et Dos Santos (2006) le dira en ces termes :
« le fait d'avoir peu d'eau complique le respect des mesures
d'hygiène » cela démontre avec force que le manque
d'eau est synonyme de vulnérabilité et d'exposition au risque
sanitaire. La situation peut-être plus critique au regard du climat rude
que règne dans le bassin versant de Memi'i et aussi à la forte
croissance démographique observée dans ce milieu.
II. JUSTIFICATION DU
SUJET
La géographie aborde plusieurs thèmes qu'elle
partage avec d'autres sciences, car elle est une science pluridisciplinaire.
Connue comme étant une discipline dont les études sont
basées sur l'espace, ses thématiques sont pour ce faire en
affinité avec les hommes et leurs dynamiques. L'approvisionnement en eau
et ses impacts sur la santé des populations est l'une des
thématiques les plus prisées de la géographie actuelle au
regard de la rareté des ressources en eau. Ainsi l'acquisition de la
ressource en eau et ses répercussions sur la santé de l'homme est
la base de notre recherche.
La particularité de notre étude réside
dans le fait, qu'il n'y a pas un réseau public d'approvisionnement en
eau dans le bassin versant de Memi'i à la différence des autres
milieux déjà étudiés et aussi les conditions
biophysiques assez atypiques dans une région naturelle favorable aux
ressources en eau.
Notre étude s'inscrit ainsi dans le cadre de
l'élargissement de la palette des études de
l'accessibilité de l'eau dans la géographie surtout dans les
sous-domaines de l'hydrologie et de la gestion intégrée des
ressources en eau. C'est par souci de montrer que, le géographe a de la
place pour encadrer les projets d'accès à l'eau, que nous nous
sommes lancé dans cette recherche. Il s'agit pour nous d'apporter des
perspectives de solutions dans le cadre de l'approvisionnement en eau dans des
milieux dépourvus d'un système public d'accès à
l'eau et des risques sanitaires qui en découlent. Cette étude
revêt aussi le fait, qu'elle permettrait de faire une cartographie du
risque sanitaire hydrique dans cette unité géographique
principale but de la géographie de la santé qui est peu
étudiée dans notre pays alors que le risque sanitaire est
très présent sur le territoire national.
III. DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE
1. Délimitation
spatiale
Sur le plan spatial ou géographique, la zone
d'étude est située dans le département de la vallée
du Ntem, région du Sud-Cameroun. Le bassin versant de Memi'i est
situé entre 11°31 et 11°36' de longitude Est d'une part, puis
2°16 et 2°21'de latitude Nord d'autre part. Le bassin versant de
Memi'i a été érigé en arrondissement en 2006 par le
décret présidentiel N° 2006/272 du 05 septembre 2006,
chef-lieu de l'arrondissement qui porte son nom. Le bassin versant de Memi'i
est limité au Nord par l'arrondissement d'Ambam, chef-lieu du
département situé à 40 km, à l'Ouest par celui
d'Olamze et au Sud par la province équato-guinéenne de
Kyé-Ntem dont le chef-lieu Ebebiyin est à 3 km, et à l'Est
par l'arrondissement Gabonais de Meyo-Kyé. La présente
étude s'intéresse à la ville de Kyé-Ossi et ses
environs de moins d'un kilomètre autrement dit au bassin versant de
Memi'ilui-même.
PHOTO 1: IMAGE DU BASSIN
VERSANT DE MEMI'I
Source : Google Earth 2012
FIGURE 1.1 : CARTE DE LA
LOCALISATION DU BASSIN VERSANT MEMI'I
Source : SASPANET 2021
Il faudrait préciser que, l'arrêt de l'espace
urbain vers le Nord (Ando'o Si) signale la fin du bassin versant de Memi'i.
2. Délimitation temporelle
Au regard du temps, Le problème de l'accès
à l'eau et aux risques sanitaires n'est pas récent dans le bassin
versant de Memi'i (Essono, 2005). Toutefois, prendre une grande marge de
temps et d'espace rendrait ce travail lourd ou bâclerait certaines
analyses, fautes de données notoires.
De ce fait notre travail de recherche partira d'une
période allant de de l'année 2013 à mai 2020,
l'année 2015 étant le déclic, cette période
étant marquée comme la plus critique sur le plan sanitaire avec
de vifs épisodes de maladies hydriques et une pénurie d'eau dans
le bassin versant de Memi'i due aux extrêmes climatiques notés.
Avec cette marge de temps, nous sommes conscients que nous ferons une analyse
très claire malgré la faiblesse qualitative et quantitative des
données.
IV.
PROBLEMATIQUE
L'approvisionnement en eau surtout en eau potable est depuis
des lustres, l'un des plus vieux et difficiles menés par la population
mondiale dans toute sa diversité organisationnelle. Il est devenu au
21e siècle, une lutte quotidienne pour les milliards
d'habitants de globe terrestre et le plus souvent dans
l'hémisphère Sud pour ne pas dire pays en voie de
développement. Le continent Africain est le plus durement affecté
par ce problème d'accès aux ressources en eau malgré une
hydrographie assez dense. Les derniers rapports de l'OMS (2000) sont
très accablants, près de 400 millions d'africains n'ont pas
accès à l'eau potable soit les 3/4 des ménages. Cette
situation est due à la forte urbanisation galopante, à la
croissance démographique exponentielle (plus de 50% de la population
africaine sera urbaine en 2050 selon le rapport de l'OMS (2004), à la
mauvaise gestion des ressources en eau et plus récemment aux changements
climatiques qui impactent les ressources en eau. Tout ceci n'est pas sans
conséquences sur la vie des hommes et sur leur état de
santé.
La situation camerounaise est paradoxale, dans la mesure
où, le pays est pourvu en ressources en eau soit 68% alors que la
couverture en eau potable est très faible soit 39% selon la BAD (2010)
malgré l'évolution observée d'ici là. Il faut dire
que l'état des choses au Cameroun estla conséquence de la gestion
calamiteuse des concessionnaires et le manque d'infrastructures. Le
problème de l'approvisionnement en eau au Cameroun comme d'ailleurs dans
la majeure partie des pays en voie de développement est, celui de la
mauvaise planification et l'abandon d'une certaine zone de leur territoire
qu'est le milieu rural.
L'état de l'approvisionnement en eau est devenu
d'autant plus critique quand, il fût lié à la santé.
Selon les observations et études scientifiques, une mauvaise acquisition
de l'eau et la consommation une eau non potable est responsable des maladies
hydriques qui sévissent dans le monde. Le bassin versant de Memi'i n'est
pas un cas à part, dans la mesure où, il connait le même
problème malgré que, la relation n'a pas été
scientifiquement démontrée avant cette étude.
Dans le but de mieux comprendre la situation de l'accès
à l'eau et son lien avec les maladies sanitaires d'origine hydrique, le
travail scientifique que nous souhaitons mener une étude analytique sur
les modes et moyens d'approvisionnement en eau dans le bassin versant de
Memi'i. Les difficultés liées à l'accès à
l'eau dans cet espace, les risques sanitaires liés possibles en
connivence avec la consommation de l'eau sont aussi à comprendre. Le
bassin versant a connu une série d'épisodes de maladies hydriques
de choléra, fièvre typhoïde. Afin de comprendre cette
situation dangereuse que complexe, nous avons pour but d'apporter des
réponses vérifiées et des solutions claires et pratiques.
Ainsi on est en clin de se poser la question de savoir : Comment les
populations du bassin versant de Memi'i font-elles pour s'approvisionner en eau
et quelles peuvent-être les possibilités de risques sanitaires en
rapport avec l'accès et la consommation de cette eau ? Quel est
l'état de l'approvisionnement en eau dans le bassin versant de Memi'i en
termes de ressources en eau et de sources d'approvisionnement en
eau ? Quels sont les volumes d'eau collectée par les
ménages et de quelle qualité est cette eau consommée par
les populations du bassin versant de Memi'i et à quelle échelle
temporelle ? Cette eau consommée par les populations du bassin
versant de Memi'i n'est- elle pas la cause des pathologies d'origine hydrique
qui touchent celles-ci ?
V. QUESTIONS DE
RECHERCHE
1. Question
principale
Pour mieux cerner ce problème auquel nous souhaitons
apporter des solutions tant scientifiques que sociopolitiques, on est en clin
de se poser la question de savoir : Comment les populations du bassin
versant de Memi'i font-elles pour s'approvisionner en eau et quelles
peuvent-être les possibilités de risques sanitaires en rapport
avec l'accès et la consommation de cette eau ?
2. Questions
spécifiques
Partant de cette question centrale, d'autres questions
spécifiques se sont posées :
Ø Quel est l'état de l'approvisionnement en eau
dans le bassin versant de Memi'i en termes de ressources en eau et de sources
d'approvisionnement en eau ?
Ø Quels sont les volumes d'eau collectée par les
ménages et de quelle qualité est cette eau consommée par
les populations du bassin versant de Memi'i et à quelle échelle
temporelle ?
Ø Cette eau consommée par les populations du
bassin versant de Memi'i n'est-elle pas la cause des pathologies d'origine
hydrique qui touchent celles-ci ?
VI. OBJECTIFS DE
RECHERCHE
Pour vérifier les hypothèses mise en place et
aussi avoir des résultats à nos travaux, nous nous sommes
fixés des objectifs.
1. Objectif principal
Le principal objectif de notre recherche étant celui
d'évaluer, puis de décrire et démontrer que la situation
de l'approvisionnement en eau et les manifestations du risque sanitaire sont
liées à l'accès et l'utilisation de cette eau dans le
bassin versant de Memi'i.
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